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INSTITUT DE FORMATION EN ERGOTHERAPIE DE RENNES
L’entrée soudaine en EHPAD : perspectives de
l’accompagnement ergothérapeutique
UE 6.5 S6 Évaluation de la pratique professionnelle et recherche
BOUETEL Morgane
24/05/2013
Selon le code de la propriété intellectuelle, toute reproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l’auteur est illégale.
INSTITUT DE FORMATION EN ERGOTHERAPIE DE RENNES
L’entrée soudaine en EHPAD : perspectives de
l’accompagnement ergothérapeutique
UE 6.5 S6 Évaluation de la pratique professionnelle et recherche
BOUETEL Morgane
24/05/2013
Selon le code de la propriété intellectuelle, toute reproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l’auteur est illégale.
Je tiens à remercier tout particulièrement,
Ma maître de mémoire, pour sa disponibilité et son aide précieuse tout au long de ce
travail
Les ergothérapeutes qui ont accepté de me rencontrer
Les membres de ma famille qui n’ont pas hésité à m’apporter de l’aide et du soutien
lorsque cela était nécessaire.
Résumé
L’entrée en EHPAD suite à la survenue subite d’une chute constitue un passage compliqué pour les personnes âgées qui ne l’ont pas anticipée. Celles-ci, initialement fragiles, sont alors susceptibles de développer une forme de mélancolie liée à la signification imputée à ce placement. L’interdisciplinarité est essentielle pour éviter que ce sentiment pénible ne se convertisse en une perte complète de l’élan vital. Quelle serait alors le rôle de l’ergothérapeute, acteur de cette prise en charge interdisciplinaire, dans la prévention du syndrome de glissement? L’entrée en EHPAD ne consiste pas seulement en une démarche administrative : il s’agit, pour les soignants, d’accompagner la personne vers l’institution pour l’accueillir dans de bonnes conditions et ensuite d’optimiser sa prise en charge. Nos différents entretiens auprès d’ergothérapeutes, nous ont montré que l’anticipation des besoins de la personne en matière d’installation et de positionnement offrait à celle-ci un certain confort à son arrivée. Ensuite la mise en place de moyens de compensation pour pallier les situations de handicaps du nouveau résident permet à celui-ci de tendre à préserver ses habitudes de vie antérieure et ainsi, de jouir du sens qu’il aura choisi de donner à sa nouvelle vie.
Mots-clés
Syndrome de glissement, Accompagnement, Ergothérapie, EHPAD
Abstract
The transition to a retirement home following a sudden fall or collapse is a difficult experience for the elderly that have not prepared it. These men and women are at first fragile, then likely to develop a form of melancholy due to the implications of this transition. Interdisciplinary is essential to prevent the transformation from this unpleasant feeling to a complete loss of vital drive. What then is the role of an occupational therapist, as a presence in this interdisciplinary support to prevent this geriatric cachexia? Entering a retirement home is much more than an administrative formality, it consists in the caregivers support the persons into the institution so as to optimize the transition of responsibility and assure the best possible conditions. Over the course of our interviews and encounters with occupational therapists they have demonstrated the importance of anticipating the needs of the person, both on an installation level and on their placement to provide a certain comfort upon arrival. Then, it is important to provide means by which to counter balance the restrictions the residents will now have, so as to allow them to maintain the habits from their previous life, and regain a sense of control over their new life.
Key words
Geriatric cachexia, Support, Occupational therapy, Retirement home
SOMMAIRE INTRODUCTION ................................................................................................................... 1
PROBLEMATIQUE ............................................................................................................... 2
PARTIE THEORIQUE ........................................................................................................... 7
1. LE VIEILLISSEMENT ................................................................................................. 7
1.1. Définitions introductives ....................................................................................... 7
1.2. Le vieillissement normal ....................................................................................... 8
1.3. La fragilité du sujet âgé ........................................................................................ 9
1.4. Les personnes âgées et les chutes .....................................................................10
2. LES EHPAD ..............................................................................................................13
2.1 Définition.............................................................................................................13
2.2 L'entrée en institution ..........................................................................................14
2.3 L'accompagnement proposé... ............................................................................18
3. L’ERGOTHERAPIE ...................................................................................................23
3.1 Définitions ...........................................................................................................23
3.2 L'ergothérapie et la personne âgée .....................................................................24
3.3 L'ergothérapie et la prévention du syndrome de glissement ................................28
PARTIE PRATIQUE .............................................................................................................32
1. ETUDE ......................................................................................................................32
1.1. Objectifs de l’étude .............................................................................................32
1.2. Professionnels rencontrés ..................................................................................32
1.3. Recueil de données utilisé : l'entretien semi-directif ............................................33
2. ANALYSE DES RESULTATS ....................................................................................34
2.1. Facteurs de risque de développement d'un syndrome de glissement .....................34
2.2. L’accompagnement proposé ..................................................................................38
2.3 L'ergothérapeute et la prévention du syndrome du glissement ...........................42
3. DISCUSSION ............................................................................................................47
CONCLUSION .....................................................................................................................52
BIBLIOGRAPHIE .....................................................................................................................
ANNEXES ...............................................................................................................................
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INTRODUCTION
Nous avons tous, dans notre entourage plus ou moins proche, été témoins de l’entrée
en EHPAD (Établissement d'Hébergement pour Personnes Agées Dépendantes) d’une
personne âgée. Pourquoi ce placement en institution ? Les motifs d’entrée sont variés,
cependant, l’enjeu est de taille pour les sujets âgés se retrouvant dans cette situation. En
effet, il s’agit de vivre cette nouvelle vie en laissant derrière eux la vie qu’ils avaient choisie
de mener lorsque leur niveau d’autonomie et d’indépendance le permettait. Ce
bouleversement peut se révéler difficile à surmonter notamment pour ce qui concerne les
sujets âgés fragiles.
Nous avons pu constater cela notamment lors d'un stage en service de soins de suite
et de réadaptation. Nous travaillions, en séance d'ergothérapie, sur la récupération
fonctionnelle du membre supérieur droit d'une dame âgée de 81 ans. Elle était à l'hôpital
depuis quelques semaines suite à un accident vasculaire cérébral survenu brutalement au
domicile où elle vivait avec son mari. Les séances de rééducation se déroulaient dans de
bonnes conditions et on réussissait petit à petit à obtenir des résultats non négligeables.
Cependant, au bout de plusieurs semaines, ce retour à domicile fut jugé problématique par
l'équipe pluridisciplinaire. Sa famille prit alors la décision de ne pas mettre en danger leur
proche en l'inscrivant en EHPAD. Ce placement en institution engendra une attitude de repli,
de refus, etc. de la part de cette personne qui n'a alors plus formulé qu'un seul désir, celui de
mourir. Des expériences similaires, d'ordres, personnel et professionnel, nous ont interpellé.
Dans le cadre de notre formation d'ergothérapeute, nous nous sommes alors
questionnés sur la manière dont pouvaient agir les professionnels des EHPAD pour que les
personnes âgées puissent vivre le passage du domicile à l'EHPAD plus sereinement.
Cet écrit interroge les pratiques des ergothérapeutes travaillant en EHPAD et, plus
précisément, leur rôle dans la prévention du syndrome de glissement chez un sujet âgé
fragile.
Nous exposerons tout d’abord les concepts théoriques pour ensuite introduire la
partie pratique comprenant la méthodologie employée, l’analyse des résultats ainsi que nos
projections pour notre future pratique professionnelle.
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PROBLEMATIQUE
C'est suite à notre premier stage de seconde année d'études, dans un centre de
rééducation, que notre cheminement par rapport au thème de ce mémoire s'est amorcé. En
effet, au cours d'un exercice proposé à un monsieur âgé de 73 ans présentant des troubles
cognitifs suite à un accident vasculaire cérébral, nous fûmes confrontés à une réflexion
inattendue de sa part : « Même mon petit-fils a passé l'âge de jouer à cela ! ». L'exercice en
question était un jeu construit, en première intention, pour les enfants, certes, mais
présentait un intérêt certain pour travailler sur les troubles cognitifs que présentaient ce
patient. Suite à la réflexion qu'il avait formulée, nous échangions avec lui en tentant de lui
faire prendre conscience de l'intérêt rééducatif de l'exercice en question : notre but était bien
de le faire progresser. Il semblait tout à fait au courant de cela mais continuait à formuler
d'autres réflexions du même ordre avec une certaine agressivité. La question devenait alors :
"la personne se sentait-t-elle réellement infantilisée ou voulait-elle exprimer un autre
problème, sous-jacent ?" Nous imaginions qu'il n'était pas simple pour cette personne
d'accepter les séquelles liées à son accident : sa vie allait changer… Nos premiers
questionnements quant à la dépression du sujet âgé arrivèrent à ce moment précis. Nous
pensions trouver des éléments de réponse dans les cours théoriques à venir.
Nous avons donc étudié la gériatrie. Les cours concernant ce domaine étaient très
riches et nous avons mis le doigt sur un phénomène qui nous a frappé : le taux de suicide
des personnes âgées. En effet, d'après l'INSERM (Institut National de la Santé et de la
Recherche Médicale), le nombre de morts par suicide en France en 2009, serait de : 1120,
pour les 65/74 ans ; 1195, pour les 75/84 ans ; 620, pour les 85 ans et plus.
D'après Marguerite Charazac-Brunel1, psychanalyste, auteur de « Prévenir le suicide », le
désir de mort est beaucoup plus présent chez les personnes âgées que chez les plus
jeunes. Elle fait également le constat que les chiffres prennent rarement en compte les
conduites suicidaires ,tel le « syndrome de glissement » pour lequel la personne se laisse
intentionnellement « glisser » vers la mort en arrêtant de se nourrir, etc..
Nous fûmes donc impressionnés d'apprendre que le nombre de sujets âgés déprimés ou
présentant un syndrome dépressif était si important. Peut-être était-ce une des explications
aux réactions observées lors de notre stage ? Il existe de nombreux facteurs pouvant être
responsables du fléchissement de la santé mentale de la personne âgée : les facteurs
1CHARAZAC-BRUNEL M. Prévenir le suicide ; clinique et prise en charge. Edition Dunod, 12 septembre 2002,
(Psychothérapies), 259p.
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somatiques, psychiques, le deuil, l'éloignement des enfants ou encore le changement des
habitudes et des repères.
Nous arrivions donc au deuxième stage de seconde année d'études avec un regard
différent sur les personnes âgées. Ce nouvel apprentissage pratique avait lieu dans un
centre de soins de suite et de réadaptation. Avec l'une des personnes qui assistaient aux
séances d'ergothérapie, nous nous sommes confrontés à un autre type de problème en lien
avec celui vécu lors du précédent stage. En effet, nous avions parfois des difficultés à
emporter l'adhésion d'une patiente que nous avions en charge. Nous savons que la
dépression des sujets âgés constitue actuellement l'un des problèmes majeurs en santé
publique. Il paraît complexe de convaincre certains sujets âgés des bienfaits d'une activité
proposée quand ceux-ci présentent des troubles psychiatriques telles que la déprime ou la
dépression, soucis existant de façon prégnante chez cette population. Comment cela s'est-il
manifesté durant cette expérience de stage ? C'est à ce moment que nous fûmes témoins de
l'installation d'une forme de dépression chez cette dame, à laquelle nous faisions référence
pour introduire notre écrit, à qui on avait annoncé le placement en EHPAD.
Les interrogations qui ressortaient de ces deux mois d'immersion dans le milieu
professionnel étaient donc : comment repérer les causes de l'état d'esprit "morose" de
certains sujets âgés ? Une fois ces causes connues, comment le personnel soignant peut-il
agir ?
Nous avons donc voulu nous intéresser de plus près aux causes possibles de la
dépression des sujets âgés. Nous avons choisi de porter notre attention sur l'œuvre suivante
: « La personne âgée face au deuil », de Marie-Christine Adriensen2. Dans cet ouvrage, le
deuil est défini comme étant une détresse liée à la perte d'un être aimé. Cependant, le
processus de deuil avec ces différents stades (le choc, le déni, la colère et le marchandage,
la tristesse, la résignation, l'acceptation et la reconstruction) peut être plus ou moins long et
peut concerner la perte d'une manière générale. Ainsi, le sujet âgé serait confronté à
plusieurs types de pertes pouvant se superposer : la perte de certaines de ses capacités
motrices et cognitives engendrant une perte d'autonomie et d'indépendance mais aussi la
perte de son lieu de vie antérieur (si la personne intègre un EHPAD), etc. Nous souhaitions
nous intéresser à ce dernier type de perte, ce qui nous a amené à cette question de départ :
En quoi l'ergothérapeute peut-il faciliter le passage du lieu de vie à l'EHPAD?
2 ADRIAENSEN M-C., RETSYLAM E., La personne âgée face au deuil : comment lui venir en aide ? : un guide pour les
proches et les professionnels. Bruxelles : De Boeck, 26 novembre 2009. 165p. (Comprendre).
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A partir de cette question, nous avons souhaité connaître la manière dont les
personnes sont actuellement accueillies lorsqu'elles intègrent un EHPAD. Pour cela, nous
nous sommes penchés sur les cours de notre deuxième année d'études d'ergothérapie
quinous apprennent que les personnes âgées peuvent se sentir dévalorisées, ou inutiles,
suite à leur entrée en institution. Ces sentiments pouvant être à l'origine d'un repli sur soi qui,
à long terme, pourrait expliquer l'installation progressive de la déprime et de la dépression.
Parallèlement à ces apports théoriques, nous avons effectué des recherches pour connaître
ce qui était actuellement proposé pour lutter contre ce type de ressenti. Nous avons lu «
Activités et valorisation »3. Dans cet ouvrage, sont décrites différentes activités, proposées à
domicile ou en institution dans le but de favoriser le bien-être, l'estime de soi ou encore la
sociabilité. Ce livre faisait plutôt référence au travail des animateurs (trices) mais nous le
trouvions intéressant car il faisait référence aux nombreux bénéfices que les personnes
âgées peuvent tirer des activités en général. La participation à certaines activités ne
permettrait-elle pas de lutter contre la perte de l'élan vital pouvant être constatée chez
certains sujets âgés ? Ce questionnement nous traversa l'esprit mais, à ce moment, nous
nous intéressions plus particulièrement à l'entrée en EHPAD.
Nous décidions alors de réaliser un entretien exploratoire dans le but de préciser
notre question de départ. Nous avons choisi de ne pas dévoiler à la personne avec qui nous
avons échangé la manière dont nous avions cheminé jusqu'à cet entretien. Nous faisions en
sorte que nos questions n'orientent pas les réponses de notre interlocuteur, suivant les
principes de l'entretien semi-directif.
La personne choisie pour cet entretien était une ergothérapeute travaillant à 80 % dans un
EHPAD. Cinq questions, préparées à l'avance, furent posées durant cette entrevue :
Pouvez-vous me parler des placements en EHPAD? A quel moment les personnes arrivent
en EHPAD? Pour quelles raisons? Comment sont pris en charge les résidents à leur
arrivée? A quel moment interviennent les ergothérapeutes dans la prise en charge dans ce
type de structure?
Selon l'ergothérapeute interrogé, les personnes arrivent en institution suite au décès du
conjoint, à une situation d'isolement imprévue, à une dégradation de l'état de santé ou
encore suite à une hospitalisation. L'entrée en institution est donc, pour la plupart des sujets
âgés, un bouleversement consécutif à la survenue subite d'un évènement faisant obstacle au
3 ALLIX M-C., AURECHE F., CALCAGNO H., Activités de valorisation de la personne âgée : bien-être – estime de soi -
sociabilité. Revigny-sur-Ornain : Doc’éditions, 1er janvier 2006. 186p. (Doc Gérontologie).
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maintien à domicile. Une fois que les personnes intègrent ce nouveau lieu de vie, elles sont
accueillies de la manière suivante :
Une photo avec leur nom est placée sur la porte de leur chambre et un bouquet de fleurs
leur est offert. Chacun des membres du personnel soignant, dont le professionnel référent,
se présente aux résidents. A l'entrée, un questionnaire concernant l'histoire de vie doit être
rempli par la personne ou par sa famille. Selon leurs souhaits, dans les mois suivant l'entrée
en EHPAD, une partie du mobilier de leur ancien lieu de vie peut être mise en place.
L'ergothérapeute intervient avant l'entrée effective de la personne, après avoir pris
connaissance de son dossier, pour mettre en place tout le matériel de positionnement
nécessaire : fauteuil roulant, rollator, déambulateur, matelas adapté etc. Quelques jours
seulement après l'arrivée du résident, l'ergothérapeute réalise des bilans (qu'il adapte en
fonction des personnes) dans le but d'établir des objectifs de prise en charge et d'élaborer,
en collaboration avec l'équipe pluridisciplinaire, un projet d'accompagnement personnalisé.
Ces différentes informations ainsi qu'un autre paramètre, personnel cette fois, ont
ouvert d'autres pistes de réflexion quant à nos interrogations. En effet, durant notre seconde
année d'études d'ergothérapie, un proche est entré dans un établissement d'hébergement
pour personnes âgées dépendantes. Nous rendions régulièrement visite à ce proche, ce qui
nous a permis d'alimenter notre réflexion. Cette personne, si dynamique, autonome et
indépendante avant son entrée dans l'institution, a subi un accident vasculaire cérébral
responsable de séquelles compromettant son maintien à domicile. Depuis son arrivée en
EHPAD, nous nous trouvions face à une personne de plus en plus dépendante et apathique.
Avec tout ce qu'implique le processus de vieillissement et, suite à la survenue brutale de cet
accident vasculaire cérébral, nous constations un réel changement à différents niveaux chez
ce proche. Il paraissait déprimé et de moins en moins enclin à faire quoi que ce soit. Était-ce
totalement lié à l'AVC dont il fut victime ? Avait-il beaucoup de difficultés à faire le deuil de
son lieu de vie ainsi que de la manière dont il menait sa vie dans le passé ? Certainement
que ce proche vivait une période difficile dans laquelle surviennent de nombreux
changements successifs, subis et soudains tout en sachant pertinemment que l'EHPAD
serait son ultime lieu de vie.
Ainsi, riches de ces expériences et nourris de quelques apports théoriques, nous
prenions conscience du risque non négligeable d'apparition d'un syndrome dépressif chez le
sujet âgé et notamment chez le sujet âgé en perte d'autonomie subite. Nous décidions alors
de nous intéresser au syndrome de glissement (rencontré à plusieurs reprises dans notre
cheminement, en théorie ainsi qu'en pratique), forme de dépression sévère pouvant
apparaître suite à un événement brutal qui bouleverse la vie de la personne. Les personnes
âgées victimes d'un accident brutal à domicile provoquant une perte d'autonomie et
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d'indépendance, à l'origine d'un placement en institution pourraient développer ce syndrome.
Nous avons donc précisé notre question de départ en la transformant en la suivante question
de recherche : En quoi l'ergothérapeute peut-il prévenir l'apparition d'un syndrome de
glissement chez un sujet âgé intégrant un EHPAD suite à une chute?
Le choix soudain de traiter de la chute, survenant subitement au domicile, est volontaire.
Cela permet de s'éloigner un peu de nos diverses expériences et ainsi d'être tout à fait
objectif durant l'élaboration de cet écrit. Notre hypothèse par rapport à cette problématique
est la suivante : C'est parce que l'ergothérapeute met en place des aides techniques au
déplacement que le résident tend à préserver ses habitudes de vie antérieures et à
maintenir sa place sociale.
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PARTIE THEORIQUE
Commençons par définir ce qu’est le vieillissement, la notion de fragilité que l’on peut
imputer à ce processus ainsi que les chutes fréquentes chez les personnes âgées.
1. LE VIEILLISSEMENT
1.1. Définitions introductives
Tout d’abord, il semble important de rappeler que le vieillissement n’est pas un
mécanisme spécifique de la dernière partie de la vie. C’est un processus lent et progressif
qui doit être distingué des manifestations des maladies. Il débute dès la naissance et se
compose de plusieurs phases : le développement, la maturité et la sénescence. Définissons
la sénescence plus particulièrement en lien avec notre étude :
La sénescence est « la période se situant après celle de l’âge mûr ou maturité. » D’un point
de vue biologique, il s’agit d’un « ensemble de phénomènes non pathologiques qui affectent
l’organisme humain à partir d’un certain âge (qui varie selon les sujets) provoquant, par une
diminution et une modification des tissus, un ralentissement de l’activité vitale et des
modifications physiques, physiologique et psychique ». (Définition du centre national de
ressources textuelles et lexicales)4.
Ce sont les personnes arrivées au stade de la sénescence dont nous parlerons dans
cette étude : les personnes âgées. Pour cela, nous commencerons par décrire ces
«phénomènes non pathologiques qui affectent l’organisme humain à partir d’un certain âge»
relatifs à la population étudiée dans ce mémoire. L’ensemble de ces phénomènes
caractérise le vieillissement normal.
4 CNRTL (Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales). Sénescence [en ligne], 2012. Disponible sur Internet :
<http://www.cnrtl.fr/lexicographie/sen% C3% A9scence> (Consulté le 14 janvier 2013)
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1.2. Le vieillissement normal
« La santé est un état de complet bien-être physique, mental et social, et ne consiste
pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité. » (Définition de l’OMS, 1946).
Une bonne connaissance du vieillissement normal est indispensable afin de
distinguer les effets du vieillissement de ceux des maladies dont les personnes âgées
peuvent être victimes. En effet, attribuer à tort certains symptômes aux effets du
vieillissement, conduit à méconnaître des problèmes de santé et à négliger leur prise en
charge et leur traitement. Comment peut-on définir le vieillissement normal ?
Il concerne l’ensemble des processus moléculaires, histologiques, physiologique et
psychologique qui accompagne l’avancée en âge. On peut donc observer des modifications
au cours du vieillissement normal:
- La composition corporelle : avec l’avancée en âge, on remarque une diminution du volume
de l’eau extracellulaire et une réduction relative de la masse maigre alors que la masse
grasse augmente.
- Le système nerveux central : on constate une diminution du nombre de neurones corticaux
(dopaminergiques et cholinergiques) ainsi qu’une altération de la plasticité neuronale.
Cela s’exprime par :
- une vulnérabilité cérébrale en cas d’agression qui se manifeste par une confusion,
- une baisse de la tension et des difficultés voire des impossibilités quant à
l’apprentissage des notions nouvelles,
- une destructuration du sommeil,
- une réduction de la sensation de soif, ceci pouvant entraîner une déshydratation.
- Le système nerveux périphérique : on remarque une altération de la sensibilité profonde
pouvant être à l’origine d’instabilité posturale et de chutes.
- Le système nerveux autonome montre une réduction de la fréquence cardiaque à l’effort.
- Les organes des sens : pour ce qui concerne la vue, la vision de près est gênée par la
réduction de l’accommodation (presbytie) et le cristallin s’opacifie (cataracte). Ceci étant à
l’origine de la sensation de vision floue et d’éblouissement à la lumière.
Ces troubles de la vision pouvant être à l’origine de chutes car les personnes âgées ne
distinguent pas bien les obstacles par exemple.
L’acuité auditive portant principalement sur les sons aigus est diminuée (presbyacousie).
- L’appareil locomoteur pour lequel on constate, entre autres, un investissement et une
fragilité accrue du cartilage articulaire.
- D’autres modifications surviennent également sur des aspects que nous ne décrirons pas
car elles ne sont pas en lien direct avec notre étude. Elles concernent : le système cardio-
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vasculaire, l’appareil respiratoire, l’appareil digestif, l’appareil urinaire, l’appareil endocrinien,
la peau et les phanères ainsi que le système immunitaire et les aspects psychologiques et
relationnels.
Avec toutes ces modifications liées au vieillissement, on peut observer une
augmentation progressive des déficiences de la personne âgée. Son domicile peut alors
devenir inadapté et représenter un danger tel que la survenue d'une chute. Cette dernière
viendrait s'ajouter à un état de santé déjà amoindri : une perte d'autonomie à l'origine d'un
placement en institution pourrait alors être observée. Quel type de personnes âgées cela
concerne-t-il ? Définissons la notion de fragilité.
1.3. La fragilité du sujet âgé
D’après un article de l’institut des sciences du vieillissement datant du 5 mars 20125,
on peut distinguer trois modes évolutifs principaux de vieillissement : le vieillissement
robuste et usuel, le vieillissement fragile, le vieillissement avec « dépendance ». Le type de
vieillissement qui nous intéresse ici est le vieillissement fragile : pour celui-ci on remarque
quelques atteintes des fonctions physiologiques souvent infracliniques et sans rapport avec
une pathologie bien définie. L'adaptation du sujet aux différents événements stressants de la
vie (psychologiques, accidentels ou maladies) étant plus difficile, il est plus à risque de perte
d'autonomie.
L'HAS, Haute Autorité de Santé, définit en 20056 , la personne âgée fragile comme un
individu ayant « une réduction de ses capacités d'adaptation qui ne lui permet plus de faire
face à des perturbations externes mineures. Toute chute, outre sa gravité immédiate, lui fait
courir un risque majeur de perte d'autonomie et de désinsertion sociale, avec pour
conséquence éventuelle l'institutionnalisation ».
Avec cette définition, nous comprenons que la survenue d'une chute chez une
personne âgée fragile peut rompre l'équilibre qui était plutôt précaire au domicile. La simple
5 ISV (Institut des Sciences du Vieillissement). Qu’est-ce que la fragilité ? [En ligne], 5 mars 2012. Disponible sur Internet :
<http://www.ensembleprévenonsladépendance.fr/prévenir- la -dépendance/qu’est-ce-que-c’est-la-fragilité2/> (Consulté le 18
février 2013)
6 SSDRMG (Société Française de Documentation et de Recherche en Médecine Générale). Prévention des chutes
accidentelles chez la personne âgée [en ligne], novembre 2005. Disponible sur Internet :
<http://www.has -santé.fr/portail/upload/docs/application/pdf/prévention des chutes> (Consulté le 14 janvier 2013)
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chute va tout remettre en cause en déstabilisant la situation de vie de la personne qui sera
en perte d'autonomie et d'indépendance suite à cet événement. La dépendance subite sera
alors à l'origine d'un placement en institution qui n'aura pas été anticipé. Ainsi, la personne
âgée pourrait glisser plus ou moins brutalement dans un processus de décompensation
dommageable à son état de santé, à son autonomie. Nous venons ici de mettre en avant l'un
des facteurs pouvant être à l'origine de l'entrée dans la dépendance de la personne âgée : la
chute.
1.4. Les personnes âgées et les chutes
Nous allons à présent donner les définitions de, la personne âgée ainsi que de la
dépendance, retrouvées dans la littérature.
Personnes âgées dépendantes, définition
D’après l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé), une personne est considérée
comme âgée à partir de 65 ans. Cependant, à partir des données de la littérature, il est
signifié que la population la plus touchée par les chutes concerne les personnes âgées de
plus de 85 ans et présentant un état fragile.
Nous retrouvons, dans de nombreux ouvrages littéraires, la définition suivante de la
dépendance : « la dépendance est l'impossibilité partielle ou totale pour une personne
d'effectuer sans aide les activités de la vie, qu'elles soient physiques, psychique ou sociales
et de s'adapter à son environnement ».
Nous savons maintenant que le type de population qui nous intéresse est fortement
concerné par la survenue d’une chute. Comment peut-on la définir ?
Chute, définition
La définition donnée par le Larousse est la suivante, « faire une chute désigne
l’action de tomber, de perdre l’équilibre, d’être entraîné vers le sol ».
Les chutes sont donc fréquentes chez les sujets âgés fragiles. Mais quels sont les
chiffres exacts ?
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Prévalence concernant les chutes des personnes âgées
D’après l’InVS (Institut de Veille Sanitaire)7, « les données des années 2004 et 2005
ont été traitées pour fournir des résultats sur les chutes des personnes âgées. Les chutes
constituaient 84 % des mécanismes à l’origine d’un accident de la vie courante chez les 65
ans et plus… Elles sont survenues principalement à domicile (78 %). Les fractures ont
représenté 41 % des lésions et les membres inférieurs ont été les plus lésés (34 % des cas).
Les chutes ont donné lieu à une hospitalisation dans 37 % des cas. »
D’après ce rapport, on note l’importance du nombre de personnes âgées subissant une
lésion au niveau des membres inférieurs suite à une chute. Cela montre le niveau
d’introduction de la dépendance et de fête cela peut conduire à la mise en place d’aide
technique aux déplacements. Nous aborderons le rôle des aides techniques au déplacement
dans la partie « l’ergothérapie ».
D’après les recommandations HAS de novembre 2005, il est révélé que :
• le tiers des sujets âgés de plus de 65 ans et la moitié des sujets âgés de plus de
85ans font une ou plusieurs chutes par an,
• les chutes seraient à l’origine de 12 000 décès par an,
• les chutes représenteraient un facteur d’entrée dans la dépendance. En effet, 40%
des sujets âgés hospitalisés pour chutes sont orientés ensuite vers une institution.
Ce dernier point confirme la légitimité de notre problématique : avec l’aspect subit de
la chute, on observe alors de nombreuses entrées en institution. Mais, pourquoi observe-t-on
ce risque important de chute lorsque nous sommes âgés ?
Les facteurs de risque de chutes
Ils sont de différents ordres :
• Les facteurs de risques intrinsèques qui concernent tous les problèmes et
comorbidités dépendants directement de l’état de santé du patient. Ils sont aussi liés aux
modifications observées lors du vieillissement normal, au stade de la sénescence : la basse
acuité visuelle, les troubles de l’équilibre, les troubles musculo-articulaires, les troubles
cognitifs, les troubles cardiaques, l’hypotension orthostatique.
7 RICARD C., THELOT B. Plusieurs centaines de milliers de chutes chez les personnes âgées chaque année en France.
Bulletin épidémiologique hebdomadaire [en ligne]. 2 octobre 2007. Disponible sur Internet
:<http://www.invs.sante.fr/beh/2007/37_38/index.htm> (consulté le 24 mars 2013)
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• Les facteurs de risques extrinsèques : la polymédication et plus particulièrement la
prise de psychotropes (somnifères, antidépresseurs, anxiolytiques etc.…), Les obstacles
architecturaux à domicile (tapis, mauvais éclairage etc.…), Les chaussures ou les moyens
auxiliaires inadaptés.
• Les facteurs de risques situationnels c’est-à-dire la mise en danger par des activités à
risques tels que la montée et descente des escaliers par exemple.
L’exposition au risque de chute n’est donc pas négligeable chez la personne âgée
d’autant plus si elle est sujette à un vieillissement fragile comme c’est le cas pour le sujet qui
nous intéresse. La chute concernant fréquemment la population ciblée dans cette étude ;
intéressons-nous à ses conséquences et aux traitements que nous, futurs soignants,
pourrions lui proposer.
Le sujet âgé après la chute
Les conséquences de la chute
D'une part, elles sont d'ordre psychologique. En effet, d’après le collège national des
enseignants en gériatrie8, on peut observer :
• « une anxiété majeure avec peur du vide antérieur qui gêne la marche et qui peut
conduire à un refus de toute verticalisation, […] La chute est l’occasion pour le patient âgé
de prendre conscience de la fragilité de son état ; le choc émotionnel qui en résulte entraîne
une perte de confiance en soi, une prise de conscience de sa fragilité, une perte de
confiance en soi, un sentiment d’insécurité et de dévalorisation avec repli sur soi,
démotivation et restriction des activités. »
On peut également observer d'autres conséquences psychologiques qui sont liées à
l'hospitalisation générée par la chute (avant le placement en institution) : le syndrome
confusionnel, la perte de repères, l'angoisse etc. Tous ces effets secondaires liés à
l’hospitalisation conduisent à une entrée en institution.
D'autre part on peut observer l'impossibilité d'envisager le retour à domicile de la
personne car leurs niveaux d'autonomie et d'indépendance sont modifiés. La personne
pourra alors avoir besoin d'aides techniques particulières (au déplacement, au repas, à la
toilette…).
8 UMVF (université médicale virtuelle francophone). Les chutes [en ligne], 1
er octobre 2009. Disponible sur Internet
:<http://umvf.univ-nantes.fr/geriatrie/enseignement/gériatrie 3/site/html/3_32_11.html> (Consulté le 20 février 2012)
Page | 13
Tous ces bouleversements dans la vie du sujet âgé qui n'était pas préparé à intégrer
un EHPAD ainsi que la prise de conscience de son degré plus important de dépendance,
pourront être à l'origine de l'apparition d'une dépression et d'un potentiel syndrome de
glissement. Pour éviter que les conséquences de la chute ne prennent trop d'ampleur, quels
traitements préventifs peuvent être mis en place ?
Traitement préventif
La prévention va s’effectuer à différents niveaux :
• la prévention primaire qui concerne le fait de diminuer le risque de chute,
• la prévention secondaire dans le but de diminuer le risque de récidive de chute,
• la prévention tertiaire qui a pour objectif de diminuer les conséquences négatives
provoquées par une récidive de chute.
Pour ce qui concerne les membres du personnel soignant mobilisés autour d’un
résident intégrant un EHPAD suite à une chute, l’intervention se situe sur chacun des
aspects relatés dans cette sous- partie.
Intéressons-nous maintenant au type de structure qui nous intéresse ici, les EHPAD.
2. LES EHPAD
Dans un premier temps, nous présenterons ce type d’établissement, les prestations
qu’ils proposent ainsi que la population qui y est accueillie.
2.1 Définition
Un EHPAD, (anciennement appelé "maison de retraite"), est un ensemble immobilier
constitué de chambres médicalisées permettant l’accueil de personnes âgées qui
nécessitent d’une assistante quotidienne.
L’EHPAD assure un ensemble de prestations comprenant le logement, les repas, divers
services spécifiques tels que blanchisserie, soins d’hygiène et médicaux (selon l’état de
santé de la personne), animation, etc.… C’est donc le nouveau domicile de la personne
âgée mais c’est aussi son ultime lieu de vie pour lequel il a des représentations assez
péjoratives.
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Ce type d’établissement peut accueillir des personnes dépendantes, parfois atteintes de la
maladie d’Alzheimer ou de maladies neuro-dégénératives: il doit alors justifier d’équipements
adaptés et de personnel spécialisé. Cet aspect nous rappelle qu’il est important de prendre
en compte le fait que, le résident « entrant » va devoir s’adapter à cette vie en collectivité
durant laquelle il sera confronté à des personnes atteintes de maladies diverses et
présentant un degré de dépendance différent du sien. En effet, les EHPAD accueillent des
personnes âgées dépendantes pour lesquels les niveaux de perte d’autonomie appelés
«GIR» sont définis par un outil : la grille AGGIR (Autonomie Gérontologie Groupe Iso-
Ressources. Voir annexe 1). Nous ne la présenterons pas ici mais nous pouvons dire que
l’appartenance de la personne âgée à l’un des six groupes prédéfinis, de GIR 1 à GIR 6,
permet de constater les activités de la vie quotidienne qu’elle est capable de réaliser ou non.
Les personnes sont considérées comme dépendantes à partir du moment où elles sont en
GIR 4 à 1 sachant que 1 est l'indice pour le taux de dépendance le plus élevé. Cependant, il
arrive qu'il y ait des personnes GIR 5 et 6 qui rentrent en EHPAD : ce sont souvent des
résidents qui ont pu anticiper et prendre eux-mêmes la décision d'intégrer l'établissement. En
revanche, pour les sujets âgés étant en perte d'autonomie suite à une chute au domicile,
l'entrée n'est généralement pas programmée ; elle représente une rupture avec leur ancien
lieu de vie, leur domicile.
Intéressons-nous alors à l'entrée en institution et à ce qu'elle signifie pour le type de
population que nous ciblons dans notre étude.
2.2 L'entrée en institution
Les motifs d’entrée
Nos immersions dans des milieux professionnels relatifs à la gériatrie (stage en SSR
et en EHPAD), notre entretien exploratoire ainsi que nos références littéraires nous ont
permis de mettre en avant différents motifs d’entrée en EHPAD :
- la situation d’isolement suite au décès du conjoint par exemple,
- la dégradation de l’état de santé,
- la prise en charge à domicile qui ne convient plus,
- la survenue d’un accident brutal tel que la chute qui peut entraîner une hospitalisation
durant laquelle on se rend compte que le retour à domicile est impossible,
- les aidants qui sont épuisés ou pour lesquels l’état de santé ne permet plus de s’occuper
de leurs proches,
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- la baisse des performances cognitives (par exemple pour les malades Alzheimer (ou autres
syndromes apparentés) à l’origine de comportements à risque(s),
- l’hébergement temporaire proposé dans certains EHPAD qui se transforme en
hébergement définitif.
Plusieurs de ces paramètres peuvent se conjuguer et donner lieu à une entrée en institution
au vu de l’absence de solutions alternatives. On peut dire que, pour la plupart des personnes
âgées, il s’agit plus d’une orientation « par défaut » que d’un « choix véritable », conjoncture
souvent douloureuse pour les personnes concernées car nous retrouvons notamment la
notion de rupture avec le lieu de vie antérieur.
Dans notre étude, nous faisons référence à un profil de personnes âgées précis qui
vivaient à domicile et pour qui la survenue d’une chute a constitué un facteur précipitant ou
aggravant d’un processus sous-jacent de dégradation. Ceci va alors entraîner un placement
en institution à l’âge moyen d’entrée en EHPAD, soit plus de 80 ans. Quel sens donnent ces
sujets âgés à leur entrée « par défaut » en EHPAD ? Comment le vivent-elles ? Comment
accompagner cette rupture ?
La signification de l’entrée en institution
D’abord, l’entrée en EHPAD, surtout lorsqu’elle n’est pas consentie, peut faire naître
chez le sujet âgé :
• un sentiment de frustration lié aux ruptures imposées avec l’environnement
géographique, affectif et social,
• un sentiment d’abandon (quand la famille a pris la décision de faire entrer son proche
en EHPAD) qui peut être à l’origine par exemple de la colère et de l’agressivité de la
personne ou au contraire d’une forme de repli sur soi. Ceci pouvant constituer un facteur de
risque d'apparition du syndrome de glissement.
Ensuite, la personne âgée va devoir se constituer de nouveaux repères et faire
preuve d’adaptation car elle se voit contrainte, d’obéir à de nouvelles règles sociales, de
modifier son rythme de vie et d’accepter la vie en collectivité avec une confrontation au
handicap des autres résidents.
On sait aussi que l’EHPAD représente l’ultime lieu de vie des personnes, leur identité
est donc mise à l’épreuve. En effet, les personnes se représentent l'EHPAD comme étant
leur dernière maison ; c'est la perspective de la mort qui se dessine plus précisément.
L'investissement serein de l'institution de la part de ces personnes pourrait être compromis
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par différentes représentations : le fait de ne pas mourir chez soi, la crainte de la souffrance
liée à la mort ainsi que la peur de ne pas être assez entouré lors de ce passage par
exemple.
En plus de tous ces paramètres, le sujet âgé entrant en EHPAD vit différentes pertes
dont il doit faire le deuil, sachant que les mécanismes du deuil sont les mêmes quelque soit
la perte en cause.
Les pertes - qu'il conviendra d'accompagner – sont diverses : perte d’un proche ; perte du
domicile avec l'histoire de toute une vie laissée derrière soi ; perte d’objets (animal,…) ; perte
de fonctions (marcher, voir, toucher, sentir…) ; perte de l’image positive du corps ; perte
progressive de la vie ; perte de l’estime de soi ; perte de l’utilité sociale, etc.
La décision rapide de placement en institution dans laquelle le résident n’est pas
toujours impliqué, son caractère subi, la rupture avec le domicile ainsi que le cheminement
nécessaire que la personne n’a pas le temps de faire sont autant de facteurs favorables au
développement d’un syndrome de glissement. Qu’est-ce que le syndrome du glissement ?
Le syndrome de glissement
Il n’y a qu’une cinquantaine d’années que le terme de « glissement » est apparu.
Auparavant, on parlait « d’hospitalisme ou de dépression anaclitique » (SPITZ, 1946) 9 .
Actuellement, les auteurs ne sont pas toujours d’accord sur les termes : certains parlent de
« syndrome de fragilité ». Cependant, on retrouve une concordance dans les définitions : le
syndrome de glissement est une dégradation rapide de l’état général chez la personne âgée.
Il se caractérise par une modification du comportement avec un refus de s’alimenter, de se
mouvoir, un désintérêt pour toutes choses, et souvent une détérioration rapide des fonctions
intellectuelles.
Ce syndrome est rare, il toucherait 1 à 4 % des personnes âgées. Il est grave et nécessite
une prise en charge rapide car la mortalité est très élevée dans les deux mois.
Nous allons nous attarder sur l’étiologie du syndrome de glissement plutôt que sur la
clinique puisque nous avons choisi de traiter la prévention de celui-ci.
D’après les auteurs, le plus souvent, cette pathologie est déclenchée par un
événement aigu, une affection somatique (intervention chirurgicale, traumatisme, infection)
9 COLOMBEL J-C. Les syndromes de glissement. Société de gérontologie des pyrénées orientales [en ligne]. 26 janvier 2011.
Disponible sur Internet :<sgpo.fr/fmc10/lessyndromesdeglissementjc2.pdf> (Consulté le 4mars 2013)
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ou psychologique telle qu’une hospitalisation, un déménagement, une entrée en institution
avec tous les paramètres qu’elle engendre (que nous avons cités plus tôt dans l’étude), la
mort d’un proche ou un choc psychique.
La survenue de ce syndrome peut donc être déclenchée par ce type d’événement qui
s’ajoute à un état somatique de la personne initialement précaire, fragile. Le docteur J-C
COLOMBEL, lors d’une réunion de gériatrie à Perpignan, le 26 janvier 2011 10 , expose
diverses déficiences et pathologies liées au grand âge. Il en fait l'analyse suivante :
« Nous voyons surtout que pour la plupart d’entre elles, ces pathologies ne sont pas des
états aigus. Par contre elles se conjuguent volontiers, comme autant de facteurs de rupture
des équilibres biologiques, dont l’impact est tel qu’ils sont capables d’entraîner un
renoncement à la vie. Même s’il est difficile d’appréhender le syndrome de glissement en
tant qu’entité clinique parfaitement circonscrite, il y a toujours deux points de basculement
dans la constitution de ce syndrome :
• D’une part, l’existence d’un facteur précipitant qui vient se greffer sur un état déjà
amoindri et qui en détermine la cristallisation ou l’expression clinique. Apparaissent alors une
série de complications ou les défaillances somatiques se succèdent et se multiplient en
cascade […] ». Ce qui est le cas pour un sujet âgé fragile qui va présenter une dépendance
subite déclenchée par la survenue d'une chute.
• « […] D’autre part une participation psychopathologie qui conduit à une véritable
catastrophe existentielle dans un contexte de troubles du comportement particulièrement
inquiétants. Le malade est agité, confus ou agressif, il refuse les soins et ne veut plus
s’alimenter. Parfois au contraire, il est mutique, replié sur lui-même, littéralement en position
fœtale). »
Nous possédons maintenant les informations nécessaires concernant les motifs
d’entrée en institution, le vécu du sujet âgé par rapport à cela ainsi que les éléments pouvant
être à l’origine de l’apparition d’un syndrome de glissement. Intéressons-nous à présent à
l’accompagnement proposé pour accueillir le résident et ensuite favoriser son intégration
dans l’établissement.
10 COLOMBEL J-C. Les syndromes de glissement. Société de gérontologie des pyrénées orientales [en ligne]. 26 janvier 2011.
Disponible sur Internet :<sgpo.fr/fmc10/lessyndromesdeglissementjc2.pdf> (Consulté le 4mars 2013)
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2.3 L'accompagnement proposé...
Pour cette partie, nous nous sommes référés au volet 1 des recommandations de
l’ANESM (Agence Nationale de l'évaluation et de la qualité des Etablissements et Services
Médico-sociaux) consacré à « la qualité de vie en EHPAD : de l’accueil de la personne à son
accompagnement »11.
…Vers l’institution
« L’ANTICIPATION DE LA DECISION » qui se décline en 4 types de recommandations :
- « Informer le grand public » : le but étant que chacun (personnes âgées comme
personnes plus jeunes) se familiarise avec les EHPAD, ceci permettrait de faire en sorte
qu’une anticipation de la décision d’entrée soit possible même si nous savons que celle-ci
peut représenter une situation d’urgence dans certains cas.
- « Améliorer la perception de l’EHPAD » dans le but de contrecarrer les représentations
négatives que le futur « entrant » et ses proches peuvent avoir de l’EHPAD et ainsi d’intégrer
l’établissement avec moins d’appréhensions.
- « Participer à la vie de la cité » : les futurs résidents et leurs proches pourraient alors
comprendre que le rôle social des résidents serait maintenu lorsqu’ils intégreront l’EHPAD
qu’ils pourront voir comme un lieu ouvert à la vie extérieure.
« Inscrire l’EHPAD dans le paysage partenarial » : d’une part, l’EHPAD, en présentant les
prestations, équipements et services qu’il propose, affiche clairement sa position par rapport
aux différents acteurs du parcours de la population âgée concernée avec lesquels il est
également familiarisé (eux aussi devront faire connaître leur mission, leur rôle et leurs
limites). D’autre part, les personnes pour lesquelles le maintien à domicile devient
problématique seront remarquées et pourront bénéficier d’aide et de soutien par rapport à
leurs projets futurs. Elles pourront également continuer à profiter des services de chacun des
acteurs de leur parcours lors de leur entrée dans l’EHPAD (en admettant qu’elles intègrent
un établissement proche de leur domicile).
« L’ACCOMPAGNEMENT DE LA DECISION » s'organise de la façon suivante :
- « Informer les personnes âgées/familles qui font une demande d’entrée en
établissement » : cela permet à la personne et à ses proches de posséder toutes les
11
ANESM (Agence Nationale de l’Evaluation et de la qualité des Etablissements et Services sociaux et Médico-sociaux).
Qualité de vie en EHPAD : De l’accueil de la personne à son accompagnement. Volet 1. Saint-Denis : Anesm, février 2011. 58p.
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informations nécessaires afin de « peser le pour et le contre » quant à la décision d’intégrer
l’EHPAD.
- « Établir des relations spécifiques avec les personnes âgées concernées » : il s’agit
ici, de recueillir les besoins et les attentes de la personne, d’identifier son opinion et son
degré de consentement dans la démarche de demande d’admission, de l’aider à dégager les
inconvénients et les avantages des différents scénarios qui se présentent à elle pour son
futur proche.
- « Établir des relations spécifiques avec les proches qui accompagnent la personne
âgée » : il paraît important que la famille et l’entourage, conservent un rôle qui leur est
propre dans l’accompagnement de leurs proches au sein de l’EHPAD. Le fait d’établir une
relation avec eux permet également d’identifier leurs éventuelles souffrances et ainsi de les
orienter vers les partenaires pouvant leur apporter du soutien. Par exemple, nous savons
que le sentiment de culpabilité peut être important chez les proches qui peuvent avoir la
sensation « d’abandonner » leur parent.
« L’ADMISSION »
Lorsque la décision d’entrée est prise, il faut remplir un dossier d’admission dans lequel on
doit retrouver les informations relatives aux attentes et aux besoins de la personne qui
doivent correspondre avec les missions et les moyens de l’EHPAD.
Cette période de transition entre la décision d’entrée et l’entrée effective sert :
- à favoriser la connaissance mutuelle entre la personne, ses proches et le personnel
soignant,
- à préparer la personne à se projeter dans une «nouvelle vie ».
- à transmettre les documents relatifs aux droits des usagers au sein de la structure.
Une entrée en institution mal préparée et souvent non consentie par la personne
âgée peut avoir des conséquences désastreuses sur la santé du sujet et sur son degré de
dépendance physique et psychique. Qu’en est-il pour le déroulement de l’accueil, quelles
sont les recommandations ?
… À l’entrée
Un accueil réussi est important pour la suite du séjour de la personne âgée dans
l’établissement. Différents critères sont réunis dans les recommandations de bonnes
pratiques de l'ANESM.
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Ils sont les suivants :
« PREPARER L’ARRIVEE », les buts étant :
- « La dissipation des inévitables appréhensions de la personne ». En effet,
l’identification de ses besoins, permet aux professionnels d’anticiper l’entrée et, à la
personne, de bénéficier du confort dont elle a besoin. L'ergothérapeute aura pu mettre en
place toutes les installations dans la personne nécessitent : un matelas spécifique, des aides
techniques au déplacement, à la toilette…
- « La possibilité pour la personne de faire connaissance avec les nouveautés de son
lieu de vie et d’explorer les opportunités d’établissement et de son environnement ».
C’est aussi pour cette raison qu’une visite préalable aura été effectuée mais souvent, lorsque
la personne est hospitalisée (comme c'est le cas suite à une chute), elle ne peut réaliser
cette démarche (surtout à la suite d'un changement de niveau d'autonomie soudain).
- « La mobilisation des professionnels autour de cette nouvelle relation à construire ».
Chacun, dans sa spécialité, aura un rôle important à jouer, ce qui nécessite de la part des
professionnels, de bien connaître la personne. Les données médicales sont bien sûr,
nécessaires, mais la personne ne doit pas devenir uniquement un objet de soins : la
dimension humaine est essentielle, primordiale et tout à fait nécessaire. L'ergothérapeute
devra, tout comme le reste de l'équipe soignante, établir une relation de confiance avec la
personne.
« PERMETTRE A LA PERSONNE DE PRENDRE RAPIDEMENT DES REPERES ». Les
enjeux sont les suivants :
- « L’appropriation du lieu d’autant plus facile que la personne acquerra aussi
rapidement que possible des repères de lieu, de temps et de personne ». D’une part, le
sujet est confronté à un grand nombre de nouvelles personnes et à des locaux extrêmement
grands. D’autre part, sa vie étant rythmée par les soins, les repas…, son rapport au temps
se modifie.
- « Une politique qui facilite cette prise de repères, d’autant plus important que la
population accueillie peut avoir des difficultés cognitives avec un certain degré de
désorientation dans le temps et dans l’espace ». La construction de nouveaux repères
est primordiale ; elle doit être facilitée.
Le rôle de l'ergothérapeute sera de donner des repères en mettant en place un planning
comportant certains moments précis de la journée (soins, heures des repas, des activités…),
en positionnant une photo de la personne sur la porte de sa chambre (afin que celle-ci
puisse la retrouver sans difficultés), en lui fournissant, pourquoi pas, un trombinoscope qui
présente le visage, la fonction et le nom des soignants avec qui elle sera régulièrement
Page | 21
contact. Ces éléments ne sont que des exemples, l'ergothérapeute peut mettre en place un
bon nombre de choses qui facilitera la prise de repères de la personne.« ETRE VIGILANT
DANS LES PREMIERES SEMAINES »
Les enjeux sont :
- « Le repérage est l’analyse immédiate des éventuelles difficultés d’adaptation ».
Dans l’étude que nous présentons, il s’agit de repérer les signes d’un éventuel «glissement».
- « Une adaptation rapide de l’accompagnement ». Pour ce qui concerne notre sujet, en
cas d’apparition d’un syndrome de glissement, la détérioration de l’état général peut être très
rapide.
« ASSOCIER ET SOUTENIR LES PROCHES PENDANT CETTE PHASE »
La collaboration avec les proches est très importante pour qu’ils puissent conserver leur
place auprès de leur parent et entretenir la relation. L’entourage, la famille, peuvent eux -
aussi vivre cette épreuve comme un moment difficile ; il ne faut pas les laisser de côté. De
plus, ils peuvent être d’une aide précieuse pour une meilleure prise en charge de leur proche
par la suite mais aussi pour détecter les éventuels signes « d’alerte » notamment les
premières semaines.
L’accueil, tout comme l’accompagnement des personnes vers l’entrée en institution,
ne sont pas à négliger car ils peuvent avoir un impact sur la suite du séjour. Quelle place est
donnée aux résidents au sein de l’institution ensuite ?
... Au sein de l’établissement
Dans cette étude, à plusieurs reprises, nous avons fait référence au risque de perte d'identité
des sujets âgés lorsqu'ils intègrent un EHPAD (risque qui est d'autant plus important
lorsqu'ils n'ont pas le temps de s'approprier le passage en institution). Ceci peut être à
l'origine de l'apparition d'un syndrome de glissement. Pour faire en sorte que le résident
conserve son identité, il paraît important que le personnel soignant fasse en sorte de
préserver la continuité du sens que donnait la personne à sa vie. L'une des manières de
répondre à cela est l'élaboration d'un projet personnalisé qui fait partie des recommandations
de bonnes pratiques de l'ANESM. Celle-ci le définit de la manière suivante : « Le projet
personnalisé permet de poser clairement les termes de la négociation dans
l’accompagnement entre le respect de la liberté de choix des personnes accueillies et la
mission de protection des personnes par l’institution. » Les recommandations concernant
son élaboration sont les suivantes :
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- « Organiser l’expression de la personne et de ses proches » : le rôle de
l'ergothérapeute ici, en lien avec le reste de l'équipe soignante, serait de recueillir les
habitudes de vie antérieures de la personne ainsi que ses attentes et ses souhaits (mais
aussi ceux de son entourage). Ceci lui permettrait d'ajuster sa prise en charge en proposant
les moyens de compensation nécessaires ainsi que les activités qui pourraient correspondre
à la personne pour qu'elle puisse tendre à préserver ses habitudes de vie antérieures.
- « Organiser l’intervention des professionnels »: en promouvant la réflexion
interdisciplinaire ; en organisant la fonction de coordonnateur de projet même si la personne
reste libre de choisir son interlocuteur. »
- « Co-construire et évaluer le projet personnalisé : en planifiant une première réunion de
projet au mieux dans le trimestre suivant l’admission, avec les professionnels concernés, le
résident et éventuellement ses proches, son représentant légal ; en mettant en place des
réunions régulières, interdisciplinaires, de suivi du projet ; en planifiant une évaluation
systématique au moins annuelle des projets personnalisés, à partir du bilan de chaque
professionnel concerné ; en formalisant ce projet et ses modifications successives dans le
dossier du résident ; en reportant les objectifs validés dans un avenant au contrat de
séjour. »
Durant notre stage en EHPAD, nous avons eu en main des PAP (Projet d’Accompagnement
Personnalisé) qui furent élaborés suivant les recommandations de bonnes pratiques
professionnelles de l'ANESM. Un PAP était rédigé pour chacun des résidents, celui-ci était
articulé en six chapitres : Cadre de vie, privatif et collectif ; Autonomie et sécurité ; Lien avec
l’extérieur ; Suivi médical et paramédical ; Vie sociale et relationnelle dans l’établissement ;
Animation.
Chacun de ces chapitres était divisé en trois parties : constatations de la situation ;
proposition d’objectifs ; actions à prévoir.
L’ensemble de ces recommandations de bonnes pratiques professionnelles est
destiné à chacun des acteurs de la prise en charge de la personne âgée dans l’EHPAD : les
professionnels médicaux et paramédicaux mais aussi les intervenants extérieurs tels que les
bénévoles… Nous allons maintenant nous intéresser plus particulièrement à l’intervention
spécifique de l’un de ces acteurs, l'ergothérapeute, auquel nous avons fait référence
plusieurs fois.
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3. L’ERGOTHERAPIE
3.1 Définitions
Définition générale
Comme son nom l’indique, l’ergothérapie est un nom composé de « ergo » et de
«thérapie». Cela renvoie aux mots grecs «ergon» qui signifie « activité » et «therapia» qui
signifie «soin».
« L’ergothérapie est une thérapie par l’activité.
L’ergothérapie s’adresse à des personnes atteintes de maladies ou de déficiences de nature
somatique, psychique ou intellectuelle, à des personnes qui présentent des incapacités ou à
des personnes en situation de handicap temporaire ou définitive.
Le but de l’ergothérapeute est de permettre à ces personnes de maintenir ou de développer
leur potentiel d’indépendance et d’autonomie personnelle, sociale, scolaire ou
professionnelle […] »12
L’ergothérapie est une profession paramédicale qui s’exerce au sein d’une équipe
pluridisciplinaire, sur prescription médicale. Sa spécificité tient dans l’approche thérapeutique
particulière tournée vers l’Homme malade dans sa globalité plus que vers l’organe affecté.
En EHPAD, l’ergothérapeute prend en compte l’environnement (matériel, social, humain,
etc.) de la personne âgée pour lui assurer une prise en charge optimale. Par ce biais, il
tentera de répondre à l’une de ses missions : le maintien de l’autonomie et de
l’indépendance.
Définissons à présent ces termes afin de cibler le rôle de ce membre de l’équipe
pluridisciplinaire.
Autonomie et Indépendance
Le maintien de l’autonomie nous intéresse particulièrement ici. Comment peut-on
définir "l'autonomie"?
« L’autonomie (ou autodétermination) serait la capacité physique et / ou psychique de se
gouverner par soi-même ou de se référer à ses propres lois (étymologie du mot : auto-
12
CAIRE J-M. et al. Nouveau guide pratique en ergothérapie : entre concepts et réalités. Marseille : Solal Editeurs, 2 mai 2008.
358p. (Ergothérapies).
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nomos), sa volonté, ses besoins. L’autonomie s’articule avec la liberté de faire des choix et
de les assumer. »13
Il est important de ne pas confondre les termes d’autonomie et d’indépendance (nous avons
défini la « dépendance » précédemment dans cette étude) : il faut rappeler qu’une personne
complètement dépendante pour les activités de vie quotidienne peut être complètement
autonome pour « gérer » sa vie ; l’opposé est également vrai (notamment pour les handicaps
psychiques). Il nous semblait important de rappeler cette nuance car, en EHPAD,
l’ergothérapeute va s’intéresser au maintien de l’autonomie chez des personnes
dépendantes. En EHPAD, l’ergothérapeute peut proposer une aide technique permettant au
résident d’être indépendant dans ses déplacements, ceci pouvant lui donner accès à une
autonomie dans sa vie sociale. De quelle manière va-t-il s’y prendre ? Quel est son rôle dans
le domaine de la gériatrie ? Et en EHPAD ?
Nous allons à présent approfondir ce que l’ergothérapie apporte à la personne âgée.
3.2 L'ergothérapie et la personne âgée
L’ergothérapie en gériatrie
Selon la définition du Petit Larousse 2010, la gériatrie est « une discipline médicale
consacrée aux maladies des personnes âgées. »
D’après Éric TROUVE14 : « l’ergothérapie, en tant que pratique basée sur le développement
de la performance dans les activités, est une réponse essentielle aux problèmes de la
personne âgée et de son entourage. Par une démarche préventive et réhabilitative, elle
permet d’éviter les désadaptations et d’améliorer la qualité de vie sur les lieux d’habitation
des personnes (institution ou domicile) et accompagne l’entourage (professionnel ou familial)
à travers une action éducative. »
Avec cette citation, on se rend compte que l’ergothérapeute a toute sa place dans le
domaine de la gériatrie. Quel est son rôle dans les EHPAD ? En quoi peut-il prévenir
13
BOUCAND M-H. Dire la maladie et le handicap : de l’épreuve à la réflexion éthique. Paris : Vuibert, août 2009. 128 p. p24-29
(espace éthique).
14 TROUVE E.et al. Ergothérapie en gériatrie : approches cliniques. Marseille : Solal, 12 février 2009. 385p. (Collection
Ergothérapies).
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l’apparition d’un syndrome du glissement ? Quel accompagnement offre-t-il à un résident
entrant ?
L’ergothérapie en EHPAD
Les rôles de l’ergothérapeute, dans les EHPAD, sont variés.
Évaluation
Il va essayer d’avoir une vision globale de la personne notamment en réalisant des
bilans :
- Bilan des déficiences qui concernent l’aspect lésionnel du handicap. Il évalue ici les
conséquences lésionnelles dues à la chute ainsi que les conséquences liées à
l’hospitalisation : quels types de déficiences présente le sujet âgé ? Présente-t-il un
syndrome confusionnel relatif à son hospitalisation ?
- Bilan des incapacités qui sont relatives à l’aspect fonctionnel du handicap. Il évalue ici les
conséquences fonctionnelles de la chute : quel est son impact par rapport à la participation
de la personne aux activités de vie journalière, aux loisirs etc. ?
- Bilan des situations de handicap, celles-ci étant définies comme les «réductions de la
réalisation des habitudes de vie, résultant de l’interaction entre les facteurs personnels (les
déficiences, les incapacités et les autres caractéristiques personnelles) et les facteurs
environnementaux (les facilitateurs et les obstacles).» 15 L’évaluation des situations de
handicap permet à l’ergothérapeute de mettre en exergue le niveau d’aide humaine ainsi que
les aides techniques nécessaire à la personne.
A titre d’exemple, la passation du SMAF (Système de Mesure de l'Autonomie Fonctionnelle.
Annexe 2), du MMS (Mini Mental Score. Annexe 4), du test de l’horloge (Annexe 8), du test
des Cinq mots de Dubois (Annexe 3) ainsi que du «get up and go test» (Annexe 5)
permettraient, par la vision globale de la personne, de détecter ces déficiences, incapacités
et situations de handicap.
Les personnes âgées vivant dans l’établissement, les moyens mis en place doivent
être pertinents et cohérents par rapport à leur projet de vie. Quelles sont ces moyens ?
Moyens utilisés
15 FOUGEYROLLAS et al. Le MDH-PPH. RIPPH (Réseau International sur le Processus de Production du Handicap) [en
ligne].2013.Disponible sur Internet :<http :www.ripph.qc.ca/mdh-pph/mdh-pph> (Consulté le 20 mars 2013)
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D’une part, l’accès de la personne au confort dont elle a besoin est un élément
essentiel pour envisager la suite de la prise en charge. Ceci est du domaine de
l’ergothérapeute : son rôle dans l’installation ainsi que dans le positionnement (au lit et au
fauteuil roulant si besoin) le confirme. En effet, l’installation initiale constitue un élément de
base qui permet au sujet âgé entrant de se sentir accueilli.
D’autre part, l’ergothérapeute est susceptible de préconiser diverses aides techniques
permettant au résident d’être aussi autonome et indépendant que possible. Pour ce qui
concerne le sujet âgé fragile intégrant un EHPAD suite à une chute, cela paraît important car
jusqu’à la survenue de cet accident, il vivait chez lui de façon autonome et indépendante.
Accepter l’aide d’une tierce personne pour réaliser des activités qu’il faisait seul jusqu’alors,
n’est pas un choix et pourrait être déstabilisant pour quelqu’un qui doit déjà avoir à faire le
deuil de plusieurs choses rapidement, tout en s’adaptant à un nouveau lieu de vie très
différent de son ancien domicile.
Tous ces moyens ne peuvent être bénéfiques pour le patient que s’ils sont intégrés
dans une prise en charge pluridisciplinaire. Pour quelles raisons est-il important que
l’ergothérapeute soit intégré à une équipe pluridisciplinaire ?
L’ergothérapeute au sein d’une équipe pluridisciplinaire
La collaboration et la coordination entre les différents membres du personnel
soignant sont nécessaires pour une prise en charge optimale du résident.
Les liens avec le reste de l’équipe soignante concernent :
- la mise en place du projet de vie de la personne (en accord avec celle-ci) pour que la prise
en charge soit individualisée. En s’adaptant à la façon de vivre de la personne, celle-ci
pourra se constituer des repères et conserver le sens qu'elle donne à sa vie,
- la mise à disposition du dossier de l’ergothérapeute avec les différentes capacités de la
personne pour que les aides-soignantes,lors de la toilette par exemple, puisse préserver au
maximum le niveau d’autonomie et d’indépendance du résident,
- les réunions pour transmettre les informations qui sont importantes à connaître pour la suite
de la prise en charge, les réunions de synthèse. Cela permet de savoir comment se passe
l’intégration du « nouveau » résident dans l’établissement et d’ajuster la prise en charge si
nécessaire. La famille peut être conviée à ce type de réunion.
On peut donc dire que l’interdisciplinarité est essentielle pour une prise en charge
optimale du « nouveau » résident. En effet chaque membre du personnel soignant, avec ses
compétences spécifiques, peut apporter des éléments pertinents. Il s’agit de faire en sorte de
préserver les capacités résiduelles de la personne, de s’adapter à sa façon de vivre et d’être
vigilant concernant les signes pouvant être les prémices du développement d’un syndrome
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du glissement. Le but étant de permettre au résident de, s’adapter petit à petit, à sa nouvelle
vie et, à terme, d’y prendre goût et de maintenir le sens donné à son existence.
Nous avons, dans l’élaboration de ce mémoire, écrit des mots, des termes (habitudes
de vie, incapacités, obstacle, environnement, participation sociale) piochés dans un modèle
conceptuel utilisé par les ergothérapeutes : le PPH (voir également annexe 6). Précisons
maintenant l’intérêt de ce modèle pour ensuite le transposer à la situation qui nous intéresse.
Le PPH, processus de production du handicap
D’après le RIPPH (Réseau International sur le Processus de Production du
Handicap), « le PPH montre que la réalisation des habitudes de vie peut être influencée par
le renforcement de nos aptitudes et la compensation de nos incapacités par la
réadaptation, mais également par la réduction des obstacles […]. Ainsi, mesurer la
réalisation des habitudes de vie, c’est identifier le résultat de la rencontre entre la personne
et son environnement. On parlera alors d’un indicateur de la qualité de participation
sociale optimale jusqu’à la situation de handicap complète. »
Le profil de sujets âgés qui nous concerne dans notre étude est le suivant : il s’agit de
personnes âgées de plus de 80 ans présentant un système organique fragile (facteurs
personnels). Cette fragilité étant due à l’âge avancé, on peut alors identifier le vieillissement
comme étant la cause. Une simple chute au domicile va entraîner une entrée en institution
inévitable car les conséquences de la chute qui survient sur un « terrain » fragile
(conséquences traumatiques, psychomotrices…) représenteront des obstacles pour
réintégrer le domicile. Cette entrée dans ce nouvel environnement dans lequel l’adaptation
est difficile (voir la partie sur « la signification de l’entrée ») cumulée à l’incapacité à se
mouvoir pourrait avoir un impact sur le maintien des habitudes de vie et sur la qualité de
participation sociale. Ceci pouvant être à l’origine d’une perte de l’élan vital, d’un syndrome
de glissement.
Une fois ces constats effectués, comment l’ergothérapeute peut-il prévenir
l’apparition d’un syndrome de glissement ?
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3.3 L'ergothérapie et la prévention du syndrome de
glissement
La prévention de ce syndrome chez la personne âgée vivant en EHPAD passe par le
maintien de son autonomie notamment au travers de la préservation de ses habitudes de vie
antérieure et sa participation sociale. La mise en place des techniques au déplacement
pourrait peut-être permettre le maintien de l’autonomie et ainsi permettre de conserver le
sens donné à la vie.
Les aides techniques au déplacement
Les aides au déplacement auxquelles nous souhaitons faire référence ici sont : le
fauteuil roulant manuel, le fauteuil roulant électrique éventuellement, la canne, le
déambulateur, le rollator. Elles peuvent être utilisées soit de façon indépendante (fauteuil
roulant manuel à propulsion podale, fauteuil roulant électrique, canne, déambulateur,
rollator), soit en étant accompagné (canne, déambulateur, rollator) ou encore avec l’aide
d’un tiers (fauteuil roulant manuel confort par exemple).
En plus de solliciter toutes les fonctions de l’organisme (pour les aides à la marche), de
prévenir certaines complications et de permettre le maintien d’une posture adaptée, les aides
techniques au déplacement présentent plusieurs intérêts pour le résident. En effet, elles
permettent à la personne de choisir l’endroit où elle souhaite aller. La marche tout comme le
fauteuil roulant, en favorisant le maintien de l’autonomie, sont des moyens de lien social et
de relation aux autres car la possibilité est alors donnée à la personne de se déplacer pour
aller vers l’autre. De plus, elles permettent à la personne d’aller chercher son journal, son
courrier,… de conserver ses activités et ses habitudes de vie antérieures qui font le du sens
à sa vie.
Par l’utilisation de ces aides techniques au déplacement, le maintien des habitudes
de vie ainsi que la participation sociale seront alors possible : en quoi est-ce si important que
les personnes âgées puissent conserver un rôle social et maintenir un sens à leur vie en
EHPAD? Quel est le rôle de l’ergothérapeute dans le maintien du sens de la vie des
résidents ?
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L'ergothérapeute comme contributeur du maintien du sens de la vie
Nous nous sommes arrêtés sur quelques éléments de la définition de l'ANFE
(Association Nationale Française des Ergothérapeutes) que nous trouvions pertinents par
rapport à notre problématique :
« L'ergothérapeute est un professionnel de santé qui fonde sa pratique sur le lien entre
l'activité humaine et la santé […]. Nos activités sont le reflet de ce que nous sommes et
elles donnent du sens à la vie. Si l'on est incapable d'accomplir des choses que l'on
souhaite ou doit réaliser, notre bien-être général et donc notre santé en seront affectés. Les
occupations d'une personne se retrouvent ainsi étroitement liées à sa qualité de vie et au
sens donné à son existence ! […] ».16
Dans ces différents éléments de la définition transparaît la question des aspirations et
besoins de la personne. Ceci nous amène à reprendre les travaux d'Abraham Maslow,
psychologue spécialiste de la motivation. Ces travaux des années 1940 ont été repris sous
forme d'une pyramide qui propose un principe de hiérarchisation des besoins de l'être
humain (voir annexe 7).
Chaque niveau de la pyramide est accessible à l'être humain que si les besoins
correspondant aux niveaux inférieurs qui le supportent sont satisfaits.
Interrogeons-nous sur les besoins d'un résident intégrant un EHPAD suite à une
chute et sur la hiérarchisation de ses besoins :
– Besoins physiologiques : l'apport de confort par des aides techniques au repas, à la
toilette, au déplacement… pour chacune des activités de vie quotidienne. Mais aussi…
Comprendre le fonctionnement de l'institution, se forger de nouveaux repères, avoir des
réponses à ses attentes qui peuvent concerner le maintien des habitudes de vie antérieures
(que l'on doit recueillir dès que possible),
– Besoins de sécurité : être tranquille sur le fait qu'on soit en sécurité dans la structure ainsi
que dans la chambre qui représente un lieu intime, un nouveau domicile ; être rassuré dès
l'entrée (et même avant) ; se sentir dans un climat de bienveillance. Ce type de besoins
concerne également le fait d'avoir le droit d'obtenir de l'aide des professionnels sans avoir le
sentiment de déranger ou d'être victime d'un jugement quelconque,
– Besoins d'appartenance et affectifs : faire partie intégrante du groupe de résidents,
participer au repas ayant lieu en salle à manger collective, pouvoir discuter et échanger lors
16 ANFE (Association Nationale Française des Ergothérapeutes). Définition. Site officiel de l’ergothérapie et des
ergothérapeutes [en ligne]. 31 juillet 2012. Disponible sur Internet
:http://anfe.fr/index.php?option=com_content&view=article&id=47&Itemid=64 (Consulté le 20 novembre 2012)
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des animations ou des sorties par exemple. Il s'agit aussi de se sentir bien au sein de ce
groupe et de prendre du plaisir à participer aux activités proposées en groupe,
– Besoins d'estime et de reconnaissance : c'est à ce niveau de la pyramide que nous ferons
référence aux rôles sociaux en reprenant l'un des nombreux éléments de la définition
générale de l'ergothérapie que donne l'ANFE : « un ergothérapeute peut trouver des
solutions pour relever le défi du quotidien, faire disparaître les barrières et permettre d'agir,
de retrouver (ou de maintenir) le rôle social et ainsi de mener une vie satisfaisante. » C'est
donc, entre autres, sur ce point que l'ergothérapeute va tenter d'agir. Cette intervention peut
s'effectuer à trois niveaux :
- réactiver un rôle ancien perdu : permettre, par exemple, à la personne de préparer
des repas comme elle pouvait le faire pour ses enfants ou petits-enfants dans le
passé,
- créer un nouveau rôle comme participer au conseil de vie sociale de l'EHPAD par
exemple,
- travailler sur un rôle ancien.
Pour ces raisons, il est essentiel d'avoir une connaissance approfondie de la personne en
recueillant ses habitudes de vie antérieures par exemple.
Il est important de pouvoir travailler sur le maintien ou l'acquisition de rôles sociaux pour le
type de population que l'on cible car l'entrée en EHPAD - avec tout ce qu'elle implique et,
ajoutée à la fragilité des personnes - pourrait entraîner une mélancolie, une dépression ou
encore un syndrome du glissement.
Revenons au dernier niveau de la pyramide :
– Besoins d'accomplissement et d'épanouissement personnel : le fait de se sentir utile pour
quelqu'un ou pour quelque chose pourrait permettre à la personne âgée d'atteindre ce
besoin humain. Le besoin de s'occuper en vue de se réaliser est directement relié aux
différents rôles sociaux vécus et tenus par une personne. Nous retrouvons ici l'un des
éléments (énoncés précédemment) qui définit l'ergothérapie : « […] Les occupations d'une
personne se retrouvent ainsi étroitement liées à sa qualité de vie et au sens donné à son
existence ! […] ».
Ainsi, nous pouvons dire que, l'ergothérapeute, en favorisant le maintien des
habitudes de vie et la participation sociale, permettrait le maintien du sens de la vie des
personnes âgées.
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Pour conclure, nous pouvons dire que l'ergothérapeute qui est intégré à une équipe
pluridisciplinaire, pourrait prévenir l'apparition d'un syndrome de glissement en :
– se calquant sur les bonnes pratiques professionnelles relatives à l'entrée en institution qui
concerne l’accompagnement de la personne vers l’EHPAD, au moment de l’accueil et pour
son intégration future. Cela permettrait à la personne d’appréhender son arrivée en
institution plus sereinement et de s’adapter à son nouveau lieu de vie pour ensuite participer
à la vie de l’établissement et ainsi conserver un sens à son existence,
– prenant en compte les difficultés pouvant être ressenties par des personnes âgées fragiles
intégrant un EHPAD suite à une chute,
– recueillant les habitudes de vie de la personne et en mettant en place des aides
techniques, au déplacement notamment car il s'agit ici de personnes entrant suite à une
chute,
– préservant les habitudes de vie de la personne ainsi que sa participation sociale.
Selon notre théorie, ces différents éléments permettraient aux sujets âgés de
maintenir le sens de leur vie, l'élan vital serait conservé et le syndrome de glissement ne
serait pas observé.
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PARTIE PRATIQUE
1. ETUDE
1.1. Objectifs de l’étude
D’une part, notre but était de tenter de répondre à notre question de recherche, né
d’un cheminement personnel, en nourrissant notre réflexion par des apports théoriques mais
aussi par le biais de rencontres avec des professionnels. Puis, nous pourrions confronter
notre hypothèse avec leurs réponses. Nos recherches nous permettant, à terme, de vérifier
ou de réfuter notre hypothèse de départ. D’autre part, il s’agissait de s’intéresser à un sujet
précis, ici cela concerne l’un des versants du métier d’ergothérapeute dans le domaine de la
gériatrie et plus particulièrement, dans les EHPAD. Enfin, ce type d’établissement pouvant
potentiellement représenter un lieu de mise en pratique lorsque nous serons diplômés ;
l’intégralité de cette étude nous a fait réfléchir quant à notre future pratique professionnelle.
1.2. Professionnels rencontrés
Tous les professionnels avec qui nous avons choisi d’entrer en contact étaient
ergothérapeutes. Ce choix était volontaire, d’une part, parce que nous souhaitons exercer ce
métier dans un futur proche et, d’autre part, parce que notre questionnement initial
concernait précisément le rôle de ce type de professionnel dans la prévention du syndrome
de glissement. Ce dernier concernant majoritairement les personnes âgées voire très âgées,
nous souhaitions rencontrer des ergothérapeutes travaillant au sein d’établissements
spécifiques à ce type de population, les EHPAD. Pour cette étude, nous avons trouvé
intéressant et approprié de rencontrer les professionnels ayant la possibilité de suivre les
résidents au quotidien : c’est pour cette raison que nous nous sommes entretenus avec des
ergothérapeutes présents au minimum quatre jours entiers par semaine dans le type de
structure qui nous intéresse. Nous souhaitions également respecter un autre critère qui est
celui de l’expérience dans le métier : en effet, nous voulions entrer en contact avec des
ergothérapeutes exerçant depuis au moins un an dans le même EHPAD, ceci nous assurait
qu’un suivi régulier sur le moyen, voire le long terme, avait été ou était effectué auprès des
résidents. Les personnes interrogées, avec ce minimum d’un an d’expérience, pouvaient
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faire preuve d’un certain recul sur la prise en charge des résidents et ainsi nourrir la réponse
à partir de différents exemples vécus.
Ainsi, les ergothérapeutes rencontrés étaient âgés de 25 à 55 ans et accumulaient entre 2 et
25 années d’expérience dans les EHPAD.
1.3. Recueil de données utilisé : l'entretien semi-directif
Explication de ce choix de recueil de données
Pour mener notre étude à son terme, il nous a fallu choisir un outil permettant de
vérifier ou de réfuter notre hypothèse de recherche en allant voir sur le terrain. Ceci
permettant également de recueillir de la matière pour découvrir éventuellement d’autres
aspects auxquels nous n’aurions pas pensé. Nous avions le choix entre différents types
d’outils : l’observation, l’entretien semi directif, le questionnaire, l’entretien téléphonique.
Nous avons utilisé l’entretien semi directif car nous estimions que celui-ci nous permettait de
retirer des informations de réflexion plus riches que le questionnaire. En effet, avec cet outil,
nous pouvions avoir un contact direct avec nos interlocuteurs ; ce qui laissait place à
l’échange, au partage de l’expérience et à une certaine profondeur dans les réponses. Nous
souhaitions obtenir des réponses authentiques de la part des personnes interrogées et c’est
pourquoi nous avons aussi préféré cette méthode à l’entretien téléphonique pour lequel le
risque d’interprétation n’est pas négligeable. L’entretien semi directif nous permet d’obtenir
des informations exprimées de façon non verbale et parfois riches de sens.
Élaboration de l'outil
Par le biais de notre grille d'entretien (Voir Annexe 9), nous avons tout d'abord
cherché à nous assurer de la pertinence de notre problématique afin d'être réellement
convaincus qu'elle pouvait représenter un sujet d'étude à part entière. Ensuite, nous
trouvions intéressant de recueillir des réponses que nous avons tentées de ne pas orienter
avec nos questions : en effet, il s'agissait de laisser les ergothérapeutes libres d'étendre le
sujet (sans s'en écarter) dans le but d'éventuellement mettre le doigt sur des aspects
auxquels nous n'aurions pas pensé. Puis, nous souhaitions également, par ces entretiens,
confronter notre hypothèse aux réponses des professionnels rencontrés. Pour ces raisons,
nous avons fait le choix de poser des questions ouvertes et semi-ouvertes lors de nos
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entretiens : le but final étant de recueillir des données ayant une valeur plus qualitative que
quantitative.
Nous avons fait passer nos entretiens à quatre ergothérapeutes profitant d'un temps de
travail minimum de 80 % (ceux-ci ne travaillant que dans un seul EHPAD chacun). Nous
prenions donc quatre rendez-vous distincts, par téléphone, en demandant si notre futur
entretien pourrait être enregistré. Ceci paraissait important pour pouvoir analyser chacun
d'entre eux par la suite mais aussi pour faciliter la retranscription écrite qui nous est
demandée. Au moment de la rencontre, nous réexpliquions (nous l'avions globalement fait
au téléphone) l'objet de l'entretien et la problématique à laquelle nous souhaitions trouver
des réponses.
Nous suivions notre grille en essayant de la placer dans un contexte d'échange plutôt que
sous forme d'une succession de questions.
2. ANALYSE DES RESULTATS
2.1. Facteurs de risque de développement d'un syndrome de
glissement
Les motifs d’entrée
Dans notre étude, nous nous sommes intéressés aux motifs d’entrée en EHPAD :
nous les avons classés en trois catégories relatives au choix de la personne concernant la
décision d’intégrer ce type d’établissement.
Pour une minorité de sujets âgés, il s’agirait d’un choix délibéré. En effet, nous
apprenions qu’il arrive que ce soit la personne elle-même qui demande à entrer en EHPAD :
« il arrive quelquefois qu’il y ait des personnes elles-mêmes qui veulent rentrer parce qu’elles
sont encore valides, elles préfèrent entrer dans ces conditions-là et puis rencontrer d’autres
personnes avec qui elles peuvent discuter ». Ce choix délibéré de la part de la personne ne
fut mentionné qu’une seule fois lors de nos enquêtes, au cours du premier entretien. Il
semblerait, d’après ce que nous ont dit les professionnels que la plupart des personnes qui
font le choix d’intégrer ce type d’établissement soient contraintes de le faire…
Pour d’autres donc, il s’agirait d’un choix « contraint ». « Il y en a qui choisissent ;
après, est-ce que c’est choisir quand…C’est plus accepté! » (Entretien 3). En effet, « il y en a
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qui se rendent compte qu’elles ne peuvent plus assumer à domicile même avec des aides.
Après, elles se rendent compte aussi qu’il y a peut-être des risques de chute fréquents, de
se retrouver seul la nuit en étant tombées et être récupérées le lendemain matin… »
(Entretien 1). L’une des ergothérapeutes expliquait qu’il était rare que la personne elle-même
fasse le choix d’entrer en EHPAD et que si elle le faisait, c’était parce qu’elle y était
contrainte : «… La personne elle-même qui ne se sent pas en sécurité, ce qui est
relativement rare mais qui arrive c’est-à-dire que dans certains cas cela arrive que ce soit
une démarche volontaire de sa part un moment donné. » (Entretien 4).
Enfin, chacun des professionnels interrogés est d’accord pour dire que, dans la
majorité des cas, l’entrée n’est pas un choix. Ils évoquent deux raisons principales :
- D’une part, pour trois des quatre ergothérapeutes avec qui nous nous sommes entretenus,
il ressortait que la famille du futur résident pouvait être à l’origine de l’entrée en institution de
leur proche. Trois raisons étaient mises en avant sur cet aspect :
- La distance : « les familles… Qui sont trop loins » (Entretien 1) ; « le rapprochement
familial : des gens isolés qui habitent la région parisienne et pour qui les enfants sont venus
passer la retraite ici donc viennent ici. » (Entretien 2).
- La charge trop lourde à assumer pour la famille avec souvent un épuisement : «…
Fille unique, seule, elle « gère » quand même depuis quelques années son proche et cela
s’alourdit au fur et à mesure et elle est obligée de faire entrer son proche en institution. »
(Entretien 1) ; «… L’aidant qui est souvent le mari ou le conjoint peut être épuisé lui aussi. »
(Entretien 2).
- Leur parent présente des troubles cognitifs : « c’est plus facilement les familles des
personnes ayant plutôt des troubles cognitifs qui prennent la décision d’inscrire leurs proches
en EHPAD » (entretien 1) ; « Ici, nous avons deux unités dites « Alzheimer »… Bien souvent,
ce sont des gens qui étaient à domicile et pour qui le comportement devient insécurisant
avec une déambulation la nuit… ». (Entretien 2).
Tous ces facteurs réunis sont favorables à l'arrivée d'une dépression voire d'un syndrome de
glissement. La troisième personne évoquant le rôle de la famille dans l’entrée de leur proche
en EHPAD nous disait : «… Le plus souvent, c’est l’entourage, les enfants qui prennent les
devants. » (Entretien 4). L'entrée n'est pas un choix pour la personne elle-même, c'est une
obligation. De plus, la décision est prise rapidement et souvent à l'initiative de la famille : le
sujet âgé va devoir faire face à cette rupture avec son domicile pour laquelle il n'aura pas le
temps de faire le cheminement nécessaire.
- D’autre part, trois ergothérapeutes ont fait référence aux entrées suite à des
hospitalisations : «… Une difficulté en tout cas qui arrive comme ça brutalement qui entraîne
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une hospitalisation et donc la personne face au fait que bah… Rester à domicile chez elle
toute seule ça devient problématique donc voilà. » (Entretien 4). Deux de ces trois
professionnels expriment que beaucoup, voire la plupart des résidents, ont intégré
l’établissement après un passage à l’hôpital : « la plupart des gens, souvent, ne viennent pas
du domicile ; le parcours, c’est souvent l’hôpital » (Entretien 3) ; «…Effectivement, bien
souvent, de plus en plus, ce sont des entrées directement de l’hôpital. » (Entretien 2). La
personne âgée fragile qui est hospitalisée suite à une chute à domicile (entraînant une perte
d'autonomie importante) à l'origine d'une prise de décision, rapide et dans laquelle elle n'est
pas impliquée, quant à son placement en institution n'aura pas le temps de faire le
cheminement nécessaire pour aborder cette "nouvelle vie" dans les meilleures conditions.
Ceci peut représenter un facteur de risque de développement d'un syndrome de glissement.
Mise en avant d’une population à risque de développer un
syndrome de glissement
« Souvent, on sait que l’entrée en maison de retraite, pour la plupart des gens, ce
n’est pas quelque chose d’anodin, au niveau de la symbolique, c’est très marqué. »
(Entretien 3). Deux ergothérapeutes interviewés nous ont fait part d’exemples de personnes
ayant développées un syndrome de glissement et pour lesquelles l’entrée en maison de
retraite n’est pas un choix : «… Une dame qui ne voulait pas entrer en maison de retraite
donc ceci peut engendrer cela. » (Entretien 1) ; «… C’est quelqu’un qui n’a pas du tout fait le
choix de venir… » (Entretien 2).
Un troisième ergothérapeute n’avait pas d’exemple à nous donner mais estimait tout de
même que « si la personne déjà, n’est pas en accord avec ce choix là et bien ça peut… Ça
n’aide pas. » (Entretien 3).
Un second aspect en lien avec ce fait que l’entrée soit rarement un choix délibéré de la
personne, pouvait être à l’origine du développement de ce syndrome : le deuil. «… Ça fait
une rupture avec la vie d’avant donc ils doivent aussi sans doute faire le deuil de plein de
choses donc c’est pas forcément simple… » (Entretien 3). « Les personnes qui ont à faire le
deuil de la vie… De sa maison, le deuil de sa vie d’avant. » (Entretien 4).
Ainsi, nous pouvons mettre en avant que le fait d’intégrer un EHPAD n’est pas simple
pour les personnes. En effet, entrer dans ce type d’établissement est rarement un choix
délibéré de la part de celles-ci, ce qui fait émerger une population à risque de développer un
syndrome de glissement. Les ergothérapeutes étant unanimes pour faire part de cela ; nous
estimons que notre problématique est légitime.
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Profils des résidents entrant
Trois des quatre ergothérapeutes rencontrés, nous révélaient qu'il était difficile
d'établir un profil type concernant les « nouveaux » résidents ; il diffère selon les personnes :
« Cela dépend vraiment de la personne… » (Entretien 1) ; «… chaque cas est particulier. »
(Entretien 4). «ça dépend… après, c'est vrai que… on y va au pas à pas quoi en fonction des
demandes, en fonction du feeling aussi que l'on peut avoir avec la personne. » (Entretien 2).
Ce constat fait également référence au fait qu'il est primordial d'établir une relation de
confiance avec la personne.
Lors de l'entretien 4, nous apprenions que le profil des sujets âgés entrants avait
changé au cours des années : « […] On a un profil de personne âgée qui entrent en EHPAD
qui a changé au fil du temps. Moi, ça fait 25 ans que je suis là et je me rends compte que ce
n'est pas du tout le même type de personnes qui entrent : elles rentrent plus tard, donc elles
entrent aussi en ayant encore moins fait le choix de rentrer je crois. ». Le fait, comme nous
l'évoquions précédemment, que la plupart des personnes âgées soient contraintes d'intégrer
un EHPAD peut provoquer différentes réactions : « Peut-être une certaine agressivité […] Il y
a peut-être de la somatisation sur certains aspects aussi […]. La personne va nous renvoyer
que des manques, des difficultés. » (Entretien 4) ; « Il y aura toujours une période
d'adaptation où on peut être confronté à un repli sur soi. » (Entretien 2). De fait, la personne
devra faire face à une succession de deuils qu'elle n'aura pas le temps d'effectuer. Le doigt
est donc mis sur certains comportements que l'on peut qualifier de, négatifs et à risque, que
les personnes âgées renvoient aux soignants. Ceci peut s'expliquer encore une fois par le
fait que le résident n'ait pas eu le temps de s'approprier le passage en EHPAD, la rupture
avec son lieu de vie antérieur ainsi que sa perte subite d'autonomie. En effet, dans les
entretiens 2 et 3, on faisait référence à la polypathologie du sujet âgé et à ce qu'elle pouvait
engendrer : «… Je regarde les dernières personnes qui sont arrivées… Ils ont tous des
troubles cognitifs ! » (Entretien 3) ; «… Ils rentrent en maison de retraite, ils sont
multipathologiques donc on est beaucoup rattraper avec ça… Des pathologies aiguës. Donc,
souvent ça les rattrape ça freine sur certains aspects. » (Entretien 2). L'acceptation de cette
nouvelle vie est difficile à effectuer et il est important d'accompagner les personnes vers
celle-ci pour qu'elles puissent à nouveau donner un sens à leur vie.
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2.2. L’accompagnement proposé
Celui-ci se décline en trois parties liées les unes aux autres.
Préparer l’arrivée
Les ¾ des ergothérapeutes interrogés nous expliquaient qu’avant l’entrée effective,
une visite est réalisée avec la famille et le résident lui-même si c’est possible : « alors…
avant déjà il y a un moment de… enfin les gens viennent visiter la maison de retraite. »
(Entretien 1) ; « il y a souvent une visite faite par l’infirmière référente du service ou par le
cadre infirmier ou l’infirmière coordinatrice. » (Entretien 2) ; « On leur annonce l’entrée et
donc, soit la visite a été faite préalablement […] » (Entretien 4). Cela peut permettre à la
personne de faire connaissance avec son nouveau lieu de vie. Cependant, nous savons que,
pour ce qui concerne notre sujet, les personnes sont généralement hospitalisées à ce
moment-là donc la visite est différée : « […] Soit elle va être faite à ce moment-là et la
personne, elle, va découvrir l’établissement. » (Entretien 4). Ces visites peuvent être
l’occasion de recueillir des informations concernant la personne auprès de la famille : « cette
rencontre permet aussi le recueil des données les plus importantes […] Pour avoir un accueil
au plus précis à l’entrée. » (Entretien 2). L'idéal serait de préalablement, entrer en contact
avec le résident et/ou sa famille ainsi que de recueillir des données concernant les habitudes
de vie antérieures de la personne.
Chacun des ergothérapeutes enquêtés nous disait qu’un recueil de données
concernant la personne était effectuée par un ou plusieurs des soignants de l’équipe
pluridisciplinaire : « une infirmière chargée du lien social » (entretien 1) ; « le psychologue et
un autre soignant » (entretien 3) ; « l’aide soignante et l’infirmière » (entretien 2). Ce recueil
peut avoir lieu à l’hôpital : « elle va rencontrer la personne ou la famille ou à l’hôpital quand
les gens sont hospitalisés. » (Entretien 1) ; « ce qu’on essaie de faire c’est d’aller rencontrer
la personne avant qu’elle n’entre en institution pour déjà qu’on se rende compte de son état
sur tous les plans […] Parce que la plupart du temps ce sont des gens qui viennent de
l’hôpital… Quand ce ne sont pas des gens qui viennent de l’hôpital, c’est plus compliqué. »
(Entretien 3) ; « […] Lors de la visite préalable à l’hôpital […] » (Entretien 2). Certains
soignants de l’équipe peuvent aller rencontrer la personne lorsqu’elle est hospitalisée, ceci
nous intéresse car l’hospitalisation avant l’entrée en institution concerne particulièrement le
type de sujets âgés qui nous concernent ici. Cependant, l’un des ergothérapeutes pointait le
fait que : « des fois, ça peut arriver qu’ils viennent seuls en ambulance donc dans ce cas on
s’adapte à la fiche de liaison de l’hôpital. » (Entretien 2). Par cette information, nous
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comprenons que l’entrée ne peut pas toujours être préparée de la même manière pour tout
le monde, ceci pourrait avoir des conséquences sur la suite de la prise en charge.
Deux des quatre des ergothérapeutes nous apprenaient que, l’admission des
personnes dans l’institution, se faisait sur certains critères : « en fonction de certains critères,
c’est le médecin coordonnateur, le directeur et la cadre de santé qui s’occupent de contacter
la famille des personnes. » (Entretien 4) ; « les personnes sont prises en fonction de certains
critères : Est-ce qu’ils habitaient dans le village ? Est-ce qu’ils ont de la famille dans le coin ?
Enfin, on essaie de prendre les personnes les plus proches ou éventuellement qui ont de la
famille ici… » (Entretien 1). D’une part, ceci pourrait être bénéfique pour la personne, dans le
cas où elle habitait le village. En effet, l’une des bonnes pratiques professionnelles de
l’Anesm concerne la « participation à la vie de la cité » donc, les personnes auront peut-être
pu contrecarrer leurs représentations négatives sur l’EHPAD et ainsi l’intégrer avec moins
d’appréhensions. D’autre part, si le choix de l’institution permet le rapprochement familial, on
peut alors imaginer que les bénéfices pour la personne concerneraient la lutte contre ce
sentiment d’abandon qu’elle pouvait développer et l'entretien du lien socio-familial.
Nous pouvons dire que la préparation de l’arrivée se fait par la réalisation de visite
préalable de l’établissement de la famille et/ou du futur résident, de recueil d’informations
nécessaires à la suite de la prise en charge ainsi que par la prise en compte de critères
d’admission spécifiques. Cependant, dans certains cas, cette préparation ne peut s’effectuer
dans ces conditions, ce qui pourrait générer des conséquences pour la suite. Qu’en est-il
pour l’accueil en lui-même ? Comment se déroule-t-il ?
L’accueil
Une seule des quatre ergothérapeutes nous a relaté précisément comment se
déroulait l’accueil des résidents : « après, le résident arrive, il y a un pot d’accueil avec la
famille qui l’accompagne aussi, les soignants, toute l’équipe […] Nous allons au pot d’accueil
pour se faire connaître, leur dire ce qu’on fait. Après, ils aménagent leur chambre, ils ont la
possibilité d’amener quelques meubles… pour se sentir un petit peu chez soi quand même
[…] Au niveau des emplacements de table aussi, cela est important en maison de retraite.
Cela est discuté en équipe au moment des transmissions… En effet, si c’est une personne
qui aime discuter, de la mettre avec des personnes qui discutent un peu ou si toutefois elle
connaissait une personne, voir s’il reste de la place à côté de celle-ci. […] Au niveau du
réfectoire, une personne prend le micro pour annoncer qu’un résident vient d’arriver pour
que celui-ci soit connu des autres. » (Entretien 1).
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Chacun des ergothérapeutes nous faisait part du fait que les équipes soignantes
prenaient soin d’accorder une attention particulière aux résidents lors de l’accueil : « après,
l’accueil se fait dans le service, l’infirmière reférente du service, si elle est là, se déplace ou
l’infirmière qui travaille d’après-midi ce jour-là car généralement les entrées se font l’après-
midi. » (Entretien 2) ; « souvent, on essaie de faire en sorte que le soignant qui a été voir la
personne à l’hôpital soit là l’après-midi où le résident arrive […] Je sais que le psychologue
en général, retourne voir les gens. » (Entretien 3) ; « ça se passe en quelques minutes et
après on y retourne à plusieurs reprises, on est plus attentif à cette personne là pendant
quelques temps… » (Entretien 4).
Cependant, nous avons pu identifier un certain malaise de la part de deux des quatre
ergothérapeutes concernant l’accompagnement des résidents lors de l’accueil : « (Rires)…
On va dire que c’est assez chaotique en ce moment. […] Pour l’instant, c’est assez fou la
manière dont ça se passe… avec le temps on essaiera de manière un peu plus protocolisée
on va dire ! En ce moment, c’est la veille pour le lendemain qu’il y a une entrée donc voilà…
En ce moment c’est un peu compliqué. » (Entretien 3) ; « Alors… Je dirais qu’il y a la
manière idéale donc celle qu’on aimerait c’est-à-dire […]. En réalité, cela ne se fait pas
toujours comme ça parce que les entrées se font comme je disais… comment dire… de
manière un peu brutale c’est-à-dire que même s’il y a un délai entre le moment où on sait
que la personne arrive l’arrivée effective… Ça peut être très court suivant la période à
laquelle on se situe… […] Entre ce que l’on aimerait faire et la réalité il y a quand même un
décalage et quelques fois bah peut-être que ce décalage bah il peut peut-être
malheureusement susciter derrière… avoir des conséquences. » (Entretien 4). En effet, nous
avons mis en avant, dans notre partie théorique, qu’une entrée mal préparée ou qu’un
accueil mal négocié pouvait avoir un impact sur la suite du séjour notamment chez les
personnes âgées fragiles de plus de 80 ans en perte d’autonomie subite suite à la survenue
d’une chute à domicile.
Le déroulement de l’accueil est donc différent d’un établissement à l’autre. Comment
se poursuit la prise en charge ?
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La suite de l’accompagnement
D’après les éléments relatés précédemment, nous constatons des profils différents
les uns des autres concernant les « nouveaux » résidents. On peut constater tout de même
un certain repli sur soi au départ notamment pour les personnes pour qui ce n’est pas un
choix d’être placé en institution. Selon les ergothérapeutes, on propose à chacun des
résidents de participer à des activités ou au repas collectif : « […] On propose toujours mais
si le résident refuse, on ne va pas l’obliger. » (Entretien 1) ; « C’est tout le temps proposé
[…] » (Entretien 2). Cependant, le plus important semble de respecter le choix des résidents
: « On essaie de respecter au maximum le choix du résident donc pour certains, le souhait
est de rester tout seul dans leur chambre […]. On essaie vraiment de respecter son choix de
vie. » (Entretien 1) ; « […] On les écoute au maximum. » (Entretien 2). Le fait de prendre en
compte le choix de la personne quel qu’il soit, permettrait, pour l’un des ergothérapeutes, de
trouver un équilibre : « le fait de respecter leur choix de ne pas être au repas en collectif, ça
leur a permis de s’installer dans leur fonctionnement à elle, de trouver un équilibre qui leur
convient. » (Entretien 4). Donc, durant les premiers jours suivant l’entrée, le travail des
soignants est d’identifier la limite entre cette période de potentiel repli, agressivité ou
somatisation (durant laquelle la personne tente d’accepter sa nouvelle vie et de se constituer
de nouveaux repères) et les signes d’alerte de l’apparition d’une dépression ou d’un
syndrome du glissement. Pour cela, il va s’agir également de tenter de connaître la
personne. « On va dire que dans les 15 premiers jours de l’arrivée de la personne, ça va être
vraiment de la connaître le mieux possible […]. » (Entretien 4).
Le recueil préalable des habitudes de vie de la personne aura permis de mettre en
avant ses besoins et ses attentes concernant l’établissement. Le travail des soignants sera
alors de s’adapter à ceux-ci et au choix de vie de la personne pour une prise en charge
optimale : « On va plutôt centrer sur ce qu’elle aimait, essayer de donner un petit peu de vie
à la maison de retraite […]. C’est vraiment essayer de s’adapter à la personne, à sa façon de
vivre aussi pour que la personne se sente mieux possible. » (Entretien 1) ; « […] On essaie
de proposer des choses qui font sens pour la personne. » (Entretien 3) ; « […] pouvoir aussi
le mieux possible l’accompagner au quotidien. » (Entretien 4) ; « ce qui va permettre d’avoir,
d’entrée de jeu, un accompagnement au plus juste. Cela sert de base […] » (Entretien 2).
Il s’agit donc de personnaliser au maximum l’accompagnement du résident.
D’ailleurs, un seul ergothérapeute a fait référence au projet personnalisé : « Pour nous, les
projets d’accompagnement individualisés sont pas encore bien mis en place. […] C’est ce
qui est préconisé de faire pour chaque résident : nous sommes en train d’essayer de mettre
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cela en place mais on n’est pas encore au point. » (Entretien 3). Il semblerait que ce type de
projet commence seulement à se mettre en place dans certains EHPAD.
La personnalisation de l’accompagnement passe aussi par le rattachement de la
famille à la prise en charge du résident, qui fut soulignée lors de deux entretiens : « […] Au
bout de quelques semaines il y a une réunion qui est faite avec la famille […] Où il y a
l’ensemble de l’équipe soignante… enfin… en général, il y a un représentant de chaque
profession avec la famille, le médecin. » (Entretien 3) ; « […] On accueille aussi bien
l’entourage et la famille ça peut aussi favoriser justement la visite dans l’établissement…la…
je dirais une certaine collaboration avec l’équipe et ça… Et bien, ça peut être très précieux
pour la suite. » (Entretien 4).
Pour accompagner la personne dans sa nouvelle vie, il s'agit donc, pour les soignants
de :
- faire preuve d'écoute,
- prendre en compte les choix du résident,
- intégrer la famille dans la prise en charge de leur parent,
- accompagner la personne dans les différentes phases de deuil et de changement,
- personnaliser l'accueil ainsi que la prise en charge du résident.
L'ensemble de ces éléments favorisant l'intégration optimum du résident.
Nous allons à présent voir ce que l'ergothérapeute apporte à l'accompagnement du
résident.
2.3 L'ergothérapeute et la prévention du syndrome du
glissement
Rôle de l'ergothérapeute dans la prise en charge des résidents
Tout d'abord, l'ergothérapeute, se présente auprès du résident pour que celui-ci
puisse le reconnaître et savoir ce qu'il fait : « on se présente » (entretien 3) ; « on fait partie
de l'équipe déjà donc nous connaître leur permet d'avoir une idée d'ensemble de la maison
de retraite au niveau du personnel […] » (Entretien 1) ; « je me présente même si je sais
que la personne, je ne la verrai pas forcément […] » (Entretien 2). Le fait de se présenter à la
personne dès son arrivée lui permet aussi de se forger des repères notamment concernant
les membres du personnel soignant mobilisés autour d'elle. Cela permet également de
commencer à établir une relation de confiance avec le résident.
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Ensuite, la moitié des ergothérapeutes interrogés a précisé réaliser des bilans ; « je
trouve que c'est plus sur l'observation que l'on va recueillir des informations. On fait
cependant une toilette évaluative même si, pour l'instant nous avons du mal à le faire dès
l'entrée (ce qui serait idéal) […] J'aime bien faire ce type de bilan car cela permet de voir la
personne dans sa globalité, on apprend à mieux la connaître quoi. » (Entretien 1) ; « Après,
en général, il y a souvent une prescription pour un bilan un peu général qui est demandé en
kinésithérapie et en ergothérapie. » (Entretien 3). Cela donne une vision globale de la
personne et suite à ces bilans/évaluations, des objectifs de prise en charge pourront être
posés.
Les ergothérapeutes ont également fait référence à leurs compétences concernant
l'installation, la mise en place de techniques ; ce dont les personnes ont besoin dès leur
arrivée mais aussi au cours de la prise en charge : « Nous faisons tout ce qui concerne
l'installation au fauteuil et au lit donc voilà, c'est lui apporter du bien-être aussi… » (Entretien
1) ; « alors, moi je me déplace aussi toujours, soit le jour, soit le lendemain ou le
surlendemain. S'il y a des besoins particuliers en matériel déjà, si j'ai pu anticiper parce que
j'avais les éléments, j'anticipe et puis je vais voir le jour ou le lendemain pour essayer
d'adapter au plus juste. » (Entretien 2) ; «… En général, on essaie de faire en sorte que tout
le matériel soit prêt en temps et en heure : les aides techniques, les matelas à air s'il y a
besoin, les aides techniques à la marche si besoin, etc. » (entretien 3) ; « […] Tout ce qui est
l'aide au déplacement, autour des repas, etc.… Le fait de donner les bons outils ou les bons
conseils, de favoriser une bonne installation, ça c'est de notre domaine. » (Entretien 4).
Enfin, le rôle de l'ergothérapeute dans les activités auxquelles les résidents
pourraient trouver un intérêt, était mis en avant : « je me calque toujours sur la vie de
l'établissement… Ce qui est proposé, ce que la personne peut éventuellement faire. »
(Entretien 2) ; « ensuite, c'est par l'intermédiaire des activités que l'on va mettre en place soit
à type individuel, soit à type collectif ou en petits groupes. » (Entretien 4).
L'instauration d'une relation de confiance, la vision globale de la personne ainsi que
l'anticipation de la décision sont autant d'éléments favorisant l'accueil du futur résident.
Intéressons-nous maintenant à ce qui fut mis en avant par les ergothérapeutes enquêtés
concernant la prévention du syndrome de glissement.
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Rôle de l'ergothérapeute dans la prévention du syndrome de glissement
Pour prévenir l'apparition du syndrome de glissement, les ergothérapeutes nous ont
exposé plusieurs de leurs rôles.
D'une part, lors de deux entretiens, on nous expliquait qu'il était important de prendre
en compte la façon de vivre ainsi que la personnalité de la personne avant son entrée en
EHPAD : « […] Travailler autour des centres d'intérêt, des envies, de la socialisation. […] Au
travers de la connaissance de l'entretien déjà de la connaissance de la personne de manière
à savoir un petit peu ce qu'on peut lui proposer qui peut susciter son intérêt […] Savoir si
c'est quelqu'un qui est plutôt ou qui était plutôt sociable. » (Entretien 4) ; « on travaille
beaucoup avec ce qu'était la personne avant d'entrer en institution. » (Entretien 2). C'est
aussi pour ces raisons qu'il est important d'interroger la personne elle-même (ou sa famille)
concernant ses habitudes de vie antérieures, et de s'approprier ces informations pour les
retranscrire dans le nouveau lieu de vie que représente l'EHPAD. Le rôle de l'ergothérapeute
concerne directement la prise en compte des habitudes de vie de la personne car sa
spécificité tient dans le fait d'avoir une prise en charge globale de la personne : «… On est
pas analytique nous en tant qu'ergothérapeute, on se calque à la vie d'ici… » (Entretien 2).
D'autre part, la moitié des ergothérapeutes interrogés précisait l'importance de mettre
en place des solutions de déplacement : « […] Soit d'amener la personne à reprendre une
marche autonome avec une aide technique soit, si elle est en fauteuil roulant et qu'il n'y a
pas de possibilité de marcher derrière bah ça va être de faire en sorte qu'elle puisse quand
même se déplacer seule avec son fauteuil roulant […] » (Entretien 4) ; « […] La personne est
partie prenante de ce déplacement autonome… On va dans son sens. » (Entretien 2). Pour
ce qui concerne l'entrée en EHPAD d'un sujet âgé fragile suite à une chute, les aides
techniques au déplacement constituent un élément non négligeable de la prise en charge :
«[…] Leur faire prendre conscience de leurs capacités résiduelles.» (Entretien 2) ; « s'il y a
une difficulté de déplacement, il va falloir bah travailler autour de cette difficulté là donc en
mettant en place les moyens techniques, les aides techniques aux besoins […] » (Entretien
4). Nous retrouvons ici la notion de besoins humains de la pyramide de MASLOW : il s'agit
ici de satisfaire le premier niveau de la pyramide qui concerne les besoins physiologiques,
leur satisfaction pouvant donner accès au niveau supérieur de la pyramide et permettre ainsi
la participation à la vie de l'établissement.
Tous les ergothérapeutes interrogés ont abordé le fait qu'il fallait trouver différentes
choses qui pourraient susciter l'intérêt de la personne : « […] Trouver quelque chose qui lui
ferait plaisir soit en animation soit autre chose… Au moment du repas, l'installer avec peut-
être quelqu'un qui lui convient… » (Entretien 1) ; « […] Aller chercher ce qui peut raccrocher
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la personne, quels sont ses centres d'intérêt ? Qu'est-ce qui peut éveiller quelque chose ?
[…], Essayer de cibler ce qui va pouvoir éveiller quelque chose chez la personne […] »
(Entretien 3) ; « […] En tant qu'ergothérapeute, du coup, on va essayer de trouver des
activités à lui proposer, des situations à lui proposer de façon à susciter si possible bah
l'envie quoi, l'envie de faire, l'envie d'être avec d'autres et non pas de lutter contre le repli. »
(Entretien 4) ; « on essaie petit à petit de lui montrer… les bons aspects de l'institution si on
peut dire et après, soit la personne va accrocher et être demandeuse des animations […] »
(Entretien 2). La participation aux différentes activités nécessite, de la part de
l'ergothérapeute, de bien connaître le résident. Ceci est possible encore une fois grâce au
recueil des habitudes de vie de la personne et à la relation de confiance qui s'établit entre le
soignant (en l'occurrence l'ergothérapeute) et la personne âgée.
L'intervention de l'ergothérapeute pour prévenir de l'apparition d'un syndrome de
glissement, d'après ce que l'on a pu ressortir des résultats de ses entretiens, se situe aussi
dans la mise en place d'aides techniques. Avec ces constats, nous pouvons nous demander
quels sont les intérêts de la mise en place des aides techniques aux déplacements ?
Intérêt des aides techniques au déplacement
Dans un premier temps, nous avons pu recueillir des réponses, concernant trois
entretiens, dans lesquels les ergothérapeutes faisaient référence à des exemples significatifs
: « elle aime être seule dans sa chambre… Après, c'est son choix, elle a toutes ses
capacités cognitives donc elle peut émettre ses choix et désirs sans souci donc on
l'accompagne dans ses choix. Moi, je l'accompagne à la marche parce que c'est quelque
chose qui… » (Entretien 2) ; « bah parce que j'arrive 2/3 fois par semaine à l'accompagner
en salle à manger et elle est contente de ça. Du coup ça la remotive […] les personnes en
général aiment bien la relation duelle […] Cet accompagnement en salle à manger collective
peut être l'occasion de discuter, d'avoir une certaine proximité à un moment donné et pour
un certain nombre c'est important aussi. » (Entretien 4) ; « Là, on a une dame qui est arrivée
suite à une chute, elle a un périmètre de marche qui n'est pas énorme : il est de 30 m donc
elle a un rollator pour faire les petits trajets dans sa chambre. Pour les plus grands trajets,
c'est en fauteuil roulant ; cela ne lui donne pas une autonomie et une indépendance par
rapport au soignant ; elle n'a pas l'idée de rouler le fauteuil roulant seule, elle dit : « oh non
moi je suis bien là. » » (Entretien 3). Ces exemples sont significatifs car lorsque l'on essaie
de savoir ce que représente l'aide technique au déplacement du point de vue du résident, on
se rend compte qu'il n'est pas toujours le même que celui des soignants. En effet, le résident
peut trouver des bénéfices à posséder une aide technique aux déplacements mais ces
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bénéfices ne concernent pas forcément le fait d'être autonome et indépendant. Cependant,
l'intérêt porté à ce type d'aides techniques est tout de même présent, important et peut être
en lien avec le fait que la personne conserve un sens à sa vie.
L'opinion de l'ergothérapeute rejoint celui du résident pour ce qui concerne le fait de
«garder le moral» lorsque l'on a la possibilité de se déplacer : « au niveau relationnel, on
trouve maintenant un peu de discussion, un peu de sourire etc. » (exemple donné par
l'ergothérapeute rencontré lors du second entretien. Il concerne une dame qui semblait
développer un syndrome de glissement et pour qui, la mise en place d'un fauteuil roulant
confort, permettant à sa famille ainsi qu'aux soignants de la faire sortir de sa chambre lui ont
redonné le sourire) ; « je trouve que, au niveau moral, pour les gens c'est énorme. »
(Entretien 1) ; « c'est quelqu'un qui a retrouvé le sourire rien qu'au travers de cela. » (Lors du
quatrième entretien, l'ergothérapeute faisait référence à la femme âgée, citée
précédemment, qu'elle accompagne en salle à manger). Le fait « d'avoir le moral » permet
aux personnes de conserver un élan pour la vie et donc d'éviter de développer un syndrome
de glissement.
Le troisième intérêt qui est ressorti par rapport aux aides techniques aux
déplacements concernait le maintien de l'autonomie : « c'est le maintien de l'autonomie. »
(Entretien 1) ; « le but c'est l'autonomie et l'indépendance. » (Entretien 3) ; « c'est parce que
ça va lui permettre de pouvoir décider à certains moments quand même de l'endroit où elle
va pouvoir se trouver et de pas être forcément je dirais « à la merci » de l'accompagnement
que les soignants peuvent lui donner par ailleurs. » (Entretien 4). L'ergothérapeute rencontré
au deuxième entretien, nous relatait les paroles formulées par une résidente : « mais c'est
pas marcher, c'est pas marcher ! Ce que je veux, c'est pouvoir me déplacer dans ma
chambre ! ».
L'analyse de ces résultats nous a permis d'obtenir des informations importantes
concernant notre problématique. Discutons à présent des conclusions que nous pouvons en
tirer ainsi que de la réflexion que cela nous a permis de mener par rapport à notre future
pratique professionnelle.
Critique de la méthode. :
Nous avons rencontré quelques difficultés pour obtenir des rendez-vous avec des
ergothérapeutes travaillant à 80 % dans un EHPAD. En effet, sur 33 contacts téléphoniques,
seuls quatre ergothérapeutes occupaient ce temps travail. Pour ce qui concerne notre sujet,
il nous paraissait important que les ergothérapeutes aient un suivi régulier des résidents.
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La seconde difficulté concerne les entretiens en eux-mêmes. Nous souhaitions les mener
sous forme d’un échange mais nous avions du mal à nous détacher de notre guide : nous
voulions absolument éviter d’omettre certaines questions afin de récolter un maximum
d’informations pour la suite de notre travail.
Enfin, les données recueillies sont qualitatives. À l’occasion d’un prochain travail de ce type,
nous tenterons d’obtenir des résultats autant qualitatifs que quantitatifs pour traiter le sujet
avec plus de hauteur.
3. DISCUSSION
A domicile, lorsqu'une personne âgée en perte d'autonomie et d'indépendance,
risque de se mettre en danger ou d'éprouver des difficultés pour subvenir à ses besoins, une
solution s'offre à elle : le placement en institution. L'EHPAD est un établissement médicalisé
dans lequel une équipe de soignants est à disposition pour aider la personne à réaliser ses
activités de vie quotidienne en toute sécurité. De plus, la vie en collectivité ainsi que les
diverses activités qui sont proposées permettent au résident de ne pas être victime de
solitude (situation souvent retrouvée chez ce type de population). Présentée de cette
manière, l'entrée en EHPAD paraît être aisée et agréable à vivre. Mais, le passage dans ce
type de structure est en réalité très marqué au niveau symbolique pour la personne.
En effet, pour ce qui concerne notre étude, l'entrée en institution fait suite à
l'hospitalisation (motif le plus courant) du sujet âgé fragile ayant chuté chez lui. C'est donc à
l'hôpital que le retour à domicile est jugé problématique et que la proposition du placement
en institution est formulée. Par manque de solutions alternatives et face à l'urgence de la
situation, c'est généralement la famille/l'entourage qui va prendre les devants et inscrire son
proche en EHPAD. Cette prise de décision rapide dans laquelle le sujet âgé n'est pas
impliqué le bloque dans le cheminement qu'il est nécessaire d'effectuer pour aborder cette
«nouvelle vie» truffée de représentations péjoratives pour lui qu’il sera nécessaire
d’accompagner.
De fait, l'entrée signe l'apparition de nombreux changements. D'une part,
l'établissement représente l'ultime lieu de vie auquel le sujet âgé devra s'adapter, obéir à de
nouvelles règles sociales, modifier son rythme et vivre en collectivité en étant confronté au
handicap des autres résidents. D'autre part, la personne se verra contrainte d'accepter les
différentes pertes dont elle est subitement victime : perte du domicile, perte d'autonomie et
d'indépendance, perte de l'image positive du corps, etc… Tout ceci pouvant être à l'origine
de l'installation d'une forme de mélancolie, de dépression… A terme, le risque serait le
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développement d'un syndrome de glissement. C'est pourquoi, un accompagnement adapté
et débutant avant l'arrivée effective de la personne dans l'établissement est primordial.
Il semblerait que l’entrée en EHPAD s’effectue selon certains critères tels que le
rapprochement familial ou encore la situation géographique. Ceci pouvant être avantageux
pour plusieurs raisons :
- la possibilité de se trouver à proximité de sa famille/son entourage, pourrait permettre
de préserver la personne du sentiment d’abandon qu’elle serait susceptible de
développer et de favoriser le maintien du lien socio-familial,
- le placement dans une institution située dans le village où vivait le sujet âgé pourrait
l’aider car la structure ne lui serait pas inconnue. Effectivement, l’une des
recommandations de bonnes pratiques professionnelles de l’Anesm concerne la
participation à la vie de la cité qui peut servir à contrecarrer certaines représentations
concernant l’EHPAD. Ceci permettrait donc à la personne d’intégrer l’établissement
plus sereinement.
Selon ce type de critères, le personnel de l’EHPAD se chargera d’avertir la famille concernée
de l’intégration prochaine de leur parent dans l’établissement. C’est à ce moment que
l’accompagnement du futur résident vers l’institution débute.
Avant l’entrée effective de la personne, une visite est proposée à la famille (la
personne étant hospitalisée, elle ne découvrira son nouveau lieu de vie que lorsqu’elle
l’intégrera : ce qui peut susciter de l’appréhension), c’est alors l’occasion d’obtenir quelques
informations concernant le futur résident. Pour collecter des éléments relatifs au dossier
médical mais aussi aux habitudes de vie antérieures de la personne, un recueil de données
peut être effectué à l’hôpital par un ou plusieurs soignants de l’équipe pluridisciplinaire. Ceci
permet à l’ergothérapeute, intégré à cette équipe, de mettre en place le matériel de
positionnement dont la personne aura besoin pour que celle-ci puisse bénéficier d’un confort
nécessaire à son arrivée. En effet, selon la pyramide de Maslow, la satisfaction de ce besoin
lui donnera accès au niveau supérieur qui concerne les besoins de sécurité auxquels il
pourra accéder en même temps qu’il se familiarisera avec l’établissement et son
fonctionnement. Là encore, l’accompagnement proposé par les soignants facilitera cette
prise de repères indispensable au résident. Cela commence dès l’arrivée effective de celui-ci
dans l’EHPAD.
Lorsque la personne arrive dans l’établissement, l’accueil qui lui est réservé diffère
selon les EHPAD.
Pour certaines structures, il semblerait que ce soit assez protocolisé: la personne est
accueillie par un ou plusieurs membres de l’équipe soignante qui lui présentent sa chambre
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ainsi que l’établissement, il y a un pot d’accueil auquel la famille est conviée, un bouquet de
fleurs est offert, le résident est présenté aux autres et la possibilité d’apporter ses meubles
par la suite lui est transmise ainsi qu’à sa famille.
Pour d’autres, la différenciation est faite entre la manière idéale dont ils souhaiteraient
accueillir le nouveau résident et la réalité des faits. En effet, l’anticipation de l’entrée ne
semble pas toujours évidente car le délai entre le moment où les soignants savent qu’il va y
avoir une entrée et l’entrée effective est parfois court voire très court (la veille pour le
lendemain). De plus, les membres de l’équipe pluridisciplinaire ne sont pas toujours
disponibles pour se détacher et ainsi accueillir la personne dans de bonnes conditions. Ce
décalage entre ce que les professionnels souhaiteraient faire et la réalité peut avoir des
conséquences sur la suite de la prise en charge. En effet, un sujet âgé fragile intégrant un
EHPAD suite à une chute, avec tout ce que l’entrée signifie pour lui, pourrait définitivement
se sentir abandonné et émettre alors le souhait de mourir et se laisser aller.
Hormis ces différences non négligeables, la présentation de l’équipe soignante au
«nouveau» résident est spontanée. L’ergothérapeute lui aussi se présente à la personne: ce
qui permet au sujet âgé de commencer à se forger des repères de personnes et à
l’ergothérapeute d’initier la constitution d’une relation de confiance importante pour la suite
de l’accompagnement.
Pour ce qui concerne les jours qui suivent l’entrée effective du résident dans
l’établissement, les comportements observés dépendent des personnes. Pour les sujets
âgés dont il est fait référence dans cette étude, ce n’est pas un choix d’être placé en
institution. Les profils observés sont donc à prendre en compte avec précaution. Chez ces
nouveaux résidents, peuvent être constatées des attitudes agressives, de repli ou encore de
la somatisation sur certains aspects, etc.… Il est essentiel de laisser le choix à la personne
de participer ou non aux activités proposées, aux repas collectifs, etc.… De cette manière,
elle peut trouver un certain équilibre : il ne s’agit pas, à ce moment-là de la prise en charge,
de lutter contre le repli. Le respect de la période d’adaptation est nécessaire mais il semble
cependant important d’être vigilant aux signes pouvant alerter quant au potentiel
développement d’un syndrome de glissement. Ce qui nécessite de la part du personnel de
porter une attention particulière au nouveau résident surtout dans les premiers jours. La
famille, qui est intégrée à la prise en charge, peut aider à identifier ces signes par les visites
qu’elle rendra à son proche car elle le connaît très bien. Le fait de bien connaître la personne
est également important pour l’équipe soignante qui se sera préalablement chargée de
recueillir des éléments relatifs au dossier médical mais aussi aux habitudes de vie
antérieures du « nouveau » résident.
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L’ergothérapeute, en s’appropriant les informations obtenues par le recueil des habitudes de
vie antérieures pourra se faire une idée de la façon de vivre et de la personnalité antérieure
de la personne. La passation de bilans ainsi que l’instauration d’une relation de confiance
avec le résident permettront ainsi à l’ergothérapeute de proposer des activités significatives.
La participation du sujet âgé à celles-ci lui donnera ainsi accès à un niveau encore supérieur
de la pyramide de Maslow, celui des besoins d’appartenance et affectifs.
Ce type de recueil présente également un intérêt quant à la personnalisation de la prise en
charge de chacun des résidents. L’élaboration d’un projet personnalisé recommandé par
l’Anesm semble encore être au stade de la mise en place dans certains EHPAD. Le fait
d’intégrer la famille/l’entourage à la prise en charge permet aussi de l’individualiser. Ce
rattachement de la famille est précieux pour favoriser une collaboration dans le but de
permettre au résident de s’adapter au mieux à ce nouveau lieu de vie et ainsi de permettre
sa participation sociale. Le maintien ou l’acquisition de rôles sociaux lui donnerait accès à
l’avant dernier niveau de la pyramide de Maslow, les besoins d’estime et de reconnaissance.
Pour permettre à la personne de participer à la vie de sa nouvelle résidence, malgré la perte
d’autonomie et d’indépendance dont elle fut subitement victime, l’ergothérapeute peut
proposer des solutions de déplacements telles que des aides techniques (fauteuil roulant,
rollator, déambulateur…). Les intérêts de la mise en place de ce type d’aides techniques
sont les suivants : d’une part, le résident garde le moral lorsqu’il a la possibilité de se
déplacer car le fait d’être confiné au fauteuil est une source supplémentaire de désintérêt,
d’autre part, l’aide technique aux déplacements permet au résident de choisir d’aller à
l’endroit où il souhaite au moment où il le souhaite, il peut préserver son autonomie. Ce
maintien de l’autonomie permet de participer aux activités que la personne choisie elle-
même et de façon régulière si elle le souhaite. Elle peut donc préserver ses habitudes de vie
antérieures, ceci lui apporte alors une qualité de vie et un sens à son existence.
Je peux maintenant dire que mon hypothèse se vérifie sous certaines conditions. En
effet, les bénéfices tirés des aides techniques aux déplacements s’inscrivent dans un
contexte de respect du cheminement du résident vers l’idée de rester dans cette nouvelle
demeure. C’est lorsque celui-ci se sentira en confiance qu’on pourra l’inciter à participer à
des activités significatives pour que le sens donné à sa vie soit maintenu.
L’élaboration de ce mémoire par les apports théoriques ainsi que par la rencontre
avec des ergothérapeutes m’ont permis de ressortir des éléments clés pour ma future
pratique professionnelle :
Tout d’abord, l’ergothérapeute à lui aussi son rôle à jouer pour faciliter la transition entre le
domicile et l’EHPAD. Il pourrait se renseigner sur la potentielle prise en charge
ergothérapeutique ayant eu lieue lors de l’hospitalisation de la personne au cours de laquelle
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fut prise la décision d’un placement en institution. Par l’intermédiaire d’un contact
téléphonique avec l’ergothérapeute de l’hôpital, il saurait ce qui fut mis en place pour la
personne au cours de son séjour et identifierait les besoins de celle-ci. Ces renseignements
pourraient être précieux pour observer une continuité dans les soins. En effet, je sais
maintenant que l’ergothérapeute doit anticiper les besoins de la personne : par la mise en
place du matériel de positionnement qui lui est nécessaire, celle-ci pourra se sentir accueillie
au moment de son arrivée.
Ensuite, il est important d’établir une relation de confiance avec la personne. Dès l’arrivée de
celle-ci, l’ergothérapeute devra aller à sa rencontre pour qu’elle puisse repérer le personnel
soignant avec qui elle sera en contact durant son séjour. Cette présentation pourra
s’effectuer à plusieurs reprises si nécessaire. Ce premier contact pourrait avoir lieu dès le
jour de l’entrée effective du résident lors du pot d’accueil qui pourrait être organisé et auquel
la famille serait conviée. En effet, l’intégration de la famille à la prise en charge de son
proche est importante et la relation que l’ergothérapeute peut établir avec celle-ci pourrait
débuter dès l’arrivée du résident. Autour d’un café ou autre, cet accueil sera l’occasion de
mettre en confiance le « nouveau » résident ainsi que sa famille/son entourage.
Puis, pour la suite de la prise en charge, il est essentiel de prendre en compte les
cheminements de la personne qu’il est nécessaire d’accompagner par l’instauration d’une
relation de confiance avec le résident et sa famille/son entourage. En effet, l’écoute, la prise
en compte des choix et l’accompagnement dans le travail de deuil sont autant d’éléments
primordiaux pour faciliter l’acceptation du nouveau lieu de vie et ainsi permettre une prise en
charge optimale.
Enfin, le recueil de données préalablement effectué par les collègues est indispensable pour
prendre en compte la façon de vivre et la personnalité antérieure du résident. L’appropriation
de ce recueil par l’ergothérapeute permettra d’adapter la prise en charge des besoins, des
attentes du résident et ainsi de proposer des activités significatives.
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CONCLUSION
L’entrée en EHPAD du sujet âgé fragile suite à la survenue d’une chute au domicile
est un événement qui nécessite un accompagnement spécifique du fait de son caractère
subit et de ce qu’elle signifie pour la personne qui en a des représentations péjoratives. En
effet, sans une prise en charge adaptée, celle-ci présenterait des risques de développer un
syndrome de glissement. C’est pourquoi, la mission de l’équipe transdisciplinaire, est de faire
en sorte que le sujet âgé puisse maintenir le sens qu’il donne à son existence dans cette
nouvelle résidence qu’il n’a pas choisi intégrer.
L’ergothérapeute, travaillant au sein de cette équipe, devra faciliter cette transition
entre l’EHPAD et le domicile. Tout d’abord, l’anticipation des besoins de la personne
permettra à celle-ci de se sentir accueillie lors de son arrivée. Puis, l’instauration rapide
d’une relation de confiance avec le résident ainsi qu’avec sa famille/son entourage favorisera
une prise en charge optimale. Enfin, l’adaptation de l’ergothérapeute à la façon de vivre ainsi
qu’à la personnalité antérieure du résident par la proposition d’activités significatives
contribuera à la préservation de ses habitudes de vie antérieures et à sa participation à la
vie de L’EHPAD. Ainsi, le résident, bénéficiera d’un rôle social permettant de maintenir le
sens qu’il a choisi de donner à sa vie.
Cependant, nous avons compris au travers des rencontres avec les ergothérapeutes que
des facteurs sur lesquels les soignants, à leur niveau, ne peuvent agir, sont susceptibles de
compromettre la prise en charge optimale souhaitée. Ceci nous amène à un nouveau
questionnement d'importance auquel nous serons confrontés lors de notre future pratique
professionnelle : comment lutter contre la maltraitance passive dont les résidents peuvent
être victimes ?
BIBLIOGRAPHIE
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(Consulté le 17 décembre 2012)
ANNEXES
Annexe 1: Grille AGGIR
Annexe 2: Système de Mesure de l'Autonomie Fonctionnelle (SMAF)
Annexe 3: Cinq mots de Dubois
Annexe 4: Mini Mental Score (MMS)
Annexe 5: Test "Get up and go"
Annexe 6: Processus de production du Handicap (PPH)
Annexe 7: Pyramide de Maslow
Annexe 8: Test de l'horloge
Annexe 9 : Grille d’entretien
Annexe 10 : Entretien n°1, Entretien n°2, Entretien n°3, Entretien n°4.
ANNEXE 1 Grille AGGIR
ANNEXE 2 Système de Mesure de l'Autonomie Fonctionnelle
(SMAF)
ANNEXE 3 Cinq mots de Dubois
Musée
Limonade
Sauterelle
Passoire
Camion
ANNEXE 4 Mini Mental Score (MMS)
ANNEXE 5 Test "Get up and go"
Test validé chez le sujet âgé, le «Get Up and Go » test est rapide et simple à faire
passer.
Son déroulement est le suivant : le patient doit se lever d'un fauteuil avec accoudoirs,
marcher sur une distance de 3 mètres, faire demi-tour, revenir ver le fauteuil, en faire
le tour et s'asseoir. Les résultats sont exprimés en fonction d'une échelle très peu
précise cotée de 1 à 5.
Cotation :
1- aucune instabilité
2- très légèrement anormal ; lenteur à l’exécution de la consigne
3- moyennement anormal : hésitation, mouvement compensateur
des membres supérieurs et du tronc
4- anormal : le patient trébuche
5- très anormal : risque permanent de chute.
Un score supérieur ou égal à 3 à chaque question traduit un risque important de
chute et doit amener à s’alerter du risque de chute.
Une version chronométrée de ce test est également possible : si le temps de
passation est inférieur à 20 secondes, on considère le test comme normal,
témoignant d’une bonne indépendance motrice. Un temps supérieur à 30 secondes
au contraire dénote d’une certaine dépendance motrice nécessitant une possible
prise en charge adaptée. Enfin les sujets qui réalisent le test en plus de 20 secondes
et moins de 30 secondes ont des aptitudes motrices incertaines.
ANNEXE 6 Processus de Production du Handicap (PPH)
ANNEXE 7 Pyramide de Maslow
– Besoins physiologiques : respirer, manger, dormir, ne pas avoir froid etc.,
– Besoins de sécurité : ne pas être en danger, sécurité d'emploi, ne pas être agressé ;
– Besoins d'appartenance et affectifs : ne pas être seul, faire parti d'un groupe, d'une famille,
d'un clan, d'une équipe, une société ;
– Besoins d'estime de reconnaissance : être reconnu comme un individu, pouvoir s'exprimer,
être considéré par les autres, avoir le droit à la singularité ;
– Besoins d'accomplissement et d'épanouissement personnel : exprimer sa créativité, être
satisfait de ce qu'on a accompli, avoir une morale, aider les autres, être utile.
ANNEXE 8 Test de l'horloge
ANNEXE 9 Grille d’entretien
Voici la grille d'entretien que nous avons élaborée ainsi que les informations que nous
souhaitions obtenir au travers de chacune des questions traitées :
Question 1 :Qu'est-ce que le syndrome de glissement selon vous ?
Il paraissait important que l'on soit d'accord sur la définition des termes employés dès le
début pour être sûr que l'on parle de la même chose au cours de l'entretien.
Question 2 : Selon vous, quels sont les personnes à risque de développer ce type de
syndrome ?
Il s'agit ici de savoir si les sujets âgés entrés en EHPAD suite à une chute font partiE des
personnes à surveiller concernant le développement des troubles relatifs au syndrome de
glissement.
Question 3 : Quel est le rôle de l'ergothérapeute dans la prévention de ce syndrome ?
Par cette question, nous cherchons à savoir de quelle manière ce type de professionnel agit
pour prévenir de l'apparition d'un syndrome de glissement.
Question 4 : Quels sont les motifs d'entrée en EHPAD ?
La réponse attendue concerne plus particulièrement les chutes, sujet qui nous intéresse ici.
Question 5 : Comment se déroule l'accueil d'un résident entrant ?
Nous cherchions ici à connaître la manière dont est accueillie la personne âgée lors de son
arrivée en EHPAD car nous pensons que cela peut avoir un impact sur l'intégration future de
celle-ci et nous souhaitions vérifier si c'était réellement le cas.
Question 6 : Par quel(s) moyen(s) recueille-t-on les habitudes de vie antérieure de la
personne ? Par quel(s) professionnel(s) ce recueil est-il effectué ? En quoi cela est-il
nécessaire d'être en possession de ces informations ?
Nous souhaitions connaître les moyens mis en œuvre sur ce sujet. Nous cherchions
également à savoir si le recueil de ces informations était complet, ciblé et pris en
considération par la suite. En effet, ce type de données peut avoir un impact intéressant sur
la qualité de vie future de la personne dans son nouveau et ultime lieu de vie.
Question 7 : En quoi l'ergothérapeute favorise-t-il l'intégration d'un nouveau résident ?
Nous souhaitions connaître le rôle de l'ergothérapeute quant à l'intégration d'un résident
dans ce type d'établissement.
Question 8 : Quels types de comportements observe-t-on chez les résidents entrant lorsque
ceux-ci ne présentent pas de troubles cognitifs majeurs ?
Nous cherchions ici à connaître les différents profils des nouveaux résidents, certains signes
pouvant alerter car ils pourraient être les prémices d'un syndrome de glissement.
Question 9 : Quels sont les moyens mis en place pour favoriser l'autonomie des personnes
âgées intégrant un EHPAD suite à une chute ?
Par cette question nous espérions être amenés à parler des différents types d'aides
techniques au déplacement.
Question 10 : Quels sont les intérêts de la mise en place d'aides techniques au
déplacement?
Nous voulions savoir dans quelles mesures celles-ci pourraient influer sur l'intérêt des
résidents à participer à leurs activités de vie quotidienne mais aussi aux activités proposées
au sein de l'établissement ? Et avoir ainsi un effet sur leur intégration et bien-être.
Question 11 : Quels sont les effets observés sur le résident lorsque l'on favorise son
autonomie ?
Nous voulions, par cette question, savoir si notre hypothèse reflétait ou non la réalité. En
effet, le schéma que nous avions en tête était le suivant :
La chute d'une personne entraîne son entrée en institution. Le rôle des professionnels,
notamment des ergothérapeutes, est alors de favoriser son autonomie dans les
déplacements. Ainsi, la personne, tend à préserver ses habitudes de vie antérieures et à
maintenir sa place sociale, il y a donc peu de risques d'observer une perte de l'élan vital.
ANNEXE 10 Entretiens
Entretien n°1 :
Bonjour, l’objet de cet entretien, comme je vous l’ai rapidement dit au téléphone, concerne la
question du rôle de l’ergothérapeute dans la prévention du syndrome de glissement donc j’aurai
souhaité vous poser quelques questions par rapport à cela…
Comment définieriez-vous le syndrome de glissement ?
« Pour moi, c’est quelqu’un qui se laisse aller parce qu’elle a une raison particulière : soit elle ne veut plus vivre,
soit elle n’a pas envie de venir en maison de retraite enfin voilà… Pour moi c’est cela le syndrome de
glissement. »
Quelles sont les personnes qui seraient plus à risque de développer ce type de syndrome ?
« Je n’ai peut-être pas toutes les notions mais je sais qu’ici il y avait une dame qui ne voulait pas rentrer en
maison de retraite donc, ceci peut engendrer cela. C’était une personne qui… enfin… la famille peut pas toujours
s’en occuper ou alors elle est trop loin et là je crois que c’était le cas et cette personne s’était laissé aller oui. On a
beaucoup essayé de mettre des choses en place ou autre mais à partir du moment où la personne a décidé, c’est
pas facile de… »
Quel est le rôle de l’ergothérapeute dans la prévention de ce syndrome ?
« Il est rare, parce que je ne l’ai vu qu’une seule fois pour l’instant ici. Après c’est vrai que c’est un travail
d’équipe, c’est essayé de mettre en place toutes les choses ne serait-ce que dans son quotidien peut-être trouver
quelque chose qui lui ferait plaisir soit l’animation soit autre chose… au moment du repas, l’installer avec peut-
être quelqu’un qui lui convient. C’est se sentir bien dans son chez soi aussi, c’est aménager sa chambre,
demander aux familles d’apporter des choses je ne sais pas… une radio qu’elle avait chez elle ou une télé mais
ce n’est pas spécifique ergo je veux dire que c’est un travail d’équipe. Pour revenir à la personne dont je parlais
tout à l’heure je pense qu’on aurait pu tout faire… son désir était de mourir. »
Quels sont les motifs d’entrée en EHPAD
« Soit c’est la personne elle-même : il arrive quelquefois qu’il y a des personnes qui veulent elles-mêmes rentrer
parce qu’elles sont encore valides, elles préfèrent rentrer dans ces conditions-là et rencontrer d’autres personnes
avec qui elles peuvent discuter. Il y en a qui se rendent compte qu’elles ne peuvent plus assumer à domicile
même avec des aides. Après, elles se rendent compte aussi qu’il y a peut-être des risques de chute plus
fréquent, peur de se retrouver toutes seules la nuit en étant tombées et être récupérées le lendemain matin.
Il y a les familles aussi soit qui sont trop loin, soit pour qui c’est trop lourd à assumer. Il y en a des fois qui se
retrouvent… là c’était le cas la semaine dernière, il y a une personne qui est passée, elle est fille unique, seule,
elle gère quand même depuis quelques années son proche et cela s’alourdit au fur et à mesure et elle est obligée
de faire entrer son proche en institution. C’est plus facilement les familles des personnes ayant plutôt des troubles
cognitifs qui prennent la décision d’inscrire leurs proches en EHPAD.
Après, la charge peut être trop lourde au quotidien. Là, le cas, c’est qu’il fallait reprendre sa maman tous les soirs
car c’était une dame qui avait encore besoin d’aller chez elle malgré tout donc elle pouvait encore mais après il
faut pouvoir, dans son temps personnel, avoir la possibilité de tout concilier quoi. »
Comment se déroule l’accueil du résident ?
« Alors…, Avant déjà il y a un moment de… enfin les gens viennent visiter la maison de retraite. Ils ont fait des
demandes dans plusieurs établissements parce qu’il n’y avait pas forcément de place, pas toujours comme ils le
souhaiteraient. Les personnes sont prises en fonction de certains critères : est-ce qu’elles habitaient dans le
village ? Est-ce qu’elles ont de la famille dans le coin ? Enfin, on essaie de prendre les personnes les plus
proches ou éventuellement qui ont de la famille ici. Il y a une liste par ordre en fonction des critères d’urgence.
Après, le résident arrive, il y a un pot d’accueil avec la famille qui l’accompagne aussi, les soignants, toute
l’équipe : ergothérapeute, infirmière, psychologue etc. nous allons au pot d’accueil pour se faire connaître, leur
dire ce qu’on fait. Après, ils aménagent leur chambre, ils ont la possibilité d’amener quelques meubles sans que
cela ne prenne trop de place mais s’ils veulent apporter une commode ou autre il y a possibilité d’amener cela,
leur télé… pour se sentir un petit peu chez soi quand même.
Au niveau des emplacements de table aussi, cela est important en maison de retraite. Cela est discuté en équipe
au moment des transmissions car on ne peut pas faire partir une personne d’une table parce qu’il y en a une
autre qui arrive. En effet, si c’est une personne qui aime discuter, de la mettre avec des personnes qui discutent
un peu ou si toutefois elle connaissait une personne, voir s’il reste de la place à côté de celle-ci." »
Quels sont les moyens par lesquels on recueille les habitudes de vie de la personne ?
« Alors ça c’est fait par une infirmière qui est chargée du lien social. Elle va à domicile rencontrer la personne ou
la famille ou à l’hôpital quand les gens sont hospitalisés. Elle peut s’y rendre avec l’ergothérapeute mais pas
systématiquement c’est plutôt avec un soignant de l’équipe (si c’est une personne qui va rentrer rapidement) car
nous avons plusieurs secteurs. Mais voilà, en général c’est l’infirmière chargée du lien social et un soignant qui y
vont pour recenser toutes les habitudes de vie de la personne. »
Il existe un questionnaire type ou…
« Oui sans doute… Ils demandent l’âge, où est-ce qu’elle habitait, est-ce qu’elle connaît des personnes dans la
maison de retraite ? Est-ce qu’elle a des enfants ? Est-ce qu’elle est célibataire ? Combien a-t-elle d’enfants, de
petits-enfants ? Qu’est-ce qu’elle aimait faire ? Il y a une liste que je n’ai pas avec moi mais c’est quand même
assez cadré et tous les résidents ont les mêmes questions à moins qu’il y ait un sujet particulier ou un hobby que
la personne adorait et que personne ne fait autrement. »
En quoi ce questionnaire est-il nécessaire ?
« D’abord, pour faire en sorte de mieux la connaître et c’est aussi d’apporter éventuellement… si une personne
aimait faire le jardinage parce que personne s’en occupait admettons… et puis là, on va plutôt centrer sur ce
qu’elle aimait, essayer de redonner un petit peu de vie à la maison de retraite enfin de… et s’il y a un petit groupe
qui aime aussi ce type d’activité… que la personne se sente plus à l’aise aussi.
C’est vraiment essayé de s’adapter à la personne, à sa façon de vivre aussi pour que la personne se sente le
mieux possible. »
En quoi peut-on dire que l’ergothérapeute favorise l’accueil d’un résident ?
« Nous sommes présents au pot d’accueil, on fait partie de l’équipe déjà donc nous connaître lui permet d’avoir
une idée d’ensemble de la maison de retraite au niveau du personnel et puis après bah… on propose plusieurs
choses et puis on a aussi le rôle dans l’installation donc si une personne a besoin de quelque chose, elle saura à
qui s’adresser enfin… si elle est consciente de tout cela…
Nous faisons tout ce qui concerne l’installation au fauteuil et au lit voilà, c’est lui apporter du bien-être aussi… »
J’imagine qu’il y a des bilans d’effectués…
« Nous faisons peu de bilan car ils sont souvent trop complexes et je me suis rendue compte que cela pouvait
mettre les personnes en échec. Je trouve que c’est plus sur l’observation que l’on va recueillir des informations.
On fait cependant une toilette évaluative même si, pour l’instant nous avons du mal à la faire dès l’entrée (ce qui
serait idéal) : on a le nom du résident, le référent du résident, est-ce que la personne porte des appareils auditifs
ou visuels ? Est-ce qu’elle comprend bien ? Est-ce qu’elle communique bien ? Cela permet d’avoir une vision
d’ensemble de la personne. Ce bilan concerne aussi les déplacements : comment la personne se déplace ? En
fauteuil roulant ? Avec une canne? En déambulateur ? Fait-elle ces transferts ? A-t-elle besoin d’une aide
matérielle, humaine ? A-t-elle des problèmes urinaires : besoin d’une protection pas ?
C’est une fiche qui est faite aussi pour les soignants ou pour un remplaçant qui va arriver et qui ne connaît pas la
personne. Cette fiche indique comment se passe la douche ? Est-ce que la personne peut participer ? On essaie
de faire en sorte qu’elle participe le plus possible et après bah on met des objectifs tels que la stimulation des
personnes lors des repas, l’accompagnement dans les déplacements… j’aime bien faire ce type de bilan car cela
permet de voir la personne dans sa globalité, on apprend à mieux la connaître quoi…
On essaie de tous avoir la même pratique avec le résident pour que celui-ci s’y retrouve aussi. »
Dans les jours suivant l’entrée, quels types de comportements observe-t-on chez un résident
qui ne présente pas de troubles cognitifs majeurs ?
« Cela dépend vraiment de la personne : il y en a qui ont besoin de voir du monde. On présente les animations
qu’il y a tel ou tel jour. D’autres ont l’habitude de… ils veulent… on essaie de respecter au maximum les choix du
résident donc pour certains, le souhait est de rester tout seul dans sa chambre. Certains enfants de résidents
disent : « on ne propose pas telle ou telle chose à mon parent ! » Ce qui est faux car on propose toujours mais si
le résident refuse, on ne va pas l’obliger. On essaie vraiment de respecter son choix de vie. Après, si une
personne ne connaît pas telle ou telle activité, on peut essayer de lui faire connaître. »
Quels sont les moyens mis en place pour les résidents intégrant un EHPAD suite à une
chute ?
« C’est essayer de la rassurer, de faire des transferts avec elle, de la faire marcher quand c’est possible car cela
dépend de ce qu’elle a eu physiquement au niveau de sa chute. Après, il y en a qui peuvent mais qui
appréhende. Il s’agit alors de les faire marcher sans qu’il n’y ait d’appréhensions : Plus tôt on prend cela, plus vite
l’appréhension repartira.
Si il y a eu un problème physique et qu’elle est restée un laps de temps sans marcher, je trouve que c’est plus
difficile. Souvent les personnes qui ont chuté partent en rétropulsion , elles ont du mal à aller vers l’avant parce
qu’elles ont la peur du vide. »
Avant l’entrée il y a de la rééducation en soins de suite et de réadaptation, j’imagine…
« Ah, j’avais imaginé quelqu’un qui avait chuté au sein de la structure. C’est censé avoir été retravaillé avant
l’entrée si la personne le peut mais, c’est pas toujours évident. Il y en a qui sont tombés, qui se sont cassés le col
du fémur ou autre et là… il y a un temps sans marcher. Les personnes ne peuvent pas toujours marcher
après. »
Quels sont les intérêts des aides techniques au déplacement pour ce type de personnes ?
« Je veux parler en général plutôt : celle qui se déplace avec une canne, un déambulateur ou autre, c’est le
maintien de l’autonomie. Quand on se trouve dans un fauteuil roulant, on a une vision différente du monde qui
nous entoure. Lorsque l’on peut conserver la station debout on garde sa dignité, on voit les choses différemment.
Je trouve que, au niveau moral, pour les gens, c’est énorme ! Quand les familles visitent l’établissement parfois,
elles disent : « ah ! il y a beaucoup de personnes en fauteuil roulant ! » Je réponds que, pour tous ceux qui
peuvent marcher, on les fait marcher ne serait-ce que le midi, pour les repas. Ce déplacement n’est pas
forcément long mais tellement positif pour les personnes. »
Quels sont les effets observés sur la personne lorsque l’on favorise son autonomie ?
« Le maintien de la position debout est énorme pour eux. C’est vrai que nous le ressentons comme cela. »
Mais, ça peut aussi être le maintien de l’autonomie au fauteuil roulant…
« Ah oui oui, bah… nous, écoute, soit les gens ne peuvent pas se déplacer au fauteuil roulant car il faut avoir de
bonnes capacités de compréhension, savoir manipuler le fauteuil roulant, soit les gens savent le faire par eux-
mêmes. Après, on passe plus sur la reprise de la marche avec le déambulateur ou avec notre aide. En fauteuil
roulant : soit les gens ne peuvent pas le manipuler, soit ils se déplacent par eux-mêmes avec. Je n’ai pas
vraiment eu de cas entre les deux où il faut faire l’apprentissage. »
Y-a-t-il des fauteuils roulants électriques ici ?
« Il n’y a qu’une personne en fauteuil roulant électrique je ne la connais pas. C’est une personne relativement
jeune par rapport à la population d’ici et qui a de bonnes capacités de compréhension. »
Je vous remercie d’avoir accepté de me rencontrer.
Entretien n°2 :
Bonjour, je souhaitais vous rencontrer pour parler de la prévention du syndrome de glissement
chez des personnes âgées intégrant un EHPAD suite à une chute…
« Suite à une chute… Situation à laquelle les résidents sont souvent confrontés… »
Voilà, donc je ne sais pas quels sont les motifs d’entrer ici ?
« Il y a la chute... il y a un peu de tout, il y a aussi le rapprochement familial : des gens isolés qui habitent la
région parisienne et pour qui les enfants sont venus passer la retraite ici donc viennent ici. C’est souvent suite à
des phénomènes aigus ayant entraînés une hospitalisation et puis après bah le phénomène aigu est difficile à
combattre donc après il y a un placement en urgence. Ici, nous avons deux unités dites « Alzheimer » aussi, de
13 personnes. Bien souvent, ce sont des gens qui étaient à domicile et pour qui les comportements deviennent
insécurisants avec une déambulation la nuit… ou c’est plus possible de rester à la maison seul ou subvenir à ses
besoins devient compliqué. »
Dans ce cas, ce sont plus des demandes de la famille du coup ?
« Oui des demandes de la famille ou bien…il y a des accidents et puis du coup il faut passer par l’hôpital et puis
l’hôpital va s’apercevoir que les comportements ne permettent plus de rentrer à domicile donc les demandes
d’entrée dans les unités se font comme ça. Mais, effectivement, bien souvent, de plus en plus souvent, ce sont
des entrées directement de l’hôpital. En 10 ans de temps… les gens… bien souvent il y a une visite avant l’entrée
et je pense que la plupart des visites, une bonne plupart se font lorsque la personne est à l’hôpital à la place du
domicile. C’est vrai que… en posant la question comme ça, je m’aperçois que la plupart des gens viennent de
l’hôpital. »
Du coup, les personnes viennent visiter l’EHPAD un peu avant ?
« Non, les familles parce que le résident est hospitalisé. Bien souvent c’est la famille qui vient visiter parce que le
parent est hospitalisé, qu’il y a une sortie qui est imminente et que le retour à domicile n’est pas envisageable
parce qu’il n’y a pas d’aidant ou alors l’aidant qui est souvent le mari ou le conjoint peut être épuisé lui aussi.
Donc, c’est vrai que si on refaisait l’historique, la plupart des personnes viennent de l’hôpital. Il y a quelques
accueils temporaires aussi qui font souvent suite à une hospitalisation due à une fracture ou un épisode aigu soit
une pneumopathie ou autre. Et puis après, il y a un passage ici en accueil temporaire le temps de se requinquer
et puis après il y a… mais, il peut arriver aussi que l’accueil temporaire se transforme en accueil définitif. Il y a un
premier pas qui est fait, il y a un mois qui passe etc.… Là, les dernières personnes qui étaient en accueil
temporaire ont fini par rester. »
D’accord, donc ça peut faire une sorte de passerelle pour ensuite intégrer définitivement
l’établissement ?
« Voilà… Ça fait un peu une période de transition où elles se sont aperçues… pour des résidents qui ont « toute
leur tête » se sont rendus compte qu’en effet, à la maison, c’était pas si évident que ça et qui ont demandé, par
eux-mêmes ou par la famille peut-être, un accueil définitif. Les deux dernières personnes qui sont entrées ont fini
par rester définitivement. »
Comment se déroule l’accueil ?
« Il y a souvent une visite faite par l’infirmière référente du service ou par le cadre infirmier ou l’infirmière
coordinatrice car maintenant on en a une. Cette rencontre permet aussi le recueil des données les plus
importantes pour avoir un accueil au plus précis ici à l’entrée. On travaille avec P.S. I ou toutes les transmissions
sont inscrites donc moi j’y accorde un moment pour essayer de visualiser un peu la situation et pour préparer au
mieux l’entrée : savoir s’il y a besoin de matériel, tout ce qui est prévention anti escarres aussi c’est moi qui m’en
occupe donc surmatelas, matelas à air, coussins, fauteuil… Voir s’il y a besoin de tout ça pour adapter au plus
juste l’entrée, pour que tout le matériel soit présent le jour de l’entrée ou le lendemain. Après, l’accueil se fait
dans le service : l’infirmière référente du service, si elle est là, se déplace ou l’infirmière qui travaille d’après-midi
ce jour-là car généralement les entrées se font l’après-midi. On essaie d’élaborer un recueil de données le plus
proche possible si la personne peut répondre elle répond, sinon c’est la famille ou… des fois ça peut arriver qu’ils
viennent seuls en ambulance donc dans ce cas on s’adapte à la fiche de liaison de l’hôpital. »
Par quel moyen recueille-t-on les habitudes de vie antérieures ?
« Dans le recueil de données, on retrouve ce que prend la personne au petit déjeuner, l’heure à laquelle elle se
couche, si elle avait des activités comment dire… tout ce qui est jardinage, télé par exemple… effectivement tout
ce qui concerne les activités quotidiennes sur lesquelles la personne portait un intérêt avant l’hospitalisation pour
essayer de voir ce qui peut être proposé au niveau des animations. »
Ce recueil est effectué par qui ?
« Il y a un imprimé qui existe dans la maison. Il est généralement rempli par l’aide-soignante et l’infirmière qui
sont… déjà lors de la visite préalable à l’hôpital et puis complété ou modifié à l’entrée si la personne peut
s’exprimer. Le jour de l’entrée, l’après-midi, l’infirmière va obligatoirement voir la personne avec l’aide-soignante :
elle fait un recueil médical ainsi que de toutes ses habitudes antérieures. Ce qui va permettre d’avoir, d’entrée de
jeu, un accompagnement au plus juste. Cela sert de base et cela permet d’avoir une vision globale de la
personne et puis après les habitudes sont adaptées car il y a toujours cette fameuse période d’adaptation qui
n’est pas à négliger. Quelqu’un qui pouvait être sociable, pour lequel on aurait pensé qu’il aimerait participer aux
animations bah… on peut s’apercevoir qu’il n’y porte pas d’intérêt. Alors, moi je me déplace aussi toujours, soit le
jour J soit le lendemain ou le surlendemain. S’il y a des besoins particuliers en matériel déjà, si j’ai pu anticiper
parce que j’avais les éléments, j’anticipe et puis je vais voir le jour ou le lendemain pour essayer d’adapter au
plus juste. Sinon, si c’est quelqu’un de plus ou moins autonome, je passe voir la personne 2 ou 3 jours après
l’entrée et puis je me présente même si je sais que la personne je ne la verrai pas forcément mais bon… on a
toujours l’occasion de se croiser même si effectivement il n’y a pas de contact direct parce que… mais bon je me
présente toujours car un jour ou l’autre, on sera peut-être amené à… Puis j’essaie de suivre, par l’intermédiaire
de P.S.I, j’essaie de voir comment se passe l’intégration. Là, on a une dame qui est rentrée depuis un mois ou
deux et dont l’entrée est difficile. Apparemment, c’est quelqu’un qui n’a pas du tout fait le choix de venir : elle
mange très très peu… c’est vraiment compliqué, elle refuse l’alimentation donc elle se retrouve avec un risque
d’escarres important. Il y a eu une hospitalisation depuis son entrée, cela n’a pas forcément apporté de mieux
mais on est un peu dans une impasse avec cette dame : elle est plutôt dans le désir de mourir que dans le désir
de rester ici. Elle est dans le refus complet de tout ; elle ne désire voir que ses enfants, elle ne comprend pas
pourquoi ces enfants ne l’ont pas pris avec eux, pourquoi elle est ici. Elle est toujours dans le refus de manger.
Moi, j’ai changé le matelas, j’ai mis un matelas à air car elle a un poids qui, progressivement diminue. Moi, je me
déplaçais de temps en temps, j’allais la voir ne serait-ce que pour lui dire bonjour. J’ai eu l’occasion de lui
proposer à plusieurs reprises un fauteuil roulant parce que la marche était difficile. J’avais emmené un
déambulateur mais elle l’a toujours refusé. Elle marche parfois pour se rendre dans sa salle de bains, elle refuse
de sortir de sa chambre. C’est à la fois un refus mais en même temps, quand j’allais la voir, elle disait qu’elle
s’ennuyait ici car elle ne voyait personne. Je lui ai proposé un Clématis de façon à ce qu’elle puisse
confortablement être installée en lui disant que ça lui permettrait, si elle le désirait, de sortir de sa chambre avec
les soignants et / ou avec sa famille. Elle a d’abord refusé puis un jour, la famille est allée voir l’infirmière pour
que j’emmène le Clématis. Elle a accepté de s’installer dedans 2/3 jours après puis elle a accepté de sortir de sa
chambre, pour se balader dans les couloirs de la maison avec une soignante. Après, avec la famille, j’ai pas
relevé de transmission de sortie de la chambre avec la famille mais bon, c’est un premier pas. L’alimentation
reste encore difficile… mais elle est vraiment avec un refus complet de l’institution. Apparemment, au niveau
relationnel, on trouve maintenant un peu de discussion, un peu de sourires donc… c’est déjà un pas. »
Quel type de comportement ou de profil peut-on observer les jours suivant l’entrée ?
« Ça dépend… après, c’est vrai que… on y va au pas à pas quoi en fonction des demandes, en fonction du
feeling aussi que l’on peut avoir avec la personne. Des profils ? C’est vrai que dans la plupart des situations que
l’on peut rencontrer, l’entrée en institution n’est pas forcément un choix, ça c’est… je vous en parle comme ça
parce que là actuellement j’ai une dame que je prends en individuel parce qu’en plus on a une pénurie de kiné
nous donc moi quand j’ai eu mon temps plein ici, on m’a demandé de pallier à quelques aides à la marche. Donc,
ce que je fais et je trouve qu’on a tout à fait notre place parce que… on n’est pas analytique nous en tant qu’ergo,
on se calque à la vie d’ici donc moi sur ces séances individuelles, j’ai pour conduite à tenir de me calquer à la vie
d’ici : leur donner goût, les relancer, les remotiver, leur faire prendre conscience de leurs capacités résiduelles.
Donc, j’accompagne la personne là-dedans. Ici, j’ai une salle avec des barres parallèles, des déambulateurs, des
cadres de marche. Ne serait-ce que de faire quelques pas pour passer du lit au fauteuil roulant le matin, pour
pouvoir passer du fauteuil roulant au lit le soir donc je travaille là-dessus. Là, j’ai une personne que j’accompagne
au moins depuis un an. C’est quelqu’un de dynamique, avec un bon tempérament. L’entrée ici n’est pas du tout
un choix pour elle, ça s’imposait… des plaies dues à la circulation sanguine et donc depuis 3-4 ans, ça
s’envenime, actuellement, on lui parle d’amputation. Donc, c’est quelqu’un de très volontaire, je me suis acharnée
des mois et des mois à lui faire passer un pied devant l’autre et quand on avait fait 2 ou 3 pas… c’était génial !
C’est une personne avec qui j’ai travaillé la verticalisation, le maintien de la verticalisation parce que… et puis
c’est quelqu’un qui a de la volonté donc on ne pouvait pas faire autrement que de la suivre et puis de
l’accompagner là-dedans. Et puis là, elle a eu un autre pontage, elle s’est bien absentée trois mois et quand elle
est revenue, elle a marché, elle a fait un aller-retour dans la salle. J’étais vraiment étonnée et je me suis dit qu’on
allait pouvoir redémarrer sur de bonnes bases. L’opération a été positive jusque-là donc on va pouvoir
redynamiser et puis les plaies sont revenues et les marches entre les barres parallèles, c’est devenu dangereux,
je crois que je ne la mettrai plus. C’est quelqu’un qui a tout de même gardé sa volonté, je l’ai deux fois par
semaine. C’est vrai qu’on aurait pu penser à un profil… parce que vous me parliez de profils… on aurait pu
penser à quelqu’un qui était très sociable ; c’est quelqu’un qui va de l’avant mais c’est quelqu’un qui au niveau
des animations et tout ça est assez réservé. Elle aime être seule dans sa chambre… après c’est son choix, elle a
toutes ses capacités cognitives donc elle peut émettre ses choix et désirs sans soucis donc on l’accompagne
dans ses choix. Moi, je l’accompagne à la marche parce que c’est quelque chose qui… malgré les périodes de
découragement là… parce qu’il va falloir qu’elle se positionne sur une éventuelle amputation. Après, un
appareillage, pourquoi pas ? Mais bon, comme elle me dit : « j’ai 84 ans, ça va demander des mois de
rééducation, des rendez-vous, j’en veux pas… ! ». C’est pas évident, c’est vrai qu’en parlant de profil… Ils
rentrent en maison de retraite, ils sont multipathologiques et on est beaucoup rattrapé avec ça… des pathologies
aiguës. Donc, souvent ça les rattrape et ça freine sur certains aspects. Après, on travaille beaucoup avec ce
qu’était la personne avant d’entrer en institution. On travaille beaucoup avec ça, beaucoup avec les familles.
C’est sûr qu’il y aura toujours une période d’adaptation où on peut être confronté à un repli sur soi. Donc, après
on essaie petit à petit de leur montrer… les bons aspects de l’institution si on peut dire et après, soit la personne
va accrocher et va être demandeuse des animations l’après-midi… c’est tout le temps proposé et après les
personnes qui peuvent y répondre, qui peuvent émettre un choix entre le oui et le non, on les écoute au
maximum. »
Quels sont les têtes intérêt de la mise en place d’aides techniques aux déplacements ?
« On essaie de trouver la meilleure… Entre les capacités d’une personne et… donc moi je me calque toujours sur
la vie de l’établissement… ce qui est proposé, ce que la personne peut éventuellement faire… Tous les après-
midi il y a des animations. Donc, c’est vrai que personne n’est confiné dans sa chambre sur un fauteuil roulant.
Pour quelqu’un qui ne se déplace pas… Je propose toujours, moi une solution de déplacement… Fauteuil
Clématis, fauteuil confort ou fauteuil de transfert mais il y a toujours cette possibilité. Après, c’est pouvoir jongler
avec les capacités de déplacement et de transfert de la personne au mieux. Il ne faut pas confiner quelqu’un
dans un fauteuil si elle a la possibilité d’un transfert assez aisé avec un soignant pour permettre un changement
de position. Donc il faut essayer de trouver au mieux la manière de prise en charge donc c’est pas forcément
toujours évident parce que le personnel… »
Et les fauteuils, les personnes sont en capacité d’apprendre à manier les fauteuils ou…
« À rouler, certains…les petits fauteuils roulant de transfert, plus difficilement les fauteuils confort… On a un
monsieur qui se déplace en fauteuil Clematis avec une légère inclinaison de l’assise… c’est quelqu’un qui reste
infatigable malgré tout, il a 95 ans. Donc je le vois aussi en individuel pour le maintien de la verticalisation puis
pour faire quelques pas en fonction de sa fatigabilité mais il se déplace en fauteuil roulant. On essaie de
favoriser, quand c’est un souhait et un désir de la personne et que la personne est partie prenante de ce
déplacement autonome… on va dans son sens. Après, ça peut être une marche accompagnée aussi parce qu’il y
a un risque qui n’est pas négligeable. Mais si la personne peut aller par exemple, jusqu’à la salle à manger, en
étant accompagnée, on le favorise puis après c’est un retour en fauteuil suivant la fatigabilité, le désir de la
personne. Mais, on essaie d’aller dans ce sens là… c’est pas tout le temps évident c’est sûr, en fonction des
disponibilités de chacun. »
Du coup, l’intérêt de la mise en place de ces aides techniques aux déplacements c’est de…
Favoriser un « bon moral » ?
« Oui, oui… Pour reparler de cette personne qui a des plaies et à qui le médecin parle d’amputation… elle me le
dit tout le temps tout le temps : « mais c’est pas marcher, c’est pas marcher ! Ce que je veux c’est pouvoir me
déplacer dans ma chambre ! » À chaque séance elle me le dit donc c’est vrai que je ne peux pas lui permettre ça
et elle s’en rend bien compte, elle sait qu’elle ne peut pas se déplacer seule dans sa chambre et je ne lui promets
pas non plus. Je lui dis que c’est important de ce verticaliser même si elle ne fait que 3-4 pas, c’est important. Et
puis, elle le désire même si elle a des moments de découragement que je comprends et que j’accompagne mais
c’est important pour elle, même si effectivement, ça ne va pas au bout de ses désirs parce que… ça ne favorise
pas spécialement son autonomie. »
Pour d’autres personnes, ça peut être le cas ?
« Oui, pour d’autres oui ! Donc, quand il y a hospitalisation car le risque zéro n’existe pas, on peut être confronté
à la chute, à la fracture… donc hospitalisation avec un retour en EHPAD avec ou sans appui. Quand c’est sans
appui, on utilise le lève-personne la plupart du temps. Il est arrivé ou c’était sans appui mais la personne était
assez coopérante et assimilait bien les consignes pour juste qu’elle lève le pied et puis on pivote sur un disque de
transfert. Donc, ce n’est pas la plupart des situations mais quand c’est faisable, on fait un essai et on met ça en
route. Moi, j’interviens tout le temps quand il y a un retour d’hospitalisation après fracture du col du fémur par
exemple pour voir si un transfert est possible. Sinon, c’est le lève-personne, on ne prend pas de risques quand il
n’y a pas de compréhension des consignes suffisantes, quand… voilà ! Il vaut mieux travailler l’appui quand celui-
ci est autorisé mais on ne prend pas de risques avant. Puis, quand c’est avec appui, j’interviens toujours et
j’essaie de redynamiser. C’est quelque chose sur lequel j’interviens et/ou je trouve qu’on a quand même notre
place en tant qu’étant là tous les jours dans l’établissement. On essaie de redonner confiance, de donner de
l’assurance et puis d’éviter… on essaie de redynamiser et de redonner confiance à la personne… »
C’est comme ça que l’ergothérapeute intervient dans la prévention du syndrome de
glissement ?
« Voilà ! Oui, ah oui ! L’aide technique et puis le transfert. On essaie de faire quelques pas et puis soit le relais est
pris en équipe mais avec le kiné de ville s’il y a prescription du médecin donc, il y a rééducation. Moi, j’interviens
en complément parce que je sais… je connais les gens, je sais comment va se passer la journée de la personne
et ce qu’elle était avant et en fonction de ce qu’elle était avant… si c’est quelqu’un qui allait en animation avant
bah on essaie de redynamiser, de redonner de l’assurance pour que la personne retrouve ses habitudes
antérieures. Puis, qu’elle dépasse ses appréhensions qui peuvent mener au syndrome de glissement, repli sur
soi… perte de la confiance… »
Je vous remercie de votre disponibilité.
Entretien n°3 :
Bonjour, comme je vous l’ai annoncé au téléphone, je souhaiterais qu’on parle du syndrome
de glissement qui peut être observé chez certains résidents. Comment le définieriez-vous ?
« Le syndrome de glissement ? Pour moi, c’est à partir du moment où il y a un lâché prise de la personne par
rapport à son quotidien. Cela peut aussi être un peu lié à l’état psychologique, la personne n’a plus envie donc du
coup se laisse aller pour tout ce qui concerne le quotidien : même des fois sur des choses qui lui tiennent le plus
à cœur ; même cela des fois, ça a du mal à raccrocher ! »
Selon vous, y a-t-il des personnes à risque de développer ce syndrome ?
« … Je pense que oui c’est forcément une population qui est plus à risque… Parce qu’après souvent… Toi, c’est
un peu plus lié à l’entrée ? »
Oui c’est ça !
« Souvent, on sait que l’entrée en maison de retraite, pour la plupart des gens, ce n’est pas quelque chose
d’anodin, au niveau de la symbolique c’est très marqué. Je sais que nous, au niveau de l’accueil, on essaie de
travailler cela, on n’est pas encore très au point pour l’instant… Déjà, tout le monde n’est pas d’accord ; des
fois… nous on évite au maximum cela mais il y a des fois où il n’y a pas le choix… si la personne déjà, n’est pas
en accord avec ce choix là et bien ça peut… ça n’aide pas !. Après, c’est souvent qu’il y a eu aussi un… que ça
fait une rupture avec la vie d’avant donc ils doivent aussi sans doute faire le deuil de plein de choses donc c’est
pas forcément simple, c’est sûrement une population qui est plus à risque. Il y en a qui choisissent d’intégrer
l’EHPAD ; après, est-ce que c’est choisir quand… c’est plus accepté parce qu’ils n’ont pas le choix mais choisir…
c’est très rare! Il y en a mais vraiment, c’est très rare ! La plupart des gens, souvent, ne viennent pas du domicile
; le parcours, c’est souvent l’hôpital ! Par exemple, ils savent qu’ils ne peuvent pas rester au SSR ou en médecine
et il faut donc qu’ils trouvent une solution. »
Quels sont les motifs d’entrée en EHPAD ?
« … C’est très varié ! […] Après, dans la problématique de la personne âgée, il y a souvent la polypathologie
aussi : différentes choses se recoupent. Mais c’est très très varié. Il y a beaucoup de démences et ce qu’on
retrouve souvent ce sont les accidents vasculaires cérébraux qui peuvent être liés à la démence aussi.
Nous avons aussi une unité orientée plutôt vers la psychiatrie donc ce sont des gens qui ont peut-être ont eu un
parcours qui était plutôt institutionnel ou des malades psychiatriques qui ont décompensés ou pour qui cela a
évolué avec l’âge. »
Et les personnes sans troubles cognitifs…
« […] On va dire qu’il y en a qui ont moins de troubles cognitifs que les autres mais, des personnes sans troubles
cognitifs, non, il n’y en a pas beaucoup. Si c’est une chute sans troubles cognitifs, les gens restent peut-être plus
longtemps en convalescence pour aller ensuite vers un retour à domicile. Toutes les personnes pour lesquelles il
y a des notions de chute, il y a des notions de démence avec. Dans les dernières personnes qui sont arrivées, il y
a des personnes ayant eu des prothèses intermédiaires suite à une chute : c’est le cas pour les deux dernières
dames qui sont arrivées et elles présentent également une démence. »
Quel est le rôle de l’ergothérapeute dans la prévention du syndrome de glissement ?
« C’est vrai que souvent c’est plutôt un travail en équipe. Moi, ma position par rapport au syndrome de glissement
c’est plus de… d’aller chercher ce qui peut raccrocher la personne, quels sont ses centres d’intérêts ? Qu’est-ce
qui peut éveiller quelque chose ? Alors, souvent, pour nous, les projets d’accompagnement individualisés sont
pas encore bien mis en place, je ne sais pas si tu vois ce que c’est ? »
Si, quand j’étais en stage j’ai pu voir des PAP, Projets d’Accompagnement Personnalisés, je
pense que ça doit être à peu près la même chose…
« C’est la même chose, c’est ce qui est préconisé de faire pour chaque résident : nous sommes en train
d’essayer de mettre cela en place mais on n’est pas encore au point. Notamment, là-dedans, on retrouve tout ce
qui est recueil de… enfin… quel était le métier de la personne ? Sa situation familiale ? Quels étaient ses loisirs ?
Etc. donc, moi je sais que je le récolte aussi par le bilan modulaire d’ergothérapie : il y a des questions dans toute
la première partie qui concerne l’identité… quand on peut le faire passer parce que ce n’est pas adapté à tout le
monde non plus : c’est sur un échange avec le résident donc tout le monde n’est pas en capacité de… Donc, oui,
essayer de cibler ce qui va pouvoir éveiller quelque chose chez la personne et moi, ici, j’ai mis en place différents
petits ateliers ou différents… Là par exemple, juste avant que tu viennes j’ai fait l’atelier musique et souvent
comme moi, j’ai ces outils là je peux me poser la question si la musique l’interpelle. »
Comment se déroule l’accueil d’un résident entrant ?
« [Rires]… On va dire que c’est assez chaotique en ce moment. Ce qu’on essaie de faire, c’est d’aller rencontrer
la personne avant qu’elle n’entre en institution pour déjà qu’on se rende compte de son état sur tous les plans.
Souvent, il y a le psychologue qui y va donc il peut y aller tout seul ou avec quelqu’un de l’équipe soignante, ça
dépend des cas de figures. Moi souvent, j’y vais aussi pour… parce que l’on n’arrive pas à avoir toutes les
informations de manière écrite ou… parce que la plupart du temps ce sont des gens qui viennent de l’hôpital donc
on a ces deux possibilités là et quand ce ne sont pas des gens qui viennent de l’hôpital, c’est plus compliqué.
Donc, pour l’instant, c’est assez fou la manière dont ça se passe… Avec le temps on essaiera de manière un peu
plus protocolisée on va dire ! En ce moment, c’est la veille pour le lendemain qu’il y a une arrivée donc voilà… En
ce moment c’est un peu compliqué. »
D’accord, et une fois qu’ils sont arrivés…
« Une fois qu’ils sont arrivés… Pour les équipes soignantes, le fait d’être allé voir les résidents avant,
bah, elles essaient de faire dans la continuité. Mais… »
L’équipe se présente ou…
« Oh oui en général ça c’est un peu spontané. Souvent, on essaie de faire en sorte que le soignant qui a été voir
la personne à l’hôpital soit là l’après-midi ou le résident arrive. Il y a un inventaire… voilà… je sais que le
psychologue, en général, retourne voir les gens. Au niveau ergothérapie, en général, on essaie de faire en sorte
que tout le matériel soit prêt en temps et en heure : les aides techniques, les matelas à air s’il y a besoin, les
aides techniques à la marche si besoin etc.… et on se présente aussi. Et puis après, en général, il y a souvent
une prescription pour un bilan un peu général qui est demandé en kinésithérapie et en ergothérapie. En fonction
de ce qu’on voit de la personne, c’est nous qui orientons le bilan. Pour la toilette… je vais au moins… après, ce
n’est pas tout de suite à l’entrée mais… vraiment au niveau de la vie quotidienne, ça va être toilette, repas quoi.
Je pars du postulat de base que c’est intéressant de voir les capacités d’une personne à un instant t et de pouvoir
avoir aussi un point de comparaison avec après. Donc, après, c’est sûr que la plupart du temps, quand il y a des
personnes qui ont des capacités mais qu’il faut beaucoup stimuler par exemple ou… grosso modo, ça va plus vite
de faire à leur place… ça dépend des équipes mais ce sera toujours compliqué. Moi je leur donne un constat
après avoir pris le temps de faire faire à la personne le plus qu’elle pouvait donc les aides-soignantes savent ce
que les résidents peuvent faire et après c’est aussi à elle de prendre… ça c’est… voilà… ici, le poste est créé
depuis un an et demi… c’est pas évident pour chaque soignant. C’est… je pense que cela mettra très très
longtemps et souvent les soignantes renverront vers nous mais nous n’avons pas le temps. »
Par quel moyen recueille-t-on les habitudes de vie antérieures ?
« Bah déjà la discussion avec la personne et avec les équipes d’où elles viennent… avec la famille… souvent…
enfin normalement c’est obligatoire, au bout de quelques semaines il y a une réunion qui est faite avec la famille,
une réunion de famille où il y a l’ensemble de l’équipe soignante… enfin… en général, il y a un représentant de
chaque profession avec la famille, le médecin. Et, quand il nous semble que c’est adapté, il y a aussi le résident
qui vient. C’est aussi un moment où on récolte des informations. Ça peut aussi être en dehors de cette réunion de
famille là. Il y a des fois, dès l’entrée, on a quelques informations. Après, on n’a pas de… à part à l’écluse où il y a
le projet d’accompagnement personnalisé comme tu l’appelles qui as été mis en place mais qui est trop long pour
qu’il soit mis en place ici.
A la fin de l’année dernière, on a refait l’évaluation interne et on a notamment l’accueil à travailler. On devait
commencer au début de l’année, actuellement il y a des groupes de travail là-dessus mais pour l’instant ce n’est
pas… »
… mis en place…
« Non alors que ça devait être début de l’année. »
En quoi cela est-il nécessaire d’être en possession de ces informations ?
« Bah pour que ce soient des activités significatives. Je pense que c’est d’autant plus important car on est aussi
un lieu de vie. Sachant qu’ici, il y a aussi une partie USLD mais c’est un lieu de vie. En rééducation, parfois on
impose des choses mais ici pour les faire travailler, on essaie de proposer des choses qui font sens pour la
personne. Après, ce n’est pas toujours possible mais… »
En quoi l’ergothérapeute favorise l’intégration d’un nouveau résident ?
« […] Peut-être en complétant les informations enfin tout ce qu’on va pouvoir amener de plus concret aux équipes
soignantes… le retranscrire dans la vie quotidienne. Je ne sais pas… il peut parfois y avoir des choses qui
peuvent être notées dans le dossier. Les aides-soignantes n’ont pas forcément accès au dossier auquel moi j’ai
accès et… après je pense qu’il y a des choses qui ne leur parlent pas forcément par rapport au quotidien de la
personne. En général, nous en transmission on peut leur dire par exemple que pour telle ou telle personne ça va
peut-être être compliquée pour le repas parce qu’il y a ceci ou cela. Je ne sais pas si je m’exprime clairement
mais… après, c’est vrai qu’il y a des équipes pour lesquelles je peux parler « d’apraxies » par exemple et elles
voient à peu près de quoi je veux parler quand j’utilise ce mot. »
Quels types de comportements observe-t-on chez les résidents lorsque ceux-ci ne présentent
pas de troubles cognitifs majeurs ?
« … Je regarde les dernières personnes qui sont arrivées… Ils ont tous des troubles cognitifs ! Sinon, il y a une
dame qui est arrivée il n’y a pas très longtemps, une dame qui a 60 ans… Là, par exemple, cette dame a dans
l’idée de retourner chez elle. À la fin du bilan modulaire d’ergothérapie, il y a une question concernant le lieu de
vie souhaité et… je ne sais plus exactement comment je lui ai posé la question parce que, le lieu de vie souhaité,
cela peut paraître un peu brutal mais… pour elle, elle va retourner chez elle. C’est une dame qui est jeune, elle a
60 ans mais elle n’a plus de foie du à un problème d’alcool. Au niveau physiologique, il y a des choses qui font
qu’elle ne peut retourner à domicile du fait de l’alcool aussi parce qu’a priori… enfin chez elle, elle
recommencerait à boire. »
Et du coup, cette dame est plutôt enfermée dans sa chambre où…
« Non, c’est quelqu’un qui… c’est une dame qui accepte tout très bien ! Elle est très très… relativement ouverte
aux autres… et même qui accepte peut-être beaucoup de choses sans rien dire : par exemple, à table, il y a des
gens qui ont de l’alcool le midi et le soir et j’ai une de mes collègues qui disait : « ça me fait mal au cœur ! »
Parce qu’elle doit supporter le fait qu’elle n’a jamais rien dans son verre et elle n’a jamais rien dit ! Donc, oui je
pense que c’est une dame qui accepte beaucoup de choses. »
Quels sont les moyens mis en place pour favoriser l’autonomie des personnes âgées intégrant
un EHPAD suite à une chute ?
« … En fait… Ça fait depuis le mois de janvier… on a mis en place un atelier équilibre et du coup il y a un bon
lien parce qu’en fait il y a moi et un professeur en Activités Physiques Adaptées qui bosse plus sur le SSR. La
plupart du temps, lui voit des personnes qui viennent ensuite en EHPAD… donc ça peut faire un bon lien. On fait
un Tinetti et un « get up and go test » pour évaluer dans quel groupe seront intégrées les personnes : en fait, on
a trois ateliers par semaine qui durent 30 minutes chacun et dans lesquels on travaille l’équilibre statique,
l’équilibre dynamique et l’équilibre dynamique instable. Sachant que les gens qui ont de gros troubles cognitifs
sont exclus car ils ne peuvent pas suivre les consignes. Par rapport aux chuteurs, quand ce sont des gens qui
arrivent et qui ont la station debout et qui… parce que là les dernières personnes pour lesquelles il y a eu des
chutes n’ont pas encore le droit à l’appui donc souvent il y a une prise en charge kiné pour la rééducation à la
marche et puis après, si c’est adapté, ils viennent à l’atelier équilibre. »
Quel sont les intérêts de la mise en place d’aides techniques à la marche ?
« Quel est l'intérêt ?… C'est sans doute parce que c'est trop évident en fait… quel est l'intérêt ? Non, je ne sais
pas…bah, l'intérêt peut être, si il y a besoin d'une technique c'est peut-être que s'il y en a pas, il y a risque de
chute !… »
Le fait de se déplacer ne serait-ce que pour aller aux toilettes ou… sans être dépendant des
autres ça peut…
« Alors après, ça dépend ! De toute façon, le but c'est l'autonomie et l'indépendance… après, ça va dépendre
aussi de… enfin il y a beaucoup de personnes… après ce sont peut-être plus des personnes avec des troubles
cognitifs mais… Là, on a une dame qui est arrivée donc elle a un rollator pour faire les petits trajets dans sa
chambre. Pour les plus grands trajets, c'est en fauteuil roulant ; cela ne lui donne pas une autonomie et une
indépendance par rapport aux soignants ; elle n'a pas l'idée de rouler le fauteuil roulant seule, elle dit : « oh non
non moi je suis bien là ! » Après, je pense qu'il faut que l'aide technique soit adaptée… enfin… en l'occurrence,
cette dame là, on aurait pu faire le choix de ne lui mettre qu'un fauteuil roulant après… les aides-soignantes
savent qu'elle peut faire les petits trajets donc si elle a le rollator, elle peut aller jusqu'à la salle de bains tous les
matins parce que les filles savent que c'est possible. »
Quels sont les intérêts de la mise en place d’aides techniques au déplacement ?
« Souvent quand… Enfin… Là j'utilise le terme « autonomie » dans le sens « avoir le choix », « prendre les
décisions en général ». Je vais prendre l'exemple d'une personne qui a les capacités cognitives et qui n'est pas
en dépression, souvent, ils s'emparent de l'aide technique. Si l'espace est là pour qu'il y ait de l'autonomie
souvent ils prennent cette place-là… Par exemple, on a un monsieur relativement jeune qui est arrivé : il a 62 ans
je crois. C'est un monsieur qui, à domicile était victime de dépression, c'était peut-être même plus profond que
cela mais… voilà… avec une incurie, alors que c'est quelqu'un qui est relativement jeune, une amputation au
niveau d'un membre supérieur qui est très ancienne : c'est quelqu'un qui du coup à domicile se laissait
complètement aller alors que physiquement il était en capacité de faire des choses. Il ne se lavait plus, il ne
mangeait plus trop. Du coup, quand il est arrivé ici… La toilette était un peu problématique après il y avait des
choses qui se jouaient au niveau de la toilette mais… pour tout ce qui est des déplacements ; le fauteuil roulant il
s'en est emparé tout de suite… C'est aussi quelqu'un qui est jeune et qui a les capacités pour comprendre tout de
suite comment le fauteuil roulant fonctionne, cela peut lui permettre d'aller au fumoir car c'est quelqu'un qui fume
beaucoup. Il conduit son fauteuil roulant en podal et juste avec un bras et il arrive à pousser les grosses portes
tout seul… honnêtement je pensais qu'il ne pouvait pas le faire. Il a une artériopathie oblitérante des membres
inférieurs donc, pendant pas mal de temps, je pense qu'il ne marchait plus mais c'est parce qu'il ne voulait plus
du coup il a eu des rétractions. On voit bien qu'il s'investit dans tout ce qu'il fait en kiné parce que ça compte pour
lui maintenant. Sachant que c'est quelqu'un qui se voyait comme un « déchet », il se laissait complètement aller.
A priori, il est même revenu une fois à l'hôpital parce qu'il avait des asticots sur le corps… »
Quels sont les effets observés sur la personne lorsque l’on favorise son autonomie ?
« Je pense que pour cette personne, au niveau de l'estime de soi, l'aide technique n'est pas anodine et du coup,
en général, tous les lundi matin, on fait une sortie au marché avec l'animatrice et ce monsieur, ce qu'il exprimait
c'est qu'il voulait y retourner tous les lundis matin. Donc, on l'a remis dans le cadre en lui disant que le marché,
c'était qu'une fois par mois mais il ça prouve qu’il a retrouvé goût à certaines choses… »
Entretien n°4 :
Bonjour, je souhaitais vous rencontrer à propos du rôle de l’ergothérapeute dans la
prévention du syndrome de glissement pour des personnes intégrant un EHPAD suite à une
chute…
« …Voilà d’accord, situation à laquelle on se retouve quand même confrontée … »
Régulièrement ?
« Oui, c’est presque le plus souvent Les dernières entrées là, c’était presque le plus souvent ce type d’entrée :
soit une chute ou enfin une difficulté en tout cas qui arrive comme ça brutalement qui entraîne une hospitalisation
et donc, la personne, face au fait que rester à domicile chez elle toute seule ça devient problématique donc
voilà. »
Quels sont les motifs d’entrée en EHPAD ?
« Bah c’est ça quoi en fait, c’est des situations où la personne âgée ; soit parce qu’elle est trop âgée soit parce
qu’elle a fait des chutes à répétition soit parce qu’il peut y avoir un début de désorientation associée ou des
choses comme ça ce qui fait que du coup les dispositions qui peuvent être prises comme des aides ménagères,
des portages de repas, le passage de certains professionnels et bien ne sont plus suffisantes pour mettre la
personne complètement sécurité. Donc soit c’est la personne elle-même qui ne se sent pas en sécurité, ce qui
est relativement rare mais qui arrive c’est-à-dire que dans certains cas cela arrive que ce soit une démarche
volontaire de sa part à un moment donné. Mais le plus souvent c’est l’entourage, les enfants qui prennent les
devants. »
Qu’est-ce que le « syndrome de glissement » selon vous ?
« Alors, je ne suis pas une théoricienne… donc voilà moi ce que j’en dirai, c’est une personne âgée qui se
retrouve en institution donc plongée dans un collectif donc avec… du coup c’est traumatisant pour elle cet aspect
collectif là, car cela l’entraîne dans des contraintes qu’elle n’a pas choisies et qui n’arrive pas ou ne souhaite pas
s’adapter à cette nouvelle vie et qui du coup se renferme sur elle-même, devient plus triste, devient moins
volontaire et puis fini par n’avoir envie de plus rien sinon de mourir. »
Selon vous, quelles sont les personnes à risque de développer ce type de syndrome ?
« Les personnes qui ont à faire le deuil de la vie… de leur maison, de leur vie d’avant. Oui, c’est ça oui. »
Quel est le rôle de l’ergothérapeute dans la prévention de ce syndrome ?
« Alors… Ça se situe à plusieurs niveaux je dirais parce que ça dépend de l’autonomie… Enfin, je veux dire que
pour quelqu’un qui a des difficultés de déplacement, il va y avoir une prise en charge, un accompagnement qui va
être différent c’est-à-dire qu’il va y avoir aussi un accompagnement dans cette dimension du déplacement ; donc
soit on va aider la personne à reprendre une marche autonome avec une aide technique soit, si elle est en
fauteuil roulant et qu’il n’y a pas de possibilité de reverticalisation avec une marche derrière bah ça va être de
faire en sorte qu’elle puisse quand même se déplacer seule avec son fauteuil roulant et ça pourquoi c’est
important ? C’est parce que ça va lui permettre de pouvoir décider à certains moments quand même de l’endro it
où elle va pouvoir se trouver et de pas être forcément je dirais « à la merci » de l’accompagnement que les
soignants peuvent lui donner par ailleurs. Donc ça c’est une première chose c’est vrai que si il y a une difficulté
de déplacement, il va falloir bah travailler autour de cette difficulté là donc en mettant en place les moyens
techniques, les aides techniques au besoin, en mettant… moi, je travaille… je fais de la verticalisation avec les
personnes sur prescription du médecin en complémentarité avec une prise en charge de kiné et puis c’est arrivé
justement que l’on retrouve de la mobilité grâce à cette collaboration. Cela permet aux personnes de se remotiver
parce que c’est vrai que, quand elles sont confinées dans un fauteuil roulant, c’est une source supplémentaire je
dirais de désintérêt de ce qu’il y a autour d’elle. C’est d’autant plus difficile d’avoir envie de faire des choses
quand on est coincé dans son fauteuil roulant. Donc, voilà, ça c’est une chose.
L’autre chose, ça va être de travailler autour des centres d’intérêt, des envies, de la socialisation. Comment ? Bah
au travers de la connaissance de l’entretien déjà, de la connaissance de la personne de manière à savoir un petit
peu ce qu’on peut lui proposer qui peut susciter son intérêt. En plus, après il y a une autre dimension c’est de
savoir si c’est quelqu’un qui est plutôt ou qui était plutôt sociable donc il va avoir une petite chance d’être
intéressé par une relation avec d’autres ou au contraire quelqu’un qui est plutôt solitaire, qui a du mal à supporter
par exemple… parce qu’en institution, la difficulté c’est aussi les autres personnes âgées avec leurs troubles du
caractère, leurs troubles du comportement, leur handicap, leur grande dépendance… Tout un tas de situations
qui renvoient, à la personne qui vient d’arriver, bah… Comment dire ? Une image encore plus négative de
l’institution. Donc, en tant qu’ergo, du coup, on va essayer de trouver des activités à lui proposer, des situations à
lui proposer de façon à susciter si possible bah l’envie quoi, l’envie de faire, l’envie d’être avec d’autres et non
pas de lutter contre le repli. »
Par quels moyens recueille-t-on les habitudes de vie antérieures de la personne ? Par quels
professionnels ce recueil est-il effectué ? En quoi cela est-il nécessaire d’être en possession
de ces informations ?
« Alors, à l’entrée déjà il y a une visite de l’établissement. Quand il y a un dossier d’inscription, il y a une visite ou
en tout cas il y a une présentation de l’établissement à la famille. Quand l’entrée va être effective parce que du
coup il y a une liste d’attente parce que souvent les entrées, même si elles sont anticipées, elles sont toujours
brutales parce que c’est d’un coup, si nous il y a un décès ici, il y a une place donc du coup on propose la place.
Après, en fonction de certains critères, c’est le médecin coordonnateur, le directeur et la cadre de santé qui
s’occupe de contacter la famille des personnes. On annonce l’entrée et donc soit la visite a été faite
préalablement soit elle va être faite à ce moment-là et la personne elle, va découvrir l’établissement. En même
temps, au cours de l’entretien, la cadre de santé ou la personne de l’administration qui remplit le dossier ; il y a un
certain nombre de choses qui vont apparaître dans ce dossier. Après, dans les premières heures, les premiers
jours, on va recueillir tout ce qu’on peut au niveau des informations concernant la personne : si c’est une
personne qui communique facilement, on va recueillir les infos directement avec elle et si c’est pas le cas, ce sera
avec la famille, l’entourage, au fil de l’installation, des visites, des contacts. On va dire que, dans les 15 premiers
jours de l’arrivée de la personne, ça va être vraiment de la connaître le mieux possible pour après aussi le mieux
possible pouvoir l’accompagner au quotidien et puis répondre aussi aux attentes de la famille et de l’entourage
parce que c’est important… Il y a la personne qui est là mais on accueille aussi bien entourage et la famille ça
peut aussi favoriser justement les visites dans l’établissement… je dirais une certaine collaboration avec l’équipe
et ça… eh bien, ça peut être très précieux pour la suite. »
Comment se déroule l’accueil d’un résident entrant ?
« Alors… Je dirais qu’il y a la manière idéale donc celle qu’on aimerait c’est-à-dire avoir une personne disponible
au moment où la personne arrive, pour l’accompagner à sa chambre, l’installer, discuter… En réalité, cela ne se
fait pas toujours comme ça parce que les entrées se font comme je disais… comment dire… de manière un peu
brutale c’est-à-dire que même si il y a un délai entre le moment où on sait que la personne arrive et l’arrivée
effective je dirais entre le décès et l’arrivée de la nouvelle personne, il y a à peu près une semaine. Ça peut être
très court suivant la période à laquelle ça se situe par exemple, si c’est à cheval sur un week-end, si c’est durant
les fêtes de fin d’année, si c’est dans une période de vacances… il y a des moments comme ça bah
malheureusement c’est incontournable, on a pas la même disponibilité, la même possibilité d’accompagnement et
ça, on travaille dessus justement pour améliorer ça… parce que ce n’est pas comme ça qu’on veut le faire. En
fait, on aimerait pouvoir vraiment personnaliser les choses c’est-à-dire que, bah déjà mettre un petit bouquet de
fleurs dans la chambre, qu’il y ait une personne qui se détache complètement pour accueillir la personne
suffisamment longtemps, l’installer, discuter… Pour lui permettre de se poser, de se sentir… C’est pas tout à fait
comme cela que ça se passe… ça se passe en quelques minutes et après on n’y retourne à plusieurs reprises,
on est plus attentif à cette personne là pendant quelques temps mais quand même entre ce que l’on aimerait faire
et à la réalité il y a quand même un décalage et quelquefois bah peut-être que ce décalage là il peut peut-être
malheureusement susciter derrière… avoir des conséquences. »
En quoi l’ergothérapeute favorise-t-il l’intégration d’un nouveau résident ?
« Alors comme je le disais tout à l’heure, il y a déjà tout ce qui est l’aide au déplacement, autour du repas : s’il y a
des difficultés autour du repas donc… le fait de donner les bons outils ou les bons conseils, de favoriser la bonne
installation, ça c’est de notre domaine. Ensuite, c’est par l’intermédiaire des activités que l’on va mettre en place
soit à type individuel soit à type collectif ou en petits groupes voilà… c’est au travers de tout ça que l’on va
favoriser l’intégration ou en tout cas, tenter de le faire. »
Quels types de comportements observe-t-on chez les résidents entrants lorsque ceux-ci ne
présentent pas de troubles cognitifs majeurs ?
« Peut-être une certaine agressivité… Je ne sais pas si c’est le terme, ça peut je pense oui. Il y a quelques
personnes comme ça qui ont pu manifester cela parce qu’elles ne sont pas contents d’être là. Il y a ça, il y a peut-
être de la somatisation sur certains aspects aussi c’est-à-dire… c’est de prouver par A+ B que de toute façon ils
ne sont pas bien là quoi. Donc, on ne va pas bien faire au départ, on va avoir beaucoup de mal à bien faire. La
personne ne va nous renvoyer que des manques, que des difficultés. Je pense que ça, ça se produit
effectivement même si la personne n’a pas de troubles cognitifs, c’est humain quoi. »
Je pense que ça dépend du caractère de chacun mais on peut observer un repli plutôt ou…
« Oui, c’est quand même plutôt ça, plutôt un repli oui! Il y a un certain nombre qui ne souhaite pas… surtout
dans… On a un profil des personnes âgées qui entrent en EHPAD qui a changé au fil du temps. Moi, ça fait 25
ans que je suis là et je me rends compte que ce n’est pas du tout le même type de personne qui entre : elles
rentrent plus tard, donc elles rentrent aussi en ayant encore moins fait le choix de rentrer je crois voilà… Alors
avec un handicap physique qui n’est pas forcément là mais plutôt une difficulté à se gérer seul au quotidien liée
par exemple, à des troubles de l’équilibre suite à des chutes à répétition… des choses comme ça. Au premier
abord, il y a certaines personnes qui ne veulent pas aller manger en salle à manger collective. C’est acceptable
dans une certaine mesure c’est-à-dire qu’actuellement on a deux personnes qui sont entrées dans l’année qui
vient de s’écouler qui ne veulent pas aller manger dans la salle à manger collective. Elles ne veulent pas se
retrouver confrontées aux autres, donc on accepte mais c’est vrai que si ça se multipliait ce serait problématique
par rapport à l’accompagnement qu’on peut leur apporter : si elles ne peuvent pas manger toute seule en toute
sécurité par exemple, on ne peut pas faire ça, s’il y a des risques de fausse route, des choses comme ça…
humainement, matériellement, au niveau de l’organisation, on ne peut pas multiplier… on a des limites par
rapport à ça. Et puis après bah chacun est particulier : c’est vrai que pour certains, cela leur a permis d’accepter
leur installation. Donc, au bout du compte, il n’y a pas eu de troubles à augmenter. Le fait de respecter leur choix
de ne pas être au repas en collectif, ça leur a permis de s’installer dans leur fonctionnement à elle, de trouver un
équilibre qui leur convient. Finalement, ça ne se passe pas mal et du coup on n’observe pas, pour ces
personnes-là, de syndrome de glissement, elles ont trouvé leur rythme… »
Quels sont les moyens mis en place pour favoriser l’autonomie des personnes âgées
intégrant un EHPAD suite à une chute ?
« Donc il y a de la prise en charge kiné d’accompagnement à la marche. Moi, en complément je fais de la
verticalisation. Il y a des groupes de motricité aussi qui sont mis en place. Pour certaines personnes… moi en ce
moment j’accompagne une personne à faire l’aller-retour en salle à manger parce que toute seule elle a peur.
Autrement, quand moi je ne suis pas là ou que je ne peux pas le faire, on l’emmène en fauteuil roulant donc elle
fait l’aller-retour en fauteuil roulant mais quand je peux me détacher pour le faire je le fais et du coup c’est pareil,
c’est quelqu’un qui a retrouvé le sourire rien qu’au travers de cela. Pourquoi ? Parce que j’arrive 2-3 fois par
semaine à l’accompagner en salle à manger et elle est contente de ça. Du coup, ça la remotive. Quelquefois il
suffit vraiment de petites choses. »
Justement, j’avais également une question sur les intérêts de la mise en place d’aides
techniques aux déplacements donc vous êtes en train de m’en donner un là…
« Oui, c’est ça et puis du coup il y a une relation qui s’établit… les personnes en général aiment bien la relation
duelle donc après il faut réussir à la doser quoi. Et puis aussi bah on ne peut pas malheureusement, l’offrir à tout
le monde de la même manière puisque au niveau du temps, on est limité. Cet accompagnement en salle à
manger collective peut être l’occasion de discuter, d’avoir une certaine proximité à un moment donné et pour un
certain nombre c’est important aussi. »
Quels sont les effets observés sur la personne lorsque l’on favorise son autonomie?
« Alors, l’autonomie au quotidien c’est-à-dire la possibilité aussi de sortir de sa chambre d’elle-même, de choisir
ses activités. Il y a énormément d’activités proposées au sein de la structure, il y a beaucoup de… l’ergothérapie
est devenue thérapeutique au fil du temps je dirais parce qu’au départ, il n’y avait pas d’animation, il n’y avait pas
de moniteurs d’ateliers et j’étais la seule à proposer des choses… des distractions… voilà… j’avais la double
casquette pendant une dizaine d’années et après il y a eu un poste d’animation de créer et là il y a une animatrice
et un animateur sportif qui viennent d’arriver, donc il y a beaucoup de choses qui sont proposées aux résidents.,
À partir de là, c’est vrai que les personnes âgées, on arrive à les remotiver : il y a la lecture du journal deux fois
par semaine, il y a des groupes de motricité, d’entretien des articulations… des activités sportives adaptées, il y a
des jeux de société, du bricolage, des sorties à l’extérieur. Il y a tout un tas de choses qui sont proposées, il y a
différents espaces, différents salons dans la maison aussi qui font que les personnes peuvent… Il y a le parc
aussi autour. Tout ça, c’est des choses auxquelles les personnes peuvent avoir accès et vers lesquelles elles
peuvent se tourner si on arrive à les remotiver. Il y a aussi l’aspect du repas dont je n’ai pas parlé avant : le repas,
c’est un aussi… c’est-à-dire qu’il y a une perte d’appétit quand on n’est pas bien, ce qui entraîne des
complications derrière donc si on arrive… ça aussi le fait de manger, de retrouver du plaisir à manger, ça c’est
aussi un signe de moral. La communication avec les autres, le fait de parler spontanément… Au niveau du
regard, au niveau du sourire… être interpellé dans les couloirs quand on passe, etc. En fait il y a énormément de
signes qui montrent que ça va à peu près. »
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