EAN Epub : 979-1-03060-059-9

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EANEpub:979-1-03060-059-9©ÉditionsdesBéatitudes

SociétédesŒuvresCommunautaires,octobre2015Conceptiondelacouverture:mc-design–MartinCasteresIllustrationdecouverture:©Gettyimages-LewRobertson

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celavaallaitvite.Lasonnettesemblaitd’unefragilitéextrême.Laportes’ouvrità demi en grinçant, une femme sans âge nous ouvrit et ondécouvrit un étroit couloir sombre, puis une curieuse salled’attentetapisséedetissud’unvieilorangenoirciparletemps,encombréed’armoiresetd’unbric-à-bracétrange.Çasentait lapoussière, le vieux… lamort…Les chaises en gros skaï noussemblaient aussi sales que le reste. Nous nous regardions,perplexes, quand un homme gros, le gilet à moitié boutonnéouvert sur sonventre, entradans lapetitepièceet seprésenta.C’étaitlemédecin.Ah!J’observaismonmari.Ilétaitdeplusenplusmalàl’aise.L’homme nous fit entrer dans son cabinet et nous fûmesprojetésdansunautre siècle !La tabled’examenavaitdûêtreblanche,maiselleétaitgrisedecrasse, recouverteàmoitiéparunpapierbleuchiffonné.Iln’avaitpasdûêtrechangédepuislepassagedeplusieurspatients!Lemédecincommençaàposerdesquestionsetécrivait.Mêmesesmainsmeparaissaientsales.– Ah oui, je vois, cette maladie… ah… vous êtes allé àTchernobyl?–Non.–Si,certainement,vousyêtesallé.–Non,reditmonmariensouriant,maisvoussavez,docteur,lenuagenes’estsansdoutepasarrêtéàlafrontière!–Si, lamaladiequevousavez,c’estTchernobyl,doncvousyêtessansdoutealléetvousnevousensouvenezplus…J’aieuunpatientcommevous…ilestmort.

Oups!...Celas’engageaitbien!–Enfin,iln’estpasmortvraimentdelamaladie,maisunjour,il est tombé sur la tête, alors on ne l’a pas réanimé, vouscomprenez,aveccequ’ilavait!Lesoufflenousmanquait:maisquiétaitcetype?Unfou?Etilcontinua:–Vousallezavoirunegreffedemoelleépinière.–Non,c’estlamoelleosseuse!– Oui, oui, la moelle osseuse, enfin ce n’est pas maspécialité…doncvousavezunegrosserate?continua-t-ilsansserendrecomptedel’énormitédecequ’ilvenaitdedire…Oui,biensûr,c’estnotédansvotredossier…Ehbienj’aiconnuunepersonne,elleavaituneratetellementgrossequeçaluitombaitdans les c… Incroyable… elle n’est pas grosse comme ça, lavôtre?Parceque…c’esttoutdemêmeembêtant.Àcemoment-là,nousavonsévitédenousregardertantlefou-rirenousgagnait!–Déshabillez-vous,dit-il,jevaisvousexaminer.MonmarimelançaunregardSOS.Impuissante,jehaussailesépaules,ilétaitobligédeselaisserfaire.Nesachantcomments’allongersurlatableimmonde,jevoyaismon pauvre chéri faire un effort considérable pour se laisserpalperleventresansriendire,pardegrossesmainsauxonglessales. Heureusement, cela ne dura pas trop longtemps et il serhabillaàgrandevitesse.

– Bon, c’est embêtant tout ça, vous ne serez pas capable detravailler pendant aumoinsun an,mais on se reverradans sixmoisaprèsvotregreffe.J’avais la gorge qui piquait tant l’atmosphère de ce cabinet

était poussiéreuse etmalsaine.Mais lemédecin ne nous lâchapas si vite et il partit dans de longues élucubrations socio-politico-historiques incompréhensibles, ravi de trouver enmoncher mari, une intelligence vive et une oreille apparemmentattentive.Deux heures plus tard, ahuris et abrutis par cette étrangeconsultation, nous repartions vers l’autoroute et jamais un fourirenenousfitautantdebien!Parpeurdecetteatmosphèrequime semblait pleine de virus, de bactéries et de champignons,nous nous étions vite désinfecté les mains avec une bonnequantitédeproduitquej’aitoujoursdansmavoiture.Jefrémiscependantplustardenimaginantdesjeunesfemmesquidevaientpasserentrelesmainsdecemédecinexpertauprèsdesassurances.Dequoiêtretraumatisées!Maisonneditrien,parce que l’on ne veut pas gêner les procédures d’expertisequanduneassurancedoitprendreenchargeuncréditpourcausedemaladie.Sansdouteuneformedelâchetédontjenesuispastrèsfière.LematinduJour«J»,celuioùilfallaitentrerauCHR,nousétionsprêts…Unehorribleangoissemetordaitl’estomac.Monmarin’étaitpasenmeilleur état. Il laissaplusieurspapiers sursonbureau.– Laisse tout ça, me dit-il, ce n’est pas urgent, je m’enoccuperaienrevenant.…Maisiln’estjamaisrevenu.

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aussi grave et douloureux avec celui que l’on aime.Mais celanousaénormémentapaisés,luicommemoi.Jecroisqu’iln’yariendeplusépouvantable,pourunmaladequisaitbienquesafinestproche,dedevoirjouerceluiquin’ycroitpaspournepasinquiéter sa famille.On est dans lemensonge le pire qui soit,alorsquec’est lemoment leplus importantde touteexistence.Celui qui perd brutalement un être aimé sait à quel point ilregrette de n’avoir pas eu le temps de lui dire telle ou tellechose.Nousavonseu,ensemble,cetempsdegrâce,devérité,defranchiseabsolue.Entreluietmoi,luietchacundesesenfants.Rien, nous n’avons rien caché, c’était si apaisant, si fort, siémouvant!Monchéricomprit,quandonluiditoùilallaitêtretransporté,ce que cela signifiait. Quand il a quitté le service, lesambulanciersontmisdutempspour traverser lecouloir tant lepersonnelmédicalétaitattachéàcemaladesicombatif,sigentiletrespectueux,toujoursd’humeurégale!Ilavaitessayé,malgrélesmasques sur lesvisages, d’apprendre leprénomdechacun,des’intéresseràcequ’ils faisaientendehorsdu travail, à leurreligion, à leurs passions… La douleur épuisante et lesmédicaments avaient été un étrange terreau dans lequel sespensées se bousculaient, mais j’ai retenu surtout ce messagequ’ilvoulaittransmettreàtous:«Jen’aiqu’unregret,celuidenepasvousavoirassezconnusetassezaimés»!Sixjoursontpassé,dansceservicedesoinspalliatifs,oùtoutétait fait pour le malade comme pour la famille. Mais lessouffrances augmentaient malgré les calmants très forts.Jusqu’aubout, jusqu’auxdixdernièresminutes, sonvisage futcrispé de douleur, sa main s’agitait pour chasser ce qui étaitinsupportableetquisepassaitdanslatête…Jusqu’àlafin,ilasouffert…jusqu’àlafin.

Quand il n’y eut plus aucun souffle, j’ai compris que plusjamais sa main ne caresserait mon cou, plus jamais je nesentirais la chaleur de ses bras, plus jamais je ne pourraismeconfieràlui,plusjamaisilnem’accueilleraitdanssonamour…

Une heure plus tard, écrasés de douleur, nous le retrouvions,dans une petite salle. Il avait un étrange sourire aux lèvres,semblant dire : « Ouf, maintenant, je vais faire une bonnesieste...»Ilavaittrouvélapaix…Pournous,lapeur,l’angoisseetlestressdisparaissaient,ilnerestaitqu’unchagrinimmenseetlanécessitéd’avoirlecouraged’affronterlesjoursquiallaientsuivre…etletempsinfinisanslui.

Aupleincœurde l’été, l’égliseétaitpleinedenosamisetdenotretrèsnombreusefamille,autourdeceluiquiétaittantaimé.Unpèreporte ses enfants toute savie.Monchérim’avait ditqu’il offrait tout ce qu’il endurait pour ses enfants et petits-enfants, pour qu’ils puissent trouver le vrai bonheur dansl’amouretlafoichrétienne.Crispéspar le chagrin,mescinq fils etmongendreontportéleurpèresurleursépaulesenunelenteprocession.Ilsonttenduvers le ciel celui qui leur avait tant offert, qui les avait tantaccompagnés,conseillésetaimés.Merci,mesenfants,pourcegestesibeau,témoinaussidevotreunionfraternellesiforte.

Maintenant, mon chéri, qui aurait aimé posséder une forêt,mêmetoutepetite,reposeaupiedd’unarbre.«Dors,monamour…dors…Tudoisêtresibien là-haut, toiqui étais en recherche permanente de Vérité, tu en connais lagrandeuret la forceaujourd’huietpour toujours…Tudoisenêtresiheureux...»

...Maismoi,moi…jesuissidésespérée…

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Dumêmeauteur:

Lanouvellepeste–PrixSaint-ExupéryValeursjeunesse–roman,1995,éd.duTriomphe.Les chaussons par la fenêtre – roman, 1997, éd. duTriomphe.Lagrand-mèreauxLoups–GrandPrixdelaRenaissancefrançaise–romanhistorique,1999,éd.duTriomphe.Lesailesbrûléesdespapillons–roman,2000,éd.Téqui.Marie–roman,2000,éd.Sarment-Fayard.Labioéthiquepourtous–essai,2001,éd.Sarment-Fayard.Envol–roman,2002,éd.duTriomphe.Les jeunes, le sexeet l’amour– essai, 2003, éd.Parole etSilence.Marie de Beaujeu – roman historique, 2005, éd. duTriomphe.Chutjet’aime–nouvelle,2005,éd.Livreouvert.J’écoutetatristesse–nouvelle,2006,éd.Livreouvert.Lesassassinssontsigentils–roman,2006,éd.Salvator.Leprixdel’audace–roman,2006,éd.Salvator.Le courage vient du ciel – roman historique, 2008, éd.Salvator.La mémoire d’un coquelicot – roman historique, 2010,éd.Salvator.Contes et merveilles de Noël – 6 co-auteurs, 2009, éd.Tempora.

Le jour où j’ai pu pardonner les crachats demamère –témoignage,2011,éd.desBéatitudes.L’inavouablesecretdeClara–roman,2011éd.Salvator.D’un fil(s) à l’autre – roman historique, 2013, éd. duTriomphe.

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Tabledesmatières

Avant-propos1.Ledoigtaufonddupotdeconfiture2.Plusieursmoisauparavant…3.Quandlecielnoustombetouslesjourssurlatête4.Pendantcetemps5.Unenuiteffroyable6.L’instantredouté7.Larguerlesamarres8.Lasouffrance9.C’estmaintenantqu’ilfautencoreygoûter!10.UnautredimanchematinÉpilogue

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