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MacroncontraintdeclarifiersapolitiqueLe président de la

République, élu sur l ' ambitionde transformer le pays,traverse la période la plusdélicate depuis le débutde son quinquennat

Certains soutienshistoriques de M . Macronle pressent de changer deméthode , à l ' heure où sacote de popularité est enbaisse dans les sondages

Confronté à la démissionde Nicolas Hulot , il s'

interrogesur l '

ampleur àdonnerau remaniementministériel, attendu au plustard mardi 4 septembre

Dans un entretienaccordéau «Monde », lepatronde la CFDT, LaurentBerger, déplore les choixbudgétaires de l ' exécutifPAGES 5-7

Prélèvement à la source,croissance incertaine ,tensions européennes ...les difficultés semultiplientpour lui et pourle gouvernement

«Unevisionduvieuxmondeprévaut»Avant une réunion à Matignon , mardi , le patron de la CFDT,Laurent Berger , critique les choix de l '

exécutif

ENTRETIENaurent Berger , lesecrétairegénéral de la CFDT ,devait être reçu , mardi4 septembre , par le

premierministre , Edouard Philippe.Une rencontre dans le cadre desentretiens que le chef dugouvernementmène en tête-à-tête avecles partenaires sociaux surl

'

agenda social de la rentrée .

Quelquesjours après les premiersarbitragesbudgétaires dugouvernement, le numéro un de la CFDTcritique « un coup de rabot quitouche les plus précaires .

Dans quel état d '

espritabordez-vousvotre rendez-vousavec Edouard Philippe mardi?

Je vais dire au premier ministre

que notre pays a besoin de justicesociale et de savoir où le

gouvernementsouhaite aller . Cesentimentde réformer pour réformerou du pragmatisme à tout crin nefait pas sens . Quelle est la finalitéde ce qui est proposé aujourd

'

hui?Du progrès social ? Du progrès dé-

mocratique? Ou bienuniquementdes mesures égrenées lesunes après les autres ?

Que pensez-vous des annonces

budgétaires du gouvernement ?C' est un coup de rabot qui tou

che les plus précaires . On a unquasi-renoncement à unerevalorisationdigne de ce nom desminimasociaux . Sur les pensions deretraite , pour l

'

instant , il n' y a pasde distinction entre les basses

pensions et les autres . Sur lafonctionpublique , on a encore uneprésentation des agents commeun coût . Il n' y a pas de logiquepolitiquederrière - si ce n' estbudgétaire- ,pas de vision à long terme.Notre rôle de syndicalistes , c' estde réaffirmer ce besoin de sens ,de faire des propositions . C' est ce

que je vais dire au premierministre:« Si vous laissez de l

'

espace àla démocratie sociale pour le faire ,

CFDT s' en saisira . Si vous vouleznous dicter un chemin qui pournous ne fait pas sens , nous nel

'

emprunterons pas . »

C' est votre côté « Gauloisréfractaireau changement» , selon laformule d ' Emmanuel Macron?

Cela fait longtemps que les

Françaisne sont plus des Gaulois .Heureusement, il y a eu un peu de

brassage pour le bien de tout lemonde , depuis . Cette formulationentretient une forme de mytheque , personnellement , je n' aime

pas beaucoup . Jevois bien sedessineren cette rentrée les « pro » etles « and» , mais les syndicalistesn' ont aucun intérêt à être dans une

opposition frontale . Nous ne som

mes pas réfractaires auchangement, mais le changement pour le

changement ne veut rien dire . Lemouvement n' a pas de sens s' il necontribue pas au progrès humain.

Après la démission de NicolasHulot , la question écologiqueest-elle , selon vous ,suffisammentprise en compte ?

Ce sujet est central . Le problèmeclimatique nous saute au visage.Ce qui prévaut dans l '

action du

gouvernement , c' est une visiondu vieux monde : on fait del

'

adaptation économique et onserre les boulons . Il y auneprédominancede l

'

économique - etc' est très important - sur l

'

enjeuenvironnemental et social . L

'

écologieet la solidarité sont les deuxvoies dans lesquelles on devraits' engager , et ce n' est pas le cas.

Soutenez-vous l ' exonérationde cotisations salariales pourles heures supplémentaires ?

Non . On peut comprendre que

« L' écologie et lasolidarité sontles deux voiesdans lesquelles

on devrait

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DIFFUSION : 275310JOURNALISTE : Raphaëlle Besse…

4 septembre 2018 - N°22906

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s' engager et cen' est pas le cas»

les salariés soient intéressés , carcela leur fait un gain de pouvoird ' achat, mais cela donne lesentimentque la cotisation sociale estune charge. Or, la cotisationsocialeest la construction de droitscollectifs attribués à chacun . Et,quand on a plus de 9 %% dechômeurs, l '

encouragement auxheures supplémentaires n' est pasle chemin à emprunter pouressayer de résorber le chômage.Encore une fois , c' est l ' illustrationd ' une politique très classique.On allège ce qui , prétendument ,pèse sur le travail ,et chacun ,individuellement, peut se sentirmieux . Mais on a besoin decotisationssociales, de construire laSécurité sociale de demain , lasécurisation des parcoursprofessionnels, d' investir dans lessolidarités. Ce n' est pas le choix quiest fait aveccette mesure.

L'

assurance-chômage doit-elleêtre également réformée ?

Sur l '

assurance-chômage , noussommes d ' accord pour négocier ,mais plusieurs conditions . Nousavons demandé à ce

qu'un

diagnosticsoit fait ,ce qui devrait êtrele cas, pour voir les contours dusystème actuel et regarder où l ' onpeut améliorer les choses Mais ,

pour nous , il n' est pasquestion defaire moins sur l ' indemnisationdes demandeurs d '

emploi que cequi est fait aujourd

' hui . Si on neveut pas faire reculer leconsentementà la contribution de chacunà cesystème desolidarité , on aintérêtà garder cette logiqueassurantielle. C' est-à-dire que l ' onreçoiten fonction de ce que l ' on acotisé . Dans ce contexte , l ' idéed ' une dégressivité des allocationspour les cadres [proposée par ledéputé (LRM) Aurélien Taché] meparait donc très mauvaise.

Si la logique est deresponsabiliserles employeurs sur l '

usage dela précarité avecun bonus-maluset de renforcer la sécurisation desdemandeurs d'

emploi et leurretourà l '

emploi ,y compris enfaisantévoluer des règles, il n' y pasde tabou pour la CFDT. Si lalogiqueest purement budgétaire , cesera «niet »pour nous.

Qu' avez-vous pensé desrecommandationsdu rapport Lecocq

sur la santé au travail ?Il y a de bonnes choses dans ce

rapport . Pour nous , l '

angle d '

attaqueest de savoir ce que l ' on peutfaire pour améliorer la qualité devie au travail . Il faut êtredavantagedans la prévention que dans

La hausse desarrêts maladie ,

«cela se traite parl ' amélioration dela qualité de vieau travail , et nonpar une logiquede sanctions»

la réparation ,même si c' estindispensable. Et que l ' on ne perçoivepas, par exemple , les arrêts detravailcomme un abus.

J'ai été

choquéd ' entendre dire [par lepremierministre] qu'

un jour d ' arrêten plus , c' est comme un jour decongé supplémentaire.

Personne ne dira qu' il n' y ajamaiseu d ' abus, mais tout lemonde sait que c' est fia haussedes arrêts maladie] un effet duvieillissement de la populationsalariée , du report de l '

âge à laretraite, de l ' intensification dutravailCela se traite par l '

améliorationde la qualité de vie au travailet non par une logique desanctions. Qu' il y ait plus d ' arrêtsmaladie, ça nous questionne et laCFDT ne s' en réjouit pas. Si l ' idéepour faire baisser les indemnitésjournalières c' est d ' instaurer unjour de carence supplémentaire ,on sera vent debout.

Faut-il , selon vous , repousserla réforme du prélèvementà la source ?

Nous n' avons pas assez d '

élémentspour nous prononcer àl ' heure actuelle , nous appelonsdonc à la plus grandetransparence. Il peut en effet rester desproblèmes techniques , leséquipesCFDT du ministère des financesont d' ailleurs plusieurs fois alertésur les difficultés rencontrées . Surle fond , la CFDTestfavorable àrapprocherle prélèvement desrevenusréellement perçus par lescitoyens. Ce

qu'attend désormais la

CFDT, c' est donc de poser laquestiond' une réforme fiscale claireen matière de justice sociale,dere

distribution , passant par l '

individualisationde l '

impôt . C' est celalecombat quemènera la CFDT.

Qu' attendez-vous du planpauvreté qui doit être présentémi-septembre ?

Cela va être un marqueur . Ceplan doit mobiliser des moyenspour accompagner lespersonnesen situation de pauvreté ,prendre en compte ce qu' ellesvivent et avoir une approcheempathique et nonculpabilisanteà leur égard.

Dans le travail mené par OlivierNoblecourt déléguéinterministérielà la pauvreté] , il y a deschosestrès intéressantes .Maintenant, il faut voir où tombent lesarbitrages , mais il faut desmoyens .Jerappelle que le CICEetle pacte de responsabilité , celafait presque 40 milliards d ' eurospour les entreprises . La CFDTn' était pas contre le fait de leurredonner desmarges ,mais il fautéquilibrer les choses.

La réforme des retraites voussemble-t-elle , pour l ' heure ,aller dans le bon sens ?

Ce qu' on attend de laconcertation, c' est que l ' on définisse unsystème par répartition qui soitjuste et qui permette dessolidaritéspour ceux qui trinquent leplus . Jene suis pas de ceux quidemandent les arbitrages tout desuite . Je demande du travail . Surce sujet , étant donné sacomplexité, il ne faut pas deprécipitation. Il faut aussi arrêter dejouer sur les peurs , notammentquand j'

entends dire [par lepatronde Force ouvrière , Pascal

que «la retraite àpoints , c' est le travail sans fin ». Lesystème par points , ça existe , cesont les retraitescomplémentaireset cela fonctionne.

Quel regard portez-vous sur lespremiers pas de Geoffroy Rouxde Bézieux à la tête du Medef ?

A l ' université d ' été du Medef , jel ' ai entendu dire

qu'il fallait

renvoyerla balle et que lesentreprisesdevaient assumer leur partde responsabilités .Jelui dis «chiche», et que l ' on peut travaillerensemble . Un des enjeux pournous , c' est de construire unagenda social commun . .

PROPOS RECUEILLIS PARRAPHAËLLE BESSE DE SMOULIËRES

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Laurent Bergerdans son bureau ,le 3o août , à Paris.

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