Petite synthèse du dernier congrès de l’IPOS (International Psycho-Oncology Society)

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COMPTES-RENDUS DE CONGRÈS / CONGRESSES, CONFERENCES

Petite synthèse du dernier congrès de l’IPOS(International Psycho-Oncology Society)

A short summary of the last IPOS (International Psycho-Oncology Society) conference

L. Fasse · S. Lelorain · S. Dauchy · S. Dolbeault

© Springer-Verlag France 2011

Ce 13e Congrès de la Société internationale de psycho-oncologie (IPOS) s’est tenu à Antalya (Turquie) du 16 au20 octobre 2011 sur le thème de « L’intégration des soinspsychosociaux dans la pratique clinique : établir des pontsentre les continents et les cultures ». Il visait à explorer lesliens entre pratiques de professionnels issus de différentescultures en vue d’offrir une prise en charge du cancer globaleet pertinente. Il ne s’agissait pas d’adopter un regard « cultu-raliste » mais plutôt d’analyser certains grands concepts de lapsycho-oncologie à travers le prisme de la culture desindividus.

Le prix Bernard Fox Memorial Award a été remis àC. Johansen pour ses nombreux travaux épidémiologiquesdans le champ de l’oncologie psychosociale, où il démontreen particulier l’importance des inégalités psychosocialesface au cancer, thématique chère à notre dernier Plan cancer,ainsi que le cumul des risques lorsque les facteurs de vulné-rabilité sociodémographiques et psychologiques s’ajoutentles uns aux autres. D’autres présentations durant le congrèsont d’ailleurs porté sur les spécificités de communication etde prise en charge de ces populations dites vulnérables(exemple des migrants).

Récipiendaire de l’Arthur M. Suthurland MemorialAward, David Spiegel a présenté une rétrospective des ques-tions portant sur stress et cancer, et notamment des interven-tions psychothérapiques visant un impact sur la survie enplus de la démonstration de leur efficacité sur la qualité devie, et a évoqué les divers travaux en cours dans le champ dela neuropsycho-immunologie (dépression et cortisol, ryth-mes circadiens, cellules de l’immunité…).

Nombre de travaux portaient sur des stratégies de prise encharge, qu’il s’agisse du repérage de la fragilité du patientâgé, du traitement de la dépression… avec une attentioncroissante portée au processus de soin multidisciplinaire etpas simplement à l’optimisation de la collaboration entreacteurs. Dans un registre similaire d’évaluation des pratiquesde soins, plusieurs sessions étaient consacrées aux processusdécisionnels et montraient des exemples de mise en œuvreen pratique clinique de modèles de décision médicale parta-gée, cherchant à évaluer dans quelle mesure la formalisationde ces processus modifie la décision finale et quel en estl’impact cognitif (clarification ou confusion à l’égard desmessages reçus), psychologique (anxiété) ainsi que l’appré-ciation de la satisfaction des patients à l’égard de cettedémarche décisionnelle complexe. Notons que le thèmedes communications skills à l’attention des professionnelsdu soin est toujours très représenté avec une multiplicationdes études évaluant l’impact de ces programmes sur laqualité des interactions patients–professionnels et, au-delà,l’efficacité des soins apportés aux maladies.

Sur le versant des approches psycho-oncologiques, certai-nes modalités thérapeutiques et interventions cliniques sontà l’honneur : on peut ainsi évoquer le développement destravaux portant sur les prises en charge de couple ou defamilles, avec une évolution vers une structuration plusimportante de ces prises en charge et l’intégration du couplecomme entité à part entière parmi les cibles thérapeutiques.Diverses communications ont par ailleurs présenté la Mea-ning Centered Therapy, initialement destinée aux patients enfin de vie et à leurs proches, et qu’un certain nombre dechercheurs et cliniciens tentent actuellement d’adapter àd’autres contextes ou à d’autres populations. Dans un troi-sième registre, on peut souligner l’émergence de recherchesportant sur l’évaluation des « prises en charge » psycholo-giques par Internet ou par téléphone, approches structuréeset intégrées au processus de soin, et dont l’acceptabilitésemble bonne. Même si en aucun cas, ces modalités d’inter-vention psycho-oncologique ne se substituent au travail enface à face, il semble qu’elles puissent représenter une

L. Fasse · S. Lelorain · S. Dolbeault (*)Unité de psycho-oncologie, département de soins de support,institut Curie, F-75005 Paris, Francee-mail : sylvie.dolbeault@curie.net

S. DauchyUnité de psycho-oncologie, département de soins de support,institut Gustave-Roussy, F-94805 Villejuif, France

Psycho-Oncol. (2011) 5:281-282DOI 10.1007/s11839-011-0351-1

modalité de réponse pour des patients en situation particu-lière (handicap physique, éloignement géographique, diffi-cultés d’accès à la structure de soins).

Un certain nombre d’exposés ont porté sur la thématiquedes personnes en rémission (lesdits « survivants ») et auxprises en charge qui leur seraient plus particulièrementdédiées pour améliorer leur qualité de vie ; plusieurs présen-tations portaient sur les thématiques de l’intimité et la sexua-lité, domaines encore peu investigués pendant les traitementsou à plus long terme et trop souvent considérés encorecomme des objectifs « secondaires » par comparaison à laguérison ou à d’autres symptômes séquellaires des traite-ments du cancer. Les premiers résultats indiquent desbesoins de communication sur ces thématiques chez lespatient(e)s, l’importance de la formation des soignants dansces domaines et la nécessaire multidisciplinarité de la priseen charge. À noter aussi le peu de communications portantsur la peur de la récidive et ses modalités de prise en charge,

alors qu’il s’agit d’un thème important de la qualité de viespécifique aux « survivants ». En miroir, on peut noterl’émergence de travaux relatant les aspects constructifs,voire positifs, rapportés par les patients dans l’expériencede la maladie à la phase de rémission après cancer (benefitfinding, stress-related growth…). À l’heure de notre Plancancer 2 français, qui souligne la nécessité d’une prise encharge globale et coordonnée des patients et revendiqueune offre de soutien multidisciplinaire de qualité aux person-nes en rémission au décours des traitements curatifs, il seraitintéressant de mener davantage d’études empiriques, tantquantitatives que qualitatives dans ces champs.

Ce coup d’œil n’a qu’un unique objectif : vous mettrel’eau à la bouche et vous faire patienter jusqu’au prochainnuméro de notre revue Psycho-Oncologie, qui comprendraun article plus complet restituant les principales pistes clini-ques et de recherche présentées à l’occasion de ce derniercongrès international de psycho-oncologie.

282 Psycho-Oncol. (2011) 5:281-282

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