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Et VIVA LA COMEDIA ! Au milieu du XIXème siècle, Gaetano Donizetti replonge dans la tradition de la commedia dell’arte pour nous offrir l’une des plus éblouissantes illustrations de l’opéra bouffa. Don Pasquale figure ainsi Pantalone, son neveu Ernesto, le Pierrot amoureux, Malatesta le rusé Scarpin et Norina la douce Colombine. Le vieux Don Pasquale s’étant mis en tête d’épouser la jeune Norina, par ailleurs la bien-aimée de son neveu et pupille d’Ernesto, il sollicite l’aide de l’ingénieux Docteur Malatesta dont il ignore la complicité avec les jeunes gens. Une intrigue à rebondissements s’engage… Entre lyrique et comique, entre société traditionnelle et jeunesse éprise de modernité, entre ordre établi d’une époque révolue et vitalité sociale remuante, Don Pasquale reflète les deux faces d’une humanité contrastée.
DIMANCHE 9 FEVRIER
14h30
MARDI 11 FEVRIER
20h
DUREE DU SPECTACLE
2h 15 AVEC ENTRACTE
SPECTACLE EN ITALIEN
SURTITRE EN FRANÇAIS
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Opéra de Reims
13 rue Chanzy 51100 Reims
Location tél : 03 26 50 03 92
billetterie@operadereims.com
DON PASQUALE, OPERA BOUFFA DE DONIZETTI
SAISON 13-14
mailto:billetterie@operadereims.comhttp://www.education.gouv.fr/
2 | P a g e
Sommaire
PRESENTATION GENERALE DE L’OPERA ........................................................................................ 4
SYNOPSIS ......................................................................................................................................... 4
LE COMPOSITEUR : GAETANO DONIZETTI 1797-1848 .............................................................. 7
ELEMENTS BIOGRAPHIQUES .................................................................................................... 7
L’HOMME… PAR GILLES DE VAN .............................................................................................. 9
GAETANO DONIZETTI DANS SON TEMPS : QUELQUES REPERES MUSICAUX .................. 10
L’ŒUVRE ET SA GENESE .............................................................................................................. 11
L’ŒUVRE ET SA CREATION ......................................................................................................... 12
TRADITION ET MODERNITE DE L’OPERA BOUFFA DANS DON PASQUALE .......................... 13
LES PISTES D’EXPLOITATIONS PEDAGOGIQUES ......................................................................... 15
LETTRES ......................................................................................................................................... 15
HISTOIRE DES ARTS .................................................................................................................... 16
EDUCATION MUSICALE ................................................................................................................ 18
POUR EN SAVOIR PLUS… ............................................................................................................ 22
DON PASQUALE A L’OPERA DE REIMS .......................................................................................... 24
LA PRODUCTION............................................................................................................................ 24
DON PASQUALE, UN OPERA EN COPRODUCTION .................................................................... 25
NOTE D’INTENTION DU METTEUR EN SCENE ........................................................................... 27
LES BIOGRAPHIES ........................................................................................................................ 30
L’ORCHESTRE DE L’OPERA DE REIMS ...................................................................................... 32
ANNEXE............................................................................................................................................... 33
SUZANNE et les vieillards : le texte biblique ................................................................. 33
3 | P a g e
« Bien idiot est celui qui se marie en grand âge car il
cherche avec grand bruit et à n’en plus finir la
souffrance et les ennuis.»
DON PASQUALE
ACTE III
4 | P a g e
PRESENTATION GENERALE DE L’OPERA
SYNOPSIS
L’intrigue se déroule à Rome au début du XIXe siècle. Acte I
Dans ses appartements, Don Pasquale reçoit son ami le Docteur Malatesta. Il vient lui annoncer qu’il a trouvé la jeune femme que le barbon s’est mis en tête d’épouser. Il lui décrit alors une personne douce et charmante, de bonne famille : sa propre sœur ! Trépignant d’impatience à l’idée de la rencontrer, Don Pasquale supplie le médecin de la lui présenter sur le champ. Malatesta court la chercher. Paraît alors Ernesto, neveu de Don Pasquale. Ce dernier lui avait quelques temps plus tôt présenté une femme noble à qui il l’avait promis, mais le garçon, épris de Norina, une jeune veuve sans le sou, avait refusé ce mariage. Don Pasquale tente à nouveau de le raisonner, mais voyant l’obstination de son neveu, décide de le déshériter et de le chasser de chez lui. Il lui annonce également qu’il va bientôt se marier, utilisant ainsi pour lui l’argent qu’il destinait à son neveu. Ernesto est interloqué et sa consternation s’accentue lorsque son oncle lui annonce que même Malatesta, pourtant son ami, encourage ses projets. Trahi et désemparé, le jeune homme quitte les lieux. Dans sa chambre, Norina est plongée dans sa lecture lorsqu’elle reçoit une lettre d’Ernesto qui la laisse sans voix, lui annonçant qu’il a été chassé par son oncle et se voit contraint de renoncer à son amour. Il lui fait également part de sa décision de quitter Rome et lui dit adieu. Mais le docteur Malatesta, ayant rejoint la jeune femme, s’empresse de la rassurer et lui explique son plan. Il veut berner Don Pasquale et le marier devant un faux notaire, cousin du médecin, à une jeune femme d’apparence douce et aimable mais qui se révèlera, une fois les liens sacrés prononcés, une véritable harpie. Il espère pousser à bout le pauvre barbon et ainsi le persuader de laisser son neveu épouser qui bon lui semble. Norina, enchantée, accepte de tenir le rôle de la sœur de Malatesta, promise à Don Pasquale.
MAQUETTE DU SPECTACLE
5 | P a g e
Acte II
Resté seul, Ernesto se désespère. Il a été tour à tour chassé par son oncle, trahi par son ami et a dû renoncer à la femme qu’il aimait. Il est sur le point de s’exiler et pense à Norina, à qui il souhaite de trouver le bonheur qu’il n’a pu lui offrir. De son côté, Don Pasquale se prépare à l’arrivée de sa promise. Lorsqu’elle fait son entrée au bras de Malatesta, elle est voilée et feint l’intimidation. Norina joue à merveille son rôle de jeune fille innocente et effarouchée et le barbon est immédiatement subjugué par son charme. Il la prie de retirer son voile et lorsqu’elle s’exécute après quelques minauderies, Don Pasquale s’extasie devant sa beauté et demande immédiatement un notaire pour être marié à Norina. Malatesta fait aussitôt appeler son cousin qui établit un contrat et demande aux époux de déclarer leurs vœux. Mais Ernesto, venu dire adieu à son oncle, fait son apparition et découvre, ébahi, sa fiancée au bras de Don Pasquale. Malatesta lui explique alors brièvement en aparté qu’il doit, pour son bien, jouer le jeu. Le mariage est alors conclu. Mais dès que les papiers sont signés, la jeune mariée se révèle autoritaire et dure avec Don Pasquale. Elle le brusque, l’insulte, charme Ernesto devant lui et le vieil homme est interloqué devant cette attitude et ce revirement de situation. Ernesto, qui a compris la manigance, s’amuse beaucoup, pendant que la jeune femme, métamorphosée en furie, convoque les domestiques et leur ordonne de refaire tout l’aménagement de la maison, sous les yeux d’un Don Pasquale prêt à défaillir.
MAQUETTE DU SPECTACLE
6 | P a g e
Acte III
La maison de Don Pasquale est en effervescence et les factures s’accumulent. Les domestiques courent de toutes parts pour apporter à Norina les bijoux, chapeaux, fleurs et toilettes qu’elle a commandés. Don Pasquale, quant à lui, est désemparé. Il aperçoit sa jeune « épouse » très apprêtée sur le point de sortir et tente de l’en empêcher. Mais la jeune femme, fâchée que son mari ose lui interdire quoi que ce soit, le gifle. Alors qu’elle part, Don Pasquale lui crie de ne plus revenir et qu’il souhaite divorcer, mais elle est déjà loin. Le vieil homme s’aperçoit alors qu’elle a laissé tomber un billet en partant, dans lequel son amant lui donne rendez-vous. Humilié, Don Pasquale demande au Dr Malatesta de l’aider à se débarrasser d’elle. Tous deux se rendent alors au rendez-vous pour confondre les amants et donner à Don Pasquale un motif incontestable de rupture, mais leur plan échoue. Malatesta propose alors à Don Pasquale de régler la situation par une ruse. Il dit à la jeune femme qu’elle devra dès le lendemain partager la maison avec Norina, la nouvelle épouse d’Ernesto. L’« épouse » de Don Pasquale feint alors la colère et jure qu’elle préfèrerait quitter la maison plutôt que de cohabiter avec cette femme. Entendant ces mots, Don Pasquale accepte alors le mariage de son neveu avec Norina, voyant là le seul moyen de se débarrasser de sa « femme ». Ernesto est appelé et alors que son oncle lui demande d’amener sa fiancée pour que le mariage puisse être célébré, Malatesta est contraint de lui révéler le subterfuge : l’« épouse » de Don Pasquale et Norina sont en réalité une seule et même personne. D’abord contrarié et vexé par cet aveu et par le tour qu’on lui a joué, Don Pasquale est néanmoins soulagé de s’être débarrassé de cette mégère et, faisant preuve d’indulgence, accepte l’union des deux jeunes gens.
MAQUETTE DU SPECTACLE
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LE COMPOSITEUR : GAETANO DONIZETTI 1797-1848
ELEMENTS BIOGRAPHIQUES
« Je suis né sous terre à Borgo Canale. On descendait par l’escalier d’une cave
où jamais ne pénétra une ombre de lumière. Et tel un hibou je pris mon envol,
accompagné de présages plutôt heureux, tantôt sinistres, sans être encouragé
par mon pauvre père qui ne cessait de me répéter : « il est impossible que tu
écrives, que tu ailles à Naples, que tu ailles à Vienne… ». Seule protection
contre de telles humiliations, je n’ai que ma force morale. »1
1897 : C’est dans un quartier populaire de Bergame que Gaetano Donizetti voit le jour. Il est issu
d’un milieu très modeste : avant-dernier d’une famille de six enfants dont les parents, ouvriers
tisseurs ont du mal à subvenir aux besoins de chacun.
BERGAME
1806 : Donizetti est admis, à l’âge de neuf ans, aux « leçons charitables de
musique » fondées par JOHANN SIMON MAYR pour accueillir les enfants défavorisés. Grâce à ce professeur attentif et dévoué, maître de chapelle de Sainte Marie Majeure à Bergame et compositeur prolifique, il se familiarise notamment avec les œuvres des classiques viennois : Haydn, Mozart, Beethoven.
BOLOGNE
1815 : sous les conseils de son professeur conscient du potentiel extraordinaire de son élève,
Donizetti se rend à Bologne pour travailler la composition avec le célèbre pédagogue MATTEI
successeur de Baptiste MARTINI et professeur aussi de Rossini.
En 1817, Donizetti a acquis une formation musicale complète et solide. Il se lance alors
véritablement dans la composition avec des œuvres de genres variés : quatuor, musique religieuse,
orchestre… Enrico di Borgogna marque véritablement ses débuts et son premier succès en tant que
compositeur d’opéra, seule profession musicale susceptible de lui apporter fortune et gloire. La suite
de sa vie est un ballet de déplacements entre différents grands théâtres d’Italie : Rome, Venise,
Naples, Milan, Palerme, même s’il occupe aussi différents postes fixes :
- 1825 : « maître de chapelle directeur de la musique et compositeur d’opéras » du théâtre
Carolino de Palerme.
1 Cité par Gilles de Van, Gaetano Donizetti, p. 11.
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- 1829 : directeur des théâtres royaux de Naples.
- 1842 : compositeur de la cour à Vienne.
1830 marque l’année de son premier triomphe avec Anna Bolena créée à Milan. "Succès, triomphe,
délire, il semblait que le public soit devenu fou " écrit-il le lendemain de la première. D’autres opéras
de la maturité parmi lesquels : L’Elisir d’amore en 1832, Lucrezia Borgia (1833), Lucia di Lammermoor
(1835), Roberto Devereux (1837), Don Pasquale (1843), connaîtront la même ferveur du public.
Pourtant, malgré ces succès et triomphes, la vie de Donizetti est lourde de tragédies et de malheurs.
En 1828, il épouse par amour VIRGINIA VASSELLI avec laquelle il aura trois enfants qui
successivement décèdent en 1829, 1836 et 1837, année où sa femme meurt également. Ces décès
sont la conséquence probable d’une maladie que contracta Donizetti jeune : la syphilis cérébro-
spinale qui contamina l’ensemble de la famille. Resté seul, le chagrin du compositeur est immense :
« mon toto [son beau-frère], fais que ma douleur trouve un écho dans la tienne. » « Je serai
malheureux éternellement. Ne me repousse pas, songe que nous sommes seuls sur la terre. » « Sans
père, sans mère [ses parents étaient morts peu avant], sans femme, sans enfants, pour qui donc est-
ce que je travaille ? Pourquoi ? »2
1838-1841 : il éprouve des difficultés à composer et s'installe à Paris où il retrouve son inspiration et
compose La fille du régiment ainsi que La Favorite.
En 1843, la santé du compositeur s’altère elle aussi progressivement et en 1845, saisi d’un malaise il
devient incapable d’écrire. Soigné à Paris, les médecins découvrent alors le mal dont il souffre déjà
depuis tant d’années. En 1846, il est interné à l’asile d’Ivry d’où le malheureux parvient à sortir en
1847, grâce à l’intervention de son neveu et d’un ami, pour regagner sa ville natale Bergame.
Gaetano Donizetti meurt en 1848. Son corps repose dans la basilique Sainte Marie Majeure près du
tombeau de son maître Mayr.
2 Cité par Gilles de Van, Gaetano Donizetti, p. 15.
ŒUVRES MARQUANTES
71 OPERAS PARMI LESQUELS :
1830 Anna Bolena
1832 L'Elisir d'amore
1833 Lucrezia Borgia, d'après Victor Hugo
1835 Lucia di Lammermoor
1840 La Favorite
1840 La Fille du régiment
1842 Linda di Chamounix
1842 Don Pasquale
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L’HOMME… PAR GILLES DE VAN
« Nous le connaissons par les témoignages de ses
contemporains et une abondante correspondance qui révèle
un personnage extrêmement sympathique : c’était un homme
fidèle, fidèle à son maître Mayr, à ses parents qu’il aida
régulièrement, aux amis qu’il s’était fait dans les villes où il
séjourna longuement (Bergame évidemment mais aussi Rome
ou Naples), à sa femme dont la perte […] l’affecta
durablement. Il était modeste et bien que célèbre et enrichi
par des succès, aspirait à une vie simple comme il le
recommande à l’un de ses frères : « Dites-lui qu’en ce bas
monde, il faut être discret dans ses désirs et l’on vit heureux.
Je ne désire pas devenir millionnaire, c’est pourquoi le peu que
je gagne me suffit, et je vis sans dettes et très heureux. »
(1827) […] Mais surtout il était généreux et dépourvu d’envie :
il aida Verdi à ses débuts et félicita de ses succès Bellini qui en
revanche était jaloux de son « rival ». Voici ce que Donizetti
écrit de Norma après la première qui fut un four : « La Norma a été crée hier à la Scala, elle n’a pas
été comprise et a été hâtivement jugée par les Milanais. En ce qui me concerne, je serais vraiment
heureux de l’avoir écrite et je mettrais volontiers mon nom sous cette musique […]. Les Milanais
s’apercevront très vite de la désinvolture avec laquelle ils ont prononcé un jugement prématuré sur
la valeur de cet opéra ». (1831) […] Sa vie est essentiellement consacrée à la musique et la politique
l’intéresse peu comme il le dit à son père en 1831, pendant les mouvements révolutionnaires à
Rome : « Je vous écris afin que vous n’imaginiez pas que je suis mort dans les fusillades. Je suis un
homme que peu de choses préoccupent, en fait qu’une chose préoccupe, savoir si mon opéra fait un
fiasco. » Mais quand, à Paris on lui propose d’être reçu à l’institut à condition qu’il renonce à sa
nationalité italienne, il refuse avec netteté précisant qu’il ne trahira jamais sa patrie !
La mort de sa femme modifie en profondeur son caractère : s’il a toujours eu conscience du
caractère frelaté de la gloire de l’art lyrique, maintenant il se sent seul et sa bonne humeur n’est que
le paravent de sa mélancolie ; on trouve des réflexions désabusées : « Dans quelques jours, je donne
Padilla [Maria Padilla] aux copistes et je pense aux Viennois… et puis d’agitation en agitation jusqu’à
ce que blasés, usés, les pauvres compositeurs arrivent à la fin de cette existence…espérant toujours
des plus beaux jours, qui n’arrivent jamais… Allons, trêve de sentiment, rions et allons de l’avant. »
Cette phrase écrite en partie en français (italique) en 1841 donne la mesure de la fatigue du
compositeur qui, quatre ans plus tard, le conduira à l’impuissance.
Un des aspects le plus curieux de sa personnalité est son talent d’écrivain. Il s’agit moins de son
activité de librettiste (il participe à l’écriture du livret de Maria Padilla, écrit de sa main trois farces et
joue un rôle majeur pour un opéra aussi célèbre que Don Pasquale) que de son talent d’épistolier ;
non qu’il ait le temps de faire du « style » mais il cède volontiers à la plaisanterie : il pratique les
dialectes (bergamasque, romain ou napolitain) et se plaît volontiers aux mélanges des langues ; il se
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livre aux jeux de mots, manie l’insulte affectueuse (il apostrophe son beau-frère par une insulte
intraduisible, quelque chose comme « ma vieille couille »), adore les vers de mirliton et s’amuse à
forger du latin macaronique […]. Cette forme d’humour linguistique réservée à la correspondance
privée apparaît très tôt comme une façon de « plaisanter avec les copains ». Il faut aussi y voir un
homme pressé par les échéances d’un opéra à terminer ou préparant un défoulement, ou une
distance amusée vis-à-vis des cérémonies auxquelles sa renommée le contraint d’assister : en 1842 à
Vienne, reçu par le chancelier Metternich, il se rend dans sa villa en habit de cérémonie, qu’il
compare à de la quincaillerie et se compare lui-même à une « comète à queue ». »3
GAETANO DONIZETTI DANS SON TEMPS : QUELQUES REPERES MUSICAUX
• 1797 Naissance de Schubert • 1799 Haydn : La Création à Vienne • 1800 Beethoven : 1ère Symphonie à Vienne • 1801 Haydn : Les Saisons à Vienne • 1801 Naissance de Bellini • 1803 Naissance de Berlioz • 1809 Mort de Haydn • 1809 Naissance de Mendelssohn • 1810 Naissance de Chopin • 1810 Naissance de Schumann • 1811 Naissance de Liszt • 1811 Premiers Lieder de Schubert • 1813 Naissance de Verdi • 1813 Naissance de Wagner • 1816 Rossini: Le Barbier de Séville • 1821 Weber le Freischütz crée à Berlin • 1827 Mort de Beethoven • 1828 Mort de Schubert • 1829 La Passion selon Saint Mathieu de Bach à Berlin (ré)-créée par Mendelssohn • 1829 Rossini : Guillaume Tell à Paris • 1830 Symphonie fantastique de Berlioz à Paris • 1831 Bellini : Norma à Milan • 1831 Robert le Diable de Meyerbeer à Paris • 1833 Naissance de Brahms • 1838 Berlioz : Benvenuto Cellini à Paris • 1842 Verdi : Nabucco à Milan • 1847 Mort de Mendelssohn
3 Gilles de Van, op.cité, pp. 16, 17, 18.
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L’ŒUVRE ET SA GENESE
« Le chef-d’œuvre buffo de Gaetano
Donizetti réussit à s’affranchir de toutes les
conventions du genre dont il est issu pour
faire vivre sur le théâtre une histoire alerte,
drôle sans redondances comiques, classique
sans clichés poussiéreux. Ecrite dans
l’urgence, non en onze jours comme le
prétendra le compositeur mais en trois
petits mois, l’œuvre semble d’une constante
ingénuité d’invention alors même qu’elle
utilise les procédés les plus éculés de la
farce napolitaine, qu’elle fait son miel de
maints ouvrages théâtraux ou musicaux
antérieurs et que son auteur ne l’a conçue
avant tout que pour conforter ses succès
parisiens. Fruit du talent d’un musicien
prolixe, en fin de carrière, Don Pasquale ne
trahit à aucun moment le caractère
circonstanciel de sa brève gestation ni les
nombreux emprunts qui ont alimenté son
livret comme sa musique. »
JEAN CABOURG, in livret
d’accompagnement du CD de l’opéra Don
Pasquale chez DECCA.
Nous ne disposons que de peu d’informations
concernant la genèse de l’œuvre. Donizetti écrit Don
Pasquale dans l’espérance de conquérir Paris, cité
mondiale de toutes les consécrations, phare du monde
au XIXème siècle, la Mecque vers laquelle tendaient
toutes les aspirations.
Il composa l’opéra en même temps qu’il travaillait à des
parties de Caterina Cornaro, durant une période
d’activité frénétique pendant laquelle il était au
Théâtre-Italien pour répéter Linda di Chamounix.
L’année 1843 fut donc une année de dur labeur. Ce fut
aussi le début d’une période marquée par
l’intensification de symptômes qui l’avaient toujours
fait souffrir : fièvres nerveuses et maux de tête.
Pour le livret, Donizetti se tourna vers un homme sans
expérience, un émigré à Paris du nom de Ruffini, afin de
réaliser sa propre idée d’un opéra qui remettait au jour
une histoire traditionnelle de la commedia dell’arte
utilisant des costumes modernes. Il agit assez
autoritairement avec son librettiste décidant dans une
large mesure du profil de l’intrigue et exigeant
d’abondantes révisions de ses vers afin d’y
accommoder des éléments musicaux dont il s’était déjà
servi pour d’autres œuvres. Ruffini refusa qu’on mette
son nom sur le livret qui fut par conséquent attribué à
l’agent de Donizetti, Michele Accursi.
Le livret s’inspire de celui d’Angelo Anelli pour
le Ser Marc’Antonio de Stefano Pavesi (Milan,
Teatro alla Scala, 1810), lui-même tiré
d’Epiccene or the Silent Woman de Ben Jonson.
Cette pièce, adaptée par Stefan Zweig, formera
le livret de la Femme silencieuse, opéra-
comique de Richard Strauss (1935).
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L’ŒUVRE ET SA CREATION
L’œuvre a été créée le 3 janvier 1843 au Théâtre-Italien à Paris. Son succès est, auprès du public, immédiat. Il faut dire aussi que Donizetti s’est entouré d’une distribution prestigieuse :
LUIGI LABLACHE : Don Pasquale
GIULIA GRISI : Norina (portrait ci-contre)
ANTONIO TAMBURINI : Malatesta
GIOVANNI MARIO : Ernesto
La presse, quant à elle, mis à part deux ou trois journaux, se montra plus réservée. Les avis furent,
pour le moins partagés, passant des éloges les plus dithyrambiques au plus total dénigrement.
A LIRE : « Les vocalises de la presse sur Don Pasquale », par Catherine-Marie Heuls, in
Avant Scène opéra N°108.
Don Pasquale reste sans doute l’opéra le plus populaire du musicien, popularité qu’il doit à son
invention mélodique constante et l’équilibre entre comique et pathos. L’histoire est cruelle mais le
compositeur n’arrive jamais à la cruauté pure ; son imagination est constamment bienveillante
même quand il s’agit de contrer les ambitions matrimoniales d’un vieux célibataire.
Cet opéra fut le dernier grand succès du compositeur et l’accomplissement du désir qu’il avait depuis
longtemps de remporter un succès complet à Paris. Il demeura au répertoire plus longtemps que les
autres opéras du musicien.
PREMIERE REPRESENTATION DE DON PASQUALE
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TRADITION ET MODERNITE DE L’OPERA BOUFFA DANS DON PASQUALE
Don Pasquale est considéré comme l’un des derniers opera buffa et représente un modèle du genre. Le sujet n’est pas sans rappeler Le Barbier de Séville et la coquette Norina évoque Serpina dans La Servante maîtresse de Pergolèse. L’œuvre est une satire douce et amère qui se déroule au son et au rythme d’une musique pétillante dans laquelle s’entremêlent comique, sentiments et passion. Né à Naples au début du XVIIIe siècle, l’opera buffa se définit comme un opéra traitant de sujets comiques. Il connut un grand succès populaire. Généralement en deux actes, il est bâti sur l’alternance du récitatif secco (récitatif sec, défini par un accompagnement instrumental réduit au minimum) et de l’aria (air chanté par un soliste), mais comporte également des duos, ensembles et au moins un final orchestral, ce qui, à l’origine, le différenciait de l’opera seria. Le terme n’apparut que lorsqu’une séparation nette fut établie entre les genres comique et tragique, intimement mêlés dans l’opéra au XVIIe siècle, durant lequel des œuvres entièrement comiques virent le jour à Rome ou Florence. En 1750, le dramma giocoso et le semiseria, basés sur des livrets plus travaillés, remplacèrent peu à peu l’opera buffa. Rossini mit finalement un terme à ce genre d’opéra en lui substituant le dramma buffo. Avec Don Pasquale, Donizetti, adepte et grand connaisseur d’opera buffa, a ainsi offert au genre une éphémère résurrection. De plus, Donizetti, non-content d’afficher sa maîtrise par la vitesse et la richesse de son inspiration, s’est ici permis de parodier son propre style, d’ironiser sur son art. Ainsi, la sérénade d’Ernesto à l’Acte III est caricaturée par les chœurs qui entonnent des « la-la-la » parfaitement moqueurs. Don Pasquale incarne donc à la fois un point d’aboutissement et de rupture de l’opera buffa. Tous les ingrédients de la tradition sont là, à commencer par un livret vieux de plus de trente ans (Ser Marcantonio), mis en musique par Stefano Pavesi en 1808. Mais Donizetti, avec le concours de Giovanni Ruffini pour le texte, réussit à transcender les conventions du genre. Don Pasquale est certes le barbon amoureux que l’on rencontre dans tant d’opere buffe du XVIIIe et du début du XIXe siècle. Mais quand Norina le gifle, ce n’est pas un vieillard gémissant et ridicule que nous avons sous les yeux. C’est un homme blessé dans sa dignité, qui inspire la pitié. Quel spectateur, après avoir souri en le voyant faire le beau lors de sa première rencontre avec sa promise, ne serait pas ému par sa désillusion et son chagrin ? Source : http://lesitaliennes.free.fr/site/operabuffa.html
DON PASQUALE, UN OPERA BUFFA
ANACHRONIQUE ?
L’opera buffa originel allait chercher les
siens dans le petit peuple napolitain
dont ils conservaient à la scène le
dialecte local. Celui de la fin du
XVIIIème siècle leur faisait endosser la
livrée des serviteurs ou la robe de
chambre du bourgeois. Très
logiquement cette ascension sociale du
héros buffo fait que ce dernier se met à
vivre et à s’exprimer selon des formes
musicales plus diversifiées. Genre
farcesque au départ l’opera buffa
acquiert ainsi la dignité de la comédie.
De cette nouvelle richesse structurelle,
Mozart et Rossini sauront tirer
avantage pour dépasser le genre même
et le hisser jusqu’au théâtre de
caractères. Les sujets des canevas de
l’opéra buffa originel et leurs types
traditionnels avaient donc cédé la place
à des comédies plus élaborées, aux
personnages d’un réalisme plus fouillé,
moins schématiques, où les
personnages de domestiques et de
bourgeois se voyaient rejoints par les
représentants des fanges inférieures de
l’aristocratie. Donizetti offre avec Don
Pasquale une synthèse de cette
évolution. S’il paraît renouer avec le
canevas le plus vieillot de la comédie
napolitaine le compositeur s’inspire
dans le traitement musical de son sujet
de tous les acquis de ses
prédécesseurs, Mozart, Rossini
compris. Son archaïsme cache une
réelle sensibilité à l’esprit novateur de
son époque.
JEAN CABOURG, in livret
d’accompagnement du CD de l’opéra
Don Pasquale chez DECCA.
http://lesitaliennes.free.fr/site/operabuffa.html
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FICHE IDENTITE DE L’ŒUVRE
Don Pasquale est un opéra bouffa en trois actes composé entre septembre et novembre 1842 par Gaetano Donizetti sur un livret du compositeur et de Giovanni Ruffini. L’œuvre est créée au Théâtre-Italien le 3 janvier 1843.
L’HISTOIRE EN BREF
Don Pasquale, vieux célibataire septuagénaire, a pour
intention de déshériter son neveu (Ernesto) qui ne veut pas
épouser celle qui lui est destinée et décide lui-même de
prendre femme. L’affaire se complique car son choix se porte
précisément sur l’amante du neveu (Norina) qui va devoir
jouer double jeu, aidée du docteur Malatesta, pour arriver à
ses fins. Elle joue d’abord l’ingénue et la candide puis, une fois
Don Pasquale épousé, se métamorphose en dame hautaine,
dépensière et revêche. Le pauvre Don Pasquale est alors
proche de perdre la raison lorsqu’il apprend qu’il n’a, en fait,
contracté qu’un mariage pour rire avec faux contrat et faux
notaire. Il pardonne aux jeunes amants. Le pauvre Don
Pasquale se résignera à devenir un oncle vieillissant dont
Ernesto sera l’héritier.
LA MODERNITE DE L’ŒUVRE
L’œuvre reflète les deux faces d’un éternel conflit humain, d’une part l’angoisse de l’homme face à sa dégénérescence physique et le devenir de sa postérité, et d’autre part la volonté de la femme d’acquérir sa propre identité afin d’échapper au statut d’objet sexuel, de femme d’intérieur ou de garde malade. Vision d’une problématique du XVIIIe siècle, mais toujours actuelle.
COMPOSITION DE L’ORCHESTRE
2 Flûtes dont 1 piccolo 2 Hautbois 2 Clarinettes 2 Bassons 4 cors 2 Trompettes 3 Trombones Timbales Grosse caisse Violons I et II Alti Violoncelles Contrebasses En coulisses : 2 Guitares et Tambourin
ROLES ET VOIX
DON PASQUALE, vieux garçon avare, crédule, obstiné mais bonhomme au fond : basse bouffe. LE DOCTEUR MALATESTA, homme de fortune, facétieux, médecin ami de Don Pasquale et très ami d’Ernesto : baryton. ERNESTO, neveu de Don Pasquale, jeune homme enthousiaste, amant de Norina : ténor. NORINA, jeune veuve, de nature bouillonnante, franche et affectueuse : soprano. UN NOTAIRE : basse. Domestiques et femmes de chambre, maître d’hôtel, modiste, perruquiers, rôles muets.
NORINA
« La morale de tout cela Est assez facile à tirer. Je vous la dirai tout de suite S’il vous plaît de m’écouter.
Bien idiot est celui
Qui se marie en grand âge ;
Il cherchera avec grand bruit
En quantité douleurs et ennuis… »
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LES PISTES D’EXPLOITATIONS
PEDAGOGIQUEs
LETTRES
1) Comparaison du livret de l’opéra avec celui de la Femme silencieuse (« Die
Schweigsame Frau ») écrit par Stefan Zweig pour l’opéra-comique de Richard Strauss
(1935). Ces deux œuvres : Don Pasquale et La Femme silencieuse prennent appui sur
des sources littéraires identiques (voir p. 11 « l’œuvre et sa genèse).
2) A travers la lecture et l’étude du livret de Don Pasquale, le professeur pourra
aborder le thème du vieillard amoureux, autour duquel se noue toute l’action de
l’opéra. Propositions de lectures complémentaires au livret, exploitant ce thème :
- L’Ecole des femmes de Molière
- Les noces de Figaro de Beaumarchais
- Mort à Venise de Thomas Mann
- Suzanne et les vieillards (ou Suzanne et les deux vieillards ou encore Suzanne au bain) est un
épisode apocryphe racontant qu'une jeune femme, Suzanne, surprise alors qu'elle prend son
bain, refuse les propositions malhonnêtes de deux vieillards qui l'accusent alors d'adultère et
la font condamner à mort. Mais le jeune prophète Daniel survient, prouve son innocence et
fait condamner les vieillards. Le récit constitue le 13e chapitre du livre de Daniel dans la
Vulgate (De liberatione castae Susannae) littéralement "De la libération de la chaste
Suzanne".
- Suzanne un jour, chanson spirituelle de Guillaume Guéroult. Le texte fut repris par de nombreux compositeurs (et parmi les plus grands : Roland de Lassus, Cyprien de Rore, Claude Le Jeune, Eustache Du Caurroy...) et devint particulièrement célèbre dans la seconde moitié du XVIe siècle.
Suzanne un jour
Suzanne un jour d'amour sollicitée
Par deux vieillards convoitant sa beauté
Fut en son cœur triste et déconfortée
Voyant l'effort fait à sa chasteté.
Elle leur dit : si par déloyauté
De ce corps mien vous avez jouissance,
C'est fait de moi ! Si je fais résistance,
Vous me ferez mourir en déshonneur :
Mais j'aime mieux périr en innocence
Que d'offenser par péché le Seigneur.
Chanson spirituelle du poète Guillaume
Guéroult (1548)
http://fr.wikipedia.org/wiki/Livre_de_Danielhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Vulgatehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Roland_de_Lassushttp://fr.wikipedia.org/wiki/Cyprien_de_Rorehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Claude_Le_Jeunehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Eustache_Du_Caurroyhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Guillaume_Gu%C3%A9roulthttp://fr.wikipedia.org/wiki/Guillaume_Gu%C3%A9roult
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HISTOIRE DES ARTS
En complément du parcours littéraire proposé ci-dessus, le
professeur peut élargir son exploitation du thème du
vieillard amoureux dans les arts, à travers les très nombreuses
représentations de Suzanne et les vieillards. Cet épisode de la Bible a
été repris maintes fois depuis le début de la Renaissance dans la
peinture, la sculpture, tant en Italie que dans les Pays-Bas ou en
Allemagne.
Propositions de thématiques d’histoire des arts pouvant être abordées
par le prisme de « Suzanne et les vieillards » :
COLLEGE : Thématique « Arts, ruptures, continuités » Cette thématique permet d’aborder les effets de reprises, de ruptures ou de continuité entre les différentes périodes artistiques, entre les arts et dans les œuvres d’art. LYCEE : Thématique « Arts, corps et expression » Cette thématique invite à interroger les œuvres d’art comme lieux et supports d’expressions en lien avec le corps. Le professeur étudiera le corps, sa présentation et représentation.
Altdorfer représente Suzanne au bain dans
un jardin verdoyant, situé en contrebas
d’une ville-palais dont les rues et les places
fourmillent de monde. Il s’agit de Babylone
et ses jardins suspendus, réinventée par
l’imagination du célèbre peintre de la
Renaissance. Suzanne s’y trouve resituée
dans la vie de la communauté à laquelle
elle appartient, dans son monde, celui qui
donne sens à l’histoire racontée.
PIERRE NICOLAS BEAUVALLET, LA CHASTE SUZANNE, MARBRE
BLANC, 1813, MUSEE DU LOUVRE.
ALBRECHT ALTDORFER, SUZANNE AU BAIN, 1526
ALTE PINAKOTHEK, MUNICH
http://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:Albrecht_Altdorfer_037.jpghttp://fr.wikipedia.org/wiki/Alte_Pinakothekhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Munich
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On remarquera, sur la gauche, la présence des deux vieillards cachés dans les feuillages, se
délectant de la vision de Suzanne aux longs cheveux d’or dénoués et dont la robe légèrement
soulevée laisse percevoir la délicatesse de ses chaires…
Dans un cadre propice à la surprise,
car troué de verdure, Suzanne,
nue, mais parée encore de ses
bijoux, pierres et perles, s’apprête
à entrer dans l’eau. Elle se regarde
auparavant dans le miroir. C’est
une moderne incarnation de la
Vénus antique. Deux vieillards, qui
la regardent dans un angle oblique,
l’admirent. Le Tintoret raconte ici
l’histoire de la vieillesse qui rend
hommage à la flavescence, à la
pulpe, au vif de la beauté.
ALBRECHT ALTDORFER, SUZANNE AU BAIN, DETAIL, 1526
JACOPO COMIN, DIT LE TINTORET, SUZANNE AU BAIN, 1555
http://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:Albrecht_Altdorfer_037.jpghttp://www.wga.hu/art/t/tintoret/6/06susan.jpg
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EDUCATION MUSICALE
L’OUVERTURE
Elle fait partie d’une des plus belles pages symphoniques écrite par le compositeur.
Par sa facture orchestrale impeccable, elle annonce l’ère glorieuse des ouvertures
de Verdi.
Cette ouverture forme une sorte de pot-pourri des grands thèmes de l’œuvre.
Après quelques accords destinés à faire taire le public en lui signalant que le spectacle allait
commencer, l’ouverture fait entendre une mélodie ample et chaleureuse dotée d’un phrasé très
coulé, legato. Elle est jouée au violoncelle :
Puis le thème de l’allegretto de la cavatine de Norina (acte 1) est exposé aux premiers violons :
Le second moment de cette ouverture contraste avec l’allégresse découlant du thème de la cavatine
avec ses appogiatures, ses notes piquées et son rythme énergique. Un climat plus sombre et
romantique s’installe. On peut y entendre des vagues de tutti en crescendo et decrescendo.
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EN CLASSE
- On fera remarquer l’emploi, dans cette ouverture comme dans le reste de
l’opéra, de nombreux instruments solistes intervenant dans les pages purement
orchestrales comme dans les airs.
- Le professeur pourra présenter les différentes types d’ouvertures : ouverture « à la
française », « annonciatrice de l’action », ou encore comme ici « pot-pourri ».
- Propositions de compétences pouvant être travaillées en éducation musicale :
DOMAINE DE L’ESPACE ET DU TIMBRE
La densité sonore
La pluralité de timbres d’une pièce musicale
La répartition et organisation temporelle des masses sonores
DOMAINE DE LA FORME
Thème
Répétition
DOMAINE DE LA DYNAMIQUE
Evolution des dynamiques
Ecoutes complémentaires par rapport aux pistes proposées ci-dessus :
1) Ecoute du prélude du second acte de l’opéra où retentit un solo de trompette tout à fait
exceptionnel dans le répertoire, nécessitant de la part de l’instrumentiste un souffle de
chanteur et des qualités de legato coulées dans un esprit contraire aux attaques classiques.
Le timbre de l’instrument n’est plus brillant et éclatant mais bien mat et velouté créant, dans
la tonalité sombre de do mineur, un climat de détresse accablant.
2) Ecoute de la cavatine de Norina : acte 1
Il s’agira de faire remarquer la récurrence du thème exposé aux premiers violons dans
l’ouverture.
3) Ecoute de l’ouverture de Guillaume Tell (1829) de Rossini. Cette très célèbre page
orchestrale forme un autre exemple d’« ouverture pot-pourri » dont Rossini est l’un des
créateurs.
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ACTE I, SCENE 2, DON PASQUALE « UN FOCO INSOLITO »
SITUATION DE L’EXTRAIT DANS L’OPERA :
Don Pasquale retrouve un regain de jeunesse à l’idée de prendre
pour femme une jeune fille qui vient de lui être décrite comme
« belle comme un ange descendu sur terre » et « fraîche comme
le lys »…... Un feu insolite s’empare alors du vieux garçon……
La vivacité de l’écriture mélodique et rythmique traduit le regain
de jeunesse de notre héros. La mélodie est bondissante avec ses
sauts de sixtes, son phrasé vif, incisif avec des notes tantôt
accentuées, tantôt piquées. Le tout est parfaitement structuré de
deux mesures et deux mesures :
La vision surréaliste et attendrissante du
vieillard se projetant avec une demi-
douzaine de bambins grandissant autour
de lui est mise en valeur musicalement
par un flamboiement, enfièvrement d’un
tutti orchestral à la rythmique trépidante.
EN CLASSE
- Cette écoute s’inscrit
parfaitement dans le parcours d’histoire
des arts proposé page quinze autour de la
thématique du vieillard amoureux.
- Le professeur pourra étudier les
liens étroits qui unissent texte et musique
et interroger les élèves sur les moyens
musicaux mis en œuvre par le compositeur pour mettre en valeur et expliciter le sens du
texte.
- Exemples de compétences pouvant être travaillées :
DOMAINE DE LA DYNAMIQUE : accentuation et diversité des modes de jeux.
DOMAINE DU SUCCESSIF ET DU SIMULTANE : sons conjoints ; sons disjoints.
DOMAINE DE LA FORME : la répétition différée.
DON PASQUALE Un foco insolito mi sento addosso, ormai resistere io piu non posso; dell’età vecchia scordo I malanni, mi sento giovine come a vent’anni. Deh ! Cara, affrettasi. Vieni, sposina ! Ecco, di bamboli Mezza dozzina Veggo già nascere Veggo già crescere, A me d’introno Veggo scherzar
DON PASQUALE Un feu insolite m’envahit, désormais je ne puis résister; de la vieillesse j’oublie les maux je me sens jeune comme à vingt ans. Ah ! Ma chère, dépêche-toi. Viens, ma petite femme ! Voici des enfants, Une demi-douzaine Que je vois déjà naître, Que je vois grandir, Et autour de moi Je les vois jouer.
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ACTE III, SCENE 5, DUO DON PASQUALE / MALATESTA « BRAVO, BRAVO, VA BENONE »
SITUATION DE L’EXTRAIT DANS L’OPERA : Don Pasquale cherche à se venger de son épouse et se confie
au manipulateur Malatesta qui déploie alors son ultime stratagème. « Le pauvre songe à la
vengeance ; il ne sait pas, le malheureux, ce qui l’attend » Malatesta……
Il s’agit là d’un morceau de bravoure de pure tradition bouffa. On retrouve la plus efficace des
conventions d’un duo bouffe : le moulin à syllabes débitant un texte à vitesse maximale, sur des
doubles croches crépitantes.
EN CLASSE
- Découvrir la basse bouffe :
Dans l’opéra italien du début du XIXe siècle, la basse bouffe occupe un rôle de tout premier plan, surtout à Naples, capitale de l’opéra bouffa. Sur près de soixante-dix opéras que le compositeur crée entre 1816 et 1843, une trentaine comporte au moins un rôle de basse bouffe. C’est dire l’importance que cette typologie vocale revêt dans l’évolution créatrice du musicien. La vocation première d’une basse bouffe est de faire rire, en usant de jeux de mots et de procédés farcesques. Donizetti sait admirablement exploiter le potentiel comique de ce personnage.
Dans Don Pasquale, le compositeur touche à son zénith grâce à l’interprétation de Luigi Lablache, basse bouffe, qui figure au panthéon des chanteurs du XIXe siècle. Il a, à de nombreuses reprises (treize fois), collaboré avec Donizetti
pour qui il éprouvait une grande estime. Idole des plus illustres scènes lyriques, les frères Escudier dirent de lui en 1840 : « Depuis que Lablache a paru sur la scène musicale, les chanteurs qui s’étaient déjà fait un nom dans les rôles de basse taille se sont presque tous éclipsés, et aucun autre ne s’est élevé pour lui disputer la première place. »
- Ecoute complémentaire :
ROSSINI, LE BARBIER DE SEVILLE, aria de Bartolo, basse bouffe, « A un Dottor della mia sorte », acte 1
Dans cet air, Bartolo promet à Rosina de la tenir captive : "Et Rosina, l’innocente, désolée,
désespérée, sera recluse dans sa chambre, aussi longtemps que je voudrais, oui, oui, oui… ».
Dans l’allegro vivace, Bartolo abandonne le ton majestueux de départ pour un babil
irrépressible : un bourdonnement de doubles-croches syllabiques, implacable, véloce (autour
de 8 syllabes à la seconde !), inintelligible, aigu et nuancé. C’est là un véritable syllabé
vertigineux, à la limite des possibilités vocales humaines.
- Exemples de compétences pouvant être abordées :
DOMAINE DE LA VOIX ET DU GESTE : débit, densité, hauteur, timbre.
DOMAINE DU TEMPS ET DU RYTHME : pulsation ; tempo.
LUIGI LABLACHE DANS LE RÔLE DE
DON PASQUALE
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POUR EN SAVOIR PLUS…
BIBLIOGRAPHIE
Il existe encore peu d’ouvrages en langue française autour de Donizetti et ses œuvres. KAMINSKI, Piotr, Mille et un opéras, Paris, Fayard, coll. « Les indispensables de la musique », 2003. DE VAN, Gilles, Gaetano Donizetti, bleu nuit éditeur, imprimé en Espagne, 2009. THANH, Philippe, Donizetti, Actes Sud, 2005.
Collectif :
Avant Scène Opéra N°108, « Don Pasquale » :
DVD
DON PASQUALE
1 DVD, TDK RAI Trade 8 24121 00221
Mise en scène : Stefano Vizioli. Avec : Ferruccio Furlanetto, Don Pasquale ; Lucio
Gallo, Dottor Malatesta ; Gregory Kunde, Ernesto ; Nuccia Focile, Norina ;
Claudio Giombi, Un notaro. Chœur de l’opéra du Teatro alla Scala (chef de
chœur : Roberto Gabbiani). Orchestre du Teatro alla Scala, direction : Riccardo
Muti. Réalisation : Enrico Motta. Enregistré live en 1994 à Milan, Teatro alla
Scala. Sous-titrage en anglais, français, italien, espagnole, allemand.
Alain Duault : Présentation Robert Pourvoyeur : Chronique des temps parisiens de Donizetti Alain Arnaud : De Rossini à Donizetti: une même légèreté Catherine Heuls : Les créateurs de Don Pasquale Alain Duault : Argument G. Ruffini et G. Donizetti : Livret intégral Yvelaine Duault : Traduction française Sylviane Falcinelli : Commentaire littéraire et musical Christophe Capacci : Opera domestica Sylvie Hauel : L'opéra romantique italien et ses femmes Catherine Heuls : Les vocalises de la presse Jean Cabourg et Georges Voisin : Discographie (Les intégrales et les airs séparés) L'œuvre à l'affiche Elisabeth Giuliani : Bibliographie Arièle Butaux : Cette année-là: 1843
http://www.resmusica.com/mot-clef/ferruccio-furlanetto/http://www.resmusica.com/mot-clef/lucio-gallo/http://www.resmusica.com/mot-clef/lucio-gallo/http://www.resmusica.com/mot-clef/gregory-kunde/http://www.resmusica.com/mot-clef/nuccia-focile/http://www.resmusica.com/mot-clef/riccardo-muti/http://www.resmusica.com/mot-clef/riccardo-muti/
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DON PASQUALE
Decca DVD 074 3202
Mise en scène : Grisha Asagaroff
Avec :
Don Pasquale : Ruggero Raimondi; Ernesto : Juan Diego Flórez; Norina :
Isabel Rey; Il Dottor Malatesta : Oliver Widmer;
Chœurs de l’Opéra de Zurich
Chef des Chœurs : Jürg Hämmerli
Orchestre de l’Opéra de Zurich (« Opernhaus Zürich »)
Direction musicale : Nello Santi
WEBOGRAPHIE
L’opéra dans son intégralité pour la Scala de Milan. L’orchestre du teatro de la scala est placé sous la
direction de Ricardo Muti. Hélas, la traduction est en espagnol ! Sinon il faut acheter le DVD proposé
page 22 :
http://www.youtube.com/watch?v=gg9TsDjE0RM
MAQUETTE DU SPECTACLE
http://www.youtube.com/watch?v=gg9TsDjE0RM
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DON PASQUALE A L’OPERA DE REIMS
LA PRODUCTION
Direction musicale, ROBERTO FORÉS VESES Mise en scène, ANDREA CIGNI Décors, costumes, LORENZO CUTULI Lumières, FIAMMETTA BALDISERRI Assistant mise en scène, ROBERTO CATALANO Assistant scénographie, EMANUELE SINISI Chef de chant, PHILIPPE MARTY
REALISATION DU DECOR
Opéra-Théâtre de Saint-Etienne
REALISATION DES COSTUMES
Atelier du Centre lyrique
Clermont-Auvergne
Don Pasquale : SIMEONE DEL SAVIO
Norina : ANNA SOHN*
Ernesto : LEONARDO CORTELLAZZI
Dottore Malatesta :ALESSANDRO SESSOLO*
Le notaire : JEAN VENDASSI
Le Majordome : OLIVIER PAPOT
La modiste Un valet et le coiffeur : CEDRIC VESCHAMBRE *LAUREATS DU 23
EME CONCOURS DE
CHANT DE CLERMONT-FERRAND
ANNA SOHN et ALESSANDRO
SESSOLO
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DON PASQUALE, UN OPERA EN COPRODUCTION
A l’initiative du Centre lyrique Clermont-Auvergne, Don Pasquale de Gaetano Donizetti sera créé
début 2014 à l’Opéra-Théâtre de Clermont-Ferrand.
Six opéras répartis dans toute la France, ont décidé de s’associer au Centre lyrique Clermont-
Auvergne pour coproduire cette œuvre majeure du répertoire, permettant une importante tournée
en France (Avignon, Reims, Rouen, Limoges, Massy, Saint-Etienne et Vichy) mais aussi en Italie (Jesi
et Piacenza).
Au total, 20 représentations seront ainsi programmées sur les deux saisons 2013-2014 et 2014-2015
dans une mise en scène d’Andrea Cigni, metteur en scène connu et apprécié, le rôle-titre étant
confié au baryton Simone del Savio.
Une des originalités du projet tient dans le recrutement des trois autres rôles principaux auditionnés
lors de la 23ème édition du Concours international de chant de Clermont-Ferrand du 18 au 22 février
2013 et ayant pour thème « Les années 1840 ». Biennal, attirant plus de 450 chanteurs du monde
entier, ce Concours propose exclusivement des engagements pour des opéras, concerts et récitals.
Cette production de Don Pasquale permettra donc d’une part à de jeunes talents internationaux de
côtoyer sur scène des artistes confirmés, et d’autre part à sept théâtres d‘opéras régionaux de se
réunir pour offrir une série conséquente de représentations et montrer ainsi leur savoir-faire.
Une belle union de talents et d’énergies autour d’un des chefs d’œuvre de
Donizetti !
A LIRE : ARTICLE DU 13 OCTOBRE 2013 TIRE DU JOURNAL LA MONTAGE, proposé page suivante.
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NOTE D’INTENTION DU METTEUR EN SCENE
L’idée Le projet de Don Pasquale trouve sa motivation première dans la ferme intention de redonner à l’opéra du compositeur bergamasque son caractère théâtral. Don Pasquale est certainement l’opéra bouffe le plus réussi de Donizetti : sa fortune n’est pas étrangère au raffinement et à la précision qui marquent la caractérisation de ses personnages. Chacun d’eux possède sa propre manière d’être, son « but » spécifique, des particularités physiques et caractérielles tout à fait distinctes et personnelles. C’est pourquoi notre attention s’est premièrement focalisée sur la nécessité de redonner à l’opéra le sens dramaturgique qu’il demande, et nous avons travaillé afin de rendre chaque interprète unique et bien reconnaissable à partir de son jeu. Nous avons choisi de situer l’action à la moitié du XXe siècle. Cela, pour les lignes des costumes de cette époque, qui sont en mesure de bien traduire notre idée, et pour les « solutions visuelles » que nous avons adoptées. Les deux choix trouvent leur justification et leur pertinence dans la modernité et abolissent par-là les références historiques à une période plus ancienne qui conventionnellement s’associe au Don Pasquale. Nous avons aussi jugé important de rapprocher les personnages et l’action du public grâce à des références temporelles, visuelles et culturelles plus proches de nos jours. La source de notre inspiration a été la personnalité de Don Pasquale et en particulier le fait qu’il est « radin ». Une sorte de vieil « avare » qui s’intéresse fondamentalement à protéger ses biens et qui, pour faire cela, adopte toute stratégie, même celle d’un mariage arrangé (il est vrai que l’épouse est une jeune fille belle et séduisante…). L’objet le plus évident qui a tout de suite surgi à notre esprit – et nous l’avons associé à une sorte d’« Oncle Picsou » humain ou à un Mr. Scrooge du roman de Dickens – est le coffre-fort : c’est lui qui resserre et protège son « trésor », sa richesse matérielle, mais qui aura ensuite la tâche d’enfermer le vrai trésor à la fin de l’opéra. La maison de Don Pasquale est par conséquent un coffre-fort énorme et inaccessible où il est difficile de rentrer. Cet objet contient à son tour un deuxième coffre-fort aussi inaccessible que le premier et garde tous les « biens » de Don Pasquale. Les personnages qui ont affaire au protagoniste (Norina, Malatesta, Ernesto…) doivent nécessairement arriver à se faire accepter et à s’intégrer à son monde et à « exproprier » doucement le vieux radin de tout ce qu’il possède, pour faire triompher l’amour des deux jeunes. Au monde de Don Pasquale s’oppose celui de Norina, fleuri, joyeux et gai. Un monde frais, affectueux, heureux, qui fait contrepoids à l’obscurité du vieil homme et qui l’emportera doucement sur ce dernier, en effaçant la tristesse du caveau. Les autres personnages et le chœur, chacun avec sa propre caractérisation, encadrent l’action. L’élément comique, à côté du sujet amoureux – évident et nécessaire –, conduira la mise en scène, qui profitera, de manière importante, de la machinerie et de la précision du jeu. La couleur, la lumière, le jeu, le contraste entre les décors liés aux différents personnages, seront la clé de lecture visuelle de notre travail. En résumé : époque, à la moitié du XXe siècle (années cinquante), Don Pasquale, un vieux riche et radin qui cherche à protéger son trésor, Norina, une belle jeune fille liée à un monde coloré et gai avec Malatesta (un personnage exubérant et bizarre). Ernesto l’amoureux gentil que toutes les « Norinas » du monde voudraient avoir. Tous ces mondes se croiseront dans un
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tourbillon de comique et de sentimentalisme, et annuleront celui du coffre-fort de Don Pasquale. A la fin de notre histoire, c’est le vrai et unique trésor qui reste, à savoir l’amour des deux jeunes, encadré par une carte postale romantique, qui porte le titre : “Roma, Ti amo!” (« Rome, je t’aime! »). La scène Comme il a été dit précédemment, notre élément de référence et de départ est le coffre-fort-caveau de Don Pasquale, où il garde jalousement les biens accumulés dans une vie faite de privations et de tristesse. Donc, aux yeux du spectateur qui entre dans la salle, s’ouvre ce scénario/coffre-fort avec ses poignées, ses manettes, ses trucs, ses impénétrabilités. Devant l’entrée du coffre-fort se déroule la presque totalité de l’action du premier acte, sauf pour la scène du jardin de Norina qui prend la place du coffre-fort en nous faisant goûter son monde plein de bonheur, de fraîcheur, de pigeons voyageurs, d’amour et de fleurs : en effet, Norina paraîtra sur une merveilleuse balançoire suspendue sur un gazon, pendant que Malatesta est occupé à chasser des papillons. L’intérieur du caveau est la maison de Don Pasquale. Sombre, triste, où domine un tissu capitonné bordeaux foncé et très usé, et un coffre-fort en or pur qui peut avancer ou reculer sur la scène, qui s’ouvre et se ferme, et qui contient toutes les économies et les trésors de Don Pasquale : il les garde avec un soin spasmodique, en se servant de clés et de combinaisons de toute sorte, pour le protéger de possibles gaspillages et de vols. Dans cette ambiance Norina et Malatesta interviennent pour la scène du mariage avec le vieil homme. Une fois qu’elle a épousé le riche avare, Norina arrive toutefois à transformer cet intérieur triste et en mauvais état en un salon pétillant où dominent d’élégants canapés blancs, des tissus capitonnés blancs polis, des tapis, des lustres, où travaillent des domestiques très actifs, et où elle ouvre sans cesse et à son gré le coffre-fort, profitant et abusant des richesses du vieux. La dernière scène, celle du « bosquet », en réalité est un lieu symbolique où le jardin est fait de dizaines et dizaines de lampes à ampoules qui se reflètent dans des parois à miroir (ce qui nous donne la magie d’une nuit étoilée pleine de reflets oniriques) et qui renferment encore le coffre-fort de Don Pasquale. Cet objet, toutefois, a changé sa fonction : maintenant il protège le vrai trésor de l’opéra, Norina et son amour pour Ernesto. Tout cela profite de plusieurs plans dramatiques, d’entrées différentes, d’escaliers et de cachettes pour donner plus de vivant à l’action. A la fin de l’opéra, l’insigne « Roma, ti amo ! » descendra sur les deux amoureux pour rappeler, avec une carte postale suggestive, le décor de la ville éternelle où a eu lieu l’action qui vient de s’achever. Des éléments simples mais efficaces, des trucs théâtraux d’impact poétique – tels que le coffre-fort, ou le vol du pigeon voyageur ou encore les ampoules à la fin et l’insigne « Rome, je t’aime ! » – composent la scène et les parois, avec le système des périactes qui nous permettent de varier constamment et rapidement le cadre et la scène. Les costumes L’action se situe, comme nous l’avons dit, dans une époque moderne, les années cinquante du XXe siècle. Les costumes, les accessoires, les lignes appartiendront à une des périodes les plus charmantes du siècle dernier. Il sera ainsi possible de profiter de trouvailles, de formes, de
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styles qui sont encore de nos jours aisément reconnaissables de la part des spectateurs. Cela d’autant plus que l’on évoquera ouvertement des situations et des personnages de l’histoire moderne du costume (par exemple, on pense à Marylin Monroe pour certaines mises de Norina-femme fatale). Les couleurs des personnages de l’opéra seront en net contraste avec celles sombres, rigides, « tristes » des couleurs et des coupes des vêtements de Don Pasquale qui, même s’il cherche à être élégant, ne fera qu’accentuer sa façon d’être ridicule et hors de propos. Norina et Malatesta seront pour plusieurs aspects très semblables, en effet le caractère excentrique et extravagant de Malatesta rappelle la protagoniste ; de plus, certains accessoires et le tissu des costumes que les deux personnages ont en commun, permettront de les rapprocher davantage. Ernesto, au contraire, sera le garçon sérieux aux bons principes, qui s’habille à la mode et est prêt pour impressionner sa Norina. Les domestiques, les bonnes, la modiste, le coiffeur, le majordome suivront l’évolution des événements : au début, ils seront sombres et tristes comme le vieux Don Pasquale et ils s’enrichiront par la suite de vitalité et de couleurs après l’arrivée de la nouvelle maîtresse qui changera l’organisation et le style de vie de sa maison. L’éclairage L’usage de l’éclairage est central pour notre travail. Nous allons travailler dans deux directions : d’un côté, nous allons recréer l’ambiance triste et livide de Don Pasquale, et de l’autre la fraîcheur du monde de Norina, Malatesta et Ernesto. La lumière sera expressive, elle souhaitera raconter et suggérer le contraste entre les deux mondes qui sont mis en scène. De manière évocatrice et en même temps sélective, la lumière opère en tant qu’élément dramatique, en profitant des possibilités amusantes qu’offre l’espace, comme par exemples les reflets des lampes du cadre final ou l’insigne « Roma ».
Le travail sur les personnages et le jeu. Dans mon travail de metteur en scène, l’attention pour le jeu et la caractérisation des différents personnages est capitale. On détaillera et on fera ressortir le caractère de chaque personnage, qui sera par-là immédiatement reconnaissable. Un soin méticuleux sera réservé au jeu, en traitant l’action comme s’il agissait véritablement d’un texte comique. On mettra en valeur les qualités de chaque interprète en choisissant leurs propres caractéristiques personnelles comme point de départ pour le travail sur les chanteurs-acteurs, cela pour obtenir une plus forte adhésion au personnage à bâtir. De même pour les groupes : tous les artistes du chœur auront une spécificité et une identité dramatique au sein de l’action. De cette manière, le chœur ne sera plus un ensemble homogène d’entité, mais une composition hétérogène de solistes qui forment un « groupe-personnage ». Par Andrea Cigni, metteur en scène
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LES BIOGRAPHIES
Andrea Cigni,
Metteur en scène
Andrea Ceignit a obtenu une Maîtrise à l’Université de Bologne, (Arts, musique et spectacle), avec un mémoire concernant l’œuvre de Luca Ronconi. Il a suivi plusieurs stages de récitation, diction, expressivité corporelle et danse. Actuellement, il enseigne l’Art scénique au Conservatoire de musique de Cremona.
Il a été mime et acteur dans beaucoup de mises en scène, tout en collaborant avec des metteurs en scène comme Pier Luigi Pizzi, Yannis Kokkos, Giancarlo Cobelli, Henning Brockhaus, Beni Montresor, Alberto Fassini… Pendant plusieurs années, il a été assistant à la mise en scène pour les opéras suivants : Rinaldo, Aïda, La Fille du régiment, Francesca da Rimini, Otello, Il ritorno di Ulisse in patria, L’Incoronazione di Poppea, The turn of the screw, Carmen, Macbeth et a été régisseur dans les plus prestigieux théâtres d’opéra d’Italie. Parmi ses mises en scènes, on peut citer Procès à Genet, inspiré du Journal du Voleur de Jean Genet, Andromeda Liberata de Vivaldi au Théâtre Ponchielli de Cremona, réalisées en 2006 et L’Orfeo de Monteverdi en 2007 qui a inauguré avec beaucoup de succès le Festival Monteverdi à l’occasion des 400 ans de la première représentation de l’opéra. En 2008, il a mis en scène Paride ed Elena de Gluck pour le Théâtre de Pise et pour l’Opéra royal de Wallonie à Liège. Le journal Opera Now a nommé Andrea Cigni "best young opera director 2008" pour ce travail. Récemment, il a mis en scène Le Medium de Menotti et Gianni Schicchi de Puccini pour les théâtres du Circuit régional de Lombardie (Cremona, Brescia, Como, Pavia). En 2009, il a réalisé l'opéra La Fille du Régiment de Donizetti à Como et Aïda de Giuseppe Verdi à Florence. En 2010, il a mis en scène La Traviata de Giuseppe Verdi, Don Giovanni de Mozart et Roméo et Juliette de Charles Gounod. En 2011, ce furent Madama Butterfly et Tosca de Puccini au Théâtre Politeama de Palerme, Un Chapeau de paille d'Italie de Nino Rota à Florence (Maggio Fiorentino), Roméo et Juliette de Gounod pour Brescia, Como, Pavia et Cremona, et enfin Norma pour le Théâtre Verdi de Sassari.
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Simone del Savio,
Baryton-basse
Don Pasquale
Né à Suse (Italie), Simone del Savio a suivi entre 1996 et 1998 les stages de l’Atelier International Polyphonie Vocale en Cévennes et a étudié au Conservatoire Giuseppe Verdi de Turin. En 2005, il remporte les Concours Toti dal Monte et Riccardo Zandonai. Il se distingue également au Concours international de la ville de Vercelli, au Concours Roero in Musica, au Concours Johannes Brahms et, en 2007, il reçoit en Autriche la médaille Eberhard Wächter décernée au meilleur jeune chanteur de la saison 2006-2007.
Il fait ses débuts en 1998 dans Prima la musica e poi le parole de Salieri. Il interprète Don Profondo (Le Voyage à Reims) au Festival Rossini de Pesaro, Malatesta (Don Pasquale) au Teatro Comunale de Trévise, à Pise et Rovigo, Alidoro (La Cenerentola) au Teatro Verdi de Trieste, Guglielmo (Così fan tutte) à Saint-Paul (USA) sous la direction de Roberto Abbado, Marcello (La Bohème) au Festival Luglio Musicale Trapanese et au Teatro Comunale de Bologne, Leporello (Don Giovanni) à Klagenfurt, Don Alfonso (Così fan tutte) et Don Alvaro (Le Voyage à Reims) à la Scala de Milan, Belcore (L’Elixir d’amour) à Ravenne, Alfonso (Lucrezia Borgia), Enrico (Lucia di Lammermoor), Orbazzano (Tancredi) et Dulcamara au Teatro Regio de Turin, le Prince de Bouillon (Adriana Lecouvreur) au Château Racco-nigi à Turin, Montano (Otello) au Festival de Salzbourg sous la direction de Riccardo Muti, Riccardo (Les Puritains) à Bologne, Prefetto (Linda di Chamounix) et Severo (Poliuto) à Bergame, Schaunard (La Bohème) au Covent Garden de Londres et au Mai Musical Florentin, Nardo (La Finta Giardiniera) à Abu Dhabi, Leporello (Don Giovanni) à La Fenice de Venise, Monterone (Rigoletto) à l’Opéra Bastille, Giorgio Germont (La Traviata) au Deutsche Oper de Berlin, le Dancaïre (Carmen) au Festival de Salzbourg et à la Philharmonie de Berlin… Parmi ses projets : Belcore (L’Elixir d’amour) au Teatro Massimo de Palerme, Leporello (Don
Giovanni) à Savona, au Théâtre Carlo Felice de Gênes et au Théâtre de Rovigo, Robinson (Il
Matrimonio Segreto) au Théâtre Coccia de Novara, Figaro (Le Nozze di Figaro) au Théâtre Verdi de
Sassari, Giorgio Germont (La Traviata) au Grand Théâtre de Genève, Schaunard (La Bohème) à
l’Opéra Garnier de Paris.
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L’ORCHESTRE DE L’OPERA DE REIMS
Dans le cadre de la programmation de l’Opéra de Reims, l’Orchestre aborde chaque saison le répertoire lyrique et symphonique ainsi que celui de l’opérette et de la comédie musicale. Placé sous la direction de différents chefs invités parmi lesquels Paul Ethuin, Andréas Stoehr, Patrick Davin, Jean Yves Ossonce, Dominique Trottein, Alain Altinoglu, Cyril Diedrich, Antonio Fogliani, Vincent Barthe, Jean Claude Malgoire, Jean Luc Tingaud, Bruno Membrey, Didier Benetti, Luciano Accocella, Guy Condette, Paolo Olmi, Mark Foster, l’Orchestre de l’Opéra de Reims rassemble une cinquantaine de musiciens professionnels, principalement originaires de la région et pour la plupart enseignants au sein des conservatoires de Reims, Troyes, Châlons-en-Champagne, Charleville-Mézières, Epernay, Sedan, Vitry le François, Laon… L’Orchestre se produit régulièrement en région à l’occasion de tournées (Givet, Sedan, Vouziers, Chaumont, Courcy…) dans lesquelles il a notamment pu se distinguer dans des programmes divers en formation symphonique ou en accompagnant l’Ensemble Akadêmia. Ces concerts sont l’occasion de participer à l’opération « Musique en coulisses » initiée par la Région Champagne–Ardenne. Ainsi, les musiciens de l’Orchestre s’impliquent dans des séries de rencontres auprès des publics les plus diversifiés (scolaires, jeunes en situation de précarité ou de réinsertion, personnes âgées, populations empêchées). Ces temps de partage permettent d’appréhender un savoir-faire et de découvrir le patrimoine musical. La programmation de l’Opéra donne aussi lieu à des tournées nationales. Ainsi, l’Orchestre a
interprété Cosi Fan Tutte de Mozart, Le Médecin malgré lui de Gounod, La Pietra del Paragone de
Rossini, Le Médium de Menotti, Les Mamelles de Tirésias de Poulenc, Tosca de Puccini, Riders to the
Sea de Vaughan Williams, Jules César de Haendel…
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ANNEXE
SUZANNE et les vieillards : le texte biblique
Il y avait un homme qui habitait à Babylone et son nom était Joakim. Il prit une femme
nommée Suzanne fille d’Helcias, qui était très belle et craignait Dieu ; ses parents étaient
justes et avaient instruit leur fille selon la Loi de Moïse. Or Joakim était très riche et il avait
un jardin près de sa maison ; les Juifs affluaient chez lui, parce qu’il était le plus honorable de
tous. On avait établi juges pour cette année-là deux anciens, pris parmi le peuple. C’est à leur
sujet que le Maître a dit : « L’iniquité est sortie de Babylone par des anciens qui étaient juges
et avaient l’air de gouverner le peuple. »
Ils fréquentaient la maison de Joakim et tous ceux qui avaient des litiges venaient à eux.
Lorsque le peuple se retirait, vers le milieu du jour, Suzanne entrait pour se promener dans le
jardin de son mari. Les deux anciens la voyaient chaque jour entrer et se promener ; ils furent
pris de désir pour elle. Ils pervertirent leur pensée et détournèrent leurs yeux pour ne pas
regarder vers le ciel et ne pas se souvenir des justes jugements. Ils étaient tous deux blessés
d’amour à son sujet, mais ils ne se communiquaient pas leur douleur, car ils avaient honte de
révéler le désir qui leur faisait vouloir s’unir à elle. Ils guettaient tous les jours avec ardeur
pour la voir. Ils se dirent l’un à l’autre : « Allons donc chez nous, c’est l’heure du dîner », et
ils sortirent et se séparèrent. Mais ils revinrent et se rencontrèrent à la même place ; s’étant
mutuellement interrogés sur la raison, ils s’avouèrent leur désir et décidèrent ensemble d’un
moment où ils pourraient la trouver seule.
Comme ils guettaient une occasion favorable, il arriva que Suzanne entra dans le jardin,
comme elle l’avait fait la veille et l’avant-veille, accompagnée seulement de deux jeunes
filles, et désira se baigner, parce qu’il faisait chaud. Il n’y avait là personne sauf les deux
anciens qui s’étaient cachés et la guettaient. Elle dit aux jeunes filles : « Apportez moi donc
de l’huile et des parfums, et fermez les portes du jardin, pour que je me baigne. » Elles firent
ce qu’elle avait dit, fermèrent les portes du jardin et sortirent par les portes de derrière pour
apporter ce qu’elle avait demandé ; elles ne savaient pas que les anciens étaient cachés. Dès
que les jeunes filles furent sorties, les deux anciens se levèrent, coururent à Suzanne et lui
dirent : « Voici que les portes du jardin sont fermées, personne ne nous voit et nous sommes
pleins de désir pour toi ; donne nous donc ton assentiment et sois à nous. Sinon, nous
témoignerons contre toi qu’un jeune homme était avec toi et que c’est pour cela que tu as
renvoyé les jeunes filles. » Suzanne soupira et dit : « L’angoisse m’environne de toute part ;
car si je fais cela, c’est pour moi la mort, et si je ne le fais pas, je n’échapperai pas de vos
mains. Mais il vaut mieux pour moi tomber entre vos mains sans l’avoir fait que de pécher en
présence du Seigneur. » Alors Suzanne cria d’une voix forte, mais les deux anciens crièrent
aussi contre elle. L’un d’eux courut ouvrir les portes du jardin. Quand les gens de la maison
entendirent les cris poussés dans le jardin, ils se précipitèrent par la porte de derrière pour voir
ce qui lui était arrivé. Lorsque les anciens eurent parlé, les serviteurs furent dans une grande
confusion, car jamais on n’avait dit semblable chose de Suzanne.
Le lendemain, quand le peuple se fut rassemblé chez Joakim, mari de Suzanne, les deux
anciens arrivèrent remplis de pensées criminelles contre Suzanne pour la faire mourir. Ils
dirent en présence du peuple : « Envoyez chercher Suzanne, fille d’Helcias, femme de
Joakim. » On envoya aussitôt. Elle vint avec ses parents, ses enfants et tous ses proches. Or
Suzanne avait les traits délicats et était d’une grande beauté. Ces impies ordonnèrent qu’on lui
ôtât son voile, car elle était voilée, afin de se rassasier de sa beauté. Mais tous les siens et tous
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ceux qui la voyaient pleuraient. Les deux anciens, se levant au milieu du peuple placèrent
leurs mains sur sa tête. Elle, en pleurant regarda vers le Ciel, car son cœur était confiant dans
le Seigneur. Les anciens dirent : « Comme nous nous promenions seuls dans le jardin, celle-ci
est entrée avec deux servantes ; elle a fait fermer les portes du jardin et renvoyé les servantes ;
puis un jeune homme qui était caché est venu vers elle et a péché avec elle. Comme nous
étions dans un coin du jardin, en voyant le crime, nous avons couru vers eux et nous les avons
vu s’unir. De lui, nous n’avons pu nous rendre maîtres, parce qu’il était plus fort que nous et
qu’ayant ouvert les portes, il s’est échappé. Mais elle, après l’avoir prise, nous lui avons
demandé quel était ce jeune homme et elle n’a pas voulu nous le révéler. De tout cela nous
sommes témoins. » Et l’assemblée les crut parce qu’ils étaient anciens et juges du peuple et ils
la condamnèrent à mort. Alors Suzanne cria d’une voix forte et dit : « Dieu éternel, qui
connais les secrets et qui sais tout avant que cela n’arrive, tu sais qu’ils ont porté contre moi
un faux témoignage, et voici que je meurs sans avoir rien fait de ce que ceux-ci ont
méchamment imaginé contre moi. »
Le Seigneur entendit sa voix. Comme on la conduisait à la mort, Dieu éveilla l’esprit saint
d’un jeune garçon nommé Daniel, et il cria d’une voix forte : « Je suis innocent du sang de
celle-ci. » Tout le peuple se tourna vers lui et dit: « Qu’est-ce que cette parole, que tu as
dite ? » Et lui, se tenant au milieu d’eux, dit : « Êtes-vous tellement insensés, fils d’Israël ?
Sans avoir jugé, sans connaître la vérité, vous condamnez une fille d’Israël. Retournez au
tribunal, car ils ont porté contre elle un faux témoignage. » Alors le peuple retourna en hâte et
les anciens dirent à Daniel : « Viens, assieds-toi au milieu de nous et révèle nous ta pensée,
car Dieu t’a donné le privilège des anciens. » Daniel leur dit : « Séparez les l’un de l’autre et
je les jugerai. » Quand ils furent séparés l’un de l’autre, Daniel en appela un et lui dit :
« Homme vieilli dans le mal, c’est maintenant que tombent sur toi les péchés que tu as
commis autrefois, toi qui rendais des jugements injustes en condamnant les innocents et en
absolvant les coupables, alors que le Seigneur a dit : Tu ne feras pas mourir l’innocent et le
juste. Eh bien, si tu l’as vue, dis sous quel arbre tu les as vus s’entretenir ensemble. » Il
répondit : « Sous un lentisque. » Daniel dit : « Tu as justement menti contre ta propre tête, car
l’ange de Dieu, qui déjà en a reçu l’ordre de Dieu, te fendra par le milieu. » L’ayant renvoyé,
il ordonna d’amener l’autre et il lui dit : « Race de Canaan et non de Juda, la beauté t’a séduit
et le désir a perverti ton cœur. C’est ainsi que vous agissiez avec les filles d’Israël et elles, par
crainte, conversaient avec vous, mais une fille de Juda n’a pu supporter votre iniquité. Eh
bien, dis-moi sous quel arbre tu les as surpris conversant l’un avec l’autre. » Il dit : « Sous un
chêne. » Daniel lui dit : « Tu as justement menti toi aussi, contre ta propre tête, car l’ange de
Dieu attend, le glaive à la main, pour te couper par le milieu, afin de vous faire périr. » Alors
toute l’assemblée cria d’une voix forte et ils bénirent Dieu qui sauve ceux qui espèrent en lui.
Puis ils s’élevèrent contre les deux anciens, que Daniel avait convaincus par leur propre
bouche d’avoir porté faux témoignage et ils leur firent le mal qu’eux-mêmes avaient
méchamment imaginé contre leur prochain ; afin d’accomplir la Loi de Moïse, ils les firent
mourir et le sang innocent fut sauvé ce jour-là. Helcias et sa femme louèrent Dieu au sujet de
leur fille Suzanne avec Joakim, son mari, et tous ses parents, de ce que rien n’avait été trouvé
en elle de déshonnête. Et Daniel devint grand devant le peuple, à partir de ce jour et dans la
suite du temps.
(Traduction de Jean Hadot pour la Pléiade, édition de la Bible publiée sous la direction
d’Édouard Dhorme, Gallimard, 1959, tome II, pp. 678-682. Jean Hadot traduit d’après le texte
de Théodotion, tel qu’il est donné dans l’édition d’Alfred Rahlfs, Septuaginta, Stuttgart, 1935.
C’est le texte des manuscrits Vaticanus et Alexandrinus, qui a été préféré au texte dit des
Septante, notablement plus court.)
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