Les transparents de Carmontelle : d'une mise en scène de l ......Créateur de jardins,...

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Les transparents de Carmontelle :

d'une mise en scène de l'image aux prémices

de l'histoire de l'installation

Louis Carrogis dit Carmontelle (1717-1806)

Peintre, architecte, graveur, comédien, auteur dramatique, metteur en scène

-inventa les transparents pour lanterne magique, -réalisa des petites comédies improvisées appelées Proverbes,-travailla pour les ducs d'Orléans (pour être lecteur (professeur) de son fils le duc de Chartres) et de Chartres (agencement du Parc Monceau à Paris).

Louis Carrogis apprend la peinture et le dessin en autodidacte et trouve un emploi de tuteur en mathématiques auprès des enfants de la noblesse.

Il participe à la guerre de Sept Ans en qualité de topographe, tout en occupant ses loisirs à croquer les soldats de son régiment.

Autoportrait, vers 1762, Chantilly, musée Condé

Créateur de jardins, organisateur de fêtes et de spectacles, Carmontelle fut très lié aux princes d’Orléans dont il fut le protégé. Il se fit une spécialité de portraits (de profils) de gens de qualité et de dames de la cour, exécutés à la pierre noire, la sanguine et l’aquarelle, constituant un témoignage fidèle de toute une société.

L'Abbé Allaire, ancien précepteur du Duc d’Orléans (vers 1760),

Chantilly, Musée Condé.

Mlle Desgots jouant du clavecin, (1766), Paris,

Musée Carnavalet.

Monsieur Rameau, (1760), Chantilly, Musée Condé.

Carmontelle fit quelques grands panoramas qu'il dénommait décors transparents animés, représentant des paysages peints sur papier de chine ou sur papier vélin transparent, faits pour être déroulés devant une source lumineuse ou une fenêtre, un commentaire oral accompagnait la représentation. Les premiers transparents connus de Carmontelle sont datés des dernières années du règne de Louis XVI, 1783 et 1787, puis de la période révolutionnaire, 1790, 1792, 1795, 1798 et les derniers du Consulat et de l'Empire, 1800, 1801, 1803 et 1804. L'artiste les avait conçus comme des divertissements de salon, accompagnés de commentaire, d'anecdotes ou de musique.

C’est à partir des années 1780 qu’il est plus actif dans la création de jeux d’optique. Il nomme «transparents» les dessins très fins qu’il présente à la haute société. «Exposés à la lumière du jour, devant un seul carreau de ses croisées, ils se déroulaient successivement aux yeux des spectateurs pendant une heure […] Pour peindre ces sortes de tableaux, il était obligé de travailler debout sur le papier appliqué à sa vitre» (Joseph F. Michaud, Louis Gabriel Michaud, Biographie universelle, ancienne et moderne, 1813).

Il perd ses protecteurs pendant la Révolution française. En 1798, il continue à exécuter des transparents dont l’exceptionnel qui porte le titre Les quatre saisons, le plus grand connu au monde. Carmontelle s’éteint à l’âge de 89 ans, en 1806.

À gauche : Vue du  transparent des Quatre saisons lors de sa

restauration, Musée du Domaine départemental de Seaux.

À droite : Présentation du transparent dans la salle d’exposition du Musée du

Domaine départemental de Seaux.

Nommés ainsi du fait de leur support (papier très fin, translucide).

Transparents : "Il appelait ainsi des tableaux sur papier très fin, lesquels, exposés à la lumière du jour, devant un seul carreau de ses croisées, se déroulaient pendant une heure et plus aux yeux des spectateurs, et leur présentaient une suite de scènes. Les Transparents avaient depuis cent jusqu'à cent soixante pieds de longueur (d'environ 30 à 50 mètres). Le plus grand plaisir de Carmontelle était de mettre ses Proverbes en Transparents, et ses Transparents en Proverbes" (Joseph François et Louis Gabriel Michaud, Biographie universelle, ancienne et moderne, 1813, p. 167-168).

LES TRANSPARENTS DE CARMONTELLE

FIGURES MARCHANT DANS UN PARC – J. PAUL GETTY MUSEUM (LOS ANGELES)

Transparent du J. Paul Getty Museum

Titre : Figures marchant dans un parc, 1783-1800

Artiste : Louis Carrogis, dit Carmontelle (1717-1806)

Matériaux : Aquarelle et gouache avec des traces de craie noire

Dimensions : 47,3 x 377 cm (fragments) :

- Commençant à gauche, un couple aristocratique se promène dans un parc riche en monuments, concluant dans une maison de campagne à deux étages.

- Particularité de ce transparent : il contient une histoire entière avec un début, un milieu et une fin.

- L'obélisque, la pyramide, le temple, et d'autres structures de jardin de ce cadre ressemblent à sa conception pour le parc Monceau de Paris.

Visionner ce transparent en vidéo : https://youtu.be/Xsbpxp3BtYQ

Durée 2,53 minutes, muet

Et son dispositif : https://youtu.be/NG4pIL7Ghl8

LES CAMPAGNES DE FRANCE – MUSÉE DU LOUVRE LENS

Présenté dans un espace feutré et tamisé, propice à sa contemplation, l’immense panorama de 13 mètres peint par Carmontelle sur papier transparent, n’a pu être exposé qu’au prix d’une scénographie inventive signée par l’Agence AtoY.

Sources : Louvre-Lens@MuseeLouvreLens

Espace (bulle) dédié au transparent de Carmontelle. Ambiance verte,

siège en pétale de fleurs ou trèfle : allusion à la campagne.

Scénographie du Musée du Louvre Lens pour l’exposition « Trésors » .

Transparent du Musée du Louvre Lens

Titre : Les Campagnes de France

Artiste : Louis Carrogis, dit Carmontelle (1717-1806)

Matériaux : Plume et encre, rehauts de gouache et d’aquarelle sur papier filigrané Whatman

Dimensions : 47,3 x 377 cm (fragments) :

PROMENADE DANS UN PARC – MUSÉE DU LOUVRE

Transparent du Musée du Louvre

Titre : Promenade dans un parc.

Date : vers 1790

Artiste : Louis Carrogis, dit Carmontelle (1717-1806)

Matériaux : gouache, aquarelle, plume et encre sur dix-sept feuilles de papier Whatman.

Dimensions : 13 m x 25 cm (fragment)

LES QUATRE SAISONS – MUSÉE DE L’ÎLE DE FRANCE À SEAUX

POUR VOIR LE TRANSPARENT EN ENTIER : https://www.youtube.com/watch?v=0EeIhYhe5HQ&feature=youtu.be

Sur le remarquable « les quatre saisons» datant de 1798 apparaissent des paysages de l’Île-de-France au fil des saisons, agrémentés de diverses scènes de genre de la vie aristocratique et paysanne. L’ouvrage dévoile ainsi toute la vie quotidienne sous le règne de Louis XV.

Technique et support : Aquarelle, gouache et encre de Chine sur 119 feuilles de papier doublé de soie, 50 cm x 42,12 m. Boîte en bois : 55 cm x 103 cm.

Fragment représentant l’été Fragment représentant l’automne

THÈMES REPRÉSENTÉS :

- Les campagnes idéalisées et les jardins pittoresques, parsemés de petites architectures appelées «fabriques» («Folly» en anglais), l’ensemble animé de personnages appartenant aux différentes couches de la société.

- Demeures cossues, églises aux toits pointus, moulins à aubes ou à vent défilent au gré des saisons.

- Champs cultivés, bosquets et rivières environnent les villages posés sur les douces collines ou vallées de l’Ile-de-France. Les divers tableaux du transparent montrent les travaux des champs, tels la fenaison ou la moisson (TRAVAIL) les activités dans les bourgades et les fêtes, animées par des personnages aux costumes d’une grande variété (OISIVETE).

L’hiver :

- ciel gris, bouché

- arbres sans feuille,dépouillés

- campagne enneigée

- lacs parcourus par des traîneaux de fantaisie

- activité de saison : transport du bois de chauffage

Le printemps :

-ciel plus clair, plus lumineux

- arbres qui commencent à feuiller, en fleur

-activité de saison : la pêche

L’été :

-ciel clair, lumineux

- arbres feuillés

- ombres portées marquées au sol (soleil puissant)

- couleurs plus vives

- activité de saison : travaux des champs et animaux qui paissent

L’automne :

- ciel plus laiteux

- harmonie chaude

- arbres qui commencent à jaunir

- activité de saison : les vendanges

La nuit tombée

- éclairage public/éclairage privé

(lampes à huile, chandelles, bougies)

-clair de lune

En 1766, à Paris les lanternes

cèdent la place aux réverbères ;

l'huile succédant aux chandelles. Les

lanternes à réverbère auraient été

inventées par un abbé en 1745.

UNE CERTAINE VISION DE LA SOCIÉTÉ DU XVIIIe SIÈCLE

Les activités dans les villages et les campagnes au cours des saisons, les fêtes et loisirs aristocratiques et populaires symbolisent un aspect de la vie à la campagne en Ile-de-France au temps de «la douceur de vivre» .

Les vieux chemins ruraux reliant les villages et contournant les propriétés, et les routes royales ou avenues de chasse rectilignes représentent deux mondes, idéalisés et en harmonie.

Ces œuvres présentent également des domaines seigneuriaux, dont les parcs parfois immenses se prolongent souvent par des bois ou des terrains de culture. Alentours se distinguent des champs, des pâturages ou des vignes. Les laboureurs, ceux qui possèdent un train d’attelage, sèment les céréales, les plantes fourragères et les légumes, culture concentrée aux abords de la capitale.

Les dessins de Carmontelle montrent aussi les maisons de villages regroupées autour des églises, entourant un carrefour ou bordant une route, formant une perspective linéaire étroite, mais aussi des effets de lointain avec une perspective atmosphérique : des codes de représentation associés au «paysage».

Jean-François BOSIO, La Lanterne magique, 1804, lithographie, 35,5x47, Nouveau Musée National de Monaco.

À l’époque, les lanternes magiques deviennent accessibles au plus grand nombre. Ces transparents proposent un spectacle que Carmontelle, tel un véritable réalisateur, monte de toutes pièces. Ce procédé offre une grande facilité d’exécution et d’emploi, propre à intéresser les artistes et les amateurs. Il fait figure de précurseur à la fin du XVIIIe siècle par son habileté à mêler images en mouvement et histoire parlée.

DISPOSITIFS OPTIQUES – VERS UNE SOCIÉTÉ DU DIVERTISSEMENT

BILAN

OUVERTURES

Eva Jospin, Sans Titre, 2015, Domaine de Trévarez

Édouard CASTRES, Panorama Bourbaki,

1881, peintures marouflées, 112 m x 10

m, 40 m de diamètre, Musée et centre

culturel de Lucerne, Suisse

Marie DROUET, Petit paysage panoramique, série Viarme, acrylique sur cartes

postales, 10 x 45 cm, 2009

Marie DROUET, Collage de plusieurs Petits paysages panoramiques

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