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importants et notre idée est vraiment d’intégrer les conclusions de vos Mesdames et Messieurs les Parlementaires, Lévy et de son équipe dans l’organisation des tables rondes et le choix des Je suis heureux de vous retrouver, pour la première fois, dans ces fonctions. Je Chers amis, thèmes, qui sont tous pertinents. Tous ces chantiers que vous allez défricher sont responsabilités que j’ai exercé et des années. Je veux saluer le travail de Pierre Paris, le 27 août 2007 1 sur 22
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MINISTÈRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES ET EUROPEENNES
Paris, le 27 août 2007
Secrétaire d’Etat chargé des Affaires européennesService de presse
Discours prononcé par le Secrétaire d’Etat chargé des Affaires européennes, M. Jean-Pierre Jouyet, à l’occasion de la Conférence des Ambassadeurs
28 août 2007
Mesdames et Messieurs les Parlementaires,
Monsieur le Secrétaire général,
Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs,
Mesdames, Messieurs,
Chers amis,
Je suis heureux de vous retrouver, pour la première fois, dans ces fonctions. Je
compte parmi vous de nombreuses amitiés nouées au fil des diverses
responsabilités que j’ai exercé et des années. Je veux saluer le travail de Pierre
Lévy et de son équipe dans l’organisation des tables rondes et le choix des
thèmes, qui sont tous pertinents. Tous ces chantiers que vous allez défricher sont
importants et notre idée est vraiment d’intégrer les conclusions de vos
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discussions dans nos propres réflexions. C’est un honneur et un plaisir pour
nous de recevoir les Ministres des Affaires étrangères du Portugal et de la
Slovénie (* MM. Luis Amado et Dimitrij RUPEL), avec lesquels nous
travaillons déjà très étroitement à la succession harmonieuse de nos Présidences.
Le Président de la République puis Bernard Kouchner vous ont présenté les
orientations de notre politique étrangère, en particulier européenne. Je vais
essayer, exercice délicat, de revenir sur quelques points qui me semblent
importants. J'insisterai sur trois sujets :
premièrement, la séquence que nous avons vécue, marquée par le retour de
la France en Europe et de l'Europe en France ;
deuxièmement, compte tenu de notre vision de la mondialisation, quel rôle
l'Europe peut-elle et doit-elle y jouer ;
et troisièmement, la préparation de la PFUE.
* *
*
Le retour de la France en Europe et de l'Europe en France tout d'abord.
Vous le savez, notre priorité est allée au règlement du problème institutionnel
qui divisait les Européens et qui avait partagé les Français entre les « oui » et les
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« non », à l’issue d’un débat difficile, mais peut-être en fin de compte très utile,
en 2005. Nous le voyons aujourd’hui, résoudre la question institutionnelle
devait, qu’on le veuille ou non, être tranchée pour permettre à l’Union d’aller de
l’avant. Et l’accord trouvé en juin par les Chefs d’Etat et de gouvernement est à
cet égard un très bon accord, à plusieurs titres. Je ferai simplement quelques
remarques à ce sujet car il a été largement commenté :
- première remarque : l’accord obtenu à Bruxelles en juin dernier est avant tout
un accord qui répond à l’objectif d’un fonctionnement plus efficace et plus
démocratique des institutions d’une Union désormais élargie. Les dirigeants
européens ont tous accepté de procéder selon l’approche simplifiée proposée par
le Président de la République, et donc de retenir, de manière pragmatique, les
meilleures solutions disponibles. Je n’y reviens pas, elles sont désormais bien
connues. Nous aurons probablement à en préparer la mise en œuvre sous notre
Présidence ;
- deuxième remarque : le mandat approuvé par le Conseil européen est très
détaillé. C’est une innovation par rapport aux précédentes modifications des
traités européens. Elle traduit l’engagement politique des Chefs d’Etat et de
gouvernement. Nous l’avions souhaité ainsi afin que la Conférence
intergouvernementale en court puisse se limiter à une transposition aussi
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technique et juridique que possible. C’est la condition du respect d’un calendrier
très serré, qui est, je crois, dans l’intérêt de tous les Etats membres. Nous
apportons évidemment notre plein soutien à la Présidence portugaise dans cette
ambition. Sauf accident, le nouveau traité devrait ainsi pouvoir être signé avant
la fin de l’année.
Si c’est bien le cas, et comme le Président de la République l'a redit hier, la
France souhaitera figurer parmi les premiers pays à le ratifier, selon la voie
parlementaire, comme la procédure simplifiée de révision des traités le justifie.
La très grande majorité des Etats membres devrait d’ailleurs procéder de cette
manière. Ceci ne signifie pas que ces ratifications iront de soi partout. Nous
devrons rester très attentifs;
- troisième remarque : l’accord permet de sortir l’Europe de la panne politique
qui avait succédé aux référendums de 2005. En fait, c’est plus largement dix à
quinze ans de doute et de débat institutionnel en Europe, liés principalement à la
réunification de l’Allemagne et aux élargissements successifs de l’Union, qui
devraient désormais être dénoués. Il est ainsi significatif que, malgré les
péripéties des dernières heures de négociation, cet accord politique rassemble,
pour la première fois, les 27 Etats membres de l’Union élargie. On ne devrait
plus aujourd’hui parler des anciens et des nouveaux Etats-membres.
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- dernier point, cet accord n'a été rendu possible que grâce à l'engagement de
Mme Merkel, à une très bonne entente franco-allemande, pour l’avoir vécu sur
l’ensemble des négociations et à l'ensemble des contacts renoués avec nos
partenaires européens et avec la Commission.
Cet accord crée aujourd'hui un contexte politique et institutionnel qui
indiscutablement se trouve être plus favorable. Même si rien n'est évident en la
matière, il faut que vous et nous l’ayons en tête et sachions en profiter.
Cette conjoncture nouvelle, nous devons aussi travailler à l’entretenir. C'est ce
que nous faisons avec Bernard Kouchner et l’ensemble des membres du
gouvernement : nous rétablissons les liens politiques avec les Commissaires et
avec les parlementaires européens, nous allons dans toute l’Union européenne.
J’interviens aussi auprès des cercles d’influence que sont devenus certains think
tanks ou les grands journaux européens. Pierre Sellal le sait bien, je suis amené
à me rendre deux jours par semaine à Bruxelles, à Strasbourg ou à Luxembourg.
Il s’agit d’un investissement important mais c’est bien la recette d’une influence
retrouvée, de ce retour de la France en Europe, souhaité et bien compris par nos
partenaires européens. Nous poursuivrons donc ce travail méthodique. Nous
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continuerons à démêler les trop nombreux contentieux qui se sont accumulés
avec la Commission européenne, à proposer des idées, à expliquer nos positions,
à trouver les meilleurs compromis. C’est aussi le sens de la démarche du
Président de la République devant l’eurogroupe le 9 juillet dernier en ce qui
concerne les enjeux économiques et financiers.
Cela se fait à Bruxelles et à Strasbourg, et cela se fait aussi dans toutes les
capitales européennes, où le Président de la République et le Premier Ministre
iront avant le début de notre présidence. Pour préparer ces déplacements et
approfondir ce dialogue avec nos partenaires, avec Bernard Kouchner nous
visiterons chacune des capitales européennes d’ici au début de l’année
prochaine, avec l’aide de nos Ambassadeurs en poste dans l’Union. Nous
travaillerons bien sûr en particulier à nourrir la nouvelle dynamique franco-
allemande. Elle reste centrale sans être exclusive. Elle est d’autant plus forte et
utile à l’Europe qu’elle va de pair avec des relations fortes avec chacun des
Etats européens.
Le retour de la France en Europe doit s'accompagner d'un retour de l’Europe en
France. Nous l'organisons avec le défilé des 27 contingents des armées
européennes, le 14 juillet, à Paris ou en hissant le drapeau européen au Quai
d'Orsay. D’autres Ministères ont déjà décidé de suivre ce mouvement. Tout cela
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montre que, quels que soient les textes, nous voulons faire vivre les symboles
existants. Je remarque un renversement par rapport à il y a deux ans sur la
perception de l'Europe par les Français. Trois points me frappent dans ce que
nous a dit à ce sujet Brice Teinturier hier : le premier, c'est que 61% des
personnes interrogées sont attachées à l'Union européenne ; le deuxième, c'est
l'importance du couple franco-allemand partagée par 80% des Français, qui se
distingue de la perception des relations que nous devons avoir avec les autres
Etats membres ; le troisième, c'est que l'information sur l'Europe est encore
perçue comme insuffisante, malgré son volume. Il y a sur ce point une réflexion
et des actions à mener ensemble.
Nous reprendrons donc le débat avec les Français sur l’Europe et nous le ferons
sous des formes renouvelées, en tirant les leçons du referendum de 2005. J’en ai
beaucoup parlé avec nos parlementaires, nationaux et européens, avec les élus
locaux, avec les associations, les entreprises, les syndicats. Ils partagent tous
notre analyse :
- premier point - : il nous faut sortir maintenant des cercles d’initiés ou de
convaincus. J’irai donc dans les régions, dans les écoles, dans les usines, dans
les exploitations agricoles, pour discuter avec les Français qui s’interrogent.
Nous devons écouter autant qu’expliquer ;
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- deuxième point - : nous devons revoir la manière de parler de l’Europe. La
question se pose moins aujourd’hui de la quantité d’information que de sa
nature et de sa qualité. L’important n’est pas de rallier coûte que coûte à la
cause européenne. L’important, c’est en revanche que chacun puisse se faire une
opinion raisonnée. Comment faire partager la complexité de la négociation
européenne, la recherche de compromis utiles qui se concilie avec la défense de
nos intérêts bien compris ? Comment susciter des débats publics utiles ?
Comment susciter un esprit européen, ce qui ne s’oppose en rien, bien au
contraire, avec une identité nationale forte ? Nous y réfléchirons avec les élus,
des associations, des professionnels de la presse et de la communication, avec
des créateurs du monde culturel. Il y a là un chantier essentiel dont chacun
mesure l’urgence démocratique, pour notre pays et pour l’Union européenne.
Ces deux dimensions, nationales et européennes, doivent désormais être mieux
combinées et se renforcer mutuellement, c’est un défi important : la
Commission sur la révision des institutions, présidée par Monsieur Balladur,
proposera peut-être des avancées sur ce plan.
Ce débat est d'autant plus nécessaire, et j’en viens à mon deuxième sujet, que
la campagne du referendum a fait apparaître des attentes et des inquiétudes,
d’ailleurs largement partagées par les autres Européens. Il suffit de voir les
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interrogations exprimées par Mme Merkel hier. Elles reflètent une interrogation
ou un doute sur l’identité de notre communauté européenne et sur sa volonté
d’agir dans la mondialisation, alors même que les limites des moyens nationaux
sont clairement comprises. L’Europe a été soupçonnée par beaucoup de
passivité coupable, voire de se faire le cheval de Troie d’une mondialisation
hostile. Cet écart entre la promesse d’une Europe qui protège et l’impact négatif
de la mondialisation, qu’il soit réel ou ressenti, a très probablement contribué à
la grave crise de confiance qui s’est manifesté en 2005.
Il y a évidemment une part d’injustice à attribuer aux institutions européennes,
et même d’ailleurs à la mondialisation, toute une série de difficultés où elles
n’y ont qu’une responsabilité au plus indirecte – je pense par exemple au
vieillissement de la population en Europe, sur lequel les institutions n’ont
aucune responsabilité. Mais il faut bien reconnaître qu’il y a aussi une part de
vérité. Je pense aux insuffisances de certains aspects de la politique
commerciale ou de la régulation financière, ou encore à l’équilibre à trouver
entre l'ambition d'une politique industrielle européenne et l'application des
règles de la concurrence. Nous devrons donc travailler avec méthode pour
éviter les mêmes ornières. Je vous propose quelques réflexions pour notre
travail avec les Européens et nos partenaires :
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- En premier lieu, nous devons analyser la mondialisation de manière aussi
objective que possible : elle recèle plus d’opportunités que de menaces. C’est
avant tout, nous le savons, une source incontestée de croissance et de richesse.
C’est évident pour les pays émergents ; cela le devient progressivement pour
certains des pays les plus pauvres, y compris en Afrique ; c’est bien sûr vrai
pour la France et pour l’Europe. En même temps, la mondialisation génère des
inégalités, affecte des métiers, des personnes ou des territoires. Le moment est
venu d’identifier sans a priori nos intérêts : ce que nous devons faire pour
bénéficier du monde tel qu’il devient, ce qui dans notre économie et dans notre
société doit évoluer, et bien sûr ce qui appelle une protection. La France
dispose, j’en suis convaincu, de nombreux atouts pour être l’un des grands
bénéficiaires de la mondialisation, tout en restant ce qu’elle est. La campagne
présidentielle a montré que les Français y sont plus prêts que l’image qui en
est souvent donnée, si nous savons mieux faire la part des choses.
- dans ce contexte, nous devons assumer nos responsabilités nationales :
l’essentiel du travail d’adaptation relève de chaque pays. Nous ne pouvons pas
attendre de l’Europe qu’elle s’y substitue, sauf à nous condamner à la fois à
l’immobilisme, et à la désaffection de nos concitoyens à l’égard des
institutions européennes. Que ce soit en matière d’emploi, de compétitivité,
d’éducation, de bonne gestion financière, c’est avant tout notre responsabilité
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d’accomplir les réformes nécessaires. C’est ce que le Président de la
République et le gouvernement ont commencé à mettre en œuvre et nos
partenaires européens l’ont bien compris lors de la réunion de l’eurogroupe
début juillet. Il est clair que notre voix portera d’autant plus en Europe que
nous assumerons ces responsabilités et respecterons nos engagements dans les
domaines économiques et financiers.
- ceci étant dit, l’Europe apparaît, dans de nombreux domaines, comme
l’échelle la plus efficace, ou même la seule, pour être forts dans la
mondialisation. Les institutions européennes doivent s’y consacrer pleinement
et faire elles aussi leur part du chemin : être ouvert sur le monde ne signifie
pas accepter le laissez-faire ; défendre nos intérêts n’est pas défendre le statu-
quo ; protéger ce qui doit vraiment l’être n’est pas du protectionnisme. C’est
ma conviction profonde. Quel que soit son degré de libéralisme, chaque pays
dans le monde défend ses intérêts avec pragmatisme et sans complexe. Chaque
pays cherche à attirer de nouvelles activités et à éviter la délocalisation de ses
propres activités. Je ne pense pas que le gouvernement britannique resterait
inerte face à un risque de délocalisation des activités de la City… et je le
comprendrais. L’enjeu est de définir et faire valoir nos intérêts le plus
intelligemment possible, en fonction du moment et des positions des uns et des
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autres. Il faut en tout état de cause sortir des idées préconçues, des postures de
doctrine et de la pensée paresseuse.
C’est pourquoi nous avons lancé un certain nombre de débats politiques, et je
rappelle quelques exemples :
- la préférence européenne est nécessaire dans la mesure où elle permet de
promouvoir nos préférences collectives, sociales, territoriales ou
environnementales ;
- compte tenu des besoins alimentaires de la planète, une agriculture forte
demeure indispensable, si elle est adaptée aux attentes des consommateurs
européens, compétitive et sûre, dans le cadre d'une PAC rénovée ;
- de même son socle industriel important donne à l'Europe un avantage
compétitif par rapport à d'autres zones du monde, d'où la nécessité de
moderniser et de consolider la politique industrielle ;
- des services publics restent essentiels à la cohésion de nos sociétés, même
s’ils n’ont plus toujours besoin de s’appuyer sur des monopoles ;
- une stratégie énergétique est indispensable et elle ne peut pas se résumer à
l’ouverture du marché et à l’application de règles de concurrence ;
- la politique commerciale ne sera légitime que si elle est fondée sur une
réciprocité sans naïveté ;
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- les gouvernements ne peuvent être indifférents et doivent assumer leurs
responsabilités en matière de politique de change et plus globalement en ce
qui concerne les politiques financières.
L’Europe est un acteur global qui ne se comporte pas toujours comme tel. Elle
doit s’affirmer et se vivre comme tel.
Cette nécessité d’une Europe plus affirmée dans la mondialisation, je l’ai
évoquée avec nos partenaires européens, avec les Allemands et les
Britanniques, avec la Commission. Je crois qu'il y a une prise de conscience
même si les rapprochements seront difficiles. C'est sur ce sujet,
incontestablement, que nous devons être les plus tenaces et les plus volontaires
parce que ce sont, notamment dans les domaines économiques et financiers,
les enjeux les plus difficiles à faire partager.
Soyons pragmatiques : il ne s’agit pas d’une révolution, mais d’ajustements,
de corrections, parfois de quelques innovations pour muscler nos moyens.
Dans certains domaines, nous aurons besoin de plus de transparence, de
régulation, et de concertation, par exemple en matière de supervision
financière. L’actualité de l’été le montre bien. De manière générale, la gestion
d’un marché intérieur aussi vaste et encore très hétérogène suppose des
instruments de régulation plus forts. Dans d’autres domaines, nous aboutirons
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à la conclusion que de véritables politiques communes sont nécessaires – on le
voit bien en regardant l’énergie ou l’immigration, qui formeront deux des
grandes priorités de la présidence française –, ou que nos instruments doivent
être mieux coordonnés – c’est le cas en matière budgétaire ou pour prendre en
charge certains aspects des relations internationales, en ce qui concerne la
définition de positions communes au niveau européen.
Dans l’autre sens, la solution ne saurait être, en toute chose, toujours et
partout, « plus d’Europe ». Ce qui me paraît important, c’est que les politiques
des Etats membres et politiques européennes se renforcent mutuellement, et
tirent chacune le plus grand profit des autres. En clair, vous ne devez pas avoir
la même symétrie et la même exigence de coordination dans tous les
domaines.
C’est donc sans tabou ni crainte pour ce que nous sommes que nous devons
analyser la mondialisation : comment en tirer parti et y défendre nos intérêts ?
quelles sont nos responsabilités au niveau national ? où et comment l’Union
européenne doit-elle agir ? Cette démarche, j’en suis convaincu, renforcera
l'Europe et reconstituera la confiance des Français en l’Union européenne. Une
Europe ouverte et dynamique, apte en même temps à protéger et défendre les
intérêts des Européens et leurs valeurs dans la mondialisation, sans bien sûr
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renoncer à peser sur son évolution, telle est la véritable vocation de l'Europe à
venir. C’est ainsi qu’elle sera utile aux Européens. C’est ainsi, par son
exemple et son action, qu’elle sera utile au monde.
L'Europe ne sera justement utile au monde que si elle est sûre d'elle-même et
de ses missions. C’est pourquoi nous devons aussi donner un sens à son avenir
en réfléchissant à ce qu’elle pourrait être dans les 20 prochaines années, à ce
que seront ses politiques, ses relations avec ses voisins, sa place dans le
monde. C'est le sens du Comité des sages proposé hier par le Président de la
République.
J'en viens maintenant à la Présidence française de l’Union européenne.
Cette présidence intervient alors que l'Europe à un moment tout à fait
particulier, à un tournant où elle se remet en route après une longue phase de
doute. Elle sera aussi un événement politique national puisqu'il s'agira du 1er
grand rendez-vous entre la France et les Européens depuis le référendum.
Qu'est ce qu'une bonne présidence ?
- Tout d’abord, c'est la qualité de son organisation. C’est plus vrai que jamais
dans une Europe à 27 Etats membres, qui agit dans des domaines toujours plus
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nombreux, avec un Parlement européen au rôle croissant. La Présidence
allemande y a excellé. Nous avons pour notre part mis en place les meilleures
conditions possibles. Un Secrétariat général de la Présidence française a été
créé auprès du Premier Ministre. Il est dirigé par Claude Blanchemaison, qui
est bien sûr l’un de nos Ambassadeurs les plus expérimentés. Le Secrétaire
général est pour la première fois responsable d’un programme budgétaire
conséquent, qui sera complété par une coopération avec les collectivités
locales et les entreprises qui le souhaiteront. Claude Blanchemaison a déjà
bien avancé sur toutes les questions dont nous avons la charge, et nous
progressons grâce à son concours particulièrement actif. Je veux l’en remercier
ce matin.
- Une bonne Présidence, c’est aussi une présidence qui assure la continuité du
travail des institutions. Pierre Ménat et la DCE, avec le SGAE, notre
Représentation Permanente à Bruxelles, et le service de la PESC, procèdent
actuellement au recensement de ces questions dont nous hériterons dans tous
les domaines. Je verrai en septembre les Ministres tchèque et suédois pour
commencer à préparer l’articulation des trois présidences à venir.
Evidemment, nous serons toujours dépendants de l’actualité et vous êtes les
mieux placés pour savoir que c’est vrai en particulier des questions
internationales.
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- Je voudrais aussi rappeler qu'au-delà des priorités que nous nous donnons,
une présidence, ce sont des accords politiques, des compromis à trouver.
Tout le monde doit avoir conscience qu'une bonne présidence exige parfois
des sacrifices et toujours des compromis. La présidence, Pierre Sellal ne
cesse de le rappeler, est d'abord au service de l'Union.
- Cela étant posé, il n'y a pas de bonne Présidence sans grandes priorités
politiques. Elles doivent être en nombre limité. Le Président de la
République en a annoncé les grandes lignes hier : l’environnement,
l’énergie et l’immigration. A ces trois priorités s'ajoute la volonté très
claire du Président de la République de faire progresser fortement l'Europe
de la défense.
- Enfin, une bonne présidence, ce sont aussi des projets concrets, visibles
ainsi que quelques initiatives fortes. Je pense à l'éducation, à la culture –
une saison culturelle européenne est en cours de préparation – ou à l'accès
des populations des pays pauvres aux soins de santé. Je pense aussi, avec
les évènements dramatiques qui se déroulent en Grèce, au renforcement de
la coordination des moyens en matière de gestion civile des crises.
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Sur la base de ces principes, nous avons identifié quatre axes selon lesquels la
Présidence française pourrait s’articuler :
- premier axe, la croissance et l’emploi : c’est d’abord l’agenda de Lisbonne,
sur lequel la présidence portugaise puis la présidence slovène travailleront. Sa
pertinence reste entière, mais ses objectifs méritent sans doute d’être plus
fermes et ses instruments plus contraignants. En matière de croissance, c’est
un agenda de compétitivité, de recherche et d’innovation, de développement
des entreprises, les PME en particulier. La croissance et l’emploi doivent aussi
devenir les priorités de la zone euro. Pour cela, la zone euro a besoin d’une
politique économique et d’un dialogue plus nourri avec la BCE, dans le
respect, bien sûr et je le redis, de son indépendance. Nous en avons beaucoup
parlé avant l’été et Mme Lagarde prépare des propositions pour nos
partenaires.
- deuxième axe, la protection des citoyens : c’est le pendant indispensable de
l’ouverture de l’Europe au monde et de la France à l’Europe. En matière
sociale, une sécurité accrue doit accompagner la flexibilité qu’exige
l’adaptation de nos entreprises. Les missions fondamentales des services
publics doivent être garanties. La protection des consommateurs fait désormais
partie des domaines où l’action de l’Union est la mieux reconnue, que ce soit
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pour les aliments ou les produits chimiques. La coopération en matière
juridique et policière participe bien entendu de la protection des citoyens, pour
leur sécurité contre la criminalité organisée et le terrorisme, mais aussi pour
assurer les garanties de droit qu'ils demandent dans leur vie quotidienne.
Comme je l’ai dit, une politique commune en matière d’immigration sera l’une
de nos grandes priorités : elle devra être efficace, globale et bien sûr
équilibrée. Je suis frappé, dans les contacts que j’ai eu avec les pays du sud de
l’Europe, de voir l’urgence de cette politique pour nos partenaires. Sur les
modalités, nous devrons trouver des convergences plus importantes. Elle devra
aussi être accompagnée d’une attention plus grande à l’intégration réelle des
immigrants légalement installés.
- troisième axe, l’Europe du futur : nous devrons faire aboutir la traduction
législative des décisions politiques très importantes prises en mars dernier en
matière d’énergie et de changement climatique. L’environnement et le
développement durable seront évidemment une grande priorité de la
Présidence, à la suite notamment du Grenelle de l’environnement de cet
automne. Dans cet esprit, nous avons commencé à prendre des initiatives en
matière de fiscalité écologique, notamment avec nos partenaires britanniques.
Préparer l’avenir, c’est bien sûr la recherche, la technologie, la politique
spatiale – je pense à Galiléo, à l’Institut européen de technologie et aux
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initiatives qui seront prises dans ce cadre. C’est aussi les échanges entre
Européens : nous proposerons un Erasmus plus large, qui touche plus
d’étudiants et plus de jeunes, de façon à ce que chacun ait droit à une
formation, des études ou un stage dans un autre pays européen. Nous devons
élargir ce dispositif car c’est ainsi que nous construirons l’Europe que nous
voulons, c'est une question d'état d'esprit et de génération. Enfin, la question se
pose de savoir dans quelle mesure nous devrons lancer le débat, qui occupera
l’Union dans quelques années, sur les politiques européennes et leur
financement pour la période 2014-2020.
- enfin, quatrième axe, l’influence de l’Europe sur la scène internationale :
nous aurons un grand nombre d’échéances à assumer, sans compter les crises
inhérentes à l’actualité internationale que nous devrons gérer au titre de la
Présidence. La relation avec les pays émergents - et en particulier la Chine qui
sera très visible en 2008, la relation avec la Russie, devraient être l’occasion
de renforcer et rationaliser les instruments européens, aujourd’hui trop
dispersés. Nous travaillerons sur le rapprochement européen des pays des
Balkans, plus indispensable que jamais. Nous travaillerons évidemment sur
l’Afrique et le développement avec Jean-Marie Bockel, priorités naturelles de
la France – vous le savez, Robert Schumann avait déjà inscrit dans sa fameuse
déclaration que le développement du continent africain figurerait parmi les
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tâches essentielles de l’Europe. Rama Yade reviendra sur les droits de
l’Homme, dimension essentielle de l’action européenne et vous savez que
notre Présidence coïncide avec le 60e anniversaire de la Déclaration des droits
de l’Homme.
Un point particulier sur la Méditerranée : nous devons à la fois conforter
l'efficacité des instruments euro-méditerranéens dans le cadre du processus de
Barcelone, améliorer les partenariats existants avec chacun des pays du Sud de
la Méditerranée, et promouvoir une véritable Union méditerranéenne. Comme
le Président de la République l'a proposé, c’est la démarche de Jean Monnet
qui doit nous inspirer, une union fondée sur des solidarités de fait et des
projets concrets touchant notamment à l'environnement et au développement
économique.
Il ne s’agit bien évidemment pas d’un programme. Ce n'est pas encore
exhaustif. Ces quatre axes permettront de structurer les travaux de notre
Présidence.
La définition précise de nos priorités sera affinée dans les prochains mois,
notamment dans le cadre de Comités interministériels consacrés à l’Europe
sous l’autorité du Premier Ministre. Votre concours sera également important.
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- enfin, nous animerons, dès le début de l’année 2008, un débat avec les
Français dans les régions, en associant les membres du gouvernement, des
Ministres ou des Commissaires européens, des parlementaires européens, et
des personnalités indépendantes. Il faudrait que ce dialogue oriente notre
Présidence.
- Nous aurons également à rendre cette Présidence plus vivante, et organiser
un certain nombre de manifestations plus concrètes.
- vous le voyez, la préparation de la Présidence suppose une réflexion
stratégique, une mobilisation de tous les services de l’Etat et une préparation
soigneuse avec nos partenaires. C’est sur ces points que ferai une première
communication sur ce sujet au Conseil des Ministres le 19 septembre
prochain.
Chers amis,
6. Mon engagement européen est ancien. J’y ai beaucoup travaillé, directement
ou indirectement. Je retiens de ces trois premiers mois d’activité, par deux
enseignements :
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- d’abord, l’Europe est là et bien là, et elle fonctionne. Elle a en fait survécu
aux crises, aux élargissements, à des procédures toujours plus complexes, à
des compétences qui se diversifient. Elle y a aussi gagné en richesse et en
moyens. Mais le risque, c’est malgré tout qu’elle se désincarne et n’apparaisse
en fin de compte que comme une contrainte, une impuissance dans la
mondialisation. Il faut retrouver une volonté politique et un esprit européen,
conformément à notre tradition.
- en même temps, le temps de l’innocence est passé. Chaque politique, chaque
action doit être justifiée, expliquée, discutée. C’est vrai au niveau européen :
rien n’y est acquis ni évident. Il n'est qu'à voir les incertitudes politiques chez
certains de nos partenaires. C’est vrai aussi en France, où nos concitoyens sont
désormais plus exigeants, plus critiques. Le contexte européen nouveau, s'il
redonne espoir, est en même temps plus exigeant en termes de négociation et
de transparence démocratique. Dans ce cadre plus exigeant, je reste convaincu
que notre pays sera dans cette Europe à 27 à même de jouer le rôle qui a été le
sien dans la construction européenne. Il suffit de bien s'y préparer.
A nous donc d’être à la hauteur, et je sais que je peux compter sur vous !
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