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7/26/2019 Griffon Sala 1
1/66
Source gallica.bnf.fr / Bibliothque nationale de France
Regnabit. Revue universelle du
Sacr-Coeur
http://gallica.bnf.fr/http://www.bnf.fr/7/26/2019 Griffon Sala 1
2/66
Regnabit. Revue universelle du Sacr-Coeur. 04/1928.
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3/66
7 ANIMEE
-
N-
11
VR L
taaa
LE
GRAND
DUEL
D AMOUR
...
Entre
les
deux
plans
:
de
l Absolu,
qu il
occupe
total,
de l fluence, o
nous rampons,
misres couronnes de la
pen-
se, l Infini
d Energie, Dieu
veut
que
s institue... le
grand dtael
d amour.
Et,
pour
ce
grand
duel
o Lui-mme qui
n est,
bien
que
triple
Agissant,
qu un Agisseur
unique, il
s aligne Aymeur fort
de
son
indivisible
Infinitude,
il
veut,
lui, Dieu,
se
crer
et
camper,
devant
sa
face,
au
plan
de
la
fluence,
un
colluctant
qui
ne
soit
pas
indigne.
Aymeur
-
fluat
et
Dieu, l Infini d Energie,
cet
unique
duel
prodigieux
les
montre
s entr aimant,
encore que
lutteurs
tant
ingaux,
stricte
galit d amour.
Cet unique
duel, aussi
grand
que
le
monde
et
aussi
grand
que
Dieu
:
la
Christiade, messieurs,
oui,
la Chris-
tiade
i).
Bien vous disiez
cela,
Frre
Avit,
au
milieu des
ton-
nerres.
Et
votre
voix
ardente
en mon coeur
a
flu
comme
lave
qui
coule.
i)
La
Christiade,
par
Dodat
de Basly,
3
vol.
Chez Vrin,
6,
Place
de la
Sorbonne,
Paris.
T. II,
p. 174.
7/26/2019 Griffon Sala 1
4/66
258
Doctrine
Frre Avit
Un duel
de
rciproque
amour,
duel
im-
mense
et
merveilleux de l Infini d Energie
volontaire
et
d un
fluat de choix, s agite
au
fond
de l intrigue
aperue
de
la
pice
du monde,
et
jusqu au
coeur
des
jeux de
ce
qui n est
qu atomes
d lectricit
(1)
.
Et
l pique rcit
de
ce
duel
immense,
soyez
bni,
mon
frre,
de
nous
l avoir cont.
Frre
Avit.
La
Christiade,
pope
idyllique
et tra-
gique
la
fois, dont
le sublime jeu
remplit, depuis
que
Dieu
le
commena,
tout
le chteau du
monde. Du
monde
autant
caste
heureux
de
l Aymeur qui jouit, qu hroque
donjon
de
l Aymeur. qui
se
bat
(2).
Et
si bien,
frre
Avit,
vous
nous
l avez
place devant
nos yeux
ouverts
la
grande
question
:
quel tre,
quel
rel
tre,
exactement, est
Jsus-Christ
?
(3 ). Si
nettement
vous nous
l avez plac, devant
nos yeux
ouverts,
Celui
qui doit
Dieu
rendre
amour pour amour.
Frm Avit
:
C est
par
l ide
de l Infini spirituel
jug
non pas
seulement rel, mais le Rel unique
ayant par
soi
sa
raison
d tre,
jug
la vie eflectrice des vies, de
tous
les
non-
nant,
que
notre
ordre
chrtien
rgle
le monde, le mne
et.
l quilibre (4)
.
Mais,
qui
demandaient
quel
est
cet
aymeur
colluc-
tant
que
l Eternel
se
cre
pour
le duel d amour
(5),
pourquoi
souffrez, ami,
que
je
vous
le demande
pourquoi
tant
avoir
dit
tel
point
que vous
leur
avez
dit?
Frre
Avit
:
Combats d ides,
luttes d abmes
(6).
Combats d ides
?
Nombreux
sont
les champs
clos
tout
prts
pour
les tournois.
Mais le
voici,
l abme
o
le
combat
se
porte.
*
*
L Aymeur qui aime Dieu, il faut qu il soit quelqu un
?
(1) La
Christiade. T.
II,
p.
1S5.
(2)
La
Christiade.
T.
I,
p.
65.
(3)
La
Christiade.
T.
I,
p.
66,
114,
117,
210
213
;
T.
II,
p.
52,
68,
etc.
(4)
La
Christiade.
T.
I,
argument,
XV.
{5)
La
Christiade. T. II,
p.
182.
(6)
La
Christiade. T. I,
p.
181.
7/26/2019 Griffon Sala 1
5/66
Le
grand
duel
d amour
259
Frre
Avit.
Il
faut
tre quelqu un
pour
tre
un
aymeur
vrai.
1)
Mais
cet
Aymeur, qui
est
quelqu un, cela
qui
fait
qu il
est
quelqu un
est-ce
directement
cet
humain
qu il
possde,
est-ce
directement
le
Verbe
en
qui subsiste
cet
humain
?
Le
quelqu un qu est
Jsus
est-il extrieur
l Absolu
;
est-il
cet
Absolu
lui-mme
?
Frre Avit.
Dieu s aime. Et Dieu,
s aimant-,
veut,
d amour
ordonn,
tous
les
aymeurs
extrinsques
Lui. Par
un
autre
l aimant
d insurpassable
amour
par un
autre,
enten-
dez,
qui
soit
quelqu un d extrieur
l absolu
Dieu
Trinit
se
veut externement
aim 2)
.
Vous
dites,
Frre
Avit,
que
l Aymeur
est
quelqu un
d extrinsque
Dieu?
Frre Avit.
Dieu,
libre, prtend
tre
aim
par un
Autt\e,
un
Autre qui
l aime, Lui l Infini,
d un
amour
qui
attei-
gne au
summum
de
l Amour.
Amour,
je
dis,
de
quelqu un
que
Dieu
pose
extrinsque
lui-mme
3
).
Vous
dites,
Frre Avit, qu en
ce
tout
l
qu est
Jsus-
Christ,
vous
dites
qu il
y a
deux
quelqu un,
encore
qu il
n y ait
qu une
personne
?
Frre Avit.
Tout
concret
individuel
est
quelque
chose. Il
n est
que
quelque
chose,
s il
n est
pas un
esprit.
Ce
quelque chose
est
quelqu un
s il
est
un
esprit, si
un
esprit
entre
en sa
composition, tel
un
homme. Et
ce
quelque
chose
qui
est
un
quelqu un,
est,
de
plus
ou
n est
pas
une
Personne.
Mais
ce
fait, pour un quelqu un
d tre
ou
de n tre pas
une
Personne,
est
d ordre
substantiel,
ou
ne
relve
pas
du
sp.bstantialiter.
Il
est
d ordre
substantiel
si l on
refuse l me
humaine
spare
du
corps
le
titre de Personne,
parce
qu elle
se
trouve*
tre
alors
substance
incomplte,
encore
qu elle soit
substance
spi-
rituelle. Il
ne
relve
pas
de l ordre
substantiel,
ce
fait,
si c est
pour
une cause
trangre
sa
substance
que
le
quelqu un
se
trouve
n tre
pas une
personne.
C est
pour
cette
cause
quel
VAssumptus
Homo{
qui
est
quelqu un
diffrent
du
quelqu un,
qu est
le
Verbe,
n est
pas une
Personne
autre
que
cette
Per->
sonne
complexe,
concrte,
que
sont,
unis,
le
Verbe,
personne
divine,
et
l Homo
assumptus.
1)
La Christiade. T, I,
p. 210.
2)
La Christiade. T. II,
p.
234.
3)
La Christiade. T. I,
p.
209.
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6/66
26o
Doctrine
'.
A
noter
que, en
dpit
du
mot
Personne,
appliqu
au
Verbe,
le Verbe
n'est
pas
Agisseur
autonome
et
indpendant
au
plan
de
l'Infini,
et
que,
VAssumptus
Homo,
bien qu'il
ne
s'appelle
pas une
Personne,
mais
parcequ'il
est
quelqu'un,
est
Agisseur
autonome.
Dans la
Personne
unique,
concrte
et
complexe
qu'ils
constituent physiquement unis,
VAssumptus Homo
et
le
Verbe,
sont autre et
autre
substance,
c'est--dire
autre
et autre
quel-
que chose
;
ils
sont autre et autre
quelqu'un
;
ils
ne
sont
pas
autre
et
autre
Personne
(i).
Et
donc
vous affirmez, mon frre Avit, que
la
chair
et
l'me
de
ce
Jsus
que nous
aimons,
sa
vraie chair
et
son
me
lui,
sont
directement la
chair
et
l'me
d'un quelqu'un
humain,
et
donc de quelqu'un
autre
que
le
Verbe>
et
donc qu'ils
ne
sont
pas
directement
la chair
et
l'me
du
Verbe-Dieu
?
Frre Avit.
La chair
et
l'me
qui, joints vitale-
ment,
ne
peuvent
ne pas
composer
un
homme,
sont
la chair
et
l'me
de
cet
homme,
et
ne
sont
pas
directement le
corps
du
Verbe,
l'me
du
Verbe,
encore que
le
Verbe,
soit,
titre extrin-
sque, le
sujet
possesseur de
l'homme qu'ils
composent
(2
).
Mon
frre Avit, le
bien
nomm
Avitus
:
celui-l
qui
tient de
son
aeul. Mais quel
est
votre
aeul dans
l'ordre
du
pen-
ser
thologique
?
Vous tes
Avitus.
Je
suis
Avitissime.
Vous
allez
Duns Scot. Je
remonte
plus haut.
Est
une
vraie
personne,
me
dit
mon
saint Thomas,
tout
quelqu'un qui
est
intelligent.
Car la
personne
est exactement
cela
:
l'individu
intelligent
:
la
substance
individuelle d'une
nature
rationnelle.
S'il
y
avait
en Jsus
un quelqu'un hu-
main, qui soit
autre
que
le
quelqu'un
du Verbe,
ce
quelqu'un
humain
serait
lui
aussi
de
nature
intelligente puisqu'il
est
de
nature
humaine.
Voil donc
en
Jsus
deux
quelqu'un de
na->
ture
intelligente,
voil
deux moi
intelligents,
ce
qui
est
dire,
trs
exactement,
voil deux
personnes.
Ce
que
la foi
nous
inter-
dit de
penser.
D'ailleurs, la
ralit
du
quelqu'un,
c'est
ce
qui
rpond
au
moi de celui
qui dit moi.
C'efct le
sujet qui
sont
attribues
toutes
les
oprations qui
de
tel
sujet
sont
affirmes.
Le quel-,
qu'un
qui
est
cet
homme
,
c'est ce
quoi
j'attribue
tout
ce
que
je dis qui lui revient.
Si dans
le
Christ il
y a
un
quel-
qu'un humain
qui soit
autre
que
le
quelqu'un divin,
c'est
ce
7/26/2019 Griffon Sala 1
7/66
Le
grand
duel d amour 261
quelqu un humain qu il faut
attribuer
ce
qui
convient
au
Christ
raison
de
son
humanit. C est
ce
quelqu un
humain,
et
ce
n est
pas
le
quelqu un du
Verbe,
qui
est
n
de
Marie.
C est
ce
quelqu un humain,
et
ce
n est
pas
le quelqu un du
Verbe,
qui
est mort
pour
moi.
C est
ce
quelqu un humain,
et
ce
n est
pas
le quelqu un du
Verbe,
dont
je
mange
la
chair.
Pareille
division, je
n en
veux pas
1).
Frre Avit.
Agisseur
autonome,
active
Autonomie,
comment,
tranche
qu il
est
de force
intellective
et
volontaire,
esprit
se
pensant
:
Je,
homme
se
disant
:
Moi,
comment
aurait-
il
pu,
homme,
ne l tre
pas
?
2)
.
-
Ce
n est
pas
toute
substance individuelle
qui
est
quel-
qu un.
Ma
main, qui
est
individuelle, n est
pas
elle-mme
un
individu. L individu, le
quelqu un, c est la
substance
indivi-
duelle
acheve
et
complte, subsistant
en
soi
3).
La
nature
humaine, dans l Incarnation,
est
une
nature
individue dans
la
personne
mme du Fils de
Dieu,
non
dans
un
individu humain.
Il
n y
a
point
l d autre
individu
que
l individu
divin qui ejst
le Verbe
mme
ou
le Fils de
Dieu
en
personne
4). Il
n y
a
point
l d autre
agisseur que le Verbe de
Dieu.
Il
n y
a
en,
Jsus qu un agisseur unique,
et
c est
le
Verbe agissant
par
sa
double
nature.
Celui-l qui
rabota des
planches dans l atelier
\
de Joseph, c est le
mme
quelqu un, c est
exactement
le mme
moi, qui
commanda Lazare de
sortir du
tombeau.
Homme
se
disant
:
Moi?
Frre Avit,
quand
cet
homme
dit
:
moi,
son
humanit individuelle
qui n est
pas
1) Persona
supra
hypostasim
non
addit nisi determinatam
naturam,
scfliet
rationalem...
Et
ideo idem
est attribuere propriam hypostasim humanae
naturae
in
Christo,
et
propriam
personam.
Hypostasis
est
cui attribuuntur
operationes
et
proprietates
naturae...
Si
ergo
sit alia hypostasis in
Christo
praeter
hypostasim
Verbi,
squetur
quod de aliquo
alio
quam
de Verbo verificentur
ea
quae
sunt
hominis,
puta
esse
natuni
de Virgule* passum,
crucifixum
et
sepultum.
S. Theol. III,
q. 2, a.
3.
Ici,
et
dans
l article
6
de la mme question,
saint
Thomas qualifie trs
svrement
ceux
qui affirment
qu il
y a
dans
le Christ deux
suppts, deux hypostases,
deux individus
subsistants, disons
deux quelqu un. Dans
ses
notes
explicatives
sur
ce passage
de la Somme, le P.
Hris
se
montre
moins
rigoureux
que
le Matre. Exposant
trois opinions, prement
attaques
et
dfendues
au
cours
du XIIe
sicle,
sur
l union hypostatique
:
D aprs la premire
opinion, il
y
a
dans le Christ, crit le P.
Hris, union de
l me
et
du
corps,
d o il rsulte
tin
individu-homme, hic
Itomo,
uni
substantiellement
au
Verbe,
et
constituant
avec
lui
une
personne
simple... Cette opinion, saint
Thomas
qui,
dans
son
Commentaire
sur
les Sentences,
la
dclare
seulement
fausse,
la
considre,
-dans
la
Somme, comme
for-
mellement hrtique,
parce que
se
ramenant
la
doctrine de
Nestorius, Aucune
dcision
ecclsiastique
cependant n est
intervenue
ce
sujet. Il semble
qu elle ait t
peu
peu
abandonne
par
les thologiens,
comme
trop
favorable
au
Nestorianisme.
Somme
Thologique.
Le
Verbe
Incarn. Appendice. Notes
explicatives,
n
12.
2)
La
Christiade.
T.
II,
p.
19s.
3)
S. Theol. III,
q.
2, a.
3,
ad.
2.
4)
Pgues,
0. P.
Commentaire
franais littral de l Somme
Thologique.
T.
XV,
p.
162.
7/26/2019 Griffon Sala 1
8/66
22
Doctrine
un
individu humain
ne
le
prononce pas
comme
ce
qui
dit
:
moi, mais comme
ce
par
quoi
le
quelqu un du
Verbe s affirme.
Toute
la
diffrence
entre l ordre
du
quo
et
l autre
ordre:
du
quod.
Le
penser
humain de Jsus, c est
le
penser
par
qui le
quelqu un du
Verbe ternel humainement
se
pense.
La
parole
humaine de Jsus,
c est le
mot
par
lequel
le
quelqu un
du
Verbe
infini
humainement
me
parle. Le
corps
de Jsus,
c est
le
corps
par
qui
le quelqu un du Verbe spirituel
corporellement
me
touche.
Quand l Homme-Dieu
me
touche,
ou
me
parle,
ou
m aime,
celui qui m aime, celui
que
j entends,
celui
que
je
prends,
c est directement
le moi
du
Verbe,
et
non
pas
quel-
qu un autre
que son
quelqu un
lui.
Frr e Avit.
Il
est
donc
moins,
cet
homme,
que
nous ne
sommes,
nous,
Hommes
qui
subsistons.
Homme,
il
est
fraternellement
notre
gal
dans l ordre
de la
nature.
Dans l ordre de
la
subsistance,
il
est tout autre
et
bien
plus
que nous.
Cette
nature
humaine de
Jsus, qui dans;
l ordre de la
nature
possde vraiment
toutes
les
caractristiques
d une
humanit
individuelle,
il
ne
faut
point la
chercher parmi
celles qui
subsistent d une
subsistance
humaine. Dans
l ordre
de
la
subsistance,
elle
est
leve
au
plan
de l infini,
jusqu
la per-
sonne
divine
en
qui
elle
subsiste.
Poiur
elle,
le
fait de
ne pas,
subsister
dans
un
individu humain
,
ce
n est
pas un
moins\,
c est
un
plus. Si elle
ne
subsiste
pas en un
quelqu un
qui
soit
d ordre humain,
c est
parce
qu elle subsiste
en un
quelqu un
qui
est
d ordre
divin,
et
qui l lve jusqu
cet
ordre.
Bien loin
de perdre
en
dignit
au
fait de
ne pas
constituer
un
tre
ind-
pendant
ou
un
tre qui serait soi dans
l ordre infrieur,
elle
acquiert
la
dignit mme de Dieu
en
devenant
Lui,
en
tant
personnellement quelque
chose de
Lui
i).
Frre
Avit. L humain de l Homme Dieu,
dfense
de
le
croire
un
simple
quelque chose 2)
.
Dfense,
Frre Avit, de le dire quelqu un*.
En ralit,
toute
substance individuelle, du
seul
fait
de
son
individuation,
ne
constitue
pas
une
hypostase. Disons
quelle
ne
devient
pas, par sa
seule individuation,
quelqu un).
La
main,
le pied,
l oeil
sont
des
substances
individuelles,
mais
non
hypostasies.
Il
y a
hypostase
disons
:
il
y
a
quelqu un,
il
y
a
un moi) quand
une
substance
n est
pas partie d un
tout,
et
qu elle
se
tient, qu elle subsiste
par
elle-mme.
La
nature
humaine
du
Christ...
est
complte
sans
doute,
sous
le
rapport
1) Pgues,.
O.
P.
Commentaire franais littral de
la Somme Thologale.
T.
XV,
p.
74.
2)
La Christiade. T.
II,
p.
195.
7/26/2019 Griffon Sala 1
9/66
Le
grand
duel d amour
.263
de la
nature,
mais
elle
ne
subsiste
pas par
elle-mme,
elle
n est
pas
le
tout,
elle
fait
partie
seulement de ce
tout
qui est
le
Christ,
et
qui seul
a
droit
au
nom
de
suppt
ou
d hypostase.
Elle
est
bien quelque chose de particulier,
d individuel,
aliquid
;
elle n est
pas
quelqu un,
aliquis.
Ce quelqu un c est le Christ,
et
plus
formellement la
personne
du
Verbe,
principe
d unit
et
de subsistance
pour
les deux
natures,
divine
et
humaine
1).
Et
ce
qui empche
que
soit
quelqu un
l humain
concret
de
l Homme-Dieu,
c est
que
cet
humain
ne
subsiste
pas en
lui-
mme, mais
qu il vient
en
union
de
ce
tout
achev,
le
Christ
Homme
et
Dieu,
qu il
concourt
constituer 2
).
Innarrable
joie
pour
lui, et
gloire
unique.
Frre
Avit. L humain de l Homme-Dieu,
dfense de
le
croire
un
passif
instrument
que,
seul
des
Trois de
l Absolu,
manoeuvrerait
le
Verbe,
Agisseur
autonome
3)
.
Non
pas
simple instrument
passif,
Frre Avit.
Est
simple instrument
que
j emploie,
celui-l cette hache,
ce
cou-
teau)
que
je
m unis uniquement
comme
agisseur,
et
sans
en
faire
quelque chose
de moi. Mais
cet
humain du
Christ
est
l instrument
du
Verbe en
l ordre
de
l agir, parce
que d abordl
lev
par
le
Verbe jusqu
faire
un
avec
lui dans
l ordre de la
subsistance.
Cet humain
du Christ,
ce corps
de Jsus,
cette
me
de
Jsus,
ce
n est
pas un
instrument,
qui,
existant
par
soi,
ne
fait
que se
prter
l action
du Verbe.
L humanit concrte
et
individuelle de
l Homme-Dieu n existe
pas en
soi
et
par
soi. Elle
existe
en
plus
digne qu elle,
par
plus digne qu elle.
Quand
le
Verbe
agit
par
elle qui
subsiste
par
lui,
non,
elle n est
pas
simple instrument
du Verbe,
mon
Frre Avit
;
elle
est
sort
instrument
comme
est
le mien
mon corps
:
instrument
qui
avec lui,
dans
l ordre
de
la
subsistance,
fait
un
4).
Et,
cause
de cela,
cet
instrument du Verbe,
est
minem-
ment
actif.
Mais il faut
savoir de quelle
faon. Mme
en
moi,
ma
nature
humaine
moi, qui
est certes
bien
active,
ne
l est
pourtant
pas comme un
principe qui agit,
mais
comme
le prin-
cipe
par
lequel
agit
mon
moi qui agit
par
elle. Et
de
mme
la
nature
humaine du
Christ
est
active
;
mais
non pas comme
un
principe qui agit; elle
l est
comme
le
principe
pat
lequeb
agit le
moi qui
par
elle agit. La
diffrence
entre
Lui
et
moi,
c est
qu en
moi,
le
moi
qui agit
n est
qu un moi
humain,
un
moi qui
est
proportionn
ma
nature.
Tandis qu en
Jsus,
le
1)
P.
Hris,
0. P.
Somme Thologique.
Le
Verbe
Incarn. Appendice
I.
Note
13.
2)
S.
Theol. ITI,
q. 2, a.
3,
ad
2.
3)
La
Christiade. T. II,
p.
195.
4) S. Theol. III,
q. 2, a.
6,
ad
4.
7/26/2019 Griffon Sala 1
10/66
264
Doctrine
moi qui
agit
c est
le
moi du
Verbe,
le
moi d un
Dieu
agissant
par une
nature
humaine.
Frre
Avit.
Quel tre
est
Jsus-Christ
?
A
parler
proprement
et
in
recto
:
Jsus-Christ
est
VAssumptus
Homo dans
lequel
a
t
cre,
soude, persiste, inaltrable
la subjonction
du plan de
la fluence
au
plan de l infini...
In obliquo,
toutes
les questions poses
sur
Jsus-Christ
changent
d aspect
et
demandent
d autres rponses
quand
on
emploie
le vocable*
Jsus-Christ
pour
nommer
in.
obliquo
:
a) soit le
Verbe-Homme...
b)
soit le
Tout, la Personne complexe
constitue
par
le
Verbe-Dieu
et
VAssumptus
Homo...
Mais
quand
on
a
discouru,
comme
il faut
discourir, de
Jsus-Christ
entendu
in obliquo, savoir
:
a) de
Jsus-Christ,
Verbe Incarn,
Verbe
Homme
;
b)
de Jsus-Christ,
personne
unique,
mais
complexe;
Alors,
si l on
s abstient
de parler
de
VAssumptus
Homo,
d engager la
question directement
sur
lui
:
Dans
ce cas,
il
reste
que
l on
a
tout
simplement
tourn
autour
du
sujet
Jsus-Christ
,
sans
l aborder
de front...
,
C est lui,
l Homme-Verbe,
l Homme-Dieu, c est lui
tout
seul qui,
proprement
et
in
recto,
s appelle Jsus-Christ.
i)
Quel
tre,
frre
Avit, quel
tre
est
Jsus-Christ
?
A
votre
inlectable,
votre
redoutable
question
tant
aime,
mon
tour
je
ferai
ma
rponse
:
Homme,
dit saint
Thomas
;
quelqu un
qui
a
l huma-
.nit
.
Dieu, dit saint
Thomas
:
quelqu un qui
a
la
divinit.
Dans
le premier
cas,
je
mets
en
relief la
nature
humaine.
Dans
le
second
cas,
je mets
en
relief
la nature
divine,
Dans
l un
et
dans l autre
cas,
j affirme
quelqu un.
Car
le
terme
con-
cret
dsigne
le
suppt, la
personne
;
le
terme
abstrait,
la
nature
2). Et,
s il
s agit du
Christ,
le
quelqu un
que
j affirme
dans le premier
cas
est
exactement
le mme
que
celui
que
j af-
firme dans
l autre.
Et
ce
mme quelqu un,
cet
unique
quelqu un,
c est le quelqu un
du
Verbe.
Avec
vous, par
le
mot
Jsus, j entends
signifier
directement
l homme
.
Et
c est l
ce que
fait
mon
docteur.
Le
nom
Jsus dsigne distinctement le
quelqu un qui
a
l humanit,
savoir
sous ses
proprits
individuelles dtermines
;
comme
aussi
ce
mot
Fils
de
Dieu, dsigne le quelqu un qui
a
la
divi-
nit,
sous
la
dtermination de la proprit personnelle 3)
.
1)
La Christiade. T.
II,
p. 333,
334.
2)
HUGON,
0. P.
Le mystre de
VIncarnation,
3e
partie, cli.
4,
p.
193.
3) S.
Theol., III,
q.
XVII,
a.
I.
7/26/2019 Griffon Sala 1
11/66
Le
grand
duel d amour
265
Ainsi,
quand je
dis de Jsus qu il
est
homme,
je dis
exacte-
ment
qu il
est
quelqu un
qui
a
telle
humanit.
Quand je dis
qu il
est
l Homme-Dieu,
je
dis.
exactement
qu il
est
quelqu un
qui
a
l humanit
et
la divinit
tout
ensemble. Mme
quand,
prononant
le
nom
de Jsus,
j voque
son
humanit
d abord, il
reste
que
Celui
que
j voque,
c est trs
exactement
le quelqu un
qui
a
la
nature
humaine. Non
pas un
autre
quelqu un
que
le
quel-
qu un
du Verbe.
Mais
trs
exactement
le
quelqu un (comme la
personne) du Verbe
Incarn.
L Aymeur colluctant
,
l Aymeur
choisi,
l Aymeur aim,
l indfectible
et
triomphant Aymeur,
c est l unique
Moi du
Verbe, exactement
l innarrable
Moi de celui
qui
avec le
Pre
spire pendant la toujours
actuelle
ternit
l Amour subsistant
et
qui
perptuellement
nous
envoie
ce
mme Esprit
d Amour
;
c est le Moi du Verbe
Eternel,
venu
temporellement
jeter
sur
la
terre
le feu de
l amour
:
amour
qui claire
et
qui
embrase
;
amour
qui
est
strictement humain
par
le
foyer
humain dont
il jaillit,
amour
qui
est
de
valeur
strictement
infinie
par
la
personne
divine,
par
le
quelqu un infini qui
en
pousse
les
nalmmes
;
amour
humain
et
infini
tendu
vers
Dieu
qui satisfait
en
lui
son
dsir de
provoquer
et
de
recevoir le
plus
beau
possible
des
amours
crs
;
amour
humain et
infini
qui,
par ses
effets
admirables
et
dans
le
symbole d un Coeur
em-
bras,
se
tend
pour
les
conqurir
vers
tous
les
hommes.
Voil
l Aymeur
humain essentiel. Et
c est
le
Verbe
Incarn,
le
Verbe
qui
s est incarn
par amour
et
qui, faisant
corps
avec
toute
l humanit,
veut
la
ramener
par
la voie
de l amour
au
principe
qui
l a cre
et
qui la
divinise
par
amour.
Frre Avit.
Les
luttes
de l esprit
(1)
Maia
ferrailler
ainsi,
c est
preuve
qu on s entr aime (2)
.
Et
tant
vous ai-je aim,
frre
Avit,
pour
tant
de vos
pensers
profonds,
et
pour
le doux
parler
de
celui qui
vers vous
m amena
Ces beaux
alexandrins du
Pre
Dodat, qui chantent
Les
longs cinq
ans
guerriers
pesaient
un
millnaire
(3).
La
rcente Amrique
arrivait
la
gloire... (4)
C est
le droit
soutenu
qui
sacre
la vaillance
(s).
Les
seuls
esprits
chrtiens ne sont
pas
sans
substance
(6).
(1)
La
Christiade. T. I,
p. 13.
(2)
La
Christiade. T. II,
p.
87.
(3) Ibid., T.
I,
Prologue,
iIC
ligne.
(4O Ibid., T.
I,
p. 20.
(5)
Ibid. T.
I,
p. 29.
(6)
Ibid. T. I,
p.
32.
7/26/2019 Griffon Sala 1
12/66
2
66 Doctrine
Et
ces
lignes premires
du
chapitre
premier, dont
j cris
en
retrait
les
phrases
musicales,
pour que
mieux
s en
exhale
le
charme pntrant.
Sur la plaine
ondulante,
encor que
calme
et
nue,
de l Atlantique
immense
allait, depuis
cinq
jours,
filait,
filait, fivreux,
et portant
haut
sa
proue,
le
grand
Apadna.
Les
eaux
qu il labourait
du
soc
de
son
trave,
indolentes blesses,
ne
retournaient
vers
le
passant
brutal
que
des
crtes
languides
(i).
Et
ce
rythme partout animant
vos discours,
frre Avit
:
A
ne
voir
que
sa
forme,
la
Christiade,
c est, vraiment,
l enthousiaste
lan des
mots
s entranant,
s entr aidant
clbrer
Jsus.
C est
dans
un
verbe
sonore,
et
pur,
et
nom-
breux,
excitateur
d amour, pique
enfin,
comme
une
messe,
ardente
et
littraire,
de minuit (2)
.
Un
peu
trop
d clat
peut-tre
;
un
peu
trop
de guirlandes
aux
colonnes
;
un peu
trop
de fumes d encens.
Excs dont
ne
sauraient
se
rendre
coupables
tous
ceux-l qui le blment
Mais
pas
trop
de vraie
lumire.
Tout
le
mystre
de
Jsus,
que
je
vous
aime,
frre
Avit,
de l avoir
plac dans
la
lumire de l Amour
Est-il bien
vrai
que
c est
du motif d existence de
Jsus
que
doit
se
prendre
le
la de Dieu (3)
?
Cette
note
sur
laquelle
il
faut
que
les instruments s accordent,
se
peut-il qu il
nous
la
faille demander des diapasons
dont
aucun
n est officiellement
garanti juste
?
(4).
Et s il tait vrai
que ce
soit
d abord
ce
point
mystrieux
qu il
faille
nous
rfrer, tes
vous
sr
que
ce
soit
sur
votre note
vous
que se
formeraient les accords qui
chanteraient
mieux
_
l Amour
?
Lorsque la
bont,
vous
diraient
vos
frres,
lorsque la
bont vient au-devant d une trs grande
misre,
elle
est
d autant
plus
gnreuse,
plus touchante
et
plus magnifique.
Sans doute, du Christ glorificateur l humanit
non
pcheresse,
(1) La Christiade. T. I, p.
3.
(2)
La
Christiade,
T. I,
p. 124.
(3)
La
Christiade.
T. I,
p.
194.
(4)
Les thologiens, crit le P. Scluvalm,
ne
sont
pas
d accord
sur
cette
ques-
tion
(du motif
de
l Incarnation)
au
sujet de laquelle
aucune
dfinition
de
foi n a
t
porte,
et
les
textes
de
l Ecriture
ne
la
rsolvent
pas
d une manire
videmment
rebelle
a
des exgses divergentes.
Schwalm, O.
P. Le
Christ d aprs
saint Thomas
d Aquin,
p. 40.
Mais l opinion de
son
matre
lui
semble offrir
pourtant
une.
probabilit aussi
hauie
que
possible
(ibid.,
p.
52).
7/26/2019 Griffon Sala 1
13/66
Le
grand duel d amour
267
il
y a
toujours la distance infinie du Verbe la
chair. Mais,
en
celle-ci,
l innocence
primitive
conserve
et
empch
de
surgir
ces
vices qui s opposent
tant
au
mouvement
de
l esprit. Au
contraire,
pour
s incarner
au
milieu de
notre
race corrompue,
et
cause
de
sa
corruption mme,
le
Verbe
a
d
vaincre
tout
la
fois
la saintet
de
sa
propre
justice
et
les rvoltes de l homme
charnel
que
le Sauveur
voulait s unir
comme
membre de
son
corps
mystique.
Aussi la bont
divine clate bien plus dans
l ordre de l Incarnation rdemptrice
que
dans
l hypothse d une
incarnation
purement
glorificatrice, puisque la
gratuit de la
gloire
s y double
de la
gratuit du
pardon.
La
toute-puissance
de
la
divine misricorde
y
dborde
vraiment
;
d un
plus
grand
mal Dieu tire l occasion
d un
plus
grand bien
:
l
o
le
pch
abondait, la grce
a
surabond 1)
.
Pour moi,
mon
frre Avit,
regardant
non
point
tant
ce
qu offre
de
mystrieux l insondable
libert de l Eternel, mais le
fait
trs certain de l Incarnation,
ce
fait immense,
aux
cons-
quences
illimites, du Verbe qui, vritablement
Dieu,
assume
son
moi
une
vraie
nature
humaine
par
laquelle il
veut
s unir
mystiquement
tous
les hommes,
Je
veux avec vous
le placer,
ce
mystre, dans la lumire de
l Amour
qui
seul
m en
explique le pourquoi
;
Avec
Mose,
avec
Elie,
avec vous,
frre Avit,
moi, qui
demeure Avitissime, je
veux, coeur
tout
livr, couter
l Aymeur.
Je suis Jsus, l Aymeur
que
Dieu-Trine, voulant,
par un
dcret unique, irrformable, efficace
dcret, tre aim du
dehors
autant
que par
suprme
amour
il le
puisse tre,
a
pos
l Aymeur-Chef
;
je
dois,
sur
mon
amour
que
Dieu-Trine
fait
tre insurpassable,
indfectible
amour,
porter,
guider
et
provo-
quer,
faire agrer de Lui
tous
les
autres
aymeurs
que
j amne
l amour. Si
ce
n est dans
mon
seul
rayonnement
vital voulu
par
Dieu
centre
de
tout,
nul n aime nulle
part
de nul
amour
qui
puisse
se
flatter d tre
agr de Dieu. Je suis,
par mes
pouvoirs
reus,
dlgu matre rpondant de la
cration totale. Moi seul,
je suis pos, Homme-Verbe, Homme-Dieu, le
roi, le prtre,
le
docteur, le juge des
Aymeurs
et
de
tous
leurs
amours
2)
.
...
En
claire vision, Mose,
Elie, du
Golgotha depuis
trente
deux
ans
bientt
que
je suis,
Homme-Verbe,
me
savoir,
me
sentir
exister
et
penser,
je
vole
ce
midi prochain
le
midi
de
l amour).
Je
m y vois arriver, j y confine, j y suis. L occision
1) Schwalm, 0. P.
Le Christ d aprs saint Thomas d Aquin
:
ch. I, fin..
2)
La
Christiade.
T.
II,
p.
251.
7/26/2019 Griffon Sala 1
14/66
2
68
Doctrine
de Jean
par
lui-mme
accepte,
ces
derniers jours,
sans
qu il
se
tt,
sans
qu il
faiblt,-
un
vigoureux
exemple,
un
signal
prophtique,
un
magistral prlude. Chef de l amour
de
ce
grand
univers,
non,
je
ne me
tiens plus, Mose,
Elie,
non,
plus
que,
hiss
sur
la
croix, je
ne
m y voie mourir,
pour
Dieu-Trine
m aimant,
dans l
ptir d amour,
Pauvre
chair de
mon
coeur
qui
te
cabrais
hier dans
les mois d horreur
et
d pouvante,
et
qui,
demain,
te
cabreras
quand la
terreur
fera
claquer
mes
dents
C est demain, oui, demain, qu il faudra dire
:
Allons
.
Et quand
j aurai mont
sur mes
sanglants
genoux
la
sente
ravi-
neuse,
abrupte,
au
haut
de laquelle
ma
vie
par
d innombrables
plaies
bantes
s coulera
toute,
ce
fate,
ma
mort
sur
la
croix
outrageuse
o
les
hommes
verront
que
j aurai
su
dresser, moi
l Homme-Verbe, leur
profit substantiel,
mon
libre
amour
de
l Infiniment
Beau, Mose,
Elie,
cette
cime de l amour ils
salueront vcu le plus grand idal. Et,
comme on
fait
aux
plus
lointains
sommets,
les
seuls
qui soient fascinateurs,
dsesp-
rables points des
abmes d en haut,
ma
cime
d amour, c est l
que
les
esprits
auront,
en
prouesses
d lans
vers
l Infinie
Gran-
deur,
se
suspendre. Et les hommes
sauront,
les
yeux
fixs
sur
ce
sommet,
ne
sourire la
vie
que
pour
apprendre
sourire
la
mort. Ravis
et
conforts,
et
fiers
de
s appuyer
moi, moi
qui,
vrai homme, suis l un d eux,
mes
hommes, s adjoignant
mes
anges
du ciel sauvs
par mes amours
prvus,
mes
hommes
s crieront
:
Nous
croyons
l amour mont de parmi
vous
Dieu
qui
nous
vaut,
nous
tous, torrents
de
salvatrice
grce
et
de
dbordante misricorde (i)
.
Avec
tous
mes
frres,
et
avec vous,
mon
frre Avit,
moi
qui
demeure
Avitissime,
je
veux
regarder
et
grce
vous
mieux
je
verrai
l amour
qui de
parmi
nous
monte
Dieu.
Avec
tous
mes
frres,
et
avec vous,
mon
frre Avit, moi qui
demeure-Avitissime,je
veux
louer
Dieu
et
grce
vous
mieux
je
le
louerai
de s tre fait
un
Christ qui le
lout,
qui, Matre
Aymeur, Indfectible Aymeur,
ment
le chant
d amour dans la
masse
des choeurs
intelligents
de l Univers symphonial (2)
.
Flix ANIZAN.
(1)
La
Christiade,
T.
II,
p.
267.
(2)
La
Christiade.
T.
I,
p.
213,
7/26/2019 Griffon Sala 1
15/66
L Iconographie emblmatique de
Jsus-Christ
LE GRIFFON
-
LA
SALAMANDRE
I,
LE MYTHE
DU
GKIFFON
AVANT LE
CHRISTIANISME
Avec le
symbolisme de la
Licorne
nous
avons
abord
le
royaume
des
tres fabuleux
;
le
symbolisme du
Griffon
nous
place,
maintenant,
en
face
de
ceux
de
ces
animaux
fantastiques
qui
sont
hybrides,
ou
plus
exactement,
selon
l expression
de;
Dante,
qui
sont
biformes
.
Le
Griffon,
tel que l Antiquit
le cra,
se
compose
d un poi-
trail
et
d une
tte d aigle
greffs
sur
un
corps
de lion
;
quelque-
fois
son
arrire-train finit
en
queue
de saurien
:
les
hraldistes
franais diront plus tard
que
c est le
Griffon
dragonne
en
parallle
avec
le
Griffon
lionne
.
Certains
savants ont
pens
que
les
Griffons
sont
ns dans
la
pense
des matres de
cette
Assyrie
dont les
artistes
ont
t,
pendant les vingt
sicles qui
prcdrent
notre
re,
de
si
prestigieux
animaliers,
ou
bien
en
Chalde, quelque
part
vers
Babylone.
Nous
trouvons,
en
effet,
le
Griffon
dans l art antique
de
ces
r-
gions. Je le
reproduis ci-
contre
d aprs
un
sceau
cylindrique
babylonien
en
pierre fine
grave,
o
nous
le
voyons
se
dresser
contre
l emblme
sacr de l Arbre
de
Vie
que surmontent
le
Globe solaire
et
le
Croissant
lunaire
;
un
gnie ail
attaque
l ani-
mal
par
derrire
avec un
glaive
tranchant
convexe
i).
Fig.1).
Fia
I).
Sceau
cylindrique.,
babylonien
grav
sur
pierre
fine.
j) D aprs L. Delaporte,
Cylindres
orientaux,
in Annales du
Muse Guimet,
an.
1909, p.
88,
PI. VIII,
n
114.
7/26/2019 Griffon Sala 1
16/66
.270
Doctrine
Le linteau du portail,
au
palais
du roi
d Assyrie
Sennach-.
rib,
VIIe
sicle
avant
J.-C, tait
dcor
de
deux Griffons
qui
buvaient
dans
un
vase
entre
eux pla-
c
(1
). Les Perses
connurent
aussi,
une
poque certainement
plus
recule,
le
mythe
du Griffon
:
Je
donne
ci-contre
la
trs
belle tte de
cet
animal
trouve
sur
les bords de
l Araxe,
Perspolis
(Fig.
II) (2).
Au
Ve
sicle
avant notre
re,
le
Grec Ctsias,
mdecin
du roi de
Perse
Artaxescs,
croyait
l existence, loin-
taine
de lui sans
doute, des
griffons
qu il
dcrit
comme
des
oiseaux
quadrupdes
de
la
taille
du
loup,
le
corps
couvert
de
plumes noires
sur
le
dos
et
rouges sur
la poitrine (3).
D autres
rudits
ont
pens
que
l Orient
aurait
emprunt le mythe
du Griffon la
trs
ancienne
Grce,
et
qu il
serait
arriv
en
Asie
par
l intermdiaire
de
l art
chypriote qui
l aurait
lui-mme
reu
de l art
mycnien
(4). Sir
Arthur.Evans
nous assure que
ce
type
d animal hybride
remonte,
au
moins,
pour la
Grce,
au
XVIe
sicle
avant
J.-C.
(s).
Quoi qu il
en
soit, Pline
dcrit
les
griphis
avec son
habi-
tuelle richesse d illusions
et
les
dit
originaires du
pays
des
Scy-
thes,
c est--dire
de
la
Russie septentrionale
(6), alors
qu Es-
(FIG. II).
Tte de
Grijjon
en
bronze.
(Perspolis)
(FIG. III).
Le
Grijjon,
pice
d art
mycnien.
(1)
Cf.
PJRROT
et
CHIPIEZ.
Histoire de l Art.
T.
II,
p.
248.
(2)
D aprs
Ch.
de
LINAS.
Les origines
de
l orfvrerie
cloisonne,
in
Revue
de.
l Art Chrtien,
T. XXIII,
p. 34.
(3) CTESIAS,
Indica, XII.
HRODOTE,
III,
102
;
ELIEN,
Histoire
des Animaux,
IV,
27.
(4)
V .
Ren
DUSSAUD.
Le sarcophage peint
de Hagia
Triada, in
Rev. Hist.
des
Religions,
ann.
1008,
p. 370.
(5) A..
EVANS,
Acad. des Inscriptions,
sance du
25
sept.
1925.
(6) PLINE,
Hist.
Natnr. VII,
2.
XXX11I,
4-21.
7/26/2019 Griffon Sala 1
17/66
Le
Griffon
-
La Salamandre
271
chyle
les
situent
chez
les
Ethiopiens (1).
Leurs
opinions
se
valent.
Mais c est
un
fait
que
le
sol
de
la
Grce
a
donn,
par
exemple
dans
les
fouilles
de
Schliemann
Mycnes,
des Griffons
.
de mtal d une
allure trs
archaque (2)
(Fig.
III).
Et
le
Griffon
se
voit
sur
de
belles
monnaies
grecques,
celles d Abdre,
par
exemple (3), de
Chersonse
et
de Tas
(4).
Le
Griffon
et toute cette
lgion d animaux
monstrueux
figurs
dans
l art
oriental
n taient pas
de simples dbauiches
d imagination, dit judicieusement Dom Leclercq, ils
avaient
une
signification
symbolique
:
il
tait
un
emblme
et
revtait
un
caractre
religieux
(5). Rien n est plus certain, mais
nous ne
savons
quels
sens
varis lui furent
attachs
par
l Orient antique
:
le
sceau
cylindrique babylonien reproduit plus haut
nous
le
mon-
tre
comme un
tre malfaisant,
comme
le
Satan, l Adversaire de
l Arbre
de Vie
;
mais
qui
dira quelle
merveilleuse
et
cleste li-
queur,
quel divin Soma d apothose buvaient, dans la
vasque
sacre, les Griffons du palais de Sennachrib
?
Le
rle
emblmatique
le
plus
connu
que
les ides religieuses
de
la
Grce
et
de Rome
attachrent
au
Griffon
fut de faire
de lui le gardien
des tombeaux
(6).
Une partie
d un
sarcophage
gallo-romain,
du
II
0
sicle
ou
du IIP,
d inspiration
grecque,
trouve
Vertou (Loire-Infrieure) (7),
nous
montre
une
des
plus magnifiques images du Griffon
funraire.
(Fig. IV).
Nous
la
voyons
aussi
sur
deux
sarcophages
chrtiens
d Arles,
en
Pro-
vence
(8),
sur un
autre
de
Nmes,
aussi
;
(9)
etc..
Une
autre
conception
fit du
Griffon, chez
les
Griecs,
un
animal de
lumire.
C est
la raison pour laquelle
il
est
assis,
par-
fois,
aux
pieds
des
statues
d Apollon
comme
on
le
voit
sur
la
trs
belle
statuette
en
bronze
de Dresde (10).
Deux
Griffons
(1)
ESCHYLE,
Promthe
enchan,
803.
(2) SCHLIEMANN, Mycnes,
p. 257.
(3) Cf. J. de FoviLLE, Rcv.
Numismatique,
ann. 1911, p.
293.
(4) Cf. L.
MNAKD.
Hist. de Grecs.
T.
I,
p.
199
et
269.
(5) Dom
H. LECLERCQ. Dictionn. d Archolog.
chrl.
et
de Liturgie.
T.
VI, vol.
II,
col.
1S22.
(6) Cf.
A.
RiCH,
Dict.
des
Antiquit.
grecq.
et
romaines, traduct.
Chruelle,
p.
3Q4-
(7)
L.
MATRE,
Vertou,
p.
6.
(8) Cf. Ed.
LE BLANT.
Elude
sur
les
Sarcophages
chrtiens
de la mile d Arles\
p.
8,
n
6,
et
p.
68,
n
67.
(9) Cf. Ed. LE
ILANT, Les Sarcophages
chrtiens de
la Gaule,
p. 109,
n
123.
(10) Cf. Sal. REINACII. Rpertoire
de la Statuaire
grecq.
et
romaine.
T.
II, vol. I,
p.
104,
n
3.
7/26/2019 Griffon Sala 1
18/66
Doctrine
flanquaient
aussi la
statue
d Apollon dans
le temple de
Dl-
los i).
Aussi voit-on le
Griffon
sur
certaines
lampes
antiques
2
)
;
l une
d elles,
de
provenance
poitevine
le reprsente
en
plein
vol 3).
Un
ornement
grec,
provenant
aussi
d une
lampe,
nous
montre
le
double
animal
posant
son
pied griffu
sur
la Roue
solaire
4). Philostrate, du
reste,
nous
assure que
le Griffon,
qu il dit tre
originaire
d Asie,
est
l animal
sacr
d Hlios
5),
Par
suite de
cette
conscration l Apollon, dieu
de
lumire
et
de beaut,
le
Griffon figura
chez
les Anciens,
lTnspSration
potique
qui
emporte
l esprit
loin des
vulgarits
de
ce
monde,
jcomme
le
buste ail de
l Aigle enlve, chez
le
Griffon,
l arrire-
train
pesant
du Lion.
Aussi, parfois,
ce
n est
plus
sur
le
socllfe
1) Cf. J.
DCHELETTE,
Le culte du Soleil
aux
temps
prhistoriques, in Bevt
Archeologiq.,
4e
sr.
T. XIV
1909),
p.
388.
2) Cf.
Ant.
RiCH. Ouvr.
cit,
p.
30S.
3) Collect.
50c.
des Antiquaires de l Orient.
Muse
des
Grandes Ecoles,
Poitiers.
4) Cf. Salomon REINACH, Rpert.
de la statuaire
grecq.
et
rom.
T.
II,
vol. II,
p.
696,
n
6.
5)
PHILQSTRATE,
Vie d Apollon, III, 4-8.
I
FIG.
IV).
Le Grijjon
funraire
de Vertou,
d aprs
1
photographie.
7/26/2019 Griffon Sala 1
19/66
Le Griffon
-
La Salamandre
7
des
statues
du dieu,
mais
sur sa
lyre elle-mme,
que nous voyons
l image
du
Griffon (1).
Reste
savoir
si
ce
caractre d animal
de
lumire
ne
fut
point
emprunt
par
les
Grecs
aux
fictions orientales
:
le
Griffon
boit la
flamme
la
coupe
des pyres, dans
l art
archaque
de la
Perse
et
de l Assyrie. Quelques
anciens
prtendaient,
dit
l rudit
Schliemann
que
les peuples
de
l Inde regardaient les Griffons
comme
attels
au
char
du Soleil (2).
Ce
ne
fut
pas
.seulement
par
la
pure
Lumire
et
par
la Posie
que
le
Griffon
fut rattach
par
les
Grecs
leur
Phoibos-Apollon
;
ils le regardaient gale-
ment
comme
le gardien
vigilant
et
invincible
des
trsors de
ce
dieu,
nous
dit Hrodote. Et,
conception
plus
haute,
ils le
considraient
comme
le gardien,
aussi, des
voies
du
sa-
lut
(3)
;
c est
tou-
jours
sur
ce
chemin
que
se
rencontrentdans
l art
et
la
littrature
antiques (4)
les ad-
versaires
des Griffons
:
les
fourmis colossales
dont
parle Ctesias, l arme
monte
des
gants
Anmaspes,
a
loeu
unique,
dont
parle Eschyle,
et
les
serpents
que
leur
opposent
l art
religieux
des
Grecs
et
des
Romains (5) (Fig. V).
(FIG.
V).
Le
Grijjon
combattant le
Serpent
;
bronze
grec
antique.
IL
LE
GRIFFON
DANS
L ART CHRTIEN
Il semblerait
que
le
Griffon,
riche d une
telle fortune
dja
symbolisme
lev,
aurait
d tre
adopt
par
l emblmatique
chr-
tienne ds
son
premier ge.
Il
n en
a
rien t,
cependant
:
Le
Griffon
est
absent
de
la
faune
reprsente
par
l art
pictural
des
Catacombes,
et
c est
sous un
mauvais
aspect
que nous
le
verrons
plus
tard
sur
quelques lampes
chrtiennes du
IVe
sicle
ou
du Ve
L industrie
ou,
si
l on
y
tient,
l art
longobard, d abord,
puis,
(1) Cf.
Hron
de VILLEOSSE.
La
statue
colossale d Apollon
assis,
trouve
Entrains
(.Nivre),
in
Revue Archologique,
2e
sr.
T.
XXXI (1876),
p. 37.
(2) Cf.
SCHLIEMANN,
Mycnes,
p. 257.
(3)
Cf.
J.
CARCOPINO.
La Basilique
pythagoricienne
de la Porte-Majeure,
p.
38
et
299.
(4)
J.
CAECOPINO.
Ibid.,
gr.
XIX,
p. 304-305.
(5)
Cf. S.
REINACH.
Rpertoire
de
la Statuaire
grecq.
et
romaine.
T. IV,
p. 443,
n
1
et
4.
7/26/2019 Griffon Sala 1
20/66
274
Doctrine
vers
le VF
sicle,
celui des
Burgondes,
drivs
tous
les deux
de
l industrie
gothe du
bassin de
la
Mer Noire,
ont
rpandu
chezi
nous
un bijou
barbare
commun
dans
nos
provinces franaises
de
l Est
:
c est
un
fermait de ceinturon qui
porte
un
Griffon buvant
dans
une coupe
;
quelquefois, soit devant l animal
plaque
de
Testona
Fig.
VI), soit
sur
lui-mme
plaques
de Chlons-sur-
Sane
et
de
Joches
i),
le
monogramme
du
Christ
a
t
grav.
Dom H. Leclercq
croit
que
le
vase
accost
de deux Griffons,
sur
les
sarcophages chrtiens d Arles
et
celui o boit
l animal des
boucles
de ceinturons
burgondes
semblent moins
procder
de
l art
chrtien des Catacombes
que
de
l art antique
2). Il
pense
que
les
Goths dans leurs migrations
nous
ont
apport
le
type
du
Griffon buvant
au vase sans nous
apprendre quel
sens
s attachait lui dans
son
pays
d origine
3
).
Le
savant
bndictin
a
parfaitement raison,
ce me
semble. 1]
est peut
tre
moins
sr
que
les Monogrammes
du
Sauveur,
dont
ces
boucles
sont
or-
nes,
n ont
t
gravs
sur
elles
que
postrieurement
leur
fabri-
cation,
ils
peuvent trs
bien avoir christianis l ensemble du bi-
jou,
ds
ce
moment-l,
sans
donner ncessairement
un sens
chr-
tien l animal qui
s y
trouve
reprsent. Cependant j avoue
que
le
Griffon
marqu
du chiffre
du
Christ
laisse
un
peu
rveur,
d autant
qu une
lgende
dont
nous
parlerons
plus loin,
raconte
que
le
roi Clovis vit
en songe
deux
Saints
sous
la
forme
de deux
Griffons.
Les
sicles
passent
:
avec
le
Moyen-Age,
le symbolisme
christique
du
Griffon
s affirme indniablement. La
coupe
orien-
tale
o
il
s abreuve,
pleine
pour
nous
d un
nigme
insoluble,
devint,
sur
les
chapiteaux
et
les
archivoltes des
glises
romanes
d Occident,
pour
le
peuple
chrtien
qui
voyait
en
tant
de choses
FIG.
VI).
Plaque ceinturon barbare
d>e
TESTONA.
1) D aprs le
Baron
J. de
BAYE.
Industrie longobarde.
PI. VIII,
noa
i,
3
et
4.
2)
Dom
LECLERCQ,
Dict.
d Archolog. chrtienne. T. VI,
vol.
II,
col.
1S17.
3)
Ibid., col.
1818
et
1S32.
7/26/2019 Griffon Sala 1
21/66
Le
Griffon
-
La
Salamandre
275
son
Sauveur
et
ses
dons, le calice
du
salut dbordant du Sang
divin.
Le Grijjon Psychopompe.
Et
puis,
cette
mme
poque, les moines
savants
tirrent
de
l oubli
l antique
lgende des Griffons
emportant
vers
le
ciel
Alexandre le
Grand,
et
les artistes
sculptrent
cette
scne
dans
les clotres
et
dans
le dcor de pierre ds grandes
glises.
Voici, traduit
d un
vieux
texte
franais
d alors,
cette
fiction
de
l ascension d Alexandre
:
Les soldats du
grand roi Alexandre
passent
par
une
contre
trange
et
dserte
appele Sixte.
En
cette
terre
habitent
des
oiseaux
hideux
et
gigantesques qu on
appelle griffons. Le
Roi
en
fait
attacher
plusieurs
une
chambre
de bois
et
de
cuir
frais
qu ils avait fait
construire
exprs
et
dans laquelle il
prend
place.
Il
lve
lors,
hors
de
cette
logette,
un morceau
de viande
atta-
ch
la pointe d une
lance.
Aussitt
les griffons s lvent,
en-
tranant
Alexandre dans la direction
o
il pointe
sa
lance,
Il
monte
aussi jusqu au
ciel de
feu.
La chaleur excessive le
con-
traint
enfin descendre,
ce
qu il fit
en
abaissant
sa
lance
(1).
D aprs d autres auteurs
anciens qui ont
prvalu,
Alexandre
aurait captur
deux
griffons
;
les
ayant
fait jener
trois
jours,
il les
attacha des deux
cts de
son
trne,
et
leva
vers
le ciel,
au-dessus de leurs ttes, deux longues lances
qui
portaient
leur
sommet
des viandes rties
;
les griffons affams,
pour
at-
teindre
cette
proie, prirent
leur
vol
et
montrent
ainsi pendant
sept
jours,
entranant
Alexandre
jusqu au
sjour
de Dieu
;
il
en
aurait dpass
le
seuil
sans
un ange
qui lui dit
:
Pourquoi,
Roi,
vouloir connatre les
choses du ciel, alors
que
tu
ignoresi
encore
celles de la
terre.
Le
roi comprit
sa
prsomption, baissa
ses
lances,
et
les
griffons
le ramenrent
sur
notre
globe (2
).
La Perse
ancienne prtait
une
aussi
prsomptueuse
entre-
prise
au
roi Kanide Ka-Kaous qui
se
servit, lui, d aigles gants
dont l envol l emporta Dieu
seul le
sait
o,
car
on ne
le
revt
point (3).
L ascension
d Alexandre
fut
reprsente
au
XII
0
sicle,
notamment
en
Italie dans
les
cathdrales d Otrante,
de Saint-
Marc
de Venise (4),
de Borgo
san
Donnino.
On la
voit
aussi
en
France
et
je la reproduis
ci-contre
d aprs
un
chapiteau
indit
(1)
Cf.
LAMBERT
LE
CORS
et
Alexandre de BERNAY. Li Romans d Alixandre.
XIIe
s.
(2)
Cf. E. TALROT, Essai
sur
la
lgende d Alexandre
le Grand
dans
le
romain
fianais
du
XIIe
sicle,
p.
160
et
aussi E. MALI:, L Art religieux
au
XII
sicle
en
France,
p. 271.
(3)
Cf.
SHAH
NAWEH, Ed. MOLH.
T. II,
p. 45-
(4)
Mgr
B. de MONTAULT,
Trait d Iconograph. chrt.
T. II,
p.
80
et
pi.
XXIV,
7/26/2019 Griffon Sala 1
22/66
7/26/2019 Griffon Sala 1
23/66
Le
Griffon
-
La
Salamandre
277
FIG.
VIllj.
^e
Grijjon
psycho-
pompe
de la Voie Latine,
Rome.
le
ciel, des emblmes de
Jsus-Christ, sauveur de
nos
Ames
qui,
aprs
avoir
rendu possible leur
salut
par
l effusion
de
son
sang,-lve
ds
ici-
bas
nos
esprits
vers
les
rgions clestes.
Il
est,
en
outre,
mieux
que
les
Griffons d Apollon,
le
bon
gardien
de la voie
du
salut
:
il
carte
les
monstres
devant
la
mar-
che ascendante
des Ames
qui
le lui
demandent,
et
c est
sans
doute
pour-
quoi le Griffon,
son em-
blme
en
cela,
fut
repr-
sent
parfois
terrassant
sous
ses
griffes
nerveu-
ses,
le Dragon,
symbole de
Satan
1),
ou
bien
arrtant
le
serpent
dans sa
marche. Fig.
V).
La
mentalit
vraie
sur
le
Sacr-Coeur
n est
pas
faite,
La
faire
sera
l oeuvre
du
RAYONNEMENT
INTELLECTUEL
DU
SRCR-COEUR
R. P.
H...)
1)
Cf.
AUBER,
Histoire
et
thorie du
symbolisme religieux,
T. IV,
p.
44f.
7/26/2019 Griffon Sala 1
24/66
CATECHISME
DU
SACR-COEUR
LEONS XIV
-
XV
11e
et
12e
Articles
du Symbole
:
LES FINS
DERNIRES
/.
-
\Vant la
rsurrection
gnrale,
(MORT-JUGEMENT
PARTICULIER, ENFER, LIMBES,
PURGATOIRE,
CIEL)
Suite
(i).
D.
Par
qui
l me est-elle juge
au
jugement
particulier
qui
suit la
mort
?
R.
Assitt aprs la
mort,
l me
est
juge
par
le Sacr-
Coeur.
Nous
l avons
vu
plus haut, c est
par son
Coeur
que
Jsus-Christ
exerce
sa
Royaut
et
par
l mme
sa
puissance
judiciaire
sur
les
vivants
et
sur
les
morts
:
Il
juge
au nom
de l Amour
D.
Comment
se
fait-il
que
le Coeur
si aimant de
Jsus
condamne
une
ternit
de
peines dans l enfer l me de
celui
qui
meurt
dans
l impnitence
?
R:
Parce
que
par
la sparation
de
cette
me
d avec
son
corps
elle
se
trouve
jamais
fixe dans
son
tat d impnitence
finale
et
ne
peut
plus tre ds
lors
que
l objet
de
la
colre.
vengeresse
de l Amour
du
Coeur de
Jsus
mpris
pour
toujours
et
jaloux
avant tout
de
la gloire
de
son
Pre.
Pour
que
le
Coeur
misricordieux de Jsus puisse encore
par-
donner
l me
de celui
qui
est
mort
dans l impnitence
finale,
il faudrait
qu aprs
la
mort
la
conversion
de
cette
me
soit
encore
possible. Or
cette
conversion
se
heurte
de
fait
et
pour
toujours
deux
impossibilits.
Premirement,
une
impossibilit
psychologique,
(i)
Voir
Regnabil,
mars
1928,
p.
200.
7/26/2019 Griffon Sala 1
25/66
Catchisme
du
Sacr-Coeur
279
ayant
sa
raison
d tre
dans les
conditions
nouvelles
d activit
de
l me
une
fois
spare
du
corps,
activit
indpendante
de
toute
opration
sensible,
le
corps
n tant
plus l
pour
lui
fournir
les
images
et
les
motions sensibles
qui
sur
terre
veillent,
prcisent,
modifient
nos
ides
et
nos
inclinations volontaires
dans
le
sens
du bien
ou
du
mal. D aprs
cette
loi psychologique de la
connais-
sance
et
de l amour dans
les mes
spares, il n y
donc
plus
de
variabilit
relativement
l objet
que
cette
me
aura
plac
au,
sommet
de
ses
affections
et
aim
par-dessus
tout.
Alors
l amour
de
cet
objet
devient
l immuable
pivot
de
son
libre
arbitre
et cet
objet
lui-mme le
ple fixe
vers
lequel
restent
dsormais
tendues
toutes
les
puissances
de
son
vouloir
.
(Cardinal Billot, La Providence de
Dieu,
dans
Etudes
1923).
Aprs
la mort,
la volont de
l me imp-
nitente
reste
donc
jamais
immobile
dans
le mal,
c est--dire dans
le
choix qu elle
a
fait d une
fin
dernire mauvaise laquelle elle
rapporte toute
chose.
Secondement,
il
y
a
aussi
une
impossibilit
physique
la
con-
version de
l me impnitente
aprs
sa
mort
:
non
seulement
la
vo-
lont de
cette
me
reste
immobile dans le
mal,
en
raison mme
de
la
fixit
de
ses
dispositions
par
rapport
la
fin dernire,
mais
elle
ne
peut
plus tre
mobile
et
ramene
au
bien,
parce que
l acte lui-
mme
par
lequel l me
spare
se
fixe
dans
sa
fin
dernire
est
un
acte
mesur
non
plus
par
le
temps,
mais
pas
1
viternit
.
C est
un acte
qui
demeure
toujours ternellement prsent
sans
qu un
instant
se
puisse prsenter dans
un
avenir
quelconque, o l me
pourrait
rtracter
son
premier choix.
(Ami
du
Clerg, anne
1922,
p.
516).
Le Coeur de
Jsus
lui-mme
ne
pourrait triompher
de
cette
impossibilit
physique,
sans
bouleverser
l ordre tabli
dans
la
na-
ture
par
la
sagesse
de
son
Pre
bien-aim.
Que de
fois
ce
Coeur si misricordieux
a
frapp, mais
en
vain,
la
porte
de
cette
me
durant
sa
vie mortelle
Obstinment
elle
s est
refuse prter l oreille
aux
appels de
son
Amour,
et
la
voil
maintenant,
par
l effet mme de
la
mort,
fixe
tout
jamais dans
son obstination. Ds lors
le
Coeur
saint
du
Fils
de
Dieu ne peut
plus
trouver
en
elle
que
rbellion ternelle
son
Pre,
et,
jaloux
avant tout
des droits de
son
Pre
pour
la gloire de
qui
cette
me
avait t cre,
rachete
et
comble
de
bienfaits,
il
ne
lui
reste
plus
qu
venger
cette
gloire
suprme
en
crasant
cette
me, fige
dans
sa
monstrueuse
rbellion,
sous
le
poids
terrible de
maldiction ter-
nelle
de
son
Amour irrit
D.
Le Coeur de Jsus
punt-il
les
damns
autant
qu ils
le
mritent
?
R.
Non, la
Misricorde
du
Coeur
de Jsus
trouve
encore
s appliquer
aux
damns
en
les
punissant
au-dessous
de
ce
qu ils
mritent.
C est
du
moins
la doctrine
de
Saint
Thomas
(In
IV
Sent.,
dist.
46,
q.
2,
a.
2
(Vives,
t.
XI,
p. 402,
408),
de
Saint
Bonaventure,
d Estins,
de
Saint Franois
de
Sales,
de Bossuet.
Chose
tonnante
mais
vritable, dit
Saint Franois
de
Sales, si
les damns n taient
7/26/2019 Griffon Sala 1
26/66
280
Doctrine
pas
aveugls
par
leur
obstination, ils
trouveraient de
la
consolation
dans
leurs
peines,
et
verraient
la
misricorde divine admirablement
mle
avec
les
flammes
qui les brlent ternellement...
Les
saints
voyant
que
ces
peines, quoique
ternelles
et
incomprhensibles,
sont
toutefois moindres
de beaucoup
que
les
fautes
et
les crimes
pour
lesquels
elles
sont
infliges,
ravis de
l'infinie
misricorde
de
Dieu
:
O
Seigneur
diront-ils.
que vous
tes
bon
puisque,
au
plus fort de
votre
colre,
vous ne pouvez
contenir le
torrent
de
vos
misricordes,
et
empcher
qu'elles n'coulent leurs
eaux
dans les imptueuses
flammes
de
l'enfer.
(Trait
de
l'Amour
de Dieu,
1.
9,
ch.
1.)
Toutefois
il faut bien
se
souvenir
que
la
misricorde
ne
saurait
supprimer la
justice
dans le Coeur trois fois
saint
du
Fils
de Dieu
et
que donc
la substance
des supplices
des
damns
est
ternelle
et
proportionne
aux
fautes
de
chacun d'eux
et
ne
peut comporter
une
mitigation progressive
et
indfinie.
La
Saintet de
justice
du Coeur
de
Jsus
les
a
condamns inexorablement
:
entre
le
coeur
ternelle-
'
ment
rebelle
du
damn
et
le Coeur
du Dieu
de
saintet, il
y a un
abme jamais infranchissable
D.
L'enfer
n'st-il
pas
une
cration
de l'Amour
infini
du
Sacr-Coeur
en
faveur des mes
de bonne volont
?
R.
Oui, l'Amour infini
du
Sacr-Coeur
a
cr l'enfer
non
point
seulement
comme
instrument
de
sa
vengeance mais
comme un moyen
de salut
pour
les mes de bonne volont.
1
En
ce que
cette
cration
leur
cause
la seule
crainte
qui
parfois
soit efficace. Du moins,
cette
crainte
tait
l'un
des
moyens
possibles
de
salut,
il fallait bien
que
Dieu l'employt, puisque
son amour
Le
presse
de
les
mettre
tous
en
oeuvre
.
2
En
ce
que
l'enfer
est
la plus vive
des
clarts
qui
montrent
les sentiments
de
Dieu
l'gard
du
pch. Du moins, c'tait
une.
lumire
possible
,
et
Dieu voulait
sur ce
point
nous
clairer
de
toutes
faons
.
3
En
ce que
la
vue
de ces
peines
horribles doit
exciter
en
nous
une
affectueuse
reconnaissance
l'gard
du Rdempteur qui
nous en a
dlivrs
.
(R.
P. Anizan, Par Lui,
p.
98).
Reconnaissez
donc, s'crie Saint
Jean
Eudes,
que
les
bonts
de
l'aimable
Coeur
de
ce
divin
Sauveur
sont
si
admirables,
qu'il
em-
ploie
mme
les
feux
de l'enfer
pour nous
engager
l'aimer,
et
par
consquent tre
du
nombre de
ceux
qui
le
possderont
ternelle-
ment
.
(OEuvres
compltes,
t.
VIII,
ch.
VII,
p.
243).
D.
Le
sort
des enfants
morts
sans
baptme
et
privs
dans les
Limbes
de la
vision
batifique peut-il
nous
faire douter
de l'Amour
du
Recommended