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Le Progressiste Mercredi 10 Juin 2009 - N° 2089 1 euro La chance de la Martinique c’est le travail des Martiniquais Hebdomadaire du PPM - Fondateur : Aimé Césaire Les meilleurs spécialistes des affaires martiniquaises sont les Martiniquais eux-mêmes » (Dr ALIKER) DEMANDEZ LE ! Elie HOARAU Maurice PONGA Patrice TIROLIEN EUROPEENNES : 18 JUIN : CONGRÈS DES ÉLUS MARTINIQUAIS: Patrice TIROLIEN (socialiste, Guadeloupe) Elie HOARAU (communiste, Réunion) Maurice PONGA (UMP, Nouvelle-Calédonie) TROIS DÉPUTÉS D'OUTREMER : DEUX POINTS DE VUE (PP.13 À 16) IMPORTANT DISCOURS DE SERGE LETCHIMY (PP.5 À 12)

Le progressiste n° 2089

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Le ProgressisteMercredi 10 Juin 2009 - N° 20891 euro

La chance de la Martiniquec’est le travail des Martiniquais Hebdomadaire du PPM - Fondateur : Aimé Césaire

Les meilleurs spécialistes des affaires martiniquaises sont les Martiniquais eux-mêmes »(Dr ALIKER)

DEMANDEZ LE !

Elie HOARAU

Maurice PONGA Patrice TIROLIEN

EUROPEENNES :

18 JUIN :CONGRÈS DES ÉLUS MARTINIQUAIS:

Patrice TIROLIEN(socialiste, Guadeloupe)

Elie HOARAU(communiste, Réunion)Maurice PONGA

(UMP, Nouvelle-Calédonie)

TROIS DÉPUTÉS D'OUTREMER :

DEUX POINTS DE VUE (PP.13 À 16)

IMPORTANT DISCOURSDE SERGE LETCHIMY (PP.5 À 12)

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Les élections européennes ontlivré leur verdict avec uneabstention record : 86%. Peu

de Martiniquais se sont en effetdéplacés ce samedi 6 juin pouraller voter, malgré la forte implica-tion de l’Europe dans leur quoti-dien. Beaucoup de raisons doiventêtres analysées pour expliquercette faible participation (quiconcerne toute la France) :l’éloignement et le manque de lisi-bilité des institutions européennespour le citoyen. A ces raisons ilconvient d’ajouter le manque decontact du peuple avec ces éluseuropéens, et la complexité duscrutin qui rassemble des paysrépartis sur les trois océans.L’attitude de certains partis poli-tiques, patriotes jusqu’au bout des

ongles, qui au quotidien se vautrentdans les fonds européens, mais quiau moment des élections restentmuets, n’est pas faite pour aider lecitoyen à y voir clair. Il est vrai quenous avons par le passé été habi-tués à ce type de comportement àpropos des élections françaises,avant de les voir présenter un can-d i d a t .

Pour notre part, nous nous félici-tons de l’élection au ParlementEuropéen de Patrice Tirolien, lecandidat Guadeloupéen du PartiSocialiste, à qui le PPM a apportéson soutien pour ces élections. Ilconvient maintenant de travaillerensemble pour défendre les dos-siers de la Martinique au ParlementEuropéen, notamment la réformede l’octroi de mer, les risques de lalibéralisation commerciale interna-tionale, la mise en application desaccord de partenariat économiqueavec la Caraïbe, la crise del’environnement, la crise écono-mique mondiale…etc..La réforme du scrutin des électionseuropéennes dans l’outremer estmanifestement un dossier prioritai-re. Si certains ne semblent s’êtreaperçus du caractère injuste de cescrutin qu’au vu de ses résultatsaberrants, Serge LETCHIMY, le

président du PPM, s’est élevécontre l’ignominie de ce scrutin dèsl’ouverture de la campagne. Danssa lettre au Président de laRépublique, Nicolas SARKOZY,cosignée par Christiane TAUBIRA,députée de la Guyane et JacquesBANGOU, maire de Pointe-à-Pitre,il a dénoncé « l’absurdité de cescrutin qui ferait qu’une liste quiobtiendrait un score élevé à LaRéunion pourrait se voir attribuer lesiège d’une section où elle estminoritaire ».Cette élection européenne et lesenseignements que nous devonsen tirer feront partie des sujets quiseront débattus avec les militants,lors de notre convention qui se tien-dra le dimanche 14 juin prochain àl’Apaloosa au François de 9heures à 13 heures. Il s’agira pournous de faire le point avec les mili-tants et le Peuple Martiniquais surles nombreux sujets qui nous pré-occupent actuellement et de faire lepoint sur le projet politique du Parti.A quelques jours du congrès desélus convoqué le 18 juin prochain,ce rendez vous est d’importance etnul doute que les militants et sym-pathisants y seront très nombreux.

Didier LAGUERRESecrétaire Général

Le Progressiste - Page 2 - Mercredi 10 Juin 2009

A L’ECOUTE DU PPM SUR Radio EKLA- 102 MHz : chaque mardi à 19h30.Et Serge LETCHIMY chaque dimanche de 11h à 13h.

EDITORIALAPRES LES EUROPEENNES :

ET MAINTENANT ?

Dans une lettre cosignée par Christiane Taubira, Jacques Bangou et Serge Letchimy, en date du 07 mai 2009, lemode de scrutin des élections européennes avait été dénoncé. Un mode de scrutin anti-démocratique puisqu’il faitdépendre chaque candidat soit d’un grand parti national, soit de la Réunion qui bénéficie elle, d’une démographieélectorale importante . Ces élections européennes ont clairement illustré ce mode de scrutin anti démocratiquepuisque Harry Durimel sortant en tête dans la zone Antilles Guyane, n’a pas été élu. Tout en se félicitant de l’électionde Patrice Tirolien, le PPM renouvelle sa demande au Gouvernement, d’un rééquilibrage du mode de scrutin afind’avoir une compétition électorale distincte dans chaque zone géographique (Atlantique, Océan Indien et Pacifique).Cette réforme est le seul moyen hautement démocratique de doter nos instances communautaires del’investissement , de l’implication et de la créativité de tous. C’est aussi le plus sûr moyen d’éviter un fort tauxd’abstention encouragé par ces modalités électorales opaques.

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Le Progressiste - Page 3 - Mercredi 8 Avril 2009

RÉSULTATS DES ÉLECTIONS EUROPEENNES :

Suite page 4…

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LAMENTIN 23614 JDJE DJIJJK FDHL DDHH FHH JFE JDH LHG

LORRAIN 64117 DQGF FTIFGK DJQD TLG DLF PJ DED FTF

MACOUBA 1173 DQF DEITTK DLT TJ J F DG QT

MARIGOT 3150 TDG DTIDDK EEF FJD ED DT FF DFF

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RIVIERE-SALEE 8837 DGGL DFIJ'K PHH FQT DFF HDD DDQ JLH

ROBERT 16726 FLDF DLIGFK FFFE QQDD FDT FD' FGH QLD

SAINT-ESPRIT 7306 QJT DGIGTK TQE FJ' TG TG TE FEG

SAINT-JOSEPH 11624 DFHT (/WDTK DDPH THE PE DFH PD FTE

SAINT.PIERRE 4243 TJH DTIGEK TGD JHD FJ JG DP DJF

SAINTE-ANNE 3933 EEG (/IDPK EGD DTP TG TF FE QJ

SAINTE-LUCE 6664 ?96 (/WPQK QEL DHJ DTT DED TF DHH

SAINTE-MARIE 16661 FGDQ DFIDDK DTHP QEF FJH DDD DEE JPDD

SCHŒLCHER 16415 FLDT DTIJFK FJEG QDT FPJ JDT FPF TTD

TRINITE 9793 DDET DDIHTK DLTP JJG TJP DPJ DDD FEP

TROIS-rLETS 7884 682 DJITFK TEE DLG HH DEG TL DHE

VAUCLIN 7860 DDHD DFIEHK HHJ FHJ FFQ DF TD FGP

TOTAUX 297952 EDFGP DJIHJK JDFT' DETHT 'JP' JQPP JJQH HPHE

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IMPORTANT DISCOURS DU 22 MAI :

“ l’Evolution institutionnelleet notre autonomie :

un véritable recommencement ”

Chers camarades, chers amis,

Mon cher Jacques Bangou,

J’aurais pu commencermon intervention par uneréflexion de plus sur la

place et le rôle des émancipateursblancs, mulâtres ou institution-nels (dont Schoelcher, l’AbbéGrégoire, le gouvernement provi-soire….) dans l’abolition del’esclavage. Seulement, les dis-cours d’Aimé CESAIRE suffisentà nous éclairer pleinement sur lesvaleurs et la portée de ces luttesprécieuses…

CESAIRE A DEJA« REGLE SES COMPTES »AVEC LE COLONIALISME…

J’aurais pu aussi dresser l’apologiede la révolte du 22 mai, autour deSaint-Pierre et de l’esclave Romain.Un événement qui futl’aboutissement d’un long processusde rébellion commencé depuis long-temps, chez nous et ailleurs, et sedéployant dans un sens intangible,toujours le même : celui de la liber-

té... Un événement qui fut aussi etsurtout l’éclatante attestation quel’esclave fût un acteur déterminantde sa propre liberté.J’aurais pu être aussi tentéd’effectuer l’analyse des soubasse-ments politiques, moraux, intellec-tuels et économiques d’un teldrame. Soubassements inson-dables où la négation du fait humainatteint la cruauté la plus extrême …justifiant une spirale de crimes,d’assassinats, d’exploitations etd’extinctions de peuples entiers…Mais je préfère vous renvoyer aucélèbre Discours sur le colonialisme,où non seulement Césaire règle sescomptes avec tous les penseursnégationnistes, racistes et colonia-listes en tous genres, mais où sur-tout il dénonce les instigateurs deces besognes indignes, l’Europetout entière, celle qui nous a « gavéde pestilence et de mensonges »,alimentant des thèses indéfen-dables sur l’infériorité de la racenoire : thèses de Gobineau, de JulesRomain et des obscurs zélateurs del’action colonialiste du christianis-me…

Cependant, au-delà de cettecondamnation sans appel, AiméCESAIRE nous a laissé un messageessentiel : il nous a appelé à la digni-té et à l’espérance, Par ces motsque je vais vous citer, il a prophétiséun avenir d’espérance : « Malgré ledrame dans ces sociétés, coloni-sées et détruites, ni le mot échec, nile mot avatar, n’avaient de sens.Ces sociétés réservaient, intactes,l’espoir ».

Le Progressiste - Page 5 - Mercredi 10 Juin 2009

EVOLUTION INSTITUTIONNELLE

Suite page 6…

Serge Letchimy

L.S.SENGHOR

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AVEC NOTRE HISTOIRE,NOS HEROS,

L’ESPOIR EST LA, INTACT…

J’aurai pu aussi, par devoir demémoire, évoquer :L’épopée de Louis Delgrès, sacri-fiant sa vie et celles de ses com-pagnons à la Redoute du Matoubaen 1802 pour sceller dans nosconsciences un message univer-sel : la liberté n’a pas de prix, laliberté est au-dessus de tout. Et,pour l’obtenir, tout sacrifice estindispensable. Jacques Bangouen a parlé hier avec brio…

Le sacrifice de ToussaintLouverture qui défia l’armée deNapoléon avant de mourir dans leJura en 1803. Toussaint etDessalines, pères flamboyants dela nation haïtienne…

Les combats désespérés pourl’émancipation, menés pard’innombrables esclaves, et quel’on retrouve dans des écrits peuconnus, souvent oubliés, ou dansdes autobiographies rédigées pardes esclaves eux-mêmes. Celle,par exemple, d’olaudah Equianoesclave américain qui a révélé aumonde ce crime contre l’humanitéet la dignité de ses victimes. Ou

encore, dans les témoignages deWilliam E.B. Dubois au 19èmesiècle, afro-américain, ancienesclave, qui a parcouru le mondepour défendre les idées abolition-nistes. Ou encore dans les récitstout aussi honorables, qui témoi-gnent des luttes d’après les aboli-tions où il a fallu trouver des voiesinédites pour l’émancipation oul’intégration de ces hommes et deces femmes asservis pendant desdécennies. Parmi eux, citonsClaude Mac Kay, Richard Wight,Langston Hugues , MarcusGarvey, Malcom X, Martin LutherKing… ; et bien entendu les pèresde la Négritude, Césaire, Damaset Senghor.Il y aurait tant de choses à dire...Seulement, les circonstancesactuelles m’imposent d’utiliser cesadmirables énergies du passé afinde vous vous parler directementde l’avenir.

PARLONS DE L’AVENIR !

Deux évènements majeurs ontmarqué nos régions et le monde :En premier lieu : le mouvement du5 février en Martinique et celuimené par le LKP en Guadeloupenous ont bien montré qu’au-delàd’une revendication sociale, il

s’agissait bien d’une crise. Unecrise d’une dimension sociétaleconsidérable. Et même : une crisepolitique majeure dont on est loind’en avoir mesuré l’amplitude. Unecrise politique, exacerbée parl’organisation d’une société encoresoumise à la logique d’une écono-mie de rentes et de comptoirs.Cette soif de respect, ce besoind’égalité, cette revendicationd’identité, et ce besoin de démo-cratie économique, constituent desenjeux contemporains majeursauxquels nous nous devrons derépondre le plus tôt et le plus com-plètement possible.En second lieu : l’élection deBarack Obama, dans un pays, lesEtats unis, certes démocratique,mais où les pesanteurs du systè-me esclavagiste originel sontencore très actives. Une sociétéencore marquée par le racismed’où découle une ghettoïsationcommunautaire des plusextrêmes, (l’ouragan Kathrina enfut un révélateur éloquent). Unesociété où l’impérialisme est larègle ; où l’économie est soutenuepar un système ultralibéral préda-teur ; où les dirigeants sont géné-ralement animés de l’esprit dedomination… Dans une telle socié-té, l’avènement d’un noir métissé,au discours pacificateur, à la visiontrès large, était inespéré. Son élec-tion fait date et ouvre la voie d’uneespérance nouvelle : celle d’undialogue des civilisations, respec-tueux des équilibres culturels, éco-logiques, économiques et histo-riques du monde.

REDEFINIR L’ORDRESOCIAL ET RACIAL

Mais, à l’occasion de la célébrationdu 22 mai dans notre pays, onpeut légitimement se poser desquestions sur cette nouvelle pers-pective. Est-ce une circonstance

Le Progressiste - Page 6 - Mercredi 10 Juin 2009

Barack OBAMA

EVOLUTION INSTITUTIONNELLE

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fortuite, ou est-ce que l’humanité neserait plus réduite au monologue dela puissance et de la domination dela race blanche ? Et mieux : aurionsnous dépassé le principe très occi-dental qui fait que toute rupturedans l’équilibre du pouvoir, auniveau de la gouvernance mondia-le, passe par une redéfinition del’ordre socio-racial ?... Le mondeserait-il à l’heure révolutionnaire dudépassement de la race ?

MAIS, DES INQUIETUDESDEMEURENT…

On aimerait bien le penser, seule-ment certains faits dans le monde,nous invitent à la plus grande pru-dence. Notamment, la nouvellepolitique de l’immigration enEurope, et particulièrement enFrance où a surgi l’article 4 de la loide Février 2005 que nous avonsréussi à faire abroger. Notamment,la directive européenne de la hontequi a durci les règles del’immigration y compris contre lesfemmes et les enfants. Notamment,la gestion comptable et policièredes expulsions qui ne laisse deplace ni social, ni à l’humaine com-passion. Je parle de cette vastehypocrisie où on peut expulsern’importe qui, n’importe comment,tout en sachant que l’Europe àbesoin d’immigrés pour faire face à

sa stagnation démographique ; touten sachant que le besoin en maind’œuvre, en cuisiniers ou laveursde vaisselles, n’est satisfait que parles boat-peoples du désert ou de lamer.Je veux parler de la fermeture deSangatte aux réfugiés de l’Est, auxAfghans, etc… pour laisser place àune jungle déshonorante.Je veux parler des honteuses négo-ciations signées avec certainschefs d’Etat africains, pour retenirau pays des peuples affamés, vic-times de pouvoirs corrompus oudes désastres du changement cli-matique. Dans le monde, un enfantmeurt toutes les minutes, de faim,ou de malnutrition, ou broyé parune guerre. Mais ces enfants qui

meurent vite et enmasse ne se trouvent pasn’importe où sur la planète.Cette hécatombe n’a pas lieu enOccident, encore moins dansl’hémisphère nord, jamais dans lesanciens pays colonisateurs. Elle alieu dans l’hémisphère sud, le plussouvent dans les pays jadis coloni-sés et particulièrement en Afrique,en Asie, ou en Amérique du sud. Etce n’est pas un avatar de la malé-diction de Cham ! Ce n’est pasl’esprit de Cham qui nous poursuit -comme un sort jeté au nègre - maisl’inévitable accomplissement d’unedomination qui trouve ses racinesdans l’idéologie de la race supé-rieure. Idéologie qui trouve dans ladomination technologique et spécu-lative, les nouvelles justificationsd’une gouvernance mondiale deprédation.Je parle de la surexploitation éco-nomique des terres et des forêts,comme en Haïti, par un peuplepoussé depuis des siècles à lamisère ; je parle de la politique néo-coloniale d’un capitalisme financierdévastateur, qui régit le monde etqui se trouve à l’origine de la crisefinancière actuelle ; je dénoncel’exploitation des ressourcesminières des pays en voie de déve-loppement et les scandales des

Le Progressiste - Page 7 - Mercredi 10 Juin 2009Suite page 8…

Solidarité Haï̂ti

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grandes compagniespétrolières abusant de leur

position dominante ; je parledu développement inconsidérédes agro-carburants au détrimentde l’autosatisfaction alimentairelocale ; je dénonce le marché car-bone dans le cadre des luttes pourla réduction des gaz à effet deserre, au détriment des payspauvres, et au profit des paysriches.Tous ces drames du monde, sontautant de raisons d’inquiétudes quimontrent qu’au-delà de la décolo-nisation, de l’abolition del’esclavage, demeurent encoredes attentats qui rendent leshommes esclaves. Demeurentencore des pays qui sont dans leschamps de la prédation néo-colo-niale, des pays soumis à de sub-tiles dominations fondées surd’autres méthodes de constructionde la dépendance, souvent avec lacomplicité de potentats locaux.L’idée que serait révolue la penséeoccidentale d’une mission de civili-sation (impérialisme et domination)est une absurdité. L’idée d’unmonde multipolaire chemine demanière suffisamment poussivepour que l’uniformisation insidieu-se prenne le pas sur une civilisa-tion de la diversité.

RENFORCER NOTRECONSCIENCE D’ÊTRE,pour L’EMANCIPATIONDE NOTRE PEUPLE

Alors, je préfère m’accrocher auxseules choses qui vaillent dansl’immédiat : lutter contre l’oubli etrenforcer notre conscience d’être.D’être martiniquais, d’être guade-loupéens…Lutter contre l’oubli ? Nous ysommes. Nous avons maintenu lacélébration du 22 mai malgré unesituation sociale des plus difficiles.Nous l’avons maintenue car noussavons désormais que l’oubli

est une porte vers l’abîme.

Se doter d’une conscience d’être ?Nous nous y attelons au PPM. Carnous savons que la conscience estun pont pour notre traversée. Cettelongue traversée à laquelle noussommes tous appelés, tous avecun but précis : celui del’émancipation du peuple martini-quais.

RESTER UNISà L’ECOUTE DU PEUPLE

Mais pour traverser, pour construi-re notre route, il nous faut resterunis. Unis à l’écoute du peuple.Pas au-dessus du peuple maisavec le peuple. Pas prétentieux etpressés mais à l’écoute trèshumble des revendications. Et ilnous faut surtout rester fidèles à ladoctrine laissée par nos aînés.Rester forts. Rester soudés.Rester déterminés. Car de notreimplication et de notre mobilisationdépendra la victoire. C’est pour-quoi notre responsabilité est gran-de.Ainsi, chers amis, comment peut-on se référer à l’immense œuvred’Aimé CESAIRE sans se donnerles moyens, la force, la disponibi-lité, d’être à la hauteur de la mis-sion qu’il nous a confiée ?

UN SEUL COMBATQUI VAILLE :

CELUI DE L’AUTONOMIE VRAIE

Comment gagner un tel combat,celui de la liberté – en ce qu’elleporte d’autonomie – sans undépassement de nos égoïstes indi-vidualités, ou sans la mobilisation,(en France, en Europe, ici enMartinique, et dans la Caraïbe)d’un nouvel état d’esprit. Celui del’autonomie auto-instituée, tout desuite, dans chacun de nos choix,de manière explicite et permanen-te. Et cela dans l’idéal de progrèset de solidarité que nous a rappeléle docteur Aliker : « Il ne fautjamais permettre que l’intérêtgénéral soit noyé dans les eauxglacées des intérêts privés. »Comment gagner sans prendreconscience de cette responsabilitéqui est la nôtre ? Celle d’aller jus-qu’au bout de la lutte pourl’émancipation et pourl’autonomie ! Celle du PartiProgressiste Martiniquais ! La res-ponsabilité de ceux qui sont à lamaison, (la maison du PPM), deceux qui n’ont pas trahi, nil’homme, ni la cause ! La respon-sabilité de ceux qui sont porteursd’un avenir pour ce pays en évitantles marigots du populisme et dumercantilisme !

Le Progressiste - Page 8 - Mercredi 10 Juin 2009

Les Elus PPM pour un autre article

EVOLUTION INSTITUTIONNELLE

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L’AUTONOMIE RESPONSABLE:UN IDEAL DE PROGRES,UN IDEAL DE SOLIDARITESOCIALE, et D’EQUITE

Le PPM a une doctrine. Le PPM aune philosophie. Il a toujours donnéun sens politique à son combat.Notre idéal de progrès est indisso-ciable de notre idéal de solidaritésociale et d’équité. Notre motd’ordre d’autonomie est incompa-tible avec une société d’autocratiequi ne respecte pas les libertés indi-viduelles et qui ruse avec la démo-cratie. L’Autonomie est un proces-sus de construction culturelle de laresponsabilité auto-instituée, et nonune mise sous tutelle sociale dupeuple. Elle se situe dansl’interaction démocratique, et nondans l’isolement et dansl’enfermement doctrinaire.Sans boussole et sans cap (enclair : sans une éthique) il n’y a niissue politique et ni société saine-ment organisée. On pourrait imagi-ner qu’en tant que militants nousayions des droits. Certes. Maisnous avons surtout un devoir : celuid’aller jusqu’au bout et de trans-mettre cet idéal de progrès et deliberté qui nous a été légué. Et celasans jamais trahir notre conscien-ce, à l’image de cette femme sculp-tée par Khokho René-Corail qui n’ajamais trahi sa destinée. Je laregarde. Elle est prête au sacrifi-ce… Elle est prête à défendre sonenfant peut-être mort… Oui, ledésespoir donne le sentiment légiti-me d’une capacité à composer,d’une présence humaine prête àrecommencer la création. Sonenfant, mort ou pas, elle est prête àcontinuer la bataille, à continuer lavie, à redémarrer. Et c’est danscette constance que se fonde saliberté ! C’est ainsi qu’elle est libre !L’art de Khokho exprimel’essentiel : le devoir de résistance.Aimé Césaire le décrivait ainsi :

« Ici le nègre n’est plus l’objet, il estle sujet… Eh bien cela, c’est lavision martiniquaise de la libérationdes nègres….. Il ne reçoit plus laliberté. Il la prend et on nous lemontre la prenant… ».

LE P.P.M.,PORTEUR D’UNE PEDAGOGIE

de LA RESISTANCE…

Aimé CESAIRE, Pierre ALIKER etCamille DARSIERES, ont été desinitiateurs d’une pédagogie de larésistance. Ils ont eu raison endevenant les précurseurs de cettedate historique du 22 mai 1848,aujourd’hui chômée et célébrée.C’est une date historique pour lepeuple martiniquais qui n’atténueen rien l’importance de la date du27 avril. Ils ont eu raison d’installerici la 1ère statue dédiée àl’abolition. Et pas n’importe où ! ÀTrénelle ! Quartier chargé de sym-bole, de résistances et de souf-frances. Pas par n’importe quelartiste ! Mais par KHOKHO René-Corail ! Homme de liberté ! Hommede fidélité à son peuple et à sonpays !Chers camarades, si on peut fairedes concessions sur beaucoup dechoses, si on peut s’entendre surtout, aucune concession ne peutêtre faite sur l’histoire. Dès 1958, lePPM, ses leaders, ses militants, ont

en permanence étéen communion avec lepeuple, avec l’histoire, avecles réalités sociales. Notre lea-der disparu, Aimé Césaire, s’esttoujours donné pour missiond’éveiller les consciences, de dres-ser un rempart contre toute atteinteà notre dignité, et cela sans jamaisconfondre cette mission avec sondestin personnel !Rester fidèle à l’histoire sans nousenfermer dans le dogmatisme,sans nous murer dans le particula-risme ! Parler d’égalité sans nousdiluer dans un effacement de lapersonnalité !Rester fidèle à cette conceptiontrès césairienne de la liberté qui estl’autonomie ! Une autonomie inscri-te dans la Constitution. Une auto-nomie où l’égalité, comme socle denos diversités, n’est en aucunemanière synonyme de dépendan-ce, mais s’érige en un signed’appartenance solidaire toutautant que d’affirmation d’une irré-ductible différence. Quand l’égalitéest inscrite en tant que droit et nonen tant que dû, quand elle est sous-traite à la charité condescendanteet aléatoire, de la France vis avisde ses anciennes colonies, elledevient une dynamiqued’épanouissement réciproque !Ce jour de célébration de l’abolition

Le Progressiste - Page 9 - Mercredi 10 Juin 2009Le Peuple et l’Autonomie

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Page 10: Le progressiste n° 2089

de l’esclavage me donnel’occasion de revenir sur un

point essentiel. Celui de nosrapports avec nos ex-colonisa-teurs, en l’occurrence la France.

« LA REPARATION »,PARLONS-EN…..

Nous ne sommes à la recherche nide la repentance, ni de l’excuseexpiatoire. Ce serait trop facile.Nous ne sommes pas non plus surles chemins de la « Réparation ».Nous considérons qu’une revendi-cation de cette nature peut intellec-tuellement donner bonneconscience, mais que si elles’installe dans une comptabilitémortifère, elle devient aussi dou-teuse qu’irréaliste. Une comptabili-té de la « Réparation » me sembleaussi inacceptable que la justifica-tion du trafic négrier par le fait queles africains ont participé à laTraite de leurs fils et de leursfrères. Un tel crime est trop odieuxpour être réparable ! Il est définiti-vement irréparable ! C’est cet irré-parable que nous devons sacrali-ser ! C’est en le sacralisant tousensembles que nous révélerons,pour mieux les habiter, les pay-sages si précieux de l’humain !

Par la sacralisationde l’irréparable, c’estl’esprit dominateurque nous enrayons !C’est l’exploitationsystémique quenous abolissons !C’est le droit audéveloppement quenous exigeons !C’est l’idée dedécroissance quenous engageons !C’est la démocratieéconomique mon-diale que nous appe-lons à instaurer ! Ce sont les droitsdes opprimés, des exclus et despauvres que nous concevonscomme imprescriptibles et inalié-nables ! C’est le droit à la vie pourtous que nous plébiscitons !Face à la barbarie occidentale,l’ensauvagement de l’homme,Aimé Césaire n’a pas fait quecondamner la colonisation. Il aussicondamné le capitalisme, la bour-geoisie, les profiteurs. Il a toujoursassocié au combat pour la décolo-nisation celui des luttes menéespar le prolétariat pour son émanci-pation sociale. Il a vu large, il a vuloin !

LA RECONNAISSANCEDE NOTRE IDENTITE,EN TANT que PEUPLE

Je suis donc pour ce qui nous per-met d’atteindre les objectifs deliberté, de progrès et d’autonomie.Pour atteindre ces objectifs, il exis-te un passage obligé : celui de lareconnaissance. La reconnaissan-ce de mon identité en tant qu’être,en tant que martiniquais, de mapersonnalité collective en tant quepeuple.Je suis pour la reconnaissancedes peuples et des cultures, cellequi nous dépouille de tout com-plexe d’infériorité, mais aussi cellequi dépouille l’ex-colonisateur detoute idée de supériorité fondéesur une hiérarchisation des races.Je suis pour l’abolition des fron-tières d’inspiration raciale, pourqu’aucun peuple, aucun homme,ne soit victime en ce 3ème millé-naire d’une ligne de partage liée àla couleur de la peau..Aux consciences éveillées, je plai-de pour les droits individuels et col-lectifs de l’Homme. Aux exploiteurset aux profiteurs de toute espèce,je demande une nouvelle liberté,une liberté d’initiative inscrite dansune nouvelle démocratie écono-mique. Un homme qui est acceptédans le respect de sa différence

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Aimé Césaire

Le PPM au cœur de Trenelle

EVOLUTION INSTITUTIONNELLE

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culturelle, est capable de construirele cadre nécessaire, à l’expressionde toutes les formes de liberté et deprogrès. Un homme qui subit lesinégalités sociales et économiquespar des préjugés historiques, est unrévolté en puissance, un rebelleinévitable !

L’idée de « Réparation » commecelle de « rattrapage » conforte ladépendance. C’est un compromisdouteux. Je préfère instituer, autourde la notion sacrée de l’irréparable,la reconnaissance et l’accès a undouble droit : le droit à la différenceet le droit à l’initiative. Je ne suispas un adepte de tractations intel-lectuelles et morales, la premièredes libertés c’est la liberté de pen-ser. Aimé CESAIRE le sait, quinous dit : « Ce n’est pas par la têteque les civilisations pourrissentc’est d’abord par le cœur ».Alors, c’est quoi cette « reconnais-sance » ?Ce n’est pas seulement un« besoin » de reconnaissance, c’estaussi un besoin de respect. Et c’estmême plus qu’un besoin : c’est uneexigence de respect !Tout déni de reconnaissance estune forme d’humiliation. C’est pourcela que cette exigence de recon-naissance s’ouvre aussi :Sur la protection des droits fonda-mentauxSur la reconnaissance des besoinsspécifiques dans le respect desidentitésSur la reconnaissance del’humanité de l’homme dans uneperspective universelle.

Chers camarades, chers amis, ledéfi qui se présente à nous aujour-d’hui et qui d’ailleurs préoccupe denombreux martiniquais : c’est celuide l’évolution institutionnelle.

L’EVOLUTIONINSTITUTIONNELLE

et NOTRE AUTONOMIE,UN VERITABLE

RECOMMENCEMENT…

Le PPM est un parti autonomiste.Nous n’avons aucune leçon à rece-voir de qui que ce soit. Si noussommes prêts à accepter un accordsur l’idée majeure d’Aimé Césaire,nous ne consentirons jamais à uneAutonomie bâclée, ni à uneAutonomie fragile et éphémère !L’Autonomie n’est ni une tractationjuridique, ni un enfermement procé-durier. L’objectif n’est pas d’obtenirune place au paradis par un choixprécipité, irréfléchi et dangereux.Pour les martiniquais et pour laMartinique, il s’agit d’un momentd’une extrême importance.L’occasion d’un véritable recom-mencement. C’est un recommen-cement qui pourrait nous permettre,(si nous avons le courage etl’audace nécessaires, le couragede la femme illustrée par Khokho,)de garantir les droits acquis liés àl’égalité et d’ouvrir des perspectivesd’une société structurée autour dela responsabilité.Il faut sortir d’une première dépen-dance. Celle de l’esprit (dépendan-ce morale et intellectuelle). C’est lacondition première pour pas secontenter de la solution de l’Autre,La solution dévolue avec condes-cendance voire avec mépris. C’estla condition première pour resterfidèle au père de la nation martini-quaise et garder vivante l’étoile desa pensée.

ATTENTION AUX APPRENTISSORCIERS, SABOTEURSDE L’AUTONOMIE !

Je crains d’avoir compris ce quecette démarche à laquelle nousavons assisté lors du dernierCongrès, peut comporter comme

stratégie dangereuse :le meilleur moyend’exterminer l’autonomie, c’estd’organiser son échec pour mieuxéliminer l’idée !C’est un choix sans doute machia-vélique ou irresponsable, mais il estclair que le PPM ne s’associerajamais à de telles manœuvres !Nous voulons,Partager les valeurs démocratiqueset universelles avec la France etl’Europe fondées sur les principesd’égalité et de respect. Ce qui estloin d’être le cas, lorsque l’on voitles modalités du scrutin des élec-tions Européennes de juin 2009.Nous voulons,Instituer les aptitudes nécessairespour une autonomie explicite etpermanente. Fonder le socle d’uneassemblée capable d’auto-instituerdes lois et des règles propres àl’organisation de la collectivité mar-tiniquaise.Alors ce recommencement aura undouble intérêt :Consolider le socle de l’égalité àpartir desdroits constitutionnalisés ; et ouvrirles perspectives d’une responsabi-lité ouverte à nous-mêmes dans lecadre d’une République de diversi-té, et respectueuse des diffé-rences.Egalité, oui !Liberté, oui !Fraternité… peut-être.Mais je préfère, disais le poète :identité !Tu es mon frère, je suis ton frère, jeveux bien. Mais quand tu reconnaî-tras d’abord en moi un être, sa cul-ture et sa personnalité, on parlerade fraternité !L’identité me semble plus appro-priée.C’est en fait la recherche du sens.La recherche d’une voie nouvelle.C’est une ambition qui n’est ni dansle séparatisme, ni dans le larbinis-me, ni dans l’abdication, et surtout

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pas dans le conformisme ins-titutionnel ! C’est la lutte perma-

nente du peuple martiniquais enlutte pour son émancipation, enlutte pour toutes les libertés et pourl’égalité !Certains ont oublié, moi je n’oubliepas !Nous, nous n’oublions pas !Le peuple martiniquais n’oublierapas et nous avons tous en mémoi-re le discours des 3 voies et des 5libertés : « ce qui est acquis estacquis, ce qu’il faut gagner c’est cequ’il faut rajouter à ce qui estacquis, c’est-à-dire : les libertésautonomes… ».

LA RECHERCHE D’UNE VOIENOUVELLE :

UNE BATAILLE DIFFICILE,MAIS C’EST NOTRE DEVOIR

Ce ne sera pas une bataille facile !Comment faire pour que la Francesorte de sa traditionJacobine ? Comment faire en sortequ’elle comprenne que les diffé-rences existent et se transforment,et qu’elles ne disparaissent jamais.Certes, il n’y aucune sacralisation,ni des idées, ni de la culture poli-tique et ni de l’autoritarisme cen-tralisé. Mais si la France veutdemeurer dans une sorted’holisme des sociétés anciennes,elle fera partie du lot des paysd’Europe (peu nombreux) dont leretard sur l’autonomie régionaleest condamnable. Un pays quiréduit des peuples entiers à unestérilité de leur énergie et de leursinitiatives, en leur instillant unenouvelle forme d’avilissement :celle de la dépendance, et, en finde compte, en prolongement inévi-table, celle de l’humiliation ! C’estun pays qui prend le risque de seruiner de l’essentiel : LA CREATI-VITE AUTONOME DE L’HOMME.

C’EST AU DROITDE S’ADAPTER AUX REALITES

DU PEUPLE, et PAS LECONTRAIRE !

Dans les sociétés contemporaines,l’unité culturelle est la base del’unité politique mais cette unité nepeut se priver de la diversité desidentités et des patrimoines. Lacrise d’autorité généralisée quenous avons connue en Martiniqueet en Guadeloupe, l’ébranlementd’un ordre social, se sont doublésd’une crise d’identité qui reflèteune crise plus générale : celle de ladémocratie représentative. Crisetellement profonde qu’elle nousimpose de ne pas bricoler au bonvouloir du législateur mais de nousélever à la dimension innovantequ’exige la circonstance. Crise tel-lement profonde qu’elle nous obli-ge à ne pas accepter cette concep-tion occidentale du progrès portépar l’oracle juridique. C’est au Droitde s’adapter aux réalités despeuples, et pas le contraire !Alors, chers camarades,cette célébration du 22 mai ne peut

être l’occasion, ni d’un reniement,ni d’une abdication. Ceux qui secontentent de brandir l’évangiled’une Constitution contre les aspi-rations des peuples ont abdiquédevant l’essentiel. Ils ont désertéleur devoir de combattant pour unecause noble et juste : celle del’Autonomie véritable qui ne peutse fonder que dans l’autonomie dela pensée, l’autonomie de laconception, l’autonomie de la miseen œuvre, l’autonomie del’imagination ! C’est cette autono-mie seule qui peut concilier libertéet égalité dans le cadre d’uneRépublique unie…Je vous demande de résister àtoutes facilités, à tout abandon, età toutes les formesd’assujettissement de votre capa-cité à penser et à imaginer.Que l’esprit du 22 mai vous habite !

Serge LETCHIMY22 mai 2009

(Les titres et sous-titres sont deJeannie Darsières)

Les militants et l’Autonom

EVOLUTION INSTITUTIONNELLE

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LES ENJEUX DU CONGRES DU 18 JUIN

Lors du congrès des élusdépartementaux et régionauxdu 18 décembre dernier, la

majorité MIM-CNCP-RDM a inscritla Martinique dans une perspectived’évolution institutionnelle en optantpour une collectivité unique régiepar l’article 74 de la Constitution.

Au sortir des évènements de févrieret au moment du lancement desEGOM, Le Président du ConseilGénéral a convoqué la deuxièmepartie du Congrès. Après le 18décembre 2007 pour le baptême deSMDE-AGENDA 21, le 18décembre 2008 pour la premièrepartie du Congrès, l’appel du 18juin. Hasard ou fétichisme, le 18s’est invité à la définition de l’avenirde la Martinique.

La commission ad’ hoc, composéede 20 membres, reflétant la compo-sition politique du congrès, a étéreconduite, et chargée de faire despropositions sur l’organisation et lescompétences dévolues à la nouvel-le collectivité, ainsi que sur lesconseils consultatifs.

Le début des travaux a bénéficié del’éclairage du ProfesseurEmmanuel JOS qui n’a pas suc-combé aux tentatives de récupéra-tion et a exposé une méthode, lamême que celle qu’il avait présen-tée au Parti, pour esquisser unefeuille de route correspondant à cequi pourrait nous permettre de tra-vailler dans une direction aboutis-sant à des propositions conformes

aux enjeux que cet exercice revêtpour la Martinique.

Les outils que sont le régime légis-latif, l’organisation d’une collectivitéet les compétences ne valent queparce qu’ils sont au service d’unevision, d’un projet visant à satisfaireles aspirations des citoyens et àrépondre aux problématiques clésdu pays.

Le premier volet du Congrès avaitclairement permis d’identifier leslimites de la démarche, les travauxde la commission ad’ hoc ont confir-mé les limites des incantations poli-ticiennes.

La proposition s’articule autour dedeux organes : une assembléedélibérante et un Conseil exécu-tif qui en est détaché et qui estresponsable devant celle-ci.

L’assemblée délibérante consti-tuée de 75 membres, est dirigéepar une commission permanentede 15 à 21 membres élus à la pro-portionnelle ; son Président est dotéde pouvoirs propres.

Dans le cadre envisagé de l’article74, aucune précision n’est apportéesur son rôle et son fonctionnement,pourtant éminemment importants,dans le cadre d’une activité deveille législative nationale et d’untravail « parlementaire »d’adaptation des lois issues duParlement français et d’élaborationde lois pays.

Il est juste envisagé deux sessionsordinaires de trois mois, posant laquestion du statut des élus et de lacompatibilité de cette organisationavec la continuité de leurs activitésprofessionnelles. S’engager ainsidans la perspective d’une assem-blée d’élus professionnels doit doncêtre mûrement réfléchi.

Le Conseil exécutif élu à un scru-tin de liste majoritaire, dirige les tra-vaux de la collectivité. De naturecollégiale, de 7 à 13 membres, il aà sa tête un Président, véritablepatron politique de la collectivité.

Cette construction sur le mode dela séparation des pouvoirs doit êtreappréciée à l’aune du mode descrutin retenu par le Congrès qui,en constituant une majorité stable,ce qui est politiquement souhai-table, en limite néanmoins la por-tée.

Cet exécutif peut être renversé parune motion de défiance diteconstructive, qui doit exposer lesgriefs reprochés à l’exécutif enplace et proposer, pour être rece-vable, une nouvelle liste appelée,en cas de succès, à se substituer àl’équipe destituée.

Dans ce cas, le Conseil exécutifvoit ses membres remplacés parleur suivant de liste au sein del’assemblée délibérante. Ceci nemaquera pas de constituer une limi-te à l’exercice réel de cette censurecar le potentiel de remplacementest politiquement et numérique-ment limité.

Les membres qui constituaient leConseil Exécutif retrouvent leurplace au sein de l’assemblée et lessuppléants voient leur mandat inter-rompu.

Dans la première phase duCongrès, nous avions regretté quela question des compétences inter-vienne après le choix du régimelégislatif. Cela traduisait de notrepoint de vue un empressement cou-pable faisant fi de la recherche deconsensus et privilégiant le conte-nant au contenu.

Le débat sur les compétences n’afait que confirmer nos certitudes.

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Daniel ROBIN

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Dans la logiquede la majorité du

Congrès, on se seraitattendu à ce que le choix

entre les deux systèmes décou-lant de l’article 74 soit clairementaffiché. Soit une compétence deprincipe de la collectivité, soit unecompétence de principe de l’Etatpermettant de qualifier l’orientationprise entre plus de spécialité ouplus d’identité législative. Rien detout cela, l’exercice s’est limité àl’alignement d’une somme de com-pétences.

On aurait également pu s’attendre àpuiser dans un projet l’analyse descompétences nécessaires à samise en œuvre. Le SMDE etl’Agenda 21 ne sont pas des projetsde société. Ils ont le mérite d’existeren tant qu’outils, mais ce ne sontque des schémas d’orientations, ilsne constituent pas un projetsociétal. Ils n’émargent tellementpas à cette catégorie qu’ils sontrégulièrement invoqués, comme onle ferait pour une divinité, sansjamais prendre appui dessus pourdéfinir le socle des compétencesqui nous seraient nécessaires pourinscrire la Martinique dans un déve-loppement durable.

Au final, un inventaire de compé-tences dont on a du mal à identifiercelles relevant d’une nouvelledimension, ou dont la portée nouspositionnerait en initiative et en res-ponsabilité sur des questions cen-trales pour notre développement.

Entre celles qui nous sont déjàdévolues : Développement écono-mique, éducation, logement, trans-port, formation, culture, énergie,écologie, environnement… et cellesrevendiquées : emploi, santé, justi-ce, sécurités publiques, régime dela propriété foncière, on a du mal àdiscerner la transversalité recher-chée et la démarche projet. La pré-sentation laisse penser qu’il y arecherche de nouvelles compé-tences mais ce ne sont pourl’essentiel que des domaines deresponsabilité partagés avec l’Etat !

On aboutit en piochant à St Barth,en Polynésie ou en Corse à unpatchwork interpellant !

Tout cela laisse penser à une quêtede renforcement du pouvoir desélus locaux, pas à une consolida-tion de la mise en œuvre de poli-tiques publiques cohérentes et arti-culées avec les autres collectivités,notamment les communautésd’agglomération ou de communes.

Il suffit de constater le détail appor-té à la description de la dimensioncoopération internationale pours’interroger : pourquoi la questiondu développement n’a pas, comptetenu des enjeux, la même consis-tance ?

La question du pourquoi reste tou-jours en suspens car l’argumentairedéveloppé ces dernières semaineslaisse pantois : on ne change pasde régime pour une prétendue inca-pacité à obtenir une réponse sur laquestion de l’autorité organisatriceunique du transport !

La question de l’évolution desConseils consultatifs n’est pasmoins significative. La conceptiond’un contre pouvoir n’est pas bienvécue par cette majorité, cettedimension n’est d’ailleurs pasreconnue au CESCEE, contractiondu CESR et du CCEE. Les ques-tions de son indépendance et deson financement sont autantd’aspects primordiaux àl’expression d’une approche cri-tique et enrichissante de l’action dela collectivité. Certes, la légitimitérestera toujours à l’élu, mais juste-ment parce qu’il n’y a pas de risquede dépositionnement de la respon-sabilité, cet apport ne peut êtrequ’un plus.

Etablir un parallélisme entre cesConseils et l’Assemblée unique nejustifie pas que l’on fusionne lesdeux Conseils en un seul, avec aumoins deux sections, reprenant lesprérogatives des deux actuelsConseils.

La vocation et les missions duConseil des Communes devraientêtre marquées d’une volonté deprise en compte de l’expression duterritoire. Ce que le mode de scrutinn’a pas permis de faire doit trouver,sans qu’il y ait d’équivalence, unemodalité pour associer ce Conseildes Communes à la vie de laCollectivité.

Le fait que sur les questions budgé-taires de la Collectivité deMartinique, il ne lui soit pas reconnude compétences, limite la portée desa capacité à intervenir sur ce quitouche aux ressources des com-munes, pourtant identifié commerelevant de ses prérogatives.

En matière d’organisation d’une col-lectivité, les orientations prisesrésultent de la conception démocra-tique de ses inspirateurs.S’agissant d’une évolution majeure,la démarche nécessite pour desquestions pédagogiques des’assurer que la construction repo-se sur des fondamentaux démocra-tiques.

La question de la majorité nesaurait être dissociée de celle dela gouvernance qui constitue laseule différence avec une quêtede nouveaux pouvoirs.

Et sur ce point rien ne nous permetd’être rassurés sur la vision quisous-tend l’ensemble de ces propo-sitions.

Quant à la question del’autonomie, finalement retenuedans le préambule, elle ne sauraitnous satisfaire, tant les matièresdans lesquelles elle aurait às’exprimer sont peu significa-tives (contrôle juridictionnel, accèsà l’emploi- attention au statut deRUP- foncier, libertés publiques) auregard de notre ambition pour unevraie autonomie pour la Martinique.

Daniel ROBIN

Conseiller Régional PPM

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Il paraît que le hasardn’existe pas ! Même si on luiconcède par moments debien faire les choses etqu’on observe abasourdique, bien déterminé etobjectif, il lui arrived’emprunter de drôles desentiers pour nous ramenersur le droit chemin, en réta-blissant l cours du destin.

COUP DE FORCE

Et c’est ainsi que le coup deforce d’Alfred Marie-Jeanne auCongrès des élus dedécembre dernier –imposantle vote sans discussion del’article 74 de la Constitution-n’aura servi –singulier télesco-page et impressionnant retourde manivelle- qu’à offrir aupetit « djiguidji dan an bonm fèblan » de la République fran-çaise, l’occasion de se poseren sapeur-pompier volant au

secours de la Démocratiebafouée et violentée par letyranneau du Plateau Roy. Uncomble !

LA GOUVERNANCE

La mise en place d’un Ateliersur « la gouvernance » auxEtats Généraux qui ont suivi lemouvement social du Collectifdu 5 février aura permis –« laparole au peuple » enfin resti-tuée- de mettre en évidence ledéphasage entre la volontédudit peuple et celle de sesélus, l’absurde prétention deceux-ci à se croire au-dessusde leurs électeurs, pouvoirtromper leur vigilance etl’inanité de leurs manœuvresdémagogiques, à vouloir à toutprix faire un bébé dans le dosdu peuple qui ne semble pasdisposé, mais pas du tout, à selaisser faire ! Au grand dam deDaniel Marie-Sainte qui co-

préside cet atelier.

Quant aux institutions de laMartinique, on connaît la posi-tion du PPM, qu’ici mêmenous avons longuement expo-sée. Il n’en demeure pasmoins quelques « bouchés àl’émeri » qui confondent léga-lité et légitimité et qui sontconvaincus que le sort dupeuple martiniquais ne peutêtre déterminé que par unarticle de la Constitution. Quela seule autonomie possible nepeut être que celle définie parl’article 74 de la Constitutionfrançaise !

TROIS RAPPELS

Qu’il nous soit donc permis derappeler que :1/ La République française quise veut une et indivisible anéanmoins multiplié à traversce qu’il est convenu d’appelerl’Outre-mer des statuts diverset variés pour maintenir sadomination colonial sur les« confetti de l’Empire ». Le sta-tut de St Pierre-et-Miquelonn’est pas celui de Mayotte ;celui des DOM de la Caraïben’est plus celui de LaRéunion ; celui des nouvellesCollectivités d’Outre Mer(COM) de St Martin et StBarthélemy n’est pas celui dela Corse ; celui de la Polynésien’est pas celui de la Kanaky.2/ Sous la pression despeuples et de l’Europe, lanotion de « République une et

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18 JUIN :L’EVOLUTION INSTITUTIONNELLE EN QUESTION !

Victor Tisserand

POLITIQUE

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indivisible » est battue enbrèche car depuis peu il lui estajouté un appendice : « sonadministration est décentrali-sée ».Appendice qui prendvaleur juridique et ouvre unlarge champ au possible et àl’audace. Cette audace qui auramanqué à nos patriotes ava-chis, abâtardis et abouliques,qui leur permettrait de penserune Autonomie qui nous seraitpropre et qui, à ce moment denotre histoire, répondrait à NOSseuls besoins d’égalité et àNOS aspirations revendiquéesde responsabilité.3/ Il n’y a pas une seule formed’autonomie ! En effet, enEspagne, l’Etat qui se veutrégional en propose diversesmodalités : des grandes et despetites, des pleines et des limi-

tées. Des grandes pour lesRégions historiques, desmoyennes pour les nouvelles,des petites pour les communeset les provinces. Au choix, sésilon chaj ou pé poté ! Et onpeut y accéder par « voirlente » aux compétences res-treintes, par « voie rapide » auxcompétences élargies.

CONTINUITETERRITORIALE

Une des particularités de cetteConstitution-là est l’existencedu principe de continuité territo-riale, qui n’a rien à voir avec lefait de distribuer des billetsd’avion, mais qui émane d’uneformidable philosophie et d’unvrai outil de développementéconomique : la philosophie est

l avolontéd ’ a b o l i rtoute distan-ce entre lapéninsule ibé-rique et laRégion auto-nome desCanaries ;l’outil de déve-l o p p e m e n téconomique :l’Etat prend encharge tous lesf r a i sd ’ app r o che ,dans un sens

comme dans l’autre.Voilà dons quelques considéra-tions qui aurait pu intéresser lescongressistes de décembredernier ; mais ils ont préféré« ankayer » l’évolution institu-tionnelle dans un article de laConstitution française qui n’apas été établi pour nous et qui –et c’est là qu’est le « chatt ansak »- ne pourra nous êtreappliqué qu’après une loi orga-nique votée par le législateurfrançais qui, soyons donc pré-venus, en profitera pour ajouterà ces contraintes ses propresrestrictions ! Nou mal maré !Puisse le Congrès du 18 juinprochain en tenir compte et entirer les meilleurs enseigne-ments !

Victor TISSRERAND

COMITÉ DE RÉDACTION :

Daniel COMPEREJeannie DARSIERESDidier LAGUERRELaurence LEBEAU

Daniel RENAYSerge SOUFFLEURVictor TISSERAND

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Appel du « Progressiste » aux Militants, aux sympathisants, à tous les Démocratesqui lui ont toujours fait confiance.

« Le Progressiste », organe du Parti Progressiste Martiniquais, a besoin de l’aide matérielle,intellectuelle de tous les militants, démocrates et sympathisants.

Nous les remercions d’envoyer leurs dons (à l’ordre du PPM), leurs articles et leurs suggestionsau siège du PPM : Ancien Réservoir de Trénelle

Fort-de-France.

Directeur de la Publication : Daniel COMPERE18, Allée des Perruches - Rte de l’Union - 97200 Fort-de-France

Téléléphone du siège du PPM : 0596 71 88 01 - Site Internet : www.ppm-martinique.netEmail : [email protected]

N° de CPPAP : 0511 P 11495