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Université Paris I Panthéon Sorbonne - UFR 04
Arts Plastiques et Sciences de l'Art
Maîtrise de Conception et de Mise en Oeuvre
De Projets Culturels
Présentée par Valérie GROS-DUBOIS née RETIF
Un premier pas à Paris pour une fête de la danse
à vocation nationale :
La manifestation "Entrez dans la danse...",
XIIe arrondissement
Sous la direction de Françoise JULIEN-CASANOVA
Maître de Conférences
En Sorbonne
Juin 2003
2
Mes chaleureux remerciements
à tous ceux et celles qui m'ont soutenu
dans l'accomplissement de ce travail d'étude et de recherche.
Plus particulièrement :
à Françoise Julien-Casanova
pour son implication généreuse, pour son suivi stimulant,
ainsi que ses encouragements constants,
à l'équipe de Mouvance d'Arts,
aux responsables des Institutions publiques et privées,
aux artistes, chorégraphes et danseurs,
qui partagent mon enthousiasme et m'apportent leur concours.
3
Table des matières
Introduction 7
I- Approche définitionnelle et organisationnelle 15
I-1 Domaines de recherche 16
I-1-A Le contexte politique général 18
I-1-B Le contexte général de fréquentation 19
I-1-C Le contexte social général et de la pratique de la danse 20
I-1-D L'espace public de la ville 22
I-1-E Le champ expérimental du projet : un quartier du XIIe
arrondissement 24
I-1-F La danse : une histoire, une mémoire, un médium 28
I-1-G Fête / Festival 36
I-1-H La rue : une scène et des décors naturels et urbains en 3D 38
I-1-I Du dedans au dehors 39
I-1-J La Journée Internationale de la Danse 40
I-1-K Le projet "ENTREZ DANS LA DANSE..." 42
I-1-L L'Association Mouvance d'Arts 42
I-2 Cahier des charges 44
I-2-A Modélisation de la stratégie 45
I-2-B La programmation 46
I-2-C La médiatisation 46
I-2-C-a Le site internet 46
I-2-C-b Une communication de proximité 47
I-2-C-c La presse et les outils de communication 47
I-2-D Budget prévisionnel 49
I-2-E Planning de réalisation du projet 49
II- Construction de l'outil de recherche 51
II-1 Double posture ou le terrain comme angle d'approche 52
II-2 Présentation des méthodes du TER 52
II-2-A L'observation/Recherche-action : "Entrez dans la danse" 53
II-2-B Questionnaires/entretiens 55
III- Ce qu'en disent les principaux intéressés 59
III-1 Le public donne son avis 59
III-1-A Une vraie demande 60
III-1-A-a La danse à la rencontre des publics : se donne à
voir, se donne à danser, à rassembler 60
III-1-A-b Une autre conception de la pratique culturelle
et de l'art chorégraphique scénique 61
4
III-1-A-c Des spectateurs/danseurs ouverts à l'expérience 62
III-1-B Ce que pense le public des artistes-contacts 63
III-1-B-a Plus de risques pour les artistes : plus de
proximité avec les publics 64
III-1-B-b Rapports modifiés 65
III-1-C Un cadre favorable 67
III-1-C-a Un contexte non-commercial : la gratuité 67
III-1-C-b Brassage des publics, brassage des danses :
la perméabilité 68
III-1-C-c La découverte facilitée 68
III-1-C-d Le lien convoqué 70
III-1-D Les réticences 71
III-2 L'avis des artistes et chorégraphes 72
III-2-A Les professionnels 73
III-2-A-a Les raisons de leur rémunération :
Un engagement idéologique 73
III-2-A-b Une démarche pédagogique 75
III-2-A-c Un retour aux sources 77
III-2-A-d Des résistances pour certains 79
III-2-A-e Une volonté festive 80
III-2-B Les amateurs et les bénévoles 81
III-2-B-a Les raisons de leur bénévolat 82
III-2-B-b Un souci de partage et de reconnaissance 83
III-3 L'avis des partenaires 84
III-3-A Les partenaires publics 84
III-3-A-a Un réel intérêt 84
III-3-A-b Les limites 86
III-3-B Les partenaires privés 87
III-3-B-a Un enthousiasme suivi de faits 87
III-3-B-b Autres partenaires pressentis 89
III-3-C Les intérêts ou motivations avoués et
inavoués 90
IV-Analyse d'une situation spécifique et les limites d'un dispositif 92
IV-1 Réserves et solutions 93
IV-1-A Les éléments masqués 93
IV-1-B Des artistes en "concurrence" : bénévoles/rémunérés 96
5
IV-1-C Une manifestation coûteuse 96
IV-1-D Résolution du problème 97
IV-2 Médiation pour un nouvel accès à la culture chorégraphique :
"Entrez dans la danse..." 98
IV-2-A Le dispositif de médiation : "Entrez dans la danse...",
version 2004 98
IV-2-B Evolution du projet 98
Conclusion 102
Bibliographie 108
ANNEXES 116
Budget prévisionnel I
L'équipe du projet II
Compagnies et personnalités pressenties pour la première édition III
Photos des cinq lieux pressentis IV
Pré-programmation par lieux V
Lettre d'engagement de Bercy- Village VI
Questionnaire VII
Résultats des questionnaires VIII
Tableau des Festivals de danse en France 2002-2003 IX
Note d'intention de Pierre Doussaint pour La Brigade Sécuritaire X
et son parcours
6
INTRODUCTION
Copyright Valérie Gros-Dubois, Paris, 2003.
" Entrez dans la danse, voyez comme on danse,
Sautez ! Dansez ! Embrassez qui vous voudrez ! "
7
INTRODUCTION
Au printemps 2004, dans le quartier de Bercy Saint-Emilion dans le XIIème
arrondissement de Paris, se déroulera la première édition d'une journée culturelle
gratuite multi-danses en plein air "Entrez dans la danse...".
Organisée par l'équipe de Mouvance d'Arts, grâce au soutien varié de
partenaires publics et privés, cette manifestation s'adresse aux publics qui désirent
accéder à la culture des danses. Il s'agit d'un dispositif de médiation entre les danseurs
professionnels et les danseurs amateurs, entre les danseurs tous statuts sociaux
confondus et les publics, entre la profession chorégraphique, les divers partenaires, et
Mouvance d'Arts.
L'ambition de cet événement est de redonner à la danse sa fonction de lien
social :
- en déplaçant les danseurs professionnels et amateurs de leurs lieux habituels de
représentation ou de pratique vers les lieux habituels de fréquentation des publics :
l'espace public ;
- en permettant aux publics d'observer, d'expérimenter la danse sous de multiples
formes pendant une journée, afin qu'ils se la réapproprient ;
- en ravivant le patrimoine ethnologique national et international que constitue la
danse : patrimoine immatériel au sein d'un patrimoine matériel ;
- en créant, non pas un festival supplémentaire, mais une fête à vocation nationale qui
inscrira la danse dans les moeurs et la vie intime française, comme cela a été le cas
pour la Fête de la Musique.
La danse est un rituel, une pratique, un art, ou un divertissement. Pour certains,
elle est les quatre à la fois. En effet, les motivations de ceux qui dansent sont diverses :
elles peuvent être politiques, économiques, sociales, religieuses ; on danse aussi pour
l'esthétique et pour le plaisir.
8
Le mode gestuel de la danse, ou sa non-verbalité, permet de communiquer, de
ressentir avec le corps ce que le pouvoir des mots n'arrive pas à transmettre. Il peut
également permettre d'exprimer ce qu'on a décidé de transmettre par le corps
volontairement. C'est vrai pour ceux qui dansent et pour ceux qui regardent la danse.
Il peut y avoir, chez le danseur et chez le spectateur, identification, sympathie et
ouverture à l'autre. Comme l'affirme France Scott-Billmann, en s'appuyant sur un type
de danse particulier, "le dispositif des danses populaires, quelles qu'elles soient, permet
au danseur, à travers la musique et le geste partagé en groupe, de faire l'expérience de
l'altérité, en mettant en relation l'Autre au-dehors de soi avec ce qui est en soi"1
. Dans
ce monde où l'individualisme est roi, et où la communication déjà entre deux êtres peut
être périlleuse, une fête de la danse, à l'échelle d'un quartier pour la première année, si
elle ne prétend pas apporter toutes les solutions, peut s'avérer être une parenthèse qui
réintroduit une harmonieuse réflexion intellectuelle et corporelle sur notre perception
de l'Autre, le voisin, l'étranger, sur notre manière d'appréhender notre environnement.
Tester la faisabilité de ce projet est l'objet de ce travail de recherche. Afin de le
concrétiser nous avons besoin à la fois d'un terrain d'observation, d'analyse et d'un
tremplin pour le projet national et international ; une apparente utopie qui, une fois
mise en oeuvre, pourrait convaincre les différents intéressés d'aller plus loin dans leurs
investissements, leurs investigations.
Pourquoi ne danse-t-on presque plus dans l'espace urbain ?
Quelle pertinence pour une fête de la danse de quartier dans la cartographie des
manifestations et festivals déjà existants ?
Quels sont les apports d'une fête de la danse d'un point de vue relationnel ?
Quel est le bien fondé d'une fête de la danse pour les publics novices ou avertis,
pour les professionnels, pour les amateurs, pour la Mairie du XIIe arrondissement,
pour la Mairie de Paris, pour le Ministère de la Culture et leur politique culturelle
1 France Schott-Billmann. Le besoin de danser, Editions Odile Jacob, Paris, janvier 2001.
9
respective ?
Qu'apporte une fête de la danse hors les murs à l'appropriation de l'espace
urbain ?
Quels sont les facteurs de réussite ou d'échecs pour une fête de la danse à
l'échelle d'un quartier ? Quels sont les outils de mesure nécessaires à cette évaluation
pour que le même projet soit ensuite transposable à l'échelle nationale, puis
internationale ?
Telles ont été les interrogations initiales qui ont motivé ce travail de recherche,
ainsi que la conception et la mise en oeuvre de notre projet. Y répondre est complexe
et ne relève en rien de l'évidence. Nous allons tenter d'y parvenir à la lumière de notre
problématique qui peut se formuler ainsi : une fête annuelle de la danse, gratuite et
hors les murs, associant pratiques professionnelles et amateurs, modifie-t-elle le
rapport du public à la danse, aux danseurs (au sens de danser et/ou de regarder la
danse), et à son environnement ?
Cette même fête change-t-elle le rapport des chorégraphes et des danseurs
professionnels et amateurs à la scène et aux publics ?
Tels sont les deux versants d'une même problématique.
A partir de ces derniers, nous chercherons à définir les interactions entre les
divers interlocuteurs impliqués et interrogés. Nous pourrons ainsi identifier ce qui
favorisera ou entravera la mise en oeuvre du projet.
Cette recherche engage une approche expérimentale qui s'est appuyée sur un
dépouillement documentaire non exhaustif pour situer le projet dans ce qui a existé
antérieurement en matière de danse, en extérieur notamment, mais aussi, pour le
replacer dans son contexte social, économique et politique actuel.
Nous avons également eu recours aux méthodes éthno-sociologiques de la
recherche-action, du questionnaire et de l'entretien qui nous ont fourni des éléments de
10
réponses en adéquation avec nos hypothèses.
Concernant les publics, nous formulons l'hypothèse suivante : proposer à la
population d'un quartier une fête de la danse, où elle peut voir, expérimenter, et faire
des rencontres, lui permet d'adhérer à celle-ci. Ces publics peuvent alors embrasser
cette fête au point de susciter de nouveaux désirs, de nouveaux besoins, et peut-être
même de nouvelles habitudes. Il s'agit de prouver qu'on peut renouveler l'intérêt des
habitants d'un quartier pour la danse, pour les spectacles de danse, ceci en les faisant
entrer en contact.
Pour toutes les formes de danses, nous postulons que la rue peut être une scène
avec des aménagements plus ou moins conséquents.
Une autre de nos hypothèses est que l'interactivité des danseurs et des publics en
présence directe favorise une incitation aux pratiques interpersonnelles et à la
rencontre collective.
En effet, une des propositions majeures de notre réflexion, est qu'une fête de la
danse peut redonner à la danse sa place originelle dans le fait social, par le biais de la
déambulation2
, des démonstrations interactives, et des bals. D'après France Schott-
Billmann3
, "la danse est un acte fondamental, un rite social qui offre à l'homme, à
travers une expérience psycho-corporelle, une démonstration et une commémoration
du lien social, qui ritualise par la musique et le mouvement les conditions nécessaires à
l'humanisation : le rapport de l'individu à la culture, la façon dont elle l'appelle, se
transmet en lui et l'inscrit dans le groupe humain"4
.
1 Déambulation : technique, stratégie propres au théâtre de la rue reprises par des compagnies ; il s'agit du
rituel pour se réapproprier les rues parfois avec folie et délire. Se jouer des circulations à l'endroit, à l'envers, réveillant
les quartiers ou allant chercher ceux qui hésitent ; donner envie aux passants de suivre et s'embarquer dans l'aventure
du spectacle.
3 Psychanalyste et danse-thérapeute. France Schott-Billmann enseigne l'art-thérapie à l'université de Paris V
4 Schott-Billmann (F). Le besoin de danser, Editions Odile Jacob, Paris, 2001.
11
La sociologie l'a démontré : la ritualisation est un moyen de souder les membres
d'une société entre eux. C'est ce qu'une fête de la danse nous propose.
Nous émettons l'idée que la mise en correspondance des publics et des danseurs,
et leur réciproque conquête rendront effective la perméabilité entre les différents types
de danse.
Pour les chorégraphes, "Entrez dans la danse..." implique de désirer une prise
de risques, de la gérer, de vouloir changer de cadre, de tenter d'autres expériences, un
renouvellement des genres, de s'exposer à ce qui sort de leur contrôle. Si certains sont
ouverts à l'aventure de lieux insolites, comme Meg Stuart5
ou encore Valentine
Verhaeghe6
, pour ne citer qu'elles, d'autres auront besoin de motivations nouvelles
impliquant une réflexion de fond afin d'être convaincus.
En concevant une manifestation gratuite, nous avons pensé pouvoir compter sur
la participation bénévole des professionnels. Nous avons donc formulé l'hypothèse que
les artistes professionnels pourraient accepter de participer gracieusement à cette
manifestation. Ils participeraient à cette expérience afin de rendre la culture
chorégraphique visible par tous, et d'être des précurseurs au sein d'un événement
culturel qui vise une extension nationale.
Pour les danseurs amateurs ou ceux qui prennent le chemin de la
professionnalisation, nous avons émis celle que cette fête puisse être un tremplin pour
5 "Highway 101 [de Meg Stuart/Damaged Goods] est un projet itinérant , créé tout au long d'une année, dans
une succession d'endroits. Il s'inspire de l'architecture de chaque lieu.", in Mouvement n°10, Paris, novembre-
décembre 2000.
6 "Les performances chorégraphiques et rurales de Valentine Verhaeghe...". Dans un article du Monde du 13
avril 2001, cette strasbourgeoise est décrite comme "une spécialiste des interventions chorégraphiques en milieu rural -
elle gît dans la neige en toute petite tenue dans son spectacle Les Immedia, rit parmi les fleurs dans Hi Hi Ha Ha Ho
Ho -" On y parle aussi de sa pièce Silva Forestis donnée en forêt franc-comtoise, où en robe fleurie, elle s'avance "
divinité des bois, avec un seau pour se livrer à une joyeuse toilette matinale. Toute enduite de savon, elle se dirige vers
les promeneurs interloqués, devenus soudain spectateurs à leur insu, les prend par la main, danse arc-boutée contre un
arbre, ploie vers le sol tel un animal blessé. Corne et cymbales scandent ce simulacre d'hallali." Ou encore, son
expérience en Pologne où elle distribue "des fleurs et danse à tous les arrêts dans un bus campagnard."
12
être vus et obtenir un début de reconnaissance professionnelle, car "l'insertion" dans le
milieu de la danse est difficile.
Par ailleurs, le projet "Entrez dans la danse..." nous a amenée à étudier plus
spécifiquement certaines pratiques chorégraphiques professionnelles et amateurs qui
déjà ont emprunté le chemin de la rue. Cette pratique tournée vers l'espace public est
liée à diverses motivations : un choix artistique pour certains, une réaction face aux
règles des institutions étouffant la créativité, ou encore, pour d'autres, une rébellion
face à l'injustice. Nous posons donc l'hypothèse que le renouvellement de la
conception, de la construction chorégraphique et des conditions de représentation
qu'impose le cadre extérieur, peut participer au renouvellement de la création et de la
créativité, aux "temps de rafraîchissement" espérés par beaucoup, tant par les danseurs
professionnels et amateurs que par les publics.
Nous formulons aussi l'hypothèse qu'une fête de la danse peut participer
grandement au processus permettant aux espaces urbains de redevenir des espaces de
convivialité, des espaces de communication : ceci grâce au choix des lieux, à la
démarche des chorégraphes et des danseurs allant à la rencontre des publics, et à
l'adhésion de ces derniers.
Enfin, nous postulons que cette manifestation par son dispositif de médiation
rend effective la démocratisation de la culture chorégraphique et de la culture des
danses.
Les méthodes utilisées au cours de notre travail d'étude et de recherche ont
éclairé avec succès la démonstration que nous cherchions à développer.
Ainsi, nous verrons que les publics interrogés par sondage ont répondu par
l'affirmative aux hypothèses qui les concernaient. Les chorégraphes et les danseurs
amateurs et professionnels soumis aux entretiens ont validé la plupart de nos
13
affirmations. Les professionnels en ont infirmé une à l'unanimité : leur rémunération
s'est avérée incontournable. Les partenaires publics et privés ont confirmé, par leur
adhésion de principe et leur investissement dans le suivi, la pertinence d'un tel projet.
Les publics, nous le constaterons, viennent pour danser et regarder danser, pour
partager, pour fêter en fonction de l'importance qu'ils donnent à l'art ou au relationnel.
Les chorégraphes et les danseurs participent pour montrer, être reconnus,
partager, informer, sortir du cadre conventionnel et institutionnel, fêter, ressourcer leur
créativité, et leur mode de représentation.
Les partenaires publics, quant à eux, décident de nous soutenir pour maintenir la
cohésion sociale, pour favoriser l'investissement d'une population sur son quartier,
pour établir des ponts entre professionnels et amateurs. Ils désirent voir naître une
manifestation chorégraphique de prestige à Paris, accessible à tous, et mêlant pratiques
professionnelles et pratiques amateurs.
Les partenaires privés s'y associent principalement pour des raisons de
retombées économiques et de prestige, d'image de marque associée à la culture, pour
les ponts établis avec les institutions publiques, et pour l'esprit de fête.
Nous dégagerons un point du vue sur le pilotage du projet local "Entrez dans la
danse...", et tenterons de rendre compte des enjeux mis au jour grâce aux premières
démarches de la phase de mise en oeuvre.
Nous soulignerons les enjeux de la création artistique chorégraphique dans
l'espace public : notamment, nous noterons comment, dans les consciences et en amont
de la manifestation, l'idée de la danse hors les murs, embrassée par tous, changent
notre perception du monde chorégraphique, et modifie notre perception de
l'environnement pour construire un patrimoine commun. Nous remarquerons également
les enjeux de l'opération pour la dynamique citoyenne recherchée par la politique de la
Ville à travers l'émergence de telles manifestations dans l'espace public.
14
Enfin, avec la construction de notre projet artistique de quartier, les enjeux
politiques et culturels qu'il suscite seront dégagés, ainsi que l'apport probable pour la
population considérée, ceci afin d'envisager dans les prochaines éditions une extension
nationale.
15
I- APPROCHE DEFINITIONNELLE & ORGANISATIONNELLE
Copyright David Chanrion, Paris, 2003.
16
I - APPROCHE DEFINITIONNELLE & ORGANISATIONNELLE
I-1 Domaines de recherche
Notre projet a été inspiré, à l'origine, par le modèle de la Fête de la Musique.
Nous devons garder à l'esprit que celui-ci se démarque cependant de ce modèle par un
contexte radicalement différent. Il ne s'agit pas en effet d'une commande émanant du
Ministère de la Culture confiée à un organisme de coordination comme ce fût le cas
avec l'ADCEP7
pour la Fête de la Musique, mais d'une proposition spontanée faite aux
institutions par une association Mouvance d'Arts. De plus, il existe des différences
fondamentales entre la pratique de la danse et celle de la musique : on notera par
exemple que, selon les statistiques8
, la musique touche un public beaucoup plus large,
et qu'elle est bien plus facile d'accès. Sa pratique est plus spontanée et plus autonome,
et sa consommation est davantage présente dans le quotidien.
Concevoir et mettre en oeuvre une fête de la danse inédite à la conquête de
l'espace urbain et de nouveaux publics, comme nous nous proposons de le faire, a
nécessité un travail de recherche et un référencement des divers écrits et témoignages
(ouvrages, mémoires, thèses, articles, interviews...) en interaction avec notre domaine.
Nous avons également réalisé un dépouillement documentaire qui est venu enrichir
notre travail, le légitimer, lui donner une existence critique au sein de ce qui s'est déjà
fait ou se fera dans l'avenir.
Aujourd'hui, le foisonnement chorégraphique est évident, et, on participe de plus
en plus à des cours de danse de toutes natures. Parallèlement, les gens fréquentent
encore trop peu les spectacles chorégraphiques qu'ils jugent souvent hermétiques. Ils
7 Association pour le Développement de la Création - Etudes et Projets.
Cette association et Jean-François Millier ont été missionnés par le Ministère de la Culture et de la
Communication en 1981 pour coordonner la Fête de la Musique.
8 CARDONA Janine, LACROIX Chantal. Chiffres clés, édition 1997. Statistiques de la Culture. La
Documentation Française. Paris, 1997.
17
ne dansent presque plus dans les espaces publics, ce qui ne favorise pas la rencontre
entre les publics et la danse, ni la convivialité qui s'en dégageait.
Ce constat nous a donc amené à étudier les différents paramètres nécessaires qui
permettent la mise en oeuvre d'une fête de la danse qui soit un succès. En effet, l'intérêt
d'un tel projet est qu'il rétablisse la danse dans les pratiques culturelles courantes et les
espaces publics, en accueillant de nouveaux publics.
Dans les lignes suivantes, nous situerons le contexte d'élaboration du projet, et
nous offrirons un panel non exhaustif des recherches préexistantes sur lesquelles vient
s'appuyer ou rebondir le projet.
18
I-1-A Le contexte politique général
Dans les années 80, la situation de la danse en France était critique, mais dès
1981, Jack Lang dynamise ce secteur sinistré en relançant la création et la diffusion ...
Lorsque Catherine Trautmann en 1997 intègre le Ministère de la Culture et de
la Communication, en qualité de Ministre, les principaux objectifs sont de faire
connaître, de conserver et de restaurer le patrimoine culturel et de contribuer à
l'émergence des moyens d'expressions artistiques renouvelés. Dans les domaines qui la
concerne, la Direction de la Musique et de la Danse est un acteur essentiel de la
recherche, privilégiant notamment les travaux en lien direct avec une activité de
création artistique.
Depuis le 1er janvier 1998, dans le cadre de la déconcentration des moyens de
l'Etat au sein des Directions Régionales des Affaires Culturelles, de nouvelles
procédures ont été proposées et mises en place pour accompagner la création et la
diffusion des spectacles de danse.
L'élaboration de ces nouvelles règles a pour objectif de faciliter les relations
entre le service public et ses usagers en présentant des modes d'intervention mieux
définis, plus lisibles et mieux adaptés aux besoins du milieu chorégraphique.
La mise en oeuvre de ces nouvelles procédures a pour cadre la déconcentration
des crédits au niveau des Directions Régionales des Affaires Culturelles.
L'Etat est en mesure d'aider la création et la diffusion de la danse par trois voies
différentes :
* l'aide à la création, qui s'adresse aux compagnies de création,
* l'aide à la résidence, prioritairement pour les structures d'accueil du spectacle vivant
engagées sur un projet chorégraphique,
* l'aide à la diffusion, pour les structures engagées dans un processus de diffusion
spécifiquement consacrée à la danse.
19
Le budget de la culture en 2001 (+2,6% par rapport au budget 2000), premier
budget préparé par Catherine Tasca et Michel Dufour, place l'action du Ministère de la
Culture sous le triple signe de la diversité culturelle, de l'égalité d'accès, qui reste une
préoccupation essentielle de l'action publique, et de la décentralisation culturelle.
En matière de spectacle vivant, le soutien à la création et aux réseaux de
diffusion se poursuit dans la diversité des disciplines, des expressions et des lieux où la
danse se développe. Les priorités du Ministère vont aussi à la reconnaissance et au
soutien de l'émergence de nouvelles générations et de nouvelles esthétiques, aux
initiatives innovantes, à l'élargissement des publics et des pratiques, notamment par
l'amélioration de l'offre en matière de sensibilisation et d'enseignement artistique.
On note que se poursuit également une politique d'ouverture des scènes
nationales à la musique et à la danse avec notamment, le Théâtre national de Chaillot
qui a ouvert largement sa programmation à la danse.9
L'article paru sous le titre "Une nouvelle impulsion pour la danse" dans La
Lettre d'Information du Ministère de la Culture et de la Communication n° 93, en
février 2002, confirme ces orientations qui sont appuyées par un budget de 76,23
millions d'euros (500 MF).
I-1-B Le contexte général de fréquentation
Nous prenons en compte la situation économique globale et la fréquentation des
salles de spectacles en France, notamment pour ce qui concerne la danse, qui varient
selon les régions et le soutien financier, les scènes nationales étant nettement
avantagées. Globalement en 1991, concernant la fréquentation des spectacles de
9 Budget 2001, Rapport Culture et Communication du mercredi 20 septembre 2000 présenté par Catherine
Tasca, Ministre de la Culture et de la Communication, et Michel Dufour, Secrétaire d'Etat au patrimoine et à la
décentralisation culturelle.
20
danse dans la population française âgée de 15 ans et plus, on constate que 17% sont
allés voir un spectacle de danse, il y a plus de 4 ans, 8% il y a plus d'un an et moins de
4 ans. 9% sont allés voir au moins un spectacle de danse au cours des 12 derniers mois
et 66% ne sont jamais allés voir un spectacle de danse.10
L'analyse de la fréquentation de la danse dans les établissements d'action
culturelle (maisons de la culture, centres d'action culturelle, centres de développement
culturel) fait apparaître une légère progression globale de 13% depuis 1984. Ce chiffre
concerne surtout la fréquentation des spectacles de danse contemporaine et ne peut
être extrapolé à l'ensemble des spectacles de danse ; il est probable que la considérable
augmentation de l'offre chorégraphique française depuis 1981 et le regain d'intérêt
qu'elle entraîne, au moins de la part des médias et des programmateurs artistiques, ont
eu un effet bénéfique sur la fréquentation globale des spectacles de danse.
I-1-C Le contexte social général et de la pratique de la danse
Perte des valeurs, ouverture des frontières, apport galopant de la technologie,
recherche d'une identité, telles sont quelques-unes des raisons pour lesquelles resurgit
un intérêt pour le patrimoine, sa mise en valeur, sa protection...
La danse en fait partie.
On sait que 6,6% de la population adulte française aimerait avoir l'occasion de
voir un spectacle de danse, 10 % se déclarent au contraire "pas tentés du tout", et 80%
n'ont pas d'opinion à ce sujet ; la plupart de nos concitoyens se montrent donc plutôt
indifférents à la danse. L'évocation du mot "danse" n'éveille donc ni désir, ni sentiment
de culpabilité : on peut socialement se passer de ballet de danse sans aucun problème.
Une telle indifférence est d'autant plus remarquable que les spectateurs de danse
manifestent, eux, une grande curiosité et une vive demande de danse. Le manque de
10 GUY Jean Michel. Les Publics de la Danse / La Documentation Française, Département des Etudes et de la
Prospective. Paris, 1991.
21
curiosité et le manque d'envie ne sauraient toutefois justifier à eux seuls la non-
fréquentation de la danse : elle résulte de "l'inculture générale" des Français en matière
de danse, et masque probablement les "peurs" qu'inspire la danse.
La pratique de la danse s'avère être une activité plutôt jeune et féminine, dont
l'expansion sociale semble récente : la proportion de Français qui déclare faire ou avoir
fait de la danse est en effet notablement plus élevée dans les tranches d'âge
correspondant aux jeunes générations. On remarque que la danse est pratiquée plus
volontiers dans les classes moyennes (employés, professions de la santé et de
l'éducation). En outre, la pratique de la danse est plus répandue chez les enfants que
chez les adultes, puisque 12 % des français de 5 à 15 ans feraient actuellement de la
danse contre 2 % d'adultes. La danse est "réservée", sinon imposée aux enfants ; elle
est perçue par les parents comme une discipline proprement enfantine, réputée utile au
développement physique de l'enfant, à l'éveil de sa sensibilité, voire à l'acquisition de
codes sociaux et sexuels de comportement.11
Dans une société où tout contribue à un individualisme forcené, la danse qui, à
l'origine, tissait des liens, est devenue une activité individuelle recherchée parce qu'elle
développe l'ego et des qualités artistiques. C'est aussi un métier, et un art de
représentation. Elle est devenue un produit de consommation.
Dans beaucoup de cas et pour de multiples raisons, la danse, qui, au début du
siècle dernier, était proche du quotidien des populations, est devenue une activité de
loisir. Elle n'est plus ce moyen convivial de rassemblement nécessaire à l'échange et à
la cohésion de la collectivité.
11 CARDONA Janine, LACROIX Chantal., Chiffres clés, édition 1997. Statistiques de la Culture. La
Documentation Française, Paris, 1997.
22
I-1-D L'espace public de la ville
Un des axes majeurs de la politique de la ville à Paris est la gestion par les
habitants de leur environnement. Pour y parvenir, elle tend à donner valeur et fonction
à un espace public pour qu'il devienne le lieu où la cohésion sociale est rendue
possible.
"Les projets culturels de quartiers veulent démontrer (...) qu'ils constituent un
puissant levier, tant pour l'épanouissement personnel que pour la communication
sociale des habitants au sein de leur ville"12
. "Entrez dans la danse..." s'inscrit dans
cette perspective.
Selon les auteurs Riout, Gurdjian, et Leroux, "le phénomène de massification à
l'oeuvre dans la ville enferme les individus dans une solitude douloureuse autant que
dangereuse."13
En effet, une forte densité de population amenuiserait les "rapports
proxémiques"14
entre les individus, engendrerait l'isolement et une moindre qualité de
vie. Les recherches d'Edward T. Hall soutiennent l'idée que l'espace est organisé de
façon à favoriser la communication entre les sujets, ou au contraire, leur isolement.
D'où l'importance d'un projet qui va tisser du lien à plusieurs niveaux.
D'après le Ministère de l'Aménagement du Territoire et de l'Environnement, "la
ville est un espace, avec des formes, dont la croissance laisse des traces encore
visibles. C'est un lieu où l'histoire de tous rencontre les petites histoires de chacun et
où la mémoire n'a pas disparu, pour peu qu'on s'y intéresse. C'est un climat, une
ambiance, faits de petits riens du quotidien, des couleurs, des rythmes, des formes, des
bruits, des atmosphères, de la solitude et de la convivialité."15
Nous démontrerons
d'ailleurs, grâce aux résultats de notre enquête, que l'histoire de la danse peut
12 AESCHBACHER Marianne, Mémoire de CMPC, Le projet culturel de St Denis, Sous la direction de
Bernard DARRAS, Université Paris 1, 1997.
13 RIOUT (D), GURDJIAN (D), LEROUX (J.P.). Le livre du graffiti, Syros Alternatives, Paris, 1990.
14 WINKIN (Y). La nouvelle communication, Points Essais, Editions du Seuil, Paris, 1981.
15 Livret de l'environnement urbain, Ministère de l'Aménagement du territoire et de l'environnement.
23
s'entremêler de nouveau avec l'histoire d'un quartier, et celle de ses habitants.
Selon Nathalie Marshal, "l'art peut investir la ville dans des lieux éclatés,
qualifiés de non culturels. Mis au second plan dans l'usage, ces lieux peuvent être
choisis pour leur force. Ils créent alors une dynamique d'échanges qui s'établit entre
l'espace et les groupes sociaux qui le fréquentent."16
Ainsi, l'art, la danse peuvent être
des vecteurs d'interactions entre l'espace et les habitants. Dans le XIIe arrondissement,
nous ne sommes pas en présence de lieux éclatés, mais de lieux qui vont devenir,
durant une journée et une soirée, des espaces d'interactions fortuites entre la
population et la danse, entre les habitants et leur environnement dont l'usage habituel
aura été détourné, entre la danse et l'espace public.
En effet, Armel Huet affirme que "les personnes qui participent aux différentes
animations ont la possibilité de s'investir dans des projets plus ou moins collectifs, de
changer le registre du travail quotidien ou de l'école, de s'évader en quelque sorte, de
rêver et de vivre ses passions, de se confronter à la technique, aux arts, et plus
simplement aux autres. C'est l'occasion pour les personnes de s'investir, même
modestement ou discrètement, dans la vie sociale et culturelle de la cité."17
C'est en partie sur la base de ces réflexions que notre projet désire aussi établir
des "passerelles" entre les habitants et la danse, entre les habitants et leur quartier,
entre les habitants entre eux, en réclamant leur investissement et leur participation.
C'est ainsi qu'ils vont s'approprier ou se réapproprier la danse sous ses multiples
formes tout autant que leur cadre vie. Nous savons qu'il faudra provoquer une prise de
conscience de la population concernée. Pour y parvenir, nous comptons nous appuyer
sur le sondage effectué, sur une présentation-consultation du projet lors des conseils de
quartier18
, et, sur une communication développée en amont de la manifestation.
16 MARSHAL (N). La ville et l'art, Mémoire de CMPC, sous la direction de Bernard DARRAS, Université de
Paris I, 1994.
17 HUET (A). L'action socioculturelle dans la ville, L'Harmattan, Paris, 1994.
18 "Les Conseils de Quartier, prévus dans la future loi "démocratie et proximité", sont des éléments de [la]
24
La présence sur le terrain d'associations, porteuses de nombreux projets
culturels de quartier, permet d'établir des relations privilégiées entre les habitants. Le
réseau associatif fonctionne sur la notion d'initiative qui, selon José Aroncena, "se
nourrit de la mémoire collective et se fonde sur l'énergie qu'elle est capable de
mobiliser pour créer des activités nouvelles, un nouveau type d'échanges et de modes
de vie."19
C'est pourquoi notre projet fait largement appel aux initiatives des
associations de danse du quartier, et de tout établissement qui a choisi de devenir
partenaire de cette fête de la danse.
I-1-E Le champ expérimental du projet : un quartier du XIIe
Arrondissement
Le XIIe arrondissement, où se situe le test de faisabilité de notre projet, a une
superficie totale de 637,7 hectares.
Il est constitué de quatre quartiers, respectivement nommés Bel Air (139,2), Picpus
(184,4), Bercy (190,4), et Quinze-Vingts (123,7).20
Au recensement de 1990, le XIIe arrondissement comptait une population de
130 274 habitants, ce qui représente 6,05% de la population parisienne.21
Le XIIe arrondissement est le plus vert de tous les arrondissements de Paris
avec 24 jardins ouverts au public, ce qui représente 47,16% des espaces verts
parisiens : le Parc de Bercy avec 133 600 m2 de superficie, la Promenade Plantée avec
22 000 m2, le Square Charles Péguy avec 13 000 m2, le Bassin de l'Arsenal avec 10
000 m2, et enfin, le Square St Eloi avec 10 000 m2.
démocratie participative, le reflet et la prise en compte de l'exigence, sans cesse renouvelée par les changements
sociaux, d'une participation toujours plus large de la population au service de l'intérêt public." Extrait du préambule de
la Charte des Conseils de Quartiers adoptée par le Conseil du XIIe arrondissement de Paris le 1er octobre 2001.
19 ARONCENA (José). Le développement par l'initiative locale, L'Harmattan, Paris, 1986.
20 Mairie de Paris. Paris en chiffres-Générique, édité par la Direction Générale de l'Information et de la
Communication de la Mairie de Paris, Paris, 1996.
21 INSEE. Recensement de 1990.
25
Le projet va se concrétiser dans le quartier de Bercy. Du fait de son parc et du
secteur de Bercy-Village disposant de places et d'espaces piétonniers, il semble le plus
adéquat.
Les sites pressentis pour la première édition sont les suivants : La place des
Vins de France, le Cours Saint-Emilion, la Maison de l'Etang/rue François Truffaut, la
place Gabriel Lamé, la place Lachambeaudie/rue de la Nativité.
Avant mars 2001, la politique de l'arrondissement, et ce, depuis une dizaine
d'années, était tournée vers le développement de l'urbanisme, la rénovation des
quartiers, et la valorisation de l'environnement, délaissant la culture.
La population, bien que se renouvelant, est constituée d'une majorité "vieille école",
qui préfère le calme aux activités un peu tardives qui viendraient troubler leur
tranquillité, y compris le bruit occasionné par des discussions de trottoirs à la sortie
d'un vernissage.
Le premier constat que nous avons pu dégager de cette période, montre que les
activités culturelles développées dans le XIIe arrondissement étaient à l'initiative des
associations, des entreprises privées et commerciales, et des centres d'Animation
(rattachés au Ministère de la Jeunesse et des Sports).
Le second constat, lui, révèle que les associations culturelles, et les théâtres
privés faisaient, dans la plupart des cas, peu ou pas remonter les informations liées à
leurs activités ou à leur programmation aux services de la Mairie ; ceci était
regrettable, puisqu'environ 1200 personnes fréquentent cet espace central de semaine
en semaine.
Mais, des raisons de divergences politiques pouvaient expliquer cette quasi-absence de
partenariat formel ou informationnel.
26
Mademoiselle Pautras22
, chargée de la culture, tentait d'établir un lien de
confiance entre la Mairie et les différents acteurs de la vie culturelle du XIIe, tout en
admettant que son rôle était très limité. Elle conseillait les personnes, qui venaient
solliciter son aide pour un projet, sur les démarches à suivre pour demander des
subventions. Elle les dirigeait vers les directions administratives de la Ville de Paris,
du Ministère de la Culture ou vers d'autres organismes compétents capables de
répondre à leurs interrogations. "Je soutenais leur action par une lettre de
recommandation, ou en visant leur dossier d'un avis favorable. Je me déplaçais sur les
lieux des manifestations pour soutenir aussi par ma présence, en mettant moi-même la
main à la pâte si le besoin s'en faisait sentir." Selon ses propres paroles, il n'y avait pas
de politique culturelle de l'arrondissement en dehors de celle menée par la Ville de
Paris, et donc, pas de budget, ni de lieux spécifiques appartenant à la Mairie du XIIe.
Elle était amenée cependant, depuis peu, à bénéficier d'une part du budget du Comité
des Fêtes (ce dernier étant environ de 19 700 euros/an), à force de persévérance et de
plaidoiries lors de réunions hebdomadaires. A son arrivée, cela semblait pratiquement
impossible puisque tout était déjà cloisonné, réparti et attribué par avance, presque
traditionnellement.
Grâce à ses démarches, des prêts de salles municipales au sein du bâtiment de la
Mairie ont été accordés pour l'organisation d'expositions. Des aides logistiques et
publicitaires ont été attribuées pour la mise en place de manifestations.
La culture ne semblait pas être une priorité du Maire, ni de son adjoint, pas plus
que le domaine socio-culturel.
Aucune association culturelle n'était subventionnée par la Mairie du XIIe.
Il semble que les différents arrondissements de Paris aient été fortement
tributaires de la politique culturelle de la Ville de Paris, qui, par ailleurs, était brillante
et foisonnante. Ceci ne permettait pas une gestion décentralisée des projets de quartier.
La Mairie du XIIe arrondissement s'appuyait donc sur les activités culturelles
22 Compte-rendu de l'interview de Melle Pautras, Chargée de la culture dans le XIIe arrondissement réalisée
par Valérie Gros-Dubois en février 1998.
27
des associations qui leur servaient de relais pour une vie culturelle au sein même de
l'arrondissement.
Elle tentait de faire le lien entre les différentes associations qui avaient les mêmes
activités pour organiser des rencontres. Mais là encore, avec peu de succès, car ayant
été absente de leur parcours tant financièrement qu'humainement, une méfiance
demeurait omniprésente.
Depuis les élections de mars 2001, il apparaît que la volonté de la nouvelle
municipalité soit de permettre aux habitants du XIIe de se réapproprier leur
arrondissement. Nous le constatons par la place faite à l'information sur la vie et les
activités de ce dernier, sur sa vie associative depuis ces deux dernières années, mais
aussi, par un désir affirmé et des projets concrets pour une culture de proximité.
Notamment, avec le projet "Le Dansoir" porté par Karine Saporta, chorégraphe
renommée, et Nadine Rémy, chargée de la culture auprès du nouveau Maire Michèle
Blumenthal, nous notons l'intérêt sans précédent de la nouvelle municipalité pour la
création chorégraphique actuelle.
La préoccupation de la Mairie du XIIe arrondissement pour la qualité de
l'environnement et de la vie quotidienne de ses concitoyens rejoint celle de l'Hôtel de
Ville. Elle l'amène à embrasser des événements qui relient ses priorités en faveur de
l'urbanisme et de la convivialité dans les quartiers. La montée de l'urbanisme rend
nécessaire le renforcement du lien social, afin de lutter contre l'individualisme et la
solitude : une fête de la danse peut en être le médiateur privilégié, et créer une
rencontre inopinée entre toutes les couches de la population, des plus jeunes aux plus
âgés.
En matière de danse, nous avons répertorié le Conservatoire Municipal Paul-
Dukas, une dizaine d'écoles de danse, sept centres d'animation (Ville de Paris), et une
quinzaine d'associations pluri-artistiques où l'on pratique la danse (divers styles). On
28
compte aussi treize théâtres privés (qui ne programment pas tous de la danse), un
établissement public l'Opéra Bastille, et le Palais Omnisport de Paris Bercy.
Le Conseil de Quartier de Berçy, qui est un cadre régulier de concertation entre
les habitants et la municipalité, va jouer un rôle prépondérant dans la mise en oeuvre
du projet. Il participe à l'animation du quartier. Il est une source d'informations sur les
préoccupations des habitants, mais également une source d'informations pour les
habitants.
Lors du Conseil de Quartier du 2 octobre 2002, l'insuffisance de l'animation
était constatée dans le quartier de Bercy. On notait le manque de manifestations
culturelles. " Plusieurs intervenants ont souligné la nécessité de mettre en place des
lieux d'animation culturelle et sportive, d'organiser des fêtes..."23
. Déjà, la commission
d'animation et de projets culturels du conseil de quartier s'avère être un outil favorisant
le dialogue entre Mouvance d'Arts, les habitants, les associations, et les commerçants
du quartier de Bercy.
I-1-F La danse : une histoire, une mémoire, un médium
Le Robert définit le terme de danse, dans son sens premier et principal, comme
ayant "des connotations très différentes selon les contextes : d'une part, chorégraphie
(danse classique, entraînant le vocabulaire propre de la chorégraphie), danses propres
à chaque civilisation (antiques, modernes, européennes et exotiques, "orientales", etc.),
danse professionnelle moderne liée au spectacle (music-hall, etc.) ; d'autre part,
activité sociale réunissant hommes et femmes pour danser, avec une évolution
historique considérable, des danseries du XVIe et du XVIIe siècles aux bals, sauteries,
surprises-parties et aux lieux publics consacrés à la danse (dancings)"24
, de la danse
classique jusqu'à la danse contemporaine.
Et c'est bien dans ce contexte que le projet s'inscrit. Cette fête de la danse invite
23 Compte-rendu du Conseil de Quartier de Bercy du mercredi 2 octobre 2002, Sébastien Roy, Chargé de
mission à la Démocratie locale.
24 Dictionnaire Historique de la Langue Française, Le Robert, Sous la direction de Alain Rey.
29
toutes les danses à entrer dans la Danse, et ceci, dans l'espace public, au dehors,
rompant avec toutes les barrières pour aboutir, dans cette réunion d'hommes et de
femmes, à une mémoire en marche...
La danse est un des seuls arts à ne pas avoir de système d'écriture universel.
La musique, le silence portent la danse, c'est-à-dire qu'ils portent le mouvement,
l'espace, le temps...
La musique est légitimée par son écriture, ce qui n'est pas le cas de la danse.
Pourtant certains systèmes d'écriture existent (Laban, Conté, Benesh ....), mais ils sont
très peu utilisés. Ils sont souvent des codes inventés directement par le chorégraphe
pour mémoire.
La danse se travaille donc " à l'oreille " avec des comptes, des images visuelles
et verbales, des sensations corporelles, des représentations mimétiques du quotidien, la
dynamique, l'énergie, l'utilisation de l'espace...
Comment donner son importance, sa légitimité à un art, la danse, qui n'existe
pas "matériellement", surtout dans une société de culture occidentale où la culture de
l'écrit prédomine ? En effet, dans les sociétés primitives, la tradition orale est forte, la
danse tient encore une place importante. Elle se transmet de génération en génération,
ainsi son rôle de cohésion sociale demeure.
Quoi qu'il en soit, la danse pose, par son essence éphémère, le problème de la
mémoire.
L'avancée technologique, telle qu'on la perçoit au travers du cinéma, de la vidéo
et du multimédia offre désormais de nouveaux supports pour la transmission de la
danse de génération en génération.
La danse, autant que la musique, nécessiterait un éventail de définitions
distinguant, au sein des activités de recherche qu'elle suscite, les axes majeurs autour
desquels celles-ci s'ordonnent. Le terme globalisant de " recherche en danse " regroupe
à l'heure actuelle les premières pistes d'exploration et les récents travaux sur les
notions de patrimoine, d'écriture et de mémoire de la danse. Ils sont destinés à
connaître d'importants développements dans l'avenir.
30
"La première danse fût un acte sacré. L'ancêtre des danseurs a 14 000 ans. C'est
sur le site de Séfar, dans le massif du Tassili des Ajjers, qu'une peinture pariétale
montre la coexistence des techniques de danse au néolithique : bond, renversement du
corps cambré, extension des bras, tournoiement...
La danse de groupe apparaît 8 000 ans avant Jésus-Christ dans une grotte près
de Palerme. C'est la première représentation de la Ronde à l'intérieur de laquelle le
meneur de jeu est au centre (la ronde étant le mouvement primitif de la danse chorale).
Notons que la danse est considérée ici, notamment, comme un jeu."25
On recense, entre autres,
- les danses primitives :
- celles liées à des rites de la vie quotidienne (combat, chasse, cultures, saisons),
- celles liées à des rites de passages (naissance, initiation, mariage, mort),
- celles liées à des rites thérapeutiques ;
- les danses magiques et religieuses (notamment, la danse-prière, la danse de culte...) ;
- les danses de divertissements ou spectaculaires dont font partie le ballet populaire,
politique, burlesque, classique, moderne, moderne-jazz, jazz, contemporain ;
- les danses de sociétés, de salon (apparues de 1820 à 1900) : la contre-danse (en
ligne), et le quadrille (en carré), le galop, la valse (présente en France dès 1780), valse
viennoise et valse latine, valse moderne (on y tourne en permanence. Début : 1820), le
chahut-cancan, la polka (1844), la polka piquée, la mazurka, la java, la scottish
(introduite en France en 1849), la redowa (elle apparaît vers 1860, elle eut une durée
de vie de 10 ans), le pas de quatre, le pas des patineurs, la berline, l'ostendaise, le
cotillon, la matchiche (vers 1900 : succès court), la musette ;
- la vague latino "des danses chaudes" depuis le début du XXème siècle : le tango
classique (naissance en 1880 à Buenos Aires et Montevidéo), le tango argentin (il est
arrivé d'Argentine en France en 1905), la rumba, le paso-doble, le chacha, le danzon,
25 PRUDHOMMEAU Germaine, Histoire de la Danse. Université de Paris I Panthéon -Sorbonne. Paris, année
universitaire 1982-1983.
31
le boléro, le bayon, la samba, le mambo, la biguine, la lambada, la salsa portoricaine,
la salsa cubaine ;
- l'influence des ballets russes durant la période 1900-1940 qui bouleversa la
chorégraphie, mais plus encore les costumes et les décors ;
- l'influence de l'Amérique : le boston (1880), le cake-walk (il est né en 1903 dans les
plantations du sud ; c'est une caricature des maîtres blancs par les esclaves noirs et il
est le précurseur du jazz qui apparut vers 1920 dans les salles de bal françaises), le
grizzly bear dance ou la danse de l'ours, le bunny hug ou l'étreinte du petit lapin, le
turkey trot ou la danse du dindon (ces danses viennent de l'Amérique rurale et du
mimétisme des animaux), le one step, le two step (présent de 1900 jusqu'après la
Première Guerre), l'avionnette ou l'aéronette (liée au début de l'aviation), le charleston,
le foxtrot, le twist, le swing, le triple swing, le jive, la tap dance ou claquettes, le rock
(1954-1960 : période d'apothéose), le rock acrobatique, le be-bop, le disco ;
- la danse folklorique dont les danses paysannes : la moresque (XIVe siècle, connue en
Angleterre), la gaillarde (XVe siècle, connue en France, Allemagne, Angleterre,
Espagne), la volte (XVe siècle), la bourrée (XVIe siècle), la gavote (XVIe siècle,
danse de montagnards d'Auvergne et des Alpes de Provence), le passe-pied (XVIe
siècle, originaire de Bretagne), la gigue ; dont les danses de cour : le branle (XVIe
siècle), la courante (1515), la pavane (XVIe siècle, fréquemment exécutée par les rois
et les reines), l'allemande (fin du XVIe siècle) ; dont les chorégraphies de lignes : la
ronde, la farandole ;
- les danses de groupe plus récentes dites "à pulsation électronique" : le rock (déjà
cité), le rap, le disco (déjà cité), la danse hip-hop (née dans le Bronx à New York vers
la fin des années 70) avec la break dance, le smurf ou électric boogie, la hype et enfin
la techno ;
- les pratiques artistiques pour amateurs avec notamment l'exploration de toutes sortes
de formes étrangères à notre culture, danses métissées pratiquées pour elles-mêmes : le
hip-hop, la danse africaine, la danse amérindienne, la danse indienne, la capoeira
brésilienne, la danse orientale, le flamenco, la danse jazz, la danse moderne-jazz, la
danse afro-jazz, la danse urban-jazz (danses faites sur de la musique jazz) la danse
32
moderne, la danse contemporaine, l'expression primitive (danses tribales) ;
- la danse escalade ;
- la danse classique.26
La danse souvent liée à des expressions de joies, de tristesses, de grandes
sensations, a été la plupart du temps associée à des fêtes de toutes natures, familiales,
commémoratives... La danse, mémoire inscrite dans le corps, va exprimer au-delà des
mots. C'est une transmission de génération en génération à la manière de la tradition
orale. Ainsi, comme le souligne Elie Faure : La danse "est une forme liturgique
élémentaire de communion organisée qui élève l'instinct individuel à la conscience la
plus fervente, sinon la plus lucide des intérêts supérieurs de la collectivité (...). Elle
rappelle sans cesse à cette collectivité par ses rythmes puissants, par ses répétitions
rituelles, par ses retours périodiques qui célèbrent les événements les plus solennels de
la vie sociale, qu'il convient de sauvegarder dans les moeurs l'ordre qu'enseignent aux
hommes les manifestations constantes de l'univers astronomiques et biologiques... La
danse est la première messe célébrée par les humains." 27
Elle porte en elle une part de
l'histoire du mouvement, une part de l'histoire de chacun, une part de l'Histoire. C'est
ce que nous chercherons à confirmer au cours de notre étude.
Ce qui nous amène à penser la danse comme facteur d'intégration à une
communauté, à un environnement, un facteur de convivialité nécessaire. Le Groupe de
Recherche pour l'Education et la Prospective remarque d'ailleurs que "de tout temps la
danse a été l'une des manifestations les plus expressives de la vie et de l'imaginaire des
collectivités humaines [...] Dans les formes laïcisées que nous lui connaissons
aujourd'hui, elle est à la fois jeu et rituel, donnant à voir dans ses gestuelles, ses
rythmes et ses mouvements, l'infinie variété des rapports qui se jouent dans la fête
26 Classement des danses non exhaustif proposé par Valérie Gros-Dubois à partir des sources de l'Histoire de la
danse de Germaine Prudhommeau, du Besoin de danser de France Schott-Billmann et de Danser en société, Bals et
danses d'hier et d'aujourd'hui, de Henri Joannis-Deberne.
27 FAURE Elie. L'Homme et la Danse. Historien de l'art et essayiste français (1873-1937), auteur d'une
Histoire de l'Art 1909-1927 et de l'Esprit des Formes 1927.
33
comme dans la vie, entre chacun et l'autre, entre chacun et les autres"28
.
"Danser est [...] une pratique largement interculturelle. Le bal, la fête, mais aussi la
danse rituelle sont l'occasion pour des jeunes de se confronter à des anciens, des
hommes à des femmes, des gens de différentes ethnies à d'autres groupes. La danse est
un moyen privilégié d'intégration sociale. Elle aide l'étranger à trouver sa place dans le
groupe local qu'il découvre, tout en donnant à ce dernier l'occasion d'affirmer son
identité collective."29
Le bal tiendra ainsi une place de choix au sein du projet. Le terme de bal, dans
Le Robert, est "le déverbal (1150-1200) de l'ancien et moyen français Baller (v.1165)
"danser, remuer, se balancer" (av. 1249) [...] et a été synonyme de "danse" jusqu'au
XVIe siècle. Par métonymie, il a pris sa valeur actuelle de "réunion dansante" (1228),
s'appliquant aussi à des lieux où l'on se réunit pour danser (1794). Selon les coutumes
et les styles de danse mondaine ou sociale, le mot donne lieu à des syntagmes (bal
public, bal masqué, bal musette ; carnet de bal...) et à des locutions parfois figurées,
comme conduire le bal "mener, diriger (une action)".
Selon Henri Joannis-Deberne, à la fin du XVIIIe siècle l'on recense environ 400
bals publics (danses populaires et de salon). Et même après la deuxième guerre
mondiale, si l'on note une forte diminution de ces réunions dansantes, elles demeurent,
puis évoluent vers de nouvelles formes.
Le bal était "la fête de tous les sens"30
, qui avait ses "mécanismes de régulation
sociale"31
. "La société s'y mettait en scène"32
et il y avait "des bals à tous les niveaux de
28 Danse, Education, Société, in Pour n°145. Groupe de recherche pour l'éducation et la prospective GREP,
Paris, 1995.
29 Ibid. Danse, Education, Société, in Pour n°145. Groupe de recherche pour l'éducation et la prospective
GREP, Paris, 1995.
30 JOANNIS-DEBERNE (H). Danser en société, Bals et danses d'hier et d'aujourd'hui, Christine Bonneton
Editeur, Paris, 1999.
31 Ibid. JOANNIS-DEBERNE (H). Danser en société, Bals et danses d'hier et d'aujourd'hui, Christine
Bonneton Editeur, Paris, 1999.
32 Ibid. JOANNIS-DEBERNE (H). Danser en société, Bals et danses d'hier et d'aujourd'hui, Christine
Bonneton Editeur, Paris, 1999.
34
la société"33
.... On peut classer "les bals du XIXème siècle en quatre niveaux,
correspondant aux diverses classes sociales qui les fréquentaient, des aristocrates aux
classes sociales les plus modestes"34
. Chaque bal avait son mode de fonctionnement et
ses codes.
Il regroupe sous l'appellation de bals aristocratiques, les bals d'apparat, les bals
costumés (festival du narcissisme), les bals masqués (où l'anonymat est de rigueur), les
bals blancs (où seuls dansaient les jeunes filles et jeunes garçons à marier), les bals de
bienfaisance, les bals officiels (on y vient pour être vu) ; sous l'appellation de bals de
société ou bals d'associations (associations de métiers, d'anciens élèves, de sportifs, de
pratiquants d'une activité, d'originaires d'une région qui se réunissaient pour un bal
33 Ibid. JOANNIS-DEBERNE (H). Danser en société, Bals et danses d'hier et d'aujourd'hui, Christine
Bonneton Editeur, Paris, 1999.
34 Ibid. JOANNIS-DEBERNE (H). Danser en société, Bals et danses d'hier et d'aujourd'hui, Christine
Bonneton Editeur, Paris, 1999.
35
environ une fois par an), les bals des métiers, les bals des mutuelles, les bals
régionaux, les bals étudiants ; sous l'appellation de bals publics (souvent mal famés.
Entreprise commerciale ouverte à tous), les bals de carnaval (le bal de l'Opéra 1715-
1903), les grands bals publics (le bal Mabille 1840-1875 ; le bal Bullier ou Closerie
des Lilas 1847-1920) , les bals célèbres (le bal du Moulin Rouge ; le bal du Moulin de
la Galette) ; et enfin sous l'appellation de bals populaires, les bals de célébration (pour
célébrer une occasion telle que le jour de l'An, les Rois, les oeufs de Pâcques, la fête
du muguet, la Sainte-Catherine, le 14 juillet35
), les bals de quartier, les bals musettes36
,
les bals voyou (ou bals de barrière, parce qu'ils se déroulaient aux portes de Paris car
mal fréquentés).
Selon Ginot I. et Michel M., concernant la danse moderne,
" la danse, et tout particulièrement la danse moderne, reste cet art énigmatique dont
l'histoire est enfouie dans le corps et la mémoire vivante, et mobile, de ses interprètes.
Au-delà du seul problème de la reconstitution ou du maintien d'un répertoire moderne,
toute interrogation sur cette mémoire atteint dans le même mouvement le corps des
danseurs et les sources de la création. C'est pourquoi aussi, plus peut-être qu'à d'autres
arts, la conscience de sa propre histoire lui est nécessaire : l'héritage passif ou
inconscient des acquis historiques s'inscrit dans le corps et la pensée des danseurs, et,
tant qu'il n'a pas été identifié en tant que tel, il modèle leur langage, leur mouvement et
leur pensée."37
Nous chercherons à montrer qu'une mémoire préservée passe aussi par
le partage entre les danseurs et les publics.
35 " Les bals du 14 juillet furent, en quelque sorte, une conquête du peuple. On avait planté le 14 juillet 1790
une pancarte sur les ruines de la Bastille " ici l'on danse", et on y tint un bal. Pendant les deux tiers du XIXe siècle,
cette fête républicaine eut du mal à être reconnue car la France d'alors n'était pas une république. Le 14 juillet ne fut
choisi comme fête nationale que le 8 juin 1880. La grande époque du bal du 14 juillet fut l'entre-deux guerre où
triomphait l'esprit laïque et républicain. La fête comprenait représentations de théâtre gratuites, défilé militaire,
retraite aux flambeaux, discours du maire, bal et feu d'artifice.[...] La tradition reprit dans l'euphorie dansante de 1947.
[...] Ces bals de rue du 14 juillet décrurent lentement dans les années 60", in Danser en société, Bals et danses d'hier
et d'aujourd'hui, de JOANNIS-DEBERNE Henri, Editions Bonneton, Paris, mars 1999.
36 On dansait au son d'une cornemuse fonctionnant avec un petit soufflet sous le bras qui s'appelait musette et
qui venait d'Auvergne.
37 GINOT (I), MICHEL (M). La Danse au XXe siècle, Bordas, Librairie de la Danse, Paris, 1995.
36
Par ailleurs, d'après la compagnie toulousaine "Revêtement Mural", qui est née
de la rencontre entre un grimpeur Vincent Rebours et une danseuse professionnelle,
Valérie Nègre, et qui propose donc un type de danse spécial, "la Danse Verticale, qui
explore un milieu inhabituel, à l'image de l'eau pour l'apnéiste, révèle à l'intérieur du
corps, doucement, nécessairement, des espaces inconnus où le mouvement peut
naître."38
Dans l'espace public, qui n'est pas le cadre habituel de la danse, il s'agit aussi
d'une exploration qui ne se fera pas uniquement en douceur. Elle donnera naissance à
n'en pas douter à une gestuelle, une écoute et des rencontres spécifiques à l'intérieur et
à l'extérieur du corps, chez les danseurs comme chez les spectateurs/acteurs. Pour
cette compagnie qui offre des spectacles dansés de rue, "il est des mises en scène qui
élargissent tout de suite le lieu du spectacle. C'est une ouverture sur plusieurs plans qui
met le spectateur en prise directe avec la folie de l'imaginaire. Du sol au plafond, de la
chute à l'envol, sur ou entre les murs, l'événement scénique surgit, les corps se
déplacent et réinventent le moindre recoin en tissant l'espace au fil de l'étrange."39
Notre
projet veut stimuler des créations originales qui s'adaptent aux sites naturels ou
architecturaux. Nous avons commencé à constater cette stimulation théorique auprès
des chorégraphes rencontrés au cours du processus de mise en oeuvre, mais nous ne
pourrons la vérifier réellement qu'en observant les propositions chorégraphiques
auxquelles la manifestation va donner naissance.
I-1-G Fête / Festival
Le mot fête a d'abord " le sens de "célébration faite à un jour marqué" dans un
contexte religieux. Par extension, il désigne une réjouissance qui rompt avec la vie
quotidienne, un ensemble de réjouissances organisées, une cause de plaisir, une
commémoration"40
. Quand au terme de festival, il désigne une période de fête avec de
38 Propos de Valérie Nègre et de Vincent Rebours recueilli sur le site internet de la Compagnie Revêtement
Mural, 2000.
39 Propos de Valérie Nègre et de Vincent Rebours recueilli sur le site internet de la Compagnie Revêtement
Mural, 2000.
40 Dictionnaire Historique de la Langue Française, Le Robert, Sous la direction de Alain Rey.
37
la musique. Le Robert nous indique que "par extension, festival s'emploie en français
dans d'autres arts que la musique, et, par figure, désigne une manifestation complète
des aptitudes, du talent de quelqu'un [...]".41
Dans le cadre du projet, il s'agit d'une célébration des diverses formes de danses
hors du cercle qui leur a été circonscrit, qui va provoquer rencontres, partages,
échanges, implications, médiations diverses. Nous avons recensé à ce jour plus d'une
centaine de festivals ou manifestations culturelles de danses, tous genres confondus sur
la France entière pour la période 2002-2003.42
L'un des premiers festivals à inviter la danse dans la rue est Danse à Aix. Ceci
dans un contexte particulier : " au début du festival, Odile Duboc, Daniel Larrieu ou
Georges Appaix ne disposaient pas de salles ; quoi faire d'autre que danser dans la
rue ? "43
rappelle Ginette Escoffier, ex-directrice de ce festival né en 1977. Par la suite,
selon Jean-Claude Diénis, "c'est devenu ainsi mieux qu'une habitude, une tradition, une
spécialité à l'égal du calisson. Mais rien d'improvisé dans cette affaire : on a rendez-
vous sur une place avec un spectacle généralement conçu pour l'endroit, on arrive à
l'heure, on s'installe, à l'ombre de préférence, et on suit...comme au théâtre...".44
"De la danse, donc, au coin des rues, sur les placettes, dans les parcs et jusque
dans les fontaines, de la danse suspendue même, au milieu des arbres... Les plus
grands chorégraphes répondent présents à cette demande incongrue qui va devenir le
label de Danse à Aix. Carolyn Carlson, Susan Buirge, Alvin Nicolaïs, Dominique
Bagouet, Maguy Marin...mais aussi le ballet de l'Opéra de Paris arpentent le pavé ou
se hissent sur des podiums de fortune. Pour Ginette Escoffier, la Flamande Anne
41 Dictionnaire Historique de la Langue Française, Le Robert, Sous la direction de Alain Rey.
42 Conf. le Tableau des Festivals de danse recensés en ANNEXE IX.
43 Propos recueillis par Jean-Claude Diénis dans la revue n° 190 de Danser, Spécial Festivals. Article "Viens
dans ma rue ! " Juillet/Août 2000.
44 Extrait de l'article "Viens dans ma rue ! " de Jean-Claude Diénis dans la revue n° 190 de Danser, Spécial
Festivals. Juillet/Août 2000.
38
Teresa de Keersmaeker se plie à la contrainte des rencontres préalables avec le public,
tandis que Bernard Menaut conçoit des performances sur le marché d'Aix entre
cageots de légumes et jets d'arrosage des balayeurs. "Rien ne me faisait plus plaisir
que voir, le matin, les ménagères poser leur cabas pour suivre un atelier avec Rosella
Hightower et puis repartir comme si de rien n'était. Aujourd'hui, ce sont les répétitions
publiques chaque soir qui affichent complet. Je crois au dialogue et à la nécessité de
donner des clefs aux spectateurs... Il fallait tout de même une bonne dose de folie pour
oser faire danser des gens dans une ville aussi traditionnelle, amoureuse de ses vieilles
pierres et uniquement préoccupée de son festival de musique lyrique," ajoute
néanmoins Ginette Escoffier-Carrère en guise de parenthèse."45
L'idée de notre projet n'est pas d'ajouter un festival ou une manifestation de plus
dans la cartographie déjà existante, mais de créer, une fête de la danse annuelle unique
en son genre qui rallierait les multiples partenaires à un moment T.
I-1-H La rue : une scène et des décors naturels et urbains en 3D
Une fois par an, la danse multiforme va rejoindre et investir la rue en qualité de
fête à part entière, et en ce sens, elle va s'inscrire dans le long parcours des Arts de la
rue.
Le théâtre, la danse, la musique, les arts forains et de prouesses, les arts
plastiques, l'audiovisuel et les effets spéciaux sont des disciplines constitutives de ces
arts de la rue.
"C'est en paraphrasant le napolitain Pino Simonelli : la ville est un théâtre à
360° que peut s'argumenter en grande partie l'évolution des Arts de la rue et plus
particulièrement du Théâtre de Rue contemporain.
Durant la période intuitive et festive des années 70, de nouveaux saltimbanques se
forgent une pratique de rue entre le plaisir de jouer pour un public nombreux, acquis
45 Extrait de l'article "Quand la ville danse" de Rosita Boisseau dans l'hebdomadaire Télérama Spécial
Festivals, n°2682 - 6 juin 2001.
39
et avide de convivialité, et la dure réalité d'animer artistiquement les Z.U.P. et les
Z.A.C. dans les périphéries des grandes villes. De ces chocs contradictoires se dégage
un genre spécifique. Les artistes dans la rue deviennent des artistes de rue ; ce
déplacement du dedans au dehors reposant sur le simple fait d'altérités multiples.
Altérités des lieux, de leurs dimensions, de leurs matériaux et matières, de la lumière.
Altérité des espaces sociaux et des pratiques sociales où se joue l'enjeu artistique. Ces
altérités constituent une part importante du fondement des Arts de la Rue modernes."46
Le projet va rebondir sur ces altérités pour que l'on danse de nouveau dans les
espaces publics en d'autres occasions que celle de notre fête, avec d'autres projets,
d'autres expériences qui pourraient se multiplier. Comme c'est le cas déjà, notamment,
avec les Rencontres d'Ici et d'Ailleurs organisées par la Compagnie Oposito depuis
presque quinze ans. Cette compagnie propose à sa ville, Noisy-le-Sec, et à ses
concitoyens, un rendez-vous annuel, un lieu d'échanges et de confrontations. Une
dizaine de compagnies de danse sont invitées à présenter leur création devant un
public de plus en plus nombreux. Depuis 1999, leur démarche s'ouvrant à d'autres
horizons a permis de découvrir les univers musicaux de plusieurs fanfares : Oxyde de
Cuivre, le Snob, Uranus Bruyant et Acousteel Gang. Cette manifestation se déroule
essentiellement en extérieur, et les intervenants sont aussi invités à prendre part à un
spectacle commun où se conjuguent les divers savoir-faire.
I-1-I Du dedans au dehors
Généralement, le principe des lieux où se pratiquent la danse, les spectacles de
danse, repose sur une rupture avec la réalité : les sons, les lumières les odeurs de la vie
du dehors sont en partie exclus. On met les spectateurs dans des conditions de
représentation coupées de la réalité ; ils sont eux-mêmes de plus en plus coincés dans
un minimum d'espace. Le prix des places aussi sélectionne les publics.
46 "L'espace public de la ville : la scène d'un théâtre à 360° ", le lieu, la scène, la salle, la ville. Dramaturgie,
scénographie, et architecture à la fin du XXème siècle en Europe. Note d'intention de l'intervention de Michel
Crespin au Centre d'Etudes Théâtrales de l'Université de Louvain La Neuve - Décembre 1997.
40
La scène de notre projet est l'espace public, inscrit dans un environnement
urbain chargé de signes préexistants dont il faudra tenir compte comme de la
particularité des différents lieux, des couleurs, des sonorités du quartier.
"Une autre différence est le rapport au public. Dans sa nature d'abord : le public
de la Rue est un public-population dans une très grande diversité culturelle et sociale.
Dans son comportement ensuite : dans l'espace public, on a, en tant que spectateur,
une palette de choix qui n'existe plus dans les lieux de la convention devenus trop
codés dans leur organisation spatiale, leurs rituels. Dans la rue, on peut partir, rester,
changer son angle de vision, et dans ce sens devenir "acteur"[...]"47
ou danseur. Ainsi,
le processus de la Rue est actif, il demande de la part du spectateur une démarche
personnelle, un questionnement, un positionnement. Il n'est pas seulement sollicité au
niveau de son cortex pour juger ; tout son corps et sa présence sont engagés et à sa
façon, il danse déjà.
I-1-J La Journée Internationale de la Danse
La Journée Internationale de la Danse a été instaurée en 1982 à l'initiative du
Comité Internationale de la Danse de l'Institut International du Théâtre de l'UNESCO.
La date choisie pour fêter la journée est le 29 avril, date de commémoration de
l'anniversaire de la naissance de Jean-Georges Noverre (1727-1810)48
, qui est
généralement reconnu comme le créateur du ballet moderne.
Chaque année un message international rédigé par une personnalité de la danse
mondialement reconnu, est diffusé. En 2003, cette charge a été confiée à Mat Ek49
.
"Les objectifs de la Journée Internationale de la Danse et du Message sont de réunir le
47 Crespin Michel. Réflexion d'un pionnier, in Hors les Murs, Hors série. Parc de la Villette, Paris, octobre
1997.
48 Noverre (1727-1810) : Danseur et chorégraphe français. Ses "Lettres sur la danse et sur les ballets" (1760)
tendent à réformer la danse pour en faire un art autonome (musique et costumes spécifiques) et une peinture de la vie.
49 Chorégraphe contemporain suédois, ex-directeur artistique du Ballet Cullberg. Depuis 1993, il est
chorégraphe indépendant.
41
monde de la danse, rendre hommage à la danse, célébrer son universalité et,
franchissant toutes les barrières politiques, culturelles et ethniques, rassembler
l'humanité toute entière en amitié et paix autour de la Danse, langage universel."50
De nombreux pays ont répondu présent à cette initiative, notamment des
institutions aux Etats-Unis, en Afrique, en Bulgarie, en Finlande, en Suisse, au
Canada...
Cependant, on constate que cette Journée Internationale de la Danse en France
n'a pas, à ce jour, rencontré l'adhésion et la résonance, sûrement escomptée, dans le
milieu chorégraphique et au niveau des publics. Un lien ne s'est pas effectué. La raison
majeure nous semble être contenue dans l'un des objectifs : en effet, "réunir le monde
de la danse" , monde à part pour beaucoup, ne tient pas compte des différents publics
qui pourraient en devenant participants-acteurs-danseurs porter cette Journée en se
l'appropriant. Cette Journée semble être tournée essentiellement vers la pratique
professionnelle ; elle gagnerait à embrasser les pratiques amateurs et populaires. La
Fête de la Musique s'est appuyée premièrement sur les pratiques des amateurs, sur
l'initiative des musiciens prêts à s'emparer du 21 juin comme d'un moment festif pour
partager leur musique avec les autres. C'est ce qui a fait son succès des premières
années.
Cette appropriation par la population d'une Journée de la Danse nous paraît
essentielle. Une Journée Internationale de la Danse ne touche pas les gens dans leur
quotidien au prime abord. Elle doit devenir aussi la leur, par des dispositifs de
proximité qui s'inscrivent dans leur "monde". Afin que cette journée prenne son essor
en France, elle doit aussi s'enraciner dans les esprits par une inscription dans leur
quartier, leur arrondissement, leur ville, leur village, leur hameau.
Cependant, l'existence de cette Journée ne peut être ignorée de l'équipe de
Mouvance d'Arts, et l'idée de faire coïncider la première édition d' "Entrez dans la
danse..." et les suivantes, avec cette date du 29 avril est à l'étude. Nous sommes entrés
50 Texte emprunté au site internet de l'Unesco.
42
en contact avec le Comité de la danse de l'Institut International du Théâtre de l'Unesco
dans cette perspective, mais aussi pour envisager un travail commun pour que cette
journée trouve un plus grand rayonnement à Paris et en France auprès des différents
acteurs et publics.
I-1-K Le projet "ENTREZ DANS LA DANSE..."
Le projet pose la question de la création chorégraphique en milieu urbain , du
dedans au dehors. On pourra observer comment la ville et l'espace public vont susciter
chez les artistes professionnels, les amateurs, les différents participants, une autre
manière d'aborder la création, d'envisager les publics et de provoquer des rencontres.
Dans notre programmation figurent des compagnies de danse de rue qui ont une
expérience des conventions innovantes de représentations en extérieur. Certaines
compagnies ont entamé un travail de recherche et une démarche pour amener leurs
chorégraphies au-dehors, d'autres manifestent le désir de se confronter à cette aventure
avec tout ce qu'elle implique.
Notre projet va aussi localement développer une responsabilité artistique de
proximité et agir en qualité de partenaire culturel. Sa mission d'intérêt public auprès
des institutions, des collectivités territoriales, et des associations sera de mener à bien
un travail de création collectif ponctuel ou d'accompagnement des formes
chorégraphiques festives et traditionnelles proposées.
I-1-L L'Association Mouvance d'Arts
L'association Mouvance d'Arts a été créée officiellement le 4 mai 2002 pour
soutenir et mettre en oeuvre le projet "Entrez dans la danse..." sous l'impulsion de la
conceptrice de ce dernier. Elle réunit un collectif de six membres fondateurs pour la
plupart artiste ou créateur.
43
Cependant, son objet ne se borne pas à la concrétisation de ce seul projet. Elle a
pour but de promouvoir des événements culturels et artistiques, d'assurer un rôle de
conseils, de gestion et de coordination de projets en France comme à l'étranger, de
développer des activités, notamment chorégraphiques, et des débats artistiques visant à
enrichir les actes de création et la réflexion qu'ils engendrent.
Mouvance d'Arts développe ainsi des ateliers artistiques d'expression corporelle
et picturale pour enfants, depuis le mois de janvier 2003 en partenariat avec le Centre
social de la rue de Charenton dans le XIIème arrondissement, et la CAF de Paris.
L'association depuis l'ouverture de ces activités compte une trentaine d'adhérents,
comprenant les enfants mineurs (10) et leurs parents (20). Les ateliers présenteront une
petite prestation des enfants de 3 à 9 ans dans le cadre de la première édition de la
manifestation "Entrez dans la danse ...".
L'association a, par ailleurs, commencé bénévolement à assurer son rôle de
conseils auprès d'autres associations, et de maisons de production, telles que Ligne de
Mir, Carthago, Réalités Créoles, Madiana Productions.
Le développement des activités de l'association permet de tisser un réseau de
relations. Ces ressources humaines ne demandent qu'à être exploitées, au sens noble
du terme, pour la réussite du projet.
La mise en oeuvre d' "Entrez dans la danse..." est possible grâce à une équipe
de travail constituée des membres de l'association Mouvance d'Arts, ainsi que
d'intervenants extérieurs, qui ont su embrasser la vision prometteuse de cette
manifestation, et y contribuer par leurs talents. Le parrainage et la co-direction
artistique sont assurés par Monsieur Pierre Doussaint, chorégraphe contemporain de
renom.51
51 Conf. le parcours de Pierre Doussaint en Annexe X.
44
Ainsi, l'étude de la situation politique, économique, sociale et culturelle permet
de dégager des points essentiels et déterminants dans l'élaboration de notre projet et de
ses objectifs.
- Celle-ci démontre que ce projet ne pourra voir le jour que soutenu par la Ville de
Paris et plus particulièrement, la Mairie du XIIe arrondissement. Le Ministère de la
Culture sera aussi sollicité.
- Elle met en exergue le besoin de tisser du lien social entre les différentes couches de
la population.
- La situation sociale doit être prise en compte et devenir un atout.
- Le tissu des structures associatives et privées, les actions culturelles et festives en
matière de danse seront, dans le XIIème arrondissement, une locomotive pour la
concrétisation de notre première édition, et un exemple pour les éditions futures.
- La politique culturelle en faveur de la danse se poursuit, et la volonté étatique d'aider
le développement des jeunes vers la découverte artistique, et de sauvegarder le
patrimoine matériel et immatériel seront aussi des atouts pour la réussite du projet, et
pour le légitimer.
I-2 Cahier des charges
Dans les mois à venir, il nous reste un certain nombre de tâches à accomplir
pour mener à terme le processus de mise en oeuvre d' "Entrez dans la danse...". Nous
avons eu, et nous aurons recours aux compétences de l'ingénierie culturelle, du
management, de la gestion juridique et financière qui vont nous permettre une mise en
oeuvre cohérente et efficace du projet. Cela inclut une stratégie de développement qui
tient compte des objectifs, un montage juridique, un plan de communication, un
montage financier, des ressources humaines, et une organisation technique.
45
NE PAS PERDRE DE VUE
LES OBJECTIFS
ADAPTER EN PERMANENCE
SON COMPORTEMENT
A L'ENVIRONNEMENT
UNE EQUIPE DE PILOTAGE UN ENVIRONNEMENT
Déterminer et programmer des actions :
- calées sur l'environnement
- finalisées sur l'objectif - L'environnement politique et institutionnel général
- cohérentes entre elles - Les partenaires du projet directements concernés
- ordonnées dans le temps - Les réglementations
- Les entreprises (logiques, usages…)
Conduire et organiser des actions : - Les publics (logique, mode…)
- analyser l'effet, les répercussions sur l'environnement - Les autres (concurrence, antécédents…)
- adapter, corriger, modifier le programme
un cercle où l'on parle peuvent être des alliés ou des freins
des méthodes évoluent dans le temps
un comportement inter-réagissent
O
B
J
E
C
T
I
F
S
D
U
P
R
O
J
E
T
I-2-A Modélisation de la stratégie
Notre stratégie c’est :
46
I-2-B La programmation
Nous avons tenu à rencontrer chaque chorégraphe, chaque compagnie
professionnelle ou amateur, d'une part, pour recueillir leur avis et leur témoignage
lorsqu'ils s'y prêtaient, d'autre part, pour apprécier la qualité de leur travail, mais aussi,
leur état d'esprit. Ainsi, nous avons présélectionné une vingtaine de prestations
offrant un panel de spectacles, de démonstrations, de déambulations en danse, de
genres différents. Nous continuons de les rencontrer régulièrement pour leur
communiquer l'esprit d' "Entrez dans la danse...", et pour établir un lien de confiance
qui facilitera le dialogue, la collaboration, et le travail d'équipe le jour de la
manifestation. Nous poursuivons notre prospection, car une programmation élaborée
un an avant la date effective de l'événement peut être modifiée, mais aussi enrichie.
I-2-C La médiatisation
Plusieurs axes sont d'ors et déjà envisagés : d'une part, la création d'un site
internet qui va permettre une communication rapide de l'événement auprès du plus
grand nombre, d'autre part, la mise en place d'une communication de proximité et d'une
communication médiatique.
I-2-C-a Le site internet
Aujourd'hui, avoir son site pour une association lui assure une ouverture sur le
monde, une amorce de crédibilité dont nous avons estimé ne pas pouvoir faire
l'économie en qualité de "jeune" association. Permettre au plus grand nombre d'avoir
accès à l'historique de l'association, à l'équipe du projet, à ses objectifs, à la
programmation, à des informations sur l'esprit de la fête, nous est apparu
incontournable pour le lien d'interactivité que nous voulons établir durant la
manifestation "Entrez dans la danse...", et par la suite. Mettre à disposition un espace
"votre avis nous intéresse" est indispensable pour analyser la réception de la fête
47
auprès des publics.
Nous souhaitons qu'il soit un des outils de mesure pour réaliser l'impact de cette
fête par les retours escomptés sur le forum de discussion.
I-2-C-b Une communication de proximité
Compte tenu des faibles réserves financières de Mouvance d'Arts, une partie de
cette communication est en négociation avec Monsieur Jean-Jacques Fasquel, directeur
de Bercy-Village, et, Madame Sabine Masquelier, Responsable des animations. La
prise en charge d'un accueil pour la presse et des frais de réception, une campagne
d'affichage dans les commerces du Cours St Emilion et des rues avoisinantes ont été
considérées. Les termes exacts de cette communication restent cependant à définir.
Parallèlement, la Mairie du XIIème arrondissement semble envisager une
communication dans le Journal du XIIème, et leur site internet, quant à la Mairie de
Paris, une possibilité de passer par leur réseau interne de communication et un
éventuel accès aux panneaux Decaux pour la campagne d'affichage ont été évoqués.
Ces partenariats vont être définis plus précisément au début de janvier 2004.
I-2-C-c La presse et les outils de communication
Le matériel de communication sera en partie réalisé par des professionnels
gravitant autour du projet et souhaitant être partenaires du projet par leur apport
bénévole. Leur nom et logo seront sur les supports de communication s'ils le
souhaitent.
Il comportera des invitations, des dossiers de presse, des communiqués de
presse et des tirés à part (partenariat), des affiches, des programmes.
Le choix du visuel de la manifestation doit être fait avant la fin du mois de
48
février 2004 pour être décliné sur tous les supports cités précédemment. Les
invitations seront envoyées à la presse, à chaque partenaire et toute personne ayant
contribué de près ou de loin à la concrétisation d'"Entrez dans la danse...".
Afin de s'assurer la plus grande couverture médiatique possible, à l'occasion d'un
printemps riche en événements dans la région parisienne, il conviendra de conclure des
accords de partenariat avec plusieurs titres de la presse (par exemple : Le Monde,
Télérama, Les Saisons de la Danse...) et une radio (France Culture, France Info...).
Avec la presse écrite, la réalisation d'un tiré à part (quantité à définir), distribué
sur les divers sites de la manifestation et servant de guide serait souhaitable. Il sera
composé d'une partie rédactionnelle et d'une partie d'informations pratiques
(remerciements, plan des points cruciaux de la manifestation, lexique, signalétique des
genres et du niveau des prestations, publicités pour d'autres activités culturelles de la
Mairie...). La partie rédactionnelle sera entièrement reprise dans l'édition nationale du
magazine sous la forme d'un article et non d'un supplément encarté. La Mairie ne
prendra à sa charge que les frais techniques et les frais d'impression.
En échange nous mettrons le logo du magazine sur l'ensemble de nos moyens de
communication (invitations, dossiers de presse, affiches, bâche extérieure).
Pour les espaces publicitaires dans la presse écrite, nous envisageons un article
dans Télérama, ZURBAN, Les saisons de la Danse, Mouvement. Le quotidien reste à
déterminer.
Avec une ou plusieurs radios, nous souhaitons acheter un nombre déterminé
d'espaces publicitaires auxquels la radio ajoutera gratuitement des espaces
publicitaires.
En échange, nous mettrons le logo de la radio sur l'ensemble de nos supports de
communication.
49
Le montant du budget alloué à la communication de la manifestation et le détail
exact de l'assistance de certains services de la Mairie de Paris doivent être définis au
plus tôt. Nous pourrons alors présenter un prochain plan de médiatisation chiffré qui ne
tiendra compte que des frais à imputer au budget de la communication et, qui nous
permettra de procéder aux négociations et aux réservations publicitaires. Le budget
global de communication pour la manifestation est estimé à 21 343 euros (soit 140 000
francs), dans l'idéal.
L'organisation d'une inauguration est nécessaire au lancement de cet événement.
I-2-D Le budget prévisionnel
Les postes du budget prévisionnel52
se répartissent ainsi : prestations artistiques,
défraiements, technique, communication, administration, personnels, imprévus. La
partie la plus importante du budget est destinée aux prestations artistiques et charges
de personnel, vient ensuite le poste technique, puis le poste communication.
Ce budget important pourra se voir restreint en fonction des engagements
effectifs des partenaires, en effet, le défi majeur est d'équilibrer nos charges et nos
produits. Certains postes pourraient être diminués, notamment certains salaires peuvent
être renégociés, ainsi que le poste technique suivant les accords avec des entreprises
de matériels.
I-2-E Planning de réalisation du projet
De mai à décembre 2003, la phase de montage et de mise en oeuvre se
caractérisera par la recherche de nouveaux partenaires, par la poursuite des
négociations engagées, par la finalisation du site internet, par l'ajustement du budget
prévisionnel, par la mise en place des moyens techniques, humains, administratifs,
juridiques et de communication et par la continuité des relations nouées avec les
52 Conf. le budget prévisionnel en ANNEXE I.
50
artistes.
Les deux dates envisagées pour la manifestation sont le 29 avril 2004, si nous
décidons de faire coïncider "Entrez dans la danse..." avec la Journée Internationale de
la Danse de l'Unesco, ou le dimanche 16 avril 2004, si nous choisissons de nous
démarquer.
Le tableau suivant préfigure, dans les grandes lignes, les actions à mener, ou les
objectifs à atteindre de janvier 2004 au jour "J" :
PHASE de
MONTAGE
& de MISE
en OEUVRE
PHASE de
REALISAT°
PHASE des
BILANS
Jan-04
Fév-04
Mar-04
Avril/Mai 04
La veille
Le jour "J "
Juin 04 à
déc-04
Mise en ligne
Mise à
jour
du site
Installation
Inauguration
du site internet
internet
technique
Réalisation
Programmat°
du visuel
Répétitions
Bilan
médiatique
Réalisation
du plan
Campagne
de médiatisat°
& de communicat°
d'affichage*
Signatures
Analyses
Retombées
Signature des
convent° avec
les partenaires
Contrats
Arrivée subvent°
Arrivée
Subventions
Pot Presse
Clôture
Rémunérat°
Bilan
Budgétaire
des artistes
Dans le chapitre suivant, nous exposerons les méthodes que nous avons choisies
pour mener à bien notre approche expérimentale, et qui nous ont permis de recueillir
les données. Ces dernières une fois analysées nous donneront des résultats qui
valideront ou infirmeront nos hypothèses.
51
II- CONSTRUCTION DE L'OUTIL DE RECHERCHE
52
II - CONSTRUCTION DE L'OUTIL DE RECHERCHE
II-1 Double posture ou le terrain comme angle d'approche
Etre à la fois fondatrice de l'association Mouvance d'Arts, conceptrice, chef de
projet d' "Entrez dans la danse..." et engagée dans un processus de recherche, nous
place de fait dans une double posture et dynamique dans le registre des méthodes. Les
deux approches menées de front, d'une part, la conception et la mise en oeuvre, de
l'autre, le Travail d'Etudes et de Recherche universitaire, nous amènent à utiliser des
compétences de champs disciplinaires très différents, qui pourtant à certains niveaux
se complètent.
Pour la conception par exemple, le travail de contextualisation politique, social,
historique, et l'étude de "marché" appliqués à notre manifestation culturelle, rejoignent
en partie le travail de documentation nécessaire à l'élaboration de notre premier
chapitre sur l'étude des domaines intervenant dans la faisabilité théorique du projet.
La mise en oeuvre du projet 53
, elle, requière les méthodes spécifiques de
l'ingénierie et du management culturels, les outils de la logistique, et de la
communication qui regroupe elle-même des procédés divers de mise en forme des
informations et de la médiatisation de l'événement. La mise en oeuvre et sa
coordination nécessite aussi notamment de faire appel à des savoirs appartenant aux
domaines de la gestion et de la comptabilité, à des compétences tant sur le plan
juridique que sur le plan du droit du travail, du droit des artistes...
II-2 Présentation des méthodes du TER
Dans le cadre de notre Travail d'Etudes et de Recherche universitaire, nous nous
sommes attachés au travail de fondement de la faisabilité du projet. Il nous a paru
53 Conf. Chapitre I-2 Cahier des charges, page 47.
53
efficace de construire notre outil de recherche sur la base de méthodes orientées vers
l'analyse et l'évaluation du projet en lui-même. Compte tenu de notre sujet, il nous est
apparu judicieux et logique de porter notre choix sur des méthodes issues du champ
des sciences humaines, et plus particulièrement, celles de l'ethno-sociologie qui
permettent d'entreprendre une approche plus compréhensive qu'explicative. Elles ont
eu pour but de répondre aux objectifs de connaissance suivants :
- évaluer les motivations de la population et des publics potentiels,
- évaluer les motivations des différents acteurs et partenaires du projet,
- évaluer le rôle d'une fête, où sont mêlées danses de spectacle et pratique des danses,
dans la cohésion sociale, et dans la cartographie des festivals de danse,
- estimer ce qui favorisera une prise de conscience des danses comme mémoire
collective.
Ces objectifs dans l'analyse ont orienté des choix méthodologiques qui tendent
finalement à évaluer la pertinence et la faisabilité du projet dans sa fondation même.
II-2-A L'observation/Recherche-action : "Entrez dans la danse..."
L'étude de ce projet se situe d'emblée dans la recherche-action54
. Et en effet,
l'inscrire dans une totalité dynamique, c'est ce que propose la recherche-action,
lorsque, selon René Barbier, elle "devient existentielle, et accepte de s'enquérir de la
place de l'homme et de l'action organisée pour donner du sens"55
.
Comme l'affirmait Kurt Lewin56
: "Quand nous parlons de recherche, nous sous-
entendons Action-Research, c'est-à-dire une action à un niveau réaliste toujours suivie
par une réflexion auto-critique et une évaluation des résultats puisque notre but est
54 RESWEBER Jean-Paul. La Recherche-Action, Que sais je ? N°3009, PUF, Paris, 1995
55 BARBIER René. La Recherche-Action, Anthropos, Editions Economica, Paris, 1996.
56 "On s'accorde en général pour soutenir que l'origine de la recherche-action revient à Kurt Lewin,
psychologue d'origine allemande, naturalisé américain durant l'épreuve de la Seconde Guerre Mondiale". BARBIER
René. La Recherche-Action, Anthropos, Editions Economica, Paris, 1996.
54
d'apprendre vite, nous n'aurons jamais peur de faire face à nos insuffisances. Nous ne
voulons pas d'action sans recherche, ni de recherche sans action"57
.
"L'approche multiréférencielle des événements et des pratiques individuelles et
sociales en constitue la référence majeure"58
d'après René Barbier. Cette approche
distingue ainsi radicalement la recherche-action de la sociologie traditionnelle.
Il s'agit d'élaborer un outil réflexif et critique, sur le sens, la viabilité et la portée
d'un tel projet dans sa phase de conception comme tout au long de sa mise en oeuvre,
puis dans la phase de l'après-manifestation.
Ainsi, plusieurs étapes nous ont été nécessaires. Premièrement, celle de
l'observation générale (avec une prise de notes et la tenue d'un journal de bord,
notamment lors des réunions de quartier, des divers rendez-vous...), correspondant à
l'étude de l'environnement. L'étape suivante a été celle du recueil de données qui est
venu constituer notre corpus et qui nous conduit naturellement à l'analyse de ces
données. Enfin, nous sommes parvenus à celle de la mise à jour des résultats, cette
dernière aboutissant à la rédaction du TER. Cette méthode nous a permis de relier
notre travail de terrain à une observation "objective" nécessaire et stratégique, puisque
nous avions besoin d'un outil d'évaluation et de régulation qui nous permette des
ajustements entre les directions théoriques et la réalité pratique. Elle s'est avérée
précisément adaptée à l'étude d'un projet en cours de validation et associant la
recherche théorique et la réalisation pratique.
De plus, les objectifs cités précédemment déterminent une procédure d'actions
principalement tournée vers leur atteinte, et vers l'accomplissement des démarches
pour décider et/ou agir. Cette méthode permet des allers-retours entre les types de
connaissance dégagés, qui sont nécessaires à la conduite du projet et de la recherche.
57 Cité par MARROW (A.J.). Kurt Lewin, Edition S.F., Paris, 1972.
58 BARBIER (R). L'écoute sensible en approche transversale, Pratiques de Formation / Analyses, n° 25-26 La
multiréférentialité en formation et en sciences de l'éducation, sous la direction de J. Ardoino et R. Barbier, Université-
Paris VIII, Paris, mai 1993.
55
II-2-B Questionnaires/entretiens
La méthode du questionnaire est adaptée à la détermination de pratiques
sociales, connaissances dont nous avons besoin.
Avec François De Singly, nous pensons que "le questionnaire est une excellente
méthode pour l'explication de la conduite. Elle [la méthode] doit être retenue si les
effets de certains facteurs sociaux sur le comportement et les pratiques doivent être
repérés."59
Le travail préalable à l'élaboration du questionnaire60
a été la définition et la
délimitation du sujet de l'enquête. Les étapes suivantes ont consisté à la structuration
du questionnaire, au choix de l'échantillon, à savoir, l'ensemble de personnes à qui l'on
adresse l'enquête, et au choix des indicateurs qui permettraient de repérer ce qui fonde
la participation et l'adhésion des publics sondés.
Nous avons aussi eu recours à la méthode des entretiens. Ce qui nous a intéressé
dans celle-ci, comme le souligne à juste titre François De Singly, c'est que "dans
l'entretien, c'est surtout la personne interrogée qui est maîtresse de ce choix
(conservation/élimination) alors que, dans le questionnaire, l'individu qui répond le fait
dans un cadre fixé à l'avance par le spécialiste. L'entretien a d'abord pour fonction de
reconstruire le sens "subjectif", le sens vécu des comportements des acteurs sociaux ;
le questionnaire a pour ambition première de saisir le sens "objectif" des conduites en
les croisant avec des indicateurs, des déterminants sociaux"61
.
Selon lui toujours, "l'entretien est un instrument privilégié pour la
compréhension des comportements, le questionnaire est une excellente méthode pour
59 DE SINGLY (F). L'enquête et ses méthodes : le questionnaire, N°18, 128 Sociologie, Editions Nathan
Université, Paris, 1992.
60 Conf. Le questionnaire en ANNEXE VII.
61 DE SINGLY (F). L'enquête et ses méthodes : le questionnaire, N°18, 128 Sociologie, Editions Nathan
Université, Paris, 1992.
56
l'explication de la conduite"62
. Deux aspects dont notre projet ne peut faire l'économie.
Dans notre cas, nous avons déjà connaissance d'un certain nombre de pratiques
culturelles en danse grâce à l'enquête réalisée par La Documentation Française en
1998 sur Les pratiques culturelles des Français. Cependant, le cadre extérieur de la
manifestation et le caractère innovant du projet, par sa vocation nationale, nécessitent
la recherche de nouvelles données qui nous permettent de vérifier nos hypothèses.
Pour ce faire, nous nous sommes placée en amont de la première édition d'
"Entrez dans la danse...", qui propose un dispositif d'accès gratuit à une fête des
danses en extérieur avec en arrière plan l'évocation d'une évolution sur le plan national,
pour recueillir les données. Nous avons interrogé par questionnaire soixante dix
personnes dans le quartier de Bercy ; par ailleurs, nous avons soumis une vingtaine de
chorégraphes et danseurs amateurs et professionnels à un entretien.
Conformément à nos objectifs de recherche, nous tenterons de discerner ce qui
motive les uns et les autres - publics, chorégraphes et danseurs, partenaires publics et
privés - pour qu'émergent, de leurs points de vue, les conditions favorables à la
réception de cette fête et à sa faisabilité.
Nous chercherons à définir dans quelle mesure ces diverses motivations influent
concrètement sur la faisabilité de cette fête. Nous interrogerons les raisons de
l'incontournable rémunération, condition de la présence d'artistes professionnels.
Dans une acception proche de celle d'Olivier Donnat : "l'objectif principal des
enquêtes [...] reste à mes yeux d'identifier les déterminants qui favorisent ou entravent
l'accès à l'art et à la culture"63
, nous verrons que l'analyse des questionnaires et des
entretiens met en lumière l'interaction des enjeux qui relie artistes - spectateurs -
institutions publics et privés pouvant faire de cette manifestation un succès.
62 Ibid. DE SINGLY (F). L'enquête et ses méthodes : le questionnaire, N°18, 128 Sociologie, Editions Nathan
Université, Paris, 1992.
63 DONNAT (O). Les enquêtes de public et la question de démocratisation, in "Les publics du secteur culturel.
Nouvelles approches." Sous la direction de Jean-Paul Baillargeon, 1996.
57
L'utilisation de ces deux types de méthodes, recherche-action et
questionnaire/entretien, nous ont permis d'observer et de mieux appréhender la réalité
sociale, la réalité chorégraphique et la réalité partenariale.
Elles vont également nous rendre capables d'infirmer ou de confirmer nos
hypothèses sur la base d'une lecture plurielle, multiréférentielle des situations
humaines ; ce que la scientificité habituelle dans les universités, compartimentant les
champs des compétences méthodologiques, ne propose pas et, n'aurait donc pas
permis.
Nous saurons si cette fête de la danse modifie effectivement les comportements
et les attentes des acteurs potentiels d' "Entrez dans la danse...", s'il surgit des
dispositions spécifiquement propices à sa réalisation, et si, finalement, les interactions
entre les différents acteurs de la fête participe à sa faisabilité.
Enfin, il nous restera à défendre les possibilités d'application et de généralisation
de cette fête au niveau national, puisque le problème du coût d'une telle manifestation
envisagée sur cinq lieux et un quartier laisse "songeur".
58
III- CE QU'EN DISENT LES PRINCIPAUX INTERESSES
Copyright Christine Fricker, Marseille, 2003.
59
III - CE QU'EN DISENT LES PRINCIPAUX INTERESSES
Ce projet est à plusieurs égards une continuité de ce qui existe déjà dans
certains festivals où la danse sort des murs conventionnels pour aller vers le public.
L’originalité est de proposer non pas un autre festival dans une cartographie déjà
riche64
, mais, une fête ayant une portée nationale programmant en extérieur la danse
sous de multiples formes et cultures.
Afin d’éprouver l’engouement des principaux intéressés, nous sommes allés à
leur rencontre. Pour connaître notre public, nous proposons de découvrir et d’analyser
le sondage65
que nous avons effectué en février 2001. Concernant les professionnels de
la danse, un questionnaire/entretien sera exploité plus loin. Nous avons également
analysé les entrevues et les entretiens menés auprès des responsables de la politique de
la ville et des partenaires privés.
III-1 Le public donne son avis
Le public a été sondé dans le quartier de Bercy, lieu de la première édition-test
de cette « Fête de la danse ». Pour avoir une idée très précise de la portée d’un tel
projet, de sa possible réception et des attentes, il nous fallait interroger suffisamment
de personnes, de tous âges, sexes et professions. Et en particulier, il s'agissait d'être en
mesure de différencier le public fréquentant le quartier de Bercy, de ses habitants, afin
de répondre à la question des enjeux pour une population et pour son environnement.
Sur un échantillon de 70 personnes, nous avons sondé en même proportion les
hommes et les femmes (respectivement 23 pour 24 chez les - de 35 ans, et, 13 pour 15
chez les + de 35 ans), avec légèrement plus de personnes de - de 35 ans, et un rapport
sensiblement égal entre les étudiants, les cadres et les employés. Nous avons sondé
36% de personnes habitant ou travaillant à Bercy, le reste des personnes interrogées
sont des passants, puisqu'il s'agit d'un quartier très commerçant. Des questions très
64 Voir la liste des festivals répertoriés en ANNEXE IX.
65 Conf. le questionnaire en ANNEXE VII et les résultats en ANNEXE VIII.
60
ouvertes ont été posées afin de recueillir des témoignages personnels sur leurs
expériences vis-à-vis de la danse. D’autres questions fermées nous ont permis
d’identifier les facteurs de succès ou d’échecs liés à notre projet afin de l’éprouver et
de s’assurer de sa faisabilité.
III-1-A Une vraie demande
Une très écrasante majorité du public sondé aime la danse. Pourtant, lorsque
l’on examine le taux de fréquentation des lieux de danse, et des spectacles de danse,
pour ce même public, les chiffres décroissent très vite. Pour 93% des - de 35 ans qui
déclarent aimer la danse, 69% fréquentent un lieu de danse, et 43% assistent à des
spectacles. On note une très forte demande : celle de découvrir différents types de
danses (59,5% des - de 35 ans et 68% des + de 35 ans). La danse est décrite très
majoritairement comme étant à la portée de tous "puisque tout le monde a un corps et
sait bouger"66
. 88% des - de 35 ans, et 82% des + de 35 ans le pensent. Il est
intéressant de souligner que pour la plupart des gens questionnés, "danser" est
synonyme de "bouger". De plus, à la question « Pouvez-vous imaginer que les rues et
les jardins de votre quartier soient un lieu où l’on danse durant 24 heures ? », les - de
35 ans répondent à 74% oui, et les + de 35 ans répondent positivement à 93%. Un
passant d'une trentaine d'années nous raconte : "Il m'arrive fréquemment d'esquisser
quelques pas de danse dans la rue avec ma femme, juste comme cela, pour le plaisir.
Alors oui, évidemment, je considère que l'on peut danser partout, pourvu qu'on ose le
faire". Ainsi, on constate que le projet "Entrez dans la danse..." est bien accueilli
parce qu'il répond à une demande et à des attentes qui ne sont pas toujours formulées
au milieu d'un quotidien souvent trépidant.
III-1-A-a La danse à la rencontre des publics : se donne à
voir, à danser, à rassembler
66 Remarque faite par plusieurs personnes sondées surprises par la question.
61
Le sondage démontre que le public aime avant tout danser, et regarder danser.
Aussi, proposer des danses qui sortent à sa rencontre le séduit. Qu'elles se donnent à
voir ou à danser. Les plus jeunes ont une préférence pour danser, à l’inverse des + de
35 ans. Ensuite, vient l’apprentissage de la danse ou la volonté de donner des cours de
danse. Etre acteur-danseur et/ou spectateur semblent être la motivation essentielle pour
participer à cette fête. Pourtant, chacun perçoit, au-delà de cet art, des phénomènes
intrinsèques à la danse qui font qu’elle véhicule une image de tradition et de cohésion
sociale. Cette image se trouve renforcée dès que la danse investit des lieux ouverts, en
l'occurrence ici, l'espace public. Pour certains, cela évoque les bals du 14 juillet "où
l'on dansait sans considération de personne et où l'on pouvait discuter avec des
inconnus, ou des voisins, ou en famille assis sous un platane, parce que l'ambiance s'y
prêtait67
" ; pour d'autres, c'est l'idée que "la ville se transforme en une sorte de comédie
musicale68
" qui leur plaît : "s'imaginer un instant danser notre vie, cela la rendrait plus
belle !69
". Pour 76% des - de 35 ans et 82% des + de 35 ans, l’incitation à la danse
tient à l’ambiance qui sera propagée lors de la manifestation. Et 53% des + de 35 ans
perçoivent la possibilité de se rencontrer, d’échanger : "être dehors, avec de la
musique, et de la danse, quoi de plus idéal pour se rencontrer, communiquer ? Ah si, je
n'ai pas cité le beau temps..." remarque un homme. Le public attend de la danse un
spectacle, une pratique, mais aussi et surtout une rencontre qui lui permet de se
découvrir. On constate le désir d'être ensemble et de partager une passion commune "si
peu mise en avant au sein d’un quartier, dans une ville" selon les assertions de
nombreux passants interrogés.
III-1-A-b Une autre conception de la pratique culturelle et de
l'art chorégraphique scénique
Ce sondage a fait tomber une de nos idées reçues selon laquelle la pratique de la
67 Commentaire de plusieurs personnes interrogées.
68 Commentaire de plusieurs personnes interrogées.
69 Commentaire de plusieurs personnes interrogées.
62
danse était associée à la participation à des cours.
D'après cette enquête, la pratique de la danse est souvent assimilée aux danses
de salon que l’on danse dans des occasions assez rares (40% des - de 35 ans et 75%
des + de 35 ans connaissent les danses de salon, loin devant tous les autres types de
danses). Pour un certain nombre de personnes, on remarque que les questionner sur la
pratique de la danse moderne ou de la danse dite contemporaine les renvoie, dans leur
conception, aux pratiques modernes disco-funk-rap, etc... Quant aux spectacles de
danse, ils ont une réputation hermétique, et en particulier, ceux qui se situent dans le
registre de la danse contemporaine. C'est pourquoi, sensibilisés par cet état de la
réception et de la compréhension des publics, la plupart des acteurs et des
responsables de ce secteur culturel ressentent fortement l’enjeu d’amener cette danse
de représentation vers les publics, et de la faire découvrir à ceux qui sont encore
frileux vis-à-vis de cette discipline artistique. A la question "Combien de fois par an
allez-vous voir un spectacle ? ", 36% des + de 35 ans et 14 % des - de 35 ans
répondent « jamais ». Ces derniers, pour 77 %, ne répondent pas à cette question. Sur
les lieux de pratique les + de 35 ans et les - de 35 ans sont unanimes : ils préfèrent
danser chez des amis (réponses respectives : 68% et 81%). Suivent les boîtes de nuit
avec respectivement 36% et 50 % des "suffrages" exprimés. Nul doute que la danse
peut être redécouverte et amenée dans les lieux publics. Et cela est confirmé par les
40% des - de 35 ans qui se déclarent motivés par la découverte, et par les 53% des +
de 35 ans qui le sont par l’aspect convivial de la danse.
III-1-A-c Des spectateurs/danseurs ouverts à l'expérience
L'enthousiasme avec lequel le public a accueilli la proposition du projet "Entrez
dans la danse..." se voit dans le sondage, puisque 74% des - de 35 ans et 93% des +
de 35 ans pensent que l'on peut investir les rues et les jardins pour y danser, mais
aussi, respectivement 60% et 68% des sondés déclarent que tous les genres peuvent y
être représentés. Ce qui traduit l'attente des populations et leur ouverture à tous les
styles. Cependant, nous remarquons un intérêt particulier pour les danses de rue, les
63
carnavals et les parades chez les - de 35 ans. Vient ensuite la danse contemporaine.
Concernant les + de 35 ans, leur prédilection va pour 22% aux danses régionales et
traditionnelles, et pour 14% aux bals populaires.
62% des - de 35 ans et 68% des + de 35 ans déclarent vouloir participer à la fête
"Entrez dans la danse..." comme acteurs-danseurs, se montrant ouverts à toutes
expérimentations. D'autre part, hors sondage, les réactions furent très positives.
Nombreux furent ceux qui nous proposèrent les coordonnées d'écoles de danse de leur
connaissance, ou un soutien quelconque pour contribuer au succès de cette
manifestation.
III-1-B Ce que pense le public des artistes-contacts
La population sollicitée pendant la période de sondage apprécie qu'on lui
demande son avis avant qu'une fête s'implante dans son quartier. Le public potentiel a
aussi été interpellé par la démarche des artistes qui sont prêts à sortir de leurs murs.
Plusieurs réactions ont été recueillies. Tout d'abord, l'idée que les danseurs puissent
rechercher la proximité avec le public, séduit. Ensuite, les expériences tentées dans ce
domaine ont donné envie aux danseurs, qui s'étaient déjà exposés à danser dans un
autre cadre que la scène, d'aller plus loin dans leur recherche artistique et pédagogique.
Pour les personnes soumises au questionnaire, le désir de participer à une telle
aventure est évident. Cette fois, le sondage du public sur un événement à venir est
venu s'appuyer sur l'expérience en la matière de quelques danseurs et chorégraphes, et
a été confirmé par le retour/appréciations du public. Plusieurs réactions ont été
retenues, très positives. Nous parlerons essentiellement du sentiment du public de voir
des artistes être plus en phase avec la réalité, avec les gens, et du sentiment de prise de
risque que le cadre extérieur implique. Ainsi le public apprécie l'interaction que leur
procure un déambulatoire chorégraphique, le "dérangement" provoqué dans leur
parcours habituel, dans leur cadre de vie et les nuances apportées à leur conception de
la danse. Cette danse qui vient à eux leur donne aussi le sentiment d'une
reconnaissance.
64
III-1-B-a Plus de risques pour les artistes : plus de proximité
avec les publics
Confronté à un public qui ne se trouve pas dans les lieux habituels de danse,
revient à dire, en partie, changer de public. Que les artistes retrouvent les mêmes
assidus ou que le public soit complètement renouvelé, le cadre est différent. Les
chorégraphies doivent s'adapter, le spectacle doit être revisité, et l'appréciation du
public aussi. Tous le perçoivent. Le public rend compte de l'effort fourni. Il vient alors
vers les artistes pour exprimer sa reconnaissance tant pour ce qu'il aura vu que pour le
sentiment agréable d'avoir été intégré dans la démarche de création ou de
représentation, ou encore, de démonstration. Le spectacle s'inscrivant dans un décor
"naturel", une grande adaptation de la part des chorégraphes et des danseurs est
requise permettant aux prestations d'être en adéquation avec l'environnement. Le
public s'identifie aux danses, car celles-ci utilisent, comme lieu d'implantation70
, un
terrain qui lui est familier : la rue. Ainsi on peut voir des spectacles où l'on déambule,
activité reconnaissable du public. Des danseurs prennent l'apparence de personnages
connus que la population côtoie dans son quotidien, tels des policiers... Ou encore, des
spectacles insolites, comme par exemple un final aérien71
, viennent apporter du rêve ou
un autre regard sur le lieu habituel de vie. Il y a alors promesses de symbioses, de
magie de l'instant, et cela plaît aux publics.
70 "Implantation : préparer, former, embaucher, fabriquer sur place. On prépare le terrain et on fabrique
l'histoire". Définition proposée par Hafida Boulekbache-Mazouz/Patrizia Laudati/Sylvie Mervieu-Leleu. L'art dans
l'oeuvre d'art : l'expression dans les lieux de la communication, in Publication électronique des Actes des 1ères
rencontres internationales : "Arts, sciences et technologies", 22-23-24 novembre 2000. Maison des Sciences de
l'Homme et de la Société de l'Université de la Rochelle. En collaboration avec le Ballet Atlantique Régine Chopinot.
71 "Final aérien : c'est l'instant de magie par excellence, où tout le monde a le nez en l'air, comme des mômes.
Moment privilégié où la foule vibre à l'unisson. C'est l'occasion d'imprimer dans le paysage urbain des images
fugitives, des instants du spectacle, des mirages qui resteront gravés dans la mémoire collective". Hafida Boulekbache-
Mazouz/Patrizia Laudati/Sylvie Mervieu-Leleu. L'art dans l'oeuvre d'art : l'expression dans les lieux de la
communication, in Publication électronique des Actes des 1ères rencontres internationales : "Arts, sciences et
technologies", 22-23-24 novembre 2000. Maison des Sciences de l'Homme et de la Société de l'Université de la
Rochelle. En collaboration avec le Ballet Atlantique Régine Chopinot.
65
III-1-B-b Rapports modifiés
La séparation entre les deux microcosmes, l'univers des danseurs et celui du
public est ébréché. Entre les deux, une ressemblance s'est créée, et par la même
occasion une possibilité de dialogue, de compréhension, d'échange. L'intimidation due
au respect de l'art, et à la vocation de l'artiste, s'estompe, et le danseur qui devient un
des pairs du public, est plus accessible. Celui qui s'est déguisé en policier, est devenu
mime, acteur, amuseur. Le public l'identifie à quelqu'un qui l'amuse, qui veut créer une
complicité. L'humour, la joie et le partage qui sont véhiculés par la danse, sont à
nouveau présents. Le facteur social est enfin réhabilité. Le public qui ne se trouve plus
sur un siège dans une atmosphère guidée par les lumières du spectacle, peut voir les
visages des voisins et communiquer ses sentiments, rires, interrogations. La fête est
alors à l'honneur. Parfois, quand le spectacle le permet, le public se met à danser. Les
danseurs ne sont plus intouchables et inimitables, ils se mettent au service de la danse
et des publics pour transmettre et partager une passion.
Aux questions "Pensez-vous qu'une fête de la danse qui rende les spectacles de
danse et les pratiques accessibles gratuitement puisse augmenter votre compréhension
de cet univers ? Votre désir de fréquenter des cours ? Votre désir de fréquenter des
spectacles ? Votre désir de danser ? ", voici ce qu'ils répondent :
66
Nous constatons qu'il y a un fort pourcentage de personnes qui ne se prononce
pas sur les répercussions possibles d'une telle fête sur leur conception de la danse et
sur leurs pratiques futures, ce qui se conçoit aisément. Cependant, nombreux sont ceux
qui pensent que leur perception de la danse, des spectacles et du monde
chorégraphique se trouvera modifiée positivement avec "Entrez dans la danse...". Le
désir de fréquentation des cours de danses et des lieux de spectacles de danse des
personnes interrogées est sensiblement augmenté par rapport aux habitudes constatées
chez ces mêmes personnes.
67
III-1-C Un cadre favorable
Offrir au public une prestation qui l'enrichit, qui lui ouvre les portes, ne peut que
retenir son attention. Le cadre hors mur est également un élément appréciable, puisque
le public se sent désiré : les danseurs viennent sur son terrain. La surprise est aussi un
élément important. Cette initiative n'est pas née d'une volonté artificielle pour flatter le
public, mais de personnes amoureuses de la danse qui désirent transmettre cet
émerveillement qu'elle peut susciter. Les motivations de danser sont bien perçues dans
le public selon des critères relationnels (76 % des - de 35 ans et 82% des + de 35 ans
sont motivés à danser par l'ambiance créée). Le sondage utilisé pour connaître les
goûts des publics rencontrés, a permis à ceux-ci de se reconnaître, de faire de cette
fête, leur fête. Le public, sa personnalité, a été prise en compte.
III-1-C-a Un contexte non-commercial : la gratuité
La gratuité de la manifestation est un enjeu important à plusieurs titres, et
l'analyse des questionnaires le souligne : tout d’abord, pour attirer de nouveaux publics
vers des chorégraphes plus ou moins connus du grand public et réservés aux initiés,
ou, vers des amateurs pleins de ressources ; ensuite, pour permettre aux publics
défavorisés d’avoir accès à la manifestation. Plusieurs personnes nous ont fait
remarqué que, sans la gratuité, elle ne pourrait pas obtenir dans l'avenir le statut de
Fête nationale. 40% des - de 35 ans et 36% des + de 35 ans citent la gratuité comme
une incitation à danser pour toutes les couches de la population. Ensuite, la gratuité
permet de mêler plus adroitement des démonstrations de compagnies d’amateurs, aux
compagnies renommées. Il s'agissait pour nous, de diversifier l’ensemble de la
prestation mais aussi de lui donner toute son ampleur. Puisque les professionnels ne
peuvent envisager de se produire sans être financés, au vu de la situation économique
dans laquelle ils évoluent, le coût d’une manifestation uniquement constituée de
professionnels ne serait pas acceptable. Ce qui est un parti pris dans la conception
même de cette fête, semble mettre les publics à l'aise, avec pour certains, le sentiment
68
de libre choix devant l'offre plurielle. Voici quelques réflexions prises sur le vif :
"Apparemment avec ce que vous proposez, on ne nous impose pas un style, et puis, je
peux bouger, et aller vers autre chose si ce que je vois ne me convient pas", "quand je
paie une place de spectacle, si c'est mauvais, j'hésite à m'en aller et dans tous les cas,
j'ai la sensation de m'être fait avoir...", "je vais pouvoir découvrir des spectacles pour
lesquels je n'aurais pas pris le risque si j'avais dû payé"72
.
III-1-C-b Brassage des publics, brassage des danses : la
perméabilité
La danse est souvent assimilé à un art destiné à un public d'avertis, ou alors,
c'est une occasion de fête, lors de réunions sociales très typées (mariages,
anniversaires, bals de village, discothèques, soirées de vacances). Ici, la multiplicité
des danses proposées sur un espace rapproché (un quartier) permet une perméabilité
entre les genres rendue accessible à chacun. C'est ce que remarquent beaucoup de
ceux que nous avons interrogé. Le brassage des publics s'effectue simultanément avec
un brassage des danses. Ceci est rendu possible par la proposition hors les murs qui
permet de toucher les habitués, comme les "découvreurs". Brasser les publics, c'est
aussi proposer un large panel de possibilités visant à décomplexer ceux qui ne désirent
pas danser mais juste regarder, ou ceux qui ne savent que "bouger" et qui ne
connaissent pas les codes de danses particulières. Ceux qui le désirent auront la
possibilité de s'initier comme c'est l'attente de 43% des - de 35 ans, et de 25% des + de
35 ans. Finalement, en plus de la danse en elle-même, le public veut en profiter pour se
rapprocher, se brasser, se connaître : 24% des - de 35 ans désirent danser, afin de se
rencontrer, ainsi 53% des + de 35 ans.
III-1-C-c La découverte facilitée
Nous proposons la découverte de danses pluri-culturelles dans un cadre
72 Propos recueillis lors du sondage de Février 2001.
69
extérieur. C'est aussi le voeu de la majorité du public : à la question "quelle genre de
danse y verriez-vous ?", 59,5% des - de 35 ans déclarent vouloir y voir tous types de
danses ainsi que 68% des + de 35 ans. L'éventail des présentations, ainsi que les cinq
lieux73
ont été choisis pour mettre en valeur les danses et les espaces. On pourra
élaborer son parcours de découverte à la carte, en fonction des horaires et de ses
goûts, des déambulations dans certaines rues, des chorégraphies et des démonstrations
interactives sur les places, un bal interactif lui aussi. Les espaces urbains à travers ce
dispositif se trouvent réinvestis par la convivialité et redeviennent des lieux de
communication comme le soulignent bon nombre de personnes interrogées qui y sont
particulièrement sensibles, confirmant ainsi notre hypothèse.
Notre questionnaire nous a révélé que nous étions en présence d'un public de
"découvreurs".
Si la préférence du public est essentiellement de danser (50% des - de 35 ans,
71% des + de 35 ans), nous pouvons considérer que la découverte intervient en
regardant les autres danser (74% des - de 35 ans, 61 % des + de 35 ans), puis en
apprenant à danser (43% des - de 35 ans, 25% des + de 35 ans). La découverte est une
notion importante surtout pour les - de 35 ans : pour 40% d'entre eux, ce serait une
incitation à danser, contre 28% pour les + de 35 ans. A la question "qu'attendez vous
d'une fête de la danse", 55% invoquent le désir d'y être spectateur ou danseur. La
possibilité de découvrir des spectacles chorégraphiques les interpellent aussi.
Ce sondage a également mis en lumière un public de "participants".
A la question "qu'attendez vous d'une fête de la danse" 45% du public (- de 35
ans et + de 35 ans en même proportion), déclarent vouloir y participer simplement sans
exprimer d'attente particulière. D'autres sont plus précis. 78 % des - de 35 ans et 68 %
des + de 35 ans veulent s'y amuser. L'aspect festif fait l'unanimité. 53 % des - de 35
ans et 43 % des + de 35 ans désirent y danser, et enfin 47 % des - de 35 ans et 39 %
des + de 35 ans y viendront pour regarder.
Le désir de participation du public à l'animation de cette fête de la danse, avec 62%
73 Conf. Photos des lieux pressentis en ANNEXE IV.
70
d'enthousiastes chez les - de 35 ans , et 68% chez les + de 35 ans, peut se repartir
selon plusieurs centres d'intérêts. Il y a ceux qui veulent enseigner la danse. Ils sont
peu nombreux : environ 5%. Cependant, même quelques seniors étaient enjoués à
l'idée de communiquer un savoir danser aux plus jeunes : le tango, la valse, les
marches... Ensuite viennent ceux qui veulent s'investir dans la fête "pour les rencontres
que l'on fait lorsqu'on est acteur de la vie d'un quartier ". Certains veulent tenir un
stand, informer lors de la manifestation, d'autres se proposent d'insonoriser un lieu.
Enfin, il y a tous ceux qui veulent participer à l'animation, sans noter d'action précise,
et qui implique que l'animation doit être prise au sens le plus large possible. Les
bonnes volontés ne font pas de doute et se retrouvent chez les jeunes et les moins
jeunes. Autant d'indicateurs pour montrer leur volonté de voir cette manifestation
aboutir, toutes générations confondues.
III-1-C-d Le lien convoqué
La proximité des danseurs et du public favorise la participation du public.
L'interaction qui s'y crée, intense, se voit dans la réponse aux questions sollicitant sa
participation (chiffres cités auparavant). De plus, le concept de Fête de la danse
implique une manifestation d'ordre national, au même titre que la Fête de la Musique,
bien assimilée à ce jour par le public (74% des - de 35 ans disent y participer, pour
68% des + de 35 ans). Ce concept provoque un fort désir d'y ajouter son expérience,
d'engager sa personne, puisque une fête nationale, s'adresse à chacun d'entre nous. La
cohésion du public s'y trouve renforcée, d'autant plus que dans l'imaginaire collectif, la
danse, encore plus que la musique (puisqu'elle prolonge l'écoute de la musique par des
actions du corps, ou des interactions entre corps) est signe de fête, de fraternité,
d'engagement, de cohésion sociale. A ce titre, il nous a semblé intéressant de souligner
un autre aspect se dégageant des questionnaires : 69 % des - de 35 ans et 65% des +
de 35 ans se sont déclarés prêts à danser avec leurs voisins, et la raison principale
invoquée était le désir de les connaître, d'entrer en contact avec eux dans un cadre
convivial.
71
III-1-D Les réticences
Le phénomène de rassemblement provoque des réticences inévitables. En
premier lieu (pour les - de 35 ans et les + de 35 ans), vient la peur des violences
(respectivement 31% et 36%).
Nous trouvons dans l'expression de cette crainte une partie de la réponse au fait
que l'on ne danse presque plus dans l'espace urbain et que l'on n'y trouve quasiment
plus de bals.
Une autre des raisons avancées par Henri Joannis-Deberne, expliquant en
particulier la décroissance des bals de rue du 14 juillet74
à partir de 1960, est que
l'accordéon et son répertoire ne plaisaient plus aux jeunes. Les chemins se séparaient.
La fête populaire où les jeunes et les plus vieux dansaient mélangés se disloquait. Les
bals de rue disparurent. C'est alors que le bal du 14 juillet devint synonyme de bal des
pompiers. A partir des années 70 et 80, on ne dansait plus que dans leurs casernes :
une vingtaine de bals dans Paris avec orchestre ou sonorisation jouant la musique du
jour. Paris devait connaître une atmosphère semblable au 14 juillet d'autrefois
beaucoup plus tard, dans les années 90, avec des orchestres de coin de rue. C'était lors
de la fête de la musique. Fait symptomatique, la danse ne faisait plus partie des
réjouissances. Ce n'est qu'en 1998, que la Techno parade relança la danse populaire
dans la rue"75
.
Aujourd'hui, les personnes qui ont répondu au questionnaire, démontrent
majoritairement que le mélange des générations n'est plus un obstacle au retour des
pratiques dans les rues et des bals.
74 "On a peine à imaginer aujourd'hui ce qu'était la soirée du 13 juillet, de 1947 jusque vers 1970. Les témoins
rapportent un véritable tourbillon, des estrades au milieu de la rue, devant les cafés, où des orchestres d'accordéons
jouaient sans répit. Tout le monde dansait, on aurait pu traverser tout Paris de carrefour en carrefour sans s'arrêter de
danser", in Danser en société, Bals et danses d'hier et d'aujourd'hui, de JOANNIS-DEBERNE (H), Christine
Bonneton Editeur, Paris, 1999.
75 JOANNIS-DEBERNE (H). Danser en société, Bals et danses d'hier et d'aujourd'hui, Christine Bonneton
Editeur, Paris, 1999.
72
Viennent ensuite les nuisances sonores qui sont redoutées par environ 25% des -
de 35 ans et des + de 35 ans. Le chiffre le plus frappant est cependant celui des
personnes sans réserve, pour les - de 35 ans et les + de 35 ans, ils sont 51% à ne pas
avoir de réserve. L'étude de ces chiffres doit évidemment nous amener à prendre en
compte de façon vigilante la conception de cette fête de la danse, afin d'envisager les
risques encourus, et les moyens de les gérer efficacement par la mise en place d'un
service de sécurité, par la signature d'une charte sur le volume sonore, ou encore une
forte communication sur les conditions d'accès à la manifestation, compte tenu d'un
quartier déjà saturé par le trafic des véhicules engendré notamment par les événements
du POPB76
, mais aussi pour gérer les flux du public.
Il est à retenir que, selon l'enquête effectuée par Hafida Boulekbache-Mazouz,
Patrizia Laudati, Sylvie Mervieu-Leleu77
, la déambulation correspond pour les
spectateurs à une des réponses à leur "attente de la sécurité ; car la déambulation
implique la nécessité de se réapproprier la rue, de la même façon que le besoin de
sécurité. On se sent rassuré quand on arrive à prendre "pour sien" un espace"78
, et
lorsque l'on se sent canalisé, encadré.
III-2 L'avis des artistes et chorégraphes
La recherche d'artistes-chorégraphes, danseurs professionnels et amateurs dans
la perspective de notre fête a nécessité plusieurs phases.
La première a été de définir l'état d'esprit de cet événement qui va de pair avec
76 Parc Omnisport de Paris-Bercy
77 Enquête menée pour rédiger L'art dans l'oeuvre d'art : l'expression dans les lieux de la communication, in
Publication électronique des Actes des 1ères rencontres internationales : "Arts, sciences et technologies", 22-23-24
novembre 2000. Maison des Sciences de l'Homme et de la Société de l'Université de la Rochelle. En collaboration avec
le Ballet Atlantique Régine Chopinot.
78 Extrait de L'art dans l'oeuvre d'art : l'expression dans les lieux de la communication, rédigé par Hafida
Boulekbache-Mazouz, Patrizia Laudati, Sylvie Mervieu-Leleu, in Publication électronique des Actes des 1ères
rencontres internationales : "Arts, sciences et technologies", 22-23-24 novembre 2000. Maison des Sciences de
l'Homme et de la Société de l'Université de la Rochelle. En collaboration avec le Ballet Atlantique Régine Chopinot.
73
la qualité artistique attendue.
La seconde a consisté au tri des personnalités qui pourraient être tentées par
cette approche des publics sur leur terrain et à la rencontre des intervenants potentiels.
La troisième s'attache à la cohérence de notre sélection en accord avec notre
cahier des charges et à établir une confiance mutuelle par des contacts réguliers en vue
de faciliter la coordination et la communication le jour "J".
III-2-A Les professionnels
La plupart des professionnels contactés se sont montrés enthousiastes à l'idée de
participer à une telle manifestation et se sont prêtés de bonne grâce au questionnaire-
entretien.
III-2-A-a Les raisons de leur rémunération :
un engagement idéologique
Après quelques entretiens, nous avons réalisé qu'envisager leur participation
sans rémunération avait été irréaliste. La plupart ont été éduqués par le système
culturel des instances chorégraphiques qui sous-tend que ce qui est gratuit est douteux
quant à la qualité artistique. Ainsi, la reconnaissance passe par la rémunération. Leur
proposer de danser gratuitement revient à nier leur professionnalisme. Ils ont le
sentiment que s'ils acceptent une fois de danser gratuitement, il n'y a plus de limites
aux causes qui pourraient de nouveau justifier leur participation sans rémunération.
"On croyait l'artiste au-dessus de la mêlée , il est un travailleur comme les
autres", selon Daniel Conrod79
qui présente le dernier livre de Pierre-Michel Menger80
.
79 Extrait de l'article Les artistes. Des travailleurs à l'avant-garde du libéralisme, de Daniel Conrod, Télérama
n° 2776 du 26 mars 2003.
80 Sociologue au CNRS et à l'EHESS, il observe particulièrement les milieux de l'art et de la culture. Son
dernier ouvrage : Portrait de l'artiste en travailleur. Métamorphoses du capitalisme, éditions Le Seuil/La République
des idées, Paris, 2003.
74
Une des chorégraphes professionnelles interviewées, nous rappelle que "danser et
chorégraphier, ce sont des métiers. Des métiers où l'on travaille dur. Et même si l'on
est animé parce que l'on fait, on ne s'amuse pas. L'acte de création ou d'interprétation,
c'est sérieux. Un artiste-chorégraphe, un artiste-danseur-interprête, ce sont aussi des
artistes-intermittents81
qui doivent cumuler un certain nombre de cachets pour vivre, et
assurer la survie de leur statut. C'est la réalité économique. Les perspectives de
prestations sont liées aux perspectives de diffusion qui restent un combat quotidien. Et
puis, la considération des tutelles, et les subventions qui en découlent passent par le
fait que telle création a été achetée (x) fois ou non. Si la plupart d'entre nous sommes
parfois prêts à faire des concessions budgétaires, il faut réaliser que ce n'est pas parce
que nous n'avons pas besoin d'argent. C'est pour faire un geste en faveur d'une situation
précise, mais qui est toujours au détriment financier de la compagnie. Il y a aussi une
question d'éthique, travailler gratuitement me semblerait une concurrence déloyale
envers la profession du corps dansant (au sens de la famille chorégraphique) qui se bat
pour la reconnaissance de son statut."82
Elle rejoint ainsi l'opinion de Pierre-Michel
Menger qui nous assure que, "contrairement à nos fantasmes, l'artiste ne tombe pas du
ciel. C'est un travailleur inscrit dans un marché de l'emploi."83
Un autre chorégraphe surenchérit en soutenant que "la Mairie de Paris se doit
d'assumer les salaires des professionnels qui assurent à notre ville son rayonnement
artistique"84
.
La première reste convaincue que la danse, malgré ses avancées spectaculaires
dans la société et au sein des institutions ces vingt dernières années, demeure "le
81 Régime spécifique de l'assurance-chômage dont relèvent les artistes et techniciens du spectacle vivant et de
l'audiovisuel.
82 Extrait de l'entretien téléphonique réalisé auprès de Christine Fricker par Valérie Gros-Dubois le lundi 19
mai 2003.
83 Extrait de l'article Les artistes. Des travailleurs à l'avant-garde du libéralisme, de Daniel Conrod, Télérama
n° 2776 du 26 mars 2003.
84 Extrait de l'entretien réalisé auprès de Pierre Doussaint par Valérie Gros-Dubois à la Ménagerie de Verre le
jeudi 14 novembre 2002.
75
parent-pauvre de la culture". Pour elle, "aller danser dans la rue est d'abord un acte
artistique et pédagogique qui pourrait devenir bientôt un acte politique"85
. Elle ressent
ce que décrit Pierre-Michel Menger comme une bataille acharnée au sein d'une
machinerie culturelle où beaucoup se sentent appelés et où il y a peu d'élus suivant la
formule consacrée. Ainsi " la grande masse des artistes est une espèce en grand
danger", d'après l'article précité de Daniel Conrod, et "c'est peut-être cette réalité que
la réforme de l'intermittence du spectacle risque de venir consacrer. Pour les plus
performants, les mieux adaptés au marché, la pérennisation du statut. Et pour les
autres, qui tardent à percer la muraille de la notoriété, le RMI86
ou bien le statut de
travail intérimaire"87
. Dans ce contexte qui concerne évidemment les artistes
chorégraphiques, on comprend bien le positionnement de ces derniers, puisque, entre
autres, notre proposition première n'offrait pas aux intervenants les moyens de vivre de
leur art. Nous avons abandonné cette option de départ. Désormais, en qualité
d'organisateurs, nous nous trouvons face à un dispositif économique déséquilibré : une
manifestation dont l'accès est gratuit, et des artistes professionnels rémunérés, ce qui
augmente considérablement le budget. C'est pourquoi nous aurons recours de façon
plus significative au mécénat. Par ailleurs, la participation des artistes-amateurs
bénévoles de qualité devient déterminante pour la mise en oeuvre, car elle sera un
atout pour convaincre les partenaires de la reconduction de cette fête, sans qu'elle soit
considérée par eux comme un gouffre financier alimenté à perte.
III-2-A-b Une démarche pédagogique
Nous avons rencontré Christine Fricker, chorégraphe de danse contemporaine,
marseillaise, qui s'est montrée enthousiaste à l'idée de participer à la manifestation
85 Extrait de l'entretien téléphonique réalisé auprès de Christine Fricker par Valérie Gros-Dubois le lundi 19
mai 2003.
86 En 1997, il y avait en France 32 275 artistes RMistes (Rapport du Ministère de la Culture, de la Délégation
au RMI et de la Ville de Paris).
87 Extrait de l'article Les artistes. Des travailleurs à l'avant-garde du libéralisme, de Daniel Conrod, Télérama
n° 2776 du 26 mars 2003.
76
"Entrez dans la danse...", puisqu'elle-même développait depuis un an un travail qui
allait dans le sens du concept de notre manifestation. Elle a créé en 2001 une pièce
déambulatoire Ici et Maintenant, et l'a présentée en juillet de la même année au
Festival d'Aix-en-Provence à l'Ecole Supérieure d'Art en extérieur principalement.
Pour cette chorégraphe, "le concept du déambulatoire permet d'inscrire la danse
dans un paysage urbain, de mettre en résonance un lieu architectural, une composition
chorégraphique et un univers sonore ; c'est proposer au public un spectacle présenté
sous forme de modules en duo, trio et quatuor qui s'enchaînent dans un parcours
préétabli. La densité du lieu appelle une danse physique mais aussi ciselée en écho à la
composition musicale. La danse, par son rapport organique aux matières naturelles,
engendre des énergies qui circulent tels des vases communicants dans une forme
éphémère et spontanée."88
Christine Fricker s'intéresse au fait qu'un environnement spécifique influence le
contenu de sa danse, de même que le mouvement chorégraphique peut changer la
perception d'un espace quotidien. En proposant une création qui s'inscrit hors des lieux
conventionnels de représentation, Christine Fricker tente de réduire le fossé qui existe
entre le spectaculaire et le quotidien, pour les danseurs, mais aussi pour les publics.
Plus qu'un parcours chorégraphique avec une poétique du geste, de la voix et du
son, il est question ici d'interactivité. "Danseurs et musiciens se réunissent, ils
deviennent complices du lieu qu'ils révèlent subtilement autour d'un public qui se
promène, regarde, écoute, s'interroge... Le spectateur est aussi acteur, il est intimement
lié au jeu chorégraphique des danseurs. Avec ce concept de déambulatoire, le
spectateur peut perdre une vision d'ensemble, mais il devient actif en se créant son
propre champ de vision ainsi qu'une lecture personnelle du spectacle. Donner aux
spectateurs à voir et à entendre.
Ce type de représentation répond à notre désir d'établir des ponts entre le public et
l'art contemporain hors des lieux conventionnels de représentation."89
88 Extrait de l'entretien téléphonique réalisé auprès de Christine Fricker par Valérie Gros-Dubois en juillet
2002.
89 Extrait de l'entretien téléphonique réalisé auprès de Christine Fricker par Valérie Gros-Dubois en juillet
2002.
77
III-2-A-c Un retour aux sources
Pierre Doussaint, chorégraphe, danseur professionnel en danse contemporaine et
danse de rue, professeur, directeur artistique de festivals de danse, s'est prêté avec
simplicité et convivialité à notre entretien. Cet homme, au parcours riche, digne d'un
"baroudeur", pense que la pratique de la danse est à la portée de tous. Selon lui, les
spectacles de danse le sont aussi à la condition que les chorégraphes ne perdent pas de
vue qu'ils s'adressent aux publics. Il regrette que "beaucoup de créations soient trop
élitistes et nombrilistes". Cette forte personnalité s'exprime sans détour sur la question
de sa démarche artistique, qui, ces cinq dernières années, s'affiche de plus en plus dans
la rue : " Il s'agit presque d'un retour à mes tous débuts, lorsqu'à la Rochelle (avant
1983), je testais toutes mes créations sur la place des marchés. J'observais les
réactions des danseurs et des publics ; cela me stimulait. On avait un retour direct. Il
faut dire aussi que nous avions peu de lieux à notre disposition, que la vie était rude
pour les danseurs, et que, faire les marchés nous aidait à vivre. Après, est venue la
reconnaissance institutionnelle espérée et les résidences...Il était dès lors mal vu, et
mal venu de poursuivre nos représentations dans la rue. La notoriété, les subventions
réclamaient leur part de sacrifices : rentrer dans un certain moule était de rigueur,
certaines concessions de mise. Aujourd'hui, c'est un vrai choix que de retourner dans la
rue, un appel d'air pour ma créativité, un désir de me détacher de l'emprise qu'ont
exercé les institutions en imposant leur diktat sur la création contemporaine, de
réaffirmer ma liberté de chorégraphe, de revenir à quelque chose de plus vrai et proche
des gens"90
.
D'où, les interactions de la Brigade Sécuritaire91
établies avec les publics, la
90 Extrait de l'entretien réalisé auprès de Pierre Doussaint par Valérie Gros-Dubois à la Ménagerie de Verre le
jeudi 14 novembre 2002.
91 Dernière création de Pierre Doussaint : il s'agit d'une "Brigade Sécuritaire" composée de sept policiers qui
martèlent, raclent le "pavé" de leurs grosses godasses, développent un monde à la fois réel et onirique, et qui
s'infiltrent dans la cité, la ville. Les policiers se lancent dans des missions qui évoluent selon le public et les sites
proposés par le lieu de représentation, sur des compositions personnelles ou des mélodies plus connues telles que
78
connivence recherchée les amenant à être du spectacle, parties intégrantes d'une
aventure partagée et complice in situ. Pour lui, il ne fait aucun doute que les rues, les
places et les jardins puissent être investis par la danse le temps d'une journée, puisque
"cela fait partie de son histoire"92
. Il conçoit déjà l'espace public comme "l'espace du
regard de l'autre", et à cet égard, une des scènes possibles où exposer sa création.
Selon lui, toute danse qui se donne à voir, à danser, à partager, pourrait faire partie de
cette manifestation. Cependant, le choix de l'espace en fonction de la prestation et, la
présentation aux publics sont essentiels pour la réussite de la rencontre
danseurs/publics. Par ailleurs, Pierre Doussaint, à la question "Qu'attendez-vous d'une
fête de la danse : danser, montrer, regarder, participer, vous amuser, partager, initier,
innover ?" répond "que si le budget le permet, une manifestation devrait pouvoir
proposer l'ensemble de ces possibilités au public"93
.
Abdou Ndaye, chorégraphe et danseur Hip-Hop, présent avec sa compagnie lors
des dernières Rencontres à La Villette, se sent prêt à investir la rue parce qu'il a
désormais la reconnaissance de la scène. Il ne veut pas oublier "d'où il vient" pour ne
pas perdre la source de sa créativité. Il rejoint en cela le témoignage de Kader Attou de
la Compagnie Accrorap : "Je suis persuadé que le mouvement hip-hop reste et restera
une forme, une culture, et que son évolution passe par le travail acharné des gens qui le
représentent. Ce qui manque aujourd'hui, il me semble, dans les spectacles hip-hop, les
miens y compris, c'est la poésie. Celle du quotidien, ces rencontres, ces anecdotes qui
embellissent la vie de tous les jours. Un regard furtif, un mot d'enfant"94
. La rue est
aussi le lieu de ces anecdotes et le lien avec elles.
Abdou Ndaye ajoute : "Pour moi, la rue, c'est là où se trouve la vie, le public,
"Le pont de la rivière Kwai", "Mission impossible", "Le Grand Méchand Loup". Voir la note d'intention de
Pierre Doussaint en ANNEXE X.
92 Extrait de l'entretien réalisé auprès de Pierre Doussaint par Valérie Gros-Dubois à la Ménagerie de Verre le
jeudi 14 novembre 2002.
93 Ibid. Extrait de l'entretien réalisé auprès de Pierre Doussaint par Valérie Gros-Dubois à la Ménagerie de
Verre le jeudi 14 novembre 2002.
94 Extrait de Pris sur le vif, Kader Attou, chorégraphe de la Compagnie Accrorap in Le Monde du 11 janvier
2002.
79
celui à qui j'ai envie de parler par le corps, le mien et celui de mes danseurs."95
Il se
déclare inciter à participer grâce à la rencontre et au partage avec les publics, par la
confrontation à l'espace public avec le désir de faire évoluer sa création en fonction du
site, par le jeu qu'une telle posture implique.
Quand à Makissa Diabaté96
, elle se présente ainsi :
"En tant que compagnie, notre travail créatif s'organise autour de deux lignes
directrices : l'exploration d'actions quotidiennes, la "déshermétisation" de la danse
contemporaine. Et c'est à travers le filtre spécifique du corps, élément multiple, mais
commun à tous, que nous souhaitons montrer à quel point la danse contemporaine -
telle que nous la pratiquons : loin de toute mystification - est un acte, tout ce qu'il y a
de plus abordable. Contrairement à l'image généralement véhiculée, les motivations en
sont fort simples..."97
. Son désir rejoint le nôtre de voir la danse retrouver une
dimension populaire et sociale.
III-2-A-d Des résistances pour certains
Pour Charles Cré-Ange98
, chorégraphe contemporain, les problèmes techniques
que soulèvent la réalisation d'une telle manifestation ainsi que son expérience du
terrain semblaient freiner considérablement son adhésion. La création récente de notre
association semble avoir porté préjudice à la crédibilité du projet. Lors de l'entretien,
sa perception semblait attacher à recréer l'espace scénique traditionnel dans l'espace
public. Ces conditions lui apparaissaient comme incontournables pour que des
professionnels acceptent de participer à cette fête. Il tenait à aborder la question
95 Extrait de l'entretien réalisé auprès d'Abdou Ndaye, chorégraphe de danse hip-hop par Valérie Gros-Dubois
le jeudi 31 octobre 2002.
96 Chorégraphe de la Compagnie Aki Gahuk et fondatrice des Vertiges.
97 Extrait de l'entretien réalisé auprès de Makissa Diabaté, chorégraphe de danse contemporaine, par Valérie
Gros-Dubois, lors des Vertiges 4, le 28 février 2003.
98 Extrait de l'entretien réalisé auprès de Charles Cré-Ange par Valérie Gros-Dubois le 17 octobre 2002.
80
budgétaire et de la rémunération qui, au moment de cet entretien, n'était pas encore
finalisée en terme de budget prévisionnel, et qualifiait déjà le projet de belle utopie,
peu ancré dans la réalité. Malgré un accueil sympathique, nous n'avons pas su
convaincre un homme qui se plaçait en qualité d'expert avec des objections qui ne
laissaient pas de place à l'évolution d'un projet encore en phase de conception et
d'ajustement avec le terrain. En une interview, il a cristallisé la plupart des réticences
que nous avions anticipées. Cette rencontre nous a convaincu de faire face à ces
objections avec diligence, par exemple en contactant des techniciens professionnels
ayant l'expérience de manifestations extérieures qui pouvaient nous apporter des
informations sur la logistique, sur les questions de sécurité, et sur le budget à
envisager, en contactant aussi des organisateurs de festivals pour établir un budget
prévisionnel cohérent au plus proche de la réalité, même si on nous parlait le plus
souvent d'évaluer les différents postes "à la louche". Somme toute, cet entretien s'est
avéré précieux pour assurer une présentation du projet plus aboutie du point de vue
financier .
III-2-A-e Une volonté festive
Pour la plupart des personnalités interviewées, la décision de participer à cette
première édition va de pair avec le désir de soutenir l'initiative qui réintroduit la danse
au coeur d'une pratique festive à la portée de tous. Il y va aussi de l'air du temps qui est
à la pratique de rue, au retour des carnavals et des parades, avec cette notion sous-
jacente nous semble-t-il, du dehors/liberté/expression par opposition au système
dedans/enfermé/aliéné. Ceci rejoint le résumé critique99
de Dominique Frétard, selon
lequel, le fil conducteur du dernier ouvrage d'Agnès Izrine100
est "celui du rapport étroit
de la danse et du pouvoir, son aliénation consentie aux modèles définis, son
99 Présentation du dernier ouvrage d'Agnès Izrine par Dominique Frétard dans son article : La danse, le
pouvoir, et la création, in Le Monde du 14 février 2003.
100 Auteur de La danse dans tous ses états, Editions l'Arche, Paris, 2003.
81
émancipation souvent chèrement payée"101
. Cette volonté festive clairement affirmée
par les différents interlocuteurs semble aussi flirter avec ce désir d'émancipation de
manière plus ou moins consciente. Dans leur démarche personnelle, les chorégraphes
cherchent aussi à inventer leurs alternatives créatives propres pour veiller à ne pas être
instrumentalisés par les diffuseurs. Ils semblent voir dans cette fête une de ces
potentielles alternatives.
Par ailleurs, Pierre Doussaint a souligné qu'il avait ressenti très fortement, lors
des interventions de sa Brigade sécuritaire, "le besoin des gens de faire la fête, de
retrouver une convivialité dans ce qui représente leur environnement quotidien. Leur
désir est évident de se retrouver ensemble, de dialoguer, et d'avoir des occasions
d'oublier la noirceur du monde qui les entoure. L'ambiance créée par un environnement
dansant semble démontrer qu'elle parvient à dénouer les angoisses, à délier les corps
et les langues. Le lieu a aussi une grande importance à leurs yeux : pour une fois, cela
n'arrive pas qu'aux autres, sous-entendue l'expérience éphémère de la rencontre
artistique. Il s'agit bien de leur coin de rue, de leur placette, de leur marché...102
".
III-2-B Les amateurs et les bénévoles
Les amateurs interrogés sont principalement issus d'écoles privés, de
conservatoires ou sont recommandés par des compagnies professionnelles qui désirent
leur mettre le pied à l'étrier, reconnaissant le sérieux de leur travail. Les bénévoles sont
aussi des étudiants(es) universitaires appartenant entre autres au Département Danse
de l'Université de Paris VIII en Seine Saint-Denis.
101 Extrait de l'article La danse, le pouvoir, et la création, de Dominique Frétard, in Le Monde du 14 février
2003.
102 Extrait de l'entretien réalisé auprès de Pierre Doussaint par Valérie Gros-Dubois à la Ménagerie de Verre le
jeudi 14 novembre 2002.
82
III-2-B-a Les raisons de leur bénévolat
La plupart d'entre-eux et leur professeur y voient l'occasion de montrer le fruit
de leurs efforts, de leur créativité, de leur engouement pour cet art-loisir-discipline
dans un autre cadre que celui de l'examen final, ou du spectacle de fin d'année. Ils se
montrent ouverts à un éventuel travail chorégraphique commun, encadré par des
professionnels et mêlant ces derniers aux amateurs.
Nicole Garrido et Emilie Buestel, étudiantes en danse à l'Université Paris VIII,
sont déjà des interprètes professionnelles et parallèlement, débutent dans la création en
qualité de chorégraphes. Pour elles, comme pour bien d'autres dans leur cas, le débat
ne se pose pas encore sur le plan de la rémunération. Le peu d'occasion qui leur est
donné de présenter leurs pièces, en dehors des concours ou des plates-formes, les
motive évidemment à participer à des manifestations telle qu' "Entrez dans la
danse...". Nous les avons rencontré lors de la quatrième édition des Vertiges103
à La
Brique,104
où huit intervenants nous invitaient à une manifestation déambulatoire de
spectacle vivant. Elles se sont montrées très enthousiastes à la possibilité de montrer
leur chorégraphie "M" dans une des stations de métro du quartier de Bercy,
puisqu'elles racontent : " Nous sommes parties de bruits enregistrés dans le métro,
d'observation de personnes qui se croisent, se regardent ou s'ignorent. Le métro est un
lieu que peu de gens apprécient, mais que l'on est souvent obligé d'emprunter, un lieu
où nous devons protéger notre espace vital. Nous y vivons ensemble et nous nous
ressemblons... C'est la rencontre de deux individus que rien ne réunissait à priori. Ils
commencent par se jauger, se juger, finissent par se regarder, s'émouvoir et faire un
bout de chemin ensemble. Une histoire toute simple que vous n'entendez sans doute
pas pour la première fois. Nous désirions cependant la raconter en dansant, car danser
103 Ce spectacle déambulatoire était proposé par la Cie de danse Aki Gahuk : art de la danse, expérimentation du
corps dans l'espace ; ces rencontres relèvent d'un mélange d'étrangeté et de surprise, où le public doit trouver sa propre
place dans un espace de représentation en perpétuel mouvement.
104 � Lieu étonnant, sans confort, tout en béton, froid, situé au dernier étage du 104, rue de Couronnes dans le
20e arrondissement à Paris, que les artistes en présence ont su réchauffer de leur belle énergie, de leur intelligente
intensité et créativité.
83
est pour nous un moyen de dire les choses les plus simples autrement, de raconter ces
histoires anodines qui nous touchent."105
Bien sûr, elles étaient stimulées aussi par la
participation à une fête de la danse qui leur permette d'établir des ponts et des liens
avec des chorégraphes professionnels, par le fait de pouvoir échanger des points de
vue et confronter leur travail à celui des autres dans une ambiance privilégiée.
III-2-B-b Un souci de partage et de reconnaissance
Nicole Garrido et Emilie Buestel ajoute que " la relation avec le public est
essentielle. Nous attachons une grande importance à la convivialité d'un moment
partagé et à la réception des publics à nos créations. Nous voulons rester proches des
gens, à l'écoute de leurs préoccupations qui sont bien souvent les nôtres à un moment
ou à un autre. Et puis, savoir que notre travail est apprécié, qu'il donne du plaisir et/ou
du rêve, qu'il porte à la réflexion, cela compte énormément."106
Une autre danseuse, Maya Martin, qui pratique en tant qu'amateur, et qui
poursuit des études en Arts du Spectacle à Paris III-Nouvelle Sorbonne, nous dit : "On
danse rarement uniquement pour soi. Le désir d'être vu, d'être reconnu par l' "autre"
quelqu'il soit ne peut être nié."107
Ces amateurs sont proches des gens par leur attitude, leur démarche, par le
réseau relationnel dans lequel ils s'inscrivent, familial, amical, associatif, scolaire,
universitaire, ou de voisinage. Ils tentent de leur transmettre une passion qui n'exclue
pas toujours la qualité technique, avec une fraîcheur que de nombreux professionnels
ont souvent perdue à force d'élitisme. Le plaisir de danser est manifeste, le plaisir de
partager et de communiquer aussi.
105 Extrait de l'entretien réalisé auprès de Nicole Garrido et d'Emilie Buestel, chorégraphes amateurs, par
Valérie Gros-Dubois, lors des Vertiges, le 28 février 2003.
106 Extrait de l'entretien réalisé auprès de Nicole Garrido et d'Emilie Buestel, chorégraphes amateurs, par
Valérie Gros-Dubois, lors des Vertiges 4, le 28 février 2003.
107 Extrait de l'entretien réalisé auprès de Maja Martin, danseuse contemporaine amateur, par Valérie Gros-
Dubois, suite au spectacle Cantieri de Catherine Diverrès à Chaillot, le jeudi 10 octobre 2002.
84
III-3 L'avis des partenaires
"Entrez dans la danse..." est le premier projet d'envergure porté par Mouvance
d'Arts. De ce fait, la recherche de financements et de partenariats est la phase la plus
sensible du projet. En effet, malgré le grand soin apporté au dossier de présentation et
à la qualité des entrevues, il s'agit toujours de convaincre de la pertinence du projet et
de notre capacité à le piloter. Cependant, la plupart des personnes contactées ont été
réceptives à la présentation du projet "Entrez dans la danse..." même lorsque leur
politique de mécénat orientée vers d'autres priorités telles que l'insertion des jeunes ou
de minorités, ne leur permettait pas d'envisager une collaboration.
III-3-A Les partenaires publics
Dès les premiers envois de la note d'intention en décembre 2001, les réponses se
sont avérées encourageantes, et, ont débouché sur des entrevues.
III-3-A-a Un réel intérêt
Les premières à avoir accueilli favorablement "Entrez dans la danse..." dès
janvier 2002, ont été Nadine Rémy, Chargée de la culture à la Mairie du XIIème et sa
collaboratrice déléguée aux manifestations culturelles, Karen Taïeb108
.
A travers les différents entretiens que nous avons eu ensemble, ont émergé
divers enjeux. En effet, par le biais de cette manifestation, La Chargée de la culture
aurait l'opportunité de valoriser localement plusieurs volontés de la Mairie de Paris en
matière de politique de la ville et de politique culturelle. "Entrez dans la danse..."
rejoint plusieurs axes de ces politiques. Par exemple, avec la participation des publics,
des associations et de la population du quartier, entre autres, cette fête de la danse
entraîne le développement de la participation des habitants à la vie de leur quartier, qui
108 Fondatrice du Festival "Onze bouge" à Paris dans le 11ème arrondissement.
85
est une des priorités du principe de la démocratie locale développé par la ville.
Par ailleurs, les représentants de la Mairie de Paris voient, dans l'activité sociale
de la danse, la possibilité de redonner à l'espace urbain sa fonction de lien social,
d'espace de communication, de dialogue et de convivialité, et une solution pour
enrayer l'isolement, le sectarisme et l'insécurité. Dans tous les cas, ils semblent y voir
un point de départ.
Ensuite, "Entrez dans la danse..." répond aux besoins repérés par des
responsables de la politique culturelle de la ville , à savoir de construire des
interactions entre les pratiques amateurs et les pratiques professionnelles.
Enfin, il est apparu, lors des divers entretiens, que la Mairie de Paris voulait
offrir, à sa ville et à ses habitants, une manifestation populaire, des pratiques
chorégraphiques et dansantes qui soit d'envergure et de qualité.
Au fil de l'avancée du projet, les échanges de courriers avec l'Hôtel de Ville ont
évolué vers des appels téléphoniques provenant du Cabinet du Maire de Paris
témoignant de l'attention croissante de Thomas San Marco, Chef adjoint du Cabinet et
de Christophe Girard, Adjoint au Maire de Paris, Chargé de la culture pour "Entrez
dans la danse...". Nous espérons les rencontrer dans les mois à venir. Nous avons eu
un premier entretien le 4 avril 2003 avec Tatiana Lobadovsky, directrice du théâtre et
de la danse de la Direction des Affaires Culturelles de la Ville de Paris. Elle confirmait
son désir d'apporter de l'aide au projet, dans la mesure où ce dernier établissait des
ponts entre amateurs et professionnels. Elle avait eu de nombreux retours positifs suite
à la lecture du dossier de partenariat faite par différents décisionnaires de l'Hôtel de
Ville et de la DAC. Elle a demandé à voir le travail des compagnies et des groupes ou
solos retenus pour se rendre compte de la qualité artistique de nos choix. Elle nous a
ensuite expliqué que si elle donnait un avis favorable au dossier, le projet ayant déjà
suscité l'intérêt de divers élus, la Commission du Conseil de Paris, ainsi que la
Commission budgétaire entérineraient probablement la décision. Elle nous a proposé
son aide en amont pour que le dossier que nous déposerons pour les commissions soit
le plus abouti et le mieux renseigné possible.
86
III-3-A-b Les limites
Il apparaissait très clairement, dès les premières entrevues, que la principale
barrière pour une implication concrète dans la mise en oeuvre de ce projet, serait
d'ordre financier. Avec honnêteté, Nadine Rémy, Chargée de la culture à la Mairie du
XIIème et Karen Taïeb, Déléguée aux manifestations culturelles, m'ont annoncé que
sans investissements privés, il n'y aurait pas d'investissements publics, d'autant que le
pilotage de cette manifestation était assurée par une "jeune association". Tout semblait
dépendre de notre capacité à rallier des partenaires de qualité, et au moins une figure
renommée de la danse qui pourrait parrainer l'événement, le crédibiliser tant au niveau
chorégraphique, qu'au niveau institutionnel.
Une autre réserve émise plus tard par la Directrice du théâtre et de la danse de
la Direction des Affaires Culturelles de la Ville de Paris, est que cette fête n'entre pas
dans les cadres conventionnels de soutien de la Ville de Paris. Les subventions sont
accordées à des chorégraphes en résidence dans un lieu culturel appartenant à la Ville
de Paris et développant une politique de créations et de diffusions innovantes.
Cependant, leur volonté apparente de voir naître une manifestation de danse qui
pourrait s'étendre de quartier en quartier sur Paris, sur la base d'un concept solide qui
rallierait les différents réseaux, semblait rendre contournable la définition stricte de
l'attribution des subventions au secteur de la danse.
Madame Yannick Kergreis est détachée par la DAC afin d'enquêter sur les
différents acteurs de la danse et la pratique amateur sur Paris. Le 22 mai 2003, elle
nous a confirmé le désir de la Municipalité de mieux distribuer les financements et
notamment, en direction des structures qui proposeraient des concepts élaborés
capables de rallier les énergies, les initiatives des réseaux, d'embrasser la population,
et de créer une dynamique citoyenne. D'après Madame Kergreis, "cela est préférable
plutôt que de continuer à essaimer les subventions sur des micro-projets qui souvent
s'essoufflent au bout de quelques éditions, faute de moyens techniques, financiers et
87
humains, et ne répondent pas à l'exigence qualité qui était sous-entendue au départ des
négociations. Il ne faut pas forcément instrumentaliser."109
III-3-B Les partenaires privés
III-3-B-a Un enthousiasme suivi de faits
Le premier contact établi avec un partenaire privé a été celui de la direction de
Bercy-Village, propriétaire notamment du Cours Saint-Emilion, l'un des cinq lieux où
nous souhaitions faire intervenir démonstrations et déambulations interactives. Ce
dernier nous avait octroyé, en amont de la mise en oeuvre du projet, l'autorisation
d'effectuer notre enquête au sein de la zone piétonne dépendant de son aval.
Dès la première entrevue, la position de demandeur, et le rapport de force
dominant/dominé dans lequel nous étions de fait, a évolué pour faire place à une
relation d'échanges productifs qui laissait présager une future collaboration.
Selon la Chargée d'animation et la Chargée de communication, le directeur serait
favorable à la mise à disposition du Cours Saint-Emilion pour un tel événement, si
notre manifestation se déroulait un dimanche (le samedi étant un jour d'affluence
commerciale très forte), et si elle avait une ampleur et une portée médiatique qui
dépassait le cadre de Bercy-Village.
Il semblait disposer à un prêt de matériel, de locaux pour les loges des artistes,
et à prendre en charge une partie de la communication sur le site.
Au fur et à mesure des rendez-vous, le sérieux de l'avancée du projet et la prise
en compte des suggestions émises par les interlocuteurs ont créé une ambiance de
concertation, un début de collaboration et de confiance. La négociation ainsi engagée a
109 Extrait de l'entretien téléphonique de Madame Yannick Kergreis, détachée par la Direction des Affaires
Culturelles de la Ville de Paris pour établir un rapport sur les acteurs de la danse à Paris et sur les pratiques amateurs,
réalisée par Valérie Gros-Dubois, le jeudi 22 mai 2003.
88
abouti d'ors et déjà à la rédaction d'une lettre qui stipule l'engagement de principe des
partenaires, reprenant les termes des aides précitées, qui précise leur volonté de nous
accorder une participation financière substantielle, ainsi que leur désir d'être associés à
cette manifestation. Cette lettre de soutien a été rédigée aussi dans le but clairement
exposé de susciter l'adhésion d'autres partenaires, conscients que l'investissement de
personnes d'influences pouvait en convaincre d'autres de suivre leur exemple.
Il est évident que la direction de Bercy-Village a bien cerné les bénéfices
qu'elle pourra retirer d'une telle manifestation, à savoir, la possibilité d'améliorer
l'image de l'entreprise, de faire évoluer son identité commerciale en développant un
axe culturel qui lui donnera une dimension plus humaine ,et qui va dans le sens de la
politique récente de village-culture, lieu marchand et culturel.
Le second contact privé s'est fait sous l'impulsion du premier, puisque le
directeur de Bercy-Village fait partie du bureau de l'Association des Commerçants du
quartier de Bercy. Il nous a donc introduit auprès du Président de l'association qui s'est
prononcé en faveur du projet. Il s'est engagé à le présenter devant la prochaine
Assemblée Générale de son association pour obtenir un premier accord de principe au
soutien financier de la manifestation. Selon lui, notre projet de manifestation culturelle
"cadre parfaitement avec la qualité d'animation que recherche la commission culturelle
mise en place par le Conseil de Quartier"110
auquel il participe.
Nous avons également commencé un dialogue avec le Ministère des finances
qui a une partie de ses locaux Place des Vins de France, autre site d'élection pour
notre fête. Le Ministre a marqué un réel intérêt à la lecture de notre dossier-partenaire
et son sous-directeur des supports de communication nous a dirigé vers trois
associations culturelles du Ministère susceptibles de soutenir notre action. Les
négociations sont en cours.
110 Extrait de l'entretien mené auprès du Docteur Joël Tordjman, pharmacien et Président de l'Association des
Commerçants du quartier de Bercy par Valérie Gros-Dubois, le 6 mars 2003.
89
III-3-B-b Autres partenaires pressentis
Au cours des mois qui vont suivre, nous pensons aussi développer une
collaboration et un partenariat avec les institutions suivantes :
- La Préfecture de Paris, dans le cadre de la politique de la ville et des autorisations ;
- l'Unesco et l'ITT, dans le cadre de la Journée Internationale de la Danse, le 29 avril ;
- la Caisse des Dépôts et Consignations, dans le cadre de sa politique de partenariat en
faveur de la danse ;
- la RAPT ;
- le Ministère de la Culture,
- le Ministère de l'Education Nationale,
(Concernant ces deux ministères, les dernières élections présidentielles nous ont
ramené au point de départ, et ont annulé les premières prises de contacts qui
semblaient favorables au projet.) ;
- le CND.
D'autres seront aussi envisagés.
Compte tenu du budget prévisionnel ambitieux, la recherche de nouveaux
partenaires est vitale, les négociations seront sans aucun doute la partie la plus âpre de
la mise en oeuvre.
90
III-3-C Les intérêts ou motivations avoués et inavoués
Ainsi, être partenaire d'un projet qui établit des ponts entre la population et les
divers acteurs de la vie sociale et locale, entre les habitants et les artistes, entre les
professionnels de la danse et les amateurs, entre les générations, attire... Quand le
dialogue est établi, chacun se sent investi, et alors, le soutien afflue. La concertation et
les négociations commencent.
Dès lors qu'un ou plusieurs partenaires privés potentiels affirme son appui
effectif au projet et entre dans un partenariat, les élus locaux se sentent plus en
confiance. A leur tour, ils commencent à engager des contacts, des démarches
concrètes, tels qu'un suivi constant du développement du projet, une amorce de soutien
et d'informations liés aux aspects techniques, logistiques et financiers, et aux délais.
Ceci s'est avéré vrai pour la Mairie du XIIe arrondissement et pour la Mairie de Paris.
Nous avons nettement senti que la participation financière potentielle et l'intérêt
évident que manifestait la Direction de Bercy Village pour "Entrez dans la danse..."
avait marqué un tournant décisif dans l'attitude des élus et avait participé à rallier
l'équipe culturelle de la Mairie de Paris et de la Mairie du XIIe pour que le projet
devienne effectif en 2004.
Le report du projet sur l'année 2004 nous a semblé évident puisque l'ensemble
des partenaires privés n'était pas encore mobilisé, et que les délais pour les diverses
commissions allaient obliger tous les acteurs du projet à travailler dans l'urgence. Ce
qui n'apparaissait pas souhaitable pour nouer des relations qui participeraient à
pérenniser l'événement.
Par ailleurs, chacun des acteurs mobilisé autour du projet, agit avec des intérêts
et des motivations très divers. Certains peuvent être tentés de se l'approprier. Par
exemple, de notre propre initiative, mais aussi encouragée par Nadine Rémy, nous
91
nous sommes rapprochée de Karine Saporta111
, qui anime Le Dansoir dans le XIIe
arrondissement, pour une éventuelle collaboration et un parrainage de l'événement.
Elle s'est montrée d'autant plus réceptive qu'elle avait eu une idée similaire et m'a
demandé de venir exploiter mon projet à Caen, car elle y avait de solides appuis. Sa
proposition pouvait sembler alléchante, mais sa forte personnalité, et son attitude
laissaient présager une absorption du projet par son équipe. Rester maître du pilotage
du projet devient alors un exercice de style et un enjeu périlleux, que seules la
diplomatie et la négociation peuvent permettre112
.
111 Directrice du Centre National de la danse à Caen, chorégraphe, et organisatrice de nombreux projet.
112 Concernant l'art de négocier, conf. ARONCENA (J). Le développement par l'initiative locale, L'Harmattan,
Paris, 1986.
92
IV-ANALYSE D'UNE SITUATION SPECIFIQUE
ET LES LIMITES D'UN DISPOSITIF
Copyright Christine Fricker, Marseille, 2003.
93
IV-Analyse d'une situation spécifique et les limites d'un dispositif
IV-1 Réserves et solutions envisagées
"Entrez dans la danse...", au cours de sa mise en oeuvre, et grâce aux outils de
la recherche universitaire, a commencé à démontrer que tous les paramètres ne
peuvent être anticipés.
IV-1-A Les éléments masqués
Nous ne sommes pas en mesure d'identifier toutes les réticences ou les facteurs
d'adhésion des différents partenaires. Ils sont souvent liés à des contextes politiques,
économiques, sociaux. Les intérêts peuvent être divers (la plupart du temps, on parle
de "vitrine politique"). Il est alors essentiel pour l'équipe de pilotage d'adopter une
attitude d'ouverture qui permet à chaque rendez-vous, chaque conversation d'être une
source riche d'informations tant au niveau du discours, de l'ambiance, qu'au niveau du
non-dit et de la non-verbalité. Il nous faut être capable de repérer et d'utiliser tous les
éléments mouvants pour en tirer partie et pour rebondir en faveur de la concrétisation
du projet.
Sur la quasi-absence de la danse et des bals dans les rues de Paris, nous a été
répondu ceci : "A une époque encore récente, c'était vrai. Sans doute, pour des motifs
de sécurité, de lois, de logistique, de détournement de la circulation trop important, et
aussi, parce que les effets des bals, notamment, étaient devenus incontrôlables.
Aujourd'hui, les choses sont envisagées différemment. On voit d'ailleurs se multiplier
les festivals de rue, où la danse trouve de plus en plus souvent sa place"113
. Cet élément
évasif de réponse méritera d'être creusé en parallèle avec la mise en oeuvre du projet,
et auprès de la Préfecture de Paris. Nous devons être conscients des résistances, que
113 Témoignage d'une personne qui n'a pas souhaité être citée.
94
nous pourrons encore rencontrer à ce sujet.
France Schott-Billmann, dans son ouvrage Le besoin de danser114
, au sujet de la
techno-parade affirme que "le peuple a fait d'une parade musicale une véritable fête de
la danse".
Nous tenions à souligner le regard qu'elle porte sur les tentatives de répression
de cette culture techno, car nous pensons qu'il met en lumière les craintes que peuvent
susciter de telles manifestations populaires tant auprès de la population que des
pouvoirs publics. Elle raconte à ce propos : " L'union du corps à cette puissante
musique suffit à rendre infatigables de nombreux danseurs. Mais d'autres s'aident de
drogues, ce qui entraîne actuellement une répression accrue de ces fêtes, déjà
suspectes en raison de l'intensité sonore d'une musique répétitive insupportable aux
voisins, du "look" étrange de ces nouveaux primitifs [...].
Les pouvoirs publics, perplexes, distribuent de façon assez incohérente interdictions et
autorisations. Dès 1991, un essai de réglementation conduit les raves à devenir de plus
en plus clandestines mais elles sont parfois autorisées sous des formes gigantesques
[...]115
. Le 29 mai 1996, la question des raves est examinée à l'Assemblée nationale qui
décide une politique répressive suivie depuis par le ministre de l'Intérieur. En
septembre 1996, les ravers organisent dans les rues de la capitale une manifestation
avec pour slogan : "Laissez-nous danser." Le mouvement gagne à sa cause des alliés
inattendus, ministres de la culture, Jack Lang puis Catherine Trautmann. Après la
multiplication des interdictions et des interventions policières contre plusieurs raves
[...] en 1997, Jack Lang prend position en leur faveur [...]. Trouvant absurde que Paris
ait interdit des manifestations musicales sous prétexte de sécurité, il ajoute : "Le public
de la techno est admirable, sympathique et gentil. La techno n'est pas un phénomène
passager et ne peut être dissoute par la répression.116
" Aujourd'hui, soutenues par des
sympathies officielles, beaucoup de rave-parties sont désormais autorisées. Par contre,
114 SCHOTT-BILMANN (F). Le besoin de danser, Editions Odile Jacob, Paris, 2001.
115 [en 1992, l'une d'elles rassemble deux mille cinq cent personnes à la Grande Arche de la Défense à Paris.]
116 Courrier international, N° 369, novembre-décembre 1997, p. 16.
95
les "free-parties", fêtes gratuites organisées par les ravers eux-mêmes, restent
interdites et confidentielles."117
Concernant la danse hip-hop, le même auteur nous parle de son évolution de la
rue vers la scène : "En 1999, ont lieu les premières rencontres nationales de danse
urbaine qui passionnent un public diversifié et de nombreux chorégraphes s'inspirent
maintenant de ce mouvement rebelle".118
Nous constatons que ces deux mouvements témoignent d'une recherche d'un
mode d'expression et/ou de transgression, et de rébellion, d'un esprit de fête pour la
culture techno, et d'un esprit de transmission par l'imitation pour la culture hip-hop.
Nous repérons des tentatives différentes d'intégration de ces mouvements par les
institutions publiques pour enrayer les débordements que peuvent provoquer de telles
manifestions.
Les motifs de "contrôle" et de sécurité, qui poussaient les autorités à éradiquer
certaines pratiques populaires dansées (les bals de plein air par exemple), semblent
amener aujourd'hui les pouvoirs publics à les intégrer. Ce phénomène révèle peut-être
l'enjeu politique d'absorber la violence ambiante et les revendications sous-jacentes de
ces mouvements culturels et de culture. En effet, en offrant aux danseurs de hip-hop
une scène et une reconnaissance légitime des institutions et du milieu chorégraphique,
en accordant des autorisations pour les raves-parties, on donne aux uns et aux autres
un cadre qui permet de les "cerner" au sens propre comme au sens figuré.
Ce contexte devrait jouer en faveur de notre fête de la danse. D'autant plus que
la place du corps de l'individu est interrogée par le nouveau découpage géo-politique
de l'Europe, et par la mondialisation. L'élargissement de notre fête de la danse sur un
plan national, puis international veut favoriser une humanisation, et une fraternité entre
les personnes d'un même pays, et des nations entre elles. L'engagement associatif et
humanitaire, les mouvements de jeunes autour des raves-parties et les danses de rue
117 SCHOTT-BILMANN (F). Le besoin de danser, Editions Odile Jacob, Paris, 2001. P. 32-33.
118 SCHOTT-BILMANN (F). Le besoin de danser, Editions Odile Jacob, Paris, 2001. P. 29.
96
issues des quartiers défavorisés, intégrés dans notre société, témoignent d'une
recherche de l'être humain, et de sa quête de liens et d'unité.
IV-1-B Des artistes en "concurrence : bénévoles/rémunérés
Nous avons été amenés à choisir une double logique économique pour permettre
la viabilité financière du projet : d'une part des artistes professionnels rémunérés,
d'autre part, des artistes amateurs bénévoles. Ménager les susceptibilités des uns et des
autres au sein du dispositif de la fête sera un des enjeux de la réussite de la
manifestation, et la garantie d'une bonne ambiance. L'idée étant que sur chaque lieu de
représentation interviennent professionnels et amateurs. Une signalétique claire doit
être en place tant sur le programme distribué que sur les lieux, afin que les
interventions ne se desservent pas entre elles, et que les publics aient des repères sur le
genre, et sur le niveau des compagnies en présence. Une option est aussi à l'étude :
certains groupes amateurs seraient encadrés par des compagnies professionnelles et
intégrés dans la présentation professionnelles.
III-4-C Une manifestation coûteuse
Cette première édition est chiffrée à 163 120 euros (soit 1 070 000 Francs)
en estimation haute. Elle ne pourra voir le jour sans un budget minimum de 91 469
euros (soit 600 000 francs) et avec des apports en nature substantiels.
S'il apparaît que la concrétisation de la première édition d' "Entrez dans la
danse..." soit en bonne voie, la recherche de multiples partenariats, et la difficulté
d'entretenir ces derniers par les seuls efforts de la structure Mouvance d'Arts, posent
problèmes. En effet, la reconduction de l'événement restera tributaire des intérêts de
chacun, lesquels évoluent constamment en fonction des événements politiques,
économiques et sociaux. Envisager ce fonctionnement au niveau national semble
aléatoire, voire difficilement réalisable en l'état.
Nous suivons Marc Jimenez lorsqu'il affirme que "si les lois du marché n'influent
97
directement ni sur le rôle des médias, ni sur le contenu de la culture de masse, ni sur le
mode de réaction des consommateurs culturels, ignorer l'impératif catégorique de la
rentabilité économique relèverait de la pure naïveté"119
. Il s'agit pour nous de trouver,
dans un premier temps, un moyen d'équilibrer nos charges et nos produits, dans un
second temps, de trouver un moyen de contourner les fluctuations des intérêts
économiques de chacun.
IV-1-D Résolution du problème
Le Ministère de la Culture et de la Communication a publié dans la Lettre
d'Information numéro 103 de février 2003 un dossier intitulé "Le plan gouvernemental
en faveur du mécénat et des fondations". Ce document annonçait une réforme
présentée au Premier Ministre par Jean-Jacques Aillagon, Ministre de la Culture et de
la Communication, qui aurait "pour vocation unique, celle de rendre aux citoyens, aux
entreprises, et à l'ensemble de la société civile, leur liberté de participer aux grandes
causes nationales en rappelant que l'Etat n'a pas le monopole de l'intérêt général". Les
propositions majeures portaient sur des incitations fiscales, sur une accélération et une
simplification de la reconnaissance d'utilité publique.
Cette réforme devenue effective (surtout en faveur du maintien des trésors
nationaux sur le territoire français) pourrait cependant nous concerner et devenir un
atout en matière de partenariat, si nous parvenions à rassembler les éléments
constitutifs de l'utilité publique.
Pour une fête nationale, il apparaît évident qu'il conviendra de rassembler plus
de bénévoles et d'amateurs et de les appeler à s'emparer d'une journée pour montrer
leur réalisation dans les rues, en suivant quelques principes d'organisation.
Une autre solution sera d'envisager autrement le positionnement de l'association
au coeur du dispositif stratégique de médiation. Cette option est développée dans la
partie suivante.
119 JIMENEZ (M). La critique. Crise de l'art ou consensus culturel ? , Editions Klinchsieck Esthéthique, Paris,
1997.
98
IV-2 Médiation pour un nouvel accès à la culture chorégraphique :
"Entrez dans la danse..."
IV-2-A Le dispositif de médiation : "Entrez dans la danse...",
version 2004
IV-2-B Evolution du projet
Pour l'extension nationale d' "Entrez dans la danse...", et sur la base de l'analyse
du fonctionnement et des retombées de la première édition, Mouvance d'Arts ne se
présentera plus comme la structure d'organisation de cette fête. Elle se positionnera
comme étant la créatrice d'un concept éprouvé dont les institutions et la population
s'empareront, afin de mettre la pratique de la danse à l'honneur dans leur espace.
L'équipe de l'association après avoir négocié le concept auprès des institutions en
99
mesure de le médiatiser, assurera auprès des initiatives locales un rôle de conseil et de
coordination de l'événement. Gageons que les danseurs professionnels ne tarderont pas
à se manifester pour faire événement dans l'événement comme c'est le cas pour la Fête
de la Musique. Ces derniers pourraient alors trouver leur rémunération directement
auprès des institutions, qui, par leur partenariat, assureraient le rayonnement de leur
image auprès du citoyen, mais aussi, le rayonnement de leur ville.
Ce fonctionnement était notre postulat de départ, y compris pour la première
édition. Cependant, nous nous sommes trouvée dans la position de devoir prouver
notre capacité à mettre en oeuvre, à gérer une telle "utopie", puisque d'autres y avaient
pensé sans pourtant oser aller jusqu'au bout des résistances. Au fur et à mesure de nos
rencontres institutionnelles, cette option réapparaît comme la seule alternative à
l'extension nationale. Elle est d'ores et déjà à l'étude.
Dans cette optique, mais dans un tout autre registre que la danse, l'exemple du
succès d'Immeubles en Fête120
nous encourage dans cette voie.
Démocratiser la culture chorégraphique peut continuer à être une utopie si on ne
restaure pas la fonction sociale de la danse qui est de générer des liens, des relations,
des réseaux.
Au-delà des discours intellectuels, politiques, économiques, démocratiser la
culture chorégraphique peut devenir réalité.
120 L'histoire d'Immeubles en fête : "L'idée d'Immeubles en Fête est née en 1990 quand Anatase Périfan et un
groupe d'amis créent l'association "Paris d'amis" dans le 17e arrondissement de Paris pour renforcer les liens de
proximité et se mobiliser contre l'isolement. En 1999, l'association lance dans le même arrondissement ce qui
deviendra la Fête des voisins. Le succès est immédiat puisque 800 immeubles y participent, permettant de mobiliser
plus de 10 000 habitants. En 2000, grâce au soutien des Maires de France, 30 municipalités parrainent l'opération.
Dans tout le pays, 500 000 personnes se retrouvent autour d'un verre entre voisins. En 2001, 70 villes et 20
organismes HLM contribuent au succès grandissant de l'événement, permettant ainsi à plus de 1 000 000 de
personnes de prendre part à l'opération Immeubles en fête. L'association des Maires de France, l'Association des
Maires de grandes villes de France et l'Union nationale HLM s'impliquent fortement. En 2002, la dynamique
s'amplifie encore : 126 municipalités et des offices HLM sont partenaires. Pour cette 3e édition nationale, plus de 2
000 000 habitants se sont mobilisés dans toute la France. En 2003, Immeubles en fête prend une dimension
internationale et s'installe en Belgique, au Portugal et en Irlande." L'objectif pour cette première édition internationale
était d'atteindre les 3 000 000 participants pour le mardi 27 mai. Ce texte est emprunté au site internet d'Immeubles en
fête.
100
Il s'agit de faire comprendre aux parties intéressées, publics/danseurs/partenaires, qu'
"Entrez dans la danse..." est une occasion de provoquer des rencontres entre danseurs
amateurs et professionnels, entre la population du quartier, entre les différents publics
et ces danseurs, entre voisins aussi, pour rompre avec l'isolement des villes, avec
l'anonymat, avec les idées reçues.
Participer à "Entrez dans la danse..." sera très simple : le jour de la fête,
l'initiative de chacun (groupe ou individu, professionnels ou amateurs) trouvera sa
place et chacun pourra partager son savoir-danser avec les autres, en le donnant à voir
ou à danser.
L'organisation de la fête "Entrez dans la danse...", dans la plupart des cas,
pourra être légère et bénéficier des conseils de l'association : choisir un lieu (places,
kiosques, rues, trottoirs, jardins, parcs, cours d'immeubles, escaliers, métros) pour se
mettre en scène, sonoriser à dimension humaine, dans le respect de quelques règles de
sécurité et de procédures (demande d'autorisations auprès des organismes compétents.
Des accords avec la Sacem seront négociés par Mouvance d'Arts). Ceux qui auront
besoin d'une logistique plus pointue se tourneront vers des partenaires institutionnels,
privés, ou des sponsors qui associeront leur image au concept de la Fête. Les publics
(danseurs en puissance) et les danseurs professionnels et amateurs seront ensemble les
véritables acteurs du succès de cette manifestation.
Certaines personnes se sont exprimées à propos de la décentralisation121
qui doit
aussi, selon nous, favoriser l'accès à la culture pour tous. Elle soulève cependant pour
les chorégraphes et les compagnies, la question des critères artistiques, de la garantie
d'indépendance, de la peur du clientélisme. Ils expriment la crainte "d'une porte
ouverte à un nivellement vers le bas"122
, se posant la question suivante : "Les
121 Transfert de compétence de l'Etat aux collectivités locales et territoriales.
122 Extrait de l'article Réalités du transfert rédigé par Agnès Izrine dans la rubrique intitulée Attitude : La
décentralisation, in Danser n°215, novembre 2002.
101
compagnies "locales" ont-elles le même niveau que celles qui sont subventionnées par
l'Etat ?"123
. Si le milieu artistique est demandeur d'une garantie de l'Etat, ce n'est pas
seulement pour une question d'argent : pour l'instant, l'Etat est la seule instance qui
possède des experts. Nous savons que proposer une fête de la danse où amateurs et
professionnels sont ensemble les artisans d'un événement à succès peut soulever des
inquiétudes du même ordre.
Mais à notre sens, c'est la voie pour que la danse, au-delà du discours
intellectuel et des "bonnes intentions" sur l'accès à la culture chorégraphique pour tous,
retrouve cette fonction qui était la sienne et redevienne un art de vivre et de danser
ensemble.
123 Ibid. Extrait de l'article Réalités du transfert rédigé par Agnès Izrine dans la rubrique intitulée Attitude : La
décentralisation, in Danser n°215, novembre 2002.
102
CONCLUSION
Le rapport du public à la danse, aux danseurs, aux spectacles de danse et à son
environnement, ainsi que le rapport des chorégraphes et des danseurs professionnels et
amateurs à la scène et aux publics peuvent être modifiés par notre manifestation
"Entrez dans la danse...". Notre travail de recherche s'est axé autour de cette
problématique.
Nous avons démontré par l'analyse des questionnaires que les personnes
sondées n'ont pas pour la plupart une forte pratique de la danse ou une véritable
fréquentation des spectacles chorégraphiques. Nous constatons malgré cela que le
projet a rencontré une forte adhésion. Nous pouvons donc conclure que nous pouvons
mobiliser la population d'un quartier et faire naître un réel intérêt pour la danse et sa
pratique à travers une fête de la danse.
Par ailleurs, l'hypothèse selon laquelle la rue peut-être une scène pour toutes les
formes de danses, a été entérinée par les publics interrogés, et par la plupart des
professionnels avec lesquels nous nous sommes entretenus. Ces derniers soulignaient
cependant que, d'une part, la mentalité protectionniste, voire frileuse de certaines
disciplines pouvait être une entrave, et que, d'autre part, la façon d'amener chaque
forme de danse dans l'espace public devait être repensée au moins dans son rapport au
public.
Une autre de nos hypothèses validées par les méthodes de recherche, est que
l'interactivité des danseurs et des publics en présence directe par le biais des
déambulations, des démonstrations auxquelles les publics sont appelés à participer en
dansant, favorise une incitation aux pratiques interpersonnelles et amène la rencontre
collective. La ritualisation engendrée par la pratique de la danse en groupe soude les
membres d'une société en eux. Nous ne pourrons pas l'affirmer dans l'immédiat
concernant notre fête de la danse. La justesse de cette hypothèse ne pourra être
103
mesurée qu'à la suite de la manifestation en recueillant les témoignages des
participants. Pour le moment présent, nous pouvons juste nous appuyer sur les constats
faits par la sociologie en cette matière et sur les recherches de France Schott-Billmann
qui défendent ensemble ce phénomène appliqué à la danse.
Le cadre extérieur de la manifestation, les lieux rapprochés dans lesquels se
dérouleront les diverses interventions chorégraphiques, la signalétique d'information
pour la population doivent participer à la rencontre des publics avec les nouvelles
formes de danses autant qu'avec les anciennes, en partie aussi sur l'invitation des
danseurs professionnels et amateurs qui feront le lien. Là encore, nous ne pourrons
valablement valider cette hypothèse et cette volonté du projet uniquement après le
déroulement de la fête.
Nous confirmons l'idée que nombre de chorégraphes et de danseurs professionnels ou
amateurs ont le désir de prendre des risques pour tenter des expériences
chorégraphiques en plein air et se mettre à la portée de tous les publics. Ils se sont
montrés prêts à l'interaction avec les publics, à les intégrer dans le déroulement de leur
spectacle, à modifier leur conception de l'espace scénique pour l'adapter à l'espace
urbain, et à changer la construction de leur pièce chorégraphique, si cela s'avérait
nécessaire.
Nous avons cependant conclu que nous ne pourrons pas amener les professionnels à
cette participation sans qu'ils soient rémunérés pour leurs prestations, au même titre
que les amateurs. C'était sans compter avec la réalité du terrain chorégraphique.
L'hypothèse selon laquelle des passionnés de leur art accepteraient, une fois
dans l'année, de donner leurs oeuvres à voir sans recevoir une rémunération, avec
l'objectif atteint de l'accès pour tous à la culture chorégraphique, s'est effondrée dès les
premières rencontres. Les deux raisons principales avancées le plus souvent sont les
suivantes : "on a déjà donné" et "la reconnaissance d'une vraie qualité artistique passe
par la rémunération". Evidemment, il y a aussi des raisons purement existentielles : les
104
chorégraphes, les danseurs et l'équipe qui les soutient dans leur travail de création et
de représentations ont besoin d'assurer un quotidien et d'assumer leurs responsabilités.
L'infirmation de cette hypothèse a bouleversé de manière significative le budget
prévisionnel rendant cette manifestation coûteuse. Le positionnement de notre
association en qualité d'organisatrice sera peut-être remis en question.
En ce qui concerne les danseurs amateurs ou en voie de professionnalisation, les
témoignages recueillis ont confirmé l'opportunité pour eux d'être présents dans cette
fête, le désir de reconnaissance étant leur motivation pour rallier le projet.
Les entretiens réalisés auprès des professionnels de la danse ont confirmé que
danser dans la rue, amener des spectacles conçus initialement pour la scène dans
l'espace urbain entraînent inévitablement un renouvellement de la conception, de la
construction chorégraphique et des conditions de représentation. Il en va de même du
rapport aux publics. Aussi, pouvons-nous valablement soutenir que le concept d'
"Entrez dans la danse..." va participer au renouvellement de la création et de la
créativité en permettant aux chorégraphes et danseurs d'explorer d'autres champs
expérimentaux, en les incitant à se dégager des contraintes institutionnels ou des
diffuseurs, réductrices pour le foisonnement créatif que nous avons connu dans les
années 80-90.
Avec Daniel Conrod, nous nous sommes interrogée sur ce que sera la danse
dans les années à venir, et nous sommes d'accord avec lui pour donner à la pratique
chorégraphique un nouvel espace de liberté : "Du moins ne peut-elle ignorer que la
question du moment concerne sa place dans l'espace public, et relève de l'éthique et de
la politique davantage que de l'esthétique. C'est le noeud du problème. Qu'elle
abandonne un instant le chemin des ministères, des conseils régionaux, généraux,
municipaux, qu'elle se défasse des règlements, des conventions, qu'elle se débarrasse
des communicateurs et de ses multiples gestionnaires. Qu'elle délaisse un instant ce
qu'elle connaît et pratique comme une habitude et regarde le monde tel qu'il est
aujourd'hui. Alors, nous verrons autre chose sur les plateaux. Qu'elle se retrouve seule,
vigilante, sans vanité, avec ses armes propres, face aux humains, face au monde, pour
105
leur dire ce qu'elle a à leur dire, leur montrer ce qu'elle doit leur montrer. En tout
premier lieu, la liberté du corps dans le temps et l'espace, la puissance irremplaçable
de l'acte de représentation et de l'indignation. Alors, nous verrons autre chose... Qu'elle
change d'échelle, sorte de ses laboratoires et se montre au grand jour avec moins de
plomb dans les chaussures et plus d'azur dans la tête. Qu'elle témoigne de l'humanité
dans un monde où la question de l'humanité est très exactement la question majeure.
L'utopie d'aujourd'hui"124
.
Nous pensons qu' "Entrez dans la danse..." offre des perspectives multiples à
tous ceux qui vont dans le sens de l'ouverture.
Grâce au choix des lieux, à la démarche des chorégraphes et des danseurs allant
à la rencontre des publics, et à l'adhésion de ces derniers, nous pouvons également
conclure qu'une fête de la danse peut transformer les sites urbains en des espaces de
convivialité et de communication. Tous sont unanimes : la vie, l'ambiance, le partage,
la communication non-verbale et la communion émanent de la danse elle-même. Si les
danseurs véhiculent ces valeurs, elles feront partie de ces lieux, qui deviendront à leur
tour dans la mémoire et dans le quotidien des populations, des espaces conviviaux
favorisant la communication par la trace qu'elles auront laissée.
De ce fait, cette fête des danses peut amener des pistes de réflexion pour la politique
de la Ville qui a cette volonté manifeste de redonner aux espaces urbains leurs
fonctions d'échanges et de rencontres favorisant les liens sociaux.
Enfin, les réponses du public-population, des chorégraphes et danseurs tant
amateurs que professionnels soutiennent l'hypothèse que, dans la conception qu'elle
développe, "Entrez dans la danse..." rend les pratiques dansées accessibles à tous, et
par la même, participe efficacement à la démocratisation de la culture chorégraphique
et de la culture des danses auprès des publics.
124 Extrait de l'article Pour plus d'azur dans la tête de Daniel Conrod, dans le mensuel Danser n°220 "Numéro
anniversaire 20 ans", avril 2003.
106
La volonté de la manifestation qui est de permettre aux danseurs professionnels,
aux danseurs amateurs et aux publics d'être ensemble les véritables acteurs du succès
de cette fête de la danse, lui donne toutes les chances de rendre effective cette
démocratisation désirée de tous côtés.
Nous sommes cependant toujours dans la phase de mise en oeuvre, et nous
demeurons de ce fait dans une affirmation théorique qui reste à démontrer, à rendre
vivante et "dansante" sur le terrain.
Cette participation du public escomptée à un moment "T" passe par une action
éducative en amont, une médiation qui prépare les consciences. D'autant que cette
participation n'est pas notre seule attente. Nous espérons que la rencontre dépasse
l'histoire d'un jour, et que nous assisterons à un prolongement durant l'année par
l'adhésion à des cours de danse pour accroître la pratique amateur, ou par la
fréquentation de salles de spectacles de danse. C'est ce que nous entendions
notamment par susciter de nouvelles habitudes chez les publics. La mesure de ces
effets escomptés ne pourra être réalisée qu'avec des années de recul s'il y a
pérennisation de l'événement.
L'accueil réservé au projet par les partenaires publics, et les entretiens avec les
interlocuteurs de la Ville de Paris ont démontré la pertinence d' "Entrez dans la
danse..." qui intervient à un moment clef favorisant certains enjeux de leur politique de
la ville et de leur politique culturelle. Cette fête répond notamment à leurs
préoccupations actuelles suivantes :
- de développer les initiatives qui entraînent la participation des habitants à la vie de
leur quartier, pour rendre vivant le principe de démocratie locale ;
- de redonner à l'espace urbain sa fonction de lien social, d'espace de communication,
de dialogue et de convivialité, pour enrayer l'isolement, le sectarisme et l'insécurité ;
- de construire des ponts entre les pratiques amateurs et les pratiques professionnelles ;
- d'offrir à Paris une manifestation populaire des pratiques chorégraphiques et
dansantes d'envergure et de qualité.
107
L'objet de notre étude se situant dans le cadre d'une recherche expérimentale,
nous sommes conscients qu'au fil de la mise en oeuvre, l'état de la recherche va
continuer à s'approfondir et à s'enrichir des expériences d'autres projets analysés,
d'autres réflexions recueillies. Ces apports, issus des outils universitaires, ne pourront
figurer dans la démonstration de notre Travail d'Etude et de Recherche, mais c'est ainsi
pourtant que notre projet va prendre toute sa force et sa cohérence : en prenant appui
sur une réflexion théorique nourrie de celles des autres et sur les expériences passées
et actuelles, riches d'apprentissages multiples, et dont le projet a besoin de se nourrir
pour être réceptif, souple, capable de rebondir.
Il est essentiel de reconnaître que notre analyse s'est concentrée sur un objet-test
original, événement à venir, "Entrez dans la danse...", ne nous permettant pas de
rendre compte avec assurance de la réception finale. Si le modèle de la Fête de la
Musique a été évoquée sommairement, et que les données de départ diffèrent, le
succès immédiat de cette proposition mérite cependant une analyse minutieuse afin d'
examiner les mécanismes, et, en quoi ils pourraient s'appliquer à notre manifestation.
Il en va de même pour l'exemple d'Immeubles en Fête.
Un projet construit sur des fondations solides et référencées séduit davantage les
partenaires en donnant à ceux qui le défendent une force de conviction et une
détermination qui sont nécessaires à tout projet ambitieux.
En conclusion, les premiers engagements des partenaires institutionnels et
privés, des chorégraphes et des danseurs professionnels et amateurs, et l'adhésion des
publics attestent de la faisabilité du projet et soulignent le rôle majeur de la médiation
qui est au coeur du dispositif d' "Entrez dans la danse".
108
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philosophie contemporaine dirigée par Geneviève Clancy, Paris I, 1996.
115
TOURJANSKY-CABART (L). Le développement économique local, Que Sais-Je ?,
N°3150, P.U.F, Paris, 1996.
WEILLER (D), BOYER (M-A). La dimension urbaine, Editions Vincent, Paris, 1977.
WINKIN ( Y). Anthropologie de la communication. De la théorie au terrain, De Boeck
Université, Bruxelles, 1996.
*Fiches d'information sur les nouvelles procédures mises en place au 1er Janvier 1998 dans
le cadre de la déconcentration des moyens de l'Etat en faveur du développement
chorégraphique / Ministère de la Culture .
Sites de ressources sur la danse :
> http://www.ladanse.com
> http://www.danceservice.co.uk
> http://www.tanznet.de
> http://www.dancer.com/dance-links
> http://www.danceonline.com
> http://emporium.turnpike.net
Site de ressources sur la sociologie :
> http://www.agorasoc.ovh.orj
Revues et périodiques :
Danser
Les Saisons de la Danse
Ballet intenational
Mouvement
Fédération Française de Danse
Nouvelles de Danse
Art Press
Le Monde
116
ANNEXES
117
ANNEXE I
CHARGES Produits en francs
Prestations artistiques 25 916,33 € RATP 22 867,35 € 150000,00
, 4 573,47 € SOGEMA 22 867,35 € 150000,00
Technique 38 112,25 € Mairie de Paris 12 195,92 € 80000,00
Communication 21 342,88 € Mairie du XIIème 4 573,47 € 30000,00
Administration 3 048,98 € Bercy Village 12 195,92 € 80000,00
Personnel 36 587,76 € NOOS 10 671,43 € 70000,00
Imprévus 33 538,78 € Caisse des Dépôts et Consignations 10 671,43 € 70000,00
Crédit Agricole 7 622,45 € 50000,00
DRAC 6 097,96 € 40000,00
Paris Première 6 097,96 € 40000,00
Ministère de l'Economie 6 097,96 € 40000,00
Ibis Accor Hotels 6 097,96 € 40000,00
Pierre&Vacances 6 097,96 € 40000,00
Conseil Général 4 573,47 € 30000,00
Conseil Régional 4 573,47 € 30000,00
La Poste 4 573,47 € 30000,00
SACD 3 048,98 € 20000,00
NCND 3 048,98 € 20000,00
Club Med World 3 048,98 € 20000,00
As. des Com. Pl. Lachambeaudie 2 286,74 € 15000,00
CEBV 2 286,74 € 15000,00
F.F.D. 1 524,49 € 10000,00
TOTAUX euros 163 120,45 € TOTAUX euros 163 120,44 € 1070000,00
TOTAUX Francs 1 070 000, 00 TOTAUX Francs 1 070 000, 00
118
ANNEXE II
L'équipe de la manifestation "Entrez dans la Danse..."
La manifestation culturelle "Entrez dans la danse" est issue d'un projet et d'une recherche
universitaire conçus et dirigés par Mme Valérie GROS-DUBOIS. Sa mise en oeuvre est possible
grâce à une équipe de travail constituée des membres de l'association Mouvance d'Arts, ainsi que
d'intervenants extérieurs, qui ont su embrasser la vision prometteuse de cette manifestation, et y
contribuer par leurs talents. Le parrainage et la co-direction artistique sont assurés par M. Pierre
Doussaint, chorégraphe contemporain de renom.
Direction artistique
Valérie Gros-Dubois
Pierre Doussaint
Administration
Secrétaire de Mouvance d'Arts
Olga Legars
Administrateur de pierre Doussaint
Gustave Galéote
Présidente de Mouvance d'Arts – Conseils
Trésorière
Géraldine Pourrat
Yolande Béguin
Communication / mécénat
communication/relations presse
Xavière Santarelli
mécénat/communication
David Chanrion
Production/régie générale & technique
directeur technique
Walter Pace
assistant technique
Xavier Cotte
119
ANNEXE III
PRE-PROGRAMMATION Les personnalités en présence
Parrain et Co-Directeur artistique d' "Entrez dans la danse..." avec Valérie Gros-Dubois
(conceptrice et maître d'oeuvre) : Pierre DOUSSAINT, Chorégraphe, interprète, pédagogue
et bon vivant... Directeur artistique de la Compagnie Pierre Doussaint... Angel Strip, Dialogue
sous chapiteau, les 41ème rugissants, l'Atelier, Vox Populi Vox, le Pain d'Alouette, La Classe...
Il fréquente le bitume et la terre battue depuis son plus jeune âge...
Il est le maître d'oeuvre d'événements festifs tels que "Gododo" spectacle dans la cour du Roi
d'Abomey (Bénin), "Un Dimanche pas comme les autres" (Airvault), "le Pas du Nombril"
(Pougne Hérisson), veillées de danses traditionnelles et contemporaines dans les deux Sèvres,
"Couleurs feux et signe 2000", défilés pour Parade(s) (Nanterre)...
Chorégraphe pour les compagnies Gosh, les Plasticiens Volants...
Directeur artistique du festival des Arts de la rue "Fête des Vendanges" (Suresnes)
Compagnie Pierre Doussaint, Les Acharnés : "Les Brigades Sécuritaires" - déambulatoire
burlesque
Durée : 3 X 30 mn de déambulation
Texte à venir
Compagnie Aki Gahuk, Makissa Diabaté : chorégraphie contemporaine
Durée
Texte à venir
Compagnie Alter Tango : Tango argentin
Durée :
Texte à venir
Compagnie Afro-cubaine, Daniela : chorégraphies Afro-cubaines
Durée
Texte à venir
Compagnie Agma, Nathalie Tissot, chorégraphe et interprête solo : "Sonates pour Fantoches" -
chorégraphie contemporaine
Musique : DJ food
Prokofiev Sonate n°1 op.80
Fuera
Durée : 25 mn
Fantoche est un personnage soti d'un jeu virtuel. Dévié de sa partie, il découvre un autre
fantochard qui le détourne de ses tâches d'épouvantail et l'entraîne dans une rêverie musicale
et dansée. Un hommage aux fantômes, un esprit dans le rideau, dans le paillasson...Eh
Paillasso !
Emilie Buestel & Nicole Garrido : " M " comme métro - chorégraphie contemporaine
Durée : 5 à 10 mn
Texte à venir
120
Compagnie Flamme&Co Teatro : Flamenco
Durée :
Texte et titre à venir
Florence Portehault & Jung-On Moon : "La tectonique des plaques" - chorégraphie
contemporaine
Durée : 10 mn
Texte à venir
Compagnie GBF Lords, Abdou Ndiaye : chorégraphie hip-hop
Durée : 8 à 10mn
Texte et titre à venir
Silvia Hillard, chorégraphe et interprête solo : "Fa" - chorégraphie contemporaine
Durée : 15 mn
Fa parle de cette note de musique située au quatrième degré de la gamme de do, sur laquelle
l'ensemble des planètes se basent pour graviter autour du soleil...
Compagnie Itinerrances, Christine Fricker : "Ici et maintenant" - pièce déambulatoire
contemporaine avec danseurs et musiciens
Chorégraphe et directrice artistique (Marseille)
Durée : 45 mn
Chaque acte s'inscrit dans un lieu urbain, offrant une autre convention à la danse. A chaque
rendez-vous, les protagonistes s'imprègneront du décor naturel pour une création éphémère et
spontanée. La danse, par son rapport aux matières naturelles, engendrera des énergies qui
circuleront telles des vases communicants ; elle sera également interactive grâce à la proximité
du public.
Compagnie La Pachanga : Démonstration interactive de salsas
Durée : 45 mn
Texte à venir
Compagnie Lo & Co, Laurence de Rosey : "Phénoména" - chorégraphie hip-hop
Création collective
Durée : 5 mn
Texte à venir
Compagnie du Petit côté : "Cadrage-débordement" - chorégraphie contemporaine
Durée : 50 mn
Texte à venir
Compagnie Proverbes : chorégraphies antillaises - quadrille antillais
Durée :
Texte à venir
Compagnie Les Transe-Mutants : "Le Marécage" - chorégraphie contemporaine, danses tribales
- possibilité d'un déambulatoire
Durée : 45 mn
Texte à venir
121
Compagnie Triade Nomade : "Juego de manos" - tango sur échasses
Durée : 3 tableaux chorégraphiques de 15 mn chacun au sol et en échasses
Triade Nomade est une rencontre entre Jorge Pell, chorégraphe et danseur de tango argentin
et Florence Boutet, Félix Cantero et Marie Falquet, échassiers comédiens.
"Le tango est une possibilité infinie", Léopoldo Maréchal.
Mouvance d'Arts, Valérie Gros-Dubois : Ateliers enfants 3/5ans - "Tranches de rêves"
Durée : 2mn
Texte à venir
Démonstration interactive de salsas cubaine et portoricaine avec les professeurs de La Pachanga
Durée : mn
Texte à venir
Première partie du Bal : Stone et Charonne - Quatuor humoristique
Paname Tropical, et son Bal Déclassé
Le Paname Tropical, c'est le bon plan. Porte de la Fonk, des Biguines, du Baiao, du Sega, ou
de la Bourrée, elles mènent toutes à la danse et à la fiesta des rouges, blancs, jaunes et noirs.
La formation présente ses compositions et comprend 5 individus. Sur scènes on trouve un bar,
des tables, des chaises, des amplis, des instruments, des objets de la rue et surtout une bonne
communicative.
Instruments pratiqués : basse, batterie, guitare, sax alto, clavier, accordéon, banjo,
harmonica, surdo, derbouka, maravane.
Langues chantées : le français, les créoles antillais et mauriciens.
La formation sur scène peut se transformer en troupe ambulante et parcourir les rues au son
des percussions et des saxophones.
122
123
124
125
126
127
ANNEXE VII
QUESTIONNAIRE
Durant 24 heures, dans les rues et les jardins de votre quartier, nous désirons organiser une
fête de la Danse qui réunira tous les genres ( danses de salon, danses classique, contemporaine, jazz,
moderne, hip-hop, danses régionales, danses africaines, créoles...) sous forme de spectacles en plein
air, de démonstrations, d'initiations, de bals.
Afin de mener à bien notre projet " Entrez dans la Danse...", nous souhaitons recueillir vos
impressions par le biais de ce questionnaire.
Nous vous remercions de votre collaboration.
1. Sexe F M
2. Age
- de 15 ans
De 15 à 19 ans De 45 à 54 ans
De 20 à 24 ans De 55 à 64 ans
De 25 à 34 ans De 65 ans et plus
De 35 à 44 ans
3. Profession
Artisan, commerçant ou chef d'entreprise
Cadre
Intermittent
Employé
Ouvrier
Retraité
Congé parental
Sans emploi
Autre inactif
4. Niveau d'études
Aucun
BEPC
CAP, BEP
BAC et équivalent
Etudes supérieures
5. Habitez-vous le quartier de Bercy ?
Oui Non
Si oui, depuis combien de temps ? .................................................................................
6. Aimez-vous la danse ?
128
Oui Non
si non, pourquoi ?.................................................................................................. ........
7. Quelles sont vos préférences ?
Regarder les autres danser
Danser
Apprendre à danser
Enseigner la danse
8. Savez-vous danser ?
Oui Non
Danse de salon Danse hip-hop
Danse classique Danse régionale
Danse contemporaine Danse africaine
Danse jazz Autres Précisez : ...............
Danse moderne Bouger
9. Dans quels lieux avez-vous l'habitude de danser ?
Boites de nuit
Concerts
Festivals
Cours de danse
Bals
Chez vous
Chez des amis
10. Fréquentez-vous un lieu où l'on danse ?
Si oui, lequel ?............................................................................................................. .
Si non, pourquoi ?................................................................................................... ......
11. Combien de fois dansez-vous par an ?
Pendant l'année :..........................................................................................................
Pendant les vacances :........................................................... .......................................
Autres : .................................................................................................................... ...
12. Allez-vous voir des spectacles de danse ?
Si oui, quel genre ?.......................................................................................................
Et combien de fois par an ?...........................................................................................
Si non, pourquoi ?.........................................................................................................
13. Pensez-vous que la danse est à la portée de tous ?
Oui Non
Pourquoi ?...................................................................................................... ..............
14. Pouvez-vous imaginer que les rues et les jardins de votre quartier soient un lieu où l'on
danse le temps durant 24 heures ?
Oui Non
Pourquoi ?......................................................................................... ............................
15 Quel genre de danse y verriez-vous ?
......................................................................................................................................
129
......................................................................................................................................
16. Qu'est-ce qui vous inciterait à danser dans les rues et les jardins de votre quartier ?
Le genre musical La découverte
L'ambiance Le jeu
Le partage La moyenne d'âge des participants
La rencontre La gratuité
17. Emetteriez-vous des réserves ? Lesquelles ?
......................................................................................................................................
......................................................................................................................................
18. Qu'attendez-vous d'une fête de la danse ?
Danser
Apprendre à danser
Regarder
Participer
Vous amuser
Autres Précisez : .............................................................
19. Voulez-vous danser avec vos voisins / voisines ?
Oui Non
Pourquoi ?................................................................................................................... ..
20. Fréquentez-vous la Fête de la Musique ?
Oui Non
Si oui, chaque année ?...................................................................................................
21. Si l'occasion vous est donnée, participerez-vous à l'animation de cette fête de la danse ?
oui Non
Pourquoi ?................................................................................................................... ..
.....................................................................................................................................
.....................................................................................................................................
21. En quelques mots, décrivez votre meilleur souvenir lié à la danse :
.....................................................................................................................................
.....................................................................................................................................
.....................................................................................................................................
22. En quelques mots, décrivez votre pire souvenir lié à la danse :
.....................................................................................................................................
.....................................................................................................................................
.....................................................................................................................................
Merci
130
ANNEXE VIII
RESULTATS QUESTIONNAIRES
Questionnaire soumis à 70 personnes Cours Saint-Emilion dans le XIIème arrondissement à Paris
Déterminants sociaux
- 35 ans
+ 35 ans
Q1
Femmes interrogées
55 %
50 %
Hommes interrogés
45 %
50 %
Q2
Nombre/ tranche d'âges
42 pers.
28 pers.
Q3
Etudiant
36 %
3.5 %
Artisan/Chef d'entreprise
7 %
14 %
Cadre
23 %
35 %
Intermittent
7 %
-
Employé
27 %
17 %
Ouvrier
-
3.5 %
Retraité
-
20 %
Congé parental
-
3.5 %
Sans emploi
-
3.5 %
Autre inactif
-
-
131
Q4
Aucun
7 %
-
BEPC
7 %
-
CAP/BEP
3 %
11 %
BAC
27 %
18 %
SUP
56 %
71 %
Q5
Lieu d'habitation ou de travail
: Quartier de Bercy
OUI
36 %
NON
64 %
Q7
Préférences
- 35 ans
+ 35 ans
Regarder les autres danser
50 %
71¨%
Danser
74 %
61 %
Apprendre à danser
43 %
25 %
Enseigner la danse
5 %
3.5 %
Q8
Savent danser
- 35 ans
+ 35 ans
OUI
83.5 %
82 %
NON 16.5 %
18 %
Danse de salon
40.5 %
75 %
Danse classique
5 %
7 %
Danse contemporaine
9.5 %
7 %
Danse jazz
9.5 %
7 %
Danse modern
24 %
14 %
132
Danse hip-hop
26 %
-
Danses régionales
9.5 %
18 %
Danse africaine
16.5 %
14 %
Autres (Zouk, danses
orientales…)
9.5 %
11 %
BOUGER
75 %
39 %
Q9
Lieux où ils pratiquent
- 35 ans
+ 35 ans
Boîte de nuit
50 %
36 %
Concerts
36 %
14 %
Festival
21.5 %
11 %
Cours
14 %
21.5 %
Bals
31 %
21.5 %
Chez vous
57 %
29 %
Chez des amis
81 %
68 %
133
Q8/9
Pour Pop. interrogée
Savoir Danser
- 35 ans
+ 35 ans
= BOUGER 93 %
96.5 %
= ENSEIGNEMENT
14 %
21.5 %
où
Chez vous/ Chez des amis
88 %
68 %
Bals/ Concerts/ Festivals
45 %
36 %
Boite de nuit
48 %
36 %
Cours
14 %
21.5 %
Q10
Lieux de fréquentation
évoqués
- 35 ans
+ 35 ans
Ecoles/Conservatoires
16 %
25 %
Boite
15 %
7 %
Chez vous/ Chez des amis
7 %
7 %
Pas le temps
2 %
29 %
Pas de lieux
29 %
18 %
Autres
-
3 %
Ne se prononcent pas
31 %
11 %
134
QUESTION 11 : Combien de fois dansez-vous par an ?
Q11
Combien de fois dansez-vous
par an?
- 35 ans
+ 35 ans
365 jours/an
9 %
3 %
entre 6 à 12 fois par an
33 %
14,5 %
entre 1 à 5 fois par an
12 %
36 %
entre 6 à 12 fois par mois
15 %
-
entre 1 à 5 fois par mois
31 %
21 %
Jamais
-
14,5 %
Non renseigné
-
11 %
QUESTION 12 : Quel genre de spectacle allez-vous voir ?
Q12
Quel Genre de spectacle
allez-vous voir ?
- 35 ans
+ 35 ans
Tous genres
2 %
32 %
Classique
4,5 %
39 %
Afro- cubain
2 %
7 %
Tango
2 %
11 %
Hip-hop
2 %
14,5 %
Contemporain
2 %
46,5 %
Rock accrobatique
-
3 %
Salsa
-
7 %
135
Flamenco
-
3 %
Jazz
2 %
3 %
Africain
4,5 %
3 %
Pas le temps
7 %
39 %
Trop cher
7 %
18 %
Pas d'intérêts
-
39 %
Aucun
7 %
29 %
QUESTION 12 : Combien de fois par an allez-vous voir un spectacle ?
Q12
Combien de fois par an
allez-vous voir un spectacle ?
- 35 ans
+ 35 ans
entre 6 à 12 fois par an
2 %
21 %
entre 1 à 5 fois par an
7 %
43 %
Jamais
14 %
36 %
Non renseigné
77 %
-
QUESTIONS 6/10/11/12/13/14
QUESTIONS
Nombre de pers
répondant à la Q
OUI
Non
S'abstiennent
Q6/ Aimez-vous la
danse ?
- de 35 ans
+ de 35 ans
39 pers./42
22 pers./28
93 %
78 %
1/42
4/28
2 /42
2 /28
Q10/ Fréquentez-vous
un lieu où l'on danse ?
- de 35 ans
+ de 35 ans
29 pers./42
19 pers./28
69 %
68 %
136
Q11/ Combien de fois
dansez-vous par an ?
- de 35 ans
+ de 35 ans
38 pers./42
23 pers./28
90 %
82 %
Q12/ Allez-vous voir
des spectacles de
danse ?
- de 35 ans
+ de 35 ans
18 pers./42
19 pers./28
43 %
68 %
Q13/ Pensez-vous que
la danse est à la portée
de tous ?
- de 35 ans
+ de 35 ans
37 pers./42
23 pers./28
88 %
82 %
4/42
4/28
1/42
1/28
Q14/ Rues, Jardins :
lieux où l'on pourrait
danser ?
- de 35 ans
+ de 35 ans
31 pers./42
26 pers/28
74 %
93 %
9/42
2/28
2/42
QUESTION 15 : Quel genre de danse ?
Q15
Quel genre de danse ?
- 35 ans
+ 35 ans
Tous
59.5 %
68 %
Africain
9.5 %
-
Hip-hop
9.5 %
-
Salsa/Tango
7 %
7 %
Classique
-
4%
Contemporain
11.5 %
-
Régionales/traditionnelles
9.5 %
21.5 %
Bals populaire
-
14 %
Carnaval/ spect. de rue/
Parade
24 %
4%
137
orientale
7 %
-
Rock
7 %
-
Monde
7 %
-
QUESTION 16 : Incitation à danser ?
Q16
Genre
musical
Ambian
ce
Partage
Rencont
re
Découver
te
Jeu
Âge
Gratuité
- de
35 ans
27/42
64 %
32/42
76 %
9/42
21 %
10/42
24 %
17/42
40 %
9/42
21 %
5/42
12 %
17/42
40 %
+ de
35 ans
10/28
36 %
23/28
82 %
11/28
39 %
15/28
53 %
8/28
28 %
6/28
21 %
5/28
18 %
10/28
36 %
QUESTION 16 : Palmarès des motivations
Q 16
Motivations
- de 35 ans
Motivations
+ de 35 ans
N°1
AMBIANCE
76 %
AMBIANCE
82 %
N°2
GENRE MUSICAL
64 %
RENCONTRE
53 %
N°3
DECOUVERTE
40 %
GRATUITE
40 %
PARTAGE
39 %
N°4
RENCONTRE
24 %
GRATUITE
36 %
GENRE MUSICAL
36 %
138
N°5
PARTAGE
21 %
JEU
21 %
DECOUVERTE
28 %
N°6
ÂGE
12 %
JEU
21 %
N°7
ÂGE
18 %
QUESTION 17 : Sur les réserves
Q 17
Intempéri
es
Sécurité
Nuisan
ce
sonore
Genre
chorégraphi
que
Mauvais
e
ambianc
e
Mentali
té
Sans avis
ou sans
réserve
- de
35 ans
3/42
%
13/42
31 %
2/42
24 %
1/42
2%
1/42
2 %
1/42
2 %
22/42
52 %
+ de
35 ans
0
10/28
36 %
7/28
25 %
0
0
2/28
7 %
14 /28
50 %
QUESTION 18 : Qu'attendez-vous d'une fête de la Danse ?
Q18
Qu'attendez-vous d'une
fête de la Danse ?
- 35 ans
+ 35 ans
Danser
53 %
43 %
apprendre à danser
43 %
11 %
Regarder
47.5 %
39 %
Participer
45 %
46.5 %
139
vous amuser
78.5 %
68 %
autres
5 %
-
QUESTION 19 : Êtes-vous prêts à danser avec vos voisins ?
Q19
Danser avec vos voisins
- 35 ans
+ 35 ans
OUI
69 %
64.5 %
NON
26 %
35.5 %
S'abstiennent
5 %
-
Q19
Raisons invoquées
sur 70 personnes
Pour les connaître
40 %
Ecarts d'âges
16 %
Autres
10 %
Ne donnent pas de raison
34 %
QUESTION 20 : Participez-vous à la Fête de la Musique ?
Q20
Participation Fête de la
Musique
- 35 ans
+ 35 ans
OUI
74 %
68 %
NON
26 %
32 %
140
QUESTION 21 : Participeriez-vous à l'animation de cette fête de la danse ?
Q21
Participer à l'animation
- 35 ans
+ 35 ans
OUI
62 %
68 %
NON
38 %
32 %
Q21
Raisons invoquées
sur 70 pers.
Etre acteur de la vie du quartier
16 %
Pour les rencontres
20 %
Artistes/enseigner/sonoriser un lieu
11.5 %
sans avis
32 %
Pas le temps
21,5 %
QUESTION 22 : Pensez-vous qu'une fête de la danse qui rende les spectacles de danse et les pratiques
accessibles gratuitement, puisse augmenter... ?
Q22
Une Fête de la danse peut-elle augmenter...
- 35 ans
+ 35 ans
- votre compréhension de cet univers ?
OUI
NON
Ne sait pas encore
31 %
13 %
56 %
42 %
18 %
40 %
- Votre désir de fréquenter des cours ?
OUI
NON
Ne sait pas encore
45 %
19 %
36 %
51 %
25 %
24 %
- Votre désir de fréquenter des spectacles ?
OUI
NON
Ne sait pas encore
27 %
12 %
61 %
38 %
19 %
43 %
- Votre désir de danser ?
OUI
NON
Ne sait pas encore
53 %
10 %
37 %
59 %
4 %
37 %
141
QUESTION 23 : Votre meilleur souvenir en danse ?
Q23
Meilleur souvenir
- 35 ans
+ 35 ans
Cours/Prof./
Spectacle fin d'année
19 %
29 %
Boite/Fête c/o soi
ou amis/Bal
31 %
21 %
Sortie Spectacle
10 %
25 %
Rencontrer son conjoint
7 %
14 %
Mariage
7 %
11 %
Emotions
7 %
-
Sans
19 %
0 pers.
QUESTION 24 : Votre pire souvenir ?
Q24
+Mauvais souvenir
- 35 ans
+ 35 ans
Ne pas savoir danser/
honte/exclusion
17 %
12 %
Boite/Bal/mauvaise
ambiance/bagarre
16 %
14 %
Spectacle fin d'année/
trac/clous
5 %
7 %
Sortie Spectacle
.
3 %
Sans
62 %
64 %
142
ANNEXE IX
FESTIVALS DE DANSE 2002 - 2003 Sources : La saison culturelle, France 2002 - 2003, la presse, Internet, entretiens
NOM
DATES
GENRES
LIEUX
Festival Macadam
du 4 au 12 avril 03
Danse
Aix
Danse à Aix
du 19 juillet au 3 août 03
Danse
Aix
Festival d'Angers
dates à communiquer
Danse
Angers
Festival Estival&Académie
du 9 au 14 août 03
Danse
Annecy
Festival Danse Cité
3 au 6 juin 03
Danse
Abbeville
Les Suds
Eté 2003
Pluridisciplinaire
Arles
Vivat la danse !
23 au 28 nov. 02
Danse
Armentières
25ème Avignon en hivernales
22 fév. - 2 mars 03
Contemporain
Avignon
Festival d'Avignon
8 au 28 juillet 03
Pluridisciplinaire
Avignon
L'été des Hivernales
9 au 28 juillet 03
Danse
Avignon
RCI de Seine-Saint-
Denis
du 5 au 10 et du 15 au
17 avril 03
Danse
Bagnolet
Festival Passion
4 avril 03
Niels Storm Robitzky
Bagnolet
Le temps d'aimer
5 au 21 sept. 03
Danse
Biarritz
RCI de Seine-Saint-
Denis
23 avril au 24 mai 03
Danse
Bobigny
Scènes d'été en Gironde
5 juin au 27 sept. 03
Danse
Bordeaux
Festival Temps-Dance 02
19 au 28 nov. 02
Danse -Pluridisciplinaire
Bourges
143
Festival les Antipodes
10 mars - 23 mars 03
Danse, Contemporain, Hip-
hop, Danses traditionnelles
Brest
Les Boréales 2002,
11ème Festival d'art et
de littérature nordique
6 nov. - 18 déc. 02
Pluridisciplinaire
Caen
Festival de Carcassonne
Eté 2003
Danse
Carcassonne
Fédération des Festivals
et Carnaval de Guyane
5 janv. - 5 mars 03
Danse, folklore, musique
du monde
Cayenne
Festival International de
Cesson Sévigné
du 7 au 12 juillet 03
Pluridisciplinaire
Cesson Sévigné
Dancité
22 nov. 02
Danse
Cergy Pontoise
Parcours de danse
Dimanches juillet 03
Danse
Chamarande (91)
A la Campagne
Eté 2003
Pluridisciplinaire
Chamberet
Festival de
Châteauvallon
Eté 2003
Danse
Châteauvallon
Festivals de Confolens
dates à préciser 03
Danses et musiques du
monde
Confolens
Festival musiques et
danses du monde
24 mai 03
Danses et Musiques du
monde
Courcouronnes
Festival international
exit
26 fév. - 15 mars 03
Danse, Théâtre,
Musiques actuelles, rock
Créteil
Danses et Musiques du
monde
dates à préciser 03
Danse
Cugand
Paso Passion
31 juillet au 3 août
Danse et musique
Dax
Toros y Salsa
12 au 14 sept. 03
Salsa
Dax
I love Dijon
17 oct. - 20 déc. 02
Danse, Théâtre,
Musiques actuelles, rock
Dijon
Festival Art Danse
1er mars - 31 mars 03
Danse
Dijon
144
4ème Festival Entre
cour et jardins
15 août-1er sept. 03
Danse
Dijon
4ème Mars en danse
7 mars - 2 avril 03
Danse, Festival pour
Jeunes
Elancourt
Le Chainon manquant
25 mars - 30 mars 03
Pluridisciplinaire
Figeac
Les nuits de Fourvières
17 juin au 7 août 03
Pluridisciplinaire
Fourvières
Arts-Mêlés
Pluridisciplinaire
Grenoble
L'Humour des notes
23 mai - 31 mai 03
Humour, Spectacles de
rue, Variétés
Haguenau
Festival de danse Hédé
dates à préciser 03
Danse
Hédé
Ile de Danse
Novembre 03
Danse
Ile de France
Festival Isle-sur-Sorgue
dates à préciser 03
Danse
Isle-sur-Sorgue
Festival de la
Salindrenque
dates à préciser 03
Musiques celtes, Contes,
Danse
Lasalle
Latitudes Contemporaines
3 juin -7 juillet 2003
Danse contemporaine
Lille
9ème Biennale
12 au 14 juin 03
Danse
Limoges
Celtic World -Festival
interceltique de Lorient
dates à préciser 03
Musiques, Danses, arts
et traditions
Lorient
Biennale de Lyon
Art contemporain,
Danse
Lyon
Les Journées GRAME
2003
18 mars - 22 mars 03
Danse, Musiques du
monde, Musique
Lyon
14ème Festival Mozart
5 nov. 02 - 29 mars 03
Danse, Musique, Art
lyrique
Marcq en Baroeul
Festival Corps à coeur
2 au 21 juin 03
Pluridisciplinaire
Marseille
Festival "On the Edge"
dates à préciser 03
La Friche de la Belle de
mai
Marseille
145
8ème Festival de Marseille
2 - 20 juillet 03
Danse contemporaine
Marseille
Festival de danse de
Maubeuge
15 au 28 nov. 02
Danse
Maubeuge
Ma villes est un tango
17 au 20 juillet
Tango
Menton
Printemps des Arts de
Monte Carlo
26 avril - 4 mai 03
Danse, Jazz, Musique
Monaco
Festival Arte Flamenco
30 juin au 5 juillet 03
Musique et danse
Mont de Marsan
Festival de Montignac
dates à préciser 03
Danses et musiques du
monde
Montignac
Festival Off de
Montpellier
dates à préciser 03
Danse
Montpellier
Montpellier Danse
26 juin - 5 juillet 03
Danse
Montpellier
Les Algériennes
8 fév. - 17 déc. 03
Danse, Musiques du
monde
Montolieu
RCI de Seine-Saint-
Denis
23 avril au 24 mai 03
Danse
Montreuil
20ème Printemps des Arts
12 mai - 28 juin 03
Danse, Musique
Nantes
La danse s'amuse
25 au 30 nov. 02
Danse
Nîmes
Les chemins de traverse,
5ème Festival de danse
et de Théâtre
7 mars - 16 mars 03
Cirque, danse, Théâtre
Noisy le Grand
Festival d'animation
rurale
15 sept. - 15 déc. 03
Pluridisciplinaire
Nouan Le Fuzelier
Journées Danse Dense
22 avril - 4 mai 03
Danse
Pantin
Les Rencontres de la
Vilette 2002
23 oct. - 11 nov. 02
Pluridisciplinaire
Paris
Faits d'Hiver Danses
d'Auteurs
dates à préciser 03
Danse
Paris
146
Festival Prétendanse
dates à préciser 03
Danse
Paris 11e
Festival Eclectique
dates à préciser 03
Danse
Paris 11e
Festival d'Automne à
Paris
13 sept. -21 déc. 02
Danse, Musique,
Théâtre
Paris
4ème Festival de l'imaginaire
26 fév. - 6 avril 03
Pluridisciplinaire
Paris
11ème Festival Don Quijote
29 nov. - 16 déc. 02
Danse, Théâtre
Paris
Festival de Butô
du 5 au 28 juin 03
Danse Butô
Paris
100 Dessus Dessous
19 juillet au 31 août 03
Danse
Paris 19e
Onze Bouge
5 au 15 juin 03
Arts de la rue, Danse,
Musique, Festibars,,
Cinéma, Théâtre
Paris 11e
Festival les
Inaccoutumés 15
du 3 au 21 juin 03
Danse contemporaine
Paris 11e
Paris, Quartier d'été
14 juillet au 17 août 03
Pluridisciplinaire
Paris
6ème Festival Agora
1er au 24 juin 03
Pluridisciplinaire
Paris
Dance Box
mars à mai 03
Contemporain et Buto
Paris 1er
Festival Les coulées
douces
Juin
Pluridisciplinaire
Paris
Festival Danses
plurielles
2 au 5 avril 03
Danse
Pau
Mimos
4 au 10 août
Danse
Périgueux
Mondial Folk Juillet
Chants, Musique ,
Danses
Plozévet
Cité Médiévale de
Provins
30 mars - 3 nov. 03
Pluridisciplinaire, son et lumière,
spectacles historiques
Provins
Festival international
des Pyrénées
dates à préciser 03
Danses, Folklores et
Traditions populaires
Pyrénées
147
Les Tombées de la nuit
9 au 13 juillet 03
Musiques du monde,
Danses et folklore
Rennes
Festival Dans Fisel
Fin août
Danses, concert
Rostrenen
Les Transculturelles
dates à préciser 03
Pluridisciplinaire
Roubaix
25ème Festival de Sablé
du 20 au 23 août 03
Danses et musiques
anciennes
Sablé/Sarthes
Les Affouages, 19èmes
Rencontres folkloriques
internationales
7 juin - 8 juin 03
Danse, Folklore,
Musiques du monde
Saint-Amand Montrond
Artrock
Juin 03
Musique et danses (Hip-Hop)
Saint -Brieux
Festival de Saint-Denis
dates à préciser
Danse, Musique,
Création
Saint -Denis
Ballet des Jeunes d'Europe
1er juillet au 13 août 03
Danse
Saint-Martin -de-Crau
Festival de Sens
dates à préciser 03
Danse
Sens
Fiesta Latina
26 juillet au 11août 03
Danse latine et musique
Sète
Les Nuits de la Citadelle
19 juillet au 9 août 03
Musique Classique,
Danse, Théâtre
Sisteron
Cités Danse
dates à préciser 03
Danse
Suresnes
15ème Festival ibéro-andalou
de Tarbes et de Bigorre
21 nov. - 6 déc. 02
Musiques du monde
Tarbes
Festival Jeunes Talents
17 et 18 mai 03
Danse
Thionville
Festival Danse à
Toulouse
14 au 18 juillet 03
Pluridisciplinaire
Toulouse
Toulouse Tangueando
dates à préciser 03
Festival Tango argentin
Toulouse
Festival banlieues'arts
19 mai au 6 juin 03
Pluridisciplinaire
Trappes
Festival Pas de Troyes
5 au 18 avril 03
Contemporain
Troyes
148
Festival de la Nouvelle Danse
2 au 29 juin 03 Danse
Uzès
Festival de danse de
Vaison-la -Romaine
11 au 28 juillet 03
Danse
Vaison-la -Romaine
Festival Alba la
Romaine
15 au 27 juillet 03
Danse
Valence
3ème Festival Ligne de corps
26 nov. - 6 déc. 02
Danse
Valenciennes
20ème Musique Action
19 mai - 7 juin 03
Danse, Musique,
Cinéma, Audiovisuel
Vandoeuvre les Nancy
Festival ArtDan Thé
14 déc. 02 - 11 fév. 03
Danse
Vanves
Bacchus, divine mémoire
de la vigne en Champagne
18 juil. - 26 juillet 03
Son et lumière,
spectacles historiques
Vendeuvre sur Barse
Festival Celtitudes
12 mars - 22 mars 03
Pluridisciplinaire
Villeurbanne
Novembre Australien
12 nov. - 1er déc. 02
Danse
Vitry sur Seine
12ème Biennale nationale
de danse du Val de Marne
26 fév. - 3 avril 03
Danse
Vitry sur Seine
14ème Festival international de
Vivonne, chants et musiques
d'ici et d'ailleurs
6 juin - 9 juin 03
Danse, Musiques su
monde
Vivonne
Méditerranéa
dates à préciser 03
Cies de danse du
pourtour méditerranéen
Villes de Méditerranée
149
ANNEXE X
NOTE D'INTENTION de PIERRE DOUSSAINT
SUR LA BRIGADE SECURITAIRE
"Depuis que j'écris des pièces de danse, j'ai toujours réservé la primeur à la rue.
A mes débuts surtout et ensuite en ouvrant la porte des studios et des théâtres, en
dansant dans l'entrée, sur le parvis, en organisant des défilés ou des actions dans une
ville, un village, une région ou une fête. J'aime confronter mon travail et celui de la Cie
à différents publics et j'aime la patine qui en résulte.
Le projet des "Grosses Godasses" est né du travail de flamenco réalisé les
années précédentes au sein de la Cie avec Mari Carmen Garcia ainsi que des dernières
expériences présentées en rue par les Acharnés avec les spectacles "Agogos" et
"Force 4". Le passage par le clown et son nez rouge a été obligatoire et nous a permis
de désacraliser notre danse. Maintenant nous n'en avons plus besoin. Par contre, le
travail d'improvisation lié à la présence du public est resté. D'où une forme d'écriture
en déambulation avec des arrêts et des temps forts. Pour ce faire nous avons inventé
une nouvelle sorte de claquettes ainsi que des chants rythmiques à plusieurs voix,
restitués souvent à l'aide d'un kazou. De fait, le groupe fonctionne aussi comme une
fanfare. Les thèmes musicaux choisis sont très simples. Les musiques sont soit des
compositions personnelles, soit des mélodies plus connues telles que "Le pont de la
rivière Kwai", "Mission Impossible", "Le Grand Méchant Loup" et d'autres.
Il s'agit d'une "Brigade Sécuritaire" composée de sept policiers qui martèlent,
raclent le "pavé" de leurs grosses godasses, développent un monde à la fois réel et
onirique et qui s'infiltrent dans la cité, la ville. Les policiers se lancent dans des
missions qui évoluent selon le public et les sites proposés par le lieu de représentation.
Le spectacle restera écrit mais il s'adaptera complètement à la réalité.
Pourquoi la "Brigade" et les "Bleus" ? C'est un moyen pour moi et les
"Acharnés" de nous situer avec humour et sans violence, par rapport à la montée
sécuritaire qui nous entoure. Et surtout de réaliser une vraie déambulation qui n'a pas
besoin de raconter une "histoire" car elle se raconte d'elle-même. "Vous voulez du bleu
??!! En Vla !! Et du plus chic !! "... "Les Agents de la Paix" sont autant de rappels à
une époque ou comme avec "l'âne du pape" dans la pure tradition du carnaval le peuple
s'est toujours moqué de l'ordre établi. Molière est un exemple décapant encore."
Pierre Doussaint
150
PIERRE DOUSSAINT
Chorégraphe, Danseur, Directeur Artistique
Le parcours
Pierre Dousaint s'initie au mouvement de la danse contemporaine auprès de
Karin Waehner,Susan Buirge, Caroline Carlson, et d'autres chorégraphes. Elève en
danse classique de Jaque Chaurand et Colette Milner, il obtient le 1er prix du
Conservatoire National de la Rochelle en solo et en duo.
Elsa Wolliaston le pousse à revenir à ses origines, l'Afrique où il passa les
premières années de sa vie (Tunisie). il s'immerge dans cette culture qu'il reconnaît
comme sienne. Hideyuki Yano lui proposera une nouvelle approche du corps, fruit
d'une rencontre de l'art contemporain et traditionnel.
En 1983, il fonde une compagnie avec Isabelle Dubouloz. ils obtiendront
ensemble le premier prix de chorégraphie au concours de Bagnolet (1985).
La rencontre avec Kobayashi Senseï et Maître Cognard, maîtres d'aîkido,
marque le chorégraphe. Il part au Japon (prix Villa Médicis Hors Les Murs) où il
s'initie à la danse buth de Kazuo Ohno. De retour en France, il crée, en 1988, "La
beauté des fleurs" programmée au Théâtre de la Ville à Paris.
Un an plus tard, Pierre Doussaint fonde sa compagnie et bénéficie d'une
résidence de création aux Mureaux, qui s'étendra par la suite aux six communes du Val
de Seine. Le projet "Droits de Cité" lui permet de confronter son art à une population
dite en rupture sociale.
Il crée les "41ème Rugissants", pièce pour huit danseurs dont Koffi Kôkô,
danseur chorégraphe africain.Une musique de Jean-Paul Buisson, des lumières de
Walter Pace, des costumes de Laurent Lamoureux. Ensemble, ils affinent et définissent
un style.
Pour "L'atelier" créé en 1994, les artistes développent leurs propres conceptions d'un atelier et s'initient aux
différents styles, en particulier la danse Flamenca avec Mari Carmen Garcia.
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