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Eugénie GrandetHonoré de Balzac
(Université libre de Bruxelles)Maitre en langues et littératures françaises et romanes
Document rédigé par Fabienne Gheysens
Questionnaire de lecture
lePetitLittéraire.fr
Document rédigé par Fabienne Gheysens
Eugénie GrandetHonoré de Balzac
Questionnaire de lecture
QUESTIONNAIRE 7
CORRIGÉ 10
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Honoré de BalzacÉcrivain français
• Né en 1799 à Tours• Décédé en 1850 à Paris• Quelques- unes de ses œuvres :
ʟ Les Chouans (1829), roman ʟ Le Père Goriot (1835), roman ʟ Le Lys dans la vallée (1836), roman
Honoré de Balzac (1799-1850) est l’un des écrivains français majeurs du xixe siècle. Jeune homme, il s’ouvre les portes des milieux aristocratiques parisiens qu’il ne cessera de fréquenter. Mais des entreprises désastreuses et un train de vie excessif le ruineront rapidement : l’écriture littéraire, pratiquée avec passion et assiduité, deviendra pour lui le seul moyen de rembourser ses dettes.
Ambitieux, il s’attèle à une œuvre monumentale, La Comédie humaine, qui compte plus de quatre- vingt- dix romans, et dont le but est de dresser un portrait exhaustif de la société de son temps (pour « faire concurrence à l’état civil »). Parmi ses romans les plus célèbres, on trouve Eugénie Grandet (1833) ou Le Père Goriot (1835).
Balzac est considéré comme l’un des pères du roman réa-liste moderne.
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QUESTIONNAIRE
1. Questionnaire à choix multiple
a) Quel évènement fête- t-on chez les Grandet dans le premier chapitre ?
� l’anniversaire de Mme Grandet � l’anniversaire d’Eugénie � la vente avantageuse des vignes de M. Grandet
b) Pourquoi le père de Charles Grandet l’a- t-il envoyé chez son oncle à Saumur ?
� pour l’éloigner d’une maitresse qui le ruine à Paris � pour récupérer, grâce à un mariage, l’héritage de la cousine de Charles, Eugénie
� pour que Charles puisse être accueilli par la seule famille qui lui reste, car son père a décidé de se suicider
c) Quelle est la décision de M. Grandet lorsque Charles lui est confié ?
� il décide de liquider la faillite du père de Charles et d’envoyer ce dernier faire fortune aux Indes
� il décide de lui faire épouser Eugénie � il décide de le renvoyer à Paris en prétextant être trop pauvre pour pouvoir s’occuper de lui
d) Pourquoi M. Grandet pardonne- t-il à sa fille d’avoir donné tout son argent à Charles ?
� pour faire plaisir à sa femme, qui se meurt
Eugénie GrandetUne scène de la vie de province
• Genre : roman• Édition de référence : Eugénie Grandet, Paris, Gallimard,
coll. « Folio classique », 1972, 251 p.• 1re édition : 1833• Thématiques : province, argent, amour, avarice, mariage
En octobre 1833, Balzac signe un contrat pour la publication des Études de mœurs au xixe siècle. La collection comprendra des Scènes de la vie privée, des Scènes de la vie parisienne et des Scènes de la vie de province, selon une classification qui annonce l’ensemble organique que sera La Comédie humaine. Publié à la fin de 1833, Eugénie Grandet est la pre-mière des Scènes de la vie de province, dans lesquelles Balzac tente de rendre l’atmosphère provinciale et ses « drames dans le silence ». C’est l’art du détail et de la demi- teinte qui fait de ce tableau, écrit- il, « une humble miniature ».
Pour aller plus loin dans votre étude de l’œuvre, consultez aussi :
• le commentaire sur le portrait du père Grandet dans Eugénie Grandet
• la fiche de lecture sur Eugénie Grandet
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6. Analysez l’histoire d’amour entre Eugénie et Charles. Peut- on voir ici des traces du mouvement roman-tique ? Justifiez.(20 lignes)
7. Qu’est- ce qui unit et sépare les deux figures principales du roman, Eugénie et son père ?(15 lignes)
8. Comment le temps s’écoule- t-il dans le roman ?(20 lignes)
9. En tant que peintre de la société dont il est contem-porain, quel jugement Balzac porte- t-il sur le rôle de l’argent en son sein ?(10 lignes)
10. En quoi Eugénie Grandet est- il une « tragédie bourgeoise » ?(10 lignes)
� parce qu’Eugénie est seule héritière de sa mère et peut donc partir avec la moitié de la fortune de Grandet à la mort de celle- ci
� parce que Charles a remboursé tout l’argent qu’Eugénie lui a prêté
e) Qui Eugénie finira- t-elle par épouser ? � son cousin Charles � le Président de Bonfons, qui fait partie de la famille Cruchot
� Adolphe, le fils Des Grassins
2. Comme d’autres personnages balzaciens, M. Grandet est dominé par une passion. Quelle est- elle ? Comment se manifeste- t-elle ? Évolue- t-elle ?(15 lignes)
3. En vous basant sur le premier chapitre, analysez le pro-cédé de la description dans ce roman : qu’est- ce que le romancier choisit de décrire ? Comment organise- t-il la description ? Quel est l’effet produit sur le lecteur ?(20 lignes)
4. Comparez les familles Des Grassins et Cruchot à l’aide d’un tableau. À travers elles, quel portrait Balzac dresse- t-il des gens de province ?
5. En quoi Charles diffère- t-il des gens de Saumur ? Quelle image avons- nous de Paris à travers lui ?(15 lignes)
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� parce qu’Eugénie est seule héritière de sa mère et peut donc partir avec la moitié de la fortune de Grandet à la mort de celle- ci
� parce que Charles a remboursé tout l’argent qu’Eugénie lui a prêté
e) Qui Eugénie finira- t-elle par épouser ? � son cousin Charles � le Président de Bonfons, qui fait partie de la
famille Cruchot � Adolphe, le fils Des Grassins
2. Comme d’autres personnages balzaciens, M. Grandet est dominé par une passion. Quelle est- elle ? Comment se manifeste- t-elle ? Évolue- telle ?
Toute la vie de M. Grandet tourne autour de son unique amour pour l’argent. Cela se manifeste principalement de deux manières.
ʟ D’une part, il veut toujours en gagner plus. Toute son intelligence est mise au service de sa cupidité : il fait preuve de flair et de ruse pour déceler les bonnes affaires et en détourner les concurrents ; il n’hésite pas à se faire passer pour stupide afin d’endormir la méfiance de ses concitoyens et faire patienter les créanciers de son frère ; il semble en outre avoir fait un mariage fort avantageux au vu de tous les héritages qu’il lui a apportés. Les exemples de sa réussite financière abondent dans le livre.
CORRIGÉ
1. Questionnaire à choix multiple
a) Quel évènement fête- t-on chez les Grandet dans le premier chapitre ?
� l’anniversaire de Mme Grandet � l’anniversaire d’Eugénie � la vente avantageuse des vignes de M. Grandet
b) Pourquoi le père de Charles Grandet l’a- t-il envoyé chez son oncle à Saumur ?
� pour l’éloigner d’une maitresse qui le ruine à Paris � pour récupérer, grâce à un mariage, l’héritage de la cousine de Charles, Eugénie
� pour que Charles puisse être accueilli par la seule famille qui lui reste, car son père a décidé de se suicider
c) Quelle est la décision de M. Grandet lorsque Charles lui est confié ?
� il décide de liquider la faillite du père de Charles et d’envoyer ce dernier faire fortune aux Indes
� il décide de lui faire épouser Eugénie � il décide de le renvoyer à Paris en prétextant être trop pauvre pour pouvoir s’occuper de lui
d) Pourquoi M. Grandet pardonne- t-il à sa fille d’avoir donné tout son argent à Charles ?
� pour faire plaisir à sa femme, qui se meurt
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connaitre la vie de tout le monde dans les moindres détails. Il continue à décrire la rue pour arriver ensuite à « la maison à M. Grandet ».
Il semble donc y avoir une progression dans la précision, mais les descriptions sont toujours entrecoupées de digressions diverses. Ici, avant de parler de la maison elle- même, Balzac se propose de raconter la vie de M. Grandet. Il commence par nous expliquer comment celui- ci s’est enrichi, puis s’étale sur sa fortune telle qu’elle est vue par les Saumurois. Ensuite viennent les habitudes frugales de la famille Grandet et la façon dont M. Grandet se comporte en public. Enfin, selon les règles de la phrénologie (théorie soutenant que la forme du crâne d’un individu reflète son caractère et ses facultés), théorie à laquelle s’intéressait Balzac, arrive un portrait qui déduit son caractère de ses caractéris-tiques physiques. L’auteur termine par une description des vêtements de Grandet, révélateurs eux aussi. Après ce passage sur M. Grandet, dont le portrait est néces-saire à l’avancement de l’histoire, le lecteur s’attend à reprendre la description de la maison, mais Balzac s’attache d’abord à présenter les invités habituels de la famille. Ceci peut sembler curieux, puisque le personnage qui donne son nom au roman n’est pas encore apparu au lecteur autrement que par allusion. La description des Cruchot et des Des Grassins nous apprend cependant l’enjeu du mariage d’Eugénie : son immense héritage.
Nous arrivons enfin à la description de la maison pro-prement dite, qui se déroule en deux temps : d’abord son aspect extérieur, ensuite la pièce où les femmes de la famille vivent et où l’on reçoit les invités. Dans cette
ʟ D’autre part, sa peur de perdre de l’argent est maladive, ce qui fait de lui une des grandes figures littéraires de l’avarice. Il est l’homme le plus riche de Saumur, mais sa famille et lui vivent frugalement, au point qu’un peu de sucre au petit déjeuner semble un vrai luxe. Il considère tous ceux qu’il croise comme des voleurs potentiels et refuse de laisser quiconque connaitre le montant exact de sa fortune. Il confinera Eugénie dans sa chambre pendant des mois parce qu’elle a fait don de ses économies à Charles. Il n’a aucune notion du bien et du mal ; l’argent est sa seule religion.
Cette passion pour l’argent s’aggrave avec le temps : Grandet semble de plus en plus monstrueux, surtout lorsque l’on voit la désinvolture avec laquelle il traite sa femme mourante. À la fin de sa vie, à bout de forces, il veut toujours contempler et toucher son or.
3. En vous basant sur le premier chapitre, analysez le pro-cédé de la description dans ce roman : qu’est- ce que le romancier choisit de décrire ? Comment organise- t-il la description ? Quel est l’effet produit sur le lecteur ?
Le roman s’ouvre sur une description : après avoir parlé en général des « villes de province », Balzac s’attache à décrire Saumur, qui apparait comme le type même de la ville provinciale. Après avoir présenté quelques maisons, il s’attarde plus particulièrement sur une rue remplie de commerçants, ce qui est pour lui l’occa-sion de disserter sur le caractère de ces derniers, leurs préoccupations pour leur commerce, mais aussi, plus généralement, sur l’habitude provinciale de
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Les Des Grassins seront mis sur la touche lorsqu’un service rendu à M. Grandet envoie le mari à Paris : il s’y amourache d’une femme qui le ruine. Mais la victoire finale des Cruchot est de courte durée : le Président meurt rapidement et Eugénie lui survit, gardant pour elle sa fortune.
À travers la lutte de ces deux familles, on voit ce qui intéresse le Tout- Saumur. C’est une ville refermée sur elle- même, et savoir qui obtiendra la main d’Eugénie est l’affaire de tous. Chacun a son avis sur la question et dès qu’un clan marque un point, tout le monde est au courant. Le roman véhicule l’image d’une province qui ne s’intéresse qu’à ses petites affaires, et où tout le monde sait ce que fait son voisin. De plus, tout le monde se préoccupe de ce mariage pour des raisons financières, sans se soucier des sentiments d’Eugénie.
description transparaissent les préoccupations du maitre de maison : un décor fruste, du matériel solide qui ne doit pas être remplacé souvent, quelques objets luxueux qui n’ont pas été acheté mais reçus. De cette pièce, on passe à une description du mode de vie des femmes du logis, pour s’arrêter ensuite sur la servante Nanon. Ce n’est qu’après que l’histoire débute vraiment, avec le repas du jour d’anniversaire d’Eugénie.
Nous voyons ici que Balzac ne dissémine pas seulement ses descriptions dans l’intrigue ; toutes les descriptions que l’auteur jugeait nécessaires à la compréhension de l’histoire ont été accumulées en début de chapitre. Avec une grosse exception : le portrait moral et physique d’Eugénie, qui est l’objet de toutes les attentions pour son anniversaire, tout en passant inaperçue. Cela montre clairement à quel point elle n’est qu’une marchandise dans les tractations de mariage.
Des descriptions présentes dans ce premier chapitre, nous pouvons remarquer le va- et- vient entre la des-cription des lieux et celle des personnages (au niveau physique, moral et biographique), la première venant compléter la seconde. Car pour Balzac, tout est lié : c’est parce qu’ils vivent dans un endroit particulier que les gens agissent d’une telle manière, c’est parce qu’ils ont un certain caractère que leur physique est tel ou tel. D’où l’importance des descriptions : décrire une maison, c’est décrire tous ses habitants.
4. Comparez les familles Des Grassins et Cruchot à l’aide d’un tableau. À travers eux, quel portrait Balzac dresse- t-il des gens de province ?
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6. Analysez l’histoire d’amour entre Eugénie et Charles. Peut- on voir ici des traces du mouvement roman-tique ? Justifiez.
Un personnage se détache visiblement de cette course à l’argent à laquelle tout le monde se livre : il s’agit d’Eugé-nie elle- même. Alors qu’autour d’elle on se déchire pour son héritage, Eugénie s’éveille à l’amour. Balzac brosse ainsi le portrait d’une héroïne très romantique : elle se consacre entièrement à son amant, lui offre ses écono-mies, l’attend pendant plusieurs années en souvenir d’une promesse et de quelques baisers. Sa dévotion vis- à- vis de l’amour l’élève au- dessus de la médiocrité des autres personnages.
Si Charles apparait également comme un personnage romantique au début de sa relation avec Eugénie, lorsqu’il partage ses sentiments, il change cependant au fur et à mesure de l’histoire : avec le temps, ses mauvais travers empirent et sa touchante tendresse disparait. Balzac n’en fait donc pas un héros romantique.
Quant à la relation entre ces deux personnages, à ses débuts, elle est décrite de manière extrêmement romantique : bien que le cadre du roman, Saumur, ne permette pas les grandes aventures qui caracté-risent le roman romantique, on voit néanmoins l’amour s’épanouir au contact de la nature, dans le jardin. Charles et Eugénie se consacrent alors uniquement à leurs sentiments.
5. En quoi Charles diffère- t-il des gens de Saumur ? Quelle image avons- nous de Paris à travers lui ?
Dès son arrivée, Charles détone dans Saumur et chez son oncle. Ce qui les intéresse eux (le mariage de la plus riche héritière de la ville) n’est pas ce qui l’intéresse lui : il veut chasser sur les terres de son oncle, briller dans les cercles mondains de Saumur et épater les passants avec son style vestimentaire. Sa déconvenue, une fois arrivé chez son oncle, qui vit dans une frugalité absolue, fait sourire. Charles est cependant un personnage plus sensible qu’il n’y parait de prime abord : son chagrin lorsqu’il perd son père est sincère et il n’ignore pas les sentiments amoureux, comme le montre sa liaison avec une femme mariée et son amour pour sa cousine. Par ailleurs, si son dandysme en fait un être apparem-ment détaché des considérations matérielles, avec pour seules valeurs la beauté et l’élégance, il peut être aussi calculateur que les Des Grassins et les Cruchot : au plus profond de son deuil, il songe à épouser Eugénie pour alléger ses soucis financiers. Son amour pour celle- ci s’estompera lorsqu’il partira aux Indes. C’est d’ailleurs tout son vernis de Parisien raffiné qu’il perd dans sa course à la fortune, pour finir par devenir un homme froid, cynique, qui ne cache pas ses envies d’un mariage dans la noblesse. Nous voyons à travers lui que si Balzac oppose Paris et la province dans leur sociabi-lité, dans l’image que les gens donnent d’eux- mêmes, dans leurs valeurs apparentes, au fond la même soif d’argent anime tous les êtres humains.
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leur immense volonté. Malgré le respect qu’elle doit à son père, Eugénie lui tient tête, car elle est persuadée d’avoir fait une bonne action. Elle supporte patiemment le confinement auquel celui- ci la condamne, car, comme lui, elle sait se contenter de très peu pour vivre. Lorsque son père mourra, elle continuera à vivre simplement malgré sa grande fortune, non pas, comme Grandet, pour la préserver, mais parce qu’elle ne voit pas l’utilité du luxe.
8. Comment le temps s’écoule- t-il dans le roman ?
Le temps ne s’écoule pas de manière régulière dans le roman. Du fait des longues descriptions du début, l’intrigue ne commence qu’une fois le premier chapitre bien entamé. Une seule nuit s’écoule lors du premier et du deuxième chapitre, celle de l’anniversaire d’Eugénie et de l’arrivée de Charles à Saumur. Le troisième cha-pitre couvre vingt- quatre heures, le temps pour Charles d’apprendre le suicide de son père, et pour Balzac de montrer combien les femmes du logis s’occupent de lui. Le chapitre suivant s’étend sur un laps de temps plus long : il décrit la journée suivante, puis la naissance de l’amour entre Charles et Eugénie jusqu’à son départ, cou-vrant donc plusieurs journées, si pas plusieurs semaines. Ce chapitre se termine par une anticipation, qui donne à voir les conséquences des actions de Grandet à Paris. Le cinquième chapitre couvre quant à lui plusieurs années, qui vont voir mourir Mme Grandet, puis son mari, sans que Charles ne revienne. Le sixième et dernier chapitre nous montre le retour de ce dernier en France et sa correspondance avec sa cousine, qui la décide à épouser le Président. Cela se produit sur plusieurs
Si, au final, l’auteur ne montre pas une union réussie, son cynisme ne s’étend pas au sentiment d’amour même, à la différence de Flaubert (romancier français, 1821-1880). Chez Emma Bovary (héroïne de Madame Bovary, 1856), la quête effrénée d’amour par une femme qui s’ennuie en province la rend pathétique ; Eugénie ne s’ennuie pas dans sa vie provinciale et une promesse suf-fit à combler son besoin d’affection. Face à la trahison de Charles, elle restera digne, allant jusqu’à payer les dettes de son oncle pour en être quitte. Balzac la compare à un ange, preuve que les idéaux romantiques ne sont pas si éloignés de son esprit.
7. Qu’est- ce qui unit et sépare les deux figures principales du roman, Eugénie et son père ?
Après le départ de Charles, la tension arrive à son comble lors du conflit entre Eugénie et son père. Ce conflit porte, bien sûr, sur leur rapport à l’argent. Eugénie a offert à son cousin toutes ses économies, qu’elle avait amassées sous l’œil fier et attentif de son père. Pour Grandet, il s’agit d’une terrible trahison : de son point de vue, tout l’argent qui se trouve sous son toit est à lui, et Eugénie a aidé Charles à le voler. Eugénie, au contraire, pense que cet argent lui appartient et qu’il sera plus utile à Charles qu’à elle- même. C’est ainsi que le père et la fille s’op-posent : pour Grandet, l’argent doit être gardé pour soi ; pour Eugénie, l’argent doit servir à aider les autres. L’un est l’avarice personnifiée, l’autre la générosité même.
Mais si le conflit prend de l’ampleur, c’est parce que, sur d’autres points, Eugénie et son père se ressemblent beaucoup. Ils transcendent la médiocrité de Saumur par
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Le portrait de Grandet traduit le rapport ambigu que Balzac entretient lui- même avec l’argent. D’un côté, son asservissement à l’argent, qui donne lieu à des scènes sordides où il tremble de peur à l’idée qu’Eugénie hérite de sa mère, ne donne pas envie de ressembler au per-sonnage. De l’autre, on ressent une certaine fascination face à son intelligence en affaire, son don apparemment inné pour repérer les bonnes opportunités. Nul doute que Balzac, qui s’est lancé sans succès dans les affaires et qui cherchait toujours à payer ses créanciers, a doté son personnage d’un sens du négoce qu’il aurait aimé avoir. Car même s’il déplore l’effet de l’argent sur la société, celui- ci reste un objet de désir pour tous ceux qui en manquent.
10. En quoi Eugénie Grandet est- il une « tragédie bourgeoise » ?
Il y a du tragique dans le personnage d’Eugénie Grandet, cette héroïne sacrifiée sur l’autel de la cupidité des autres. Son histoire d’amante délaissée rappelle nombre de mythes antiques dont certains sont relatés dans les tragédies, et la noblesse de son âme, pareille à celle des grands personnages tragiques, est sans conteste. Elle n’aurait pas dépareillé chez Racine (poète tragique français, 1639-1699), avec son absolutisme amoureux.
Le drame de sa vie est indissociable de sa situation sociale : elle est en butte aux exigences d’un mariage bourgeois et entourée de commerçants pour qui sa seule valeur est sa fortune. Longtemps, les bourgeois étaient relégués aux comédies, tandis que les tragédies mettaient en scène des personnages issus de la noblesse. Cependant, ici, Balzac ne souscrit pas à l’idée classique
jours, mais assez vite, apparemment. La conclusion nous présente le court mariage d’Eugénie et ses projets de remariage.
Le temps s’écoule donc très lentement dans les premiers chapitres, ceux où un élément imprévu (Charles) vient déranger la vie tranquille des Grandet. Puis peu à peu le temps passe beaucoup plus vite : c’est l’attente d’Eugénie qui est ainsi retranscrite, alors que la vie poursuit son cours à Saumur. Le dernier chapitre, celui de la trahison de Charles, ne comporte pas beaucoup d’indications temporelles. Après cela, le temps semble se délier : nous voyons Eugénie mariée, approchant la quarantaine. La tension de l’attente est retombée, car Charles ne reviendra pas : la vie reprend son cours ordinaire en pro-vince. Ce temps élastique, parsemé de longues périodes d’attente, représente le temps provincial, en opposition à la vie dans la capitale, toujours bien remplie, où les évènements se succèdent avec rapidité.
9. En tant que peintre de la société dont il est contem-porain, quel jugement Balzac porte- t-il sur le rôle de l’argent en son sein ?
Balzac est contemporain de l’émergence du capitalisme et son roman traduit l’obsession de la société pour l’argent, qui ne touche pas seulement Grandet, mais éga-lement tous les prétendants d’Eugénie. Cette idée fixe empêche les hommes de voir que la jeune femme ferait une très bonne épouse par ses qualités morales et son extrême dévouement. L’argent est le seul moteur de ces esprits calculateurs, de leurs dissimulations, de leurs tromperies.
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• Le Rapport de Brodeck
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Dumas• Les Trois Mousquetaires
Énard• Parlez-leur de batailles, de rois et d’éléphants
Ferrari• Le Sermon sur la chute de Rome
Flaubert• Madame Bovary
Frank• Journal d’Anne Frank
Fred Vargas• Pars vite et reviens tard
Gary• La Vie devant soi
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que seuls les nobles de sang peuvent être nobles de cœur et héros de tragédie : Eugénie, bourgeoise, n’en est pas moins pleine de noblesse. Notons qu’il était important pour les écrivains du xixe siècle de se démarquer du classicisme, car le lecteur ne se retrouvait plus dans les tragédies passées. Il importait donc de mettre en valeur la classe sociale triomphante : la bourgeoisie.
Racine• Andromaque• Britannicus• Phèdre
Rousseau• Confessions
Rostand• Cyrano de Bergerac
Rowling• Harry Potter à l’école des sorciers
Saint-Exupéry• Le Petit Prince• Vol de nuit
Sartre• Huis clos• La Nausée• Les Mouches
Schlink• Le Liseur
Schmitt• La Part de l’autre• Oscar et la Dame rose
Sepulveda• Le Vieux qui lisait des romans d’amour
Shakespeare• Roméo et Juliette
Simenon• Le Chien jaune
Steeman• L’Assassin habite au 21
Steinbeck• Des souris et des hommes
Stendhal• Le Rouge et le Noir
Stevenson• L’Île au trésor
Süskind• Le Parfum
Tolstoï• Anna Karénine
Tournier• Vendredi ou la Vie sauvage
Toussaint• Fuir
Uhlman• L’Ami retrouvé
Verne• Le Tour du monde en 80 jours
• Vingt mille lieues sous les mers
• Voyage au centre de la terre
Vian• L’Écume des jours
Voltaire• Candide
Wells• La Guerre des mondes
Yourcenar• Mémoires d’Hadrien
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