A la recherche des pingouins

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Marylou Babey - Workshop édition 2013 - ESAL Epinal

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Un jour, alors qu’on était que lui et moi, ou moi et lui, on s’est demandé :« Qu’est-ce qu’un pingouin ? »

Lui, il disait que les pingouins et les manchots, c’étaient pareils. Et moi, que non ! Parce que les pingouins, c’est des pingouins et les manchots,c’est des manchots.Bah oui ! Les pingouins, c’est pas des manchots, et les manchots, c’est pas des pingouins. Sinon, ils auraient le même nom.

Et puis, ils vivent où ? C’étaient quoi ? Ça mangeaient quoi ? Mais au moins avec un nom pareil : Pingouin, on était sûr de savoir ce que c’était quand on le verrai.

Alors, on a décidé de les chasser, de les traquer. Et s’ils étaient bon, de les manger.

Peut être se cachaient-ils au coin de nos regards. Dans le placard ? Derrière les rideaux ? Sous le lit ? Sous les couettes ?

Rien, pas de pingouins.Et s’ils se gavaientdans la cuisine ?

On a couru, parce que nous,on voulait pas qui nous la vole, notre boustifaille.

Mais rien, rien de rien.

Rien.

Pas de pingouin.

Ha ! Ha ! Sûrement étaient-ils dans la salle de bain,en train de mettre du maquillage.

Il n’y en avait pas ni dans la baignoire,ni dans le lavabo.Quand même pas qu’ils se cachaient dans les toilettes ? Pas plus de pingouin qu’autre chose.

Mais on savait une chose : s’ils étaient quelque part, eh bien, ils étaient ailleurs.Parce que moi, je la connaissais ma maison. Et on avait fouillé partout : chaque recoin, chaque parcelle.Puisqu’ils n’étaient pas à l’intérieur, ils devaient être dehors !

Alors on est sortis.

On a couru vers la mamie qui tenait notre pingouin en laisse. Elle a ri.

Elle a dit que non, c’était pas un pingouin, mais un Yorkshire, et que les pingouins, ça vivaient en Antarctique.On lui a demandé où c’était, et elle a répondu que c’était loin.

Et là, on l’a vu. Qu’il était beau ! Avec sa grande queue touffue, et surtout son ventre bien dodu ! Miam !

Moi, pour aller le plus loin que je connaisse, il faut prendre le métro. On a retourné nos poches, rassembler notre argent et on est descendu.On a demandé aux guichetier comment aller en Antarctique.

Comme il nous a jeté un regard franchement bizarre,on s’est faufi lé sous les portiques.

Puis c’était pas bien compliqué, vu qu’il y avait une station qui s’appelait arctique.

Dehors, il n’y avait que des pigeons. Eux, on les connaissait.Les pigeons, j’aime pas trop ça. Même qu’une fois, je m’en suis pris sur la tête.

Heureusement, il y avait un vendeur de journaux.Il nous a dit qu’on pouvait trouver le pingouin au coin de la rue. Mais au coin de la rue, il y avait juste un café. Qui sait, peut être était-ce sa maison ? On est entré.

Et là, on l’a vu. Il était de dos, avec des cheveux touffus,et surtout des bras bien dodus. Miam ! Mais quel choc ça nous a fait, quand on a vu que c’était juste un vieux monsieur bossu.

Lui aussi, a ri quand on lui a ditqu’on l’avait pris pour un pingouin. J’ai pas tout compris, parce que là,il a dit que malgré sa queue de pie,il n’avait pas réussi à être un pingouin, mais qu’on en trouverait plein à l’opéra.

À l’opéra, c’était vide de pingouin

Une chanteuse nous a dit qu’on les trouverait pas ici, que les pingouins, c’était à la Défense, dans leur costumes noir et blanc tout serrés. Elle s’est mise à glousser.

À la Défense, c’était rempli, mais pas de pingouin. On nous a bousculé, et on s’est retrouvé je ne sais où, mais pas chez nous.

Fallait se rendre à l’évidence, il n’y en n’avait pas.

Quand soudain, on les a vus. Qu’ils étaient beaux, avec leurs appareils photos !

Il nous on même photographié avec eux. Et puis d’un coup, ils sont partis. Nous, on s’est regardé, et on a ri.

Et on s’est dit : c’est quoi un lama ?

Remerciements à Julia Billet, Philippe Poirot et Rémi Saillard. Ce livre a été réalisé dans le cadred’un atelier édition.Imprimé à L’ÉSALoraine, 2013

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