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Luc De Fouquet Quentin BODIN Lucas MEYER C O L L E C T E NUMÉRO 1 MAI - JUIN 2015 JOURNAL CULTURE VISUELLE

SUPER TERRAIN

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LucDe FouquetQuentinBODINLucasMEYER

C O L L E C T E

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J O U R N A LC U L T U R E V I S U E L L E

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Votre collectif se compose de trois personnalités. Pouvez-vous vous présenter, vos parcours respectifs? Comment en êtes-vous venusà travailler ensemble ?

Luc De FOUQUET :Nous sommes tous passés par les Beaux arts de Rennes, Quentin est sorti il y a deux ans, Lucas et moi l’année dernière. Durant nos études nous nous sommes souvent retrouvés à l’atelier de sérigraphie autour de pro-jets et d’une dynamique collective. Peu à peu on s’est rendu compte que nos envies de travail convergeaient sur plusieurs plans. Et puis je crois qu’on avait tous cette envie d’essayer de créer quelque-chose par nous même directement après l’école, sans passer par de l’assistanat ou des stages.

L.K :Les ateliers que vous menez sont-ils initiateurs d’une envie depratiquer le design graphique? Dans votre travail, le processus créatif et l’expérience semblent aussi important que la production elle même.

L.D.F :On pourrait même aller plus loin et emprunter certains mots du mani-feste de Conditionnal Design pour dire que le processus et l’expérience font partie de la production.

L.K :Vous semblez être attachés à des modes de productions manuels, la sérigraphie notamment. Pourquoi le choix de cette pratique?

SUPER TERRAIN est un jeune collectif fraichement sorti des études. Le collectif se compose de QuentinBodin, Luc de Fouquet et Lucas Meyer.Leur pratique s’articule autour de systèmesd’impressions tels que la sérigraphie et la miseen place de workshop. Ils sont basés à Nantes.

Ludivine KERLANN :

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Ludivine KERLANN :

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Au delà de la magie de la technique et de des possibilités qu’elle permet, je pense qu’un des aspects essentiels qui nous à guidé vers l’utilisation de cette technique, ou aujourd’hui de la risographie, c’est de produire et diffuser son propre travail. D’un coup tu es sur toute la chaine de pro-duction, tu deviens à la fois auteur, graphiste, imprimeur et éditeur, si tu le veux. C’est une notion qui reste aujourd’hui encore très présente chez nous.

Est-ce ce qui a motivé votre envie de produire collectivement lors d’ateliers, pour partager, sensibiliser autrui à ce mode de production?

L.D.F :Lorsque tu fais un atelier avec un public non initié, c’est une façon assez pratique de montrer comment on peut produire des images, avec assez peu de matériel, il est possible de montrer une production en série.Et effectivement, je crois que les gens sont aussi sensibles au partage d’un savoir-faire, et dans le cadre d’atelier la technique, par exemple la sérigraphie, devient un moyen de médiation autour de notre pratique.L’aspect «d’une production collective», c’était d’autant plus vrai lorsque nous étions à l’école. Par ailleurs l’organisation spatiale même d’un l’ate-lier d’impression induit une production collective.

L.K :Considérez-vous ainsi que l’échange et la participation comme un moyen d’enrichir vos propres productions, tant sur les plans créatifs que réflexifs?

L.D.F :Nous finalement on propose un cadre d’expression, qui permet souvent d’établir une trame narrative, avec des règles du jeu, mais il y a toujours des surprises et c’est ça qui est intéressant d’un point de vue conceptuel et créatif. Et ça devient riche, si l’atelier est réalisé dans un contexte pré-cis avec lequel on tisse un lien.

Ludivine KERLANN :

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À chacun de vos ateliers balades et d’initiations à la sérigraphie, vous réunissez et conservez les productions créées dans un objet éditorial. Est-ce pour vous une manière de faire témoignage de votre pratique, et de rendre visible la participation de chacun?

L.D.F :Alors, je tiens à préciser qu’il n’y a pas toujours participation d’un public exterieur dans notre travail. Si tu fais référence au projet de ballades en vélo par exemple, aucune participation active n’était demandée. La dimension participative de la plupart de certains travaux est liée à leur qualité d’atelier (Chronique du Levant, le JBIM I, JBIM 2, etc…).

C’est important de le préciser parce qu’on commence à entendre des aberrations juste parce que le participatif a le vent en poupe. La question est très intéressante, effectivement l’objet éditorial à valeur de témoi-gnage, ou plutôt de restitution. Puisque nous avons dit plus haut que le processus et l’expérience sont aussi importants que la production en elle même, la question d’un objet qui vient rendre compte de ce temps écoulé est légitime. Pour nous l’objet éditorial est une façon de donner à voir la situation et de la mettre en résonance avec les productions. C’est aussi souvent une manière de donner des clés de compréhension aux personnes qui n’ont pas participer à l’atelier. Et puis c’est toujours im-portant que le travail ne reste pas confidentiel, si le travail est diffusé, il faut assumer ce qui a été produit et donc tout le monde s’investit.

Pouvez-vous nous en dire plus sur le Club Maxi Couleur, votre fabrique ouverte d’expérimentations graphiques dans le cadre d’Une Saison Graphique 2015 au Havre?

Ce qui nous a guidé, c’est la nature de la commande, le service culturel de la fac cherchait à sensibiliser les étudiants à la pratique du graphisme, et pour cela ils nous proposaient une résidence de 10 jours en amont de l’exposition au sein de la galerie de la Maison de l’étudiant. Nous faire intervenir à cet endroit permettait d’être en contact direct avec les étu-

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diants de l’université du Havre. La demande était alors de «  favoriser la rencontre et l’échange entre artistes et étudiants, de sensibiliser ceux-ci et plus largement la communauté universitaire à une pratique du gra-phisme en les incluant dans le processus de création d’une production graphique ». Notre réponse consistait en la création d’un lieu ouvert, une permanence où nous produisions une collection d’images, à travers la mise en place d’un dispositif et protocole commun, avec des outils qui permettent à chacun de composer des images. Nous avons repris la forme de l’atelier ouvert parce qu’il était compliqué de travailler avec un groupe définit sur cette temporalité.

Nous avons mis en place une fabrique collective d’images, pour construire des compositions au format A3, selon un protocole commun. Nous proposions un dispositif de création d’images par combinaisons de couches sur-imprimées (trois couleurs par format). Le choix des cou-leurs permet de retrouver l’ensemble du cercle chromatique. Une image est terminée lorsque le cyan, le magenta et le jaune sont imprimés. L’ate-lier a duré dix jours, durant lesquels nous avons accompagné une créa-tion de soixante-dix images. Différents points de vues sont alors propo-sés dans l’espace d’exposition comme des fenêtres sur un panorama, un paysage de la ville du Havre re-visitée.

Pour cloturer l’évènement, chacune des lignes d’images réalisées au cours de la résidence à ensuite permis la réalisation d’un livre. Il existe donc 5 versions différentes. Les affiches A3, images réalisées par les étudiants au cours de la résidence constitue une partie du livre. Au dos de celle-ci nous avons publié un texte commandé à Tony Côme et Édith Hallauer. Une correspondance épistolaire imaginaire s’est alors créer entre les deux auteurs inspirée par les images d’une ville du havre re-vi-sité. Le livre se compose alors d’un texte d’introduction, d’une corres-pondance, d’un inventaire des éléments utilisés (formes, matières, pho-tos) et d’une couverture. Il a été édité à 100 exemplaires.