90
« Conditions de vie carcérale et détresse psychologique des personnes détenues. Etat des lieux dans les prisons de Vatomandry et d’Antanimora à Madagascar » RAPPORT FINAL ETUDE PROGRAMME Direction Action Développement Programme Madagascar Direction des Ressources Techniques Domaine Prévention et Santé Novembre 2010 Projet financé par l’Union Européenne

« Conditions de vie carcérale et détresse psychologique des

  • Upload
    letram

  • View
    242

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

« Conditions de vie carcérale et détresse psychologique

des personnes détenues. Etat des lieux dans les prisons

de Vatomandry et d’Antanimora à Madagascar »

RAPPORT FINAL

ETUDE PROGRAMME

Direction Action Développement

Programme Madagascar

Direction des Ressources Techniques

Domaine Prévention et Santé

Novembre 2010

Projet financé par l’Union Européenne

Édition : Handicap International – Programme Madagascar

Auteurs : Audrey LECOMTE - Chef de Projet PRISON, Direction Action Développement - Programme Madagascar,

Handicap International

Guillaume PEGON - Référent Technique Santé Mentale, Direction des Ressources Techniques, Handicap International

Mise en page : Hélène CASTEL

Impression : Press Attitude - Madagascar

Contacts : Handicap International Madagascar - BP 4286 – 31, rue Andriandahifotsy – Mandrosoa Ambohijatovo –

101 Antananarivo - Madagascar

Crédit photos : © A. LECOMTE pour Handicap International

Ce rapport peut être utilisé ou reproduit sous réserve de mentionner la source et uniquement pour un usage non commercial

Ce rapport a été réalisé avec le soutien de l’Union Européenne

« Conditions de vie carcérale et détresse psychologique

des personnes détenues. Etat des lieux dans les prisons

de Vatomandry et d’Antanimora à Madagascar »

RAPPORT FINAL D’ETUDE

Novembre 2010

Direction Action Développement

Programme Madagascar

Direction des Ressources Techniques

Domaine Prévention et Santé

Projet financé par l’Union Européenne

4

5

Remerciements

Les auteurs de ce rapport remercient

L’équipe d’animateurs du projet d’amélioration des

conditions carcérales pour leur travail de terrain, MAMY

Cynthia, RANAIVOJOANA Voahanginirina, TABASA

Edouard, HERITIANA Charlin,

Les coordinateurs des projets Céline ABRIC et Anthony

VAUTIER ainsi que Valérie RAMBELOSON et Sophie

PILLERON pour leur appui méthodologique précieux,

Le département de la santé mentale du Ministère de la Santé pour leur vive participation à l’élaboration du

questionnaire et la réalisation des entretiens à Antanimora,

Pr RAJAONARISON Bertille Hortense, Chef de Service de Santé Mentale EUSSPA ;

RAHANITRANDRASANA Odile, Médecin Psychiatre à l'hôpital Psychiatrique d'Anjanamasina ;

RAOBELLE Evah, Médecin interne qualifiant, service de Santé mentale EUSSPA ;

RANDRIANATOANDRO Fleur Alice, Médecin assistant chercheur au laboratoire de neurosciences et de

santé mentale Antsakaviro ;

RAFEHIVOLA Imisanavalona Hanitrinihaja, Médecin interne qualifiant, service de Santé mentale à

l'hôpital de Befelatanana ;

RATOBIMANANKASINA Iarenantsoa Herilanja, Médecin interne qualifiant, service de Santé mentale à

l'hôpital de Befelatanana.

Les Chefs des Etablissements qui nous ont permis de mener cette enquête dans leur prison, respectivement

pour Antanimora, Monsieur RANDRIANAMBININA Michel Florent et pour Vatomandry, Commandant

RAKOTONIAINA Robert ;

Le Ministère de la Justice représenté par le Directeur de l’Administration Pénitentiaire Monsieur RANAIVO

ANDRIAMAROAHINA Tovonjanahary, le Directeur de l’Humanisation de la Détention et de la Réinsertion

Sociale Monsieur RAKOTOMALALA Aina Tantely et le Directeur des Réformes Pénitentiaires Monsieur

RAZAFINDRANAMANA Pierrot ;

La délégation de la Commission Européenne à Madagascar, le bailleur du projet ;

Les partenaires associatifs, en particulier l’association Médicap, l’ONG Médecins du Monde et le Comité

International de la Croix-Rouge ;

Les 625 détenus qui ont bien voulu répondre à nos questions indiscrètes.

6

► Sur les chemins de l’humanité 12

► Santé mentale et prison 15

► Le processus de Production du Handicap (PPH) et les incapacités psychosociales 16

Chapitre

Eléments sociodémographiques et présentation de l’échantillon 25

La détresse psychologique et la qualité de vie des personnes détenues 29

Chapitre

La santé 33

Chapitre

Place et rôle de la famille 39

Chapitre

SOMMAIRE

Glossaire 8

Introduction 12

Méthode de l’étude 20

Liste des Abréviations 11

Etat des lieux 25

7

Sommaire

Chapitre

Les relations sociales 45

Chapitre

Les activités quotidiennes 51

Discussion

► Limites de l’étude 58

► Conclusion 58

► Perspectives 60

Conclusion et recommandations 57

Bibliographie 62

Annexes 65

8

Les termes juridiques

Prévenus - Ce sont les personnes en liberté ou en détention qui n’ont pas encore été jugées ou dont la condamnation n’est pas définitive (principalement les requérants).

Condamnés - Les condamnés font, pour leur part, l’objet d’une décision définitive du fait que toutes les voies de recours sont épuisées.

Requérants - Les requérants sont ceux qui ont utilisé les voies de recours et sont en attente d’une décision juridictionnelle, ils sont donc affiliés à la catégorie des prévenus.

Les différents recours possibles sont :

l’opposition, demande d’une personne ayant fait l’objet d’un jugement par défaut, à être à nouveau jugée,

l’appel, jugement du 2nd

degré faisant suite à une décision en 1er

ressort, possibilité de réexaminer l’affaire en fait et en droit,

le pourvoi en cassation, une affaire est renvoyée à la Cour de Cassation afin d’examiner si la décision précédente a été rendue dans le respect des règles de droit.

Définitions des principaux concepts mobilisés dans ce rapport (modèle de référence PPH : Processus de Production du Handicap)

La déficience - Une déficience correspond au degré d’atteinte anatomique, histologique (structure) ou physiologique (fonctionnement) d’un système organique. Un système organique est un ensemble de composantes corporelles visant une fonction commune.

L’incapacité - Une incapacité correspond au degré de réduction d’une aptitude. Une aptitude est la possibilité pour une personne d'accomplir une activité physique ou mentale.

Situation de handicap - Une situation de handicap correspond à la réalisation partielle ou à la non réalisation des habitudes de vie. Une habitude de vie est une activité courante ou un rôle social valorisé par la personne ou son contexte socioculturel selon ses caractéristiques (âge, sexe, l’identité, etc.).

La cause - Une cause est un facteur de risque qui a effectivement entraîné une maladie, un traumatisme ou toute autre atteinte à l’intégrité ou au développement de la personne.

Les habitudes de vie - Une habitude de vie est une activité courante ou un rôle social valorisé par la personne ou son contexte socioculturel selon ses caractéristiques (l’âge, le sexe, l’identité socioculturelle, etc.). Elle assure la survie et l’épanouissement d’une personne dans la société tout au long de son existence. La qualité de la réalisation d’une habitude de vie se mesure sur une échelle allant de la pleine participation sociale à la situation de handicap totale.

Situation de participation sociale - Une situation de participation sociale correspond à la pleine réalisation des habitudes de vie, résultant de l’interaction entre les facteurs personnels (les déficiences, les incapacités et les autres caractéristiques d’une personne) et les facteurs environnementaux (les facilitateurs et les obstacles).

Situation de handicap - Une situation de handicap correspond à la réduction de la réalisation des habitudes de vie, résultant de l’interaction entre les facteurs personnels (les déficiences, les incapacités et les autres caracté-ristiques d’une personne) et les facteurs environnementaux (les facilitateurs et les obstacles).

9

Le processus de production du handicap - Selon ce schéma, le handicap est considéré comme une le résultat situationnel d’un processus interactif entre deux séries de causes ou déterminants :

►les caractéristiques des déficiences et des incapacités de la personne découlant de maladies et traumatismes, et

►les caractéristiques de l’environne-ment créant des obstacles ou facilita-teurs physiques ou socioculturels dans une situation donnée : vie familiale, emploi, éducation, loisirs, revenu, climat, etc.

Les facteurs de risque - Un facteur de risque est un élément appartenant à l’individu ou provenant de l’environnement, et susceptible de provoquer une maladie, un traumatisme ou toute autre atteinte à l’intégrité ou au développement de la personne.

Les facteurs personnels - représentent le cadre de vie particulier d’une personne, composé de caractéristiques de la personne qui ne font pas partie d’un problème de santé ou d’un des états de la santé (par exemple, le sexe, l’âge, la race, la condition physique, le mode de vie, les habitudes, l’éducation reçue, le mode d’adaptation, l’origine sociale, la profession, le niveau d’instruction, etc.). Tous, ensemble ou séparément, ils peuvent avoir une influence sur le handicap à un niveau quelconque.

Les facteurs environnementaux - Un facteur environnemental est une dimension sociale ou physique qui détermine l’organisation et le contexte d’une société. Les facteurs environnementaux constituent l’environnement physique, sociétal et attitudinal dans lequel les gens vivent et mènent leur vie. Ils sont externes à la personne et peuvent avoir une influence positive ou négative sur la performance de la personne en tant que membre de la société, sur la capacité de la personne, ou sur une fonction organique ou une structure anatomique de cette personne. La qualité d’un facteur environnemental se mesure sur une échelle allant du facilitateur optimal à l’obstacle complet. Un facilitateur correspond à un facteur environnemental qui favorise la réalisation des habitudes de vie lorsqu’il entre en interaction avec les facteurs personnels (les déficiences, les incapacités et les autres caractéristiques d’une personne). Un obstacle correspond à un facteur environnemental qui entrave la réalisation des habitudes de vie lorsqu’il entre en interaction avec les facteurs personnels.

Les facteurs environnementaux et les facteurs personnels sont des facteurs contextuels.

Les termes relatifs à la santé mentale

1 Le DSM IV (Diagnostic and Statistical Manual, révision 4) est un outil de classification des troubles mentaux publié par l'Association américaine de psychiatrie. Il représente le résultat actuel des efforts poursuivis depuis une trentaine d'années aux États-Unis pour définir de plus en plus précisément ces troubles. 2 La CIM 10 (Classification internationale des maladies, révision 10) est publiée par l’Organisation mondiale de la Santé pour l'enregistrement des causes de morbidité et de mortalité touchant les êtres humains à travers le monde. Depuis 1893 (date de sa première version), la CIM permet le codage des maladies, des traumatismes et de l'ensemble des motifs de recours aux services de santé.

Troubles mentaux - Les troubles mentaux sont diagnostiqués à partir de manuels de référence (DSM IV1 - CIM

102). Ils renvoient à des critères et à des actions thérapeutiques ciblées qui sont de durée variable et qui peuvent

être plus ou moins sévères et invalidants.

Glossaire

10

Parmi les troubles mentaux, Handicap International s’intéresse aux troubles suivants, car ils sont lourds de

conséquences en termes de mortalité, de morbidité et d'invalidité :

►les troubles psychotiques (schizophrénie, psychose maniaco-dépressive, délire chronique),

►les troubles dépressifs caractérisés (dépression, dysthymie),

►les troubles anxieux (syndromes traumatiques, phobies, trouble obsessionnel compulsif),

►les troubles de l’usage de substances psycho-actives (alcool, drogues et médicaments),

►les troubles de la personnalité (dont les personnalités antisociales),

►les troubles du développement liés à une maladie chromosomique/génétique (syndrome de Down – trisomie 21, X fragile, syndrome de Prader-Willi, syndrome de Smith-Magenis, syndrome de Williams).

►les troubles envahissants du développement (troubles autistiques, syndrome de Rett, syndrome désintégratif de l'enfance, syndrome d'Asperger, trouble envahissant du développement non spécifié).

Détresse psychologique - C’est « un état de mal-être qui n’est pas forcément révélateur d’une pathologie ou d’un trouble mental. Elle indique la présence de symptômes anxieux et dépressifs, peu intenses ou passagers, ne correspondant pas à des critères diagnostiques de troubles mentaux et qui peuvent être réactionnels à des situations éprouvantes (migration, exil, catastrophe naturelle pouvant entraîner une symptomatologie relevant du traumatisme psychologique) et à des difficultés existentielles. »

3

Lorsque cette détresse psychologique est liée à une causalité sociale, elle est appelée souffrance psychosociale

4 (ou souffrance psychique d’origine sociale). Cette détresse n'entraîne pas forcément de

troubles mentaux (même si elle peut être associée), elle est non pathologique, mais assez sévère pour pouvoir être prise en compte dans une définition négative de la santé mentale (souffrance extrême, incapacitante, invalidante, aliénante, etc.).

« C’est la mesure du degré d’intensité de la [détresse psychologique], sa permanence et sa durée, ainsi que ses conséquences, qui peuvent conduire à la nécessité d’une prise en charge sanitaire. » La détresse psychologique est généralement « mesurée » à l’aide de l’échelle de qualité de vie SF-36

5, qui permet

d’évaluer la santé physique et mentale d’un individu à l’aide de trente-six questions relatives à huit aspects de la santé (activités physiques, activités sociales, résistances morale, physique et émotionnelle pour accomplir les tâches quotidiennes, douleur physique, santé mentale générale, vitalité, perception de l’état de santé en général). Les réponses se font sur une échelle de fréquence. Un score global de santé psychique est calculé en additionnant les valeurs des réponses de chaque question (score final variant de 0 à 100). Un score inférieur ou égal à 52 est indicatif. Il ne pose pas un diagnostic précis, mais permet d’estimer la proportion de la population ayant des symptômes suffisamment nombreux ou intenses pour se classer dans un groupe probablement à risque de présenter une détresse psychologique.

« Si la détresse psychologique est temporaire et fait suite à un évènement stressant, on la considère comme une réaction adaptative normale. En revanche, lorsqu’elle devient intense et perdure, elle peut constituer l’indicateur d’un trouble [mental]. »

3 Boisson M., Godot C., Sauneron S. La santé mentale, l’affaire de tous. Pour une approche cohérente de la qualité de vie. Paris : Centre d’analyse stratégique, 2009, p. 20-22. Dans cette définition, les guillemets indiquent, en l’absence de précisons supplémentaires, les emprunts à ce rapport.

http://lesrapports.ladocumentationfrancaise.fr/BRP/094000556/0000.pdf

4 Parmi la souffrance psychosociale, la « clinique psychosociale » considère toutes les situations qui engendrent de l’exclusion et de la précarité sociale : pauvreté, absence de logement, perte de liens familiaux et/ou sociaux, perte du travail, perte de tout ce qui donne un statut, une reconnaissance d'existence, une valeur, qui permet d'être en relation.

La « clinique psychosociale » est à la croisée de la psychiatrie et du social. Elle se définit comme la prise en compte de la souffrance psychique lorsqu’elle apparaît sur les lieux du social, à l’occasion et autour de la perte des « objets sociaux » (travail, argent, logement pour l’essentiel). À ce niveau, la différence entre pathologie franchement psychiatrique et souffrance psychique n’est plus pertinente : on se trouve dans une filière sociale qui fait identité. Les formes cliniques d’expression de la souffrance s’étayent sur la perte des objets so-ciaux et sur les formes d’aide et d’assistance qui y répondent.

Cf. Observatoire Régional Rhône-Alpes sur la Souffrance Psychique en Rapport avec l’Exclusion : http://orspere.fr 5 Cf. SF-36, A community for measuring health outcomes using SF tools: http://www.sf-36.org/.

11

Liste des abréviations

AP Administration Pénitentiaire

CE Chef d’Etablissement (pénitentiaire)

CSPD Comité de Soutien aux Personnes Détenues

EP Etablissement Pénitentiaire

EUSSPA Etablissement Universitaire de Soins et de Santé Publique d’Analakely

FED Fonds Européen de Développement

HI Handicap International

MC Maison Centrale

MINJUS Ministère de la Justice

PPH Processus de Production du Handicap

TPI Tribunal de Première Instance

12

La population carcérale malgache souffre de nombreux maux parmi lesquels la surpopulation et le difficile accès

à des conditions sanitaires satisfaisantes, tous deux intrinsèquement liés et contribuant à renforcer la

vulnérabilité d’une catégorie de population souvent oubliée des politiques de développement en raison

notamment de son invisibilité.

Avec un taux d’emprisonnement de 90/100 0006, situant le pays dans une situation intermédiaire en

comparaison avec ses voisins africains, Madagascar se positionne vigoureusement pour l’amélioration et

l’humanisation des conditions de détention sur la grande île. A ce titre, une réflexion sur les modalités de réforme

de l’administration pénitentiaire, réalisée avec l’appui de l’Union Européenne, est actuellement en cours au sein

du Ministère de la Justice.

Malgré ces perspectives encourageantes, dans le contexte actuel de crise sociale et politique, force est de

constater que la situation tend à se dégrader. L’effectif carcéral est ainsi en constante augmentation, bien que

les capacités d’accueil limitées des maisons carcérales soient depuis longtemps dépassées (10 199 places en

mars 2009 pour 17 421 détenus7), accentuant de fait le caractère vétuste et insalubre des infrastructures

existantes qui, pour la plupart, ont été bâties à l’époque de la colonisation française.

Par ailleurs, les moyens financiers de l’administration pénitentiaire, d’ores et déjà insuffisants, se trouvent

largement diminués en 2010 conséquemment aux restrictions budgétaires étatiques survenues suite au retrait

de nombreux bailleurs et la diminution des revenus fiscaux induite par la crise économique.

C’est dans ce contexte, alliant efforts et contraintes de l’administration, que les organisations de la société civile

tentent d’apporter leur plus-value et leur savoir-faire afin que les conditions d’incarcération et la perception de la

détention soient considérablement améliorées et que les questions liées au désengorgement des prisons et à la

réforme pénitentiaire demeurent présentes sur l’agenda politique.

6 Source : Statistiques 2009 MINJUS

7 Source : Statistiques 2009 MINJUS

► Sur les chemins de l’humanité

Handicap International intervient depuis septembre 2009 dans six prisons en partenariat avec l’association

Médicap, afin d’appuyer l’administration pénitentiaire à faire face à ces difficultés et ses responsabilités. Dans le

même temps, Handicap International s’est attachée à renforcer la société civile malgache afin qu’elle devienne

force de proposition pour l’amélioration des conditions d’incarcération et qu’ainsi un véritable partenariat naisse

entre administration publique et société civile pour une meilleure prise en compte des besoins fondamentaux des

détenus et le respect de leurs droits humains.

13

Dans le cadre de ses activités, Handicap International souhaite apporter son expertise en matière de Handicap

et de Santé Mentale.

Ce secteur n’étant quasiment pas documenté au niveau local, comme au niveau national, il s’agit de mieux

comprendre l’inter corrélation des conditions de vie dans l’univers carcéral propres aux prisons malgaches avec

la santé mentale des détenus, afin de participer à l’effort d’humanisation des conditions de détention initié par les

partenaires institutionnels et la société civile.

Introduction

Ce projet intitulé « Sur les chemins de l’humanité : Amélioration des conditions carcérales dans les prisons du

Sud et de l’Est de Madagascar » est financé par le Ministère de la Justice au travers le Fonds Européen de

Développement (FED).

Quatre volets le composent :

►Santé, Nutrition, Hygiène : accès aux soins, prise en charge de la malnutrition, mise en place

d’installations pour l’accès à l’eau ou en matière d’assainissement, étude santé mentale.

►Réinsertion sociale : alphabétisation, échanges éducatifs, bibliothèque, activités socioculturelles, groupes

de paroles, maintien du lien avec la famille.

►Droits des détenus et assistance juridique : étude de la situation juridique des détenus, information des

détenus sur leurs droits et accompagnement, mobilisation des TPI, sensibilisation des agents pénitentiaires

sur les droits des détenus.

►Mise en place d’un espace de dialogue et de concertation : soutenir les Comités de Soutien aux

Personnes Détenues (CSPD) existants à Tamatave et Vatomandry et mise en place d’un CSPD à Toliara,

encourager la coordination des Organisations de la Société Civile dans chacune des prisons et notamment à

Antanimora, participer à la mise en place d’un espace de dialogue et de concertation au niveau national.

14

La prison : de son origine à l’Afrique

(source : AGBEMADON K., « La reconstruction psychique et sociale par des pratiques rituelles traditionnelles : approche

transculturelle de la prise en charge des sortants de prison au Togo », dans la revue transculturelle L’autre, Vol. 10, n°2,

2009, p. 172)

« Une prison ou pénitencier est un lieu de détention ; par extension, le

terme prison désigne également la peine d’incarcération qui peut être

infligée aux individus qui ne respectent pas les normes de la société.

Apparu vers les années 1155, le terme prison, issu de la forme latine

préhension qui veut dire action de prendre, avait à l’origine un sens

actif et désignait l’action de capturer. C’est également un terme

générique qui englobe différentes sortes d’établissements : les

maisons d’arrêt, qui reçoivent les prévenus en instance de jugement et

les personnes dont le reliquat de peine est inférieur à un an, les

centres de semi-liberté et les établissements pour peine, destinés aux

délinquants condamnés à une peine privative de liberté, qui se

subdivisent eux-mêmes en maisons centrales (à vocation sécuritaire),

et centre de détention (à vocation de réinsertion).

Selon Michel Foucault (1975), la naissance de la prison se situerait autour des années 1757 où la sanction pénale se

réduisait à un châtiment corporel pur et simple (bastonnade, torture, utilisation d’objets inhumains, amputation, marquages

symboliques aux visages ou à l’épaule, exposé vif ou mort).

Selon Florence Bernault (1999), à la fin du XXe siècle, sauf à l’intérieur de quelques garnisons et forts de traite européens de

la côté, les prisons étaient inconnues en Afrique. Même si les premiers indices de confinement de la population remonte à

l’esclavage, c’est durant les premières années de la conquête coloniale, que la prison jouera un rôle central dans le contrôle

de la population africaine.

Pour Dominique Ngoie-Ngalla (1999), si l’existence de l’enfermement à des fins religieuses ou d’initiation à la vie est attestée

en Afrique noire précoloniale, en revanche, celle du carcéral comme mode de gestion des peines ne l’était pas. Selon lui,

dans ces sociétés où l’unité d’habitation est composée de parents et de leurs alliés, on n’enferme pas un homme au sens

moderne et restrictif du terme. Non pas faute de pouvoir matériel. Tout simplement parce que les hommes de ces âges rudes

saisirent d’intuition, par delà même les liens de proximité et de sang, la grandeur incommensurable de l’homme, plus grand

que ses fautes ou ses faiblesses, ou l’aspect dérisoire de son enveloppe physique. C’est cette vision métaphysique de

l’homme qui explique que ne soit pas enfermé le fou lui-même. « Pour avoir perdu la raison, il n’en reste pas moins un

homme avec sa vocation particulière et son système ». D’où le proverbe Congolais : « Ka kwena zala dia bantu ko » ; ce qui

littéralement veut dire « un être humain, on ne le met pas au rebut ». Poursuivant son analyse, l’auteur révèle que le carcéral

ou l’asile signe temporairement ou définitivement la mise de l’individu hors communautaire. Pour lui « Quel que soit son

statut : esclave ou libre, mais affligé de maux qui le diminuent comme un homme ; ou encore libre mais coupable de délits qui

perturbent l’ordre social, l’homme reste cependant un homme que la communauté a en charge d’aider à retrouver son

équilibre ». »

15

Introduction

► Santé mentale et prison

La folie est une notion difficile à définir. Comme le

souligne un certain nombre de chercheurs (ARCHE,

2000), il n’existe pas de consensus quant à ce qu’une

telle notion peut recouvrir. En fonction des sociétés

mais aussi des références nosologiques des soignants

qui l’identifient (DSM-IV ou CIM-10), la folie recouvre

des états variables. Bien souvent, le fou des sociétés

traditionnelles, c’est le psychotique ou le schizophrène

des sociétés occidentales.

Dans les pays occidentaux, la prise en charge des

personnes vivant avec un trouble mental est assurée

par des structures sanitaires directement intégrées à la

prison. Ce sont pour la plupart des structures

composées d’équipes pluridisciplinaires (médecins,

psychiatres, infirmiers, psychologues, éducateurs

spécialisés,…). A Madagascar, malgré des conditions de

détention difficiles, la santé générale des détenus n’est

assurée que partiellement par les infirmiers employés

par les prisons. Cette catégorie de personnel, qui

dépend non pas des services médicaux de l’Etat mais

de l’administration pénitentiaire, démontre des

capacités limitées en terme de dispense de soins : leur

cursus de spécialisation n’est pas aussi développé que

celui des civils paramédicaux et leurs moyens pour

exercer sont particulièrement réduits.

Ne possédant pas ou peu de données épidémiologiques

concernant la prévalence des troubles mentaux ni dans

les prisons ni dans la population générale à

Madagascar8, et le pays étant peu équipé de services

spécialisés en psychiatrie permettant de réaliser un dia-

gnostic, nous avons décidé de ne pas nous focaliser sur

les troubles mentaux à proprement parlé et de prendre

pour objet d’étude la détresse psychologique ressentie

par les personnes détenues, détresse qui trouverait

vraisemblablement sa cause dans les conditions de

vie carcérale.

8 ANDRIANTSEHENO L.M., ANDRIANASY T.F., ANDRIAMBAO D.S., (2003), Les troubles psychiatriques à Madagascar : étude clinique de 376 cas répertoriés à Mahajanga, « Clinique », Manuscrit n°2458.

http://www.pathexo.fr/documents/articles-bull/T97-2-2458-5p.pdf

ANDRIANTSEHENO M., (2003), La santé mentale à Madagascar, Information psychiatrique, ISSN 0020-0204, vol. 79, no 10.

Rapport entre psychiatrie et prison : d’où vient la folie ?

(source : AGBEMADON K., « La reconstruction psychique

et sociale par des pratiques rituelles traditionnelles : appro-

che transculturelle de la prise en charge des sortants de

prison au Togo », dans la revue transculturelle L’autre, Vol.

10, n°2, 2009, p. 173)

« La prison produirait-elle

des fous ? La question

de la présence de

malades mentaux dans

les prisons n’est pas

récente. Esquirol en

1818 s’indignait de

constater que des

m a l a d e s m e n t a u x

n’ayant pas commis de

délits se retrouvaient

enfermés dans les

mêmes lieux que les

criminels, que ce soit

dans les prisons ou dans

les hospices.

Une étude détaillée souligne l’effrayante proportion

d’aliénés dans les prisons. Les chiffres estimés sont de 7 à

8 fois plus élevés que dans la population libre selon Lelut,

ou représentant 3% de la population pénale selon Paul

Sérieux (cités par Martorell 1991).

Dans une communication sur l’impact psychiatrique de

l’incarcération et la pénalisation de la maladie mentale,

Cyrille Canetti, psychiatre, praticien hospitalier fait

remarquer qu’il existe deux sous-catégories de troubles

mentaux engendrés par la prison. D’une part les troubles

qualifiés de réactionnels, ils regroupent dépression,

anxiété, insomnie voire agitation ou épisode délirant et sont

consécutifs soit directement à l’enfermement soit à la

rupture qu’il occasionne soit encore à l’acte à l’origine de

l’incarcération. D’autres part les troubles qui relèvent du

défaut d’interaction avec l’environnement. La prison par le

cadre de vie rigide et non aménageable qu’elle impose

déstabilise un certain nombre d’états pré-pathologiques

que la souplesse de l’environnement permettait de contenir.

Pour Canetti, « si la prison génère des fous, la société y

envoie les siens ». »

16

La détresse psychologique est un état de mal-être qui n’est pas forcément révélateur d’une pathologie ou d’un

trouble mental. Elle indique la présence de symptômes anxieux et dépressifs, peu intenses ou passagers, ne

correspondant pas à des critères diagnostiques de troubles mentaux et qui peuvent être réactionnels à des

situations éprouvantes (migration, exil, catastrophe naturelle pouvant entrainer une symptomatologie relevant du

traumatisme psychologique) et à des difficultés existentielles. Lorsque cette détresse psychologique est liée à

une causalité sociale, on l’appelle souffrance psychosociale (ou souffrance psychique d’origine sociale).

Ce type de détresse n'entraine pas forcément de troubles mentaux (même si elle peut être associée), elle est

non pathologique mais assez sévère pour pouvoir être prise en compte dans une définition négative de la santé

mentale (souffrance extrême, incapacitante, invalidante, aliénante, etc.).

C’est la mesure du degré d’intensité de la détresse psychologique, sa permanence et sa durée, ainsi que ses

conséquences, qui peuvent conduire à la nécessité d’une prise en charge sanitaire. La détresse psychologique

est généralement « mesurée » à l’aide d’une échelle de qualité de vie telle que l’échelle « SF-36 ». Les réponses

se font sur une échelle de fréquence. Un score global de santé psychique est calculé en sommant les valeurs

des réponses de chaque question. Ce score ne pose pas un diagnostic précis mais permet d’estimer la

proportion de la population ayant des symptômes suffisamment nombreux ou intenses pour se classer dans un

groupe probablement à risque de présenter une détresse psychologique.

A l’heure actuelle, il n’existe pas d’échelle de qualité de vie telle la SF 36 qui soit standardisée ni à partir de la

population générale de Madagascar, ni pour les personnes détenues9. L’enjeu de cette étude est donc

méthodologique puisqu’il nous faut construire un outil méthodologique pertinent. Une manière de construire cet

outil consiste à faire un détour par les notions d’incapacité et de situation de handicap à partir du principal

modèle de compréhension du handicap mobilisé par Handicap International : le Processus de Production du

Handicap.

9 Cf. le site de référence de cette échelle : http://www.sf-36.org/ Il existe d’autres échelles de qualité de vie, telle que celle proposée par l’OMS (WHOQOL), qui présentent les mêmes limites.

► Le Processus de Production du Handicap (PPH) et les incapacités psychosociales

10 FOUGEYROLLAS P., ST-ONGE M., Le modèle du Processus de production du handicap et son potentiel pour mieux comprendre et intervenir sur les déterminants de la participation sociale et de l’exercice de la citoyenneté en santé mentale, disponible en ligne : http://www.aqrp-sm.org/colloque/resumes/xive/03_xive-atelier-sum.pdf

Le PPH10

est un modèle qui se différencie des modèles biomédicaux qui sont centrés sur le diagnostic, réduisant

ainsi la personne à sa pathologie et qui placent la responsabilité de l’exclusion sociale sur la personne et sur ses

déficiences et incapacités. C’est un modèle dynamique qui permet de comprendre que la qualité de la

participation sociale et l’exercice de la citoyenneté de chaque personne est le résultat de l’interaction entre ses

caractéristiques spécifiques sur les plans organique, fonctionnel et identitaire et les caractéristiques de son

contexte de vie réel (micro-personnel, mésocommunautaire et macro-sociétal). C’est un modèle positif

élargissant les possibilités d’intervention et de reconstruction du sens essentiel à prendre en compte pour

élaborer des objectifs de vie. Il montre que l’on ne peut jamais déduire les possibilités de participation sociale à

partir d’un diagnostic ou d’un profil fonctionnel. On ne peut non plus faire l’économie d’une prise en compte du

contexte et des activités et rôles sociaux valorisés par la personne donnant un sens à son projet de vie selon son

identité spécifique.

17

Introduction

Largement diffusé et utilisé au Québec et dans l’espace francophone international dans le champ des personnes

« handicapées », que l’on nomme dans ce modèle « personnes vivant des situations de handicap », il s’adresse

à toute personne humaine quelles que soient ses différences fonctionnelles et comportementales.

Ce modèle est, par contre, encore mal connu du champ de la santé mentale. Aujourd’hui encore, en santé

mentale, on rencontre une réticence importante à utiliser le terme « handicap » que l’on perçoit comme étant une

caractéristique personnelle et exclusive aux personnes présentant des incapacités d’ordre moteur, visuel, auditif

ou du langage.

A Handicap International, nous travaillons à rendre visible d’autres types d’incapacités qui relèvent de problèmes

de santé mentale. Ces incapacités sont de trois types11

:

Les incapacités psychosociales

Les incapacités psychosociales (psychosocial disabilities) sont liées à la détresse psychologique, quelle qu’en

soit la cause (migration, exil, catastrophe naturelle, pauvreté, absence de logement, perte de liens familiaux et/

ou sociaux, perte du travail). Les incapacités qui découlent de ces situations doivent être reconnues en tant que

telles, car elles perturbent la participation à la vie sociale des personnes concernées (inaptitudes reliées aux

comportements, au langage, aux activités intellectuelles), les personnes perdant leurs habilités sociales et leur

capacité à s’occuper et à prendre soin d’elles-mêmes (inaptitudes reliées à la protection et à l’assistance).

Les situations de handicap issues d’incapacités d’ordre psychosocial, en lien avec l’environnement, peuvent être

vécues indifféremment par l’enfant ou par l’adulte. Cependant, une attention particulière doit être accordée aux

enfants et adolescents en situation de vulnérabilité éducative : carences affectives, violences, précarité du milieu

social… En effet, on sait que souvent des troubles mentaux à l’âge adulte trouvent leurs racines dans des

difficultés infantiles négligées.

Les incapacités psychiques

Les incapacités psychiques (mental disabilities) sont liées à la chronicisation, soit de troubles mentaux graves,

soit du syndrome de stress post-traumatique.

► Les troubles mentaux graves (schizophrénie, psychose maniaco-dépressive, dépression) surviennent

généralement à l'adolescence ou au début de l'âge adulte.

► Le syndrome de stress post-traumatique survient suite à une situation durant laquelle l'intégrité physique

et/ou psychologique de la personne (et/ou de son entourage) a été menacée ou a été effectivement atteinte

(accident grave, mort violente, violence sexuelle, agression, maladie grave, guerre, attentat, inondations

violentes...).

La majorité des personnes atteintes par ce type de troubles peuvent être « stabilisées » sur le plan médical, mais

elles gardent parfois des séquelles profondes. Il n'y a pas de déficience intellectuelle permanente, mais des

incapacités comportementales et affectives, se traduisant par des difficultés à acquérir ou exprimer des habiletés

psychosociales (inaptitudes au niveau du langage, des comportements, reliées à la protection et à l’assistance).

S'ensuivent des déficits d'attention et des difficultés à élaborer et suivre un plan d'action, et une alternance

d'états calmes et tendus.

11 PEGON G., Santé Mentale en contextes de post-crise et de développement. Comment promouvoir et développer des projets permettant d’améliorer la santé mentale et la participation sociale des personnes handicapées, Document cadre, Direction des Ressources Techniques, Handicap International, 2010.

18

12 Cf. FOUGEYROLLAS P., CLOUTIER R., BERGERON H., COTE J., ST-MICHEL G. Classification québécoise : Processus de Production du Handicap. Lac St-Charles : Réseau International sur le Processus de Production du Handicap (RIPPH), 1998.

Les incapacités intellectuelles

Les incapacités intellectuelles (intellectual disabilities) sont liées à la déficience intellectuelle (intellectual

impairment) généralement associée à un trouble du développement ou à un trouble envahissant du

développement, quelle qu'en soit la cause (génétique, chromosomique, biologique-organique, environnementale

dont nutritionnelle). Par déficience intellectuelle, on entend une limitation significative, persistante et durable des

fonctions intellectuelles (évaluées à partir du Quotient Intellectuel) d'un sujet par rapport aux sujets du même

âge ne présentant pas cette limitation. Les incapacités qui en découlent peuvent avoir des degrés différents qui

perturbent les capacités d’apprentissage (learning disability), l’acquisition de la mémorisation des

connaissances, l’attention, la communication, l’autonomie sociale et professionnelle, la stabilité émotionnelle et

le comportement. La déficience intellectuelle apparaît généralement à la naissance ou dans les premiers mois

d’existence. Les personnes handicapées en raison de déficience intellectuelle et en lien avec leur

environnement peuvent être sujettes (mais pas nécessairement) à des troubles mentaux (de types psychotiques,

dépressifs, anxieux, d’addictions, trouble de la personnalité) et à la détresse psychologique.

L’objectif de cette recherche est de vérifier l’hypothèse selon laquelle les conditions de vie carcérale génèrent

une détresse psychologique durable qui entraîne des incapacités psychosociales. Les personnes détenues, du

fait de leur environnement de vie, perdraient un certain nombre d’aptitudes (aux niveaux du langage, des

comportements, des activités intellectuelles, des incapacités reliées à la protection et à la résistance), d’habilités

sociales ainsi que leur capacité à s’occuper et à prendre soin d’elles-mêmes. Un certain nombre d’entre elles

présentent, en effet, des difficultés pour se nourrir, se reposer, communiquer et avoir des relations avec les

autres, se responsabiliser, participer aux activités de loisir proposées par l’institution pénitentiaire, préparer leur

sortie et leur réinsertion socioprofessionnelle.

Il s’agit pour nous de chercher à mieux rendre visible, en dressant un « état des lieux », le lien entre, d’une part

les conditions de vie carcérale (santé, nutrition, hygiène, place et rôle de la famille, relations sociales, activités

socioculturelles quotidiennes), compris ici comme étant les déterminants de la détresse psychologique, et,

d’autre part, la détresse psychologique et les incapacités psychosociales vécues par les personnes détenues.

19

Représentation schématique des incapacités psychosociales à partir du modèle du

Processus de Production du Handicap.

Incapacités reliées aux comportements Estime de soi, empathie, sentiment d’appartenance sociale, sens des responsabilités, souci et présentation de soi , sécur i té personnel le, adaptation aux situations, sociabilité, affirmation de soi, respect des règles, contrôle des pulsions, contrôle des émotions, relaxation, écoute, planifier et projection dans l’avenir.

Incapacités reliées au langage Expression orale et écrite

Incapacités reliées aux activités intellectuelles Vigilance, sommeil, attention

Incapacités reliées à la protection et à la résistance Résistance à l’effort mental

ponctuel, endurance mentale

Incapacités

Psychosociales

Introduction

20

La méthode de l’étude a été définie par les responsables du projet en lien avec le référent technique Santé

mentale du siège de l’organisation permettant le développement du questionnaire (sur base des hypothèses). Le

plan d’analyse a été pour sa part développé pendant la mise en œuvre de l’enquête.

Cette étude a été discutée avec l’équipe de la Santé mentale du Ministère de la Santé afin de vérifier la

pertinence au vu du contexte malgache. Les points de méthode ont été vus avec un consultant statisticien

national qui s’est également chargé de l’échantillonnage.

Schéma de l’étude

La présente étude est une étude transversale descriptive.

Lieu et durée de l’étude

Cette étude a été menée dans deux prisons, celle de Vatomandry et celle d’Antanimora (à Antananarivo).

La prison de Vatomandry a été sélectionnée pour plusieurs raisons. Tout d’abord, c’est une prison de « taille

moyenne » (entre 200 et 250 détenus) implantée dans un bourg, elle se situe donc entre la prison de ville (telle

que Tamatave ou Tuléar comptant un effectif entre 450 et 900) et la maison de sûreté (population carcérale

entre 30 et 100 détenus).

Cette maison carcérale connaît de manière récurrente un niveau de malnutrition élevé. Plusieurs explications ont

pu être avancées par les services de santé sur place telles que l’éloignement de la famille pour le portage de

panier, le manque d’activités des détenus dans l’enceinte de la prison ou la détresse liée à l’emprisonnement

(l’ethnie en question serait particulièrement sujette à l’anxiété ou la dépression dans cette situation).

L’incarcération pourrait donc être responsable d’une dégradation de la santé mentale et physique des détenus.

La prison d’Antanimora tient, quant à elle, sa spécificité du fait que c’est la prison la plus dense de Madagascar

(2800 détenus pour une capacité de 800), elle est souvent montrée du doigt quand il s’agit d’illustrer la

surpopulation carcérale dans le pays.

C’est aussi une prison organisée en de nombreux quartiers et où l’on peut constater le clivage le plus important

entre couches sociales. On oscille en effet entre quartiers « populaires » honteusement surpeuplés et quartiers

privilégiés destinés aux détenus aisés.

Enfin, étant idéalement positionnée, cette prison permet plus facilement le portage de paniers de la part des

familles et permet ainsi de maintenir un état nutritionnel correct mais également un lien avec l’extérieur.

21

Population d’étude

La population source (= population dont est issu l’échantillon) est les détenus des prisons de Vatomandry

(n=194) et d’Antanimora (n=2318) soit 2 512 personnes.

Tous les détenus (prévenus et condamnés) incarcérés intramuros ou en corvées extérieures des deux prisons

ont été inclus dans l’étude, à l’exception des détenus en camp pénal à Vatomandry (n=30) car ils sont trop

éloignés géographiquement du lieu de l’enquête.

Echantillonnage

► Effectif total des détenus dans les prisons de Vatomandry et Antanimora : 194+2318= 2512

► Echantillon défini : 659 détenus (26.2% de l’effectif total)

► Echantillon effectivement enquêté : 625 Détenus (94.8%)

Il a été convenu avec le responsable que tous les mineurs seront interrogés. Compte tenu du nombre de

femmes détenues à Vatomandry, elles ont été toutes prises en compte dans l'échantillon. Pour chaque prison,

la taille de l'échantillon a été calculée à l'aide de la fonction stat calc du logiciel épi info version 6 (simple

proportion) en tenant compte des paramètres suivants :

Vatomandry

Antanimora

Paramètres Adultes hommes Adultes femmes Mineurs Ensemble

Effectif des détenus 177 10 7

Précision 5%

Prévalence attendue 50%

Effet de grappe 1

Echantillon minimal 122 10 7 139

Paramètres Adultes hommes Adultes femmes Mineurs Ensemble

Effectif des détenus 2054 203 61

Précision 5% 5%

Prévalence attendue 50% 50%

Effet de grappe 1 1

Echantillon minimal 325 134 61 520

► Calcul de la taille d'échantillon

Méthode de l’étude

22

VATOMANDRY ANTANIMORA

EFFECTIF ECHANTILLON EFFECTIF ECHANTILLON

MINEURS

HOMMES 7 7 49 49

FEMMES 12 12

ADULTES HOMMES

Chambre Malades: 17 12

Chambre Corvées extérieures: 34 23

Chambre 1: 70 48

Chambre 2: 56 39

Quartier hommes A 246 39

Quartier hommes B 196 31

Quartier hommes C 644 102

Quartier hommes D 936 148

Quartier hommes F (corvées ext) 32 5

ADULTES FEMMES

Chambre Femmes: 10 10

Chambres femmes 180 119

Chambre femmes corvées ext 23 15

TOTAL 194 139 2318 520

La répartition de l'échantillon dans chaque prison a été réalisée proportionnellement aux nombres de détenus

par chambre de chaque prison.

► Sélection de l’échantillon

► Pour les détenus hommes majeurs :

Echantillonnage aléatoire dans chaque chambre et proportionnel à la taille de chaque chambre. Un

détenu tous les 5 à Antanimora et deux détenu tous les trois à Vatomandry)

Enquête systématique réalisée dans l’ensemble des chambres et des quartiers des deux maisons

centrales. (Échantillon : n=447 ; enquêtés n= 455)

► Pour les mineurs (<18 ans) :

Enquête exhaustive de tous les mineurs incarcérés dans les deux maisons centrales (échantillon n=68 ;

enquêtés n= 49)

► Pour les Femmes majeures (échantillon n=144 ; enquêtées n= 121)

Enquête exhaustive de toutes les femmes incarcérées à Vatomandry

Echantillonnage aléatoire dans chaque chambre et proportionnel à la taille de chaque chambre. Enquête

systématique réalisée dans l’ensemble des chambres et des quartiers des deux maisons centrales.

(2 détenues toutes les 3)

23

Collecte des données

► Le questionnaire

L’outil de recueil de données est un questionnaire inspiré des échelles de qualité de vie13

et adapté à la réalité

des prisons et à la culture malgache. Il est disponible en annexe de ce document.

Le questionnaire a été développé par les responsables du projet en lien avec le référent technique Santé

mentale du siège de l’organisation (sur base des hypothèses).

Dans le souci d’harmoniser la compréhension et l’administration du questionnaire par les enquêteurs, le

questionnaire a été traduit en malgache par un psychologue malgache membre de l’équipe santé mentale du

ministère de la santé. Ensuite, une réunion collégiale et une formation ont été organisées afin de vulgariser l’outil

à l’ensemble de l’équipe d’enquêteurs quelques jours avant la collecte de données.

Le questionnaire composé de 79 questions et couvrant des questions autour de la détresse psychologique et

des conditions de vie carcérales a été pré testé puis administré en entretien individuel. Un pré test a été effectué

dans la prison d’Antanimora afin de valider le questionnaire

Une réunion avec l’ensemble des enquêteurs et une formation de 2 jours ont été organisées afin de vulgariser

l’outil à l’ensemble de l’équipe quelques jours avant la collecte de données.

13 SF 36 www.sf-36.org / ISPN (Indicateur de santé perceptuelle de Nottingham) http://formathon.fr/formation_cres/Docs/Biblio/Outils/Nottingham.pdf/ WHOQOL 26 (World Health Organization Quality of life) http://www.who.int/substance_abuse/research_tools/whoqolbref/en/

► Processus de collecte des données

Les questionnaires ont été administrés par les enquêteurs lors d’entretiens individuels dans un endroit isolé

permettant la confidentialité. La durée de chaque entretien était en moyenne de 30 minutes.

La collecte de données s’est déroulée du 6 avril au 14 avril 2010 et a été réalisée par les animateurs du projet à

Vatomandry et par l’équipe du département de la Santé Mentale du Ministère de la Santé publique à

Antanimora.

Traitement des données

Méthode de l’étude

Un masque de saisie conçu pour le questionnaire a été élaboré et la saisie des questionnaires a été réalisée à

l’aide du logiciel Epidata version 3.1. Un guide d'utilisation décrivant les modalités et les sauts selon les

questions a été fourni aux opérateurs qui ont été formés durant une demi-journée sur l'utilisation du masque.

24

Analyse des données

L’ensemble des analyses a été réalisé à l’aide du logiciel SPSS version 14.0.

Tout d’abord, une revue statistique pour chaque strate définie de toutes les questions a été effectuée.

Dans un second temps, les variables qualitatives en classe ont été comparées à l’aide du test du Chi².

Le seuil de significativité a été fixé à 5% (p<0,05).

Contrôle de la qualité

Le contrôle du remplissage des questionnaires a été effectué chaque soir pendant la durée de collecte des

données.

Il faut noter que la saisie des données a été réalisée avec la technique de double saisie afin de minimiser les

erreurs de frappe.

Ethique

Une autorisation a été sollicitée au niveau du ministère de la Justice (Direction Générale de l’Administration

pénitentiaire) et acceptée. L’administration des questionnaires a été réalisée après consentement éclairé des

détenus (explication de l’objectif de l’étude, confidentialité des réponses, possibilité de refus de participer à

l’enquête). Sur l’ensemble de l’étude 5 refus ont été notifiés.

Au cours de l’opération de saisie, des problèmes mineurs ont été rencontrés. Il s’agit essentiellement des

imperfections dans le remplissage des questionnaires comme des cases à saisir qui restent vides. Cela

suppose une certaine défaillance au niveau du contrôle des questionnaires sur le terrain. Les corrections ont été

apportées après une concertation téléphonique et par mail avec les opérateurs, les animateurs et le

responsable du projet.

Une codification des réponses aux questions ouvertes a été effectuée.

Pour les besoins de l'analyse des données et afin de permettre des comparaisons, il a également été procédé à

des stratifications:

► par âge des détenus (<18ans, 18-24 ans ; 25-34ans ; >35 ans)

► par sexe

► par statut juridique (Condamnés/requérants et prévenus en attente d’un premier jugement)

► par durée d'incarcération (≤3 mois ; ]3 - 6] mois ; ]6 - 12] mois, ]12 - 24] mois ; >24 mois)

► par prison

Description de la population

Chapitre

ETAT DES LIEUX

26

Note : Les chiffres présentés dans les graphiques sont arrondis à la 1ère

décimale au supérieur.

L’échantillon est pour 79% composé de détenus incarcérés à Antanimora soit 21% à Vatomandry. De même, les

personnes interrogées sont majoritairement des détenus hommes (79%).

Les détenus sont principalement des personnes

condamnées (60%), les prévenus étant représentés à

hauteur de 40% et plus précisément de 37% de

prévenus en attente d’un premier jugement et 3% de

prévenus requérants.

8% des détenus sont mineurs (<18 ans). Les détenus

les plus représentés sont ceux qui sont âgés entre 25

et 34 ans (39%), viennent ensuite ceux âgés de plus

de 35 ans (30%) et enfin une population jeune se

situant entre 18 et 24 ans (22%).

ETAT DES LIEUX

Prévenu en attente d'un 1er

jugement37%

Condamné59%

Requérant4%

Répartition par statut juridique

Moins de 18 ans

8%

[18 - 24] ans22%

[25 - 34] ans39%

35 ans et plus30%

Manquant1%

Répartition par âge

Vatomandry21%

Antanimora79%

Répartition par prison

Masculin79%

Féminin21%

Répartition par sexe

27

Chapitre

La même proportion de détenus reçoivent des paniers régulièrement et n’en reçoivent pas (47.8%).

Environ 71% des détenus ont des enfants et 66% d’entre-eux sont en couple (ont un conjoint ou un concubin à

l’extérieur de la prison).

53,8

25,8

41,8

70,5

4,4 3,8

0

10

20

30

40

50

60

70

80

Antanimora Vatomandry

Réception régulière de paniers à Antanimora et à Vatomandry (en %)

reçoivent des paniers ne reçoivent pas de panier non réponse

Ont des enfants71%

N'ont pas d'enfants27%

Non réponse2%

Données relatives à la filiation

Sont en couple67%

Sont célibataires32%

Non réponse1%

Statut marital

28

Presque la moitié des personnes détenues sont incarcérées depuis moins de 6 mois, 10% entre 6 mois et un an

et 37% au-delà d’un an (n=589).

La répartition par durée d’incarcération et statut

juridique se décompose ainsi :

► Les personnes détenues incarcérées depuis moins de 6 mois sont à 60% des prévenus et à 40% des condamnés.

► Pour ceux incarcérés de plus de 6 mois et jusqu’à un an, ils sont majoritairement condamnés (63.5%) contre 36.5% de prévenus.

► Pour ceux incarcérés depuis plus d’un an, ils sont un peu plus de 90% à être condamnés et un peu mois de 10% à être prévenus.

ETAT DES LIEUX

[0 - 6] mois47%

]6 - 12] mois10%

Plus de 12 mois37%

Manquant6%

Répartition par durée d'incarcération

La détresse psychologique et la qualité

de vie des personnes détenues

Chapitre

ETAT DES LIEUX

30

« Depuis mon incarcération je suis méfiant parce que j’ai

peur qu’une autre trahison m’arrive en prison, je baisse

toujours ma tête afin que je ne puisse pas voir les yeux

des gens. Je n’ai ni envie de bouger ni de faire quoi que

ce soit. Je veux être seul. Puis, vous [HI] êtes venu

proposer des séances de groupe de parole. Je me suis

inscrit sans savoir exactement ce que c’était, bien qu’on

m’ait déjà expliqué ce qu’on devrait y faire. Au début je

ne parlais pas beaucoup. La honte et la peur sont

toujours dans ma tête. Je ne fais qu’écouter les gens

parler de leurs souffrances. Puis je me suis dit : on se

ressemble, on a tous des problèmes. Je n’avais jamais

imaginé ça jusque là. J’ai commencé à participer, à

raconter mon histoire et notamment ma tristesse quand

je pense à ma famille, à moi et à mes deux filles, à mon

innocence… J’ai exprimé à quel point je souffre, la

sensation que ma vie est foutue. Je ne sais pas que

parler pouvait me faire du bien. Maintenant, je baisse

moins la tête quand je regarde les gens, j’ai envie de faire

des choses comme participer aux jeux, de bouger d’un

endroit à l’autre de la cour. Même si je n’ose pas encore.

[…]

En sortant d’ici, mon projet est de voir mes deux filles, et

commencer une nouvelle vie en cultivant du riz, du

manioc (ce que je faisais déjà avant) en attendant que

d’autres opportunités s’offrent à moi ».

Détenu de la prison de Vatomandry, septembre 2010

Dans cette étude, nous sommes partis du postulat

que la détresse psychologique trouve ses causes

dans les conditions et la qualité de vie carcérale. Les

différents témoignages collectés auprès des détenus

sont la meilleure illustration de l’existence de ce lien,

le défi relevant plutôt de le mettre en lumière au

travers de cet état des lieux.

► 51,4% des personnes détenues éprouvent souvent

des sentiments négatifs tels que le cafard, l’anxiété

ou le désespoir.

• si la personne détenue n’est pas encore fixée sur

son avenir (prévenus)

• de la perception de l’ensemble des symptômes liés

à la détresse psychologique depuis l’incarcération

► 41,4% des personnes détenues considèrent avoir

une mauvaise qualité de vie.

► Parmi ceux qui considèrent avoir une mauvaise

qualité de vie, 65,8% éprouvent souvent des

sentiments négatifs tels que le cafard, le désespoir,

l’anxiété ou la dépression.

CHIFFRES CLEF

Tout d’abord, nous avons relevé que 41,4% des

détenus considèrent avoir une mauvaise qualité de

vie.

Les conditions de vie carcérale sont relativement

difficiles et précaires sur l’ensemble des prisons du

territoire, cependant certains facteurs de la qualité de

vie présentent des particularités différentes d’une

prison à l’autre.

On notera d’emblée, la différence notable de

perception de la qualité de vie entre les deux prisons

puisque qu’elle est perçue comme mauvaise pour

67,4% des détenus à Vatomandry et pour 34,5% des

détenus à Antanimora (p<0.05).

► La perception de la qualité de vie et le lien avec les

symptômes de la détresse psychologique

ETAT DES LIEUX

31

Chapitre

… LE QUARTIER MINEURS

6,9% de l’ensemble des détenus avancent que leurs conditions de vie en prison sont meilleures

qu’à l’extérieur et tout particulièrement les mineurs (18,4%). Ce chiffre n’est statistiquement pas

significatif car l’échantillon était trop réduit, on parle donc d’une tendance qui se profile chez les

mineurs. Ces derniers semblent également moins sujets aux divers symptômes de la détresse

psychologique tels que le sentiment d’insécurité, la dépression matinale, la fatigue, les difficultés

de sommeil et les douleurs physiques.

Cette dissemblance de perception entre les quartiers adultes et les quartiers mineurs pourrait

trouver son explication dans la prise en compte de plusieurs paramètres qui interfèrent :

► La configuration des quartiers, puisque généralement, le quartier mineur est clairement séparé

des autres quartiers, il est moins surpeuplé et il bénéficie plus largement d’appuis ponctuels des

intervenants de la société civile (donations plus fréquentes pour l’amélioration des conditions

matérielles de vie mais également en termes d’activités de loisirs et éducatives).

► La situation des enfants/adolescents malgaches en milieu urbain et plus spécifiquement dans la

capitale avec le constant phénomène des « enfants des rues », on peut être amené à penser que

nombre de mineurs délinquants vivaient dans des conditions très difficiles avant leur incarcération

alors que la prison leur permet d’accéder à un repas journalier ainsi qu’à un abri.

CE QUE NOUS APPREND…

La détresse psychologique peut être diagnostiquée à partir de l’évaluation de divers symptômes ainsi que d’un

entretien individualisé spécifique. Ces entretiens ne pouvant être organisés dans le cadre de cette étude, nous

avons choisi de mesurer l’évolution des symptômes de la détresse depuis l’incarcération. Collectées sur la base

des réponses apportées au questionnaire par les détenus, ces données sont des données dites de

« perception ». Subjectives, elles donnent à voir comment les personnes interviewées se perçoivent elles-

mêmes.

Ainsi, il apparaît que la majorité (51,4%) des personnes détenues éprouve des sentiments négatifs tels que le

cafard, l’anxiété ou le désespoir. Cela est d’autant plus vrai que la personne détenue n’est pas encore fixée sur

son avenir (prévenus).

► L’évolution des symptômes de la détresse psychologique depuis l’incarcération

Ensuite, 51,4% éprouvent des sentiments négatifs (anxiété, désespoir, découragement) et les détenus déclarant

une mauvaise qualité de vie sont significativement plus nombreux à éprouver ces sentiments (65.8%) que ceux

déclarant une bonne qualité de vie (33,6%- p<0.001).

La qualité de vie est déterminée par un nombre de facteurs qu’il s’agira donc d’étudier un à un afin de mieux

cerner de quelle manière les conditions carcérales jouent sur la santé mentale des détenus, en se concentrant

plus particulièrement sur les symptômes de la détresse psychologique

32

Le graphique ci-contre montre que la

perception des symptômes liés à la

détresse psychologique est significati-

vement différente (p<0,05) entre ‘avant

l’incarcération’ et ‘au cours des 30 der-

niers jours’.

De plus, nous pouvons noter que 4%

des détenus déclarent avoir pensé

mettre fin à leurs jours au cours des 30

derniers jours et que 1.9% d’entre eux

affirment avoir tenté de se suicider

(donnée issue de l’analyse mais qui

n’apparaît pas sur le graphique ci-

contre).

► On observe un effet négatif de l’incarcération sur la perception des symptômes de la détresse psychologique

► L’étude apporte un éclairage important autour de la mauvaise perception des personnes détenues sur leurs conditions de vie carcérale et leur ressenti de certains symptômes de la détresse psychologique

► Se pose ainsi la question des déterminants de la qualité de vie carcérale. L’enquête a tenté de faire un examen complet de ceux-ci et les résultats les plus prégnants sont exposés dans la suite de ce rapport.

A RETENIR

L’incertitude du lendemain est un élément déterminant de la précarité dans laquelle se trouvent les prévenus.

Nous noterons qu’à Vatomandry, les prévenus éprouvent le plus souvent ces sentiments négatifs (75,5% contre

51.9% pour les condamnés).

Pour mieux qualifier cette détresse psychologique nous avons également interrogé les personnes détenues sur

un certain nombre de symptômes qui lui sont généralement reliés tels que le découragement, la colère, la

fatigue, la peur, les difficultés de sommeil (endormissement et réveil nocturne), la dépression matinale, la

tristesse, l’envie de mourir et les idées suicidaires. Le questionnaire interroge les personnes détenues sur leur

perception avant l’incarcération et au cours des 30 derniers jours. Nous avons ainsi pu dégager l’évolution de la

perception des personnes affirmant éprouver souvent ces différents symptômes de détresse psychologique.

0%

10%

20%

30%

40%

50%

60%

70%

80%

% d

e d

éte

nu

s

Symptômes

Perception de symptômes de détresse psychologique "avant l'incarcération et au cours des 30 derniers jours"

Avant l'incarcération Au cours des 30 derniers jours

ETAT DES LIEUX

Chapitre

La santé

ETAT DES LIEUX

34

« Izay marary andriana »

= Le malade est roi et l’on doit s’occuper de lui comme il se doit.

CHIFFRES CLEF

sont ceux dont le nom s’inscrit sur la liste noire leur reniant l’accès aux consultations médicales qui pourraient

être sollicitées à l’avenir.

Le stigma de la santé mentale en prison est identique à celui qui est diffusé dans la communauté en général : on

montre du doigt les « fous » et les « drogués » renvoyant les cas identifiés à l’anormalité, sans prise en charge

thérapeutique mais surtout, sans considération pour le mal-être psychologique tel que les sentiments liés à la

détresse.

La perception des détenus de leur état de santé est cependant révélatrice d’une prise en compte élargie des facteurs liés à leur santé, au-delà de la seule considération des soins médicaux dispensés.

Comme dans beaucoup de cultures, la santé détient

une place fondamentale dans la vie de la population

malgache, quel que soit le mode de soin opté,

guérisseur traditionnel ou médecin/paramédical

classique.

La santé se trouve pourtant malmenée une fois les

portes de la prison franchies. Les établissements

pénitentiaires ne sont pas toujours pourvus d’une

infirmerie équipée et de personnel de soin formé ou

en nombre suffisant pour satisfaire les besoins des

détenus.

Dans le microcosme carcéral, les maladies sont

nombreuses, elles sont liées à la promiscuité

(tuberculose), à l’hygiène (dermatoses, diarrhées), à

l’alimentation (la malnutrition, le beriberi, carence en

vitamine B1) et tout autre diagnostic faisant

apparaître des symptômes physiologiques.

Les troubles psychosomatiques sont généralement

négligés, on parle de « faux malades », ce sont

ceux pour qui on gaspille du temps et au final, ce

Les renseignements déclaratifs collectés auprès de 625 détenus font apparaître que 73% auraient accès aux

soins selon leur besoin alors qu’ils ne seraient que 53% à être satisfaits de leur état de santé.

La mise en corrélation de ces deux données permet de faire l’hypothèse que, d’une part, les services de santé

pénitentiaires sont limités dans leur capacité de réponse médicale et, d’autre part, que le lien entre la satisfaction

de l’état de santé et la procuration de soin n’est pas exclusif.

► 32,2% des détenus ne sont pas satisfaits de leur état

de santé contre 53% qui s’avèrent être satisfaits

► 73% déclarent avoir accès aux soins selon leur

besoin

► Autres facteurs déterminants :

• Hygiène : 69,8% pensent avoir une hygiène

insuffisante

• Salubrité : 71,7% considèrent ne pas vivre dans un

environnement sain

• Nutrition : 73,1% déclarent avoir souvent faim

► Douleurs physiques et maladies chroniques :

• 26,7% ont des douleurs physiques qui altèrent

considérablement leurs capacités à effectuer des

activités courantes

• 10% déclarent subir une altération de leurs capacités

due à une maladie chronique

ETAT DES LIEUX

35

Chapitre

Les infirmeries des établissements pénitentiaires font l’objet de contraintes multiples liées aux moyens

budgétaires délégués pour l’approvisionnement de la pharmacie et des consommables médicaux, aux

ressources humaines affectées mais également à la formation limitée des agents de santé qui suivent un cursus

simplifié à celui des paramédicaux dans le civil.

L’accès aux soins des détenus, autrement dit le passage entre le quartier de détention et le quartier de sécurité

où se situe généralement l’infirmerie, est également source d’une inégalité forte entre prisonniers. Se posent

ainsi comme éléments majeurs de facteurs de discrimination, l’accessibilité du local destiné aux soins mais

également le système pyramidale conçu pour l’accès sanitaire, de l’émanation de la demande de consultation du

détenu à la consultation effective par un agent de santé. Le circuit de l’accès aux soins est potentiellement l’objet

de fuites, liées à des considérations financières ou plus subjectives.

Cependant, il semblerait que d’autres facteurs soient susceptibles d’agir sur la perception des détenus de leur

état de santé.

« Ny fahadiovana no antoky ny fahasalamana »

= L’hygiène fait la santé

Dicton couramment utilisé notamment à l’encontre des enfants pour les inciter à se laver, se brosser les dents,

etc.

La majorité des détenus soulèvent notamment leur

insatisfaction quant aux conditions générales d’hygiène,

comprenant l’hygiène corporelle, l’état de propreté des

infrastructures communes, et l’alimentation.

La vie carcérale est sujette à nombre de négligences en

matière d’accès à l’eau et d’assainissement. Ces

infrastructures représentent des investissements au

coût excessif alors que la priorité actuelle est axée sur

la sécurité et le désengorgement de l’établissement.

En matière de nutrition, l’observation des pratiques

d’alimentation (500 à 750 g de manioc sec par jour)

démontre que la quantité des rations servies ne peut

généralement satisfaire les détenus mais également

qu’un manque de diversification alimentaire entraîne

pour certains, un refus de manger ou une satiété

inassouvie.

J’ai 37 ans, je suis incarcéré depuis 14 ans et il me reste

6 ans de peine à purger. Depuis tout ce temps, je n’ai

jamais pu franchir le seuil de cette porte. Quand je serai

libéré, je ne mangerai plus de manioc. Je n’aime plus le

marron. Je n’aime plus la couleur du manioc sec.

Détenu d’Antanimora, Quartier F, septembre 2010

36

… LA DIFFERENCE ENTRE LES DEUX PRISONS

Sur la perception de l’état de santé :

Une tendance se dessine entre les deux prisons chez les mineurs puisqu’ils semblent plus

insatisfaits à Antanimora (39%) qu’à Vatomandry (12,5%). (p=0,126)

► Cette insatisfaction plus grande à Antanimora peut être justifiée par la différence d’accessibilité

à l’infirmerie. Alors qu’à Vatomandry, l’infirmerie est située dans la cour centrale entre les

quartiers hommes et mineurs, à Antanimora, elle est localisée dans le quartier de sécurité à

proximité des quartiers hommes mais éloigné de celui des mineurs.

► De manière plus générale, les détenus apparaissent plus insatisfaits à Vatomandry (47,7%)

qu’à Antanimora (28%). (p<0,05)

...

CE QUE NOUS APPREND…

A noter que le riz, principal aliment des malgaches rattaché à la tradition et source de fierté nationale, n’est servi

dans les prisons qu’à de rares occasions (fêtes nationales et cultuelles).

La base alimentaire dans les prisons est uniquement constituée de racines de manioc séché. Les tubercules

apportent des calories en quantité importante mais elles sont pauvres en substances minérales et en vitamines.

Elles devraient être associées à d’autres aliments pour constituer une ration alimentaire équilibrée. Enfin, c’est

un aliment au goût amer, difficile à ingérer quotidiennement car il contient de l’acide cyanhydrique (substance

toxique) donc assimilable à un poison en cas de conditionnement défectueux ou de mauvaise préparation en

cuisine.

Enfin, plus d’un quart des personnes interrogées déclarent avoir des douleurs physiques qui altèrent

considérablement leurs capacités à effectuer des activités courantes et 10% déclarent subir une altération de

leurs capacités due à une maladie chronique.

Ces données sont intéressantes dans ce sens qu’elles permettent de poser un point de vigilance. L’altération

des capacités qui est induite de ces douleurs physiques et/ou maladies chroniques ne peut se retrouver que

renforcée avec la durée de l’incarcération puisque l’offre de services est inévitablement amoindrie du fait de

l’enfermement. Que la prison soit créatrice d’incapacités n’est pas avéré, qu’elle développe les incapacités est

cependant aisément déductible des conditions d’incarcération.

ETAT DES LIEUX

37

Chapitre

► La localisation de l’infirmerie détermine son niveau d’accessibilité aux détenus, impactant l’accès aux soins et la satisfaction de son état de santé.

► La question de la capacité de réponse en termes de soin des infirmeries des MC se pose.

► La satisfaction de l’état de santé ne s’arrête pas au seul fait de se voir prodiguer des soins.

► D’autres facteurs, notamment ceux liés à l’hygiène, la salubrité, l’alimentation, pourraient influer les détenus dans l’appréciation de leur état de santé.

A Vatomandry, le taux de fréquentation journalier de l’infirmerie représente en moyenne 10% de

l’effectif carcéral (20 consultations en moyenne par jour pour un effectif intra muros d’environ 200

personnes) et également une vingtaine de détenus en moyenne occupent la chambre destinée

aux malades chroniques ou en convalescence. De plus, à la date de l’enquête, la maison

carcérale comptait une dizaine de malnutris sévères.

L’ensemble de ces chiffres fait apparaître qu’au moins ¼ de l’effectif carcéral présentait un

problème de santé avéré à la date de la collecte de données relative à cette étude.

Ils seraient, à la date de l’enquête, au moins 25% à être malades alors qu’ils sont près du double

(47,7%) à être insatisfaits de leur état de santé.

Sur l’accès aux soins :

73% déclarent avoir accès aux soins selon leur besoin.

Ils sont plus particulièrement 91,7% à Vatomandry et 68% à Antanimora (p<0,05), ce qui nous

ramène une fois de plus à l’importance de la localisation et de l’accessibilité de l’infirmerie.

Il est intéressant de noter que la satisfaction relative à l’état de santé est moins reconnue à

Vatomandry (45,5%) alors que la quasi-totalité des détenus considère cependant qu’ils

bénéficient des soins adaptés à leur besoin (91,7%).

A RETENIR

38

Incapacités reliées aux comportements Estime de soi, souci et présentation

de soi, sociabilité, affirmation de soi,

contrôle des émotions, relaxation,

écoute, planifier et projection dans

l’avenir.

Incapacités reliées aux activités intellectuelles Vigilance, sommeil, attention

Incapacités reliées à la protection et à la résistance Résistance à l’effort mental

ponctuel, endurance mentale

Incapacités

Psychosociales

IMPACT DE LA SANTE/NUTRITION/HYGIENE SUR LES INCAPACITES PSYCHOSOCIALES

Le manque d’hygiène et l’insalubrité rendent difficiles le souci et la présentation de soi. Le regard que l’on se porte tend difficilement vers une amélioration de l’estime et de l’affirmation de soi ou encore de la sociabilité.

Une nutrition pauvre a des conséquences sur les activités intellectuelles. Difficile de se concentrer, de rester vigilant et attentif lorsque la ration alimentaire ne suffit pas à couvrir les besoins journaliers. Il en va de même pour la résistance à l’effort mental ponctuel ou non.

ETAT DES LIEUX

Chapitre

Place et rôle de la famille

40

Incarcéré depuis 14 ans, plus personne venant de

l’extérieur ne m’écoute. Je me sens un peu exclu. Ils

disent que je suis fou. Je suis déphasé avec la réalité

extérieure, je sens que je n’aurais plus de repères quand

je sortirai. Cela fait peur. Est-ce que vous pensez que

l’église pourrait me protéger si j’y entre ? Je ne veux plus

avoir à revenir ici. Ma mère pleure à chaque fois qu’elle

vient me voir et mon père est mort après m’avoir rendu

visite car il pleurait beaucoup aussi. J’ai beaucoup de

choses sur la conscience. Ce qui me manque, c’est le riz,

mon enfant, une grosse saucisse de porc, ma famille.

Détenu d’Antanimora,Quartier F, septembre 2010

► Presque 50% reçoivent régulièrement un panier

(53,8% à Antanimora – 25,8% à Vatomandry)

► 26,7% n’avait pas reçu de visite au cours des 30

derniers jours (54,5% à Vatomandry - 19,3% à

Antanimora)

► 58,8% n’avait pas reçu de visite du conjoint/

concubin au cours des 30 derniers jours (75,3% à

Vatomandry - 54,8% à Antanimora)

► Presque 90% ont l’intention de retourner au sein

de leur famille à la leur libération

CHIFFRES CLEF

« Etre prisonnier, c’est être à moitié mort » lâche un

membre du Comité de Soutien des Personnes

Détenues de Vatomandry.

Mort parce que comme il l’explique, les familles

s’amputent de leur membre jugé coupable et est

reconnu ainsi aux yeux du reste de la communauté.

Même après avoir purgé sa peine, il reste une faille,

un gouffre béant, séparant l’ex-détenu des siens. Il

s’agit donc d’une mort sociale.

La structuration de la famille malgache est souvent

décrite comme double :

► Verticalement, car les liens entre les membres se

définissent en fonction du rang et de l’âge, leur

donnant ainsi à chacun une identité et un rôle à tenir.

► Horizontalement, car la famille est la représenta-

tion d’une collégialité d’individus qui sont tous, à

niveau égal, responsables de préserver l’image de

leurs pairs.

Le détenu, quelle que soit sa faute, quel que soit son

degré de culpabilité légale, a enfreint la loi informelle

de bienséance de la famille et engendré la honte, la

plus grande crainte de tout un chacun, car elle n’est

pas sanctionnée par la loi, mais par la réprobation

publique.

En outre, du fait de l’éloignement et de

l’enfermement, le lien familial est particulièrement

difficile à maintenir durant la période d’incarcération.

Pourtant la présence de la famille est indispensable

puisqu’elle constitue le principal soutien moral et

affectif des détenus, lui évitant une exclusion qui

entraînerait une perte d’identité autant que de

repères.

Le rôle des proches se matérialise dans le fait

d’apporter quelques améliorations aux conditions de

vie du détenu par le panier alimentaire, mais

également de faire le lien avec l’extérieur au travers

des visites.

ETAT DES LIEUX

41

Chapitre

Plusieurs procédés sont autorisés par l’administration pénitentiaire pour favoriser et/ou maintenir le lien

familial.

Il s’agit tout d’abord de la livraison de paniers familiaux. Ils sont déposés par les personnes de l’extérieur et

fouillés par des agents avant d’être distribués aux personnes concernées. Ils peuvent contenir des aliments ou

tout autre produit ne faisant pas partie des interdictions en vigueur.

Ensuite, les visites au parloir sont rendues possibles en suivant un calendrier précis définissant des jours et

des horaires fixes. Les règles relatives au bon déroulement de ces visites sont visibles au parloir mais elles

apparaissent usuellement à l’entrée de l’établissement. La loi indique qu’un agent pénitentiaire doit surveiller

les échanges, délimités dans le temps, tout en restant discret afin de ne pas perturber l’intimité des personnes.

L’envoi et la réception de courrier sont une autre opportunité offerte aux personnes incarcérées et à leur

famille. La censure est obligatoirement exercée par des agents pénitentiaires conformément aux règles de

sécurité, afin de garantir le bon ordre dans les quartiers de détention.

On se retrouve au travers de l’ensemble de ces moyens face à des limites tangibles, attenantes au fait que

livrer un panier, se rendre à la prison pour une visite ou envoyer une lettre, a un coût qui doit nécessairement

être assumé par le détenu ou sa famille et dépend de la disponibilité des proches.

Partant des chiffres statistiques nationaux sur le taux d’analphabètes et des couches sociales représentées en

prison, il est à douter que les détenus en capacité d’écrire ou de lire une lettre soient majoritairement

représentatifs.

Face à ces constats, le lien familial, au delà de l’exclusion volontaire décidée par les proches, est assurément

difficile à maintenir tout au long de la durée d’incarcération.

Considérant que 89,6% des détenus ont l’intention de retourner au sein de leur famille à leur sortie, on peut

présager une réinsertion peu facilitée tout au long de l’incarcération et peu anticipée sur les conditions de

l’accueil au retour.

Il est intéressant de noter que ceux qui pensent ne pas retourner dans leur village (8,8%) redoutent principale-

ment que les villageois ne souhaitent pas les voir revenir. Ce chiffre n’est cependant pas significatif,

l’échantillon étant, à ce niveau, trop infime.

42

… LA DUREE D’INCARCERATION

Au cours des 30 derniers jours, les détenus incarcérés depuis maximum 6 mois ont :

► pour 44,7% d’entre-eux reçu une visite à Vatomandry

► pour 58,1% d’entre-eux reçu une visite à Antanimora.

Ils sont ainsi un peu plus de la moitié (55,2%)

sur les deux établissements pénitentiaires.

Or à partir de 12 mois d’incarcération, on

remarque que 3,1% seulement ont reçu une

visite lors des 30 derniers jours à Vatomandry

et 36,8% des détenus à Antanimora (p<0.05)

Les détenus reçoivent donc plus souvent des

visites de leur conjoint/concubin dans les 6

premiers mois de leur incarcération. Le lien

familial semble se distendre au bout d’un an

d’emprisonnement.

CE QUE NOUS APPREND…

… LA DIFFERENCE ENTRE LES DEUX PRISONS

► La réception de paniers : 53,8% à Antanimora – 25,8% à Vatomandry (p<0.05)

► Les visites de l’extérieur (lors des 30 derniers jours) : 54,5% à Vatomandry - 19,3% à

Antanimora (p<0.05)

► Les visites du conjoint/concubin (lors des 30 derniers jours) : 75,3% à Vatomandry - 54,8% à

Antanimora (p<0.05).

La prison de Vatomandry présente tout comme Antanimora une position centrale au sein de la

commune de la juridiction concernée, or les détenus qui y sont incarcérés sont plutôt issus du

milieu rural et proviennent de la campagne plus ou moins avoisinante. Contrairement à la

capitale desservie en transports en commun, les déplacements hors réseaux routiers sont diffici-

les, demandent du temps et un budget conséquent, impactant ainsi la fréquence de livraison des

paniers alimentaires.

CE QUE NOUS APPREND…

ETAT DES LIEUX

0,0

10,0

20,0

30,0

40,0

50,0

60,0

70,0

Vatomandry Antanimora

% d

e v

isite

Visite du conjoint/concubin au cours des 30 derniers jours

Durée d'incarcération inférieure ou égale à 6 mois

Durée d'incarcération supérieure ou égale à 12 mois

3,1%

58,1%

36,8%

44,7%

43

Chapitre

A RETENIR

► Du fait de l’incarcération, les risques d’exclusion familiale sont importants

► Diminution du nombre de visites liée à la durée d’incarcération et pour les personnes

condamnées (vs. Personnes en attente d’un jugement ou d’un recours)

► Un travail sur le maintien du lien familial est indispensable pour améliorer les chances

de réinsertion des personnes détenues

… LE STATUT JURIDIQUE

Sur l’ensemble des prévenus, 36,1% ont reçu une visite au cours des 30 derniers jours à

Vatomandry et 54,9% à Antanimora (p = 0,070).

Cependant, sur l’ensemble des condamnés interrogés à Vatomandry, seulement 15,6% ont

reçu une visite au cours des 30 derniers jours et 39,5% à Antanimora (p<0.05).

Ainsi les visites sont moins fréquentes pour les condamnés dans les deux maisons centrales.

La question de l’emplacement géographique peut expliquer la différence entre prison mais ne

peut justifier celle constatée à partir du statut juridique entre condamnés et prévenus.

Alors que le prévenu est en attente de son procès ou de son recours, le condamné a lui reçu

une sentence rendue définitive et ne peut donc plus bénéficier de la présomption d’innocence.

La culpabilité du condamné reconnue par un juge peut ainsi amener la famille à délaisser le

détenu par déception ou par honte vis-à-vis de la communauté.

En outre, le condamné est fixé sur la durée d’emprisonnement qu’il aura à effectuer. Si

l’échéance de la sortie semble encore longue pour la famille, on peut supposer qu’apparaisse

une certaine lassitude à se rendre régulièrement à la prison.

Le prévenu est, quant à lui, incarcéré dans les limites fixées par les délais légaux de préventive

et sa culpabilité reste encore à prouver.

CE QUE NOUS APPREND…

44

En l’absence de soutien des proches, ceux sur qui on peut compter,

l’estime de soi s’affaiblit rapidement. Difficile de se sentir appartenir à un

groupe alors qu’il est physiquement loin et qu’on imagine en être bannit.

Cela irrite, énerve, impossible de se mettre à la place de l’autre, détenu ou

agent pénitentiaire, les capacités d’empathie s’estompent. L’avenir est

relégué à la temporalité du moment présent, l’inquiétude sur l’avenir

post-carcéral remplissant le quotidien et tout l’espace psychique.

Incapacités reliées aux comportements Estime de soi, empathie, sentiment

d’appartenance sociale, souci et

présentation de soi, sociabilité,

affirmation de soi, planifier et

projection dans

l’avenir. Incapacités

Psychosociales

IMPACT DE LA PLACE ET DU ROLE DE LA FAMILLE SUR LES INCAPACITES PSYCHOSOCIALES

ETAT DES LIEUX

Chapitre

Les relations sociales

ETAT DES LIEUX

46

Ny olombelona toy ny molo-bilany ka iray mihodidina ihany (dicton populaire)

= Les hommes sont comme le bord d’une marmite, qui ne forme qu’un seul cercle (pas d’existence personnelle

sans existence collective).

Depuis quelques temps,

ma famille m’apporte des

paniers et de l’argent. Je

prends donc en charge

trois personnes dont deux

cuisiniers et un qui lave

mon linge. C’est en prison

que le fihavanana existe,

parce qu’on se sauve

entre détenus.

Détenu d’Antanimora,

Quartier F, septembre

2010

L’articulation des relations sociales à Madagascar

repose dans sa globalité sur le fihavanana (havava =

parent). Ce principe de solidarité dépasse le cercle du

clan familial pour régir les rapports collectifs au sein

d’une communauté élargie.

La collectivité prévalant sur l’individuel, la gestion des

conflits se règle sur les bases d’un consensus et de

l’évitement des oppositions directes.

Elle s’effectue par une régulation interne, animée par

le chef de village, l’ancien, le notable, et qui ne fait en

aucun cas intervenir la loi républicaine ou les forces

de l’ordre.

La solidarité, l’entraide, le partage subsistent en prison mais prennent une forme différente. Les relations se

hiérarchisent et le détenu est catégorisé dès le premier pas dans la cour de détention. Certains y trouveront

leur compte, d’autres moins.

Pourtant, ces relations interpersonnelles développées en prison ont un impact sur la qualité de vie des détenus

à savoir sur l’amélioration du mieux-être si ces relations sont existantes et bonnes ou, au contraire, l’accentua-

tion du mal-être si elles sont inexistantes ou mauvaises.

Et les violences qui auraient pu être subies durant l’incarcération en constituent des facteurs aggravants.

► Plus de 70% des détenus déclarent se sentir

souvent seuls

► 9,4% disent ne pas s’être fait d’amis en prison

► 21,2% des détenus ont peur de parler aux autres

► 28,7% éprouvent des difficultés pour entrer en

contact avec les autres détenus

► 30,2% pensent qu’ils auront des difficultés à

retrouver du travail et 4,3% qu’ils n’en retrouveront

pas du tout

► 9,1% des détenus déclarent avoir été victimes de

violences physiques et 24% de brimades/rackets

depuis leur incarcération avec des co-détenus.

► 11,5% des détenus déclarent avoir été victimes

de violences physiques et 10,4% avoir reçu des

brimades ou des sanctions injustifiées de la part des

agents pénitentiaires depuis leur incarcération.

► 87,7% déclarent avoir subi au moins une

expérience violente/conflictuelle entre co-détenus ou

dans les relations avec les agents pénitentiaires.

CHIFFRES CLEF

ETAT DES LIEUX

47

Chapitre

La prison est souvent définie comme représentative d’un environnement non protecteur.

Les formes que prennent la violence dans les relations interpersonnelles sont multiples et, au-delà de la violence

physique et verbale, y règne la violence issue de l’inégalité qui se créé entre détenus. La lutte des classes survit

à l’intérieur des murs. Elle commence dès l’entrée du nouvel arrivant dans le quartier de détention. Il est

généralement celui qui sera « vidangeur » (chargé de vidanger manuellement les latrines et les puisards

ouverts), de corvée ménage, ou assujetti par les différents services qu’il devra rendre au chef de chambre, au

chef de cour, au plus ancien, à celui qui entretient les meilleures relations avec les agents. La relation dominant-

dominé est omniprésente.

Argent contre bons soins. Un prisonnier donne quelques Ariary à un autre pour mieux manger, dormir, se laver...

Sans argent, c’est le mépris, la marginalisation, la misère. Ici tout s’achète. Quelques échoppes constituent

parfois un véritable marché, intra-muros.

Cela permet à tous de mieux vivre, d’agréer le quotidien, un semblant de normalité. Mais à ne point douter, il

s’agit de survie dans une « jungle » qui a ses propres règles. Envoyer son courrier, accéder au parloir, participer

à des activités extra-muros coûte cher. Là encore, il s’agit d’améliorer le quotidien de quelques uns, de gagner le

respect. Être reconnu dans sa capacité à pouvoir rémunérer les bons soins de l’autre, que cet autre soit détenu

ou agent pénitentiaire, permet simplement de mieux vivre et de trouver une place.

Un nombre important de détenus déclare avoir des difficultés à entrer en contact avec les autres et à entretenir

des relations amicales. Il est apparu, en particulier lors des groupes de parole constitués dans les prisons

d’intervention du projet, que les détenus craignaient de se confier et se renfermaient du fait de la solitude, du

sentiment d’injustice et notamment en partie du fait du cadre punitif de la prison.

La prison aux yeux mêmes de ses habitants apparaît comme « la maison des mauvaises personnes ». Que l’un

se considère innocent ou injustement sanctionné, ne signifie pas pour autant qu’il puisse en être de même pour

le voisin. La méfiance vis-à-vis de ses co-détenus est bien présente et ne favorise donc pas le développement

des relations.

Les chiffres qui ressortent de l’étude laissent largement augurer des difficultés à se réinsérer à la libération, à se

réinsérer socialement mais également professionnellement puisque 30.2% des détenus pensent avoir des

difficultés à retrouver du travail et 4.3% pensent ne pas pouvoir en retrouver du tout.

… L’ETUDE DES RELATIONS AVANT/DURANT L’INCARCERATION

Un système de notation sur un ensemble de questions a permis d’établir 3 groupes représentant

des profils différents que nous définissons ainsi :

► Groupe 1 n’ayant pas ou peu de relations sociales avant/pendant leur incarcération

► Groupe 2 ayant des relations sociales existantes mais limitées avant/pendant l’incarcération

► Groupe 3 ayant des relations sociales développées avant/pendant l’incarcération ...

CE QUE NOUS APPREND…

48

Les questions « Avant l’incarcération » : (non, un peu, beaucoup) concernaient la

fréquentation d’amis, de l’église, la visite de la famille, l’appartenance à un groupe et le fait de

rester seul ou non.,

Les questions « pendant l’incarcération » : (non, un peu, beaucoup) concernaient l’existence

d’amis, la peur de parler aux autres, la difficulté à entrer en contact avec les autres, la

reconnaissance des relations avec les autres comme amicales et le sentiment d’être seul.,

Ces questions ont été adaptées au contexte car il est évident que les relations avec la famille

ou la communauté à partir du moment de l’incarcération se trouvent détériorées.

Il s’agissait donc de définir des questions qui relataient plus de la capacité à renouer des

relations au sein de la prison d’un point de vue très objectif, sans chercher pour autant à

connaître les causes de l’évolution des relations sociales de chacun car les facteurs sont

nombreux (violences, hiérarchisation des relations, détresse psychologique, traumatisme, etc)

et ne peuvent être mis en lumière par le cadre méthodologique de l’étude.

Une comparaison a ainsi pu être effectuée sur la proportion de détenus appartenant à ces 3

groupes avant et pendant l’incarcération.

Il en ressort que les détenus

n’ayant pas ou peu de relations

sociales sont plus nombreux

pendant l’incarcération (7,2%)

qu’avant (3,4%). Au contraire,

les détenus appartenant aux

groupes « relations dévelop-

pées » : passent de 53,1%

avant l’incarcération à 33%

pendant l’incarcération.

Plus globalement, avant

l’incarcération, les détenus

ayant des relations sociales

développées étaient les plus

nombreux (53,1%) alors que

pendant l’emprisonnement, le

groupe majoritaire est celui

des détenus ayant des

relations sociales existantes

mais limitées (59,8%).

3,47,2

43,5

59,8

53,1

33

Avant l'incarcération Pendant l'incarcération

Importance des groupes liés aux profils relationnels

Groupe 1 n’ayant pas ou peu de relations sociales

Groupe 2 ayant des relations sociales existantes mais limitées

Groupe 3 ayant des relations sociales développées

ETAT DES LIEUX

49

Chapitre

A RETENIR

► Le sentiment de solitude est très fréquent chez les détenus

► Les relations sociales en prison diminuent et/ou se dégradent en comparaison

avec les relations entretenues à l’extérieur avant l’incarcération

► La vie entre co-détenus et les relations avec les agents pénitentiaires sont

sources de difficulté supplémentaire pour la réinsertion sociale et professionnelle

… LE CROISEMENT ENTRE VIOLENCE ET INSECURITE

Plusieurs questions ont été regroupées afin de faire apparaître les relations violentes/

conflictuelles entre co-détenus (victimes de violence ou brimades/racket) et les relations

avec l’AP (peur des agents, victimes de violences physiques, brimades ou sanctions

injustifiées).

Ainsi, 87,7% des détenus déclarent avoir subi au moins une expérience de ce type depuis

leur incarcération, sans qu’aucune différence ne soit constatée entre les deux prisons.

Parmi eux, seuls 23% se sentent en insécurité dans la vie de tous les jours. Cependant, la

quasi-totalité des personnes se sentant en insécurité sont ceux qui ont expérimenté au

moins une expérience violente (126/141).

Plus globalement, 22,6% des détenus déclarent ne pas se sentir en sécurité dans la vie de

tous les jours. Le terme de sécurité renvoie ici aux relations interpersonnelles entre détenus

mais également avec les agents pénitentiaires.

CE QUE NOUS APPREND…

50

IMPACT DES RELATIONS SOCIALES ET DES VIOLENCES SUR LES INCAPACITES PSYCHOSOCIALES

Vivre dans un environnement de violences génère une angoisse

permanente, une tension interindividuelle chargée de suspicion et

de crainte de l’autre. La sécurité personnelle est sans cesse

menacée ce qui impacte la vigilance, le sommeil, l’attention. Il faut

en permanence rester sur ses gardes. Les relations sociales se font

dans un système hiérarchisé où les bourreaux des uns sont souvent

les victimes des autres. La lutte des castes est avant tout ici une

lutte des places. Il faut lutter pour avoir la bonne chambre, la bonne

natte, la bonne ration alimentaire. Les violences entre détenus et

agents pénitentiaires ajoutent de l’injustice et de l’insécurité. Elles

rendent impossible toute visée de rééducation. La confiance en

l’autre est souvent mise en péril. Certains se retrouvent alors, pour

suivre les plus forts ou pour simplement tenter de survivre,

contraints d’enfreindre les règles. Fourberies, tromperies, menaces

sont les modes relationnelles d’une incarcération qui s’éloigne de

son objectif de réapprentissage du vivre en société.

Incapacités reliées aux comportements Estime de soi, empathie, sentiment

d’appartenance sociale, sécurité

personnelle, sociabilité, affirmation

de soi, respect des règles, contrôle

des pulsions, contrôle des

émotions, relaxation,

écoute.

Incapacités reliées au langage Expression orale et écrite

Incapacités reliées aux activités intellectuelles Vigilance, sommeil, attention

Incapacités reliées à la protection et à la résistance Résistance à l’effort mental

ponctuel, endurance mentale

ETAT DES LIEUX

Incapacités

Psychosociales

Chapitre

Les activités quotidiennes

ETAT DES LIEUX

52

Les activités socioculturelles, telles que les dominos, les

jeux de cartes, les concours de photos ou de chants, les

tournois de sport, auxquelles j’ai participé sont pour moi

une « évasion mentale », oubliant un peu mes

problèmes. Cela fait un an et quelques mois que je n’ai

pas vu ma femme et mes deux enfants de 2 et 8 ans. Ils

me manquent beaucoup. Ces activités donnent un temps

de repos à mon esprit, la journée passe très vite sans

que je m’en aperçoive. Cela me tranquillise car j’accorde

toute mon attention à l’activité. Sans ça, je serais déjà

parmi les autres détenus atteints de malnutrition sévère

vu les problèmes que me cause mon incarcération.

Il y a aussi le système de récompense quand on participe

à ces jeux : cela nous aide matériellement mais en même

temps c’est valorisant. Au concours photos, notre groupe

a remporté le premier prix, on a gagné le respect des

autres, même celui des surveillants. Je suis satisfait, je

peux encore faire quelque chose de bien dans ma vie.

Aux tournois de sport, mon équipe est tout le temps

perdante mais c’est la vie, j’apprends également, on ne

peut pas toujours gagner.

Détenu de Vatomandry, Quartier Hommes, octobre 2010

Les activités quotidiennes sont susceptibles d’améliorer

la santé mentale des personnes emprisonnées et leur

capacité de résilience tout autant que ces dernières

peuvent influer sur la participation effective ou non à ces

activités.

Généralement, les personnes détenues aiment prendre

part aux activités nouvelles qui leur sont proposées

qu’elles aient une finalité récréative ou purement

éducative. A l’occasion de certaines séances, l’envie

disparaît et plus personne ne vient. Dans ces moments-

là, les activités socioculturelles proposées sont des

espaces vides où très vite viennent s’engouffrer les

mêmes angoisses, les mêmes incertitudes qui rythment

le quotidien.

Alors qu’une bonne santé mentale permet de

développer et de prendre part aux activités, les activités

elles-mêmes visent à améliorer le quotidien.

La participation à ces activités collectives permet

d’intégrer la personne détenue dans son quartier de

détention, de valoriser ses compétences à ses yeux

autant qu’à ceux des co-détenus ou des agents

pénitentiaires et de développer son autonomie et sa

capacité de résilience face aux difficultés liées à

l’incarcération. Ce sont enfin des moments d’apprentis-

sage de la vie qui favorisent la construction

psychologique et sociale des individus notamment en

vue de leur réinsertion post carcérale.

► Près de 60% des détenus déclarent trouver

souvent les journées interminables.

► 33,1% ont la sensation de ne jamais apprendre de

choses pendant leur incarcération.

► 83,7% des détenus qui considèrent avoir de

meilleures conditions de vie en prison participent

souvent à des activités quotidiennes.

CHIFFRES CLEF

ETAT DES LIEUX

53

Chapitre

Les activités quotidiennes les plus couramment pratiquées sont le culte, la lecture à la bibliothèque, le sport ainsi

que celles liées à la cuisine et l’hygiène.

Une part plus infime de détenus participent aux séances d’alphabétisation, aux échanges éducatifs

(principalement proposés ponctuellement par la société civile), aux jeux divers (entre co-détenus tels que les

jeux de cartes, de dominos, etc) et ont accès aux divertissements video.

La faible participation aux activités de loisirs et éducatives peut être expliquée du fait qu’elles ne constituent pas

une priorité liée à la survie de chacun en prison.

Tout comme à l’extérieur, la principale préoccupation journalière des ménages est de travailler afin de récolter

une somme d’argent suffisante pour nourrir la famille, les personnes incarcérées dès leur lever cherchent les

moyens qui leur permettront d’améliorer leur repas quotidien.

Nous avons pu remarquer lors des différentes activités proposées qu’un nombre important de détenus

intéressés ne pouvait au final y participer ou bien ne pouvait s’engager sur leur assiduité car d’autres priorités

liées aux besoins de base devaient être satisfaites.

De plus, les journées se ressemblant les unes des autres, une certaine lassitude du quotidien se met en place

et s’ancre au fur et à mesure du temps d’incarcération qui passe. Du fait de cette répétition, les détenus prennent

une certaine habitude à être passifs, à limite du

plaintif, engendrant des difficultés à se motiver

lorsque de nouvelles activités sont proposées.

Cependant, il est intéressant de constater que

parmi le chiffre de 6.9% de détenus qui décla-

rent avoir de meilleures conditions de vie en pri-

son,83,7% participent à des activités collectives.

La participation sociale et l’existence d’activités

collectives (autres que les activités quotidien-

nes de ménage et de cuisine) semblent donc

jouer un rôle sur la perception des conditions de

vie des détenus.

Q58 Vatomandry Antanimora Ensemble

Effectif % Effectif % Effectif %

Activité sportive 29 31,9 154 35,5 183 34,9

Cours d'alphabétisation 17 18,7 33 7,6 50 9,5

Echanges éducatifs 1 1,1 33 7,6 34 6,5

Bibliothèque 11 12,1 178 41,0 189 36,0

Cuisine 8 8,8 126 29,0 134 25,5

Activité d'hygiène 3 3,3 132 30,4 135 25,7

Culte 27 29,7 360 82,9 387 73,7

Jeux divers 27 29,7 4 0,9 31 5,9

TV/Vidéo 22 24,2 11 2,5 33 6,3

Autres activités 7 7,7 6 1,4 13 2,5

Meilleures conditions de vie à l'extérieur

93%

Ne participent jamais à des activités

0,3%

Participent parfois à des activités

0,8%

participent souvent à des activités 5,8%

Meilleures conditions de vie en prison

7%

La perception des conditions de vie et les activités quotidiennes

54

… LA DIFFERENCE ENTRE LES DEUX PRISONS

27,4% de détenus à Antanimora ont la sensation de ne jamais apprendre quelque chose pendant

leur incarcération contre 54,5% à Vatomandry.

15% des détenus disent de jamais participer à des activités et plus particulièrement à

Vatomandry (31,1%) en rapport à Antanimora (10,8%).

CE QUE NOUS APPREND…

Vatomandry; 54,5

Vatomandry; 31,1

Antanimora; 27,4

Antanimora; 10,8

0

10

20

30

40

50

60

Ont la sensation de ne jamais apprendre

Ne participent jamais aux activités

Participation aux activités quotidiennes

Or alors qu’à Antanimora, sur 89% exerçant une activité, 82,9% pratiquent notamment le culte en

guise d’activité. Et à Vatomandry, presque 69% des détenus déclarent participer une activité,

seuls 29,7% d’entre-eux mentionnent le culte parmi celles-ci.

Si on exclut le culte en ne conservant que les activités sportives, de loisir et éducatives, la dif-

férence entre les 2 prisons s’atténue.

P_value = 0,000

P_value = 0,378

Il semblerait donc que l’activité de culte soit très présente à Antanimora expliquant la

participation importante aux activités quotidiennes, ce qui est moins prégnant à Vatomandry.

ETAT DES LIEUX

0

10

20

30

40

50

60

70

80

90

100

Vatomandry Antanimora

Participation aux activités éducatives, sportives et de loisirs

Non participation Participation

59,1%

36,7%

63,3%

40,9%

55

Chapitre

IMPACT DES ACTIVITES QUOTIDIENNES SUR LES INCAPACITES PSYCHOSOCIALES

Les activités socioculturelles peuvent être un levier pour améliorer

l’ensemble des incapacités psychosociales. Outre l’estime et

l’affirmation de soi, les personnes détenues peuvent y trouver, à

condition qu’un véritable cadre soit posé (avec des horaires précis, des

règles, des objectifs), une sécurité suffisante pour travailler les

capacités d’adaptation, la sociabilité, l’expression orale comme écrite, le

contrôle de soi et le sens des responsabilités. Ces activités préparent la

sortie comme elles constituent un véritable lieu d’apprentissage de tout

un ensemble de sphères de connaissances (vivre ensemble, travail,

éducation scolaire).

Incapacités reliées aux comportements Estime de soi, empathie, sens des

responsabilités, sécurité personnelle,

adaptation aux situations, sociabilité,

affirmation de soi, respect des règles,

contrôle des pulsions, contrôle des

émotions, écoute, planifier

et projection dans l’avenir.

Incapacités reliées au langage Expression orale et écrite

Incapacités reliées aux activités intellectuelles Vigilance, sommeil, attention

Incapacités reliées à la protection et à la résistance Résistance à l’effort mental

ponctuel, endurance mentale

Incapacités

Psychosociales

56

Discussion

Conclusion et recommandations

► Représentativité et limites de l’étude

► Conclusion

► Perspectives

58

► Limites de l’étude

L’étude présentée dans ce rapport est transversale descriptive. Elle vise à dresser un état des lieux et non pas à

établir un lien de cause à effet entre détresse psychologique et conditions d’incarcération, ce qui aurait

demandé d’opter pour une méthodologie différente.

Bien qu’elle nous apporte des éclairages importants, cette étude n’est pas représentative de l’ensemble du

milieu carcéral de Madagascar, puisqu’elle ne concerne que deux établissements pénitentiaires de la Grande

Ile.

Enfin, il est important de relever que les données collectées sur la perception « avant incarcération » sont

déclaratives et sont donc sujettes au biais de mémorisation. Les détenus, qui généralement se sentent mal

pendant leur incarcération, pourraient donc déformer la réalité d'avant l'incarcération en jugeant leur situation, à

cette période, meilleure qu'elle ne l'était réellement.

► Conclusion

Depuis plusieurs années, la justice fait l’objet à Madagascar d’un important chantier de réforme du système de

droit conventionnel afin de conduire le pays vers un véritable Etat de droit. Conscient de ses insuffisances tant

sur le plan judiciaire que pénitentiaire, l’Etat s’est engagé dans un processus de changement visant à réconcilier

la pratique nationale et les engagements pris au niveau international. Ces efforts se sont traduits par l’adoption

d’une matrice de réformes et de nouveaux textes régulant le fonctionnement pénitentiaire et les conditions de

remise en liberté. Toutefois, le fossé reste profond entre des textes ambitieux et le fonctionnement d’un système

pénitentiaire handicapé par le manque de moyens et dont le quotidien reste profondément marqué par la

promiscuité, la faim, la maladie, la détresse psychologique et parfois la violence et la corruption.

Si l’incarcération vise à protéger la société des individus qui transgressent les règles socio-juridiques en vigueur

dans un Etat, elle vise également à protéger les individus vis-à-vis d’eux-mêmes (individus déjà fragilisés par

des parcours de vie difficiles), à les préparer à retourner vivre en société et, se faisant, à les « rééduquer ». Au

regard des données que nous avons recueillies dans cette étude, l’environnement de vie carcérale dans lequel

cette rééducation est élaborée puis pratiquée produit une détresse psychologique qu’il est nécessaire de rendre

visible puis d’accompagner afin de ne pas générer de nouvelles formes de disqualification et de handicap (au

sens général d’exclusion sociale).

Cette étude nous a permis d’identifier cinq types de problèmes et besoins :

► Des problèmes liés aux conditions d’hygiène et de nutrition au sein des maisons centrales et à la

difficulté d’apporter des réponses adéquates aux besoins fondamentaux des détenus impactant de manière

inquiétante leur état de santé ainsi que le respect de leurs droits fondamentaux.

► Des problèmes liés à l’état de santé physique et mentale des détenus. La difficulté d’accès et la qualité

des soins, la prévalence de la détresse psychologique et la capacité de l’administration pénitentiaire à

répondre à ces enjeux contribuent de manière significative aux conditions de vie précaires observées.

59

Discussion

► Des problèmes liés à la reconnaissance sociale des détenus et à l’absence de processus d’insertion

socio professionnelle. La carence d’accès pour les détenus à participer à des activités socio éducatives et

culturelles pendant leur incarcération, l’inexistence de mécanisme de préparation à la sortie favorisent leur

isolement, impactant négativement leur état psychologique et ne permettant pas de répondre à l’enjeu de

la prévention de la récidive.

► Des problèmes en termes d’accès et de respect des droits remettant en cause les principes

fondamentaux de l’utilisation de la détention et de l’égalité des sujets de droits. L’incapacité de nombreux

détenus de recourir aux services d’un avocat et/ou à l’aide juridique conduit à de véritables dénis de

justice.

► Des problèmes d’ordre politique et institutionnel. La suspension de l’appui budgétaire et technique de

la part des principaux bailleurs diminue les moyens et capacités de l’Etat aggravant les problèmes en

termes d’organisation administrative, de ressources humaines, d’infrastructures, de gestion des

ressources budgétaires, d’humanisation des prisons. Cette réalité rend complexe l’adoption d’une politique

harmonisée au sein de l’administration et parmi les intervenants du milieu carcéral, notamment des OSC,

trop peu sollicitées par le Ministère de la Justice dans le travail de réflexion et de définition d’une stratégie

d’actions organisée.

Ces problèmes constituent autant d’ « obstacles » à une relative bonne santé mentale en agissant directement

sur les facteurs psychologiques (estime, confiance en soi, crainte du lendemain, trouble de l’attention, etc.) et

organiques (malnutrition, maladies chroniques, douleurs). L’individu, reclus dans sa cellule, voit bien souvent

ses capacités à vivre en société diminuer avec la durée d’incarcération. La famille s’éloigne, physiquement et

psychiquement, de nouvelles relations sociales s’établissent selon des règles spécifiques. Il faut alors

régulièrement lutter pour trouver sa place, supporter d’être victime de violences et d’humiliations en

provenance de ses pairs ou de l’administration pénitentiaire, devenir soi-même bourreau parfois pour survivre.

Bien souvent l’espoir d’un lendemain meilleur est placé dans les activités quotidiennes. Que ce soit en

participant à un culte ou à un atelier permettant d’acquérir de nouvelles connaissances pour l’après

incarcération, les personnes détenues retrouvent leur santé mentale dans des espaces de régulation des

conduites structurés et qui respectent leur dignité.

Sans ces espaces, les personnes détenues développent des incapacités psychosociales qui auront des

répercutions importantes sur leur réinsertion après la libération. Nous avons vu que ces incapacités

psychosociales peuvent être des troubles de la vigilance et du sommeil, des difficultés dans l’expression orale

et écrite, une baisse de l’estime de soi et du sentiment d’appartenance sociale, une perte du sens des

responsabilités et du souci de soi, des troubles de l’adaptation et de la sociabilité, des difficultés à contrôler

ses émotions et à se projeter dans l’avenir.

Les interventions en milieu carcéral quelque soit l’acteur concerné, administration pénitentiaire ou

organisations de la société civile, se doivent d’agir de manière à prévenir et à prendre en charge ces

incapacités psychosociales durant la détention et en vue de la sortie de prison, en proposant des actions

« facilitatrices » améliorant l’environnement carcéral et des activités promouvant la santé mentale et la

participation sociale des personnes détenues.

60

► Perspectives

Afin d’impacter l’ensemble des conditions de vie carcérale générateur de détresse psychologique, il est

nécessaire de mettre en œuvre, avec le soutien de l’Administration Pénitentiaire, une approche multisectorielle

combinant des activités de santé et de nutrition, des activités psychosociales et des activités juridiques. Plus

qu’une approche cumulant différents angles d’attaque, c’est la mise en relation de ces activités qui permettront

de réduire les incapacités psychosociales. Le schéma ci-dessous présente un modèle d’intervention

multisectorielle visant à favoriser la prévention des incapacités psychosociales ainsi que la réinsertion des

détenus à leur libération.

Un modèle d’intervention multisectoriel dans les prisons visant à améliorer les conditions de vie carcérale devrait

s’articuler autour de ces 3 volets qui contribueraient, d’une part, à assurer les besoins fondamentaux des

détenus en matière de santé, d’hygiène, de nutrition, de participation sociale et de promotion des droits pendant

leur incarcération et, d’autre part, à préparer leur sortie de prison par un soutien psychologique, le retissage du

lien familial et une insertion sociale et professionnelle.

Prévention/prise en charge des

incapacités psychosociales

&

Préparation à la libération

► Activités éducatives et socioculturelles ;

► Groupes de parole pendant

l’incarcération et en vue de la libération;

► Activités d’appui au maintien des liens

des détenus avec leur famille ;

► Entretiens psychosociaux individuels ;

► Activités d’insertion professionnelle ;

► Activités d’aide au retour à domicile.

Volet Psychosocial

Volet Santé & Nutrition

► Prise en charge et suivi des détenus malnutris ;

► Accès aux soins et gestion des infirmeries ;

► Infrastructures liées à l'assainissement ;

► Promotion de l’hygiène.

Volet juridique

► Promotion des droits des détenus/ex détenus et

accompagnement à la formulation des demandes

de liberté anticipée.

61

Discussion

Cependant, tout en étant centré sur la détresse psychologique dans les prisons, un tel modèle ne pourra, à

terme, pas faire l’économie de la prise en compte de la question de l’insertion au sein de la communauté des

personnes détenues après leur libération. Au cours de cette recherche, un certain nombre de questions sont en

effet restées en suspend concernant notamment les rituels de sortie de prison pratiqués dans la communauté,

en particulier par le chef coutumier dans un certain nombre de villages malgaches. Si, d’après les textes de loi,

un ex-détenu ayant purgé sa peine est dégagé ainsi de sa dette sociale, il semble rester dans certaines zones

rurales notamment, quelque chose de cette dette au niveau communautaire. Refaire partie de la famille et de la

communauté nécessite de passer par tout un ensemble d’épreuves dont la seule réussite permettra l’effacement

de la dette et la pleine réintégration sociale de l’ex-détenu.

Enfin, la bonne mise en œuvre de ce modèle d’intervention ainsi que de nouvelles explorations dans la

communauté ne sauraient être possibles sans la présence active des comités de soutien aux personnes

détenues. Ces regroupements de personnes, composés de bénévoles issus de la société civile, mettent à profit

leur domaine de compétences et leur disponibilité et se chargent de mettre en oeuvre des activités d’aide aux

détenus dans les prisons d’intervention. Ce sont eux qui jouent en quelque sorte le rôle de passeur entre

l’intérieur et l’extérieur de la prison, entre le système de droit coutumier et le système de droit conventionnel,

entre l’administration pénitentiaire et la communauté des personnes détenues. Pérenniser leurs actions dans les

centres pénitenciers en travaillant à renforcer leurs compétences techniques et organisationnelles est un gage, à

moyen terme, d’une forme de maintien de lien social pendant et après l’incarcération.

C’est à partir de ces trois recommandations - mise en œuvre d’un modèle d’intervention multisectorielle, prise en

compte du système de droit coutumier, renforcement des comités de soutien des personnes détenues - que la

reconstruction psychique et sociale des personnes détenues sera assurée à travers la mise en œuvre de projets

de solidarité internationale.

62

► Ouvrages et documents de travail

FOUGEYROLLAS P., CLOUTIER R., BERGERON H., COTE J., ST-MICHEL G., Classification québécoise :

Processus de Production du Handicap. Lac St-Charles : Réseau International sur le Processus de Production

du Handicap (RIPPH), 1998.

PEGON G., Santé Mentale en contextes de post-crise et de développement. Comment promouvoir et

développer des projets permettant d’améliorer la santé mentale et la participation sociale des personnes

handicapées, Document cadre, Direction des Ressources Techniques, Handicap International, 2010.

► Articles

AGBEMADON K., La reconstruction psychique et sociale par des pratiques rituelles traditionnelles : approche

transculturelle de la prise en charge des sortants de prison au Togo, dans la revue transculturelle L’autre, Vol.

10, n°2, 2009, pp. 172-173.

ANDRIANTSEHENO M., La santé mentale à Madagascar, Information psychiatrique, ISSN 0020-

0204, vol. 79, no 10, 2003.

http://cat.inist.fr/?aModele=afficheN&cpsidt=15413571

ANDRIANTSEHENO L.M., ANDRIANASY T.F., ANDRIAMBAO D.S., Les troubles psychiatriques à

Madagascar : étude clinique de 376 cas répertoriés à Mahajanga, « Clinique », Manuscrit n°2458, 2003.

http://www.pathexo.fr/documents/articles-bull/T97-2-2458-5p.pdf

BOISSON M., GODOT C., SAUGNERON S.,La santé mentale, l’affaire de tous. Pour une approche cohérente

de la qualité de vie., Paris : Centre d’analyse stratégique, 2009, pp. 20-22.

http://lesrapports.ladocumentationfrancaise.fr/BRP/094000556/0000.pdf

COLDEFY M., Ministère des Affaires sociales, du travail et de la solidarité, Ministère de la Santé, de la famille et

des personnes handicapées, DREES, FAURE P., PRIETO N., La santé mentale et le suivi psychiatrique des

détenus accueillis par les services médico-psychologiques régionaux, Groupe français d’épidémiologie

psychiatrique (GFEP), N° 181 Etudes et résultats • juillet 2002 DREES (Direction de la recherche, des études,

de l’évaluation et des statistiques) .

www.sante.gouv.fr/drees/etude-resultat/er-pdf/er181.pdf

DESESQUELLES A., Le handicap est plus fréquent en prison qu’à l’extérieur, Institut National d’Études

Démographiques et le groupe de projet HID-prisons, juin 2002.

http://insee.fr/fr/themes/document.asp?reg_id=0&ref_id=ip854

63

Bibliographie

FOUGEYROLLAS P., ST-ONGE M., Le modèle du Processus de production du handicap et son potentiel pour

mieux comprendre et intervenir sur les déterminants de la participation sociale et de l’exercice de la citoyenneté

en santé mentale.

http://www.aqrp-sm.org/colloque/resumes/xive/03_xive-atelier-sum.pdf

MOUQUET M-C. (Ministère de l’Emploi et de la Solidarité), DREES (bureau état de santé de la population),

DUMONT M. (Ministère de l’Emploi et de la Solidarité), DGS (bureau âges de la vie et populations), BONNEVIE

M-C. (Ministère de la Justice), DAP (bureau des politiques sociales et d’insertion), La santé à l'entrée en prison :

un cumul des facteurs de risque, N° 4 Etudes et résultats • janvier 1999 DREES (Direction de la recherche, des

études, de l’évaluation et des statistiques).

www.sante.gouv.fr/drees/etude-resultat/er-pdf/er004.pdf

Enquête HID-PRISON 2001, Handicaps-Incapacités-Dépendance, I.n.s.e.e. (Institut National de la Statistique et

des Etudes Economiques).

http://www.ined.fr/enquetes/img_quest/IE0203_Q1.pdf

La santé en prison, Santé, inégalités, ruptures sociales en Ile-de-France / INSERM- U 444 9 octobre 2003.

http://www.u707.jussieu.fr/sirs/SEMINAIRE091003.pdf

► Sites Web

Le portail de l’information sur les prisons : prison.eu.org

Le site de référence de l’échelle SF36 : http://www.sf-36.org/

ISPN (Indicateur de santé perceptuelle de Nottingham) :

http://formathon.fr/formation_cres/Docs/Biblio/Outils/Nottingham.pdf

WHOQOL 26 (World Health Organization Quality of life) :

http://www.who.int/substance_abuse/research_tools/whoqolbref/en/

Il existe d’autres échelles de qualité de vie qui présentent les mêmes limites, elles sont regroupées dans le

document suivant :

LE GRAND E., Propositions d’un corpus d’indicateurs répondant à l’objectif 3 du P.R.S.P. « Améliorer la qualité

de vie », Consultant Santé publique, 21/04/2006,.

http://www.platoss-bretagne.fr/docs/etudes%5CRapport_QDV.pdf

64

Annexes

ANNEXES

66

ANNEXE 1 - Le questionnaire

NSP = Ne sait pas

1) Etat de santé général

Q1. Comment trouvez-vous votre qualité de vie aujourd’hui ?

□ Très mauvaise

□ Mauvaise

□ Ni bonne, ni mauvaise

□ Bonne

□ Très bonne

Q2. Êtes-vous satisfait de votre santé ?

□ Pas du tout satisfait

□ Pas satisfait

□ Ni satisfait ni insatisfait

□ Satisfait

□ Très satisfait

Q3. Ressentez-vous régulièrement des douleurs physiques ?

□ Oui

□ Non

Si oui, la douleur physique vous empêche-t-elle d’effectuer vos activités quotidiennes ?

□ Pas du tout

□ Un peu

□ Beaucoup

□ Complètement

Site : □ Vatomandry □ Antanimora Enquêteur :

Date :

Nom :

Age :

Sexe :

Durée de l’incarcération :

□ [0-3] mois

□ ]3-6] mois

□ ]6-12] mois

□ ]1-2] ans

□ + 2 ans

□ Prévenu □ Condamné □ Requérant □ Chambre malades □ Corvées extérieures □ MS

Recevez-vous un panier de l’extérieur régulièrement ? □ oui □ non

67

Annexes

Q4. Souffrez-vous d’une maladie chronique ?

□ Oui

□ Non

Si oui, cette maladie vous empêche-t-elle d’effectuer vos activités quotidiennes ?

□ Pas du tout

□ Un peu

□ Beaucoup

□ Complètement

Q5. Avez-vous accès aux soins dont vous avez besoin ?

□ Oui, facilement

□ Oui, mais avec difficulté

□ Non

Q6. Vos croyances personnelles donnent-elles un sens à votre vie ?

□ Pas du tout

□ Beaucoup

□ Complètement

Q7. Êtes-vous capable de vous concentrer lorsque certaines de vos activités nécessitent votre attention?

□ Oui, facilement

□ Oui, mais avec difficulté

□ Non, pas du tout

Q8. Eprouvez-vous souvent des sentiments négatifs comme le cafard, le désespoir, l’anxiété ou la dépression ?

□ Jamais

□ Parfois

□ Souvent

□ Très souvent

Au cours des 30 derniers jours : Avant votre incarcération :

Q9. Vous vous êtes senti découragé

□ Jamais

□ Parfois

□ Souvent

□ Très souvent

□ NSP

Q10. Vous vous sentiez découragé

□ Jamais

□ Parfois

□ Souvent

□ Très souvent

□ NSP

Q11. Vous vous êtes mis en colère

□ Jamais

□ Parfois

□ Souvent

□ Très souvent

□ NSP

Q12. Vous vous mettiez en colère

□ Jamais

□ Parfois

□ Souvent

□ Très souvent

□ NSP

68

ANNEXE 1 - Le questionnaire

Au cours des 30 derniers jours Avant votre incarcération

Q13. Vous vous êtes senti fatigué

□ Jamais

□ Parfois

□ Souvent

□ Très souvent

□ NSP

Q14. Vous vous sentiez fatigué

□ Jamais

□ Parfois

□ Souvent

□ Très souvent

□ NSP

Q15. Vous avez eu peur

□ Jamais

□ Parfois

□ Souvent

□ Très souvent

□ NSP

Q16. Vous aviez peur

□ Jamais

□ Parfois

□ Souvent

□ Très souvent

□ NSP

Q17. Vous avez mal dormi

□ Jamais

□ Parfois

□ Souvent

□ Très souvent

□ NSP

Q18. Vous dormiez mal

□ Jamais

□ Parfois

□ Souvent

□ Très souvent

□ NSP

Q19. Vous vous êtes réveillé déprimé le matin

□ Jamais

□ Parfois

□ Souvent

□ Très souvent

□ NSP

Q20. Vous vous réveilliez déprimé le matin

□ Jamais

□ Parfois

□ Souvent

□ Très souvent

□ NSP

Q21. Vous vous êtes senti triste

□ Jamais

□ Parfois

□ Souvent

□ Très souvent

□ NSP

Q22. Vous vous sentiez triste

□ Jamais

□ Parfois

□ Souvent

□ Très souvent

□ NSP

Q23. Vous n’aviez envie de ne rien faire

□ Jamais

□ Parfois

□ Souvent

□ Très souvent

□ NSP

Q24. Vous n’aviez envie de ne rien faire

□ Jamais

□ Parfois

□ Souvent

□ Très souvent

□ NSP

Q25. Vous avez eu envie de mourir

□ Jamais

□ Parfois

□ Souvent

□ Très souvent

□ NSP

Q26. Vous aviez envie de mourir

□ Jamais

□ Parfois

□ Souvent

□ Très souvent

□ NSP

Q27. Vous avez tenté de mettre fin à vos jour

□ Oui

□ Non

□ Non mais j’y ai pensé

□ NSP

Q28. Vous aviez tenté de mettre fin à vos jours

□ Oui

□ Non

□ non mais j’y ai pensé

□ NSP

69

Annexes

Famille

Q29. Avez-vous des enfants ?

□ oui □ non

Q30. Avez-vous un conjoint / un concubin?

□ oui □ non

Ces 30 derniers jours,

Q31. Vous avez eu la visite de votre conjoint / concubin?

□ oui □ non

Si oui, □ 1 fois □ +1 fois

Q32. Vous avez eu la visite de votre/vos enfant(s) ?

□ oui □ non

Si oui, □ 1 fois □ +1 fois

Q33. Vous avez eu la visite d’autres personnes (amis, autres membres de la famille outre conjoint, concubin, enfants)

□ oui □ non

Si oui, □ 1 fois □ +1 fois

L’année écoulée (2009),

Q34. Vous avez eu des visites ? (amis, famille, conjoint/concubin, enfants)

□ aucune □ 1 fois/mois □ 1 à 2 fois/mois □ +2 fois/mois

Relations avec les

autres

Avant votre incarcération,

Q35. Vous fréquentiez des amis ?

□ non pas du tout □ oui un peu □ oui souvent

Q36. Vous alliez à l’Eglise ?

□ non pas du tout □ oui un peu □ oui souvent

Q37. Vous rendiez visite à votre famille ?

□ non pas du tout □ oui un peu □ oui souvent

Q38. Vous faisiez partie d’un groupe (association, chorale, sport, voisins, etc)

□ non pas du tout □ oui un peu □ oui souvent

Q39. Vous restiez seul

□ non pas du tout □ oui un peu □ oui souvent

Depuis votre incarcération,

Q40. Vous vous sentez seul

□ non pas du tout □ oui un peu □ oui souvent

Q41. Vous vous êtes fait des amis proches (à qui se confier)

□ non pas du tout □ oui un peu □ oui beaucoup

Q42. Vous avez peur de parler aux autres

□ non pas du tout □ oui un peu □ oui souvent

Q43. Vous avez de difficultés pour entrer en contact avec les autres

□ non pas du tout □ oui un peu □ oui souvent

Q44. Vous avez des relations avec les autres mais vous ne les considérez pas comme des amis proches

□ non □ oui avec certains □ oui avec beaucoup d’entre eux

Q45. Vous entrez en conflit avec d’autres co-détenus

□ non pas du tout □ oui un peu □ oui souvent

Q46. Vous êtes victime de violence physique

□ non pas du tout □ oui un peu □ oui souvent □ NSP

Q47. Vous subissez des brimades/rackets

□ non pas du tout □ oui un peu □ oui souvent □ NSP

2) Capacités relationnelles

70

ANNEXE 1 - Le questionnaire

Relations avec les agents

pénitentiaires

Q48. Vous vous sentez respecté

□ non pas du tout □ oui un peu □ oui souvent □ NSP

Q49. Vous avez peur des surveillants

□ non pas du tout □ oui un peu □ oui souvent □ NSP

Q50. Vous avez des relations amicales avec les agents pénitentiaires

□ non pas du tout □ oui un peu □ oui souvent □ NSP

Q51. Vous avez subi des violences physiques

□ non pas du tout □ oui un peu □ oui souvent □ NSP

Q52. Vous avez été insulté

□ non pas du tout □ oui un peu □ oui souvent □ NSP

Q53. Vous avez subi des brimades ou des traitements et sanctions injustifiés

□ non pas du tout □ oui un peu □ oui souvent □ NSP

3) Quotidien de la prison (activités, loisirs, réinsertion)

Q54. Vous vous ennuyez

□ Jamais

□ Parfois

□ Souvent

□ Très souvent

□ NSP

Q55. Vous trouvez les journées interminables

□ Jamais

□ Parfois

□ Souvent

□ Très souvent

□ NSP

Q56. Vous vous occupez

□ Jamais

□ Parfois

□ Souvent

□ Très souvent

□ NSP

Q57. Vous avez la sensation d’apprendre des choses

□ Jamais

□ Parfois

□ Souvent

□ Très souvent

□ NSP

Q58. Vous participez à une activité

□ Jamais

□ Parfois

□ Souvent

□ Très souvent

Laquelle ?

□ Activité sportive □ Cuisiniers □ Cours d’alphabétisation □ Activité d’hygiène (chaulage, désinsectisation, ménage)

□ Echanges éducatifs □ Culte □ Bibliothèque

71

Annexes

Q59. Vous êtes gêné par le manque d’intimité ?

□ oui □ non

Q60. Vous considérez avoir une hygiène suffisante ?

□ oui □ non

Q61. Vous avez faim

□ Jamais

□ Parfois

□ Souvent

Q62. Vous vous sentez en bonne santé

□ Jamais

□ Parfois

□ Souvent

Q63.Vous sentez vous en sécurité dans votre vie de tous les jours ?

□ Oui

□ Non

Q64.Votre environnement est-il sain (pollution, bruit, salubrité, etc) ?

□ Oui

□ Non

Q65. Trouvez-vous vos conditions de vie en prison meilleures qu’à l’extérieur ?

□ Oui

□ Non

4) Perception de l’avenir en prison

Q66. Bénéficiez-vous d’une assistance judiciaire ?

□ Oui, un avocat □ Oui, une association (CSPD ou autres) □ Non

Q67. Etes-vous bien informé de l’état de votre dossier ?

□ oui □ non

Si prévenu ou requérant,

Q68. Avez-vous fait une demande de liberté provisoire ?

□ oui □ non

Q69. Vous avez le sentiment d’être là pour longtemps ?

□ Oui □ Non

Q70. Vous avez le sentiment d’être impuissant face à votre situation ?

□ Oui □ Non

Si condamné,

Q71. Avez-vous fait une demande de liberté conditionnelle ?

□ oui □ non

Q72. Vous avez le sentiment que votre vie est finie ?

□ Oui □ Non

Q73. Vous avez peur de mourir en prison ?

□ Oui □ Non

Q74. Vous craigniez de ne plus voir votre famille ?

□ Oui □ Non

72

ANNEXE 1 - Le questionnaire

5) Perception de l’avenir post-carcéral

Famille (avec laquelle le détenu

vivait avant l’incarcération)

A votre libération,

Q75. Vous allez retourner au sein de votre famille

□ oui □ non □ NSP

Si non ou NSP, pourquoi ?

□ Refus de la famille

□ Honte du détenu

□ Peur de la réaction de la famille

Q76. Vous allez renouez contact avec votre famille

□ oui □ non □ NSP

Si non ou NSP, pourquoi ?

□ Refus de la famille

□ Honte du détenu

□ Peur de la réaction de la famille

Village (dans lequel le détenu

vivait avant l’incarcération)

A votre libération,

Q77. Vous allez retourner dans votre village

□ oui □ non □ NSP

Si non ou NSP, pourquoi ?

□ Refus de la famille

□ Refus des villageois

□ Honte de la famille

□ Honte du détenu vis-à-vis des autres

□ Pour protéger la famille

□ Ne se sent pas en sécurité

Travail

A votre libération,

Q78. pensez-vous retrouver du travail ?

□ oui facilement □ oui difficilement □ non

Si non,

□ ne cherchera pas de travail

□ on ne donne pas de travail à un ex détenu

□ ne se sent plus capable (physiquement ou par perte de qualification)

□ n’a plus envie

Q79. De manière générale, avez-vous confiance en l’avenir après libération ?

□ Oui

□ Non

□ NSP

73

Annexes

ANNEXE 2 - Les résultats statistiques traités pour l’étude

Echantillonnage

TABLEAU 1 : Effectifs et Echantillon à enquêter des détenus par prison.

VATOMANDRY ANTANIMORA

EFFECTIF ECHANTILLON EFFECTIF ECHANTILLON

MINEURS

HOMMES 7 7 49 49

FEMMES 12 12

ADULTES HOMMES

Chambre Malades: 17 12

Chambre Corvées extérieures: 34 23

Chambre 1: 70 48

Chambre 2: 56 39

Quartier hommes A 246 39

Quartier hommes B 196 31

Quartier hommes C 644 102

Quartier hommes D 936 148

Quartier hommes F (corvées ext) 32 5

ADULTES FEMMES

Chambre Femmes: 10 10

Chambres femmes 180 119

Chambre femmes corvées ext 23 15

TOTAL 194 139 2318 520

TABLEAU 2 : Effectifs des détenus enquêtés par prison

Prison Effectif %

Vatomandry 132 21,1

Antanimora 493 78,9

Ensemble 625 100,0

TABLEAU 3 : Effectif par sexe

Sexe Vatomandry Antanimora Ensemble

Effectif % Effectif % Effectif %

Masculin 123 93,2 373 75,7 496 79,4

Féminin 9 6,8 120 24,3 129 20,6

Total 132 100,0 493 100,0 625 100,0

TABLEAU 4 : Effectif par statut juridique

Statut juridique Vatomandry Antanimora Ensemble

Effectif % Effectif % Effectif %

Prévenu 49 37,1 184 37,3 233 37,3

Condamné 79 59,8 292 59,2 371 59,4

Requérant 4 3,0 17 3,4 21 3,4

Total 132 100,0 493 100,0 625 100,0

74

ANNEXE 2 - Les résultats statistiques traités pour l’étude

TABLEAU 5 : Effectif par tranche d’âge

Age Vatomandry Antanimora Ensemble

Effectif % Effectif % Effectif %

Moins de 18 ans 8 6,1 41 8,3 49 7,8

[18 - 24] ans 28 21,2 110 22,3 138 22,1

[25 - 34] ans 56 42,4 184 37,3 240 38,4

35 ans et plus 36 27,3 154 31,2 190 30,4

Manquant 4 3,0 4 0,8 8 1,3

Total 132 100,0 493 100,0 625 100,0

TABLEAU 6 : Effectif de ceux qui ont des enfants

Q29 Vatomandry Antanimora Ensemble

Effectif % Effectif % Effectif %

Oui 98 74,2 349 70,8 447 71,5

Non 34 25,8 134 27,2 168 26,9

Non réponse 10 2,0 10 1,6

Ensemble 132 100,0 493 100,0 625 100,0

TABLEAU 7 : Effectif de ceux qui ont un conjoint/concubin

Q30 Vatomandry Antanimora Ensemble

Effectif % Effectif % Effectif %

Oui 81 61,4 336 68,2 417 66,7

Non 51 38,6 147 29,8 198 31,7

Non réponse 10 2,0 10 1,6

Ensemble 132 100,0 493 100,0 625 100,0

TABLEAUX 8 : Effectif de ceux qui reçoivent un panier familial

Réception de paniers réguliers

Vatomandry Antanimora Ensemble

Effectif % Effectif % Effectif %

Oui 34 25,8 265 53,8 299 47,8

Non 93 70,5 206 41,8 299 47,8

Non réponse 5 3,8 22 4,5 27 4,3

Total 132 100,0 493 100,0 625 100,0

Réception de paniers réguliers

Vatomandry Antanimora

Effectif % Effectif %

Oui 34 25,8 265 53,8 P_value= 0,000

Non 93 70,5 206 41,8 P_value= 0,000

Non réponse 5 3,8 22 4,5

Total 132 100,0 493 100,0

75

Annexes

TABLEAU 9 : Effectif par durée d’incarcération

Durée de l'incarcération

Vatomandry Antanimora Ensemble

Effectif % Effectif % Effectif %

[0 - 3] mois 40 30,3 165 33,5 205 32,8

]3 - 6] mois 22 16,7 66 13,4 88 14,1

]6 - 12] mois 14 10,6 49 9,9 63 10,1

1 - 2 ans 23 17,4 53 10,8 76 12,2

Plus de 2 ans 31 23,5 126 25,6 157 25,1

Manquant 2 1,5 34 6,9 36 5,8

Total 132 100,0 493 100,0 625 100,0

TABLEAU 10 : Croisement entre durée d’incarcération et statut juridique

Durée de l'incarcération

Vatomandry Antanimora Ensemble

Prévenu/Requérant

Condamné Prévenu/

Requérant Condamné

Prévenu/Requérant

Condamné

[0 - 6] mois 71,0 29,0 57,1 42,9 60,1 39,9

]6 - 12] mois 21,4 78,6 40,8 59,2 36,5 63,5

Plus de 12 mois 7,4 92,6 8,9 91,1 8,6 91,4

Détresse psychologique et qualité de vie

TABLEAU 11 : Eprouvez-vous souvent des sentiments négatifs comme le cafard, le désespoir, l’anxiété ou la dépression ?

Q08 Vatomandry Antanimora Ensemble

Effectif % Effectif % Effectif %

Jamais 8 6,1 44 8,9 52 8,3

Parfois 43 32,6 206 41,8 249 39,8

Souvent 81 61,4 240 48,7 321 51,4

Non réponse 3 0,6 3 0,5

Ensemble 132 100,0 493 100,0 625 100,0

TABLEAU 12 : Croisement Sentiments négatifs et statut juridique

Statut juridique Ensemble

Jamais Parfois Souvent Total

Prévenu/Requérant 8,0 34,7 57,4 100,0

Condamné 8,6 43,7 47,7 100,0

76

ANNEXE 2 - Les résultats statistiques traités pour l’étude

TABLEAU 13 : Croisement Sentiments négatifs et statut juridique à Vatomandry

Statut juridique Vatomandry

Jamais/parfois Souvent Total

Prévenu/Requérant 24,5 75,5 100,0

Condamné 48,1 51,9 100,0

P_value=0,006 P_value=0,006

TABLEAU 14 : Comment trouvez-vous votre qualité de vie aujourd’hui ?

Q01 Vatomandry Antanimora Ensemble

Effectif % Effectif % Effectif %

Mauvaise 89 67,4 170 34,5 259 41,4 P_value= 0,000

Ni bonne, ni mauvaise 21 15,9 212 43,0 233 37,3

Bonne 22 16,7 109 22,1 131 21,0 P_value= 0,173

Non réponse - - 2 0,4 2 0,3

Ensemble 132 100,0 493 100,0 625 100,0

TABLEAU 15 : Croisement Qualité de vie et Ressenti de sentiments négatifs (symptômes détresse

psychologique)

Qualité de la vie Sentiments négatifs

Jamais/parfois Souvent Total

Très mauvais 34,2 65,8 100,0 P_value=0,000

Ni bon, ni mauvais 53,9 46,1 100,0

Bon 66,4 33,6 100,0 P_value=0,000

TABLEAU 16 : Trouvez-vous vos conditions de vie en prison meilleures qu’à l’extérieur ?

Q65 Vatomandry Antanimora Ensemble

Effectif % Effectif % Effectif %

Oui 6 4,5 37 7,5 43 6,9

Non 126 95,5 449 91,1 575 92,0

NSP 1 0,2 1 0,2

Non réponse 6 1,2 6 1,0

Ensemble 132 100,0 493 100,0 625 100,0

77

Annexes

TABLEAU 17 : Croisement Conditions de vie meilleures en prison qu’à l’extérieur et l’âge

Age Ensemble

Oui Non NSP

Moins de 18 ans 18,4 81,6

[18 - 24] ans 7,4 92,6

[25 - 34] ans 6,7 92,9 0,4

35 ans et plus 4,2 95,8

TABLEAU 18 : Effectif Ressenti symptômes Détresse psychologique AVANT ET DURANT INCARCERATION

Q09: Senti découragé au cours des 30 derniers jours

Q09 Vatomandry Antanimora Ensemble

Effectif % Effectif % Effectif %

Jamais 25 18,9 82 16,6 107 17,1

Parfois 28 21,2 167 33,9 195 31,2

Souvent 75 56,8 243 49,3 318 50,9

NSP 1 0,8 1 0,2 2 0,3

Non réponse 3 2,3 3 0,5

Ensemble 132 100,0 493 100,0 625 100,0

Q10: Senti découragé avant l'incarcération

Q10 Vatomandry Antanimora Ensemble

Effectif % Effectif % Effectif %

Jamais 114 86,4 433 87,8 547 87,5

Parfois 6 4,5 44 8,9 50 8,0

Souvent 12 9,1 13 2,6 25 4,0

NSP

Non réponse 3 0,6 3 0,5

Ensemble 132 100,0 493 100,0 625 100,0

Q11: S'est mis en colère au cours des 30 derniers jours

Q11 Vatomandry Antanimora Ensemble

Effectif % Effectif % Effectif %

Jamais 87 65,9 261 52,9 348 55,7

Parfois 20 15,2 138 28,0 158 25,3

Souvent 24 18,2 93 18,9 117 18,7

NSP 1 0,2 1 0,2

Non réponse 1 0,8 1 0,2

Ensemble 132 100,0 493 100,0 625 100,0

78

ANNEXE 2 - Les résultats statistiques traités pour l’étude

Q12: S'est mis en colère avant l'incarcération

Q12 Vatomandry Antanimora Ensemble

Effectif % Effectif % Effectif %

Jamais 111 84,1 386 78,3 497 79,5

Parfois 12 9,1 74 15,0 86 13,8

Souvent 9 6,8 31 6,3 40 6,4

NSP 1 0,2 1 0,2

Non réponse 1 0,2 1 0,2

Ensemble 132 100,0 493 100,0 625 100,0

Q13: Senti fatigué au cours des 30 derniers jours

Q13 Vatomandry Antanimora Ensemble

Effectif % Effectif % Effectif %

Jamais 47 35,6 165 33,5 212 33,9

Parfois 21 15,9 101 20,5 122 19,5

Souvent 63 47,7 226 45,8 289 46,2

NSP

Non réponse 1 0,8 1 0,2 2 0,3

Ensemble 132 100,0 493 100,0 625 100,0

Q14: Senti fatigué avant l'incarcération

Q14 Vatomandry Antanimora Ensemble

Effectif % Effectif % Effectif %

Jamais 80 60,6 410 83,2 490 78,4

Parfois 17 12,9 57 11,6 74 11,8

Souvent 35 26,5 20 4,1 55 8,8

NSP

Non réponse 6 1,2 6 1,0

Ensemble 132 100,0 493 100,0 625 100,0

Q15: A eu peur au cours des 30 derniers jours

Q15 Vatomandry Antanimora Ensemble

Effectif % Effectif % Effectif %

Jamais 63 47,7 229 46,5 292 46,7

Parfois 11 8,3 106 21,5 117 18,7

Souvent 56 42,4 155 31,4 211 33,8

NSP

Non réponse 2 1,5 3 0,6 5 0,8

Ensemble 132 100,0 493 100,0 625 100,0

79

Annexes

Q16: A eu peur avant l'incarcération

Q16 Vatomandry Antanimora Ensemble

Effectif % Effectif % Effectif %

Jamais 79 59,8 376 76,3 455 72,8

Parfois 7 5,3 78 15,8 85 13,6

Souvent 44 33,3 33 6,7 77 12,3

NSP 1 0,2 1 0,2

Non réponse 2 1,5 5 1,0 7 1,1

Ensemble 132 100,0 493 100,0 625 100,0

Q17: A mal dormi au cours des 30 derniers jours

Q17 Vatomandry Antanimora Ensemble

Effectif % Effectif % Effectif %

Jamais 56 42,4 181 36,7 237 37,9

Parfois 32 24,2 106 21,5 138 22,1

Souvent 44 33,3 204 41,4 248 39,7

NSP 1 0,2 1 0,2

Non réponse 1 0,2 1 0,2

Ensemble 132 100,0 493 100,0 625 100,0

Q18: A mal dormi avant l'incarcération

Q18 Vatomandry Antanimora Ensemble

Effectif % Effectif % Effectif %

Jamais 112 84,8 420 85,2 532 85,1

Parfois 12 9,1 41 8,3 53 8,5

Souvent 8 6,1 26 5,3 34 5,4

NSP 2 0,4 2 0,3

Non réponse 4 0,8 4 0,6

Ensemble 132 100,0 493 100,0 625 100,0

Q19: Se réveille déprimé le matin au cours des 30 derniers jours

Q19 Vatomandry Antanimora Ensemble

Effectif % Effectif % Effectif %

Jamais 62 47,0 147 29,8 209 33,4

Parfois 23 17,4 133 27,0 156 25,0

Souvent 47 35,6 212 43,0 259 41,4

NSP 1 0,2 1 0,2

Non réponse

Ensemble 132 100,0 493 100,0 625 100,0

80

ANNEXE 2 - Les résultats statistiques traités pour l’étude

Q20: Se réveille déprimé le matin avant l'incarcération

Q20 Vatomandry Antanimora Ensemble

Effectif % Effectif % Effectif %

Jamais 114 86,4 425 86,2 539 86,2

Parfois 10 7,6 44 8,9 54 8,6

Souvent 8 6,1 15 3,0 23 3,7

NSP 1 0,2 1 0,2

Non réponse 8 1,6 8 1,3

Ensemble 132 100,0 493 100,0 625 100,0

Q21: Senti triste au cours des 30 derniers jours

Q21 Vatomandry Antanimora Ensemble

Effectif % Effectif % Effectif %

Jamais 17 12,9 25 5,1 42 6,7

Parfois 18 13,6 111 22,5 129 20,6

Souvent 97 73,5 356 72,2 453 72,5

NSP

Non réponse 1 0,2 1 0,2

Ensemble 132 100,0 493 100,0 625 100,0

Q22: Senti triste avant l'incarcération

Q22 Vatomandry Antanimora Ensemble

Effectif % Effectif % Effectif %

Jamais 88 66,7 348 70,6 436 69,8

Parfois 32 24,2 102 20,7 134 21,4

Souvent 9 6,8 33 6,7 42 6,7

NSP 1 0,8 1 0,2 2 0,3

Non réponse 2 1,5 9 1,8 11 1,8

Ensemble 132 100,0 493 100,0 625 100,0

Q25: Envie de mourir au cours des 30 derniers jours

Q25 Vatomandry Antanimora Ensemble

Effectif % Effectif % Effectif %

Jamais 86 65,2 437 88,6 523 83,7

Parfois 29 22,0 37 7,5 66 10,6

Souvent 17 12,9 19 3,9 36 5,8

NSP

Non réponse

Ensemble 132 100,0 493 100,0 625 100,0

81

Annexes

Q26: Envie de mourir avant l'incarcération

Q26 Vatomandry Antanimora Ensemble

Effectif % Effectif % Effectif %

Jamais 129 97,7 464 94,1 593 94,9

Parfois 2 1,5 23 4,7 25 4,0

Souvent 1 0,8 6 1,2 7 1,1

NSP

Non réponse

Ensemble 132 100,0 493 100,0 625 100,0

Q27: A tenté de mettre fin à ses jours au cours des 30 derniers jours

Q27 Vatomandry Antanimora Ensemble

Effectif % Effectif % Effectif %

Oui 2 1,5 10 2,0 12 1,9

Non 124 93,9 464 94,1 588 94,1

Non, mais j'y ai pensé 6 4,5 19 3,9 25 4,0

NSP

Non réponse

Ensemble 132 100,0 493 100,0 625 100,0

Q28: A tenté de mettre fin à ses jours avant l'incarcération

Q28 Vatomandry Antanimora Ensemble

Effectif % Effectif % Effectif %

Oui 1 0,8 17 3,4 18 2,9

Non 130 98,5 469 95,1 599 95,8

Non, mais j'y ai pensé 1 0,8 4 0,8 5 0,8

NSP

Non réponse 3 0,6 3 0,5

Ensemble 132 100,0 493 100,0 625 100,0

La santé

TABLEAUX 19 : Etes-vous satisfait de votre état de santé ?

Q02 Vatomandry Antanimora Ensemble

Effectif % Effectif % Effectif %

Insatisfait 63 47,7 138 28,0 201 32,2 P_value= 0,000

Ni satisfait, ni insatisfait 9 6,8 85 17,2 94 15,0

Satisfait 60 45,5 270 54,8 330 52,8 P_value= 0,057

Ensemble 132 100,0 493 100,0 625 100,0

82

ANNEXE 2 - Les résultats statistiques traités pour l’étude

Q02 Mineur

Vatomandry Antanimora

Insatisfait 12,5 39,0 P_value=0,126

Ni satisfait, ni insatisfait 7,3

Satisfait 87,5 53,7 P_value=0,685

Ensemble 100,0 100,0

TABLEAUX 20 : Avez-vous accès aux soins dont vous avez besoin ?

Q05 Vatomandry Antanimora Ensemble

Effectif % Effectif % Effectif %

Oui, facilement 121 91,7 335 68,0 456 73,0

Oui, mais avec difficulté 8 6,1 68 13,8 76 12,2

Non 32 6,5 32 5,1

Non réponse 3 2,3 58 11,8 61 9,8

Ensemble 132 100,0 493 100,0 625 100,0

Q05 Vatomandry Antanimora

Effectif % Effectif %

Oui, facilement 121 91,7 335 68,0 P_value= 0,000

Non/Oui, mais avec difficulté 11 6,1 100 20,3 P_value= 0,000

Non réponse 3 2,3 58 11,8

Ensemble 132 100,0 493 100,0

TABLEAU 21 : Vous considérez avoir une hygiène suffisante ?

Q60 Ensemble

Effectif %

Oui 436 69,8

Non 186 29,8

Non réponse 3 0,5

Ensemble 625 100,0

TABLEAU 22 : Votre environnement est-il sain (pollution, bruit, salubrité, etc) ?

Q64 Ensemble

Effectif %

Oui 170 27,2

Non 448 71,7

Non réponse 7 1,1

Ensemble 625 100,0

83

Annexes

TABLEAU 23 : Vous avez faim ?

Q61 Ensemble

Effectif %

Jamais 44 7,0

Parfois 121 19,4

Souvent 457 73,1

Non réponse 3 0,5

Ensemble 625 100,0

TABLEAU 24 : Ressentez-vous régulièrement des douleurs physiques ?

Q03 Ensemble

Effectif %

Oui 238 38,1

Non 387 61,9

Ensemble 625 100,0

Ces douleurs physiques vous empêchent-elles d’effectuer vos activités quotidiennes ?

Q03A Ensemble

Effectif %

Pas du tout 134 56,3

Un peu 40 16,8

Beaucoup 64 26,9

Ensemble 238 100,0

TABLEAU 25 : Souffrez-vous d’une maladie chronique ?

Q04 Ensemble

Effectif %

Oui 76 12,2

Non 549 87,8

Ensemble 625 100,0

Cette maladie vous empêche-t-elle d’effectuer vos activités quotidiennes ?

Q04A Ensemble

Effectif %

Pas du tout/un peu 17 22,4

Moyen 16 21,1

Beaucoup 43 56,6

Ensemble 76 100,0

84

ANNEXE 2 - Les résultats statistiques traités pour l’étude

Place et rôle de la famille

TABLEAU 26 : Visite famille ou autre au cours des 30 derniers jours

Q31, Q32 et Q33 Vatomandry Antanimora Ensemble

Effectif % Effectif % Effectif %

Au moins 1 visite (Q31 ou Q32 ou Q33)

49 37,1 325 65,9 374 59,8 P_value= 0,000

N'a jamais eu de visite 72 54,5 95 19,3 167 26,7 P_value= 0,000

TABLEAU 27 : Visite du conjoint ou concubin au cours des 30 derniers jours

Q31 Vatomandry Antanimora Ensemble

Effectif % Effectif % Effectif %

Oui 20 24,7 152 45,2 172 41,2 P_value=0,001

Non 61 75,3 184 54,8 245 58,8 P_value= 0,000

Ensemble 81 100,0 336 100,0 417 100,0

TABLEAU 28 : A votre libération, vous allez retourner au sein de votre famille ?

Q75 Vatomandry Antanimora Ensemble

Effectif % Effectif % Effectif %

Oui 121 91,7 439 89,0 560 89,6

Non 5 3,8 22 4,5 27 4,3

NSP 5 3,8 28 5,7 33 5,3

Non réponse 1 0,8 4 0,8 5 0,8

Ensemble 132 100,0 493 100,0 625 100,0

TABLEAU 29 : A cotre libération, vous allez retourner dans votre village ? Si non, pourquoi ?

Q77 Ensemble

Effectif %

Oui 536 85,8

Non 55 8,8

NSP 31 5,0

Non réponse 3 0,5

Ensemble 625 100,0

Q77X Ensemble

Effectif %

Refus de la famille 12 23,1

Refus des villageois 23 44,2

Honte de la famille 7 13,5

Honte du détenu vis-à-vis des autres 12 23,1

Pour protéger la famille 12 23,1

Ne se sent pas en sécurité 14 26,9

85

Annexes

TABLEAU 30 : Croisement entre Visite lors des 30 derniers jours du conjoint/concubin et Durée d’incarcération

Q31 Vatomandry Antanimora Ensemble

Oui Non Oui Non Oui Non

[0 - 6] mois 44,7 55,3 58,1 41,9 55,2 44,8

]6 - 12] mois 100,0 55,2 44,8 43,2 56,8

Plus de 12 mois 3,1 96,9 36,8 63,2 30,3 69,7

TABLEAU 31 : Croisement Visite lors des 30 derniers jours du conjoint/concubin et Statut juridique

Q31 Vatomandry Antanimora Ensemble

Oui Non Oui Non Oui Non

Prévenu/requérant 36,1 63,9 54,9 45,1 44,0 56,0

Condamné 15,6 84,4 39,5 60,5 35,4 64,6

Relations sociales

TABLEAU 32 : Depuis votre incarcération, vous vous sentez seul

Q40 Ensemble

Effectif %

Non, pas du tout 108 17,3

Oui, un peu 75 12,0

Oui, souvent 440 70,4

Non réponse 2 0,3

Ensemble 625 100,0

TABLEAU 33 : Depuis votre incarcération, vous vous êtes fait des amis proches (à qui se confier)

Q41 Ensemble

Effectif %

Non, pas du tout 59 9,4

Oui, un peu 274 43,8

Oui, souvent 280 44,8

Non réponse 12 1,9

Ensemble 625 100,0

TABLEAU 34 : Depuis votre incarcération, vous avez peur de parler aux autres

Q42 Ensemble

Effectif %

Non, pas du tout 481 77,0

Oui, un peu 76 12,2

Oui, souvent 56 9,0

Non réponse 12 1,9

Ensemble 625 100,0

86

ANNEXE 2 - Les résultats statistiques traités pour l’étude

TABLEAU 35 : Depuis votre incarcération, vous avez des difficultés pour entrer en contact avec les autres

Q43 Ensemble

Effectif %

Non, pas du tout 443 70,9

Oui, un peu 88 14,1

Oui, souvent 91 14,6

Non réponse 3 0,5

Ensemble 625 100,0

TABLEAU 36 : A votre libération, pensez-vous retrouver du travail ?

Q78 Ensemble

Effectif %

Oui, facilement 372 59,5

Oui, difficilement 189 30,2

Non 27 4,3

Non réponse 37 5,9

Ensemble 625 100,0

TABLEAU 37 : Vous êtes victime de violence physique avec vos co-détenus

Q46 Ensemble

Effectif %

Non, pas du tout 567 90,7

Oui, un peu 42 6,7

Oui, souvent 15 2,4

Non réponse 1 0,2

Ensemble 625 100,0

TABLEAU 38 : Vous subissez des brimades/rackets de la part de co-détenus

Q47 Vatomandry Antanimora Ensemble

Effectif % Effectif % Effectif %

Non, pas du tout 95 72,0 380 77,1 475 76,0

Oui, un peu 22 16,7 71 14,4 93 14,9

Oui, souvent 15 11,4 42 8,5 57 9,1

Non réponse

Ensemble 132 100,0 493 100,0 625 100,0

87

Annexes

TABLEAU 39 : Vous avez subi des violences physiques de la part des agents pénitentiaires

Q51 Ensemble

Effectif %

Non, pas du tout 548 87,7

Oui, un peu 54 8,6

Oui, souvent 18 2,9

NSP 1 0,2

Non réponse 4 0,6

Ensemble 625 100,0

TABLEAU 40 : Vous avez subi des brimades, traitements ou sanctions injustifiés

Q53 Ensemble

Effectif %

Non, pas du tout 555 88,8

Oui, un peu 39 6,2

Oui, souvent 26 4,2

NSP 3 0,5

Non réponse 2 0,3

Ensemble 625 100,0

TABLEAU 41 : Effectif déclare avoir subi au moins une expérience violente correspondant aux questions 46, 47, 49, 51, 53 et 63 avec les co-détenus et/ou les agents pénitentiaires

Q63 Q46, Q47, Q49, Q51 et Q53 Ensemble

Effectif %

Au moins un "oui" aux 5 questions 548 87,7

Non à Q63 141 22,6

TABLEAUX 42 : Relations avant l’incarcération et depuis l’incarcération

Q35, Q36, Q37, Q38 et Q39

Relations avant incarcération Vatomandry Antanimora

Effectif % Effectif %

Sans ou peu 2 1,5 19 3,9

Limitées ou moyennes 53 40,2 219 44,4

Développées 77 58,3 255 51,7

Ensemble 132 100,0 493 100,0

Q40, Q41, Q42, Q43 et Q44

Relations depuis incarcération Vatomandry Antanimora

Effectif % Effectif %

Sans ou peu 23 17,4 22 4,5

Limitées ou moyennes 67 50,8 307 62,3

Développées 42 31,8 164 33,3

Ensemble 132 100,0 493 100,0

88

ANNEXE 2 - Les résultats statistiques traités pour l’étude

Relations avant

incarcération

Relations depuis

incarcération

Sans ou peu 3,4 7,2 P_value = 0,003

Limitées ou moyennes 43,5 59,8 P_value = 0,000

Développées 53,1 33,0 P_value = 0,000

Ensemble 100,0 100,0

TABLEAU 43 : Vous sentez-vous en sécurité dans votre vie de tous les jours ?

Q63 Ensemble

Effectif %

Oui 467 74,7

Non 141 22,6

Non réponse 17 2,7

Ensemble 625 100,0

TABLEAU 44 : Croisement entre l’effectif déclarant avoir subi au moins une expérience violente correspondant aux questions 46, 47, 49, 51, 53 et 63 avec les co-détenus et/ou les agents pénitentiaires et la question liée à la sécurité (voir tableau ci-dessus).

Q63 Q46, Q47, Q49, Q51 et Q53 Oui à Q63 Non à Q63 Total

Effectif % Effectif % Effectif %

Au moins un "oui" aux 5 questions 422 77,0 126 23,0 548 100,0

Activités quotidiennes

TABLEAU 45 : Vous trouvez les journées interminables

Q55 Ensemble

Effectif %

Jamais 116 18,6

Parfois 140 22,4

Souvent 367 58,7

NSP 1 0,2

Non réponse 1 0,2

Ensemble 625 100,0

TABLEAU 46 : Vous avez la sensation d’apprendre des choses

Q57 Vatomandry Antanimora Ensemble

Effectif % Effectif % Effectif %

Jamais 72 54,5 135 27,4 207 33,1

Parfois/Souvent 60 45,5 349 70,8 409 65,4

NSP 7 1,4 7 1,1

Non réponse 2 0,4 2 0,3

Ensemble 132 100,0 493 100,0 625 100,0

89

Annexes

TABLEAU 47 : Croisement de la question « Trouvez-vous vos conditions de vie en prison meilleures qu’à

l’extérieur ? » et la participation à une activité

Q65 & Q58 P_value=0,006

Meilleures condition de vie en prison qu'à l'extérieur

Activité

Jamais Parfois Souvent Total

Oui 4,7 11,6 83,7 100,0

Non 15,7 23,2 61,1 100,0

NSP 100,0 100,0

TABLEAU 48 : Vous participez à une activité

Q58 Vatomandry Antanimora Ensemble

Effectif % Effectif % Effectif %

Jamais 41 31,1 53 10,8 94 15,0 P_value = 0,000

Parfois/Souvent 91 68,9 439 89,0 530 84,8 P_value = 0,000

NSP

Non réponse 1 0,2 1 0,2

Ensemble 132 100,0 493 100,0 625 100,0

TABLEAUX 49 : Les activités pratiquées

Q58 Vatomandry Antanimora Ensemble

Effectif % Effectif % Effectif %

Activité sportive 29 31,9 154 35,5 183 34,9

Cours d'alphabétisation 17 18,7 33 7,6 50 9,5

Echanges éducatifs 1 1,1 33 7,6 34 6,5

Bibliothèque 11 12,1 178 41,0 189 36,0

Cuisine 8 8,8 126 29,0 134 25,5

Activité d'hygiène 3 3,3 132 30,4 135 25,7

Culte 27 29,7 360 82,9 387 73,7

Jeux divers 27 29,7 4 0,9 31 5,9

TV/Vidéo 22 24,2 11 2,5 33 6,3

Autres activités 7 7,7 6 1,4 13 2,5

Participe à au moins 1 activité : sportive, cours d'alphabétisation, Echanges éducatifs, Bibliothèque, Jeux divers et TV/vidéo

Q58X Vatomandry Antanimora Ensemble

Effectif % Effectif % Effectif %

Oui 78 59,1 312 63,3 390 62,4 P_value = 0,378

Non 54 40,9 181 36,7 235 37,6

Ensemble 132 100,0 493 100,0 625 100,0

Projet "Amélioration des conditions de vie

en milieu carcéral"

Handicap International Madagascar

31, rue Andriandahifotsy

Mandrosoa Ambohijatovo

BP 4286

101 Antananarivo

MADAGASCAR

Novembre 2010