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Les gens… 07 ment ». Ce qu’il est dans la vie scolaire de ses enfants, dans sa commune, ou dans une associa- tion de micro-crédit en tant que bénévole. La vie le nourrit et l’action est son moteur. A tel point qu’il réalise ses idées dès qu’elles lui viennent. « Elles naissent n’importe quand, dit-il, je ne peux pas les réfréner. Je peux rester éveillé jusqu’à 2h du matin à faire des dessins, des cartes, des program- mes… J’ai même un jour interrompu une partie de tennis pour creuser une idée ! » ajoute-t-il en riant. Mais une idée n’est pas toujours creusée, précise l’homme-orchestre qui veut toujours aller au bout des choses. Le frein ? Le manque de sens ou de légitimité. UNE VOLONTÉ POLITIQUE Mais le plus important pour l’inventeur c’est d’oser tester de nouvelles idées : « Il faut assumer (ses innovations) et oublier les a priori ». Ainsi, aux obstacles et aux réfractaires – qui freinent devant tout nouveau concept – il répond par la pédagogie et la ténacité. Il revendique un droit à expérimen- ter et affirme que chacun a sa place dans le pro- cessus de l’innovation, ce savant mélange d’éner- gie, de méthode et de talent. Car si la maîtrise de la technique est essentielle, Guillaume Féry rap- pelle que le facteur humain est la clef et que l’in- novation n’a de sens que si elle est partagée. « Au sein de l’entreprise, créer est un acte essentiel qui est aussi un outil de management, assure-t-il. Les nouvelles idées créent une agitation et une stimu- lation intellectuelle. C’est très important ! » Et de citer Pierre Dac, pour conclure « Rien n’est jamais perdu, tant qu’il reste quelque chose à trouver ». > PORTRAIT GUILLAUME FÉRY Un ingénieur qui cherche et qui trouve Info ou intox ? Pourriez-vous imaginer un camion de col- lecte dans les jardins de la demeure du Roi et de la Reine de Suède ? Il fallait que SITA Sverige, en charge du ramassage des ordu- res au palais de Drottningholm à Stockholm, trouve un système pour éviter les nuisances sonores et respecter la majesté des lieux. C’est donc le cheval Cliff avec sa remorque qui se charge de la royale mission. Il a reçu l’approbation du roi Karl XVI et pourra s’en enorgueillir jusqu’à la fin de l’année. La collecte « select » des déchets chics Ingénieur à la Direction Technique de Lyonnaise des Eaux, Guillaume Féry développe des services liés aux usages de l’eau. Inventeur d’un service d’urgence d’alerte téléphonique en cas de pollution du système d’eau potable, il est aussi un grand joueur de 35 ans qui aime le terrain et les gens. Ne l’appelez pas Géo Trouvetout. Guillaume Féry a beau être curieux, plein d’énergie et porter des lunettes, la comparaison s’arrête là. Pour lui, l’inno- vation ne se réduit pas au gadget, et « la technique est un outil plus qu’une fin ». Et pour mieux l’expli- quer, il est venu avec son cahier, ses photos, ses documents… Un fouillis organisé qui lui permet d’il- lustrer ses propos qui coulent à flot. Guillaume Féry est un robinet de paroles qui a beaucoup d’idées et de messages à transmettre. « Au mieux, on peut inventer une chose dans sa vie, mais on peut en perfectionner mille », dit-il en citant un aphorisme japonais. Et les mille choses, on peut parier qu’il les a déjà en tête, ou presque. Lui qui s’intéresse à tout, qui a posé des panneaux solaires à la Réunion, qui a exploré des galions avec un chasseur de trésors à l’Ile Maurice, qui a dirigé une agence de distribution d’eau en Picardie, qui a adapté les factures d’eau et un magazine client en braille… et qui trouve encore le temps de dévorer des dizaines de newsletters et d’animer des blogs à ses heures « perdues ». Car ce militant du développement durable ne l’est pas seulement sur son lieu de travail. Ce qu’il essaie de promouvoir dans son travail, il l’applique au quotidien : « Je suis un citoyen responsable et j’essaie d’être un acteur dans mon environne- Octobre/Novembre 06 n ° 1 Terra Cognita Le ministère de l’Ecologie et du Développement durable encourage la suppression des sacs en plastique dans les supermarchés. Et vous, pourriez-vous vous en passer ? Claire (30 ans, Paris) : « Pour le principe, je suis pour. Mais cet été, quand j’ai fait mon plein de courses en vacances en Corse et que j’ai dû acheter 6 ou 7 sacs à 0,50 , j’ai trouvé que ça faisait cher… » Michel (38 ans, Québec) : « J’utilise mon sac à dos pour faire mes courses et je réutilise aussi les sacs qu’on m’a donnés. Même si chacun a peu de pouvoir, ces petits gestes comptent. Ils permettent de se préparer à penser et à réagir autrement. » Cécile (27 ans, Paris) : « J’achète souvent un grand sac en plastique à la caisse de mon supermarché en me disant que je vais le réutiliser. Mais la fois suivante, je l’oublie. J’ai du mal à perdre mes habitudes. » Claude et Raymonde (68 ans, Gap) : « Tous les habitants de Gap (Hautes Alpes) ont reçu du Conseil Régional un sac cabas en toile pour faire leurs courses. Ici, les supermarchés respectent la consigne de ne pas distribuer les sacs en plastique. » La fin des sacs plastiques ? UN ÉCO-CITOYEN qui invente DR Marjorie Sylvain C’est vous qui le dites…

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Mais qui est Guillaume Féry ?

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Les gens… 07

ment ». Ce qu’il est dans la vie scolaire de sesenfants, dans sa commune, ou dans une associa-tion de micro-crédit en tant que bénévole. La vie lenourrit et l’action est son moteur. A tel point qu’ilréalise ses idées dès qu’elles lui viennent. « Ellesnaissent n’importe quand, dit-il, je ne peux pas lesréfréner. Je peux rester éveillé jusqu’à 2h dumatin à faire des dessins, des cartes, des program-mes… J’ai même un jour interrompu une partie detennis pour creuser une idée ! » ajoute-t-il en riant.Mais une idée n’est pas toujours creusée, précisel’homme-orchestre qui veut toujours aller au boutdes choses. Le frein ? Le manque de sens ou delégitimité.

UNE VOLONTÉ POLITIQUEMais le plus important pour l’inventeur c’est d’osertester de nouvelles idées : « Il faut assumer (sesinnovations) et oublier les a priori ». Ainsi, auxobstacles et aux réfractaires – qui freinent devanttout nouveau concept – il répond par la pédagogieet la ténacité. Il revendique un droit à expérimen-ter et affirme que chacun a sa place dans le pro-cessus de l’innovation, ce savant mélange d’éner-gie, de méthode et de talent. Car si la maîtrise dela technique est essentielle, Guillaume Féry rap-pelle que le facteur humain est la clef et que l’in-novation n’a de sens que si elle est partagée. « Ausein de l’entreprise, créer est un acte essentiel quiest aussi un outil de management, assure-t-il. Lesnouvelles idées créent une agitation et une stimu-lation intellectuelle. C’est très important ! » Et deciter Pierre Dac, pour conclure « Rien n’est jamaisperdu, tant qu’il reste quelque chose à trouver ».

> PORTRAIT GUILLAUME FÉRY Un ingénieur qui cherche et qui trouveInfo ou intox ?

Pourriez-vous imaginer un camion de col-lecte dans les jardins de la demeure du Roiet de la Reine de Suède ? Il fallait que SITASverige, en charge du ramassage des ordu-res au palais de Drottningholm à Stockholm,trouve un système pour éviter les nuisancessonores et respecter la majesté des lieux.C’est donc le cheval Cliff avec sa remorquequi se charge de la royale mission. Il a reçul’approbation du roi Karl XVI et pourra s’enenorgueillir jusqu’à la fin de l’année.

La collecte « select »des déchets chics

Ingénieur à la Direction Technique de Lyonnaisedes Eaux, Guillaume Féry développe des servicesliés aux usages de l’eau. Inventeur d’un serviced’urgence d’alerte téléphonique en cas de pollutiondu système d’eau potable, il est aussi un grandjoueur de 35 ans qui aime le terrain et les gens.

Ne l’appelez pas Géo Trouvetout. Guillaume Féry abeau être curieux, plein d’énergie et porter deslunettes, la comparaison s’arrête là. Pour lui, l’inno-vation ne se réduit pas au gadget, et « la techniqueest un outil plus qu’une fin ». Et pour mieux l’expli-quer, il est venu avec son cahier, ses photos, sesdocuments… Un fouillis organisé qui lui permet d’il-lustrer ses propos qui coulent à flot. Guillaume Féryest un robinet de paroles qui a beaucoup d’idées etde messages à transmettre.« Au mieux, on peut inventer une chose dans savie, mais on peut en perfectionner mille », dit-il encitant un aphorisme japonais. Et les mille choses,on peut parier qu’il les a déjà en tête, ou presque.Lui qui s’intéresse à tout, qui a posé des panneauxsolaires à la Réunion, qui a exploré des galionsavec un chasseur de trésors à l’Ile Maurice, qui adirigé une agence de distribution d’eau enPicardie, qui a adapté les factures d’eau et unmagazine client en braille… et qui trouve encore letemps de dévorer des dizaines de newsletters etd’animer des blogs à ses heures « perdues ».Car ce militant du développement durable ne l’estpas seulement sur son lieu de travail. Ce qu’ilessaie de promouvoir dans son travail, il l’appliqueau quotidien : « Je suis un citoyen responsable etj’essaie d’être un acteur dans mon environne-

Octobre/Novembre 06 n° 1 Terra Cognita

Le ministère de l’Ecologie et duDéveloppement durable encourage la suppression des sacs en plastique dans les supermarchés. Et vous, pourriez-vous vous en passer ?

➜ Claire (30 ans, Paris) :« Pour le principe, je suis pour. Mais cet été,quand j’ai fait mon plein de courses en vacances en Corse et que j’ai dû acheter 6 ou 7 sacs à 0,50 €, j’ai trouvé que ça faisait cher… »

➜ Michel (38 ans, Québec) :« J’utilise mon sac à dos pour faire mes courses et je réutilise aussi les sacs qu’on m’a donnés. Même si chacun a peu de pouvoir, ces petits gestes comptent. Ils permettent de se préparer à penser et à réagir autrement. »

➜ Cécile (27 ans, Paris) : « J’achètesouvent un grand sac en plastique à la caisse de mon supermarché en me disant que je vais le réutiliser. Mais la fois suivante, je l’oublie. J’ai du mal à perdre mes habitudes. »

➜ Claude et Raymonde (68 ans,Gap) : « Tous les habitants de Gap (HautesAlpes) ont reçu du Conseil Régional un sac cabas en toile pour faire leurs courses. Ici, les supermarchés respectent la consigne de ne pas distribuer les sacs en plastique. »

La fin des sacsplastiques ?

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C’est vousqui le dites…