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EANEpub:978-2-84024-897-2©ÉditionsdesBéatitudesSociétédesŒuvresCommunautaires,janvier2015Conceptiondelacouverture:mc-design–MartinCasteresIllustrationdecouverture:©Gettyimage/JustinCase

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quitté le foyer lorsqu’il avait trois ans. Il refuse l’amour d’unDieu qu’il s’imagine masculin. » Même chose chez despersonnesdontlepèreétaittyrannique.Laprièreresteformelle,bloquée au niveau intellectuel : des formules débitéesmachinalement, sans cœur6. Freud, par exemple, rejetait lacroyanceenunDieucéleste,invoquésouslevocablede«Père».Certainesétudessurlaviedupsychanalysteontdémontréquecelui-ci éprouvait un réel mépris envers son propre père. Lephilosophe Jean-Paul Sartre, qui trouvait ridicule de croire enDieu, était orphelin de père. Tandis que Nietzsche, lephilosophede« lamortdeDieu», se retrouveprivédepèreàquatreans.Dequoiréfléchir…

Jésus,lethérapeutedela«blessuredupère»Mais d’abord, qui est le père de Jésus ? Joseph ? Le Père

céleste?OnpeutdirequeJosephestlepèredeJésus,mêmes’iln’est

passongéniteur,encesensqu’ill’areçuetadoptécommesonpropre fils.D’ailleurs, tout père doit apprendre à recevoir sonenfantdanssoncœur,à l’adoptercommesonpropre filsousapropre fille, c’est-à-dire à lui donner un nom, une identité, àl’éduquer, l’instruire, assurer sa subsistance et l’aimer. C’estbien autre chose que d’être un simple géniteur ou le pèrebiologique. L’Enfant Jésus s’est identifié à lui, il a été sonmodèle.Josephaccepted’élevercetenfant,deluienseignerunmétier, il l’introduitdans lescoutumes religieusesetcivilesdesontemps,ill’initieàlaprièrequotidienneàlamaisoncommeàla synagogue.À l’âgededouzeans, au seuilde l’adolescence,Jésus rompt lecoconfamilial (cf.Lc2,41-52).Sesparentsnecomprennentpas,ilsensouffrent:«Monenfant,pourquoinousas-tu fait cela?Vois, tonpère etmoi, nous te cherchons toutangoissés. » (2, 49) Cette rupture blesse les jeunes parents ;

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poureux, l’enfant s’opposeà leurvolonté. Jésusa franchiuneétape:ilestunadolescenttypique,qui«s’oppose»pourse«poser »,mais lui, en tant queFils deDieu :«Ne saviez-vouspas qu’ilme faut être chezmonPère ? » (2, 50.)Dès lors, ilrévèle sa vraie nature, celle d’être d’un côté fils de Joseph etMarie,« en leur étant soumis » (2, 51), et de l’autre, Fils deDieu, appelé« auxaffairesduPère».Soumis à Joseph, Jésusaccepte les règles familiales, il reconnaît chez son pèrel’éducateur qui le structure et forme en lui une volonté ferme,capable de bâtir sa vie d’homme. C’est tout d’abord entre lesbrasdeJosephquel’EnfantJésusbalbutie«abba,papa»,avantde se tourner définitivement vers Celui dont il est le Fils, «l’Abba»duCiel.Maintenant,lerôledupèreadoptifsetermine,pour céder le pas au Père céleste. Profonde communion,étonnantecomplicitéentre l’humblecharpentierdeNazarethetlemystèreduPère.Enluidonnantsonidentitédefilsd’homme,Josephl’enracineégalementdansunelignée,celleduroiDavid,tandisquelePèrelesacreMessieetFilsdeDieu.Notre identité personnelle d’homme et de femme ne

s’enracine-t-elle pas aussi dans une identité encore plusprofonde,cellequifaitdenousdesfilsetdesfillesduPèredansleFilsdeDieu?LalettreauxHébreuxl’attesteainsi:« Aussi ne rougit-il pas (le Fils) de les appeler ses frères et de dire :J’annonceraitonnomàmesfrères.[…]“Mevoici,moietlesenfantsquetum’asdonnés.”Ainsidonc,puisquelesenfantsontencommunlesangetlachair,luiaussipartagealamêmecondition.»(He2,11-14)

Frères de Jésus, notre identité profonde se fonde dans laparoleduPère:«Tuesmonfils,mafillebien-aimé(e),entoijemetstoutmonamour.»(cf.Lc3,21-22;Mt3,13-17;Mc1,9-11)Nos racineshumainesplongent enDieu, elles pénètrent lecœur du Père. L’évangéliste Jean illustre cette déclaration paruneparaboletiréedesonterroir:

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«Jesuislecep,ditJésus,etvous,lessarments,monPèreestlevigneron.Celuiquidemeureenmoietenquijedemeure,celui-làproduiradufruitenabondance.»(Jn15,1-5)

Aussi, je l’affirme avec conviction : l’adulte accompli, c’estceluiquiaatteintsapleinematuritéd’enfant…deDieu!Aiméill’est,illesera,pourl’éternité.Jésusneditpaslecontraire:« Si vous ne changez et ne devenez comme des enfants, non, vousn’entrerezpasdansleroyaumedescieux.»(Mt18,3)

Aïe!J’entendsdéjàtouteunecohortede«psy»sescandaliser: « Infantilisme ! Immaturité affective ! Soumission ! Cescroyants immatures soumis à un père imaginaire de crainted’affronterleréel…!»Certainementn’avons-nouspaslamêmevisiondece«Père-là».LePèrerévéléparJésus,loindenousverrouillerdansl’infantilisme,nousenlibèreaucontraire.Ilestla sourcedenotreêtreet legagedenotre liberté, lui«dequitoutvientetversquinousallons»(1Co8,6).Ilestlavoixtoutau fond de notre conscience, qui nous oriente vers ce qui estjusteetconstructeurdenotrepersonnalité:«LeFilsnepeutrienfairedelui-même,maisseulementcequ’ilvoitfaireauPère;carcequefaitlePère,leFilslefaitpareillement.»(Jn5,19)

LeFilsestenparfaitaccordaveclavoixquirésonneenlui,enperpétueldialogueaveclePère(cf.Jn12,49-50).Tousdeuxontlemêmeprojet:allerjusqu’auboutdel’amour,resterfermesurce chemin qui monte au Calvaire avant de culminer dans lalumière de laRésurrection.Le Fils ne subit pas la volonté duPère, elle est juste pour lui, il la vit dans la confiance, enparfaiteconcordanceaveclui.Decedialogue,leFilsdécideduchemin à suivre, librement. Rien ni personne ne pourral’arracherdelamainduPère:ildemeureinvulnérable,fortdelaforceduPère(cf.Jn10,27-28).De la même manière, le Père nous ouvre à toute sagesse et

intelligence spirituelle pour discerner ce qui est juste et bon

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sur moi, pour le briser à tout jamais contre le roc de lamiséricorde. Une seule condition : regarde-moi, attache-toi àmoi,nemelâchepasd’unesemelle,distonouideconfianceauPère, glisse ton oui dans le mien, accepte d’être aimé sanscondition,d’êtrepardonnésansouimais…»!En écrivant ces lignes me revient en mémoire ce charmant

souvenir.Jerepenseàcetenfantdetroisansquigribouillaitundessin pour samaman.Comment appréciera-t-elle le brouillonmulticolore de son petit artiste en herbe ?L’enfant le lui tendavec tantde confiance et d’amourque samère en tressailledebonheur.Dieunenousendemandepasplus:offrirlebrouillondenosviesaveclaconfianceetl’amourd’unenfant,sansretoursursoi.Reteniroulâchersonbrouillon,c’estlaclefdusalutoudesténèbres…Au terme de sa longue route, l’homme, écrasé contre la

poitrine du père, récite sa leçon, mais ce dernier n’en a curetellement sa joie est immense.L’hommea lâché sonbrouillon.Lepapierfroissés’estenvolé.Laseulechosequicomptepourlepère,c’estdesoignerlesblessuresdufils,causéesparsonrefusdu père. Tant que nous n’aurons pas compris que Dieu nes’intéressequ’ànotredétresse,nousdouterons toujoursdesonamourpournousetnousresteronsà l’écart, serrantdansnotrepoing le brouillon de nos vies. Le péché n’atteint pas Dieupuisque Jésus l’a broyé définitivement sur la croix. Le péchéblessel’homme,leproblèmeestdenotrecôté.Àl’imagedupèredelaparabole,Dieunepeutquecourirversnousetsupplier:«Laisse-toiaimer, laisse-toipardonner,reviens!»CequiatteintDieu,c’estcettedistancemortellequenousmettonsentreluietnous,etquil’empêchededéverserennoscœursl’amourinfinicontenudanslesien.L’homme s’attendait au juge et le voici fils entre les bras du

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père:«Tuesmonfilsetmoijet’aime!»,parolesqui,autrefois,coulaientsurlecœurdesonpetitderniercommelapluiesurlesplumesd’uncanard.Aujourd’hui, elles lepénètrent et formentunesourceintarissable.Les gestes du père témoignent que l’homme appuyé sur sa

poitrineestunfils:«Ilcourutsejeteràsoncouetlecouvritdebaisers»!DansleregarddecePèredivin,toujourslemême,ànotretour

nousretrouvonsnotrestabilitéetnotreidentitéprofondedefils.Quelsque soient nos erreurs et nos errances, nosdérapages etnospéchés,nosmaladiesetnoshandicaps,nosrévoltesetnoscolères, nos carences d’amour et nos enfances blessées, nousrestons ses enfants. C’est au lieu même de notre identitéreconnueet retrouvéequenous recevons la forced’avancer,decroire en nous, et la joie de vivre malgré les obstacles duquotidien.LeregardduPèreestthérapeutique.Accueilli,lefilssera capable d’être lui aussi père un jour. Un père qui saurafortifier les faibles et ceuxquimanquentd’assurance, sans lesretenirpour luiouvouloirà toutprixêtreaiméd’eux.Lepèredufilsprodiguenesesouciepasdesonbien-êtrepersonnel,saseule préoccupation est d’être là pour son enfant. Enfin, nousvoici déliés de nos peurs de Dieu, un dialogue nouveaus’instaure entre un Père et son fils, un dialogue de confianced’où jaillira la réponsedontnousavionsbesoinpournotrevie(cf.Rm8,14-16).De mon côté, personnellement, je saisis peu à peu que

l’apprentissage de la paternité spirituelle s’insère dans uneexpériencedemiséricorde.Écoledemiséricordeoùj’apprendsàgrande vitesse à vivre en fils à l’égard du Père. Miséricordedivinedanslaquellejeremetsmescarencesaffectives,mespeursdupère,monenfanceblesséeetcetteimmaturitéquimepousse

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souvent à vouloir être gentil avec tout le monde afin d’êtrereconnu et approuvé. Miséricorde à la lumière de laquelle jebiffe les caricatures du père autoritaire, tyrannique et juge.Miséricordedanslaquellejepeuxgrandiretm’identifieraupèredelaparaboledeLucpourdécollerdecelledufilsuniquement.Miséricordequi,inévitablement,croiselechemindemonproprepère,cethommedont jeporte les traitset la ressemblance.Cepèreàquijeveuxdemanderpardondel’avoirjugé,contrequi,enfant,jemesuisrévolté,ravalanttantdefoismasalivedevantsonautoritéquelquefois tyrannique.Cepèreàqui jepardonneses imperfections, ses manques de tendresse et d’écoute, quim’ont si souvent plongé dans l’insécurité, et ce sentiment denullitéquivouscollelongtempsàlapeau.Ettouscespardons,jelesplongedanslefeudelamiséricordedivinequisaitdonneret redonner à chacun sa véritable personnalité. Je ne puisaccueillir Dieu comme Père en dehors de ce chemin deréconciliation.Àl’instantoùj’écrisceslignes,monpèreestenfindevie, alitédansunhomepourpersonnesâgées. Je fais laconnaissancedemonpèresousunautrejour,fragile,mendiantl’amour. Un homme qui a « toute sa tête »,métamorphosé enenfant paisible, soumis et abandonné, si loin de celui que j’aicôtoyénaguère.Sonvisageestserein.Lesgrandes tempêtesdesaviesesontapaisées.Toutestcalme.Lesrôlessontmaintenantinversés.À l’époque, il était de coutumed’embrasser sonpèrelorsdeses retoursà lamaison.Celamecoûtaitdedéposerunbaiser sur sa joue piquante, à demi rasée. Lui n’embrassaitjamais. Aujourd’hui, c’est lui qui me saisit par le bras etm’embrasse comme si j’étais son père. Au-delà des mots quijetteraientuntroubleinutile,cespetitsgestes,cesregardsfurtifssignent une réconciliation vraie et profonde. Je peux regardermonpèredroitdanslesyeuxet,delà,accueillirDieucomme«monPère».LablessureserefermeetDieumedévoilesonvrai

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Plustardencore,lorsqueJérémie,mépriséparsesadversaires,se lamente etmenace de fuir, le Père lui prodigue conseils etsoutien:«Situreviensetquejetefaisrevenir,tutetiendrasdevantmoi.Si,decequi est vil, tu tires ce qui noble, tu seras comme ma bouche. Euxreviendrontvers toi,mais toi, tun’aspasàrevenirverseux.Je feraidetoi,pourcepeuple-là,unrempartdebronze fortifié. Ils lutterontcontretoimaisnepourrontriencontretoi,carjesuisavectoipourtesauverettedélivrer.»(Jr15,19-20)

Àpeineapaisé,voiciqueleprophèteserévoltecontreDieu,ilsedébat,semetencolèrecontrelui,neveutplusjamaispenseràceDieuquiabiensuleséduire,maispourlelâcherensuite.Ondirait un adolescent encore fusionnel avec ses parents, quis’agrippeàeux,maisnetrouvepassapropreautonomie:«Tum’asséduit,Seigneur,etjemesuislaisséséduire.[…]J’entendslescalomnies de beaucoup : Terreur de tous les côtés ! Dénoncez !Dénoncez-le!Tousceuxquiétaientenpaixavecmoiguettaientmachute.»(Jr20,10)

Longueplaintequidébouchesuruncrideconfiance:« Mais le Seigneur est avec moi comme un héros puissant, mesadversairesvonttrébucher,vaincus.»(20,11)

En se taisant parfois, le Seigneur apprend à ses enfants àmarcher tout seuls, à trouver leur propre chemind’adulte, toutétantcontinuellement,maisdiscrètementprésent,telunpère:« Les adolescents se fatiguent et s’épuisent, les jeunes ne font quechanceler, mais ceux qui espèrent dans le Seigneur renouvellent leurforce, ils déploient leurs ailes comme des aigles, ils courent sanss’épuiser,ilsmarchentsanssefatiguer.»(Is40,30-31)

1VoirlesmanuscritsautobiographiquesdesainteThérèse,(MS)A,B,C.2ConférenceprononcéeàLausanneen1956.3Lirel’ensembledumanuscritCquiportesurlacharitéfraternelle.

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4 Voir aussi Joël Pralong, Angoisse, dépression, culpabilité, un chemind’espéranceavecThérèsedeLisieux,EDB,2010;Delafaiblesseàlaforce,PauletThérèse,unchantd’amouràdeuxvoix,EDB,2008;Marie-JosephHuguenin,L’oraisonselonThérèsed’AvilaetJeandelaCroix,EDB,2010.Voir JoëlPralong,Vaincre ses peurs et croire en l’avenir, EDB,Nouan-le-Fuzelier,2014,p.87-106.5Voirmonlivre:MaisquiaditqueDieun’aimaitpasleshomos?éditionsSaint-Augustin,Saint-Maurice(Suisse),2013.6Lanotionde« senscommun» se rapporteàune formedeconnaissanceregroupant les savoirs socialement transmis et largement diffusés dans uneculturedonnée:normes,valeursetsymboliques(Wikipédia).7VoirLeNouvelObservateurdu01.11.2013,http://leplus.nouvelobs.com8 JacquesVerlinde,L’idéologiedugendercomme identitéreçueouchoisie?,éditionsLelivreOuvert,MesnilSaint-Loup,2012,p.21.9Ibid.,p.37;50.10«Homosexualité»,quidésigneuneorientationsexuelle,àdifférencierdesacteshomosexuels.11L’identitémasculineenquestion,Mediaspaul,Paris,2005,p.19.12CEC§2357-2359.13 Antonio Spadaro sj, directeur de laCiviltà Cattolica, le 19 août 2013.Interview. Pour aller plus loin, voir mon livre :Mais qui a dit que Dieun’aimait pas les homos ? éditions Saint-Augustin, Saint-Maurice (Suisse),2013.14Voirl’excellenteanalysedeLyttaBassetsurlepersonnagedeJacob,dansSainte colère, Jacob, Job, Jésus,Labor etFides,Bayard,Genève, 2002, p.42-70.

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Chapitre3

UNTRAITEMENTDECHOC:L’ABBA-THÉRAPIE

Ne cherchez pas l’expression dans le dictionnaire ni surWikipédia, vous ne la trouverez pas ! Ce mot surgit d’uneintuitionpurementpersonnelle,lamienne…Lelecteurquiaeule courage de me lire jusqu’ici pourra aisément en donner ladéfinition. Nous nous situons maintenant en plein climatspirituel,danscettepartiedel’âmerestéeviergedetouteatteintenégative, de toute blessure affective, ce lieu intime, cette «chambresecrète»,làoùlePèrenousattend:« Et toi quand tu veux prier, entre dans ta chambre la plus retirée,verrouille ta porte et adresse ta prière à ton Père qui est là, dans lesecret.[…]VotrePèresaitcedontvousavezbesoin.»(Mt6,6-7)

Le Père sait, il connaît nos blessures, il veut nous guérir.L’Abba-thérapienousconduitàéprouverlePèrecommeamour,miséricorde,confiance,dialogue,à l’opposédu jugementetdulégalisme. En dehors de cette conversion, toute thérapiespirituelles’avèresansrésultat.

DelasuspicionàlacommunionLedrameestannoncédèslecommencementdel’humanité:«

J’aieupeuretjemesuiscaché.»(Gn3,10)Désormais,Dieun’estplusqu’unecaricature,delamêmemanièrequ’onsecolledesétiquetteslesunsauxautres:lasuspicionplanesurtoutlemonde(cf.Gn3,12-13),ellebrouillel’identitédespersonnesetsuscite laméfiance, la haine, le rejet.Mais voici que « Dieu,riche enmiséricorde à cause du grand amour dont il nous a

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entrelesbrasd’uncamarade,sansnommercedernier,etdansunsilence le plus total ! L’épreuve réussie, les sentiments desjoueurs étaient unanimes : d’abord une peur bleue, puis laconfiancefaiteaucamaradedederrière,maisleplushorrible,çaaétédeselâcher,des’abandonnerauvide.Maiss’ilsl’ontfait,c’était juste pour ne pas perdre la face devant les autres !L’abandondansl’épreuve,c’estleplusdifficile.Jésusl’avécu,nonpournepasperdre la face,maisdansuneconfiance totaleau Père lors de son agonie au jardin desOliviers, puis sur lacroix(cf.Mt26,39;Lc22,42-43;23,46;Mc14,36).Dieuattend de nous cette totale confiance-abandon pour agir dansnosvies.Cesdeuxvertuss’entraînentcommeleparachutistequiselancedanslevide,ellesseforgentsurtoutaucreusetdenosépreuvespersonnelles.DanslesÉvangiles,Jésusleurdonneunpouvoirexceptionnelàencroirel’épisodedel’aveugleBartimée(cf.Mc10,46-52).AupassagedeJésussurlechemin,ilsemetàhurler:«FilsdeDavid,Jésus,aiepitiédemoi!»Onveutlefaire taire, mais lui crie de plus belle. Jésus ne peut resterindifférentàcecride…confiance!Jésusdit:«Appelez-le!»Etcette fois-ci, c’est l’entouragequi le stimule :«Confiance,lève-toi, il t’appelle ! » Et c’est l’abandon :Bartimée se lève,lâche sonmanteau, court dans la nuit (il est aveugle), sûr queJésuslerattraperaauvol.Jésusvaréagiràlamanièred’unpèrequi fait appel à la collaboration de son fils spirituel, toutd’abordenmettantàjoursondésirprofond:«Queveux-tuquejefassepourtoi?»Autrementdit:«Raconte-moitonhistoire,à quoi aspire ton cœur véritablement, quelle est ta vraiesouffrance?»Réponsedel’aveugle:«Quejerecouvrelavue!», en grec anablepô, qui signifie « voir plus haut ». AnselmGrünprécise :«L’aveuglevoudraitqueJésusfasseenquelquesorte qu’il puisse voir à nouveau. Mais pas seulement qu’ilpuissevoircequil’entoure,lemondeextérieur,maisaussiqu’il

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redevienne capable de porter le regard vers le ciel et Dieu. Ils’agitd’unevuequidirigeleregardverslehautetquipermetenmêmetempsdevoirDieuprésentdansl’homme.C’estunevuepleine d’espoir1. » Et Jésus guérit l’aveugle : « Va, ta foi t’asauvé.»Lafoi,laconfiance,c’estlamêmeracinequesefier,seconfier à quelqu’un, s’appuyer sur lui.Dans ce passage, Jésusdonneungrandpouvoiràlafoi,àlaconfiance.Ilenappelleàlaresponsabilité de l’homme : Bartimée croit, bouge, se lance,s’abandonneenfin…Enquelquesorte,c’estlafoiquimetlefeuaux poudres, qui déclenche l’action de Jésus.La confiance enDieuforgelaconfianceensoi-même,lacertitudedevaincresespropres peurs, de dépasser ses timidités. La confiance c’est lasignature du Père en nous, elle nous guérit de nos insécuritésliées à la « blessure du père », de nos peurs d’être jugés,critiqués,denepasréussir.CommeBartimée,ilfaut«voirplushaut », s’appuyer sur le Père. Alors, les inquiétudesdisparaissent:«Nevousinquiétezpaspourvotrevie.[…]Ilsaitbien,votrePèrecéleste,quevousavezbesoindetoutesceschoses.Cherchezd’abordleRoyaumeet la justicedeDieu,et toutcelavousseradonnéparsurcroît.Nevousinquiétezdoncpaspourlelendemain:lelendemains’inquiéteradelui-même.Àchaquejoursuffitsapeine.»(Mt6,25,33-34)

Êtrefils,c’estêtrecapabledevivrelaconfianceauquotidien,de remettre entre lesmains du Père l’événement difficile, unerencontrequifaitpeur,uneportequis’estlourdementreferméesurmes attentes, un lendemainqui s’annonce terrifiant…sanspourtantreculeretbaisserlesbras:«Père,commeJésusetavecJésus, jedisoui, jeveuxm’engager, affronter l’événement, sûrque ta grâce m’a déjà précédé et que tu seras là lorsque j’enaurai le plus besoin. Oui, Père, à l’exemple de Bartimée,j’abandonne toutes mes sécurités et prévisions, mon espritd’indépendance qui ne veut en faire qu’à sa tête, pour ne

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compterquesurtoi,quesurtonimmensemiséricorde!»Être fils, cela s’apprend aussi au seind’une fraternité, d’une

communiondefrèresetsœurs.SiBartiméeselanceversJésus,c’estaussiparcequed’autreslesoutiennentetcréentunclimatde confiance autour de lui : « Confiance, il t’appelle ! »,l’amourfraterneldevenantthérapeutique.

Vivreenfrère:ledéfidelaconfianceauxautres«Supportez-vous les uns les autres », dit saint Paul (Col 3,

13),certes,maissoyezaussilessupporterslesunsetdesautres,alorsvousproduirezdelaconfianceetdel’enduranceentrelesunsetlesautres.Grâceà l’Abba-thérapie, lasuspicion jetéesurDieudisparaît

peuàpeu,ainsiqueleclimatdesuspicionentrefrères.L’autrereprésenteencoreunemenace,unennemipotentiel.Animéparl’amourduPèreetduFils,lefilss’engageàbâtiruneambiancefraternelle empreinted’estimeetde confiance réciproques.Cetengagementau servicede lacommunion,quidemandecourageet détermination, est thérapeutique quand on souffre de la «blessuredupère»encesensqu’ellechangeleregardportésurl’autre et pousse l’autre à changer son comportement. À sesupporter mutuellement, on finit alors par se porter et parfranchements’aimerlesunslesautres.Delànaîtlasécurité,laconfiance en l’autre. C’est la communion-thérapie ! Elle nousjette dans le combat spirituel. Contre les passions égoïstes :désirs immodéréset sans limites, la jalousie, lesmédisancesetles jugements, la violence qui prend le dessus, la haine contretouteformed’autorité,lebesoindesemettreaucentreetd’avoirtoujours raison, etc. Pour faire preuve de patience, dediscernement, d’écoute, de bienveillance et de charité touteévangélique.Lacharitéquiémaneducœurets’incarnedansnoscomportementsvientdel’Espritd’amour(cf.Rm5,5)duPère

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– Pralong Joël, Angoisse, dépression, culpabilité, Un chemind’espéranceavecsainteThérèsedeLisieux,EDB,Nouan-le-Fuzelier,2010.

–Pralong Joël,De la faiblesse à la force,Paul et Thérèse deLisieux, un chant d’amour à deux voix, Nouan-le-Fuzelier,2008.

– Pralong Joël,Vaincre ses peurs et croire en l’avenir, EDB,Nouan-le-Fuzelier,2014.

–PralongJoël,MaisquiaditqueDieun’aimaitpasleshomos?,éditionsSaint-Augustin,Saint-Maurice(Suisse),2013.

–PralongJoël,UnÉvangilepourlesséparés,lesdivorcés,lesremariés, éditions Saint-Augustin, Saint-Maurice (Suisse),2014.

– Schönborn Cardinal, La joie d’être prêtre, EDB, Noua-le-Fuzelier,2009.

–ThérèsedeLisieux,Manuscritsautobiographiques.–VerlindeJacques,L’idéologiedugendercommeidentitéreçueou choisie ?, éditions Le livre Ouvert, Mesnil Saint-Loup,2012.

–WinowskaMaria,L’icôneduChristmiséricordieux,MessagedeSœurFaustine,éd.Saint-Paul,Paris,1963.

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TABLEDESMATIÈRES

Couverture

4edecouverture

Copyright

titre

Ouvragesdumêmeauteur

OuvertureLegoélandblessé

Chapitre1Cespèresabsentsquiposentproblème

Papacooletmamanpoule

Papa,t’espasmoncopain!

J’aimalàmonpère!

Jésus,lethérapeutedela«blessuredupère»

Chapitre2Desfilsdésabusésenquêtedepères

La«blessuredupère»chezsainteThérèsedeLisieux

Thérèse,filleduPère

LeregardduPèremeguéritdelablessuredemonpère(Jacques,

46ans)

DécouvrirlevraivisageduPère

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SaintPauletsa«blessuredupère»

Lathéoriedu«genre»,symptômed’unesociétésansPère

Homosexuel-le,doncévincé-eduprojetduPère?

Pèreabsent,mariagebranlant!

Dieuappelledes«sanspère»àêtrepères

Chapitre3Untraitementdechoc:l’Abba-thérapie

Delasuspicionàlacommunion

LesacrementdelaMiséricorde,sceaudenotreidentitédefils

Lagrâcedupèrespirituel

L’apôtrePaul,pèrespiritueldeTimothée

Chapitre4Lacommunion-thérapie:traitementdesoutien

Vivreenfils:ledéfidelaconfianceetdel’abandonauPère

Vivreenfrère:ledéfidelaconfianceauxautres

Vivreenpère:ledéfidelaconfianceensoi

ConclusionLegoéland,léger,areprissonenvol

Nosblessuressontdessources

Papa,j’aimeraisacheteruneheuredetontemps!

Conclusionbis:lamortdemonpère

Bibliographie

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