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Dossier artistique de José-Xavier Polet, plasticien belge établi depuis 2001 à Saint-Hilaire de Brethmas (Alès, Gard). Contenu : 1. Reproductions et vues « in situ » 2. Biographie et liste des expositions 3. Florilège de citations à propos du travail de l’artiste 4. Un tableau et son commentaire rédigé par José- Xavier Polet à l’occasion d’un concours, fin 2013 José-Xavier Polet 324 Chemin du Château 30560 Saint-Hilaire de Brethmas [email protected] 00 33 9 50 27 89 20 José-Xaviér Polét 2014

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Dossier artistique de José-Xavier Polet, plasticien belge établi depuis 2001 à Saint-Hilaire de Brethmas (Alès, Gard). Contenu :

1. Reproductions et vues « in situ » 2. Biographie et liste des expositions 3. Florilège de citations à propos du travail de l’artiste 4. Un tableau et son commentaire rédigé par José-

Xavier Polet à l’occasion d’un concours, fin 2013

José-Xavier Polet

324 Chemin du Château 30560 Saint-Hilaire de Brethmas

[email protected] 00 33 9 50 27 89 20

José -X

aviér Polét

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Echantillonnage du travail de José-Xavier Polet jan 2014

1983

JXP, « La montagne magique, aka Les deux tigresses sur une montagne », acrylique sur toile, 100x120, 1983

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2002

JXP, « Song for Alpha Waves # 08 », techniques mixtes sur toile, 80x80, 2002

4

2004

JXP, « Stochastic Flight # 02 », techniques mixtes sur toile, 70x70, 2003

5

2004

JXP, « Bridges to infinity # 03 », acrylique sur carton, 100x70, 2004

6

2004

JXP, “Binômes 02 For Gerry “, techniques mixtes sur toile, 4x100x100 Galerie Van Weyenbergh – Californie -

Bermuda Dunes – 2004

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2004

Exposition au Phénix de Valenciennes – 2004 – Vue d’ensemble

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2006

JXP, « Flower Power », polyptique, techniques mixtes sur toile, 4x100x100, 2006

In situ, Quartier Général de la holding P. à Malmö, Suède

JXP, Orange Mozaïk # 01, polyptique, techniques mixtes sur toile, ca 250x140, 2006

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2009

JXP, Snapshot, exposition virtuelle, The Art Office, second life, 2009

JXP, Lignes ambigües, diptyque, acrylique sur toile, 30x60, 2009

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2012 -2013

In situ exposition “Polet au Pôle », Alès, 2013, avec Aldric Polet : JXP, Full of sound & fury # 04 & Comme une guêpe erratique... # 03, techniques mixtes sur bois 2x250x60, 2012 (photo Benoît Dellicour).

Affiche de l’exposition 2013 à Alès, version avec erreur sur le prénom

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2013

JXP, Ressac # 03, techniques mixtes sur papier, 50x65, 2013

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2014

JXP Chaos Intime # 03 Techniques mixtes sur bois 120x120 Q1 2014

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2014

JXP Chaos Intime # 04 Techniques mixtes sur bois 120x120 Q1 2014

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Biographie et filiation esthétique

Né en Belgique en 1948, José-Xavier Polet -alias Péka ou pol.knots- vit et travaille à Alès depuis 2001. Il se définit comme autodidacte des arts visuels. Licencié en Journalisme et Communications Sociales de l'Université Libre de Bruxelles, sa vision artistique s'est d'abord exprimée dans la satyre littéraire. En 1975, il publie "L'Autre Belgique " aux éditions Vokaer, en collaboration avec Yvon Godefroid. Après avoir peint et travaillé en solitaire, très proche de nombreux artistes, José-Xavier Polet expose à partir de 2000. Plus tard, il initie le mouvement Pintura Fresca dont il se retire bien vite pour fonder Art et Science, A+S, une plate-forme de rencontre entre artistes et scientifiques. Il est toujours membre actif de The Art Office (Tao) en Floride. Héritier de l'abstraction lyrique, il cultive un langage plastique syncrétique où se retrouvent des éléments du constructivisme géométrique, les influences du dripping de Jackson Pollock et une vision de l'espace adaptée de la tradition taoïste. Ses recherches sur le flou, l'ambiguïté et l'intentionnalité relèvent du domaine des sciences cognitives. Quant à sa filiation esthétique, elle remonte indiscutablement à Marcel Duchamp, à Georges Mathieu et à Sam Francis.

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Expos, salons, résidence, publications et commandes importantes…

2001 « ERA III. Move # 1 » (en solo) Espace Lexon, Bruxelles

2002 Re-opening party (en solo) ING Bank, Aalst-Erembodegem (Belgique)

« ERA III. Move # 2 » (en solo) Galerie Harmonia Mundi, Amiens, (France)

2003

« Move # 06 » (en solo) Galerie La Louve, Arlon (Belgique)

ART IN PROGRESS (salon) Courtrai, Belgique

Commande (mécénat d’entreprise) Piazza NV, Turnhout, Belgique

LIBR'ART (salon) Libramont, Belgique

Galerie G. Turpeau Hors les murs, Novotel, Nîmes

« International Group Show » Galerij de Sigarenfabriek, Delft (Pays-Bas)

Galerie La Louve, Hors les murs (salon) Lyon

« Groupshow bij C&P » Galerij Castor & Pollux, Bilzen (Belgium)

2004

« Trilogies cognitives » (en solo) Le Phénix, Valenciennes (France)

AFFORDABLE ART FAIR Londres

Commande (mécénat d’entreprise) Glesbo bvba, Bruxelles

« Septième mouvement » (en solo) Galerie Voghera, Manosque (France)

ST'ART (salon) Strasbourg

« Hybrides » (en solo) Galerie Arthur, Valenciennes (France)

« Neuvième mouvement » (en solo) Galerie La Rotonde, Paris

Commande (mécénat d’entreprise) Agence Hippocampe

2005

« Le rendez-vous des coiffeuses» (en solo) Galerie Le Local, Amiens (France)

« Recto / verso» (en solo) Espace Le Churchill, Liège (Belgique)

« Do you know anything about cognitive arts? » Rokis Cultural Center, Suwalki (Pologne)

Commande marchand d’art Van Weyenbergh Fine Arts, Californie

« Le peintre et son cerveau » (en solo) Maison d'art d'Entremont, Suisse

« Cog(n)ito ergo sum » (en solo) Centre Culturel de Wégimont (Belgique)

Résidence d’artiste Faust AB, Malmö, Suède

2006 « Accord et contrepoint » (en solo) Galerie L’Exception, Poitiers (France avec Véronique Poiret)

« Trois petits tours … » (en solo) SIAV de Valenciennes (France)

2007 «TAO em Brasil» Centre Culturel Suzano, Sao Paulo, Brésil

2009 «Flow:Triangulation» Graham Center Art Gallery, FIU, Miami

Towards a Science of Consciousness Asia Consciousness Festival, Hong Kong

2011 The Arts Office Children’s Gallery & Art Center, Florida

« FLOW IN THE ZONE, introduction » Editions Xhyra Graf , The Art Office, Florida

2013 “Polet au Pôle” (en solo) Pôle Culturel et scientifique de Rochebelle, Alès

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Ce qu’ils en ont dit…

« Un transfrontalier» Ursula Schwenzer, directrice artistique de Glesbo Fine Arts, élève des historiens d'art von Simpson et Sperlich à la FUB, Freie Universität Berlin, 2001 L’artiste peut être un miroir de son intérieur (sa psyché) et de son extérieur (la société) ou traverser avec son art ces miroirs pour nous ramener les preuves tangibles des possibilités et des choix. Je pense que José-Xavier est l’un des ces transfrontaliers.

« Le ying et yang» Lu Wan, peintre et critique chinois, 2003 Il n'y aucun doute à ce propos, José-Xavier Polet est un artiste de courage et de volonté, tout son travail en témoigne. Cette force s'exprime avec une technique hautement développée, même si l'on peut encore et toujours discuter de sa façon de considérer le trait. Cet artiste en dépasse beaucoup dans l'art de la composition et de la construction. Il y a, d'évidence, une profonde compréhension du souffle, de l'espace, de la nécessité de laisser le vide s'exprimer. Ici, l'on retrouve une vision cosmique, une cosmogonie en aboutissement d'un travail en profondeur.

« José-Xavier Polet, le feu et le vide » Guy Denis, écrivain et galeriste, galerie La Louve, Arlon, 2003 José-Xavier Polet, oui, est peintre, cela peut paraître étrange en ce début du XXIème siècle où les arts plastiques s'atomisent en une multitude de tendances aussi intéressantes les unes que les autres. Peintre? Comment peut-on être peintre alors que le XXème siècle produisit autant de génies, ouvrit au-tant de sentiers à la création picturale, comment? José-Xavier Polet, s'acharne à creuser son sillon dans une terre plus que labourée, il peint sur toile, en 2 dimensions, respectant l'essence même de la peinture; il appose des pigments, du henné, du vernis de meuble, de l'encre, un zeste d'acrylique pour faire époque, il colle des papiers de soie, et il construit une œuvre architecturée dont il contrôle parfaitement les masses dans une structure en mouvement. Ah! Cette peinture n'est point aisée d'accès; le spectateur se doit de suivre les lignes de force imprimées aux masses, et parfois oser se perdre dans le vide. Car c'est de feu et de vide que se nourrit la peinture de José-Xavier Polet; et parfois il sursature sa toile en épaisseurs fines, dont se dégage un relief léger à peine perceptible et cependant bien réel lorsqu'on passe une main souple sur la surface de l'œuvre; qu'il strie d'un coup de stick lumineux. Mais si la peinture de l'artiste est d'une rigueur rare, nulle sévérité n'alourdit, n'assèche ces œuvres, car les couleurs vivent et chantent dans une gamme de nuances qui enchantent les sens. Aucune magie fa-cile, aucun racolage flatteur, aucune ligne langoureuse, le spectateur se doit d'être attentif, de prendre son temps, de s'imprégner de cette peinture, et de pousser son regard à parcourir la toile. L'artiste ne joue

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pas les extraversions de la peinture, nul débordement du cadre, ni du plan de la toile, 2 dimensions stric-tement respectueuses de l'essence même de la peinture. De la sorte, José-Xavier Polet s'inscrit dans la tradition noble de la peinture, sans trahison facile, et dans le même temps construit un univers dont les nuances chromatiques touchent à l'incantatoire. Le spectateur trouvera son bonheur en scandant la surface de la toile en autant de signes rythmiques qui lui feront me-surer la contradiction du plein et du vide, de la saturation et du vide, du plein et du creux, de ce monde étrange et aussi cartésien. L'artiste relie ainsi une tradition séculaire à une problématique combien contemporaine, ordre versus chaos, structure versus explosion, remplissage versus trou... « La rencontre de l’homme et de son cerveau » Yvon Birster, Galerie La Rotonde, Paris, février 2004 Le XXIème siècle sera celui de la rencontre de l’homme et de son cerveau. Telle est la conviction de José-Xavier Polet, et en quelque sorte son art poétique. La démarche cognitive, les processus de pensée que met en œuvre l’acte de connaissance sont opérationnels dans ses peintures. Les œuvres de José-Xavier Polet s’efforcent de rendre visible l’intelligible, avec la part de trouble et d’infinitude qui sape en perma-nence les fondements rationnels de la pensée. José-Xavier Polet peint sur toile, il appose des pigments, du henné, du vernis de meuble, de l’encre, une larme d’acrylique, il colle du papier de soie… Hanté par la poésie du cosmos, il combine les effets de son art aux concepts des sciences cognitives. L’ambiguïté, le paradoxe, le non-dit, tout ce qui habille d’incertitude la moindre de nos connaissances se traduit dans le « jeu » des masses en équilibre sur la toile. La présence continue d’un certain flou visuel renvoie peut-être au doute intellectuel, comme la coexistence indéfinie entre le chaos et le connu. Le trait noir qui sépare et divise un monde de lumière manifeste l’apparition de l’humain dans le champ du visible. Ce travail aboutit à une œuvre architecturée dont José-Xavier Polet maîtrise parfaitement les éléments dans une structure en équilibre dynamique. Ce retour à l’abstraction dans l’art contemporain n’est donc pas une fuite devant le monde mais bien plutôt un retour à la production de sens dans les arts plastiques.

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« L’abstraction par la bande » Jean-Louis André, critique d’art et peintre, L’Union, octobre 2005

« Un jeu de pistes entre la volonté et l’aléa » Martial Lebulle, critique d’art, Vézénobres, 2013 Nous avons de solides indications sur le périple de José-Xavier Polet. A bien considérer son travail, on perçoit l’incidence des sciences cognitives s’appliquant à démêler l’ambiguïté de l’incertitude et qui nous apprennent que l’intelligence humaine se nourrit à trois sources complexes suivant une hiérarchie discutable: la raison, l’irrationnel et les sens. Il apparaît que José-Xavier Polet a compris l’importance de cette trilogie cognitive. Il n’est pas question pour lui de les équilibrer, il lui faut surtout n’en négliger au-cune ! Voilà ce que propose son travail : un jeu de pistes entre la volonté et l’aléa, l’accident, le hasard, l’imprévisible, la tâche et la coulure. Car le cerveau aime le jeu et devine que Dieu joue aux dés, contrairement à l’exclamation d’Einstein. Cette dimension ludique est un apport majeur des sciences cognitives au travail de José-Xavier Polet. Quittons l’approche cérébrale et ultra-rationnelle pour rêver notre destinée au milieu de ce qui semble être un chaos, là où le libre-arbitre trouve sa juste place. José-Xavier Polet, tout amateur de sciences cognitives qu’il soit, aime à rappeler qu’il n’est plus temps de ra-tiociner sèchement. Qu’artistes et scientifiques doivent se rencontrer et annoncer la réhabilitation de I ‘intuition, de l’irrationnel et des sens, voilà le grand défi du troisième millénaire, selon José-Xavier Polet. Au travers de l’aléa, de l’incertitude, s’ébauche un possible microcosme en forme de proposition ouverte,

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balayé par les grands thèmes des savoirs et cultures tant contemporaines que millénaires. Un souffle syn-crétique réconcilie les questionnements des sciences cognitives et du taoïsme. L’aventure humaine, guidée par le sentiment d’un libre arbitre hésitant est matérialisée par la ligne tantôt noire, ferme et décidée, tantôt grise, trouble, tremblée, imprécise. Cette ligne, nulle part présente dans la nature, belle et bien inhérente à une démarche exclusivement humaine et personnelle, trouve ici un rôle inattendu et novateur, à la fois très éloigné des interrogations des grands maîtres sur l’importance respective du contour et de la couleur, et proche de la tradition orientale du trait infini tracé à l’encre de Chine.

« Un plasticien à la rencontre des sciences cognitives » Marc-Williams Debono, essayiste et chercheur en neurosciences, fondateur de l'association Plasticités sciences arts en 2000 qui s'intéresse aux rapports entre sciences, arts et humanités. Rédacteur en chef de PLASTIR, revue transdisciplinaire de Plasticité humaine. José-Xavier Polet se définit lui-même comme un artiste plasticien protéiforme qui a changé presque autant de fois de pseudonymes qu’il a traversé de pays et jonglé avec les styles. C’est un homme charpen-té de ses contradictions et fort de ses choix, un Janus assumant un parcours hors normes, capable du grand écart mental lui permettant de conduire une activité d’homme d’affaires publiques conjointe à celle d’un artiste engagé dans une recherche picturale liée aux sciences cognitives. Toutes expériences confon-dues, en bon autodidacte des arts, il n’a finalement suivi qu’une seule trajectoire, celle de Marcel Du-champ qui affirma, une fois la photographie inventée, que la création pure se passait derrière la rétine, dans l’ « alchimie » du cerveau. Débroussailler ce monde virtuel, au sens de potentiel et latent, voilà ce que propose le domaine émergeant des sciences cognitives. Un immense champ d’investigation où José-Xavier Polet s’engouffre avec passion, lui qui s’attelle depuis des années aux problématiques séculaires de la ligne et de la forme, du contour et de la couleur, comme à celles, plus contemporaines, de la volonté et de l’aléa. En 2003, il crée Art + Science, plateforme internet et passerelle entre artistes et hommes de sciences. S’y retrouvent des membres du MIT et de l’Institut Jean Nicod et des artistes de renom. Son en-thousiasme ne suffit pas et, faute d’être assez centré sur la cognition, de ne pas établir de frontières assez précises entre technologie, recherche scientifique et avancées esthétiques, le projet précurseur n’est soutenu par aucun acteur d’importance. Bien qu’elle ne perdure pas, l’entreprise permet à notre homme de se frotter à des concepts innovants, à des interrogations décisives pour lui, bien qu’embryonnaires. Il entre en « terre d’Utopie cognitive » et passe d’une démarche cérébrale et intentionnelle à une facture plus impulsive, plus en phase avec l’affect et le fusionnel. Il s’approprie l’idée de jeu, d’incertitude. Cette involution s’accompagne d’un abandon, qui fait la part belle au ruissellement, à la tâche. Il métabolise concrètement ce que la théorie s’essouffle à démontrer. Les abstractions de José-Xavier Polet sont les instantanés d’un moment de sa vie intérieure. Depuis une douzaine d’années qu’il expose régulièrement aux quatre coins du Globe, il se livre un peu plus à chaque fois, sous des augures souvent déroutants, jalons d’un continuum libre de contingences. Cette fois, c’est au Pôle Scientifique et Culturel d'Alès que le plasticien José-Xavier Polet a donné une exposition d'envergure qui fait le lien entre son travail abstrait et les sciences cognitives. En 8 jours de temps (du 27 septembre au 5 octobre 2013), plus de 400 visiteurs ont pu découvrir une cinquantaine de pièces de facture récente, une dizaine de panneaux explicatifs, un diaporama de plus de 500 vues retraçant le continuum artistique de l'artiste. Et pour faire bonne mesure, le public avait le loisir de regarder 3 DVD relayant des conférences scientifiques dédiées aux liens entre l'art et la science. Le tout sur plus de 400 m2, dans d'anciennes écuries magnifiquement réaménagées. Cette exposition, d'un caractère plutôt rare, se situait judicieusement dans le contexte de La Nuit des Chercheurs. Les lecteurs de PLASTIR pourront en avoir en aperçu sur Métacognition ainsi qu’en lisant la transposition du contenu illustrée de la plupart des panneaux exposés dont certains sont reproduits.

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Commentaire écrit d’un tableau présenté par José-Xavier Polet à l’occasion d’un concours, fin 2013

JXP - Full of sound & fury # 06 - mixed media on wood - 250x60-2012

• Titre de l’œuvre

La pièce présentée s’intitule « Plein de bruit et de fureur # 06 », titre inspiré de l’œuvre éponyme de William Faulkner publiée en 1929, énoncé lui-même emprunté à Shakespeare qui donne à la fin de Macbeth cette définition de la vie : « C'est une histoire que conte un idiot, une histoire pleine de bruit et de fureur, mais vide de signification.». Ce qui m’a intéressé, c’est la force et le souffle qui portent le roman de bout en bout et dont j’ai gardé la trace intacte, 50 ans après l’avoir lu. Il s’agit, à mon sens, bien plus de puissance tempétueuse et majestueuse chez Faulkner que de violence furieuse.

Date de réalisation

Le tableau a été réalisé fin 2012 (Q4) dans mon atelier à Saint-Hilaire de Brethmas (Gard) et a été présenté en 2013 durant l’exposition personnelle donnée à Alès. Il fait partie de ma collection personnelle.

Description de l’œuvre

Analyse plastique Le style de l’œuvre est abstrait, on dira lyrico/conceptuel, et elle dégage une impression de mouvement chargé d’une douce force. Les tâches et coulures prennent beaucoup de place par rapport aux lignes qui se forcent un passage de façon volontaire au travers des masses magmatiques et aléatoires, représentation d’un univers dominant où la destinée humaine se dessine fragilement au travers de lignes volontaires et chargées d’intentions : les sciences cognitives parlent d’intentionnalité, les moralistes de libre-arbitre. A première vue, le tableau semble relever du chaos, impression liée aux taches dominantes, éparses autant que dégoulinantes. Ces taches n’ont littéralement guère de sens, elles ont d’ailleurs été distribuées en tournant autour du tableau, comme pour ajouter à l’indéfini. Puis l’œil s’attarde sur les lignes qui, elles, font sens, elles s’organisent de gauche à droite et rejoignent ainsi une vision plus volontaire de la geste humaine…Une double lecture s’organise, éparse pour les taches, organisée de gauche à droite pour les lignes qui, elles, font récit un peu comme la Tapisserie de Bayeux.

Caractéristiques techniques et conditions de réalisation Il s’agit d’un panneau de bois triplex hydrofuge monté sur un cadre en bois au format inhabituel, on dira « tout en largeur », qui fait 250x60. Le panneau est généreusement enduit d’une double couche de gesso « maison », épaissi à la craie de Meudon pour en accentuer l’effet buvard et favoriser de la sorte l’absorption des différentes dilutions. On note d’emblée la place importante laissée à la matière blanche du gesso qui est loin d’être recouvert par les taches de couleurs brunes sombres et pourpres orangées qui s’étalent en largeur sur le format très étiré. Ces taches évocatrices d’un geste ample sont à base de couleurs acryliques très aqueuses, d’encres de couleurs, d’encre de Chine, de pigments et cristaux divers. Ces liquides sont préparés à l’avance dans des flacons munis d’un bec verseur ad hoc et sont projetés sur un fond humide de façon telle qu’ils apparaissent comme autant de coulures et de taches, tantôt diaphanes, proches du glacis, tantôt opaques. Les taches sont traversées de lignes - traces inscrites au moyen d’un « oil stick ». Ces stries, hachures, au parcours erratique et sinueux, au ton changeant passant de l’orange plein à des tons rompus plus ou moins transparents courent tout le long du tableau, traversant les taches pour, de-ci de-là, finir leur course en se jetant littéralement dans le vide du blanc qui entoure et détoure vaille que vaille les taches. Le tableau fait partie d’une série de trente pièces d’un format identique exécutées sur une période de deux

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mois par petits groupes de 4 panneaux. Le nombre de 4 est déterminé par le nombre de plans de travail qui trouvent place dans l’atelier. L’exécution est rapide, avec, entre les passes, un temps de séchage limité. Il n’y a ni repentir, ni modifications ultérieures au séchage. Le travail se fait à plat sur des plans de travail d’une hauteur de 80 cm. Au vu de l’orientation d’une des coulures, on déduira que le tableau n’a ni haut, ni bas, mais qu’il peut être orienté ad libi-tum. Ce n’est qu’à la signature qu’une orientation définitive se fixe. De fait, tous les tableaux de cette série ont été exécutés « en tournant autour du panneau ».

Etude diachronique (Mise en perspective historique) En donnant une place bien personnelle au flou, à la ligne et au hasard, je reviens nihil volens et paradoxalement à la grande tradition de la peinture, à l’époque du Sfumato de da Vinci, aux Poussinistes et Rubéniens qui s’affrontaient sur la prévalence entre ligne et forme. Plus proche de notre époque, j’ai sans conteste subi l’influence de Marcel

Duchamp, de Georges Mathieu et surtout de Sam Francis. Ma démarche, peu chargée de mysticisme et appuyée sur le corpus scientifique en pleine ébullition des sciences cognitives, n’en demeure pas moins marquée par le taoïsme et la tradition picturale chinoise. Je me retrouve dans le travail de certains artistes chinois qui se sont frottés à l’Occident après l’ouverture de la Chine, en particulier Qing Feng (né dans le Xinjiang en 1961). D’une manière générale, on notera qu’à ce jour je suis reconnu par la communauté scientifique pour être un des rares plasticiens qui fasse le lien explicite avec les sciences cognitives.

Etude synchronique (Contexte actuel) Je ne fais partie d’aucun mouvement artistique et mon travail ne se rattache à aucun des

grands courants reconnus de l’art contemporain. Je travaille avec cette économie de

moyens qui rappelle un peu l’Arte Povera. Mais, on dira plutôt que cette parcimonie dans

les procédés, ce rendu plat, cette quasi absence de matière participe déjà des nouvelles donnes écologiques. Nous

sommes dans le « low cost » et le « low tech », très éloignés des nouvelles technologies… Et, en filigrane, ce sont des

thématiques ultra-contemporaines qui nourrissent ma réflexion et mon travail pour en faire un continuum. Les

sciences cognitives et la conquête du cerveau m’ont amené à revisiter une démarche très élaborée et bien plus

cérébrale qu’il n’y paraît pour abandonner une approche et une facture plutôt froide et rationnelle et passer à une

geste aussi explosive que spontanée. Comme si je découvrais peu à peu qu’on ne peut laisser la raison seule

alimenter le cerveau et donc, la vie. Ce glissement progressif mène à une approche plus spontanée, plus impulsive

(gyclo-spontex ?) et fait écho autant à l’intuition qu’à l’entendement des neurosciences.

Hexagramme cognitiviste

• Valeur de l’œuvre

Prix public demandé : 6000 Euros

Qin Feng. Courtesy of Pace Prints Chelsea