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SYRIE : Sauver des vies en zone de guerre, p. 02 | MALI : « Nous n’abandonnerons pas nos patients », p. 04 SOUDAN DU SUD : Nuit de garde dans un camp de réfugiés, p. 06 | SANTÉ MATERNELLE : Accoucher sans risque, p. 08 SWAZILAND : Des clients experts redonnent espoir, p. 10 | INNOVATION : Des innovations techniques qui sauvent des vies, p. 12 PROFIL : Wendy Rhymer, infirmière sage-femme, p. 14 SyriE : LA VIOLENCE CONTINUE MAGAZINE DE MSF CANADA Volume 17 Numéro 1 Hiver 2013 DEPECHES

« Dépêches » - Hiver 2013

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Notre magazine semestriel contient des articles rédigés par nos travailleurs humanitaires au sujet du travail MSF sur le terrain. Médecins Sans Frontières.

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SyriE : Sauver des vies en zone de guerre, p. 02 | mali : « Nous n’abandonnerons pas nos patients », p. 04SOUDaN DU SUD : Nuit de garde dans un camp de réfugiés, p. 06 | SaNTÉ maTErNEllE : Accoucher sans risque, p. 08

SwazilaND : Des clients experts redonnent espoir, p. 10 | iNNOvaTiON : Des innovations techniques qui sauvent des vies, p. 12prOfil : Wendy Rhymer, infirmière sage-femme, p. 14

SyriE :LA VIOLENCE CONTINUE

MAGAZINE dE MSF CANAdA Volume 17 Numéro 1 Hiver 2013

DEpEChES

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Personne ne m’avait jamais parlé d’une mission dans un pays froid.

C’est ce que je me suis dit, lors de ma deu- xième nuit dans le nord-ouest de la Syrie, blottie sous cinq couvertures et emmitou-

flée dans trois couches de vêtements. Avant ma première mission, il y a cinq ans, Médecins Sans Frontières (MSF) évoquait pour moi une chaleur étouffante en Afrique, des paysages poussiéreux et des moustiques vecteurs de pa- ludisme. Maintenant, je me demande souvent comment m’organiser pour faire ma lessive, car il est difficile de donner des choses à laver quand on porte constamment tous ses vête-ments en même temps.

Certes, ce n’est pas ma première mission dans un climat non tropical (le nord du Pakistan en janvier pourrait difficilement être décrit comme torride), mais l’absence de chauffage fiable et efficace apporte une nouvelle dimension à la vie sur le terrain.

Le froid apporte aussi son lot d’autres pro- blèmes. Paradoxalement, cela signifie une aug-mentation du nombre de patients brûlés arri- vant à l’hôpital. Les gens de la région font face à une pénurie de carburant et manquent de récipients adéquats pour brûler des matériaux combustibles. Beaucoup de personnes dépla-cées vivant dans les camps n’ont pas d’abri qui les protège efficacement du froid.

Cela veut dire qu’ils vont brûler n’importe quoi, et dans n’importe quoi, afin de se réchauffer. Mais comme ces méthodes sont souvent précaires et dangereuses, les acci-dents arrivent trop fréquemment. Particulière-ment touchés sont les femmes, responsables de la préparation des repas, et les enfants, qui souffrent le plus du froid et se tiennent donc souvent près des sources de chaleur. Certains matins, je suis accueillie par un petit contingent de « justiciers masqués », des enfants portant des pansements sur leur visage brûlé, avec des orifices pour les yeux, le nez et la bouche. Ils

ressemblent ainsi à une petite bande de pilleurs de banque masqués de cagoules et prêts pour leur prochaine attaque.

Et bien sûr, la guerre et son lot de violences con-tinuent. Même si la ligne de front, en constante évolution, s’éloigne, les séquelles demeurent : la quantité d’armes circulant dans le pays rendent les conflits encore plus mortels, et les balles perdues atteignent leurs cibles aveuglé-ment. On voit aussi les effets des retards de trai- tement ou d’une gestion inadéquate chez des patients qui arrivent de centres mal équipés et pas du tout préparés à faire face aux blessures de guerre auxquelles ils sont maintenant régu-lièrement confrontés.

depuis juin 2012, MSF travaille dans cette région, où elle administre une petite unité de chirurgie traumatologique, mise en place initialement pour traiter les blessures de guerre. Bien que ces activités se poursuivent, il est devenu de plus en plus évident que le conflit exige que d’autres

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services de santé soient également fournis. Les gens ne trouvent pas les médicaments dont ils ont besoin pour traiter leurs maladies chroniques et de longue durée, ce qui conduit à une augmenta- tion des complications de pathologies telles que le diabète et les maladies cardiaques.

Ici, je suis officiellement responsable de su-perviser et de gérer plusieurs postes médicaux avancés. Cela implique de rester en contact avec les postes de santé, situés près des lignes de front, et tenus par des civils, et d’assurer leur formation. À l’heure actuelle, j’ai réussi à faire deux visites. Il m’a été impossible d’en faire plus, pour des raisons de sécurité et de manque de personnel ici. de nombreuses zones sont bombardées quasiment tous les jours.

dans les semaines à venir, j’espère pouvoir amener le personnel d’un poste de santé non-MSF jusqu’à notre centre d’urgence afin de leur donner une formation et d’améliorer leur ca-pacité à traiter les problèmes auxquels ils sont le

plus souvent confrontés. Mais le souci est que la majorité de ces personnes n’ont pas de forma-tion médicale. C’est un groupe de jeunes gens de la région qui se sont réunis pour pallier les lacunes médicales, causées par la destruction des hôpitaux et la perte du personnel qualifié. Il y a des étudiants en droit, en génie, un étudiant en médecine et deux dentistes. Avec d’autres, ils ont rejoint le groupe dans l’espoir de donner un coup de main. Ils sont avides d’apprendre, mais ont aussi beaucoup à apprendre. J’espère que quelques jours à l’hôpital les aideront à conso- lider certaines compétences de base.

En outre, cette formation est aussi compliquée par mon incapacité totale à parler l’arabe, bien que je fasse des efforts. J’ai commencé des cours informels avec l’un de nos interprètes, et à ce jour j’arrive à dire ‘bonjour’, ‘comment allez-vous’, ‘pas de problème’, ‘OK’, ‘je m’appelle...’ et ‘au revoir’. Chaque jour, j’essaie d’ajouter une nouvelle partie du corps à mon vocabulaire et de l’utiliser aussi souvent que possible dans

la conversation. Aujourd’hui, je me suis surprise à espérer être submergée par les blessures aux membres inférieurs afin de pouvoir utiliser les mots ‘genou’, ‘pied’, ‘orteil’ et ‘jambe’.

Et maintenant, mon suivi clinique m’appelle. Nos soins ne s’arrêtent pas à la sortie de l’hôpital : les changements de pansements, les évaluations des plaies et les soins post-opératoires continuent. Et j’ai quelques petits braqueurs de banque à inciter à quelques es-piègleries d’ici la fin de la journée.

AnneMarie PeggMédecin

AnneMarie Pegg (en photo sur la couverture et en haut à gauche de cette page) est médecin de famille à Yellowknife. Elle a commencé à travailler pour MSF en 2008 et est partie en Éthiopie, en Haïti, en République du Congo, au Pakistan et en République centrafricaine.

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Au début de 2013, l’instabilité autour de Gao a provoqué une diminution du nombre de patients en mesure de se ren-

dre dans les structures de soins de Médecins Sans Frontières (MSF). Mais pour le dr Jose Bafoa et ses équipes, la priorité était de pouvoir continuer à fournir des soins aux patients.

Près de Gao, dans le nord du Mali, en moyenne 120 patients par jour, à la mi-février, se ren- daient aux centres de santé de MSF à Wabaria et Sossokoira. Malgré la fin de la saison des pluies, 70 pour cent des patients souffraient de paludisme, une maladie parasitaire dont les fortes fièvres et les frissons causent un grand épuisement chez les malades. Bien que travaillant dans un contexte de guerre, c’est plutôt le paludisme que les équipes médi-cales ont combattu. Cette maladie demeure la

principale cause de décès dans le pays, notam-ment pour les enfants de moins de cinq ans.

« de façon générale, depuis que nous avons commencé à travailler dans les centres de santé en septembre de l’année dernière, nous avons vu un nombre constant de patients », explique le dr Bafoa.

« Malgré la présence d’un hôpital et de 10 centres de santé à Gao et dans les environs qui desservent une population de 400 000 habi-tants, nous avons conscience que certaines per-sonnes n’ont toujours pas accès aux soins. dans ce climat d’insécurité où les gens se déplacent beaucoup et n’ont que peu de moyens, il est d’autant plus crucial qu’ils bénéficient de soins gratuits et de qualité. depuis septembre, nous avons soigné 16 000 personnes. »

En janvier 2013, les armées française et ma-lienne ont lancé une offensive militaire con-tre les groupes islamistes qui contrôlaient les grandes villes du nord. À Gao, la principale force en présence est le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest, un groupe dissident du réseau Al-Qaida au Maghreb islamique.

« Les gens fuyaient par peur des raids aériens et des représailles. Certains se sont rendus dans les pays voisins, mais d’autres ont trouvé re- fuge dans de petits villages ou dans la brousse où les conditions de vie étaient précaires. En plus des cas de paludisme, nous avons donc vu une augmentation du nombre de patients atteints de diarrhée ou d’infections cutanées causées par le manque d’hygiène. Nous avons aussi constaté une augmentation des cas

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«Nous n’abandonnerons pas nos patients maintenant»

L’accès à des soins gratuits et de qualité est vital

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d’infections respiratoires aiguës causées par le vent et la poussière », ajoute le dr Bafoa.

depuis son ouverture, les principaux objectifs du projet sont de diminuer le taux de mortalité en augmentant l’accès aux soins et en étendant les interventions d’urgence. dans la localité d’Ansongo, le taux de mortalité dans le centre de santé de référence que MSF soutient a égale-ment diminué : il est passé de plus de huit pour cent à 1,2 pour cent en moins de trois mois.

dans la vaste région désertique au nord du Mali, atteindre les personnes requérant des soins représentait un autre aspect essentiel du projet. des équipes mobiles sont intervenues dans des régions éloignées en se basant sur le principe que si les malades ne pouvaient venir aux cliniques, les cliniques viendraient à eux. Cependant, à cause des risques que posait la présence de mines terrestres sur les routes,

MSF a parfois été obligée de suspendre tem-porairement les activités de ses équipes.

« Par le biais de nos cliniques mobiles, nous fournissons bien sûr des soins de santé pri-maire, mais nous offrons également aux femmes enceintes des consultations préna-tales de routine », explique le dr Bafoa.

MSF soutient aussi d’autres centres de santé communautaires en leur fournissant des mé-dicaments et du matériel essentiel.

La surveillance épidémiologique constitue un autre élément clé du projet. Ceci permet de s’assurer que le personnel MSF a la capacité de répondre rapidement aux épidémies.

« Il faut que nous soyons prêts à répondre à n’importe quelle éventualité, qu’il s’agisse d’une épidémie, de blessés de guerre ou de

personnes déplacées qui ont besoin de soins. À Ansongo, nous recevons une centaine de patients par jour », explique le dr Bafoa. « Nos patients nous disent qu’ils n’espèrent qu’une chose : la paix. Nous espérons la même chose; nous espérons également que le système de santé va se développer et nous remplacer par la suite. Mais d’ici là, nous allons rester ici et nous assurer que les habitants de Gao et d’Ansongo continuent d’avoir accès à des soins gratuits et de qualité. »

Le médecin Jose Bafoa a travaillé au Mali, à titre de chef d’équipe médicale pour MSF l’hiver dernier. Il œuvre pour MSF depuis 1999 et s’est rendu en Ouganda, au Tchad, en République centrafricaine ainsi que dans son pays d’origine, la République démocratique du Congo.

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La nuit est un moment particulièrement critique ici à l’hôpital. Nous commen-çons par faire le tour des services : les

médecins de l’équipe de jour me parlent de leurs patients. La nuit dernière, nous avons commencé par un homme qui avait été hos-pitalisé pour ce que l’on suspectait être une méningite. Nous avons effectué une ponction lombaire pour prendre un échantillon de li- quide céphalo-rachidien. Les résultats n’étant pas clairs, nous avons dû envoyer l’échantillon

à un laboratoire pour des examens plus ap-profondis. Son état était préoccupant.

DES SoInS jouR Et nuIt

Un autre service qui demande toute mon at-tention est le service de soins intensifs pour les enfants souffrant de malnutrition sévère. La nuit dernière, tous les patients étaient stables, sauf une fillette complètement déshydratée, qui souffrait d’une diarrhée incessante. Nous

avons dû lui administrer un fluide spécial pour compenser tout ce qu’elle avait perdu à cause des vomissements et de la diarrhée. Toutes les heures, nous l’avons pesée, car nous devions nous assurer de ne pas surcharger son système : trop de fluide aurait pu la mettre en danger. Ces enfants sont si faibles que nous devons leur donner à boire très lentement à l’aide d’une seringue, et ce, toute la nuit. On leur donne à boire, on vérifie leur poids, on attend, on leur redonne à boire, on revérifie leur poids, etc.

Fin 2012, plus de 170 000 réfugiés ont franchi les frontières des États soudanais du Kordofan du Sud et du nil Bleu pour se rassembler dans quatre camps situés dans des régions reculées et inaccessibles du Soudan du Sud. À cause de la situation géographique de ces camps – une plaine inondable pendant la saison des pluies et un désert aride pendant la saison sèche – les réfugiés sont complètement dépendants de l’aide humanitaire pour recevoir la nourriture, l’eau et les soins médicaux dont ils ont besoin pour survivre. Médecins Sans Frontières (MSF) est le principal prestataire de soins dans tous les camps. un médecin parle ici de son expérience de travail en équipe de nuit à l’hôpital de campagne du camp de réfugiés de Batil. Il explique que, jour et nuit, l’équipe lutte pour sauver des vies.

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Nuit de garde dans un camp de réfugiés« C’est un moment étrange, qui a quelque chose de magique »

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REStER AttEntIF

Les patients dont l’état n’est pas stable at-teignent souvent des stades préoccupants durant la nuit. Nous devons donc faire atten-tion aux cas les plus critiques. Si on laisse un patient affaibli seul trop longtemps, son état peut vite se dégrader et il peut mourir.

Quand on assure la garde de nuit, on ressent un lien plus fort avec ses patients et le per-sonnel médical. Pour moi, c’est un moment étrange, qui a quelque chose de magique : après le brouhaha et l’effervescence de la journée, on n’entend plus que le bruit du générateur et de la pluie qui tombe. On peut s’accorder une pause café avec les collègues soudanais et sud-soudanais. Pen-dant ces moments-là, on se met à réfléchir entre deux urgences.

SouDAIn, l’uRgEncE Et DES DÉcISIonS DIFFIcIlES

Mais chaque nuit, il y a des patients très malades qui peuvent passer d’un coup d’un état stable à une crise. L’autre nuit, un enfant atteint de paludisme cérébral a été subitement pris de convulsions. Pendant deux heures in-tenses, nous nous sommes efforcés de faire cesser l’attaque, car celle-ci peut empêcher la respiration, et le manque d’oxygène peut alors causer des dommages au cerveau. Nous avons suivi le protocole habituel, mais la fil-lette a arrêté de respirer. Nous avons alors pratiqué une ventilation manuelle avec un masque. C’était très difficile à cause des vio-lentes convulsions qui la faisaient trembler et se tordre dans tous les sens.

dans le cas de cette fillette, il était difficile de prendre la bonne décision : le médicament censé arrêter l’attaque a pour effet secon- daire de ralentir le rythme respiratoire du patient. Il fallait pourtant mettre à tout prix un terme à cette attaque, donc nous devions continuer à administrer le médicament. Au bout de 25 minutes, nous avons réussi à mettre fin à la crise; 25 minutes, c’est très long pour une attaque, et le risque de dommages cérébraux était élevé. Pendant tout ce temps, nous avons poursuivi la ventilation manuelle, car si on cesse de ventiler ne fût-ce que deux ou trois minutes, le patient peut mourir.

PARFoIS, un couP DE chAncE

À un moment donné, je me suis dit : cet en-fant a huit ans, comme ma fille. Je pense que cela m’a aidé à tenir le coup, pendant que je

ventilais l’enfant pendant 40 à 45 minutes, un effort réellement épuisant. Et puis, tout à coup, sa poitrine s’est mise à bouger et j’ai arrêté car j’ai réalisé qu’elle s’était remise à respirer à moitié. Je l’ai encore aidé à respirer pendant un moment, puis petit à petit, sa respiration est devenue autonome. Tout au long de la nuit, elle est restée inconsciente mais stable.

Le soir suivant, quand je suis revenu à 18 heu-res, elle était assise et buvait. Elle m’a souri, m’ayant probablement reconnu de la veille. Elle était non seulement en vie mais elle

n’avait pas l’air d’avoir subi de dommages cérébraux comme je l’ai déterminé après un rapide examen. Je ne crois pas aux miracles, mais parfois, il nous arrive d’avoir un vrai coup de chance.

Roberto Scaini Médecin

Roberto Scaini (en photo ci-dessus) travaille comme médecin pour MSF au Soudan du Sud.

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le Burundi et la Sierra leone présentent deux des plus hauts taux de mortalité maternelle au monde. le système de soins ambulatoires et obstétriques d’urgence disponible 24 heures sur 24 mis en place par MSF a permis de sauver la vie de milliers de femmes.

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De gauche à droite :

Rangée 1 :• Aucentredesoinsgynécologiquesetobstétriquesd’urgencedeMSFàKabezi,auBurundi,

des patientes font la queue pour le petit-déjeuner. Tous les services du centre, y compris les repas, sont gratuits.

• LepersonnelMSFexamineunepatienteaucentredesantédeGondamadansledistrictdeBo, en Sierra Leone.

Rangée 2 :• UneinfirmièreMSFeffectuel’examenprénatald’unepatienteaucentredesanté

de Gondama.• UninfirmierMSFseprépareàemmenerunepatienteenambulanceaucentred’urgence

de Kabezi.• UnmédecinMSFrencontreunenouvellemèreetsonbébéaucentredesantédeGondama.

Rangée 3 :• Lepersonnelmédicalprépareunepatientepourunaccouchementparcésarienneaucentre

de soins gynécologiques et obstétriques d’urgence de MSF à Kabezi. • DesfemmessonttransportéesenambulanceaucentredesantédeMSFàGondama.

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Comment expliquer que dans ce petit royau- me enclavé se trouve le taux de VIH le plus élevé du monde? C’est une question simple, mais la réponse est plus complexe et met en cause les valeurs traditionnelles, la pauvreté, la présence d’une monarchie absolue, l’inégalité entre les sexes et une foule d’autres facteurs.

Quelque 31 pour cent des adultes sont séropositifs, et la tuberculose est en-démique avec 1 275 cas pour 100 000 personnes. Résultat : en tout juste 20 ans, l’espérance de vie a plongé, passant de 61 à 40,2 ans dans ce pays qui compte 1,2 mil- lion d’habitants.

Pour Elias Pavlopoulos, chef de mission pour MSF au Swaziland, il s’agit de la crise la plus importante à laquelle il a assisté. « Je suis allé au darfour [Soudan] et au Myanmar, mais je ne pouvais pas en croire mes yeux », dit-il. Le Swaziland bénéficie d’une solide infrastructure médicale avec 13 hôpitaux et centres de santé publics ainsi que 186 cliniques. Pourtant, cela ne suffit pas à maîtriser la double épidémie de VIH et de tuberculose, surtout compte tenu qu’il n’y a que deux médecins et 28 infirmiers pour 10 000 personnes.

Les traditions culturelles compliquent en-core davantage les choses. La polygamie est chose courante, et d’après un rapport des Nations Unies et du Swaziland (HIV Prevention Response and Modes of Transmis-sion Study), le virus est transmis, dans une proportion de 73 à 95 pour cent, par con-tact hétérosexuel entre des partenaires de longue date et plus âgés.

de plus, le taux de fécondation est de 3,8 enfants par femme, mais puisque 69 pour cent des habitants vivent sous le seuil de pauvreté national, bien des femmes se voient forcées d’avoir des relations sexuel-les transactionnelles pour subvenir aux besoins de leurs enfants. En règle générale, les traditions patriarcales ne laissent que peu de droits aux femmes. Au Swaziland, une femme sur trois est victime d’agression sexuelle pendant sa vie, et 25 pour cent des adolescentes se retrouvent enceintes.

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Des clients experts redonnent espoir aux personnes séropositives

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En 1998, Sylvia Khuzwayo a appris qu’elle était séropositive et c’est à ce moment là qu’elle est devenue activiste. « J’étais hors

de moi », dit-elle quand des médecins lui ont d’abord caché son diagnostic parce qu’elle n’avait pas les moyens de se payer le traitement antirétroviral (ARV). Ils lui ont également menti sur la cause du décès de son mari. « Ils m’ont dit que c’était un cancer de la gorge, alors que c’était le sida. »

Le taux de Cd4 (qui permet de mesurer certains globules blancs dans le sang) de Sylvia était de 210 et elle était donc admissible aux ARV. Elle n’avait pas l’argent nécessaire pour payer les médicaments, mais savait très bien que sans ce traitement, elle n’aurait pas la chance de voir

ses trois enfants à l’âge adulte. Elle a alors sur-monté sa peur d’être victime de discrimination et de stigmatisation et a franchi le pas risqué, mais nécessaire, de divulguer sa séropositivité. Elle a demandé de l’aide aux membres de sa famille et à ses amis, dont certains se sont empressés de lui tourner le dos.

« Certains amis ne voulaient pas être vus en ma compagnie, car les gens auraient pu pen- ser qu’ils étaient eux aussi séropositifs. » Mais, d’autres lui ont offert l’aide dont elle avait désespérément besoin. depuis 2001, elle suit le traitement ARV et se dévoue corps et âme pour encourager les autres à se faire tester puis soigner afin de vivre une vie productive et en bonne santé.

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Au moment où Sylvia a reçu son diagnos-tic, le gouvernement du Swaziland niait la prévalence du VIH dans le pays. de nos jours, c’est dans ce royaume enclavé que le taux d’infection au VIH est le plus élevé au monde : environ 31 pour cent des adultes sont séro-positifs. En outre, la tuberculose, une infec-tion opportuniste, est endémique avec 1 275 cas pour 100 000 personnes.

Après le diagnostic, Sylvia a travaillé comme conseillère en recherche et dans le cadre de divers projets pilotes avant d’être engagée par Médecins Sans Frontières (MSF) en 2008 pour faire partie de l’équipe composée de huit clients experts. Ces spécialistes travaillent au sein de la communauté. Ils mènent des cam-pagnes, rencontrent les chefs et les dirigeants communautaires et viennent en aide notam-ment aux patients des régions éloignées.

Le Swaziland connaît une grave pénurie de médecins et de personnel infirmier et il est donc impératif de confier certaines tâches à des travailleurs moins formés. Les clients experts permettent à MSF de concrétiser son objectif de transfert de tâches. « Le système de dotation [en personnel] en place ne pouvait satisfaire la demande, » explique Pieterjan Wouda,

coordonnateur de terrain pour le projet de MSF dans la région de Shiselweni. « C’est gaspiller les ressources que d’utiliser un médecin pour faire le suivi médical. Nous sommes parvenus à obtenir des résultats grâce aux clients experts. C’est un système fantastique. »

Au départ, Sylvia était chargée de recruter des clients experts dans la région de Shiselweni, la région la plus touchée des quatre régions du Swaziland, et de leur donner la formation nécessaire. Le nombre de clients experts est passé à 22 en 2010.

« [Nous] avons un rôle clé à jouer dans la di- minution de la stigmatisation, car si les clients voient une personne positive et en santé, ils verront que eux aussi peuvent vivre en bonne santé, » dit elle.

Les clients experts amorcent le test et le trai- tement et encouragent les gens à le suivre rigoureusement. Certains experts se spé-cialisent dans la tuberculose et d’autres tra-vaillent dans les hôpitaux.

Aujourd’hui, Sylvia, qui a 44 ans, travaille comme superviseure psychosociale commu- nautaire dans l’une des trois zones de

Shiselweni, et s’occupe de 12 clients experts dans la communauté.

Cynthia Cebo dlamini, qui est affectée à la clinique de Hluti, en fait partie. En 2004, Cynthia a appris qu’elle était séropositive alors qu’elle était enceinte; son enfant est mort à tout juste six mois. Chaque jour, Cynthia rend visite à une moyenne de cinq à sept patients à leur domicile. Elle organise aussi des rencontres avec jusqu’à 40 clients à la fois. « Je rassemble les femmes pour qu’elles parlent de leur séropositivité à la Liguma (un rassemblement pour les femmes mariées), dans les milieux traditionnels et dans les écoles. »

Malgré ses nouvelles responsabilités, Sylvia continue de voir des clients.

« C’est en moi », dit-elle en se frappant la poi-trine. « En tant que survivante, je peux mon-trer aux gens qu’on peut vivre grâce au traite-ment. Sans traitement, c’est la mort dans les cinq ans. Je leur redonne espoir. »

Barbara SibbaldJournaliste

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Lors d’une mission dans l’est de la République démocratique du Congo, l’urgentologue canadien Raghu Venugopal, originaire de

Toronto, a traité des patients atteints du mal de Pott, ou spondylodiscite tuberculeuse, dont le dos était complètement voûté. Le personnel médical faisait porter à ces patients des corsets afin de maintenir leur dos droit. Un patient porta-it notamment un plâtre qui l’immobilisait du haut du torse jusqu’aux genoux et il pouvait à peine bouger. Cela a laissé Raghu perplexe : « Je n’avais jamais vu de personnes atteintes de cette maladie auparavant, mais je n’étais pas certain que le trait-ement soit bénéfique pour les patients. »

Heureusement, Raghu connaît personnelle-ment de nombreux professionnels de la santé sur qui compter, dont des spécialistes de la tuberculose. Consultés par courriel, ceux-ci lui ont appris qu’un simple support souple et des soins adaptés étaient le meilleur traitement

pour le mal de Pott. Raghu a donc mis ces con-seils en application.

Beaucoup de médecins travaillant pour MSF font face à des problèmes similaires. Ils con-naissent parfois mal les problèmes de santé complexes qu’ils doivent soigner et ils peuvent éprouver de la difficulté à établir un diagnostic. Parce qu’ils travaillent dans des endroits reculés, ils ne peuvent généralement pas demander conseil à leurs confrères comme ils le feraient dans leur pays. Ce ne sont pas tous les médecins qui ont accès à un réseau de spécialistes.

Pour soutenir les membres de son personnel médical et les aider à offrir les meilleurs soins possible, MSF a mis en place à la fin de 2010 un système de télémédecine. Cette interface Web confidentielle et protégée par un mot de passe permet aux médecins et aux coordonna-teurs médicaux qui sont sur le terrain de poser

des questions sur des cas cliniques complexes qui requièrent l’aide de spécialistes. Ainsi, ils ont non seulement la possibilité de décrire des cas cliniques, mais aussi d’envoyer des photos ou des radiographies si besoin. Pour garantir l’anonymat, aucun renseignement permettant d’identifier le patient ne doit être communiqué.

Le système permet de rompre l’isolement des médecins MSF et de permettre à des médecins d’autres pays, notamment issus du monde universitaire, de participer au travail vital de MSF. Il est administré en plusieurs langues par deux opérateurs se trouvant en Europe et par une troisième personne se trouvant au Canada. Cette dernière est Joanne Liu, médecin et ancienne présidente de MSF Canada, résidant à Montréal. « dès que je reçois un courriel m’avertissant d’une demande, j’essaie de trouver un spécialiste pour fournir un conseil », dit-elle. « Généralement, nous répondons aux

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SFDes innovations techniques qui sauvent des vies

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demandes en moins de 20 heures. » dans la plupart des cas, les médecins répondent en l’espace de quelques heures, mais les cas plus compliqués peuvent prendre plus longtemps.

Joanne et les opérateurs basés en Europe sont en contact avec un réseau de 400 bénévoles qui se trouvent dans le monde entier. Ainsi, il est pos-sible de communiquer à n’importe quelle heure de la journée avec des spécialistes qui peuvent fournir une réponse en français, en anglais et en espagnol. Nombre d’entre eux ont travaillé dans des pays en développement et peuvent donner leur avis à des collègues qui œuvrent dans des milieux avec un accès limité à la technologie. Le système de télémédecine possède une fiche dé-taillée sur chaque hôpital de campagne. Ainsi, les spécialistes peuvent connaître les installations et les équipements disponibles sur place. Selon Leslie Shanks, médecin originaire du Canada et directrice médicale au centre opérationnel de MSF à Amsterdam, le nombre de demandes est passé de quelques-unes par mois au début du projet à plus d’une dizaine par semaine.

Raghu, qui travaille actuellement comme coor-donnateur médical au Tchad, prévoit utiliser ce système au cours de sa mission pour garantir que ses patients reçoivent les meilleurs soins possible.

SIMPlIFIER lE DÉPIStAgE DE lA tuBERculoSE Et AMÉlIoRER lES DIAgnoStIcS

dans la ville de Noukous en Ouzbékistan, Jamal Ahmadian Yazdi, un médecin de Terre-Neuve, apprécie particulièrement une autre innovation technique qui permet de sauver des vies : un nouvel appareil de dépistage des bactéries responsables de la tuberculose. Cet appareil est le GeneXpertMd MTB/RIF (aussi connu sous le nom de « GeneXpert ») qui donne souvent un diagnostic plus rapide et efficace.

Cette machine (en photo à droite) peut établir en deux heures si une personne est atteinte de la tuberculose. Elle détermine également si la souche de cette maladie peut être traitée avec de la rifampicine, l’un des médicaments antituberculeux les plus importants et les plus couramment utilisés. Cela constitue une avancée importante, car le test de dépistage habituel de la tuberculose, qui consiste à analyser des expectorations au microscope, présentent beaucoup de contraintes.

« Non seulement GeneXpertMd accélère le pro-cessus de dépistage, mais c’est aussi un appareil facile à utiliser et très fiable », explique Jamal.

« Maintenant, nous avons une meilleure idée du médicament que nous devons donner au pa-tient et à quel médicament le patient répondra. Le taux de guérison devrait aussi être amélioré. L’ancien processus de dépistage donnait sou-vent lieu à beaucoup d’incertitudes. »

Le meilleur taux de précision du nouvel ap-pareil est important, car il est souvent difficile de détecter la tuberculose. Les gens ayant un système immunitaire affaibli, comme ceux atteints du VIH/sida, ont parfois contracté la tuberculose sans que les tests au microscope ne puissent le détecter. Sans traitement, les malades courent un plus grand risque de mourir, mais ils peuvent aussi contribuer à ré-pandre la maladie.

L’appareil facilite également le diagnostic de la tuberculose multirésistante qui est en hausse dans de nombreuses régions du monde. Par exemple, dans un centre de dépistage de MSF au Zimbabwe, le nombre de cas de tubercu-lose multirésistante a triplé dans les six mois suivant l’introduction du nouvel appareil de dépistage, ce qui veut dire que plus de gens sont en mesure de recevoir plus tôt le traite-ment dont ils ont besoin.

Peter Saranchuk, conseiller pour la tubercu- lose et le VIH à l’unité médicale de MSF en Afrique du Sud, explique que le nouvel appareil de dépistage n’est pas parfait, mais que de manière générale, MSF a eu de bons résultats. Cependant, quelques problèmes persistent.

« La difficulté principale est d’ordre logistique », dit Peter. « Pour que l’appareil fonctionne

convenablement, nous devons avoir un appro-visionnement stable en électricité et une tem-pérature inférieure à 30 degrés Celsius. dans de nombreux endroits où nous travaillons, nous avons besoin d’équipements supplé-mentaires qui stabilisent l’approvisionnement en électricité de l’appareil et du climatiseur de la pièce où il se trouve. » Une fois que ces con-ditions sont remplies, l’appareil peut même être utilisé dans des structures médicales plus petites et décentralisées.

Une autre difficulté : le prix élevé de l’appareil, soit environ 17 000 $, et le prix des cartouches pour chaque test s’élevant à 10 $ l’unité. Ces coûts empêchent de nombreuses structures médicales aux ressources limitées d’acquérir cette machine alors que ce sont celles qui ont le plus besoin de meilleurs tests de dépistage pour la tuberculose. Cependant, étant donné que la machine peut éventuellement réduire la durée du diagnostic de la tuberculose et la nécessité de faire d’autres tests (radiographies pulmonaires par ex.), la charge de travail des cliniciens et des techniciens de labora-toire pourrait s’en trouver diminuée, améliorant par la même occasion la rentabilité.

depuis 2011, MSF a introduit des appareils de dépistage sur 25 sites dans 14 pays, dont l’Afrique du Sud, le Mozambique, le Myanmar et l’Ouzbékistan.

claudia BlumeAgente des communications

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Page précédente : À Guri El en Somalie, des mères avec de jeunes enfants attendent qu’un médecin MSF les examine. dans ce projet, MSF a recours à la télémédecine avec un spécialiste médical basé à Nairobi. ci-dessus : La machine GeneXpertMd peut détecter la bactérie responsable de la tuberculose (Mycobacterium tuberculosis) ainsi que la résistance aux médicaments.

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Lorsque des populations fuient un con-flit armé ou qu’un système de santé est défaillant, les femmes enceintes ou sur

le point d’accoucher sont touchées de plein fouet. Pour les femmes qui n’auraient qu’un accès très restreint, voire inexistant, aux soins de santé vitaux dans leur pays, les soins ma-ternels fournis par Médecins Sans Frontières (MSF) dans de nombreux projets jouent un rôle crucial.

Wendy Rhymer est une infirmière sage-femme originaire de Winnipeg. depuis 2007, elle a travaillé dans six projets humanitaires de MSF, notamment en Éthiopie, en Somalie, au Soudan, en Inde et dernièrement au Pakistan où elle était coordonnatrice médicale adjointe.

Pourquoi avez-vous choisi de travailler pour MSF?

wR: J’ai été attirée d’emblée par l’idée que MSF va souvent là où les autres ne vont pas. Les per-sonnes victimes de guerres ou de catastrophes ont le droit de recevoir une aide médicale vitale. de plus, nous fournissons des soins de qualité à nos patients. Ce sont ces aspects qui m’ont at-tirée vers MSF et continuent à me motiver.

Il est vrai que fournir des soins à des per-sonnes dans de telles situations de vulnérabi- lité peut être émotionnellement épuisant. Les heures et la charge de travail peuvent souvent être éreintantes. Pourtant, même pendant la journée la plus difficile, je sais que j’aide des gens, que je change leur vie et donc, que je suis au bon endroit.

Qui compose votre équipe sur le terrain? comment les membres travaillent-ils ensemble?

wR: Cela change beaucoup selon la taille du projet et les besoins médicaux des habitants. Près de 90 pour cent du personnel MSF est ori-ginaire des pays dans lesquels nous œuvrons. En Inde, j’ai travaillé avec 100 employés indiens, parmi lesquels se trouvaient, entre autres, des médecins, des infirmiers, des chauffeurs et des interprètes. Parmi les membres internationaux de l’équipe, il y avait un chef de projet, un lo-gisticien, deux médecins, un infirmier et moi-même, l’infirmière sage-femme.

Au Soudan du Sud, l’équipe comprenait 10 employés internationaux et 150 employés sud- soudanais occupant des postes médicaux et non-médicaux. Mon rôle au Pakistan était différent car je faisais partie de l’équipe de coordination. Avec le coordonnateur médical, j’étais en charge de superviser les programmes médicaux dans quatre hôpitaux. Je fournissais un soutien médical au personnel pakistanais et international, que ce soit les médecins, les infirmiers ou les sages-femmes qui s’occupaient des tâches pratiques. Je faisais aussi des remplacements lorsque c’était nécessaire et j’étais toujours de garde s’il y avait une urgence.

Quelle est le meilleur aspect de votre travail?

wR: Le meilleur aspect de ce travail est en salle d’accouchement, lorsque toutes les complica-tions possibles et imaginables viennent de se produire et que vous n’avez pas réalisé que vous reteniez votre souffle pendant ce temps-là, es-pérant que tout finirait bien… Et puis le bébé ar-rive et après une seconde d’attente interminable, on entend les pleurs du bébé, puis les cris et les applaudissements de tout le monde autour. À ce moment-là, vous retrouvez le sourire et vous vous dites que, oui, tout ira bien. La vie est belle.

Que diriez-vous à une sage-femme qui considère envoyer sa candidature à MSF?

wR: Travailler comme sage-femme pour MSF sera l’une des expériences les plus difficiles, frus- trantes, épuisantes et gratifiantes de votre vie. Parfois, voir le peu de choses que vous pouvez accomplir en raison du manque de ressources vous brise le cœur. Mais d’un autre côté, vous vivez beaucoup de moments miraculeux, par exemple, lorsque le bébé ou la maman survi-vent contre toute attente. À ce moment-là, vous réalisez que vous êtes au bon endroit au bon moment et que vous faites votre travail de sage-femme comme il se doit.

wendy rhymer Infirmière sage-femme

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Le personnel de MSF travaille auprès des populations du monde entier et leur apporte des secours médicaux d’urgence en période de crise. Lisez toute l’actualité de MSF sur Twitter et Facebook.

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AFghAnIStAn Layebe Ignegongba Montréal, Qc Pharmacienne Georgann Macdonald Shelburne, N.-É. Infirmière Ryan MacIver Stouffville, Ont. Logisticien Thierry Poirier Montréal, Qc Logisticien J.L. Talbot-Crosbie Toronto, Ont. Chef de projetAFRIQuE Du SuD Avril Benoît Ottawa, Ont. Chef de projet Nicholas Gildersleeve Frelighsburg, Qc Coordonnateur médicalBAnglADESh Paulo Rottmann Toronto, Ont. Coordonnateur des finances et ressources humainesÉthIoPIE Stephen MacKay Halifax, N.-É. LogisticienhAïtI Maryse Bonnel Morin Heights, Qc Infirmière Lindsay Bryson Beaconsfield, Qc Coordonnatrice médicale Judy-Fay Ferron Louiseville, Qc Spécialiste en eau et assainissement delphine Ferry Montréal, Qc Coordonnatrice des ressources humaines Sébastien Gay Montréal, Qc Logisticien Oliver Sven Schulz Toronto, Ont. Chef de missionInDE Patrice Beaulieu Montréal, Qc LogisticienIRAK Lorna Adams Toronto, Ont. Médecin Sarah Vanessa Atkinson Pemberton, C.-B. Spécialiste en santé mentale Joseph Baugniet North Lunenberg, Ont. Chef de projet Lori demontigny Erickson, Man. Infirmière Stephanie Gee Vancouver, C.-B. Infirmière Nidal Tbaileh Toronto, Ont. Médecin anesthésisteKEnYA Christina Cepuch Fonthill, Ont. Coordonnatrice médicaleKIRghIzIStAn Alexandra Vanessa Ascorra Torres Québec, Qc Analyste biomédicaleMAlAwI Nancy Semkin Toronto, Ont. Agente du développement des ressources humainesMYAnMAR Jean Bédard Québec, Qc Logisticien Elaine Roy Montréal, Qc InfirmièrenIgER Sonia Jérémie Cadet Laval, Qc Médecin Stéphanie Lebel-Rispa Greenfield Park, Qc Infirmière Alphonsine Mukakigeri Montréal, Qc LogisticiennenIgERIA Nicolas Bérubé Québec, Qc Coordonnateur médical Geneviève Biron Montréal, Qc Infirmière Anna Funk Chilliwack, C.-B. Épidémiologiste Ivan Gayton Nelson, C.-B. Chef de mission Patricia Gould Courtenay, C.-B. Infirmière Kanadi Ibrahim Ottawa, Ont. Logisticien Crystal Van Leeuwen Toronto, Ont. InfirmièreouzBÉKIStAn Gregory Scott Delta, C.-B. Administrateur

Alia Tayea Mississauga, Ont. Épidémiologiste Trevor Toy Calgary, Alb. PharmacienPAKIStAn Peggy Mei-Yuk Chan Coquitlam, C.-B. Spécialiste en santé mentale Asha Gervan Toronto, Ont. Agente responsable des affaires humanitaires Karel Janssens Toronto, Ont. Chef de mission Alexandra Marcil Montréal, Qc Pharmacienne Miroslav Stavel Burnaby, C.-B. MédecinRÉPuBlIQuE cEntRAFRIcAInE Lucie Barré Québec, Qc Infirmière Étienne Blais Montréal, Qc Logisticien Piyali Chakraborti Thornhill, Ont. Logisticienne daphne Hemily Toronto, Ont. Logisticienne Mark McCaul Mississauga, Ont. Logisticien Todd Phillips Winnipeg, Man. Chef de projet Kirsty Robertson Toronto, Ont. Infirmière Jaime Zhen-Mei Wah Scarborough, Ont. InfirmièreRÉPuBlIQuE DÉMocRAtIQuE Du congo Grant Assenheimer Edmonton, Alb. Chef de projet Janick Audy Gatineau, Qc Coordonnateur des ressources humaines Julie Bédard Salaberry-de-Valleyfield, Qc Infirmière Laélia Bilodeau Belœil, Qc Infirmière Franciscus Blom Westmount, Qc Coordonnateur des finances Martine Bouchard St-Jérôme, Qc Infirmière Patrick Boucher Québec, Qc Coordonnateur médical dawn Catherine Brinkman Vancouver, C.-B. Logisticienne Laura Crickett Toronto, Ont. Logisticienne Bertha Fuchsman-Small Sainte-Anne-de-Bellevue, Qc Médecin Tomislav Jagatic Tecumseh, Ont. Médecin Sarah Lamb Kanata, Ont. Chef de projet Hélène Lessard St-Georges, Qc Coordonnatrice des finances Judith Letellier Montréal, Qc Chef de mission adjointe Melissa Maurus-Liben Montréal, Qc Infirmière Ellen Rachel Morgan Toronto, Ont. Administratrice Anne O’Connor Toronto, Ont. Infirmière sage-femme Nicolas Perez Montréal, Qc Logisticien Ashley Sharpe Halifax, N.-É. Infirmière Elise St-denis Québec, Qc Agente en information, éducation et communicationRÉPuBlIQuE Du congo Sara Badiei Coquitlam, C.-B. Logisticienne

SouDAn Kevin Coppock Toronto, Ont. Chef de mission SouDAn Du SuD Syed Imran Ali Toronto, Ont. Spécialiste en eau et assainissement Nicole desi Toronto, Ont. Infirmière Pascal desilets Ottawa, Ont. Logisticien Anabel deumier Montréal, Qc Spécialiste en eau et assainissement Jean-François dubé Stratford, Ont. Logisticien Tyler Foley Oromocto, N.-B. Coordonnateur médical adjoint Melissa How Calgary, Alb. Infirmière Michael Minielly Belleville, Ont. Logisticien Claudine Marie Peleo-Castro Toronto, Ont. Médecin Robert Sanda Calgary, Alb. Chirurgien Rachelle Seguin Longueuil, Qc Chef d’équipe médicale Abdullah Shah Toronto, Ont. Logisticien Nila Somaia Vancouver, C.-B. Spécialiste en santé mentale Michael Talotti Bowmanville, Ont. Administrateur Michael White Toronto, Ont. Chef de mission Rosanna Wilson Vancouver, C.-B. Infirmière Jason Van dyke Pembroke, Ont. LogisticienSwAzIlAnD Jessica Burry Ottawa, Ont. Pharmacienne Joanne Cyr Montréal, Qc Spécialiste en santé mentale Serge Kaboré Québec, Qc Coordonnateur médical Pieterjan Wouda St-Lambert, Qc Chef de projetSYRIE AnneMarie Pegg Yellowknife, T.N.-O. Médecin Claudette Seyer Outremont, Qc InfirmièretADjIKIStAn Andrew Bohonis Thunder Bay, Ont. LogisticientchAD Comlan Paulin Amoussou Montréal, Qc Médecin Ève Charbonneau Sainte-Flavie, Qc Infirmière Réjean Côté Wickham, Qc Chef de projet Ritu Gambhir Toronto, Ont. Agente responsable des affaires humanitaires Fabienne Gilles Toronto, Ont. Coordonnatrice des ressources humaines diana Nicholson Rosser, Man. Spécialiste en eau et assainissement Raghu Venugopal Toronto, Ont. Chef d’équipe médicaleYÉMEn Miriam Lambert-Lindsay Saint-Joseph-de-Coleraine, Qc Chef de projet Céline Langlois Montréal, Qc Infirmière

DÉpêChESMédecins Sans Frontières (MSF)720, av. Spadina, bureau 402Toronto (Ontario) M5S 2T9Tél. : (416) 964-0619Téléc. : (416) 963-8707Sans frais : 1 800 982-7903Courriel : [email protected]

www.msf.ca

Rédactrice : linda o. nagy directrice de la rédaction : Micol ZarbCoordonnatrice de la traduction : Jennifer OcquidantCollaborateurs : Jose Bafoa , Claudia Blume, AnneMarie Pegg, Roberto Scaini, Barbara Sibbald

Photo de la couverture : © Brigitte Breuillac / MSF

Tirage : 109 000Graphisme : Tenzing CommunicationsImpression : Warren’s Waterless Printing Inc.Hiver 2013

ISSN 1484-9372

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lES cAnADIEnnES Et cAnADIEnS En MISSIon

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DONS TESTAMENTAIrES pOUr MSF

Lorsque des personnes perdent tout à cause d’une catastrophe naturelle, d’une guerre ou d’un conflit, elles ne sont plus en mesure d’envisager les prochaines étapes de leur vie, mais nous pouvons les y aider. Grâce à votre appui futur, MSF pourra répondre rapidement et efficacement, souvent en l’espace de quelques heures, à une urgence médicale imprévue.

En prévoyant votre succession dès aujourd’hui, vous nous donnez les moyens de sauver des vies dans l’avenir.

Pour en savoir plus, appelez-nous au 1 800 982-7903 et demandez à parler directement à la personne en charge des dons testamentaires ou envoyez-nous un courriel à [email protected].

Lauréat du prix Nobel de la paix 1999

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