Enseigner la Première Guerre mondiale dans le contexte du...

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Enseigner la Première Guerre mondiale dans

le contexte du centenaire

3-4 mai 2018

Cédric Marty

Fabrice Pappola

Programme

Jeudi 3 mai 2018

Matinée :9h : Accueil, ouverture du stage9h20 : Le centenaire de la Première Guerre mondiale : enjeux et perspectives 10h-12h30 : Contrainte, consentement ou… ? Retour sur un débat largement médiatisé

Après-midi :14h : Combattre en 1914-1918 : Anatomie des batailles16h : Les batailles dans la presse française, 1914-1918

Vendredi 4 mai 2018

Matinée :9h : Des sorties de guerre aux mémoires de la GrandeGuerre11h30 : Première Guerre mondiale et histoire des arts

Après-midi :14h : Les civils face à la guerre15h30 : Les valeurs de la République face à laPremière Guerre mondiale16h30 : clôture du stage.

Contrainte, consentement ou… ?

Retour sur un débat historiographique largement

médiatisé

Jacques Tardi

Manu Larcenet Patrick Cothias, Patrice Ordas, Alain Mounier

François Dupeyron, 2001 Gabriel Le Bomin, 2006

Jean-Pierre Jeunet, 2004 Damien Odoul, 2015

I- De l’histoire militaire à l’histoire culturelle

Penser la Grande Guerre, Antoine Prost, Jay Winter,

2004

Une première historiographie diplomatique et militaire

Gabriel Hanotaux, 1915

Pierre Renouvin, 1934

Jean Norton Cru (1929)

Rémy Cazals (dir.)(2013)

Vers une histoire sociale

André DucasseJacques MeyerGabriel Perreux

1959

L’affirmation de l’histoire culturelle

Jean-Jacques Becker1914 : Comment les Français

sont entrés dans la guerre (1977)

Antoine ProstLes anciens combattants et la

société française (1977)

Jean-Yves Le NaourMisères et tourments de la chair

(2002)

Bruno CabanesLa victoire endeuillée

(2004)

Françoise ThébaudLes femmes au temps de la guerre de 14

(1986)

Stéphane Audoin-RouzeauLa guerre des enfants, 1914-1918

(1993)

Manon PignotAllons enfants de la patrie

(2012)

François BoulocLes profiteurs de guerre

(2006)

II- L’historiographie récente : un débat, devenu polémique, en voie d’apaisement

Jean Birnbaum, « Guerre de tranchées

entre historiens », Le Monde,

10 mars 2006

Extrait du BO spécial n. 11 du 26 novembre 2015

Programme d’histoire 3e, thème 1 : L’Europe, un théâtre majeur des guerres totales (1914-1945)

« En mobilisant les civils aussi bien que les militaires, laGrande Guerre met à l'épreuve la cohésion des sociétés etfragilise durablement des régimes en place. Combattantset civils subissent des violences extrêmes, dont témoigneparticulièrement le génocide des Arméniens en 1915. EnRussie, la guerre totale installe les conditions de larévolution bolchevique, le communisme soviétiquestalinien s'établit au cours des années 1920. »

Extrait du BO spécial n. 9 du 30 septembre 2010

Programme d’histoire de première L, ES et S,thème 2 : La guerre au XXe siècle

« La Première Guerre mondiale : l'expérience combattantedans une guerre totale. »

Stéphane Audoin-RouzeauAnnette Becker

14-18, retrouver la guerre(2000)

Rémy CazalsFrédéric Rousseau

14-18, le cri d’une génération(2001)

III- La Grande Guerre au prisme unique de la culture ? Les limites d’une approche

André Loez14-18, les refus de guerre

(2010)

Emmanuel Saint-FuscienA vos ordres ?

(2011)

Emmanuelle CronierPermissionnaires dans la Grande Guerre

(2011)

Comment et dans quel but les soldats ont-ils

supporté leurs conditions de vie dans les

tranchées quatre années durant ?

L’hypothèse de la coercition

L’hypothèse de la coercition ?

La justicemilitaire ?

Les fusillés dans l’armée française, tous motifs de condamnation confondus, 1914-1918D’après : Frédéric Mathieu, 14-18, les fusillés, Paris, SHD, 2013

L’hypothèse de la coercition ?

La justicemilitaire ?

Le contrôlepostal ?

Source : Archives départementales de l’Ain, comité de censure du service des postes de Bellegarde

L’hypothèse de la coercition ?

La justicemilitaire ?

Le contrôlepostal ?

Les exécutions sommaires ?

L’absence de motivations

spontanées ?

Comment et dans quel but les soldats ont-ils

supporté leurs conditions de vie dans les

tranchées quatre années durant ?

L’hypothèse culturelle

« ce que l’on appelle la propagande fut un processus

horizontal autant que vertical, et même, dans une

certaine mesure, une grande poussée venue d’en bas,

alimentée par un nombre immense d’individus. »

AUDOUIN-ROUZEAU S., BECKER A., 14-18, Retrouver la Guerre,

Paris, Gallimard, 2000, p.155.

« Les dessinateurs d’albums pour enfant, les journalistes, les

écrivains, les cinéastes, les musiciens, les artistes, […] les

instituteurs, […] les professeurs, les intellectuels et les

universitaires, les prêtres dans les églises, les pasteurs dans

les temples, les rabbins dans les synagogues, et, d’une

manière générale, les élites cultivées. »

AUDOUIN-ROUZEAU S., BECKER A., 14-18, Retrouver la Guerre, Paris,

Gallimard, 2000, pp.156-157.

L’hypothèse culturelle ?

Des comportements

uniquement dictés par des schémas

culturels ?

Quelles origines du discours de

guerre ?

Une homogénéité

des représentations

à l’échelle d’une

population ?

Comment et dans quel but les soldats ont-ils

supporté leurs conditions de vie dans les

tranchées quatre années durant ?

L’hypothèse sociologique

L’hypothèse sociologique ?

Le groupe primaire de combat ?

Les relations avec les

officiers ?

La pression sociale ?

Comment et dans quel but les soldats ont-ils

supporté leurs conditions de vie dans les

tranchées quatre années durant ?

Le « faisceau de facteurs »

Un jeune soldat découvre le front : le témoignage de Jean Galtier-Boissière

6 août 1914 :

« Depuis de longs mois, les chefs ont façonné en vue du combat notre esprit et notre

corps. […] Aujourd’hui, ce n’est plus la petite guerre, c’est la vraie, la grande qui

commence, et tous, nous sommes parfaitement satisfaits et joyeux d’aller exercer le

métier que nous apprenons depuis deux ans [...] Une singulière ivresse nous pénètre,

où se mêlent à l’enthousiasme patriotique le goût de l’aventure et la soif du carnage.

Inconscients du lendemain, fiers d’être acclamés [...] réjouis à l’idée de voir du pays et

de gagner des batailles. »

Le 22 août 1914 :

[Jean Galtier-Boissière et ses camarades sont pour la première fois pris sous un

bombardement]

« Soudain, des sifflements stridents nous précipitent face contre terre, épouvantés.

La rafale vient d’éclater au-dessus de nous. Les hommes à genoux, recroquevillés, le

sac sur la tête, tendant le dos, se soudent les uns aux autres… La tête sous le sac, je

jette un coup d’œil sur mes voisins : haletants, secoués de tremblements nerveux, la

bouche contractée par un affreux rictus, tous claquent des dents. Cette attente de la

mort est terrible. Combien de temps ce supplice va-t-il durer ? Non, nous ne sommes

pas des soldats de carton ! mais notre premier contact avec la guerre a été une

surprise assez rude. Tous nous croyions l’histoire des Alboches qui se rendaient pour

une tartine. Persuadés de l’écrasante supériorité de notre artillerie et de notre

aviation, nous nous représentions naïvement la campagne comme une promenade

militaire, une succession rapide de victoires faciles et éclatantes »

24 août 1914 :

[Nouveau bombardement, plus violent que le précédent]

« D’abord, je n’ose pas lever les yeux ; mon horizon est à 1m devant moi ; je ne vois

que des brins d’herbe à l’infini, deux taupinières et une fourmilière. [...] je songe que

dans l’immense lutte qui s’engage, je suis, moi aussi, un infiniment petit. Mes idées,

mes sentiments, ma volonté, que pèse tout cela à la minute présente ? Peut-être un

obus va-t-il tout à l’heure me mettre en puissance, sans que je puisse mieux me

garer qu’un moucheron écrasé par mégarde. Attendant à chaque seconde la mort, je

sens amèrement combien je suis peu de chose, humble pion anonyme sur l’immense

échiquier de la bataille ! »

14 septembre 1914 :

« Pour nous qui, chaque jour, avons été exposés à être anéantis, déchiquetés, seule

la souffrance humaine apparaît, atroce ; il n’y a qu’une chose irréparable, la mort ;

une chose précieuse : la vie ! Quand, dans la bataille, on a vu à côté de soi, expirer

ses meilleurs copains, quand on a entendu des blessés ensanglantés appeler leur

mère ou tendre les bras en hurlant ce cri de détresse : « Par pitié, ne m’abandonnez

pas ! » on n’a plus de larmes pour s’attendrir, avec de belles phrases, devant des

pierres meurtries. »