10
la comédie de béthune - centre dramatique national nord — pas de calais - cs 70631 62412 béthune cedex ©Malte Martin atelier graphique

Requiem : revue de presse

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: Requiem : revue de presse

la comédie de béthune - centre dramatique national nord — pas de calais - cs 70631 62412 béthune cedex

©Malte Martin atelier graphique

Page 2: Requiem : revue de presse

Date : 02/08 MAI 15

Pays : FrancePériodicité : HebdomadaireOJD : 578680

Page de l'article : p.61Journaliste : Fabienne Pascaud

Page 1/1

BETHUNE 0032383400504Tous droits réservés à l'éditeur

REQUIEMTHEATREHANOKHLEVIN

rnPour son ultime piece de theàtre, ecriteet mise en scene peu avant sa mort, ledramaturge israélien d'origine polonaise Hanokh Levin (1943 1999) s est offert un voyage au cœur de la paysannene russe Inspire par trois nouvelles deTchékhov, il y campe autant de destinsde misère hantes par la mort Un villagems fabricant de cercueils mené sonépouse mourante chez I infirmier de laville voisine, et croise sur la route unetoute jeune femme avec un cadavied'enfant dans les bras, pendant que lecocher du fiacre soliloque sur son fils,mort lui aussi Pas gai Maîs la gouaillede Levin, son sens iconoclaste de l'ironie et son talent de dialoguiste nerveuxfont de ce conte si noir une farce grotesque (ici diablement bien traduite parLaurence Sendrowicz) 1

La metteuse en scene Cecile Backesfaufile sur ce canevas une fresque auxcouleurs de Chagall ou les comédiens,silhouettes d oiseaux sombres, ressemblent a des êtres prodigieux A travers les costumes subtilement «folklonques», lutilisation fugitrve dumasque et l'efficace jeu d'acteursentre pitrerie et magie surnaturelle,I esprit du shtetl tel que dessine par lepeintre russe souffle par petites bouffées Backes fait du theâtre avec unemachinerie simple (on aime les scèneshilarantes des voyages en coche avecfaux canasson) et I on se laisse porter- Emmanuelle Bouchezi Editions Théâtrales 2008I Ih301 Du 5 au 9 mai au Theatre desCelest rs a Lyon (69) tel 04 72 77 40 00

LA CHRONIQUE DE FABIENNE PASCAUDrnEn attendantGodotFarcemétaphysiqueSamuel Beckett|2h45lMiseenscene Jean PierreVincent I Jusquau30 avril a laComedie deClermont Ferrand(63) Les 12 et 13mai a I Espace desArts de Chalon surSaone (71) Du 22au 24 mai au CDNde Dijon (21)

La fable grinçantedè Levin serviepar un universa la Chagall

On croyait connaître certaines oeuvres,vingt fois vues et revues Et le talentd'un metteur en scene, d un acteur,les fait soudain revivre autrementViolemment Drôlement Lumineusement Voila ce qui risque d'arriver aquiconque retrouvera En attendantGodot, de Samuel Beckett, mis enscene par Jean Pierre Vincent et creeau Gymnase, a Marseille Et ceux quidécouvriront pour la premiere fois lapiece visionnaire et insensée composec en 1948, auront la chance de lagoûter dans sa pluralite, et son infinirayonnement philosophique, comique, politique, métaphysique, burlesque, prophétique Sans doute fallait il maîtriser depuis plus decinquante ans I art de la scene, commel'ancien patron du TNS, de la Comedie Française et des Amandiers deNanterre, pour faire ainsi dégorger autexte tous ses possibles, ses lumierescomme ses ombres S'il n'est pas coutumier de ce répertoire contemporainrepute du cote de l'absurde, JeanPierre Vincent I aborde en franc camarade Et cet esprit la irradie la representation Alors que le desastre de laSeconde Guerre mondiale n'est paslom, et que plane l'horreur de laShoah - voir l'allusion au petit tas d osque pourraient devenir les deux antiheros a jamais errant, Estragon etVladimir -, e est I amitie, la lendl esseentre ces deux vagabonds a la Laurel(Abbés /ahmani) et Hardy (CharlieNelson) que Vincent impose d'embléesur le plateau nu Juste décore d unarbre et de quèlques méchantscailloux sur la terre blonde aride ,exactement comme I exigeait Beckett(1906 1989) Un geste immédiatementhumaniste, immédiatement genereux Maîs sans naïveté

La mise en scene parait d'abordétrangement respectueuse du texte, deson rythme, de ses jeux de mots, de sesclins d'œil, de ses associations libres,de sa poesie antipoetique Sauf qu'aforce d'y être attentive, elle I exploseEt lui apporte un relief insoupçonneComme réchappes des comics americams, chapeau melon et costume de

music hall noir use, Gogo et Did] se revêlent ainsi exegetes et philosophes,maniant comme personne conceptsclassiques ou neufs, de la phenomenologic a la relativité On rit On pense aus-si, et étonnamment, dans ce spectacleou les lumieres d Alain Poisson rendentaigu chaque instant au cœur d'un noman's land ou le temps et l'Histoiresemblent arretes Plus rien a attendredans ce paysage de fin du monde, oujuste ce mystérieux Godot (Dieu') quijamais ne viendra Ne reste qu'a faireresonner le silence Avec des blaguesou des théories c'est pareil dans ceroyaume vide, ou règne quand mêmel'épouvante Gogo et Didi ne se font ilspas chaque nuit rouer de coups pardes inconnus auxquels ils ne peuventéchapper, même en se cachant ~> Apreson ne sait trop quel cataclysme quisemble avoir tout anéanti - la guerre,donc' -, Beckett donne juste a voirune humanite brute, nue, crue, soufframe et nante a la fois La seule a avoirsurvécu a tout Comme de la mauvaiseherbe Avec ses victimes et ses bourreaux Tel cet hallucinant couple dePozzo (Alain Rimoux) et Lucky (Frederic Leidgens), le premier tenant I autreen laisse comme un chien - un «porc»gueule t il - et le fouettant pour le forcar a avancer ou penser tout hautDeux intellectuels mutiles ' Le maitreet son esclave 7 Vieux duo qui hantedes siècles d Histoire, d'économie, depolitique et d'inconscient individuelet collectif Beckett se moque Dansnotre monde dévaste, seul le rosse esprit humain se révèle increvable, capable de toutes les lâchetés comme detoutes les résistances

Avec ses formidables acteurs, JeanPierre Vincent privilégie, a la desesperance tragique qui entoure d'ordinaire En attendant Godot, un chantd amour aux petitesses et grandeurshumaines C'est bel et beau Et donnele courage d affronter ce mondecondamne que Beckett avait annonceet malgre tout soutenu Dans et parson theâtre dépouille, le derniertheatre que chacun a sa derniereheure peut encore se jouer •

Q On aime un peu Hl Beaucoup EED Pass ornement D On n aime pas

Date : 02/08 MAI 15

Pays : FrancePériodicité : HebdomadaireOJD : 578680

Page de l'article : p.61Journaliste : Fabienne Pascaud

Page 1/1

BETHUNE 0032383400504Tous droits réservés à l'éditeur

REQUIEMTHEATREHANOKHLEVIN

rnPour son ultime piece de theàtre, ecriteet mise en scene peu avant sa mort, ledramaturge israélien d'origine polonaise Hanokh Levin (1943 1999) s est offert un voyage au cœur de la paysannene russe Inspire par trois nouvelles deTchékhov, il y campe autant de destinsde misère hantes par la mort Un villagems fabricant de cercueils mené sonépouse mourante chez I infirmier de laville voisine, et croise sur la route unetoute jeune femme avec un cadavied'enfant dans les bras, pendant que lecocher du fiacre soliloque sur son fils,mort lui aussi Pas gai Maîs la gouaillede Levin, son sens iconoclaste de l'ironie et son talent de dialoguiste nerveuxfont de ce conte si noir une farce grotesque (ici diablement bien traduite parLaurence Sendrowicz) 1

La metteuse en scene Cecile Backesfaufile sur ce canevas une fresque auxcouleurs de Chagall ou les comédiens,silhouettes d oiseaux sombres, ressemblent a des êtres prodigieux A travers les costumes subtilement «folklonques», lutilisation fugitrve dumasque et l'efficace jeu d'acteursentre pitrerie et magie surnaturelle,I esprit du shtetl tel que dessine par lepeintre russe souffle par petites bouffées Backes fait du theâtre avec unemachinerie simple (on aime les scèneshilarantes des voyages en coche avecfaux canasson) et I on se laisse porter- Emmanuelle Bouchezi Editions Théâtrales 2008I Ih301 Du 5 au 9 mai au Theatre desCelest rs a Lyon (69) tel 04 72 77 40 00

LA CHRONIQUE DE FABIENNE PASCAUDrnEn attendantGodotFarcemétaphysiqueSamuel Beckett|2h45lMiseenscene Jean PierreVincent I Jusquau30 avril a laComedie deClermont Ferrand(63) Les 12 et 13mai a I Espace desArts de Chalon surSaone (71) Du 22au 24 mai au CDNde Dijon (21)

La fable grinçantedè Levin serviepar un universa la Chagall

On croyait connaître certaines oeuvres,vingt fois vues et revues Et le talentd'un metteur en scene, d un acteur,les fait soudain revivre autrementViolemment Drôlement Lumineusement Voila ce qui risque d'arriver aquiconque retrouvera En attendantGodot, de Samuel Beckett, mis enscene par Jean Pierre Vincent et creeau Gymnase, a Marseille Et ceux quidécouvriront pour la premiere fois lapiece visionnaire et insensée composec en 1948, auront la chance de lagoûter dans sa pluralite, et son infinirayonnement philosophique, comique, politique, métaphysique, burlesque, prophétique Sans doute fallait il maîtriser depuis plus decinquante ans I art de la scene, commel'ancien patron du TNS, de la Comedie Française et des Amandiers deNanterre, pour faire ainsi dégorger autexte tous ses possibles, ses lumierescomme ses ombres S'il n'est pas coutumier de ce répertoire contemporainrepute du cote de l'absurde, JeanPierre Vincent I aborde en franc camarade Et cet esprit la irradie la representation Alors que le desastre de laSeconde Guerre mondiale n'est paslom, et que plane l'horreur de laShoah - voir l'allusion au petit tas d osque pourraient devenir les deux antiheros a jamais errant, Estragon etVladimir -, e est I amitie, la lendl esseentre ces deux vagabonds a la Laurel(Abbés /ahmani) et Hardy (CharlieNelson) que Vincent impose d'embléesur le plateau nu Juste décore d unarbre et de quèlques méchantscailloux sur la terre blonde aride ,exactement comme I exigeait Beckett(1906 1989) Un geste immédiatementhumaniste, immédiatement genereux Maîs sans naïveté

La mise en scene parait d'abordétrangement respectueuse du texte, deson rythme, de ses jeux de mots, de sesclins d'œil, de ses associations libres,de sa poesie antipoetique Sauf qu'aforce d'y être attentive, elle I exploseEt lui apporte un relief insoupçonneComme réchappes des comics americams, chapeau melon et costume de

music hall noir use, Gogo et Did] se revêlent ainsi exegetes et philosophes,maniant comme personne conceptsclassiques ou neufs, de la phenomenologic a la relativité On rit On pense aus-si, et étonnamment, dans ce spectacleou les lumieres d Alain Poisson rendentaigu chaque instant au cœur d'un noman's land ou le temps et l'Histoiresemblent arretes Plus rien a attendredans ce paysage de fin du monde, oujuste ce mystérieux Godot (Dieu') quijamais ne viendra Ne reste qu'a faireresonner le silence Avec des blaguesou des théories c'est pareil dans ceroyaume vide, ou règne quand mêmel'épouvante Gogo et Didi ne se font ilspas chaque nuit rouer de coups pardes inconnus auxquels ils ne peuventéchapper, même en se cachant ~> Apreson ne sait trop quel cataclysme quisemble avoir tout anéanti - la guerre,donc' -, Beckett donne juste a voirune humanite brute, nue, crue, soufframe et nante a la fois La seule a avoirsurvécu a tout Comme de la mauvaiseherbe Avec ses victimes et ses bourreaux Tel cet hallucinant couple dePozzo (Alain Rimoux) et Lucky (Frederic Leidgens), le premier tenant I autreen laisse comme un chien - un «porc»gueule t il - et le fouettant pour le forcar a avancer ou penser tout hautDeux intellectuels mutiles ' Le maitreet son esclave 7 Vieux duo qui hantedes siècles d Histoire, d'économie, depolitique et d'inconscient individuelet collectif Beckett se moque Dansnotre monde dévaste, seul le rosse esprit humain se révèle increvable, capable de toutes les lâchetés comme detoutes les résistances

Avec ses formidables acteurs, JeanPierre Vincent privilégie, a la desesperance tragique qui entoure d'ordinaire En attendant Godot, un chantd amour aux petitesses et grandeurshumaines C'est bel et beau Et donnele courage d affronter ce mondecondamne que Beckett avait annonceet malgre tout soutenu Dans et parson theâtre dépouille, le derniertheatre que chacun a sa derniereheure peut encore se jouer •

Q On aime un peu Hl Beaucoup EED Pass ornement D On n aime pas

Page 3: Requiem : revue de presse

Date : 16 MARS 15

Pays : FrancePériodicité : Quotidien ParisOJD : 40558

Page de l'article : p.23Journaliste : Jean PierreLéonardini

Page 1/2

BETHUNE 8054433400502Tous droits réservés à l'éditeur

Culture Savoirs

LAT H T R EDE JEAN PIERRELÉONARDINI

Des mourantset des revenant(e)s

Le theâtre recèle en son essence la faute,le péché, le mal, appelez ça comme vousvoulez, ainsi que - mais pas seulement

tout dè même - la pensée de la mort. Cettedernière est cette semaine au cœur de notreécrit. Cécile Backès, qui dirige depuis un peuplus d'un an la Comédie de Béthune (Centredramatique national Nord-Pas-de-Calais), amis en scène Requiem, l'ultime pièce de l'auteurisraélien Hanokh Levin (1943-1999), qu'ellea déjà illustré (i) . C'est un conte, où l'on peutdéceler les traces avérées d'une nouvelle deTchekhov, de l'esprit acerbe de Sholem Alei-chem, d'un attelage hippo-humain de Beckettet d'une fable de Brecht. Savantes référencesmises à part, l'œuvre n'appartient qu'au propregénie de Levin. Un pauvre fabricant de cèrcueilsperd sa femme malade, va et vient en carrioleentre deux localités, croise deux pochards etdeux putains, avant de mourir lui-même es-

corté d'anges... LesCst Servi dialogues, émaUlés de

saillies paradoxales,avec tendresse, sont d'une langueà la hauteur ^ (traduction de- Fhebreu par Laurenced'une sensibilité sendrowicz).

j ,„ , Cécile Backès jouequi Se détend fort bien le jeu du tré-

sor des contes' avecdes flgures de mélan_

colle comme suspendues entre le reel et lesonge La représentation est recommandée àpartir de quinze ans. Philippe Fretun, FélicienJuttner, Maxime Le Gall, Anne Le Guernec,François Macherey, Simon Pineau et PascalTernisien revêtent l'amertume du trépas, desurcroît dans un monde injuste, d'une aurapoétique de bon aloi, à laquelle concourent lamusique (Philippe Miller) , la lumière (PierrePeyronnet) et les costumes (Camille Penager) ,joliment d'hier. Levin est servi avec tendresse,à la hauteur d'une sensibilité qui se défend delarmoyer. Stoïque ! Composant Requiem, il sesavait condamné.

Page 4: Requiem : revue de presse

Date : 18/03/2015Heure : 21:38:50

www.lejdd.frPays : FranceDynamisme : 68

Page 1/1

Visualiser l'article

Tous droits réservés à l'éditeur BETHUNE 241726466

Le testament d'Hanoch LevinVisuel non disponible

Requiem, la dernière pièce de l'immense dramaturge israélien, fait escale cette semaine à Colmar

Quinze ans après son décès prématuré (un cancer des os à l'âge de 55 ans), Hanoch Levin est devenuun auteur incontournable, de plus en plus joué, un peu partout dans le monde. Son œuvre prolifique etprotéiforme offre de multiples entrées pour comprendre le monde qui va mal: satires, comédies grinçantes,tragédies... Des dérives d'Israël dont il a compris avant d'autres les ressorts tragiques (ce qui ne lui valaitpas que des amis en Israël) aux malheurs endurés par le peuple juif et plus généralement l'absurdité dela vie, Hanoch Levin développe une palette de réflexions de haute volée. "Il est du niveau de Beckett, deStrindberg ou de Tchekhov", estime le metteur en scène suédois Phillip Zanden.

Pour Requiem, Levin s'appuie sur TchekhovTchekhov justement... Pour cette dernière pièce, Requiem, écrite alors qu'il se savait condamné, Levins'est appuyé sur trois nouvelles de l'écrivain russe dont Tristesse et Le violon de Rotschild. Soit un vieuxfabricant de cercueils et une vieille qui se meurt; une femme qui ne pleurer la mort de son enfant; un cocherqui ne partager le deuil de son fils qu'avec son cheval... Absence, souvenirs, examens de conscience, lespersonnages, dans leur sublime candeur, ne se pardonnent rien.

La pièce est construite autour des allers-retours entre la cabane des vieux et la ville où un médecin cyniqueet enivré ne fera rien pour sauver la vieille. Les voyages en carriole avec le cocher soliloque, deux ivrogneset deux prostituées sont des moments de grâce.

L'argument pourrait laisser croire à une implacable tragédie. C'est méconnaître Levin qui, même au seuilde son existence, mêle l'héroïque et le prosaïque, la farce et le funèbre, l'impertinence et le désespoir, lavie, la mort et la beauté.

Une oeuvre entre terre et cielLa mise en scène de Cecile Backès illumine cette palette des sentiments extrêmes... Elle a fait de Requiemune œuvre entre terre et ciel. Elle accentue cette capacité de Levin à lutter contre sa propre pesanteur: sesparents ont fui en 1935 la Pologne de Lodz pour la Palestine, bientôt Israël; sa famille est marquée par unelignée de rabbins hassidiques. La blancheur d'un tapis de plumes enveloppe Requiem d'un halo de douceurqui, à certains moments, se fait blafard.

Les acteurs, tous excellents, se font aussi musiciens, offrant à l'auteur, aux personnages, aux spectateurs,une marche sereine vers le trépas, le repos d'un requiem.

Requiem ***Comédie de l'Est, Centre dramatique national d'Alsace, Colmar, les 18, 19, 20 mars 2015. [email protected] Puis du 5 au 9 mai 2015 aux Célestins, Théâtre de Lyon. [email protected]

Page 5: Requiem : revue de presse

Date : FEV 15

Pays : FrancePériodicité : MensuelOJD : 72982

Page de l'article : p.12Journaliste : Manuel PiolatSoleymat

Page 1/1

BETHUNE 9506292400524Tous droits réservés à l'éditeur

I RÉGION/EN TOURNÉEOE HANOKH LEVIN / MES CÉCILE BACKÈS

REQUIEMAprès Shitz en 2008, la metteureen scène Cécile Backès revientau théâtre de Hanokh Levin avecRequiem, l'avant-dernière pièce ecritepar l'auteur israélien. Entre loufoqueet funèbre, une fantasmagorie pleinede sensibilité sur l'expérience de lafinitude humaine.

Tout commence par un air populaire Devantun rideau resté baissé, des joueurs de grossecaisse, de violon, de flûte traversiere, d'ac-cordéon, ainsi que trois chanteurs, s'avan-cent et se lancent dans une complainte C'estle début de Requiem*, avant-dernière piecede Hanokh Levin, écrite alors que l'auteur sesavait condamné par un cancer (maladie quil'a emporté en 1999, à l'âge de 55 ans) Cetteséquence mtroductive - prégnante et mélan-colique -donne la note à toute la représenta-tion que met en scène, avec beaucoup d'ha-bileté, la nouvelle directrice de la Comédie deBéthune (il s'agit de la premiere création dece texte en langue française) Car si, commenombre d'oeuvres du dramaturge israélien,Requiem navigue entre loufoque et funèbre,elle le fait de manière moins enjouée, moinsardente que des pièces comme Shitz, Krouml'ectoplasme ou Yaacobi et Leidental. Bien sûr,l'humour est au rendez-vous

«RIT BIEN QUI NE PLEURE PAS ENCORE...»Des éclats de farce transpercent même, parmoments, l'avancée sur les chemins de la mortde ce conte théâtral Maîs une forme de graviténe quitte jamais réellement Requiem Inspiréede trois nouvelles d'Anton Tchékhov, le texte se

situe à la croisée de plusieurs destinées humai-nes . celle d'un fabricant de cercueil qui accom-pagne sa femme jusqu'au trépas, celle d'unejeune mère qui tente de sauver de la mort sonnourrisson, celle d'un cocher qui vient de perdreson fils Fidèle à l'univers pluriel de l'auteur, lamise en scene de Cécile Backès compose unentre-deux empruntant a la fois au grotesqueet au métaphysique, au trivial et au poétiqueLe résultat est tres touchant Prenant en chargeles douze rôles du spectacle, Philippe Fretun,Félicien Juttner, Maxime Le Gall, Anne Le Guer-nec, François Macherey, Simon Pineau et PascalTernisien révèlent toute l'exigence et la sensibi-lité de cette piece testamentaire « Qu'elles rient,dit le fabricant de cercueil à propos cie deuxprostitués s'esclaffant a côté de lui fîtes le sau-ront bientôt en ce monde, rit bien qui ne pleurepas encore » Voilà éclairée, en une réplique, laligne de force autour de laquelle se déploientles bouffées de lucidité et les extravagances dece théâtre de l'existence

Manuel Piolat Soteymat* Piece éditée par les Editions Théâtrales dansTheâtre choisi Vl - Pieces mortelles, traduction deLaurence Sendrowicz

Théâtre Olympia-Centre dramatiquerégional de ToursLes 11 et 13fevnetà19h,le 14 févrierreprésentation 1 hwww.cdrtours fr St

Béthune-Centredrde Calais. ÉgaierneLa Manufacture-Centre dramaNancy, du 1?

lonal de =€'

i.matiqui-du 5 au 9 rr»af

Page 6: Requiem : revue de presse

Date : 16/02/2015Heure : 13:39:25Journaliste : Véronique Hotte

hottellotheatre.wordpress.comPays : FranceDynamisme : 0

Page 1/2

Visualiser l'article

Tous droits réservés à l'éditeur BETHUNE 239054462

Requiem, de Hanokh Levin, traduction de Laurence Sendrowicz(éd. Théâtrales), mise en scène de Cécile Backès

Requiem de l’auteur israélien Hanokh Levin, créé par Cécile Backès, directrice de la Comédie de Béthune-Centre dramatique national Nord-Pas de Calais-, se présente pour la metteuse en scène comme la dernièreœuvre d’un poète qui retrouve ses origines slaves, en s’inspirant de nouvelles de Tchekhov, ceci afin deraconter le passage de vie à trépas. Comment écrire la fin d’une existence – commune à tous – dans uneproximité extrême avec la mort ? Quelle aura été la valeur de l’existence avant que ne se dépose sur sonpaquet désormais plié le grand voile du silence ?Le drame passe, selon la griffe de Levin, par une représentation vivante de l’art théâtral, depuis la gravitéde la situation macabre jusqu’à la farce et le conte. L’œuvre testamentaire s’accomplit à travers le récit d’unartisan malheureux et égoïste, sur l’expérience fatale, celle de sa femme d’abord qu’il vit en observateurprivilégié, celle ensuite d’un nourrisson éprouvée par la mère, enfin la sienne live.Se crée à la fois une initiation pour le faiseur de cercueils, une aventure scénique pour le public, tousméditant avec un demi-sourire sur cette expérience égalitaire.La pièce – fiction et philo – pourrait être définie comme une installation « à la croisée des chemins », quimène le pauvre fabricant à la rencontre même de sa conscience.

Page 7: Requiem : revue de presse

Date : 16/02/2015Heure : 13:39:25Journaliste : Véronique Hotte

hottellotheatre.wordpress.comPays : FranceDynamisme : 0

Page 2/2

Visualiser l'article

Tous droits réservés à l'éditeur BETHUNE 239054462

Cécile Backès a fait le choix judicieux de réconcilier cette fable ultime avec la réalité, à travers la dimensionparadoxale d’un carnaval – son irréalisme spontané – , une forme d’expression populaire où entrent en jeules masques et les déguisements.Le Vieux (Philippe Fretun, jeu naïf et paisible, caquette et veste d’artisan) se fait l’humble narrateur de sapropre histoire, un récit qui alterne avec la mise en scène – théâtre dans le théâtre – d’épisodes illustratifset colorés, exemplaires de l’intrigue.La Vieille qu’il regrette, maintenant qu’elle est malade, de n’avoir pas assez regardée (Anne Le Guernecqui jouera aussi la jeune mère combattive du nourrisson défunt) – cheveux blancs, jupe noire et motifs debroderie folklorique -, balaie le sol de sa cabane en faisant de petits pas dansants évocateurs. Ce coupleuniversel de conte populaire rassurant s’accorde avec la figure ludique de l’infirmier alcoolique et désabusé(François Macheray), consulté pour un avis fatal et sarcastique.Mais avant de rejoindre, depuis le village initial, le centre sanitaire du bourg le plus proche, il en aura fallupasser par l’épreuve d’un cheminement physique scénique.Une jolie carriole d’une invention inouïe foule le sol des allées au bord des quatre murs du plateau, en vuedes errances quotidiennes des personnages : deux belles roues de ferronnerie et un habitacle carré queportent les passagers quand la voiture se mobilise, et qu’ils déposent à l’arrêt. La métaphore du théâtre dansle théâtre ne cesse de se filer dans ce tableau lumineusement surréaliste, à l’intérieur de la carriole grâceaux comédiens porteurs. Ainsi, à côté du Vieux et de la Vieille qui cheminent , se tiennent alternativementun même duo d’ivrognes et de putains. Félicien Juttner et Maxime Le Gall font les bouffons grotesques ettravestis de cette fête de fous : inversion, jeux de rôle, licences langagières et débauches alcoolisées.Les goujats ivres morts reprochent aux demoiselles légères de sentir le hareng alors que celles-ci ne sefont guère d’illusions quant aux « peu galants » qu’elles servent.Mais pour qu’il y ait une carriole mobile sur la scène, il faut un cheval, joué par un acteur sonorisant le pasde l’animal, masqué d’une tête équestre à la belle crinière, que mène un cocher superbe et mélancoliqueà la triste vie (Pascal Ternisien).À ce tableau de conte enchanteur et railleur, s’ajoutent le cadran poétique d’une fenêtre qui s’élève ou biens’abaisse, des feuilles de branches de saule esquissées et la présence au loin d’un fleuve deviné derrièredes panneaux verticaux illuminés.Un masque de chèvre, et trois anges commentateurs (le duo d’ivrognes et de putains transformé, avecen plus un autre comédien joueur, Simon Pineau) – l’un aux ailes tombantes, l’autre aux ailes levées et letroisième aux ailes horizontales -, content fleurette à l’invisible avant de s’emparer de l’âme éclairée desdéfunts.Le divertissement carnavalesque à la Chagall ne pouvait aller sans sa fanfare populaire, une façon derenverser les apparences et d’effacer les hiérarchies.La fresque imaginée frappe longtemps les esprits après le spectacle, comme un joli conte d’enfanceonirique, grâce encore à la scénographie soignée de Thibaut Fack. Un sol de plumes blanches et volatiles,tel un manteau épais de neige poudreuse, le paysage d’hiver du Vieux qui rêve, depuis ses cercueils à unélevage d’oies puis à un volume de plumes qui ferait de bons édredons à vendre…La mystique de la réincarnation – chèvre, cheval, saule, fleuve, étoile – s’impose quand la parcelle du monde– l’être vivant – disparaît, et que celui-ci survit dans le tout, un panthéisme à travers lequel la vie animaleet végétale devient précieuse.Un songe soyeux, allègre et rieur, soufflant l’air glacé du débordement de toute vie.

Théâtre Olympia – CDR de Tours, du 11 au 14 févrierThéâtre de Sartrouville et des Yvelines CDN, du 12 au 14 marsLa Comédie de l’Est – CDN de Colmar, du 18 au 20 marsThéâtre des Célestins à Lyon, du 5 au 9 mai.

Page 8: Requiem : revue de presse

Date : 16 MARS 15

Pays : FrancePériodicité : QuotidienOJD : 89089

Page 1/1

af7f

c51f

5f30

3309

c245

4e74

f502

75de

07b7

b951

a1c5

514

BETHUNE 0106433400506Tous droits réservés à l'éditeur

COMÉDIE DE L'EST

L'apaisement devant la mortDernière pièce de l'auteur israélien Hanokh Levin, « Requiem » est interprétée trois fois cette semaine à Colmar, àla Comédie de l'Est. Un appel à la sérénité face à l'angoisse de la fin de vie.

Une partie des comédiens de la piece jeudi soir, apres la deuxieme representation de la semaine, une rencontre sera possible avec les artistes DR

C'est le recit d'une mort naturelle,alliant crudité et poesie pure lafin d'une vie simple, qui porte sapart d'échec et dè renoncementOn entend plusieurs voix melodieuses ou acerbes, en solo ou enchoeur, toujours pleines d humour Elles chantent ici I apaisement devant la mort A l'angoissede la fin de la vie, ['auteur oserepondre par un appel a la seremte

Derniere piece ècrite par le dramaturge et metteur en scene israelien Hanokh Levm, Requiem est

inspirée de trois nouvelles deTchekhov Elle narre l'histoire d'unfabricant de cèrcueils qui enterresa femme, d'une jeune mere quirefuse de pleurer la mort de sonenfant, et d'un cocher qui porte ledeuil de son fils Ici, la mort côtoiele rire, l'héroïque dialogue avec leprosaïque Comme toujours dansl'écriture de Levm, le trivial semêle au sublime

« je reviens a cet auteur parce queles questions de travail théâtralposées par son œuvre me passionnent son écriture pensee pour le

jeu d'acteur, explorant différentsstyles, faisant alterner la farce, latragédie ou le cabaret propose aupublic une fète du theatre Sonœuvre, heritiere du theatreyiddishde la Mitteleuropa, prolonge unetradition de theatre populaire Onne sait plus ce qui est grave oureleve de la farce, l'autodensionvoisine avec la plus grande profondeur d'âme Levm est l'incarnationd'une tres grande liberte de pensee », explique la metteuse enscene Cecile Backes, directrice deLa Comedie de Bethune, le centredramatique du Nord Pas de Calais

La Comedie de l'Est, le centre dramatique national d'Alsace base aColmar et dirige par Guy PierreCouleau, maîs aussi celui dè Tourset de Nancy ont également participe a la production

Y ALLER A la Comedie de I Est 6route d Ingersheim a Colmar mercredi 18 mars a 20 h 30 jeudi19 mars a 19 h (representation suivie d une rencontre avec les artistes a I issue du spectacle) etvendredi 20 mars a 20 h 30 Reservalions au 03 89 24 31 78 ou viareservations@comedie est com

Page 9: Requiem : revue de presse

Date : 17 MARS 15

Pays : FrancePériodicité : QuotidienOJD : 163692

Journaliste : C. Schneider

Page 1/1

3975

f546

5c10

610c

a2ae

4004

c406

d542

0d97

066b

e111

5fc

BETHUNE 8506633400504Tous droits réservés à l'éditeur

THÉÂTRE A la Comédie de l'Est

Etre ou ne plus êtreDernière pièce écrite par Hanokh Levin, mort prématurément en 1999, Requiem

est une fable poético-métaphysique qui s'interroge sur la vie et le passage à trépas.Inspirée de Tchékhov, l'œuvre est à la croisée des chemins, à la fois fiction

et pensée philosophique.

Hanokh Levin, auteurisraélien, retrouve à lafin de sa vie ses origi-nes slaves, en s'inspi-

rant pour l'écriture de sa der-nière pièce de trois nouvelles deTchékhov. Trois nouvelles do-minées par la thématique de lamort, mais que Levin transcen-de en une œuvre où il lui faitcôtoyer le rire, l'héroïque ; où letrivial se mêle au sublime.Comment écrire la rencontreavec la mort? C'est ici que lepoète se lance un défi, en osantécrire une pièce « à la croiséedes chemins », à la fois fictionet propos philosophique. Lapensée se fait libre, traversantle récit de scènes farcesques oudramatiques, mêlant les genrespour composer un texte aux ré-sonances mystiques. Le texteest aussi au croisement de deuxépoques — celle du XXe sièclenaissant et notre aujourd'hui,un siècle plus tard. Deux épo-ques comme des balises dans lavie de Levin, qui s'éteint en1999 sans c o n n a î t r e leXXIe siècle.Cécile Backès, à la mise en scè-ne, est une ancienne élève d'An-toine Vitez à l'Ecole du Théâtrenational de Chaillot. Elle a

Requiem : à la croisée des chemins entre vie et mort. DR

adapté et mis en scène GeorgesPerec, la comtesse de Ségur,Brecht mais aussi Duras, Auré-lie ou Virginie Despentes. Elleest également productrice pourles Fictions de France Culture, àla fois sur ses projets de théâtreet sur d'autres émissions. Re-quiem est proposé par la Comé-

die de Béthune - Centre drama-tique national Nord-Pas-de-Calais en coproduction avec laComédie de l'Est - Centre dra-matique national d'Alsace, leCentre dramatique régional deTours et La Manufacture - Cen-tre dramatique national Nancy- Lorraine. •

C.SCHNEIDER

) Dans la grande salle de laComédie de l'Est, les 18 et 20 marsà 20h 30, le 19 mars à 19 h, séancesuivie d'une rencontre avec lesartistes Réservation au©0389243178 ouàreservations@comedie-est com

Page 10: Requiem : revue de presse

Date : 06/05/2015Heure : 07:32:42

www.leprogres.frPays : FranceDynamisme : 998

Page 1/1

Visualiser l'article

Tous droits réservés à l'éditeur BETHUNE 245941303

Un « Requiem »

Photo DR

entre farce et gravitéLorsqu'il écrit « Requiem », Hanokh Levin se sait condamné par un cancer des os qui aura raison de lui en1999. Disparu prématurément à l'âge de 55 ans, le dramaturge israélien le plus connu en France, signe sontestament théâtral, un texte drôle et désenchanté, hanté par l'ombre de Tchekhov et ses origines slaves. Lapièce met en scène un fabricant de cercueils qui accompagne sa femme mourante chez le médecin. Lorsde ce qui ressemble à un voyage initiatique, où la gravité côtoie la farce, l'autodérision la profondeur d'âme,il croise de drôles de personnages. Dirigeant une troupe de sept comédiens, en se frayant un chemin dansun univers à la fois onirique, baroque et tragicomique, Cécile Backès en donne une lecture savoureuse.

Jusqu'au 9 mai, Théâtre des Célestins, place des Célestins, Lyon 2e.

De 9 à 35 €.

Tél. 04 72 77 40 00.

www.celestins-lyon.com