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Juillet 2002
# 39SPACE
CONNECTION
DOSSIER Sur la pistedes extraterrestres
Space Connection # 39 Juillet 2002
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Sommaire
Dossier : Sur la piste des extraterrestres
Introduction
Une idée qui ne date pas d’hier
La vie, la connexion cosmique
Exploration du système solaire
Les exoplanètes
Une vie extraterrestre intelligente ?
Actualités
0 2
0 3
Services fédéraux des affairesscientifiques, techniques et culturelles (S.S.T.C.)
Space Connection est une lettred’information éditée par les Servicesfédéraux des affaires scientifiques,techniques et culturelles (S.S.T.C.)contenant des informations sur lesréalisations récentes dans le domainespatial. Cette lettre d’informations’adresse a tous les passionnés del’espace et en particulier aux jeunes.
Comment obtenir gratuitement le Space Connection ?
Envoyez vos nom et adresse à la :Cellule e-infoSecrétariat généralS.S.T.C.Rue de la Science, 81000 Bruxellesou envoyez un e-mail àdhae@belspo.be
http://www.belspo.be
Editeur responsable:Ir. Eric BekaSecrétaire général des S.S.T.C.
Rédaction:Cellule e-infoSecrétariat généralS.S.T.C.Rue de la Science, 81000 Bruxelles
Collaboration extérieure:Benny Audenaert, Paul Devuyst,Christian Du Brulle, Théo Pirard,Steven Stroeykens (dossier).
Coordination:Patrick Ribouville
Gestion des abonnements:Ria D’Haemerse-mail: dhae@belspo.be
Photo de couverture:La constellation d'Orion photographiéepar le télescope spatial Hubble. Lesétoiles et les planètes sont nées denuages de gaz et de poussière commeceux-ci. (NASA)
Numéro 39 - Juillet 2002
Sommes-nous les seuls habitants de l’univers ? Rares sont les questions qui exci-
tent autant l’imagination que celle de savoir si, ailleurs que sur la Terre, d’autres
formes de vie existent dans l’univers. Notre Terre est-elle l’unique planète où la
vie s’est développée ? Ou y a-t-il quelque part, peut-être à des milliers d’années-
lumière, sous un soleil étrange, un autre endroit où
des êtres vivants naissent, meurent, se nourrissent
et se reproduisent ? Eux aussi peut-être sondent
l’univers en se demandant s’ils sont seuls ?
Cette question se pose depuis des siècles sous des
formes diverses. Elle a suscité de nombreuses spé-
culations et titillé les imaginations. Ces derniers
temps toutefois, la recherche scientifique s’intensi-
fie dans ce domaine. Elle a donné naissance à une nouvelle spécialité, l’astrobio-
logie ou exobiologie, regroupant des scientifiques d’horizons divers, des biolo-
gistes aux astronomes en passant par les géologues, qui envisagent l’éventualité
de formes de vie extraterrestres et en cherchent des preuves, situant la vie ter-
restre dans une perspective cosmique plus vaste. Ces recherches n’ont pas encore
livré de réponse définitive, mais l’avenir semble prometteur.
Le présent dossier dresse tout d’abord brièvement l’historique de cette question
angoissante, voire même existentielle. Ensuite, nous nous interrogeons sur la pro-
babilité de l’existence de formes de vie extraterrestres, à la lumière des récentes
perspectives ouvertes par la science. Nous nous demandons si, à l’intérieur ou à
l’extérieur de notre système solaire, il pourrait y avoir des endroits où nous pour-
rions rencontrer ces formes de vie. Nous analysons en outre les tentatives réali-
sées pour découvrir des formes de vie extraterrestres (intelligente ou non).
Introduction
Sur la piste des extraterrestres
Space Connection # 39 Juillet 2002
� Il fut un temps où l’on croyait que la vie existait sur la Lune. (NASA)
Space Connection # 39 Juillet 2002
Dossier Sur la piste des extraterrestres
L’idée que l’univers recelait d’autres lieux
ressemblant à la Terre, s’inscrivait parfai-
tement dans la philosophie “atomiste” selon
laquelle l’univers était infiniment grand et
“homogène”- une matière identique partout,
construite à partir des mêmes fondements.
Mais ces idées ne dominaient cependant pas
la pensée. Dans pensée plus influente
d’Aristote, la Terre occupait une position
centrale unique et il était inconcevable que
des endroits ressemblant à la Terre et
abritant les formes de vie que nous connais-
sons, puissent exister dans les cieux.
Les spéculations relatives à la vie extrater-
restre ne retrouvèrent un terrain fertile que
bien plus tard, après que les travaux de
Copernic, Tycho, Kepler, Galilée, etc. eurent
solidement établi la représentation hélio-
centrique du système solaire et que les
astronomes eurent pris conscience qu’en
réalité, les étoiles n’étaient rien d’autre que
des soleils, séparés par d’énormes distances.
0 4
Dès l’antiquité classique, a circulé l’idée
qu’à l’image de la Terre, d’autres corps
célestes comme la lune, pouvaient être
habités. Le poète romain Lucrèce
notamment évoquait déjà d’autres
mondes habités.
Une idée qui ne date pas
50 5
Si chaque étoile était un soleil, éventuelle-
ment entouré, comme le nôtre, de planètes,
le nombre de lieux habitables augmentait
sensiblement.
Le moine dominicain et penseur italien du
XVIe siècle Giordano Bruno, qui fut brûlé sur
le bûcher en 1600 (non pas pour ses idées
confuses sur l’univers, mais bien pour ses
conceptions théologiques) imaginait que
l’univers s’étendait à l’infini et comportait un
nombre tout aussi infini de planètes habitées.
Sir William Herschel, découvreur de la pla-
nète Uranus et l’un des plus grands astro-
nomes du dix-huitième siècle, considérait
que la vie sur d’autres planètes n’était nul-
lement exclue.
Certains rapportent que le célèbre mathéma-
ticien Carl Friedrich Gauss (1777-1855)
aurait suggéré de signaler notre présence à
d’éventuels habitants intelligents de la Lune
ou de Mars, en plantant en Sibérie, des
forêts ayant la forme de carrés géants et
d’un triangle. Il voulait ainsi représenter le
théorème de Pythagore, devant être perçu
par ces créatures extraterrestres, comme un
signe incontestable d’intelligence. En 1822,
Gauss proposa d’envoyer des signaux lumi-
neux vers la Lune, à l’aide de miroirs.
Au XIXe siècle, l’éventualité d’une vie extrater-
restre était déjà ancrée dans la conscience
collective. En 1835, le New York Sun,
quotidien américain publia un article
inventé de toutes pièces qui fit sensa-
tion. Il affirmait que de la vie avait
été découverte sur la lune. L’astro-
nome John Herschel (fils de William
Herschel) travaillant en Afrique du Sud
aurait observé dans son télescope, des
créatures pourvues d’ailes de chauve-souris
et un animal roulant bizarrement sur la lune.
Mais c’était surtout la planète Mars qui frap-
pait les imaginations. Les astronomes avaient
� Les seules créaturesvivantes sur la Lune. (NASA)
découvert que Mars présentait d’étranges
similitudes avec la Terre. La planète tournait
par exemple sur son axe en 24 heures envi-
ron et le télescope révélait des calottes
polaires blanches très nettes, ainsi que des
variations chromatiques, en fonction des
saisons.
En 1877, l’astronome italien Giovanni
Schiaparelli observa dans son télescope
d’étranges lignes droites sur la surface de
Mars. Il décrivit les lignes sombres en les
baptisant “canali”, mot qui emballa l’imagi-
nation de nombreuses personnes. La surface
de Mars était-elle parcourue par des cours
d’eau artificiels géants ? La presse populaire
considérait la présence de vie sur Mars
comme un fait pratiquement acquis. Clara
Goguet Guzman, française, veuve et fortunée,
lança le “prix Guzman”. Elle promettait une
récompense de 100.000 francs français pour
le premier qui réussirait à établir le contact
avec des habitants d’une autre planète ou
d’une autre étoile. Elle excluait la planète
Mars, “parce que la tâche serait trop
simple”. D’autres astronomes commencèrent
à rapporter qu’ils avaient observé des
“canaux” sur Mars.
L’astronome américain Percival Lowell allait
largement contribuer au développement du
mythe autour de la planète rouge Mars. A
d’hier
� Dessin de Mars de Schiaparelli. (University of Chicago)
� Giovanni Schiaparelli.(University of Chicago)
Space Connection # 39 Juillet 2002
0 6 Space Connection # 39 Juillet 2002
Flagstaff, en Arizona, il construisit un
observatoire spécial pour observer Mars et
consacra plusieurs ouvrages populaires et
influents à Mars, où il étalait abondamment
ses spéculations sur les habitants intelli-
gents de Mars. Lowell pensait que Mars était
une planète désertique et que la civilisation
très avancée de Mars avait aménagé des
canaux géants pour répartir efficacement les
maigres ressources hydriques. Les astronomes
professionnels restaient sceptiques, mais
Lowell trouvait énormément d’adeptes dans
le grand public et dans la presse.
Il s’avéra plus tard que les fameux canaux
étaient en réalité le fruit d’une illusion
optique. Dans des conditions d’observation
optimales, les télescopes les plus performants
ne distinguaient pas les canaux. Mars en
revanche révélait une multitude de petites
taches irrégulières. Mais l’idée de l’existence
de vie sur Mars survécut, même dans les
milieux scientifiques. En 1961, une commis-
sion scientifique consultative de la NASA,
l’agence spatiale américaine, concluait
encore que “the evidence taken as a whole is
suggestive of life on Mars”. Mais les sondes
spatiales inhabitées qui étudièrent Mars de
près au XXe siècle dans les années soixante
et après, ont sonné le glas de ces espoirs.
Il n’y avait sur Mars ni canaux, ni végétation,
ni eau de surface, rien qu’un semblant d’at-
mosphère. C’était une planète désertique,
froide et aride.
Ce n’est que dans la science-fiction que Mars
est longtemps restée une planète habitée.
En 1898, dans La guerre des mondes, H.G.
Wells décrivait la guerre déclarée à la Terre
par les habitants hautement développés de
Mars. Les terriens résistent avec difficulté,
mais les bactéries terrestres mettent un
terme à l’invasion. Le récit de Wells fit à
nouveau fureur en 1938, lorsqu’Orson Welles
en fit un feuilleton radiophonique. Dans
Martian Chronicles (1950), Ray Bradbury
décrit la rencontre entre des astronautes ter-
restres débarquant sur Mars et ses habitants
Les jeunes s’expriment à propos de la vie dans l’univers
L’année dernière, le CERN, laboratoire européen de la physique des parti-cules à Genève a laissé s’exprimer les jeunes à propos de la présence devie extraterrestre. Des jeunes de 14 à 19 ans de l’Europe entière ont puparticiper au concours “Life in Universe“. Les candidats pouvaient sur cethème présenter les projets les plus divers: création de sites internet,nouvelles, oeuvres d’art, expériences scientifiques, pièces de théâtre oumusique, ...
Lors du premier tour, les meilleurs envois ont été sélectionnés par pays.Les élus étaient admis à la finale au CERN, entre le 7 et le 10 novembre.Le jury belge avait retenu trois projets pour représenter notre pays àGenève :• “A New Blue“, un essai rédigé par trois étudiants du collège Sint-
Gabriël de Boechout, Kin Wai Cheung, Christophe Van Berckelaer etStijn Verswyvelt, en collaboration avec Wim Peeters, leur professeur dephysique.
• “Life in Universe“, un site internet créé par Christophe Leblanc, élèvede l’Institut Saint-Anne de Florenville.
• Six poèmes écrits par Amélie Elie, Chantal Mukeshimana, Félicie Gatinet etGloria Vonèche du Centre Arthur Régniers de Bienne-Lez-Happart.
En dernière minute, la délégation belge a dû faire face à un événementimprévu, la faillite de la Sabena, mais elle a néanmoins réussi à rejoindrele CERN à Genève. Les Belges ont pu présenter leurs projets parmi plus dedeux cents autres finalistes. Ils n’ont pas gagné, mais la participation àcet événement enthousiasmant fut déjà une expérience enrichissante. Leconcours international a couronné une équipe autrichienne ayant pré-senté un projet de future station spatiale et une équipe hongroise, quiavait conçu le jeu “Entropoly“, un jeu où il faut donner naissance à la viedans l’univers à partir d’atomes.
(En remerciant Martine Jaminon)
mystérieux et mélancoliques. Dans des films
récents comme Mars Attacks, Mission to Mars
et Red Planet, la planète rouge est habitée.
Mais la science-fiction ne limite pas la
description de créatures extraterrestres à
Mars. Les “aliens” de la littérature de science
fiction sont trop nombreux pour les citer
tous. Bizarrement, de nombreux livres, mais
surtout les films et les feuilletons télévisés
présentent généralement ces créatures extra-
terrestres sous des traits ressemblant mani-
festement et incroyablement à ceux d’êtres
humains ou d’animaux terrestres. C’est le cas
par exemple dans Star Wars et Star Trek. Cer-
tains films montrent que d’autres apparences
sont possibles. Comme Alien, film dans
lequel un horrible monstre extraterrestre
parasite le corps d’astronautes et 2001:
A Space Odyssey de Stanley Kubrick (d’après
Arthur C. Clarke), où une intelligence extra-
terrestre incroyablement avancée ne se
manifeste que sous la forme d’un mystérieux
artefact géométrique noir.
0 7Space Connection # 39 Juillet 2002
Nous ignorons encore avec certitude com-
ment la vie est apparue. L’un des scéna-
rios possibles se présente comme suit. Les
océans de la toute jeune Terre charriaient
d’importantes quantités de diverses molé-
cules organiques, nées sur place ou dépla-
cées à la suite de la chute de météorites.
Les essais classiques de laboratoire de Stan-
ley Miller en 1953 démontrent que, partant
d’éléments chimiques simples, présents sur
la Terre à l’origine, il est possible, moyen-
nant reproduction de l’environnement de la
Terre à ses débuts, de produire des acides
aminés. Grâce à des examens spectrosco-
piques, des astronomes ont déjà découvert
plusieurs molécules organiques sur des pla-
nétoïdes et des comètes.
Pour ces molécules, les mers terrestres
constituaient des éprouvettes géantes. Elles
pouvaient ainsi former une infinité de liai-
sons nouvelles, générées par d’innombrables
réactions chimiques. Les molécules ainsi
produites devenaient de plus en plus com-
plexes. Tôt ou tard, s’est probablement for-
mée, par hasard, une molécule capable d’as-
sembler des copies d’elle-même, à partir
d’éléments chimiques flottant dans l’océan.
Mais ces copies n’étaient pas parfaites. Une
erreur s’y glissait parfois ; généralement la
molécule produite était alors bancale ou
incapable de se reproduire. Mais les consé-
quences s’avéraient parfois positives : une
molécule dont la copie était meilleure que
l’originale. Les molécules les plus habiles au
jeu de la copie étaient en moyenne plus
‘prolifiques’ que les autres. L’évolution par
sélection naturelle était lancée. De généra-
tion en génération, les ‘agents reproduc-
teurs’ n’ont cessé de s’améliorer. Ils étaient
� La comète Hale-Bopp. Les comètes ont-elles amené sur terre lesmatériaux nécessaires à l’apparition de la vie? (NASA)
La vie, la connexion cosmique
Space Connection # 39 Juillet 2002
Dossier Sur la piste des extraterrestres
La vie au sens général du terme est une notion difficile à
définir. Les biologistes sont incapables de se mettre d’accord sur
une définition de la “vie” sur Terre - que dire alors à propos des
cas ambigus comme les virus, qui ne s’alimentent pas et qui
doivent s’appuyer sur la structure d’une cellule vivante pour se
reproduire. Aucune définition générale, si exotique soit elle,
incluant avec certitude les autres éventuelles formes de vie
extraterrestres, n’existe. Plutôt que de se hasarder à une telle
définition, étudions plus en détail le seul exemple connu de vie,
la vie terrestre. Nous examinerons ensuite si un phénomène
similaire peut se manifester ailleurs dans l’univers.
0 8 Space Connection # 39 Juillet 2002
plexe, comportant notamment un noyau,
combinaison probable de plusieurs formes
de vie plus simples. Beaucoup plus tard
(probablement il y a 700 millions d’années)
les créatures pluricellulaires sont nées et à
un stade tardif de l’évolution, il y a environ
570 millions d’années, au début du cambrien,
a commencé la conquête spectaculaire des
animaux macroscopiques complexes que
nous connaissons aujourd’hui.
Cette histoire résumée de la vie sur Terre est
marquée par le caractère totalement univer-
sel des processus décrits. Le phénomène de
l’évolution se manifeste partout où la vie
existe (même si le résultat obtenu peut être
différent de ce qu’il est sur la Terre). Les
phénomènes chimiques sur lesquels repose
la reproduction peuvent se manifester sur
une autre planète que la Terre (pour autant
que les conditions y soient comparables).
Et les matériaux chimiques nécessaires à
l’apparition de la vie existent partout dans
l’univers.
Il y a environ treize milliards d’années, après
le Big Bang, la composition de l’univers était
très simple : un gaz, composé de près de
trois quarts d’hydrogène et d’un quart
d’hélium. Mais les premières étoiles, nées
des nuages de gaz, ont rapidement modifié
cette structure. Des réactions majeures au
cœur des étoiles ont engendré des éléments
plus lourds (types d’atomes) comme le
carbone, l’azote, l’oxygène, le silicium et le
fer. A la fin de leur existence, ces étoiles
ont rejeté une partie de ces éléments lourds
(lors d’une fameuse explosion supernova
pour les étoiles très lourdes, ou en rejetant
progressivement leurs couches extérieures,
pour les étoiles ordinaires). Ces éléments
lourds sont venus enrichir le gaz interstellaire.
Les générations suivantes d’étoiles conte-
naient dès lors des atomes plus lourds dès
le départ. La formation de planètes comme
la Terre, largement constituées de ces
atomes lourds, est par conséquent devenue
possible. La Terre est essentiellement com-
posée de fer, de silicium et d’oxygène (ces
deux derniers éléments étant les plus impor-
tants dans la plupart des roches). La vie
pouvait parfaitement naître à partir des
atomes lourds formés dans les étoiles. Les
éléments indispensables à la vie sont le
carbone, l’hydrogène, l’azote et l’oxygène.
Mais avant de débarquer sur des planètes,
ces atomes pouvaient subir des réactions
chimiques, donnant naissance à des molécules
organiques relativement complexes. Des
astronomes ont observé la présence dans le
gaz interstellaire de molécules organiques
aussi surprenantes que l’alcool. Il semble
que les particules microscopiques de matière
et de glace gravitant dans le gaz séparant
les étoiles servent de véritables “éprou-
vettes” collectant des éléments simples,
entrant ensuite en réaction. En plusieurs
millions d’années, une large panoplie de
molécules organiques s’accumule.
Lors de la formation d’un nouveau système
planétaire, les grains de matière et les
molécules organiques sont absorbés par les
planètes en formation, ainsi que dans des
comètes et autres petits objets. Ces éléments
sont probablement détruits dans les jeunes
planètes par réchauffement et phénomènes
géologiques, mais ils peuvent subsister dans
les comètes. Lorsque des comètes ou des
météorites viennent s’écraser plus tard sur
les jeunes planètes, elles peuvent y semer
les éléments chimiques indispensables à la
vie. Si les circonstances, comme la tempéra-
ture, sont favorables, la vie peut alors
apparaître.
Un constat étonnant révèle que la vie est
apparue très rapidement sur la Terre, dès
que l’occasion s’est présentée. Les fossiles
les plus anciens remontent à environ 3,5
milliards d’années. Il s’agit de restes de bac-
téries, formes de vie relativement évoluées
et fruits probables d’une longue évolution.
� Représentation d’une molécule ADN (PaulThiessen http://www.ChemicalGraphics.com)
désormais capables de rassembler les maté-
riaux nécessaires pour la fabrication des
copies avec davantage d’efficacité et utili-
saient des “molécules auxiliaires” pour s’édi-
fier par exemple, une paroi de protection.
Le mécanisme chimique de base de la copie
a lui aussi progressé. Nous ignorons quels
étaient les agents reproducteurs du début.
Il s’agissait probablement de molécules
auto-reproductrices très simples et primitives.
Mais, d’après de nombreux experts, au fil du
temps, un système de reproduction plus
sophistiqué s’est mis en place, basé sur la
molécule ARN (acide ribonucléique). C’est la
fameuse théorie du “monde RNA”, non prou-
vée, mais jugée parfaitement plausible. Plus
tard,est apparu le système de reproduction
“high tech”, fondé sur la molécule ADN
(acide désoxyribonucléique), présent dans
presque toutes les formes de vie répertoriées
à ce jour.
A l’origine, les organismes vivants étaient
extrêmement simples, comparables aux
bactéries actuelles les plus élémentaires.
Ensuite sont apparus les organismes euca-
ryotes, avec une structure cellulaire com-
Space Connection # 39 Juillet 2002 0 9
premières centaines de millions d’années, la
Terre et les autres planètes naissantes ont
été exposées à un bombardement intense
d’impacts plus ou moins grands. La Lune est
probablement née de l’impact exceptionnel-
lement violent entre la jeune Terre et une
proto-planète de la taille de la planète
Mars. Les nombreux cratères lunaires témoi-
gnent de l’intense bombardement de projec-
tiles de plus petit calibre au cours de la
période qui a suivi. Sur la Terre, l’érosion et
le glissement des continents ont depuis
longtemps fait disparaître ces vieux cratères.
D’après les estimations, les bombardements
ont cessé il y a entre 4 et 3,8 milliards d’an-
Des traces de vie plus anciennes, remontant
à la période située entre 3,8 et 3,5 milliards
d’années, ont été retrouvées. Il s’agit d’in-
dices indirects plus controversés, principale-
ment des variations des quantités d’isotopes
de carbone contenues dans la roche. Des
écarts de carbone -13 peuvent être le résul-
tat d’activité biologique.
Au début de son existence, la Terre a régu-
lièrement été victime d’impacts dévasta-
teurs de planétoïdes. La Terre est née il y a
près de 4,55 milliards d’années d’un nuage
discoïdal de gaz et de poussière tournant
autour du soleil en formation. Au cours des
� La Supernova 1987A dans la nébuleuse géante de Magellan. Lors des explosions de supernovas,les éléments indispensables à l’apparition de la vie furent dispersés dans l’univers. (NASA)
nées. Une vie évoluée existant déjà peu de
temps après, la vie a dû apparaître très rapi-
dement après le dernier impact majeur. Il
n’est cependant pas exclu que la vie resurgisse
à plusieurs reprises sur Terre, à chaque fois
éliminée par un impact extrêmement violent,
pour renaître ensuite.
Le fait que la vie sur Terre se soit développée
avec autant de facilité, semble indiquer que
l’apparition de la vie est un processus relati-
vement “simple”, susceptible de se manifes-
ter là où les circonstances sont favorables.
Quoi qu’il en soit, les éléments indispensables
à la vie existent partout dans l’univers.
1 0 Space Connection # 39 Juillet 2002
Dossier Sur la piste des extraterrestres
matières organiques dans
l’échantillon prélevé. Le Gas
Exchange Experiment devait
détecter les gaz éventuellement
libérés lors du métabolisme de
micro-organismes martiens sup-
posés. Un “aliment”, composé de
matières organiques a été ajouté
à l’échantillon prélevé. Le Labe-
led Release Experiment était
chargé de vérifier si les substances
marquées par des éléments radio-
actifs étaient digérées par
d’éventuelles formes de vie. Le
Pyrolytic Release Experiment
vérifiait quant à lui la présence
dans l’échantillon d’organismes
capables de synthétiser des
matières organiques, à partir du
carbone de l’air (à l’instar des
plantes sur Terre).
Au début, les résultats de ces
diverses expériences biochimiques
effectuées à bord des sondes
Viking semblaient relativement
imprécis et ambigus, mais ensuite,
la plupart des scientifiques ont
admis qu’ils n’avaient apporté
aucun indice attestant la présence
de vie. Des effets chimiques non
biologiques expliquent les résultats
des expériences. Une minorité de
scientifiques continuent néanmoins
à prétendre que les sondes Viking
ont découvert des formes de vie.
Mais les sondes martiennes inha-
bitées ont cependant fait des
découvertes qui laissent espérer
que Mars n’est pas un monde
totalement mort, ou du moins, ne
l’a pas toujours été. Les sondes
qui ont photographié Mars depuis
l’espace et qui ont permis d’en
établir la carte (les plus récentes
étant Mars Global Surveyor et
Mars Odyssey en 2001) ont
décelé une multitude de traces
indiquant la présence d’eau.
Des structures géologiques res-
semblant fortement à de très
anciens lits de rivière asséchés
ont par exemple été photogra-
phiées. Bien qu’il n’y ait aucune
certitude, la plupart des scienti-
fiques considèrent qu’elles ont
� Mars, photographiée par letélescope spatial Hubble. (NASA)
Dans notre système solaire, mise à part la Terre, où pourrait-on trouver des formes de
vie ? Pour ce qui est de la Lune, Mercure et Vénus, le bilan est rapide : la vie telle que
nous la connaissons y est exclue. Mercure et la lune n’ont ni atmosphère, ni eau de
surface. Mercure et Vénus sont extrêmement chaudes à cause de leur proximité avec le
soleil et Venus est victime d’un effet de serre très important.
Exploration du système solaireMars
Pour Mars, la situation est diffé-
rente. Les Martiens, constructeurs
de canaux géants relèvent de la
légende, mais la planète n’est pas
totalement stérile. Il n’y a aucun
signe visible de vie en surface,
mais cela n’exclut nullement la
présence de micro-organismes.
En 1975, la NASA, agence spatiale
américaine, a envoyé deux sondes
spatiales vers Mars, afin de
vérifier la présence éventuelle de
micro-organismes à la surface.
Ces sondes Viking 1 et Viking 2
étaient des laboratoires biochi-
miques automatiques qui ont
atterri sur Mars en douceur en
1976. Elles étaient équipées d’une
pelle montée sur un bras robot
pour pouvoir prélever des échan-
tillons du sol et les analyser.
Un spectromètre de masse couplé
à un chromatographe à gaz a
servi à sonder la présence de
1 1
été creusées par de l’eau. Il
semble que dans un passé loin-
tain, la planète désormais aride
et froide et privée d’eaux de
surface, ait connu un climat
nettement plus clément. Cer-
tains scientifiques vont jusqu’à
penser qu’il y a trois à quatre
milliards d’années, Mars était
couverte de gigantesques mers.
Le climat a ensuite changé et
elle est devenue la planète aride
et désertique que nous connais-
sons aujourd’hui. Même si dans
l’intervalle, il y a eu de temps
en temps des périodes plus
chaudes et plus humides. Des
indices révèlent l’existence il y a
quelques millions d’années, de
périodes plus chaudes au cours
desquelles des eaux de surface
étaient présentes, même si en
petites quantités. Selon une
interprétation plus controversée
de certaines structures géolo-
giques, de la glace serait dissi-
mulée à une faible profondeur,
faisant parfois remonter à la
surface des eaux de fonte.
Il semble que par le passé, le
climat de Mars était parfaitement
adapté à la vie. Si des formes de
vie sont apparues à cette époque,
il est possible que le sol de Mars
en recèle des restes fossilisés,
plus particulièrement dans
d’éventuelles roches sédimen-
taires, formées au fond des mers,
lacs ou rivières. La recherche de
ces éventuels fossiles est l’un
des objectifs prioritaires à long
terme, de l’exploration de la
planète Mars.
On suppose qu’une partie de
l’eau recouvrant Mars à l’époque
est encore présente, sous la
forme de glace souterraine.
Selon certains scientifiques, il
n’est pas exclu que des formes
de vie microscopiques aient
réussi à survivre dans ces
“oasis” souterraines humides.
L’histoire du météorite ALH84001,
trouvé en Antarctique en 1984,
est l’un des épisodes les plus
étonnants de la recherche de
formes de vie sur Mars. En 1996,
un groupe de chercheurs de la
NASA sous la direction de David
McKay a publié un article reten-
tissant dans la très respectable
revue scientifique Science, affir-
mant que ALH84001 contenait
d’éventuels restes fossilisés de
vie sur Mars.
ALH84001 a été arraché à Mars
il y a seize millions d’années,
par une explosion, provoquée
par la chute d’un météorite et
est arrivé sur Terre il y a près de
treize mille années, après un
million d’années d’errance dans
l’espace. Ce phénomène est
moins exceptionnel qu’il n’y
paraît ; il y a plus d’une dou-
zaine de météorites répertoriés
provenant très probablement de
Mars (notamment parce que leur
composition correspond aux
analyses effectuées sur Mars par
les sondes Viking).
En 1996, l’équipe de McKay
affirmait que plusieurs indices
attestaient la formation de cer-
taines structures microscopiques
dans ALH84001 par des micro-
organismes vivants. La roche
contenait manifestement des
globules de carbonate déposés
par l’eau. Les bords obscurs de
ces globules révélaient la
présence de cristaux purs de
magnétite et de sulfure de fer
extrêmement petits. Selon
McKay et son équipe, il était
peu probable qu’un phénomène
non biologique ait été capable
de produire ces deux types de
cristaux, alors que la vie aurait
facilement pu les engendrer. La
Terre abrite des bactéries identi-
fiées produisant des matériaux
similaires. Des hydrocarbures
aromatiques polycycliques ou
HPC ont été découverts à l’inté-
rieur et autour des globules de
carbonate. Il s’agit de molécules
organiques qui peuvent être
considérées comme le produit
recyclé de matière vivante
(même s’il est possible qu’elles
soient issues d’un phénomène
� La fameuse météoriteALH84001 contenait, seloncertains scientifiques, des restesfossilisés de vie sur Mars. (NASA)
� Le paysage de Marsphotographié par la sondespatiale Viking 2. (NASA)
1 2 Space Connection # 39 Juillet 2002
non biologique). Les plus spec-
taculaires étaient les petites
structures “en forme de saucisse”
visibles sur les images de la
roche enregistrées par un micro-
scope à électrons. Les “vermis-
seaux” microscopiques sem-
blaient être d’authentiques
fossiles géants de formes de vie
martienne.
Aucun de ces arguments en
faveur des fossiles n’était véri-
tablement convaincant, mais
McKay et ses collaborateurs
affirmaient que, considérés glo-
balement, ils étaient suffisam-
ment clairs. Le reste de la com-
munauté scientifique était assez
sceptique à propos du rapport
de McKay. La suite des événe-
ments semble avoir donné rai-
son aux critiques. L’un après
l’autre, les indices que McKay
prétendait avoir observés se
sont avérés explicables par des
phénomènes chimiques à carac-
tère non biologique. Les “ver-
misseaux” microscopiques
observés par McKay ne sont pro-
bablement que des cristaux aux
Plusieurs missions inhabitées d’ex-
ploration de Mars sont inscrites au
programme de la NASA et de l’ESA
pour les prochaines années et l’un
de leurs principaux objectifs est
de rechercher d’éventuelles traces
de vie sur la planète.
Mars Express est la première
mission européenne envoyée
vers la planète Mars. C’est égale-
ment l’une des premières mis-
sions de l’ESA, appliquant le pré-
cepte de la NASA “plus rapide,
meilleur et moins cher”. Mars
Express est constitué d’une
sonde chargée d’étudier la pla-
nète en orbite et d’une petite
sonde devant effectuer un atter-
rissage en douceur. Le lancement
par une fusée russe Soyouz est
prévu pour le 1er juin 2003, l’ar-
rivée pour le 25 décembre 2003.
Le budget du projet se chiffre à
150 millions d’euro.
Le Mars Express Orbiter doit nota-
mment fournir les images satel-
lites les plus précises jamais réa-
lisées de la surface de Mars. L’ un
des instruments de bord, Mars
Advanced Radar for subsurface and
ionospheric sounding (MARSIS),
grâce à des ondes radio pénétrant
dans le sol, est capable de détec-
ter la présence éventuelle d’eau
et de glace souterraines.
La mini sonde d’atterrissage de
soixante kilos emportée par
Mars Express a été baptisée
Beagle 2 (du nom du bateau
avec lequel Charles Darwin a
effectué le tour du monde).
L’engin est équipé d’un chroma-
tographe à gaz et d’un spectro-
mètre de masse destinés à ana-
formes étranges. Une poignée de
scientifiques continue à affirmer
que ALH84001 contient des fos-
siles d’organismes martiens
microscopiques, mais ils ne
représentent qu’une minorité de
plus en plus restreinte.
L’épisode ALH84001 a soulevé la
question de savoir si en dehors
des fossiles, d’autres micro-
organismes vivants n’auraient
pas pu naturellement effectuer
le voyage d’une planète à
l’autre. Un météorite soulevé
par l’impact d’une planète et
atterrissant ensuite sur une
autre planète, pourrait “conta-
miner” cette seconde planète de
formes de vie provenant de la
première. Ce scénario n’est pas
très crédible et dans cette hypo-
thèse, l’intérieur du météorite
ne peut à aucun moment
atteindre une température trop
élevée (ni au départ, ni à l’arri-
vée), mais ce scénario n’est
cependant pas totalement à
exclure. Si cette hypothèse est
vérifiée, cela signifie qu’une
éventuelle forme de vie sur Mars
pourrait être liée à la vie sur
notre planète. La pesanteur de
Mars étant relativement limitée
et la Terre ayant une masse et
une pesanteur supérieures, il est
plus probable que des météo-
rites provenant de Mars soient
arrivés sur la Terre, plutôt que
l’inverse. Il est dès lors conce-
vable que la vie soit apparue sur
Mars et ait ensuite atteint la
Terre grâce à un météorite. Dans
ce cas, nous serions tous d’une
certaine manière des “Martiens”,
ou du moins les descendants de
micro-organismes issus de Mars.
� Viking 1 est prête au lancement. (NASA)
� Mars Global Surveyor à son lancement. (NASA)
Space Connection # 39 Juillet 2002 1 3
lyser la composition du sol, d’un
bras robotisé pour prélever des
échantillons du sol, de caméras,
d’un microscope, de spectro-
mètres Mössbauer à rayons X et
de senseurs pour enregistrer la
situation du site d’atterrissage.
L’Institut belge d’Aéronomie spa-
tiale (IASB) à Uccle (cf. le dos-
sier Space Connection n° 36)
participe au projet Mars Express.
L’IASB collabore avec des scienti-
fiques étrangers à la mise au
point de deux instruments pour
Mars Express. L’instrument DYMIX
doit étudier par spectroscopie de
masse l’interaction entre le vent
solaire et l’atmosphère de Mars.
L’expérience SPICAM-Light analy-
sera la composition et l’évolution
de l’atmosphère martienne grâce
à un spectromètre UV/IR.
Pour 2003, la NASA a programmé
le lancement de deux Mars
Exploration Rovers. Ces petits
véhicules robotisés seront nette-
ment plus sophistiqués que le
Mars Pathfinder Sojourner, le
petit véhicule automatique qui
en 1997, avait parcouru
quelques mètres sur la planète
rouge. Début 2004, les Explora-
tion Rovers doivent arpenter la
surface de Mars pendant trois
mois au moins et analyser
notamment le sol.
2004 devrait aussi être l’année
où la sonde spatiale japonaise
Nozomi devrait arriver en orbite
autour de Mars. Depuis son
orbite, Nozomi étudiera les
couches supérieures de l’atmo-
sphère de Mars et leur interac-
tion avec le vent solaire.
Le Mars Reconnaissance Orbiter
(MRO) américain est inscrit au
programme de la “saison” 2005-
2006. Parmi les instruments de
bord envisagés pour ce satellite
figurent une caméra à très
haute résolution, un spectro-
mètre du proche infrarouge, des
instruments pour l’étude de l’at-
mosphère et une version plus
perfectionnée du radar de Mars
Express pour détecter d’éven-
tuelles eaux souterraines. Les
observations à haute résolution
effectuées par le MRO seront
déterminantes pour la planifica-
tion des futures missions vers
Mars, puisqu’elles permettront
d’identifier des sites d’atterris-
sage sûrs et intéressants du
point de vue géologique.
Pour un avenir plus lointain, les
plans d’exploration sont pour
l’instant moins concrets. Il
pourrait y avoir une nouvelle
série de véhicules automatiques
plus grands et plus autonomes,
capables de parcourir de longues
distances sur Mars. Au cours de
la première moitié de la pro-
chaine décennie, la NASA effec-
tuera une mission “sample
return” durant laquelle des
vaisseaux spatiaux inhabités
ramèneront des échantillons du
sol de Mars sur Terre. L’analyse
d’échantillons soigneusement
sélectionnés (ramassés par
exemple à un endroit où sont
observées des traces de présence
d’eau dans le passé) en labora-
toire pourrait peut-être apporter
la réponse à la question relative
à la présence de fossiles de
formes de vie sur Mars. L’arsenal
complet des techniques de
recherche modernes peut être
déployé dans les laboratoires
terrestres, y compris des instru-
ments lourds et de grande taille,
mission impossible dans une
sonde inhabitée.
L’objectif à terme des organisa-
teurs de missions vers Mars est
l’envoi d’une expédition habi-
tée. Les astronautes séjournant
plusieurs mois sur la planète
rouge pourraient, bien mieux
que les robots, étudier le sol
en profondeur.
Garantir la sécurité est l’un des
aspects essentiels de l’organisation
de missions sample-return inhabi-
� Traces d’eau sur Mars. (NASA)
� Un lit de rivière asséché sur Mars? (NASA)
tées vers la planète Mars. Il faut
éviter la contamination de la
Terre par des micro-organismes
martiens potentiellement nocifs.
Il est certain que la plupart des
experts considèrent que ce risque
est minime, mais les agences spa-
tiales se livrent à des études pré-
paratoires. Ces précautions sont
prises pour être préparé à d’éven-
tuelles protestations contre une
mission sample-return “à risque”.
Les échantillons du sol de Mars
ramenés sur Terre seraient enfer-
més dans un conteneur herméti-
quement scellé. Ce n’est qu’au
laboratoire et moyennant des
mesures de sécurité draconiennes
1 4 Space Connection # 39 Juillet 2002
(normes encore plus sévères que
celles appliquées actuellement
par les laboratoires pour l’étude
de microbes toxiques et d’armes
biologiques) que les conteneurs
seraient ouverts. Les échantillons
du sol martien seraient ensuite
étudiés des années durant dans
ces laboratoires hermétiques et
isolés du monde extérieur. Ils ne
pourront être analysés dans des
laboratoires ordinaires, que s’il
est établi qu’ils ne recèlent
aucune forme de vie.
Jusqu’à présent, seul le problème
inverse s’était posé : éviter la
contamination de Mars par des
micro-organismes terrestres
véhiculés par les sondes inhabi-
tées envoyées vers Mars. Il
s’agit de protéger les éventuelles
formes de vie présentes sur Mars
face à une invasion terrestre ;
mais il s’agit aussi d’éviter que
des scientifiques annoncent la
découverte de vie sur Mars pour
ensuite devoir faire marche
arrière et admettre qu’il s’agis-
sait en réalité de vie transplan-
tée sur Mars par un précédent
vaisseau spatial venu de la
Terre. C’est la raison pour
laquelle, avant leur lancement,
les sondes spatiales partant
pour Mars sont soigneusement
stérilisées (même si la stérilisa-
tion absolue n’est pas garantie à
cent pour cent).
Les zones extérieures
du système solaire
Pour ce qui est de la découverte
de la vie, les planétoïdes et les
comètes offrent peu de perspec-
tives encourageantes. Beaucoup
renferment de l’eau (sous la
forme de glace) et des molé-
cules organiques, mais les
basses températures et l’absence
d’eau liquide et d’une atmo-
sphère limitent les possibilités
de développement de la vie.
Même si des auteurs de science
fiction ont spéculé sur des
formes de vie gravitant dans les
nuages entourant la planète, les
chances de découvrir de la vie
sur la planète géante et glaciale
Jupiter semblent minimes. A
notre connaissance, la composi-
tion chimique de l’atmosphère
de Jupiter n’est pas vraiment
propice à l’émergence de la vie.
Mais Jupiter a également des
lunes qui semblent plus promet-
teuses que la planète. Europe, la
plus modeste des quatre lunes
“galiléennes” géantes de Jupiter,
est un territoire gelé. La surface
est entièrement recouverte de
glace, sillonnée de crevasses. De
fortes présomptions pèsent
quant à l’existence, sous la
glace, d’un océan d’eau liquide.
C’est la raison pour laquelle,
certains scientifiques considè-
rent Europe comme la favorite
pour la découverte de vie en
dehors de la Terre. Des calculs
relatifs aux sources d’énergie
chimiques et thermiques dispo-
nibles sous la glace révèlent que
la présence de vie n’est pas
exclue, même si les conditions
d’existence y sont particulière-
ment difficiles.
Au cours des prochaines années,
la NASA voudrait corroborer
cette théorie. La sonde spatiale
Europa Orbiter, mise en orbite
autour d’Europe, vérifiera la pré-
� Glace sur la surface de Mars, photographiée par la sonde Viking. (NASA)
Space Connection # 39 Juillet 2002 1 5
sence d’un éventuel océan et, le
cas échéant, la profondeur à
laquelle il se cache. Le projet
n’a pas encore été définitive-
ment adopté par le Congrès
américain, mais il bénéficie du
soutien inconditionnel de la
direction de la NASA. Le lance-
ment pourrait intervenir au
cours de la seconde moitié de
l’actuelle décennie. Europa Orbi-
ter devra mesurer l’épaisseur de
la glace, grâce à un instrument
radar. Celui-ci émettra des ondes
radio d’une très longue fréquence,
capables de pénétrer la glace
sur plusieurs kilomètres. L’ana-
lyse des échos reçus indiquera la
profondeur à laquelle se situe la
limite entre la glace et l’eau,
pour autant qu’il y en ait.
Dans l’hypothèse où, comme
espéré, Europa Orbiter identifie
des endroits où la couche de
glace n’est pas trop épaisse, une
série de missions de suivi pourrait
être envisagée avec pour objectif
ultime de percer la glace, pour
rechercher dans l’océan d’éven-
tuelles formes de vie. Ces opéra-
tions ne seraient probablement
pas réalisées par forage (trop
complexe pour une sonde inha-
bitée), mais en construisant une
sonde fondant dans la glace.
Elle serait réchauffée par une
source de chaleur interne (éven-
tuellement nucléaire) et s’enfon-
cerait ensuite sous la pression
de son poids.
Cette sonde très résistante s’en-
fonçant progressivement serait
attachée à un câble déroulant
pour assurer la communication
avec la surface et la Terre, ou
déposerait à distances régulières,
de petits émetteurs-récepteurs.
La glace se refermerait autour
du câble de communication ou
de petits émetteurs radio. Une
fois la glace percée, la sonde
libérerait un petit sous-marin
automatique qui se lancerait à la
découverte de l’océan d’Europe.
La sonde chargée de faire fondre
la glace et le sous-marin doivent
être entièrement stérilisés avant
leur arrivée pour éviter de
contaminer l’océan d’Europe
avec des micro-organismes pro-
venant de la Terre. Les scienti-
fiques espèrent pouvoir tester
cette technologie à l’occasion
de l’étude du lac Vostok en
Antarctique. Il s’agit d’un lac
d’eau liquide situé sous une
couche de glace de trois kilo-
mètres d’épaisseur. La NASA
envisage d’y faire descendre un
petit robot, comparable à l’ins-
trument qui serait envoyé sur
Europe.
Pour les mêmes raisons que
Jupiter, les autres planètes
géantes Saturne, Uranus et
Neptune n’abritent probablement
aucune forme de vie. Mais
Saturne a une lune, Titan, dont
l’atmosphère est très dense.
Sa composition ressemble à la
composition supposée de l’an-
cienne atmosphère terrestre.
L’atmosphère de Titan contient
essentiellement de l’azote et
parmi les autres éléments, figu-
rent le méthane, l’éthane et
d’autres hydrocarbures. Il sem-
blerait que Titan puisse égale-
ment abriter des océans d’éthane
liquide. Pour que la vie puisse
s’y développer, les températures
sont probablement beaucoup
trop basses, mais les astrobiolo-
gistes sont très intéressés par
Titan. L’étude de Titan pourrait
peut-être fournir des informa-
tions intéressantes sur les
débuts de l’histoire de la Terre.
Dans l’ensemble, notre système
solaire ne semble pas particuliè-
rement prometteur pour la
découverte de vie extraterrestre.
Mars pourrait abriter des formes
de vie microscopiques et plus
certainement des micro-orga-
nismes éteints. Europe, la lune
de Jupiter présente des probabi-
lités, très difficiles à évaluer, de
présence de vie, dissimulée sous
une épaisse couche de glace,
difficile à découvrir et à étudier.
Si nous voulons augmenter les
chances de découvrir de la vie
et, très certainement pour ce
qui est des formes de vie com-
plexes et éventuellement intelli-
gentes, il faudra pousser l’explo-
ration au-delà des frontières de
notre système solaire.
� Jupiter photographié par letélescope spatial Hubble. (NASA)
� Europa, la lune de Jupiter, avecun détail de sa surface. (NASA) � Titan (NASA)
Space Connection # 39 Juillet 2002
Dossier Sur la piste des extraterrestres
� L’étoile Upsilon Andromedae, àproximité de laquelle les astronomessupposent la présence de 3 planètes.(University of California-Berkeley)
Les exoplanètesIl n’existe jusqu’à présent que des indices
indirects (il est vrai très convaincants)
de l’existence d’exoplanètes ; il n’y a pas
encore eu de détection directe. Aucune
photo ne peut témoigner de la présence
d’une planète en dehors de notre système
solaire.
L’obstacle majeur est que ces planètes
proches d’autres étoiles sont très éloignées.
Même la plus proche d’entre elles, Proxima
Centauri (pour laquelle la présence de pla-
nètes n’est provisoirement pas annoncée) se
situe près de cent mille fois plus loin que
les planètes les plus distantes de notre sys-
tème solaire. Contrairement aux étoiles, les
planètes n’émettent que peu ou pas de
lumière et ne sont visibles que parce
qu’elles sont éclairées par leur étoile. Cette
faible visibilité, associée à leur éloignement
extrême, font des exoplanètes de faibles
points lumineux dans le ciel. Ce problème
n’est pas insurmontable, mais ce faible
point lumineux de l’exoplanète se situe en
outre à proximité d’un point lumineux beau-
coup plus puissant : l’étoile. La faible lueur
de la planète est désespérément éclipsée
par la lumière plus puissante de l’étoile.
C’est comme chercher à distinguer de très
loin la lueur d’une luciole volant à proximité
d’un projecteur.
Si les astronomes ont néanmoins réussi à
découvrir des exoplanètes, c’est parce
qu’elles ont été détectées par leur pesanteur.
Lorsqu’une planète gravite autour d’une
étoile, sa pesanteur attire alternativement
cette étoile dans deux directions différentes.
Ce mouvement de l’étoile peut être détecté
grâce à l’effet doppler. Ce phénomène qui
porte le nom de Christian Doppler signifie
que la longueur d’onde observée d’une onde
devient plus courte lorsque la source et l’ob-
servateur se rapprochent et plus longue lors-
qu’ils s’éloignent. La longueur d’onde de la
lumière rouge étant plus longue que celle de
la lumière bleue, il est souvent question de
rougeoiement (allongement de la longueur
d’onde par éloignement) et de bleuissement
(raccourcissement par rapprochement). Un
spectromètre sensible (un instrument qui
décompose la lumière dans les couleurs ou à
travers les ondes qui la composent) permet
aux astronomes d’observer les légères modifi-
cations de longueur d’onde apparues dans la
lueur de l’étoile, à la suite du mouvement de
va-et-vient de l’étoile. A partir du modèle de
mouvement de l’étoile observé, les astro-
nomes peuvent déterminer la distance et le
rythme de gravitation de la planète autour
de l’étoile et ils sont même capables de cal-
culer une valeur minimale de la masse de la
planète.
Depuis longtemps, les astronomes soupçonnent la présence de planètes autour de nombreuses
étoiles, à l’instar de notre soleil. Mais ces planètes proches d’étoiles autres que le soleil (les
fameuses “planètes extrasolaires” ou “exoplanètes”) sont extrêmement difficiles à détecter.
1 6
Space Connection # 39 Juillet 2002 1 7
Cette détection de la présence d’exoplanètes
réussit pour la première fois en 1995,
lorsque les astronomes suisses Michel Mayor
et Didier Queloz découvrirent une planète
proche de l’étoile 51 Pegasi. Depuis, des
dizaines d’autres exoplanètes ont été décou-
vertes, principalement par l’équipe d’astro-
nomes américains Geoffrey Marcy et Paul
Butler. Plusieurs planètes ont déjà été déce-
lées à proximité de certaines étoiles.
Parmi les planètes et systèmes planétaires
découverts à ce jour, nombreux sont ceux
qui s’écartent largement de ce que nous
avons coutume d’observer dans notre propre
système solaire. Celui-ci compte quatre
petites planètes calquées sur le modèle de
la Terre ou planètes “terrestres“, constituées
de métal et de roches, proches du soleil
(Mercure, Vénus, la Terre et Mars). Les
quatre planètes géantes ou géants gazeux
(Jupiter, Saturne, Uranus et Neptune) sont
essentiellement composées d’hydrogène et
d’hélium et sont très éloignées du soleil.
Les astronomes espéraient retrouver un
modèle similaire dans les autres systèmes
planétaires : de petites planètes rocheuses à
proximité de l’étoile et des géants gazeux
plus lointains.
La première exoplanète découverte, la planète
de 51 Pegasi, ne semblait toutefois pas
répondre complètement à ce profil. Il s’agis-
sait d’une énorme planète, à la masse impo-
sante, proche de l’étoile, beaucoup plus
proche que ne l’est Mercure de notre soleil.
Beaucoup d’exoplanètes découvertes ensuite
se sont avérées être des “hot Jupiters“.
Parmi les systèmes planétaires identifiés jus-
qu’à présent, ceux qui ressemblent à notre
système solaire constituent l’exception.
L’étrange structure des systèmes planétaires
découverts peut sembler inquiétante pour
ceux qui espéraient trouver à proximité
d’autres étoiles des planètes ressemblant à la
Terre et propices au développement de la vie.
Il semble que les “hot Jupiters“ ne soient
� Un des projets développés pour le NGST. (NASA)
1 8 Space Connection # 39 Juillet 2002
nettement plus sensible aux planètes
lourdes, situées à proximité de leur étoile.
Elles sont en outre les seules à induire une
vitesse suffisante, associée à un cycle suffi-
samment court pour pouvoir les mesurer en
l’espace de quelques mois ou de quelques
années. Il est fort probable que de nom-
breux autres systèmes planétaires différents
seront découverts, au fur et à mesure des
progrès des techniques d’observation.
Néanmoins, parmi les exoplanètes identi-
fiées, certaines pourraient peut-être receler
des traces de vie. Des planètes d’une masse
équivalente à celle de la Terre n’ont pas
encore été détectées. A ce jour, la plus petite
est une planète proche de l’étoile HD83433,
dont la masse ne dépasse pas un sixième de
la masse de Jupiter (environ moitié aussi
lourde que Saturne), même si à l’heure où
vous lirez ces lignes, il est fort probable
qu’une plus petite ait été découverte. Les
planètes de masse supérieure sont générale-
pas apparues aux endroits où elles sont
actuellement observées. Il s’agit probablement
de planètes géantes nées plus loin de leur
étoile et qui ont ensuite migré vers une
orbite plus proche de l’étoile. Une telle
migration serait désastreuse pour d’éventuelles
planètes ressemblant à la Terre dans le sys-
tème planétaire. Il est dès lors jugé peu pro-
bable qu’un système planétaire comptant une
“hot Jupiter” près de l’étoile comporte en
outre des planètes similaires à la Terre à une
distance plus éloignée, distance à laquelle la
température se prête à la présence d’eau
liquide et à l’apparition de la vie.
Il faut par ailleurs être conscient que la pré-
pondérance de systèmes comportant des
“hot Jupiters” notée jusqu’ici est une consé-
quence possible des techniques d’observa-
tion utilisées. La technique actuelle, grâce à
laquelle la vitesse de l’étoile est mesurée à
l’aide d’un spectromètre, sur la base de la
pesanteur d’une planète en gravitation, est
� Point de libration ou pointLagrange L2 dans l’espace. (ESA)
� C’est ainsi que Darwinverrait notre système solaireà 30 années lumière. (ESA)
� L’étoile HD187123 à proximité de laquelle les astronomes supposent la présence d’une planète. (University of California-Berkeley)
Space Connection # 39 Juillet 2002 1 9
ment rangées dans la catégorie des géants
gazeux, à l’instar des planètes géantes de
notre système solaire. On estime d’ordinaire
qu’elles ne sont pas susceptibles d’abriter des
formes de vie. Mais les planètes géantes ont
parfois des lunes, tout comme les planètes
géantes de notre système solaire, entourées
chacune d’une série de satellites naturels. Si
une planète géante se trouve à une distance
où la température est adaptée, des lunes de
cette planète pourraient parfaitement conve-
nir au développement de la vie.
Les astronomes ont dans leurs cartons toute
une panoplie de projets axés sur la recherche
de planètes ressemblant à la Terre situées à
proximité d’autres étoiles. Ils espèrent ainsi
ne plus devoir se contenter d’observer les
exoplanètes indirectement, mais pouvoir les
photographier pour la première fois et, à
terme, pouvoir les étudier par spectrométrie,
afin de pouvoir se familiariser avec leurs
propriétés physiques et la composition de
leur éventuelle atmosphère.
En dehors des projets de recherche à l’aide de
la nouvelle génération de télescopes géants,
comme le Very Large Telescope (VLT) au Chili,
l’interféromètre Keck américain à Hawaii et le
futur Large Binocular Telescope en Arizona
(cf. Space Connection n° 28), les projets de
nouveaux télescopes spatiaux et d’interféro-
mètres spatiaux s’avèrent prometteurs (un
interféromètre est un instrument reliant plu-
sieurs télescopes capables de fonctionner
comme un grand télescope unique).
Le Next Generation Space Telescope (NGST)
doit succéder au formidable télescope spatial
Hubble. Ce télescope sera équipé d’un miroir
d’un diamètre de probablement 6 mètres. Il
devrait être lancé d’ici à la fin de la décen-
nie et positionné à proximité d’un “point de
libration“ ou point Lagrange L2, à environ
un million et demi de kilomètres de la Terre,
dans la direction opposée au soleil. Le NGST,
essentiellement destiné à l’étude du proche
infrarouge du spectre, devrait permettre de
photographier les exoplanètes les plus
voyantes.
En Europe et aux USA, des études prépara-
toires sont menées pour la mise au point
d’un interféromètre infrarouge particulière-
ment puissant, conçu spécialement pour la
recherche d’exoplanètes ressemblant à la
Terre. Le projet de la NASA a été baptisé
Terrestrial Planet Finder (TPF), son pen-
dant européen porte le nom Darwin. Le
projet américain est le plus avancé, mais
aucun plan définitif n’a encore été signé et
son financement est loin d’être garanti. Le
lancement interviendrait au plus tôt vers
2012.
� Dessin du Terrestrial Planet Finder. (NASA)
D’après un projet provisoire, TPF comporte-
rait quatre satellites indépendants, équipés
chacun d’un télescope d’un diamètre de 3,5
mètres. Un cinquième satellite collecterait et
analyserait la lumière (en réalité le rayonne-
ment infrarouge) des quatre télescopes. Au
début, les quatre télescopes fonctionneront
de manière regroupée, mais, ils s’écarteront
ensuite progressivement pour accroître ainsi
la résolution de l’observatoire. TPF devrait
être capable d’observer directement de
petites planètes similaires à la Terre à proxi-
mité d’étoiles autres que le soleil et d’en
relever le spectre. L’étude de la composition
de l’éventuelle atmosphère de ces planètes
devrait devenir possible. Tous les espoirs se
concentrent sur la détection par l’instrument,
de la présence d’oxygène ou de vapeur d’eau.
Cela indiquerait que la planète est propice
au développement de la vie.
Dans une étape successive de la recherche,
mais certainement pas avant 2020, un inter-
féromètre encore plus grand, le Planet Ima-
ger, pourrait être construit dans l’espace,
capable de filmer des détails d’exoplanètes
similaires à la Terre.
Des astronomes découvrent des exoplanètes analogues à JupiterDes équipes d'astronomes américains et européens ont chacun découvert une exoplanète ana-logue à Jupiter. La plupart des exoplanètes connues, sont très différentes des planètes de notresystème solaire. Il s'agit le plus souvent de planètes géantes situées à proximité de leur étoile.'Nos' planètes se trouvent loin du Soleil.
L'équipe américaine sous la direction de Paul Butler et Geoffrey Marcy de la Carnegie Institutede Washington a découvert une planète, à proximité de l'étoile 55 Cancri. Elle se trouve à lamême distance de son étoile que Jupiter par rapport à notre Soleil. La seule différence est quela planète tourne dans un plan elliptique et non pas dans un plan circulaire comme Jupiter.
Les astronomes de l'observatoire de Genève ont découvert une planète qui évolue dans un plancirculaire mais qui se trouve plus près de l'étoile: à 3,7 unités astronomiques (contre 5,2 uni-tés astronomiques pour Jupiter – une unité astronomique correspond à 150 millions de kilo-mètres). Fin juin, on comptait déjà 96 exoplanètes.
Space Connection # 39 Juillet 2002
Une vie extraterrestre intelligente?
� Projet d’un grand radiotélescopequi pourrait détecter une forme devie extraterrestre. (NASA)
En 1961, l’astronome américain Frank Drake
a proposé une formule pour procéder à
une évaluation du nombre de civilisations
intelligentes peuplant la galaxie. Il s’agit
d’une formule extrêmement controversée,
appelée la “comparaison de Drake”.
N = R* x fp x ne x fl x fi x fc x L
N = nombre de civilisations de la galaxie dont
nous pouvons capter les émissions radio
R* = la vitesse de formation d’étoiles adéquates,
soit le nombre d’étoiles formées par unité de
temps, présentant une “zone habitable” suffisam-
ment étendue où les températures sont adaptées
au développement de la vie et dont l’existence
est suffisamment longue pour permettre le
développement de formes de vie intelligente
fp = la fraction de ces étoiles disposant de planètes
ne = le nombres de “terres” ou de planètes
propices à la vie (situées dans la “zone habitable”)
par système planétaire
fl = la fraction de ces planètes ayant vu réellement
apparaître des formes de vie
fi = la fraction de ces planètes où sont apparues
des formes de vie intelligente
Space Connection # 39 Juillet 2002 2 1
planètes similaires à la Terre atteindrait 6,4
milliards d’années. Si les conclusions de
Lineweaver sont correctes, l’univers abrite
un grand nombre de planètes où la vie a eu
amplement le temps de se développer. Il
pourrait y avoir des planètes où la vie a lar-
gement précédé la vie sur Terre.
De nombreuses incertitudes subsistent néan-
moins pour ce qui est des derniers éléments
de la formule de Drake. Sur une planète
réunissant les conditions requises, l’apparition
de la vie semble un phénomène relativement
probable. C’est ce que suggère du moins le
fait que la vie est apparue sur Terre dès que
l’occasion s’est présentée. Mais s’il existe des
formes de vie primitive, quelles sont les
chances de développement de formes de vie
plus complexe et intelligente ? Cette question
est loin d’être tranchée. L’opinion des experts
n’est pas unanime, allant du “assez probable”
au “relativement exclu”.
L’histoire de la vie sur Terre ne nous livre
que peu d’indications et ne permet pas d’es-
pérer que la naissance de l’intelligence soit
un processus facile. Contrairement à certaines
idées reçues, l’histoire de la vie n’atteste
pas d’une ”tendance ascendante” continue,
d’une marche inéluctable vers une intelligence
croissante, pour culminer avec l’homme.
L’apparition de l’homme sur Terre semble en
revanche être davantage le fruit d’une suc-
cession de hasards.
Jusqu’à il y a 65 millions d’années, la Terre
possédait un écosystème exceptionnellement
riche et florissant, avec des espèces végétales
et animales peuplant les niches écologiques
les plus diverses, et réparties sur toute la
surface de la Terre, dans les mers et dans les
airs. Cette très longue période, âge d’or des
dinosaures, n’a toutefois pas vu l’émergence
du moindre animal doté d’une intelligence
approchant, même de loin, la nôtre. Ce n’est
qu’après le désastre fortuit qui a (notamment)
décimé les dinosaures, que sont apparus les
mammifères. Et même parmi ceux-ci, l’homme
semble être un invité de la dernière heure,
issu d’une famille de mammifères pas très
Jusqu’ici, nous nous sommes essentiellement concentrés sur
la possibilité de l’existence de formes de vie ailleurs que
sur la Terre. Mais quelles sont les chances de découvrir non
seulement de la vie, mais aussi des formes de vie avancées
et intelligentes ?
fc = la fraction de ces planètes hébergeant des
formes de vie intelligente où se sont développées
des technologies permettant l’envoi dans l’espace
de signaux détectables
L = la durée de vie moyenne des civilisations
envoyant des signaux détectables dans l’espace.
Lorsque Drake suggéra cette formule, la
plupart de ses éléments étaient encore
largement incertains. Dans les décennies qui
ont suivi, les observations astronomiques
ont permis de préciser les premiers facteurs.
Les astronomes ont une idée plus précise
quant à l’existence de planètes à proximité
d’autres étoiles, de l’évolution chimique de
la galaxie (facteur important pour la forma-
tion des éléments indispensables à la nais-
sance des planètes et de la vie) et de l’histo-
rique des étoiles de la galaxie. Récemment,
l’astronome Charles Lineweaver a calculé
que la majorité des planètes similaires à la
Terre se sont probablement formées il y a
environ huit milliards d’années. D’après
Lineweaver, parmi toutes les “terres” existant
actuellement, trois quarts sont plus
anciennes que notre Terre. L’âge moyen des
� Prototype d’un radiotélescope pour ATA.(SETI Institute)
2 2 Space Connection # 39 Juillet 2002
brillante, à savoir celle des primates. Même
les premiers hommes qui, incontestablement
pouvaient être qualifiés d’habitants de la
Terre les plus intelligents de l’époque, n’ont
pas connu une réussite exceptionnelle ;
l’homme est longtemps resté une espèce
animale assez rare et pas particulièrement
remarquable.
L’intelligence n’est apparue sur Terre que
très tardivement, des centaines de millions
d’années après l’apparition d’animaux com-
plexes. Cela tend à suggérer que le dévelop-
pement de l’intelligence est tout sauf un
phénomène irréversible ou probable. L’appa-
rition d’animaux complexes est elle aussi un
phénomène tardif dans l’évolution de la vie,
évolution qui s’est déroulée le plus souvent
exclusivement au niveau des unicellulaires.
Il est par ailleurs incontestable que l’intelli-
gence procure aux organismes qui en sont
dotés un avantage appréciable. Il y aura dès
lors certainement une pression évolutive
allant vers des cerveaux plus performants et
une intelligence accrue. Mais il semble que
les avantages d’une intelligence supérieure
dans l’évolution ne suppléent pas toujours
� Prototype d’unradiotélescope pour larecherche SETI. (SETIInstitute)
� Résultats de l’analyse desobservations du projet Serendip.(SETI@home)
les inconvénients et il est probablement plus
utile pour un organisme d’ “investir” dans
une force physique supérieure, la rapidité,
des sens plus aiguisés, une reproduction
abondante, assurant une nombreuse descen-
dance, le camouflage, un métabolisme plus
efficace, un excellent système immunitaire
ou d’autres talents.
Il semble dès lors parfaitement possible
que l’apparition de l’intelligence soit net-
tement moins probable que la naissance de
la vie. L’univers compte peut-être une mul-
titude de planètes abritant des formes de
vie simples, unicellulaires, mais seulement
quelques rares planètes abritant des formes
de vie plus complexes.
Mais ce constat n’empêche nullement une
série de scientifiques de chercher d’éventuels
signes d’intelligence extraterrestre, entreprise
connue sous l’acronyme SETI (Search for
ExtraTerrestrial Intelligence). Selon la plupart
des scientifiques, la méthode la plus perfor-
mante pour tenter de détecter des civilisa-
tions extraterrestres est celle s’appuyant sur
les ondes radio. Celles-ci se propagent rela-
tivement facilement dans l’espace interstel-
Space Connection # 39 Juillet 2002 2 3
laire. Elles sont simples à produire et à cap-
ter et se déplacent à la vitesse de la lumière
(300000 kilomètres par seconde). Elles per-
mettent de franchir facilement des distances
interstellaires. Cette méthode peut même
être utilisée sans problème en exploitant la
technologie dont nous disposons actuelle-
ment sur Terre. Un grand radiotélescope
moderne installé sur Terre et un autre ins-
tallé sur une planète proche d’Alpha Cen-
tauri (notre étoile voisine dans la galaxie)
pourraient communiquer entre eux sans
grande difficulté (avec néanmoins plus de
quatre années entre l’émission et la récep-
tion, les ondes radio effectuant un long
voyage).
Pour le moment, la plupart des recherches
consiste à “écouter” d’éventuels signaux
radio d’origine extraterrestre à l’aide de
grands radiotélescopes. Un message est émis
de temps à autre, mais il s’agit davantage
d’un effort symbolique. Les astronomes à
l’écoute d’éventuelles émissions radio extra-
terrestres n’attendent pas précisément un
message qui nous serait délibérément
adressé par des extraterrestres. Ils espèrent
plutôt détecter des “fuites” de communica-
tions entre extraterrestres. Notre Terre en est
un parfait exemple : nous envoyons dans
l’espace une quantité inimaginable d’ondes
radio, comme les signaux TV par exemple.
Toutes les ondes radio émises par la Terre
doivent pouvoir être facilement détectées
par des antennes sensibles situées sur l’une
de nos étoiles voisines.
Le problème majeur est celui du choix de la
fréquence d’écoute (en dehors d’autres
inconnues comme la largeur de bande et la
technique de modulation). Nous n’avons pas
la moindre idée de la fréquence sur laquelle
les civilisations extraterrestres pourraient
émettre. Certains chercheurs ont suggéré
d’écouter des fréquences “symboliques”
comme 1420MHz, fréquence naturelle utilisée
par l’hydrogène atomique (la fameuse ligne
21 cm), type d’atome le plus courant dans
l’univers. Dans le même environnement du
spectre, il y a également la ligne des ions
d’hydroxyde (OH-). H et OH pouvant être
considérés comme des éléments de l’eau
(H2O). Il arrive que cette zone du spectre
radio où le support interstellaire est encore
parfaitement “transparent” pour les ondes
radio, soit appelée le “trou d’eau”.
Mais dans une récente étude SETI, la ten-
dance s’oriente vers l’écoute d’un nombre
maximum de fréquences à l’aide de récepteurs
radio très sophistiqués. En dehors des ondes
radio, les recherches récentes s’orientent
vers la détection d’éventuels signaux
optiques émis par de possibles créatures
extraterrestres. Quelques projets cherchent
des signaux laser artificiels émis par
d’autres étoiles.
La recherche de vie extraterrestre intelligente
a commencé le 8 avril 1960 avec le projet
Ozma (du nom de la princesse d’Oz, dans les
récits de L. Frank Baum) sous la conduite du
radioastronome Frank Drake, âgé de 29 ans.
Dans le projet Ozma, un radiotélescope, en
l’occurrence, l’antenne parabolique de 26 m
du National Radio Astronomy Observatory de
Green Bank, Virginie, est orienté vers deux
étoiles proches, Tau Ceti et Epsilon Eridani,
deux étoiles ressemblant plus ou moins au
Soleil. Il tentait de détecter d’éventuels
signaux radio émis par des planètes situées
à proximité de ces étoiles, mais aucun
signal d’origine intelligente ne fut capté. Le
seul signal puissant intercepté le premier
jour fut celui d’un avion volant par hasard
dans les environs.
Bizarrement, les regards continuent à se
focaliser sur la seconde étoile vers laquelle
Drake avait pointé le radiotélescope, Epsilon
Eridani. A deux autres étoiles près, c’est
l’étoile la plus proche visible à l’œil nu, à
10,5 années-lumière à peine. Elle est
légèrement plus petite, plus froide et moins
� Préfiguration du Alan Telescope Array.(SETI Institute)
� Dessin du futur Square Kilometer Array.(CSIRO)
2 4 Space Connection # 39 Juillet 2002
lumineuse que notre soleil et est encore
relativement jeune, puisqu’elle n’a que
moins d’un milliard d’années. Au vingtième
siècle, dans les années soixante, l’astronome
Peter van de Kamp prétendait avoir observé
une lente oscillation de l’étoile due à la pré-
sence de planètes. Ses observations ont été
infirmées, mais plus tard, un anneau de
matière entourant l’étoile a néanmoins été
découvert. En 2000, les astronomes William
Cochran et Artie Hatzes de l’observatoire
McDonald au Texas ont affirmé avoir identi-
fié des indices de la présence d’une planète
près d’Epsilon Eridani. Il s’agirait dans ce
cas, provisoirement, de l’exoplanète connue
la plus proche.
Les actuels projets SETI sont nettement plus
ambitieux et plus systématiques que le pro-
jet OZMA. Voici un bref aperçu des principaux
projets actuellement menés.
Le projet Phoenix utilise l’antenne radio
parabolique de 305 mètres située à Arecibo
pour “écouter” les mille étoiles les plus pro-
metteuses, distantes de moins de deux
cents années-lumière de la Terre. Phoenix
dispose du radiotélescope quarante demi-
jours par an. Chaque étoile est observée
simultanément sur des millions de fréquences,
situées entre 1200 et 3000 MHz. L’inconvé-
nient de Phoenix est le petit nombre
d’étoiles étudiées, son atout majeur, sa
grande sensibilité.
Le projet Serendip IV utilise lui aussi le
radiotélescope d’Arecibo, mais d’une
manière différente. Le récepteur Serendip
“écoute”, tandis que d’autres astronomes
s’activent dans les projets de recherche les
plus divers. Les astronomes de l’équipe
Serendip ne déterminent pas le point vers
lequel le télescope sera orienté, mais au fil
du temps, ils ont néanmoins la possibilité
d’observer une large part du ciel. Le récep-
teur Serendip écoute 168 millions de fré-
quences proches de la fréquence hydrogène.
Le projet Seti le plus célèbre est Seti@home,
nouvelle méthode d’analyser les données
Serendip. Serendip fournit une telle quan-
tité de données brutes qu’il est impossible
de les analyser correctement avec les seuls
ordinateurs de l’équipe Serendip. C’est pour
cette raison qu’ont été recrutés des millions
de volontaires, mettant leur ordinateur à
disposition par l’intermédiaire de l’Internet.
Les participants au projet Seti@home reçoi-
vent chacun une partie de logiciel, un
“screensaver”, à installer sur leur ordina-
teur. A chaque fois que l’ordinateur n’est
pas débordé, le logiciel Seti@home
démarre. Les ordinateurs des volontaires
sondent chacun des petits paquets de don-
nées à la recherche des signaux ayant une
largeur de bande très réduite, élément étant
considéré comme le signe d’une possible
origine artificielle. Des instruments sem-
blables au récepteur Serendip d’Arecibo
fonctionnent sur le radiotélescope Parkes en
Australie et sur le radiotélescope Medicina
en Italie.
Le projet Beta s’appuie sur un radiotélescope
de 26 mètres, installé à Harvard, Massachu-
setts. Sa sensibilité est inférieure à celle
des projets d’Arecibo, mais Beta scanne
systématiquement le ciel sur des fréquences
� Enregistrement d’un signal“extraterrestre” par l’installation Phoenix.Il s’agissait en réalité d’un signal terrestreréfléchi par la Lune. (SETI Institute)
� Les astronomes à la recherche devie intelligente extraterrestre utilisentdes radiotélescopes. (PPARC)
Space Connection # 39 Juillet 2002 2 5
entre 1400 et 1720 MHz. En 1999, une tem-
pête endommagea sérieusement l’antenne,
mais elle devrait être remise en service dans
le courant de 2002.
Le Allen Telescope Array (ATA) est un
futur radiotélescope, entièrement consacré
à Seti, qui regroupera de nombreuses
antennes paraboliques peu coûteuses qui,
réunies, disposeront d’une surface utile d’un
hectare. ATA devrait démarrer en 2005.
A plus long terme, le programme mentionne
le Square Kilometer Array (SKA), un radio-
télescope d’une superficie d’un kilomètre
carré. Le SKA est destiné à diverses études
astronomiques, mais à l’instar de l’actuel
télescope d’Arecibo, il pourra également
servir pour des analyses Seti.
Mis à part ces ambitieux programmes
d’étude des fréquences radio, il existe aussi
une série de projets dans la longueur d’onde
de la lumière visible. Le Harvard Targeted
Optical SETI Project en est un exemple ; il
cherche à détecter des “impulsions nanose-
conde” extrêmement rapides dans la lumière
d’onze mille étoiles ressemblant au soleil.
Le projet se sert d’un télescope d’1,55 mètre
appartenant à l’université de Harvard. Il
travaille selon la méthode de Serendip IV :
il “observe”, pendant que des astronomes
travaillent sur des projets n’ayant aucun lien
avec Seti. Des projets optiques Seti sont
également en cours dans les universités de
Princeton et de Berkeley, à l’observatoire
Lick et à celui de Mount Wilson.
Le dénominateur commun de tous ces projets
est l’absence totale jusqu’à présent de
manifestation d’une quelconque intelligence
extraterrestre. Il est certain que seule une
infime partie de l’ ”espace de recherche”
(déterminé par les longueurs d’onde pos-
sibles, les largeurs de bande, l’intensité et
les orientations dans le ciel) a pu être
explorée jusqu’ici, mais une conclusion
provisoire négative s’impose toutefois : s’il
existe une vie extraterrestre intelligente,
elle n’est nullement omniprésente dans la
galaxie.
En soi, le phénomène est bizarre. Grâce à la
formule de Drake, en sélectionnant les
différents facteurs, il est facile d’évaluer le
nombre de civilisations de la galaxie à
quelques dizaines de milliers. S’il y en a
parmi elles qui sont expansives, ce qui
n’aurait rien de surprenant, étant donné le
comportement de la vie sur Terre, il est pro-
bable que quelques unes de ces civilisations
auraient depuis longtemps colonisé la
galaxie. La galaxie n’a que près de 100.000
années-lumière et une civilisation expan-
sionniste n’aurait eu aucune difficulté à se
répandre dans toute la galaxie à une vitesse
nettement inférieure à celle de la lumière,
£la galaxie dépassant déjà dix milliards
d’années et des planètes semblables à la
Terre s’étant probablement déjà formées
depuis plusieurs milliards d’années. D’un
point de vue logistique et organisationnel,
la colonisation de la galaxie n’est nullement
insurmontable. Il n’est pas nécessaire de
mener une gigantesque campagne centrali-
sée et organisée. Il suffit, à partir d’une
planète d’origine, de coloniser quelques
mondes £voisins et après les avoir dévelop-
pés et rendus prospères, de nouveaux colo-
nisateurs pourraient partir à la conquête de
nouveaux mondes. Une vague de colonisa-
teurs pourrait ainsi tranquillement parcourir
la galaxie, à l’exemple de la conquête de
nouveaux territoires par les espèces ani-
males et végétales.
Même s’il n’existe qu’un exemplaire unique
d’une telle civilisation expansionniste, la
galaxie devrait grouiller de créatures extra-
terrestres intelligentes, ou du moins des
vestiges de leur civilisation ou de leurs
balises radio. Mais aucun de ces signes n’a
été aperçu jusqu’à présent. C’est le fameux
“paradoxe de Fermi”, du nom du physicien
italien Enrico Fermi. Où sont-ils?
Nous ne pouvons que spéculer pour résoudre
ce “paradoxe”. Une fois de plus, nous quittons
le domaine de la science fondamentale et
nous nous hasardons sur le terrain glissant
de la science-fiction. L’explication la plus
simple est qu’il n’existe aucune créature
extraterrestre intelligente ou alors, elles
sont tellement rares qu’elles ne sont pas
présentes dans toutes les galaxies. Il est
possible également que les voyages inter-
stellaires ne soient (encore) plus compliqués
que nous ne l’imaginons, et que toutes les
civilisations aient échoué jusqu’ici. Les civi-
lisations avancées sont peut-être très
instables et dès lors éphémères (nous ne
maîtrisons la technique radio que depuis
quelques décennies). Les créatures extrater-
restres intelligentes sont peut-être bel et
bien présentes dans la galaxie, mais nous ne
les voyons pas, parce qu’elles sont radicale-
ment différentes ou parce que leurs techno-
logies sont incroyablement plus avancées
que les nôtres. Il est parfaitement imagi-
nable, mais alors nous nageons en pleine
science-fiction, qu’elles dissimulent sciem-
ment leur existence.
Actualités
2 6 Space Connection # 39 Juillet 2002
Réabonnez-vousau Space Connection et neratez pas votre rendez-vousavec Frank De Winne
Comme pour le vol du premierastronaute belge DirkFrimout, un numéro spécial duSpace Connection paraîtradébut octobre à l’occasion duvol de Frank De Winne. Toutela mission y sera dévoiléeavec une attention partic-ulière à la contribution belge.Ne ratez donc pas cette édi-tion, mais… attention ! Afind’assurer une bonne gestion,nous mettons à jour notrebanque de données deslecteurs. Si vous voulez con-
tinuer à recevoir gratuitement le Space Connection, vous êtes invités àenvoyer sous enveloppe le talon-réponse ci-dessous aux SSTC, Mme RiaD’Haemers, rue de la Science 8 à 1000 Bruxelles. Vous pouvez également lefaxer au n°02/230.59.12 ou envoyer un e-mail à dhae@belspo.be
Les SSTC vous invitent à découvrir EOEdu, site éducatif trilinguepermettant à tout un chacun de se familiariser avec la télédé-tection. Ce site contient:• l’essentiel de l’information théorique du CD-Rom “Belgian Earth
Observation”: petit guide de la télédétection, glossaire, carac-téristiques des satellites et capteurs, applications.
• une page de liens classés par thèmes: galeries d’images, applica-tions, global change, espace....
• une page “Coin des profs” contenant une foule de renseignementsintéressants: actualités, ressources éducatives, rubrique Eduproba...
Le site EOEdu est la partie éducative du Telsat Guide, site inter-net d’information sur les satellites et capteurs, leurs produits etapplications:• les satellites d’observation de la terre, leurs caractéristiques
techniques, les domaines d’applications... • les organisations actives dans le domaine de l’observation de
la terre (distributeurs de données, équipes de recherche...) • les projets réalisés dans le cadre des activités des SSTC et les
images satellitaires archivées aux SSTC.
Pour plus de renseignements: Martine Stélandre, Earth Observation HelpDesk, SSTC, Rue de la Science 8, 1000 Bruxelles, tél: 02 238 35 59 fax: 02 230 59 12
TALON DE RÉABONNEMENT GRATUIT AU SPACE CONNECTION (à remplir clairement en majuscules)
Nom, Prénom: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Institution: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Adresse: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Pays: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Ce réabonnement s’éffectue dans le respect de la loi du 8 décembre 1992 telle que modifiée par la loi du 11 décembre 1998. Vous avez le droit de consulter vos données, de les modifier ou de les faire supprimer.
La télédétectionéducative
✁
Le 6 juin dernier, le nom de la mission
que Frank De Winne va accomplir ainsi
que son logo ont été dévoilés en présence
de Charles Picqué, Ministre de la
recherche scientifique, Yvan Ylieff, Com-
missaire du gouvernement chargé de la
politique scientifique et Ernst Messersch-
mid, Chef du Centre des astronautes euro-
péens à la Direction Vols habités et Micro-
gravité de l’ESA.
Actualités
Space Connection # 39 Juillet 2002 2 7
Logée à l’intérieur du mini-module logistiquepressurisé Leonardo, la boîte à gants pour larecherche en microgravité (MSG), développéepar l’ESA, s’est envolée le 6 juin à bord d’unenavette américaine (vol STS 111 UF2) à destina-tion de la Station spatiale internationale.
Commentant l’évènement, M. Feustel-Büechl,Directeur des Vols habités et de la microgravitéà l’ESA, a déclaré: “La MSG est la première instal-lation de recherche européenne à être envoyéevers l’ISS. C’est aussi un bel exemple de coopéra-tion et de coordination entre l’ESA, la NASA etl’industrie européenne”.
La boîte à gants permettra aux astronautes deprocéder à des expériences très variées dans ledomaine des matériaux, de la combustion, desfluides et des biotechnologies et de conduire desétudes en conditions de microgravité. Ellepourra également servir à effectuer des travauxde réparation et d’entretien de matériel nécessi-tant une atmosphère contrôlée. Les modes d’u-tilisation de la MSG sont nombreux et novateurs,allant de la commande manuelle par les astro-nautes au moyen d’ordinateurs portables jusqu’àla commande entièrement automatisée et à dis-
tance depuis la Terre (téléscience). La MSG estégalement équipée d’une liaison assurant enpermanence les échanges de données avec lesstations au sol.
La boîte à gants sera installée à l’intérieur dulaboratoire américain Destiny en vue d’un usageopérationnel prévu pour dix ans.
L’ESA prévoit d’utiliser l’installation au profit dela communauté scientifique européenne. C’est àl’occasion de la mission de l’astronaute belge del’ESA, Franck De Winne, qui doit rallier l’ISS àbord d’un vol taxi Soyouz en octobre 2002, quela boîte à gants servira pour la première fois àdes expériences européennes. L’astronaute seraen effet chargé de conduire quatre expériencesportant sur la cristallisation des protéines, lacristallisation des zéolites, la combustion et lascience des fluides.
La MSG a été réalisée sous maîtrise d’œuvred’Astrium GmbH (D) avec Bradford Engineering(NL), Verhaert Design and Development (B),ATOS-ORIGIN (NL) et Laben (I) comme sous-traitants.
(Communiqué de l’ESA du 6 juin 2002)
Lancement de la boîte à gantspour la recherche en microgravité de l’ESA
La technologie belge au service du cinéma digital
La politiquescientifique
fédérale s’affiche
Les Services fédéraux des affaires scien-tifiques, techniques et culturelles, vien-nent de publier une affiche de sensibilisa-tion que vous pouvez découvrir endernière page de ce numéro. Le dos del’affiche reprend quelques informationsutiles concernant nos activités et cellesdes Etablissements scientifiques fédéraux.Vous pouvez obtenir gratuitement cetteaffiche en adressant une simple demandeà affiche@belspo.be
Cast4All – une compagnie belge spécialisée dans les solutions business to business pour la ges-tion et la la transmission de contenus à haute valeur ajoutée – a réalisé en avril avec succès unedémonstration de distribution automatisée de films digitaux par satellite. Nicolas, un film digitalréalisé par Pete Shaner, et deux spots publicitaires ont été transmis d'un serveur EVS CineStorevers trois récepteurs EVS (à Courtrai, Bruxelles et Liège). Cette transmission d'un long métrage de60 gigabites, utilisait le Multicast Communication Management, une plate-forme générique et lesystème Forward Error Correcting (FEC) mis au point par Cast4All avec le soutien de l'ESA dans lecadre du programme ARTES 4. Pendant la présentation, dans les locaux de Barco, Barco DigitalCinema et EVS Digital Cinema ont fait connaître leurs produits et commenté leurs prévisionsquant à l'avenir du cinéma digital.
www.barco.com/projection_systems/digital_cinema/ www.cast4all.com/ www.evs-broadcast.com/
(Communiqué ESA, 7 mai 2002)
Microgravity Science Glovebox (MSG)
Lascience?à tous lescoins de rue...La politique La politique scientifique fscientifique fédéraleraleau service du pays, de ses communautés et de ses régions
au profit des citoyens, des chercheurs et des décideurs politiques
Rue de la Science, 8 - B1000 BRUXELLESTél. 32 2 238 34 11 - Fax. 32 2 230 59 12 - www.belspo.be
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