View
6
Download
0
Category
Preview:
Citation preview
Pollution atmosphériqueet biodiversité floristique
A. GRUB,P. BUNGENER, F. CONTAT,S. NUSSBAUM ,V. ENDTNER, J. FUHRER*
NDLR : Article paru dans le n° 4 , vol. 29 , de juillet-août 1997 de la « Revue suisse d'agriculture »et reproduit avec son aimable autorisation.
Résumé
De plus en plus, des travaux signalentles effets négatifs des polluants d'origineatmosphérique sur la biodiversité. À titred'exemple, quelques résultats en rapportavec le fluor, l'azote et l'ozone sont présentés. L'azote déposé par l'air et l'ozonetroposphérique semblent être les principaux polluants affectant la diversité de laflore . De réce ntes études effectuées àLiebefe ld avec l'ozone ind iquent que ladiminution de la biodivers ité floristiquedes prairies peut être due à la très grandesens ibil ité relative des espèces. De plusamp les rech erches son t encore nécessaires afin de déterminer la charge critiquepermettant de préserver la biodiversité floristique des prairies permanentes.
La diversité génétique en péril
Dans une populatio n d'une seu le et mêmeespèce végéta le, il existe une variabilité naturellede tous les traits caracté rist iques de l'espèce.Cette « disparité » biologique des individus est lacondition sine qua non pou r que la populationpuisse s'adapter à la variabilité des conditionsenvironnementales . La « biodiversité » - unterme qui a acquis sa notoriété publique à laconférence de Rio de Janeiro en 1992 - s'étenddes différences géné tiques entre les individusd'u ne espèce jusqu'à celles des espèces descommunautés végétales et d'écosystèmes entreelles. De nos jours , cette diversité est principalement menacée au niveau mondial par les changements d'affectation du sol, car l'amplitude desmodif ications dépasse le potentiel d'adaptationdes espèces.
• Station fédérale de recherches en agroécologie etagricu lture (FAL) - Institut de recherches en protectionde l'enviro nnement et en agriculture (IUL), CH-3DD3Liebefeld-Berne.
POLLUTION ATMOSPHÉRIQUE - 42 -
La pollution atmosphérique est un autre facteur de stress qui peut exercer une pressionsélective sur les populations végétales. Les différences génét iques des individus mènent à desréactions différenciées aux facteurs de stress etpeuvent conduire à des changements de rapportde force entre les espèces. La sélection selon larésistance aux polluants est également présenteau niveau de l'espèce . En effet, dès le début desannées 70 , on a observé que la résistance depopulations végétales exposées aux métauxlourds ou aux poll uants atmosphériques, tel ledioxyde de soufre (S0 2), étai t plus élevée quecelle des populations prése rvées. Depui s, desobservations semblables ont été faites à proposd'autres polluants .
Influence du fluor sur la biodiversité
En Suisse, la présence de fluorure atmosph érique s'exp lique principalement par les activitéshumaines. Ainsi, la majeure partie des composésfluorés que l'on trouve dans certaines régions dupays prov iennent notamment de la préparationélectrolytique de l'aluminium et dans une moindremesu re de s usi nes d'incin érat ion d'o rduresmén ag ères (UIOM), des fab riqu es d'engra isphosphatés, des cimenteries et de J'industrie duverre.
Le fluor se trouve dans le sol , à l'état naturel,sous forme de fluorures combinés avec desmétaux alcalins et alca lino -terreux . Dans lesrégions contaminées, la couche supérieure du solprése nte gén éral ement de s ten eurs en f luorsupérieures à celles du sous-sol. L'influence surla teneur en fluor des graminées fourragères estinsignifiante [Contat et al, 1994]. En reva nche,des plants de hêtres et d'épicéas croissant surdes sols contam inés ont présenté des teneurslégèrement plus élevées que des plants aya ntpoussé sur des sols non contaminés [Keller et al,1995]. Si certaines plantes ne sont pas ou peuconta minées par le fluor du sol , la faun e édaphique (insectes et micro-organismes) peut enrevanche accumuler le fluor de façon importanteet, pour les Carabidés par exemple, influencer la
AVRIL-JUIN 1999
structure des communautés en avantageant desespèces aux dépens d'autres. La sensibi lité desplantes au fluor atmosphérique est très var iableet dépend de nombreux facteurs dont les principaux sont la dose reçue, l'espèce, la variété, lamorpho logie de la plante (stomates, pilosité, âgeetc.), les facteurs climatiques et la présence ouno n d'autres poll uan ts (S0 2, NO x, 0 3). Lesp la nt es sensibl es peuvent être g ravementatte intes (chiorosées) déjà à partir de 0,15 ~g/m3
d 'ai r. Dans un env i ronnement indus trie l ,les concentrations moyennes se situent entre 0,5et 20 ~ g/m3 et atteig nent parfois 100 ~ g/m3 auvois inage de la so urce po lluan te . Des effetscytogénétiques (mutations, aberrations chromosomiques) ont été notés et corré lés avec laten eur en fluor des t issus . Dans certainesespèces végétales , le développement végétatif aaugmenté au détriment de la reproduction générat ive. Les plantes sensibles et fortement ch lorosées disparaissent, modifiant ainsi la composition botanique du couvert végétal.
Walton [1987] a collec té différents pet its mammifères autou r d'une usine d'a luminium: campagno ls agrestes (Micro tus agrestis) , mul ot s(Apodem us sy/vaticus), taupes (Ta/pa europea)et musaraignes (Sorex araneus). Des teneurssupérieures à 15 000 ppm de f luo r on t ététrouvées .dans le squelette , alors que les ossements témoins montraient une mo yen ne de168 ppm F. Des lésions sévè res ont étéobservées sur la dentition des animaux capturésprès de l'usine . Les rongeurs, très dépendants deleur dentition , voient de ce fait leur vie fortementraccourcie .
Influence de l'azote sur labiodiversité
Les ém iss ions d 'azo te (NO x et NHy)
ont cons idérablement aug ment é au cours deces dern ières décenn ies . Selon Stadelmann[1992], les ém is s io ns tota les de NH 3 son tpassées en Suisse de 40 000 t N par année en1950 à 52 600 t N/année en 1990 , celles de NOx,
de 16 400 t N/année à 60 000 t N/année durant lamême pér iode . Les principa les sou rces d'azotesont l'agricu lture pour le NH3, le trafic et l'indus trie pour les NOx. La déposition moyenne d'azoteatte int 23 kg N par ha et par année en Suisse ,avec des max imums avoisinant 60 -70 kg N[Nettel et al , 1994] ; 60 % environ des dépôtsd'azote son t dus aux émiss ions d'ammoniac et40 % aux émissions de composés oxydés d'azote provenant du trafic routier, de l'indus trie et desménages. Ces dépos itions azotées représen tentpour les agroécosystèmes un apport supplémentaire du pr inc ipa l élé me nt nut rit if touch ant lacro issa nce des plantes . En revanche , les écosystèmes sens ib les , comme les forêts , lesmarais , les prairies maigres, etc. peuvent souffrirde la dépos ition azotée lorsque celle-ci est sup é-
AVRIL-JUIN 1999 -43-
rieure à la charg e critique (5 à 35 kg N par ha etpar année) de l'écosystème considéré (Bobbinket al, 1996). L'excès d'azote condu it à un déséquilibre nutritionnel (eutrophisation) et à l'acidification du sol dans les écosystèmes sensib les. Deplus , des phénomènes de toxicité ou d'augmentatio n de la sensibilité des végé taux aux mala dies, aux ravageurs, des troubles phys iologiques,etc. peuvent apparaître.
Diverses études menées aux Pays-Bas ont montré qu'un amendement d'azote de 100 kg par haet par année sur des prairies maigres et sur unsol calcaire a rapidement conduit à une diminu tion du nombre total d 'espèces f loristiqu es[Bobbink, 1991 ; Willems et al, 1993]. Les plantesrares et menacées ont succombé à la croissanceexcess ive des gram inées qui ont mod ifié la structur e verti cale du couvert végétal. Des résul tatssemb lables ont été obtenus dans une prairie alpine du Simmental [Baumberger et al, 1996]. Bienque nous dispos ions de peu de données relativesà la biod ivers ité de la faune en rapport avec lesimmiss ions azotées , i l sembl e étab li que larichesse de la fau ne dimi nu e avec la perted'espèces végétales . Selon Bobbink et al [1992] ,l'appauvrissement de la biodiversité floristiqueapparaît essent iellement lié à l'eutrophisation. Eneffet , l'apport d'a zot e dans les éc osy st èmeslimités par celui-ci a graduellement mod ifié lacompos ition de la végétation pour faire place uniquem ent à des plantes nitrophiles.
Influence de l'ozone sur la biodiversité
L'ozone présente un risque particu lier pour lavégétation en raison de sa phyt otoxicité, de sarépartition spatiale et de sa cha rge prése nte pendant la période de végétation. Divers projets ontétu dié la sensibili té re la ti ve de no mbr eusesespèces végétales en phy totron ou en champ .L'apparition de dégâts visib les ou de modificat ions de la cro iss an ce a sou ve nt été rete nuecomm e critère d'appréc iation. En ou t re, deseffets sur la formation des inflo rescences et laproduct ion de graines on t été constatés . Cesphén omènes sont tr ès import ant s pour lesespèces annue lles à faib le capacit é de reprodu ction végétative. La validité de l'extrapolati on desrésultats obtenus en cham bre de fumi gatio n àciel ouvert (Open Top Chamber, OTC) aux conditions rée lles d'une prairie est souvent mise enquestion. Il en va de même pour le choix desparamètres biologiques retenus pour la détermination des effets de l'ozone, de la relation tempo relle existant entre les épisodes d'ozone et lesstades phénologiques des plantes ainsi que de ladurée de la période d'observation. Selon le choixdu protoco le expér imental , une espèce peut êtreclassée dans différentes catégories de sensib ilité.Malgré ces diff icultés, certa ines observations laissent suppose r que les espèces sensibles à l'oze -
POLLUTION ATMOSPH ÉR!QUE
ne d'une communauté végétale pourraient être
supprimées par les espèces tolérantes. Ce postu
lat a été confi rmé dans que lques expériences
[Fuhrer, 1997]. Dans un essa i avec une prairie
temporaire, le rapport entre la part de trèfles et
de graminées s'est modifié de plus en plus en
faveur des graminées sous l'influence de charges
d'ozone chroniques et croissantes . Le trèfle a été
pratiquement éliminé dans le procédé qui com
portait la plus grande charge en ozone [Fuhrer et
al, 1994]. Étant donné que les graminées avaient
profité de la diminution du trèfle, le rendement
total ne s'est que légèrement mod ifié . Par
ailleurs, l'essai a montré qu'après une diminution
de la charge en ozone , les individus survivants
étaient en mesure de se reproduire.
L'évaluation de l'effet de l'ozone sur les com
munautés végétales se heurte à la difficulté sui
vante : les différences de réponse à la pollution
entre les plantes d'une même espèce peuven t
être aussi grandes que celles qui existent entre
les espèces . Cette variabilité int raspéc if ique
pourrait être utilisée comme base de sélection à
l'ozone : dans une population végétale constam
ment exposée à l'ozone , l'élimination des géno
types sensib les se produirait continuellement et
conduirait à un accroissement de la résistance à
l'ozone. Des études menées en Angleterre avec
du grand plantain (Plantago major) ont démontré
que cette possib ilité existe vrai men t [Reilin g,
Davidson, 1992]. Des premiers indices correspon
dants existent également en Suisse. En effet ,
selon Endtner [1997] des plantes de trèfle couché
(Tri folium ca mpestre) prove na nt du T essin
(considéré comme fortement pollué à l'ozone) ont
été moins endom magées à la suite de fumiga
tions ultérieures que des plan tes de la même
espèce issues d'un e populat ion du Plateau
[Payerne, VDl. moins chargé en ozone que le
Tessin (Figure 1). Les conclusions concernant les
effets à long terme de l'ozone sur les commu
nautés végétales, en particu lier sur leur composi
tion botanique, sont actuellement difficiles à tirer
et ce d'autan t plus que des processus évolutifs
pourraient remettre en question les résultats d'es
sais de courte durée.
-) Pour toutes ces raisons , un essai de
longue durée a été mis en place à Liebefeld
afin de déterminer la sensibilité à l 'ozone de
différentes espèces végétales communes aux
prairies suisses. Par ailleurs , un projet de fumi
gation , sans chamb re à cie l ouvert (nouve lle
technolog ie), d'une prairie naturelle est actuelle
ment en cours.
60
- 50cf.-en 40Q)~
cao 30-en
<<<; 20C)
' Q)C 10
o
- Payernec:::::J Tess in
CF CFAA CF+
Variante de fumigationCF++
Figure 1.
Relation entre la c~arge en ozone et les dégâts foliaires (pourcentage de la surface
des taches necro tiques des feuilles par rapport à la surfa ce foliaire tota le)
,de deux pop u,lati?ns de trèfle cou ché (Trifolium campes tre).
Les variantes de fum igation sont les suiva ntes: CF : traitement de cont rôle
(charcoa l filtered < 40 ppb 0 3) ; CFAA : concen trat ion ambiante '
Cr-+ : 1,5 fois la concentration ambia nte; CF++ : 2 fois la concentrat ion ~mbiante
durant les phases épisodiques et concentration ambiante
pendant, le,re~te de l'exposition. Les moyennes et les écarts-types
de neuf r èpétitions expose es pendant cinq semaines sont prése ntés ,
POLLUTION ATMOSPHÉRIQUE -44 - AVRI L-JUIN 1999
Descrip t if de l'essai
Le dispositif expérimental utilisé est un « splitplot " à trois blocs. L'ozone représente le principal facteur testé (quatre variantes) et le régimehydrique (deux var iantes) le facteur secondaire(T ableau 1) . Ce dispositif cons iste en unensemble de 24 Open Top Chambe rs (OTC),recevant chacune 24 individus d'espèces différentes représentatives de la flore des prair iespermanen tes suisses. Toutes les plantes reçoivent ord inairement un régime hydrique normal(humide), sauf durant les phases épisodiques,où, pendant quelques jours, seule la moitié desOTC est soumise à une irrigation normale alorsque l'autre moitié subit un régime de sécheresse .
L'expérience a débuté au printemps 1995 et apris fin à l'automne 1996.
Trois récoltes de toutes les plantes ont étéeffectuées ch aque année , en enregistrant àchaque récolte le poids sec des différentes parties végétales (tige avec gaine, limbe et infloresce nce) ainsi que le nombre de feu ill es et defleurs.
Oégâts foliaires
Quatre types principaux de dégâts fol iairesattribuablés à l'ozone ont été observés et décritsdans les espèces suivantes :
• « Tache s nécroti ques brunes » : Carum carvi(cumin des prés), Trifolium repens (trèfle blanc),T. pratense (trèfle violet), Onobrychis sativa(esparcette), Knautia arvensis (knautie des prés),Arrhenaterum elatius (fromental) .
• « Ta ch es chl orotiq ues ja un e g r is » :Triîolium repens, Tragopogon orlentetis (salsifisdes prés), Centaurea jacea (centaurée des prés),Chrysanthemum leucanthemum (marguerite vulgaire), Taraxacum otticinstis (pissenlit), Plantagolanceolata (plantain lancéolé), Lotus corniculatus(lotier corniculé). .
• « Jauniss ement accéléré » : Crepis biennis(crépide bisannuelle), Plantago lanceolata .
• « Colorat io n rouge » (formation de pigmentsanthocyaniques) : Rumex obtusifolius (rumex àfeu illes obtuses ), Centaurea j acea, Kna utiaarvensis.
Comme on le voit, plusieurs types de dégâtspeuvent apparaître dans la même espèce.
Sensibilité des espèces
Un très net gradient dans la sensibil ité desespèces étudiées se dessine dans la réponse dela biomasse foliaire au régime hydrique et face àdes concentrations élevées d'ozone (traitementCF+). Ainsi, dans le traitement hydrique normal( << humide »}, 66,6 % des espèces ont vu leurbiomasse foliaire décroître par rapport au traitement de contrôle CF (Figure 2), contre 75 % desespèces dans le traiteme nt hydrique « sec ».Dans le t raitement CF++ où l'influ ence desphases épisodiques a été la plus forte, on assisteau contraire à une diminution de la biomassepour un plus grand nombre d'espèces dans letraitement « humide » (65,2 % des espèces) quedans le traitement « sec » (52,2 %).
En présence de concentrations élevées d'ozone, on constate également une grande diversité deréponses en terme de biomasse dans les espècesétudiées. Si certaines de ces dernières (commeTrifol ium repe ns, T. pratense, Festuca rubre ,Achillea millefolium) voient leur biomasse considérablement diminuée, d'autres au contraire (Si/enedioice, Bromus erectus) présentent une biomassefortement augmentée par rapport au traitement decontrôle. La notion de réponse à l'ozone (criticallevel) ne peut donc pas être automatiquement assimilée à une baisse de rendement.
Rendement de la biomasse foliaire
Pou r les récoltes 1 et 2 de 1995, quatr egroupes d'espèces présentant des réactions différentes de leur biomasse foliaire ont été mis en
Tableau 1.Principales caractéristiques des traitements par l'ozone , index cumulatif
pour les trois pousses de 1995 et régimes hydriques.
Traitement Descriptif AOT 40 (ppb.h)
CF contrôle, concentration < 40 ppb 468 ,5CFAA concentration ambiante 13 906CF+ 1,5 x concentration ambiante 37579CF++ 2 x concentration ambiante durant les phases épisodiques, sinon CFAA 24250
Régime hyd riq ue
Humide arrosage de nuit, la capacité au champ est atteinte chaque matinSec arrosage restreint durant les phases épisodiques,
1/3-1/2 de la capac ité au champ est atteinte chaque matin
AOT 40 : index cumulatif d'exposition à l'ozone au-dessus du seuil de 40 ppb par heure.
AVRIL-JUIN 1999 - 45- POLLUTION ATMOSPHÉR IQUE
Chry santhemum leucanthemumTrifolium repensTrifolium pratenseFestuca rubraAchillea mille foliumCentaurea jaceaTragopogon orientalisPoa pratensisKn autia arvensisDactytis g lomerataTaraxacum officinalisOnobrych is sati vaPlantago lanceolataSalvia p ratensisCarumcarviArrhenaterum ela tiusCr epis biennisTrisetum f1a vescensLotus cornicula taRumex obstusifotiusLotium p er enn eLychnis f1os-cucutiBr omus erectusSilene dioica
Espèces dontle poids foliairediminueavec l'ozone
Espèces dontle poids foliaireaugmenteavec l'ozone
-1,0 -0,5 0,0 0,5 1,0
[MS feuille (CF)I MS feuille (CF+)] - 1
Figure 2.Sensibilité des 24 espèces végétales étudiées dans la réponse de la biomasse foliaire à une charge en ozone
correspondant à 1,5 fois la conce ntration ambiante. La sensibilité est exprimée en pourcentagede la biomasse du contrô le.
évidence en fonction des régimes d'ozone (traitement humide seulement) par rapport au traitement de contrôle (Figure 3, p. 47 ; une espècereprésentative par groupe est présentée).
- Un gr oupe d'espèces (Tri foli um repens ,T. pratense, Tragopogon orientalis, Festuca rubra,Poa pratensis) dont la biomasse foliaire diminuede manière constante avec l'élévation de l'indexcumulat if cc AOT 40 » (AOT 40 = AccumulatedExposure Above Threshold of 40 ppb).
- Un groupe d'espèces (Ce nta urea jacea ,Taraxacum officinalis, Crepis biennis, Plantagolanceolata, Achillea millefolium, Chrysanthemumleucanthemum) dont la biomasse foliaire s'accroîtave c de faibles teneurs en ozone (traitementCFAA), pour diminuer ensuite avec des teneursdu photo-oxydant plus élevées.
- Un groupe d'espèces (Bromus erectus, Si/enedioica, Lychnis f1oscuculi) dont la biomasse foliaire augmente régulièrement avec des taux d'ozonecroissants.
- Un groupe d'espèces (Arrhenaterum elatius,Lotus corniculatus) dont la biomasse foliaire diminue jusqu'à un seui l critique réactif , au -de làduquel la biomasse augmente à nouveau .
POLLUTION ATMOSPHÉRIQUE - 46-
Ces résulta ts montrent d'impo rtantes différences de réactions (type et ampleur) chez lesplantes étudiées face à des charges en ozon eélevées (Figure 3, p. 47) . En outre, le régimehydrique semble jouer ici un rôle non négligeabledans la se nsi bi li té des esp èces végé ta les .L'impact potentiel de la pollution par l'ozone sur lablod ivers it é des prairies se concrétise, mais doitencore être étudié in situ sur le couvert végé tal.
Conclusions et perspectives
• La po llu tion atmo sp hé rique affecte so usdiverses formes la biod iversité au niveau del'espèce , des communautés végétales et desécosystèmes. Les dépositions azotées et l'ozonetroposphérique semblent être les principaux polluants atmosphériques responsables de la pertede la diversité biologique.
• D'autres études sont encore nécessaires afinde déterminer l'ampleur probable de la diminutionde la diversité des espèces, le degré d'adaptation(sélection) des organismes vivants et la chargetolérable en polluants atmosphériques permettantde préserver la biodiversité.
AVRIL-JUIN 1999
•
Trifolium pratenseCrepis bienn isBromus erectusArrhenaterum elatius
....~
••?- -
// - ~
.~-~~~~~---~~~~~-------~------
- ~'Y .
70
Q) 60..s::::0 50,Q)(fJ
Q) - 40s.. Q)
,Q) (0 30:;:; s..ca ~E c: 200Q) 0-0 ::J 10~"'Cc:Q);:R 0Ee.-Q)
-10-0eQ) -20a:
-30
-400 5 000 10 000 15 000 20000
Ozone , AOT40 (ppb.h)
Figure 3.Effet de la charge en ozone (exprimé selon l'index d'accumulation : AOT40)
sur le rendement de la biomasse foliaire (exprimé en pourcentage par rapport au contrôle)pour la première récolte de 1995. Chaque espèce est représentative d'une catégorie
de plantes montrant une réaction type à l'ozone.
Références
- Baumberger C, Koch B, Thomet P, Christ H, Gex P.Entwicklung de r Artenvielfalt im Langzeitv ersuchEggenalp. Agrarforschung 1996 ; 3 (6) : 275-78.
- Bobbink R. Effects of nutrient enrichment in Dutchchalk grassland. J Appl Ecol 1991 ; 28 : 28-41.
- Bobbink R, Boxman D, Fremstad E, Heil G, Houdjik A,Roelofs J. Critical loads for nitrogen eutrophication ofterrestrial and wet land ecosystems bas ed uponchanges in vegetation and fauna. In : Grennfelt P andThôrn elôf E (Eds). Crit ical load for nitroge n. Nord(Miljôrapport) 1992 ; 41 : 111-59. Nordic Council ofMinisters, Copenhagen.
- Bobbin k R, Hornung M, Roelof s JGM. Empir icalNitrogen Critical Loads for Natural and Semi-NaturalEcosystem s. In : Manual on Methodo log ies fo rMapp ing Cr itical Loads/Levels and geo graphicala rea s whe re they are exceed ed , in UN/ EC ECo nven ti on on Long-R an ge Tr ansboundary AirPollution (Annex III) 1996 : 1-54.
- Contat F, Stadelmann FX, Stauffer W, Genoud L,Zadele k J. Le fluor édaphique n'a pas d'influencenotable sur la teneur en fluor d'une graminée fourragère (Lotium perenne). Résultat d'un essai effectuéen Valais. Bull Murithienne 1994 ; 112 : 117-33.
- Endtner V. Ozonempfindlichkeit von Trifolium campestre. Diplomarbeit der Universit ât Bern 1997, (nonpublié).
- Fuhrer J. Ozone sensitivity of managed pastures. In :Paul N. Cherem isinoff (Ed). Eco log ica l Advancesand Environmental Impact Assessment. 1997 : 681706.
- Fuhrer J, Shariat-Madari H, Perler R, Tschannen W,Grub A. Effects of ozo ne on managed pasture. II.Yield, species composition, canopy structure, andforage quality. Environmental Pollution 1994 : 30714.
- Keller T, Lüscher F, Contat F. Bedeutet bodenbürtiges Fluo r eine « Altlast " nach Stillegung einerAluminiumhütte ? Schweiz Z Forstwes 1995 ; 146 (1) :25-38.
- Neftel A, Wanner H, Blalter A, Eugster W, Fahrni M,Hesterberg R, Rosset M. Stickstoffeintrag aus derLuft in ein Naturschutzgebiet. Umweltmaterialien Luft.Buwal (Ed) 1994 (28).
- Reiling K, Davidson AW. Spatial variation in ozoneresistance of British populations of ptantago major L.New Phyto11992 ; 122 : 699-708.
- Stadelmann FX. Waldschaden und Luftschadstoffe.Môg liche Wirku ngen von Stickstoff aus landw irtsch aftl icher Sich !. In : Foru m für Wi ssen 1992
AVRIL-JUIN 1999 - 47- POLLUTION ATMOSPHÉRIQUE
" Waldschadenforschung in der Schweiz : Stand derKenntnisse » . WSL Birmensdorf 1992 : 113-26.
- Walton KC. Tooth damage in field voles, wood miceand moles in areas polluted by fluor/de from an aluminium reduction plant. Th e Science of the Total
Zusammenfassung
Luftverschmutzungund floristische Blodlversit ât
Immer mehr Arbeiten berichten übernegative Effekte der Luftverschmutzung aufdie Blodiversit àt, Ais Beispiele werden einigeResultate betreffend des Fluors , derDepositionen von Stickstoffverbindungenund der Ozonbe lastungen vorgeste llt. DieImmiss ionen von St ickst off sowie dasbodennahe Ozon scheinen die wichtigstenLuftschadstoffe zu sein , we lche die floristische Ar tenvie lfalt beeintrac htigen . InLiebefeld durchgeführte Untersuchungen mitOzon weisen darauf hin, dass der Verlustder botanischen Vielfalt von Naturwiesenaufgrund der hohen Empfindlichkeit einzelner Arten môqlich ist. Zusàtzliche Untersuchungen sind noch notwendig , um die kritischen Ozonbe lastungen zur Erhaltung derfloristischen Biodiversit ât von Naturw iesenm6glichst genau bestimmen zu k6nnen.
Environment 1987 ; 65 : 257-60.
- Willems JH, Peet RK, Bil L. Changes in chalk-grassland structure and species richness result ing fromselective nutrient additions. J Veg Science 1993 ; 4 :203-12.
Summary
Air pollution and floristic biodiversity
The number of reports on negati veeffects of ai r pollution on biodivers ity isincreasing. Here, examples from the Iiterature are presented which concern effects offluoride, deposition of nitragen, and ozone.Today , nitrogen loads and levels of tropospheric ozone se em to be most relevantforms of air pollution affecting species diversity of the flora. Results from recent investigations of ozone effects at Liebefeld indicatethat the loss of fioristic diversity in permanent meadows is possible becau se of thehigh relative sensitivity of some typica l species . Further stud ies wi ll be necessary tovalidate the resu lts obtained from experiment with single plants at the level of theintact plant community in the field , and toidentify the critical level of ozone ta protectthe floristic biodiversity of meadows.
POLLUTION ATMOSPHÉRIQUE - 48- AVRIL-JUIN 1999
Recommended