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1,00 Numéros précédents 2,00 L’O S S E RVATORE ROMANO EDITION HEBDOMADAIRE Unicuique suum EN LANGUE FRANÇAISE Non praevalebunt LXVI e année, numéro 31 (3.391) Cité du Vatican jeudi 30 juillet 2015 A l’Angelus du 26 juillet le Pape François a ouvert les inscriptions aux JMJ de Cracovie Ce sont les jeunes A propos de l’ouvrage de l’historien français Alain Besançon L’intelligence a-t-elle abandonné l’Eglise? Changements climatiques et esclavages modernes DANS CE NUMÉRO Page 2: Message à un congrès sur les activités minières. Page 4: Lettre pontificale au recteur majeur des salésiens. Page 5: Congrès de l’Internatio- nal Council of Christians and Jews pour le 50 e anniversaire de «Nostra ae- tate». Page 6: Discours au Renouveau dans l’Esprit Saint. Page 7: Proposi- tions des mouvements populaires aux maires du monde. Page 11: 50 e anni- versaire du groupe de travail entre l’Eglise catholique et le Conseil œcumé- nique des Eglises. Intervention sur la protection des personnes âgées. Pro- mulgation de décrets. Page 12: Réflexion du cardinal Parolin sur «Laudato si’». Décès du cardinal Giacomo Biffi. Page 13: Concession de la commu- nion ecclésiastique à Grégoire Pierre XX Ghabroyan. Décès du cardinal William Wakefield Baum. Pages 14 et 15: Informations. Page 16: L’extase de saint Philippe Néri dans une peinture de Philippe Casanova. La tristes- se du saint heureux, par Paolo Vian. Prendre soin de l’environnement est un geste d’écologie humaine. C’est ce qu’a affirmé le Pape Fran- çois aux plus de soixante maires de métropoles réunis dans l’aula nuova du synode le 21 juillet, sur le thème «Modern Slavery and Climate Change: the Commitment of the Cities», organisé par l’Aca- démie pontificale des sciences so- ciales pour discuter de la crise du climat et des nouvelles formes d’esclavage. Le discours du Pape est accompagné des réflexions de Silvina Perez et Nicolas Gori. PAGES 8 À 10 Moins de vingt-quatre heures après le clic du Pape François, les «macro- groupes» qui ont commencé à s’ins- crire à la Journée mondiale de la jeunesse à Cracovie sont déjà 240. Dans le détail — expliquent les ges- tionnaires du portail qui lui est con- sacré — il s'agit d’environ quarante- cinq mille personnes et de trois cents volontaires. C’est ainsi qu’a com- mencé, avec un grand enthousiasme, le compte à rebours. Dans un an exactement — du 26 au 31 juillet 2016 — les nouvelles générations se rassembleront à Cracovie pour les trente-et-unièmes JMJ. Elles se ras- sembleront autour du Pape, premier inscrit comme pèlerin à la rencontre qui, sur sa décision, se déroulera sous le signe de la miséricorde. A vingt-cinq ans de distance, les JMJ reviendront donc en Pologne, sur la terre du Pape qui en eut l’idée (même si le Pape Wojtyła aimait à répéter: «Ce sont les jeunes eux- mêmes qui ont inventé les JMJ»). En 1991, à Częstochowa, le vent fort de la foi annoncée aux jeunes et par les jeunes souffla au-delà du rideau de fer et les nouvelles générations chré- tiennes de l’est et de l’ouest vécurent leur première grande rencontre après la chute du Mur de Berlin. Convo- quée par le Pape Wojtyła qui reve- nait dans son pays natal, pour la première fois, les JMJ comptèrent une participation bien supérieure au million de personnes. La semence de l’idée d’une jour- née de la jeunesse fut lancée au cours de l’année sainte de la rédemption, quand Jean-Paul II, en rencontrant les jeunes le dimanche des Rameaux, leur donna la grande croix de bois qui avait été dressée à Saint-Pierre. Le dimanche des Ra- meaux resta la date de référence d’un rendez-vous qui fut tout d’abord fixé au niveau diocésain et qui ensuite, en 1987, avec les JMJ de Buenos Aires, devint également mondial. LUCETTA SCARAFFIA A lain Besançon, l’un des penseurs catholiques les plus intelligents de notre temps, vient de rassembler dans un livre (Problèmes religieux contem- porains , Paris, de Fallois, 2015, 278 pp., 22,00 euros) plusieurs essais dans lesquels il réfléchit sur les principaux problèmes que l’Eglise doit affronter: les relations avec le monde orthodoxe, avec le commu- nisme, avec l’islam, la Shoah, le célibat des prêtres, auxquels s’ajoutent des question plus spéci- fiquement culturelles, comme la relation avec l’art religieux, avec la science des religions et l’actuelle «géographie» de l’enfer. Mais, bien qu’il s’agisse dans tous les cas d’écrits perspicaces et riches de réflexions nouvelles et très stimulantes, son point de vue peut, dans un certain sens, être ré- sumé dans l’essai qu’il a placé au cœur du livre et dans lequel il se demande si l’intelligence a aban- donné l’Eglise latine. L’auteur cherche ici à trouver une réponse à ce qu’il dénonce chez les autres intervenants: il désire ainsi com- prendre le motif pour lequel a di- minué, dans les hiérarchies ecclé- siastiques qui représentent publi- quement le point de vue de l’Egli- se, la capacité de comprendre les problèmes du monde dans lequel elles vivent. Pour être persuasive — écrit Alain Besançon — l’Eglise doit être intelligente: c’est-à-dire qu’elle doit comprendre les phénomènes auxquels elle est confrontée, com- prendre la réalité. En reparcourant les faits historiques, le chercheur français remarque que d’une situa- tion de longue prédomination cul- turelle, le clergé s’est trouvé pro- gressivement marginalisé et mis de côté en faveur des laïcs. Et même si, encore à l’heure actuelle, de nombreux ecclésiastiques «se tien- nent au courant» — note-t-il ensui- te aujourd’hui parmi eux «l’énergie créatrice devient rare». A partir de la patrologie — SUITE À LA PAGE 4 SUITE À LA PAGE 3 Le Concile de Trente

Un feu baroque pour l’extase de Saint Philippe Néri dans l'Osservatore Romano - Philippe Casanova

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L’O S S E RVATOR E ROMANOEDITION HEBDOMADAIRE

Unicuique suumEN LANGUE FRANÇAISENon praevalebunt

LXVIe année, numéro 31 (3.391) Cité du Vatican jeudi 30 juillet 2015

A l’Angelus du 26 juillet le Pape François a ouvert les inscriptions aux JMJ de Cracovie

Ce sont les jeunes

A propos de l’ouvrage de l’historien français Alain Besançon

L’intelligence a-t-elle abandonné l’Eglise?

Changementsclimatiques

et esclavagesmo dernes

DANS CE NUMÉROPage 2: Message à un congrès sur les activités minières. Page 4: L e t t repontificale au recteur majeur des salésiens. Page 5: Congrès de l’Internatio-nal Council of Christians and Jews pour le 50e anniversaire de «Nostra ae-tate». Page 6: Discours au Renouveau dans l’Esprit Saint. Page 7: Prop osi-tions des mouvements populaires aux maires du monde. Page 11: 50e anni-versaire du groupe de travail entre l’Eglise catholique et le Conseil œcumé-nique des Eglises. Intervention sur la protection des personnes âgées. Pro-mulgation de décrets. Page 12: Réflexion du cardinal Parolin sur «Laudatosi’». Décès du cardinal Giacomo Biffi. Page 13: Concession de la commu-nion ecclésiastique à Grégoire Pierre XX Ghabroyan. Décès du cardinalWilliam Wakefield Baum. Pages 14 et 15: Informations. Page 16: L’extasede saint Philippe Néri dans une peinture de Philippe Casanova. La tristes-se du saint heureux, par Paolo Vian.

Prendre soin de l’e n v i ro n n e m e n test un geste d’écologie humaine.C’est ce qu’a affirmé le Pape Fran-çois aux plus de soixante mairesde métropoles réunis dans l’aulanuova du synode le 21 juillet, surle thème «Modern Slavery andClimate Change: the Commitmentof the Cities», organisé par l’Aca-démie pontificale des sciences so-ciales pour discuter de la crise duclimat et des nouvelles formesd’esclavage. Le discours du Papeest accompagné des réflexions deSilvina Perez et Nicolas Gori.

PAGES 8 À 10

Moins de vingt-quatre heures aprèsle clic du Pape François, les «macro-groupes» qui ont commencé à s’ins-crire à la Journée mondiale de lajeunesse à Cracovie sont déjà 240.Dans le détail — expliquent les ges-tionnaires du portail qui lui est con-sacré — il s'agit d’environ quarante-cinq mille personnes et de trois centsvolontaires. C’est ainsi qu’a com-mencé, avec un grand enthousiasme,le compte à rebours. Dans un anexactement — du 26 au 31 juillet2016 — les nouvelles générations serassembleront à Cracovie pour lestrente-et-unièmes J M J. Elles se ras-sembleront autour du Pape, premierinscrit comme pèlerin à la rencontrequi, sur sa décision, se déroulerasous le signe de la miséricorde.

A vingt-cinq ans de distance, lesJMJ reviendront donc en Pologne,sur la terre du Pape qui en eut l’idée(même si le Pape Wojtyła aimait àrépéter: «Ce sont les jeunes eux-mêmes qui ont inventé les JMJ»). En1991, à Częstochowa, le vent fort de

la foi annoncée aux jeunes et par lesjeunes souffla au-delà du rideau defer et les nouvelles générations chré-tiennes de l’est et de l’ouest vécurentleur première grande rencontre aprèsla chute du Mur de Berlin. Convo-quée par le Pape Wojtyła qui reve-nait dans son pays natal, pour lapremière fois, les JMJ c o m p t è re n tune participation bien supérieure aumillion de personnes.

La semence de l’idée d’une jour-née de la jeunesse fut lancée aucours de l’année sainte de larédemption, quand Jean-Paul II, enrencontrant les jeunes le dimanchedes Rameaux, leur donna la grandecroix de bois qui avait été dressée àSaint-Pierre. Le dimanche des Ra-meaux resta la date de référenced’un rendez-vous qui fut toutd’abord fixé au niveau diocésain etqui ensuite, en 1987, avec les JMJ deBuenos Aires, devint égalementmondial.

LU C E T TA SCARAFFIA

Alain Besançon, l’un desp enseurs catholiques lesplus intelligents de notre

temps, vient de rassembler dansun livre (Problèmes religieux contem-p o ra i n s , Paris, de Fallois, 2015, 278pp., 22,00 euros) plusieurs essaisdans lesquels il réfléchit sur lesprincipaux problèmes que l’Eglisedoit affronter: les relations avec lemonde orthodoxe, avec le commu-nisme, avec l’islam, la Shoah, lecélibat des prêtres, auxquelss’ajoutent des question plus spéci-fiquement culturelles, comme larelation avec l’art religieux, avec lascience des religions et l’actuelle«géographie» de l’e n f e r.

Mais, bien qu’il s’agisse danstous les cas d’écrits perspicaces etriches de réflexions nouvelles ettrès stimulantes, son point de vuepeut, dans un certain sens, être ré-sumé dans l’essai qu’il a placé aucœur du livre et dans lequel il sedemande si l’intelligence a aban-donné l’Eglise latine. L’auteurcherche ici à trouver une réponseà ce qu’il dénonce chez les autresintervenants: il désire ainsi com-prendre le motif pour lequel a di-minué, dans les hiérarchies ecclé-siastiques qui représentent publi-quement le point de vue de l’Egli-se, la capacité de comprendre lesproblèmes du monde dans lequelelles vivent.

Pour être persuasive — écritAlain Besançon — l’Eglise doit êtreintelligente: c’est-à-dire qu’elledoit comprendre les phénomènesauxquels elle est confrontée, com-prendre la réalité. En reparcourantles faits historiques, le chercheurfrançais remarque que d’une situa-tion de longue prédomination cul-turelle, le clergé s’est trouvé pro-gressivement marginalisé et mis decôté en faveur des laïcs. Et mêmesi, encore à l’heure actuelle, denombreux ecclésiastiques «se tien-nent au courant» — note-t-il ensui-te — a u j o u rd ’hui parmi eux«l’énergie créatrice devient rare».

A partir de la patrologie —

SUITE À LA PA G E 4

SUITE À LA PA G E 3

Le Concile de Trente

page 2 L’OSSERVATORE ROMANO jeudi 30 juillet 2015, numéro 31

Message du Pape à une rencontre de justice et paix

Le cri de douleurdes peuples miniers

A l’occasion de la rencontre desreprésentants de communautés affectéespar les activités minières, organisée àRome du 17 au 19 juillet par leConseil pontifical justice et paix, lePape François a envoyé le messagesuivant, qui a été lu lors de l’o u v e r t u redes travaux:

A mon vénéré frèrele cardinal PETER KODWO

APPIAH TU R KS O NPrésident du Conseil pontifical

justice et paixMonsieur le cardinal,Je suis heureux de faire parvenirmon salut et mes encouragementsaux participants à la rencontre desreprésentants de communautés affec-tées par des activités minières, orga-nisée par le Conseil pontifical justiceet paix en collaboration avec le ré-seau latino-américain Iglesias y Mine-ría sur le thème «Unis à Dieu nousentendons un cri».

Vous provenez de situations diffé-rentes et vous faites l’expérience dediverses façons des répercussions desactivités minières, que celles-ci soientmenées par de grandes compagniesindustrielles, par des artisans ou pardes agents informels. Vous avez vou-lu vous réunir à Rome, au cours decette journée de réflexion liée à unpassage de l’exhortation apostoliqueEvangelii gaudium (cf. nn. 187-190),pour faire retentir le cri des nom-breuses personnes, familles et com-munautés qui souffrent directementou indirectement des conséquencestrop souvent négatives des activités

minières. Un cri pour les terrainsperdus; un cri pour l’extraction derichesses du sol qui, paradoxale-ment, n’a pas produit de richessespour les populations locales restéespauvres; un cri de douleur en réac-tion aux violences, aux menaces et àla corruption; un cri d’indignation etd’appel à l’aide pour les violationsdes droits humains, foulés aux piedsde façon éclatante ou insidieuse ence qui concerne la santé des popula-tions, les conditions de travail, par-fois l’esclavage et le trafic de person-nes qui alimente le phénomène tra-gique de la prostitution; un cri detristesse et d’impuissance pour lapollution des eaux, de l’air et dessols; un cri d’incompréhension pourl’absence de processus d’inclusion et

de soutien de la part des autoritésciviles, locales et nationales, qui ontle devoir fondamental de promou-voir le bien commun.

Les minéraux et, plus générale-ment, les richesses du sol et du sous-sol, constituent un don précieux deDieu, dont l’humanité fait usage de-puis des millénaires (cf. Jb 28, 1-10).De fait, les minéraux sont fonda-mentaux pour de nombreux secteursde la vie et de l’activité humaine.Dans l’encyclique Laudato si’, j’aivoulu adresser un appel pressant àcollaborer pour prendre soin de no-tre maison commune, en luttant con-tre les conséquences dramatiques dela dégradation de l’e n v i ro n n e m e n tdans la vie des plus pauvres et desexclus, et en avançant vers un déve-

loppement intégral, inclusif et dura-ble (cf. n. 13). Tout le secteur minierest sans aucun doute appelé à ac-complir un changement radical demodèle pour améliorer la situationdans de nombreux pays. A cela peu-vent apporter leur contribution lesgouvernements des pays d’originedes sociétés multinationales et deceux où elles opèrent, les entrepre-neurs et les investisseurs, les autori-tés locales qui surveillent le dévelop-pement des opérations minières, lesouvriers et leurs représentants, les fi-lières d’approvisionnement interna-tionales avec les divers intermédiai-res et ceux qui opèrent sur les mar-chés de ces matières, les consomma-teurs de marchandises pour la réali-sation desquelles on s’est servi deminéraux. Toutes ces personnes sontappelées à adopter un comporte-ment inspiré par le fait que nousconstituons une unique famille humai-ne: «Tout est lié, et la protection au-thentique de notre propre vie com-me de nos relations avec la natureest inséparable de la fraternité, de lajustice ainsi que de la fidélité auxautres» (ibid., n. 70).

J’encourage les communautés re-présentées lors de cette rencontre àréfléchir sur la façon dont elles peu-vent interagir de manière constructi-ve avec tous les autres acteurs con-cernés, dans un dialogue sincère etrespectueux. Je souhaite que cetteoccasion puisse contribuer à uneplus grande conscience et responsa-bilité sur ces thèmes: c’est en partantde la dignité humaine que se crée laculture nécessaire pour affronter lacrise actuelle.

Je prie le Seigneur pour que votretravail de ces derniers jours soit ri-che de fruits, et pour que ces fruitspuissent être partagés avec tous ceuxqui en ont besoin. Je vous demandes’il vous plaît de prier pour moi et jevous bénis avec affection, ainsi quevos communautés d’appartenance etvos familles.

Du Vatican, le 17 juillet

FRANÇOIS

Marqués dans leur chairHeritier Wembo Nyama, artisanprovenant de la République démo-cratique du Congo, montre auxjournalistes les signes des violencessubies pour avoir manifesté contrel’occupation légalisée de sa régionpar une compagnie d’extraction mi-nière qui, en laissant tous les habi-tants sans travail, a réduit à la misè-re toute une communauté. C’est laconfirmation tragique, concrète, im-pressionnante de ce que vient dedéclarer le cardinal Peter KodwoAppiah Turkson, président duConseil pontifical justice et paix:«Plusieurs personnes qui partici-pent à cette rencontre ont reçu despressions et des intimidations cesjours deniers» et ceux qui sont ve-nus à Rome pour participer à larencontre portent en eux «le cri deceux qui n’ont pas pu venir, des zo-nes et des situations qui ne sont pasreprésentées et qui échappent sou-vent à l’œil des experts et des com-mentateurs».

Le prélat s’est fait l’écho du «cridéchirant provenant des zones oùl’on prospecte et où l’on extrait desminéraux», en présentant le con-grès qui, à l’initiative du Conseil

pontifical justice et paix, a réuni àRome (au Salesianum) une trentai-ne de représentants de communau-tés affectées par des activités miniè-res provenant de pays d’Afrique,d’Asie et d’Amérique. Les travauxont également été présentés auxjournalistes par le missionnairecombonien Dario Bossi et des re-présentants de communautés loca-les provenant d’Inde, du Chili etdu Brésil, à la salle de presse duSaint-Siège dans la matinée du ven-dredi 17 juillet.

Comme l’a expliqué le cardinalTurkson, la réunion actuelle est unrendez-vous en préparation au con-grès qui, en septembre prochain,réunira les dirigeants d’une vingtai-ne de compagnies minières et lesmembres des congrégations reli-gieuses engagées dans les diverseszones intéressées, qui s’étaient déjàrencontrés une première fois en2013.

L’intention est de favoriser uneprise de conscience et un change-ment de mentalités, précisémentparmi les dirigeants des entreprisesqui influencent si durement les ter-ritoires et les vies de populations

entières. Un problème qui ne con-naît pas de frontières. Les récits deceux qui sont intervenus à la confé-rence de presse en témoignent:agressions, violences, intimidations,parfois également homicides, appa-raissent comme des pratiques com-munes pour garantir aux diversescompagnies l’exploitation des terri-toires qui, en outre, à cause de l’ac-tivité d’extraction, voient l’épuise-ment ou la disparition des nappesphréatiques, la contamination desterrains, la mise en danger de laproduction alimentaire.

D’où, a déclaré le prélat, l’enga-gement direct du Saint-Siège quiveut élever le débat du niveau localau niveau international, car «on nepeut pas laisser l’indifférence, le cy-nisme et l’impunité se poursuivre».Et, citant Laudato si’, il a conclu:«Il est moralement inacceptable,politiquement dangereux, insoute-nable au niveau de l’e n v i ro n n e m e n tet économiquement injustifiableque “les peuples en développementcontinuent d’alimenter le dévelop-pement des pays les plus riches auprix de leur présent et de leur ave-nir”».

Mine de diamantsau Ghana

numéro 31, jeudi 30 juillet 2015 L’OSSERVATORE ROMANO page 3

Angelus du 26 juillet

Le jubiléde la jeunesse

Chers frères et sœurs, bonjour,L’Evangile de ce dimanche (Jn 6, 1-15) présente le grand signe de lamultiplication des pains, dans le ré-cit de l’évangéliste Jean. Jésus setrouve sur la rive du lac de Galiléeet est entouré d’une «grande foule»,attirée par les «signes qu’il opéraitsur les malades» (v. 2). En lui agit lapuissance miséricordieuse de Dieu,qui guérit de tout mal du corps etde l’esprit. Mais Jésus n’est pas seu-lement guérisseur, il est aussi m a î t re :en effet, il gravit la montagne et s’as-seoit, dans l’attitude typique du maî-tre lorsqu’il enseigne: il monte surcette «chaire» naturelle créée parson Père céleste. A ce moment là,

Jésus qui sait bien ce qu’il s’apprêteà faire, met ses disciples à l’é p re u v e .Que faire pour rassasier tous cesgens? Philippe, l’un des Douze, faitun calcul rapide: en organisant unecollecte, l’on pourra rassembler aumaximum deux cents sous pouracheter du pain, ce qui ne suffiraittoutefois pas à rassasier cinq millep ersonnes.

Les disciples réfléchissent en ter-mes de «marché», mais Jésus substi-tue une autre logique à la logiquede l’achat, celle du don. C’est alorsqu’André, un autre des apôtres, frè-re de Simon Pierre, présente un en-fant qui met à disposition tout cequ’il a: cinq pains et deux poissons;mais bien sûr — dit André — cela nereprésente rien pour cette foule (cf.v. 9). Mais Jésus attendait précisé-ment cela. Il commande aux disci-ples de faire asseoir les gens, puisprit ces pains et ces deux poissons,rendit grâce au Père et les distribua(cf. v. 11). Ces gestes anticipent ceuxde la Dernière Cène, qui donnent

au pain de Jésus sa significationla plus vraie. Le pain de Dieu est

Jésus lui-même. En faisant la com-munion avec lui, nous recevons savie en nous et devenons enfants duPère céleste et frères entre nous. Enfaisant la communion, nous rencon-trons Jésus réellement vivant et res-

suscité! Participer à l’Eucharistie si-gnifie entrer dans la logique de Jé-sus, la logique de la gratuité, dupartage. Et même si nous sommespauvres, nous pouvons donner quel-que chose. «Faire la communion» si-gnifie aussi puiser dans le Christ lagrâce qui nous rend capables de par-tager avec les autres ce que noussommes et ce que nous avons.

La foule est frappée par le prodi-ge de la multiplication des pains;mais le don que Jésus offre est laplénitude de vie pour l’homme affamé.Jésus rassasie non seulement la faimmatérielle, mais également la faimplus profonde, la faim de sens de lavie, la faim de Dieu. Face à la souf-france, à la solitude, à la pauvreté etaux difficultés de tant de gens, quepouvons-nous faire? Se plaindre nerésout rien, mais nous pouvons offrirce peu que nous avons, comme legarçon de l’Evangile. Nous avonscertainement quelques heures detemps, quelques talents, quelquescompétences... Qui parmi nous n’apas ses «cinq pains et ses deux pois-sons»? Nous en avons tous! Si noussommes disposés à les mettre entreles mains du Seigneur, ils suffiront àfaire qu’il y ait dans le monde un

peu plus d’amour, de paix, de justi-ce et surtout de joie. Comme la joiedans le monde est nécessaire! Dieuest capable de multiplier nos gestesde solidarité les plus petits et denous faire participer à son don.

Que notre prière soutienne l’enga-gement commun afin que ne man-que jamais à personne le Pain duciel qui donne la vie éternelle et lenécessaire pour une vie digne, et ques’affirme la logique du partage et del’amour. Puisse la Vierge Marie nousaccompagner de son intercessionmaternelle.

A l’issue de l’Angelus, le Saint-Père aajouté les paroles suivantes:Chers frères et sœurs,A u j o u rd ’hui s’ouvrent les inscrip-tions pour les trente-et-unième Jour-nées mondiales de la jeunesse, qui sedérouleront l’an prochain en Polo-gne. J’ai voulu ouvrir moi-même lesinscriptions et pour cela j’ai fait ve-nir à côté de moi un jeune garçon etune jeune fille, afin qu’ils soient avecmoi au moment d’ouvrir les inscrip-tions, ici devant vous. Voilà, je mesuis inscrit aux Journées en tant quepèlerin par le biais de ce dispositifélectronique. Célébrées durant l’an-née de la Miséricorde, ces Journéesseront, dans un certain sens, un jubi-lé de la jeunesse, appelées à réfléchirsur le thème «Heureux les miséricor-dieux, car ils obtiendront miséricor-de» (Mt 5, 7). J’invite les jeunes dumonde entier à vivre ce pèlerinageaussi bien en se rendant à Cracoviequ’en participant à ce moment degrâce dans leurs communautés res-p ectives.

D’ici quelques jours, ce sera ledeuxième anniversaire de l’enlève-ment en Syrie du père PaoloD all’Oglio. J’adresse un appel fermeet pressant pour la libération de cereligieux apprécié. Je ne peux ou-blier également les évêques ortho-doxes enlevés en Syrie et toutes lesautres personnes qui, dans les zonesde conflit, ont été séquestrées. Jesouhaite un engagement renouvelédes autorités locales compétentes etinternationales, afin que l’on rendeau plus tôt la liberté à nos frères.Avec affection et participation àleurs souffrances, nous voulons lesrappeler dans la prière et prions tousensemble la Vierge: Je vous salueMarie...

Je vous salue tous, pèlerins venusd’Italie et d’autres pays. Aujourd’hui26 juillet, l’Eglise célèbre les saintsJoachim et Anne, parents de la bien-heureuse Vierge Marie et par consé-quent les grands-parents de Jésus.En cette occasion, je voudrais saluertoutes les grand-mères et tous lesgrand-pères, en les remerciant pourleur précieuse présence dans les fa-milles et pour les nouvelles généra-tions. Pour tous les grands-parentsvivants, mais également pour ceuxqui nous regardent du Ciel, saluonset applaudissons bien fort...

Je vous souhaite à tous un bon di-manche. Et s’il vous plaît, n’oubliezpas de prier pour moi. Bon déjeuneret au revoir!

SUITE DE LA PA G E 1

D’une année sainte à l’autre: àCracovie on célébrera un véritablejubilé des jeunes au niveau mon-dial. C'est ce qu’a rappelé le Pape àl’Angelus et c’est ce que souligneégalement le cardinal StanisławRyłko, président du Conseil ponti-fical pour les laïcs, dans le messagepublié sur le site du dicastère. Eneffet, le thème des J M J, «Heureuxles miséricodieux, car ils obtien-dront miséricorde», s’insère pleine-ment dans le cadre de l’année sain-te extraordinaire qui s’ouvrira le 8décembre prochain. A Cracovie, lesjeunes, explique le prélat en citantMisericordiae vultus, seront appelésà réfléchir sur le thème de la «misé-ricorde comme idéal de vie et com-me critère de crédibilité de notrefoi», à redécouvrir «le visage misé-ricordieux de Dieu, qui s’est mani-festé dans le visage de JésusChrist», à diffuser «un messaged’esp érance».

C’est ainsi que sera complété untriptyque de JMJ consacré à la relec-ture du message des béatitudes

évangéliques. En 2014, à Rio — lethème central était: «Heureux lespauvres en esprit, car le Royaumedes Cieux est à eux» —, Françoisencouragea chaque jeune en disant:«Ecoute, lis les Béatitudes parcequ’elles te font du bien». Cette an-née, la trentième journée célébréeau niveau diocésain a proposé uneméditation sur le thème «Heureuxles cœurs purs, car ils verrontDieu». En 2016, le centre sera lam i s é r i c o rd e .

Cela sera également le fil qui re-liera le rendez-vous polonais à la fi-gure et à la spiritualité de saintJ e a n - Pa u l II. En effet, les jeunes dumonde entier, explique le cardinalRyłko, seront appelés à se rassem-bler dans ce sanctuaire de la Divinemiséricorde, qui fut inauguré àŁagiewniki en 2002 par le PapeWo j t y ła: «Ils pourront suivre unprogramme spécial qui prévoit laméditation des paraboles évangéli-ques sur la Divine miséricorde et larécitation du chapelet à la Divinemiséricorde. Enfin, ils pourrontfranchir la porte sainte du jubilé».Dans le sanctuaire sera également

installé un grand «Centre de la mi-séricorde» avec de nombreux con-fessionnaux, où les participants au-ront la possibilité de pratiquer lesacrement de la réconciliation. Uneporte sainte symbolique sera aussiinstallée sur le Campus misercor-diae, le lieu du grand rassemble-ment de clôture, un terrain à envi-ron dix kilomètres du centre de laville, où il est prévu que le Papeparticipe à la veillée de prière dusamedi 30 juillet et, le jour suivant,célèbre la Messe finale.

Mais la Pologne deviendra ungrand «camp de la miséricorde»:chacun des diocèses appelés à ac-cueillir les pèlerins provenant dumonde entier sera relié à un lieu bi-blique (Béthanie, Cana, Gethséma-ni, et ainsi de suite) et sera caracté-risé par un approfondissement par-ticulier du thème de la miséricorde.Bielsko-Żywiec, par exemple, serale Mont des béatitudes et, de celieu, on regardera en particulierAuschwitz, pour «prier et réfléchirsur le sens de la souffrance et dumal».

Ce sont les jeunes

page 4 L’OSSERVATORE ROMANO jeudi 30 juillet 2015, numéro 31

Lettre pontificale au recteur majeur des salésiens à l’occasion du bicentenaire de la naissance de don Bosco

De nouvelles frontières éducativesUn saint en «sortie», missionnaire,infatigable, courageux, fidèle à Dieuet aux jeunes. Les adjectifs décrivantla figure de saint Jean Bosco sontinfinis dans le message du PapeFrançois au recteur majeur des salé-siens, Ángel Fernández Artime, pourle bicentenaire de la naissance deson fondateur. Le texte, daté de fa-çon significative du 24 juin, solenni-té de saint Jean-Baptiste et fête dedon Bosco, est parvenu à la famillesalésienne au lendemain de la visitepastorale du Souverain Pontife à Tu-rin, les 21 et 22 juin derniers.

Dans la lettre, le saint est définicomme un homme courageux, capa-ble de prendre des décisions diffici-les et parfois à contre-courant, com-me celle de vouloir se consacrer auxjeunes pauvres, pour réaliser un«vaste mouvement de pauvres pourles pauvres». Tout comme «le choixd’élargir ce service au-delà des fron-tières de langue, de race, de cultureet de religion, grâce à un inlassableélan missionnaire» a été prophétiqueet précurseur de l’actuelle sociétémulticulturelle et mondialisée. Lacharité et l’Evangile pour don Boscon’avaient pas de frontières ou de li-mites imposées par la raison humai-ne. Il se consacra au projet d’évan-gélisation et de promotion humaineavec un style particulier, celui de

l’«accueil joyeux et de la sympathie,dans la rencontre personnelle etdans l’accompagnement de chacun».En résumé, écrit le Souverain Ponti-fe, le fondateur des salésiens «vécutune grande passion pour le salut dela jeunesse, en se manifestant com-me témoin crédible de Jésus Christet annonciateur de génie de son

Evangile, en communion profondeavec l’Eglise, en particulier avec lePap e».

Son secret pour conduire une mis-sion aussi difficile était la prière etl’union avec Dieu, alimentées par ladévotion «forte et tendre» à la Vier-ge, invoquée par celui-ci comme Im-maculée et Auxiliatrice. Le saint a

été favorisé également par des «ex-périences mystiques» et par le «dondes miracles pour ses jeunes». Il fitégalement participer à cette œu v recaritative sainte Marie-DominiqueMazzarello et rechercha la coopéra-tion des laïcs, «en générant cette fa-mille salésienne qui, en tant quegrand arbre, a reçu et développé sonhéritage».

Une famille qui, encore au-j o u rd ’hui, s’ouvre «vers de nouvellesfrontières éducatives et missionnai-res, parcourant les voies des nou-veaux moyens de communication so-ciale et celles de l’éducation intercul-turelle auprès de peuples de reli-gions diverses, ou de pays en voiede développement, ou de lieux mar-qués par la migration». En effet, cequi constituait les défis de Turin auXIXe siècle et que don Bosco affrontasans crainte, «a aujourd’hui revêtuune dimension mondiale: idôlatriede l’argent, inégalité qui génère laviolence, la colonisation idéologiqueet les défis culturels liés aux contex-tes urbains». Certains de ces aspects,souligne le Souverain Pontife, «tou-chent plus directement le monde desjeunes, comme la diffusion d’inter-net». Tout cela invite les fils et lesfilles de don Bosco «à travailler en

SUITE À LA PA G E 5

SUITE DE LA PA G E 1

L’intelligence a-t-elle abandonné l’Eglise?

Alain Besançon rappelle que la sérielatine des pères de l’Eglise publiéepar J.-P. Migne à la moitié du XIXe

siècle compte à elle seule 217 volu-mes, imprimés sur deux colonnestrès serrées, qui comprennent desécrivains et des textes remontant jus-qu’au début du XIIIe siècle — onpeut constater la richesse de la cul-ture chrétienne. Cette situation naîtdu fait qu’«il n’y ait aucun auteurqui comprenne par sa pensée la tota-lité de la foi, telle qu’elle existe dansle sensus fidei des fidèles, dans l’auto-rité de l’Eglise hiérarchique, et dansles écrits canoniques. Au point queles hérésies naissent souvent d’unetentative d’apporter une explicationrationnelle à la foi».

Mais ce n’est pas pour autant queles chrétiens s’opposent à la culture,au contraire: ils «acceptent leur irra-tionalité de fond, et prétendent queces mystères, au lieu de bloquer laraison, constituent pour celle-ci unelumière obscure et une invitation àse dépasser sans cesse». Ce fut au-tour du XIVe siècle que la merveilleu-se construction théologique élevéepar les meilleurs esprits menaça des’effondrer: d’une part, après la gifled’Anagni, l’organisation ecclésias-tique commença à se miner à sa ba-se, de l’autre, la solide cathédralethéorique construite par Thomasd’Aquin fut mise en doute par lesockhamistes qui séparèrent la foi dela philosophie, pour la rapprocherde l’exp érience.

Plus tard, le mouvement de la de-votio moderne, dans lequel la volon-

maîtresse de l’Ecriture Sainte, enfixant définitivement la liste des li-vres canoniques qui la composent eten en confirmant l’inspiration. Leculte est réorienté vers les sacre-ments, en particulier vers l’Eucharis-tie, mais la Bible perd du terraindans la culture française, italienne,espagnole, à l’inverse de ce qui ceproduit dans la culture allemande etanglaise, ayant pour conséquence unappauvrissement culturel certaindans le monde catholique.

A cela s’ajoutent la fidélité à ladoctrine scholastique et la censure, à

laquelle appartient l’Index des livresinterdits: toutes ces mesures ont eupour effet de rendre la pensée stéri-le, en particulier dans les séminaireset dans tous les lieux de formationdes prêtres. A cet effet s’ajoute celuid’une centralisation graduelle, quis’accentuera plus tard, avec la sépa-ration progressive entre l’Etat etl’Eglise voulue par la sécularisation.

Après le Concile de Trente, lesclercs se sont réservés la fonction depenser aux choses les plus élevées,mais ils n’ont plus le désir et l’élannécessaires: «Quand arrive-t-il que

mise à l’abri du débat, par peur, iso-lement, incompréhension». En défi-nitive, il n’importe plus à l’institu-tion ecclésiastique de compter tou-jours moins et elle se complaîtd’elle-même. Devons-nous doncnous étonner si l’Eglise a au-j o u rd ’hui des difficultés à se faireentendre? Il ne reste à présent auxchrétiens que la force de la vérité etla capacité de persuasion, comme àl’époque des apôtres: mais pour per-suader — réaffirme Alain Besançon,il vaut mieux être intelligents.

té tend à prévaloir surla raison, commença àinfluencer la religiositépopulaire: la spécula-tion intellectuelle, quirenonce à «voir Dieu»,commence à construireun savoir certain et cu-mulatif qui s’édifieraensuite comme science,alors que la religion de-vient le lieu de l’amourdésintéressé, vit dansl’émotion qui pousse àse tourner davantagevers la prière que versl’étude des textes sa-crés. La Bible commen-ce alors à devenir, dansl’esprit des nouveauxlecteurs, une sourced’accusations contrel’institution ecclésias-tique, qui perd de l’au-torité.

Ce n’est qu’avec leConcile de Trente quel’Eglise redeviendra

ceux qui en avaient re-çu la mission cessent depenser?», se demandeAlain Besançon. Et ilrépond en notant queles différences aigui-saient l’intelligence,alors que l’uniformitépousse à l’assoupisse-ment. La conséquenceen a été qu’à l’ép o quemoderne, le peuplechrétien tout entier a fi-ni par se limiter à la tâ-che de conserver la foi,en se contentant del’enseignement catéchis-tique.

C’est l’i n d i f f é re n c equi prévaut alors:l’Eglise devient indiffé-rente au mouvementdes idées au momentmême où celui-ci de-vient indifférent à cettedernière. La pensée ca-tholique — écrit l’histo-rien français — «s’est

Alain Besançon

numéro 31, jeudi 30 juillet 2015 L’OSSERVATORE ROMANO page 5

50e anniversaire de «Nostra aetate»

Racinesjuives

Dans la matinée du mardi 30 juin, le Pape François a reçu en audience dans lasalle Clémentine, les participants à un congrès international organisé parl’International Council of Christians and Jews. A cette occasion, il leur a adre s s éle discours suivant:

qu’entre nous se sont développéestoujours davantage la confiance et lafraternité. Nous ne sommes plus desétrangers, mais des amis et des frè-res. Nous confessons, bien qu’avecdes perspectives différentes, le mêmeDieu, Créateur de l’univers et Sei-gneur de l’histoire. Et lui, dans soninfinie bonté et sagesse, bénit tou-jours notre engagement de dialogue.

Les chrétiens, tous les chrétiens,ont des racines juives. C’est pour-quoi, dès sa naissance, l’International

Council of Christians and Jews a ac-cueilli les diverses confessions chré-tiennes. Chacune d’elles, de la ma-nière qui lui est propre, s’appro chedu judaïsme, qui, à son tour, est ca-ractérisé par divers courants et sen-sibilités. Les confessions chrétiennestrouvent leur unité dans le Christ; lejudaïsme trouve son unité dans laTorah. Les chrétiens croient que Jé-sus Christ est la Parole de Dieu quis’est faite chair dans le monde; pourles juifs, la Parole de Dieu est sur-tout présente dans la Torah. Cesdeux traditions de foi ont pour fon-dement le Dieu unique, le Dieu del’Alliance, qui se révèle aux hommesà travers sa Parole. Dans la recher-che d’une juste attitude envers Dieu,les chrétiens s’adressent au Christcomme source de vie nouvelle, lesjuifs à l’enseignement de la Torah.Ce type de réflexion théologique surla relation entre judaïsme et christia-nisme commence précisément à par-tir de Nostra aetate (cf. n. 4) et, surce solide fondement, peut être etdoit être ultérieurement développé.

Dans la réflexion sur le judaïsme,le Concile Vatican II a tenu comptedes dix thèses de Seelisberg, élabo-rées dans cette localité suisse, desthèses liées à la fondation de l’Inter-national Council of Christians andJews. On peut dire qu’il existait déjàin nuce une première idée de la col-laboration entre votre organisationet l’Eglise catholique. Cette coopéra-tion a été lancée officiellement aprèsle Concile, et en particulier aprèsl’institution de notre «Commissionpour les rapports religieux avec lejudaïsme», en 1947. Cette Commis-sion du Saint-Siège suit toujoursavec un grand intérêt les activités devotre organisation, en particulier lescongrès internationaux annuels, quiapportent une contribution impor-tante au dialogue juif-chrétien.

Chers frères, je vous remercie tousde cette visite et je forme les meil-leurs vœux pour votre congrès. Quele Seigneur vous bénisse et vousprotège dans sa paix. S’il vous plaît,je vous demande de prier pour moi.Et je vous invite tous à demander labénédiction de Dieu notre Père. Jela prononcerai dans ma langue ma-ternelle.

Message au recteur majeur des salésiensSUITE DE LA PA G E 4

Chers frères,Je me réjouis que cette année, vousayez organisé votre congrès à Rome,la ville où sont ensevelis les apôtresPierre et Paul. Tous les deux sont,pour tous les chrétiens, des pointsde référence essentiels: ils sont com-me les «colonnes» de l’Eglise. Et ici,à Rome, se trouve la communautéjuive la plus antique d’Europe occi-dentale, dont les origines remontentà l’époque des Maccabées. Chrétienset juifs vivent donc à Rome, ensem-ble, depuis presque deux mille ans,bien que leurs relations au cours del’histoire n’aient pas été exemptes detensions.

Un véritable dialogue fraternel apu se développer à partir du ConcileVatican II, après la promulgation de

la Déclaration Nostra aetate. Ce do-cument représente en effet le «oui»définitif aux racines juives du chris-tianisme, et le «non» irrévocable àl’antisémitisme. En célébrant le cin-quantième anniversaire de Nostra ae-tate, nous pouvons constater lesfruits abondants qu’il a produits etétablir avec gratitude un bilan dudialogue juif-catholique. Nous pou-vons exprimer ainsi notre action degrâce à Dieu pour tout ce qui a étéréalisé de bon en termes d’amitié etde compréhension réciproque aucours de ces cinquante années, carson Esprit Saint a accompagné nosefforts de dialogue. Notre divisionhumaine, notre méfiance et notre or-gueil ont été surmontés grâce à l’Es-prit de Dieu tout-puissant, si bien

considérant, à côté des blessures,les ressources que l’Esprit Saint sus-cite dans des situations de crise».C’est pourquoi la famille salésienneest appelée «à faire refleurir la créa-tivité charismatique à l’intérieur etau dehors des institutions éducati-ves», en se plaçant «avec dévoue-ment apostolique sur les sentiersdes jeunes, particulièrement deceux des périphéries».

Le Pape souhaite que don Boscoaide la famille salésienne «à ne pasdécevoir les aspirations profondesdes jeunes: le besoin de vie, d’ou-verture, de joie, de liberté, d’avenir;le désir de collaborer à la construc-tion d’un monde plus juste et fra-ternel, au développement pour tousles peuples, à la protection de lanature et des domaines de la vie».Et il souhaite que les salésienssoient capables d’aider les jeunes «àexpérimenter le fait qu’il n’y a quedans la vie de grâce, c’e s t - à - d i redans l’amitié avec le Christ, que seréalisent les idéaux les plus authen-tiques».

Le Souverain Pontife confieensuite deux tâches à tous les en-fants de don Bosco: «Eduquer se-lon l’anthropologie chrétienne aulangage des nouveaux moyens decommunication et des réseaux so-ciaux», qui façonne en profondeur«les codes culturels des jeunes, etdonc la vision de la réalité humaineet religieuse»; et promouvoir «des

formes de bénévolat social, en ne serésignant pas aux idéologies quiprivilégient le marché et la produc-tion à la dignité de la personne et àla valeur du travail». Par ailleurs, lefait d’être des éducateurs qui«évangélisent est un don de la na-ture et de grâce mais est aussi lefruit de formation, d’étude, de ré-flexion, de prière et d’ascèse».

Face à l’«urgence éducative», lafamille salésienne est invitée «à fa-voriser une alliance éducative effica-ce entre les différentes agences reli-gieuses et laïques» pour marcher«avec la diversité des charismes enfaveur de la jeunesse dans les diffé-rents continents». Le Pape rappelleen particulier «la nécessité incon-tournable d’impliquer les famillesdes jeunes. Il ne peut y avoir en ef-fet de pastorale des jeunes efficacesans une pastorale familiale vala-ble». Le salésien, dans la ligne tra-cée par son fondateur, doit fairesienne la «tendresse», caractéris-tique d’une pédagogie entenduecomme «amour manifesté et perçu,dans lequel se révèlent la sympa-thie, l’affection, la compréhensionet la participation à la vie de l’au-tre». Dans le domaine éducatif, lesaint affirmait qu’il ne «suffit pasd’aimer, mais qu’il est nécessaireque l’amour de l’éducateur s’expri-me par des gestes concrets et effica-ces».

Le salésien doit également res-pecter certains traits distinctifs de la«pratique éducative» de don Bosco,

que le Pape énumère: environne-ment familial; présence de l’éduca-teur comme père, maître et ami dujeune, exprimé par un terme clas-sique de la pédagogie salésienne:l’assistance; climat de joie et de fê-te; vaste espace offert au chant, à lamusique et au théâtre; importancedu jeu, de la cour de récréation, despromenades et du sport. Mais le sa-lésien ne se limite pas à cela, celui-ci est un éducateur qui «fait tou-jours résonner la première annonce,la belle nouvelle qui directement ouindirectement, ne doit jamais man-quer: “Jésus Christ t’aime, il a don-né sa vie pour te sauver et à présentil est vivant à tes côtés tous lesjours, pour t’illuminer, pour te ren-forcer, pour te libérer”», comme onle lit dans Evangelii gaudium, aunuméro 164. Etre des disciples fidè-les à don Bosco requiert donc «derenouveler le choix catéchétiqueque fut son engagement permanent,à comprendre aujourd’hui dans lamission d’une nouvelle évangélisa-tion». Cette catéchèse évangélisatri-ce «mérite la première place dansles institutions salésiennes et doitêtre réalisée avec une compétencethéologique et pédagogique et avecun témoignage transparent del’éducateur».

Enfin, le Souverain Pontife ex-horte les salésiens à redécouvrirl’importance du témoignage de donBosco: «le christianisme est sourcede bonheur, parce qu’il est l’Evan-gile de l’amour».

page 6 L’OSSERVATORE ROMANO jeudi 30 juillet 2015, numéro 31

Discours au Renouveau dans l’Esprit Saint

Qui sommes-nous pour nous diviser?Un encouragement à travailler pour«la recherche de l’unité du corps duChrist» et une invitation à vivre lesresponsabilités comme un service ont étéadressés par le Pape François auxmembres du Renouveau dans l’EspritSaint réunis dans l’après-midi duvendredi 3 juillet, sur la place Saint-P i e r re .

Très chers frères et sœurs,Bon après-midi et bienvenue! Quel’eau aussi soit la bienvenue parceque c’est le Seigneur qui l’a faite.J’apprécie beaucoup la réponse quevous avez donnée à l’invitation queje vous ai adressée au mois de jan-vier, à nous rencontrer ici placeSaint-Pierre. Merci pour cette ré-ponse enthousiaste et chaleureuse.L’année dernière, au stade, j’ai par-tagé avec tous ceux qui étaient pré-sents quelques réflexions que j’aime-rais rappeler aujourd’hui — p a rc equ’il est toujours bon de rappeler lamémoire —: l’identité du Renouveaucharismatique catholique, à partir delaquelle est née l’association du Re-nouveau dans l’Esprit. Je le feraiavec les paroles du cardinal Léon-Joseph Suenens, grand protecteurdu Renouveau charismatique, telqu’il le décrit dans le second livre deses mémoires. Tout d’abord, il rap-pelle en ce lieu la figure extraordi-naire d’une femme qui a beaucoupfait au début du Renouveau charis-matique; c’était sa collaboratrice, quijouissait aussi de la confiance et del’affection du Pape Paul VI. Je faisallusion à Veronica O’Brien: c’est el-le qui demanda au cardinal d’alleraux Etats-Unis voir ce qui se passait,pour voir de ses yeux ce qu’elleconsidérait comme l’œuvre de l’Es-prit Saint. C’est ainsi que le cardinalSuenens connut le Renouveau cha-rismatique, qu’il définit comme un«flot de grâce» et il a été la person-ne clé pour le garder dans l’Eglise.Le Pape Paul VI, lors de la messe dulundi de Pentecôte en 1975, le remer-cia par ces mots: «Au nom du Sei-gneur, je vous remercie d’avoir ap-porté le Renouveau charismatiquedans le cœur de l’Eglise». Il nes’agit pas d’une nouveauté datantd’il y a quelques années, le Renou-veau charismatique possède cettelongue histoire et dans l’homélie decette Messe, le cardinal déclara:«Puisse le Renouveau charismatiquedisparaître en tant que tel et setransformer en une grâce de Pente-côte pour toute l’Eglise: pour être fi-dèle à son origine, le fleuve doit seperdre dans l’océan». Le fleuve doitse perdre dans l’océan. Oui, si lefleuve s’arrête, l’eau croupit; si leRenouveau, ce courant de grâce, nefinit pas dans l’océan de Dieu, dansl’amour de Dieu, il travaille pourlui-même et cela ne vient pas de Jé-sus Christ, cela vient du malin, dupère du mensonge. Le Renouveauva, vient de Dieu et va à Dieu.

Le Pape Paul VI l’a béni pour ce-la. Le cardinal poursuit en disant:«L’erreur première à éviter est celled’inclure le Renouveau charisma-tique dans la catégorie des mouve-ments. Ce n’est pas un mouvementspécifique, le Renouveau n’est pas

un mouvement au sens sociologiquecommun, il n’a pas de fondateurs, iln’est pas homogène et il inclut unegrande variété de réalités, c’est uncourant de grâce, un souffle rénova-teur de l’Esprit pour tous les mem-bres de l’Eglise, laïcs, religieux, prê-tres et évêques. C’est un défi pournous tous. On ne fait pas partie duRenouveau; c’est plutôt le Renou-veau qui devient une partie de nous,à condition que nous acceptions lagrâce qu’il nous offre». Ici, le cardi-nal Suenens parle de l’œuvre souve-raine de l’Esprit qui, sans fondateurshumains, suscita ce courant de grâceen 1967. Des hommes et des femmesrenouvelés qui, après avoir reçu lagrâce du baptême dans l’Esprit,comme fruit de cette grâce, ont don-né vie à des associations, des com-munautés d’alliance, des écoles deformation, des écoles d’évangélisa-tion, des congrégations religieuses,des communautés œcuméniques, descommunautés d’aide aux pauvres etaux personnes dans le besoin.

Je me suis moi-même rendu dansla communauté de Kkottongnae,lors de mon voyage en Corée, et jeleur ai aussi rendu visite aux Philip-pines. Ce courant de grâce a deuxorganismes internationaux reconnuspar le Saint-Siège, qui sont à sonservice et au service de toutes ses ex-pressions dans le monde entier:«ICCRS» et «Fraternité catholique».Voilà un peu l’histoire, la racine.

Au stade, l’année dernière, j’aiparlé de l’unité dans la diversité. J’aidonné l’exemple de l’orchestre. DansEvangelii gaudium, j’ai parlé de lasphère et du polyèdre. Il ne suffitpas de parler d’unité, ce n’est pasn’importe quelle unité. Ce n’est pasune uniformité. Dit comme cela, onpeut le comprendre comme unitéd’une sphère où tous les points sontéquidistants du centre et il n’y a pasde différences entre un point et unautre. Le modèle est le polyèdre, cequi reflète la convergence de toutesles parties qui gardent dans celui-cileur originalité et tels sont les charis-mes, dans l’unité mais dans la diver-sité. Unité dans la diversité. La dis-tinction est importante parce quenous parlons de l’œuvre de l’EspritSaint, et non de la nôtre. Unité dansla diversité d’expression de la réalité,autant que l’Esprit Saint a voulu ensusciter. Il est aussi nécessaire derappeler que le tout, c’est-à-dire cet-te unité, est plus que la partie, et lapartie ne peut prétendre être le tout.On ne peut pas dire, par exemple:«Nous sommes le courant appeléRenouveau charismatique catholiqueet vous, non». On ne peut pas direcela. S’il vous plaît, frères, c’est ain-si, cela ne vient pas de l’Esprit; l’Es-prit Saint souffle où il veut, quand ilveut et comme il veut. Unité dans ladiversité et dans la vérité qui est Jé-sus lui-même. Quel est le signe com-mun à ceux qui sont nés une nou-velle fois de ce courant de grâce? Seconvertir en des hommes et des fem-mes nouveaux, tel est le baptêmedans l’Esprit. Je vous demande de li-re Jean 3, versets 7 et 8: Jésus à Ni-codème, la renaissance dans l’Esprit.

Il y a un autre point qu’il est im-portant de clarifier, dans ce courant

de grâce: ceux qui guident. Il existe,chers frères et sœurs, une grandetentation pour les responsables — jele répète, je préfère le terme de ser-viteurs, qui servent —; et cette tenta-tion pour les serviteurs vient du dé-mon, la tentation de se croire indis-pensables, quelle que soit la charge.Le démon les pousse à vouloir êtreceux qui commandent, ceux qui sontau centre et ainsi, pas à pas, ils glis-sent dans l’autoritarisme, dans leculte de la personnalité et ne laissentpas vivre les communautés renouve-lées dans l’Esprit. Cette tentationrend «éternelle» la position de ceuxqui se considèrent irremplaçables,une position qui revêt toujours unecertaine forme de pouvoir ou de do-mination sur les autres. C’est bienclair: seul l’Esprit Saint est irrempla-çable dans l’Eglise, et Jésus estl’unique Seigneur. Je vous le deman-de: qui est le seul qui soit irrempla-çable dans l’Eglise? [la place: l’Es-prit Saint!] Et qui est l’unique Sei-gneur? [la place: Jésus!]. Disons quele Seigneur Jésus est le Seigneur, lo-uons Jésus, fort! Jésus est le Sei-

gneur! Il n’y en a pas d’autres. Ence sens, il y a eu des affaires tristes.Il faut instaurer une limite aux char-ges qui, en réalité, sont des services.Un service important des responsa-bles, des responsables laïcs, est defaire grandir, mûrir spirituellementet pastoralement ceux qui prendrontleur place à la fin de leur service. Ilest nécessaire que tous les servicesdans l’Eglise aient une échéance, iln’y a pas de responsables à vie dansl’Eglise. Cela se produit dans cer-tains pays où existe la dictature.«Apprenez de moi qui suis doux ethumble de cœur», dit Jésus. Cettetentation, qui vient du diable, te faitpasser de serviteur à patron, tu t’ap-propries cette communauté, ce grou-pe. Cette tentation te fait aussi glis-ser dans la vanité. Et il y a beau-coup de personnes — nous avons en-tendu ces deux témoignages, ducouple et celle d’Ugo — tant de ten-tations poussent à faire souffrir lacommunauté et empêchent de fairele bien, et elles deviennent une orga-nisation qui ressemble à une ONG; etle pouvoir nous conduit — excusez-moi, mais je le dis: combien de res-ponsables deviennent des paons? —le pouvoir conduit à la vanité! Etpuis tu te sens capable de faire n’im-porte quoi, tu peux glisser dans lesaffaires parce que le diable entre

toujours par le portefeuille: c’est laporte d’entrée.

Pour les fondateurs qui ont reçude l’Esprit Saint le charisme de fon-dation, c’est autre chose. Ceux-ci,pour l’avoir reçu, ont l’obligationd’en prendre soin en le faisant mûrirdans leurs communautés et associa-tions. Les fondateurs le restent à vie,c’est-à-dire que ce sont ceux qui ins-pirent, qui donnent de l’inspiration,mais ils laissent les choses se faire.J’ai connu à Buenos Aires un bonfondateur qui, à un certain point, estdevenu spontanément l’assesseur, etil laissait les autres être les responsa-bles.

Ce courant de grâce nous poussevers l’avant dans un cheminementd’Eglise qui, en Italie, a donnéb eaucoup de fruits, je vous en re-mercie. Je vous encourage à avancer.Je demande votre importante contri-bution en particulier pour vous en-gager à partager avec tous, dansl’Eglise, le baptême que vous avezreçu. Vous avez vécu cette expérien-ce, partagez-la dans l’Eglise. Et tel

est le service très important, le plusimportant que l’on puisse donner àtout le monde dans l’Eglise. Aider lepeuple de Dieu dans la rencontrepersonnelle avec Jésus Christ, quinous transforme en hommes et fem-mes nouveaux, dans des petits grou-pes, humbles mais efficaces parceque c’est l’Esprit qui œuvre. N’ayezpas tant à l’esprit d’organiser degrands rassemblements qui souventse terminent là, mais plutôt des rela-tions «artisanales», qui découlent dutémoignage, en famille, au travail,dans la vie sociale, dans les parois-ses, dans les groupes de prière, avectous! Et ici, je vous demande deprendre l’initiative de créer des liensde confiance et de coopération avecles évêques qui ont la responsabilitépastorale de guider le corps duChrist, y compris le Renouveau cha-rismatique. Commencez à prendredes initiatives nécessaires afin quetoutes les réalités charismatiques ita-liennes nées de ce courant de grâcepuissent s’unir par ces liens de con-fiance et de coopération directementavec leurs évêques, là où elles set ro u v e n t .

Il y a un autre signe fort de l’Es-prit dans le Renouveau charisma-tique: la recherche de l’unité ducorps du Christ. Vous, les charisma-tiques, avez une grâce spéciale pourprier et travailler pour l’unité des

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chrétiens, parce que le courant degrâce traverse toutes les Eglises chré-tiennes. L’unité des chrétiens estl’œuvre de l’Esprit Saint et nous de-vons prier ensemble. L’œcuménismespirituel, l’œcuménisme de la prière.«Mais, Père, puis-je prier avec unévangélique, avec un orthodoxe,avec un luthérien? — Tu le dois, tule dois! Vous avez reçu le mêmebaptême». Nous avons tous reçu lemême baptême, nous allons tous surla route de Jésus, nous voulons Jé-sus. Nous avons tous fait ces divi-sions dans l’histoire, pour de nom-breuses raisons, mais qui ne sont pasbonnes. Mais maintenant, nous noustrouvons au moment où l’Espritnous fait penser que ces divisions nevont pas, que ces divisions sont uncontre-témoignage, et nous devonstout faire pour aller de l’avantensemble: l’œcuménisme spirituel,l’œcuménisme de la prière, l’œcumé-nisme du travail, mais de la charitéensemble, l’œcuménisme de la lectu-re de la Bible ensemble… Allerensemble vers l’unité. «Mais, Père,pour cela nous devons signer un do-cument? — Mais laisse-toi pousserpar l’Esprit Saint, prie, travaille, ai-me et puis l’Esprit fera le reste!».

Ce courant de grâce traverse tou-tes les confessions chrétiennes, noustous qui croyons dans le Christ.L’unité avant tout dans la prière. Letravail pour l’unité des chrétienscommence par la prière. Prierensemble.

Unité, parce que le sang des mar-tyrs d’a u j o u rd ’hui fait que noussommes un. Il y a l’œcuménisme dusang. Nous savons que quand ceuxqui haïssent Jésus Christ tuent unchrétien, avant de le tuer, ils ne luidemandent pas: «Mais es-tu luthé-rien, es-tu orthodoxe, es-tu évangé-lique, es-tu baptiste, es-tu méthodis-te?» Tu es chrétien! Et ils lui cou-pent la tête. Il ne confondent pas,ils savent qu’il y a une racine, là, quinous donne vie à tous et qui s’app el-le Jésus Christ, et qu’il y a l’EspritSaint qui nous conduit à l’unité!Ceux qui haïssent Jésus Christ, gui-dés par le malin, ne se trompent pas,ils savent et c’est pour cela qu’ilstuent sans poser de questions.

Et c’est quelque chose que je vousconfie, peut-être vous ai-je déjà ra-conté cela, mais c’est une histoirevraie. C’est une histoire vraie. Dansune ville d’Allemagne, à Hambourg,il y avait un curé de paroisse quiétudiait des écrits pour faire avancerla cause de béatification d’un prêtretué par le nazisme, guillotiné. Lemotif? Il enseignait le catéchismeaux enfants. Et tout en étudiant, il adécouvert qu’après lui, cinq minutesaprès, un pasteur luthérien avait étéguillotiné pour le même motif. Etleur sang à tous les deux s’est mêlé:tous les deux martyrs, tous les deuxmartyrs. C’est l’œcuménisme dusang. Si l’ennemi nous unit dans lamort, qui sommes-nous pour nousdiviser dans la vie? Laissons entrerl’Esprit, prions pour avancer tousensemble. «Mais il y a des différen-ces!». Laissons-les de côté, marchonsavec ce que nous avons en commun,et qui est suffisant: il y a la SainteTrinité, il y a le baptême. Avançons,avec la force de l’Esprit Saint.

Il y a quelques mois, il y a eu cesvingt-trois Egyptiens coptes qui ontaussi été égorgés sur une plage deLibye; et à ce moment-là, ils pro-nonçaient le nom de Jésus. «Mais ils

ne sont pas catholiques…». Mais ilssont chrétiens, ce sont des frères, cesont nos martyrs! L’œcuménisme dusang. Il y a cinquante ans, le bien-heureux Paul VI, lors de la canonisa-tion des jeunes martyrs d’O uganda,s’est référé au fait que pour la mêmeraison, leurs compagnons catéchistesanglicans avaient aussi versé leursang. C’étaient des chrétiens,c’étaient des martyrs. Excusez-moi,ne vous scandalisez pas, ce sont nosmartyrs! Parce qu’ils ont donné leurvie pour le Christ et cela est l’œcu-ménisme du sang. Prier en faisantmémoire de nos martyrs communs.

Unité dans le travail pour les pau-vres et les personnes dans le besoin,qui ont aussi besoin du baptêmedans l’Esprit Saint. Il serait trèsbeau d’organiser des séminaires devie dans l’Esprit, avec d’autres réali-tés charismatiques chrétiennes, pournos frères et sœurs qui vivent dansla rue: eux aussi, portent en euxl’Esprit qui pousse pour que quel-qu’un ouvre tout grand la porte del’e x t é r i e u r.

Il ne pleut plus, semble-t-il. Lachaleur est passée. Le Seigneur estbon, avant, il nous donne la chaleur,et puis une belle douche! Il est avecnous. Laissez-vous guider par l’Es-prit Saint, par ce courant de grâcequi avance et qui cherche toujoursl’unité. Personne n’est le patron. Unseul Seigneur. Qui est-ce? [les fidè-les répondent: Jésus!] Jésus est leSeigneur! Je vous rappelle: le Re-nouveau charismatique est une grâcede Pentecôte pour toute l’Eglise.

D’accord? [les fidèles: Oui!] Si quel-qu’un n’est pas d’accord, qu’il lèvela main!

L’unité dans la diversité de l’Es-prit, pas n’importe quelle unité, lasphère et le polyèdre, souvenez-vousbien de cela. L’expérience communedu baptême de l’Esprit Saint et lelien fraternel et direct avec l’évêquediocésain, parce que le tout est plusque la partie. Ensuite, unité ducorps du Christ: prier avec les autres

chrétiens, travailler avec les autreschrétiens pour les pauvres et les per-sonnes démunies. Nous avons tousle même baptême. Organiser des sé-minaires de vie dans l’Esprit pournos frères qui vivent dans la rue, etaussi pour nos frères marginaliséspar toutes les souffrances de la vie.Je me permets de rappeler le témoi-gnage d’Ugo. Le Seigneur l’a appeléprécisément parce que l’Esprit Saintlui a fait voir la joie de suivre Jésus.Organiser des séminaires de vie dansl’Esprit Saint pour les personnes quivivent dans la rue.

Et puis, si le Seigneur nous prêtevie, je vous attends tous ensemble àla rencontre de l’ICCRS et de la Fra-ternité catholique qu’ils sont déjà entrain d’organiser, vous tous et tousceux qui veulent venir à la Pentecôte2017 — ce n’est pas très loin! — ici,place Saint-Pierre, pour célébrer lejubilé d’or de ce courant de grâce.Une chance pour l’Eglise, comme l’adit le bienheureux Paul VI dans labasilique Saint-Pierre, en 1975. Nousnous réunirons pour rendre grâce àl’Esprit Saint pour le don de ce cou-rant de grâce qui est pour l’Eglise etpour le monde, et pour célébrer lesmerveilles que l’Esprit Saint a faitesau cours de ces cinquante dernièresannées, en changeant la vie de mil-lions de chrétiens.

Encore merci d’avoir réponduavec joie à mon invitation. Que Jé-sus vous bénisse et que la SainteVierge vous protège. Et s’il vousplaît, n’oubliez pas de prier pourmoi, parce que j’en ai besoin, merci!

Propositions des mouvements populaires aux maires du monde

Un décalogue pour bâtir des villes nouvellesMAU R I Z I O FO N TA N A

Dix propositions pour construiredes villes nouvelles, sans esclaves niexclus. Telle est la sollicitation queles représentants des mouvementspopulaires ont adressée aux mairesprovenant d’une soixantaine de vil-les du monde entier, qui se sontréunis ces derniers jours au Vaticanà l’initiative de l’Académie pontifi-cale des sciences sociales. Le sym-posium a conduit à une déclarationcommune d’intentions qui trouverasa définition officielle en septembre,au siège des Nations unies: une al-liance urbaine pour le développe-ment durable des villes et la luttecontre les formes modernes d’escla-vage. Cet engagement a été soutenuégalement par le message des mou-vements populaires. Il a été lu parCharo Castelló, du Mouvementmondial des travailleurs chrétiens,qui a rappelé que dans toute agglo-mération urbaine, «deux villes co-existent». Il faut bien lire: «coexis-tent» et non pas «vivent côte à cô-te», «parce que l’une écrase l’au-tre». Une image dans laquelle sereflète la triste réalité de personnescontraintes d’abandonner leurscampagnes à cause des change-ments climatiques et des catastro-phes liées à l’environnement, deshommes et des femmes écartés dumarché du travail, jetés dans les pé-riphéries comme des déchets hu-mains et en proie aux pires formesde précarité et d’exploitation. Pourindiquer des éléments de réponseconcrète, les mouvements populai-

res ont fait référence à leur récenteLettre de Santa Cruz, la résolutionfinale issue de la deuxième rencon-tre mondiale, qui s’est déroulée enBolivie du 7 au 9 juillet à l’o ccasionde la visite du Pape François. Com-me pour ce document remis auSouverain Pontife, l’appel adresséaux maires est lui aussi composé dedix points. Avant tout, il est suggé-ré au pouvoir politique d’«écouterle cri des pauvres», qui, bienqu’étant la majorité, n’accèdent ja-mais aux charges publiques. Aulieu de réprimer les protestations,que l’on pense à des mécanismes deconsultation et de participation.Deuxièmement, donner la prioritéaux périphéries, en investissantdans des infrastructures adéquatesen vue de garantir les droits fonda-mentaux qui sont en revanche tropsouvent niés: eau, nettoyage urbain,routes, illumination, espaces collec-tifs.

Troisièmement, que l’on trouveun toit pour tous: «C’est un scan-dale — affirment les mouvementspopulaires — qu’il y ait des famillessans maison et des maisons sans fa-mille». Figure ensuite un appel enfaveur de l’hospitalité aux migrantset aux réfugiés, parce qu’«être unmigrant n’est pas un crime: ce quiest criminel, ce sont les causes quiobligent une personne à émigrer».Cinquièmement: l’engagement envue de transports publics efficaceset écologiques.

Et encore: donner une reconnais-sance à l’économie populaire et en-courager les entreprises de recycla-ge. Huitièmement: garantir une vé-

ritable intégration entre campagneet ville, parce que «la traite senourrit également du déracinementrural», tandis que la production denourriture saine est un bien pourtous. Et cet aspect rentre égalementdans le point suivant, qui peut serésumer à la recherche d’un vérita-ble changement culturel. Les mou-vements populaires l’app ellent«culture populaire écologique». Etils utilisent le terme «écologie»dans son sens large et intégral, af-firmé par le Pape dans Laudato si’:environnement et humanité sont untout, c’est pourquoi il faut limiter«le consumérisme» et soutenir une«culture de la solidarité».

Enfin, au point numéro dix, setrouve un autre des enseignementsrécurrents de François: l’attentionprivilégiée aux enfants et aux per-sonnes âgées, principales victimesde la culture du rebut.

La dernière exhortation aux mai-res, hors décalogue, résume l’espritde l’intervention des mouvementspopulaires: «Nous vous demandonsune vocation au service, au coura-ge, à l’engagement financier pourles exclus. Sans exclusion, il n’y apas d’esclavage». Comme l’a dit lePape lui-même aux mouvementspopulaires en Bolivie, il faut «unchangement de structures» poursurmonter un modèle économiqueet social «qui exclut, dégrade ettue», et avec l’objectif d’identifierune alternative humaine à la mon-dialisation qui exclut», en élaborantun programme social fondé sur lafraternité et la justice.

numéro 31, jeudi 30 juillet 2015 L’OSSERVATORE ROMANO pages 8/9

Le Pape intervient à la rencontre sur les changements climatiques et les esclavages modernes

Ecologie totale

Prendre soin de l’environnement est ungeste d’écologie humaine. C’est ce qu’aaffirmé le Pape François aux mairesréunis dans l’aula nuova du synode dansl’après-midi du 21 juillet, durant larencontre sur le thème «Modern Slaveryand Climate Change: the Commitment ofthe Cities», organisé par l’Ac a d é m i epontificale des sciences sociales pourdiscuter de la crise du climat et desnouvelles formes d’esclavage. Le SouverainPontife a prononcé un discours improviséen langue espagnole, dont nous publionsla traduction. Parmi les personnesprésentes, plus d’une soixantaine de mairesprovenant du monde entier, le cardinalMontenegro, le cardinal Hummes, S.Exc.Mgr Gallagher, secrétaire pour lesrelations avec les Etats, Mgr SánchezSorondo, chancelier de l’Ac a d é m i epontificale des sciences sociales, et MgrWells, assesseur de la secrétairerie d’Etat.A l’issue de la rencontre, le Pape a signéla déclaration finale.Je me permets de parler en espagnol.Bonsoir, bienvenue.Je vous remercie sincèrement de toutcœur pour le travail que vous avez ac-compli. Il est vrai que tout tournait au-tour du thème de la préservation del’environnement, de cette culture de lapréservation de l’environnement, néan-moins cette culture de la préservationde l’environnement n’est pas unique-ment un comportement — je le dis dansle vrai sens du terme — «vert», c’estbien davantage. Prendre soin de l’envi-ronnement signifie avoir une attituded’écologie humaine. C’est-à-dire quenous ne pouvons pas dire que la per-sonne se trouve ici et que la création,l’environnement, se trouvent là. L’éco-logie est totale, elle est humaine. Etc’est ce que j’ai voulu exprimer dansl’encyclique Laudato si’: que l’on nepeut séparer l’homme du reste; il existeune relation qui influence de manièreréciproque, que ce soit celle de l’envi-ronnement sur la personne ou celle dela personne selon la manière dont elletraite l’environnement; et également del’effet rebond pour l’homme lorsquel’environnement est maltraité. C’estpourquoi à une question que l’on m’aposée, j’ai répondu: «Non, ce n’est pasune encyclique “verte”, c’est une ency-clique sociale». Car dans la société,dans la vie sociale de l’homme, nous nepouvons pas faire abstraction de la pré-servation de l’environnement. De plus,la préservation de l’environnement estun comportement social, qui nous so-cialise dans un sens ou dans un autre —chacun peut lui donner la valeur qu’ilsouhaite — et qui d’un autre côté nousfait recevoir — j’aime l’expression ita-lienne, lorsqu’il est question de l’envi-ronnement —, de la Création, de ce quinous a été offert en don, c’e s t - à - d i rel’e n v i ro n n e m e n t .

D’un autre côté, pourquoi cette invi-tation, qui me semble être une idée del’Académie pontificale des sciences, deMgr Sánchez Sorondo, très féconde,d’inviter les maires des grandes villes etdes moins grandes, de les inviter icipour parler de cela? Parce que l’unedes choses que l’on remarque le pluslorsque l’on ne prend pas soin de l’en-vironnement est la croissance démesu-rée des villes. C’est un phénomènemondial. C’est comme si les têtes, lesgrandes villes, se faisaient grandes,

mais à chaque fois avec des cordons depauvreté et de misère plus grands, oùles gens souffrent des effets de la négli-gence de l’environnement. C’est dansce sens que le phénomène migratoireest impliqué. Pourquoi les gens vont-ilsdans les grandes villes, dans les cor-dons des grandes villes — «villas mise-ria», les baraques, les favelas? Pourquoifont-ils cela? Simplement parce que lemonde rural ne leur donne pas d’op-portunité. Et là réside un point présentdans l’encyclique — et avec beaucoupde respect, mais cela doit être dénoncénéanmoins —, l’idolâtrie de la techno-cratie. La technocratie conduit à détrui-re le travail, elle crée du chômage. Lesphénomènes de chômage sont très im-portants et les personnes sont contrain-tes à émigrer, à la recherche de nou-veaux horizons. Le grand nombre dechômeurs est alarmant. Je n’ai pas lesstatistiques, mais dans certains paysd’Europe, surtout chez les jeunes, lechômage des jeunes — des moins de 25ans — dépasse les 40% et dans certainspays, l’on arrive à 50%. Entre les 40, 47— je pense à d’autres pays — et les 50%.Je pense à d’autres statistiques sérieusesdonnées par les chefs de gouvernement,par les chefs d’Etat directement. Et sil’on projette cela dans l’avenir, nousvoyons un fantôme, en d’autres termesquel avenir une jeunesse au chômagepeut-elle envisager aujourd’hui. Quereste-t-il à cette jeunesse: ou bien lesdépendances, l’ennui, le fait de ne passavoir quoi faire de leur vie — une vieprivée de sens, très dure, le suicide desjeunes — les statistiques de suicide chezles jeunes n’ont pas encore été publiéesdans leur totalité — ou la recherched’autres horizons, dans des projets deguérilla également, d’un idéal de vie.

D’un autre côté, la santé est en jeu.La quantité de «maladies rares», c’estainsi qu’on les appelle, qui proviennentde nombreux éléments utilisés pour fer-tiliser les champs — ou allons savoir,l’on ne connaît pas encore bien la cause— mais qui, quoi qu’il en soit, résultent

d’un excès de technicisation. Parmi lesplus grands problèmes en jeu, il y aceux de l’oxygène et de l’eau. C’est-à-dire la désertification de grandes zonespour la déforestation. J’ai à côté de moile cardinal-archevêque chargé de l’Ama-zonie brésilienne, qui peut dire ce quesignifie une déforestation aujourd’huien Amazonie, qui est le poumon dumonde. Le Congo, l’Amazonie sont lesgrands poumons du monde. La défo-restation dans ma patrie depuis quel-

ques années... il y a 8, 9 ans, je me rap-pelle que le gouvernement fédéral a faitun procès dans une province pourstopper la déforestation qui frappait lap opulation.

Que se passe-t-il lorsque tous cesphénomènes de technicisation excessi-ve, sans préservation de l’e n v i ro n n e -ment, au-delà des phénomènes natu-rels, incident sur la migration? Ne pasavoir de travail et puis la traite des per-sonnes. Le travail au noir est de plus

en plus fréquent, c’est un travail sanscontrat, un travail «organisé sous la ta-ble». Comme il s’est accru! Le travailau noir est très répandu, et cela signifiequ’une personne ne gagne pas suffi-samment pour vivre. Cela peut provo-quer des délits, tout ce qui se produitdans une grande ville à cause de cesmigrations provoquées par la technici-sation excessive. Je me réfère surtout àl’environnement agricole et aussi à latraite des personnes dans le travail mi-nier. L’esclavage minier est répandu etimportant. Et cela signifie l’utilisationde certains éléments de traitement desminéraux — arsenic, cyanure... — quiprovoquent des maladies à la popula-tion. En cela, il y a une très grande res-ponsabilité. Tout rebondit, tout revienten arrière, tout... C’est l’effet rebondcontre la même personne. Cela peutêtre la traite des êtres humains pour letravail esclavagiste, la prostitution, quisont sources de travail, pour pouvoirsurvivre aujourd’hui.

C’est pourquoi je suis content quevous ayez réfléchi à ces phénomènes —j’en ai mentionné quelques-uns, pasplus — qui frappent les grandes villes.Je dirais en fin de compte que les Na-tions unies devraient s’occuper de cela.Je place beaucoup d’espoir dans lesommet de Paris de novembre pro-chain: que l’on arrive à un accord fon-damental et de base. J’ai beaucoupd’espoir. Toutefois, les Nations uniesdoivent s’intéresser avec beaucoup deforce à ce phénomène, surtout de latraite des personnes provoquée par cephénomène environnemental, l’exploi-tation des gens.

J’ai reçu il y a quelques mois une dé-légation de femmes des Nations unies,chargées du problème de l’exploitationsexuelle des enfants dans les pays enguerre. Les enfants comme objet d’ex-

ploitation. C’est un autre phénomène.Et les guerres sont aussi un élément dedéséquilibre de l’e n v i ro n n e m e n t .

Je voudrais enfin terminer avec uneréflexion, qui n’est pas la mienne, maiscelle du théologien et philosophe Ro-mano Guardini, qui parle des deux for-mes d’«inculture»: l’inculture que Dieunous a laissée, afin que nous la trans-formions en culture, et pour cela ilnous a donné la mission de prendresoin, de faire grandir et de dominer laterre; et la seconde inculture, lorsquel’homme ne respecte pas cette relationavec la terre, n’en prend pas soin —c’est très clair dans le récit biblique, quiest une littérature de type mystique.Quand il n’en prend pas soin, l’hommes’empare de cette culture et commenceà la faire dévier. En d’autres termes,l’inculture: il la fait dévier, en perd lecontrôle et donne lieu à une secondeforme d’inculture: l’énergie atomiqueest bonne, elle peut aider. Jusque làtout va bien, mais pensons à Hiroshimaet à Nagasaki. C’est-à-dire que l’on créele désastre et la destruction, pour pren-dre un vieil exemple. Aujourd’hui, danstoutes les formes d’inculture, commecelles que nous avons traitées, cette se-conde forme est celle qui détruit l’hom-me. Un rabbin du Moyen Age, plus oumoins de l’époque de saint Thomasd’Aquin — sans doute quelqu’un mel’a-t-il déjà entendu dire — expliquaitdans un «midrash» le problème de laTour de Babel à ses «paroissiens» dansla synagogue et disait que pour cons-truire la Tour de Babel, il avait fallubeaucoup de temps et beaucoup de tra-vail, surtout pour réaliser les briques. Ilfallait préparer la boue, chercher lapaille, en faire des blocs, les couper, lesfaire sécher, puis les mettre au four, les

Rendez-vous au Palais de verre à New York

Une alliance urbaine pourun développement durable

Des maires du monde entier se réunissent au Vatican

Protéger l’environnement et la vie

SI LV I N A PÉREZ

De la Cité du Vatican à New York:l’alliance urbaine des maires pour ledéveloppement durable est née. Lebaptême officiel aura lieu aux Nationsunies le 24 septembre prochain, la

veille de la visite du Pape François auPalais de verre. Tel est le résultat prin-cipal des deux journées qui ont eulieu les 21 et 22 juillet, à l’initiative del’Académie pontificale des sciences so-ciales, en vue d’identifier des réponsesadéquates à la dégradation de l’envi-ronnement et aux phénomènes d’ex-ploitation de l’être humain qui y sontliés.Au terme de la première journée destravaux, le mardi 21 juillet, les mairesprésents au Vatican pour discuter dutrafic d’êtres humains et de la protec-tion de l’environnement ont signé undocument de conclusion qui engageles signataires à un contrôle «coura-geux» en vue de la sauvegarde de lacréation et en faveur des personnes leplus dans le besoin.

L’intention des administrateurs lo-caux de rendre les villes plus inclusi-ves, sûres, et écologiques, et de com-battre les nouvelles formes d’esclavagea été le premier résultat de ce som-met. Il s’agit d’une déclaration quirassemble l’écologie pour l’e n v i ro n n e -ment et l’écologie humaine. Françoisa par ailleurs demandé aux mairesd’être des «semeurs de changement».

En ouvrant les travaux de ladeuxième journée des travaux, le di-recteur du réseau sur le développe-ment durable des Nations unies, M.Jeffrey Sachs, a souligné l’engagementdu Palais de verre. Pour la prochaineassemblée générale de septembre, a-t-il dit, «ont été fixés dix-sept objectifsconcrets et réalisables, parmi lesquels:mettre fin à la pauvreté extrême, ga-rantir des soins et l’accès à l’i n s t ru c -tion secondaire pour tous, contrôlerles changements climatiques en par-

NICOLA GORI

L’air qui devient irrespirable à cause de la pollution et les es-paces verts qui laissent la place à la désertification; la chaleurqui devient insupportable et qui est suivie d’orages qui sem-blent des tempêtes. Tels sont certains des signes d’une dégra-dation évidente et progressive de l’environnement. Mais onne met pas toujours en évidence qu’aux transformations duclimat sont liés des phénomènes comme les migrations quiexposent des millions de personnes au risque de tomber dansles mailles des trafiquants d’êtres humains. C’est précisémentle lien entre changements climatiques et esclavage modernequi est au centre de la rencontre qui, le mardi 21 juillet, aréuni au Vatican, dans l’aula nuova du synode, des mairesprovenant de tous les continents.

Une rencontre qui possède un écho mondial, parce quepour la première fois, se confrontent sur ce thème plus desoixante premiers citoyens de toute la planète: de ceux desmégalopoles sud-américaines, comme Buenos Aires, Mexico,Rio de Janeiro, São Paulo et Bogotá, à ceux de villes euro-péennes comme Rome, Bologne, Florence, Madrid, Man-chester, Milan, Paris, Stockholm et Cracovie; du maire d’uneville multiethnique comme Johannesbourg à celui d’une capi-tale du Moyen-Orient chargée d’histoire comme Téhéran; desreprésentants de métropoles modernes des Etats-Unis (NewYork, La Nouvelle-Orléans, San Francisco et Seattle) jusqu’àla première citoyenne de Lampedusa, petite île, mais au cen-tre des grandes routes migratoires.

Il s’agit de problématiques mondiales, qui frappent tout le

monde, sans distinctions, des capitales du nord à celles dusud, des plus développées à celles qui ne le sont pas encore.Qui d’autre, donc, mieux que les maires, qui sont davantageen contact direct avec les personnes, peut faire quelque chosepour changer cette situation? Telle est la conviction de l’Aca-démie pontificale des sciences sociales qui a organisé la ren-contre, à laquelle a également participé le Pape François dansl’après-midi du mardi. C’est aussi la conviction du chancelier,S.Exc. Mgr Sánchez Sorondo, qui en souhaitant la bienvenueaux participants, a rappelé que l’encyclique fait référence auxeffets des changements climatiques qui se répercutent sur lespopulations les plus désavantagées. Le prélat a fait remarquerque ce sont précisément les maires, les gouvernants qui sontles plus proches des gens. Et, étant donné que la plupart del’humanité se concentre dans les zones urbaines, avec unetendance destinée à augmenter, les villes et leurs habitantspeuvent jouer un rôle fondamental pour le bien commun. Ilexiste ensuite, a-t-il expliqué, un lien entre environnementnaturel et environnement humain. En effet, le réchauffementmondial est facteur de pauvreté et de migrations forcées, ter-rain fertile à la traite des êtres humains, le travail d’esclave, laprostitution et le trafic d’organes. En présentant la rencontre,Mgr Sánchez Sorondo a rappelé que plus de trente millionsde personnes sont actuellement victimes de l’esclavage mo-derne, comme marchandise d’échange générant un chiffred’affaires atteignant 150 milliards de dollars par an. Le prélata ensuite souligné que les pauvres et les exclus influent de fa-

SUITE À LA PA G E 10

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page 10 L’OSSERVATORE ROMANO jeudi 30 juillet 2015, numéro 31

Intervention du Pape

cuir... Une brique était un bijou, elleavait énormément de valeur. Et ilsmontaient la brique pour la mettresur la tour. Lorsqu’une brique tom-bait, c’était un problème très graveet le coupable, celui qui avait négli-gé le travail et avait laissé tomber labrique, était puni. Lorsque tombaitun ouvrier, l’un de ceux qui travail-laient à la construction, ce n’étaitpas grave. Tel est le drame de la se-conde forme d’inculture: l’hommecréateur d’inculture et non de cultu-re; l’homme créateur d’inculture caril ne prend pas soin de l’e n v i ro n n e -ment.

Et pourquoi cette invitation del’Académie pontificale des sciencesaux maires des villes? Parce que, mê-me si cette conscience sort du centrevers les périphéries, le travail le plussérieux et le plus profond se fait despériphéries vers le centre, c’e s t - à - d i rede vous vers la conscience de l’hu-manité. Le Saint-Siège, ou tel ou telpays, pourra faire un beau discoursaux Nations unies, mais si le travail

SUITE DE LA PA G E 8

Rencontre des maires au Vatican

çon minimale sur les altérations duclimat, mais sont ceux qui sont leplus exposés aux changements clima-tiques provoqués par l’homme. Lechancelier a ensuite souligné que lePape a adopté une position fermecontre l’esclavage moderne, et qu’il ainvité à plusieurs reprises à rejetertoute forme de privation de la libertépersonnelle ou d’une partie du corpsà des fins d’exploitation. L’évêque aégalement rappelé la date du 2 dé-cembre 2014, lorsque le Pape et lesresponsables des religions musulma-ne, hindouiste, bouddhiste et juiveont signé, à la Casina Pie I V, une dé-claration commune contre l’esclavagemoderne pour réaffirmer l’engage-ment en vue d’œuvrer ensemble, tantpour éliminer ce crime contre l’huma-nité que pour redonner leur dignitéet leur liberté aux victimes. Le 28avril également, au cours d’une ren-contre, toujours à la Casina Pie I V, lesAcadémies pontificales, avec l’ONU etles responsables religieux, se sont en-gagées à affronter ces deux urgencesmondiales.

Le prélat a également présenté lescardinaux Francesco Montenegro,archevêque d’Agrigente, en premièreligne dans l’accueil des immigrés, etCláudio Hummes, préfet émérite dela Congrégation pour le clergé, en-gagé en faveur de la protection despopulations d’Amazonie.

Mme Valeria Mazza a ensuite prisla parole, en introduisant les travauxet en exprimant l’intention communed’aider le Pape François dans sonprogramme visant à déraciner lesnouvelles formes d’esclavage etd’améliorer la crise climatique. Toutesdeux conséquences d’activités humai-nes irresponsables. En tant que fem-me, mère, épouse et citoyenne, elles’est dite convaincue qu’il s’agit réel-lement d’urgences de notre universmondialisé que nous sommes morale-ment obligés de changer, et qu’au-j o u rd ’hui, nous avons tous les mo-

yens de le faire. La présidente del’Académie pontificale des sciences,Mme Margaret Archer, a ensuite re-lancé l’importance de l’intégrationdans la société des victimes de la trai-te, sans discriminations, et même enoffrant un programme de réinsertiondans chaque pays qui prévoit une as-sistance médicale, l’enseignement dela langue, un accès à la formationprofessionnelle, un logement, en utili-sant au maximum les associations deb énévolat.

La présidente a également souli-gné qu’il est opportun d’encouragerceux qui ont été aidés à sortir del’esclavage de la traite, pour qu’ilssoutiennent ceux qui en sont encorevictimes.

Puis a eu lieu le témoignage directdes maires qui, entre autres, ont an-noncé des mesures pour limiter lesdégâts des changements climatiques:comme celle proposée par Bill deBlasio, de New York, qui a fixécomme objectif intermédiaire la ré-duction de 40% d’ici 2030 des émis-sions des gaz à effet de serre. Legouverneur de Californie, M. JerryBrown, a également dénoncé le faitque ceux qui nient la réalité du ré-chauffement planétaire bombardentl’opinion publique à travers la pro-pagande et en mettant des person-nes malléables à des postes de res-ponsabilité, au lieu de véritables ex-perts en matière d’e n v i ro n n e m e n t .La maire de Madrid, Mme ManuelaCarmena, a parlé de la nécessitéd’une classe politique qui soit unexemple pour la société et a déclaréque la lutte pour les droits humainspasse également à travers la luttecontre la corruption.

Pour poursuivre le discours d’in-troduction, un autre rendez-vous aeu lieu dans la matinée du mercredi22 juillet, à la Casina Pie I V, organiséen collaboration avec les Nationsunies sur le thème: Prosperity, peo-ple, and planet: achieving sustaina-ble development in our cities».

SUITE DE LA PA G E 8

ne part pas des périphéries vers lecentre, il n’a pas d’effet. D’où la res-ponsabilité des maires des villes.

C’est pour cela que je vous remer-cie vraiment beaucoup de vous êtreréunis comme périphéries qui pren-nent très au sérieux ce problème.Chacun d’entre vous a dans sa villedes choses comme celles dont j’aiparlé et que vous devez gouverner,résoudre, et ainsi de suite. Je vousremercie de votre collaboration. MgrSánchez Sorondo m’a dit que beau-coup d’entre vous sont intervenus etque tout cela est très riche.

Je vous remercie et je demande auSeigneur qu’il nous donne la grâcede pouvoir prendre conscience de ceproblème de destruction que noussommes nous-mêmes en train de dé-velopper en ne prenant pas soin del’écologie humaine, en n’ayant pasde conscience écologique commecelle qui fut donnée au principepour transformer la première incul-ture en culture et s’arrêter là, et nepas transformer cette culture en in-culture. Un grand merci.

Prochain rendez-vous à New-YorkSUITE DE LA PA G E 8

tant des villes».Pour leur part, les maires ont ap-

porté le témoignage direct de leuractivité administrative et de leurschoix en matière de climat. «L’en-cyclique du Pape François — a ditmercredi matin Bill de Blasio, mai-re de New York — n’est pas un ap-pel aux armes, mais un appel à laraison. Nous sommes ici au-j o u rd ’hui pour le mettre en pra-tique; en tant que maires, nousavons plus d’instruments que ceque nous pensons. Si l’on ne s’ap-plique pas, alors on ne fait pas as-sez». Le maire de New York a éga-lement souligné la nécessité desusciter une pensée critique en ma-tière d’environnement: «Seule laperception qu’ont les personnes del’urgence de résoudre le problèmepourra nous sauver», a-t-il conclu.

Le gouverneur de la Californie,Jerry Brown, a parlé des initiativesentreprises dans son Etat, où ontété adoptées des normes plus ri-goureuses en ce qui concerne lecontrôle des émissions de gaz à ef-fet de serre. Jerry Brown a invitéses maires à ne pas être accommo-dants à l’égard des personnes quinient le réchauffement de la planè-te.

Le lien entre esclavage et chan-gements climatiques a été en revan-che au centre de l’intervention dumaire de Kochi, Tony Chammany:des années de sécheresse provoquéepar le réchauffement planétaire enInde ont poussé des millionsd’agriculteurs appauvris dans lesvilles, les transformant en victimesdes «obscurs seigneurs de l’esclava-ge et de l’exploitation».

Parmi les interventions, figuraitégalement celle de Giusi Nicolini,maire de Lampedusa, qui a rappeléle voyage du Pape sur l’île sicilien-ne, en soulignant que depuis cejour, l’Europe a ouvert les yeux surce problème, mais qu’elle n’a pasencore affronté la question des fluxmigratoires de façon adéquate.Mme Nicolini a défini «risible»l’accord européen sur la répartitiondes migrants dans les divers paysde l’Union.

«Le Pape François croit dans no-tre rôle et dans notre œuvre ànous, maires, et nous pousse dansle même temps à croire en nos po-tentialités, en nous appelant à assu-mer un engagement concret et desresponsabilités précises», a com-menté en marge des travaux le pré-sident de l’Association nationaledes communes italiennes, PieroFa s s i n o .

La déclaration souscrite par lesmaires — a commenté Eduardo Ac-castello, maire de Villa María, enArgentine — reconnaît l’orientationet l’autorité spirituelle du PapeFrançois, qui nous rappelle qu’«iln’y a pas de respect de soi et del’environnement s’il n’y a pas derespect pour les autres».

Après la rencontre de mardiaprès-midi dans la salle du Synodeavec le Pape, les plus de soixantemaires du monde entier se sont re-trouvés dans l’après-midi du mer-credi dans la Casina Pie I V, siègede l’Académie qui a organisé lesommet, pour un deuxième rendez-

vous, plus restreint, au cours du-quel ils ont tiré les conclusions enétablissant certains points centraux.De l’approfondissement du thèmedes travaux — «Villes durables: ren-forcer les peuples, faciliter la pros-périté et protéger la planète» — estnée une déclaration commune,dans laquelle les signataires s’enga-gent «à travailler au succès des ob-jectifs de développement dans lesvilles et dans les domaines respec-tifs de responsabilité, et à coopéreravec les autres dans le monde pouraider toutes les villes à respecter lesnouveaux objectifs avec succès» Acette fin, ils ont décidé de com-mencer immédiatement «à travail-ler ensemble» et à créer une coali-tion «entre villes au sein d’une Al-liance urbaine pour les objectifs dudéveloppement durable», qui «seraouverte, volontaire, et participati-ve». Il s’agit en pratique de formu-ler un «programme commun» pourparvenir à un «accord mondial»sur les objectifs de développement,dont le premier est la fin de lapauvreté extrême et de la faim.

Au cours des interventions de lajournée de mercredi, certains pre-miers citoyens ont mis l’accent pré-cisément sur la nécessité d’une ac-tion coordonnée. Après une intro-duction de l’économiste américainJeffrey Sachs, ont pris la parole lesmaires de Séoul (Corée du sud),Bogotá (Colombie), Gabororne(Botswana), Stockholm (Suède),Johannesbourg (Afrique du sud),San Francisco et La Nouvelle Or-léans (Etats-Unis d’Amérique) etPorto Allegre.

Tous ont décrit une situation so-cio-environnementale préoccupan-te. Selon Park Wonsoon, adminis-trateur de la capitale coréenne, en2014, près de vingt millions de per-sonnes ont été contraintes de fuirde leur maison à cause de catastro-phes naturelles. Des tremblementsde terre et des éruptions volcani-ques ont provoqué le déplacementforcé de 1,7 millions de personnes.La grande majorité des exodes aété provoquée par des catastrophesmétéorologiques, en particulier desouragans et des inondations.

A u j o u rd ’hui, lui a fait écho Ka-giso Thutlwe, maire de Gaborone,la probabilité pour une personned’être contrainte à se déplacer estde 60% plus élevée par rapport à1970 et les changements climatiquesprovoqueront des phénomènes tou-jours plus extrêmes. Ce sont desréalités qui n’épargneront pas lesrégions développées: au Japon, letyphon Halong en août 2014 a con-traint plus d’un demi-million depersonnes à abandonner leurs loge-ments.

«Le Pape François a fait appelaux maires afin qu’ils assument ladirection en vue de surmonter lescrises croissantes d’exclusion socia-le, de marginalisation, de dégrada-tion de l’environnement», affirmela déclaration. Par conséquent —poursuit-il — «nous, maires, et au-tres participants au Symposium,avons écouté cet appel. Nous re-connaissons les terribles menacesqui pèsent sur les futures généra-tions. Nous devons agir immédiate-ment», tel a été l’impératif en con-clusion.

numéro 31, jeudi 30 juillet 2015 L’OSSERVATORE ROMANO page 11

Congrégation pour les causes des saints

Promulgation de décrets

Intervention du Saint-Siège

La protectiondes droits des

personnes âgéesA notre époque, le nombre d’en-fants diminue tandis que le nom-bre de personnes âgées est en co-nstante augmentation. L’on estimequ’actuellement, au moins septcent millions de personnes — dixpour cent de la population mon-diale — ont plus de soixante ans,et en 2050, ce chiffre aura doublé.«Ce déséquilibre est un grand défipour la société contemporaine»,qu’il convient d’affronter dès àprésent, et surtout en ce qui con-cerne les systèmes de santé et laprévention sociale.

Tel est le point crucial de l’in-tervention de la délégation duSaint Siège aux Nations unies à la66e session de l’Open-Ended Wor-king Group on Ageing General Dis-cussion, le 21 juillet (le texte inté-gral est disponible sur le site denotre journal). La délégation «res-te engagée dans la promotion etdans la protection des droits del’homme et de la dignité de la per-sonne âgée, de même que dansl’élimination de toutes les formesde discrimination fondées surl’âge». Et cette discussion «estparticulièrement pertinente à uneépoque où la personne âgée estabandonnée, pas seulement dansl’instabilité matérielle, mais égale-ment du fait qu’elle est considéréecomme un poids pour la société.Comme l’a dit le Pape François,«il est cruel de voir que la person-ne âgée est rejetée... Personne n’ale courage de le dire ouvertement,mais c’est le cas!».

Pour faire face à l’urgence, leSaint-Siège souligne la nécessitéde «promouvoir une attitude ou-verte à l’acceptation et à l’appré-ciation de la personne âgée» et de«mieux intégrer les personnesâgées dans la société». L’idéal se-rait encore que «la personne âgéepuisse rester dans sa famille, avecla garantie d’une assistance socialeeffective pour les principaux be-soins que l’âge ou la maladie com-p orte».

Le problème — affirme la délé-gation du Saint-Siège — est qu’iln’y a pas encore d’accord interna-tional qui établisse précisément lafaçon de protéger les droits de lapersonne âgée. «Certains ont pro-posé d’établir de nouveaux méca-nismes similaires à la Conventiondes droits des personnes porteusesde handicap; d’autres ont soulignéle besoin de développer les enga-gements que les Etats ont déjàpris à ce sujet; d’autres encore pe-nsent que le Madrid InternationalPlan for Action on Ageing contientdéjà les mesures que nous devonsadopter pour protéger les droitsde la personne âgée». Mais lepoint le plus important — soulignele Saint-Siège — est qu’une «ap-proche basée uniquement sur lerespect des droits de l’homme nesera pas suffisante si elle n’est pasrenforcée par des politiques et desprogrammes» qui combattent lesdiscriminations à la racine.

François revient sur le scandale de la division des chrétiens

Un dialoguequi doit se poursuivre

Un appel à poursuivre le dialogue pour surmonter les incompréhensions et lesdivisions a été lancé par le Pape François dans le message pour le cinquantièmeanniversaire de l’institution du groupe de travail entre l’Eglise catholique et leConseil œcuménique des Eglises. Le texte a été lu par le cardinal Kurt Koch,président du Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens, aucours du congrès qui s’est tenu le mardi 23 juin, au centre Pro Unione, à Rome.

tes que les idées (cf. n. 233). Legroupe de travail mixte doit viser àaffronter les préoccupations réellesdes Eglises à travers le monde. Ain-si, il sera davantage capable de pro-poser des mesures de collaborationvisant non seulement à rapprocherdavantage les Eglises, mais aussi àassurer qu’elles offrent une diakoniaefficace, conforme aux besoins desp ersonnes.

En remplissant cette tâche, legroupe de travail mixte se distinguepar son caractère et ses objectifs. Lesneuf rapports présentés jusqu’à pré-sent témoignent de la compréhen-sion et de la reconnaissance crois-santes des liens de fraternité et deréconciliation qui, dans le contextechangeant du christianisme dans lemonde moderne, soutiennent leschrétiens dans leur témoignage etleur mission commune d’évangélisa-tion. Nous devons reconnaître toute-fois qu’en dépit des nombreuses réa-lisations œcuméniques de ce dernierdemi-siècle, la mission et le témoi-gnage chrétiens souffrent encore àcause de nos divisions. Les désac-cords sur divers sujets — en particu-lier sur des questions anthropologi-ques, éthiques et sociales, ainsi quedes questions liées à la compréhen-sion de la nature et des conditionsde l’unité que nous recherchons —exigent encore des efforts intenses.Notre dialogue doit continuer! J’en-courage le groupe de travail mixte àpoursuivre sa discussion sur lesquestions œcuméniques fondamen-tales et, dans le même temps, à pro-mouvoir des modalités pour que leschrétiens puissent témoigner ensem-ble de la communion, réelle, bienqu’imparfaite, que partagent tous lesbaptisés. Soyons toujours certainsque l’Esprit Saint continuera d’assis-ter et de guider notre chemin, demanières souvent nouvelles et par-fois inattendues.

De la même façon, cet anniversai-re est l’occasion d’exprimer notregratitude à l’égard de tous ceux qui,au cours des cinquante dernières an-nées, ont servi inlassablement lacause de l’unité chrétienne et promula proclamation joyeuse de l’Evangi-le (cf. Mt 28, 18-20). Unissons-nouspour implorer notre Père céleste,afin qu’il nous accorde, au moyende Jésus Christ notre Rédempteur,et dans la puissance de l’EspritSaint, le don de l’unité pleine et vi-sible entre tous les chrétiens, de sor-te que l’Eglise devienne toujoursplus un signe d’espérance pour lemonde et un instrument de réconci-liation pour tous les peuples.

FRANÇOIS

Dans l’après-midi du 16 juillet2015, le Saint-Père François a reçuen audience S.Em. le cardinal An-gelo Amato, S.D.B., préfet de laCongrégation pour les causes dessaints. Au cours de l’audience, leSaint-Père a autorisé la Congréga-tion à promulguer les décrets con-cernant les vertus héroïques:

— du serviteur de Dieu AndréSzeptyckyj (dans le siècle: RomainAlexandre Marie), de l’Ordre deSaint-Basile, archevêque majeur deLviv des Ukrainiens, métropolitede Halyč; né le 29 juillet 1865 àPrylbyci (Ukraine) et mort à Lviv(Ukraine) le 1er novembre 1944;

— du serviteur de Dieu Giusep-pe Carraro, évêque de Vérone; né àMira (Italie) le 26 juin 1899 etmort à Vérone (Italie) le 30 décem-bre 1980;

— du serviteur de Dieu AugustinRamírez Barba, prêtre diocésain,fondateur de la Congrégation desSœurs servantes de la Miséricorde;né le 27 août 1881 à San Miguel elAlto (Mexique) et mort à Tepati-tlán (Mexique) le 4 juillet 1967;

— du serviteur de Dieu Simpli-cien de la Nativité (dans le siècle:Aniello Francesco Saverio Mares-ca), prêtre profès de l’Ordre desFrères mineurs, fondateur de laCongrégation des Sœurs francis-caines des Sacré-Cœurs; né à Meta

di Sorrento (Italie) le 11 mai 1827et mort à Rome (Italie) le 25 mai1898;

— de la servante de Dieu Mariedu Refuge Aguilar y Torres, veuveCancino, fondatrice de la Congré-gation des Sœurs mercédaires duTrès Saint Sacrement; née à SanMiguel de Allende (Mexique) le 21septembre 1866 et morte à Mexico(Mexique) le 24 avril 1937;

— de la servante de Dieu Marie-Thérèse Dupouy Bordes, religieuseprofesse de la Société du Sacré-Cœur de Jésus, fondatrice de laCongrégation des Missionaires desSacrés-Cœurs de Jésus et Marie;née à Saint Pierre d’Irube (France)le 6 mai 1873 et morte à San Se-bastián (Espagne) le 26 mai 1953;

— de la servante de Dieu ElisaMiceli, fondatrice de l’Institut desSœurs catéchistes rurales du Sacré-Cœur; née à Longobardi (Italie) le12 avril 1904 et morte à Frascati(Italie) le 19 avril 1976;

— de la servante de Dieu Isabel-la Méndez Herrero (en religion:Isabella de Marie Immaculée),sœur professe de la Congrégationdes Servantes de Saint-Joseph; néeà Castellanos de Moriscos (Espa-gne) le 30 août 1924 et morte à Sa-lamanque (Espagne) le 28 décem-bre 1953.

A l’attention du RévérendOL AV FY KS E TV E I T,secrétaire général

du Conseil œcuménique des EglisesLe cinquantième anniversaire dugroupe de travail mixte entre l’Egli-se catholique et le Conseil œcumé-nique des Eglises est une occasionde rendre grâce à Dieu Tout-Puis-sant pour la relation œcuméniqueimportante que nous vivons au-j o u rd ’hui. C’est donc également unmoment d’action de grâce au Sei-gneur pour tout ce que le mouve-ment œcuménique a réalisé depuisses débuts, il y a plus de cent ans,inspiré par le désir de cette unitéque le Christ a voulue pour soncorps, l’Eglise, et par un sentimentnaissant de tristesse pour le scandalede la division entre les chrétiens.

Depuis son institution en 1965, legroupe de travail mixte a promu lesconditions nécessaires en vue d’unplus grand témoignage commun del’Eglise catholique et des Eglises et

communautés ecclésiales du Conseilœcuménique des Eglises. En réflé-chissant sur ces cinquante dernièresannées, nous devrions être encoura-gés par la collaboration favoriséepar le groupe de travail mixte, nonseulement à propos des questionsœcuméniques, mais aussi dans lesdomaines du dialogue interreligieux,de la paix et de la justice sociale,ainsi que dans les œuvres caritativeset dans les aides humanitaires. Legroupe de travail mixte ne devraitpas être un groupe introspectif. Ildoit en revanche devenir toujoursplus un «groupe d’experts», ouvertà toutes les occasions et à tous lesdéfis que les Eglises doivent affron-ter aujourd’hui dans leur missiond’accompagner l’humanité souffran-te sur le chemin du Royaume, enimprégnant la société et la culturedes vérités et des valeurs de l’Evan-gile.

Dans mon exhortation aposto-lique Evangelii Gaudium, j’ai observéque les réalités sont plus importan-

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Réflexion du cardinal-secrétaire d’Etat sur la portée de «Laudato si’» pour l’Eglise et le monde

Changement de capIl faut une «éthique authentique desrelations internationales» capable defaire face aux questions sociales, po-litiques et environnementales indi-quées dans Laudato si’. L’a u d i t o i reest international, de même qu’estample l’horizon du discours du se-crétaire d’Etat, le cardinal Pietro Pa-rolin, intervenu dans l’après-midi dujeudi 2 juillet à Rome, à la conféren-ce de haut niveau sur le thème «Lespersonnes et la planète au premierplan: l’impératif de changer de cap».

en septembre) et la conférence sur lechangement climatique qui se dérou-lera à Paris du 30 novembre au 11décembre. «L’encyclique — a-t-il dit— aura un certain impact sur cesévénements, mais son amplitude etsa profondeur iront bien au-delà decertains contextes».

En partant du scénario internatio-nal, le cardinal a cité quelques ex-traits de Laudato si’ pour affirmerque «tout est connecté», que «l’envi-ronnement, la terre et le climat sont

question de savoir quel monde nousdésirons laisser à ceux qui viendrontaprès nous, a souligné le secrétaired’Etat en concluant son intervention,le Souverain Pontife répond quenous ne devons pas uniquementnous préoccuper des générations fu-tures: notre propre dignité est enjeu, aujourd’hui déjà. C’est pour ce-la que l’Eglise se fait le devoir demener une action éducative fonda-mentale, qui vise à «former les cons-ciences», à faire retrouver le «sensde la responsabilité vis-à-vis de l’au-tre», à alimenter «la conscience denotre origine commune, de notre ap-partenance commune et de tout unavenir à partager avec tous».

modification des consommations, ledéveloppement d’une économie desdéchets et du recyclage, l’améliora-tion agricole des régions pauvres àtravers l’investissement dans des in-frastructures rurales, une meilleureorganisation des marchés locaux etnationaux, la réalisation de systèmesd’irrigation et de techniques agrico-les durables». Et encore: la promo-tion d’un «modèle circulaire de pro-duction» qui réponde au gaspillagede la nourriture, ainsi que l’accéléra-tion du processus de transition versles énergies renouvelables. L’on seconfronte, il est vrai, à des intérêtséconomiques énormes, à une culturedu relativisme et de la mise au re-but; mais dans son encyclique, Fran-çois écrit: «Ne nous résignons pas àcela».

En ce sens, le rôle de l’Eglise estfondamental. Celle-ci «ne prétendpas définir les questions scientifiquesou se substituer à la politique» maiselle se fait porteuse de la «nécessitéde la question du sens et de la fina-lité de l’action humaine». Et à la

un héritage com-mun dont les fruitsdoivent être un bé-néfice pour tous»et qu’il «faut ren-forcer la conscienceque nous sommesune seule famillehumaine. Il n’y apas de frontières etde barrières politi-ques et sociales quinous permettent denous isoler, et pourcela même, il n’y aguère plus d’espacepour la mondialisa-tion de l’i n d i f f é re n -

Décès du cardinal Giacomo Biffi

J’ai appris avec tristesse la nouvelle de la mort du cardinal Giacomo Biffi,des suites d’une longue maladie, vécue avec une âme sereine et un aban-don confiant à la volonté du Seigneur. Je désire vous exprimer, ainsi qu’àtoute la communauté diocésaine de Bologne et à la famille du regrettéprélat, ma profonde participation à votre douleur. Je pense avec affectionà ce cher frère dans l’épiscopat, qui a servi avec joie et sagesse l’Evangileet qui a aimé l’Eglise avec ténacité. Je rappelle avec gratitude l’intenseœuvre pastorale accomplie tout d’abord comme prêtre zélé et évêque au-xiliaire de Milan, puis comme guide attentif et sage de cet archidiocèse.On connaît par ailleurs le service inlassable qu’il a rendu à la formationhumaine et chrétienne de générations entières, à travers l’enseignement etla publication de diverses œuvres. Son langage direct et actuel, placé auservice de la Parole de Dieu, ainsi que la prédication appréciée des exerci-ces spirituels, en particulier ceux qu’il a tenus à la Curie romaine, étaientparticulièrement efficaces. En ce moment de deuil, j’élève de ferventesprières au Seigneur afin que, par l’intercession de la Bienheureuse Viergede saint Luc, il accueille son fidèle serviteur et éminent pasteur dans laJérusalem céleste, et je vous donne de tout cœur, ainsi qu’à la chère Egli-se felsinienne et à ceux qui l’ont connu et apprécié, une Bénédictionapostolique spéciale.

FRANCISCUS P P.

Le cardinal Giacomo Biffi, archevêqueémérite de Bologne, est décédé le 11 juillet2015. Né le 13 juin 1928 à Milan(Italie), il avait été ordonné prêtre le 23décembre 1950. Elu le 7 décembre 1975 àl’Eglise titulaire de Fidene et nomméévêque auxiliaire de Milan, il avait reçul’ordination épiscopale le 11 janvier 1976.Le 18 avril 1984, il avait été promu àl’Eglise résidentielle de Bologne avec le titred’archevêque. Jean-Paul II l’avait créécardinal, avec le titre des Santi Giovannievangelista e Petronio, lors du consistoiredu 25 mai 1985. Le 16 décembre 2003, ilavait renoncé à la charge pastorale del’archidiocèse. Ayant appris la nouvelle, lePape François a envoyé au cardinal CarloCaffarra, successeur du cardinal Biffi surla chaire de saint Petronio, le télégrammesuivant:

La rencontre — deux jours de tra-vaux accueillis par l’Augustinianum— a été organisée par le Conseilpontifical justice et paix et par l’In-ternational Alliance of Catholic De-velopment Organisations (CIDSE)pour examiner et faire connaître larichesse de contenus de l’encycliquedu Pape François.

Un horizon ample, car le champd’action du message contenu dans ledocument pontifical se veut vaste etprofond. Comme l’a souligné le se-crétaire d’Etat lui-même, par volontéexpresse du Souverain Pontife, Lau-dato si’ est en effet «adressée à toutepersonne vivant sur cette planète, in-vitant tout le monde à entrer en dia-logue au sujet de notre maison com-mune» et à répondre «au cri de laterre et au cri des pauvres». Le se-crétaire d’Etat a fait émerger le sensfort de corresponsabilité qui affleureà chaque page de l’encylique et, enarticulant son intervention autour detrois niveaux de réflexion — plan in-ternational, sphère nationale et loca-le, domaine de l’Eglise catholique —a identifié deux «exigences pressan-tes» soulevées par le Pape François:la nécessité de «réorienter nos pas etla promotion d’une culture dusoin».

Il ne s’agit pas uniquement de li-gnes de principe. La reconnaissancede certaines valeurs doit conduire àun changement effectif des styles devie des individus et des peuples. Acet égard, le cardinal Parolin a faitréférence aux trois grands rendez-vous organisés par les Nations uniesdans la seconde moitié de cette an-née: la troisième conférence interna-tionale sur le financement du déve-loppement (ce mois de juillet à Ad-dis Abeba), l’assemblée générale desNations unies sur l’agenda de déve-loppement post-2015 (à New York

ce». Une vérité qui, au niveau uni-versel, n’apparaît pas si évidente,quoique, a remarqué le cardinal, unecertaine conscience soit en train decroître toujours davantage. Mais laconscience, a-t-il ajouté, doit condui-re à «un changement de perspecti-ve» inspiré par une «vision plus in-tégrale, plus intégrante», et à «sefier à la culture de l’individualismequi conduit à un détériorementéthique et culturel qui accompa-gnent le détériorement écologique».

En revanche, comme il est claire-ment dénoncé dans l’encyclique, lacommunauté internationale a jusqu’àprésent manifesté un «manque deconscience et de responsabilité» etune «mauvaise auto-conscience deses limites». Un changement de cap,une inversion est toutefois encorepossible. Nous vivons en effet, a ditle secrétaire d’Etat, «dans un con-texte où il est possible de laisser der-rière nous le mythe moderne du pro-grès matériel illimité et d’inventerdes moyens intelligents d’o r i e n t e r,cultiver et limiter notre pouvoir».

Le cardinal a exhorté la commu-nauté internationale tout entière àsaisir l’opportunité donnée par lesconnaissances humaines actuelles età entreprendre un parcours «vrai-ment vertueux, celui qui irrigue laterre d’innovation économique ettechnologique, en cultivant trois ob-jectifs interconnectés: aider la digni-té humaine à fleurir; contribuer àéradiquer la pauvreté, et s’engager àcontrecarrer la dégradation environ-nementale».

Les forces qui opèrent dans le do-maine international, a ajouté le car-dinal Parolin, ne sont néanmoins passuffisantes. Il faut également un élannational «selon le principe de subsi-diarité». Les champs d’op érationsont multiples: parmi ceux-ci, «la

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Concession de la communion ecclésiastique à Grégoire Pierre XX G h a b ro y a n

Un bon pasteurpour ceux qui souffrent au Moyen-Orient

Le patriarche de Cilicie des Arméniens

Eglises orientales

Nous publions ci-dessous la lettre parlaquelle le Pape François acommuniqué à Sa Béatitude GrégoirePierre XX Ghabroyan, élu le 24 juilletnouveau patriarche de Cilicie desArméniens, la concession de lacommunion ecclésiastique.

A Sa BéatitudeGRÉGOIRE PIERRE XX GH A B R O YA NPatriarche de Cilicie des Arméniens

Votre élection au siège de Cilicie desArméniens est pour moi un motif deprofonde joie et je vous remerciepour la lettre par laquelle Votre Béa-titude m’en faisait part, demandantla communion ecclésiastique.

Je m’unis à tous les fidèles du pa-triarcat pour vous exprimer mes fra-ternelles et cordiales félicitations etj’implore pour vous l’abondance desdons divins afin que votre nouveauministère porte de nombreux fruits.Que le Seigneur donne ses bienfaitspour que notre terre donne ses fruits(cf. Ps 85, 13)!

L’élection de Votre Béatitude arri-ve à un moment où votre Eglise estconfrontée à certaines difficultés et àde nouveaux défis, comme en parti-culier la situation d’une partie desfidèles arméniens catholiques quitraverse de grandes épreuves auMoyen-Orient. Cependant, illuminépar la lumière de la foi dans leChrist Ressuscité, notre regard surle monde est plein d’espérance et demiséricorde, car nous sommes cer-tains que la Croix de Jésus est l’ar-bre qui donne la vie.

Je suis convaincu que Votre Béati-tude, en communion avec les véné-rables Pères du synode, avec l’aidede l’Esprit Saint, saura, avec une sa-gesse toute évangélique, être Pater etCaput, le Bon Pasteur de la portiondu peuple de Dieu qui lui a été con-fiée. Les nombreux martyrs armé-niens et saint Grégoire de Narek,docteur de l’Eglise, ne manquerontpas d’intercéder pour vous.

Bien volontiers, j’accorde à VotreBéatitude, la communion ecclésias-tique sollicitée, conformément à latradition de l’Eglise et aux normesen vigueur.

Vous confiant, ainsi que votre mi-nistère, au Christ Jésus et à la pro-tection de la Très Sainte Mère deDieu, je vous envoie de grand cœurla Bénédiction apostolique quej’étends à tout le patriarcat.

Du Vatican, le 25 juillet 2015

FRANÇOIS

Le nouveau patriarche de Cilicie des Arméniens a qua-tre-vingt ans. Il est né à Alep, en Syrie, le 15 novembre1934. Il a fréquenté le petit séminaire à Bzommar, auLiban, le collège des pères maristes à Jounieh, toujoursau Liban, puis il a suivi des études en préparation ausacerdoce à Rome, à l’université pontificale grégorien-ne.

Le 28 mars 1959, il a été ordonné prêtre pour l’Insti-tut du clergé patriarcal de Bzommar. Le 3 janvier 1977,il a été nommé exarque apostolique pour les arménienscatholiques résidant en France, recevant le Siège titulai-re d’Arrida des Arméniens. Il a ensuite été ordonnéévêque le 13 février suivant par le patriarche HemaiaghPierre XVII Ghedighian, C.A.M. Le 30 juin 1986, l’exar-cat apostolique a été élevé au rang d’éparchie avec lenom de «Sainte-Croix-de-Paris des Arméniens catholi-ques de France» et Mgr Ghabroyan a été nommé pre-

mier évêque de la circonscription ecclésiastique. Le 2février 2013, il a renoncé à la charge pastorale de l’épar-chie.

Suite au décès, le 25 juin dernier à Beyrouth, du pa-triarche Nerses Bedros XIX Tarmouni, en qualité deprélat plus ancien des membres du synode permanent,il a assumé la charge d’administrateur de l’Eglise pa-triarcale au cours de la vacance du siège, s’occupant dela convocation et de la préparation du synode pourl’élection du nouveau patriarche. Au cours des obsè-ques, le 30 juin suivant, il a prononcé l’homélie pourles funérailles de son prédécesseur, présidées par le dé-légué pontifical, le cardinal Leonardo Sandri, préfet dela Congrégation pour les Eglises orientales. Le vendre-di 24 juillet a eu lieu l’élection de la part du synode,réuni depuis le 14 juillet.

25 juilletLe Saint-Père a accordé la «Eccle-siastica Communio» qui luia été demandée conformémentau canon 76 § 2 du Code des ca-nons des Eglises orientales (CCEO)par Sa Béatitude GRÉGOIREPIERRE XX GH A B R O YA N , canoni-quement élu patriarche de Ciliciedes Arméniens le 24 juillet 2015,par le synode de cette Eglise pa-t r i a rc a l e .

* * *Le synode des évêques de l’Eglisearménienne catholique, qui s’estréuni à Bzommar (Liban) du 14 au24 juillet 2015, a élu nouveau pa-triarche de Cilicie des ArméniensS.Exc. Mgr GRÉGOIRE GHA-B R O YA N , jusqu’à présent évêqueéparchial émérite de Sainte-Croix-de-Paris (France) et administrateurde la même Eglise patriarcale.

Sa Béatitude a pris le nom deGrégoire Pierre XX G h a b ro y a n .Miniature représentant saint Grégoire de Narek

Décès du cardinal William Wakefield BaumLe cardinal William Wakefield Baum est décédé le jeudi 23 juillet 2015 à l’âgede 88 ans à Washington (Etats-Unis d’Amérique). Né à Dallas le 21novembre 1926, il avait été ordonné prêtre le 12 mai 1951 pour le diocèse deKansas City-Saint Joseph. Nommé évêque de Springfield-Cape Girardeau le 18février 1970, il avait reçu l’ordination épiscopale le 6 avril suivant. Il avait étéarchevêque de la capitale des Etats-Unis d’Amérique du 5 mars 1973 au 18mars 1980. Cette même année, il avait été appelé au service de la Curieromaine où il était resté pendant plus de vingt ans: tout d’abord comme préfetde la Congrégation pour l’éducation catholique, du 15 janvier 1980 à avril1990, puis comme pénitencier majeur, du 6 avril 1990 au 22 novembre 2001.Il avait été créé cardinal par le Pape Paul VI avec le titre de Santa Croce invia Flaminia, lors du consistoire du 24 mai 1976. Ayant appris la nouvelle, lePape François a envoyé un télégramme de condoléances au cardinal DonaldWilliam Wuerl, archevêque de Washington, que nous publions ci-dessous:

C’est avec une grande tristesse quej’ai appris la mort du cardinal Wil-liam Wakefield Baum, archevêqueémérite de Washington, et je vousprésente mes plus sincères condo-léances, avec l’assurance de mesprières, ainsi qu’à tous les fidèles del’archidiocèse. Avec gratitude pourles années de service épiscopal dudéfunt cardinal à Springfield-CapeGirardeau et à Washington, et pourson long service au Siège aposto-lique en tant que préfet de la Con-grégation pour l’éducation catho-lique et ensuite pénitencier majeur

de la Pénitencerie apostolique. Jem’unis à vous en recommandantl’âme du défunt cardinal à Dieu lePère miséricordieux. A toutes lespersonnes présentes à la Messe defunérailles chrétiennes et à tousceux qui pleurent le cardinal Baumdans l’espérance de la Résurrection,je donne cordialement ma Bénédic-tion apostolique comme promessede force et de consolation dans leS e i g n e u r.

FRANÇOIS P P.

page 14 L’OSSERVATORE ROMANO jeudi 30 juillet 2015, numéro 31

Collège épiscopalNominations

Le Saint-Père a nommé:

8 juilletS.Exc. Mgr JOSÉ LUIZ GOMES DEVASCONCELOS, jusqu’à présentévêque titulaire de Canapio et auxi-liaire de Fortaleza (Brésil): évêquedu diocèse de Sobral (Brésil).

Né le 12 mai 1963 à Garanhuns(Pernambuco, Brésil), il a reçu l’or-dination sacerdotale le 9 décembre1989. Il a commencé des études dephilosophie au Seminário do Regio-nal Nordeste 2 et à l’Instituto Teolo-gico do Recife, dans l’archidio cèsed’Olinda et Recife. Il a conclu sesétudes de philosophie et suivi desétudes de théologie à la faculté Nos-sa Senhora da Assunção, à São Pau-lo (1985-1988). Il a obtenu une licen-ce en théologie patristique à l’uni-versité pontificale grégorienne, à Ro-me (2005-2008). Au cours de sonministère, il a exercé les fonctionssuivantes dans le diocèse de Garan-huns: vicaire paroissial de NossaSenhora da Conceição, à Águas Be-las, et de Nossa Senhora Mãe dosHomens, à Itaíba (1990-2000); curéde Senhor Bom Jesus dos PobresAflitos, à São Bento do Una (2000-2005); coordinateur diocésain depastorale (2002-2005); membre del’équipe de formation du séminaireinterdiocésain (2008-2012); recteurdu grand séminaire interdiocésainNossa Senhora das Dores, dans lediocèse de Caruaru, et responsablede l’organisation des séminaires etdes instituts de philosophie et dethéologie du Brésil dans la régionNordeste 2 de la Conférence épisco-pale brésilienne (2008-2012). Le 21mars 2012, il a été nommé évêque ti-tulaire de Canapio et auxiliaire deFortaleza, recevant l’ordination épis-copale le 11 juin suivant. Le 1er fé-vrier 2015, il a été nommé adminis-trateur apostolique de Sobral.

9 juilletle père SIMON POH HO ON SENG,chancelier et curé de la cathédraleSaint-Joseph à Kunching (Malaisie):auxiliaire de l’archidiocèse de Ku-ching (Malaisie), lui assignant le siè-ge titulaire épiscopal de Sfasferia.

Né le 15 avril 1963 à Sri Aman,dans l’archidiocèse de Kuching (Ma-laisie), il est entré au grand séminai-re de Kuching, pour compléter sesétudes de philosophie et de théolo-gie. Il a été ordonné prêtre le 31 juil-let 1988 et incardiné dans l’a rc h i d i o -cèse de Kuching. Il a ensuite été vi-caire paroissial de Notre-Dame Rei-ne de la Paix, Sri Aman (1988-1991),et vicaire paroissial de St. Stephen,Bau (1991-1994). De 1994 à 1996, il asuivi des études de licence en mis-siologie à l’université pontificale ur-banienne, résidant au Collège ponti-fical San Paolo. Il a successivementexercé les fonctions suivantes: curéde Sainte-Anne, Kota, Padawan(1996-2002); directeur de la commis-sion pour les vocations (2002-2008);conseiller spirituel de la commissionpour les jeunes (2004-2008). Depuis2004, il est chancelier de l’a rc h i d i o -cèse et membre du collège des con-sulteurs, professeur de missiologie etdirecteur spirituel au grand séminai-

re St. Peter’s College de Kuching;depuis 2008 il est coordinateur de lacommission archidiocésaine Missionand Evangelization; depuis 2010, ilest coordinateur de la Human Deve-lopment Commission; depuis 2011, ilest curé de la cathédrale de Ku-c h i n g.

10 juilletS.Exc. Mgr DOMINIQUE LEBRUN,jusqu’à présent évêque de Saint-Etienne (France): archevêque métro-politain de Rouen (France).

Né à Rouen (France) le 10 octo-bre 1957, il a obtenu une maîtrise endroit. En 1978, après être entré auséminaire, il a été envoyé à Rome auséminaire français pour suivre descours de philosophie à l’universitépontificale Saint-Thomas d’Aquin(Angelicum). Il a été ordonné prêtrele 9 juin 1984 et incardiné à Saint-Denis. En 1990, il a obtenu un doc-torat en sciences théologiques, avecspécialisation en liturgie, à la facultéde théologie et de sciences religieu-ses de l’Institut catholique de Paris,avec une thèse sur les rituels duConcile Vatican II. Il a exercé diver-ses fonctions pastorales, tout enenseignant la liturgie au séminaireSaint-Sulpice et en étant membre ducentre national de pastorale litur-gique. Dans son diocèse, il a été enoutre délégué-adjoint pour la pasto-rale des vocations, et par la suite,responsable de la pastorale des jeu-nes. De 1998 à 2001, il a été direc-teur spirituel du séminaire français àRome et depuis 2001, responsablediocésain de l’accompagnement desjeunes prêtres. En 2003, il est deve-nu archiprêtre de la cathédrale deSaint-Denis et doyen. Le 28 juin2006, il a été nommé évêque deSaint-Etienne et a reçu l’o rd i n a t i o népiscopale le 9 septembre suivant.

le père GEORGE BUGEJA, O.F.M., gar-dien du couvent Saint-Antoine dePadoue, à Gozo (Malte), ancien offi-cial de la Congrégation pour l’évan-gélisation des peuples: coadjuteurdu vicariat apostolique de Tripoli(Libye), lui assignant le siège titulai-re épiscopal de San Leone.

Né le 1er juillet 1962 à Xaghara,dans le diocèse de Gozo (Malte), ilest entré au noviciat le 2 octobre1977, chez les frères mineurs de laprovince maltaise. Il a émis ses pre-miers vœux le 2 octobre 1978 et saprofession solennelle le 28 août 1983.Il a été ordonné prêtre le 5 juillet1986. Il a étudié la philosophie et lathéologie dans son pays, à l’Institu-tum Nationale Studiorum Ecclesias-ticorum Religiosorum Melitensium.Il a obtenu un diplôme de journalis-te à Londres et a suivi un cours dedirection spirituelle. Il a ensuiteexercé des activités pastorales dansle diocèse de Gozo et a été gardiendes communautés de Hamrun, Ra-bat, Gozo et Sliema (1986-2004). Ila ensuite été curé de Our Lady ofthe Sacred Heart à Sliema (2004-2008); auditeur du tribunal ecclé-siastique (2008-2010); official de laCongrégation pour l’évangélisationdes peuples (2010-2015). Depuismars 2015, il était gardien du cou-vent Saint-Antoine de Padoue àGhajnsielem, Gozo.

14 juilletle père EMMANUEL FI A N U, S.V.D., se-crétaire du Conseil général des pèresverbites: évêque de Ho (Ghana).

Né le 14 juin 1957 à Tegbi, près deKeta (à présent dans le diocèse deKeta-Akatsi, Ghana). En 1963, il acommencé à fréquenter les écolesélémentaires et secondaires à Tegbi,Ada-Foah et à Accra. Pendant troisans (de 1976 à 1979) il a été élève dugrand séminaire de Tamale. Entrédans la société du Verbe divin, il aaccompli son noviciat à Nkwatia-Kwahu, a émis sa première profes-sion en 1980 et a prononcé ses vœuxperpétuels en 1984. Il a été ordonnéprêtre le 14 juillet 1985 à Accra.Après son ordination, il a exercé lesfonctions et suivi les études suivan-tes: collaborateur de paroisse au To-go, aumônier des jeunes et responsa-ble de l’apostolat des laïcs, ensei-gnant au collège d’enseignement gé-néral de Kante (1986-1990); étudiantde théologie biblique à l’institutpontifical biblique de Rome (1990-1994); admonitor du district de laSociété du Verbe divin de Lomé,professeur de sciences bibliques auséminaire Saint Jean-Paul II et àl’Institut Saint Paul de Lomé, secré-taire de la commission pour les pu-blications liturgiques Ghana-Togo(1994-1996); conseiller (1996-1998) etadmonitor (1998-2000) du collègedu Verbe divin à Rome, dont il a étéensuite recteur de 2000 à 2004, exer-çant pendant la même période lafonction de professeur et formateurau St. Victor’s Major Seminary à Ta-male; secrétaire pour la formationdes provinces de la société du Verbedivin Afrique-Madagascar (2001-2003); coordinateur pour la zoneAFRAM avec siège à Accra (2004-2006). Depuis 2006 il est secrétairedu conseil général de sa congréga-tion, et a été confirmé dans sa char-ge en 2012.

le père JORGE ENRIQUE CONCHACAY U Q U E O, O.F.M., jusqu’à présentministre provincial des franciscainsau Chili: évêque auxiliaire de l’a rc h i -diocèse de Santiago du Chili (Chili)lui assignant le siège titulaire deCarpi.

Né à Carahue, dans le diocèse deTemuco (Chili), le 8 juin 1958, il asuivi des études de philosophie et dethéologie à l’université pontificaledu Chili. Il a obtenu un doctorat ensciences sociales à l’université grégo-rienne de Rome. Le 23 décembre1983, il a émis sa profession solen-nelle dans l’ordre franciscain des frè-res mineurs pour la province duChili. Il a reçu l’ordination sacerdo-tale le 20 décembre 1986. Il a succes-sivement exercé les fonctions suivan-tes: maître des frères de professiontemporelle, secrétaire provincial pourla formation et les études, vicaire pa-roissial de Saint-Antoine de Padoueà Santiago, gardien de la maison deformation San Felipe de Jesús àSantiago, commissaire de Terre Sain-te au Chili et vicaire paroissial deSan Francisco à La Cisterna - San-tiago. Depuis 2011, il est ministreprovincial de la province franciscainede la Très Sainte Trinité du Chili etprésident de la Conférence des mi-nistres provinciaux du Cône Sud(Argentine, Paraguay et Chili). En2014, il a été élu premier vice-prési-

dent de la Conférence des religieuxau Chili.

le père BENEDICTUS SON HEE-SONG,directeur du département pour lapastorale archidiocésaine: auxiliairede l’archidiocèse de Séoul (Corée),lui assignant le siège titulaire épisco-pal de Campli.

Né le 28 janvier 1957 à KyenkiYeonchenun Chadari, alors territoirede l’archidiocèse de Séoul (Corée) età présent du diocèse d’Uijeongbu. Ila suivi ses études au grand séminairede Séoul (1975-1979) et à Innsbruck,en Autriche, où il a obtenu une li-cence en théologie (1986), puis undoctorat (1992). Il a été ordonnéprêtre le 4 juillet 1986 et incardinédans l’archidiocèse de Séoul. Aprèsson ordination, il a suivi des étudesde doctorat en Autriche de 1986 à1992. Il a ensuite exercé les fonctionssuivantes: curé à Yongsan (1992-1994); professeur au grand séminairede Séoul (université catholique deSéoul), directeur de la bibliothèquedu séminaire, chef du départementpour l’informatique (1994-2012);membre (1999-2007), puis vice-direc-teur (2007-2013) de la commissionpour la recension des publications.Depuis 2012 il est directeur de lapastorale archidiocésaine, membredu conseil presbytéral, membre duconseil pastoral, membre de la com-mission pour la formation perma-nente du clergé, membre de la com-mission pour les missions étrangères,membre et vice-directeur de la com-mission pour la protection des lieuxsacrés de martyre à Séoul, membrede la commission pour la gestion ducentre d’assistance quotidienne pourpersonnes âgées à Séoul. Depuis2013, il est également responsable del’association des femmes catholiqueset membre de la commission pour lecontrôle de la publicité dans les mé-dias catholiques. En outre, à partirde 2014, il a été responsable du co-mité d’organisation et de coordina-tion de la visite du Pape en Corée(14-18 août 2014). Il a égalementexercé les fonctions suivantes au seinde la Conférence épiscopale: mem-bre (2004-2005) et secrétaire général(2005-2012) de la commission épis-copale pour la doctrine de la foi.Depuis 2005, il est représentant deSéoul et membre de la commissionépiscopale pour les causes de béatifi-cation et de canonisation. Enfin, de-puis 2012 il est secrétaire général dela commission épiscopale pourl’apostolat des laïcs

15 juilletle père LAU R E N T CAMIADE, jusqu’àprésent vicaire général du diocèsed’Agen (France): évêque de Cahors( Fr a n c e ) .

Né le 22 novembre 1966 à Agen(France). Après le lycée, il est entréau séminaire universitaire Pie XI deToulouse et a fréquenté l’Institut ca-tholique, où il a obtenu en 1990 unemaîtrise en philosophie et en 1997un doctorat en théologie. Ordonnéprêtre le 28 juin 1992 pour le diocèsed’Agen, après de multiples fonctionscomme vicaire paroissial, en 2011 il aété nommé responsable diocésain dela pastorale des jeunes et depuis2005 également curé. En 2010 il estdevenu vicaire général du diocèse.

numéro 31, jeudi 30 juillet 2015 L’OSSERVATORE ROMANO page 15

L’OSSERVATORE ROMANOEDITION HEBDOMADAIRE

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GI O VA N N I MARIA VIANd i re c t e u r

Giuseppe Fiorentinov i c e - d i re c t e u r

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Depuis 2011 il enseigne la théologiespirituelle à l’Institut catholique deToulouse. En outre, depuis 2013 ilest également curé de Laverdac.

le père DOMINICUS MEIER, O.S.B.,jusqu’à présent vicaire judiciaire del’archidiocèse de Paderborn (Répu-blique fédérale d’Allemagne): évêqueauxiliaire de l’archidiocèse de Pader-born (République fédérale d’Allema-gne), lui assignant le siège titulaireépiscopal de Castro de Sardaigne.

Né le 10 juillet 1959 à Heggen,dans l’archidiocèse de Paderborn(République fédérale d’Allemagne),après son baccaulauréat et une brèveexpérience professionnelle, il est en-tré en 1982 dans l’abbaye de Königs-münster à Meschede, appartenant àla Congrégation bénédictine deSankt Ottilien. Il a suivi des étudesde philosophie et de théologie dansles universités de Würzburg et deMünster, conclues en 1988 par undiplôme en théologie. Ordonné prê-tre le 14 janvier 1989, en 1991 il a ob-tenu un doctorat en théologie àl’université de Salzbourg. En 1997 ila obtenu une licence et en 1999 l’ha-bilitation en droit canonique del’université de Münster. Depuis 2000il est professeur ordinaire de droitcanonique à la Haute école de philo-sophie et de théologie des pallottinsà Vallendar. Outre ses fonctions mo-nastiques, il a exercé des fonctionscomme juge du tribunal diocésainde Salzbourg (1989-1991) et commedéfenseur du lien (1992-1994) et pro-moteur de justice du tribunal de l’ar-chidiocèse de Paderborn (1994-2001).En 2001, il a été élu abbé deKönigsmünster à Meschede pour unmandat de douze ans. Il a reçu labénédiction abbatiale le 6 octobrede la même année. Depuis 2013 ilexerce la fonction de vicaire judiciai-re de l’archidiocèse de Paderborn. Ilest prieur de l’Ordre équestre duSaint-Sépulcre de Jérusalem et estconsulteur de la commission pour lavie consacrée de la Conférence épis-copale allemande.

le père UD O BENTZ, du clergé dudiocèse de Mayence (République fé-dérale d’Allemagne), jusqu’à présentrecteur du grand séminaire deMayence: évêque auxiliaire du dio-cèse de Mayence (République fédé-rale d’Allemagne), lui assignant lesiège titulaire épiscopal de Sita.

Né le 3 mars 1967 à Rülzheim,dans le diocèse de Speyer (Répu-blique fédérale d’Allemagne), aprèsson baccalauréat et un cours ensciences bancaires, il est entré augrand séminaire de Mayence,d’abord pour son diocèse natal, puisaprès quelques années, pour le dio-cèse de Mayence. Il a suivi des étu-des de philosophie et de théologiedans les universités de Mayence etd’Innsbruck. Ordonné prêtre le 1er

juillet 1995, pour le diocèse deMayence, il a exercé la fonction devicaire paroissial dans la cathédralede Worms (1995-1998) et de secrétai-re particulier du cardinal Karl Le-hmann (1998-2002). Il a repris des

études de théologie, qu’il a concluesen 2007 par un doctorat de la facul-té de théologie de l’université de Fri-bourg-en-Brisgau. Au cours de sesétudes, il a effectué une collabora-tion pastorale dans les paroisses deSprendlingen (2002-2004) et dans laparoisse de Saint Pierre Canisio àMayence (2004-2007). Depuis 2007,il est recteur du grand séminaire dio-césain. En 2013 il a été en outre éluprésident de la Conférence des rec-teurs des grands séminaires alle-mands. Outre la charge de recteur, ildirige la formation permanente duclergé et des assistants pastoraux.

18 juilletMgr CL AU D I O CIPOLLA, du clergédu diocèse de Mantoue (Italie), jus-qu’à présent curé de la paroisse«Saint-Antoine» de Porto Mantova-no et vicaire épiscopal pour la pasto-rale: évêque de Padoue (Italie).

Né à Goito, dans la province etdiocèse de Mantoue (Italie), le 11 fé-vrier 1955, il a suivi les cours au petitséminaire diocésain, poursuivant sesétudes de théologie et de philoso-phie au grand séminaire de Man-toue. Ordonné diacre le 16 décembre1978, il a reçu l’ordination sacerdota-le le 24 mai 1980 dans la basiliqueconcathédrale Saint-André, à Man-toue, des mains de S.Exc. Mgr Car-lo Ferrari. Il a été vicaire de la pa-roisse Ognissanti de Mantoue de1980 à 1989; assistant de la brancheexplorateurs et guides de l’AGESCI de1980 à 1990; vicaire de la paroisse del’Assomption de la BienheureuseVierge Marie, à Cedole, de 1989 à1990; assistant provincial de l’AGESCIde 1989 à 1992; directeur de la Cari-tas diocésaine de 1990 à 2008. De1998 à aujourd’hui, il a été curé deSaint-Antoine de Porto Mantovanoet, depuis 2008, il était également vi-caire épiscopal pour le secteur pasto-ral. Il a été en outre responsablediocésain pour la préparation descongrès nationaux de l’Eglise italien-ne à Palerme (1995) et à Vérone(2006), et membre de la délégationdiocésaine aux mêmes congrès;membre du collège des consulteurs(2009-2014), du conseil pastoral dio-césain et de la commission pour laformation permanente du clergé, etmembre ratione officii du conseil épis-copal (depuis 2014) et du conseil sa-cerdotal (depuis 2012).

le père CORRAD O MELIS, du clergédu diocèse d’Ales-Terralba (Italie),curé et vicaire épiscopal pour l’évan-gélisation et l’éducation: évêqued’Ozieri (Italie).

Né à Sardara, dans le diocèsed’Ales-Terralba (Italie), le 11 mars1963, il est entré au petit séminairediocésain de Villacidro en 1974.Après son baccalauréat au lycée E.Piga il a suivi des études en vue dusacerdoce à la faculté de théologiede Sardaigne à Cagliari (1983-1988),obtenant une licence en théologie.Ordonné prêtre le 25 juin 1988, pourle diocèse d’Ales-Terralba, il a été vi-caire paroissial de Santa Barbara àVillacidro et assistant des jeunes

d’Action catholique (1988-1993);vice-recteur du séminaire à Villacidro(1991-1994); animateur au séminairepontifical régional de Sardaigne àCagliari (1993-1998); directeur dubureau catéchétique (1994-2004); au-mônier à Montevecchio, Guspini(1996-2001); vicaire, puis administra-teur paroissial à San Nicolò évêque,Guspini (1998-2001); curé à San Ber-nardino à Mogoro (2001-2011). De-puis 2011, il était curé de Santa Bar-bara à Villacidro. Il était égalementvicaire épiscopal pour l’évangélisa-tion et l’éducation, directeur du bu-reau de la pastorale de la famille etdirecteur de la pastorale de l’œcu-ménisme. Il était en outre membredu collège des consulteurs et duconseil pour les affaires économique.

le père BASIL BH U R I YA , S.V.D., curéet membre du Conseil provincial despères verbites: évêque de Jhabua(Inde).

Né le 8 mars 1956, à Panchjui,dans le diocèse de Jhabua (Inde), ila étudié la philosophie et la théolo-gie au Pontifical athenaeum de Pu-ne. Il a obtenu une spécialisation àl’université d’Indore. Il a émis saprofession solennelle dans la sociétédu Verbe divin, le 12 juin 1985 et aété ordonné prêtre verbite le 5 mai1986. Il a été vicaire paroissial à Mu-valia, Gujarat, diocèse de Baroda(1987-1988); vice-recteur (1988-1992),puis recteur (1992-1997) du SaintThomas seminary d’Indore; curé àDhar, diocèse d’Indore (1997-2002);directeur de l’hostel de Thandla,diocèse de Jhabua (2002-2005); curéà Rajgarh, diocèse de Jhabua (2005-2009). Depuis 2009, il était curé del’Immaculate Heart of Mary à Than-dla, dans le diocèse de Jhabua, etdepuis 2011, membre du conseil pro-vincial des pères verbites de la Cen-tral indian province.

le père NATA L E PAGANELLI, S.X., ad-ministrateur apostolique de Makeni(Sierra Leone), l’élevant à la dignitéépiscopale, et lui assignant le siègetitulaire épiscopal de Gadiaufala.

Né le 24 décembre 1956 à Grigna-no di Brembate, dans le diocèse deBergame (Italie), après des étudesdans des écoles locales (1962-1970) ila obtenu une maîtrise à Crémone(1970-1974). Entré comme étudianten théologie chez les Xavériens deParme, il a poursuivi son cours depropédeutique et complété ses étu-des de philosophie et de théologie(1975-1981). Après avoir émis ses pre-miers vœux le 31 août 1975 et sa pro-fession perpétuelle le 3 décembre1979, il a été ordonné prêtre le 25 dé-cembre 1980 à Parme. Il a ensuitepassé vingt-deux ans de mission auMexique, avant d’arriver au SierraLeone en 2005. Au Mexique, il aétudié l’espagnol (1981-1982), étépromoteur des vocations (1982-1985)puis recteur (1986-1992) au petit sé-minaire xavérien de San Juan delRio, vice-maître des novices à Sala-manque (1992-1994), vice-supérieur(1990-1996) puis supérieur régional(1996-2002). Après s’être préparé

pendant deux ans à partir en mis-sion en Afrique, il a étudié pendantun an l’anglais à Londres. Au SierraLeone il a été vicaire paroissial àMadina, dans le diocèse de Makeni(2006-2007) et depuis 2007 supérieurrégional des xavériens. Depuis 2011il est administrateur apostolique dudiocèse de Makeni.

S.Exc. Mgr HENRY ARUNA: évêqueauxiliaire du diocèse de Kenema(Sierra Leone), le transférant du dio-cèse de Makeni et lui assignant lesiège titulaire épiscopal de Nasbinca.

Démissions

Le Saint-Père a accepté la démissionde:

10 juilletS.Exc. Mgr JEAN-CHARLES DESCU-BES, qui avait demandé à être relevéde la charge pastorale de l’a rc h i d i o -cèse de Rouen (France), conformé-ment au canon 401 § 1 du C. deD.C .

14 juilletS.Exc. Mgr FRANCIS ANANI KOFILOD ONU, qui avait demandé à êtrerelevé de la charge pastorale du dio-cèse de Ho (Ghana), conformémentau canon 401 § 1 du C. de D.C.

15 juilletS.Exc. Mgr ANTÔNIO CARLOS AL-TIERI, S.D.B., qui avait demandé àêtre relevé de la charge pastorale del’archidiocèse de Passo Fundo (Bré-sil), conformément au canon 401 § 2du C. de D.C.S.Exc. Mgr MANFRED GROTHE,évêque titulaire d’Ippona Zárito, quiavait demandé à être relevé de lacharge d’auxiliaire de l’archidio cèsede Paderborn (République fédéraled’Allemagne), conformément aux ca-nons 401 § 1 et 411 du C. de D.C.

18 juilletS.Exc. Mgr ANTONIO MAT T I A Z Z O,qui avait demandé à être relevé de lacharge pastorale du diocèse de Pa-doue (Italie), conformément au ca-non 401 § 1 du C. de D.C.

Le Saint-Père a reçu en audience:

17 juilletS.Em. le cardinal ANGELO AMA-T O, préfet de la Congrégationpour les causes des saints;S.Exc. Mgr SA LVAT O R E FISICHEL-LA, archevêque titulaire de Vo-ghenza, président du Conseilpontifical pour la nouvelle évan-gélisation.

Audiencesp ontificales

page 16 L’OSSERVATORE ROMANO jeudi 30 juillet 2015, numéro 31

La tristesse du saint heureux

A l’occasion du ve c e n t e n a i re

Un feu baroque pour l’extasede saint Philippe Néri

ALICIA ET AUDREY ADAMCZAK*

A l’occasion de la célébration du500e anniversaire de la naissance desaint Philippe Néri, le peintre fran-çais Philippe Casanova a présentéune toile monumentale intituléeSaint Philippe Néri en extase. Offi-ciellement dévoilée le 26 mai 2015,jour de la fête du saint ouvrant l’an-née jubilaire, le tableau prend placedans le corridor borrominien atte-nant au jardin des orangers de l’égli-se romaine de Santa Maria in Valli-cella dite Chiesa Nuova. Faisant suiteaux Stanze di San Filippo Neri, ilremplace une précédente peinture dela main du même artiste déjà dédiéeau saint.

Attaché au saint fondateur de lacongrégation de l’Oratoire, PhilippeCasanova lui accorde dans sonœuvre une place prédominante.Saint Philippe Néri apparaît en effetdans la partie supérieure du tableauoù il est représenté dans un médail-

lon entouré et soutenu par une voléed’anges imitant le stuc. Le visagebaigné de lumière évoque la présen-ce divine qui renforce le caractèremystique de l’instant extatique.Comme souvent chez Casanova, lapeinture se confronte à la réalité. Icil’artiste guide notre regard vers lesaint en peignant des rayons lumi-neux qui, grâce à l’emplacement del’œuvre, se confondent avec la lu-mière naturelle provenant du jardindes orangers. Ainsi, le portrait dusaint en lévitation est-il le premierélément plastique que découvre le fi-dèle. Jouant sur la perception duspectateur, dans un esprit baroquecaractéristique de son art, PhilippeCasanova introduit également un ta-bleau dans le tableau. Dans le regis-tre inférieur nous découvrons en ef-fet la chapelle de la Visitation, déco-rée de marbres colorés et dominéepar le retable peint en 1586 par Fede-rico Barocci dit le Baroche, tellequ’elle se présente encore au-j o u rd ’hui dans l’une des nefs latéra-

les de la Chiesa Nuova. Cette Visita-tion du Baroche est liée à la vie et àla personnalité de saint Philippe Né-ri qui, selon Dezallier d’A rg e n v i l l e ,

développa une profonde dévotiondevant l’œuvre symboliquement re-prise dans le tableau de Casanova(cf. Antoine-Joseph Dezallier d’Ar-genville, Abrégé de la vie des plus fa-meux peintres, etc., première partie,Paris, De Bure, 1745, p. 30).

Représentative de l’art du peintrefrançais, la toile Saint Philippe Nérien extase illustre le feu baroque quianime l’artiste depuis plusieurs dé-cennies et son installation à Rome.Elle offre un tourbillon de couleurset de lumière qui donnent vie eténergie à l’image sacrée. Ici l’a rc h i -tecture de la chapelle de la Visita-tion et son décor baroques s’animentsous l’agitation du pinceau. La tou-che large et rapide, pourtant poséeavec rigueur et minutie, participe decet effet illusionniste du mouvementtout comme la couleur vive et variée,la facture enlevée et la lumière vi-brante aux accents mystiques. Forméà l’Ecole des Beaux-arts de Paris,Philippe Casanova exprime sa pas-sion pour l’art ancien qu’il met enscène de façon originale par une ma-nière nerveuse et emportée. Ses mo-tifs favoris sont les intérieurs de pa-lais, d’églises et de basiliques, com-me avec ses séries consacrées àSaint-Pierre de Rome, que l’artistequalifie de véritables «portraits d’in-térieur». Ce sont aussi les façades depalais et les jardins de villas presti-gieuses tels que ses représentationsde la Villa Médicis et de ses jardinssur les hauteurs de Rome.

A l’image de l’ensemble de cesœuvres, Casanova cherche dans sontableau de la Chiesa Nuova à créerune émotion chez le spectateur et,tout en célébrant saint Philipe Nérisur la toile, livre sa vision personnel-le d’un monde baroque qui le fasci-ne depuis toujours et qu’il n’a decesse d’e x p l o re r.

*Chargées d’enseignementà l’Institut catholique de Pariset à l’Ecole du Louvre

Saint Philippe Néri, dont le cinquième centenairede la naissance a été célébré le 21 juillet (Floren-ce, 21 juillet 1515), est certainement parmi les

saints les plus populaires du catholicisme. L’image del’apôtre de Rome, subtil et facétieux, dominé par lajoie, apparaît dans les films, dans les séries téléviséeset, encore avant, il a conquis des lettrés raffinéstels que Goethe. Il est clair que rien de celieu commun n’est faux, mais — comme lerévèlent les passages de la lettre de Phi-lippe à sa nièce Maria Vittoria Trevi,dominicaine au monastère de Saint-Pierre martyr à Florence, en datedu 11 octobre 1585 — il y a quel-que chose de superficiel dansl’image courante, qui ne repré-sente pas à sa juste valeur lacomplexité du personnage, quimérite en revanche une com-préhension plus approfondie.La lettre est entièrement cons-truite sur le thème de la vic-toire (qui apparaît déjà dans lenom de la destinataire) sur lemonde, sur la chair, sur le pé-ché (bibliquement représentépar les images de la mer et del’eau), avec une référence au dé-but de la bataille de Lépante (7 oc-tobre 1571), un fait alors récent et vi-vant dans la mémoire de tous. On estfrappé par la représentation crue du«monde», «bois, où l’on vole et l’on tuetous les voyageurs», «forêt pleine de mons-tres», «champ plein de soldats, plein de vols et de vio-lence et d’injustices», «maison brûlée», dont on nepeut que fuir sans se retourner et avec soulagement.Les mots adressés à sa nièce nous offrent l’image au-thentique de l’ascète austère et de l’amateur de solitudeque, sous des apparences en partie trompeuses, fut Phi-lippe Néri. Lui dont l’esprit, souvent représenté commeuniquement joyeux, fut en réalité agité et tourmenté,

parfois même de manière dramatique. Devenu vers lafin de sa vie conseiller de Papes et de cardinaux, re-cherché, presque assiégé par la ville tout entière, il pri-vilégiait, tout d’abord à San Girolamo della Carità,ensuite à Santa Maria in Vallicella, les loges en hauteurpour prier et contempler. Le paradoxe de Philippe,

l’une de ses nombreuses antinomies résolues dansun admirable équilibre, se trouve précisé-

ment là: la solitude ne fuit pas le monde,mais le recherche de manière program-

mée, dans un théâtre varié rempli degens, entre Banchi et Parione, entre

nobles et gens du peuple. L’ex-pression «laisser le Christ pourle Christ» résume cette vocationprononcée pour la solitude quine refuse pas de se plongerdans le monde, pour y effec-tuer une distribution incessan-te de charité humaine et divi-ne qui découle d’une négationde soi qui, à la fin, se trouveêtre vraiment libératrice. Dansl’une de ses dernières lettresdu 29 avril 1594, Philippe s’ex-

prime avec beaucoup de clarté:«Pour acquérir l’amour de Dieu,

il n’y a pas de route plus brèveque de se détacher de l’amour des

choses du monde (...) et de l’amourde soi-même, en aimant davantage en

nous la volonté et le service de Dieuque notre propre satisfaction et volonté».

Tel fut probablement le secret qu’il rappelatant de fois à lui-même et aux autres, par l’allusionénigmatique secretum meum mihi. C’est probablement làque se trouve la raison la plus profonde de l’irrésistible,et autrement inexplicable, joie du «pèlerin sur la terre»(c’est ainsi que dans la lettre est défini Abraham «quisortit de sa maison, laissa ses affaires, ses amis et sesparents, et alla de l’avant dans la parole de Dieu») quefut Philippe Néri. (paolo vian)

Saint Philippe Néri en extase(Philippe Casanova,

église Santa Maria in Vallicella, Rome)