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À LÉCOUTE DU JEUNE BALZAC Roland Chollet et Stéphane Vachon

À du l jeune écoute Balzac Roland Chollet et Stéphane ... · Roland Chollet Directeur de recherches au C.N.R.S., Roland Chollet a publié La Comédie humaine, Les Cent Contes drolatiques,

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À l’écoute du jeune Balzac

Roland Chollet et Stéphane VachonÀ l’écoute du jeune Balzac

L’écho des premières œuvres publiées (1822-1829)

Le « jeune Balzac », celui que l’on appelle parfois de façon commode « Balzac avant Balzac », est une fiction en quête d’auteur, et on est tenté de se demander si ce Balzac a jamais existé. En 1819, au sortir de l’ado-lescence, il n’est qu’un petit clerc d’avoué en rupture de basoche et qui prend acte de deux fatalités modernes incontestablement révolutionnaires : le roi est mort, notre âme n’est plus immortelle. Ce seront les thèmes de ses deux premières œuvres (Cromwell et le Discours sur l’immortalité de l’âme). L’ambition du débutant s’érige sur ce vide prometteur. Comment le « jeune Balzac », dépassant ce solipsisme initial, en est-il venu à écrire Le Dernier Chouan, prélude à La Comédie humaine ? Nous avons réuni tous les documents susceptibles d’éclairer cette improbable et tardive mutation qui demanda dix ans.Ces années cruciales, détaillées dans notre ouvrage, ne forment pas, dans la carrière de Balzac, une séquence régie par les contraintes chronologiques d’un avant et d’un après. Ceci est important. Nous n’avons pas affaire ici à une « tranche de vie », à un « épisode » biographique, au récit d’une crise morale, mais à un drame dans un drame — drame humain et littéraire au sein du drame historique et social —, à un récit concentrique délimité par deux dates. La première est la mort de Louis XVI ; la seconde, en 1829, la mort du père de Balzac, qui coïncide avec la publication du Dernier Chouan et avec l’adoption par Honoré de son patronyme, solennel avènement d’un nouveau règne balzacien.

Textes présentés par Roland Chollet avec la collaboration de Stéphane Vachon, réunis et annotés par Stéphane Vachon avec la collaboration de Roland Chollet.

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ISBN 978-2-84292-272-6

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60 $ 40 ˆ

Stéphane Vachon

Professeur au Département des littératures de langue française de

l’Université de Montréal, Stéphane Vachon a publié en 1992 Les Travaux et les jours d’Honoré de Balzac (Presses du CNRS/PUV). Il a, depuis, dirigé,

codirigé ou copublié La Recherche littéraire (XYZ/PUV, 1993 ; nouv.

éd. augmentée, 1998), Itinéraires du dix-neuvième siècle I (Centre d’études

romantiques Joseph Sablé, 1996), Balzac. Une poétique du roman (XYZ/

PUV, 1996), Le Portatif d’histoire littéraire (U de M, 1998), Itinéraires du dix-neuvième siècle II (Centre d’études

romantiques Joseph Sablé, 2001), Réflexions sur l’autoréflexivité balzacienne

(Centre d’études romantiques Joseph Sablé, 2002). Auteur d’un Balzac

dans la collection « Mémoire de la critique » (PUPS, 1999), de Le Dernier

Balzac (Du Lérot, 2001), de Les Rivalités d’Honoré de Balzac. Analyses et documents (Société des Amis de Balzac,

2007) et de 1850. Tombeau d’Honoré de Balzac (XYZ/PUV, 2007), préfacier

de l’édition fac-similé du manuscrit d’Illusions perdues. Les Deux Poètes

(Verdier, 2010), il a en outre donné au Livre de poche des éditions du

Colonel Chabert (1994), du Père Goriot (1995), des Rivalités. La Vieille Fille,

Le Cabinet des Antiques (2006) dans la collection « Classiques de poche », et

les Écrits sur le roman de Balzac dans la collection « Références » (2000).

Roland Chollet

Directeur de recherches au C.N.R.S., Roland Chollet a publié La Comédie humaine, Les Cent Contes drolatiques, le Théâtre et quelques romans de jeunesse de Balzac (Rencontre ou Cercle du Bibliophile, 1958-1968, 37 vol.) ; il a notamment donné des éditions critiques des Cent Contes drolatiques (Bibliophiles de l’Originale, 1969), d’Illusions perdues (« Bibliothèque de la Pléiade », 1977), des Œuvres diverses de Balzac (« Bibliothèque de la Pléiade », 2 vol. parus, 1990 et 1996), de La Comédie du diable (Lume, 2005). Auteur de très nombreux articles de revues (« À travers les premiers manuscrits de Balzac », Genesis, 1997 ; « Sténie, la Touraine inventée », « Raffaele de Cesare, un demi-siècle d’amitié franco-italienne sous le signe de Balzac », L’Année balzacienne 2003 et 2009, etc.), de Balzac journaliste. Le tournant de 1830 (Klincksieck, 1983), il a dirigé un ouvrage collectif sur Balzac et l’Italie, lectures croisées (Paris-Musées/Des cendres, 2003), et collaboré à d’importants catalogues d’exposition (L’Artiste selon Balzac, Maison de Balzac, 1999 ; Le Centenaire du Balzac de Rodin, Musée Rodin, 1998).

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La collection

est dirigée par

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Dans la même collection

Jacques Cardinal, Filiations. Folie, masque et rédemption dans l’œuvre de Michel Tremblay, essai.

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À l’écoute du jeune Balzac

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Illustration 1Achille Devéria, Honoré de Balzac âgé d’environ vingt-cinq ans

lavis à la sépia avec inscription autographe de Balzac« … Et nunc et semper… », dédicace adressée à Mme de Berny

© Collection Spoelberch de Lovenjoul — Bibliothèque de l’Institut de France — Paris

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Roland CholletStéphane Vachon

À l’écoute du jeune BalzacL’écho des premières œuvres publiées

(1822-1829)

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Catalogage avant publicationde Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada

Chollet, RolandÀ l’écoute du jeune Balzac : l’écho des premières œuvres publiées, 1822-1829

(Réflexion)Publ. en collab. avec Presses Universitaires de Vincennes.

Comprend des réf. bibliogr. et un index.ISBN 978-2-923844-39-8 (Lévesque)

ISBN 978-2-84292-272-6 (Presses Universitaires de Vincennes)1. Balzac, Honoré de, 1799-1850 — Critique et interprétation. 2. Esthétique de la réception. I. Vachon, Stéphane,

1959- . II. Titre. III. Collection : Collection Réflexion (Montréal, Québec). PQ2181.C42 2012 843’.7 C2011-940136-3

Cet ouvrage a été publié grâce à une subvention de la Fédération canadienne des sciences humaines de concert avec le Programme d’aide à l’édition savante,

dont les fonds proviennent du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada.

Lévesque éditeur remercie la Société de développement des entreprises culturelles (SODEC) de son soutien financier.

© Lévesque éditeur, Presses Universitaires de Vincennes, Roland Chollet et Stéphane Vachon, 2012

Lévesque éditeur Presses Universitaires de Vincennes 11860, rue Guertin Université de Paris 8 Montréal (Québec) H4J 1V6 2, rue de la Liberté Téléphone : 514.523.77.72 93526 Saint-Denis Cedex 02, France Télécopieur : 514.523.77.33 Téléphone : +33 (01) 49 40 67 50 Courriel : [email protected] Télécopieur : +33 (01) 49 40 67 53 Site Internet : www.levesqueediteur.com Courriel : [email protected] Site internet : www.puv-editions.fr

Dépôt légal : 3e trimestre 2012Bibliothèque et Archives Canada

Bibliothèque et Archives nationales du QuébecISBN 978-2-923844-39-8 (édition papier [Lévesque éditeur])

ISBN 978-2-923844-40-4 (édition numérique [Lévesque éditeur])ISBN 978-2-923844-84-4 (édition ePub [Lévesque éditeur])

ISBN 978-2-84292-272-6 (édition papier [Presses Universitaires de Vincennes])ISBN 978-2-84292-327-3 (édition numérique [Presses Universitaires de Vincennes])

Droits d’auteur et droits de reproductionToutes les demandes de reproduction doivent être acheminées à :Copibec (reproduction papier) • 514.288.16.64 • 800.717.20.22

[email protected]

Distribution au Canada Distribution et diffusion en Europe Dimedia inc. SODIS 539, boulevard Lebeau 128, avenue du Maréchal de Lattre-de-Tassigny Saint-Laurent (Québec) H4N 1S2 77403 Lagny-sur-Marne Téléphone : 514.336.39.41 Téléphone : +33 (01) 60 07 82 00 Télécopieur : 514.331.39.16 Télécopieur : +33 (01) 60 07 82 82 www.dimedia.qc.ca [email protected] AFPU Diffusion Rue du Barreau — BP 30199 59654 Villeneuve d’Ascq Cedex Téléphone : +33 (03) 20 41 66 95 Télécopieur : +33 (03) 20 41 61 85

Production : Jacques RicherConception graphique et mise en pages : Édiscript enr.

Illustration de la couverture : Pierre Ripert (actif 1re moitié du xxe siècle), Balzac jeune, bronze patiné, profil dextre, signé en bas à senestre « PR ». © Maison de Balzac, Paris, BAL825

Illustration de la quatrième de couverture : Honoré de Balzac, autoportrait (?), vers 1825 (Lov. A 84, fol. 9 ; détail) © Collection Spoelberch de Lovenjoul — Bibliothèque de l’Institut de France — Paris(Remerciements à M. Yves Gagneux, conservateur en chef de la Maison de Balzac)

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Première partieJ’ÉCRIS, DONC JE SUIS

Avertissement ............................................................................. 13L’adieu de Balzac au mécénat familial ........................... 13Notre corpus .................................................................. 24

Chapitre I : Être romancier en 1822 ......................................... 31Chapitre II : Le jeune Balzac et l’avenir du roman ................... 77Chapitre III : La justice littéraire à l’encan

ou comment faire connaître sa différence ........................... 109Chapitre IV : « Au tribunal de police correctionnelle

de l’opinion des lecteurs de romans » ................................. 131Problèmes d’attribution ................................................ 152

Chapitre V : Exercices d’aliénation ........................................... 169Chapitre VI : 1824. Une rupture salvatrice ............................... 191Chapitre VII : L’édition Souverain des œuvres

de Saint-Aubin (1836). Le rôle de Jules Sandeau ............... 199Une source de malentendus .......................................... 201Saint-Aubin entre de mauvaises mains ......................... 225

Chapitre VIII : L’adieu à Saint-Aubin ....................................... 237Conclusion et épilogue .............................................................. 247

Conclusion à la mémoire de Saint-Aubin ..................... 249Épilogue au nom de Balzac ........................................... 252

Table des matières

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Deuxième partieTABLES D’ÉCOUTE

Le romancierChapitre I : L’Héritière de Birague .............................................. 271

Appendice A ................................................................... 280Appendice B ................................................................... 281

Chapitre II : Jean Louis ou la Fille trouvée .................................. 283Appendice C .................................................................. 290Appendice D .................................................................. 292

Chapitre III : Clotilde de Lusignan ou le Beau Juif ....................... 295Appendice E .................................................................. 305Appendice F ................................................................... 311

Chapitre IV : Le Vicaire des Ardennes.......................................... 315Appendice G .................................................................. 330Appendice H .................................................................. 332Appendice I .................................................................... 334

Chapitre V : Le Centenaire ou les Deux Béringheld ...................... 339Appendice J .................................................................... 364

Chapitre VI : La Dernière Fée ou la Nouvelle Lampe merveilleuse ......................................... 367

Chapitre VII : Annette et le criminel ou Suite du Vicaire des Ardennes ............................................ 375

Appendice K .................................................................. 392Chapitre VIII : Wann-Chlore ...................................................... 393

Appendice L .................................................................. 403Appendice M ................................................................. 405

Chapitre IX : Le Dernier Chouan ou la Bretagne en 1800 ........... 407

Le dramaturgeChapitre X : Le Nègre ................................................................. 441

Le publicisteChapitre XI : Du droit d’aînesse .................................................. 447

Appendice N .................................................................. 473Chapitre XII : Histoire impartiale des Jésuites .............................. 477

Appendice O .................................................................. 502

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Chapitre XIII : Code des gens honnêtes ou l’Art de ne pas être dupe des fripons .................................... 505

L’éditeur, l’imprimeurChapitre XIV : Œuvres complètes de Molière ............................... 531Chapitre XV : Œuvres complètes de La Fontaine .......................... 537Chapitre XVI : Autres travaux d’imprimerie ............................. 541

ANNEXES

Annexe I : [Premiers Essais] ........................................................ 569[Essais philosophiques] Discours sur l’immortalité de l’âme . 569[Essais poétiques] « Saint Louis » ..................................... 571[Essais poétiques] « Poème inédit des Croisades » ........... 572[Autres essais poétiques] .................................................... 573

Annexe II : Note sur Paul de Kock et Balzac ............................ 575Annexe III : Note sur le mot « modernité » .............................. 579Annexe IV : Note sur Horace de Saint-Aubin

et le mélodrame ................................................................... 589Annexe V : Note sur Colnet ...................................................... 595Annexe VI : Comptes rendus des Œuvres complètes de Horace

de Saint-Aubin (édition Souverain, 1836-1840) ................. 599Annexe VII : Bibliographie. Sur les Premiers Romans ................ 601

I. Principales éditions modernes (ordre chronologique) ................................................ 601

II. Ouvrages et articles critiques (ordre alphabétique) . 602

TABLES

Table des articles contenus dans chaque chapitre de la deuxième partie ........................................................... 621

Table chronologique des articles de presse ............................... 628Table des appendices ................................................................. 637Table des illustrations ................................................................ 639Table des sigles et des abréviations ........................................... 642

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INDEX

Index des journaux ..................................................................... 647Index des auteurs ....................................................................... 649Index des ouvrages, des projets d’ouvrages

et des principaux personnages d’Honoré de Balzac ............ 650Index des principaux noms et des titres d’œuvres cités ............ 657

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Première partie

J’ÉCRIS, DONC JE SUIS

Songe à mon bonheur si j’illustrais le nom de Balzac ! quel avantage de vaincre l’oubli.

(Balzac à sa sœur, le 6 septembre 1819)

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Illustration 2Honoré de Balzac, gravure de Paul Chenay

d’après le portrait peint par Louis Boulanger(Honoré de Balzac : sa vie et ses œuvres, par Théophile Gautier,

Bruxelles, Librairie Internationale H. Dumont, 1858)

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L’adieu de Balzac au mécénat familialNous n’avons pas à retracer ici l’entrée de Balzac en littéra-

ture. Rappelons ce pendant que ce novice de vingt ans, en 1819, a prononcé des vœux : il ne sera pas notaire au Marais, il ne gros-soiera pas, il ne minutera pas. Il écrira. Il a la chance que le couple désuni de ses parents fasse corps derrière son projet. Le vieux père d’Honoré, sans quitter sa sérénité de « pyramide 1 », ne résiste pas à l’énergie, à l’imagination, à la faconde d’un fils qui lui ressemble ; quant à sa mère, agitée comme la navette du tisserand, on ne peut pas dire qu’elle fasse la guerre à l’exalta tion d’Honoré. Géné reuse avec acrimonie, confiante en définitive dans la vocation de son fils, elle ne pense qu’à mettre à l’épreuve cette vocation à laquelle elle n’entend rien. Une année pour faire un chef-d’œuvre ! Ce sera pour Honoré une année et demie de travail, de lectures, de rêve-rie, une année et demie de liberté dans la petite chambre inou-bliable de la rue Lesdiguières (août 1819-fin 1820), sous le régime d’abord rassurant, et bientôt insupportable, du mécénat familial. Rue Lesdiguières, l’adolescent commence par gérer gaiement sa cellule, il joue le prisonnier sur parole, sauf à courir après une fille au Palais-Royal, il interroge les épitaphes du Père-Lachaise, prend ses quartiers à la Bibliothèque de l’Arsenal. Est-ce l’enfant qui s’est toujours senti aban donné par sa mère qui se plonge avec une telle jouissance dans « l’étude […] si maternellement bonne 2 », dans les

1. Le mot est de Balzac dans une lettre à sa sœur Laure en date du 23 novembre 1821 (Corr. Gar., t. I, p. 116 ; Corr. Pl., t. I, p. 74).

2. La Peau de chagrin, dans La Comédie humaine, nouvelle édition publiée sous la direction de Pierre-Georges Castex, Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », 1976-1981, 12 vol. (sigle : « Pl. ») ; t. X, p. 135.

Avertissement

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14 À l’écoute du jeune Balzac

livres, le passé — au point d’interpeller follement le fantôme de Descartes —, adonné déjà au travail nocturne, « diogénisa[nt] avec une incroyable fierté » comme dira Ra phaël de Valentin évoquant l’époque où il se colletait avec sa Théorie de la volonté 3.

Autant qu’on sache, Honoré n’écrivit pas le Traité de la volonté dont il a parlé dans Louis Lambert, mais un Cromwell en cinq actes et en alexandrins qui fut poliment condamné par l’acadé micien Andrieux dont madame Balzac avait sollicité l’avis. Ni l’œuvre ni le juge n’étaient de ce siècle, et le vieil académicien ne reconnut pas dans ce travestissement une œuvre moderne — que Balzac ap-pelle parfois, dans ses lettres à sa sœur, Le Régicide 4 — sur la mort de Louis XVI. L’au teur, un peu plus tard, sanctionnera l’arrêt : « Je vois que Cromwell ne vaut rien et n’a pas même le mérite d’être un embryon 5. » Mais il convenait peut-être de mentionner, dans cette introduction, l’écho privé de cette œuvre privée.

De même qu’il avait renoncé à cette tragédie achevée, Balzac abandonna aux trois quarts Sténie, roman épistolaire imité de Rousseau ; c’était presque un chef-d’œuvre pourtant. Le reste de ces premières productions ressemble à un champ de ruines parsemé de débris, magnifiques parfois, « Premiers Essais » philosophiques, romanesques, dramatiques et poétiques, toute une œuvre se crète ignorée des contemporains, pieusement conservée par Balzac sa vie durant, et qu’on pourra lire, rassemblée, au tome I des Œuvres diverses 6.

Le bilan de sa studieuse réclusion pouvait bien apparaître à Balzac, à la fin de 1820, comme un échec rédhibitoire. Ce noviciat littéraire subventionné avait abouti au ressassement d’œuvres ina-chevées, inachevables 7, au naufrage de tous les espoirs embarqués

3. Ibid., Pl., t. X, p. 139.4. Corr. Gar., t. I, p. 58, p. 61, p. 62 ; Corr. Pl., t. I, p. 25, p. 27, p. 28 ; à sa sœur Laure

(lettre redatée de fin septembre 1819). 5. Corr. Gar., t. I, p. 159 ; Corr. Pl., t. I, p. 107 ; à sa sœur Laure (2 avril 1822). 6. Œuvres diverses, sous la direction de Pierre-Georges Castex, avec la collaboration

de Roland Chollet, René Guise et Nicole Mozet, Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », t. I, 1990, 1857 p. ; t. II, avec la collaboration de Roland Chollet, Christiane Guise et René Guise, 1996, 1852 p. (Sigle : « O.D. »).

7. Sur cette question de l’inachèvement, liée à la méthode de composition de l’ap-prenti littérateur, voir Roland Chollet : « À tra vers les premiers manuscrits de Balzac (1819-1829). Un apprentissage », Genesis, no 11, 1997, p. 9-40.

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Avertissement 15

dans l’entreprise familiale. Une année et demie plus tôt, Honoré se disait encore convaincu qu’un écrivain ne doit « pas travail ler pour le goût actuel, mais comme ont fait les Racine, les Boileau, pour la posté rité 8 ! » Ce qui ne devait pas l’empêcher de lire bientôt les traductions toutes nouvelles de Walter Scott et d’imiter en secret Ivanhoé dans sa première Falthurne. Il avait même esquissé le livret d’un opéra-comique, Le Corsaire, d’après Byron. Mais, parlant de ce scénario moderne à sa sœur, il lui confiait : « À quel compositeur veux-tu que je le donne, je ne puis rien dans mon trou 9 !»

Honoré devait se rendre à l’évidence. Au début de 1821, rien n’avait changé dans sa situa tion d’idéaliste fourvoyé : il n’écrivait pour personne, et c’est comme s’il s’était progressivement coupé de la société, de la littérature, de la pensée même de son temps. Pour sortir de cette soli tude suicidaire, pour « s’indépendantiser », comme il le dit 10, il fallait se rebeller encore une fois contre l’emprise pro-tectrice de la famille. C’est la rencontre avec Auguste Lepoitevin, dit de L’Égreville, dans les premiers mois de cette année 1821, qui provoqua l’orage désiré. De six ans plus âgé que Balzac, Lepoitevin, remarquable écrivain et commerçant d’un nouveau genre, avait fait du roman son gagne-pain 11 et, sans se soucier de gloire ni de

8. Corr. Gar., t. I, p. 36 ; Corr. Pl., t. I, p. 17 ; à sa sœur Laure (6 septembre 1819). 9. Ibid. Pierre-Georges Castex a signalé les emprunts à Walter Scott dans son édi-

tion de Falthurne (Corti, 1950). Pour Le Corsaire, voir O.D., t. I, p. 913-918 et la notice, p. 1661-1667.

10. Corr. Gar., t. I, p. 112 ; Corr. Pl., t. I, p. 71 ; à sa sœur Laure (vers le 15 août 1821). 11. Il a fait paraître en 1821, sous le nom d’Auguste Viellerglé : Les Deux Hector ou les

Deux Familles bre tonnes (Hubert, 2 vol. in-12 ; B.F. 23 février 1821, no 789) ; sous le nom d’A. de Viellerglé : Charles Pointel ou Mon cousin de la main gauche (Hubert, 4 vol. in-12 ; B.F. 17 novembre 1821, no 4639). Les deux premiers romans publiés par Balzac alias Lord R’hoone en 1822, L’Héritière de Birague et Jean Louis, sont cosignés avec Viellerglé. Il est cer tain, sans qu’on puisse délimiter exactement sa participation, que Balzac a mis la main à l’un ou l’autre des ro mans si gnés par Viellerglé seul, notamment Charles Pointel (déjà cité), Le Tartare ou le Retour de l’Exilé (Pollet, 4 vol. in-12 ; B.F. 5 octobre 1822 ; no 4402), L’Anonyme ou Ni père ni mère (Carpentier-Méricourt, 3 vol. in-12 ; B.F. 24 mai 1823 ; no 2218). On trou-vera quelques éléments de réflexion dans Bernard Guyon : « Une vieille question : l’authenti cité des romans de “jeunesse” de Balzac (Essai de mise au point d’après des documents inédits) », Revue d’histoire lit téraire de la France, 47e année, no 2, avril-juin 1947, p. 136-145 ; Bruce Tolley : « Balzac et les romans de Viellerglé », L’Année balzacienne 1964, p. 111-137 ; ainsi que dans l’« Introduction » à la réédi-tion de L’Anonyme par Marie-Bénédicte Diethelm, Le Passage, 2003, p. 7-41. De

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16 À l’écoute du jeune Balzac

postérité, il cultivait ce que Balzac devait appeler quelque temps plus tard la « littérature marchande 12 ». Il lui proposa de s’associer à son commerce.

Balzac accepta son offre. Il semble que sa décision fut rapide, douloureuse, irré vocable. Lui qui, en 1819, avait voulu faire de Cromwell « le bréviaire des rois et des peuples 13 » et s’était donné près de deux ans pour « polir » sa tragédie, comme Racine avait fait pour Phèdre 14, tient en juin 1821 un tout autre discours : « Heu-reusement que depuis 15 jours, écrit-il à sa sœur Laure, j’ai eu l’es-prit de me faire assurer 100 000 écus à prendre sur le public […] en échange de quelques romans 15 », et il déclare en juillet avoir « l’espoir de vendre un ro man tous les mois, 600 francs 16 », car c’est le prix qu’un éditeur vient de leur promettre, à Lepoi tevin et à lui, pour leur premier roman en collaboration. Ainsi, avant la fin de cette même année 1821, l’ex-ermite de la rue Lesdiguières s’estime-t-il en droit de signer facétieusement une autre lettre à sa sœur : « Honoré. Écrivain public et poète français, à 2 fr. la page 17 ».

De 1822 à 1825, notre « écrivain public » publiera huit ro-mans — en comptant les deux pre miers cosignés avec Lepoitevin alias Viellerglé, en tout trente-trois volumes in-12 : L’Héritière de Birague, Jean Louis, Clotilde de Lusignan, Le Vicaire des Ardennes, Le Centenaire, La Dernière Fée, Annette et le criminel, Wann-Chlore 18.

ce même auteur : «Lepoitevin, cet inconnu», L’Année balzacienne 2010, p. 115-133 ; suivi de Jules Viard : « Mes Souvenirs sur Lepoitevin de Saint-Alme », p. 135-184 [Figaro, 1854], et de « Lettre inédite de Lepoitevin », p. 185-198.

12. Dans la « Préface qu’on lira si l’on peut » au Vicaire des Ardennes, Pollet, 1822, t. I (« […] un pauvre bachelier, qui commence ses premières opérations de Littérature marchande ») ; p. xxix-xxx ; ou Honoré de Balzac, Premiers Romans (1822-1825), édition établie par André Lorant, Laffont, « Bouquins », 1999, t. II, p. 151 ( sigle : « P.R. »). Autre occurrence dans la « Préface » à Annette et le criminel, Buissot, 1824, t. I, p. 5 ; ou P.R., t. II, p. 443.

13. Corr. Gar., t. I, p. 66 ; Corr. Pl., t. I, p. 41 ; à sa sœur Laure (novembre 1819). 14. Voir Corr. Gar., t. I, p. 35-36 ; Corr. Pl., t. I, p. 17 ; à sa sœur Laure (sep tembre 1819). 15. Corr. Gar., t. I, p. 98 ; Corr. Pl., t. I, p. 57 (juin 1821). 16. Corr. Gar., t. I, p. 108 ; Corr. Pl., t. I, p. 66 (juillet 1821). 17. Corr. Gar., t. I, p. 118 ; Corr. Pl., t. I, p. 75 (novembre 1821). 18. L’Héritière de Birague (janvier 1822 ; Hubert, 4 vol. in-12), Jean Louis (mars 1822 ;

Hubert, 4 vol. in-12), Clotilde de Lusignan (juillet 1822 ; Hubert, 4 vol. in-12), Le Vicaire des Ardennes (novembre 1822 ; Pollet, 4 vol. in-12), Le Centenaire (no-vembre 1822 ; Pollet, 4 vol. in-12), La Dernière Fée (1re édition, mai 1823 ; Barba, Hubert, Mondor, Bobée, 2 vol. in-12), Annette et le criminel (avril 1824 ; Buissot,

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Avertissement 17

Cette carrière de romancier provisoirement interrompue en 1824 19, il se consacra à une œuvre non négligeable de publiciste 20, à laquelle semble avoir mis fin son établissement comme impri-meur 21, rue des Marais-Saint-Germain, de 1826 à 1828, avant son retour au roman, marqué par l’événement décisif du Dernier Chouan, en 1829.

Si l’activité du jeune Balzac est profondément liée aux pra-tiques d’écriture et d’édition de la Restauration, elle suit aussi, cela va sans dire, un parcours personnel, concret, et, risquons le mot, pécuniaire. Le rappel de quelques données biographiques et commerciales est donc nécessaire. Si l’on en croit une lettre de Balzac à sa sœur Laure, L’Héritière de Birague fut vendue huit cents francs ; Jean Louis, mille trois cents ; Clotilde de Lusignan, deux mille 22. René Guise a déjà re marqué que « tous les critiques, de Louis-Jean Arrigon à Barbéris, se font l’écho de l’enthou-siasme de Balzac 23 » se réjouissant de l’augmentation de ses gains, qui accompagnerait sa notoriété gran dissante. Bernard-François, son père, régalait les membres de sa famille demeurés dans le Rouergue qu’il avait quitté en 1766 de cet optimisme qu’il avait fait sien. Le 18 mars 1822, il écrit à son neveu, Jean-François Balzac : « L’aîné [Honoré] qui vous remercie bien de votre bon souvenir a développé depuis un an les plus précoces et grands

4 vol. in-12), La Dernière Fée (2e édition, octobre 1824 ; Delongchamps, 3 vol. in-12), Wann-Chlore (septembre 1825 ; Canel, Delongchamps, 4 vol. in-12).

19. Le 1er novembre 1824, dans une post-face manuscrite à Wann-Chlore, Balzac an-nonce qu’il n’écrira plus de romans. Ce roman remanié ne paraîtra qu’en 1825, sans la postface, publiée pour la première fois par Pierre Bar béris : « Les adieux du bachelier Horace de Saint-Aubin », L’Année balzacienne 1963, p. 9-10 ; recueillie dans Aux sources…, p. 289-291. Voir P.R., t. II, p. 971-972.

20. Voir plus loin chapitre V, p. 169-190, l’écho de cette activité. 21. Le 3 août 1825, Bernard-François, son père, pouvait encore écrire à à son neveu,

Jean-François Balzac, notaire à Mirandol : « Honoré s’occupe sans relâche de lit-térature, fait des jolies et intéressantes choses qui se vendent bien » (cité par Jean-Louis Déga, La Vie prodigieuse de Bernard-François Balssa (père d’Honoré de Balzac). Aux sources historiques de « La Comédie humaine », préface de Roger Pierrot, Rodez, éd. Subervie, 1998, p. 497).

22. Corr. Gar., t. I, p. 133 ; Corr. Pl., t. I, p. 83 ; à Laure Surville (fin janvier ou début février 1822).

23. Dans sa préface « Lire Le Sorcier [Le Centenaire] » à la réédition du roman en 1990 chez Corti, p. V ; re cueillie dans Balzac, Presses Universitaires de Nancy, 1994, p. 207-221 (ici, p. 210).

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18 À l’écoute du jeune Balzac

moyens en littérature : il a déjà vendu pour plus de dix mille francs des ouvrages dont le premier est déjà imprimé et les autres sont sous presse. Si sa santé répond à ses moyens, il fera parler de lui avantageusement 24. » Qu’en est-il au juste ? Examinons de plus près cette progression toute relative.

Nous ne possédons ni le contrat de L’Héritière de Birague ni celui de Jean Louis, qui fu rent probablement signés par Lepoitevin 25 ; nous devons donc nous contenter des déclarations de Balzac. La vente de Clotilde de Lusignan — le premier roman que Lord R’hoone publie seul — est le plus ancien contrat de librairie de Balzac que nous connaissions : signée le 22 janvier 1822 avec Hubert, la cession est faite moyennant deux mille francs — sur le chiffre, Balzac ne ment pas —, payables en billets à longue échéance, en trois versements. On peut penser qu’il ne toucha jamais que le premier, d’un montant de cinq cents francs en « deux billets d’égale somme » payables à dix et douze mois 26. C’est dire que Balzac ne toucha son premier argent que quatre mois après la parution de Clotilde de Lusignan, en juillet 27.

Changeant de pseudonyme, de quartier et d’écurie, quittant les libraires du Palais-Royal pour ceux du Marais, et Hubert pour le « citoyen Pollet », Lord R’hoone se métamorphosant en Horace de Saint-Aubin verra ses revenus croître significativement. Le 11 août, pour la vente au prix de deux mille francs de deux romans, Le Vicaire des Ardennes et Le Centenaire, il est payé — c’est la notable diffé-rence — trois cents francs en espèces à la remise de chaque manus-crit ; le reste en billets dont les échéances n’excèdent pas dix mois 28. René Guise peut donc à juste titre remarquer que « le contrat avec

24. Cité par Jean-Louis Déga, op. cit., p. 495-496.25. Celui-ci, précisant à Balzac « vous ayant cédé mes droits », lui demande, sans

doute au cours de l’été 1822, le traité de Jean Louis passé avec Hubert (Corr. Gar., t. I, p. 206-207 ; Corr. Pl., t. I, p. 142).

26. Corr. Gar., t. I, p. 127-129 ; Corr. Pl., t. I, p. 79-80. Le second versement, d’un montant identique de cinq cents francs, doit être effec tué « à six mois d’échéance » après la vente de 1 200 des 1 500 exemplaires ; le troisième, de mille francs, dans les mêmes conditions, à l’épuisement du tirage.

27. Le dernier article du contrat avec Hubert précise que Balzac ne reçut, du premier versement de cinq cents francs, que trois cent quatre-vingt-dix francs en billets, car il accepta pour cent dix francs d’ouvrages divers.

28. Traité avec Pollet, Corr. Gar., t. I, p. 197-199 ; Corr. Pl., t. I, p. 135-137.

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À l’écoute du jeune Balzac

Roland Chollet et Stéphane VachonÀ l’écoute du jeune Balzac

L’écho des premières œuvres publiées (1822-1829)

Roland Chollet et Stéphane Vachon, qui se sont associés pour la rédaction de cet ouvrage, ont en commun une longue carrière balzacienne. Ils ont pensé le moment venu de faire connaître ce que leurs recherches sur Balzac et son œuvre leur ont appris d’une période particulièrement mal connue de la jeunesse et de l’œuvre de l’écrivain.

Le « jeune Balzac », celui que l’on appelle parfois de façon commode « Balzac avant Balzac », est une fiction en quête d’auteur, et l’on est tenté de se demander si ce Balzac a jamais existé. En 1819, au sortir de l’adoles-cence, il n’est qu’un petit clerc d’avoué, en rupture de basoche, qui prend acte de deux fatalités modernes incontestablement révolutionnaires : le roi est mort, notre âme n’est plus immortelle. Ce seront les thèmes de ses deux premières œuvres (Cromwell et le Discours sur l’immortalité de l’âme). L’ambition du débutant s’érige sur ce vide prometteur. Comment le « jeune Balzac », dépassant ce solipsisme initial, en est-il venu à écrire Le Dernier Chouan, prélude à La Comédie humaine ? Nous avons réuni tous les documents susceptibles d’éclairer cette improbable et tardive mutation qui demanda dix ans.Ces années cruciales, détaillées ici, ne forment pas, dans la carrière de Balzac, une séquence régie par les contraintes chronologiques d’un avant et d’un après. Ceci est important. Nous n’avons pas affaire à une « tranche de vie », à un « épisode » biographique, au récit d’une crise morale, mais à un drame dans un drame — drame humain et littéraire au sein du drame historique et social —, à un récit concentrique délimité par deux dates. La première est la mort de Louis XVI ; la seconde, en 1829, la mort du père de Balzac, qui coïncide avec la publication du Dernier Chouan et avec l’adoption par Honoré de son patronyme, solennel avènement d’un nou-veau règne balzacien.

Textes présentés par Roland Chollet avec la collaboration de Stéphane Vachon, réunis et annotés par Stéphane Vachon avec la collaboration de Roland Chollet.

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Stéphane Vachon

Professeur au Département des littératures de langue française de

l’Université de Montréal, Stéphane Vachon a publié en 1992 Les Travaux et les Jours d’Honoré de Balzac (Presses du CNRS/PUV). Il a, depuis, dirigé,

codirigé ou copublié La Recherche littéraire (XYZ/PUV, 1993 ; nouv.

éd. augmentée, 1998), Itinéraires du dix-neuvième siècle I (Centre d’études

romantiques Joseph Sablé, 1996), Balzac. Une poétique du roman (XYZ/

PUV, 1996), Le Portatif d’histoire littéraire (UdeM, 1998), Itinéraires du dix-neuvième siècle II (Centre d’études

romantiques Joseph Sablé, 2001), Réflexions sur l’autoréflexivité balzacienne

(Centre d’études romantiques Joseph Sablé, 2002). Auteur d’un Balzac

dans la collection « Mémoire de la critique » (PUPS, 1999), de Le Dernier

Balzac (Du Lérot, 2001), de Les Rivalités d’Honoré de Balzac. Analyses et documents (Société des Amis de Balzac,

2007) et de 1850. Tombeau d’Honoré de Balzac (XYZ/PUV, 2007), préfacier

de l’édition fac-similé du manuscrit d’Illusions perdues. Les Deux Poètes

(Verdier, 2010), il a en outre donné au Livre de poche des éditions du

Colonel Chabert (1994), du Père Goriot (1995), des Rivalités. La Vieille Fille,

Le Cabinet des Antiques (2006) dans la collection « Classiques de poche », et

les Écrits sur le roman de Balzac dans la collection « Références » (2000).

Roland Chollet

Directeur de recherches au C.N.R.S., Roland Chollet a publié La Comédie humaine, Les Cent Contes drolatiques, le Théâtre et quelques romans de jeunesse de Balzac (Rencontre ou Cercle du Bibliophile, 1958-1968, 37 vol.) ; il a notamment donné des éditions critiques des Cent Contes drolatiques (Bibliophiles de l’Originale, 1969), d’Illusions perdues (« Bibliothèque de la Pléiade », 1977), des Œuvres diverses de Balzac (« Bibliothèque de la Pléiade », 2 vol. parus, 1990 et 1996), de La Comédie du diable (Lume, 2005). Auteur de très nombreux articles de revues (« À travers les premiers manuscrits de Balzac », Genesis, 1997 ; « Sténie, la Touraine inventée », « Raffaele de Cesare, un demi-siècle d’amitié franco-italienne sous le signe de Balzac », L’Année balzacienne 2003 et 2009, etc.), de Balzac journaliste. Le tournant de 1830 (Klincksieck, 1983), il a dirigé un ouvrage collectif sur Balzac et l’Italie, lectures croisées (Paris-Musées/Des cendres, 2003), et collaboré à d’importants catalogues d’exposition (L’Artiste selon Balzac, Maison de Balzac, 1999 ; Le Balzac de Rodin, Musée Rodin, 1998).