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SOL n°81 - Mai 2009 Les syndicats se félicitent de la manifestation unitaire du 1er Mai qui a rassemblé 1 200 000 personnes selon la CGT. Après quoi la position du gouvernement n'a pas changé d'un pouce et, selon Matignon et Bercy, ne changera pas. Pour Brice Hortefeux dans un entretien au Figaro « il faut laisser du temps pour que les nombreuses mesures déjà prises se déploient », ajoutant « nous ferons à l'été, avec les partenaires sociaux, l'évaluation des mesures prises ». Après les trois grandes journées d'action des 29 Janvier, du 19 Mars et du 1er Mai, le pouvoir ne se presse pas et joue sur l'usure du mouvement jusqu'à la rentrée de Septembre. Selon un rapport de l'INSEE commandé par Nicolas Sarkozy, la part des profits distribués aux actionnaires a pratiquement doublé depuis une dizaine d'années. Actuellement, le patronat licencie 3000 travailleurs par jour alors que des milliards d'€ d'aides sont distribués aux actionnaires. Si les travailleurs ne veulent pas finir dans la misère, une riposte coordonnée s'impose. Soi-disant pour maintenir la pression, les confédérations syndicales ont annoncé l'organisation de deux journées de mobilisation, le mardi 26 Mai, puis le samedi 6 Juin. Une caricature de riposte. Le 26 mai sera, selon le communiqué, une journée « de mobilisation décentralisée » avec « des modalités d'actions diverses » décidées « en fonction des spécificités et des sensibilités locales ». Le pouvoir doit trembler de peur.....en attendant la journée suivante, 15 jours plus tard. Aucune revendication n'est précisée. Tout reste dans le vague. Pourtant les foyers de colère se multiplient dans les entreprises, les hôpitaux, les universités. Les électriciens et gaziers, les médecins au côté des enseignants chercheurs, les travailleurs menacés de licenciement de Caterpilar, Molex, Lear, Continental, Freescale et bien d'autres sont engagés dans des conflits. Face à la violence des patrons, des travailleurs n'hésitent pas à utiliser leur force collective pour se faire craindre. Parfois le patron est obligé de céder comme aux usines PSA où ils ont obtenu une indemnisation du chômage partiel après ceux de Toyota. Le gouvernement lui-même a préféré reporter une partie de sa réforme de l'hôpital pour éviter que le mécontentement fasse tache d'huile. Les travailleurs en colère prennent conscience que des conflits isolés, même radicaux, ne suffiront pas pour changer le rapport de forces. Il y a des objectifs communs à tous les travailleurs : l'interdiction des licenciements. Le paiement à 100 % du chômage partiel. L'augmentation des salaires et des retraites d'au moins 300 € par mois pour tous. Le contrôle des travailleurs sur la gestion des entreprises. La gauche politique elle, se contente de nous appeler à bien voter aux élections européennes. Ce ne sont pas les confédérations syndicales qui unifieront les luttes des travailleurs mais les secteurs les plus combatifs de la classe ouvrière. Eux, sont capables d'entraîner les autres travailleurs et de développer une force collective capable de contrer les attaques de la bourgeoisie. 6 Mai 2009 « Rêve générale » pour stopper la misère et les licenciements Les salariés de l’usine PSA de Saint-Ouen se sont massivement mis en grève toute la journée du jeudi 23 avril. Depuis le début du mois, la direction leur imposait des journées supplémentaires pour récupérer les jours précédemment chômés, payés à 100%. Certaines équipes ont ainsi travaillé six jours de suite pendant plusieurs semaines. La fatigue et la dégradation des conditions de travail se faisaient déjà ressentir en raison du sous-effectif – la direction avait licencié la quasi- totalité des 150 intérimaires en début d’année et de nombreux départs de salariés PSA n’ont pas été remplacés. Alors, une journée supplémentaire, non payée, pour répondre aux besoins de production, devenus soudainement croissants, c’en était trop pour les ouvriers de cette usine. L’équipe du matin s’est mise en grève vers 11 heures, à plus de 80%, pour réclamer la suppression des journées de récupération du chômage, une augmentation des salaires et l’embauche de personnel. Les équipes de l’après- midi et de la nuit ont suivi le mouvement. A 1 heure du matin, après plusieurs propositions de la direction, insuffisantes pour les grévistes, ces derniers ont obtenu la réduction des séances de récupération du chômage à une par mois – les autres journées seront au volontariat et payées en heures supplémentaires le passage d’une prime mensuelle de 31 € à 45€, le paiement intégral des heures de grève et l’engagement par la direction à aucune sanction ni pression ultérieures sur les grévistes. Cette grève est le résultat des décisions contradictoires de la direction : la crise a servi de prétexte aux patrons de PSA pour réduire les effectifs et imposer du chômage aux salariés, aujourd’hui les ventes augmentent alors ils veulent faire travailler davantage avec moins de personnel et des moyens matériels limités. Pour les ouvriers de l’usine, grévistes ou non, cette mobilisation est une victoire et un encouragement pour la suite car le problème des salaires n’est toujours pas réglé et chacun a pu constater que la grève est le seul moyen pour se faire entendre et faire reculer les patrons. Cette victoire est à ajouter à celle de PSA Aulnay où déjà près de 200 ouvriers de l'équipe de nuit avait débrayé et réussi à faire annuler des dimanches supplémentaires…sans oublier bien sûr la grève de Toyota à Onnaing (Nord) qui a abouti sur le paiement à plus de 90% des jours de chômage, sans récupération ! La grève de Saint-Ouen est un premier avertissement à la direction de PSA, car le mécontentement pourrait bien exploser de nouveau : ce n’est pas à nous de payer leur crise. Grève à PSA : Un encouragement pour la suite Une maison des associations doit ouvrir à Saint-Ouen, c'est d'ailleurs une promesse des élus qui remonte... au mandat précédent. En tout cas, un lieu a été choisi et annoncé lors d'une réunion publique : l'ancienne maison de retraite de l'avenue Gabriel Peri. Un lieu central, ce qui est une bonne idée. Mais ce qui l'est moins, c'est que le bâtiment, qui appartient à la ville et est inoccupé depuis de nombreuses années, serait démoli pour construire à la place une immeuble de 5 ou 6 étages sur la parcelle. Dommage pour le patrimoine urbain, et surtout dommage pour les délais... Car avec de grands travaux, on peut dire que la maison n'est pas encore prête d'ouvrir : la fin des travaux serait envisagée pour 2013 ! Et le lieu, n'est pas tout. Comme nous l'indiquions dans le n°65 de Saint Ouen Luttes (mai 2007), si de nombreux services devraient être proposés aux associations, dont des salles de réunions, rien ne garantit qu'ils seront gratuits. La concertation, limitée à quatre associations de la ville (disposant d'ailleurs toutes déjà de locaux), continue... Paul Maison des associations : ça avance très doucement... Incinérateur : une réunion fumeuse Les Audoniens étaient invités vendredi 24 avril à une réunion sur l’incinérateur. L’enjeu est de taille : la construction de 14 tours de 17 étages à côté de l’incinérateur est pratiquement votée et par contrat signé le 3 mars 2009, il s’agit d’un « éco-quartier » ! La réunion dure 2 heures, pas une minute de plus. 11 personnes sur l’estrade. Il restait peu de temps pour les auditeurs qui souhaitaient poser des questions. Une journaliste était là pour animer le débat c’est-à-dire faire semblant de poser des questions très incisives (« Qu’est-ce que j’apprends monsieur le directeur de la TIRU, la prochaine visite n’est prévue qu’en novembre 2009 ? », « Oui, oui, madame, vous avez raison, je vais organiser une visite beaucoup plus rapidement »), donner la parole aux uns et aux autres, et surtout couper la parole : « ce n’est pas le sujet », « C’est terminé, madame le Maire va conclure ». Par contre il y avait bien assez de temps pour les petits fours et les boissons. Une fin de réunion tellement frustrante que certains s’en sont pris à ce cocktail et ont tout mis par terre. Les dames de service qui ont failli en recevoir dans la figure et ont dû nettoyer ont apprécié. Les Audoniens qui ont du mal à payer leur taxe d’habitation apprécient également un tel gaspillage. Mais il y avait de la marge. Les affamés et assoiffés de service ont pu se rassasier à nos frais. Chacun joue son rôle Une sociologue était chargée de noyer le poisson : « Tout a toujours des causes bien compliquées et cette idée est dure à entendre » ! Deux scientifiques : le Professeur Dominique Belpomme, cancérologue estime qu’un incinérateur augmente les risques de cancer, le Professeur Jean-François Narbonne, toxicologue défend l’incinérateur. Un vrai débat de télévision : vous voyez bien qu’il y a du pour et du contre, retournez vous coucher braves gens, la science c’est trop fort pour vous. (suite page 2)

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Page 1: saintouenluttes.free.frsaintouenluttes.free.fr/pdf/sol81.pdfCreated Date: 5/8/2009 10:13:05 PM

SOL n°81 - Mai 2009

Les syndicats se félicitent de la manifestation unitaire du 1er Mai qui a rassemblé 1 200 000 personnes selon la CGT. Après quoi la position du gouvernement n'a pas changé d'un pouce et, selon Matignon et Bercy, ne changera pas. Pour Brice Hortefeux dans un entretien au Figaro « il faut laisser du temps pour que les nombreuses mesures déjà prises se déploient », ajoutant « nous ferons à l'été, avec les partenaires sociaux, l'évaluation des mesures prises ».Après les trois grandes journées d'action des 29 Janvier, du 19 Mars et du 1er Mai, le pouvoir ne se presse pas et joue sur l'usure du mouvement jusqu'à la rentrée de Septembre.Selon un rapport de l'INSEE commandé par Nicolas Sarkozy, la part des profits distribués aux actionnaires a pratiquement doublé depuis une dizaine d'années. Actuellement, le patronat licencie 3000 travailleurs par jour alors que des milliards d'€ d'aides sont distribués aux actionnaires.

Si les travailleurs ne veulent pas finir dans la misère, une riposte coordonnée s'impose. Soi-disant pour maintenir la pression, les confédérations syndicales ont annoncé l'organisation de deux journées de mobilisation, le mardi 26 Mai, puis le samedi 6 Juin. Une caricature de riposte. Le 26 mai sera, selon le communiqué, une journée « de mobilisation décentralisée » avec « des modalités d'actions diverses » décidées « en fonction des spécificités et des sensibilités locales ». Le pouvoir doit trembler de peur.....en attendant la journée suivante, 15 jours plus tard.Aucune revendication n'est précisée. Tout reste dans le vague.

Pourtant les foyers de colère se multiplient dans les entreprises, les hôpitaux, les universités. Les électriciens et gaziers, les médecins au côté des enseignants chercheurs, les travailleurs menacés de licenciement de Caterpilar, Molex, Lear, Continental, Freescale et bien d'autres sont engagés dans des conflits. Face à la violence des patrons, des travailleurs n'hésitent pas à utiliser leur force collective pour se faire craindre.Parfois le patron est obligé de céder comme aux usines PSA où ils ont obtenu une indemnisation du chômage partiel après ceux de Toyota. Le gouvernement lui-même a préféré reporter une partie de sa réforme de l'hôpital pour éviter que le mécontentement fasse tache d'huile.

Les travailleurs en colère prennent conscience que des conflits isolés, même radicaux, ne suffiront pas pour changer le rapport de forces.Il y a des objectifs communs à tous les travailleurs : l'interdiction des licenciements. Le paiement à 100 % du chômage partiel. L'augmentation des salaires et des retraites d'au moins 300 € par mois pour tous. Le contrôle des travailleurs sur la gestion des entreprises.La gauche politique elle, se contente de nous appeler à bien voter aux élections européennes.

Ce ne sont pas les confédérations syndicales qui unifieront les luttes des travailleurs mais les secteurs les plus combatifs de la classe ouvrière. Eux, sont capables d'entraîner les autres travailleurs et de développer une force collective capable de contrer les attaques de la bourgeoisie.

6 Mai 2009

« Rêve générale » pour stopper la misère

et les licenciementsLes salariés de l’usine PSA de Saint-Ouen se sont massivement mis en grève toute la journée du jeudi 23 avril.Depuis le début du mois, la direction leur imposait des journées supplémentaires pour récupérer les jours précédemment chômés, payés à 100%. Certaines équipes ont ainsi travaillé six jours de suite pendant plusieurs semaines.La fatigue et la dégradation des conditions de travail se faisaient déjà ressentir en raison du sous-effectif – la direction avait licencié la quasi-totalité des 150 intérimaires en début d’année et de nombreux départs de salariés PSA n’ont pas été remplacés. Alors, une journée supplémentaire, non payée, pour répondre aux besoins de production, devenus soudainement croissants, c’en était trop pour les ouvriers de cette usine.L’équipe du matin s’est mise en grève vers 11 heures, à plus de 80%, pour réclamer la

suppression des journées de récupération du chômage, une augmentation des salaires et l’embauche de personnel. Les équipes de l’après-midi et de la nuit ont suivi le mouvement.A 1 heure du matin, après plusieurs propositions de la direction, insuffisantes pour les grévistes, ces derniers ont obtenu

la réduction des séances de récupération du chômage à une par mois – les autres journées seront au volontariat et payées en heures supplémentaires – le passage d’une prime mensuelle de 31 € à 45€, le paiement intégral des heures de grève et l’engagement par la direction à aucune sanction ni pression ultérieures sur les grévistes.Cette grève est le résultat des décisions contradictoires de la direction : la crise a servi de prétexte aux patrons de PSA pour réduire les effectifs et imposer du chômage aux salariés, aujourd’hui les ventes augmentent alors ils veulent faire travailler davantage avec moins de personnel et des moyens matériels limités.Pour les ouvriers de l’usine, grévistes ou non, cette mobilisation est une victoire et un encouragement pour la suite car le problème des salaires n’est toujours pas réglé et chacun a pu constater que la grève est le seul moyen pour se faire entendre et faire reculer les patrons.Cette victoire est à ajouter à celle de PSA Aulnay où déjà près de 200 ouvriers de l'équipe de nuit avait débrayé et réussi à faire annuler des dimanches supplémentaires…sans oublier bien sûr la grève de Toyota à Onnaing (Nord) qui a abouti sur le paiement à plus de 90% des jours de chômage, sans récupération !La grève de Saint-Ouen est un premier avertissement à la direction de PSA, car le mécontentement pourrait bien exploser de nouveau : ce n’est pas à nous de payer leur crise.

Grève à PSA :

Un encouragement pour la suite

Une maison des associations doit ouvrir à Saint-Ouen,

c'est d'ailleurs une promesse des élus qui remonte... au

mandat précédent. En tout cas, un lieu a été choisi et

annoncé lors d'une réunion publique : l'ancienne maison

de retraite de l'avenue Gabriel Peri.

Un lieu central, ce qui est une bonne idée. Mais ce qui l'est

moins, c'est que le bâtiment, qui appartient à la ville et est

inoccupé depuis de nombreuses années, serait démoli

pour construire à la place une immeuble de 5 ou 6 étages

sur la parcelle. Dommage pour le patrimoine urbain, et

surtout dommage pour les délais... Car avec de grands

travaux, on peut dire que la maison n'est pas encore prête

d'ouvrir : la fin des travaux serait envisagée pour 2013 !

Et le lieu, n'est pas tout. Comme nous l'indiquions dans le

n°65 de Saint Ouen Luttes (mai 2007), si de nombreux

services devraient être proposés aux associations, dont des

salles de réunions, rien ne garantit qu'ils seront gratuits.

La concertation, limitée à quatre associations de la ville

(disposant d'ailleurs toutes déjà de locaux), continue...

Paul

Maison des associations : ça avance très doucement...

Incinérateur : une réunion fumeuse

Les Audoniens étaient invités vendredi 24 avril à une réunion sur l’incinérateur. L’enjeu est de taille : la construction de 14 tours de 17 étages à côté de l’incinérateur est pratiquement votée et par contrat signé le 3 mars 2009, il s’agit d’un « éco-quartier » ! La réunion dure 2 heures, pas une minute de plus. 11 personnes sur l’estrade. Il restait peu de temps pour les auditeurs qui souhaitaient poser des questions. Une journaliste était là pour animer le débat c’est-à-dire faire semblant de poser des questions très incisives (« Qu’est-ce que j’apprends monsieur le directeur de la TIRU, la prochaine visite n’est prévue qu’en novembre 2009 ? », « Oui, oui, madame, vous avez raison, je vais organiser une visite beaucoup plus rapidement »), donner la parole aux uns et aux autres, et surtout couper la parole : « ce n’est pas le sujet », « C’est terminé, madame le Maire va conclure ». Par contre il y avait bien assez de temps pour les petits fours et les boissons. Une fin de réunion tellement frustrante que certains s’en sont pris à ce cocktail et ont tout mis par terre. Les dames de service qui ont failli en recevoir dans la figure et ont dû nettoyer ont apprécié. Les Audoniens qui ont du mal à payer leur taxe d’habitation apprécient également un tel gaspillage. Mais il y avait de la marge. Les affamés et assoiffés de service ont pu se rassasier à nos frais.

Chacun joue son rôle

Une sociologue était chargée de noyer le poisson : « Tout a toujours des causes bien compliquées et cette idée est dure à entendre » ! Deux scientifiques : le Professeur Dominique Belpomme, cancérologue estime qu’un incinérateur augmente les risques de cancer, le Professeur Jean-François Narbonne, toxicologue défend l’incinérateur. Un vrai débat de télévision : vous voyez bien qu’il y a du pour et du contre, retournez vous coucher braves gens, la science c’est trop fort pour vous.

(suite page 2)

Page 2: saintouenluttes.free.frsaintouenluttes.free.fr/pdf/sol81.pdfCreated Date: 5/8/2009 10:13:05 PM

Saint-Ouen Luttes, animé par des communistes révolutionnaires, des anarcho-syndicalistes, des membres d'associations de chômeurs, de quartiers, entend dénoncer la société capitaliste et ses défenseurs de droite, d'extrême droite, de gauche, plurielle ou pas. Considérant que le capitalisme est un frein au développement de l'humanité, nous sommes convaincus que seuls les travailleurs ont la capacité et la force de changer cette société, non par les élections, mais par leurs propres luttes. Les colonnes de cette feuille sont ouvertes à tous ceux et à toutes celles qui se retrouvent dans cette démarche. Vous souhaitez lire SOL régulièrement : envoyez-nous votre mél pour être informé de sa mise sur le Web à [email protected] ou consultez le site http://saintouenluttes.free. Pour nous écrire : SOL, 1 bis rue Godillot 93400 SAINT-OUEN. SOL est aussi disponible à la librairie Folie d'Encre, 53 avenue Gabriel Péri à Saint-Ouen.

SOL Saint-Ouen Luttes N°81 - 10 mai 2009

(suite de la p.1) J.F. Narbonne est auréolé de la gloire d’avoir bataillé contre les incinérateurs pendant 14 ans. 14 ans pour obtenir que l’on installe des filtres. Auparavant et pendant tout le temps de cette bataille, on nous empoisonnait. En 1988, le lait d’une femme allaitante de Saint-Ouen avait la même teneur en dioxine que le lait d’une femme vietnamienne dont le pays avait reçu des tonnes de bombes US. Vous avez tout de suite compris qu’il est inutile de faire remarquer que si les jardiniers ont été virés de leurs jardins pour cause de terrain pollué alors qu’il n’y a jamais eu d’activité industrielle à cet emplacement, c’est bien que la pollution vient de l’incinérateur. Pendant des années le journal Saint-Ouen Ma Ville nous a assuré que tout allait bien. On s’est trompé. On ne savait pas. Mais tout est changé. Maintenant il y a des filtres. Et J.F. Narbonne de proclamer : « Ce n’est pas moi qui ai tourné ma veste, ce sont les incinérateurs qui ont changé. » Ce à quoi D. Belpomme répond : « Fumer des cigarettes avec filtre ne garantit pas de ne pas avoir le cancer. » Le maire d’Issy-les-Moulineaux et le maire de Saint-Ouen se ridiculisent tous deux en affirmant, l’un, qu’il n’a jamais reçu un seul mail lui annonçant un cas de cancer, l’autre qu’elle a l’intime conviction qu’il n’y a pas un nombre spécialement important de cancers à Saint-Ouen. Lorsqu’il est demandé qui, à Saint-Ouen, a, ou a eu, ou a un membre de sa famille qui a eu un cancer, de nombreuses mains se lèvent. Bien sûr c’est un aperçu qui n’a aucune valeur scientifique mais c’est tout de même impressionnant.Lorsqu’on demande une étude épidémiologique sérieuse, les deux scientifiques sont d’accord pour expliquer :- qu’une étude faite à Saint-Ouen seulement ne permettrait pas de tirer des conclusions, il faut enquêter sur des populations beaucoup plus nombreuses,- une étude rétrospective faite maintenant ne ferait que confirmer ce qu’on sait déjà : les incinérateurs d’ancienne génération étaient très dangereux,- une étude commencée maintenant n’aboutirait à des conclusions sérieuses que dans 20 ans ou plus car c’est le temps qu’il faut au cancer pour se déclarer. Mais à ce moment-là tous ceux qui auront développé la maladie, ou leur famille après leur décès, pourront attaquer en justice les décideurs de maintenant pour prise de décision criminelle.Un vague sentiment de déjà vu, déjà entendu flotte dans la salle : amiante, Mururoa…

Fumées invisibles

Tout cela n’empêche pas Santini, maire d’Issy-les-Moulineaux, de vanter « son » incinérateur de luxe (540 millions d’euros financés par 85 communes d’Ile de France) : il est venu pour

nous convaincre qu’il n’y avait rien de mieux. Incinérateur ultramoderne mis en fonction en 2008, en grande partie souterrain. Ce qui dépasse du sol est habillé de bois, de verre et de végétaux. Aucun panache de fumée : les yeux très précieux des bourgeois de Boulogne Billancourt et du 16ème qui sont les plus proches voisins ne l’auraient pas toléré. Des techniques permettent de ravaler à l’intérieur le panache blanc et de rendre invisible ce qui sort. Nous sommes loin de cette sophistication à Saint-Ouen. Seul Monaco dispose aussi d’un incinérateur souterrain. Nous sommes tout de même priés d’être convaincus par l’envolée lyrique de Santini à propos des bureaux et du service de recherche de Microsoft qui se sont installés près de « son » incinérateur.

Vous n’allez tout de même pas prétendre que les dirigeants de Microsoft sont des microcéphales. Eh bien c’est à proximité de l’incinérateur d’Issy-les-Moulineaux qu’ils ont choisi de venir. Et il y a aussi des logements à 6 000 euros le m2.

La conclusion de Madame le Maire de Saint-Ouen, c’est qu’il y a tout de même de l’inquiétude parmi les Audoniens. Elle va y remédier de façon bien simple : elle va faire de la pédagogie. Une CLIS (Commission locale d’information et de surveillance) va fonctionner sur son initiative puisque le préfet qui devrait normalement s’en charger ne le fait pas. Nous aurons régulièrement des analyses de la qualité de l’air Airparif concernant Saint-Ouen. Et il y aura chaque mois une page incinérateur dans le journal de la ville. Si on a bien compris, on parlera de ses nuisances dans vingt ans comme on parle des nuisances de l'ancien maintenant.

La pédagogie est-ce du bourrage de crâne, de la propagande industrielle ou une recherche honnête de la vérité ? Les élus sont-ils capables de se former et de s’informer eux aussi, en même temps que nous ? Nous, nous voulons que le principe de précaution soit appliqué et que les énormes enjeux financiers du « tout incinérateur » soient dévoilés.

Mathilde

Voici ce que nous lisons dans le petit livre de Dany Dietmann, Déchets ménagers, le jardin des impostures, Editions l’ Harmattan, 2006 :« De toutes les normes officiellement en vigueur, une seule est basée sur l’analyse scientifique du mécanisme d’action des dioxines, c’est celle de l’EPA (Agence pour la protection de l’environnement) aux Etats-Unis, et elle […] est de 160 à 1600 fois plus basse que les normes européennes » (p.52)Le professeur Narbonne s’insurge. Selon lui les normes des incinérateurs US sont 3 fois supérieures aux normes européennes. Qui se trompe ? Peut-être ne parlent-ils pas de la même chose. Quelle est la différence entre norme incinérateur et norme dioxine ? « La réglementation relative aux rejets des incinérateurs ne prend en compte qu’une bonne

centaine de substances, alors que les chimistes reconnaissent sans difficultés que les fumées d’incinération contiennent près de 1800 autres substances dont la toxicité n’a jamais été évaluée. » (p.38)Pour M. Eric Pluygers, cancérologue belge, et M. A Sadowska, écotoxicologue à la Faculté agronomique de Varsovie « la seule norme acceptable pour la dioxine est la norme zéro » (p. 52)« Des élus de bonne foi, non spécialistes, portent la responsabilité environnementale et financière de toutes les infractions de fonctionnement découlant des négligences, supercheries et dissimulations d’exploitants spécialisés. […] l’incinération devient un domaine à haut risque pour les collectivités publiques. » (p.127)

Incinérateur : une réunion fumeuse

100 000 salariés dans le monde. 181 sites de production. Cette

entreprise américaine dont le siège social est à Peoria dans l’Illinois

(chez Barak Obama) profite de la crise financière pour supprimer

20 000 emplois. Entre autres 814 ouvriers de l’usine de Mossville dans

l’Illinois, 733 ouvriers des sites de Grenoble et Echirolles en France.

Cela est bien triste. Oh, pas tellement pour les ouvriers qui se

retrouvent au chômage. Mais c’est que le « pauvre » M. James W.

Owen, le Directeur Général vient de perdre 122 millions de dollars en

un trimestre : c’est le coût paraît-il des plans sociaux qui doivent

accompagner les licenciements.

D’autres réductions d’effectifs et mises en chômage partiel sont

envisagées. C’est dire s’il faut être âpre dans les négociations et en

lâcher le moins possible aux ouvriers : le chiffre d’affaires n’est que de

plus de 41 milliards de dollars et le bénéfice net 2006 de 3 milliards et

demi de dollars, c'est dire que la firme a des provisions pour la crise.

M. Owen, lui, ne perdra rien de ses salaires et bonus annuels de 17

millions de dollars. Il est l’un des 180 patrons les mieux payés du

classement Forbes.

Ont-ils eu vent du fait qu’Obama avait présenté son plan de relance

industrielle le 12 février, depuis une usine Caterpillar de l’Illinois en

précisant qu’il voulait permettre à Caterpillar d’embaucher. Mais

qu’Owen l’avait aussitôt contredit : le plan de relance le décevait, il n’y

avait pas assez d’investissements mis dans les infrastructures ( et les

infrastructures, les routes, les ponts etc., c’est le domaine des gros

engins de chantier fabriqués par Caterpillar). Owen prévoyait donc

d’autres licenciements. Pour le site de Grenoble, où les travailleurs

sont en grève depuis bientôt deux mois, le gouvernement français s'est

vanté d'avoir obtenu qu'il n'y ait plus « que » 600 licenciements sur les

733 annoncés à condition que les salariés acceptent une annualisation

du temps de travail. Alors l’annualisation ne garantirait rien à ceux qui

sont encore au boulot. Ce ne serait qu’un supplément d’exploitation.

(Caterpillar est spécialiste : il pratique les délocalisations intérieures,

c’est-à-dire le déménagement de ses usines à l’intérieur des USA, à la

recherche des Etats offrant le moins possible de protection sociale).

Mathilde

Les travailleurs de Chrysler ont finalement cédé. Le revolver sur la tempe, ils ont accepté de nouvelles concessions, pires encore que les concessions lâchées en 2007. La main qui tenait le revolver appartient à un certain B. Obama. Comment en est-on arrivé là ? Fin 2008, les trois grands constructeurs automobiles américains (General Motors, Ford et Chrysler) déclarent qu’ils subissent de lourdes pertes et ont un besoin urgent de liquidités sans quoi ils ne passeront pas l’hiver ! Leurs PDG réclament quelques dizaines de milliards. Le président américain (c’était alors Bush) déclare qu’il ne donnera rien si les compagnies ne prennent pas des mesures pour diminuer les pertes et redevenir compétitives – c’est à dire obtenir des concessions de la part des travailleurs. Les média accusent les travailleurs de coûter trop cher aux entreprises, les salaires seraient trop élevés et les retraites, l’assurance-maladie, des reliques du passé. Au 21e siècle les salariés ne doivent plus s’attendre à tous ces privilèges ! Début 2009, nouveau président, mais la même politique. Obama accepte finalement de prêter quelques dizaines de milliards à General Motors et Chrysler, mais à condition que les travailleurs acceptent les concessions. Si les concessions ne sont pas acceptées avant le 30 avril (Chrysler) ou le 30 mai (GM) les compagnies seront mises en faillite, ce qui signifie fermeture d’usines, licenciements massifs. Bref les travailleurs sont soumis à un véritable ultimatum. Quand il s’agit d’aider les banques, pas de problèmes, le gouvernement américain lâche des centaines de milliards de dollars sans sourciller. Et sans exiger que les banques arrêtent de spéculer, même si c’est la spéculation qui a déclenché la crise financière. Alors pourquoi faire tant d’histoires pour les quelques petits milliards destinés aux constructeurs automobiles ? Quand il demande aux travailleurs de l’automobile de faire des sacrifices, Obama a en ligne de mire tous les travailleurs américains. Le résultat des concessions à Chrysler c’est que tous les nouveaux employés ne toucheront plus que la moitié (14$ au lieu de 29$ de l’heure) de ce que les anciens touchaient à leur embauche. L’assurance chômage et l’assurance maladie sont diminuées, les salaires gelés, la prime annuelle supprimée, les jours de congés réduits, les horaires deviennent plus flexibles, etc, la liste est longue. Si cette logique n’est pas arrêtée, elle se propagera à toutes les industries, les travailleurs qui touchent 14$ de l’heure toucheront 7$, ceux qui ont une couverture médicale minimale la perdront, etc.

Sam

USA : hold-up dans l’automobile

CATERPILLAR