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Dans un jardin isolé vivait une violette aux pétales et au parfum subtils qui, satisfaite de sa vie parmi les siennes, ondoyait allégrement au milieu des brins d'herbes.

Un beau matin, elle leva sa tête constellée de gouttelettes de rosée et regarda autour d'elle.

Photo: wistine

Elle aperçut une magnifique rose dont la tige était si longue et la tête si haute qu'on eût dit une flamme surmontant un chandelier d'émeraude.

Photo: suzaku_no_namida

Elle ouvrit ses lèvres violettes et dit en soupirant : « Je n'ai pas de chance au milieu des plantes parfumées, je suis si médiocre parmi les fleurs. La nature m'a créée de taille petite et méprisable ; je vis si proche du sol que je suis incapable de m'élever vers le bleu du ciel ou de me tourner vers le soleil comme le font les roses. »

La rose entendit ce que disait sa voisine, la violette, elle frétilla en riant puis elle dit : « Que tu es stupide parmi les fleurs ! Tu ignores la valeur du bien-être dont tu jouis. La nature t'a accordé des dons en parfum, en élégance et en beauté qu'elle n'a pas accordés à beaucoup d'autres plantes aromatiques. Renonce à ces penchants retors et ces souhaits maléfiques ; Contente-toi du sort qu'on t'a réservé. Sache que celui qui est modeste s'anoblira et que celui qui demande plus sera dans le manque.»

La violette répondit : « Tu me consoles car toi, la rose, tu possèdes tout ce que je désire ; et tu couvres mon humiliation de paroles de sagesse car tu es sublime. Combien amères, dans le coeur des malheureux, sont les exhortations de ceux qui sont heureux et combien cruel est le fort quand il est debout, haranguant les faibles ! »

Photo: ErinM2000

La Nature entendit la conversation de la rose et de la violette, elle frissonna, perplexe, puis dit d'une voix forte : « Ô violette, qu'est-ce qui te prend, ma fille ? Je t'ai connue si mignonne dans ta modestie, si fraîche dans ta petitesse et si noble dans ta misère. L'hideuse convoitise a-t-elle charmé ton cœur et l'orgueil creux s'est-il emparé de ton esprit?»

Photo: Malach_ha_Mavet

La violette répondit d'une voix suppliante : « Mère Nature, vous qui êtes magnifique dans votre toute-puissance et prodigieuse dans votre affection, je vous supplie de toutes mes forces, de tout mon être, faites de moi une rose, ne fût-ce qu'un jour. »

La Nature dit : « Tu ne mesures pas les conséquences de ta demande. Tu n'as pas conscience du désastre caché derrière la façade de la gloire. Si je te change en rose, tu pourrais le regretter au moment où le regret ne servira à rien. »

Photo: Malach_ha_Mavet

La violette dit : « Faites de moi une rose avec une longue tige, que je puisse me tenir la tête haute... Quoi qu'il m'advienne par la suite, je l'assumerai. »

La Nature dit : «Ton vœu sera exaucé, ô ignorante et rebelle violette. Mais si des difficultés et des malheurs venaient à te surprendre, tu ne devrais t'en prendre qu'à toi-même. »

Photo: DannyPhantomFreek

La Nature toucha de ses doigts invisibles et magiques les racines de la violette et, en un clin d'œil, la violette se métamorphosa en une rose magnifique, qui s'élevait au-dessus des autres fleurs et plantes aromatiques.

Photo: Grayda_Photo

L'après-midi, le ciel se couvrit de nuages noirs de pluie.

Photo: Buttercup_by_MistysDawn

Puis un orage puissant éclata, déclarant la guerre aux jardins et aux vergers sur lesquels déferla une armée de tourbillons et des pluies torrentielles. Les branches furent brisées, les semis pliés et les hautes fleurs arrachées ; seules furent épargnées les petites fleurs agrippées au sol ou celles qui vivaient cachées entre les rochers.

Photos: endure, residentsmooth, bigcitydreams__x3

Ce jardin isolé endura la furie des éléments plus que nul autre jardin.La tempête se calma et les nuages se dissipèrent quand les fleurs furent toutes réduites en poussières. Seules quelques violettes, cachées au pied du mur du jardin, purent échapper à cet impétueux tumulte.

Une jeune violette leva la tête et, voyant ce qui était arrivé aux fleurs et aux arbres, elle sourit et interpella ses compagnes : « Regardez ce que la tempête a fait aux fleurs orgueilleuses et outrecuidantes. »

Une autre violette dit : «Nous sommes certes agrippées à la terre, mais nous avons échappé à la colère des tempêtes et des pluies. »

Une troisième violette dit : «Nous avons une taille méprisable, toutefois les tourbillons ne peuvent nous vaincre. »

Photo: regen_tropfen_blaue_bluete

La reine des violettes constata que la rose qui hier encore était une violette avait été arrachée et ses feuilles dispersées par le vent, elle gisait sur le sol, tel un cadavre terrassé par une flèche ennemie.

Photo: xmaybe_memories

Photo: impressionenmeer

La reine des violettes se redressa, étendit ses feuilles et interpella ses compagnes : « Regardez bien, mes filles. Regardez cette violette qui, dupée par la convoitise, a voulu devenir une rose pour nous traiter de haut l'espace d'une heure, elle est tombée au ras du sol. Que cette scène vous serve de leçon. »

Photo: nuvola10

À cet instant, la rose agonisante frissonna, puis elle rassembla ses forces et dit d'une voix entrecoupée de soupirs : « Ecoutez-moi, ô ignorantes qui vous contentez de peu et qui craignez les vents et les tempêtes. Hier encore, j'étais comme vous. Je m'asseyais entre mes feuilles vertes en m'accommodant de mon sort. Le contentement était un barrage infranchissable qui me séparait des tourbillons et des vents de la vie et qui limitait mon être à sa sécurité, à son confort et à sa sérénité.

J'aurais pu continuer à vivre comme vous, agrippée à la terre, jusqu'au jour où l'hiver m'aurait couverte de ses neiges et je serais partie, comme d'autres violettes avant moi, vers la quiétude de la mort et du néant. Je n'aurais pas connu les secrets et les mystères de l'existence, jamais révélés aux violettes depuis que notre espèce existe sur terre. J'aurais pu vivre dans le renoncement, abandonnant les convoitises dont la nature est au-dessus de la mienne.

Toutefois, dans le calme de la nuit, j'ai entendu un monde suprême dire à ce monde : "Le but de l'existence est d'aspirer à ce qui est au-delà de l'existence." Alors mon âme s'est révoltée et mon esprit s'est envolé vers un niveau qui dépassait les limites de mon esprit. J'ai continué à me révolter contre moi-même et à désirer ce qui était hors de ma portée, jusqu'à ce que cette révolte se métamorphose en une force vive et mon désir en une volonté créatrice.

Dès lors, j'ai formulé mon souhait à la Nature - et qui est la Nature si ce n'est la façade de nos rêves cachés? - et elle l'a exaucé. Que de fois la Nature a changé ses images et ses dessins de ses doigts ardents de désirs ! »

La rose se tut, un instant, puis poursuivit d'un ton fier et sublime « Pendant une heure, j'ai vécu comme une reine. J'ai contemplé l'univers avec des yeux de rose. J'ai écouté les chuchotis de l'éther avec l'ouïe d'une rose. J'ai touché la lumière avec des pétales de rose. Y en a-t-il une parmi vous qui puisse prétendre à un pareil honneur?»

Puis elle se courba et soupira : «Je meurs à présent. Je meurs et il est en moi ce qu'aucune violette n'a pu connaître avant moi. Je meurs après avoir connu ce qui est au-delà des limites dans lesquelles je suis née. Tel est le but de la vie. Telle est l'essence qui réside au-delà des contingences des jours et des nuits. »

La rose ferma ses pétales et frissonna légèrement puis mourut. Sur son visage s'esquissait un sourire sublime - le sourire de celui dont la vie a réalisé les souhaits, le sourire de la victoire -, le sourire de Dieu.

Avec Fabrice Luchini et Jean-Claude Brialy dans les rôles des deux personnages

Ce fut dans le jardin d'un asile de fous que je rencontrai un jeune homme au visage pâle, gracieux et empli d'émerveillement.

Je m'assis près de lui, sur un banc, et lui demandai : «Pourquoi êtes-vous là?»

Il me regarda avec stupéfaction et me répondit : «C'est une question incongrue et pourtant je veux bien vous répondre.

Mon père voulait faire de moi son double parfait;

mon oncle également.

Ma mère voulait me façonner à l'image de son illustre père.

Ma soeur voulait que je suive 1e parfait exemple de son époux, le marin, qu'elle tenait en haute estime

Mon frère pensait que je devrais être comme lui: un bel athlète.

« Et mes professeurs, de philosophie,

de musique

et de mathématique, étaient eux aussi résolus; chacun d'eux voulait faire de moi sa propre image réfléchie dans un miroir.

«Aussi suis-je venu en ce lieu. Je trouve que l'air y est plus sain. Au moins, je peux être moi-même.»

Puis, subitement, il se tourna vers moi: «Mais dites-moi, avez-vous aussi été conduit jusque-là grâce à l'éducation et au bon conseil?»

Je répondis alors : «Non, je suis un simple visiteur. »

Et il me dit : «Ah, vous êtes l'un de ceux qui vivent dans l'asile de l'autre côté du mur.»

1 – Liberté2 – Raison et passion3 – Connaissance de soi

Et un orateur lui dit : Parle-nous de la Liberté. Et il répondit :

Photo: Meg_O_tron

Je vous ai vus à la porte de la ville, et dans vos foyers, vous prosternant pour adorer votre propre liberté,De la même façon dont les esclaves s'humilient devant le tyran et le magnifient tandis qu'il les met à mort.Oui, j'ai aperçu dans la futaie du temple et à l'ombre de la forteresse les plus libres d'entre vous porter leur liberté comme joug sur leur nuque et menottes à leurs poignets.En moi le coeur se mit à saigner, car vous ne sauriez être libres que si votre obsession de la liberté vous devenait armure et que vous cessiez de parler d'elle comme, seulement, d'un but et d'un accomplissement.

Vous serez libres, en vérité, non pas quand vos jours seront sans souci et vos nuits sans frustration ni chagrin,Mais quand toutes ces choses assiégeront votre vie et que vous les surmonterez nus et désenchaînés.

Photo: KenCentauri

Et comment vous élèveriez-vous au-dessus de vos jours et de vos nuits sans briser les chaînes dont vous avez entravé votre midi depuis l'aube en vous de la conscience?En vérité, ce que vous nommez liberté est la plus forte de ces chaînes, lors même que ses anneaux brillent au soleil, éblouissant vos yeux.

Photo: KenCentauri

N'est-ce point fragments de votre être, cela que vous rejetez en vue d'être libres ?

Si c'est une loi inique dont vous souhaitez l'abolition, ce n'est qu'une loi que de vos propres mains vous avez inscrite sur votre front.Vous ne sauriez l'effacer en brûlant les codes ou en lavant, fût-ce de toute l'eau de la mer, le front de vos juges.

Photo: Joprincess

Et si c'est un tyran que vous souhaitez abattre, assurez-vous d'abord que vous avez détruit le trône qu'en vous-mêmes vous lui avez dressé.Car comment un tyran pourrait-il gouverner les orgueilleux et les libres, si n'était au coeur de leur liberté une servitude et au sein de leur orgueil un avilissement?

Photo: bupo, shesalwaysdown

Et si c'est un souci que vous souhaitez écarter de vous, il reste que c'est vous qui l'avez choisi et qu'il ne vous fut pas imposé.

Photo: NinjaDeath

Et si c'est une frayeur que vous voulez rejeter loin de vous, il reste que le lieu de cette frayeur est dans vos cœurs, non dans les mains de l'effrayant.

Photo: 1karus

En vérité, toutes choses se meuvent au sein de votre être en une persistante semi-étreinte : les désirées et les redoutées, les abhorrées et les aimées, les recherchées et celles que vous souhaitez fuir.Toutes choses se meuvent en vous, ombres et lumières, comme couples enlacés.

Photo: peach-fuhz

Et quand l'ombre s'atténue et se dissipe, la lumière qui s'attarde devient l'ombre d'une autre lumière.Ainsi en est-il de votre liberté qui, à perdre ses entraves, devient elle-même l'entrave d'une liberté plus grande.

Et la devineresse prit la parole à nouveau, disant : Parle-nous de la Raison et de la Passion.

Et il répondit, disant :

Photo: Annnce

Bien des fois votre âme est un champ de bataille en qui luttent votre bon sens et votre raison contre votre passion et votre appétence.Si seulement je pouvais devenir pour votre âme un faiseur de paix, convertissant vos éléments contradictoires et discordants en unité et en harmonie !Mais comment le pourrais-je, si vous n'êtes vous-mêmes aussi des facteurs de paix et, bien plus, si vous n'aimez de vous-mêmes tous les éléments ?

Photo: unluckyfellow

Votre raison et votre passion sont le gouvernail et la voilure de votre âme navigatrice.Que si votre voile part en lambeaux ou que si votre gouvernail se brise, les vagues se joueront de vous, ou c'est alors vous-mêmes qui camperez en pleine mer.Car la raison, si seule elle prédomine, est une force limitée ; et la passion, si elle se laisse aller, est une flamme qui brûle jusqu'à se consumer elle-même.Que jusqu'au sommet de la passion votre âme exalte votre raison au point qu'elle chante.Et laissez la raison gouverner votre passion jusqu'à ce que votre passion vive sa quotidienne résurrection et, tel le phénix, renaisse de ses cendres.

Photo: twolips

Je voudrais que vous considériez votre sagesse et votre appétence comme, en votre maison, vous le feriez de deux hôtes qui vous sont chers.Certes, vous ne sauriez traiter dignement l'un des deux à l'exclusion de l'autre car, si vous marquiez une préférence, vous perdriez leur confiance et leur affection à tous les deux.

Photo: talkoftrouble

Quand, par les collines, vous vous ombragez à l'ombre fraîche des peupliers blancs, savourant la sérénité et le calme, avec les champs et les prairies au loin, que vos cœurs disent alors silencieusement : «Dieu se repose dans la raison.»

Photo: Be_at

Et quand se lève la tempête, qu'un vent puissant malmène la forêt et que le tonnerre et l'éclair proclament la majesté du ciel, que votre cœur dise craintivement : «Dieu s'active dans la passion. »

Photo: BreAnn

Photo: bassifiedmotherchuck

Et du moment que vous n'êtes que souffle de la sphère de Dieu et feuille de la forêt de Dieu, vous devez, vous aussi, vous reposer dans la raison et vous activer dans la passion.

Photo: sundayx

Et un homme dit : Parle-nous de la Connaissance de soi. Et il répondit, disant :

Photo: Amaviael

Vos cœurs connaissent silencieusement les secrets des jours et des nuits. Mais vos oreilles aspirent à entendre l'écho du savoir qui est en votre cœur.Vous voudriez écouter dans la parole ce que vous avez toujours su en pensée.Vous voudriez toucher de vos doigts le corps nu de vos songes.

Photo: RedFraction

En cela véritablement réside votre devoir.Que la source cachée de vous-même jaillisse et qu'elle aille en rumeur vers la mer;Et que se dévoile à vos yeux le trésor de vos infinis abîmes.Mais ne dressez point de balance pour y peser votre inconnu trésor, Et ne mesurez point les gouffres de votre connaissance par perche ou sonde,Car le moi est une mer sans borne et sans mesure.

Ne dites pas : « J'ai trouvé la vérité », mais plutôt : « J'ai trouvé une vérité. »

Photo : LadyMartist

Ne dites pas : «J'ai trouvé le chemin de l'âme », mais plutôt : «J'ai trouve l'âme qui fait route en mon chemin. »

Photo: mona_innominata

Parce que l'âme fait route en tous chemins.

L'âme n'avance pas sur un fil, ni ne croît comme un roseau.L'âme s'ouvre à elle-même comme un lotus aux innombrables pétales.

Photo:designldg

Musique: Extrait de l’Adagio du Quintette pour deux violoncelles en ut majeur D956 (op. 163) de Franz

SHUBERTCe quintette est considéré par beaucoup comme le chef-d’œuvre

absolu de toute la musique de chambre. « La solitude caractérise le petit humain dès la naissance et le place dès lors dans une dépendance radicale à Autrui. Elle nous pousse à atteindre et à dépasser nos limites » cf. « Solitude » de Françoise

DOLTO qui considérait que cet « adagio » symbolise la solitude de l’homme.

Daniel, La Roche-Posay le 25/04/2010danielvillaperla@gmail.com Ce diaporama littéraire numéro 70 est strictement privé (je n’ai pas de site, donc si vous souhaitez recevoir un de mes précédents diaporamas littéraires envoyez moi un @mail).Tous mes diaporamas sont à usage non commercial

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