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Le magazine « Echos Money » est une revue de qualité qui regroupe plusieurs domaines économiques actuels.
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EDITORIAL
P#$% '( )#$*+,-. année consécuti‑ve, l’équipe des rédacteurs d’Echos Money, le magazine économique de la Junior Entreprise HEC Lau‑sanne, a allié intense labeur, col‑laboration et bonne humeur pour vous délivrer une édition de qua‑lité !
CeOe année encore, nous avons été mis au défi de réaliser une re‑vue aOrayante tant pour le monde professionnel qu’estudiantin. La conception de ceOe édition reflète parfaitement le but poursuivit par notre association, à savoir créer et renforcer le lien entre universitaires et spécialistes. La Junior Entreprise HEC vise en effet, par la réalisation de mandats, à impliquer au maxi‑mum les étudiants dans la réalisa‑tion de travaux qui les rapprochent du monde professionnel. CeOe ex‑périence permet de meOre en pra‑tique les connaissances acquises au cours du cursus universitaire.
Un premier dossier consacré à la finance à l’école des HEC de Lau‑sanne expose les nouvelles voies d’études offertes en programme de Master pour tout passionné de flux financier. Vous y découvrirez l’im‑portance croissante de la recherche dans le domaine de la finance à HEC, ainsi que la nouvelle colla‑
boration entre l’institut de Banking et Finance de Lausanne et le Swiss Finance Institute. Enfin, les nou‑veaux métiers bancaires de demain y seront présentés.
Une discussion autour de la globali‑sation constitue la matière de notre second dossier. Une situation géo‑politique complexe et qui évolue rapidement suscite aussi bien chez les profanes que chez les spécialis‑tes interrogations et incertitudes. Nous avons ainsi jugé opportun de faire le point sur la situation en sol‑licitant aussi bien un représentant de la Confédération Helvétique, qu’un professionnel du secteur bancaire ou encore l’opinion des étudiants. Leurs témoignages sont recueillis dans ceOe section.
Le monde des affaires est aujourd’hui de plus en plus ré‑glementé. Les scandales financiers passés et le durcissement des loi de nombreux pays à amené le Conseil Fédéral à proposer un projet de modification du Code des Obliga‑tion suisse. Sur le plan européen, l’institution d’une Constitution commune aux pays membres fait débat. Ces deux sujets sont ainsi traités dans un dossier « Droit » qui leur est réservé.
Nous achèverons ceOe douzième édition sur le sujet chatoyant qu’est l’industrie du luxe en Suisse et ailleurs. Les nouvelles frontières du luxe et les récentes possibilités offertes par Internet y seront déve‑loppées.
Cet ouvrage n’aurait pu être réa‑lisé sans la confiance et le soutien de nos sponsors, ainsi que la par‑ticipation de professeurs, profes‑sionnels et étudiants à la rédaction des articles constituant ceOe pu‑blication. Au nom de la Junior En‑treprise HEC, nous tenons à les en remercier. Il ne nous reste dès lors qu’a vous souhaiter une excellente lecture en compagnie de l’Echos Money, douzième édition !
L’équipe d’Echos MoneyRaphaël DartySophie UriotThibault Vanvincq
E"#$%&'Junior Entreprise HEC Lausanne, InternefCH ‑ 1015 Dorigny, Tel.: +41 21 692 33 33info@jehec.ch
R%)*+,)-./%) "% /- *&./#1-$#+,Raphaël DartySophie UriotThibault Vanvincq
C+,1%*$#+, G'-*4#5&%Jean‑Sébastien Monzani / jsmonzani.com
I7*'#7%&'Imprimerie Baillod SARte du Vignoble 1 / 2017 Boudry+D#)$'#.&$#+,Universités suisses et EPFLMilieux Professionnels de Suisse Romande
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3 Editorial7 Mot du doyen8 Mot du Président
FINANCE : PRIORITÉ LAUSANNE10 IBF : La finance à HEC Lausanne14 Swiss Finance Institute : Une collaboration Exemplaire18 Life after School in Switzerland20 Nouveaux métiers bancaires
GLOBALISATION24 L’ouverture de la Suisse vis-à-vis de l’Europe 28 Un monde à globaliser32 Discussion autour de la levée du secret bancaire en Suisse
DROIT36 La Constitution Européenne et ses implications pour la Suisse38 Adaptation du droit des sociétés aux tendances du corporate governance
LUXE44 e-Luxury48 Les Nouvelles Frontières du Luxe
ACTUALITÉJUNIOR ENTREPRISE52 La Junior...54 Cercle des anciens55 15ème coupe de Golf
TABLE DES MATIÈRES
SOMMAIRE
Vous voyez toujours plus loin,vous allez à l'essentiel -rejoignez-nous.
Perspectives.
Forte de quelque 120'000 collaborateurs dansle monde entier, Deloitte est une entreprise depremier plan en matière d'audit, de services juri-diques et fiscaux, conseil, services financiers etrisques d'entreprise. Rencontrons-nous: nousvous présenterons vos perspectives de carrière.
Contactez Marie-France Tischhauser pour unentretien: mtischhauser@deloitte.com
w w w.deloitte.ch
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MOT DU DOYEN
A}.w w.~~. 12,-. édition d’Echos Money, la Junior Entreprise nous offre à nouveau un sommaire varié et riche en contenu. Finance, Glo‑balisation, Droit, Luxe, autant de domaines où nombre de réflexions peuvent être menées et d’idées dé‑baOues.
En guise d’introduction et n’ayant à disposition que relativement peu de place, je m’aOarderai plus spé‑cialement sur un thème cher à HEC Lausanne: la finance.
Ce n’est bientôt plus un secret pour personne, HEC a l’ambition de se positionner comme un des princi‑paux acteurs de ce domaine sur la place européenne. A vrai dire, quoi de plus normal lorsqu’on sait que le secteur bancaire suisse représen‑te plus de 9 % du PIB, gère plus de 4000 milliards de francs sous forme de papiers‑valeur en dépôt de client ainsi qu’un tiers de la fortune pri‑vée internationale. Pour HEC, cet objectif est en passe de se concré‑tiser, notamment avec la création du Swiss Finance Institute (SFI). Fondation privée née d’un parte‑nariat entre l’association suisse des banquiers, la confédération ainsi que les universités. Le but du SFI est d’une part d’aOirer des profes‑seurs de renommée mondiale dans
son centre de recherche et d’autre part de former des spécialistes de niveau universitaire. Dans ceOe op‑tique HEC, par l’intermédiaire de son Institut de Banque et Finance, a réussi à se profiler comme l’un des principaux acteurs et nous nous ré‑jouissons de ceOe situation.
Etant donné le rôle primordial que jouent les établissements financiers dans l’économie de notre Pays, les étudiants misant sur une formation dans ce secteur font un investisse‑ment fort rentable pour leur avenir. Et le succès de notre Master en fi‑nance est aussi là pour le rappeler.
Nous ne pouvons donc que nous réjouir de ceOe volonté de créer un pôle national de com‑pétence dédié à la finance et il est certain que les étu‑
diants y trouveront également leur compte. Pour preuve, dès la ren‑trée de cet automne, le professeur Bernard Dumas, sommité mon‑diale, donnera des cours à HEC Lausanne dans les programmes de premier, deuxième et troisième cycle. Ainsi, les étudiants pourront tous bénéficier de ses conseils.
Avec la création du SFI, un signal clair est donné en faveur de la pro‑motion de la recherche et de l’en‑seignement en matière bancaire et financière. Ceci pour le bien de la formation, mais aussi pour celui de la place financière suisse.
François GrizeDoyen de l’Ecole des HEC Lausanne
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MOT DU PRÉSIDENTMarcus AnderssonPrésident de la Junior Entreprise HEC Lausanne
D.�$+y �'$y ). 20 ans une quin‑zaine d’étudiants HEC, d’équipes constamment renouvelées, coopè‑rent pour rapprocher deux mondes distants mais inséparables, profes‑sionnels et estudiantins.
Dynamiques et motivés nous cherchons à apporter une vision nouvelle à nos clients par des so‑lutions concrètes à leurs préoccu‑pations. Nous pouvons aider une Entreprise dans l’élaboration de stratégies marketing, financières ou évènementielles qui demandent des compétences théoriques acqui‑ses mais également une ouverture d’esprit et une volonté d’innova‑tion qui font de notre jeunesse une réelle force.
Nous visons une meilleure com‑préhension entre l’établi et l’inno‑vation et c’est par notre pont que vous faites preuve d’une confiance en l’avenir.
C’est sans doute la raison pour la‑quelle plus de 300 sociétés ont déjà fait appel à nous pour des mandats très variés sur toute la scène écono‑mique Suisse.
La variété est en effet un challenge que nous accueillons à bras ouvert et c’est grâce au grand nombre d’étudiants présents entre nos murs et leurs orientations différentes que nous saurons trouver un chef de projet apte à toute situation.Car, outre notre très bonne rela‑tion qualité prix, c’est bien là que se situe notre force principale : un consultant spécifique pour chaque situation.
Notre volonté d’échange entre deux mondes ne s’arrête pas là. Plusieurs évènements, organisés par nos membres, ont pour vo‑cation l’enrichissement mutuel et les échanges d’idées. Tout d’abord notre coupe de golf (ceOe année à
sa 15ème édition) rassemblant un étudiant et un chef d’entreprise pour unir leurs efforts dans un jeu d’équipe. Il y a également notre gestion de nos anciens membres regroupant ainsi chaque année plusieurs générations autour de notre concept jamais vieillissant. Nous cherchons finalement à créer des échanges d’idées entre profes‑seurs, étudiants et professionnels en confrontant les opinions au tra‑vers de ceOe revue.
CeOe dernière ne serait entre vos mains sans le dévouement de nos trois responsables de la publica‑tion, Sophie, Thibault et Raphaël qui ont su meOre aux défis chaque rédacteur par des thèmes d’actua‑lité. Je les félicite pour leur parfaite organisation et le travail accompli.Il ne me reste plus qu’à vous laisser le plaisir de découvrir ces quelques articles en vous souhaitant une lec‑ture des plus enrichissante.
Nous visons une meilleure compréhension entre l’établi et
l’innovation et c’est par notre pont que vous faites preuve
d’une confiance en l’avenir.
FINANCE : PRIORITÉ LAUSANNE
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D(zy '. w()%. de l’économie, ces trois dernières décennies ont connu l’émergence de nouveaux domai‑nes dont en particulier celui de la finance. Plusieurs raisons peuvent expliquer ceOe émergence. La pre‑mière est probablement de nature académique. Tandis qu’un grande nombre de modèles économiques néglige la prise en compte de l’in‑certitude, la finance place la com‑préhension et la maîtrise de l’aléa au cœur même de ses préoccupa‑tions. A titre d’exemple, on peut citer les progrès qui ont été réali‑sés dans le choix de portefeuille ainsi que dans la valorisation des actifs financiers dérivés, tels que
les options. La seconde raison, cer‑tainement liée à la première, est l’aOribution récente du prix Nobel d’économie à des financiers ou à des économètres de la finance. Ces prix ont permis de rendre la finan‑ce crédible, au point qu’on observe aujourd’hui un retour des connais‑sances: de plus en plus de modèles économiques, comme par exemple ceux de la macroéconomie, utilisent les outils développés initialement pour la finance. La dernière raison, ceOe fois non académique, est que le marché de la banque et de la fi‑nance a connu un essor incroyable. Il a fallu former des banquiers et tandis que les premiers financiers
FINANCE
IBF : LA FINANCE À HEC LAUSANNE
Michael Rockinger est professeur de fiance. Après des études à l’EPFL en mathématiques, il a rejoint l’UNIL en tant qu’étudiant de l’une des premières volées du Master en Economie (se nommant pompeu‑sement Diplôme Postgrade en Economie Politique). Il a poursuivi ses études de doctorat à Harvard où il s’est promu en 1992. Après avoir franchi les échelons de professeur assistant, de professeur associé, puis de professeur ordinaire à HEC Paris, il a rejoint HEC Lausanne en 2001. Rapidement il a pris la direction de l’IBF ainsi que du MBF. En 2004 il a débuté des activités de vice‑doyen. Désormais, il aOend avec im‑patience la fin de son mandat afin de pouvoir se dédier à nouveau avec plus de vigueur à ses activités de recherche et d’enseignement…
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étaient souvent des économistes recyclés, désormais il y a des filiè‑res d’études dédiées purement à la finance…
Le développement du banking et de la finance à Lausanne a débuté il y une quinzaine d’années envi‑ron. A l’époque, deux postes de professeurs, dont un seulement à plein temps, ont été repourvus dans l’optique de couvrir les deux grands domaines de la finance que sont la finance d’entreprise et la finance des marchés. On retrouve ces deux grands axes également dans l’industrie bancaire. La finan‑ce d’entreprise permet de mieux comprendre, par exemple quand il faut émeOre des titres, quand in‑vestir ou comment effectuer des in‑vestissements étagés, dans le cadre des options réelles. L’autre finance, celle des marchés, a d’avantage pour objectif de donner des direc‑tives sur la façon de gérer un por‑tefeuille avec des outils quantitatifs et de valoriser, de pricer, comme on dirait en jargon financer, des actifs.
C’est en 1993 qu’une étape im‑portante a été franchie, celle de la création d’un programme d’études spécialisé: Le master in Banking and Finance (MBF). Il est remarquable que ce programme ait pu être crée, non pas parce qu’il y a eu des prio‑rités au niveau universitaire pour soutenir ce programme, mais parce que les praticiens ont reconnu son utilité et sa valeur pour l’industrie bancaire. Ainsi, l’Association Vau‑doise des Banques a décidé d’aider ce programme par son soutien à l’Institut du Banque et Finance. Ce soutien a été effectif depuis longue date et a permis de faire du MBF l’un des programmes phares en formation financière en Europe.
Ce qui a caractérisé le MBF était tout d’abord une excellente forma‑tion quantitative. CeOe formation était dispensée par les professeurs de finance mais également par des professeurs d’économie. Ainsi, par exemple, en 1995, un spécialiste de la finance d’entreprise théori‑que et de la théorie bancaire, Elu von Thadden, a été recruté sur un
poste de microéconomie. Ce type de recrutement illustre comment pendant de longues années des ressources ont été peu à peu aOri‑buées dans le cadre d’HEC au MBF. L’interaction entre l’économie pure et un domaine d’application a per‑mis grâce à leur caractère transver‑sal la création de postes dédiés à la finance. Comme une grande partie de l’enseignement du MBF était quantitatif, afin d’équilibrer le pro‑gramme, des praticiens ont montré aux étudiants à quoi servent finale‑ment les outils quantitatifs et com‑ment les appliquer dans la vie de tous les jours.
En parallèle à la formation Master, la formation au niveau de la Li‑cence s’est également développée. CeOe excellente formation de base, et en particulier en finance, a été appréciée par les universités par‑tenaires qui ont accueilli des étu‑diants d’HEC Lausanne.
Avec la signature des accords de Bo‑logne, l’enseignement au niveau de la Licence sur une durée de 4 ans a basculé vers une formation du type Bachelor sur une durée de 3 ans. Par ailleurs, le MBF, programme payant et d’une durée d’une année, est devenu le Master of Science in Finance, MScF. Ce nouveau pro‑gramme, avec des frais de scola‑rité bas et une durée de deux ans a débuté avec la rentrée 2005/2006. Le programme MScF a connu un très vif succès avec le plus grand nombre d’inscrits parmi tous les masters d’HEC. Le bilan, après un premier semestre est alarmant et rassurant en même temps. Du fait de l’absence de sélection à l’entrée,
le taux d’échec est très élevé. Ain‑si, on peut déplorer le coût social très élevé de ce nouveau système poussant de nombreux étudiants étrangers vers un échec dont les directeurs des programmes, forts d’années de sélection, pouvaient prédire l’occurrence avec une gran‑de probabilité. Outre un coût moral, vient s’ajouter un coût réel dans la mesure où des familles entières ont serré les coudes pour permeOre à l’un des leurs d’effectuer des étu‑des dans un pays lointain au coût de la vie élevé. Au départ les in‑tentions étaient probablement tout autres. Les enseignants du MScF, ayant également enseigné aux étu‑diants du MBF, ont par ailleurs re‑marqué une certaine autosélection de la part des étudiants. Ainsi, un étudiant non familier avec le ni‑veau exigeant de la formation Lau‑sannoise, peut être conduit à pen‑ser que le faible niveau des frais de scolarité et la moindre sélection à l’entrée impliqueraient des études faciles à Lausanne. Mauvaise sur‑prise: il n’en est rien. De même un étudiant excellent, conscient de ses capacités, désirera être sélectionné afin de pouvoir signaler au marché du travail, de plus en plus global, qu’il est bon. Tant que des pays, tels que la Grande Bretagne, pro‑poseront des masters sur un an, ces excellents étudiants choisiront la formation courte, démontrant ainsi leurs capacités d’apprentissage ra‑pides. S’il le faut, ils effectueront par ailleurs un emprunt afin de fi‑nancer leur scolarité, conscients de pouvoir rapidement rembourser leur deOe avec des salaires corres‑pondant au signal envoyé dans un marché international compétitif, qui fera appel aux meilleurs même s’il faut les aOirer d’un continent à un autre. CeOe autosélection a malheureusement conduit les très bons étudiants internationaux à se détourner vers d’autres program‑mes situés au nord de l’Europe.
Il est à noter, et c’est cela qui est ras‑surant, que l’échec ne touche que peu les étudiants venant d’HEC Lausanne, démontrant ainsi la très bonne formation du programme Bachelor d’HEC, mais beaucoup
Du fait de l’absence de
sélection à l’entrée, le
taux d’échec est très
élevé. Ainsi, on peut dé‑
plorer le coût social très
élevé de ce nouveau sys‑
tème poussant de nom‑
breux étudiants étran‑
gers vers un échec.
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plus les étudiants d’origine étran‑gère.Il est à remarquer qu’en parallèle avec ceOe formation au niveau de base, la formation doctorale s’est également développée. Ainsi, en automne 1996 l’International Cen‑ter for Financial Asset Manage‑ment and Engineering, générale‑ment connu sous le nom de FAME, a été créé. CeOe fondation a créé une année plus tard le programme doctoral FAME, établi en collabora‑tion avec les Universités Genevoise et Neuchâteloise. Malgré quelques réticences initiales de la part des Universités partenaires, peu à peu, l’enseignement au niveau doctoral a été inclus dans le cahier des char‑ges des enseignants. Actuellement, le programme doctoral FAME est en train de migrer sous l’égide du Swiss Finance Institute, SFI. D’autre part, dans le cadre de la ré‑forme de Bologne, qui préconise au niveau des Universités une forma‑tion doctorale, le programme doc‑toral FAME a été incorporé dans le curriculum des Ecoles Doctorales des universités partenaires. Le SFI, fondation nouvellement créé en Janvier 2006, avec comme horizon non seulement la Suisse romande mais la Suisse toute entière, est di‑rigée par le professeur Jean‑Pierre Danthine, notre collègue de l’IBF.
Il est clair qu’avec la mise en pla‑ce de ces programmes un besoin supplémentaire d’enseignants est né. Comme déjà mentionné, sans
l’aide extérieure, le développement des enseignements n’aurait pas pu se faire. Outre l’aide de l’Associa‑tion des Banques Vaudoises à l’IBF, la fondation FAME a permis des financements de postes. Pour cer‑tains de ces postes, le financement a été repris par HEC et l’Université de Lausanne. Par ailleurs au niveau Suisse, s’est créé le National Center of Competence in Research, NCCR. CeOe initiative a permis le recrute‑ment d’un certain nombre d’ensei‑gnants et de chercheurs. Du côté de Lausanne, on peut mentionner le recrutement d’Enrique Schroth,
de Daniela Fabbri, d’Henri Schell‑horn ainsi que d’Alessandro Beber qui ont été rendus possibles grâce au financement du NCCR qui fi‑nance 50% de ces postes, l’autre moitié étant financée par l’UNIL. Par ailleurs, en 2004, l’Université de Lausanne a reconnu l’utilité de la finance, et a permis la création d’un certain nombre de postes de professeurs occupés par Eric Jon‑deau, Erwan Morellec, Julien Hu‑gonnier, Norman Schuerhoff, ainsi que par Tony Berrada. Un certain nombre d’autres postes ayant un lien avec la finance ont été créé au sein du département d’économie.
On peut mentionner ainsi Jean Imbs, Pascal St‑Amour, ainsi que Lucy White.
Egalement avec l’aide du SFI, l’IBF a pu offrir des conditions suffisam‑ment aOractives permeOant d’aOi‑rer le professeur Bernard Dumas, actuellement professeur à l’IN‑SEAD à Fontainebleau ainsi qu’à la très prestigieuse Wharton School de l’Université de Pennsylvanie. Son arrivée en automne 2006 est aOendue avec impatience par les membres de l’IBF.On peut donc constater que l’IBF a connu d’importants et excitants développements au cours de ces dernières années. Au niveau du corps professoral, nous nous som‑mes également significativement développés. Au niveau des cours enseignés, la finance propose ses services à tous les niveaux et di‑rige ses propres programmes. Au niveau de la recherche, l’IBF a été reconnu comme l’un des centres les plus productifs en Europe. Nous allons bientôt accueillir un nouveau membre, très prestigieux et reconnu sur la place mondiale, Bernard Dumas. Nous aOendons également avec une certain impa‑tience notre retour sur la campus de Dorigny; retour qui devrait s’ef‑fectuer à l’automne 2006 dans un bâtiment qui devrait être en grande partie dédié à la finance.
l’IBF a été reconnu
comme l’un des centres
les plus productifs en
Europe
Les praticiens ont reconnu l’utilité du master in Banking and
Finance (MBF) et sa valeur pour l’industrie bancaire.
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La succession de FAME
Créé en 2005 et opérationnel depuis le 1er janvier 2006, le Swiss Finance Institute prend la succession du Centre international FAME pour la gestion du patrimoine et de l’ingénierie financière dans lequel HEC‑Lausanne était partie prenante depuis l’automne 1996. Comme FAME avant lui, le Swiss Finance Institute sera actif dans le soutien à la recherche, à l’enseignement doctoral ‑ gérant en particulier le programme doctoral en finance commun aux universités de Lausanne, Genève, Neuchâtel et de l’Institut HEI ‑ et dans la formation
continue. Sur ce dernier plan, le Swiss Finance Institute reprend non seulement les activités de FAME mais aussi celles de la Swiss Banking School active à Zürich depuis 1991. Le Swiss Finance Institute est lié de manière forte à 5 universités partenaires dont les Universités de Lausanne et Genève qui ensemble formeront le centre Swiss Finance Institute ‑ Léman ainsi que l’Université de Zürich et l’ETHZ (Swiss Finance Institute ‑ ZH) et l’université du Tessin (Swiss Finance Institute ‑ Lugano). Ces universités bénéficieront en particulier de co‑financement de chaires professorales au niveau
FINANCE
SWISS FINANCE INSTITUTE : UNE COLLABORATION
EXEMPLAIRE
Professeur d’économie politique et de finance a l’école des Hautes Etudes Commerciale de l’Université de Lausanne, Jean‑pierre Dan‑thine a également enseigné dans diverses universités à l’étranger tel‑les que University of Southern California (Los Angeles), Université Laval (Québec).Il est également membre actif au sein de divers insti‑tuts. Nous citerons en exemple l’IGBF (Institut de Gestion Bancaire et Financière), le CEPR, le CEPS (Groupe de la Politique macroéconomi‑que), le Conseil de l’Association Européenne d’économie…
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junior (professeur assistant avec pré‑titularisation conditionnelle) ou senior (professeur ordinaire avec chaire Swiss Finance Institute) ainsi que de financement pour des professeurs visiteurs. HEC‑Lausanne peut aOendre du Swiss Finance Institute un soutien substantiel dans son objectif de constituer un département de finance compétitif sur le plan international.
Recherche et enseignement de premier plan pour une place financière de premier plan
Lors de son entrée en fonction il y a un peu plus de deux ans, Pierre Mirabaud, Président de l’Associa‑tion suisse des banquiers (ASB), a lancé une initiative visant à ren‑forcer durablement la recherche, la formation doctorale et la for‑mation continue en matière ban‑caire et financière. L’idée était et demeure aussi claire qu’évidente: pour rester compétitive dans un contexte de concurrence mondiale, une place financière doit disposer d’une recherche et d’un enseigne‑ment d’envergure internationale. Les universités suisses doivent at‑tirer les meilleurs spécialistes des marchés financiers en provenance du monde entier, afin d’élever le niveau de formation des étudiants locaux et de permeOre à nos ban‑ques de disposer d’une relève de premier plan dotée d’une forma‑tion de qualité.
Ces considérations sont à replacer dans leur contexte, à savoir l’im‑portance primordiale du secteur bancaire et financier pour la Suis‑se: celui‑ci génère 11% du produit national brut de notre pays et son rayonnement international est lar‑gement reconnu. Une telle position n’est pas acquise pour toujours! Elle justifie un investissement dans la matière grise pour qu’en matière de recherche et d’enseignement bancaires et financiers aussi la pla‑ce financière suisse tienne un rang digne de sa réputation internatio‑nale. L’initiative de l’ASB vient sur les traces de plusieurs initiatives
aux buts similaires prises dans les quelques dernières années: créa‑tion du centre de recherche NCCR FINRISK par le Fonds national suisse en 2001, mise sur pied de la Swiss Banking School, active en for‑mation continue, et du Centre in‑ternational FAME déjà mentionné, en particulier. Le regroupement en date du 1er janvier 2004 des ac‑tivités d’executive education de la Swiss Banking School et de FAME a constitué une première forme de coopération performante entre ins‑titutions suisses aux ambitions si‑milaires. L’objectif du Swiss Finan‑ce Institute est de préparer l’avenir en renforçant, regroupant et coor‑donnant davantage toutes ces ini‑tiatives. L’ambition est de doter la Suisse de structures de recherche et d’enseignement qui puissent se mesurer aux meilleures universités européennes.
Produire le savoir et le dis‑séminer
Le Swiss Finance Institute a deux domaines d’intervention privilé‑giés: la recherche et l’executive edu‑cation. Il s’agit dans les deux cas de faire de la Suisse un pôle d’aOraction pour des personnalités de premier ordre – chercheurs, enseignants, étudiants et participants à des pro‑grammes de formation continue. L’objectif est que le pays ne soit plus perçu à l’étranger comme une grande place financière unique‑ment, mais aussi et de plus en plus comme un grand centre de com‑pétence et de formation. A moyen terme, la recherche suisse dans les domaines bancaire et financier doit occuper une position de pointe en Europe.
Soutien à la rechercheLe soutien à la recherche par le Swiss Finance Institute se fait selon trois axes. Soutien aux structures.
En co‑finançant des chaires dans les matières précitées, le Swiss Fi‑nance Institute entend inciter les universités à confier ces chaires à des enseignants d’envergure inter‑
nationale. A terme le Swiss Finance Institute constituera une organisa‑tion de recherche comptant jusqu’à 50 chaires professorales dont 30 au moins devraient être détenues des personnalités susceptibles d’ob‑tenir un poste similaire dans les institutions internationales les plus prestigieuses. Le nombre de publi‑cations dans les revues financières les plus prestigieuses devrait être multiplié par un facteur trois. La nomination récente du Professeur B. Dumas à l’Ecole des HEC de l’UNIL est un premier pas très si‑gnificatif sur la voie ainsi définie.
Soutien aux projets. En deuxième lieu, le Swiss Finance Institute sou‑tient et encourage des projets de recherche promeOeurs dans cer‑tains domaines spécifiques. Les subsides seront aOribués sur une base concurrentielle, en étroite col‑laboration avec le NCCR‑FINRISK financé par le Fonds national de la recherche scientifique. Toutes les universités et hautes écoles spécia‑lisées pourront prétendre au finan‑cement de projets et déposer des dossiers.
Programme PhD. En troisième lieu, le Swiss Finance Institute finance le développement d’un programme PhD coordonné sur l’ensemble de la Suisse. L’accès à ce programme se fera selon des critères qualita‑tifs clairs, les doctorants les plus brillants étant privilégiés. Le pro‑gramme proposé suivra un modèle internationalement reconnu déjà adopté dans le cadre de FAME et de FINRISK. Le Swiss Finance Ins‑titute financera des bourses offertes aux doctorants et leur permeOant de se concentrer à plein temps sur un cursus exigeant pendant leur première année d’études avant de devenir assistants d’enseignement ou de recherche. Il s’agit de don‑ner aux meilleurs talents des con‑ditions optimales pour lancer leur carrière.
L’ensemble des activités de recher‑che du Swiss Finance Institute sera placé sous la supervision d’un conseil scientifique composé de chercheurs internationalement re‑
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connus placés sous la direction du Professeur René Stulz, Ohio State University, et composé des pro‑fesseurs Patrick Bolton et Ioannis Karatzas de Columbia University, Tim Bollerslev de Duke et Michael Brennan de UCLA.
Formation continue
En matière de formation continue (Executive education), le Swiss Fi‑nance Institute s’appuiera dans un premier temps sur les program‑mes déjà proposés avec succès par FAME et la Swiss Banking School. La gamme existante des cursus propo‑sés sera regroupée sous un même toit ou coordonnée dans le cadre d’une stratégie cohérente. Il est en outre prévu de développer certains cursus spécialisés et de réactualiser certains diplômes, par ex. un Exe‑cutive Master in Bank Management bénéficiant d’une accréditation internationale. Le transfert recher‑che‑enseignement‑pratique sera amélioré: les résultats de la recher‑che seront davantage intégrés dans l’enseignement et, inversément, les besoins de la pratique et/ou de l’en‑seignement seront pris en compte pour le choix des thèmes de recher‑che. S’agissant de l’aménagement stratégique de l’offre de formation, il sera supervisé par une instance composée d’éminents spécialistes et praticiens issus du secteur de la formation et/ou de la formation continue et placé sous la prési‑dence de M. Urs Hoffmann, Chief Learning Officer, Credit Suisse. Cet «Executive Education Advisory Board» surveillera la qualité et la réputation de l’executive education et en sera le garant.
Structures performantes et légères
Le Swiss Finance Institute dispose d’une structure organisationnelle claire et légère, reposant sur des structures et ressources existantes. Tous les groupes d’intérêt impli‑qués dans la fondation, à savoir les banques, la Confédération et les universités, sont représentés au Conseil de fondation. Ceci garantit que leurs divers intérêts et besoins
soient pris en compte, au plan stra‑tégique, dans l’activité de la fonda‑tion. Le Conseil de fondation est composé d’éminentes personna‑lités issues des milieux économi‑ques, politiques et universitaires. Il a en charge l’orientation straté‑gique de la fondation ainsi que la définition des thématiques et des critères de qualité. Le Président du Conseil de fondation est Monsieur Olivier Steimer, Président du Con‑seil d’administration de la Banque Cantonale Vaudoise. Les vice‑pré‑sidents sont Messieurs Marcel Ro‑hner, Chairman and CEO Global Wealth Management and Business Banking, UBS, et Ulrich Körner, COO et CFO, Credit Suisse. La di‑rection, qui assure la gestion opé‑rationnelle de la fondation ainsi que des tâches de coordination est directement subordonnée au Con‑seil de fondation.
Financement assuré à long terme
La création de ce pôle de recherche et de formation en matière bancai‑re et financière, bénéficiant d’une reconnaissance internationale et à même de se mesurer aux meilleures universités européennes, requiert des moyens financiers supplémen‑taires. Ces moyens résultent d’un partenariat entre les universités qui s’engagent au financement de base des chaires professorales existantes et nouvelles, la Confédération qui à travers le Fonds national suisse et le NCCR FINRisk contribue quel‑
que 3 millions de CHF par an au financement de projets de recher‑che, les fondations privées dont la fusion est la base juridique de la nouvelle fondation (FAME, Swiss Banking School, Züricher Banking Sti�ung, qui apportent les reve‑nus de leur capital à hauteur de 2 millions de CHF par an et enfin les banques qui ont constitué en‑semble un fonds de 75 millions de CHF. La contribution des banques est versée au prorata par tous les établissements membres de l’ASB. Certains d’entre eux, notamment les banques fondatrices du Swiss Finance Institute, apportent une contribution supplémentaire signi‑ficative. Au total, les contributions de tous les participants couvrent des besoins financiers représentant 18 millions de CHF par an pour un budget spécifique du Swiss Fi‑nance Institute de l’ordre de 7 à 8 millions de CHF annuellement.
Vers l’excellence universi‑taire
Le Swiss Finance Institute consti‑tue un projet extraordinaire sus‑ceptible de conduire les universités partenaires à l’excellence, qui doit être leur objectif constant, dans un domaine de l’enseignement et de la recherche particulièrement im‑portant pour l’économie et l’emploi en Suisse. Etudiants, professeurs et autorités universitaires et cantona‑les peuvent se réjouir de ce déve‑loppement exemplaire pour notre place universitaire.
Le secteur bancaire génère 11% du pro‑
duit national brut de notre pays et son
rayonnement international est largement
reconnu.
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I %.(''{ (��%.w+(~. Junior Enterpri‑se HEC Lausanne gave me this op‑portunity to share something with my alumni at HEC Lausanne.
First of all, the life a�er years at HEC Lausanne is good. When I was at HEC, I kept on asking my‑self, why I have to study so hard, why I have to pass one exam af‑ter another; why I have to write research papers; and why not just quit? Nothing is easy, and the HEC time was particularly chal‑lenging for me. When I arrived in Lausanne at 2001, I did not speak one French word and I needed to go though a lot of difficulties to
obtain my “Permit B”. For the first half of year that I was waiting for my document paper, I could not go anywhere outside of Switzer‑land. I still remember well my first Christmas at Lausanne, stuck with a book of financial mathematics that I had to finish during the holi‑day time. Now I can definitely say that the effort is worthwhile. As a financial professional now work in the United States, people asks my background a lot. Whenever I mentioned that I got my edu‑cation in Switzerland, it brought instant credibility. In fact, many of my clients know FAME program and University of Lausanne. They
FINANCE
LIFE AFTER SCHOOL IN SWITZERLAND
Kaifeng “Kevin” Chen is a Director of Morgan Stanley & Co. He gra‑duated with a Ph.D. from International Center for Financial Asset Mana‑gement and Engineering (FAME) and University of Lausanne, Switzer‑land. Prior to that, Kevin did Master’s in Finance at CentER for Economic Research, Tilburg University, the Netherlands. Previously, Kevin spent two years with China Development Bank as a portfolio manager in the International Finance Department and Investment Banking Department. Kevin is a Chinese national.
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would say, wow, you did study in Switzerland, which must be good! Switzerland has a very strong and positive image in the States.
Thanks to the education at Lau‑sanne I landed a very interesting, but challenging job. The firm I work for is a world‑class financial institution. They are regarded as a powerhouse in financial inno‑vation. I met many well‑educated co‑workers, many refined clients, and many opportunities. We keep on following the latest academic research and try to contribute to the application side. Globalization is creating more and more oppor‑tunities for young generation. I am a Chinese, I received education in Europe, and I am working in Ame‑rica. There is not any more a clear identity, but I am expected to deli‑ver high quality solutions for our clients. I communicate with people in Europe and Asia on daily basis. Each week we have at least one global conference call, which typi‑cally is morning time in Chicago and New York, a�ernoon time in London and Geneva, and evening time in Hong Kong or Singapore. It is a professional environment unimaginable even some years ago. I see multi‑national compa‑nies are more and more managed in “product lines”, instead of tradi‑tionally managed geographically or country by country. Members of a team can be located in multiple countries or continentals. As a re‑sult, I know my team members in London beOer than other teams’ employees in Chicago, although we work for the same firm in the same city. Specially, my job has to do with something called alterna‑tive investment, which includes hedge funds, private equity, real estate etc. Switzerland is at the fo‑
refront of the research and indus‑try of alternative investments. At Chicago I heard people o�en refer research works of some professors in Switzerland, including Profes‑sor Lhabitant of HEC Lausanne. The time at Lausanne really gives me a solid foundation for applied research. Personally, I believe Ame‑rica is a great country to gain expe‑rience. Academically, it is the top of the world. Professionally, it has also one of the most competitive and sophisticated environment. So far I have stayed for about 2 years in Chicago and have learned a lot of new things. But, most of all, it is the spirit of being able to innovate and challenge. The stint here will be my treasure for the rest of my career.
Private life part, I am a big traveler, as most of my friends know. I en‑joyed taking the holidays to travel in the U.S. By the way, it is not true that Americans do not take vaca‑tion. There are some workaholics, but I do meet a lot of travelers. So far I have visited about 21 states in America. The most recent one is a weekend trip to the state of Rhode Island. It is one of the oldest states of America, seOled in 1636 by some religious refugees. It is also the first colony in North America that declared independence from En‑gland. The longest trip was a dri‑ving trip from Chicago to Houston, about 3000 miles round trip (about 4000 KM). I took this opportunity to see the heart land of America, also visited cities like Memphis that has great Blues music. The furthest trip I did was to Hawaii, which has three hours time difference to Chicago. It was interesting to see many couples got married there or spending honey moon at Hawaii, and watch many whales mate and deliver baby whales there, for mil‑lions of years. Human and nature is closer than we thought.
Talking about Chicago, I feel Chica‑go’s beauty and aliveness is a well‑kept secret. It has a great network of bike roads and was voted as “the bike‑town of America” in 2004. I do about 50 KM bike riding in the weekends at the lakeside here from time to time. Lake Michigan is huge. It has surface water of 57800 KM2, which is larger than the who‑le Switzerland. There are many other rivers and lakes around, so it is great for kayak, canoe, sail and any other water sports. Chicago also has an unbelievable diversi‑fied culture and population. Afri‑can Americans brought Chicago blues music; the restaurants in Chinatown, Greektown or LiOle Italy are great. The large Irish po‑
pulation brought great Irish pubs. Of course as a city has more poles than in Warsaw, you would bump into Polish sausage places a lot in Chicago.So that is a short essay about the life a�er school. I encourage you to go abroad a�er HEC time, get your international exposures, chal‑lenge yourself, and of course, if you come to Chicago, please let me know. I will be happy to invite you for a Swiss fondue.
Some of my trips in America
Chicago City aVer Snow (Photo: K. Chen)
Whenever I mentioned
that I got my education
in Switzerland, it brou‑
ght instant credibility
I encourage you to
go abroad aVer HEC
time, get your inter‑
national exposures
and challenge your‑
self.
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FINANCE
Banque SA cherche ingé‑nieur multilingue pour gé‑rer ses risques
G�#�%(�x., +z��z+.$%, -(~x�-(‑~+w+.z, astronome, physicien,… Depuis quelques années, souvent dans la plus grande discrétion, des professions inaOendues investis‑sent les emplois bancaires.
Certes, derrière la façade des gui‑chets, le style de l’employé bancai‑re classique reste de circonstance. Pour le client, rien ne change. En coulisses par contre, sous l’in‑fluence de mutations structurelles importantes, les métiers bancaires
évoluent rapidement, avec une tendance très marquée vers les sciences exactes, l’ingénierie ou, de manière plus globale, vers les compétences en matière de gestion de projets. Conséquence : dans une majorité d’établissements bancai‑res suisses, les profils universitai‑res sont de plus en plus demandés. A titre d’exemple, pour la seule BCV (Banque Cantonale Vaudoi‑se), leur proportion est passée de 10% de toutes les embauches il y a à peine 10 ans à 30%, voire 40%, aujourd’hui. CeOe évolution s’ex‑plique aisément.
Paul Coudret, sous‑directeur, est con‑seiller économique à la BCV. Ancien rédacteur économique à l’Agefi, au Journal de genève et au Temps.
NOUVEAUX MÉTIERS BANCAIRES
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Métier « béni des Dieux » en pleine (r)évolution
Dans le monde entier, la banque a longtemps été un métier « béni des Dieux » : dans un environnement relativement bien régulé, avec des taux d’intérêt et des marchés finan‑ciers assez prévisibles et un climat concurrentiel plutôt modéré, les affaires ronronnaient. La globalisa‑tion des marchés aidant, des pres‑sions structurelles convergentes ont pourtant commencé à s’exercer sur les établissements. Elles sont de plusieurs ordres.
Ces pressions viennent des mar‑chés eux‑mêmes, où la concurrence nationale ou trans‑nationale entre établissements est devenue féroce dans un contexte de dérégulation totale des opérations financières et bancaires. CeOe concurrence va de pair avec une conscience tou‑jours plus aigue des clients pour de meilleurs services et prestations financières. Ces derniers exercent donc une influence toujours plus grande sur les banques, notam‑ment en ce qui concerne la qualité des prestations. Les Etats, voire les instances supra étatiques ne sont pas en reste : ils souhaitent, avec plus ou moins de fermeté, réguler au mieux les activités bancaires pour éviter autant que faire se peut que d’éventuelles déroutes finan‑cières aient un effet de domino destructeur sur tous les marchés. Last but not least, ces 15 à 20 der‑nières années, l’évolution dans les technologies de l’information a été phénoménale, permeOant des éco‑nomies d’échelle impressionnantes dans le traitement électronique de l’information, une des bases tech‑niques de l’exercice des métiers bancaires.
Consolidation en cours
Le résultat de ces pressions con‑vergentes sur les banques se dé‑cline au quotidien dans les médias économiques et financiers : le sec‑teur bancaire est en voie accélérée d’industrialisation. Et, ses respon‑sables raisonnent désormais de plus en plus en termes de « chaîne
de valeur » ou de « maîtrise des marchés », des idées qui, pour le commun des mortels, sont plus courantes dans le monde indus‑triel que dans les sphères financiè‑res. La consolidation de la branche bancaire est un autre résultat, tout aussi visible, de ces pressions. Les regroupements, sous forme de fu‑sions ou d’acquisitions, de même que les disparitions pure et simple d’institutions financières de toute taille sont à l’ordre du jour dans le monde entier.
La Suisse n’est pas épargnée par ces tendances de fond. Le nom‑bre de banques autorisées par la Commission fédérale des banques (CFB) y est passé de 626 en 1988 à près de 300 aujourd’hui. Et, les exemples du rapprochement entre UBS et SBS à la fin des années 90, de la fusion des banques cantona‑les à Genève et Vaud ou encore des concentrations en cours dans le milieu des banques Raiffeisen sont parlant. Selon des études récentes de IBM Consulting1 et du CS Re‑search2, vers 2015, la consolidation en cours devrait avoir permis à quatre catégories d’établissements bancaires de voir le jour :
• des grandes banques universel‑les, style UBS et CS, où les métiers et les talents sont très concentrés ;• des banques de proximité, orientées vers un service et des prestations pour des clients au pro‑fil redéfini, à l’image des banques cantonales ou des banques Raiffei‑sen ;• des banques spécialisées, à l’ins‑tar des banques de gestion de for‑tune ou des banquiers privés, au métier très profilé et parmi lesquel‑les une concentration des forces est en cours en Suisse ;• des acteurs « non bancaires », comme une hypothétique Banque postale ou issus de la grande distri‑bution (Coop, Migros) qui auront investi des niches d’activités lais‑sées vacantes par certaines institu‑tions bancaires classiques.
Les enjeux des technologies et des talents
Dans ce contexte, les banques doi‑vent pouvoir relever deux enjeux de taille pour être dans la course : rester au niveau le plus élevé pos‑sible en ce qui concerne la techno‑logie et aOirer les talents humains. En effet, la technologie (notam‑ment, celle de l’information) per‑met une meilleure automatisation des opérations, une externalisation des procédures et donc, assure une maîtrise des coûts, ce qui donne des avantages concurrentiels en ga‑rantissant une souplesse d’action, notamment en ce qui concerne les prix des produits et prestations.
En ce qui concerne les talents hu‑mains, il s’agit essentiellement pour les banques de pouvoir at‑tirer des spécialistes, notamment dans les nouveaux métiers bancai‑res très techniques, qui amènent une réelle valeur ajoutée aux éta‑blissements et leur facilitent ainsi la tâche dans l’acquisition d’une nouvelle clientèle. C’est ainsi que, depuis quelques années, on assiste à la disparition de certains métiers bancaires alors que d’autres appa‑raissent ou connaissent un regain de popularité.
Ainsi, victimes de l’automatisation croissante des opérations, les mé‑tiers de back‑office ou de traders‑brokers ont tendance à disparaître. De même, les analystes financiers font les frais de l’évolution ban‑caire. Ainsi, des équipes entières disparaissant des banques suisses, leurs postes étant transférés dans les filiales londoniennes ou new‑yorkaises des établissements ou, comme cela s’est passé tout récem‑ment, complètement sous‑traités auprès de partenaires hindous.
Par contre, les métiers qui montent sont liés à l’évolution de la législa‑tion, comme les compliance officers chargés de surveiller le comporte‑ment éthique des établissements. Ils sont aussi liés à l’aOention nou‑velle portée aux clients (conseillers à la clientèle, chefs de produits, conseillers en marketing). Enfin,
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ces nouveaux métiers ont souvent une connotation technique, comme les gestionnaires des risques très demandés dans les banques actuel‑lement, les experts en planification financière ou les ingénieurs finan‑ciers, spécialisés dans la création de nouveaux produits financiers.
L’afrait des ingénieurs
Schématiquement, on pourrait dire que le profil professionnel le plus recherché par les banques actuel‑lement correspond à un univer‑sitaire, de préférence technicien, multilingue, au bénéfice d’une formation complémentaire de type MBA, doté de solides compétences d’analyse et de synthèse et, ce qui serait un « plus », d’une expérience bancaire ou dans le conseil. Dans ce sens, ceux qui ont effectué des études dans les sciences exactes et les ont complétées par un diplôme de management et/ou quelques années chez un consultant d’enver‑gure internationale sont particu‑lièrement appréciés. Notamment, parce que ces personnes ont sou‑vent aussi une solide expérience de la gestion de projets.
Inutile de préciser que le profil « ingénieur » est donc actuelle‑ment particulièrement recherché. Un tel spécialiste a en effet une ex‑périence pointue de la gestion de projets, pour laquelle il a reçu une formation spécifique et qui est une manière de travailler toujours plus en vogue dans les banques. Il est évidemment doté de connaissan‑ces techniques et a des capacités de modélisation qui renforcent son es‑prit analytique et de synthèse. Par
contre, dans le contexte bancaire, il lui manque certainement des compétences sociales pour diriger des équipes ainsi que des capacités pour « s’extraire » d’un univers in‑tellectuel trop orienté sur les chif‑fres.
Ces prochaines années, il est cer‑tain que les nouveaux profils ban‑caires vont gagner en puissance. Les ingénieurs seront de plus en plus demandés pour occuper des postes dans la finance et le contrôle (gestion des risques, contrôle de gestion) ou dans l’ingénierie finan‑cière (nouveaux produits, produits alternatifs, structurés/dérivés). Mais on ne va pas pour autant vers une « technisation » des banques. Ces dernières développent en effet en parallèle des structures de for‑mation toujours mieux adaptées pour faire se rencontrer l’esprit in‑génieur et l’esprit banque.
Une formation de pointe pour des métiers de pointe
Au niveau des établissements en particulier, les plus puissants d’en‑tre eux disposent depuis longtemps de quasi‑universités internes ou de centres de formation spécialisés. C’est le cas des grandes banques comme l’UBS et le CS mais aussi des banques cantonales qui dis‑posent, au niveau romand et tessi‑nois, d’une centre de formation des banques cantonales latines à Lau‑sanne‑Prilly. Au niveau de la place financière suisse, une structure de formation de pointe a aussi été ré‑cemment mise en place.
Soutenu par les banques, la Bourse
suisse, la Confédération et les uni‑versités, le Swiss Finance Institute (SFI), présidé par Olivier Steimer, le président du Conseil d’adminis‑tration de la BCV, est le résultat de la fusion entre la Swiss Banking School de l’Université de Zurich et l’institut Fame. Son directeur, le professeur Jean‑Pierre Danthine de l’Institut de banque et finance à l’Ecole des HEC de l’Université de Lausanne, estime que le Swiss Finance Institute « doit devenir la référence européenne et pourquoi pas mondiale en matière de mana‑gement bancaire, de techniques et d’ingénierie financières3. »
Au sein du SFI, les nouveaux mé‑tiers bancaires pourront aussi être stimulés. CeOe institution a en ef‑fet comme ambition, au niveau de la place financière, de dispenser une formation de pointe pour aOi‑rer les talents, d’être une référence dans la formation au management bancaire et à l’ingénierie financière et, de soutenir la recherche pour encourager les compétences ban‑caires et financières.
Références1 IBM Business Consulting Serv‑ices, « The Paradox of Banking 2015 », novembre 20052 Credit Suisse Economic Research, « Les banques face à la mutation des structures, à la désindustriali‑sation et à la crise de croissance », Spotlight, avril 20053 « Swiss Finance Institute, Se po‑sitionner parmi les meilleures for‑mations en Europe », Banque & Finance, janvier‑février 2006
En ce qui concerne les talents humains, il s’agit essentiellement
pour les banques de pouvoir a[irer des spécialistes, notamment
dans les nouveaux métiers bancaires très techniques, qui amè‑
nent une réelle valeur ajoutée aux établissements et leur facili‑
tent ainsi la tâche dans l’acquisition d’une nouvelle clientèle.
GLOBALISATION
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GLOBALISATION
L’OUVERTURE DE LA SUISSE VIS-À-VIS DE L’EUROPE
Micheline Calmy‑Rey, 61 ans, mariée, 2 enfants, 3 petits‑enfants, conseillère fédérale, Vice‑présidente de la Confédération (2006). Formation : Licence en sciences politiques, à l’Institut de Hautes Études In‑ternationales de Genève, en 1968. Parcours politique : Militante de la première heure, elle s’est toujours engagée en faveur des femmes. «Les droits de l’homme sont aussi ceux de la femme!» Entrée au Parti socialiste genevois en 1979, elle le présidera pendant 2 périodes. De 1981 à 1997, elle est députée au Grand Conseil de la République et Canton de Genève. En 1997, elle est élue au Conseil d’État genevois, qu’elle préside pendant l’exercice 2001‑02. Le 4 décembre 2002, elle est élue au Conseil fédéral. Depuis le 1er janvier 2003, elle est à la tête du Département fédéral des affaires étrangères (DFAE).
L( S$+yy. z. peut échapper à son destin géographique et, de ce fait, l’ouverture a pour elle avant tout une connotation européenne. L’Union européenne (UE) est notre principal partenaire, tant sur les plans économique et politique que social et culturel. La Suisse figure en effet au rang des trois plus im‑portants partenaires commerciaux de l’UE avec la Chine et les Etats‑Unis : 80% de nos importations proviennent de l’UE et nous y ex‑portons 60% de nos produits ; un franc sur trois est gagné dans l’UE. 180’000 frontaliers viennent cha‑que jour travailler en Suisse, sans lesquels des économies comme cel‑
les de Genève ou de Bâle ne pour‑raient fonctionner. Sans oublier les 800’000 ressortissants de l’UE qui résident et souvent travaillent en Suisse. Sur le plan culturel, trois de nos quatre langues officielles appartiennent aux grands groupes linguistiques européens et de ce fait nous rapprochent de nos voi‑sins allemands, autrichiens, italiens ou français. Que ce soit au niveau culturel, économique ou politique la Suisse est liée à l’UE, ou plutôt la Suisse et l’UE sont interdépendan‑tes. Autant l’une que l’autre, ainsi que leurs citoyennes et citoyens, ont intérêt à collaborer et à faciliter les échanges, quelle que soit leur
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nature.
En 1992, le peuple suisse refusait l’Espace Economique Européen (EEE). Dès lors, le Conseil fédéral s’est engagé sur la voie bilatérale qui s’est peu à peu imposée comme la voie d’une politique d’intérêts pragmatique et fructueuse. Les Ac‑cords bilatéraux I ont été conclus en 1999. Ils font figure, en quel‑que sorte, d’alternative à l’EEE qui aurait permis à la Suisse le plein accès au marché unique. Ces ac‑cords concernent essentiellement l’ouverture réciproque des mar‑chés: ils couvrent les transports terrestres et aériens, les marchés publics, le commerce de produits agricoles, la suppression des obs‑tacles techniques au commerce, et surtout la libre circulation des per‑sonnes. Sans oublier la participa‑tion de la Suisse aux programmes de recherche de l’UE.
Grâce à ces accords, les entrepri‑ses suisses ont aujourd’hui de meilleures cartes pour déployer leurs activités à l’échelon européen et ainsi tirer parti de potentielles économies d’échelle. A l’inverse, les entreprises établies dans l’UE obtiennent un meilleur accès au marché suisse, ce qui tend à ac‑croître la concurrence dans les sec‑teurs concernés et ainsi à stimuler la productivité. L’impact le plus important du point de vue écono‑mique, devrait cependant provenir de l’introduction de la libre circu‑lation des personnes. Cet accord élargit de fait le marché suisse du travail au territoire de l’UE, respec‑tivement de l’EEE dans son ensem‑ble. Ce qui signifie non seulement que les entreprises suisses peuvent plus facilement recruter le person‑nel dont elles ont besoin et qu’elles ne trouvent pas en Suisse, mais que les citoyennes et citoyens suisse peuvent aussi aller s’établir et tra‑vailler dans n’importe quel pays de l’UE aux mêmes conditions que les ressortissants européens. La libre circulation représente donc une opportunité pour les Suissesses et les Suisses, qu’ils soient étudiants, salariés ou retraités. Ils sont déjà 370’000 citoyennes et citoyens suis‑
ses à vivre dans l’UE.Enfin, l’intégration pleine et entière de la Suisse à l’Espace européen de la recherche favorisera le dévelop‑pement de savoir‑faire spécifiques, ce qui est primordial pour un pays comme le nôtre qui ne possède pas de matières premières pour garan‑tir sa prospérité.Si la majeure partie des avantages des Accords bilatéraux I se situent au niveau économique, il ne faut pas oublier les conséquences sur le transport routier ainsi que sur l’environnement. L’Accord sur les transports terrestres a permis à la Suisse d’instaurer la redevance poids lourds liée aux prestations (RPLP) de manière concertée avec l’UE. Elle a pour buts de freiner la croissance du trafic routier poids lourds, d’encourager et de finan‑cer le transfert du trafic marchan‑dises sur le rail. En contrepartie, la limite maximale autorisée pour les camions a été augmentée de 28
à 40 tonnes. CeOe augmentation ainsi que la RPLP ont permis une diminution du nombre de poids lourds, ce qui a naturellement en‑traîné une réduction des émissions polluantes. Entre 2000 et 2004, soit après l’entrée en vigueur de l’Ac‑cord sur les transports terrestres, le nombre de camions traversant les Alpes suisses a diminué de 10%, après avoir augmenté de près de 8% par an dans les années 90. Si la tendance constatée sur les trois premiers trimestres de l’année 2005 se confirme, le nombre de ca‑mions traversant les Alpes suisses aura même diminué de 14% à la fin 2005 par rapport à 2000. A plus long terme, la mise en oeuvre des Nouvelles lignes ferroviaires à tra‑vers les Alpes (NLFA) devrait per‑meOre de réduire encore le nombre de camions en transit à travers la Suisse. Le deuxième cycle de négociations bilatérales a abouti en 2004. Les
Accords bilatéraux II permeOent d’étendre la coopération à d’autres domaines dépassant l’objectif d’une ouverture réciproque des marchés. Pour la Suisse, il impor‑tait en particulier de participer aux coopérations de Schengen et de Dublin en matière de sécurité et d’asile. Les autres domaines cou‑verts par les Accords bilatéraux II sont la fiscalité de l’épargne, la luOe contre la fraude douanière, le commerce de produits agricoles transformés, la coopération en ma‑tière de statistiques et d’environne‑ment, la participation de la Suisse aux programmes communautaires de promotion du film européen (MEDIA).
Les accords bilatéraux ont permis à la Suisse de renforcer ses liens avec l’UE, liens qui profitent tant à la Suisse qu’à l’UE. En matière écono‑mique, ils offrent aux entreprises suisses un accès plus facile au mar‑ché européen. Et inversement, les entreprises européennes ont un ac‑cès facilité au marché suisse. En ce qui concerne les revenus de l’épar‑gne, la Suisse participe désormais au système européen d’imposition des revenus de l’épargne. Les col‑laborations dans les domaines de la sécurité (Schengen, luOe contre la fraude) améliorent la sécurité des deux parties. Grâce à cela, la Suisse et l’UE vont renforcer leurs instruments d’entraide judiciaire et d’assistance administrative afin de mieux luter contre la fraude, la contrebande ou la criminalité. La participation de la Suisse au pro‑gramme MEDIA améliore la posi‑tion du cinéma suisse et du cinéma européen. La collaboration scien‑tifique et culturelle sera renforcée par la participation de plein droit aux programmes de formation pour lesquels la Suisse et l’UE vont conclure un accord. La réalité de notre société et de l’environnement sera mieux perçue et connue grâce à la coopération en matière de sta‑tistiques et d’environnement. Cel‑le‑ci nous permeOra, tant au niveau suisse qu’européen, de prendre les meilleures mesures possibles de manière fondée. Finalement, en matière scientifique, grâce aux dif‑
La Suisse figure au rang
des trois plus impor‑
tants partenaires com‑
merciaux de l’UE
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férents accords et collaborations, les pôles suisses et européens se trouvent renforcés.
Les relations entre la Suisse et l’UE n’ont jamais été aussi intenses qu’aujourd’hui. L’UE étant toutefois une entité en constante évolution, il convient de s’interroger régulièrement sur la forme que doit épouser notre relation avec notre principal partenaire. CeOe dernière n’est guère statique, mais doit être vue comme un processus continu et dynamique dont l’objectif final reste la défense des intérêts de notre pays. Afin de mieux cerner ce processus et de se donner les moyens de mener une politique européenne active à même de répondre aux intérêts suisses à l’avenir, le Conseil fédéral adoptera un rapport sur les options en matière de politique européenne. Ce rapport présentera un état des lieux de notre relation avec l’UE et définira les instruments dont peut disposer la Suisse pour faire face aux défis qui apparaîtront dans ce cadre.
Dans l’immédiat, la priorité reste toutefois la mise en vigueur et l’ap‑plication des accords bilatéraux existants. Les Accords bilatéraux I sont entrés en vigueur le 1er juin 2002. Parmi les Accords bilatéraux II, trois d’entre eux sont entrés en vigueur en 2005 déjà. Ce sont les accords sur les produits agricoles transformés, sur la suppression de la double‑imposition des pensions de fonctionnaires de l’UE retraités vivant en Suisse, et sur la fiscalité de l’épargne. L’accord concernant les programmes communautai‑res de promotion du film MEDIA ainsi que celui sur l’environnement sont entrés en vigueur le 1er avril dernier. L’Accord de coopération statistique entrera quant à lui en vigueur le 1er janvier 2007. La mise en œuvre des Accords d’associa‑tion à Schengen/Dublin nécessitera plus de temps. Elle ne devrait pas intervenir avant 2008 compte tenu des dispositions à prendre, notam‑ment l’installation des systèmes in‑formatiques. Aucune date n’a pour l’instant été fixée quant à l’entrée
en vigueur de l’Accord sur la luOe contre la fraude. C’est un accord mixte, ce qui signifie que chaque Etat membre doit le ratifier. Cela prendra donc du temps.
Ces accords ne meOent toutefois pas un point final à notre politi‑que européenne. Des discussions exploratoires ont lieu avec l’UE concernant de nouveaux thèmes bilatéraux dans l’intérêt des deux parties. Il s’agit par exemple du secteur de l’énergie pour lequel les discussions portent sur le transit transfrontalier d’électricité, l’accès réciproque au marché et la recon‑naissance des certificats de garantie pour l’électricité produite à partir de sources d’énergies renouvela‑bles. Il y a aussi le système de na‑vigation par satellite Galileo qui a pour but de réduire la dépendance des Européens vis‑à‑vis du système américain GPS. Dans ce domaine,
la Suisse et l’UE se sont fixé pour objectif une participation de plein droit de la Suisse à ce projet. En matière de santé publique, la Suis‑se et l’UE ont, en maintes occasions déjà, exprimé leur intérêt récipro‑que à renforcer leur coopération avec, à l’avant‑plan, la participation de la Suisse au Centre européen de prévention et de contrôle des ma‑ladies, situé à Stockholm. Ce Cen‑tre soutient la Commission euro‑péenne et les Etats membres dans la prévention et la luOe contre les maladies infectieuses, par le biais de conseils scientifiques indépen‑dants et d’un système d’alerte pré‑coce. L’exemple de la grippe aviaire démontre toute l’importance d’une communication efficace au niveau international. C’est pourquoi il est essentiel que la Suisse et l’UE ins‑titutionnalisent leur coopération. Dans ceOe perspective, la Suisse a participé déjà en 2005 à deux exercices de communication entre autorités sanitaires en situation
d’épidémie. Toujours en matière de santé publique, une coopéra‑tion est également envisagée dans le cadre de l’Autorité européenne de sécurité des aliments implantée à Parme. Finalement, une première analyse montre qu’un accord de libre échange agricole avec l’UE se‑rait globalement avantageux pour l’économie suisse. Il s’agit main‑tenant de sonder les milieux con‑cernés sur l’opportunité d’un tel accord et d’engager des entretiens exploratoires avec l’UE quant à sa faisabilité.
Le but premier du processus d’in‑tégration européen est la paix et la stabilité, construites petit à petit par la collaboration et la solida‑rité. Solidarité intra‑européenne, mais aussi extra‑européenne. Sans elle, ni l’Europe, ni l’UE ne se‑raient sans doute ce qu’elles sont aujourd’hui. Grâce à la solidarité américaine et au Plan Marshall au sortir de la Seconde Guerre mon‑diale, l’Europe de l’Ouest a pu se reconstruire rapidement et connaî‑tre des périodes prospères. Grâce à la solidarité intra‑européenne, notamment aux politiques com‑munautaires de cohésion, de nom‑breux pays de l’UE ont connu un développement important. Ce fut le cas des pays du Sud, mais aussi de l’Irlande dont le PIB par habi‑tant est aujourd’hui l’un des plus élevés. C’est aujourd’hui le cas avec les nouveaux Etats membres en Europe centrale et orientale qui sont dans une phase de raOrapage économique.
La Suisse profite elle aussi de l’élar‑gissement de l’UE. Sur le plan po‑litique premièrement, elle tire parti de la stabilité accrue du continent. L’amélioration des conditions de vie dans les nouveaux Etats mem‑bres de l’UE diminuera également la pression migratoire. Deuxième‑ment, sur le plan économique, la Suisse a tout à gagner de parte‑naires économiques dynamiques. Grâce à l’extension des accords bilatéraux à ces pays, nos entrepri‑ses gagnent un meilleur accès à des marchés en forte croissance.
Il est essentiel que la
Suisse et l’UE institu‑
tionnalisent leur coopé‑
ration
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Parce qu’elle reconnaît toute l’im‑portance du dernier élargissement de l’UE pour la sécurité et le bien‑être de tous en Europe, la Suisse entend octroyer aux dix nouveaux Etats membres de l’UE une contri‑bution de 200 millions de francs par an sur cinq ans. Elle souhaite ainsi participer à la réduction des disparités économiques et sociales dans l’UE élargie. Elle entend ainsi marquer sa solidarité envers l’UE et l’aider à faire de son élargisse‑ment à l’Est, le plus important de son histoire, un nouveau succès. Cet engagement s’inscrira dans le prolongement des importants pro‑grammes d’aide à la transition dé‑ployés par la Suisse dans les pays d’Europe centrale après la chute du Mur de Berlin. La base légale à cet effet est la loi fédérale sur la coopération avec les pays d’Europe de l’Est (LF Est), approuvée par le Parlement à une large majorité en mars dernier.
CeOe contribution de la Suisse n’est en aucun cas un chèque à l’aOention de Bruxelles. Elle n’a aucun lien avec la politique de cohésion de l’UE, puisque la Suisse coopérera directement et de manière bilatéra‑le avec les pays bénéficiaires. L’aide de la Suisse prendra la forme de programmes et de projets concrets, que nous choisirons en étroite col‑laboration avec les pays concernés. Ces projets pourraient concerner par exemple les bourses et les pro‑grammes d’échanges pour les étu‑diants et les jeunes chercheurs. En matière d’environnement, des pro‑jets sont envisageables dans le but de réduire les émissions polluantes provenant de la combustion des énergies fossiles ou d’améliorer le traitement des eaux usées. Dans le domaine de la sécurité, l’accent pourrait être mis sur la modernisa‑tion des autorités policières et ju‑diciaires et sur le renforcement de la sécurité à la frontière extérieure de l’espace Schengen. Un autre do‑maine pourrait être celui du sys‑tème de santé.
Le financement n’engendrera aucu‑ne dépense supplémentaire pour la Confédération. Il sera effectué par
des compensations dans les bud‑gets des Départements fédéraux des Affaires étrangères et de l’Eco‑nomie, éventuellement complétées par les receOes issues de l’Accord sur la fiscalité de l’épargne avec l’UE. L’aide au développement pour les pays les plus pauvres ne doit pas être affectée.
CeOe contribution fait partie in‑tégrale de notre politique euro‑péenne. Elle est indispensable à la réussite et à la poursuite de notre voie bilatérale. Elle prouve que la Suisse est un partenaire fiable, res‑ponsable et solidaire. Elle est dans l’intérêt de la Suisse. Si nous ne pouvons prévoir quelles seraient les conséquences d’un éventuel re‑fus populaire en cas de votation, il est certain que cela desservirait les intérêts de la Suisse.
Les enjeux de nos bonnes relations avec l’UE sont à la fois primordiaux et multiples. Primordiaux, car un franc sur trois est gagné à travers nos relations avec l’UE. Multiples, car de nombreux domaines de la société sont concernés : l’environ‑nement, l’emploi, la sécurité, la santé, etc. A l’heure actuelle, on ne peut imaginer un quelconque pays qui soit prospère tout en vivant en autarcie. Ceci est particulièrement vrai pour la Suisse qui doit beau‑coup de sa prospérité aux échanges avec ses voisins. Toute la question réside dans le type et l’intensité des liens avec l’extérieur. Des relations qui ne seraient qu’économiques ne sont pas suffisantes pour garantir le bien‑être et la prospérité. Une
coopération dans le sens le plus large du terme est tout autant né‑cessaire. Comment de nos jours faire face à des épidémies telles que le syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS) ou la grippe aviaire sans une coordination et une coo‑pération internationale ? Comme luOer contre la criminalité ou le terrorisme sans une collaboration internationale ? Seule la coopéra‑tion permet de luOer efficacement contre ces dangers. De la même fa‑çon, les problèmes environnemen‑taux ne trouvent pas de solutions strictement nationales. Il suffit de penser à la pollution atmosphéri‑que ou à la qualité des eaux. Nous pouvons bien évidemment prendre des mesures ponctuelles afin de di‑minuer les gaz d’échappement ou de réduire les rejets de phosphates. Mais, à long terme, il faut trouver des solutions à l’échelle internatio‑nale. Pour cela, il faut nous coor‑donner avec nos voisins et trouver ensemble des solutions viables, comme ce fut le cas pour l’Accord sur les transports terrestres.
Dans une société de plus en plus globalisée, les problèmes le sont aussi. Ils nous poussent à trouver des solutions internationales. Pour la Suisse, ces solutions se situent dans une large mesure au niveau européen. La coopération avec l’UE est donc dans l’intérêt vital de la Suisse. Elle ne signifie pas la per‑te de notre souveraineté, mais une ouverture contrôlée, indispensable à notre prospérité. Le Conseil fédé‑ral a toujours œuvré dans ce sens, et continuera de le faire à l’avenir.
La Suisse entend octroyer aux dix nou‑
veaux Etats membres de l’UE une con‑
tribution de 200 millions de francs par
an sur cinq ans.
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GLOBALISATION
UN MONDE À GLOBALISER
Louis Maja est étudiant en 3ème année de management à l’école des HEC de Lausanne. Vice‑président de l’AIESEC de Lausanne, il a été le lauréat du con‑cours « Echos Money ». La Junior En‑treprise lui réitère ses félicitations !
L. �%#�',-. ~%,y en vogue de la globalisation mérite certaines dis‑cussions. Elle évoque une multitu‑de de choses, et si quelques happy few peu versés dans les lectures de Huntington ou Fukuyama s’en co‑gnent, elle apparaît au plus grand nombre comme une guerre impla‑cable qu’il est important de pou‑voir maîtriser. D’autres arguent qu’il suffirait de la comprendre pour mieux la vivre, en tout cas dans notre paisible Suisse et tout autour.
Y a‑t‑il une différence entre mon‑dialisation et globalisation ? Au lendemain de l’anniversaire de
son fils, une ménagère de cin‑quante ans, une femme souriante et bien en chair, apprend qu’au coin d’un boulevard de son quar‑tier se construit un restaurant, un MacDonald’s. Mondialisation ou globalisation ? Si j’avais écrit ; au lendemain de l’anniversaire de son fils, une ménagère dans la fleur de l’âge, apprend que sur un boule‑vard très fréquenté de son quartier, défile un cortège de manifestants islandais protestant contre la po‑litique tarifaire sur l’huile de foie de requin. Qu’en est‑il ? L’emploi de ces deux termes est de plus en plus courant, et ils sont souvent confondus. Ils affectent l’ensemble
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de notre société, et sont la cause de sentiments passionnels à l’égard de ce qu’ils désignent. Tous deux sont devenus des phénomènes incon‑tournables des relations interna‑tionales, pourtant il est difficile de distinguer la différence entre eux. Nous avons trop souvent enten‑du les plaintes des ennemis de la mondialisation et de la globalisa‑tion, qui puisent certaines de leurs frustrations dans le non‑respect gé‑néral de l’environnement ou dans l’antiaméricanisme. Ces ennemis se trouvent au quatre coins du monde et ne partagent pas les mêmes va‑leurs, sauf peut‑être celle d’être contre ces ordres qui gouvernent le monde. Reprenons : mondialisa‑tion ou globalisation ? La distinc‑tion a‑t‑elle un sens dans la mesure où l’une est la traduction de l’autre, expression utilisée par les anglo‑saxons ? Pour certains utilisateurs érudits de l’Internet, la mondiali‑sation représente aujourd’hui en quelque sorte l’extension des re‑lations et des échanges internatio‑naux à l’échelle du monde, qui sont la conséquence de l’accroissement des transports et des communica‑tions. La globalisation, quant à elle, met l’accent sur les modalités de réalisation du phénomène. Il s’agit donc de l’intégration des principes, des méthodes, des produits et des techniques qui en assurent la réus‑site. Néanmoins, malgré les défini‑tions proposées par les serials in‑formateurs du Net, ces deux mots sont employés à la même sauce et les professeurs d’université ne s’en formalisent pas. La voix suprême académique a parlé. Elle tranche : mondialisation et globalisation, c’est pareil. Peut‑être qu’un bref retour histo‑rique s’impose. Quand est‑ce que la mondialisation naquit‑elle ? Il n’y a apparemment pas de con‑sensus. On lui aOribue une date de naissance qui correspond aux premières heures du capitalisme européen qui prit son essor dans le seizième siècle. Plus tard, le dé‑veloppement des multinationales à la fin de la Seconde Guerre Mon‑diale, l’émancipation des colonies, la chute du mur de Berlin et l’In‑ternet ont contribué au mouve‑
ment…Tout au long du processus de formation, les nouveautés qui ont accru l’échange global sont les suivants : l’émergence depuis ces derniers cinquante ans d’états souverains très dépendants, l’ex‑plosion démographique et les mi‑grations, la diffusion de la culture et des arts, la mobilité croissante, et le développement de réseaux dans le monde.
La mondialisation dérange‑t‑elle ? Les altermondialistes, entre autres, scandent à grands coups de bande‑roles multicolores que l’écart entre pauvres et riches se creuse, que l’on dénombre un nombre croissant de produits américains tels que les films ou la musique sur le marché mondial. Il est aussi prédit par les mêmes protagonistes que l’une des conséquences de la globalisation sera la fin de la diversité culturelle, et le triomphe d’une culture unique qui profitera aux entreprises et or‑ganisations transnationales. Dans ce monde‑ci, tout le monde boit Coca‑Cola, rêve de Pamela Ander‑son et s’alimente chez le nouveau traiteur du quartier : l’ami de tous, Macdonald’s. Les contestataires sont opposés à une société inte‑ragissant avec le reste du monde, particulièrement avec les Etats‑Unis et la Grande Bretagne qui, à leurs yeux, font figure de cataly‑seurs hard de mondialisation. Le retour aux valeurs traditionnelles en matière de mœurs et la purifi‑cation culturelle (alimentation et vêtements par exemple) est l’idéal qu’ils prêchent. A leurs côtés figu‑rent les mollahs et islamistes qui résistent encore et toujours à l’en‑
vahisseur, à savoir l’occidentalisa‑tion de la planète. Récemment, le boycoO de produits danois a remis au goût du jour le fameux clivage qui existe entre deux mondes, ce fameux Clash of Civilizations auquel on croit ou non. Ainsi, au‑delà de l’argument politico‑économique des marxistes et des altermondia‑listes s’ajoute l’idéologie d’une ci‑vilisation en guerre contre les prin‑cipes de globalisation assimilée à une invention judéo‑chrétienne farouche. On citera aussi le cas du plombier polonais qui, au dire des dignes garants du protectionnis‑me de l’intégration économique, menace le métier de ses collègues français. Ainsi, les arguments fu‑sent de toute part et ne sont pas prêts de s’arrêter. Tout ce qui tou‑che à l’étranger en Suisse est perçu comme une menace latente qui vise à l’insécurité sociale, économique sans oublier la paix au travail. La presse relaye les échos angoissants de certains et de ce fait aOise le feu. Amalgames ?
La globalisation aOise les conflits religieux, nationalistes et la luOe des classes. Mais le principal pro‑blème, selon des économistes tels que Daniel Cohen1, réside dans le fait qu’ « elle ne tient pas ses pro‑messes. » Elle modifie les aOentes de la population mondiale qui la considère comme un fait accompli. Or, c’est parce qu’elle n’ « advient pas, et non pas parce qu’elle est déjà accomplie, que la mondiali‑sation aiguise les frustrations. » L’Afrique, dont la population dou‑blera d’ici 2050 malgré des condi‑tions misérables, est victime de la globalisation parce qu’elle est trop peu touchée par elle. Il est assez évident d’observer et de croire que de plus en plus d’Etats‑nations s’organisent au même titre que les individus sur des schémas de fournisseurs‑clients, relations qui ont tendance à devenir exclusives, engendrant les concentrations et les distorsions commerciales, ce qui est le cas avec l’Afrique tou‑jours et encore. Pour preuve, il est plus facile de commercer avec ses voisins et moins coûteux de créer son entreprise là où les économies
Dans ce monde décrié
par les altermondialis‑
tes, tout le monde boit
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l’ami de tous, Macdo‑
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d’échelle sont moindres…Les pays européens commercent plus vo‑lontiers et plus facilement avec leurs voisins de l’union, à cause de l’homogénéité des préféren‑ces et des goûts dans les produits semblables. L’ « ancienne » mon‑dialisation qui consistait en un commerce de produits très diffé‑rents entre pays dissemblables du temps du colonialisme représente une part infime dans les échanges internationaux aujourd’hui. Les économies d’échelle citées pré‑cédemment jouent également un rôle (dans la liOérature économi‑que, on les qualifie d’internes par opposition à externes) ; une entre‑prise telle que Patek Philippe a‑t‑elle intérêt à s’établir en Tanzanie ? L’idée est la suivante : l’entreprise se retrouverait dans un espace où il n’existe pas une grande industrie horlogère. Elle ne jouirait plus de l’approvisionnement efficace en services, machines et technologies de pointe à moins de coûts exor‑
bitants. En comparaison, la Suisse apparaît toujours, malgré les nom‑breux concurrents, comme un pôle d’aOractivité ; il y a une diffusion du savoir exceptionnelle au sein des clusters, et du fait de la proxi‑mité des entreprises et des four‑nisseurs, les coûts sont réduits et demeurent bien plus intéressants
que ceux engendrés dans le cas où l’entreprise déménagerait. Y a‑t‑il alors vraiment un intérêt particu‑lier à s’installer ailleurs ? Ration‑nellement non. De ce fait et pour d’autres raisons qui dépassent le cadre d’une analyse sommaire, la mondialisation a provoqué un malentendu, ce qui fait qu’elle est incapable de réaliser les aOentes de populations pauvres. Outre les opposants cités plus haut, il existe encore à ce jour énormément d’obs‑tacles à celle‑là, dont la corruption, les intérêts de groupes minoritaires et même de certains pays entiers, qui se traduisent par des tarifs, des quotas et barrières techniques parfois affreusement superflues, et qui vont à l’encontre des souhaits de l’OMC. Il est donc intéressant de voir la globalisation comme un malentendu global qui peine à pa‑raître comme la meilleure solution possible à un monde en perpétuel questionnement.
Il existe encore à ce jour
énormément d’obsta‑
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certains pays entiers,
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Il est tentant d’invoquer la com‑munauté de destin. Ceci est discu‑table à souhait. Il s’agit de l’adage employé par les partisans de l’union monétaire européenne qui, face aux chocs asymétriques liés à une monnaie commune dans les pays membres et à une politique unique en matière de change, re‑commandaient d’accepter les ef‑fets parfois indésirables pour une cause meilleure : la construction de l’Union Européenne. Les re‑proches que certains adressent à la mondialisation ne la concer‑nent pas toujours entièrement. Les riches deviennent de plus en
riches, les pauvres de plus en plus pauvres ; le cantique est actionné et le tableau affreux de la réalité humaine apparaît au grand jour, plus sombre que jamais. Sont‑ce les acteurs de la mondialisation les principaux responsables ? Po‑sons la question autrement : de qui parlons‑nous ? Qui sont les acteurs de la mondialisation ? La réponse est : aujourd’hui tout le monde est concerné. Et tous ceux qui sont à l’origine d’une politique de protec‑tionnisme et des lobbies favorisant des industries mal gérées, mouran‑tes et peu efficaces, et quiconque, parmi nous, ayant eu ne serait‑ce
qu’une seule fois une pulsion égo‑ïste à faire valoir un intérêt person‑nel arbitraire ou non par rapport à l’étranger, scandant les grandes phrases d’un discours nationaliste ou religieux, sont aujourd’hui res‑ponsables de l’échec de la libérali‑sation et de la globalisation. Criti‑quer les multinationales et le mode de vie américain rappelle à l’esprit que rares sont ceux qui balayent devant leur porte avant de regar‑der la poudre de leurs voisins.
Référence1 Les ennemis de la mondialisation (Grasset), Daniel Cohen
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Le Secret Bancaire & les accords bilatéraux avec l’Union Europénne : état des lieux
Les grandes banques suisses et no‑tamment les banques de gestion de fortune ont annoncé ceOe année d’excellents résultats financiers. Au‑delà de l’exubérance de cer‑taines primes aOribuées par de grands groupes à quelques colla‑borateurs privilégiés, le secteur fi‑nancier emploie en Suisse environ 150’000 personnes1 et représente une part importante de notre éco‑nomie. Quel rôle faut‑il aOribuer aujourd’hui au secret bancaire dans
ceOe prospérité du moment et quel impact nos relations avec l’Union européenne vont‑elles avoir sur le secret bancaire et sur le secteur financier suisse dans les années à venir?
Au‑delà de réactions émotionnelles qui lui sont favorables ou hostiles, le secret bancaire et ses enjeux sont souvent mal compris.
Retour aux sources du secret bancaire suisse
Contrairement à une idée large‑ment répandue, le secteur bancaire suisse ne s’est pas construit sur le
GLOBALISATION
DISCUSSION AUTOUR DE LA LEVÉE DU SECRET
BANCAIRE EN SUISSE
Pierre Schneider, Docteur en droit, est actuellement membre de la di‑rection d’American Express Bank à Genève et responsable « complian‑ce » de l’ensemble des activités financières et non financières du groupe American Express en Suisse ainsi que des activités de gestion de fortune de la compagnie à Monaco, Guernsey et Dubaï. Précédemment, il était en charge du départment « compliance » du groupe BNP Paribas pour l’activité gestion de fortune à Genève. Auparavant, il a créé le départe‑ment juridique et « compliance » de la banque Heritage en Suisse.
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secret bancaire.La naissance juridique du secret bancaire remonte à 1934, en pleine tourmente économique et politi‑que. L’institution est donc apparue bien après la fondation des grandes banques de gestion du pays dont la réputation était alors internationa‑lement établie.Si le secret bancaire a certaine‑ment contribué au développement de la place financière suisse, bien d’autres pays ont depuis lors adop‑té une institution comparable.Si l’on ajoute à ceOe concurrence les aOaques soutenues à l’encontre de la Suisse et de la confidentialité de ses banques, l’avantage concur‑rentiel du secret bancaire suisse doit être aujourd’hui relativisé.
Qu’est‑ce que le secret ban‑caire ?
Il s’agit simplement du secret pro‑fessionnel du banquier.La violation de ce secret entraîne des sanctions renforcées et expres‑sément prévues par la loi bancaire suisse2. En substance, la sanction pénale d’une violation du secret profes‑sionnel dans le monde bancaire est plus lourde que dans d’autres sec‑teurs de notre économie.La loi bancaire suisse lui consacre un article particulier : l’article 47 LB. Il ne s’agit donc pas d’une boîte noire….
Le secret bancaire et « l’ar‑gent du crime »
Le blanchiment d’argent sale est une notion relativement nouvelle. Elle remonte à une époque où les difficultés rencontrées dans le com‑bat contre les cartels de la drogue ont amené notamment les Etats‑Unis à revoir leur stratégie et à se concentrer sur les flux financiers des organisations criminelles plu‑tôt que sur une répression armée peu efficace du trafic de drogue .Aujourd’hui, la notion a une signi‑fication plus large et se réfère à tout argent d’origine criminelle. Cer‑tains pays ont accusé le secret ban‑caire de favoriser le blanchiment d’argent sale. Qu’il s’agisse d’ac‑
cusations malveillantes ou d’une sincère volonté de luOer contre la criminalité, la législation suisse en matière de luOe contre le blanchi‑ment d’argent est aujourd’hui con‑forme aux standards internatio‑naux3 en la matière et les aOaques à son encontre ne se justifient pas.
Concrètement, la Suisse exige de ses institutions financières une identification formelle des ayant droits économiques finaux des fonds déposés sur leurs livres ainsi qu’une connaissance approfondie de leur activité professionnelle. Le tout doit être consistent et suffisam‑ment précis pour que le banquier ait une vision claire des affaires de son client.Les sociétés « boîtes aux leOres », incorporés dans des centres dits « offshore », ne peuvent donc pas occulter la source des fonds qu’el‑les déposent en Suisse. Les ban‑ques ont d’ailleurs l’obligation de dénoncer les situations douteuses dans le cadre de la luOe contre la criminalité, le terrorisme et le blan‑chiment d’argent sale.Enfin, une autorité suisse peut exi‑ger d’une banque établie en Suisse toute information et ordonner le blocage d’un compte dans le ca‑dre d’enquêtes criminelles menées indifféremment en Suisse ou à l’étranger. Néanmoins, les autorités suisses sont un passage incontournable de toute investigation sur territoi‑re suisse. Il s’agit là d’une mesure de souveraineté identique à celle que l’on trouve dans les pays de l’Union Européenne.Malheureusement, le problème est international et touche la plupart des Etats sous des formes très di‑verses. Les techniques de blanchi‑ment se sophistiquent au gré des mesures de luOe que les Etats et organisations internationales en‑treprennent. Aujourd’hui, la Suisse n’offre pas d’aOrait particulier en matière de blanchiment.
La Suisse et la fiscalité de l’Epargne Européenne
Nous nous rapprochons de l’enjeu.L’Union européenne a adopté une
directive4 intra‑communautaire sur l’épargne incluant un échange automatique d’informations entre autorités fiscales européennes: l’in‑formation relative aux revenus de l’épargne produits dans un pays A est ainsi mécaniquement transmise au pays B.Seuls trois pays font exception : l’Autriche, la Belgique et le Luxem‑bourg qui appliquent un système d’impôt à la source et préservent ainsi leur secret bancaire.Afin d’éviter un quelconque con‑tournement du système, l’Union européenne a en outre conclu avec la Suisse un accord spécifique à la fiscalité de l’épargne européenne.Cet accord fait parti du second paquet d’accords passés entre la Suisse et l’Union européenne dans le cadre des accords bilatéraux.
Afin de mieux comprendre l’en‑jeu, il est important de revenir sur quelques notions, ici vulgarisées, de nature fiscale. En effet, la Suisse fait une distinction entre la fraude et la soustraction fiscale. La nuance est d’importance et propre à notre pays. La soustraction fiscale est, au sens du droit suisse, une dissimulation d’éléments de revenus ou de for‑tune. La fraude fiscale implique l’usage de faux dans les titres in‑duisant le fisc en erreur ou tout autre astuce suffisamment caracté‑risée pour constituer une forme de fraude fiscale.Cependant, la Suisse considère la soustraction fiscale comme une in‑fraction administrative pénale aux conséquences limitées et exclut par conséquent la levée du secret ban‑caire dans le cadre de l’entraide in‑ternationale. Au contraire, la frau‑de fiscale est considérée comme un crime et implique la levée du secret bancaire, notamment dans le cadre de l’entraide internationale. Ce que l’on reproche aujourd’hui à la Suisse, c’est son approche différen‑ciée de l’infraction fiscale.
Au terme des négociations Bilaté‑rales II, la Suisse et l’Union euro‑péenne ont convenu d’un système de prélèvement à la source des re‑venus générés par l’épargne des ti‑
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tulaires de comptes en Suisse dont la résidence fiscale est située dans un pays de l’Union européenne5.
Le taux d’imposition est forfaitaire et ne concerne que les intérêts de l’épargne. De 15% aujourd’hui, il passera à 20% en 2008 et finale‑ment à 35% en 2011. Le fruit de ces prélèvements est en majeure par‑tie reversé à l’Union européenne (75%). Au terme des six premiers mois d’existence de l’accord, CHF 138 millions ont été ainsi générés dont CHF 103 millions ont été re‑versés à l’Union européenne.
Les ressortissants de l’Union euro‑péenne ont cependant la possibi‑lité de se voir imputer le montant de la retenue d’impôt par l’autorité fiscale de leur pays de résidence sur présentation d’une aOestation de retenue de l’impôt. Il convient de préciser que l’accord ne touche que les personnes physiques et non les sociétés. Dans le cadre de cet accord, la Suisse accordera l’assis‑tance administrative aux pays de L’Union européenne, à l’exclusion du cas de soustraction fiscale. L’ac‑cord pourra être revu ultérieure‑ment mais pas avant 2013.
Quel avenir pour la gestion de fortune face à l’Union Européenne ?
Dans le secteur bancaire suisse et indépendamment de la hausse des marchés financiers, la croissance de la gestion de fortune privée a été bonne ces dernières années malgré les multiples aOaques à l’encontre de son secret bancaire et des importantes concessions que la Suisse a dû faire dans le cadre notamment des accords bilatéraux avec l’Union européenne ou précé‑demment avec les Etats‑Unis.
Si l’on met en perspective le fort développement de la gestion de fortune en Suisse aujourd’hui et le récent « affaiblissement » du secret bancaire, il y a certainement plus à dire sur le succès de la place finan‑cière que de le limiter à une insti‑tution.
L’importance du secret bancaire n’est peut‑être aujourd’hui plus aussi décisive pour les banques suisses qu’il n’y paraît. Cela ne veut certainement pas dire qu’il est dépourvu de substance. La seule protection de la sphère privée de chacun est une réelle préoccupa‑tion dans un univers où les moyens technologiques permeOent de con‑trôler, de cibler ou de nuire à tout individu ou société.
La Suisse n’a pas aOendu le secret bancaire pour développer une ex‑pertise reconnue en matière de gestion de fortune. La stabilité éco‑nomique, sociale et monétaire du pays a par ailleurs toujours consti‑tué des facteurs favorables aux af‑faires bancaires. La banque de ges‑tion en Suisse a ainsi vécu plusieurs décennie de prospérité sans soucis majeur de renouvellement, capita‑lisant sur sa réputation, son exper‑tise et sur la légendaire discrétion de ses banquiers. Cependant, com‑me le souligne une célèbre phrase de la « Mégère apprivoisée » de William Shakespeare : «celui qui croit que le monde tourne en rond est étourdi». Le succès aOire les convoitises.
Ainsi, le secteur de la gestion de fortune s’est transformé en Suisse et les résultats de ceOe nouvelle dy‑namique sont au rendez‑vous. Les aOaques contre le secret bancaire, justifiées ou non, font certainement parties des raisons de ceOe remise
en question. A ce titre, elles ont été bénéfiques.Cependant, la concurrence se dur‑cit et la bonne tenue des marchés ne sera pas perpétuelle. On aOend certes des modifications législati‑ves imminentes qui devraient ra‑jeunir le cadre réglementaire suisse actuel aux besoins du secteur ban‑caire6. La concurrence se joue aussi à ce niveau. La Suisse est ainsi confrontée à une compétition tout azimut qu’elle ne pourra contenir qu’au travers d’un effort d’adapta‑tion et d’innovation permanent.
Références1 « Le secteur bancaire suisse », Compendium Edition 2006, Asso‑ciation suisse des banquiers2 Article 47 LB : les sanctions maxi‑males sont la prison pour six mois au plus ou d’une amende maxima‑le de CHF 50’000.‑.3 Notamment les 49 recomman‑dations du GAFI relatives au blanchiment d’argent sale et au financement du terrorisme (www.fatf‑gafi.org)4 Directive européenne 2003/48/CE5 L’Accord sur la fiscalité de l’épar‑gne entre la Suisse et l’Union euro‑péenne est entré en vigueur le 1er juillet 2005. Un ensemble de règles interprétatives à l’aOention des « agents payeurs » (les banques no‑tamment) ont été émises par l’AFC afin de préciser les contours de cet accord sur la fiscalité de l’épargne. 6 On peut notamment citer les tra‑vaux qui sont en cours : l’actuelle Loi fédérale sur les fonds de pla‑cement qui devrait être prochaine‑ment remplacée par la Loi fédérale sur les placements collectifs de ca‑pitaux, plus moderne, ou la rati‑fication de la convention conclue à La Haye en 1985 relative à la loi applicable au trust et à sa recon‑naissance.
Contrairement à une idée largement répandue, le secteur bancaire
suisse ne s’est pas construit sur le secret bancaire
DROIT
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DROIT
LA CONSTITUTION EURO-PÉENNE ET SES IMPLICATIONS
POUR LA SUISSE
Roland Bieber est professeur ordinaire et titulaire de la «Chaire Jean Monnet» à la fa‑culté de droit de Lausanne depuis 1991. Il a enseigné, entre autres, à l’Institut Univer‑sitaire Européen de Florence, au Collège d’Europe à Bruges et à l’Université de Saar‑brücken où il a reçu son Habilitation à l’enseignement universitaire pour les branches de droit public, droit international public, droit européen et droit comparé.Originaire d’Allemagne, il a travaillé pendant de nombreuses années au service du Parlement européen, notamment comme conseiller juridique de celui‑ci et comme conseiller personnel de deux présidents.
L’entrée en vigueur de la «Consti‑tution pour l’Europe», signée le 29 octobre 2004 par les représentants des 25 Etats membres de l’Union européenne, n’apportera point de révolution, tout en constituant cependant un acte d’importance symbolique et pratique. Même sans ceOe Constitution, l’Union européenne dispose déjà d’un droit constitutionnel.
En effet, le processus d’intégration européenne, les multiples réfor‑mes des traités, l’activité législa‑tive et judiciaire des institutions de l’Union ont créé un ordre juridique autonome qui confère des droits
et des obligations aux Etats mem‑bres, mais également aux citoyens de l’Union. Deux éléments propres à ce processus sont le principe de la primauté du droit communautaire sur le droit national, ainsi que celui de l’application directe des traités et d’une partie de la législation à ses citoyens.
La jurisprudence de la Cour de justice de l’Union a notamment mis en lumière des principes juri‑diques qui caractérisent un ordre juridique constitutionnel, comme par exemple le principe de la hié‑rarchie des normes, la création et l’organisation d’un pouvoir public
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communautaire, l’établissement d’une structure quasi‑fédérale avec répartition des compéten‑ces, l’indépendance des tribunaux communautaires dont la jurispru‑dence doit être respectée par les cours nationales, l’expression et la protection des valeurs telles que les droits fondamentaux.
Formellement, la nouvelle Consti‑tution est destinée à se substituer aux traités qui établissent actuel‑lement encore les fondements de l’Union européenne, notamment le Traité sur l’Union européenne et le Traité instituant la Communauté européenne.
Mais dans les faits, la Constitution donne un cadre plus transparent et plus visible à l’ordre juridique de l’Union. Elle confirme l’acquis tout en le modernisant et en ren‑dant l’Union plus démocratique, notamment par une meilleure ré‑partition des aOributions entre les institutions.
D’importantes parties de la Cons‑titution ne font que consolider la jurisprudence et la pratique insti‑tutionnelle. On cite, à titre d’exem‑ple, la reconnaissance formelle du principe de primauté de droit euro‑péen par rapport au droit interne des Etats membres. Le fait que ces précisions soient inscrites dans la Constitution leur octroie une noto‑riété supplémentaire et ceci même si les procédures de ratification ne sont pas terminées.
Aussi en ce qui concerne le droit matériel de l’Union, la Constitu‑tion maintient pour l’essentiel l’ac‑quis qui se trouve actuellement dans le Traité CE. Afin de pouvoir abroger intégralement le Traité CE, les règles de droit matériel (marché intérieur, droit de la concurrence, droit économique et monétaire) furent réinscrites dans la troisième partie de la Constitution. Lors des référenda, un malentendu a été dé‑clenché en France et au Pays‑Bas portant sur le fait que la décision sur la Constitution impliquait aus‑si une décision sur ces domaines de droit matériel. Or, le refus de
la Constitution entraîne nécessai‑rement le maintien du Traité CE et constitue en conséquence un vote conservateur.
L’entrée en vigueur de la Constitu‑tion dépend de l’accomplissement des procédures de ratification dans les 25 Etats membres de l’Union européenne. Bien qu’en date du 1er avril 2006, 15 Etats membres repré‑sentant la majorité des Etats et des peuples de l’Union, aient accompli leur procédure de ratification, l’en‑trée en vigueur de la Constitution n’est pas encore certaine. En effet, dans deux Etats (France, Pays‑Bas), le résultat des référenda sur la ra‑tification de la Constitution a été négatif. Or, selon son article 447, la Constitution ne peut entrer en vi‑gueur qu’après le dépôt des instru‑ments de ratification par tous les Etats membres (soit 25 Etats).
Toutefois, déjà avant son entrée en vigueur, la Constitution déploie un effet majeur de clarification du droit européen, notamment en matière des droits fondamentaux garantis au niveau de l’Union. Cer‑tes, elle apporte des nouveautés comme par exemple, l’initiative populaire (art. 47), une procédure législative unique (art. 34) ou l’ins‑titution d’un ministre des affaire étrangères qui resteront en suspens jusqu’à l’accomplissement des rati‑fications.
Les institutions européennes et la plupart des gouvernements des Etats membres sont déterminés à continuer le processus de consti‑tutionalisation de l’Union et ceci afin de moderniser et de rendre plus démocratique l’Union euro‑péenne. Certes, l’Union peut conti‑nuer de fonctionner sur la base des textes actuels, mais la complexité de l’appareil institutionnel et de
procédure, les faibles possibilités de participation des parlements et des peuples des Etats membres aux décisions rendent une entrée en vigueur de la Constitution hau‑tement souhaitable. Ironie de l’his‑toire, l’adoption du texte le plus démocratique de toute l’intégra‑tion européenne a été rendue plus difficile par…des décisions de dé‑mocratie directe.
La Suisse est concernée par la Constitution pour plusieurs rai‑sons. Pour autant que la Suisse hésite encore de devenir membre de l’Union, elle se voit pour la première fois reconnaître un droit à «des relations privilégiées» que l’Union, en vertu de l’article 57 de la Constitution, envisage de développer avec les pays de son voisinage. On note avec intérêt que cet espace de prospérité et de bon voisinage «sera fondé sur les valeurs de l’Union». L’idée d’une adhésion à l’Union sous le régime de la Constitution peut apparaître plus aOractive pour ceux qui sont en Suisse plus réticents à entrer dans l’Union européenne : en ver‑tu de l’article 60 de la Constitution, un Etat membre pourra à l’avenir se retirer de l’Union même sans le consentement des autres Etats. Enfin, les adeptes de la démocra‑tie directe trouveront à l’article 47 un instrument pour faire valoir les voix des citoyens auprès des insti‑tutions de l’Union.
Au‑delà de ces aspects ponctuels, on peut constater depuis le début des procédures de ratification de la Constitution, une prise de cons‑cience de l’Union sur les enjeux de l’intégration européenne ainsi que sur l’identité et le destin commun des peuples de l’Union. La Suisse ne peut pas ignorer la réalité qui fait qu’elle fait partie de ceOe iden‑tité et de ce destin. La Constitution européenne accentuera ainsi le choix de la Suisse entre la satellisa‑tion et le rôle actif et responsable comme membre à part entière de l’Union.
La Constitution ne
peut entrer en vigueur
qu’après le dépôt des
instruments de ratifica‑
tion par tous les Etats
membres (soit 25 Etats)
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Dès le deuxième semestre 2007, de nouvelles dispositions du droit des sociétés et de la révision entrent en vigueur. Les nouveautés concer‑nent notamment le droit de la Sàrl, l’obligation de révision dans le droit des sociétés et la surveillan‑ce des réviseurs. Parallèlement, le Conseil fédéral a mis en chantier la prochaine grande réforme du droit des sociétés anonymes.
La fréquence des modifications du doit des sociétés impose de faire le point sur les réformes en cours et à venir. En effet, même les spécialis‑tes du droit des sociétés pourraient y perdre leur latin.
Les modifications présentées ici sont les suivantes avec leur en‑trée en vigueur probable 1. Transparence des indemnités (début 2007)2. Modification de l’obligation de révision en droit des sociétés (mi‑2007)3. Loi sur la surveillance des révi‑seurs (mi‑2007)4. Nouveau droit de la Sàrl (mi‑2007) 5. Petite révision du droit de la SA (mi‑2007)6. Avant‑projet : droit de la SA et droit comptable (Quelques années)
DROIT
ADAPTATION DU DROIT DES SOCIÉTÉS AUX TENDANCES DU
CORPORATE GOVERNANCE
Avocat et associé du cabinet Ernst & Young SA, Olivier Dunant est respon‑sable du conseil juridique en Suisse ro‑mande. Il est spécialiste du corporate governance et du droit des sociétés.
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Obligation de révision
Sous l’influence des tendances actuelles du gouvernement d’en‑treprise, le parlement a modifié le Code des obligations et adopté une nouvelle Loi fédérale sur l’agré‑ment et la surveillance des révi‑seurs (LSR). La réforme vise trois buts :∙ améliorer l’ensemble des pres‑criptions en vigueur en matière de révision,∙ garantir la qualité de l’audit par l’agrément et la surveillance des ré‑viseurs et ∙ régler l’obligation de révision de manière uniforme pour toutes les formes de sociétés.
CeOe nouvelle réglementation con‑tribue à garantir un corporate go‑vernance de qualité. Elle s’inscrit dans la ligne des réformes adoptées aux Etats‑Unis par la loi Sarbanes‑Oxley et dans l’Union européenne avec la 8ème directive.
Les grands traits de la réforme sont les suivants :
• Une réglementation indépen‑dante de la forme juridique de l’entreprise. La différence de traite‑ment entre la SA et la Sàrl (dispen‑sée d’audit) ne se justifie pas.• Quatre catégories d’entreprises, des plus grandes aux plus petites.• Deux types d’audit : le contrôle
ordinaire et la review.• Une surveillance différenciée des réviseurs.• Trois niveaux d’indépendance. Le tableau de l’illustration 1 résu‑me tous les cas de figure, en fonc‑tion de l’importance économique de l’entreprise concernée.
Mêmes règles pour l’audit de la SA et de la Sàrl
Dès 2007, l’obligation de révision ne se fonde plus sur la forme juridique des sociétés. On opère plutôt une distinction entre les sociétés ouver‑tes au public, les entreprises d’une certaine importance économique et les petites et moyennes entreprises (PME). Actuellement, les sociétés anonymes sont soumises à l’obliga‑tion de révision, contrairement aux sociétés à responsabilité limitée. A l’avenir, les mêmes règles seront applicables aux sociétés anonymes, aux sociétés à responsabilité limi‑tée, aux sociétés coopératives, aux associations et aux fondations. Les sociétés de personnes bénéficieront d’un régime particulier.
Le besoin de protection varie se‑lon la taille de l’entreprise. Dans les sociétés ouvertes au public, la révision sert en premier lieu à pro‑téger les investisseurs, alors que dans toutes les autres entreprises d’une certaine importance écono‑
mique, elle est également justifiée par la sauvegarde des intérêts pu‑blics. Dans les sociétés privées en‑fin, la révision peut être dictée par le besoin de protéger les personnes disposant d’une participation mi‑noritaire ainsi que les créanciers. CeOe protection revêt cependant une importance moindre pour les PME, raison pour laquelle la loi prévoit la possibilité d’effectuer un contrôle restreint, voire d’exempter les PME du régime obligatoire (op‑ting out).
Les sociétés ouvertes au public sont tenues de soumeOre leurs comptes annuels et, le cas échéant, leurs comptes consolidés, au contrôle de leur organe de révision. On entend par société ouverte au public toute société faisant appel au marché des capitaux et qui, à ceOe fin, détient des titres de participation cotés en Bourse ou est débitrice d’un em‑prunt obligataire.
Parmi les sociétés d’une certaine importance économique figurent toutes les entreprises qui, au cours de deux exercices successifs, dé‑passent deux des valeurs suivan‑tes : total du bilan de 10 millions de francs, chiffre d’affaires de 20 millions de francs, effectif com‑prenant 50 postes à temps plein en moyenne annuelle. Selon ceOe définition, on estime à 2% le nom‑bre des entreprises suisses d’une
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certaine importance économique. Comme les sociétés ouvertes au public, les sociétés d’une certaine importance économique ont l’obli‑gation de soumeOre leurs comptes annuels (ou comptes consolidés) au contrôle ordinaire de leur or‑gane de révision.
Quant aux petites et moyennes en‑treprises, elles regroupent toutes les sociétés ne remplissant pas les critères visés ci‑dessus. La loi n’as‑treint ces dernières qu’à un contrôle restreint par l’organe de révision et va même jusqu’à dispenser d’une révision de leurs comptes annuels les petites entreprises comptant au maximum dix postes à temps plein, à condition cependant d’obtenir le consentement de tous les associés (opting out).
Le contrôle ordinaire (pour les so‑ciétés d’une certaine importance économique) correspond fonda‑mentalement à l’audit tel qu’il est actuellement pratiqué. Il y a toute‑fois deux nouveautés pour les avis obligatoires : le réviseur doit an‑noncer les violations du règlement d’organisation, qui contient égale‑ment des règles de gouvernement d’entreprise. De plus, l’assemblée générale doit être informée non seulement des violations graves de la loi, mais également si le conseil d’administration omet de prendre des mesures malgré un avertisse‑ment écrit de l’organe de révision.
Contrôle restreint
On introduit, avec le contrôle res‑treint, une forme nouvelle d’audit.
Ce type de révision s’est d’ores et déjà imposé au niveau interna‑tional et correspond à ce que l’on appelle actuellement, d’après les normes d’audit nationales et inter‑nationales, « examen succinct » ou « review ».Ainsi, les entreprises qui renoncent au contrôle en vertu des divers al‑lègements accordés aux PME peu‑vent néanmoins décider de faire ré‑viser leurs comptes à titre facultatif en faisant appel, à ceOe fin, à un réviseur ne satisfaisant pas entiè‑rement aux exigences profession‑nelles imposées (opting down). La nécessité pour les PME de s’adres‑ser à un seul prestataire rend les exigences en matière d’indépen‑dance moins sévères. Ainsi, la col‑laboration de l’organe de révision à la tenue de la comptabilité est‑elle
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autorisée à condition que la tenue de la comptabilité et le contrôle ne soient pas réalisés par le même col‑laborateur. Le cas échéant, l’organe de révision devra le spécifier dans le rapport de révision.
En complément de la modification de l’obligation de révision, la nou‑velle Loi sur la surveillance de la révision (LSR) règle l’agrément et la surveillance des personnes qui fournissent des prestations en ma‑tière de révision. La loi définit les exigences professionnelles mini‑males des réviseurs, afin de garan‑tir la fiabilité du contrôle. A l’avenir, les personnes physiques et les cabinets d’audit, fournissant des prestations en matière de ré‑vision devront être agréés par une nouvelle autorité de surveillance en matière de révision, à créer.
L’entrée en vigueur de la modi‑fication du Code des obligations sur l’obligation de révision et de la LSR est prévue pour le second se‑mestre de 2007. La date sera fixée par le Conseil fédéral lorsque les
ordonnances d’application du nou‑veau droit auront été adoptées. Les nouvelles règles sur l’obligation de révision seront applicables dès l’exercice qui commence avec l’en‑trée en vigueur de la révision ou qui la suit. Ainsi, les comptes de l’exercice 2006 seront révisés selon les règles actuelles.
Autres petites modifications du droit de la SA
Le parlement a modifié le droit de la société anonyme à l’occasion de l’adoption du nouveau droit de la Sàrl. Les nouveautés sont notam‑ment l’abandon de l’exigence pour un administrateur de détenir au moins une action. Les accords bila‑téraux avaient relativisé l’exigence d’une majorité d’administrateurs suisses. Le Code des obligations précise dorénavant que la société doit pouvoir être représentée par un administrateur ou un directeur domicilié en Suisse, même s’il n’est pas de nationalité suisse ou ressor‑tissant d’un état de l’Union euro‑péenne. En outre, la SA peut être
constituée par un fondateur uni‑que. Pour réduire les cas de conflit d’intérêts, les contrats passés entre la SA et son représentant devront être passés par écrit.
Refonte du droit de la Sàrl
Le droit actuel de la Sàrl remonte à 1936. La refonte vise à rendre la Sàrl plus aOrayante. Le nouveau droit permet la constitution d’une Sàrl par un seul fondateur. Le ca‑pital minimal reste à CHF 20’000, comme actuellement, mais le pla‑fond de CHF 2 millions est suppri‑mé. Actuellement, il est nécessaire de passer chez le notaire pour la cession d’une part sociale. Cet in‑convénient est supprimé et un con‑trat écrit sera suffisant. Par manque de place, il n’est pas possible de mentionner de nombreuses autres modifications. Au vu de la liberté d’aménager les rapports internes entre les associés, la Sàrl est une forme qui se prête bien aux joint‑ventures entre deux entreprises.
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Prochaine grande réforme du droit de la société ano‑nyme
Fin 2005, le Conseil fédéral a mis en consultation un avant‑projet de modification du droit de la SA et du droit comptable. L’avant‑projet, qui ne manquera pas de susciter un vif débat, vise quatre objectifs :• le renforcement du gouverne‑ment d’entreprise,• l’adaptation de la structure du capital,• la modernisation des règles de l’assemblée générale et• la réforme du droit comptable.
Par exemple, l’avant‑projet pro‑pose de permeOre de tenir une assemblée générale en plusieurs lieux, à l’étranger, ou par voie élec‑tronique. Il introduit une marge de fluctuation du capital. Pour les sociétés cotées, l’avant‑projet prévoit que les comptes doivent être établis suivant un référentiel comptable, tel que Swiss GAAP
RPC, IFRS ou US GAAP. L’avant‑projet envisage aussi de supprimer l’action au porteur, pour suivre les recommandations du Groupe d’ac‑tion financière sur le blanchiment de capitaux (GAFI). Ce dernier point est contesté, notamment par EconomieSuisse.
Besoin d’action
Parmi les nombreuses modifica‑tions, deux d’entre elles retiennent l’aOention et pourraient influencer la manière dont sont gérées les so‑ciétés suisses. Elles concernent le contrôle interne et la gestion des risques.
D’une part, le nouvel article 663b chiffre 12 du Code des obligations prescrit que l’annexe aux comptes annuels doit contenir des « indi‑cations sur la réalisation d’une éva‑
luation des risques ». Les étapes à considérer sont l’identification des risques, l’analyse des risques puis la planification des mesures. L’or‑
gane de révision doit procéder à un contrôle formel des indications fournies dans l’annexe aux comp‑tes annuels.
D’autre part, l’organe de révision devra dorénavant vérifier s’il exis‑te un système de contrôle interne (art. 728a al. 1 chiffre 3 du Code des obligations révisé). Le législateur démontre ainsi que toute société soumise au contrôle ordinaire doit disposer d’un audit interne.
Le conseil d’administration et la direction des sociétés devraient étudier déjà maintenant la mise en place d’un contrôle interne efficace et d’une politique des risques.
Les grands traits de la réforme sont les suivants :
• Une réglementation indépendante de la forme juridique de l’entreprise.
La différence de traitement entre la SA et la Sàrl (dispensée d’audit) ne se
justifie pas.
• Quatre catégories d’entreprises, des plus grandes aux plus petites.
• Deux types d’audit : le contrôle ordinaire et la review.
• Une surveillance différenciée des réviseurs.
• Trois niveaux d’indépendance.
LUXE
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LUXE
E-LUXURY
Bassel Tabet est assistant de cours et de recherche à l’école des HEC Lausanne. Il participe à la création du cours «Management of Luxury Goods» qui sera proposé aux étudiants de Master dès 2007. De plus, il supervise un mémoire sur le «Luxe et Internet» et coordonne un cours sur «le rôle de la direction générale» dans le cadre d’un programme entre l’EPFL et HEC. Finissant sa licence (Master) en management en décembre 2006, Bassel Tabet a pour objectif de lier sa formation d’économiste aux métiers des Arts et du Luxe.
Opportunité ou menace ?
Au milieu des années quatre‑vingt‑dix déjà, près de 95% des maisons du Luxe avait commencé une réflexion autour d’une éven‑tuelle présence sur Internet. A ceOe époque, la question que les entre‑prises du secteur se posaient était : « Luxe et Internet, opportunité ou menace ? »Dix années plus tard, ce secteur est parvenu à convertir les mena‑ces en opportunités. Cet article a donc pour objectif de présenter les utilisations principales d’Internet comme outil Marketing dans l’in‑dustrie du Luxe.
Au départ, pour les marques dont l’image était synonyme d’excellen‑ce et dont les moyens de distribu‑tion étaient sélectifs, la crainte de détérioration de l’image de mar‑que a ralenti leur entrée sur le Web. Par la suite, ils ont vite réalisé que l’utilisation d’Internet peut être un moyen efficace de s’adresser à des clients potentiels qui seraient inti‑midés par les magasins de luxe ou à ceux qui n’ont pas de points de ventes à proximité. Aujourd’hui, la grande majorité des maisons du Luxe ont réalisé qu’Internet est compatible avec l’image qu’elles véhiculent et ont finalement rejoint la toile. Non seulement l’image de
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marque ne subit pas de déprécia‑tion importante lors d’une présen‑ce sur Internet mais pour certaines cultures, à l’exemple des pays asia‑tiques, elle en est même valorisée. Mais il faut tout de même garder en tête que la notoriété d’une mar‑que se crée essentiellement par l’ensemble des actions Marketing, le site Web ayant pour fonction de reproduire l’image de manière adéquate et de marquer une diffé‑renciation par rapport à la concur‑rence.
Internet permet d’explorer de nou‑velles possibilités graphiques que les moyens de communications ha‑bituels ne peuvent pas reproduire et qui, dans certains cas, répondent à d’autres faceOes du secteur. La personnalisation des produits étant une des caractéristiques du Luxe, l’acheteuse potentielle peut, par exemple, visualiser le sac à main qu’elle désire, avec les couleurs et finitions de son choix afin de se fai‑re une idée plus précise du produit en question. Ce type de prestation reste essentiellement réalisable par le biais d’Internet, d’autant plus que tous les modèles ne sont pas toujours disponibles aux points de ventes.
La toile n’est pas un réseau de dis‑tribution qui correspond à la vente d’un produit dont l’acte d’achat lui‑même est chargé d’affectif, d’émo‑tions et de contact avec le produit. Mais le Web pourrait être un moyen de créer une relation avec une nou‑velle catégorie de clients, la connaî‑tre et la fidéliser. Les marques de prestige encouragent parfois les intéressés à être tenus au courant des nouveautés et événements par une «NewsleOer» sous forme de e‑mail, parfois même personnalisée. CeOe personnalisation est réalisa‑ble grâce à différents questionnai‑res que le visiteur peut remplir lors de son inscription sur le site afin de définir son profil. Ainsi le client ou prospect éprouve un sentiment d’exclusivité et la société parvient à le cerner.Internet est une des clefs de la re‑lation client de demain. La pro‑blématique est de savoir comment
l’utiliser: nouveau canal de vente ou vitrine servant exclusivement d’outil de communication ?
Une vitrine sur Internet : Un outil de communication complémentaire précieux
L’utilisation d’Internet, en tant que vitrine, cible les marques très prestigieuses ne voulant pas com‑muniquer leurs prix et utilisant des moyens de distribution trop sélec‑tifs pour ce rabaOre sur la vente en ligne.
Une des fonctions majeures du Web est l’information menant à la familiarisation avec le produit ou le service. Internet se développe à grande vitesse mais ne suffit pas encore à transmeOre la globalité des messages, émotions et valeurs du Luxe. Cependant, Internet est un outil complémentaire très précieux car il offre une haute précision aux niveaux qualitatif et quantitatif des informations qu’une marque veut et peut transmeOre. Il cultive le savoir du client par rapport aux produits et à l’historique de la mar‑que. La toile permet de fournir de l’information et de l’expertise aux visiteurs et a aussi son utilité dans la phase de persuasion. De plus, si le visiteur du site est déjà client de la marque, la frilosité de ce dernier sera aOénuée et ce moyen de com‑munication pourra encourager le ré achat.
Les menaces liées à la banalisation de la marque amènent les maisons de prestige à utiliser leur site de la manière la plus esthétique pos‑sible, avec de nombreuses vidéos, photos et animations flash. Ceci, parfois accompagné d’une bande son créant une ambiance corres‑pondant à l’image des produits présentés ou à l’image de marque elle‑même. Ces maisons cherchent donc à rendre leur site aussi raffiné que leur image et leurs produits, en meOant un fort accent sur une présentation artistique des collec‑tions.
Pour compenser le fait de ne pas vendre en ligne, ces sites offrent
souvent une localisation des bou‑tiques se situant près du domicile du visiteur pour l’encourager à s’y rendre. Ainsi, le prospect pourra voir, toucher ou encore essayer le produit présélectionné sur le site Web.
Les sociétés de prestige utilisent donc Internet comme vitrine, et pour une part d’entre elles, comme outil de fidélisation client.
La vente en ligne : Plus qu’un nouveau point de vente
Les éléments décourageant les marques prestigieuses à passer à la vente en ligne sont la crainte de dévaloriser la marque, ne pas afficher un prix pouvant varier en fonctions des marchés, la can‑nibalisation des boutiques ou en‑core faciliter le travail des réseaux de contrefaçon. Mais les aOentes des consommateurs sont en train d’évoluer et une personne sur deux aOend d’un site de Luxe de dispo‑ser d’une boutique en ligne. Les raisons de ceOe forte aOente sont propres à ce secteur : la rareté qui peut mener un client à faire plu‑sieurs magasins avant de trouver le produit recherché ou encore comme cité précédemment, la dif‑ficulté que certains clients rencon‑trent à rentrer dans une boutique de Luxe. C’est donc la notion de confort qui encourage la clientèle à faire ses achats sur Internet. De plus, les clients réguliers de pro‑duits de Luxe ne sont plus forcé‑ment à la recherche du sentiment d’exclusivité, transmis par les for‑ces de vente, lors de l’acte d’achat. Ces clients sont donc des acheteurs en ligne potentiels.
Du point de vue de l’entreprise, trois facteurs clefs de succès sont à prendre en compte pour s’aventu‑rer dans ce mode de distribution. Premièrement, une forte image de marque, deuxièmement une distri‑bution rare et contrôlée et finale‑ment un produits fortement désiré des clients comme le sac à main monogramme de Louis VuiOon, par exemple. Sans ces trois facteurs, le succès de ce canal de distribu‑
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tion n’est pas garanti. Ces facteurs sont indispensables mais ne suffi‑sent pas forcemment. Les produits dits “expérientiels” qui nécessitent l’odorat, le toucher ou encore fai‑sant appel à l’imaginaire sont relati‑vement incompatibles avec le Web. Le parfum «Dior J’Adore» qui est un des leader du marché américain fait appel, en toute logique, à l’odo‑rat et est disponible dans toutes les parfumeries, par conséquent, ne se vend pas bien sur Internet.Les sociétés de luxe doivent par‑venir à créer une réelle différentia‑tion face aux boutiques classiques. La stratégie adoptée par les acteurs du secteur est de développer une forte fidélisation des clients. Pour ce faire, la création d’un compte client est devenu la solution usuel‑le. Le profil du client sera défini par un questionnaire proche de ceux des sites vitrines, mais sera agrémenté par des achats effectués en ligne. La maison pourra donc analyser les préférences et désirs des clients pour mieux répondre à leurs aOentes. Les abonnés pour‑
ront bénéficier de promotions, ta‑rifs préférentiels ou d’avants pre‑mières. L’objectif étant de parvenir à simuler la douce ambiance des boutiques accompagnée des pré‑cieux conseils et aOentions d’une vendeuse qui connaît personnelle‑ment la clientèle.Pour ce faire, la maison Dior a crée «Diorboutique.com». Ce site, pour l’instant réservé à la France et bien‑tôt en Grande‑Bretagne, offre plus d’une centaine de produits de la marque. Afin de fournir le plus de confort possible aux visiteurs du site, une assistance téléphoni‑que est prévue pour conseiller et accompagner la clientèle tout au long de l’achat en ligne. Ce site a bénéficié de l’expérience de LVMH dans la vente en ligne, car le grou‑pe leader du secteur détient le site «eLuxury.com», portail de vente en ligne de produits de Luxe. Ce site offre une assistance en direct par téléphone et «chat» afin de réduire les craintes des prospects lors de leurs achats en ligne.
La vente en ligne est donc envisa‑geable par certaines maisons de l’industrie du Luxe, mais reste plus appropriée aux maisons offrant des produits peu expérientiels, à des prix relativement bas pour le secteur et pouvant répondre aux facteurs clefs de succès de ce mode de distribution.
Au fil du temps, les habitudes et aOentes des consommateurs évo‑lueront indéfiniment et seront souvent imprévisibles. La géné‑ration naissant aujourd’hui dans un monde bercé par Internet sera la clientèle du secteur du Luxe de demain. Ceci risque de favoriser le marché de la revente et d’inciter de nouvelles sociétés de Luxe à se créer en utilisant Internet comme seul outil de communication et de vente et cela à moindre frais…
Internet peut être un moyen efficace de s’adresser à des clients po‑
tentiels qui seraient intimidés par les magasins de luxe ou à ceux
qui n’ont pas de points de ventes à proximité
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LUXE
LES NOUVELLES FRONTIÈRES DU LUXE
Linda Abdelli, Analyste Financier, responsable du suivi in‑ternational des secteurs liés à la consommation (hors médias et automobile) à la Banque privée Edmond de Rothschild S:A: à Genève depuis 1998. Elle couvre entre autres le secteur du Luxe avec des valeurs comme LVMH, Hermès, Swatch, Tiffany ou Coach.
Définir le Luxe reste un exer‑cice difficile
D�¤+z+% .z 2000 mots ce qu’est le Luxe est un exercice difficile et pé‑rilleux tant le terme revêt de mul‑tiples faceOes. De quoi parle‑t‑on ? S’agit‑il de joaillerie, d’horlogerie, de maroquinerie, de prêt‑à‑porter, d’automobiles, de palaces, d’un dî‑ner à la table d’un grand chef, de temps libre….Et j’en oublie……
Mais ne nous égarons pas dans des considérations trop éloignées du sujet qui nous occupe. Aux oreilles de l’analyste financier, le
Luxe, avant tout et à l’origine, était synonyme de bijouterie, joaillerie, horlogerie haut de gamme et arts de la table. C’est ce qu’on appelle aujourd’hui dans le jargon le «hard luxury», avec ce côté «solide» com‑me s’il s’agissait des fondements du Luxe….Concrètement, c’est le segment occupé par des groupes comme Richemont ou Bulgari.Puis, progressivement, les contours de la définition du Luxe se sont élargis pour englober des articles à plus large distribution, générant des actes d’achat plus fréquents et s’adressant à une clientèle plus vas‑te (sacs à mains, foulards, luneOes, chaussures, vêtements). C’est ce
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qu’on appelle aujourd’hui le «so� luxury», plus léger, plus frivole, plus facile à remplacer…..On pla‑cera dans ceOe catégorie notam‑ment LVMH ou encore Gucci.
Le Luxe de notre siècle ne s’adresse plus à la même cliente qu’autre‑fois. Jadis réservé à une élite de connaisseurs, il touche désormais aussi bien l’adolescente de 15 ans soucieuse de ressembler à ses ido‑les de magazines que la fameuse ménagère de moins de 50 ans jus‑qu’à la «fashion victim» à l’affût des dernières tendances. Bien en‑tendu, les commandes spéciales et certains objets très haut de gamme restent accessibles seulement à une petite frange de la population.
Les frontières géographiques du Luxe se sont, elles aussi étendues. Aujourd’hui, la plupart des mar‑ques ont un statut mondial qui s’étend des pays industrialisés jusqu’aux marchés dits émergents à l’avenir si promeOeur. Mais, gar‑dons encore et toujours en tête que le Luxe est de tradition européen‑ne et le restera….La construction d’une image de marque ne se fait pas du jour au lendemain. Ceci étant, nous pourrions disserter en‑core longtemps sur ce qui fait le succès d’une marque mais laissons cela aux experts du marketing. En‑tre rêve et subjectivité, la marque «vache à lait» est celle reconnue par le plus grand nombre, symbole d’accession à un nouveau statut.
Quelques éléments de ca‑drage
Il est assez difficile de trouver des chiffres précis concernant la taille du secteur du Luxe. Il s’agirait en tout premier lieu de pouvoir le dé‑finir clairement et nous avons dé‑montré la difficulté de l’exercice. En opérant de nombreux recou‑pements, on estime le marché du Luxe à €85‑€90 milliards. Par seg‑ments, le prêt‑à‑porter, les Parfums et Cosmétiques et la Maroquine‑rie génèrent à eux seuls près des 3/4 du marché. Le reste se répartit dans l’ordre entre les Spiritueux, la Bijouterie‑Horlogerie et les Arts
de la Table. La décomposition par zones géographiques montre la prépondérance de l’Asie, de l’Eu‑rope et des Etats‑Unis. L’analyse la plus intéressant, et surtout la plus pertinente, consiste à décomposer la clientèle du Luxe par nationa‑lité sans tenir compte du lieu où se produit l’acte d’achat. CeOe ap‑proche est bien évidemment plus difficile à meOre en place mais elle reflète de manière plus juste la ré‑partition de la clientèle. Elle prend non seulement en compte l’aspect domestique des achats mais égale‑ment les flux qui sont générés par les dépenses des nombreux touris‑tes qui écument encore le monde afin de s’approvisionner en objets d’ostentation.
Il convient également d’aborder le secteur en gardant à l’esprit qu’il existe des disparités entre les ca‑tégories de produits en termes de croissance et de rentabilité. Ainsi, les articles de maroquinerie et plus généralement les produits en cuir ainsi que la catégorie des accessoi‑res sont les plus rentables avec des marges avoisinant les 30% et des taux de croissance généralement proches des 10%. Viennent ensuite les Montres et la Soie dont les mar‑ges sont de l’ordre de 20%. En re‑vanche, les taux de croissance dif‑fèrent puisque les montres sont sur des tendances de l’ordre de 7%‑8% tandis que la Soie est un segment dont la croissance est faible à moins de 3%. Les Bijoux et Instruments d’écriture dégagent une rentabilité d’environ 15% avec là aussi des di‑vergences en termes de croissance. Viennent ensuite le Prêt‑à‑Porter et les Chaussures dont les marges et les taux de croissance sont équiva‑lent (environ 10% et 6% respective‑ment) mais dont la taille de marché diffère. Enfin, le parent pauvre du secteur reste le segment des Arts de la Table, dont la sénescence fait
aujourd’hui peu de doutes. Globa‑lement, la règle à retenir est que le secteur du Luxe croît en moyenne annuelle sur un rythme de 2x à 3x le PIB mondial.Pour capter le potentiel de toutes ses catégories et se meOre à l’abri des aléas liés à la conjoncture, nom‑bre de groupes ont choisi une stra‑tégie de diversification (LVMH). D’autres restent monomarque avec un nombre de catégories limitées (Hermès).
Dans son ensemble, l’industrie reste fragmentée avec les grands noms qui se taillent la part du lion (LVMH, Richemont, Gucci Group) et toute une constellation de mar‑ques plus petites et souvent spécia‑lisées (Coach, Tiffany, Chanel, Dol‑ce & Gabbana, etc). Par conséquent, il n’est pas inepte d’envisager de nouvelles vagues de consolidation au sein du secteur. A ce titre, Her‑mès et Bulgari font régulièrement l’objet de rumeurs.
Nous avons évoqué furtivement la pertinence de l’analyse de la clien‑tèle du Luxe par nationalités. Celle‑ci prend tout son sens lorsque l’on sait le degré de dépendance du sec‑teur au flux touristiques et elle est valable pour l’ensemble du secteur. Selon une étude publiée récem‑ment par Merril Lynch, les Japonais restaient les principaux clients du Luxe (26%) suivis des Américains (25%) et des Européens (23% hors Russie). On trouve ensuite les Chi‑nois qui représentent seulement 11% des clients d’aujourd’hui. Les Russes représentent quant à eux 6% du total et les Indiens 1%. D’ici 2014, les Chinois devraient avoir pris le dessus et représenter 23% de la clientèle du secteur de‑vant les Américains (22%) et les Japonais (20%). Nous analysons régulièrement les flux touristiques mondiaux pour lesquels de nom‑breuses bases de données fiables existent.Il existe également des données spé‑cifiques à certains segments. Ainsi, l’analyste intéressé par l’étude de Swatch (85% du chiffre d’affaires dans les Montres et la production horlogère) ne fera pas l’économie
Le secteur du Luxe croît
en moyenne annuelle
sur un rythme de 2x à
3x le PIB mondial
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de l’examen des chiffres des expor‑tations horlogères suisses.
Enfin, relevons également l’im‑portance de l’analyse des taux de change pour tout bon analyste qui prétend aborder le secteur comme il se doit. Outre la parité Euro‑Dol‑lar qui impacte les revenus comme les coûts, le Yen entre également en ligne de compte du fait de la structure de la clientèle du secteur. Les couvertures de change opérées par les industriels diffèrent dans leur formes et sont difficiles à ap‑préhender tant du fait de la com‑plexité croissante des instruments utilisés que du manque de commu‑nication financière précise sur les techniques utilisées.
Les outils d’analyse sont posés et nous pouvons désormais nous in‑téresser aux thématiques en vogue dans le secteur à l’heure où nous écrivons cet article.
Les nouvelles frontières du Luxe
A w#$%~ ~.%-., les thèmes à la mode dans le secteur du Luxe re‑lève de considérations monétaires (faiblesse du dollar contre Euro et fermeté du Yen), de potentiels rap‑prochements (avec des cibles com‑me Hermès ou Bulgari) et autres cessions d’activité (LVMH et ses marques secondaires font réguliè‑rement l’objet de débats) ou encore de l’intérêt géographique immé‑diat de telle ou telle zone industria‑lisée. Nous ne développerons pas davantage ces thèmes ici, préférant nous concentrer sur les considéra‑tions de long terme.
La question des nouvelles frontiè‑res du Luxe se pose à plus long terme tant pour sa dimension in‑dustrielle que géographique. Ces dernières années ont vu l’émergen‑ce d’un nouveau type de clientèle aspirant à sa part de rêve et forçant les grands intervenants du secteur à s’adapter (ou non !).
Force est de constater que la clien‑tèle des groupes de Luxe a changé ces dernières années et a mené
l’ensemble du secteur à revisiter plus régulièrement son offre de produits. La cliente du Luxe est de moins en moins fidèle à une mar‑que spécifique mais elle reste néan‑moins exigeante. La concurrence accrue des enseignes de commer‑ce de masse, considérées comme plus bas de gamme, y sont pour beaucoup et ont forcé les indus‑triels du Luxe à offrir davantage de nouveautés sans trop cultiver la rareté (encore chère aux groupes les moins flexibles). Le corollaire direct réside dans l’importance ac‑crue ces dernières années des équi‑pes de création et l’émergence de stars comme Marc Jacobs ou Tom Ford. La nécessité de produire vite et bien a modifié la donne en termes de structures également. L’époque du Made In Europe sem‑ble pour l’essentiel révolue. Sauf quelques irréductibles, les clients actuels y sont probablement moins sensibles, ils sont pour la plupart prêts à sacrifier la qualité pour la quantité, mêlant allègrement un sac à mains Louis VuiOon avec un accoutrement acheté chez H&M re‑haussé d’une ceinture Gucci. C’est ce que, dans le jargon anglo‑saxon, on appellera le «blurring chan‑nel». QuiOe à choquer les oreilles des puristes, la réalité veut que la cliente des enseignes de Luxe se ravitaille aussi dans des enseignes considérées comme plus bas de gamme. L’exclusivité n’est plus à la mode, en tous cas pour la majorité des consommatrices.
En termes géographiques, la Chine semble s’imposer comme le nouvel Eldorado de demain. Cependant, la façon d’aborder le marché diffè‑re selon les groupes. On peut ainsi établir une forme de typologie en distinguant : • ceux dont l’œil reste critique et qui considèrent que le pouvoir d’achat des chinois n’est pas à la hauteur de leurs exigences (Her‑mès). Pour ceux‑là, l’expansion res‑te très contrôlée et cantonnée aux grandes villes.• ceux qui abordent le marché en se focalisant sur le consommateur avide de statut social (LVMH). D’ici moins de 10 ans, les Chinois pour‑
raient bien supplanter les Japonais dans le rôle de premiers clients du Luxe. C’est pourquoi, il convient de s’implanter rapidement afin d’as‑seoir sa marque auprès de clients potentiels dont toute l’éducation est à construire. Cela passe égale‑ment par des initiatives visant à séduire la clientèle touristique qui constitue ensuite un bon véhicule publicitaire de retour au pays.• et ceux qui voient dans la Chi‑ne une opportunité de produire à moindres coûts (Coach). Le revers de la médaille pour ceux‑là réside dans le fait qu’ils pourront diffici‑lement vendre leurs produits aux locaux comme étant des produits de Luxe puisque les Chinois ne sont pas très friands de produits «Made In China» (peur de la con‑trefaçon). Cela dit, c’et le meilleur moyen d’offrir des produits adap‑tés à la demande des clientèles que nous décrivions plus haut (volages et exigeantes en termes de prix).
Il semble prématuré de s’enthou‑siasmer plus que de raison. Même si l’opportunité chinoise existe, elle meOra du temps à prendre de l’ampleur. D’ailleurs, la Russie ou l’Inde pourraient également pré‑tendre à prendre la relève du Ja‑pon. L’Inde se présente comme un marché plus difficile tant parce que les infrastructures nécessaires à des implantations rapides et rentables ne sont pas optimales, que du fait de la spécificité du client Indien (plus soucieux d’exclusivité, plus culturellement sensible à la qualité des produits offerts et plus aOaché à des traditions vestimentaires que ne pourraient l’être des clients Chi‑nois).
Le tour d’horizon est fait et il serait prétentieux de le vouloir exhaustif. Nous avons donné ici au lecteur quelques éléments d’analyse qui, pris dans leur spécificité, mérite‑raient chacun de longues disser‑tations. Comme le veut l’adage : le Luxe est et restera éternel….
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ACTUALITÉ
JUNIOR ENTREPRISE
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LA JUNIOR...
Fondée en 1985, notre association d’étudiants à but non lucratif canalise les compétences de quelque 600 étudiants HEC et bénéficie du soutien du corps professoral de l’Ecole. Sa vocation est d’offrir des services aux entreprises sous forme de mandats. De plus, l’association salue le soutien de notre partenaire de renom : Ernst & Young, un des leaders mondiaux des sociétés de conseils.
L’association tire son nom d’un concept mondial. Le nom « Junior Entreprise » est un nom de marque déposé. Il existe plus de 300 Junior Entreprises en Europe, regroupées sous l’association JADE (Junior Association for Development in Europe), basée à Bruxelles. La Suisse compte actuellement 9 Junior Entreprises, détenant chacune des compétences complémentaires. Les Junior Entreprises ne sont pas des filiales et se livrent une concurrence saine et constructive.
Le but principal de la Junior Entre‑prise HEC est de faire le lien entre le monde académique et le monde pro‑fessionnel et de permeOre ainsi aux étudiants HEC de meOre pratique leurs connaissances acquises du‑rant les cours. La Junior Entreprise joue un rôle de coordination entre
les mandants et les étudiants en meOant à disposition toutes les ressources nécessaires (chef de projet, sondeurs, structure, savoir, réseau, etc.) au bon déroulement du projet tout en s’occupant du suivi du mandat (délais, budgets, qualité, etc.).
Expérience
De nombreuses entreprises ont fait confiance, dans de nombreux domaines, à la Junior Entreprise HEC, depuis 20 ans.
Dynamisme
La motivation et l’ambition des étudiants génèrent une implication et une volonté de se surpasser sans égal.
Professionnalisme
La rigueur et le sérieux des métho‑des employées garantissent la qua‑lité des prestations fournies
Rapport Qualité‑Prix
Le statut non lucratif de l’associa‑tion permet d’offrir des services de haute valeur ajoutée à des tarifs compétitifs.
Un contact privilégié avec le corps professoral de l’École des HEC.
Les conseils avisés de notre partenaire Ernst&Young.
Le soutien du « Cercle Des Anciens ».
La Junior offre ses services aussi bien dans le domaine marketing (études de marchés, sstratégies marketing, éétudes de positionnement, étu‑des d’environnement), que la fi‑nance ( business plans, stratégies d’entreprise, études de faisabilité), le développement informatique (création de bases de données, conception de sites Internet) et la communication ( organisation et gestion d’événements).
La Junior Entreprise HEC Lausanne est une alternative compétitive pour les entreprises à la recherche d’idées novatrices, de solutions et de résultats. Elle est à pour but de répondre à leurs aOentes et fournir des services sous forme de mandats à des tarifs très concurrentiels.
Marcus Andersson : En réplique à ceux qui préten‑dent que l’entreprenariat ne peut s’apprendre sur les bancs universitaires je vous invite à rencontrer notre équipe de jeunes étudiants motivés qui s’inspirent mutuellement tout au long de leurs parcours. Je re‑mercie la Junior Entreprise pour son influence, son atmosphère et sa volonté d’innover qui me permet aujourd’hui d’aborder le monde professionnel avec un énorme enthousiasme
Pauline Pheulpin : Une année à la Junior? C’est une année où l’on apprend sur le plan professionnel, où l’on mûrit sur le plan humain, où l’on tire des leçons de chaque expérience. Une année à la Junior c’est une nouvelle bande d’amis, une tempête de fous‑rires. Une année à la Junior, ça vaut de l’or!
Michael Weber : Les connaissances et expériences apprises à la Junior nous suivent tout le reste de notre vie, nous sont toujours utiles, et quelquefois, nous consolent de bien des peines.
Antoine Clasen : The more you study, the more you know. The more you know, the more you forget. The more you forget, the less you know… Fortunately, the Junior‑Expierence you shall always remember.
Chiara Müller : La cerise sur le gâteau de mon ex‑périence universitaire : du côté humain et du côté professionnel! Great minds think alike…
Ky‑Anh Le‑Hoang : Pour un ingénieur‑chimiste EPFL comme moi, la Junior Entreprise m’a permis de me diversifier et d’acquérir une expérience pro‑fessionnelle qu’aucun cours HEC ni EPFL ne peut m’apporter. Une année de dur labeur, mais ornée d’activités inoubliables et d’un cercle d’amis qui res‑tera toujours dans mon cœur… Priceless…
Christophe de KalbermaOen: When you accept a job as a challenge and wade into it with joy and en‑thusiasm, great things can happen (Arland Gilbert). Great minds think alike…
Amandine FrascoOi : Un nouveau regard tourné vers l’avenir, curieux et impatient de rencontrer la vie pro‑fessionnelle, un coeur rempli de nouveaux amis qui m’acompagnerons partout dans mes pensées, une personne plus sûr d’elle meme prête à quiOer l’uni‑versité, voilà ce que j’ai reçus de ceOe belle années au sein de la Junior Entreprise.
Sophie Schaller : Prenez une dose de mandats en‑richissants agrémentés de postes à l’interne stimu‑lants, saupoudrez avec une équipe en or, enrobez de bonne humeur et de fous rires à profusion, faîtes bouillir le tout pendant deux belles années et vous obtenez la receOe parfaite pour une extraordinaire expérience…
Alessandro Bernasconi : Dans l’univers des notions théoriques universitaires, la fenêtre ensoleillée sur la vie professionnelle…
Raphaël Darty: Ce fut une année en groupe d’une incomparable intensité. Il va être maintenant diffi‑cile de trouver une expérience aussi enrichissante et comme le dit si bien Gérard de Nerval « la pensée se glace en se traduisant en phrase » alors venez plutôt rejoindre la JEHEC.
John Argi : Le travaille d’équipe est une science qui ne s’apprend pas en cours, mais qui s’expérimente à la Junior. En communication constante avec le mon‑de professionnel, on apprend à se responsabilisé et se surpassé !
Sophie Uriot : La Junior c’est l’occasion d’entrepren‑dre, d’apprendre et de progresser tant sur le plan personnel que professionnel. C’est la chance d’allier une ambiance de travail stimulante et des moments heureux partagés ensemble !
Raluca Alda : Les années passées à la Junior Entre‑prise m’ont aidé à développer mes forces et vaincre mes faiblesses. Une preuve qu’il n’y a pas seulement que les études qui sont importantes mais aussi les expériences professionnelle est humaine que nous vivons.
Stan Bosshard : La junior, c’est un avant‑goût pour la suite. Elle vous confronte à vous‑mêmes et aux autres en vous plaçant dans un contexte profession‑nel dans le cadre de vos études. On reproche sou‑vent aux étudiants de ne pas avoir d’expérience au sortir de leur vie académique : Nous voici !
Thibault Vanvincq: Les étudiants ont souvent soif de meOre en pratique la théorie qui leur est enseigné à l’université, selon moi la Junior Entreprise et certai‑nement le meilleur moyen pour eux d’y parvenir. Tra‑vail en groupe, contact avec des entreprises de toutes taille, réalisation de projet, vie associative…tant d’as‑pect enrichissant à la fois pour notre vie d’étudiant que pour notre profession future.
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CERCLE DES ANCIENS
Une passerelle entre les gé‑nérations « Junior »
Passerelle entre l’histoire et l’avenir de la Junior Entreprise, le Cercle des Anciens garantit le transfert du savoir, des compétences mais aussi des expériences que les anciens membres ont vécues à la Junior En‑treprise.
Quand Knowledge Mana‑gement rime avec Cercle des Anciens
Tout au long de l’année, les 150 Anciens épaulent les membres de la Junior et se chargent dès les premiers jours de leur intégration grâce à un système de parrainage. C’est toujours avec brio qu’ils en‑dossent le rôle de formateurs le temps d’une journée afin d’initier les nouveaux membres aux exigen‑ces du monde professionnel. De plus, les différents workshops, dî‑ners et soirées permeOent non seu‑lement de garder le contact après l’université et de se remémorer entre amis les bons souvenirs de « l’époque Junior », mais représen‑tent aussi de véritables moments d’échange entre Seniors et Juniors. En effet, les Anciens, exerçant aujourd’hui pour la plupart dans les domaines de la finance, du con‑
sulting, de l’informatique ou enco‑re du marketing, constituent un vé‑ritable network. Ayant très souvent dû franchir les mêmes obstacles, que ce soit dans le cadre d’un man‑dat, à l’interne ou tout simplement durant leurs études à HEC, ils peu‑vent ainsi prodiguer de précieux conseils pour l’avenir.
La Journée des Anciens ver‑sion 2006
CeOe année, pour célébrer le sixiè‑me anniversaire du Cercle, toutes les générations Junior confondues (Anciens, membres actuels et nou‑veaux fraîchement recrutés) se sont unies, armées de pagaies, casques et combinaisons, pour affronter…les rapides de l’Arve (et sa tem‑pérature glaciale)! C’est dans un climat convivial et détendu que tous ont pu échanger, autour d’un barbecue, les fous rires et petites frayeurs de la journée mais aussi partager les anecdotes qui ont ja‑lonné leur parcours à la Junior, de quoi faire rêver les nouveaux à qui s’ouvrent les portes de l’aventure Junior… Un grand merci à tous les Anciens !
Le Cercle des Anciens : Plus qu’un réseau, une force…
Sophie Schaller
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15ÈME COUPE DE GOLF
Pour la 15ème année consécutive la Junior En‑
treprise HEC a organisé la tra‑
ditionnelle Coupe de Golf « Chefs d’entreprises
– Etudiants » au très prestigieux Golf Club de Lausanne. Ce concept lancé en 1992 a su garder toute son originalité à travers le temps. Les réussites précédentes nous incli‑nent à aOeindre un même objectif tout en apportant une touche de fraîcheur à chaque édition. CeOe compétition a un but ultime qui est de rapprocher le monde universi‑taire à celui de la vie active.
Plus de huit mois de travail ont été nécessaires pour organiser un tel événement. Le temps n’est rien comparé à l’aide précieuse et au sa‑voir faire transmis de génération en génération par les équipes succes‑sives qui ont su promouvoir les valeurs de la Junior Entreprise HEC. Bien entendu rien n’aurait été possible sans l’appui et la confian‑ce qu’ont su, une nouvelle fois, nous accorder nos spon‑sors. Le succès de la
journée est aussi du à la motivation et l’enthousiasme des participants, étudiants et chefs d’entreprises al‑liés sur le parcours le temps d’une partie ainsi que lors de la soirée.
CeOe 15ème édition a offert à nos participants une journée riche en émotions et animée par de nom‑breuses activités en tout genre : driving test, tests de matériels des plus grandes marques, « pitch and puO » et autres. Tous ceci saupou‑dré d’un zeste de bonne humeur, de détente et surtout d’une grande portion de fair‑play.
La bonne humeur et les sourires nous ont accompagnés tout au long de la soirée, lors du cocktail où plein de discussions se sont en‑tamées, de la remise de prix où les meilleurs ont été récompensés pour leurs performances sur le parcours et lors du dîner pendant lequel étu‑
diants et chefs d’entreprises ont pu partager leurs
exploits de la jour‑née, leurs expé‑riences et des conseils pré‑cieux pour l’avenir. Comme cha‑que année, la Coupe de Golf
fut un franc succès pour le team golf et une grande fierté pour notre association. Merci à nos sponsors et Bravo aux participants. Nous espérons vous revoir tous l’année prochaine pour une nouvelle édi‑tion.
Le team golfRaluca AldaJohn ArgiCharles Henri de Marignac
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15ème coupe de GolfChefs d’entreprises-Etudiants
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Le bureau 2006 de la Junior Entreprise HEC adresse ses
remerciements à toutes les personnes qui ont participé à
ce[ e édition.
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