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GUIDE D’ACCOMPAGNEMENT AU TEMOIGNAGE Le témoignage comme outil du plaidoyer Novembre 2008 Contact : Marjolaine Bénard – Chargée des relations presse [email protected] – 01 41 83 46 53

Guide d'accompagnement au témoignage

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GUIDE D’ACCOMPAGNEMENT AU TEMOIGNAGE

Le témoignage comme outil du plaidoyer

Novembre 2008

Contact : Marjolaine Bénard – Chargée des relations presse [email protected] – 01 41 83 46 53

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Guide d’accompagnement au témoignage Le témoignage comme outil du plaidoyer

SOMMAIRE

Avant-propos page 3 Introduction page 4 La connaissance des médias page 5 La préparation du témoignage page 8

L’encadrement du témoignage page 10

Le bilan du témoignage page 13 Les outils à disposition page 16

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Avant-propos

Le témoignage a un rôle crucial dans AIDES. Parce qu’il est au carrefour de deux axes stratégiques importants : la dicibilité et le plaidoyer.

Témoigner de manière éclairée et librement consentie

Les UPT, les différentes réunions d’élaboration ouvertes dans AIDES et les Etats Généraux avaient démontré

la forte volonté des séropositifs à parler de leur vie avec le VIH/sida. Premier des axes majeurs de AIDES

pour 2005/2007, le travail sur la dicibilité - c’est-à-dire le fait de permettre à chacun de dire, en privé et dans

la société, qu’il ou elle est séropositif - a été mis en œuvre afin d’offrir un débouché « politique », dans la

cité, à ces attentes.

Dire sa séropositivité passe par le témoignage. Ses enjeux sont nombreux, et pas des moindres, puisque

encore aujourd’hui, on ne peut pas dire ‘Je suis séropositif/ve’ sans craindre d’être rejeté(e) ou discriminé(e).

Réfléchir à la manière d’accompagner au mieux les personnes pour qu’elles puissent témoigner de manière

éclairée et librement consentie était l’objectif de la création du groupe de travail ‘Dicibilité et témoignage’.

Le témoignage, un outil du plaidoyer « Il faut aller plus loin sur la dicibilité. C’est un chantier immense, bien entendu, mais notre association

œuvre avec ardeur pour transformer les mentalités. Car à AIDES, notre philosophie est de dire que les

personnes infectées ou affectées ne sont pas là pour faire de la figuration, elles sont là pour initier et mener

des actions, participer de façon active aux systèmes de santé et être associées aux grandes décisions de

santé publique qui les concernent. Et c’est l’union qui fait la force. » Bruno Spire – Congrès de Paris - 2007

Le témoignage a une importance majeure dans une stratégie de plaidoyer. Il assure l'expression directe des

personnes touchées par le VIH/sida et/ou les hépatites. Un des objectifs de AIDES étant de favoriser la

parole des personnes touchées pour qu'elles témoignent de ce qui fait leur vie et de ce qu'est leur vie avec le

VIH tous domaines confondus (les soins, les droits, la vie affective et sexuelle, la vie quotidienne, la vie

professionnelle, etc.). Le témoignage permet notamment d'alimenter et d'enrichir le plaidoyer, en incarnant

la plateforme des revendications des personnes touchées en matière de VIH/sida et/ou d'hépatites.

Ce guide a pour objectif de permettre aux délégations et à leurs acteurs d’accompagner et de soutenir les

personnes dans le témoignage, tout en inscrivant celui-ci dans une stratégie de plaidoyer. J’espère qu’il vous

sera utile.

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Introduction

Tenant compte de l'axe stratégique « dicibilité » et de la place de plus en plus importante du témoignage dans notre réflexion et nos actions, le Bureau du CA avait décidé la mise en place en 2008 d’un groupe de travail dont l'objectif était d’élaborer un cadre permettant d’accompagner et soutenir les personnes qui témoignent tout en inscrivant celui-ci dans une action de plaidoyer.

Ce groupe constitué par des acteurs de AIDES séropositifs (personnes accueillies, volontaires et salariés) a travaillé à partir de leurs propres expériences et, avec le soutien des animatrices, élaboré des recommandations et des outils.

L’objectif de la première réunion du groupe de travail ‘Dicibilité et témoignage’ était d’explorer des pistes afin d’élaborer un cadre permettant d’accompagner et de soutenir les personnes qui témoignent tout en inscrivant leur témoignage dans une action de plaidoyer. Lors de cet atelier les participants ont réfléchi à ce que je gagne / ce que je perds en témoignant individuellement (« je » représente moi-même) ou en témoignant collectivement (« je » représente nous). L’objectif de la deuxième réunion du groupe de travail ‘Dicibilité et témoignage’ était d’avancer sur le cadre permettant d’accompagner et de soutenir les personnes qui témoignent tout en inscrivant leur témoignage dans une action de plaidoyer. Lors de cet atelier, les participants ont développé les recommandations définies lors de la première réunion et réfléchi à des outils. Le groupe a souhaité que les recommandations et outils issus de son travail soient transmis au réseau afin d’initier la réflexion à chaque niveau de AIDES. Un document sera donc réalisé sur la base de ce compte-rendu. Ce document sera présenté dans les délégations par les participants du groupe de travail accompagnés s’ils le souhaitent par une ou deux animatrices du groupe.

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La connaissance des médias

o Anticiper les événements

Afin d’anticiper les demandes de témoignages liées à tout événement d’ampleur nationale ou locale, vous avez à votre disposition le calendrier des événements internationaux, nationaux et régionaux. Ce calendrier est mis à jours tous les mois par la communication interne. A terme, il sera disponible sur le site privé. Chaque délégation a la possibilité de le mettre à jour en fonction de l’actualité régionale et locale. Ces événements sont autant d’occasions pour les médias ou vos partenaires de solliciter des témoignages. Le calendrier permet de les anticiper, de réfléchir en amont aux messages que l’on souhaite faire passer à telle occasion et de préparer au mieux les personnes qui vont témoigner. Vous trouverez dans les outils la dernière mise à jour du calendrier non exhaustif des événements internationaux, nationaux et régionaux.

Calendrier des événements

o Connaître les médias

Les médias jouent un rôle essentiel dans la mise en œuvre des stratégies de plaidoyer. Ils permettent au grand public et aux dirigeants de prendre connaissance des revendications des associations et des difficultés des personnes. Le témoignage permet aux lecteurs, auditeurs ou téléspectateurs d’entendre une réalité en s’identifiant plus ou moins au vécu d’une personne. Le témoignage de Pierre qui parle de ses difficultés à joindre les deux bouts, et qui, du coup, laisse de côté les soins médicaux, aura un impact plus grand sur le public (même les politiques) qu’un discours bien rôdé et objectif sur les difficultés de l’accès aux soins. C’est pour cette raison que les journalistes cherchent toujours à illustrer les propos d’experts par le témoignage d’une personne concernée. C’est là où le savoir profane entre en jeu. Un reportage va faire parler des experts médicaux, des politiques, des représentants d’associations et un témoin. A nous de profiter de cette opportunité pour permettre la parole du malade comme expert de sa maladie. Afin de ne pas subir les demandes de témoignages notamment issues des médias et de pouvoir utiliser ceux-ci pour faire passer notre message de plaidoyer, il est dans l’intérêt de chacune des délégations de connaître le fonctionnement des médias. Nous avons donc élaboré une présentation du fonctionnement de la presse (Power Point) afin de donner les grandes lignes du fonctionnement de la presse et des journalistes. En complément, la description du quotidien de différents médias est également fournie pour illustrer les contraintes des journalistes.

Power Point Fonctionnement des médias Une journée dans un quotidien régional Une journée dans une rédaction de quotidien national Une journée dans une radio généraliste Une journée dans une rédaction d’une télévision nationale

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o Maîtriser l’interview

De la même manière qu’il est utile et nécessaire de connaître le fonctionnement des médias pour faciliter les conditions du témoignage, il est indispensable de savoir comment se construit une interview afin d’optimiser le témoignage. Face à la caméra ou à un micro, vous n’avez que peu de temps pour vous exprimer.

- En radio, les interviews incluses dans un sujet diffusé sont de l’ordre de 30 secondes. - En télé, les interviews incluses dans un sujet vont de 5 à 25 secondes.

Pour être efficace, il faut donc maîtriser le message dans sa forme et dans sa durée. Le message essentiel en interview

Remplir une fiche interview avant chaque témoignage permet de réfléchir sur les objectifs du témoignage, objectifs personnels et objectifs collectifs par rapport au plaidoyer. La fiche interview permet également de définir le sujet, ses limites et de penser à des phrases courtes qui permettront à la personne de faire passer son message en peu de temps.

La fiche interview (modèle et exemple)

o Connaître les journalistes

Les journalistes ne sont pas vos ennemis. Ni traîtres, ni ignobles vendus, ils ne racontent pas nécessairement n’importe quoi, avec pour seul souci de déformer et détourner le message. La plupart du temps, le décalage entre le message que vous souhaitez faire passer et ce que retient le journaliste vient des contraintes de temps ou du fait qu’il ne connaît pas bien le sujet et a mal compris. Il faut prendre le temps de connaître les journalistes :

• Un journaliste ne fonctionnera pas de la même manière s’il travaille pour la presse écrite, la télévision ou la radio.

• Un journaliste aura une manière de voir les choses différents selon la ligne éditoriale (politique, religieuse, économique) des médias pour qui il travaille (Libération/Le Figaro/La Croix/La Tribune)

• Un journaliste n’aura pas la même connaissance des sujets selon qu’il traite les informations générales (sujets d’actualité de fait très variés) ou qu’il soit spécialisé (santé, économie, social…)

• Un journaliste n’aura pas les mêmes intérêts selon la rubrique ou l’émission pour laquelle il travaille. Il importe de bien prendre connaissance du support et de la rubrique/émission dont s’occupe le journaliste avant de préparer le témoignage : voir comment il est fait, de quelle manière les sujets sont traités et notamment le travail du journaliste.

• Idéalement à force de travailler avec, d’écouter les demandes du journaliste, et de discuter de manière plus informelle, on apprend à connaître mieux le journaliste, ses préférences, ses passions, et une relation de confiance peut s’installer.

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o La Réduction des Risques Médiatiques

Des risques liés au témoignage et inhérents au fonctionnement des médias existent : coupures dans le texte, montage son ou vidéo qui réduisent les propos, personne floutée reconnaissable… Les participants du groupe de travail ont listé un certain nombre de risques « techniques » liés au témoignage médiatique :

- La déformation des propos par le journaliste – le contenu n’est pas retranscrit comme il a été réalisé – les propos ne sont pas rapportés correctement

- Une diffusion plus large que prévue (lieu pensé sécurisé au départ comme un colloque et une vidéo se retrouve sur Internet)

- Le témoignage n’est pas diffusé. - Le témoignage n’est pas suffisamment anonyme, la personne est reconnue. - Le harcèlement des médias, si par exemple le journaliste a les coordonnées de la personne. - Une surexposition si la personne a témoigné pour beaucoup de supports.

Dans une stratégie de Réduction des Risques Médiatiques, l’objectif est d’informer au mieux les personnes sur les risques auxquelles elles vont être confrontées :

- au niveau du message de plaidoyer qu’elles cherchent à véhiculer - et au niveau des risques personnels (voir plus loin).

Pour améliorer la compréhension des enjeux du témoignage, le groupe a réfléchi à l’idée d’une Charte du témoignage qui serait à destination des journalistes et des personnes qui témoignent. L’objectif de ce document est de présenter aux deux parties les contraintes, réalités, difficultés et craintes des uns et des autres. Il pourrait prendre la forme d’un petit document listant un certain nombre de principes et situations illustrés par des dessins humoristiques. Exemples Version témoin : le casting d’un séropositif depuis 15 ans, non co-infecté, habitant à Paris, dont le partenaire est séronégatif et disponible dans l’heure ! Version journaliste : la demande de visionner le reportage avant diffusion au JT avec plein de critiques alors que le journaliste n’a que quelques heures pour réaliser son reportage et le monter avant diffusion ! Cette ‘Charte’ pourrait construite à travers l’organisation d’un atelier journalistes/personnes touchées qui permettrait aux uns de se mettre à la place des autres. Cela pourrait prendre la forme d’un parcours de VIH pour les journalistes et d’un parcours de journaliste pour les personnes suivi d’un échange sur les ressentis. La Charte pourrait alors reprendre les éléments marquants pour les uns et les autres.

Atelier Journalistes/Personnes touchées La Charte du témoignage

(à budgéter et à organiser)

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La préparation du témoignage

o Connaître le contexte du témoignage

• Cadre/contexte Evénement particulier ? 1er décembre, colloque, Congrès… TV, radio, presse écrite ? Quel est le public du média ?

Afin d’adapter le témoignage à la cible. On ne s’adresse pas de la même manière à des spécialistes ou au grand public. Certains journaux sont lus par un panel représentant 90% de la population, d’autres 0,5%.

Quel jour et à quelle heure sera diffusée l’interview ? de combien de temps dispose t on pour préparer le témoignage ?

• Conditions

En direct, enregistré par téléphone, plateau, rendez-vous … Possibilité d’anonymat Quelle sera la durée du témoignage dans le cadre du reportage ?

Si vous ne disposez que de vingt secondes, vous ne vous exprimerez pas de la même manière qu’en 3 minutes.

• Thème

Sujet Sous quel angle, le journaliste va-t-il traiter son sujet ? Afin d’éviter d’être hors sujet Quelle connaissance le journaliste a-t-il du sujet ? Le journaliste n’est pas forcément un spécialiste.

N’hésitez pas à lui rappeler certaines informations essentielles sur le sujet avant l’interview. Quels sont les autres interlocuteurs dans le cadre de ce reportage ?

S’il s’agit de « concurrent » directs ou d’opposants farouches, autant le savoir et pouvoir leur répondre. N’essayer pas de caser un maximum d’informations dans un minimum de temps. Elaborez un message clair, compréhensible par le plus grand nombre et veillez à vous y tenir. Développez ensuite ce message à l’aide d’informations d’une importance décroissante. Aérez votre discours avec des exemples, des comparaisons, voire de anecdotes. Soyez concis, utilisez un langage clair, des mots simples, des phrases courtes. Inutile de vouloir développer tous les aspects possibles du sujet. Le public s’y perd et ne retient rien de votre intervention.

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o Déterminer les objectifs du témoignage

• Individuels Pourquoi je témoigne ? Dans quel but vais-je prendre la parole ? Que vais-je atteindre ? Quelles sont les limites que je ne veux pas dépasser ? (questions trop intimes…) Est-ce que j’ai balayé tous les doutes que je pouvais avoir ? (question à poser avant et après la prise

de connaissance des risques – voir plus loin) • Collectifs

Quel message je veux faire passer ? Dans quelle stratégie de l’association ? A qui je m’adresse ? En quoi est-il concerné ou intéressé ? Ai-je les éléments pour témoigner collectivement :

Informations Idées Opinions Grille de préparation Cadre/ contexte

Evénement ? Actualité ? Débat ?

TV ? Radio ? Presse écrite ?

Quel public ? Jour et heure de diffusion ?

Conditions

Direct ? Enregistré ?

Anonymat ? Durée ? Qui est le journaliste ?

Thème

Sujet ? Angle ? Qu’attend le journaliste du témoignage ? Quelle connaissance le journaliste a du sujet ?

Quels autres intervenants/ interlocuteurs ?

Objectifs individuels

Pourquoi ? Quel est mon objectif ? mes attentes ?

Quelles sont mes limites ?

Mes doutes ? Mes questions ?

Objectifs collectifs

Quel message ?

Quelle stratégie ?

Pour qui ? Est-ce que je dispose des connaissances pour témoigner collectivement ?

La fiche interview Remplir une fiche interview avant chaque témoignage permet de réfléchir sur les objectifs du témoignage, objectif personnel et objectif collectif/de plaidoyer. La fiche interview permet également de définir le sujet, ses limites et de penser à des phrases courtes qui permettront à la personne de faire passer son message en peu de temps.

La fiche interview

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L’encadrement du témoignage

o Pour une décision de témoigner éclairée et librement consentie • Evoquer avec la personne ses motivations et ses objectifs (cf la fiche interview) • Tenir compte de son contexte personnel et des conditions de vie : aider à évaluer le risque par rapport à

l’emploi, la famille, le logement… Dans une stratégie de Réduction des Risques Médiatiques, l’objectif est d’informer au mieux les personnes sur les risques qu’elles prennent quand elles témoignent. D’un point de vue individuel Les participants au groupe de travail ont listé un certain nombre de risques et de gains personnels liés au témoignage :

Ce que je gagne Ce que je perds - ne plus avoir à se cacher après, ne plus inventer

des excuses - être libéré - tri des amis - partager, poser quelque chose - apporter un soutien aux autres personnes

touchées - sensibiliser les autres - se sentir plus entier, une personne à part

entière - libère la parole des autres personnes malades

(VIH/VHC, etc…), « attire les confidences » - amour/affection - faire prendre conscience aux gens des vraies

valeurs de la vie - informer - échanger - intérêt/attention - tranquillité - sensibilisation - reconnaissance - empathie - admiration - estime de soi - sérénité - acceptation - sincérité - aide au témoignage - affirmation - prévention

- anonymat - exclusion dans certains milieux (ex : milieu gay /

idem hétéros) - mon emploi (ex. fonction publique) - perte d’amis, famille, perte des « faux amis » - perte de logement (liée à la perte de travail etc…) - surprotection - complicité (pitié mal placée, manque de sincérité) - renvoi à la figure, fait remonter quelque chose de

douloureux (comment j’ai été contaminé, etc) - mes ennemis - objectivité - recul - rejet - discrimination - stigmatisation - incompréhension - tranquillité - estime des autres - banalité - dommages co-latéraux (répercussions sur

l’entourage et les proches) - impuissance (inquiétude)

Remarques Certaines notions peuvent être gagnées ou perdues en fonction de chacun : ne plus avoir à se cacher/anonymat, tranquillité, affirmation de soi, dommages co-latéraux, amis/faux amis…

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D’un point de vue collectif

Ce que je gagne Ce que je perds

- plus d’anonymat - de l’exaltation - de l’ouverture d’esprit - un grandissement de soi nourri par les

autres - de l’objectivité /du recul - créer et renforcer des liens - favoriser l’implication et la visibilité - plus de crédibilité afin d’être entendu - plus d’acceptation parce que je fais

partie d’un ensemble - moins de discrimination/stigmatisation- une communauté large - une solidarité communautaire

(gays/hétéros migrants) - de la clarté, de la lisibilité (mise en

forme, expériences partagées) - du poids, de l’impact (politique) - faire remonter les revendications (ex :

emploi, franchises, papiers, test ADN…)

- prise de conscience pour les droits des personnes vivant avec le VIH (diffusion d’information)

- plus de force par l’union (plaidoyer, lobbying)

- plus fructueux sur le plan politique - être un porte-parole - une armée de militants

- ma place d’individu (frustration) - la globalité de mon histoire (il n’y a

que des bouts) - le contrôle de l’interprétation - la tranquillité - l’authenticité - ma personnalité - la spontanéité - ne pas se reconnaître - le décloisonnement des communautés - la perte des valeurs d’une

communauté (registre de reconnaissance)

- l'estime de soi

En vous aidant de la grille d’évaluation des risques, l’objectif est d’aider à la personne à faire un choix éclairé dans sa décision de témoigner. Témoigner pour la presse écrite de manière anonyme amène une prise de risques évidemment moins grande qu’un témoignage à visage découvert à la télé. En tenant compte du contexte de l’interview, des objectifs personnels et collectifs du témoignage et des conditions de vie de la personne, la décision de témoigner est le fruit d’une réflexion personnelle et collective.

Grille d’évaluation des risques

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o Encadrement par l’association du témoignage : protection des

personnes, l’association est un filtre. • Identifier un intervenant à AIDES qui sera référent sur l’accompagnement du témoignage soit seul soit

avec une équipe. • Ne pas donner les coordonnées personnelles de la personne qui témoigne. AIDES fait le lien entre la

personne et le journaliste. Si le journaliste veut rencontrer la personne, prévoir une rencontre dans les locaux de AIDES. Les journalistes TV aiment filmer la personne dans son environnement, éviter que cela se fasse au domicile de la personne, les locaux et l’environnement de AIDES sont les lieux idéaux. Si l’interview se fait par téléphone, organiser l’interview avec une ligne téléphonique dans la délégation.

• Un représentant de AIDES accompagne la personne lors du témoignage. Il doit être disponible, présent

et soutenant. Il aide la personne à poser les limites du témoignage : droit de dire non à certaines questions, possibilité de reprendre sa réponse. Rappeler que le journaliste est une personne humaine, avec qui on peut se comporter normalement (« tu parles à une personne »).

• Choisissez toujours pour vos interviews des lieux calmes, où personne ne viendra vous déranger et où le

téléphone sera coupé. Si possible avant l’arrivée du journaliste, afin de lui faire gagner du temps.

Conseils pratiques pour les interviews

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Le bilan du témoignage

o Accès des productions

• Vérifier l’accessibilité des productions pour les personnes (écrits, cassettes audio et vidéo…) Demander au journaliste la date de parution ou diffusion et si possible d’envoyer l’interview à la délégation qui transmettra à la personne.

• Informer sur les accès possibles. Différentes sources existent pour accéder aux interviews : Une revue de presse de la presse écrite, télé, radio est disponible au service de presse (Marjolaine Bénard – 01 41 83 46 53 – [email protected]). Internet est également un bon moyen de retrouver les interviews réalisées.

o Débriefing individuel soutenant

o sur le moment (à chaud) o plus tard (à froid)

Revenir sur les risques individuels, le ressenti, les conséquences.

o Partage/échange collectif

En délégation, l’échange collectif a pour but de partager les expériences et d’élargir la palette des risques encourus et des gains apportés par le témoignage. L’échange collectif a également pour objectif de mobiliser de nouvelles personnes prêtes à témoigner.

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o Evaluation

Evaluer l’impact par rapport aux objectifs • Pour la personne : revenir sur les objectifs individuels. Ont-ils été atteints ou non ? pourquoi ? • Pour le plaidoyer : revenir sur les objectifs collectifs du témoignage. Ont-ils été atteints ou pas ?

Pourquoi ? Qu’est-ce qui aurait pu être fait pour les atteindre ? Evaluation du témoignage Cadre/ contexte

Est-ce que mon témoignage était pertinent par rapport au contexte ?

Quels ont été les éléments facilitant ? Les éléments perturbants ?

Est-ce que mon témoignage était compréhensible ?

Est-ce que j’ai été suffisamment préparé ?

Conditions

Quelles ont été mes émotions ?

Est-ce que l’anonymat a été respecté ?

Est-ce que j’ai pu dire tout ce que je voulais ?

Est-ce que je retrouve ce que j’ai dit dans ce qui est sorti ?

Thème

Est-ce que je maîtrisai le sujet ?

Est-ce que l’angle choisi était pertinent ?

Est-ce que le journaliste était satisfait ?

Est-ce que mon témoignage était pertinent ?

Objectifs individuels

Est-ce que je suis satisfait par mon témoignage ?

Est-ce que j’ai atteint mes objectifs ? Est-ce que cela a répondu à mes attentes ?

Est-ce que mes limites ont été respectées ?

Est-ce que j’ai des réponses à mes doutes/mes questions ?

Objectifs collectifs

Est-ce que le message essentiel est passé ?

Est-ce que la stratégie a été respectée ?

Est-ce que le message a été compris ?

Est-ce que j’ai respecté le témoignage collectif ?

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o Cadre juridique

Que faire en cas d’incidents avec la presse ? Les mauvaises relations entre les entreprises ou les institutions et la presse reposent le plus souvent sur des malentendus. Nombreux sont les intervenants à poser des conditions sur la diffusion de leur interview après l’enregistrement de celui-ci. Ces manières de procéder ne sont pas correctes. Le contrat doit être clair, entre les deux parties, et fixé au départ – autrement dit avant l’interview. Les règles de base Ce que retranscrit un journaliste est toujours ce qu’il a compris. Êtes-vous sûr de bien vous être exprimé ? Vous êtes-vous assuré qu’il avait une bonne connaissance du sujet avant de lui répondre ? Vous n’êtes pas le seul à avoir à avoir été interrogé. Le journaliste avait selon toute vraisemblance d’autres sources d’informations. Un journaliste n’est pas entièrement maître de sa copie. Son sujet a peut-être dû être raccourci au montage, ou son papier coupé et ainsi dénaturé par le secrétaire de rédaction. Sachez que la critique est libre, seuls les faits ne doivent pas être dénaturés. Comment procéder ? Ces paramètres pris en compte, il s’agit pour vous de procéder à une démarche progressive. Renseignez-vous personnellement auprès du journaliste en cause, et non auprès de son rédacteur en chef, afin d’obtenir des éclaircissements. Marquez votre désaccord ou apportez une précision, qu’il sera libre de reprendre dans son prochain article. Demandez-lui un rectificatif, si la rectification que vous voulez apporter est vraiment évidente. Il s’agit d’en apporter la preuve. Rédigez une mise au point (toujours après un entretien téléphonique avec le journaliste) et demandez sa publication. Proposer au journaliste de réparer son erreur en consacrant un autre article ou un autre reportage au sujet ou à la délégation. Ecrivez une lettre de protestation à son rédacteur en chef (toujours après avoir appelé le journaliste personnellement) si vous estimez qu’il est de mauvaise foi et qu’il y a eu volonté de vous nuire. Toutes les démarches précédentes n’ayant pas abouti, utilisez le droit de réponse et éventuellement les poursuites pour diffamation. Le droit de réponse doit demeurer la solution ultime et être utilisé avec parcimonie (certains organismes sont des spécialistes du chantage au droit de réponse). Sachez qu’un droit de réponse laisse toujours des traces dans les relations que vous entretenez avec le journaliste incriminé, avec son support et même avec ses confrères journalistes. Votre organisme peut en outre s’en retrouver discrédité. L’erreur est humaine, pensez-y !

Fiche juridique ‘Témoigner : S’exprimer sans être diffamé, ni calomnié’ – Droit à l’image et interview

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Les outils à votre disposition

Le calendrier des événements (mis à jour et envoyé régulièrement par la communication interne – Laurence Bordas – 01 41 83 46 22 – [email protected] )

Le fonctionnement des médias

Le quotidien d’un journaliste dans différents supports

Le message essentiel en interview

La fiche interview (modèle et exemple)

La charte du journaliste et du témoignage

(document à créer notamment autour d’un atelier journalistes/personnes touchées)

La grille d’évaluation des risques

Les conseils pratiques pour les interviews

La fiche juridique

‘Témoigner : S’exprimer sans être diffamé, ni calomnié’ – Droit à l’image et interview

Le questionnaire d’évaluation

Page 17: Guide d'accompagnement au témoignage

AIDES - Calendrier régions et national -Décembre 2008

AUVERGNE GRAND LANGUEDOC GRAND EST NORD OUEST ILE

DE France SUD OUEST

1 Lun journée mondiale de lut2 Mar

3 Mer

4 Jeu

5 Ven Réunion coordination régionale

6 Sam Groupe de travail régional Gay

7 Dim

8 Lun

9 Mar

10 Mer

11 Jeu12 Ven WAT13 Sam CPP 14 Dim Relais 5815 Lun16 Mar17 Mer18 Jeu19 Ven20 Sam Conseil de région21 Dim22 Lun23 Mar24 Mer25 Jeu26 Ven27 Sam28 Dim29 Lun30 Mar31 Mer

Vie associative : CA / conseil de région Groupe nationaux/régionauxFormation : FIV Actions régionales (WAT, UPT, Etats Généraux…)Evénement collecte & visibilité Réunion direction/coordinateurs

Braderie

FIV 5/1

Réunion des DRAN

Ressourc.gay

Braderie de la mode

Réunion des Coordinateurs

Formation atelier santé& droits Migrants

RHONE ALPES MEDITERRANNEE

Réunion inter COREVIH

Réunion régionale PAAD et appartements relais

Réunion régionale des coordinateurs

Réunion des Coordinateurs

Groupe régional gaysCA

CONF

UPT/EG inter régional SO-AGL

UPT/EG inter régional SO-AGL

GRAND OUESTNATIONAL

forum de partenariat organisé

par le Fonds

Mondial

CISMA Dakar

en date du 29/02/2008

Page 18: Guide d'accompagnement au témoignage

Fonctionnement des médiaset des journalistes

Groupe de travail Témoignage

Marjolaine Bénard – Chargée des relations presse – [email protected]

Page 19: Guide d'accompagnement au témoignage

Des médias différents

Presse écrite : ~ 6 000 titres : quotidiens, hebdomadaires, mensuels, lettres....60 radios et + de 130 chaînes de télé sur réseau hertzien, câble, satellite et TNTAvec des entrées nombreuses

Journaux du matin, 13h, soir, WE …avec rédacteurs en chef et journalistes

différentsémissions audiovisuelles réalisées par des sociétés de production externes

Internet : sites des journaux, sites alternatifs, blogs …

Page 20: Guide d'accompagnement au témoignage

Presse écrite

Elle explique et raconte. Des délais de bouclage variables

Mensuels : de 15 jours à 2 mois avant parutionHebdomadaires: de 2 jours à 2 mois et demi avant (Femme Actuelle)Quotidiens: remise des papiers entre 16h (La Tribune) et 22h (Le Figaro), bouclage entre 18h et 00h.

Exceptions : Le Monde (10h/12h) et La Croix (11h/13h)

Généralement interview par téléphone. Le journaliste peut aussi se déplacer s’il a du temps.

Page 21: Guide d'accompagnement au témoignage

Radio

Elle alerte.Un reportage radio excède rarement 2 minutes. Les interviews incluses dans un reportage durent environ 30 secondes.Le journaliste a peu de temps pour réaliser son reportage d’où l’urgence des demandes. Plus de temps de préparation pour émissions et documentaires.Se déplace ou par téléphone. Possibilitéde direct

Page 22: Guide d'accompagnement au témoignage

Télévision

Elle montre. Un reportage télé dans un journal peut varier de 50 secondes à 2 minutes 30. Les interviews incluses dans un reportage télé vont de 5 à 25 secondes. C’est court, il faut donc bien maîtriser son message.Le journaliste a encore moins de temps pour réaliser son reportage : déplacements pour tournage.Plus de temps de préparation pour émissions et documentaires.

Page 23: Guide d'accompagnement au témoignage

Internet

Chaque media a aujourd’hui son site accessible en lignePeut diffuser des articles écrits, des photos des vidéos, des sons Contraintes de temps pour les sites d’actualité, plus de temps pour les sites thématiques

Page 24: Guide d'accompagnement au témoignage

Les lois de proximité

La loi de proximité géographiquePQR, environnement proche du lecteur, loi du « mort-kilomètre », prisme régional

La loi de proximité chronologiqueFutur proche, présent, passé proche, futur lointain, passé lointain

La loi de proximité psycho-affectiveSensibilité du lecteur : vie, mort, amour, haine, réussite, échec et argent

Les lois de proximité spécifiquesIntérêts des journalistes diffèrent selon les medias et les supports qu’ils représentent : adaptation

Page 25: Guide d'accompagnement au témoignage

Règles de base

Le journaliste retranscrit ce qu’il a compris.

Bien s’exprimer (préparation)Vérifier qu’il connaît le sujet

Le journaliste interroge plusieurs personnes.

Il peut avoir d’autres sources d’information d’avis opposé.

Le journaliste n’est pas seul maître de sa copie.

Son sujet peut être raccourci au montage, son papier coupé et dénaturé par le secrétaire de rédaction.

La critique est libre.Seuls les faits ne doivent pas être dénaturés.

Page 26: Guide d'accompagnement au témoignage

Que faire en cas d’incidents

Démarche progressiveSe renseigner auprès du journaliste ‘fautif’ et non auprès du rédacteur en chefMarquer son désaccord ou apporter une précision qu’il sera libre de reprendre dans son prochain articleLui demander une rectification, si elle est évidente (preuve)Rédiger une mise au point (après entretien avec lui) et demander sa publicationLe journaliste peut réparer son erreur en consacrant un autre article ou reportageEcrire une lettre de protestation à son chef (informer le journaliste) si mauvaise foi ou volonté de nuireSinon droit de réponse, voire diffamation

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Guide d’accompagnement au témoignage Novembre 2008

Le message essentiel en interview

Face à la caméra ou à un micro, vous n’avez que peu de temps pour vous exprimer. En radio, les interviews incluses dans un sujet diffusé sont de l’ordre de 30 secondes. En télé, les interviews incluses dans un sujet vont de 5 à 25 secondes. Pour être efficace, il faut donc maîtriser le message dans sa forme et dans sa durée. Hiérarchiser La première règle consiste à hiérarchiser le message. Demandez-vous : si mon interlocuteur ne devait retenir qu’une chose de mon propos, laquelle serait-ce ? Et placez-la en tête. Eliminez les précautions oratoires qui repoussent trop loin le message : « en tout état de cause, on ne peut pas dire que les choses se sont passées ainsi … » Attaquez directement le sujet. Apportez ensuite 2 ou 3 arguments pour étayer le message. Pourquoi est-ce important, quelle conséquence… Mettre en forme Utilisez des phrases courtes, de 12 à 16 mots, de construction simple sujet/verbe/complément. Pas de parenthèses orales, pas de phrases qui s’emboîtent (poupées russes). Et une seule idée par phrase. Utilisez des mots simples : le langage utilisé par le français moyen est de 1200 mots (un adolescent comprend le sens de 600 à 700 mots, un bachelier, 1500 mots, un lecteur du Monde 3000 à 3500 mots…) Si on est contraint d’utiliser des mots compliqués, les expliquer. Bannir tout jargon professionnel et expliciter les sigles. Enfin une bonne image ou une comparaison judicieuse est nécessaire lorsque l’on donne des chiffres ou des ordres de grandeur inhabituels pour le grand public. Répondre La règle de l’exercice veut que vous répondiez à toutes les questions. Mais ne perdez pas tous vos moyens si vous séchez face à une interrogation du journaliste. Vous n’êtes pas infaillible, vous ne savez pas ? Expliquez : « je ne suis pas en mesure de vous répondre à l’heure qu’il est, mais dès que j’aurai les éléments, je vous les transmettrai ». Vous ne pouvez pas ? Annoncez : « dans ce domaine, seul X est en mesure de vous répondre. » Ne sortez jamais de votre domaine de compétence. Enfin, répondre à une question qui ne vous a pas été posée est toujours possible. C’est parfois le moyen de délivrer son message. L’une des formules utilisables est la suivante : « Je comprends votre question, mais l’important ici c’est … »

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MODELE DE FICHE INTERVIEW

Guide d’accompagnement au témoignage - Novembre 2008

Phrase que l’auditeur doit retenir

Argumentaire : 1 ou 2 arguments et mots-clés

Chiffres, exemples, verbatim, récit… Pour chaque idée

Phrase de chute

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PHRASE A RETENIR AIDES a rejoint le mouvement Ni pauvre ni soumis parce que, comme les personnes handicapées, les séropositifs vivent dans une précarité et une insécurité financière qui s’aggravent de jour en jour. Aujourd’hui près de la moitié des personnes séropositives est privée d’emploi. L’immense majorité de ces personnes vit sous le seuil de pauvreté.

ARGUMENTAIRE Revendications AIDES et les associations du mouvement Ni Pauvre Ni soumis demandent la création d’un revenu de remplacement pour les personnes qui ne peuvent pas ou plus travailler. Pour vivre dignement, ce revenu doit être au moins égal au smic brut. En attendant,

Les minima sociaux notamment l’AAH doivent être augmentés.

Les personnes touchant les minima sociaux

ont accès à la CMU de base mais ils sont exclus de la complémentaire car juste au-dessus du seuil de ressources. Nous demandons que ce plafond soit diminué pour que toutes les personnes touchant des minima sociaux ait accès à la CMU complémentaire.

Les personnes touchant des minima sociaux

doivent être exonérées des franchises qui pèsent injustement sur leur budget déjà maigre.

Objectif de la manif du 29 mars La manifestation du 29 mars doit rassembler le + grand nombre de personnes concernées pour peser sur les décisions gouvernementales.

CHIFFRES ET EXEMPLE

43 % des personnes séropositives sont privées d’emploi.

47% des personnes séropositives vivent avec moins de 760€ .

1 personne séropositive sur 2 vit sous le seuil de pauvreté.

Le pouvoir d’achat des personnes touchant

des minima sociaux (AAH, ASI, ASPA) a diminué de + de 30% en 10 ans.

Une personne reçue par AIDES raconte qu’elle perçoit une pension d'invalidité de 630 € par mois et une allocation logement de 200 €. Une fois qu’elle a payé son loyer, sa mutuelle et les charges, il lui reste moins de 200 € pour boucler le mois. Cela devient de plus en plus difficile. Elle va désormais réfléchir à deux fois avant de faire certains soins. Faute de moyens financiers, elle ne prend qu'un vrai repas par jour.

CONCLUSION AIDES appelle les français à se mobiliser pour la manifestation du 29 mars à Paris et à signer le pacte sur le site www.nipauvrenisoumis.org parce que tout être humain qui ne peut pas travailler a le droit de vivre dignement. Parce que entre handicap, maladie et pauvreté, il y a un intrus à supprimer !

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Guide d’accompagnement au témoignage – Novembre 2008

EVALUER LES RISQUES ET LES GAINS LIES AU TEMOIGNAGE

RISQUES POSSIBLES IMPORTANCE DES RISQUES POUR TOI

GAINS POSSIBLES IMPORTANCE DES GAINS POUR TOI

EMPLOI - Quelle est ta situation

par rapport à l’emploi ? - Qui est au courant

dans l’entourage lié au travail (collègues, partenaires, public, clients…)?

- Qui ne l’est pas ? - Quelles conséquences

si tu es vu(e) dans les médias ?

LOGEMENT - Quelle est ta situation

par rapport au logement (propriétaire, locataire…)?

- Qui est au courant dans l’entourage lié au logement (voisins, propriétaire, commerçants…)?

- Qui ne l’est pas ? - Quelles conséquences

si tu es vu(e) dans les médias ?

BIEN-ÊTRE PERSONNEL - ne plus avoir à se

cacher après, ne plus inventer des excuses

- se sentir plus entier, une personne à part entière

- gagner en reconnaissance

- gagner en affirmation - gagner en admiration - gagner en estime de

soi - gagner en sérénité - gagner en acceptation - être libéré - susciter de l’intérêt, de

l’attention - gagner en tranquillité - gagner en sincérité

FAMILLE - Quelle est ta situation

familiale ? - Qui est au courant

dans sa famille ? - Qui ne l’est pas ? - Quelles conséquences

pour toi et pour ta famille si tu es vu(e) dans les médias ?

AMIS - Quelle est ta situation

par rapport aux amis ? - Qui est au courant

dans tes amis ? - Qui ne l’est pas ? - Quelles conséquences

pour toi et pour tes amis si tu es vu(e) dans les médias

BIEN-ÊTRE AVEC LES AUTRES - amour/affection - empathie - tri des amis - partager, poser

quelque chose - faire prendre

conscience aux gens des vraies valeurs de la vie

- sensibiliser les autres - informer - échanger - sensibiliser - prévention - libère la parole des

autres personnes malades (VIH/VHC, etc…), « attire les confidences »

- apporter un soutien aux autres personnes touchées

- aide au témoignage

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Guide d’accompagnement au témoignage – Novembre 2008

Conseils pratiques pour les interviews

Pour la presse écrite En expliquant au journaliste les difficultés liées au témoignage dans le cadre du VIH/sida (avec appui de la Charte) vous pouvez demander à relire vos déclarations. Sachez que cette demande doit se faire avant l’interview et jamais après. On examine toujours les clauses d’un contrat avant de le signer. Après c’est trop tard et malvenu. Pour la radio Veillez à ce que la salle choisie ne soit pas trop sonore. Il suffit de claquer dans ses mains pour évaluer la résonance d’une pièce. Un journaliste radio ou télé n’acceptera jamais votre présence au montage. La raison est simple : sa lutte perpétuelle contre la montre l’en empêche. En revanche, s’il a un doute, il ne manquera pas de vous rappeler pour vous demander des précisions. L’interview par téléphone L’interview par téléphone est un exercice délicat, car vous ne voyez pas votre interlocuteur. Vous ne saisissez pas ses réactions, qui sont autant d’indications utiles au bon déroulement de votre intervention. Cette technique est utilisée en presse écrite et en radio (les journalistes radio qui peuvent se déplacer préfèrent rencontrer leur interlocuteur), très rarement en télévision. N’écrivez pas votre intervention, vous perdriez en naturel. Le style parlé n’est pas le style écrit. En revanche, aidez-vous de la fiche media, de mots-clés et de phrases type. Pour la télévision Faites attention au cadre de l’interview. Veillez à ce qu’il ne vous porte pas préjudice. N’acceptez pas une position inconfortable pour une interview. Vous seriez mal à l’aise et cela se verra. Le comportement

Le visage

Sachez être expressif (pas statique) Pensez à sourire si le sujet le permet.

Le regard

C’est par lui que passe la conviction et la crédibilité Ne regardez jamais la caméra. S’appuyer sur le regard de son interlocuteur.

La gestuelle

Elle accompagne le regard et conforte la conviction. Savoir bouger (mais pas trop – on n’est pas dans un prétoire), les mains ne doivent pas être soudées, inertes mais mobiles et soutien de la parole. Attention cependant à ne pas taper sur la table. Evitez de jouer avec vos lunettes, vos cheveux, vos mains, vos bijoux…

Les bruits

Ils sont à éviter absolument :

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Ne pas toucher le micro Ne pas jouer avec un objet, stylo… Ne pas jouer avec vos papiers Ne pas faire grincer la chaise

La voix

On a la voix qu’on a, mais pensez à la maîtriser La voix c’est le volume, le ton, le débit Le volume doit être suffisamment fort pour être audible Le ton doit être agréable, modulé. Le débit doit être régulier. La voix est capitale = elle est porteuse de maîtrise ou d’agressivité. L’accent n’est pas gênant, il fait partie de la personnalité. Simplement, pensez à faire des efforts pour être audible.

La respiration

Pour parler en public, il faut savoir utiliser sa respiration. Elle permet :

o De maîtriser le stress ; o De réfléchir à ce que l’on va dire ; o D’encaisser une question difficile

Inspirez en gonflant le ventre, expirez en le creusant pour une respiration profonde et apaisante.

Le maquillage

En studio télé, il sera imposé. L’accepter pour votre avantage (pour éviter transpiration, rougissements inopportuns). On vous démaquille ensuite.

Les vêtements

N’étrennez pas un costume neuf ce jour-là. Pour être à l’aise, il faut bien « habiter son vêtement. Tout vêtement neuf se remarque et vous occasionne une perturbation supplémentaire. Evitez les rayures (effet optique), les chemises blanches (trop voyant à l’écran). Egayez les costumes gris ou bleu marine. Préférez les chemises pastel et les cravates et pochettes colorées.

Le corps

o Si vous parlez assis : Ne pas croiser les bras. Sinon, vous comprimez le thorax et vous ne pouvez plus vous servir de votre respiration.

o Si vous parlez debout : Ne pas se balancer d’un pied sur l’autre ; Ne pas avoir les mais dans le dos ni dans les poches Utiliser ses mains pour appuyer son intonation ; Fermez vos boutons de veste.

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L E T E M O I G N A G E : S ’ e x p r i m e r s a n s ê t r e d i f f a m é , n i c a l o m n i é

D R O I T A L ’ I M A G E E T I N T E R V I E W

I/ Droit de réponse et diffamation :

a/ l’exercice du droit de réponse Le texte de référence est la loi n° 82-652 du 29 juillet 1982 relative à la communication

audiovisuelle. L’article 6 de cette loi dispose :

« I. Toute personnes physique ou morale dispose d’un droit de réponse dans le cas où les imputations susceptibles de porter atteinte à son honneur ou à sa réputation auraient été diffusées dans le cadre d’une activité de communication audiovisuelle. Le demandeur doit préciser les imputations sur lesquelles il souhaite répondre et la teneur de la réponse qu’il se propose d’y faire. La réponse doit être diffusée de manière que lui soit assurée une audience équivalente à celle du message précité. La demande d’exercice du droit de réponse doit être présentée dans le délai de trois mois suivant celui de la diffusion du message contenant l’imputation qui la fonde. (…) (…) En cas de refus ou de silence gardé sur la demande par son destinataire dans les huit jours suivant celui de sa réception, le demandeur peut saisir le président du tribunal de grande instance, statuant en matière de référés, par la mise en cause de la personne visée au neuvième alinéa du présent article. Le président du tribunal peut ordonner sous astreinte la diffusion de la réponse (…) Toute personne dispose d’un droit de réponse, lorsque des imputations susceptibles de porter atteinte à son honneur ou à sa réputation ont été diffusées dans le cadre d’une activité de communication audiovisuelle. Ce droit de réponse s’exerce sous le contrôle du juge quant au contenu de celle-ci. (…) »

Peu importe que les propos incriminés aient lieu dans le cadre d’un débat politique (d’une émission animé autour d’un débat) et ne constitueraient que « l’opinion d’un homme politique (ou du journaliste) qui dans une société démocratique est libre de critiquer et de désapprouver, même avec colère (…) » : arrêt de la 1ère chambre civile de la Cour de cassation, 3 avril 2007, n° 06-10329.

Dans le cadre d’une émission animée autour d’un débat, la chaîne qui diffuse le programme est responsable du contenu éditorial. Pour ce qui nous concerne dans le cadre d’un témoignage, le fait de consentir à témoigner ne suffit pour permettre à un journaliste, par exemple, d’extrapoler autour des propos qu’il aura recueilli. Il lui appartient de s’en tenir aux faits, uniquement aux faits et surtout, de la manière la plus objective possible.

b/ la diffamation : un principe… La diffamation est une allégation ou imputation d’un fait qui porte atteinte à l’honneur ou à

la considération de la personne ou du corps auquel il est imputé (article 29 de la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse).

Toute diffamation par voie de presse est présumée faite de mauvaise foi et constitue un délit. Il y a diffamation lorsque les allégations en question ont fait l’objet d’une diffusion publique (sous quelque forme que ce soit).

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La diffamation n’est pas le seul fait d’un journaliste ; un particulier ou une association qui publierait des informations à caractère diffamatoire sur un site Internet, lors d’une interview (pour la presse écrite ou audiovisuelle) ou dans une lettre à destination du public pourraient être sanctionnés devant les tribunaux. Si par exemple, une personne séropositive témoignait de ses prises de risque et qu’à la suite de son témoignage, des échanges sur un forum, un blog, … mettaient publiquement en cause cette personne, cette dernière est en mesure d’intenter un recours en diffamation.

Il y a diffamation non seulement quand est visée une personne expressément nommée, mais aussi si la personne est clairement identifiable, par exemple d’après le contexte entourant les propos incriminés.

Connaître la limite entre d'une part la liberté d'expression et le droit d'informer et d'autre part la diffamation devient cruciale lorsque l'on cherche à s'adresser à un large public.

En effet, contrairement à ce que l'on peut parfois penser, la diffamation ne concerne pas que les journalistes. Un particulier ou une association qui publierait des informations à caractère diffamatoire sur un site Internet ou dans une lettre destinée au public (par opposition aux bulletins d'information internes qui ne sont pas concernés) pourraient être sanctionnés devant les tribunaux.

L’allégation ou l’imputation à une personne ou à une institution publique ou privée d’un fait qui porte lui porte atteinte ne signifie pas qu’il est interdit de « critiquer » publiquement quiconque ; mais cela montre qu’il faut être prudent dans ses affirmations (sous peine de risquer un procès). Toute atteinte diffamatoire est présumée avoir été diffusée avec une intention coupable. Ceci implique plusieurs choses :

1. il peut y avoir diffamation même si les faits rapportés sont vrais ; 2. la réalité des faits n’est pas le seul critère d’appréciation du juge : il appartient à son

auteur de prouver sa bonne foi.

c/ … et peu d’exceptions L’exception de vérité est très rarement admise en raison de son formalisme procédural

rigoureux (signification d’une offre de preuve dans les 10 jours, offre de preuve contraire possible) et parce qu’elle n’est pas légalement admissible dans certaines hypothèses (faits concernant la vie privée, faits qui remontent à plus de dix ans, faits amnistiés, pour ne citer que les plus courants, …).

En outre la preuve de la vérité n’est reconnue par le juge que si cette preuve est complète, parfaite et corrélative aux diverses imputations formulées, dans leur matérialité et leur portée », condition stricte et rigoureusement appliquée par les juges.

La bonne foi est plus facilement reconnue. Mais pour cela, plusieurs conditions doivent être réunies :

a. la recherche d’un but légitime : le souci d’informer et non de nuire ; b. l’absence d’animosité personnelle : le but poursuivi est proportionnel au dommage

causé ; c. la prudence dans l’expression ; d. l’existence d’une enquête préalable sérieuse : la sincérité du diffamateur. La Cour de cassation vient de rappeler que la bonne foi ne peut être retenue sans ce critère

dûment caractérisé. Cette condition intéresse particulièrement les journalistes, les historiens et les écrivains : arrêt de la chambre criminelle de la Cour de cassation, 31 janvier 2006, n° 05-83.936.

d/ les délais de prescription et les peines encourues Le délai de prescription est bref : 3 mois à compter de la publication (ou de la révélation) des

faits. Ce délai est porté à un an pour les propos racistes (injures, provocation à la discrimination, à la haine ou à la violence raciale)ou négationnistes

L’auteur encourt une peine allant jusqu’à un an d’emprisonnement et/ou une amende de 45 000 €.

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II/ Le droit au respect de la vie privée

La révélation de faits relatifs à la vie privée d’autrui par voie de presse porte une atteinte injustifiée au respect de sa vie privée lorsque cette révélation a lieu « en l’absence de tout fait d’actualité comme de tout débat d’intérêt général qui la justifierait par une information légitime du public ». Ce droit au respect de la vie privée protège « toute personne, quel que soit son rang, sa naissance, sa fortune, ses fonctions présentes ou à venir ». – arrêt de la 1ère Chambre Civile de la Cour de Cassation, 27 février 2007, n° 06-10.393.

Le droit de chacun au respect de sa vie privée d’une part, et la liberté d’expression et d’information sont deux libertés fondamentales. La lecture régulière de la presse en général et d’une certaine presse en particulier, permet de constater que ces deux droits fondamentaux entrent parfois en conflit.

Où s’arrête la liberté d’expression ? A quelle condition un élément de la vie privée peut-il être relaté, au titre du droit à l’information du public ? Il appartient aux éditeurs responsables de publication et journalistes de rechercher avec clairvoyance et discernements, le juste équilibre. En la matière, les Tribunaux apprécient les situations litigieuses au cas par cas, en fonction d’un critère déterminant.

Ce critère déterminant est le suivant : l’information n’est légitime que si elle s’inscrit dans la relation d’un "fait d’actualité" ou si elle est utile dans le cadre d’un (véritable) "débat d’intérêt général". Dans ce domaine, la jurisprudence est bien établie : arrêt précité ou encore les arrêts de la 1ère Chambre Civile de la Cour de Cassation, 16 mai 2006 n° 04-10.359 et 07 mars 2006 n 05 -16.059. Dans ce cadre, le respect de l’anonymat du témoignage est fondamental. Si, lors de la diffusion ou de la publication de l’interview, le journaliste venait à révéler des éléments susceptibles de rompre cet anonymat, il est passible de poursuite pour violation du respect de la vie privée.

III/ L’injure et la calomnie

a/ l’injure Au même titre que la diffamation publique, l’injure publique est définie par la loi sur la Liberté

de la presse du 29 juillet 1881 (CHAPITRE IV : des crimes et délits commis par la voie de la presse ou par tout autre moyen de publication - Paragraphe 3 : Délits contre les personnes.)

L’article 29, alinéa 2 dispose : « Toute expression outrageante, termes de mépris ou invective qui ne renferme l’imputation d’aucun fait est une injure. »

L’injure publique envers un particulier est un délit passible de 12 000 euros d’amende (article 33, alinéa 2 de la loi sur la presse). On pourra noter qu’à l’inverse, l’injure proférée en privé est une contravention de première classe (article R 621-2 du Code pénal) passible de 38 euros d’amende (article 131-13 du Code pénal).

Ainsi, l’injure se définit traditionnellement par quatre éléments constitutifs : a. la désignation de personnes déterminées : l’injure ne peut s’exprimer qu’à l’encontre

d’une personne clairement identifiée ; b. l’intension coupable ; c. un élément de publicité : par définition, l’injure publique doit faire l’objet d’une publicité ; d. des propos ou invectives injurieux ou outrageants : la nature de propos proférés

conditionnera la qualification d’injure. A titre d’exemple, selon le Tribunal de grande Instance de Paris, le terme « poulet » qualifiant un représentant de la force publique n’est pas une injure.

A l’inverse de la diffamation, l’injure ne repose sur aucun fait, il n’est donc pas question de prouver la véracité des propos injurieux allégués. L’injure se suffit à elle-même, son auteur ne peut s’exonérer en arguant l’exception de vérité.

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Une cause d’exonération : l’excuse de provocation On pourra cependant s’exonérer en réclamant l’application du cadre légal de l’excuse de

provocation, susceptible d’expliquer l’injure (article 33 de la loi sur la presse). La jurisprudence reconnaît et définit en effet la notion de provocation comme un « fait

accompli volontairement pour la personne injuriée, de nature à expliquer l’injure ». Cependant, « l’injure n’est excusable pour cause de provocation que lorsque celui qui a proféré ladite injure peut être raisonnablement considéré comme se trouvant encore sous le coup de l’émotion que cette provocation a pu lui causer », arrêt de la chambre criminelle de la Cour de cassation, 13 janvier 1966.

L’excuse de provocation ne pourra donc être valablement retenue que dans les cas où l’injure découle directement de la provocation (même si la jurisprudence n’exige pas concomitance entre l’attaque et la riposte : arrêt de la chambre criminelle, 17 février 1981. La qualification de la provocation relève de l’appréciation souveraine du juge.

Par ailleurs, il appartient au prévenu poursuivi pour injure publique d’évoquer l’excuse de provocation, qui devra en apporter la preuve : arrêt de la chambre criminelle de la Cour de cassation, 21 mai 1974 ; cette preuve se procède par tout moyen.

b/ la calomnie La calomnie entre dans le cadre des « atteintes portées à l’honneur ou à la considération

des personnes » ; il s’agit du chapitre V du Code pénal dont l’article 443 qui prévoit : « Celui qui (…) a méchamment imputé à une personne un fait précis qui est de nature à porter atteinte à l’honneur de cette personne ou à l’exposer au mépris du public, est coupable de calomnie, si, dans les cas où la loi admet la preuve légale du fait, cette preuve n’est pas rapportée. (…) »

Autrement dit, le fait rapporté doit porter atteinte à l’honneur ou à la considération de la personne et être inexact ou mensonger. On va retrouver ici les mêmes éléments constitutifs de l’injure.

En droit français, la calomnie recouvre un champ d’application extrêmement vaste et complexe avec des spécificités qui ne sont pas toujours clairement définies. Dans le cadre qui nous préoccupe, à savoir le témoignage public de personnes séropositives, le cadre légal de la calomnie semble assez inapproprié. Il convient ici de se placer dans le contexte de l’injure ou de l’atteinte à la vie privée.

IV/ Droit à l’image et autorisation de publication

Toute personne a sur son image et sur l’utilisation qui en est faite, un droit exclusif et peut s’opposer à sa diffusion sans son autorisation, cette jurisprudence constante a été rappelé dans une affaire opposant l’acteur Gérard Depardieu à la société SIGMA Presse par la Cour de cassation, le 26 Mars 1997.

Le droit de la personne sur son image est en effet un des plus anciens droits de la personnalité. Il a cependant du mal à s’affirmer de façon autonome vis à vis de certains droits et notamment vis à vis du droit au respect de la vie privée.

Ainsi, le recours à l’article 9 du Code Civil, bien que conçu initialement pour abriter le respect de la vie privée, est devenu le fondement légal d’un véritable droit de propriété de la personne sur son image. Et peu importe qu’aucune atteinte au secret de la vie privée ne soit caractérisée, la Cour de Cassation affiche nettement sa volonté de rattacher ce droit aux règles gouvernant la protection de la vie privée, dans un arrêt rendu par la 1ère Civile, 13 Janvier 1988, 95-13.1694.

La jurisprudence sanctionne également l'atteinte au droit à l'image par un appel aux règles générales de la responsabilité civile (article 1382), comme elle le fait notamment pour le droit au nom. Le principe a été très tôt affirmé de la nécessité d’une autorisation expresse et spéciale incombant à l’auteur de la publication d’une image quelque soit le support.

Cette autorisation doit être interprétée strictement et ne peut excéder les limites de l’utilisation envisagée.

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Une fois l'autorisation donnée, la personne pourra encore, en invoquant son droit à l'image , s'opposer à toute dénaturation de sa personnalité publique ou privée, par une utilisation détournée ou dévalorisante de son image.

La portée de l’autorisation sera alors appréciée en tenant compte des informations dont disposait le titulaire au moment où il a donné son consentement, notamment sur la teneur de l’article, son contexte et les commentaires destinés à accompagner la photographie - arrêt de la Cour d’appel de Paris du 10 décembre 1996.

La dénaturation de l’information ou de l’image exclut la justification par la nécessité de l’actualité. De sorte qu'une autorisation donnée par la personne interviewée pourra éventuellement faire l’objet d’une rétractation si l’utilisation de son image aboutit dans l’opinion du public à une fausse représentation de sa personne.

Le cas classique est évidemment celui d’un montage qui présenterait aux yeux du public la personne sous des aspects négatifs ou dévalorisants.

Si la perception par le public de la personne représentée dans le cadre de l’interview est une menace pour sa réputation, la personne interviewée pourra solliciter, dans un premier temps à l’amiable, puis par voie de référé, l’interdiction de la diffusion de l’interview pour atteinte à son droit à l’image.

Si les délais d’intervention sont extrêmement brefs, il peut être recouru au référé d’heure à heure qui autorise la victime à faire venir examiner l’affaire très rapidement devant le Président du Tribunal de Grande Instance compétent.

La jurisprudence sur ce terrain n'est cependant pas toujours favorable à la personne interviewée, les tribunaux étant généralement réticents à interdire la diffusion de l'interview. La personne interviewée pourra plus facilement obtenir la diffusion de l'interview avec "floutage" de la voix ou de l'image.

Il est conseillé dans tous les cas de réagir très vite car si le droit de rétractation existe pour la personne interviewée, il doit s’exercer dans des délais raisonnables de façon à permettre à la rédaction de la chaîne ou au producteur de l’émission de prendre toutes mesures utiles sans que l’émission n’en souffre.

Qu’en est-il du conflit droit de l’information/droit au respect de la vie privée ? Le Tribunal de Grande Instance de PARIS, dans un jugement du 15 Octobre 1997, a fait très

justement observer que tout organe de presse dispose du droit d'informer ses lecteurs par le texte et par l'image sur un événement d'actualité intéressant l'opinion publique. Il faut donc concilier l'exercice de chacun de ces droits.

Cependant, le conflit entre droit de l'information et droit au respect de la vie privée se résoudra en faveur du droit au respect de la vie privée et de l'image chaque fois qu'il y aura dénaturation.

Enfin, la possibilité offerte aux organes de presse de publier l'image de personnes participant à des faits d'actualité sans l'autorisation préalable de celles-ci, sera encore une fois strictement limitée aux nécessités de l'information et du public et au contexte spécifique dans lequel a été réalisée la prise de vue.

De sorte qu'une photographie, même prise lors d'une manifestation publique, ne pourra être publiée sans l'autorisation de la personne photographiée que si elle sert à illustrer un événement d'actualité.

Il est donc tout à fait conseillé de requérir l'accord écrit de toute personne photographiée ou interviewée et de bien préciser les limites de l'utilisation qui en sera faite.

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Guide d’accompagnement au témoignage – Novembre 2008

Evaluation du guide d’accompagnement au témoignage

Objectif global du guide Est-ce que le guide vous a permis d’améliorer l’accompagnement des personnes dans le témoignage ? Oui Non Quels éléments permettent un bon accompagnement ? Que souhaiteriez-vous ajouter ? Que souhaiteriez-vous supprimer ? Objectifs spécifiques Soutien des personnes Est-ce que le guide permet de soutenir les personnes ? Oui Non Quels éléments permettent le soutien ? Que souhaiteriez-vous ajouter ? Que souhaiteriez-vous supprimer ? Inscrire le témoignage dans le plaidoyer Est-ce que le guide permet d’inscrire le témoignage dans une action de plaidoyer ? Oui Non Qu’est-ce que vous avez trouvé utile ? Qu’est-ce que vous avez trouvé inutile ? Que souhaiteriez-vous ajouter ? Que souhaiteriez-vous supprimer ? Connaître le fonctionnement des médias Est-ce que le guide vous a permis de mieux connaître le fonctionnement des médias ? Oui Non Est-ce que le guide vous a permis de comprendre les contraintes des journalistes ? Oui Non Est-ce que le guide vous a permis de mieux appréhender la manière dont une interview est construite ? Oui Non

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Guide d’accompagnement au témoignage – Novembre 2008

Est-ce que vous vous êtes sentis plus à l’aise dans la relation avec les journalistes ? Oui Non Pourquoi ? Préparer le témoignage Est-ce que le guide vous a aidé à définir les objectifs individuels du témoignage ? Oui Non Est-ce que le guide vous a aidé à définir les objectifs de plaidoyer du témoignage ? Oui Non Qu’est-ce que vous avez trouvé utile ? Qu’est-ce que vous avez trouvé inutile ? Que souhaiteriez-vous ajouter ? Que souhaiteriez-vous supprimer ? Encadrer le témoignage Est-ce que vous vous êtes sentis plus à l’aise pour encadrer les personnes qui témoignent ? Oui Non Est-ce que vous avez d’autres conseils à ajouter pour encadrer et protéger les personnes ? Bilan du témoignage Avez-vous pu accéder facilement aux articles/reportages/interviews ? Oui Non Quels ont été les retours des personnes qui ont témoigné par rapport à l’accompagnement ? Positifs ? Négatifs ? Quels ont les retours au sein de la délégation ? Quels ont les retours à l’extérieur de la délégation ? Les outils à votre disposition Est-ce que le calendrier des événements est utile ? Oui Non Pourquoi ? Est-ce le power point « Le fonctionnement des médias » est utile ? Oui Non Pourquoi ? Est-ce que la fiche ‘Le message essentiel en interview’ est utile ? Oui Non Pourquoi ?

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Guide d’accompagnement au témoignage – Novembre 2008

Est-ce que la fiche interview est utile ? Oui Non Pourquoi ? Est-ce que la grille d’évaluation des risques est utile ? Oui Non Pourquoi ? Est-ce que la fiche « Les conseils pratiques pour les interviews » est utile ? Oui Non Pourquoi ? Est-ce que la fiche juridique est utile ? Oui Non Pourquoi ? Commentaires