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22 JUILLET 2012 I LeMatinDimanche MONDE 9

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«Plus le régime de Bachar el-Assadutilise la force, plus il s’affaiblit»GUERRE Où va le régime syrienaprès l’attentat contre le siègede la Sécurité nationale?Directeur de l’Observatoire despays arabes à Paris, AntoineBasbous estime que Bacharel-Assad pourrait chercherle salut en se repliant sur lesterritoires alaouites de Syrie.

Michel Audétatmichel.audetat@lematindimanche.ch

A Damas, l’armée a lancé vendrediune contre-offensive qui lui apermis de récupérer des quartierstenus par les rebelles. Bachar el-Assad peut-il reprendre la main?Lorsqu’un régime doit recourir auxblindés et aux hélicoptères pour re-prendre des quartiers situés à moins detrois kilomètres du Palais présidentiel,c’est que sa légitimité s’est effondrée.Ce régime est aux abois. Plus il utili-sera la force, plus il sera considérécomme une armée d’occupationétrangère, et plus il s’affaiblira. Nousne sommes plus dans la situation de1982, quand la répression de la villed’Hama faisait 30 000 morts sansqu’il y ait une seule photo. Le dictateurpouvait alors se maintenir au pouvoirpar le carnage. Aujourd’hui, en revan-che, tout le monde voit les images dechars dans les quartiers reconquis etcela produit des effets désastreux pourle régime.

Pour la première fois, les combatsviennent de s’étendre à Alep,deuxième ville en importance deSyrie. C’est significatif?Plus ou moins demeuré jusqu’ici dansl’orbite du régime, ce coin de Syrie esten effet en train de lui échapper. Aleprejoint ainsi l’essentiel du pays, dontpresque 60% du territoire n’est plussous le contrôle de Bachar el-Assad.

C’est pour lui un signe annonciateurde revers à venir.

Sa chute ne serait donc qu’unequestion de temps?Je la crois inévitable. Bachar el-Assadne pourra pas se maintenir, du moins àDamas. Mais il peut y avoir un plan B.

Ce serait un repli sur le port de Latta-quié et le pays alaouite (la minorité aupouvoir en Syrie, ndlr). Son père, Hafezel-Assad, y avait déjà songé et il avaitéquipé cette région d’infrastructurespour en faire une base de repli au cas oùil aurait dû quitter Damas. Un tel planexplique l’acharnement des Russes à

soutenir Bachar el-Assad. S’ils de-vaient perdre Damas, se disent-ils, ilspourraient tout de même garder Lat-taquié et surtout le port de Tartous oùse trouve leur unique base navale enMéditerranée.

Un tel repli reste-t-il possible dansles conditions de guerre actuelles?Bachar el-Assad peut encore se retireret garder le contrôle du pays alaouite.Parce qu’il y bénéficie d’un tissu socialsuffisamment dense. Et parce que l’ar-

mée, avec la fine fleur de son équipe-ment, reste entre les mains des alaoui-tes. Bachar el-Assad se trouve dans lasituation de l’héritier qui a tout reçudes mains de son père: un pays pacifiépar la terreur, mais qui fonctionnait, etle Liban comme cerise sur le gâteau. Oril a perdu le Liban. Et il est en train deperdre Damas. Après ce cycle de vio-lences inouïes, il sortirait du déni deréalité en quittant Damas et en s’ac-crochant au dernier carré qui lui reste.

Une chute du régime risque-t-elled’entraîner des violences contre lesminorités alaouite et chrétienne?Une révolution qui succède à 42 an-nées de répression féroce n’ira passans règlements de comptes. Lesalaouites savent qu’ils auront descomptes à rendre, ce qui expliquequ’ils soient en train de chercher re-fuge dans leur région d’origine. Celadit, même si la majorité d’entre eux sesolidarise aujourd’hui avec Bachar el-Assad dans une quête de protection, ilfaut préciser que certains alaouites ontrejoint les rangs de l’opposition.Quant à la situation des chrétiens, elleest différente. Ils n’ont pas été de véri-tables acteurs dans ce régime. Ils ontvécu sous la dictature sans en bénéfi-cier, et ils ne devraient donc pas parta-ger le sort de ceux qui sont liés au ré-gime. Des salafistes pourraient biensûr vouloir leur nuire au seul motifqu’ils sont chrétiens. Mais dans l’op-position, du Conseil national syrienaux Frères musulmans, en passant parl’Armée syrienne libre, tous promet-tent de protéger les minorités. Il fautdonc attendre de voirs’ils vont tenir leurspromesses. x

Antoine Basbous, directeur de l’Observatoire des pays arabes: «La chute du régimede Bachar el-Assad me paraît inévitable.» Daniel Fouray/Maxppp

«Une révolutionqui succèdeà 42 annéesde répressionféroce n’ira passans règlementsde comptes»

ANTOINE BASBOUSDirecteur de l’Observatoire des pays arabes

Le majordome dupape a été relâchéVATICAN Le majordome personneldu pape Benoît XVI a pu sortir de pri-son et a été assigné à résidence hier, àl’approche d’une décision sur sonrenvoi devant la justice dans l’affairedes fuites de documents confidentielsdu Vatican. Paolo Gabriele avait étéarrêté le 23 mai dernier. Il est soup-çonné d’avoir dérobé et transmis desdocuments confidentiels dans cetteaffaire gênante pour le pape, qui aaussi exposé au grand jour des querel-les intestines, luttes de pouvoir etfaits de corruption présumés au plushaut niveau du Saint-Siège.

Le WWF sanctionnele roi d’EspagneCHASSE Le roi Juan Carlos d’Es-pagne a été privé de son poste deprésident d’honneur de la brancheespagnole de WWF, à la suite duscandale suscité par la chasse àl’éléphant du monarque en avril auBotswana. L’organisation de dé-fense de la nature estime que «bienque ce type de chasse soit légal etréglementé, de nombreux mem-bres (de WWW) le jugent incom-patible avec le poste de présidentd’honneur.»

L’Autriche subit despluies diluviennes

INONDATIONS Des pluies diluvien-nes ont frappé la Styrie, au centre del’Autriche, dans la nuit de vendredi àhier, causant d’énormes inondations.Un homme de 47 ans a été pris dansune coulée de boue et a été retrouvémort hier matin à Thörl. La Styrie aété particulièrement touchée. Desvoies de circulation ont été bloquéeset des centaines de pompiers ont étémobilisés. Les villages de Sankt Lo-renzen im Paltental et d’Oppenbergont notamment été coupés du mondepar les coulées de boue.

Sankt Lorenzen a été traversépar une coulée haute de plusieurs mètres.

Audience reportée«COSTA CONCORDIA» Un tribunalitalien a ajourné jusqu’au 15 octobreune audience préliminaire sur le nau-frage du «Costa Concordia», qui doitétablir si le capitaine du navire Fran-cesco Schettino entre autres sera ounon jugé pour l’accident qui a fait 32morts. Le tribunal veut étudier l’ex-pertise des enregistrements audio dela boîte noire du navire. FrancescoSchettino prétend qu’il a été distraitpar un appel téléphonique juste avantl’accident. Le parquet l’accused’avoir trop approché le bateau descôtes, lequel a pour cette raisonheurté un récif près de l’île de Giglio.

NKM contre CopéUMP Nathalie Kosciusko-Morizetlancera la semaine prochaine sa cam-pagne pour la présidence de l’UMP.L’ancienne ministre de l’Ecologie etex-porte-parole de campagne de Ni-colas Sarkozy va tenter de recueillirles quelque 8000 parrainages néces-saires à sa candidature. Interrogéedans Corse-Matin sur le duel attenduentre l’actuel secrétaire général Jean-François Copé et l’ex-Premier minis-tre François Fillon, elle dit vouloir seposer «en alternative, en troisièmevoie». Les deux tours de scrutin sontprévus les 18 et 25 novembre.

DE VIOLENTS COMBATS CONTINUENT À ALEPAFFRONTEMENTS Au moins90 personnes, en majorité des civils,auraient péri hier en Syrie, aupremier jour du jeûne du ramadan,a annoncé l’Observatoire syriendes droits de l’homme (OSDH) baséà Londres. Les combats se sontpoursuivis à Alep, ville la plus peu-plée de Syrie. L’armée a pénétré dansun quartier tenu par les rebelles. Desaffrontements ont aussi été signalésà al Sakhour, un quartier pauvreet fortement peuplé des environs.

Les habitants de Damas ont décrit,eux, une ville relativement calme,malgré des explosions et des coupsde feu sporadiques. Mais la nuit devendredi à samedi a été secouée debombardements par les hélicoptèreset les chars de l’armée syrienne.

Armes chimiques déplacéesLe général syrien Moustafa Cheikh,qui a fait défection a affirmé que «lerégime a commencé à déplacer sonarsenal chimique et à le redistribuer.

Ils veulent brûler le pays. Le régimene peut pas tomber sans commettreun bain de sang», selon lui.Les Etats-Unis déclarent, eux, sur-veiller attentivement les armes chi-miques de la Syrie et se disent «trèspréoccupés» quant à leur sécurité,a déclaré hier la Maison-Blanche.«Nous pensons que le stock d’armeschimiques reste contrôlé par le gou-vernement», selon Tommy Vietor,porte-parole de la présidenceaméricaine. ATS

c A lire«Le tsunami arabe», AntoineBasbous, Fayard, 384 p.

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