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Voici un article portant sur les acquis lorsque nous participons aux cuisines collectives écrit par une jeune étudiante, Camille Létourneau.
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Quand les cuisines collectives se font le remède à Quand les cuisines collectives se font le remède à Quand les cuisines collectives se font le remède à Quand les cuisines collectives se font le remède à
l’isolement sociall’isolement sociall’isolement sociall’isolement social
11 avril 2011
Par Camille Létourneau
Photo du site Complexe Le Partage
Le Complexe Le Partage de la Prairie se situant sur la rue Saint-Henri tente de venir
en aide aux personnes défavorisées.
longeon dans le monde culinaire! Un Îlot central imposant trône au centre d’une
cuisine beige et bleue suffisamment spacieuse pour recevoir dix cuisiniers. Une
machine à café, un four à micro-ondes, deux réfrigérateurs et trois fours quelque
peu usés complètent le décor. L’un d’entre eux, dont l’entretien serait de mise, laisse échapper des
odeurs de brûlé trompeuses lorsqu’il fonctionne. La pièce s’ouvre - par une porte où sont accrochés
des vitraux bigarrés - sur un garde-manger rempli de conserves et de denrées non périssables,
P
Lorsque la
coopération, la
socialisation et les
économies
s’accompagnent
d’un arôme de
chocolat, on peut
vraiment dire qu’on
a atteint une
combinaison
gagnante.
Les cuisines collectives ont non
seulement pour but d’aider les gens, peu
importe leur statut social, à manger plus
sainement, mais aussi à faire des
économies et à briser l’isolement social.
certaines provenant des surplus de la Guignolée. Les aliments frais, d’un autre côté, sont fournis par
la banque alimentaire Moisson Rive-Sud.
Pourquoi des cuisines collectives?
Cette cuisine est l’hôte hebdomadaire de deux groupes de cuisines collectives venant
respectivement le mercredi et le jeudi. C’est là que Nathalie, jeune et dynamique animatrice des
cuisines collectives, tente d’enseigner de saines habitudes alimentaires aux membres de l’activité.
Créées en 1985 par les sœurs Sylvie et Jacynthe Ouellet, les cuisines collectives ont non seulement
pour but d’aider les gens, peu importe leur statut social, à manger plus sainement, mais aussi à faire
des économies et à briser l’isolement
social. « C’est pour tout le monde, mais
ça aide les personnes à faible revenu »,
explique Nathalie en parlant de la
clientèle que cette activité rejoint.
Quiconque peut mettre sur pied une cuisine collective, tant qu’il y a au moins quatre ou cinq
personnes pour y participer. Le Complexe Le Partage de La Prairie, dont les murs sont tapissés
d’information utile, de publicités pour divers organismes et d’annonces « Halte à Charest », est un des
endroits qui offre ce service, au coût de 5 $ par cours. Ceci est très avantageux pour les participants,
car ils repartent avec une bonne portion de chaque plat différent, ce qui permet de manger pendant
au moins la moitié de la semaine. En fait, ce n’est pas tout à fait le cas pour l’une des participantes
des cuisines du mercredi. Malgré le nombre impressionnant de plats de plastique remplis avec
lesquels elle repart, sa famille de six, dont un homme adulte et deux adolescents, aura vite englouti le
tout. Mélanie, les yeux bleus maquillés et habillée d’une robe mi-longue en laine noire et d’une
Les participantes discutent
allègrement de choses et d’autres
tout en buvant une tasse de café,
démontrant une complicité évidente.
ceinture noire, a beau amener chez elle six plats et trois quiches, elle répète à plusieurs reprises que
ça ne lui durera qu’une journée.
Un groupe uni
Avant d’entreprendre la confection des repas, Nathalie s’assure d’éteindre le détecteur de
fumée, car, dans le cas contraire, il serait possible que tous les hôtes du centre doivent évacuer les
lieux pour une fausse alerte. Ensuite, Nathalie étale sur la table jambon, canard, oignons, poivrons,
tomates, mozzarella congelé (pour la
conservation), bacon congelé et autres au
centre de l’îlot. Alors que toutes (car bien que
soit mentionné un certain Cédric dont
l’absence est remarquée, les cinq membres d’aujourd’hui sont des femmes) mettent la main à la pâte,
elles discutent allègrement de choses et d’autres tout en buvant une tasse de café, démontrant une
complicité évidente. Pourtant, elles confient que la plupart d’entre elles ne se connaissaient pas avant
de participer aux cuisines collectives. Preuve vivante que l’objectif de développement d’un réseau
social est atteint.
Un sujet récurrent parmi leurs conversations est l’argent, ou plutôt le manque d’argent,
témoignant d’un statut social assez délicat. Chantal et Mélanie ont toutes deux des enfants en bas âge
qu’elles peuvent laisser à la garderie du centre alors qu’elles cuisinent, une affaire plus
qu’intéressante pour elles. D’ailleurs, Chantal, qui appelle l’activité la « popote » collective, déclare
que c’est à peu près le seul moment de la semaine où elle peut socialiser avec des adultes. Les autres
évoquent aussi des raisons sociales pour participer aux cuisines collectives ainsi qu’un souci financier.
La plupart d’entre elles venaient au centre pour d’autres services, la friperie par exemple, quand elles
ont entendu parler des cuisines collectives. « Je voyais bien qu’il y avait du monde qui faisait de la
popote », se rappelle Chantal en parlant de comment elle a découvert ce service, auquel tout le
monde est admissible.
Le choix des recettes
L’heure avance sous une trame sonore intéressante (musique populaire à faible volume,
entrechocs de casseroles, conversations, hachage d’aliments, ventilateurs des fours) et une
appétissante odeur de chocolat se dégage alors que Chantal, la cuisinière la plus expérimentée hormis
Nathalie, prépare un dessert qu’elle ne fait pas pour la première fois : un gâteau au chocolat et
bananes. En effet, bien que plusieurs recettes soient proposées par l’animatrice Nathalie, qui, ayant
des origines péruviennes, amène des perspectives culinaires intéressantes, les membres de la cuisine
collective sont encouragés à apporter leurs propres idées. Nathalie pousse aussi les femmes, dont les
âges sont assez différents, à explorer des variantes aux recettes qu’elles connaissent déjà en
considérant les aliments qu’elles ont sous la main.
Pour diversifier les recettes, le Complexe offre des ateliers thématiques, allant de la cuisine
végétarienne aux repas de Noël. Nathalie ajoute aussi que les recettes dépendent de la période de
l’année, du budget alloué et de la nourriture reçue. D’ailleurs, Nathalie demande l’avis des filles pour
la recette de canard et c’est Mélanie qui propose du canard à l’orange. « J’en n’ai jamais mangé »,
déclare Krystel, illustrant la valeur éducatrice des cuisines collectives. En ce qui a trait aux habitudes
alimentaires, quelques règles d’hygiène et de sécurité, affichées sur le garde-manger et le
réfrigérateur, doivent être suivies, comme se laver les mains ou fermer les portes des armoires.
Après la confection des repas
Après avoir cuisiné de 9 h à 12 h, les participantes dînent pendant que leurs repas cuisent
tranquillement, laissant échapper des arômes graduellement plus alléchants. Des odeurs diverses de
sauce à spaghettis, bacon et surtout, de chocolat fondant émanent des fours, sous la bonne garde des
filles qui ne veulent pas laisser le tout brûler.
L’activité se termine par le partage des portions, le nettoyage de la cuisine et la distribution
par Nathalie d’un questionnaire sur lequel les participantes peuvent écrire leurs impressions et
critiques. En plus de leurs nombreux plats, les membres peuvent aussi repartir avec les recettes.
« C’est une belle équipe », confie Nathalie alors que les filles se préparent à partir, leurs sacs chargés
de victuailles.
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