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Le journal du liad qalàm - u-l- kalàm " J’ai dix ans... " Le journal bimestriel du Lycée International Alexandre Dumas d’Alger Lycée International Alexandre Dumas N° 07 / Décembre 2012 « Assis(e) sur un banc, vous regardez autour de vous… » Bientôt notre « cher » LIAD fêtera ses 10 ans. F lashback // Lycée Interna- tional Alexandre Dumas, il y a dix ans. 7h45. La première sonnerie reten- tissait, quelques élèves se dirigeaient lentement vers leurs classes respectives. 7h55. Une poignée de retar- dataires arrivaient tranquil- lement. 10h00. Les amis se retrouvaient, grignotant des biscuits ou du chocolat, se plaignant des cours ou se racontant les derniers potins. 12h30. Les élèves criaient le nom de leur classe en espérant entrer manger au réfectoire. 14h30. Heure de la sieste pour la plupart des élèves. 17h15. Les élèves se grouillaient vers l’extérieur ; devant l’entrée parents et chauffeurs patientaient en discutant.//Flashback Lycée International Alexan- dre Dumas, rentrée 2012. Toujours les mêmes scè- nes, aux mêmes endroits, aux mêmes heures. A quel- ques exceptions près ; on ne voit plus les mêmes visages, de nouveaux élèves, profes- seurs, proviseur ou CPE, il y a un collège déjà occupé depuis près de 4 années, un nouveau gymnase, un terrain de football, des tables de ping-pong que se disputent les élèves pendant les pau- ses et bien sûr un nouveau moyen de s’exprimer et de laisser libre cours à ses pen- sées, ses idées, ses coups de coeur : un journal. Chaque jour dans ce ly- cée nous réserve son lot quo- tidien de surprises, chaque jour est différent. Et si, comme moi, vous étiez là lors de chaque grand événement, de chaque fête, de chaque rentrée ou de chaque départ en vacan- ces, si vous avez accueilli chaque année de nouveaux élèves pour agrandir notre immense famille, alors vous devez comme moi ressentir cette fierté, cette joie lorsque, assis(e) sur un banc, vous re- gardez autour de vous… Yasmine Ait Selmi., 1è S Notre lycée a maintenant dix ans D ix ans, c’est déjà une histoire et c’est l’occasion d’une première rétrospection. Ce lycée a vu passer onze rentrées scolaires, deux proviseurs, et mille huit cents élèves, dont les plus âgés, qui n’ont pas encore trente ans, ont été menés jusqu’en classe de terminale. Avec l’ouverture du collège en 2008 et de l’école primaire en 2012, les effectifs sont passés de cent soixante-quinze élèves en 2002 à mille cinq cents cette année, c’est enfin cent quatre-vingt-six personnes qui travaillent directement pour l’établissement contre trente-cinq lors de son ouverture. Depuis 2002, la communauté éducative s’est trouvée naturellement renouvelée par le jeu des mutations et des départs en retraite. Quelques personnels sont pourtant présents depuis l’ouverture. Je sais leur engagement et leur attachement pour ce Lycée et je tiens, à l’occasion de cet anniversaire à les saluer. Ils constituent le ciment, la mémoire de cet établissement. Je n’oublie non plus pas ceux qui ont marqué leur passage, ni les représentants des parents qui, depuis l’origine, ont toujours participé activement aux différentes instances dans un esprit de concertation et de dialogue constructif. Dix ans, c’est déjà une histoire, c’est une communauté scolaire qui est passée de l’esprit pionnier de 2002 à l’inscription de son futur dans l’excellence. Le bilan des examens, la qualité et le nombre des intervenants extérieurs, les nombreux prix gagnés par nos élèves, la qualité des projets mis en œuvre confirment une appétence et une vitalité qui n’a jamais faibli, malgré les rythmes engagés. C’est tant mieux, car d’autres dossiers nous attendent, l’aménagement du Lycée, le développement de l’initiative et de l’engagement de nos élèves, l’amélioration, encore, de nos enseignements, au plus près des besoins de nos élèves. Enfin, nous accueillons cette année des élèves en moyenne section, si toute leur scolarité se déroule dans l’établissement, c’est en 2026 que nous les présenterons à l’examen du baccalauréat, à la veille du 25 ème anniversaire !! Une vraie responsabilité et une histoire qui reste à façonner. Mais une décennie à la fois… Bon anniversaire au Marc Demeulemeester, Proviseur du lycée Editorial qalàm - u-l- kalàm U n anniversaire, c’est toujours magnifique. Dix ans, c’est peut-être court dans une vie. Mais c’est important, très important. Cela prouve que le nouveau-né a pris racine. Donc il est bien là. Un anniversaire : cela ne veut pas dire nostalgie ou « regarder dans le rétroviseur » si ce n’est pour se féliciter des réalisations et saluer les efforts méritants de toutes celles et de tous ceux qui y ont contribué, toutes catégories professionnelles confondues. S’il est une réalisation qu’il faut particulièrement saluer et, bien sûr, encourager, c’est celle de notre Journal « Qalàm-u-lKalàm », la Plume à paroles. C’est non seulement un formidable vecteur de communication (la preuve, il médiatise notre anniversaire) mais c’est aussi un très efficace outil didactique et pédagogique. La Plume à paroles, quel meilleur titre que Un grand merci au HIC pour sa gentillesse et sa contribution amicale. celui-ci, et oh combien évocateur ?!!! Ces deux mots simples et magiques sont en effet le symbole des luttes des femmes et des hommes, de notre planète entière, pour la liberté et l’émancipation contre les dictatures, la pauvreté, la stigmatisation, l’exclusion, les intégrismes et l’ignorance. Ces deux porte-voix sont plus que jamais indispensables à tout développement, aussi bien individuel que social. Notre lycée en sème les graines. Notre journal saura, j’en suis sûr, les diffuser et les vulgariser. L’association des Parents des élèves (APE) du lycée que j’ai l’honneur et le privilège de présider cette année sera le fidèle accompagnateur du développement multiforme de notre lycée. Rachid Ouali Président de l’Association des parents d’élèves Le mot du Président de l’APE Un grand merci au HIC pour sa gentillesse et sa contribution amicale.

" J'ai dix ans..."

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Le journal du liad qalàm - u-l- kalàm

" J’ai dix ans..."Le journal bimestriel du Lycée International Alexandre Dumas d’Alger

Lycée International Alexandre Dumas

N° 07 / Decembre 2012

« Assis(e) sur un banc, vous regardez autour

de vous… »

Bientôtnotre « cher » LIAD fêtera ses 10 ans.

Flashback // Lycée Interna-tional Alexandre Dumas,

il y a dix ans. 7h45.

La première sonnerie reten-tissait, quelques élèves se dirigeaient lentement vers leurs classes respectives. 7h55. Une poignée de retar-dataires arrivaient tranquil-lement. 10h00. Les amis se retrouvaient, grignotant des biscuits ou du chocolat, se plaignant des cours ou se racontant les derniers potins. 12h30. Les élèves criaient le nom de leur classe en espérant entrer manger au réfectoire. 14h30. Heure de la sieste pour la plupart des élèves. 17h15. Les élèves se grouillaient vers l’extérieur ; devant l’entrée parents et chauffeurs patientaient en discutant.//Flashback

Lycée International Alexan-dre Dumas, rentrée 2012.

Toujours les mêmes scè-nes, aux mêmes endroits, aux mêmes heures. A quel-ques exceptions près ; on ne voit plus les mêmes visages, de nouveaux élèves, profes-seurs, proviseur ou CPE, il y a un collège déjà occupé depuis près de 4 années, un nouveau gymnase, un terrain de football, des tables de ping-pong que se disputent les élèves pendant les pau-ses et bien sûr un nouveau moyen de s’exprimer et de laisser libre cours à ses pen-sées, ses idées, ses coups de coeur : un journal.

Chaque jour dans ce ly-cée nous réserve son lot quo-tidien de surprises, chaque jour est différent.

Et si, comme moi, vous étiez là lors de chaque grand événement, de chaque fête, de chaque rentrée ou de chaque départ en vacan-ces, si vous avez accueilli chaque année de nouveaux élèves pour agrandir notre immense famille, alors vous devez comme moi ressentir cette fierté, cette joie lorsque, assis(e) sur un banc, vous re-gardez autour de vous…

Yasmine Ait Selmi., 1è S

Notre lycée a maintenant dix ans

Dix ans, c’est déjà une histoire et c’est l’occasion d’une première

rétrospection. Ce lycée a vu passer onze rentrées scolaires, deux proviseurs, et mille huit cents élèves, dont les plus âgés, qui n’ont pas encore trente ans, ont été menés jusqu’en classe de terminale. Avec l’ouverture du collège en 2008 et de l’école primaire en 2012, les effectifs sont passés de cent soixante-quinze élèves en 2002 à mille cinq cents cette année, c’est enfin cent quatre-vingt-six personnes qui travaillent directement pour l’établissement contre trente-cinq lors de son ouverture.

Depuis 2002, la communauté éducative s’est trouvée naturellement renouvelée par le jeu des mutations et des départs en retraite. Quelques personnels sont pourtant présents depuis l’ouverture. Je sais leur engagement et leur attachement pour ce Lycée et je tiens, à l’occasion de cet anniversaire à les saluer. Ils constituent le ciment, la mémoire de cet établissement. Je n’oublie non plus pas ceux qui ont marqué leur passage, ni les représentants des parents qui, depuis l’origine, ont toujours participé activement aux différentes instances dans un esprit de concertation et de dialogue constructif.

Dix ans, c’est déjà une histoire, c’est une communauté scolaire qui est passée de l’esprit pionnier de 2002 à l’inscription de son futur dans l’excellence. Le bilan des examens, la qualité et le nombre des intervenants extérieurs, les nombreux prix gagnés par nos élèves, la qualité des projets mis en œuvre confirment une appétence et une vitalité qui n’a jamais faibli, malgré les rythmes engagés.

C’est tant mieux, car d’autres dossiers nous attendent, l’aménagement du Lycée, le développement de l’initiative et de l’engagement de nos élèves, l’amélioration, encore, de nos enseignements, au plus près des besoins de nos élèves.

Enfin, nous accueillons cette année des élèves en moyenne section, si toute leur scolarité se déroule dans l’établissement, c’est en 2026 que nous les présenterons à l’examen du baccalauréat, à la veille du 25ème anniversaire !!

Une vraie responsabilité et une histoire qui reste à façonner.

Mais une décennie à la fois…Bon anniversaire au

Marc Demeulemeester, Proviseur du lycée

Editorial

qalàm - u-l- kalàm

Un anniversaire, c’est toujours magnifique.

Dix ans, c’est peut-être court dans une vie. Mais c’est important, très important. Cela prouve que le nouveau-né a pris racine. Donc il est bien là.

Un anniversaire : cela ne veut pas dire nostalgie ou « regarder dans le rétroviseur » si ce n’est pour se féliciter des réalisations et saluer les efforts méritants de toutes celles et de tous ceux qui y ont contribué, toutes catégories professionnelles confondues.

S’il est une réalisation qu’il faut particulièrement saluer et, bien sûr, encourager, c’est celle de notre Journal « Qalàm-u-lKalàm », la Plume à paroles. C’est non seulement un formidable vecteur de communication (la preuve, il médiatise notre anniversaire) mais c’est aussi un très efficace outil didactique et pédagogique. La Plume à paroles, quel meilleur titre que

Un grand merci au HIC pour sa gentillesse et sa contribution amicale.

celui-ci, et oh combien évocateur ?!!!

Ces deux mots simples et magiques sont en effet le symbole des luttes des femmes et des hommes, de notre planète entière, pour la liberté et l’émancipation contre les dictatures, la pauvreté, la stigmatisation, l’exclusion, les intégrismes et l’ignorance. Ces deux porte-voix sont plus que jamais indispensables à tout développement, aussi bien individuel que social.

Notre lycée en sème les graines. Notre journal saura, j’en suis sûr, les diffuser et les vulgariser.

L’association des Parents des élèves (APE) du lycée que j’ai l’honneur et le privilège de présider cette année sera le fidèle accompagnateur du développement multiforme de notre lycée.

Rachid OualiPrésident de l’Association des parents d’élèves

Le mot du Président de l’APE

Un grand merci au HIC pour sa gentillesse et sa contribution amicale.

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La Charte des jeunes journalistesL’équipe du Journal du Liad propose à tous les jeunes journalistes de la rédaction une Charte :

Moi, jeune journaliste :

1 – J’ai le droit à la liberté d’expression garantie par la Déclaration des Droits de l’Homme et la Convention internationale des Droits de l’enfant (Art.13), mais « ma liberté s’arrête là où commence celle des autres ».

2 – J’ai le droit à la liberté d’expression, j’ai donc le droit de recevoir et de transmettre des informations.

3 – Je prends la responsabilité de mes écrits signés ou autres formes d’expression, qu’elles soient signées ou non.

4 – Je m’engage par soucis de vérité à rectifier toute information erronée.

5 – Je dois considérer que la calomnie et le mensonge sont des fautes graves (la diffamation n’est pas autorisée) sans pour autant renoncer à l’expression satirique ou humoristique.

6 – Je veille à ce que mes écrits et toutes mes autres formes d’expression se fassent dans le respect des différences, de la tolérance et du vivre ensemble.

7 – Je veille à respecter les règles relatives au droit d’auteur : je n’insère pas dans mon article des textes ou des images sans l’autorisation de l’auteur ni sans mentionner son nom et sa qualité. Donc, je proscris le copier / coller à partir de sites Internet.

On a souvent tendance à dire que «la vie des autres ne nous inté-

resse pas»... Mais c’est pourtant sur cette voie qu’on en apprend beaucoup sur nous-mêmes. Trêves de bavarde-ries philosophiques, il faut en venir aux choses sérieuses. Maintenant, tout est fini. Pour moi, du moins...

Souvent, on octroie aux années lycée le qualificatif des «plus belles» années. J’estime quant à moi que le plus beau est à venir.

Travail, voiture, dodo. On a du mal parfois avec le lycée pendant ces années-là, surtout quant on veut se placer constamment en haut de l’échelle. Pourtant, c’est dans ce lieu «mystique» que l’on découvre les pre-mières émotions de la vie, l’initiation au monde adulte, une sorte de transi-tion «magique» qui amène autant de bonnes choses que de mauvaises.

Amitiés, amours, obligations, contraintes, c’est une mini-société qui se crée dans l’enclos des hauts murs du Liad. C’est un lieu où on apprend des choses qui nous paraissent inuti-les, et qui le sont vraiment parfois, mais a-t-on vraiment le choix ? Mais c’est aussi une occasion aussi d’ouvrir ses horizons : chanceux sont ceux qui

Vie du Lycée

peuvent assister aux conférences d’artistes, de poètes, d’écrivains, et parfois mêmes d’hommes politiques au sein du lycée, souvent au CDI.

Les trois années, de la seconde à la terminale, forment un ensemble d’expériences inoubliables, et même les moments qui nous paraissent les plus «difficiles» nous font rire quand on y repense.

On prend trois ans à se connaître vraiment, à s’apprécier, parfois en tombant sur des mauvaises surprises, mais qu’importe, ne plongeons pas dans le sentimental.

Enfin, au bout de trois ans, le bac passé, on ne sait plus très bien ce que l’on ressent, un mélange de liberté inouïe, avec une parcelle de regrets, de tristesse relative à ce «monde» auquel on s’était tant habitué et que l’on va laisser derrière nous. Enfin, pour ceux qui quittent l’Algérie, le jour J arrive à grands pas, l’excitation due à cette envolée magique, où pour la première fois, on se sert de ses pro-pres ailes, est tout de suite dissipée, du moins me concernant, lorsque je songe à la solitude dans laquelle je se-rai. Car enfin, habituée à une ribam-belle de personnes autour de moi,

Confession d’une élève sur le départ

« Des murs, des lumières » Il est très difficile de parler de son expérience personnelle. S’il y a bien une chose que l’on apprend en philosophie, et

c’est la matière qui peut nous amener à changer notre vision du monde, c’est que l’on a du mal à se connaître soi même.

Vie du Lycée

L’ouverture des portes du Lycée International Alexandre Dumas en ce mois d’Octobre 2002 restera inoubliable !

Inoubliable, car grande fut notre surprise d’arriver sur un chantier ; les travaux battaient leur plein et les seuls

batiments termines et fonctionnels etaient la salle des professeurs, l’intendance, le bureau du proviseur, la vie scolaire lycee, la reprographie et le batiment« A » ou se trouvaient les salles de classes !

Inoubliable, car nous prenions nos plateaux repas sous une tente immense, eleves et professeurs confondus, mais tous armes de bonne humeur et de patience.

Inoubliable, car la plupart d’entre nous ne savait pas manipuler un ordinateur et introduire des notes ; tous ont cependant tres vite appris a le faire

Inoubliable, car nous n’avions ni specimens, ni manuels, seulement des photocopies pour demarrer cette annee scolaire !

Inoubliable, car nous devions tous relever ce de�i, et nous l’avons releve !

Merci a tous ceux qui ont contribue a l’ouverture de notre lycee.

Merci a tous nos eleves d’avoir donne le meilleur d’eux memes et de nous avoir confortes dans notre sacerdoce.

Karima Griene, Documentaliste

Écrire... Quoi ? Pourquoi ?En cette année marquée pour certains par l’examen, le départ, le

changement d’environnement et pour tous par les 10 ans du lycée tout de même, je souhaite vous parler, les amis, de ce journal grâce auquel vous me lisez.

Les amis, les jeunes, les lyceens, ce journal n’a pas encore acquis l’aura esperee par tous ceux qui croient en lui et qui veulent qu’il devienne avant tout le journal des lyceens pour les lyceens. Moi, je ne veux pas ecrire for-cement a partir de ce que, moi, j’aime, mais de ce qu’on aime tous. Ce jour-nal, c’est avant tout un miroir, qui se veut �idele, de nous et de notre lycee.

Et cela ne peut se faire sans tous les lyceens. Alors E� CRIVEZ. C’est facile non ? Il nous faut juste de la volonte, la volonte de partager. On a tous a apprendre de l’autre. E� crivez pour parler de vous, de nous, des lyceens. On vit quand meme une des periodes les plus importantes dans la vie de l’hu-main : l’adolescence. Et vous qui la vivez, vous voulez me faire croire que vous n’avez rien a ecrire, rien a en dire ? Que nous n’avons tous ensembles rien a dire ?ALORS, un operatum :

EXE� CUTEZ VOUS, les amis ! Emparez-vous de cet espace de liberte qui vous est offert.

Fouad Boudjedra, TS1

Le chantier de l’ouverture en 2002

Le jardin d’Epicure du lycée?Le cdi a 10 ansJ’ai débuté au CDI en Mars 2003… un somptueux

établissement m’a accueilli d’un bleu méditerranéen et j’ai été impressionnée par la splendeur du lieu, malgré les travaux inachevés.Le CDI m’a toujours paru comme un jardin qu’on cultive et dont on voit pousser les belles plantes, j’avais intérêt à avoir la main verte !

Au tout début, le CDI se trouvait dans les locaux de l’actuel réfectoire. Par la suite nous avons déménagé vers l’actuel CDI, en même temps que l’ouverture du collège.

En première étape, en 2002, nous avons commencé à déballer des centaines de cartons de livres tout poussiéreux, récupérés auprès des anciens lycées français qui se trouvaient en Algérie, par la suite nous les avons enregistrés sur la base de données BCDI3, après les avoir cotés et, en dernière étape, nous les avons placés sur les rayonnages.

Nous avons ouvert nos portes aux élèves en septembre 2004 . Le CDI faisait également fonction de salle de classe. Nous avions deux salles et deux professeurs assuraient en même temps leur cours, c’était assez difficile pour nous, car il fallait supporter le chahut des élèves .

Le CDI était un lieu très fréquenté par les élèves et les professeurs, car c’était déjà un espace accueillant et convivial.

Mon impression après avoir passé dix ans dans cet établissement : je suis satisfaite d’avoir contribué et d’avoir été témoin de l’évolution du CDI, et surtout d’avoir donné le goût de la lecture à nos élèves, c’est une remarquable mission et un sacré défi pour nous, les documentalistes!

Faiza Hammaz, Documentaliste

Quelle journée mémorable que ce 17 décembre 2002,

où M. Dominique de Villepin est venu inaugurer officiellement le Lycée International Alexandre Dumas (LIAD). Cette visite nous avait été annoncée deux jours auparavant par notre Proviseur, Mr Patrick Leroyer.

Ce jour la, qui remonte maintenant a une dizaine d’annees, l’ensemble du personnel ainsi que nos eleves s’etaient mis sur leur 31 !

La plaque en marbre commemorant cet evenement avait ete scellee la veille sur le mur, a gauche de l’entree du lycee ; c’est la que nous avions tous pris place pour attendre l’arrivee de M. le ministre des Affaires Etrangeres.

Discretement, quelques uns parmi nous avait apporte leur appareil photo pour immortaliser cet evenement !

En�in il arriva, entoure de journalistes et de gardes du corps ; mais comme il depassait tout le monde d’une tete par sa grande taille, nous le distinguions tres bien.

Apres avoir devoile la plaque en marbre, il se dirigea vers la cantine ou il nous grati�ia d’un tres beau discours charge d’emotion, en evoquant en particulier l’histoire de nos deux pays et celle d’Alexandre Dumas.

Apres s’etre entretenu avec nos eleves, il discuta avec les professeurs de maniere tres amicale.

Ce fut un grand moment de l’histoire de notre lycee.

K.G

Arriver devant l’entrée du lycée de bon matin quelques minutes avant la ferme-

ture des grilles sous les gros yeux de l’ad-ministration, préparer son carnet, se faire fouiller. Retrouver ses camarades, prendre un café avant le début des cours, discuter de tout et de rien. La sonnerie retentit - j’ai toujours pensé que cette sonnerie aurait eu sa place dans un aéroport ou une gare. A midi, se plaindre de la lenteur de la cantine, maudire le chef le dimanche (sincèrement chef, le poisson surgelé avec du riz…) et le bénir le jeudi. Transpirer à grosses gouttes dans les salles de classe jusqu’au mois de novembre, stresser à cause des devoirs type bac chaque semaine, râler parce qu’on a quatre heures de permanence dans la

journée mais qu’on finit à dix-sept heures… voilà une routine qui manque déjà aux an-ciens.

Il n’est pas facile de tourner la page aus-si facilement, après quatre années passées entre ces murs. Quatre années de joie, de peine, d’amour et de tristesse, d’amitiés qu’on espère longues, et même pour cer-tains de travail. Tous les anciens vous le diront, on n’a jamais autant voulu quitter le lycée que lorsqu’on y était, et on ne l’a ja-mais autant regretté qu’une fois parti. C’est quelque chose de tout à fait étrange de de-voir laisser sa pièce d’identité pour pouvoir accéder à ce lieu qui a été notre quotidien.

A vous tous, qui avaient encore la chan-ce d’être au lycée, et spécialement aux élè-ves de Terminales, un seul mot d’ordre pour vous : profitez-en. Je ne veux pas avoir à faire le jeune déjà vieux qui ayant à peine quitté le lycée fait déjà preuve de nostalgie, mais profitez-en. Vous êtes dans un micro-cosme privilégié, avec des amis, une équipe pédagogique à votre disposition, un lycée à taille humaine où tout le monde connaît tout le monde. Profitez-en avant de plonger dans l’anonymat des études supérieures, du « vrai » monde. Profitez-en comme si demain vous deviez partir, quitter le lycée, et ne plus revenir. Profitez-en sur tous les plans, investissez-vous dans votre travail et votre vie (comme disent les anglo-saxons, Work hard, play hard). Profitez-en pour vous donner les armes intellectuelles face à un monde de plus en plus complexe et difficile. Profitez-en pour faire un maximum d’expé-riences de vie. Profitez-en pour absorber le savoir de vos professeurs. Profitez-en pour vivre chaque minute auprès de ceux que vous aimez. Dans quelques mois, vous ne les verrez peut-être plus.

Les années lycée sont les plus belles an-nées de nos vies, de vos vies. Joyeux anni-versaire le LIAD.

Aghilès Aït-Larbi(ex-élève de TES, envoyé spécial du Journal de

l’autre côté de la Méditerranée).(Les anciens élèves auront toujours une place dans nos cœurs, ainsi que dans le Journal, pour donner des nouvelles, tenir une brève, rédiger une chronique ou un billet d’humeur. Ndlr)

« Profitez-en, comme si demain vous deviez partir… »

une famille large et aimante, on ne veut surtout pas trouver la froideur de la vie adulte, de «l’autonomie» tant évoquée par nos professeurs.

Pourtant, on y est, on y sera. Le choix d’orientation lui aussi, est un projet difficile à dix-sept ans, un jour on veut être «trader», le second on se voit «architecte», et le lendemain on veut faire médecine. C’est dur d’éta-blir un choix «décisif». Ce rituel mar-quera à jamais notre vie, notre avenir, c’est précisément pour cela qu’il faut y penser à deux fois, et pas seulement en Terminale, bien avant.

Enfin, le dernier point que j’aime-rais aborder dans cette mini-autobio-graphie du lycée est le climat extraor-dinaire d’ouverture et de chaleur que nous propose notre cher, et parfois moins cher, liad, notamment grâce à certaines personnes: le personnel du CDI, la vie scolaire, et certains profes-seurs seront à jamais gravés dans ma mémoire. Une gentillesse inoubliable, et parfois une présence chaleureuse… ils sont là pour nous aider, pour nous «remonter le moral» quelquefois, et ils font leur boulot merveilleusement. Il faut que chacun pense à les remer-cier constamment.

Une ex-élève de TS Equipe pedagogique et administrative en 2002

En 2002, les professeurs expatries arrivaient en fourgon blinde

L’equipe des agents techniques en 2002. Reconnaissez-vous Farid et M. Nedjar ?

Des tentes servaient de cantine

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4 5Echos d’ici et d’ailleurs... Vie du Lycée

Ironique ou non, on ne le saura jamais, cette phrase est prononcée de nombreuses fois

en Septembre, que ce soit au 20H ou dans les couloirs du lycée …

Bref, on y est ! Frais et dispos, après deux mois de vacances bien méritées et on sourit. Il faut dire que l’on ne sait pas encore à quelle sauce on va être mangé ! D’ailleurs le fameux « souriez vous êtes fil-més » a été remplacé par « souriez avant de recevoir votre emploi du temps ! ». Alors on écoute, on dis-cute, on pense, on prend un café et on se souvient. On scrute la salle lentement et on réalise que certaines têtes, celles qu’on affectionnait particulièrement, ne sont plus là ! Et puis, parce que c’est comme ça, on en découvre d’autres et on se dit que finalement la nouveauté ça a toujours du bon !

Etaient présents pour l’occasion, M. Demeleumeester, les documentalistes et quelques professeurs. Hichem Baba Ahmed dit «Monsieur», comme il a du le

préciser à un proviseur qui s’interrogeait sur comment il allait appeler son invité (hésitant entre son célèbre pseudonyme Le Hic et son véritable nom), ainsi que M. Lascaux, conseiller culturel à l’ambassade de France, nous ont honoré de leur présence.

Face à ce beau monde, les élèves concernés, du lycée mais également des collégiens de 6ème et de 4ème.

M. Lascaux, en poste à Alger depuis 2009, après une allocution vantant les mérites du LIAD de par ses excellents résultats académiques, a tenu à saluer les différentes prix obtenus lors de compétitions internationales dans lesquelles ces élèves se sont illustrés.

A cet effet, M. le proviseur remit la cérémonie dans son contexte et poursuivit dans sa lancée, en félicitant chaque lauréat personnellement. S’en suivit une remise des prix accompagnée de photos, et pour faire bonne mesure, d’applaudissements bien nourris.

Outre ces deux concours littéraires, M. Demeulemeester promet que dans un futur proche, un plus grand événement sera organisé pour fêter les lauréats tous domaines confondus, en présence de leurs parents.

D’ailleurs, Lydia n’a pas hésité à mentionner les nombreuses autres distinctions que la classe de première OIB a remporté haut la main, et ce, en dépit de la charge de travail exigée.

A ce propos, M. Lascaux a rebondi tout sourire en affirmant apprécier tout particulièrement cette filière qui forme « les Euro méditerranéens de demain », « les futurs ambassadeurs » et qui, grâce à son bilinguisme et à son ouverture au monde, cultive la curiosité intellectuelle et le goût de l’effort, de même qu’il a déclaré que cela représentait une richesse tant pour la France, que pour l’Algérie.

Et à lui de conclure, en arabe : Yallah !

La célébration finie, les invités se sont entretenus autour d’un cocktail, et en ont profité pour faire dédicacer les ouvrages de Le Hic, auprès du caricaturiste, qui s’est montré aussi drôle que disponible.

Quelle aubaine d’écrire quand l’âme peine à s’élever et freine à mort, quand le temps s’alourdit et cogne partout de colère !

Taureau furieux, tu craches ta terre et tu fouilles encore et encore dans les décombres de ceux qui restent. Alors je me souviens. Va, mon fil........ au loin et plus loin encore.

Nommé au Lycée Alexandre Dumas, j’étais venu par le train. Nuit sans sommeil et lecture de polar. Je tenais par dessus tout à visiter le château d’If parce que cette île et cette histoire, et ce trésor, et cet amour, et ces trahisons, c’était ma mère me lisant la vie dans ses beaux yeux verts, sans jamais se lasser, recommençant chaque soir sur la table jaune de la cuisine. Le repas chauffait sur le fourneau. Dantès! Dantès! Taureau furieux: je découvrais la critique de la vie pure et,à qui veut bien entendre, c’est sûr, Kant est bien au-dessus de l’émotion. Il suffit de sentir alors le futur qui vient. L’émotion a-t-elle une couleur?

A l’époque (prononcer à l’épôôôque).... Le lycée ne commençait pas certes, mais c’était encore les piétinements, les avancées, les retrouvailles. Sur le blanc des murs, le bleu rythmait les jours de travail. Un jour, en plein cours, je fus pris d’un désir absolu de boire, je crus m’évanouir sans la bouteille d’eau que me tendit spontanément un élève. J’ai fixé le ciel bleu à travers la vitre pour tenir debout. Un arbre, comme un doigt, m’indiquait l’horizon.

Je revivais, il m’arrivait de rêver en noir et blanc mais le plus souvent en couleur. Je méditais le jour cette phrase sur la vie : « Dois-je la nommer une vie mortelle ou plutôt une mort vivante ? ». Je pensais et je m’oubliais (mais, je crois que je pensais quand même) relisant encore et encore les Confessions. A l’épôôôque, je faisais un cours sur la vérité: elle s’enfuyait comme un lapin et je commençais à sentir que la vérité ne peut être sue. Souviens-toi dans le silence de ton âme! Un jour, une élève resta à la fin du cours, droite comme une tige et le regard fixe. Elle s’approcha doucement.

Amina me dit: -Mais la philosophie ne sert à rien! Alors pourquoi l’enseigner? N’est-elle pas un non-savoir ?

Je lui répondis que seul le ciel méritait d’être questionné pour le bleu qui inonde, alors forcément, la question qu’elle posait ne se posait pas ou plutôt se situait autrement. Le bleu était d’ailleurs partout:

« Les Olympiades académiques des geosciences sont à l’honneur pour la troisième fois au Lycée International Alexandre Dumas d’Alger. Yanis MEHIDI, lycéen du Lycée International Alexandre Dumas, Alger, Algérie, est lauréat national des Olympiades Géosciences 3°prix, Médaille de bronze.Avant d’être reçu au ministère de l’Education nationale par Monsieur Vincent PEILLON, ministre de l’éducation nationale, avec ses camarades du concours national le 29 juin 2012, le jeuneYanis MEHIDI a été accueilli à l’AEFE par Monsieur Olivier BOASSON, Directeur adjoint de l’Agence, qui a eu le plaisir de lui remettre un diplôme et un ouvrage de géologie.

L’équipe des professeurs de SVT

Palmarès LIAD 2011/2012Olympiades Nationales de la chimie, 3ème prix des projets de communication lors de la finale à Paris avec :Hafidi Seyf Eddine 1S1 OIBHaddag Lydia 1ES 2 OIBAzirou Kamélia 1S1 OIBBoudjedra Fouad 1S1 OIBAlliouche Nacira 1S1 OIB

Olympiades Nationales de Mathématiques, 2ème prix : Mehidi Yanis 1ère S1 OIB

Concours international de scénarii, organisé par le lycée français de Washington : « Lecture », texte nominé au prix du scénario le plus original, lauréats :

Haddag Lydia et Boudjedra Fouad 1ère OIB

Concours de l’ambassade de France relatif à l’implication des élèves dans la vie du lycée et aux questions des droits de l’Homme, lauréats :Abtout Annia 1ère S1 OIBBrahimi Inssaf 1ère S1 OIBBouabdallah Ambar 1èreS3Ait Larbi Aghilés Tle ES 2

Concours international « Poésie en liberté », sous la tutelle de l’Aefe et du ministère de l’éducation nationale 1er Prix 2011, catégorie lycées français de l’étranger et membre du jury 2012 :Haddag Lydia 1 ES 2 OIB

Concours international Parole de presse organisé par l’AEFE et qui avait pour thème «réaliser le portrait d’une personne œuvrant au rayonnement culturel du pays d’origine interview de « Le Hic »,

1er prix :Chekroud Yousra SerineMebarek Amina, 2ne 1 OIB.

Autoportrait du Hic

LIAD, pépinière de talents récompensés…

Pourvu que ça dure !Le Lycée international Alexandre Dumas est un théâtre de talents qui n’attendent qu’à être propulsés sur le devant de la scène. Que cela relève des chiffres ou des lettres, des arts ou des sciences, de nombreux élèves se sont vu attribuer de prestigieux prix lors de concours internationaux. De fait, l’établissement a tenu à mettre en valeur les lauréats des concours « Poésie en Liberté » et « Paroles de presse », et ce, lors d’une petite cérémonie de remise des prix qui a eu lieu au CDI le lundi 21 mai, sous un soleil timoré de printemps…

J’ai vécu à Alger deux années parti-culièrement enrichissantes. Je suis ar-rivée au LIAD à un moment où seul le lycée existait. J’avais face à moi des élè-ves étonnants: sympathiques mais aussi curieux, ouverts, ambitieux, exigeants et critiques. Il fallait être à la hauteur de leurs attentes et de celles de leurs pa-rents, ce qui fut très stimulant. Je garde un excellent souvenir de mes élèves qui m’ont fait confiance et grâce à qui j’ai beaucoup appris. Ces élèves étaient, me semble-t-il, heureux de venir dans LEUR lycée, espace d’échanges, de débats, ......bref plus qu’un lycée, un lieu de vie.

Je faisais alors partie d’une véritable EQUIPE pédagogique, équipe où profes-seurs et membres de l’administration se connaissaient bien et connaissaient bien les élèves, ce qui nous a permis de faire un travail efficace. Beaucoup d’entre eux étaient, et sont encore aujourd’hui, bien plus que des collègues mais de vérita-bles amis. Nous avons du parfois sur-monter, à Alger, des moments difficiles, mais nous les avons surmontés ensem-ble. Je garde surtout en mémoire tous les bons moments partagés. Les repas et les fêtes furent fréquents, et je ne peux m’empêcher de sourire en repensant à ces instants de détente au LIAD.

D’un point de vue plus personnel, ces deux années en Algérie furent, là aussi, très enrichissantes. Vivre dans un pays qui n’est pas le sien et dans une cultu-re qui n’est pas la sienne, ce n’est pas toujours facile mais c’est une véritable chance. J’ai appris tellement de choses en Algérie! J’ai découvert des Algériens forts, fiers, et surtout particulièrement accueillants. J’ai aussi appris beaucoup sur ce grand pays qu’est l’Algérie, j’ai essayé de comprendre les choses, et mes collègues, mais aussi mes élèves, étaient là pour m’y aider. Je les remer-cie de m’avoir permis de partager avec eux des moments forts de la vie et de la culture algérienne. Dans ce pays qui a une histoire liée à celle de la France, j’ai aussi beaucoup appris sur l’histoire de mon propre pays.

Pour résumer, ces années passées au lycée international d’Alger furent in-tenses et j’y repense avec beaucoup d’émotion.

Cela fait maintenant 10 ans que ce lycée accueille chaque année de nou-veaux élèves et personnels d’éducation, je souhaite aux nouveaux membres du LIAD que ce lycée leur apporte autant que ce qu’il m’a apporté.

Isabelle Marion, ancien professeur d’SVT du LIAD (2006-2008)

Chronique « Alexandre Dumas »as-tu bien vu? Pourquoi veux-tu d’abord savoir? J’avais un peu honte. Mais peut-on savoir sans avoir vu et puis voyons-nous ce que nous savons? Que veux-tu savoir si tu n’as pas senti ce que tu sais ?

Avec hésitation, je dis: -Mais tu ne pourrais rien connaître si d’abord il n’y avait des questions dont la réponse est invisible.

C’était comme un murmure. Alger vibrait comme une centrale. Pendant ce temps le lycée continuait sa route, et tous les deux, à la sortie de ce cours, dans le brouhaha, nous nous disions: mais alors voyons-nous bien ce que nous voyons? Quel est donc ce bleu? Qu’est ce que la couleur? Mon coeur disait merci. Elle dit: -C’est vrai, me dit-elle , le zéro n’a pas de couleur..... Mais ce monde en a une, enfin une infinité....

Ce jour de mai 2004, je suis parti rue Didouche Mourad, et dans le bleu de ce jour, dans les couleurs qui tremblaient, je m’évanouissais, désirant m’arracher « à la dispersion où je me dissipais » dans la nuit qui venait.

J’allais dans la chaleur des rues du soir chez mon oncle, spéculer sur les roses dévastées, sur les poèmes de Mohand dans les éditions de Minuit traduits par Mouloud Feraoun. Nous parlerions de mon père et de ses aventures.

J’ai revu Amina dans la rue Didouche en 2012. Pur hasard des rencontres, elle était avec sa mère, le regard toujours aussi vert dans la lumière de la matinée, comme penchée pour me regarder, derrière elle cet horizon de l’instant dans la rue, un trou de bleu devant le marchand de fleurs, avec cette jambe cassée qui portait le poids du ciel et l’espérance. J’ai ri et je l’ai embrassée tout en disant dans un murmure: alors tes couleurs?........Elle riait et sa mère me souriait. Et puis la question fatidique: -Que deviens-tu? J’étais bien pauvre. Midi, plein soleil, s’écrasait.

Amina ramena sa jambe dans une vitesse si charmante et si vitesse que la vitesse mourrait de honte. Je peins Monsieur, je peins! Taureau furieux, souffle encore, tu sais le reste et mieux encore. Dantès, je me souviens de toi.

Ankara, Dimanche 3O septembre 2012.

Florent Bouzouane,Professeur de philosophie à Alger en 2004-2007.

Chouette, c’est la rentrée !Des nouvelles des nouveaux !Les collègues s’expriment :

Nadia RAHMANI(Secrétariat primaire Ecole Primaire Alexandre DU-MAS)Signe particulier : deux rentrées sur les deux sites !Une rentrée à Ben-Aknoun, c’est comment ?Ma rentrée je l’ai faite en janvier, un peu anxieuse au départ car c’était tout nouveau pour moi n’étant pas du métier, tout ce que je peux dire c’est que mon démarrage s’est fait sur les chapeaux de roues (lol).Une rentrée à Delhy Brahim, c’est comment ?Voir se concrétiser un projet auquel on a pris part, et assister à une première rentrée sans couac a été très gratifiant.

Sofia AMMAR KHODJA(Professeur de Lettres Lycée International Alexandre DUMAS)

Alger et alors ?Je suis d’Alger. Je peux vous dire que c’est un très beau pays avec un temps à en faire saliver plus d’un. En revanche pour se distraire le soir, y’a pas photos ; je recommande la Thaïlande.

Une rentrée à Ben-Aknoun, c’est comment ?La rentrée à Ben-Aknoun est tout simplement rafraîchissante. Pour ma part j’ai été accueillie à bras ouverts par mes collègues de lettres, ce qui m’a vraiment mis du baume au cœur. A suivre …

Delphine Maniak, professeur de lettres

Par Haddag Lydia (ex-1ère ES 2 OIB)et Chekroune Sérine (ex-2nde 1 OIB)

Page 4: " J'ai dix ans..."

6 7Visite de l’Ambassadeur de France en Algérie Visite de l’Ambassadeur de France en Algérie

M. André Parant en visite au LIAD

Etre ambassadeur…Etre ambassadeur, c’est devenir en

quelque sorte la vitrine de son pays dans le pays d’accueil. M. Parant est le représentant de la France en Algé-rie, mais il l’a aussi été dans plusieurs autres pays. Curieux, nous le question-nons sur son parcours. Nous appre-nons ainsi qu’après sa sortie de l’ENA (Ecole Nationale d’Administration), il occupe de nombreux postes diplo-matiques notamment en Afrique et dans le monde Arabe. En 2005, il est Ambassadeur de France au Sénégal. En 2008, il le devient au Liban. Être ambassadeur, c’est beaucoup voya-ger, pour des missions diplomatiques qui peuvent aller de quelques heures à plusieurs années. En 2009, il est rappelé en France et occupe le poste de Conseiller diplomatique adjoint du Président de la République. En avril 2012, il est nommé Ambassadeur de France en Algérie.

Ses premières rencontres avec l’Al-gérie par le passé avaient été assez brèves, au cours de courtes missions diplomatiques n’allant pas au-delà de quelques heures. Mais une fois ins-tallé à Alger, c’est une grande familia-rité avec la ville qu’il a immédiatement

Récemment nommé Ambassadeur de France en Algérie,

En mai 2012, le LIAD a eu l’honneur d’accueillir M. André Parant, récemment nommé Ambassadeur de France en Algérie. C’est dans le cadre de cette visite que nous avons eu l’occasion de le rencontrer

et de lui poser quelques questions. Focus sur son parcours, son métier, sa vision des relations franco-algériennes, et bien évidemment sur le LIAD qui fête ses dix ans cette année. Un établissement tout jeune mais qui joue déjà un rôle important dans les relations entre les deux pays…

Interview réalisée par :CHEKROUD Yousra Serine (ex-2nde OIB)

AÏT-LARBI Aghilès (ex-T ES)

ressentie. Alger, il la connait. Il l’a connue à travers des films, des images, des textes, mais aussi à travers cette proximité de culture très étroite avec la France. Mais comme il nous le fait si judicieusement remarquer, l’Algérie ne se limite pas à Alger, aussi M. Pa-rant se donne pour projet au cours de son séjour ici de visiter la vraie Algé-rie, l’Algérie profonde. Nous abordons la culture algérienne, que ce soit à tra-vers les textes de nos écrivains ou les mélodies de nos chanteurs, ce à quoi il répond qu’il n’a que des connaissances très superficielles de la riche culture al-gérienne, mais qu’il veillera à y remé-dier au cours de sa mission. C’est aussi ça, le métier d’ambassadeur, un enri-chissement continu et permanent…

« Les postes à enjeux sont les plus beaux postes. »

Nous avons tenu à demander à M. Parant pourquoi avoir accepté cette mission en Algérie, ce à quoi il répond que « les postes à enjeux sont les plus beaux ». Etre ambassadeur, c’est se charger du maintien des contacts et échanges permanents entre son pays et le pays d’accueil. Et du fait de rela-tions franco-algériennes très comple-xes, c’est comme un défi permanent,

une mission assignée à l’ambassadeur.Et s’il y a un point sur lequel il aura longuement insisté au cours de notre entretien, c’est bien sur la particularité des relations franco-algériennes.« Des relations non comparables, étroites, denses et complexes. Des relations ac-centuées par une proximité géographi-que et de culture, des relations étroite-ment liées dans tous les domaines ». Sur le plan social à travers l’importante communauté algérienne présente en France, à travers le nombre élevé de binationaux en Algérie, à travers cette circulation permanente entre les deux rives. Sur le plan économique car la France demeure le premier partenaire économique de l’Algérie, et que des in-vestissements importants ont déjà été réalisés ici. Des relations qui restent cependant perturbées par certains fac-teurs historiques dus à un sombre pas-sé colonial qui laisse encore de profon-des séquelles des deux côtés de la rive. Selon M. Parant, « il faut que les deux pays s’efforcent de dépasser ensem-ble ce passé douloureux, et aillent de l’avant ». Cette longue histoire com-mune ne doit pas selon lui être un obs-tacle aux relations entre les deux pays, mais une véritable richesse. M. Parant n’aura de cesse que d’en appeler à une

écriture commune de l’Histoire, à ne pas se lancer dans une « guerre des mémoires » mais ensemble à écrire la réalité des faits, loin des récupérations

politiciennes, en confiant ce travail aux historiens pour que cela soit fait « de la manière la plus juste et la plus objective possible ». Elu à la veille du cinquantième anniversaire de l’indé-pendance de l’Algérie, c’est un rôle clé que jouera M. André Parant dans cette célébration.

Et le LIAD dans tout ça ?Parmi les rôles majeurs d’un ambas-

sadeur, il a celui d’œuvrer à la promo-tion de la culture de son pays. Cette dif-fusion culturelle se fait par différents moyens mais l’enseignement est celui qui demeure le plus efficace. Le LIAD qui fête ses dix ans cette année en est un bel exemple. Nous rebondissons sur cette affirmation de M. Parant pour aborder une question qui nous tient très à cœur. Une grande majorité des élèves du LIAD sont algériens. S’ils y sont scolarisés, c’est parce qu’ils ont passé un concours mais également parce que leurs parents peuvent se permettre de payer des frais de scolari-té importants et qui n’ont cessé d’augmenter ces dernières années. Nous insistons sur le paradoxe entre la volonté de pro-mouvoir l’excellence sco-laire, l’ouverture au mon-de et la francophonie, et la réalité de ces frais de scolarité, prohibitifs pour le plus grand nom-bre ; et nous proposons

l’idée d’un système de bourses pour aider certains élèves excellents scolai-rement mais dont les parents ne peu-vent pas payer les frais de scolarité. M.

Parant semble dubitatif quand à notre demande, et finit par nous affirmer que l’AEFE prend déjà en charge 50% de ces frais de scolarité, qu’il existe des bourses pour les élèves de nationalité française (uniquement ! Nous ne man-quons pas de le souligner.) et d’autres pour les élèves excellents souhaitant poursuivre leurs études en France. Mais devant notre insistance, il finit tout de même par avouer que ce n’est pas une mauvaise idée, et nous promet d’examiner notre proposition.

Enfin, M. Parant conclut en fai-sant l’éloge du superbe cadre scolaire

dans lequel nous évoluons, qu’il a eu l’occasion de visiter et qu’il a visible-ment beaucoup apprécié. Il mention-ne l’extrême convivialité des lieux, la

motivation du personnel (professeurs, documentalistes, surveillants, CPE, proviseur adjointe, proviseur, très im-pliqués dans la vie au LIAD). Et s’il a bien un message à faire passer aux élè-ves, c’est de « prendre conscience de cette chance et d’en profiter ». Profiter de la chance que l’on a de préparer no-tre avenir dans les meilleures condi-tions possibles. Profiter de la chance que l’on a d’évoluer chaque jour dans un riche mélange entre deux cultures. Et ne surtout pas oublier ce rôle qu’il nous a attribué, « vecteurs d’un rap-prochement entre les deux rives ».

M. André Parant en visite au LIAD

Page 5: " J'ai dix ans..."

8 9Visite du Ministre Conseiller

Onze heures. Nous nous rendons au CDI. Robe, talons et costume sont de rigueur. On nous annonce que l’Ambassadeur est en train de visiter le lycée, et qu’il pourra nous voir vers midi. C’est tant mieux, ça nous laisse le temps de revoir nos questions.

Onze heures et quart. Comme le temps d’entretien est limité, nous devons sélectionner les questions à poser. Dommage. En même temps, dix-huit questions, c’était peut-être un peu trop ! Il faut aussi se les ré-partir en fonction de ce qui nous tient chacun le plus à cœur, Aghilès et moi. Nous nous mettons à la tâche à coups de surligneur rose fluo.

Onze heures trente. Monsieur l’Ambassadeur va passer visiter le CDI. Nous faisons mine de nous re-plonger dans nos papiers ; il faut bien avoir l’air d’élèves studieux ! Il arrive accompagné du proviseur et de M. Lascaux le Conseiller culturel à l’ambassade, et de quelques adminis-tratifs. Nous nous présentons en lui serrant la main. Il a l’air assez sérieux au premier abord, mais il nous dit « à tout à l’heure ». L’entretien va se passer sous la kheima qu’ont dressée les élèves de 1ère OIB pour fêter leur retour d’Abu-Dhabi.

Midi. Il faut y aller. Monsieur Bernard nous accompagne jusqu’à la kheima sous un soleil radieux de mois de mai. Beaucoup d’élèves prennent du bon temps, allongés sur les tapis aux couleurs flamboyantes. L’inté-rieur est meublé de matelas, de cous-sins, de petites lampes colorées, de tables basses en bois… un cadre très

chaleureux et assez particu-lier pour une interview. Il faut retirer ses chaussures. On nous installe des chaises à l’écart. A l’écart parce que nous sommes quasiment seuls avec lui, personne pour superviser tout ça, ce que j’ai beaucoup apprécié car c’était une preuve de totale confiance de la part de M. Bernard et de Mme Benyounès, et aussi de Pro-viseur.

Midi dix. L’entretien commence. Il se déroule parfaitement, avec fluidi-té, sans le moindre accroc. Pourtant, j’étais un peu an-xieuse à l’idée de discuter avec l’Ambassadeur, mais M. Parant s’est prêté au jeu de l’interview avec une grande faci-lité, face pourtant à deux élèves qu’il ne connaissait pas. Etait-ce une ques-tion de personnalité, ou bien une vo-lonté de donner un nouveau ton à la politique de l’ambassade de France en Algérie, plus direct, plus ouvert ? Il a en tout cas répondu à toutes nos questions, parfois avec sérieux, par-fois d’un air plus plaisantin ou avec le sourire. Questions et réponses se sont enchaînées, nous écoutions attenti-vement et griffonnions toutes sortes de notes sur nos papiers. Nous pen-sions avoir un temps très limité, mais M. Parant s’est montré très ouvert et disponible et la durée de l’entretien s’est étendue de sorte que nous avons finalement eu le temps de poser tou-tes les questions qui nous tenaient

Chronologie d’une rencontre1h40mn avec l’Ambassadeur

à cœur. Posé, choisissant ses mots avec soin, il s’est beaucoup appliqué à nous répondre. Je suis encore éton-née aujourd’hui de constater à quel point il nous a pris très au sérieux, omettant le fait que nous n’étions que de simples lycéens, et élevant no-tre modeste interview au rang d’une vraie interview journalistique. M. Pa-rant aura passé une bonne partie de sa visite au lycée avec nous en effet…

Midi quarante. Il est temps de conclure. Nous remercions chaleu-reusement monsieur l’Ambassadeur de s’être prêté au jeu. Thé et gâteaux orientaux arrivent sur un plateau porté par deux élèves de première en tenues traditionnelles. Nous en profitons pour nous mettre d’accord, Aghilès et moi, sur la rédaction de notre article. On lui offre des exem-plaires de notre journal en guise de remerciements, il promet d’y jeter un coup d’œil.S’impose ensuite une pe-tite séance photo au cours de laquelle tout le monde se regroupe autour de M. Parant, des sourires se lisant sur toutes les lèvres. C’est finalement une belle rencontre qui aura eu lieu, me laissant une bonne impression. Elle m’aura initié au métier de journa-liste, et m’aura fait aimer celui d’am-bassadeur. Une rencontre très enri-chissante, en somme.

CHEKROUD Yousra Serine(ex-2.1 OIB)

M. Diego Colas,

Vous arrivez à la fin de votre mission en Algérie, en tant que « n°2 » de l’Ambassade de France en Algérie. Pardonnez-moi, mais je n’ai pu recueillir que très peu d’informations à votre sujet, par conséquent, pourriez-vous vous présenter à nos lecteurs ?J’exerce le métier de diplomate. Je suis un agent du ministère français des Affaires Etrangères, qui occupe des fonctions successives, tantôt à Paris, tantôt au sein des ambassades. Je suis entré au ministère des Affaires Etrangères en 1999. J’ai travaillé durant cinq ans à Paris, à la direction des affaires juridiques, puis en tant que conseiller technique auprès de la ministre déléguée aux affaires européennes. En 2004, je suis allé à Londres, où j’ai exercé durant quatre ans et demi le poste de conseiller politique. Enfin, je suis arrivé à Alger en 2008, pour prendre mes fonctions de ministre conseiller, qu’on appelle aussi le « n°2 d’ambassade », ou « premier conseiller ». Ce poste regroupe quatre missions. En premier lieu, il s’agit de coordonner la chancellerie diplomatique, c’est à dire la relation bilatérale entre la France et l’Algérie. Ma seconde mission consiste à coordonner les activités des différents services : je joue le rôle d’une « tour de contrôle », et m’assure de la cohérence des actions de l’ambassade de France, qui se matérialisent par exemple lors de la coordination de communiqués ou de courriers soumis à la signature de l’ambassadeur. Je suis également l’officier de sécurité de l’ambassade, et de toutes les installations françaises en Algérie – ce lycée par exemple – et suis responsable de la sécurité passive de ces structures, comme le bon fonctionnement du matériel, et de l’organisation de cette sécurité, des gardes etc. Enfin, ma dernière tâche relève de la gestion, c’est-à-dire des grilles salariales, du dialogue avec les syndicats, de la politique immobilière...

Quel bilan feriez-vous de votre carrière en Algérie ? Ce furent trois années d’une grande intensité. J’ai eu beaucoup de travail, et ce fut pour moi d’un grand intérêt, d’autant plus que l’Algérie représente pour moi une sorte de retour aux sources. En effet, mon arrière grand-père vivait à Bechar, il avait une compagnie de camions et commerçait entre Oran et le Mali. J’ai effectué mon premier voyage en Algérie à l’âge de onze ans (le monument des martyrs allait alors être inauguré). C’est indéniablement un pays proche de mon coeur, mais je me suis rendu compte que

Une pause très conviviale avec

M. Diego Colas, Ministre Conseiller de l’Ambassade jusqu’à l’été 2012

je le connaissais très peu, car en France, on se fait beaucoup de fausses idées sur l’Algérie. J’ai donc été très intéressé d’apprendre à connaître l’Algérie, son système politique, son économie, son mode de fonctionnement, sa culture. L’autre aspect passionnant de mon séjour en Algérie réside dans le travail d’équipe que j’ai pu y expérimenter. En effet, à mon arrivée en 2008, le prédécesseur de M. Parant, M. Xavier Driencourt, venait tout juste d’être nommé ambassadeur. J’ai donc effectué la quasi totalité de mon travail directement avec lui, et cela grâce à une très bonne entente entre nous. Nous avons formé un binôme soudé, bénéfique pour l’action de l’ambassade, car à notre arrivée, la relation bilatérale entre la France et l’Algérie n’était pas au beau fixe, la communication demeurant difficile. Nous avons donc employé les deux premières années de notre coopération à renouer les contacts bilatéraux, en organisant les visites de grandes personnalités françaises en Algérie, en lançant une grande exposition culturelle au Musée d’Art Moderne. Lorsque les liens furent renoués, et cela dépendait aussi des décisions politiques algériennes, nous nous sommes employés à accompagner la montée en puissance de la relation bilatérale : ainsi les venues de Jean-Pierre Chevènement en septembre 2010, de Michèle Alliot-Marie en novembre de la même année, d’Alain Juppé en juin 2011, et de Jean-Pierre Raffarin on redonné de l’élan à la relation bilatérale, en lui apportant de la substance, et cela fut une mission intéressante. Nous avons également opéré des changements au niveau de la gestion et de la sécurité de l’ambassade, restée sur la logique fermée des années 90, en réalisant un travail d’ouverture et de modernisation.

Quel visage revêt la politique culturelle française en Algérie, en termes de rayonnement ?L’action diplomatique française s’étend sur le domaine politique et consulaire, et concerne aussi la coopération entre les universités ou les polices, ainsi que la culture, notamment la question scolaire. On constate en premier lieu la forte présence culturelle française en Algérie. En effet des Centres Culturels Français (CCF, maintenant dénommés IFA : Institut français d’Algérie) existent dans plusieurs grandes villes d’Algérie, notamment Alger au centre, Tlemcen et Oran à l’ouest, Annaba et Constantine à l’est, sans oublier Tizi Ouzou, où la réouverture centre culturel est actuellement en cours, ce qui témoigne de la volonté de l’ambassade

d’être au contact de l’Algérie, et pas seulement d’Alger, car la réalité hors d’Alger est très différente de la réalité algéroise. C’est en cela que l’implantation hors d’Alger est un aspect important de la politique culturelle, dans une optique de dialogue avec les populations. La coopération à travers l’action culturelle est essentielle pour la France, c’est pourquoi le ministère des affaires étrangères dégage des «enveloppes de coopération» avec beaucoup de pays : l’Algérie et le Maroc en sont les deux plus importantes. Cette enveloppe est destinée en Algérie au domaine universitaire à 45%, afin de développer les échanges, au domaine linguistique, pour la formation d’enseignants dans le cadre de la réintroduction du français dans l’enseignement primaire, au domaine culturel également, dans le soutien aux CCF, et aux manifestations. Elle concerne également le secteur administratif, environnemental notamment, par exemple en apportant l’expertise française lorsque les Algériens élaborent leur schéma national d’aménagement du territoire, et enfin le domaine audiovisuel, très particulier en Algérie. En effet, dans la plupart des pays, la politique audiovisuelle consiste à assurer l’accès des habitants locaux à des chaînes publiques telles que France 24 ou TV5, qui diffusent des programmes français orientés vers l’international. Mais en Algérie, parce que nous sommes beaucoup plus proches, la question est avant tout de veiller à préserver l’accès, pour tous les Algériens, à des chaînes grand public comme TF1, Canal+, M6...

Cette politique diffère-t-elle dans les autres pays du Maghreb ?Je dirais que la politique culturelle dans les pays du Maghreb diffère des autres régions du monde. En Algérie et au Maroc, les populations connaissent la France par l’histoire qui a créé des flux humains entre les familles, ce qui occasionne de nombreux contacts, il n’est donc pas besoin de les intéresser à la France contrairement à d’autres pays. Les pays du Maghreb constituent donc une priorité : ils sont les plus grosses enveloppes de coopération, ce qui témoigne d’une action plus intense par habitant qu’ailleurs dans le monde. Par ailleurs, on y pratique une approche différente, qui vise plus à entretenir la relation et l’arrimage de la France à ces pays, plutôt que d’en construire, ça révèle l’extrême proximité inhérente au Maghreb.

Notre Lycée International a accueilli une nouvelle personnalité le dimanche 10 juin dernier : M. Diego Colas, ministre conseiller, ou plus communément « n°2 » à l’ambassade de France en Algérie, que j’ai pu rencontrer et avec qui j’ai pu m’entretenir au CDI.

«On ne sort pas indifférent de l’Algérie»

Visite de l’Ambassadeur de France en Algérie

L’Ambassadeur avec des élèves, sous la Kheima dressée pour la semaine interculturelle des OIB

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10 11Les Belles Personnes

Pourquoi existe-t-il actuellement un seul lycée français en Algérie, lorsqu’au Maroc et en Tunisie les établissements sont plus nombreux ? La réouverture des anciens lycées français en Algérie est-elle envisageable ?Rouvrir tous les anciens établissements français en Algérie n’est probablement pas envisageable, car il existe deux différences entre l’Algérie et ses voisins maghrébins. Premièrement, le politique éducative algérienne a fait le choix de récupérer les anciens lycées français, dans le cadre de l’arabisation décidée durant les années 1970. Ainsi les autorités permettent un seul lycée français, et c’est le lycée international Alexandre Dumas. De plus, durant les années 1990, il était difficilement possible de faire fonctionner ne serait-ce qu’un seul lycée. Ces deux paramètres nous ont donc amenés à repartir de zéro au début des années 2000, en construisant l’actuel lycée, puis le collège, la petite école et enfin l’école primaire qui ouvrira ses portes à la rentrée 2012. Cependant, des projets de nouveaux établissements à Oran et Annaba, où j’ai effectué des visites la semaine dernière afin de proposer des accords de fonctionnement, sont actuellement étudiés: il s’agit de trouver des locaux, d’établir un financement, de décider du fonctionnement de ces lycées, mais en accord avec les autorités algériennes.

Le centre culturel français de Tizi Ouzou est actuellement en réhabilitation. Va-t-on vers la généralisation de cette structure culturelle, très dynamique à Alger, à travers tout le territoire ?L’ouverture du centre culturel de Tizi Ouzou représente actuellement une priorité : en effet, sa réouverture a été décidée, mais l’édifice reste très abîmé, comme j’ai pu le constater lors de mes deux visites sur les lieux. Fermés depuis 1994 et gardés depuis par une ou deux personnes, les locaux de Tizi Ouzou n’ont pas été entretenus, et nécessitent donc énormément de travaux. Lorsque ceux-ci seront achevés, les six CCF qui existaient avant années 1990 auront rouvert. Il n’est pas à l’ordre du jour d’en ouvrir plus, sachant qu’il y en a déjà deux au centre, deux à l’est et eux à l’ouest. En revanche, il s’agit de travailler sur les contacts de ces centres avec les autorités algériennes, à l’exemple de Tizi Ouzou, avec la Maison de la culture, que j’ai visitée et qui est lieu très dynamique, et de développer des manifestations à l’extérieur du centre en partenariat avec les universités de la ville, et avec d’autres villes. Ainsi, a eu lieu la mise en place d’une pièce de théâtre à Jijel, à partir du CCF de Constantine, ce qui devrait encourager d’autres partenariats avec des wilayas du sud (Béchar, Adrar) plus éloignées. Le développement de la présence se ferait donc plus par le biais du partenariat.

Une question persistante s’impose : la situation des élèves de ressortissant algérien au sein de l’établissement. Nous sommes majoritaires et ne bénéficions d’aucune aide financière possible, malgré le coût croissant de 10% chaque année des frais de scolarité (exorbitants face au niveau de vie locale), afin de supporter l’expansion

des infrastructures éducatives françaises à Alger, reflet de l’ancrage important de la francophonie. Envisageriez-vous de nous inclure dans le processus de bourse d’excellence allouée aux plus méritants, à l’image du système qui, en France, rend accessibles les meilleures universités aux élèves les moins favorisés ?Je suis perplexe, car j’étais persuadé que les bourses d’excellence étaient accordées aux Al-gériens également (vérification faite, c’est bien le cas). Tout ceci reste surtout une « affaire de sous » : le budget du LIAD est un budget impor-tant, entre le lycée, le collège, et les nouveaux équipements récemment installés. Tout ceci re-présente un investissement élevé, couvert à 50% par les frais de scolarité, ce qui nous laisse 50% couverts par les subventions de l’Etat français. Il serait difficilement concevable que l’Etat paie plus que cela, et les parents moins. Il faudrait peut-être envisager d’équilibrer les charges, de façon à ce que certains foyers paient plus pour alléger les frais d’autres foyers moins favorisés, en s’appuyant sur une échelle des revenus. Ce serait un système de bourse, mais supporté par les parents les plus favorisés, et un tel projet impliquerait de grandes discussions, auxquel-les nous ne sommes pas fermés. Par ailleurs, le LIAD fait partie du peloton de tête quant aux bourses, ce qui est un vrai critère d’excellence, au delà des excellents taux de réussite aux bac et brevet.

Quelle importance accorde l’ambassade de France au cinquantenaire de l’Indépendance de l’Algérie, célébré cette année ?Le cinquantenaire de l’Indépendance est un événement extrêmement important. L’ambassade de France est prête à s’organiser, mais c’est d’abord aux Algériens de décider des célébrations, de dire ce qu’ils attendent de la France, ou si, au contraire, ils préfèrent conserver une approche algéro-algérienne, ou avec d’autres pays. C’est aux Algériens d’instiguer la dynamique. Cependant, l’indépendance de l’Algérie est une page de l’histoire de France, ayant mobilisé beaucoup de Français et de Françaises, dont beaucoup militaient en faveur de l’indépendance, il y va donc également de la mémoire française. Les intellectuels ont d’ailleurs beaucoup célébré cet anniversaire, qui a suscité un intérêt particulier en France. Ainsi, l’ambassade se met à la disposition de l’Algérie, pour accompagner une demande, proposer des idées, et veiller à ce que la célébration de cet anniversaire permette de rapprocher les deux pays plutôt que susciter des tensions. Certaines manifestations en France peuvent être mal comprises en Algérie, il s’agit également de se renseigner sur cela, et d’assurer la bonne communication ainsi que la compréhension des diverses manifestations, afin de préserver la mémoire « en souffrance » de certaines personnes, sans maladresses. Par exemple, la manifestation au musée de la guerre avec Jacques Fernandez présente bien les choses. Elle est le fruit de beaucoup de travail entre les gouvernements de nos deux pays, et permet d’apprendre l’Algérie aux Français à travers l’histoire.

Avez-vous eu l’occasion d’embrasser la culture algérienne (littérature, musique, voyages...) ? Que retenez-vous de cette expérience ?On ne sort pas indifférent de l’Algérie. C’est un pays d’une telle chaleur humaine, auquel je suis très attaché. J’y ai beaucoup voyagé (j’ai pu me rendre dans environ trente des quarante-huit wilayas), et j’ai vraiment aimé découvrir la diversité des paysages. Ma région favorite reste les Hauts Plateaux, l’Est du pays comme Djemila, j’étais d’ailleurs à Souk Ahras la semaine dernière. On comprend la population à travers les petits villages, autour d’un thé. Cette chaleur humaine me manquera, et je reviendrai car j’ai encore une dizaine de voyages que j’aimerais faire.

J’ai aussi beaucoup aimé les auteurs algériens, rencontrés au cours de passionnants dîners ou déjeuners autour des romans policiers algériens, ou de la littérature sud-américaine par exemple. Parmi eux je cite Boualem Sansal, Yasmina Khadra, Yahia Belaskri. La lecture de ces auteurs permet de bien comprendre les Algériens, ce qui les touche, les représente, leurs réactions.

Je me suis également intéressé au cinéma et à la peinture locaux. Je dispose d’une assez grande résidence en tant que Ministre Conseiller, où trônent de nombreux tableaux algériens, notamment les oeuvres de Hamza Bounoua, un peintre renommé qui expose dans les pays du Golfe et à New York, et que j’ai eu la chance de recevoir. Son travail s’apparente à de la calligraphie moderne, presque au graffiti, et c’est vraiment très beau. J’ai également pu découvrir Abdelmalek Medjoubi, qui peint dans des tons de bleu presque industriel. L’accord de ses toiles avec l’imprenable vue sur la baie d’Alger offre un spectacle des plus fascinants.

J’emporte donc avec moi beaucoup d’images et de souvenirs. Je retiendrai surtout cette chaleur humaine, cette hospitalité et cette authenticité. Les Algériens disent ce qu’ils pensent et ce qu’ils sont de manière assez franche.

Quels conseils donneriez-vous aux élèves du LIAD?Je n’ai pas beaucoup de conseils à vous donner, car je sais que vous travaillez beaucoup. Donnez-vous surtout les chances de réaliser votre plein potentiel. J’ai plusieurs fois rencontré des élèves du LIAD à l’occasion du forum des métiers, où je représentais le métier de diplomate, et de la rencontre avec M. Zimeray couverte par le Journal du Liad au mois de mai. Les élèves de ce lycée sont extrêmement vifs et intelligents, par conséquent mon conseil, qui n’a jamais trahi, est de travailler, se donner, de tenir les promesses qu’on se fait à soi-même pour s’accomplir le mieux possible. Vous êtes une génération porteuse de promesses, je vous souhaite de réaliser vos rêves, le plus souvent c’est en travaillant qu’on y arrive.

Un mot pour nos lecteurs ?Bon courage au LIAD, et bravo au journal qui a été primé récemment, je félicite la qualité de ce journal que je lis toujours avec intérêt.

Nesma MERHOUM (ex-2NDE 4)

Rencontre avec Me Lalia KERFA et M. Bernard TRAMIER

1) Pouvez-vous vous présenter aux

lecteurs du Journal ?

Je m’appelle Bernard Tramier et je suis

professeur de lettres dans les classes du

lycée. J’enseigne au lycée international

depuis son ouverture, en 2002. Je suis arrivé

en Algérie en 1969 et… j’y suis resté. C’est

ma dernière année au lycée car je dois partir

en retraite mais je resterai en Algérie.

2) Comment avez-vous trouvé

l’établissement au tout début?

Prometteur, pour moi c’était le début d’une

nouvelle aventure, après la fermeture de

l’ancien lycée en 1994. Cet établissement est

grand, spacieux. Les élèves s’entraident et une

grande joie de vivre règne !

3) Avez-vous pratiqué un autre métier avant

de devenir professeur?

Jamais, j’ai toujours été enseignant !!!

4) Avez-vous remarqué une différence entre

les élèves d’avant et ceux d’aujourd’hui?

Les élèves d’avant, en 2002-2003, étaient peut-être

plus motivés, ils avaient en tous les cas tous une

très forte envie de travailler et de réussir. L’Algérie

sortait de la décennie noire et les jeunes allaient de

l’avant, tournés vers l’avenir. Maintenant, les élèves

ne prennent peut-être pas assez le temps de bien

réfléchir à leur futur. Selon moi, certains n’ont pas

assez envie de travailler !

Que pensez-vous du métier que vous exercez, professeur, aujourd’hui ?Mon métier de professeur de français me convient parfaitement car j’aime la littérature et la découverte des œuvres, des auteurs. Et d’ailleurs, depuis toujours je voulais et espérais être professeur et exercer ce métier. Je trouve que c’est le plus beau des métiers et que chacun devrait l’exercer au moins 1 ou 2 ans dans sa vie pour en avoir l’expérience, je peux vous affirmer que si j’ai exercé ce métier pendant toute ma vie c’est sûrement que j’ai appris à l’aimer, ce sacré métier !Est-ce que le Liad à son ouverture avait une bonne réputation vis-à-vis des élèves ? Comment étaient alors les premiers élèves à leur arrivée au liad, quelles ont été leurs réactions face au liad ?

Les élèves étaient contents, heureux à leur arrivée au Liad et surpris aussi par sa grandeur.

5) Quel est votre endroit préféré au LIAD

? Et pourquoi ?

Le CDI, bien-sûr ! Car on y trouve toutes

sortes de livres et documents, des neufs et

des plus anciens, ainsi que des revues. Une

vraie caverne d’Ali Baba avec ses merveilles

et ses trésors où l’on fait toujours des

découvertes passionnantes. Il y règne aussi

une ambiance extraordinaire, avec une très

grande fréquentation de la part des élèves

et des enseignants. Les documentalistes

sont chaleureux et nous y sommes entourés

de personnes qui ont une grande motivation

pour le travail.

6) Avez-vous participé à un projet?

Oui, j’ai contribué au développement du

livre «Eclat» avec des collègues et des

élèves, recueil de témoignages écrits par les

élèves, sur eux, leur quartier, leurs rêves,

leurs espoirs. Ce dernier est disponible au

CDI.

7) Quels ont été votre pire et votre

meilleur moment au LIAD?

Mon pire moment a été l’attentat de 2007

à Ben Aknoun où les élèves ont éprouvé

une grande peur mais heureusement, il n’y

a eu aucun blessé au lycée. Mon meilleur

moment, c’est… la vie de tous les jours!

8) Est-ce que l’Algérie d’il y a 40 ans est

la même que celle d’aujourd’hui?

Non évidemment. Avant, le pays était très

agréable, il y avait une certaine douceur de

vivre. Puis, après les événements terroristes qui

ont poussé les établissements à fermer, l’Algérie

a commencé à changer, notamment avec le

comportement des citoyens, les constructions

anarchiques et les commerces... mais ce serait

trop long de t’expliquer tout cela !

9) Comment imagineriez-vous le lycée

dans quelques années?

Pour moi, rien ne doit vraiment changer. Il est

déjà magnifique. Evidemment, l’on pourrait

le rendre encore plus beau, plus chaleureux,

plus ouvert sur le quartier, la ville, le pays et

les gens.

10) Pouvez-vous transmettre un petit

message aux Liadois et Liadoises?

Le LIAD est un endroit extraordinaire, alors

faites moi plaisir et aidez-le à se développer,

à aller de l’avant.

Par : Karim Madiou, 5è3 (ex. 6è3)

avec l’aide des documentalites

Phrase de conclusion :

«Bon anniversaire

et améliorons ce que nous

avons déjà accompli!!!»

Bonjour à tous et à

toutes. Comme vous le savez, le LIAD fête ses dix ans cette année. À cet effet, je voudrais vous faire

part du témoignage d’une personne qui a vécu les dix premières années du LIAD, de 2002 à 2012, qui ont compté parmi les plus belles, les

plus riches et les plus stimulantes de sa vie. D’après tous les témoignages, c’est quelqu’un de très important pour le lycée et l’histoire du lycée,

une présence à la fois calme, forte et rayonnante, dépositaire de sagesse et de mémoire, notamment en raison de son histoire personnelle,

entre la France et l’Algérie, où il a passé plus de quarante ans ! Malheureusement, cette personne nous quitte cette année et va manquer à

beaucoup de gens. M. Tramier a passé près d’une heure avec moi, avec beaucoup de gentillesse et de patience, je l’en remercie.

Le liad a une bonne réputation pour ceux qui aiment y travailler sérieusement.Quels ont été les plus tristes souvenirs que le liad a laissé derrière lui les années passées ?Les plus tristes moments ou souvenirs, il n’y en avait pas beaucoup mais les plus marquants pour moi ont sûrement été le décès des deux jeunes élèves, en 2006 et 2007 (Cf. article dans la rubrique « des moments forts, des moments tragiques »).

Il y eut sûrement des invités particuliers au Liad ?!! Citez en nous quelque uns.Il y a eu beaucoup d’invités au Liad, dans plusieurs domaines. Je vais me concentrer sur ceux où j’étais présente, notamment les écrivains, comme par exemple : Lionel Trouillot, Charles Juliet, Wassila Tamzali, Maissa Bey et l’éditrice Selma Hellal, co-fondatrice des éditions Barzakh.

Que pensez de vos classes des années passées?Je suis fière de toutes les classes où j’ai enseigné. Je pense qu’elles étaient toutes assoiffées de curiosité et qu’elles aimaient apprendre, ayant aussi beaucoup de talents, je suis heureuse de ces classes mais je fais surtout allusion à votre présente classe… (ex-6è4)!!

Par : Melissa Chebab et Sarah Derouiche 5.4. (ex-6è 4)En hommage à notre professeur de français qui fit sa dernière année au LIAD à nos côtés. Nous sommes fières de vous avoir eu comme professeur de français et que vous ayez passé cette dernière année auprès de nous!

Interview de Me KERFA

Interview de M. TRAMIER

Visite du Ministre Conseiller

Page 7: " J'ai dix ans..."

12 13Culture et francophonie Culture et francophonie

ParcoursJDL : Quel parcours avez vous suivi ?

J’ai eu un parcours assez atypique, une formation d’historien archéologue ainsi qu’un doctorat d’histoire. Ensuite, j’ai travaillé en tant qu’archiviste à Montbéliard, en Franche-Comté, à la frontière suisse. C’est alors que j’ai été repéré par le maire de la ville qui m’a proposé de créer le service de la culture et du patrimoine, auquel venait se greffer la responsabilité des relations avec l’Allemagne. J’étais le seul germaniste avec le maire dans l’administration d’une ville qui compta parmi les premières villes jumelles avec l’Allemagne après la Seconde Guerre mondiale. Puis, une série de rencontres fortuites avec des situations et de belles opportunités ont fait de moi ce que je suis aujourd’hui. Je suis originaire d’un petit village du Jura vous savez… mais je suis un passionné !

Qui aurait pu l’imaginer là ? Sa vie entière a été une série de rencontre avec des hommes, des opportunités qu’il n’a pas laissés passer, et qui ont toujours été extraordinaires, car il a toujours fait ses choix par passion. Et de son point de vue, la vie c’est cela ! Prendre les décisions «au feeling»: Saisir sa chance, ce que lui appelle chance… [Ndlr]Ce n’était donc pas une vocation ?

À 12 ans, je voulais être professeur d’histoire, en cela marqué par ma grand mère, une férue dans le domaine. Sauf que le sort en a décidé autrement. Mais l’histoire demeure bel et bien une passion !

En quoi consiste votre mission ici à Alger ?Il nous sourit. Animer l’institut français d’Alger ou plutôt animer cette « maison».

En premier lieu, je dois gérer (superviser, dynamiser) le fonctionnement de l’institut, l’un des deux plus grands au monde avec celui de Rabat. Il faut également gérer les 72 employés, la trentaine de professeurs qui y dispensent des cours, ainsi que les 1000 personnes qui passent par jour. Il faut également superviser la maintenance (le ménage, le jardin ...).

Comme un impresario, il doit gérer ce joyeux orchestre, pour qu’il soit le plus harmonieux possible…

Deuxièmement, assurer la production d’une diffusion culturelle, qui est quasi quotidienne à travers des conférences, du cinéma, des concerts, des animations destinées aux jeunes, de la danse et du théâtre. Tout cela assisté d’une équipe d’Algériens : des jeunes Algériens et Algériennes très professionnels.

Rencontre avec le nouveau directeur de l’Institut français d’Alger (IFA)

M. Voisin, citoyen du monde,et bien plus encore…

M. Voisin est un homme ouvert, curieux et passionné. Cela va sans dire. Il nous convie sympathiquement à nous asseoir, en cette soirée algéroise. De son bureau aéré aux tons clairs, sa nouvelle fonction semble lui aller comme un gant ! Une aura de jovialité et de simplicité émane de lui. Nous débutons la discussion autour des travaux d’élèves du lycée en rapport avec le devoir de mémoire (les Algériens pendant la Seconde Guerre mondiale). Nous bavardons un petit moment sur l’organisation du Journal du lycée : pas d’équipe rédactionnelle, mais un journal participatif. Mr Voisin est germaniste, nous bilingues arabisants. A ce propos, nous lui esquissons une brève présentation de la section OIB qu’il trouve, au passage, tout bonnement très attrayante...

Que retenez-vous de vos postes précédents ? J’ai passé en France à peu près la moitié de

ma carrière avant de partir en 1995 pour le Liban, j’ai ensuite travaillé dans ce qui était devenu l’ex-Allemagne de l’est, puis en Afghanistan sur un projet franco-allemand, pour finir en Iran.Ce que je retiens de ces expériences : un apport humain, une philosophie de la vie et une découverte de la richesse des pays qui m’ont accueilli.

L’AlgérieJDL : Pourquoi ce pays ? Etait-ce une affectation ou un choix volontaire ?

Il faut noter que toutes les mutations ont été des affectations, et non des choix. En fonction de votre profil et personnalité, l’Ambassade vous affecte à tel ou tel endroit.

Aviez-vous des appréhensions particulières avant votre arrivée à Alger ?

Aucune, aucun apriori. Le seul pays que j’aurais refusé, c’est l’Irak, car je ne vois pas comment je pourrais y travailler et y animer la vie culturelle.

Viens alors dans la discussion l’Afghanistan où il a travaillé et qui à nos yeux n’est pas vraiment différent de l’Irak.Qu’en est-il alors de votre expérience en Afghanistan ?

J’étais dans l’Ouest afghan avec une équipe allemande, j’avais à voyager dans tout l’ouest afghan et il n’y avait à l’époque pas de soucis, sauf à Kaboul avec les check point, les barbelés, les projecteurs le soir avec lesquels on vous aveugle, mais hormis Kaboul, l’Afghanistan fut une expérience intéressante...Pour en revenir à l’Algérie, j’y ai retrouvé un ami de longue date, donc ça m’a fait plaisir de le retrouver pour finir ma carrière, car, oui la retraite est proche. Donc pas d’appréhension ni de déception !

Qu’en a pensé ou qu’en pense votre famille ?J’étais seul au cours de mes postes précédents,

jusqu’à Alger. Mes enfants sont mariés et indépendants, moi divorcé, j’ai donc toujours été seul dans les postes d’expatriés. Mes enfants ont toujours vu mon expatriation comme une occasion de découvrir les pays en question.

A mes yeux mon affectation en Algérie ne pourra être qu’une expérience enrichissante !

Vie culturelle algéroisefrancophone et francophile

Comment pouvez-vous décrire la vie culturelle algéroise actuellement et du peu que vous en ayez vu ?

M. Voisin annonce d’entrée de jeu qu’il ne sera pas objectif parce qu’il jugera à partir de son vécu.

Il y a d’abord une différence entre Alger et hors d’Alger. A Alger il y a encore le poids des contraintes : on ne sort pas le soir, on ne va pas au spectacle contrairement à l’Iran où la vie nocturne est débordante, avec de l’opéra, du théâtre moderne et contemporain, des galeries d’art foisonnantes.

Oui, les choses ne sont pas toujours comme on se l’imagine. Dans cette république islamique, la culture subsiste.

Il y a sans conteste une certaine pauvreté culturelle ici, alors qu’il y a du potentiel, un potentiel extraordinaire que je ressens surtout quand je commence à sortir de la capitale, par exemple à Bejaia que j’ai visitée il y a peu, qui m’a donné l’image d’une Algérie bouillonnante, avec des jeunes dynamiques.

Cette vie culturelle est-elle similaire à tout ce que vous avez pu voir précédemment ?

Je ne peux pas comparer l’Algérie avec les autres villes pour deux raisons : d’une part je ne suis à Alger que depuis trois mois, d’autre part parce que l’Algérie ce n’est pas qu’Alger, et je ne l’ai pas encore assez explorée.Je vous donnerai donc mon analyse dans deux ans, la faire en ce moment serait vraiment prétentieux.

Parlons donc de la vie culturelle, algéroise !Alors, ce qui m’a marqué en arrivant, c’est le

manque de programmation culturelle régulière dans des espaces voués à cela.

Quelle sont les particularités que vous lui donneriez ? A-t-elle une identité affirmée ?

Je serais incapable de définir les grandes lignes d’une politique culturelle de diffusion sur la capitale. On note un manque d’information : il y a des choses très intéressantes, mais je pense (avec beaucoup de réserves) que le public algérois ne semble pas habitué à certaines formes de pratiques culturelles et j’ai aujourd’hui le sentiment que le public que je rencontre est un public qui souvent vient par amitié - ce qui est aussi vrai en occident. Ce qui apparaît par exemple au niveau de l’art plastique… il n’y a foule que lors des vernissages, excepté au MAMA.

Pour le moment, le seul événement qui m’est apparu répondre vraiment à une attente du public, attirant un public de tout âge et de toute origine sociale, c’est le FELIV.

Là, j’ai vraiment vu une effervescence, un public intéressé. La proposition culturelle m’a paru porter ses fruits parce qu’elle touchait un public, ce que je n’ai pas pu appréhender ailleurs.

Je fais aussi remarquer le manque d’une culture de la culture. Comment les gens qui viennent à des événements culturels peuvent-ils entrer et se concentrer, être sensible à l’acte culturel alors qu’ils vérifient leurs textos, se concentrent sur autre chose. Je me demande ce que ces gens là retirent de cet événement. La chose aussi qui me surprend est l’absence de stabilité dans le public. Les gens rentrent et sortent à tout va. C’est mon constat.

Quel est le public ciblé par l’Institut ? À quoi sert notre travail, s’il n’accompagne

pas dans son développement le pays qui nous reçoit. Je suis là pour montrer ce que la France est aujourd’hui au niveau culturel, mais je suis là aussi pour participer, par des pratiques culturelles, au développement de l’épanouissement des individus. Avec notre culture, nos méthodes de travail, notre approche culturelle, nous allons essayer d’être en harmonie avec le pays et avec le public.

Quand je parle d’épanouissement, évidemment, le fond du problème ce sont les jeunes, parce qu’ils sont l’avenir de chaque pays. Les jeunes sont réceptifs, ouverts et disponibles, ils n’ont pas encore les apriori et les idées reçues qui peuvent bloquer les adultes. Ils sont l’espoir pour ce pays de se développer, de progresser et d’arriver à un stade de développement intellectuel supérieur.

Pour nous il apparaît évident que l’espoir de construire quelque chose se fait avec les jeunes.

Le CFF est devenu Institut français

Expliquez-nous pourquoi ce changement de statut, et quel impact a-t-il sur le public ?

Pour le lecteur, il n’y a pas de différence ; j’étais à Téhéran, l’établissement s’appelait institut français depuis sa création il y a 30 ans. À Beyrouth, il s’appelait centre culturel français. Selon les pays, l’appellation variait, mais c’était la même chose, la même philosophie. Et à Paris on réfléchissait à donner un même nom à tous les centre culturels qui diffusaient la culture française au nom de l’Ambassade de France.

Il a été décidé politiquement que tous les services allaient dorénavant s’appeler Institut Français.

C’est donc le même produit. Pour plaisanter, c’est comme La vache Qui rit. En Iran, elle s’appelle la vache QuiBi, parce que QuiRit, en persan, veut dire le sexe.

Voilà c’est tout ! C’est comme pour nos collèges européens : Cervantes, Goethe, British.Les Instituts français sont tout de même à différencier des Alliances françaises, qui sont des associations privées en partenariat avec l’Etat. Ils font le même travail que nous, ils ont les mêmes missions, mais ils ne sont pas sous la tutelle de l’ambassade.

JDL : Quels sont les avantages de la fusion de tous les CCF et IF ? Dans quelle optique s’inscrit-il ?

Cette coordination existait il y a 18 ans au Liban. Mais c’était un projet pilote. L’intérêt est pour le public d’avoir la même image et de comprendre qu’on est dans le même système, la même maison. Les programmes sont uniformisés, parce qu’ils dépendent des mêmes services de l’ambassade.

On a aussi pensé que ça allait créer une

dynamique qui n’était pas automatique entre la programmation qui est faite à Alger et celle des instituts de province. Ca se faisait avant, mais aujourd’hui c’est devenu systématique !

Cette volonté de travailler en commun se retrouve sur le site web par exemple. Un même site, avec le même moule, parce que c’est la même maison, il faut prendre par exemple les grandes maisons françaises, comme Hermès, que ce soit à Pékin, Los Angles ou Zurich, sur la vitrine vous aller reconnaître le magasin, avec une même charte graphique, le même design, la même image.

Deux cultures croisées L’If peut-il être un lieu d’échange, de partage et d’enrichissement entre deux cultures ?Y a-t-il des artistes algériens qui viennent vous soumettre des projets ? Si oui, les appuyez-vous ? Comment, où, dans quelle optique ?

On retrouve partout, dans tous les pays du monde, la même volonté, le même intérêt des artistes à venir en France pour être mis en valeur, parce que c’est l’image que la France donne : la défense de la culture, partout où je suis passé, même en Afghanistan. Pour ma part, j’ai toujours favorisé la programmation des artistes du pays, par respect

pour le pays qui m’accueille et parce que je souhaite faire profiter ces artistes de notre savoir-faire, de nos approches, de nos méthodes de travail. Le premier exemple, c’est la fête de la musique qui aura lieu dans trois jours, j’ai programmé un groupe algérien de Bab el Oued « Targhit », qui joue de la musique Celto-berbère, avec des sonorités celtiques et traditionnelles berbères.

Nous allons développer le concept de la France découvreuse de talents. Dans notre politique officielle, des centaines de groupe de musique du monde entier, africains, asiatiques, ont été aidés dans leur carrière par la France qui les a soutenus, notamment en organisant des tournées mondiales à travers ses instituts, partout dans le monde, et en faisant

leur promotion, comme on le voit à Alger lors du festival européen notamment et, plus généralement, dans nos instituts.

Donc pourquoi ne pas le faire à Alger ?C’est mon engagement, pour moi c’est un

devoir que d’aider ces artistes de talent, ce n’est pas une directive officielle, c’est mon engagement personnel.

JDL : Quels critères sont pris en compte dans le choix des artistes ?

Je choisirai les artistes, les groupes qui vont m’apporter ce que je ne trouverais pas au Liban ou en Iran, je ne veux pas de rockeur américains. Automatiquement, ça sera le traditionnel !

Ça peut même être d’ailleurs du traditionnel pur, qu’il faut absolument soutenir, comme ces artistes rencontrés il n’y a pas si longtemps à Guelma. Mais je pense que ceux qui savent lier, par exemple, identité berbère et modernité sont encore plus intéressants. Et je ferai tout pour aider ces gens là, en mettant à leur disposition le plateau, les moyens techniques, la publicité sans d’ailleurs obligatoirement de l’argent !

JDL : Serait-il possible de sortir du CCF, d’organiser des événements en dehors de cette “maison” ? Oui, complètement, comme je l’ai fait à Beyrouth. Sortir du centre, c’est magnifique, oui.

JDL : Parlez-vous arabe ? Quel mot d’arabe préférez-vous ? Ou celui que vous entendez le plus ?

Non, je ne parle pas l’arabe, mais le farsi et l’allemand.

Je pensais l’apprendre en Algérie, mais pas de chance… même mes collaborateurs ne parlent pas arabe. J’en suis un peu déçu, ça m’aurait plu, mais même si je voulais apprendre l’arabe, je ne réussirais pas à le pratiquer ! Ils parlent le berbère et le dialecte et le français et je ne sais quoi encore ! Impossible de s’y retrouver !

Un mot que je retiens de l’arabe me vient du Liban et qui est YALLAH.

JDL : Vous êtes déjà passé au lycée ? Quelles sont vos impressions ?

J’ai fais une visite au lycée, pour découvrir les locaux. Ce que j’en ai pensé, c’est que c’est aéré et à dimension humaine. J’ai trouvé cela très agréable, et surtout très spacieux. Ça ne ressemble pas tout à fait aux lycées de Beyrouth, qui sont immenses, de vraies usines, alors que là c’est à taille humaine.

Serait-il possible d’envisager des projets ensemble, le lycée et l’IF ?

Oui, il y a même plusieurs projets en cours. Le premier c’est pour les 10 ans du lycée : il y aura une chanteuse de Slam qui va animer des ateliers de Slam avec, pour finalité, un spectacle avec les élèves du lycée. Le deuxième, c’est une initiative qui permettra aux élèves de pouvoir venir assister à des spectacles à l’Institut. Pour cela, dès l’automne, nous allons essayer de programmer au maximum ces spectacles en après midi.

Le troisième et dernier projet : je travaille pour l’année prochaine à la programmation de théâtre de poche que je souhaite amener au lycée, avec un travail qu’on aura fait en amont avec les profs.

Je dois rester encore deux ans, parce que j’aurai atteint la limite du travail maximum dans la loi française. Je voudrais bien continuer mais la loi me l’interdit.

Ambition de l’IF et projets en coursY a-t-il une ambition de l’IF d’occuper aussi le champ médiatique et audiovisuel ?

La colonisation c’est fini ! Notre ambition ce n’est pas de prendre la place ou de montrer que nous sommes les meilleurs. Notre ambition est d’être un acteur parmi les autres de la vie algéroise, chacun de ces acteurs apportant son savoir-faire, son approche culturelle. Et c’est en travaillant tous ensemble qu’on peut créer une vie culturelle. Ça serait idiot de penser qu’on doit être les premiers, les meilleurs, les plus beaux, ce serait même suicidaire !Notre premier objectif c’est d’avoir un public, car on fait une programmation qui coûte cher ! Quand on communique, c’est pour informer le public non pas pour dire « C’est nous, c’est nous »!Pour attirer ce public, on mise sur les nouvelles technologies : sites web, réseaux sociaux, abonnés avec newsletter ciblés en fonction des catégories socio-professionnelles.

CONCLUSION Enfin l’if peut-il d’après vous jouer le rôle de lien entre deux Etats au passé lourd et au présent tendu ?

Je souhaite qu’il joue ce rôle de lien. Pour moi ce lien n’est pas tendu, je n’ai pas connu la guerre d’Algérie, personne dans ma famille n’est venu en Algérie. Donc je n’ai pas d’apriori, je suis là pour bâtir quelque chose !

Le mot de la fin ? El Hamdoulilah !

(Interview réalisé en Juin 2012)Lylia Haddag (ex-1er ES OIB)

et Fouad Boudjedra (ex-1er S OIB)

Interview réalisée à l’IFA en juin 2012 par :Lydia Haddag (TES-Oib) et Fouad Boudjedra (TS-Oib)

Page 8: " J'ai dix ans..."

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(Article précédemment publié dans le Journal du Liad n°2, en avril 2011.Ndlr : Nous republions cet article car Jérôme Ferrari fait l’actualité en cette rentrée littéraire 2012, avec son dernier roman intitulé Le Sermon sur la chute de Rome. Il a même fait la Une du quotidien Le Monde, le 24 août dernier, avec une photo de l’auteur en pleine page, ce qui est très rare pour un écrivain)

Propos recueillis par :Amrane Medjani, ex-TS5

Le Journal du Lycée : Monsieur Ferrari Bonjour !

Jérôme Ferrari : Bonjour

J.L : Alors, tout d’abord, félicitations pour le Prix France Télévisions que vous avez gagné cette année !J.F : Merci !

J.L : Je voulais en fait revenir sur ce prix et sur la manière dont vous avez vécu cette récompense. selon les auteurs, elles sont parfois plus au moins bien acceptées ? J.F : Je l’accepte bien, car… ça booste les ventes (Rires) ! Donc c’est … Non, en fait, j’étais très content car il y a une telle production éditoriale chaque année, il y a tellement de livres qui sortent, que l’obtention d’un prix permet de porter un éclairage particulier sur certains livres qui seraient restés, sinon, dans l’anonymat et, quand c’est son livre à soi, on est content.

J .L : J’ai appris que vous aviez été professeur de Philosophie au LIAD entre

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2003 et 2007. Alors, comment avez-vous vécu votre expérience, ici, en Algérie ? J.F : Ca a été ma plus belle expérience professionnelle et humaine… Vraiment… Il n’y a pas de doute. Au moment de la réouverture du lycée, en 2002, il y avait une grande avidité, une très grande curiosité intellectuelle de la part des élèves et, pour le coup, que l’on trouve plus rarement en France. C’était alors quelque chose d’assez extraordinaire. Du point du vue professionnel, donc c’était vraiment bien. Mais cette expérience ne m’a pas marqué seulement du point de vue professionnel, car les rapports humains étaient également excellents. Enfin, ce fut une grande … (Pensif), une grande chance que j’ai eue.

J.L : Donc si c’était à refaire, vous le referiez ? J.F : (Rires) Ah oui, oui, je le referais.

J.L : Comment vivez-vous ce retour en Algérie, dans un cadre..., je n’ai pas envie de dire « promotionnel » mais enfin, il s’agit un peu de ça car votre roman sort aux Editions Barzakh cette semaine ? J.F : Cadre promotionnel ou pas, je serais tout de même revenu. Je veux dire, je serais revenu même pour faire une conférence sur Pepsi Cola. A la moindre occasion de revenir, je serais revenu. Mais le petit bémol, l’honnêteté m’oblige à le dire, est que je suis arrivé hier mais, malheureusement, le soleil ne s’est révélé qu’aujourd’hui.

J.L : Ah, et bien là, vous êtes servi (le soleil était en effet rayonnant ce jour-là). Je voudrais tout d’abord revenir sur votre carrière d’écrivain... Comment vous est venue cette fibre de l’écriture et quand s’est-elle révélée ? J.F : Oh… (Pensif et quelque peu nostalgique). Je pense que j’ai commencé à écrire des textes de fiction dès l’adolescence en fait. C’est quelque chose que j’ai toujours fait. Après, si ma mémoire est bonne, je n’étais pas très convaincu par ce que j’écrivais… Et comme je ne suis pas très fétichiste, tout est passé à la poubelle, jusqu’au jour où je me suis dit que j’étais assez content d’un texte pour me dire que je pouvais le publier.

J.L : Quel texte avez-vous pris le plus plaisir à écrire ?J.F : Non… Non … Je ne peux pas… Ca ne serait pas… Vraiment, je ne peux pas faire de hiérarchie comme ça. Et ce n’est pas spécialement un plaisir, c’est une activité

intense et bien parce qu’elle est intense. Ecrire n’est pas toujours une expérience guillerette ou simple...

J.L : Ah d’accord ! Donc comme ça, ça ne vous plait pas d’écrire ? J.F : (Rires) Si, si, bien sûr que ca me plait … Ca me plait, mais c’est un plaisir dans lequel il doit y avoir une part de masochisme (Rires).

J.L : Ah d’accord ! (Rires)J.F : Attention, ce n’est pas non plus une torture épouvantable, il y a pire !

J.L : Par rapport au processus d’écriture, avez-vous, comme certains auteurs, un rituel particulier, un moment précis pour écrire ? Comment ça se passe en fait ?J .F : (Rires) Bah… Rituellement, quand je n’ai pas de travail, quand je n’ai pas de cours à préparer, de copies à corriger. Donc non, je n’ai pas de rituel particulier. Et je n’écris que quand j’ai un roman à écrire, c’est-à-dire que je ne pratique pas l’écriture comme une activité constante. Je n’écris que quand j’ai un projet en tête. Je ne tiens pas de journal, ni de blog. J’écris que lorsque j’ai des choses à écrire et je trouve alors toujours le temps de le faire.

J.L : Le projet dont vous parlez, vient-il spontanément ou est-ce que c’est quelque chose de plus «construit » ? J.F : C’est un peu les deux en fait. Evidemment, l’idée de base vient assez spontanément. Je ne me dis pas : tiens, qu’est ce que je peux me trouver à écrire car, en même temps que l’idée de base, il faut étoffer et étayer pour voir si elle tient la route, et les deux processus vont ensembles. Et c’est là où la construction intervient. Je veux dire, si on avait déjà le roman en tête et qu’il fallait juste le retranscrire, pour le coup, ce serait une activité assez pénible. Le processus d’écriture lui-même fait apparaître des choses auxquelles on n’avait pas forcément pensé et c’est ce qui est intéressant.

J.L : Est-ce que vous avez tendance à vous relire assez souvent en écrivant ou laissez-vous votre plume « aller » ? J.F : (Rires) Ah non, non (Rires). Mieux vaut quand même se relire.

J.L : Pour en revenir un peu au roman Où j’ai laissé mon âme. D’où vous est venue cette idée de titre ? J.F : C’est assez simple. Dans le documentaire l’Ennemi Intime, de Patrick Rotman, un ancien général prononce la phrase : « Je n’ai pas perdu mon honneur en Algérie, mais je pense y avoir laissé une partie de mon âme » et c’est de là qu’est venue l’idée du titre. D’ailleurs, il faut toujours que j’aie le titre avant d’écrire, parce qu’il produit quelque chose dans le contenu…

J.L : Est-ce que, finalement, ce n’est pas une question que vous vous êtes déjà posée ? J.F : Quoi donc ?

J.L : Où ai-je laissé mon âme ? J.F : Moi ?

J.L : Oui. (Rires) Enfin j’imagine qu’en étant auteur, on met de soi dans son roman, on

Rencontre avec l’écrivain Jérôme Ferrariancien professeur de philosophie au Liad (2002-2007)

Le pays de l’éternel retour

Jeudi 03 Février 2011, nous avons eu le plaisir de recevoir au Cdi l’écrivain et agrégé de

philosophie Jérôme Ferrari. Auteur du récent Où j’ai laissé mon âme pour lequel il a remporté le Prix Littérature de France Télévisions 2010, Jérôme Ferrari s’est livré avec beaucoup de générosité à cette rencontre avec les élèves de Première L et de Terminale L, qui a duré près de trois heures (conférence + entretien, pour lesquels tous les élèves sont restés, alors qu’ils étaient libérés), d’un niveau soutenu. Votre reporter du Journal du Lycée était présent, convoqué par Me Benyounès et M. Bernard, pour une interview tout en légèreté et tout en « lettres » avec cette brillante plume qui, il n’y a encore pas si longtemps, était professeur de Philosophie… au LIAD, de 2002 à 2007 !

ne peut pas être complètement détaché de ce qu’on écrit. J.F : Non, non, on n’est pas détaché… Mais c’est une question super intime que tu me poses (Rires), euh… mais oui… oui…

J.L : Outre l’aspect purement historique des personnages que vous avez cités lors de la Conférence avec les élèves (Ndlr : La conférence a eu lieu avant cette entrevue), est-ce que vous vous êtes inspiré de personnes de votre entourage ou de vous ?J.F : Non, non. Parce que je n’aurais pas de modèle correspondant à ce qu’il y a dans le roman. Là, vraiment non. Et on ne peut pas vraiment dire non plus que je me sois inspiré de personnages historiques. Certes, ils servent de catalyseur, ils marquent le point de départ, mais ensuite il faut les construire. J’ai rencontré des militaires, mais après avoir écrit, pas avant.

J.L : Est-ce que Degorce et son prisonnier Tahar ne représentent pas un peu l’image du mythe des Frères ennemis ? En fait, si Degorce avait été à la place de Tahar, n’aurait-il pas agi exactement de la même façon ?J.F : Je pense que oui et je pense qu’il en a aussi conscience. Mais le paradigme que j’ai utilisé c’est surtout celui de Pilate et du Christ (Ndlr : Ponce Pilate est la personne qui aurait pu sauver Jésus Christ de l’exécution). Ce qui m’intéressait, c’était le passé de résistant de Degorce et la manière dont un retournement de situation, dans la vie, le confronte aujourd’hui à Tahar, c’est-à-dire finalement à ce qu’il était lui-même quelques années avant.

J.L : Mais ironiquement, est-ce que ce n’est pas une critique des personnes qui peuvent se perdre finalement eux-mêmes, c’est-à-dire leur principes, leurs valeurs, leur essence, pour des causes dont ils ignorent quasiment tout ? J.F : Ce que j’ai essayé de faire pour les passages de 1957, c’est d’oublier tout ce que je savais sur la suite. Parce que je crois … Et d’être au plus près des personnages par rapport à leur présent et de faire en sorte qu’ils n’aient pas le recul que nous, on a sur la question. Ce que je veux dire, c’est que la cause idéologique de l’époque a une clarté complète. Evidemment, moi, je sais bien qui a la cause légitime et qui ne l’a pas, mais je pense que le capitaine Degorce, lui, ne peut pas le savoir. Ils ont un déroulé de vie, d’histoire et d’événements qui fait qu’ils étaient dans le bon camp en 1945, en Indochine ils pensent encore être dans le bon camp et même sans doute encore en Algérie même si, en Algérie, ils commencent à avoir de sérieux doutes... C’est là qu’ils commencent vraiment à se demander s’ils sont toujours dans le bon camp.

J.L : Lorsque vous évoquez ce tiraillement antérieur de Degorce et que vous parlez d’ « âmes perdues », est-ce que, en extrapolant, ce n’est pas ce que vous pensez de la société moderne, de l’Homme moderne ? J.F : Je ne suis pas sûr que je rajouterais l’adjectif « moderne »…

J.L : De l’homme tout court ? J.F : Ouais, peut-être. Un des thèmes du roman est sur ce qui peut être dit humain ou pas humain, « moderne » non, parce que ca évoque toujours une sorte de nouveauté joyeuse mais un peu fausse.

J.L : Cette perte progressive de sentiments et de valeurs du personnage, est ce qu’elle ne va pas de pair avec une perte d’identité ? J.F : Ah ben non ! Sinon il gagnerait quelque chose au change et puis je ne sais pas, ce n’est pas qu’il n’aime plus ses gosses ou ses enfants, c’est plutôt qu’il ne s’accorde plus le droit de les aimer. Un des textes qui m’a beaucoup servi pour écrire ce roman est de Varlam Chalamov (Ndlr : Ecrivain russe du XXe siècle, survivant des Goulags) intitulé les Récits de la Kolyma. Il a passé 18 ans dans ce goulag, et il pose une question constante : « qu’est-ce que c’est qu’être humain ? » et il évoque une remarque que j’ai reprise pour façonner le personnage de Degorce. En fait, c’est un garde qui violente les hommes du goulag et il y a un captif qui lui demande : « Tu lui dis que tu fais quel métier à ta fiancée ? » et c’est ça la situation dans laquelle est Degorce, il ne peut pas dire à sa femme ce qu’il fait comme travail et donc, il ne lui dit plus rien du tout.

J.L : D’où la récurrence des lettres… Enfin, j’aimerais savoir quelle est la part symbolique de ces lettres adressées à sa femme. En effet, il reçoit à chaque fois des lettres différentes et lui, renvoie quasiment toujours la même. Pouvez-vous nous en dire plus ?J.F : Non, je voulais que, concrètement, on voit ce qu’il y a dans les lettres et, pour moi, les lettres sont adressées à l’Homme qu’il n’est plus, et ces lettres lui rappellent qui il était. Il serait peut être mieux s’il n’en recevait pas. Enfin, je ne sais pas, c’est toujours un peu idiot (Rires) de parler d’un personnage au conditionnel, parce qu’il fait tout ce qu’il fait dans le roman mais il y a pleins de possibilités.

J.L : Est-ce que, en relatant cette guerre d’Algérie et cette bataille d’Alger, vous ne voulez pas nous alerter, nous lecteurs, sur les dommages collatéraux, sur les militaires...J.F : Attendez ! Je ne pense pas que les tourments moraux d’un type qui torture les autres soit le thème principal du roman. Ce n’est pas le fait du livre… Je veux hiérarchiser les choses. Je crois en la pérennité des certaines choses, de certains sentiments ou valeurs, ce qu’on pourrait appeler « les invariants » de la condition humaine. Ce n’est donc pas parce qu’une chose est terminée qu’on ne devrait plus en parler, car elles réapparaissent toujours. Il peut y avoir une touche de nouveauté et de diversité mais en réalité, c’est toujours la même chose. Je ne pense pas que le but de mon roman soit d’alerter. Sinon, si c’était son rôle, ca serait pas terrible comme efficacité. Le but n’est pas de prévenir mais de voir.

J.L : Vous qui avez vécu en Algérie et qui connaissez le pays, pourquoi avoir choisi le lieu d’El Biar pour votre intrigue. Est-ce que ça a une signification historique ou parce que c’est un quartier qui vous a marqué ?J.F : Non… C’était histoire de mettre quelque chose que j’ai connu moi, personnellement, dans le roman. Il y avait une raison pour Bologhine mais pas pour El Biar. Quoique je crois que le colonel Bigeard été basé à El Biar, mais ce n’est pas la raison pour laquelle j’ai choisi El Biar…

J.L : Ce tronçon entre Taghit et Béchar, est-ce qu’on peut le voir comme le parcours de la damnation pour Degorce ?J.F : Exactement, exactement. C’est une

sorte de route désertique qui représente ma vision de l’enfer. C’est comme ça que je vois l’enfer, comme il est décrit dans le livre, une route désertique, avec toutes les pièces d’un trousseau de mariée, étalées dans le sable. Les énormes trousseaux de mariée algériens… Vraiment étalées partout (Rires)

J.L : En fait, ce chemin c’était le début de la fin mais aussi la fin en elle-même.J.F : Ouais, ouais, c’était mon image de l’enfer. Et puis là encore, c’est une route que je connais !

J.L : J’ai encore une question, un peu naïve, mais mes questions sont souvent naïves (Rires)...J.F : Vas-y, vas-y sois naïf ! (Rires)

J.L : Il y a le mot « âme » dans le titre, mot qui revient souvent dans l’oeuvre elle-même également, ce qui montre que ça a une place primordiale. Pourquoi avoir choisi ce thème de l’âme ? Au lieu de ce contexte algérien, est-ce que vous auriez pu écrire un roman traitant de l’âme avec une toute autre histoire ? J.F : C’est abstrait. Enfin, je ne sais pas, mais tu ne peux pas te dire : « Tiens, je vais écrire un roman sur l’âme ». En fait, j’ai d’abord mon idée, ensuite j’ai mon titre et le titre va influencer le contenu. Le développement te permet d’utiliser le mot de manière polysémique dans des circonstances auxquelles tu n’avais pas pensé. La première fois où je me suis rendu compte de ça, c’est en écrivant mon premier roman paru aux éditions Actes Sud qui s’intitule Dans le secret. Alors «Dans le secret », c’est une citation évangélique et le terme revient plein de fois dans le roman mais avec des sens à chaque fois différents. Là, ce que j’avais en tête, c’est une opposition, non pas conceptuelle, mais une sorte d’opposition entre l’âme et l’esprit en reliant l’esprit à la logique et puis l’âme à l’essence de l’individu, à l’affectivité...

J.L : D’ailleurs à la fin, vous opposez totalement cette âme et toute la morale qui

Dernière minute avant bouclage : Jérome FERRARI vient de recevoir le prix Goncourt pour son dernier Roman

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en découle, à la logique que vous jugez, si je me souviens bien, « exsangue » ?J.F : Oui, exsangue, vide, sans chair, abstraite, oui. Parce que justement, le personnage de Degorce, ce qui le caractérise, c’est ça. En quelque sorte, il fait ce travail de tortionnaire parce qu’il le juge logiquement nécessaire pour obtenir des informations mais il n’adhère pas affectivement à cet acte qu’il juge logiquement nécessaire. Il a une adhésion purement abstraite, logique, formelle à ce qu’il fait sauf que les réticences profondes qu’il ressent ne le conduisent pas à se dire « je ne le fais pas ».Jusqu’au bout, il continue à penser que c’est une nécessité et il continue à penser qu’on peut le faire proprement, ou en mettant des limites, ou en essayant d’utiliser la violence psychologique au lieu de la violence physique. J’ai d ‘ailleurs mis deux exemples de violence psychologique…

J.L : « Votre soeur » et « votre fils » …J.F : Oui… voilà, il dit à quelqu’un que, si il ne parle pas, on va violer sa mère et sa soeur. A un autre, s’il ne parle pas, il le menace de torturer son petit garçon. Et même si Degorce ne compte pas réellement le faire, il n’est pas très à l’aise mais se dit qu’il n’a fait de mal à personne mais « fait de mal à personne » c’est … c’est…

J.L : Vite dit ? J.F : Ouais… ce sont des situations abominables…

J.L : Vous qui parlez torture, j’avoue que j’ai eu beaucoup de mal avec la scène de torture de ce communiste, à la fin du roman, même si je la trouve bellement écrite, j’avoue que j’ai eu du mal. Ca n’a pas été difficile pour vous de l’écrire ? J.F : Si, si évidemment. Mais surtout j’avais un problème précis à régler : il n’y a que deux scènes de torture dans le roman et elles ont toutes les deux une connotation sexuelle très… très affirmée. Parce que je pense, enfin ce n’est pas que je pense, je sais, que les séances de torture ont une tendance quasi inévitable à dériver vers la perversion sexuelle de manière intrinsèque. Quand vous lisez la préface que Sartre a fait à La Question (Ndlr : autobiographie) de Henri Alleg, c’est absolument clair… En matière de torture, il est tout sauf question d’obtenir des renseignements, il est surtout question d’asseoir son pouvoir absolu sur quelqu’un et c’est étonnant que, à chaque fois, la déviation se fait sur le plan sexuel. Il doit y avoir des raisons psychanalytiques profondes. D’ailleurs, quand vous regardez les photos d’Abou Ghraib (Ndlr : Prison situé à 32 km de l’ouest de Bagdad, en Irak) qui ont été prises en Irak, c’est exactement la même chose, ce sont des scènes de perversion sadomasochiste, et même essentiellement sadiques d’ailleurs, parce que le prévenu, lui, n’est pas bien sûr dans la peau de masochiste consentant.

La difficulté, c’était d’arriver à décrire ça, à y mettre cette perversion, cette dimension de quasi excitation, sans que le texte devienne lui-même obscène et sans que le lecteur ait l’impression qu’on le prenne, qu’on le rende complice de ça, en le forçant lui-même à en prendre un plaisir louche, c’est-à-dire ce que font les reportages télé. A la télévision, ce qui est ignoble, ce qu’on vous montre quelque chose d’horrible avec un discours qui tend à le dénoncer alors que, manifestement, ce qui compte, c’est de le montrer. Ca c’est vraiment

quelque chose qui me fait vomir et que je ne voulais pas, que je ne voulais vraiment pas faire.

J.L : Pour revenir à une question purement stylistique, quand on vous lit, on retrouve un petit peu, mais vraiment un tout petit peu de ce qui caractérise la littérature corse, je pense notamment à Colomba de Prospère Mérimée. Est-ce que c’était volontaire ? J.F : A part le nom de Andreani, il n y a pas vraiment d’éléments corses dans le roman… D’ailleurs mon avis sur Colomba est très mitigé, c’est le roman type du romantisme français dans ce qu’il a de moins aimable. Sans compter que la vraie Colomba était de mon village à moi et que tous les actes réels étaient tout sauf romantiques.

J.L : Dans l’oeuvre, j’ai retenu une autre citation « Tu es un Dieu jaloux » et on remarque aussi l’importance de la Bible pour Degorce… J.F : (Me coupant) ça c’est une citation de l’Ancien Testament qui dit : « Car Yahvé ton Dieu, est un Dieu jaloux, punissant la faute des pères sur les fils jusqu’à la troisième et la quatrième génération ».

J.L : D’accord. Mais justement, ces références religieuses, ne sont-elles pas la seule manière de ne pas basculer pour Degorce ? J.F : Non, non, au contraire, ces références ne sont pas très rassurantes. En fait, ce qui lui apportait avant du réconfort est devenu la menace d’un châtiment qui le guette et qu’il finit par souhaiter. Mon idée, c’était que quelqu’un empreint de religiosité comme ça, la seule manière qu’il a de répondre aux abominations qu’il commet, c’est de le punir. Le problème, c’est que personne ne punit et c’est pour cela que les derniers mots du roman sont : « Vous êtes en enfer, vous êtes exaucé », ce qui signifie qu’on a eu pitié de lui et qu’on l’a finalement puni comme il le voulait…

J.L : Et donc, finalement, c’est cet enfer que votre personnage cherchait…J.F : Bien sûr…

J.L : Il le cherche depuis la connaissance de Tahar, enfin vous me corrigerez peut-être. J.F : Non. C’est exactement ça, c’est son péché inexpiable. Et puis il en a un deuxième dont il se rend compte qu’il est inexpiable, c’est la torture de Clément, le communiste.

J.L : Je reviens sur quelque chose de beaucoup plus général. Vous êtes agrégé de Philosophie et professeur de philosophie, mais vous écrivez des romans. Pourquoi ce glissement ? J.F : (en Arabe) Maa’labaliche (Rires)

J.L : (Rires) Non, est-ce que vous prenez plus de plaisir à lire des oeuvres littéraires ou des oeuvres philosophiques ? J.F : Ah non ! mon plaisir est le même, mais il faut trouver un mode d’expression et moi, c’est celui là que j’ai choisi … Je dis souvent que, malgré mon amour de la philosophie, je ne suis

pas philosophe et c’est la stricte vérité, dans un sens précis : je suis incapable de créer des concepts. Il ne suffit pas d’avoir des opinions rationnelles sur le monde ou de s’engager pour être philosophe.

Mon mode d’expression est littéraire : je pense avec des histoires et des personnages singuliers. Il me semble qu’on ne peut pas concevoir un bon roman dans lequel les

personnages ne seraient que le masque d’un concept ou d’une conviction idéologique, morale, etc.

Par contre, les thèmes qui me touchent sont les mêmes en philosophie et en littérature. J’aime les romans métaphysiques et c’est sans doute pourquoi j’adore Dostoievski et Styron, par exemple. Oui, il y a un fond commun, quelque chose comme la réalité de l’âme humaine et du monde, et plusieurs chemins différents qui y mènent. Le chemin romanesque a, à mes yeux, un avantage sur le chemin philosophique. Il rend mieux compte de la complexité de la réalité parce qu’il n’a pas besoin de s’embarrasser des exigences

de la logique.

J.L : Est-ce que vous ne vous seriez pas vu professeur de Littérature ? J.F : Non, non.

J.L : Pourquoi ? J.F : Parce que je serais incapable d’enseigner la Littérature… Non, non… Ca ne s’est jamais posé. Je n’aimais pas beaucoup la littérature au lycée.

J.L : C’est ce que nous disait d’ailleurs Ryad Girod (Ndlr : auteur du roman Ravissements et professeur de mathématiques au LIAD, publié chez Corti l’année dernière), qu’au lycée il n’aimait pas le Français non plus… Et qu’il était complètement nul en Lettres.J.F : (Me coupant) Prof de maths, lui, en plus (Rires)

J.L : J’aimerais parler d’une citation de je ne sais plus qui d’ailleurs, Monsieur Perrin pourra me reprendre… J.F : (Rires) Je-ne-sais-plus-qui est le fournisseur officiel en citations de toute sorte !

J.L : Alors, est ce que l’écriture est une aventure, ou alors, écrit-on une aventure ? J.F : Le processus d’écriture est intéressant en lui-même, c’est une expérience, une expérience dont je ne me priverais pas.

J.L : Alors moi j’arrive à la fin de mon questionnaire, s’il y a des idées de question, Monsieur Perrin, Monsieur Bernard. Non ? Les Terminale L (Ndlr : Tous présents lors de l’entrevue) ?Merci, justement, à tous ceux qui nous on fait le plaisir d’assister à cette interview, merci aux Terminale L pour leur fraîcheur, à Monsieur Perrin, leur prof de lettres et à Monsieur Bernard du cdi !

Alexandre Dumas est né le 24 Juillet 1802, fils du général

Dumas, grand gaillard dont on nous raconte qu’il était capable de faire rentrer tous ses doigts dans des canons de fusils et ainsi de les lever ensemble. Son grand-père était un marquis dévoyé, parti s’installer à Saint-Domingue (aujourd’hui Haïti). Il y fit la connaissance d’une femme répondant au nom de Marie Cessette, d’origine «indigène», ce qui fit du père de Dumas un métisse. Nombre d’adversaires attaquèrent Dumas en raison de cette origine métissée.

Pas fort en thème M. Dumas ?

Sa mère, Élisabeth Labouret, était issue de la bourgeoisie de Villers-Cotterets. Elle fit une brillante carrière dans les armées de la révolution, mais ne se rallia jamais à l’Empire en raison de ses opinions républicaines. A trois ans, Alexandre perd son père, ce qui le privera de ressources financières. Néanmoins, cela ne l’empêche pas de s’instruire, ce qu’il doit souvent seul, en autodidacte. Il lit ainsi la Bible, des récits mythologiques, l’Histoire naturelle de Buffon, Robinson Crusoé et les Milles et une nuits, œuvres qui toutes l’emportent vers le merveilleux et l’imaginaire.

La vie d’Alexandre Dumas est un régal (plusieurs biographies sont au cdi) car l’auteur des Trois mousquetaires eut une vie personnelle aussi riche, variée, mouvementée et amusante que celle de ses héros. Des femmes innombrables, des bâtards ici et là, des succès triomphants, des voyages extraordinaires, des révolutions, des gains fabuleux, des pertes en affaires non moins monumentales, des réceptions fastueuses, la construction d’un château qu’il dut revendre tout de suite, nous en passons et des meilleures. Notre lycée porte le nom d’un homme ayant su élever sa vie au rang de chef-d’oeuvre. Un modèle à suivre ?

Toutefois, en 1815, après Waterloo et la chute de Napoléon, quand un officier anglais s’installe chez lui, ils ne peuvent communiquer qu’avec quelques mots et bribes de latin... ce qui montre que le bagage intellectuel de Dumas est alors fort simple. A l’école, si son écriture est assez belle, nourrie par toutes sortes de lectures, Alexandre est une véritable catastrophe en latin où il éprouve les plus grandes difficultés et, en mathématiques, il est tout simplement nullissime. En histoire, seuls les mythes et les légendes l’intéressent.

L’entrée dans la littérature par la porte du... vaudeville

Pour vivre, il est obligé de travailler dans une étude notariale. C’est à cette période qu’il fait la connaissance d’Adolphe Ridding de Leuven qui sera un de ses meilleurs amis et le poussera à écrire des histoires. En effet, vers 1822, Alexandre et Adolphe publient ensemble un vaudeville, Le major de Strasbourg, qui sera la première oeuvre littéraire de Dumas. C’est alors qu’il se rend pour la première fois à Paris et le premier endroit auquel il se rend est la Comédie-Française, où il assiste à une représentation de Sylla joué par Talma (un des plus grand acteurs de théâtre du XIXème siécle). A la fin de la représentation, il se rend dans les loges pour voir le grand acteur à qui il demande une bénédiction. Sans connaître Dumas, Talma lui dit alors : « Alexandre Dumas, je te baptise poète au nom de Shakespeare, de Corneille et de Schiller... » Dumas dans ses mémoires déclara plus tard : « Comment eusses-tu vu en moi, Talma, puisque je n’y voyais pas moi-même ? »

Le romantique

En 1823, il arrive à Paris pour s’y installer et, grâce au général de Foy, ancien ami de son père, il accède au secrétariat du duc d’Orléans. En 1824, il réussit à se faire suffisamment remarquer pour devenir un des premiers secrétaires du duc d’Orléans et peut faire venir sa mère à Paris. En 1824, la mort de Lord Byron, Prince des poètes en ce début de siècle, bouleverse le monde littéraire parisien, en plein mouvement romantique. Dumas dévore Shakespeare et Walter Scott, alors très à la mode grâce à ses romans historiques ; il apprend même suffisamment d’anglais pour traduire Ivanhoé. Simultanément, il apprend l’allemand pour lire et comprendre Goethe et Schiller. Pendant ce temps, et notamment grâce aux salons des peintres, Hugo, Delacroix, Vernet et d’autres grands noms se retrouvent dans divers salons. Dumas est pris par son travail de secrétariat mais, malgré tout, il commence à être connu dans les milieux artistiques et littéraires. Engagé dans le courant romantique, Dumas se lie d’amitié avec Géricault l’auteur du Radeau de la Méduse. Il sera auprès de lui lorsque celui-ci prononcera son dernier soupir.

Au fil de ses lectures, il découvre Henri III et écrit un drame historique Henri III et sa Cour, qui remporte un éclatant succès... Lors d’une représentation, le Duc d’Orléans est présent dans la salle et, à la fin du spectacle, salue devant tout le monde son secrétaire d’écrivain. Galvanisé par ce succès, il écrit Antony et Christine en six semaines et se jette en même temps à corps perdu dans la bataille d’Hernani pour soutenir Hugo et le romantisme.

Alexandre DumasUn roman vivant à lui tout seul

Grands personnages

Alexandre DUMAS

Rencontre Littéraire

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Le Révolutionnaire

En 1830 a lieu le premier grand événement auquel assiste Dumas : la Révolution de juillet, qui chasse Charles X du trône. Ni une ni deux, Dumas est dans les rues de Paris, avec les émeutiers. Avec eux il s’empare de l’Arsenal, afin d’y prendre des armes, mais le lettré qu’il était a conscience des richesses historiques conservées dans ce lieu : pour leur éviter de tomber entre les mains de pilleur et de voleur, il prend une série d’armes anciennes et historiques, telles que le casque, l’épée et le bouclier de François Ier ainsi que l’arquebuse de Charles IX. Dumas dépose tout cela chez lui avant de retourner prendre la cuirasse de François Ier. Il l’enfile et traverse ainsi les rues de Paris, moitié personnage du XIXè, moitié personnage du XVIè. Durant cette révolution, il est également chargé d’amener aux révolutionnaire parisiens la réserve de poudre de Soissons et ce, avec un ordre falsifié. Après de nombreux rebondissements, très romanesques, Il réussit à arriver au bout de sa mission. Mais ce travail sera vain car, arrivé à Paris, la révolution est d’ores et déjà terminée et ce sont les bourgeois qui l’ont récupérée, au détriment du peuple.

Dumas sportif

Le 3 Mai 1831, il connaît un grand succès, avec sa pièce Anthony, considéré comme un des plus grands triomphes du romantisme. En 1832, Paris est touché par une épidémie de choléra. Dumas n’est pas épargné et, suite à un malentendu, boit un verre d’éther pur pour se soigner. Son état médical est grave, il part en Suisse pour convalescence. Il se refait une santé, par de fréquents exercices physiques, en faisant des promenades sportives, gravissant des glaciers et traversant des lacs en barque ou à la nage. Il redevient maître de son corps.

Ogre de la littérature, grand voyageur et bourreau des coeurs

Il entame ainsi une tradition de fréquents voyages, qu’il fera au cours de sa vie. En Août 1835, il est à Naples. En Septembre, il est à Palerme où il vivra une romance avec une cantatrice, une parmi de nombreuses autres conquêtes. En 1840, il épouse l’actrice Ida Ferrier dont il divorce en

1844. C’est à cette même période que l’écrivain Auguste Maquet entre à son service, celui que certain considèreront comme son «nègre» et qui sera, avec Dumas, l’auteur de bon nombre de ses œuvres. Ayant déjà fait paraître le récit de ses voyages dans des journaux, il signe avec Émile de Girardin, le patron du journal La Presse, un contrat pour publier des récits en feuilleton : 1,25 franc la ligne.

En 1839, il est toujours tourné vers le théâtre et fait représenter Mademoiselle de Belle-Isle qui connaîtra un grand succès. En 1840, il est à Florence pour deux ans. Il en profite pour visiter la Corse et l’ile d’Elbe. En 1842, de retour à Paris, il prépare une série de romans pour l’année qui va suivre, notamment Le chevalier d’Harmenthal en 1843.

Et en 1844, il publia 6 romans, dont Les trois Mousquetaires et le début du Comte de Monte-Cristo. Le succès continu, Dumas fait paraître la suite des Trois mousquetaires avec, en 1845, Vingt ans après et en 1848 le Vicomte de Bragelonne ; en 1845, La Reine Margot ; en 1846, La Dame de Monsoreau et et Joseph Balsamo. En 1849, Le collier de la reine pour marquer une pause en 1853 avec Ange Pitou.

Les revenus de ses productions lui permettent, en 1843, de s’installer à Saint-Germain-en-Laye où il fera construire son château, ce sera le château de Monte-Cristo. En 1846,

il arrive à l’apothéose de sa carrière en fondant le Théâtre-Historique qui connaît une activité intense mais, en 1850, il est mis en faillite. Et cette année 1846, il part en voyage en Algérie à la demande du Gouvernement. Après un passage par l’Espagne, le Maroc puis Tunis, il arrive à Alger le 30 Novembre. Il assiste alors à de nombreuses fêtes et cérémonies pour découvrir les mœurs et coutumes de l’Algérie. Le récit de voyage qu’il en fit (disponible aux éditionx Palimpseste sous le titre du Véloce, du nom du navire qui le transportât) permet de découvrir un paysage oriental aux contrastes riches ; le 4 Janvier 1848, il

est de retour à Paris où l’attend… une nouvelle révolution.

A nouveau emporté dans les tumultes du siècle

En 1848, c’est une révolution changeant vraiment tout qui arrive. Celle de 1830 avait remplacé une monarchie par une autre, celle de 1848 instaure la deuxième république véritablement révolutionnaire. Elle sera courte car, en 1851, le Président de la République n’est autre que Louis-Napoléon Bonaparte, qui fait un coup d’état et instaure le Second Empire. Nombre d’opposants au coup d’état, dont le plus célèbre est Victor Hugo, doivent s’exiler. Hugo sera d’abord en Belgique puis dans les îles anglo-normandes d’où il écrira Les châtiments.

Dumas entame lui aussi une période difficile, car il a de plus en plus d’ennuis avec la censure impériale. Sa pièce La Jeunesse de Louis XIV est interdite en raison d’allusions voire de critiques directes au régime en place. Qu’à cela ne tienne, en trois jours, il écrit La jeunesse de Louis XV qui sera elle aussi interdite par la censure.

Les circonstances politiques lui faisant perdre ses publications dans des journaux, Dumas crée son journal en 1853 : Le Mousquetaire. En 1859, il est en Russie pour toute l’année. Début 1860, il rejoint Garibaldi et ses chemises rouges pour réaliser l’unification de l’Italie. Il sera de nouveau à Naples

après la prise de la ville par Garibaldi. En 1865, il ne supporte plus Paris et part en voyage en Italie puis en Allemagne et enfin en Autriche. Il retourne après en France pour rester dans un calme relatif en s’occupant surtout de maintenir son journal. En 1870, Alexandre Dumas assiste à l’entrée en guerre de la France et de la Prusse, cette guerre franco-prusienne qui sera cause de l’effondrement de l’Empire. Et c’est dans ce climat lourd que, fatigué, et avant l’arrivée d’un hiver très rigoureux, Dumas mourut le 5 Décembre 1870.

Grands personnages Historique

Avec Balzac, Alexandre Dumas fut le grand ogre de la littérature française au XIXè.

Visite de la directrice de L’AEFE A ALGERAu lendemain de l’inauguration des nouvelles infrastructures sportives et techniques au LIAD, présidée par Mme.

Anne-Marie Descôtes, directrice de l’Agence pour l’Enseignement Français à l’Étranger, mon camarade Amrane Medjani et moi-même avons eu l’opportunité de nous entretenir avec Mme. la directrice del’AEFE, dans le cadre de sa visite à Alger.

• N.M: Quel est l’objet de votre visite à Alger?• Il existe actuellement 473 établissements (dont le LIAD) homologués par l’AEFE, c’est-àdire qui proposent des programmes conformes à l’Éducation nationale française, et à peu près 200 qui sont gérés par les pays où ils se trouvent grâce à des accords conclus avec l’AEFE. C’est ma première visite en Algérie, et en vue de l’inauguration des nouvelles infrastructures du LIAD, il me semblait opportun de choisir ce moment pour venir rencontrer les équipes pédagogiques qui s’occupent de ce lycée. J’ai pu aussi visiter un petit peu la ville, notamment la Casbah qui est un lieu magnifique, même si je pense que je n’ai encore rien vu.• N.M: Précisément, le rôle de l’AEFE consiste-il à promouvoir la francophonie dans le monde, ou seulement d’assurer la prise en charge des ressortissants français à l’étranger?• Un peu des deux à mon avis. Les lycées français à l’étranger existent depuis bien longtemps, bien avant l’AEFE. Le plus ancien d’entre eux est celui de Berlin qui a plus de trois-cents ans, il a été construit en 1689 par de Huguenots(1). L’AEFE, elle, n’a que 20 ans. Elle a été créée afin d’homogénéiser et de faciliter la gestion du personnel enseignant, mais au fil des années elle est devenue un instrument de pilotage qui s’efforce d’impulser à ces établissements une politique moderne d’ouverture sur le monde. Selon la loi: l’AEFE a pour mission d’assurer la continuité scolaire des ressortissants expatriés de la maternelle à la terminale, mais aussi d’assurer un certain rayonnement, pas seulement de la francophonie, mais aussi de ce que j’appelle « l’éducation à la française ». En effet, le système éducatif français a de nombreuses spécificités comme la maternelle, qui en France est abordée de manière très académique, ou encore l’enseignement de la philosophie. Par ailleurs, l’AEFE a aussi une politique de multilinguisme, en encourageant notamment les élèves français à apprendre la langue du pays d’accueil, et bien évidemment à maîtriser l’anglais.• A.M: Il existe au LIAD une section OIB (option internationale pour le bac) en lettres arabes dont les résultats sont très bons. Retrouve-t-on des structures similaires ailleurs?• Bien sûr, on retrouve l’option internationale dans de nombreux pays. L’OIB arabe a été mise en place pour la première fois au Maroc, il y a aussi l’OIB chinois mise en place à Shanghai. Cette structure vise à apporter une innovation dans l’enseignement des langues, mais surtout à donner des certifications pour les élèves qui les choisissent.• A.M: L’AEFE se définit donc comme une agence dynamique.• En effet, l’AEFE est une agence très dynamique. Nous sommes d’ailleurs reconnus pour cela. Le ministre de l’Education M. Chatel a dit lorsqu’il a visité les lycées français des pays nordiques comme le Danemark que « ce qu’il voyait dans les établissements français à l’étranger, c’est ce qu’il rêverait de faire en France ».• N.M: On constate aujourd’hui le monopole de l’anglais dans les échanges internationaux, tandis que de nouvelles langues comme le mandarin (qui sera d’ailleurs bientôt enseigné au LIAD) prennent de plus en plus d’essor. Quelle est la place du français dans le monde?• En termes de données statistiques, il y a aujourd’hui environ 220 millions de francophones dans le monde, et 115 millions de personnes qui apprennent le français. Même si ce n’est pas grand chose comparativement à l’anglais ou au mandarin, il y a tout de même une évolution démographique qui nous encourage à promouvoir le français, car c’est une langue porteuse de valeurs culturelles.• N.M: Donc vous verriez plutôt le français comme une langue de culture?

• Non, pas vraiment, ou alors « culture » au sens le plus large du terme. Dans le domaine des mathématiques par exemple, les Français sont particulièrement bons. Par ailleurs, dans le domaine juridique également, le français est très demandé. Je me suis moi-même en tant que diplomate occupée dans le cadre des négociations avec les pays d’Europe de l’Est quisouhaitaient entrer dans l’Union Européenne. Ils étaient très demandeurs de formations en français, car les législations européennes en anglais ne leur permettaient pas d’en avoir une compréhension suffisamment précise. Le français est une langue particulièrement précise.• N.M: L’actualité internationale est marquée par les révolutions arabes. Comment se positionne l’AEFE vis-à-vis de cela?

Le « printemps arabe », pour reprendre l’expression en vigueur, est une grande chance pour les peuples du monde arabe d’accéder à la démocratie et aux grandes libertés démocratiques. Il n’y a donc aucune crainte à avoir pour les établissements. Ces événements devront toutefois nous rendre plus attentifs encore au monde qui nous entoure. En même temps, il ne faut pas oublier que, si les établissements français sont présents à l’étranger, c’est avant tout également grâce à la bonne volonté des pays d’accueil qui ont bien voulu nous donner l’autorisation d’héberger des établissements. Il s’agit pour nous d’honorer cette confiance tout en nous ouvrant sur l’extérieur, notamment par des partenariats avec les établissements des pays d’accueil et des plateformes de coopération éducative.• A.M: Fort à propos, j’ai constaté qu’au lycée français d’Abu Dhabi, des cours de religion étaient dispensés. Or, l’un des principes fondamentaux de « l’éducation à la française » reste la laïcité. Est-ce dû à une certaine « pression » du pays d’accueil?• On ne peut pas parler de pression mais de « réalités locales ». Ces cours de religion ne sont en aucun cas obligatoires, ils résultent d’accords. L’État met à notre disposition des locaux, et en contrepartie nous autorisons ces cours.• A.M: Cela constitue un paradoxe étonnant, qui va à l’encontre de ladite laïcité.• Effectivement, c’est une situation tout à fait particulière. On doit cependant composer avec les exigences des pays d’accueil. Par exemple, en Syrie, le lycée français est dirigé par un proviseur français et une proviseure syrienne, ce qui occasionne des discussions délicates sur le contenu de certains livres scolaires. Je pense qu’il est important de rester, tant qu’il y a des aménagements où l’essentiel est préservé.• A.M: Nos voisins le Maroc et la Tunisie comptent beaucoup plus de lycées français que l’Algérie, qui est pourtant un pays beaucoup plus grand et plus peuplé. Pourquoi?• C’est l’une des conséquences de la décision des autorités algériennes d’arabiser le système scolaire. Nous avons tout de même fait l’effort colossal de recréer un établissement ici à Alger.C’est vrai qu’il y a de la place et de la demande, mais aujourd’hui, l’AEFE n’a pas les moyens d’entreprendre un tel projet. Nous nous contentons d’entretenir ce lycée, et de le maintenir à la pointe des équipements.• A.M: D’ailleurs, pourquoi avoir qualifié le LIAD « d’international », alors que l’enseignement y est clairement français?• Je pense que cette appellation est due à l’ambition linguistique sur laquelle nous mettons l’accent. Les familles attendent que les établissement permettent à leurs enfants de s’ouvrir afin de devenir des citoyens du monde.• A.M: Une question pour M. le Proviseur: peut-on s’attendre, dans le cadre de ce dynamisme axé sur les langues vivantes, à voir de nouvelles langues enseignées au LIAD?• Nous réfléchissons à l’heure actuelle au nouveau projet d’établissement. Lapolitique des langues y sera largement abordée.• N.M: Un lycée international dépendant du gouvernement algérien est actuellement enconstruction ici à Alger, dans le quartier de Kouba. Quelle sera la place du LIAD vis-à-vis de ce lycée une fois qu’il sera ouvert?• Je pense qu’il faut attendre l’ouverture de cet établissement pour pouvoir répondre à cette question. M. le Proviseur a été d’ailleurs sollicité par le ministère de l’Éducation nationale algérienne pour

en parler. Il y a de la place pour un lycée international algérien, et ce projet est une bonne idée de la place des autorités algériennes. Il serait intéressant de mettre au service de cet établissement nos savoirs-faire et nos méthodes.• N.M: Le LIAD compte 1066 élèves, dont 742 algériens, ce qui représente près de 70% de l’effectif total. Est-ce spécifique à l’Algérie, du fait qu’historiquement ça reste l’un des pays les plus francophones?• On retrouve cette configuration dans des autres pays. Elle est liée à la présence française dans les pays concernés. En Amérique latine par exemple, on retrouve beaucoup d’établissements à forte proportions d’élèves locaux. Je pense au Pérou notamment où ils sont plus de 75%. Il n’y a pas beaucoup de ressortissants français là bas, et le lycée français y est très apprécié.• N.M: Faisant partie des 70% d’élèves locaux, je sais que les frais de scolarité représentent un obstacle conséquent quant à l’accès aux études. Par exemple, on constate que de moins en moins d’enfants d’intellectuels algériens sont scolarisés au LIAD, laissant place à des élèves issus des milieux d’affaires, plus aisés financièrement. Cela entrave-t-il la devise de l’AEFE: « Excellence, Partage, Rayonnement » et, en tant que directrice, envisageriezvous des solutions à ce problème?• Ça n’est pas exclu, et ça n’est pas impossible. Un système appelé « bourses d’excellence » est mis en place pour les élèves locaux dans certains pays d’Afrique notamment. Il est vrai que le lycée d’Alger se distingue par le niveau élevé de ses frais de scolarité par rapport aux pays voisins, mais ils restent proportionnels aux coûts d’entretien de l’établissement. Les subventions que déboursent l’AEFE reviennent à 3200€ par élève, alors que la moyenne se situe autour de 2000€ par élève. Je pense qu’il faut regarder du côté des familles pour envisager la possibilité de mettre en place un « fonds de solidarité » pour faciliter l’accès aux études aux élèves les plus méritants. Les parents savent qu’inscrire leur enfant dans ce lycée représente un investissement. Il faut rester réaliste, et explorer d’autres pistes.• N.M: Mais ici, à Alger, le système de bourses n’est disponible que pour les élèves de nationalité française ou binationaux.• Je parle d’autre chose. Effectivement, le système de bourses en vigueur ici est réservé aux élèves de nationalité françaie inscrits au consulat. Il existe cependant d’autres systèmes, comme la bourse « excellence major » pour la prise en charge après le bac des élèves étrangers les plus brillants. J’évoquais quelque chose de totalement différent. Un projet qui n’est pas réalisable par l’AEFE, mais par les établissements eux-mêmes en fonction de leurs moyens.• A.M: L’année 2011 a été perturbée par une grève assez importante des professeurs résidents. Quelles étaient leurs revendications?• L’AEFE est l’employeur de ces professeurs, titulaires du ministère de l’Éducation nationale française, détachés auprès de l’AEFE sur un contrat à durée limitée qui peut être renouvelé. Ils ont soulevé notamment des revendications financières, ainsi que les spécificités relatives à la présence de cette communauté ici, comme les déplacements, etc.• N.M: L’année 2012 marquera deux dates importantes. D’abord, le 10ème anniversaire duLIAD. Quel bilan dressez-vous de l’évolution de cette structure en perpétuel mouvement,et quels sont vos projets à l’avenir?• Je pense que l’on peut dresser un bilan extrêmement positif de ces dix premières années. En effet, cet établissement n’a pas cessé d’évoluer, de changer et de s’améliorer. L’événement le plus important a été la construction du collège, bientôt complétée par l’école primaire. Maisaussi les aménagements nombreux et très développés, tant au niveau des équipements sportifs que des salles qui sont formidablement bien équipées. Il faudra à l’avenir considérer le LIAD comme une entité qui s’étend de la maternelle au lycée. Nous avons pour projet d’améliorer encore le confort des élèves, en construisant un foyer par exemple. Vous disposez d’un campus très agréable et fleuri, avec des espaces verts. Il faut préserver cet espace, mais il y a encore de la place pour aménager de nouvelles structures propices à l’épanouissement des élèves.• N.M: En second lieu, 2012 sera aussi le cinquantenaire de l’Indépendance de l’Algérie. L’AEFE a-t-elle des projets pour commémorer cette grande date?• C’est une question très intéressante. L’AEFE est ouverte à toute proposition, mais ça ne peut se faire qu’au niveau du lycée. Il faudra trouver des idées en fonction de ce que l’Algérie a prévu de faire pour honorer cet événement. C’est à la fois très important et très sensible. Il faut rester vigilant quant à la façon d’aborder les choses, mais on ne peut pas faire comme si ça n’avait jamais existé.

Nesma MERHOUM (ex-3e 3)Article précédement publié dans le journal du LIAD N°03

Par : Amine Hafidi,ex-Seconde 3

Page 11: " J'ai dix ans..."

20 21

Dix-sept mois ont passé depuis la venue de François Hollande au Lycée International

Alexandre Dumas d’Alger. Dix-sept mois à l’issue desquels, à travers le chamboulement de la vie politique hexagonale ces derniers temps, François Hollande a été porté à la plus haute responsabilité de l’État français : la Présidence de la République. L’élection du président « normal » (mot d’ailleurs prononcé lors de son déplacement à Alger) apporte une note d’espoir à beaucoup d’humanistes et de progressistes, tant en France qu’ici en Algérie. En effet, la campagne présidentielle française fut suivie par les élèves du LIAD avec un grand intérêt, ce qui encourage maintenant à s’interroger sur la situation et le devenir de notre rapport à la France et de notre lien avec elle.

Il y a un an et demi, François Hollande était, déjà!, un homme « normal ». Avec recul et diplomatie, il s’était alors prêté au jeu d’une conférence aux élèves du LIAD, au cdi, en compagnie d’une délégation de journalistes et d’un député européen. Même s’il fut perçu par certains élèves comme élusif, il avait animé avec beaucoup d’indulgence un échange d’une heure avec les élèves de Terminale, qui l’avaient interrogé sur des questions économiques ou politiques relatives à l’actualité de l’époque, pressentant peut-être le destin présidentiel du politicien.

Ainsi, à l’issue de ce bref entretien au contact de celui qui, dix-sept mois plus tard, deviendra le Chef de l’Etat français, chacun conserve le souvenir d’une personne à l’aura positive. Cette positivité, présente également dans les idées soutenues dans la campagne du président, nous amènent à espérer beaucoup du mandat à venir. Le choix de l’optimisme est risqué, mais ceux qui le font remplissent les attentes inhérentes à la politique d’un pays, c’est-à-dire son image pour ses citoyens et pour le monde qui l’entoure. Ainsi, puissent la “justice” et la “jeunesse” s’accorder dans une optique de “rassemblement”, car “le changement, c’est maintenant”.

A l’issue de la conférence, j’ai eu la chance de le rencontrer, en aparté, en tant qu’envoyée spéciale pour le Journal du Liad. C’est cet article, publié dans le deuxième numéro du Journal début 2011, que nous republions aujourd’hui.

Nesma Merhom, Seconde 3

Le LIAD est témoin d’un événement important ce jeudi 9 décembre 2010. En effet, le CDI accueille en fin de matinée une délégation d’élus français menée par monsieur François Hollande, maire de Tulle, président du Conseil Général et député de la Corrèze, ex premier secrétaire du PS (parti socialiste) français, dans le cadre d’une rencontre organisée pour les élèves de Terminale.

Loin d’une ambiance comateuse dans laquelle on entendrait les mouches voler, cette rencontre aux

allures de conférence de presse s’étale sur une heure environ, pendant laquelle le débat suit le cours des questions posées par les lycéens, tantôt sur l’économie, tantôt sur la politique ou l’histoire, le tout étant orienté vers l’actualité mondiale.

Dans l’agitation qui succède à la fin de cet événement, on m’annonce à M. Hollande. Je me présente et toute la panique qui depuis 48 heures m’habite s’envole au contact de ce personnage politique pourtant éminent. Me tendant la main presque amicalement, il m’invite à m’asseoir en s’étonnant de mon jeune âge.

Nous nous installons face à face. Jetant un rapide et dernier coup d’œil à ma feuille j’implore les dieux de la rhétorique avant de me jeter à l’eau.

J’entame une présentation confuse, alignant dans un ordre précaire mon nom, ma classe et ma nationalité, tout en tentant de mesurer mon souffle et la

En aparté avecFrançois Hollande

couleur de mes joues que je sens virer dangereusement à l’écarlate.

Puis vient le moment d’aborder mon sujet et de poser mes questions. Par la magie de l’aura apaisante des hommes politiques, je suis d’un coup bien plus sereine, et contre toute attente mes idées sont claires, si bien que je ressens un certain enthousiasme quant à l’exposé des problèmes que je souhaite soumettre à l’avis de M. Hollande. C’est donc dans cette optique de confiance que je me lance dans un monologue engagé.

J’explique d’abord qu’étant en classe de 3e je n’ose pas m’aventurer dans des sujets économiques ou géopolitiques moyennement maitrisés à mon niveau. C’est donc sur un problème qui me concerne et qui concerne les collégiens que je m’apprête à entretenir l’homme politique, à savoir la situation des établissement français à l’étranger.

Une première question est abordée. Une « mise à plat », comme je l’appelle hardiment. Je demande donc à M. Hollande si selon lui, le rôle d’un lycée français à l’étranger se borne à recueillir des élèves de ressortissant français afin qu’ils puissent accéder à un enseignement approprié, ou si parallèlement il sert aussi à promouvoir la francophonie dans le monde. Fort heureusement pour la suite de mon questionnement, sa réponse penche pour la seconde proposition. Il affirme qu’en effet, un établissement d’enseignement français est un rayonnement culturel en lui-même, car l’éducation qu’il offre ne concerne pas seulement les élèves qu’il accueille, mais toute une tranche de la société.

Soulagée de cette réponse encourageante, j’enchaîne avec ma seconde question en exposant une problématique. Le lycée Alexandre Dumas se caractérise par la présence à une importante majorité d’élèves de nationalité algérienne (fait qu’apparemment j’apprends à M. Hollande), inscrits là par leurs parents pour favoriser leur ouverture sur le monde grâce à la francophonie. Cependant les frais de scolarité sont très élevés, bien trop selon moi par rapport au niveau de vie local. Monsieur Hollande approuve ce raisonnement, en ajoutant qu’il est vrai que des mesures ont été prises pour alléger le paiement des frais scolarité, mais seulement pour les élèves français de la classe

de seconde à la terminale. Il reconnaît qu’il y a là une incohérence. Mon instinct journalistique se réveille alors, et je rebondis sur cette dernière idée. En tant que futur candidat à la Présidentielle de 2012 (hypothèse basée sur une déduction d’une logique approximative), Monsieur Hollande est-il disposé à considérer ce paradoxe? Intérieurement je croise les doigts pour que cette demande en porte-à-faux ne s’affaisse pas, et par bonheur elle est accueillie avec un sourire. En bonus j’ai même droit à un projet. M. Hollande émet l’idée d’attribuer des bourses pour le collège et le lycée à l’instar de celles octroyées pour les universités. L’occasion se présente alors pour moi de sortir mon idée relative aux bourses, d’où une seconde problématique (empreinte d’une certaine subjectivité due à mon choix d’orientation): dans le secteur des sciences humaines par exemple, s’engager dans la francophonie est pour un élève algérien une voie à sens unique, car les sciences humaines sont enseignées en arabe en Algérie. Or, il n’est pas assuré de trouver une place en école ou en université. Je propose alors d’intensifier le système des bourses de mérite afin d’assurer un peu plus les élèves désireux de poursuivre leurs études dans les sciences humaines. Une fois de plus mon idée est accueillie

avec enthousiasme, et M. Hollande semble adhérer à mes propos. Mes quelques minutes volées sont un succès,

et comme je me doute que le temps de mon interlocuteur est précieux, je conclus sur une note plus décontractée. La météo le permettant, j’émets l’hypothèse que M. Hollande a été surpris par la chaleur estivale qui frappe alors le pays (chaleur deux jours plus tard envolée, allez savoir comment), dans un éclat de rire il souligne le contraste avec le froid polaire qui sévit en France et partout en Europe. J’ai à peine le temps de demander s’il est déjà venu à Alger auparavant. Il répond que oui, il y a trente ans. Ça a du changer depuis, lance-je alors qu’un agent de la sécurité l’appelle pour le prévenir du départ imminent de la délégation.

« Pas assez à mon goût! » lance François Hollande en me serrant la main pour me saluer, (et en passant me demander mon nom) avant de disparaître parmi les gardes du corps.

N.MERHOUM (3.3)

Article précédemment publié dans le Journal du Liad n°2

« Nous nous installons face à face. Jetant un rapide et dernier coup d’œil à ma feuille, j’implore les dieux

de la rhétorique avant de me jeter à l’eau ».

Le Président est déjà passé par là1) Les Clubs et les Activités

Au lycée, on peut trouver des activités spor-tives comme la gymnastique, le tennis de ta-ble, le basket ou le foot qui sont proposées la mardi après-midi, le plus souvent. Il y a aussi des clubs par exemple, celui de la chorale où 20 élèves chantent, celui du théâtre : plusieurs troupes de théâtre ont apparu ces dernières an-nées comme la troupe des Artrooms qui s’est produite pour la première fois le mercredi 6 juin 2012 ; ou celui de la Main à la patte où des élèves de 6ème font des cours de physique-chi-mie pour se préparer au programme de phy-

sique-chimie des 5èmes. Un + pour les élèves et une jolie expérience, mais serait-il possible d’avoir + de clubs et d’activités ?

2) Les LanguesAu lycée, des langues sont accessibles à par-

tir de la 6ème. Dès la 6ème, on peut faire arabe ou arabe débutant pour les non arabophones (l’arabe n’est pas obligatoire pour les non ara-bophones) et obligatoirement l’anglais. Puis, en 5ème, en plus de l’anglais (et de l’arabe), on peut débuter le latin (Attention, on peut débu-ter le latin qu’en 5ème et ce n’est pas une langue vivante), en 4ème s’y ajoute l’espagnol. Ainsi toutes ces langues sont praticables jusqu’en Terminale. Enfin, des voyages sont mis en place par les professeurs de langue comme le voyage en Angleterre, à Abu-Dhabi ou en Grèce cette année. Ces voyages sont mis en place pour développer le niveau de langue des élèves. Le problème se pose : Pourquoi pas l’allemand ou le chinois, à apprendre, ça serait bien non ? Et pourquoi pas des voyages linguistiques pour les 6èmes ?

3) L’AmbianceLa solidarité et la bonne ambiance sont au

rendez-vous au LIAD. Que ce soit entre des classes différentes et même entre différents niveaux. Par exemple, dans ma classe de l’an-née dernière, la 6ème 3, la bonne ambiance et même la solidarité règnaient et ça va être enco-re le cas cette année. On ne les retrouve pas que dans les classes mais aussi dans la cour, quand tout le monde se retrouve. C’est le rendez-vous des collégiens !

4) Le CDI :Le CDI du LIAD est un endroit chaleureux

où les élèves aiment beaucoup aller. Les livres du CDI sont très variés : albums, romans en tout genre (policier, fantastique…), contes, fa-bles, poèmes, bandes dessinées, magazines … Il y en a pour tous les goûts !!! Les trois cents élè-ves qui arrivent au CDI chaque jour y viennent pour lire, faire un travail, effectuer une recher-che sur les ordinateurs ou tout simplement se reposer et discuter avec ses copains (même si cela n’est pas très autorisé!). Cependant, nous pouvons encore réclamer un plus grand choix de livres et même, pourquoi pas, des CD et des DVD.

5) Les expériences en technologie et en sciences :

En technologie et en SVT, les élèves peuvent effectuer diverses expériences ou fabrications. Par exemple, en sciences, les élèves de 6ème on planté un arbre (un dracéna ) près du gymnase. En cours de technologie, les élèves de 5ème ont entrepris la fabrication de ponts en PVC. Des machines qui peuvent plier, couper, et coller le plastique sont mis à notre disposition en technologie afin d’approfondir nos connaissan-ces en matière de fabrication. Nous disposons également de beaucoup de matériel en SVT où microscopes, loupes binoculaires ou encore scalpels sont nécessaires à la réalisation d’ex-périences. Cependant, nous pouvons reprocher à certains professeurs de ne pas faire participer leurs élèves à toutes les expériences.

6) La permanence :Je sais que tout le monde n’aime pas cette

salle mais nous pouvons la faire quand même rentrer dans les raisons d’aimer notre établis-sement car il y a évidemment des élèves qui se sentent bien dans la permanence. Nous sommes censés travailler dans cette salle mais bon, des élèves préfèrent souvent y aller pour discuter et faire le chambard, du coup elle est bruyante. La permanence n’est pas un endroit de calme et de sérénité. Cette salle est donc devenue le lieu de discussions préféré du LIAD. Nous avons donc choisi de mettre la permanence dans les 10 raisons d’aimer le LIAD pour la bonne (ou moins bonne) ambiance que l’on retrouve dans ce lieu.

7) Les sports :Chacun trouve une raison d’aimer le cours

de sport, les sportifs (attention, gros scoop de l’année) pour le sport et les autres pour la bonne ambiance joyeuse du cours d’EPS !!! Même si on peut se lâcher en cours de sport, il faut faire attention, sinon gare aux moins un et aux notes qui chutent ! Les élèves de 6èmes ont pratiqué cette année de la course d’orien-tation dans le LIAD et les résidences équipés d’une boussole et d’une carte. Nous disposons de beaucoup de matériel : tables de ping-pong, ballons, barres parallèles … notamment pour la gymnastique. Les élèves peuvent pratiquer l’AS le mardi après-midi qui propose un grand

choix de sports : basket, volley, badminton … Le LIAD organise également des tournois de ping-pong, de football, de volley et un cross. Cependant nous, élèves de 6ème, aimerions avoir toujours quatre heures d’EPS par semai-ne en 5ème.

8) Le cosmopolitismeAprès tout, si cela consiste à s’appeler «Sha-

rapova» ou «Dimitri» et être ami(e) avec des «Maria»ou Sabrina «, on peut dire que ce n’est pas ce qui manque au LIAD ! C’est sympa de rencontrer de nouvelles personnes de nationa-lités différentes, parce que ça permet aussi de mieux connaître leurs cultures et de partager nos connaissances. Bien sûr, il arrive que des clans se forment, ce qui serait préférable d’évi-ter.

9) Le selfQuelle joie de pouvoir enfin choisir ce que

l’on veut manger (même si ce n’est pas forcé-ment toujours délicieux selon nos goûts) et de pouvoir manger avec des personnes que l’on apprécie (ou éviter le premier de la classe qui ne parle que de maths). En plus, l’ambiance ne manque pas ! UN plateau tombe, et c’est une pluie d’applaudissements qui tombe sur toi !

10) Les professeurs Sadiques ou sympa, un peu dingues ou

trop stricts, cela restera toujours TES profs qui rentrent TES notes sur TON compte Pronote. Donc, tu es obligé de les respecter et de tra-vailler toute l’année (sauf à la fin de l’année : BAZAR POWER garanti ! )

Jeanne Bernard, Maya Mokraniet Agnès Soulu, 5è3 (ex-6è3)

Dix VRAIES raisons d’aimer le LIAD

Historique I love LIAD

Page 12: " J'ai dix ans..."

22 23Dix sur dix Jeunes plumes

Le 4 Septembre fut le jour de la ren-trée. Arrivée à l’école, j’étais excitée et émotive. En entrant dans l’établis-

sement, je vis une immense infrastructure, j’étais éblouie. Je marchais stupéfaite par ce merveilleux décor. Arrivée dans la cour du collège, je vis la plupart de mes anciens amis, j’étais très contente de les revoir. Puis des surveillants, le conseiller princi-pal d’éducation accompagnés de plusieurs enseignants vinrent pour nous donner le numéro de nos classes, la mienne était la 6eme5. Notre professeur principal Mme Tréjaut, une femme que j’ai beaucoup ap-préciée, nous a conduit en classe. Elle nous a expliqué le règlement et les consignes pour nous informer sur l’organisation du

Le mecredi 6 septembre en me ré-veillant, l’excitation s’était emparée de moi ; je ne pensais plus qu’à une

seule chose : MA PREMIERE JOURNEE AU COLLEGE ! A peine arrivée à l’école, j’étais déjà perdue ; l’établissement était si grand que je ne savais plus où me diriger. Un sur-veillant m’indiqua le chemin. Après cinq minutes, j’étais arrivée en classe. Notre professeur principale faisait l’appel. A ce moment précis le stress s’évapora, je ve-nais de m’apercevoir qu’il y avait dans cet-te classe des élèves que je connaissais .Puis elle nous expliqua le fonctionnement de cette école et quelles étaient ses missions. Le lycée est un lieu d’étude et d’appren-tissage à la vie commune et au respect d’autrui.Les trois classes 6eme 5eme et 4eme nous instruisent et nous préparent à l’examen national : le brevet qui nous per-met de passer au lycée .Ensuite elle nous

C’est le jour ‘‘j’’

Quand je me suis réveillé et que mon pied a touché le sol, je me

suis dit : ça y est, c’est le jour J.Je me suis habillé rapidement avec

une tenue que j’avais préparé et que j’avais mis de côté. J’ai fait ma petite toilette, avalé mon petit déjeuner et j’ai sauté dans la voiture. Plus on approchait de l’école, et plus mon coeur battait de plus en plus.

Arrivé à l’école, j’étais partagé par un sentiment de gaité et de tristesse. Le stress montait en moi.

Je regardais de tous les côtés pour voir des visages familiers, soudainement la cloche sonna. Je me dirigeai vers la classe de musique où je fis connaissance avec la maîtresse et les élèves de ma classe.

Tout au long de la journée, j’ai admiré ce nouvel environnement que j’allais côtoyer tous les jours.

Ensuite, est venue l’heure de la cantine, chouette, j’ai retrouvé mes camarades de l’année précédente.

C’était l’occasion de se partager des souvenirs. Par la suite, j’ai pris connaissances des autres professeurs et des règles de vie du LIAD.

Et ce fut le moment de quitter l’école.

Fares Tamridjt, 6.2

fit la visite de l’établissement : le réfectoire, le CDI où Monsieur Bernard nous a montré comment venir et utiliser la bibliothèque, le collège et le lycée. Mais avant cela, nous étions en réunion avec Mr Demeulemees-ter, le Proviseur suivi de Mr Marouani et Mme Saint – Martin. Notre carnet de cor-respondance est obligatoire à la rentrée et à la sortie du lycée. La cloche sonna, nous étions enfin libres ! A chaque fin de cours nous devions changer de classe c’est-à-di-re monter ou descendre les escaliers, c’est extrêmement fatigant ! Un conseil pour les prochains élèves de 6éme :le cartable à roulettes n’est pas très conseillé. Tous les professeurs se présentèrent à nous puis c’était à notre tour. A 16h20, c’était la fin de la journée, j’étais heureuse mais épuisée en rentrant à la maison.

Nouar Ania 6éme 2

Ma première journée au collége !

‘‘Merveilleux’’

Le premier jour du collège a été merveilleux. Après m’être réveillée,

nous sommes allés au collège, M. Marouani le CPE a cité nos noms pour aller dans les différentes classes. Notre professeur principal nous a donné nos cahiers de correspondance. Elle a dit qu’il fallait toujours l’avoir sur soi pour entrer et sortir du collège. Elle nous a expliqué les règles de vie du collège. Nous sommes ensuite allés écouter le discours du Principal. Pour finir, nous avons fait le tour du collège .En sortant du collège, j’étais très heureuse de cette journée.

Yazida-Essia Sghaier – 6ème 2.

Pour moi la rentrée au collège avait une grande différence par rapport à la rentrée du primaire. J’étais

très contente de rentrer à l’école, déjà la veille j’avais tout préparé, et j’avais hâte d’y être. Le lendemain comme prévu : la rentrée. Déjà arrivée à l’école qui est dix mille fois plus grande que mon ancien éta-blissement, je découvre petit à petit les différentes salles. Certains professeurs se

collège.Ensuite, nous avons rejoint le ré-fectoire où le principal avait réunis tous les 6e de l’établissement afin de faire connais-sance avec notre proviseur,M.Demeule-meester.Pendant la récréation, mes amis et moi avons découvert le CDI, un espace de lecture paisible et sympa.

A la fin de l’heure j’ai croisé dans le hall du collège , le conseiller principal d’éducation , M.Marouani qui m’a parut un homme très agréable.

Ce fut une journée pleine d’émotions. L’ac-cès au collège sera pour moi une nouvelle étape dans mes études.

AMBRE MEGUELLATI (6eme5)

sont présentés; j’étais aussi très contente de retrouver mes anciennes amies et de m’en faire d’autres. En fait, pour résumer, toute la première journée dans cette école que je ne connaissais pas s’est merveilleu-sement bien passée et je me rends compte maintenant que le collège, ce n’est pas si difficile que ça.

Kheireddine Kincy, 6eme 2

Le LIAD est si grand...

Que d’émotions

Ça change du primaire

C’est le livre qu’il fallait lire cet été pour ceux

qui aiment les séries TV et les livres policiers. Ce li-vre, qui mélange moments de suspense et scènes ro-mantiques, vous tient en haleine jusqu’à la dernière page. Le scénario est sim-ple, deux équipes de dépar-tement de police différent font équipe pour coincer un tueur en série. C’est en fait l’équipe du CBI de la célèbre série Mentalist et celle de la série Castle qui joignent leurs forces contre le tueur au smiley sanglant « John le Rouge ». Ce mé-lange détonant, imaginé par une ex Liadoise de 16 ans, reflète bien sa person-

nalité pétillante et donne un livre incontournable qui deviendra bientôt un classi-que. Hilarante et attachante (comme Noémie ! ^^) cette histoire n’est pas la premiè-re qu’elle écrit et j’espère vraiment que ce n’est pas la dernière !

Noémie Launay est née le 25 juin 1996 à Bastia. Elle a étudié au LIAD de la 6ème à la 3ème et est maintenant en 1ère L au lycée Pascal Paoli en Corse. Passionnée de séries, elle nous fait dé-couvrir celles qu’elle pré-fère dans son livre.

Yasmine Aït Selmi, 1 S2

Les deux conflits majeurs du siècle passé ont nourri l’imaginaire des écrivains, des cinéastes, des artistes. Or, nous assistons à un regain d’intérêt pour l’armée française formée d’hommes venus des cinq continents : des Français musulmans, des troupes noires, des soldats des Indes françaises…

Les élèves des classes de 3e du Lycée International Alexandre Dumas d’Alger se sont mobilisés pour mettre à l’honneur leurs aïeux qui ont participé à la grande épopée de 39-45. Un site (http://www.liad-alger.fr/memoiresdhommes/Accueil.html) et un livre (disponible au cdi)

Mémoires d’hommessont nés de la rencontre entre cette jeune génération et ces hommes qui approchent souvent la centaine.

A vocation pédagogique, ces mémoires ont pour humble objet la mise en lumière d’histoires et de destinées individuelles des soldats algériens dont le rôle semble avoir été éludé à l’après-guerre. Les lecteurs y trouveront des motifs de légitime fierté.

Investis et enthousiastes, les élèves du Lycée ont conçu ces témoignages pour saluer la mémoire des combattants valeureux, disparus ou encore en vie.

Me Auvray, ex-professeur de Lettres

Vade-mecumde Noémie Launay

Page 13: " J'ai dix ans..."

24 25Jeunes plumes

Comme une plaie qui ne cicatrise pas, comme un cauchemar qui

recommence, comme une impression de déjà vu ...

Le 11 décembre 2007, Alger revoit des fantômes qui n’ont eu de cesse de la hanter...

Alger la Blanche vire au noir quand à 10 heures une explosion se fait en-tendre à Ben Aknoun.

Un attentat, encore un, vient mar-quer du sceau de l’horreur une jour-née tout juste entamée pour des Al-gériens qui avaient cru avoir oublié quelques spectres du passé.

Deux bombes, deux poignards plantés dans le cœur de la jeune mais courageuse Algérie, tant blessée ces dernières décennies.

Une Algérie nommée phénix qui renaît toujours de ces cendres.

Yousra Miloudi

Mardi 11 décembre 2007, tout se passe comme à l’ordinaire.

Les élèves du LIAD se réveillent péniblement au matin de ce jour. Les cours se passent comme toujours, avec un calme commun à toutes les classes, le calme du matin.

Je regarde l’heure, celle-ci semble passer lentement. Et puis la récré en-fin. Voilà qu’il est presque 9h50 ; plus que 5 minutes, plus que 4 minutes, plus que 3 minutes... un bruit déchi-rant et une secousse brusque se font ressentir. Ces deux dernières minutes ne viendront pas.

Panique générale : on s’attend tout d’abord à un tremblement de terre, et quelques élèves bien rapides se glis-sent sous les tables. Mais le sol ces-se de bouger, c’est alors que tout le monde se précipite vers la sortie.

À l’extérieur, c’est une ambiance pesante qui opère. Les visages expri-ment une même expression, un mé-lange de crainte et d’incompréhen-sion.

Les nouvelles arrivent enfin : une bombe vient d’exploser à quelques

Le mardi 11 décembre 2007, la terre bouge. Ce n’est pas un

séisme, mais bien pire : c’est l’œuvre de l’homme.

Une première explosion retentit à Ben Aknoun. Une voiture piégée rentre en collision avec un bus d’étu-diants bondé, un « cous », devant le Conseil constitutionnel et à proximi-té de la Cour suprême. Selon la pres-se, cette première détonation cause de nombreux dégâts matériels, mais plus grave, elle fait une trentaine de

Les sentimentsd’un lycéen

Terreur à Alger

Encoreune blessurepour l’Algériemètres de là. Cette fois ci, c’est près

du Palais de Justice que l’attentat a eu lieu. C’est alors une affreuse peur qui se dessine sur les visages de ceux qui ont de la famille là-bas. On essaye en vain de joindre nos proches, mais tous les réseaux sont coupés.

Quelques instants plus tard, on ap-prend qu’une autre attaque s’est pro-duite au siège de l’ONU à Hydra. Là encore, l’angoisse afflige.

Peu à peu, tout ou presque tout re-vient dans l’ordre. Les élèves se tran-quillisent ; leurs familles vont bien. Les professeurs rassurent, certains n’arrivent pas à exprimer les senti-ments qu’ils ressentent - mais quels mots assez forts peuvent décrire no-tre peine, notre dégoût ?

Arrivés à la maison, on apprend que ce double attentat fait état de 72 morts, mais selon les sources officiel-les algériennes, on ne compte que 26 morts.

On croyait que tout était fini, cer-tains pensent que tout recommence.

Manu

morts, dont la plupart des étudiants, et plus d’une centaine de victimes.

La seconde déflagration eut lieu dans le quartier résidentiel d’Hydra, qui abrite plusieurs chancelleries et résidences diplomatiques. C’est éga-lement une voiture piégée conduite par un kamikaze qui a explosé prés du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), occa-sionnant ainsi autant de victimes que la précédente, dont certaines, des employés de l’ONU.

En début de soirée, la branche nord africaine d’AI-Qaïda a revendiqué ces actes via un communiqué publié sur un site internet islamiste.

Un autre 11 a frappé l’Algérie déjà meurtrie par des attentats incessants, qui nous ramènent toujours à la réali-té. Il est facile de baisser les bras et de se soumettre, mais le mérite revient à ceux qui retroussent leurs manches et reconstruisent ensemble les ruines.

Youcef Lebid

Jeunes plumes

Mardi 11 décembre 2007. Il est environ 9h45. On fait semblant de suivre un cours d’arabe,

de physique ou d’histoire. On compte les secon-des qui précèdent la récréation de 9h50. On ne pense à rien, quand tout à coup, c’est le choc. Un bruit effarant, une déflagration surpuissante.

Les fenêtres s’ouvrent sous l’onde de choc. Le sol tremble. Les cases des collégiens accentuent la dé-flagration. Une bombe. Une bombe tout près du lycée international Alexandre Dumas. On entend des «Oh mon Dieu !» ou encore des «Merde qu’est ce que c’est que ça ?» qui fusent des 4 coins de la salle de classe. Les profs aussi choqués que nous es-sayent de nous calmer: «C’est le mur du bâtiment délabré qui s’est effondré, ce n’est rien» ; «C’est une conduite de gaz qui a explosé; ne vous inquiétez pas». Néanmoins, tout le monde sort. Tout le mon-de sait ce que c’est. Une bombe tout près du lycée international Alexandre Dumas. On s’agite, on ap-pelle nos parents. Pas de réseau, la sécurité natio-nale bloque tout pour empêcher un second drame. On regarde par les fenêtres, on cherche la fumée. En sortant, on retrouve la masse grouillante de ly-céens qui viennent de vivre le même terrible événe-ment que nous. Une bombe, une bombe tout près du lycée. Le retour de la terreur. Ils ont frappé là où personne ne les attendait, à un moment où person-ne n’y pensait. Dans la cour, on se laisse traîner. On écoute le proviseur qui tente de nous expliquer la situation, on téléphone à nos parents, même si on sait pertinemment que le réseau est bloqué. On a peur. On tente d’obtenir plus d’informations au CDI. 2 bombes, 27 morts aux dernières nouvelles... Ils ont frappé l’ONU et le Conseil Constitutionnel. Certains feront comme si rien ne s’était produit, d’autres gar-deront en mémoire ce qu’ils ont vécu.

Youcef Lebid

Le vécu d’un élève

Une plosive, de l’explosif, une déflagration, plus loin que les mots, plus loin que le langage le signe nous interpelle. Avec le B que pouvons-nous épeler ? Bonté, bombons, bonheur, barbe à papa, bises, bijoux, «baba», des mots qui disent le sourire et la joie d’un enfant innocent, d’adultes heureux de choyer, qui le 11 décembre 2007 se sont mis à pleurer dans la rue avec leurs proches ou bien avec des inconnus... à Alger, à Ben Aknoun, à Hydra et partout dans I’ Algérie et plus loin dans tous les pays.Si nous faisions une ronde, il faudrait que celle-ci soit celle de la paix. Nos élèves au LIAD ont prouvé par leur attitude, leur courage, leur refus de la violence et leur amour de la PAIX.

DS

Voici l’histoire bien triste de ces deux sœurs venues habiter Alger avec leur mere qui y travaillait.Melanie, l’ainee travaillait a la cantine du lycee, tres aimee de tous, car tres affectueuse, comme le sont les enfants trisomiques.Elodie etait en classe de premiere S, tres appreciee de ses camarades, studieuse, gentille et tres jolie.Triste fut ce jour de Fevrier 2005 : elles qui ne s’absentaient jamais, ne vinrent pas au lycee ce jour la, parce que durant la nuit, elles avaient ete intoxiquees au monoxyde de carbone, libere par un chauffe bain defectueux. Les secours n’ont rien pu faire pour les reanimer.

En ce dixieme anniversaire du Liad, nous nous devions d’avoir une pensee pour elles, car elles font partie a jamais de l’histoire de notre lycee.

K.G

Terreur à Alger

Extraits du journal le P’tit Mousquetaire, ancêtre de la Plume à Paroles. Ces articles ont été publiés suite aux attentats du 11 décembre 2007.

A la mémoired’Elodie et MélanieA tous nos eleves, qui se posent des questions a propos de cette grosse pierre blanche commemorative, placee au milieu de la pelouse a l’entree du lycee et sur laquelle sont inscrits les noms de Daboval Melanie et Daboval Elodie.

Page 14: " J'ai dix ans..."

26 27Jeunes plumes Mémoires

Un clin d’oeil aux anciens élèves qui, en 2005, avaient participé au projet d’écri-ture « Alger de ma fenêtre ». Leurs textes (remarquables !) avaient alors été

publiés dans le recueil Eclats, disponible au Cdi, avec des photographies de Ca-therine Poncin.

Les professeurs Racha Ferchouche (Arabe), Lalia Kerfa (Lettres) et Karine Thomas (Histoire Géo), Bernard Tramier (Lettres), Joël Canto (Histoire Géo) et Jérôme Ferrari (Philosophie) avaient animé les ateliers d’écriture au lycée.

« L’écriture n’est ni un mensonge ni un songe, mais la réalité et peut-être, tout ce que nous ne pourrons jamais connaître du réel. »

Blaise Cendrars

كلمات من فؤاد الجزائرتضحيات بفضل ببعيد، ليس زمن منذ تفتحت زهرة إنها الجزائر، وطني، في أعيش

شعبنا.ها أنا بشرفة غرفتي، أفكر في الحياة التي عشتها والتي ما زلت أحياها في مدينة مرت

عليها حضارات عديدة تاركة بصماتها وآثارها.أتأمل ميناء الجزائر الذي كان في الماضي ذا شهرة في حوض البحر األبيض المتوسط، إليه لجأت نفسي، في أحسست بضيق كلما الذي الميناء شهد حروبا ومعارك عديدة...

ألتمتع بأمواجه الراقصة وشمسه الساطعة.أتجول في أحياء العاصمة فأرى الناس مسرعين، ذاهبين إلى عملهم أو لقضاء حوائجهم، أمشي وأنظر إلى هؤالء المواطنين فأرى على وجوههم سمات الخوف والقلق والكآبة، مما يدل وبدون شك على أن آثار العشرية السوداء ال زالت ساكنة أعماقهم، هذا الخوف

عرفته وعائلتي، ألنني عشت هذه األيام السوداء. كانت فلقد سوداء، لوحة كانت العاصمة، الجزائر في قضيتها التي الحياة أن أقول ال هناك فترات فرح وسعادة، وإنني اليوم أحمد هللا ألن المحنة زالت، نحن نعيش في سالم، وحتى االقتصادية السياسية، االجتماعية، المجاالت كل في دائم، تحسن في والوضع

الثقافية. الشركات األجنبية بدأت نشاطها في السوق الجزائرية، الثقافة بدأت تستعيد مكانتها، حيث تزايد عدد المكتبات والمسارح في بالدي، والنشاطات الخارجية توسعت بكثرة واألمثلة

كثيرة، مثل الصالون الدولي للكتاب، سنة الجزائر في فرنسا... الخ.أستطيع أن أقول إن مجتمعنا الحالي في تحسن مستمر، فقد بدأ التسامح يسود أفراد المجتمع واالحترام يعم األجواء، ومما الحظته أيضا سمة التضامن الكبرى لدى الجزائريين خاصة أيام المحن والكوارث، حتى المرأة بدأت تأخذ مكانتها ولو بطريقة تدريجية بطيئة أحيانا.

ويمكنني القول: إنه مهما طال الليل فال بد من طلوع الفجر وشروق الشمس، ودوام الحال البلدان المتطورة، من المحال، فالجزائر اليوم تزدهر وتتطور شيئا فشيئا لتبلغ مستوى

وأملي كبير في الجيل الصاعد، ألنه يمثل لي ثمار شجرة الجزائر الحبيبة. نسرين

Elle m’a dit qu’elle aussi rêvaitLa cruche

Hier, j’ai discuté avec une cruche ! Je suis tout à fait sérieuse ; je passais devant elle, réfléchissant à je ne sais quel problème existen-tiel, lorsqu’elle m’a hélée...Et ce qui m’a le plus surprise, c’est que je me suis instanta nément tournée vers elle, comme si j’avais l’habitude de parler aux cruches. Je l’ai regardée dans les yeux, elle m’a fixée un moment... et hop ! me voilà aspirée en elle, en son âme. J’ai vu son passé tourmenté de cruche algérienne, les gens qui l’ont possédée avant nous, tout le travail qu’elle a abattu en tant d’années. Car il faut dire qu’elle n’est plus toute jeune, cette cruche ; elle m’a avoué sans fausse pudeur être sortie des fours il y a plus de soixante cinq ans.

Elle a tout vécu, tout vu ; Elle a accompagné mon pays dans toutes ses luttes et ses révoltes, dans toutes ses guerres, toutes ses joies et toutes ses peines, toutes ses victoires et ses échecs. Elle a vu tout un peuple souffrir, longtemps, toujours résigné au malheur, à la douleur mais toujours luttant avec le même acharnement, gar dant en lui ce même espoir, ce même désir de justice et de vie, comme un incendie ravageant son cœur et son âme, legs de tant de générations meur-tries.

Elle m’a dit que cet incendie gardait sa force, encore nourri, en-tretenu par la hogra, les désillusions, les humi liations, la rage et la colère d’une Algérie opprimée, étouffée, souffrant en silence, coura-geusement, et attendant encore et toujours son moment de gloire et de joie.

Elle m’a dit qu’elle aussi rêvait, qu’elle aussi espérait et croyait en un avenir meilleur pour l’Algérie. Elle m’a dit que ce beau pays avait trop souffert, trop pleuré et qu’il avait le droit lui aussi à un peu de répit, à la justice et à la paix.

Elissa

Eclats

J’écris pour ceux que j’aime, ceux que je n’aime pas. J’écris pour me faire plaisir. J’écris pour voyager à travers l’imagination des gens.

J’écris pour essayer de les comprendre. J’écris pour que mes rêves deviennent réalités ou pour qu’ils ne se réalisent jamais. J’écris pour m’évader. J’écris pour sourire lorsque je vois le mot « fin ». J’écris pour ne jamais m’arrêter. J’écris pour ceux que je ne comprends pas, pour ceux que je connais par cœur. J’écris par envie, par fierté. J’écris pour voir la réaction des gens lorsqu’ils lisent ce que j’ai marqué. J’écris pour les voir touchés par mon écriture ou ce qu’elle contient. J’écris la vérité. J’écris pour voir une larme traverser ta joue lorsque tu me lis, et qui termine son chemin sur la feuille, effaçant au passage une lettre ou un mot en formant une légère auréole. J’écris pour ceux qui aiment lire et ceux qui n’aiment pas. J’écris par égoïsme. J’écris par espoir. J’écris pour que la mélodie de mes doigts sur le clavier masque tous les bruits qui m’entourent. J’écris par curiosité.

J’écris pour que les gens me comprennent. J’écris pour t’entendre dire « C’était chouette, j’ai bien aimé ! » ou juste pour voir ton regard lorsque tu me lis, comme absorbée par mes quelques mots. J’écris pour m’imaginer ton rire. J’écris parce que je m’ennuie. J’écris pour qu’on me fiche la paix. J’écris pour redonner le sourire aux gens qui me lisent et qui apprécient mon travail. J’écris pour voir la bouille des gamins s’agrandir et enfin former un sourire sincère. J’écris tout ce que je vois, ce que j’entends. J’écris, j’observe. J’écris pour expliquer mes malheurs même si personne ne me lira. J’écris pour hurler ma colère, ma haine, pourtant sans son. Je cris pour montrer ce que je ressens. J’écris pour vivre. J’écris tout simplement pour mieux respirer sinon j’étoufferais. J’écris pour toi mais surtout pour moi. J’écris la vie. J’écris la mort. J’écris la tristesse. J’écris le désespoir. J’écris l’amour. J’écris la magie. J’écris la pensée. J’écris parce que les plus belles choses naissent à travers la pensée des gens. J’écris pour te créer. J’écris pour mettre

fin à tes malheurs. J’écris ta vie. Je cris la mienne. J’écris pour que tu sois plus heureuse. J’écris contre les gens qui te font du mal. J’écris pour me mettre à ta place. J’écris pour l’imaginaire. J’écris tout ce que je connais sur toi. J’écris tes pensées les plus profondes. J’écris tes sentiments. J’écris par amitié. J’écris pour toi. J’écris ce que je vois dans ton regard. J’écris pour que tu sois comme tu voudrais être. J’écris pour rendre le monde meilleur. J’écris contre tous ces gens qui se fichent de tout. J’écris ceux qui ne me comprennent pas. J’écris ceux qui ne m’aiment pas. J’écris ceux que tu n’aimes pas. J’écris pour être sûr. J’écris contre le mensonge ou bien je l’écris lui-même. J’écris mes rêves avant de les oublier. J’écris pour que le monde des rêves devienne réalité même s’il existe déjà alors que personne ne le voit.

LAUNAY Noémie, ex-3e2(Article publié dans le n°1 du Journal, en décembre

2010)

J’écris pour tout, pour rien.

L’établissement fut baptisé « Lycée International Alexandre Dumas ».A cette occasion, une plaque

commémorative fut scellée sur le premier bâtiment à gauche de l’entrée. Les premiers élèves sont aujourd’hui adultes et certains d’entre eux ont fait une brillante carrière.Les personnels, quant à eux, ne sont plus très nombreux à être encore parmi nous, mais les souvenirs de ceux qui sont restés sont toujours très vivaces et nous devons sans doute les mettre à l’honneur en citant le nom de ces résistants de la première heure.-Les enseignants : Madame Ania Aichouche, Madame Nadia Azizi, Monsieur Mohand Bechar,Madame Hiba Belarbi, Madame Rachida Ferchouche, Madame Karima Griene, Monsieur Badr Hadjadj, Madame Faiza Hammaz, Madame Lalia Kerfa, Madame Françoise Kuster, Madame Salima Laaouad, Madame Saliha Mellak, Annie Mohamed Oussaïd, Madame Lila Rahal, Madame Véronique Roballo-Diaz, Madame Zahra Saidani, Monsieur Zoubir Tahar, Monsieur Bernard Tramier.- Les personnels administratifs et de service : Madame Khemissa Soraya, Monsieur Farid Benhebassa, Monsieur Ahmed Nedjar, Monsieur Ahmed Cheref, Monsieur Aber Rezki.Ainsi donc, en octobre 2002, 175 élèves venus d’Alger et de ses environs entrèrent en classe de seconde et de première, encadrés par 23 professeurs, dont 7 expatriés, quelques surveillants et agents de service. L’équipe de direction se réduisait alors au Proviseur, Patrick Leroyer et à l’intendant,Yann Maille. Tout ce monde se mit au travail au milieu des gravats, à côté des chantiers. Le personnel enseignant en contrat local fut recruté dans l’urgence pour faire face aux besoins immédiats. Les personnels administratifs et de service se trouvaient déjà sur le site. Ils étaient peu nombreux : un seul ouvrier, Farid Benhebassa, aujourd’hui Agent-chef, des agents chargés du ménage, deux surveillants : Soraya Khemissa, aujourd’hui secrétaire et Mouloud Oulman, toujours surveillant.Les conditions matérielles étaient très précaires. Le lycée disposait d’une seule photocopieuse dont s’occupait Monsieur Ahmed Nedjar, toujours à ce poste, enfin une tente plantée dans le décor trônait, en guise de cantine. Il n’y avait pas encore de CDI. Les élèves, peu nombreux, n’étaient pas habitués au fonctionnement d’un lycée français. « C’étaient des hommes » disent les anciens qui n’étaient pas très rassurés face à ces jeunes gens peu enclins à la docilité de mise dans un établissement scolaire.

2002-2012

Le Liad d’hier à aujourd’huiQuel immense privilège d’avoir participé à cette merveilleuse aventure que fut l’ouverture du Lycée Français d’Alger, le 2 octobre 2002!Le 17 décembre de la même année, Monsieur Dominique de Villepin, alors ministre des Affaires étrangères, célébra l’événement aux côtés de Monsieur Patrick Leroyer, premier Proviseur du lycée.

Dans cette Algérie qui se réveillait de la décennie noire, les mesures de sécurité atteignirent leur plus haut niveau. C’est en voiture blindée que les personnels expatriés arrivaient de l’ambassade où ils étaient logés. Les résidents, de leur côté, étaient sommés d’emprunter un minibus et n’avaient pas droit à un véhicule privé.Le contexte était donc très sécuritaire et un peu déprimant pour ceux qui avaient voulu tenter l’aventure sans avoir vraiment pris la mesure de la situation, mais leur joie d’être là était grande. L’ambiance devint très vite familiale, des liens indéfectibles se sont progressivement créés. Les photos témoignent de ce temps difficile mais heureux.Pour faire face à cette situation pour le moins particulière et certes peu confortable, une grande solidarité s’installa progressivement. Spontanément, les enseignants les plus chevronnés se rendirent disponibles pour aider leurs collègues.Chacun était conscient de vivre un grand moment après un épisode sombre de l’histoire algérienne et d’accomplir un pas décisif sur le chemin de la réconciliation entre la France et l’Algérie.Mais personne n’imaginait alors l‘ampleur qu’allait prendre cette aventure. Même si cette belle réalisation avait été planifiée par l’AEFE, nul ne pouvait concevoir un seul instant, que ce petit établissement, fait de bric et de broc, ouvert avec les moyens du bord, deviendrait un jour une grosse structure et qu’en dix petites années, le LIAD passerait de quelques 280 à 1500 élèves :D’une trentaine de personnel à 178 agents et enseignants.

Quatre étapes importantes sont à repérer dans cette extraordinaire évolution :

La première dont nous venons de décrire les commencements, de 2002 à 2006, celle de la naissance et de la maturation : la structure pédagogique du lycée arrive à son terme. A partir de la rentrée 2004, elle est identique à celle d’aujourd’hui : 6 classes de seconde, de première et de terminale. Le lycée a grandi, mais l’ambiance reste conviviale. La salle des professeurs située dans l’actuel bureau de la caisse, grouille de monde installé autour d’une grande table. Les discussions vont bon train. Les fumeurs, seulement tolérés, se cachent derrière une paroi tapissée par les casiers des enseignants et laissent leur

fumée se diffuser dans toute la pièce. Très vite, dès la rentrée 2003, le Proviseur, Patrick Leroyer qui restera sept ans (2002/2009) s’entoure d’un Conseiller principal d’éducation, Alain Maillet, qui fait fonction de Proviseur Adjoint dès 2004, alors que Monsieur Lecavorzin est CPE. Le nombre des enseignants grossit lentement, les effectifs d’élèves augmentent, le lycée s’équipe en matériels pédagogiques, les parents s’investissent dans une association qui devient de plus en plus active.A la rentrée 2004, on compte 525 élèves pour 45 professeurs dont 17 titulaires.A la rentrée 2005, avec l’ajout de 4 classes de troisième, le LIAD atteint le nombre de 685 élèves, dont 55 professeurs, avec 23 titulaires.

La deuxième étape, de 2007 à 2008, est celle de l’aboutissement de la première étape. L’équipe administrative et de service se développe. Les surveillants sont plus nombreux et l’équipe de direction change et s’étoffe.Le Proviseur est désormais accompagné d’un proviseur adjoint : Marie-Christine Saint-Martin, d’un agent comptable : Brigitte Diot et d’une conseillère principale d’éducation : Pascale Leroy, toutes les trois arrivées en 2007 (en coulisse, à tort ou à raison, on parle des trois grâces). Nour-el-Dine Marouani, le deuxième conseiller principal d’éducation, est nommé en 2008 pour l’ouverture du collège et complète l’équipe de direction.Avec l’aide de tous les personnels, cette équipe « de choc », va mener tambour battant l’ouverture du col-lège, l’amélioration des procédures administratives et de l’organisation pédagogique, la mise en place des réformes.La réflexion pédagogique s’étoffe. Un premier projet d’établissement est rédigé avec l’ensemble de la communauté éducative dans un enthousiasme peu commun et une participation très active de tous les

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Riad est algérois. Plus qu’une location géographique, c’est pour lui un art de vivre. C’est d’ailleurs

l’une des dernières caractéristiques à laquelle il s’identifie.

À vrai dire, Riad ne sait pas si Alger l’aime autant que lui ne l’aime. Comme tant d’autres jeunes hommes autour de lui, sa vie se résume à tenter de séduire Alger, de se faire aimer d’elle comme on ferait la cour à une jeune fille torturée. Car Alger est une femme qui a souffert. On lui a tant brisé le cœur, tant usé les larmes qu’à présent elle s’est fermée. Sans âme, son avenir ne lui appartient plus, ou plutôt ne lui importe plus.

Quand Riad y réfléchit, il sent en lui monter une fureur qui le rend mélancolique. On dit que lorsqu’on aime profondément quelqu’un, on développe pour lui une sorte d’empathie presque mystique. Il en est ainsi pour le jeune Riad. La fraîcheur de ses vingt ans est d’ores et déjà alourdie par le poids de

Chronique

Mourir cela n’est rien, mais vieillir... dit le poète.

Etonnante réflexion dans un journal de lycéens qui songent qu’à croquer la vie.

Pourtant, sans vous en rendre compte, vous avez commencé a vieillir .

Mais mon propos ne concerne pas cette maturité de l’âme et du corps qui peu à peu vous gagne et qui vous conduira vers l’âge adulte. Non je pense plutôt à cette prise de conscience du vieillissement, qui voit certaines réactions de votre enveloppe corporelle vous échapper peu à peu et qui interroge votre esprit quotidiennement.

Quand prend -on conscience que l’on vieillit ? Je ne crois pas que ce soit les évé-nements de la vie qui soient déterminants : ni la naissance d’un enfant, ni la perte d’un être cher. Sans doute nous confrontent-ils au temps qui passe et parfois à la solitude. Mais le moment décisif n’est-il pas celui où chaque partie de notre être est envahie par la nostalgie ?

Vous pouvez m’objecter que cette nostalgie est présente dès la naissance. L’enfant qui hurle lorsqu’il naît est nostalgique du ventre de sa mère. Sans doute, mais je songe plutôt à ce sentiment doux et amer à la fois qui nous fait regretter ce qui fût et qui nous fait craindre ce qui sera. Pour l’éprouver il faut avoir aimé la vie. Et moi qui écris ces lignes, je l’ai aimée.

Je ne crois pas appartenir à la catégorie de ces raseurs qui pensent que tout était mieux «avant»... Pourtant... Quand je songe à mon enfance, à mon adolescence et à ma vie d’homme, dont le plus gros est derrière moi, je sais que j’ai été heureux. Je le suis encore, mais c’est de plus en plus souvent à travers les souvenirs d’êtres et de moments qui composent la musique d’une vie.

J’essaie de me défendre... Je fais tout mon possible pour m’intéresser aux personnes et aux choses de l’instant. Mais combien ils me paraissent loin des bonheurs que m’ont apporté ceux de cet «avant», que je n’ose glorifier de peur d’être accusé de ... vieillir.

Mais vous êtes là... Chaque jour de l’année scolaire, je vous retrouve en face de moi, dans l’éclat de votre jeunesse. Elle m’enchante parfois, comme elle m’exaspère souvent. Non que je l’envie. J’ai eu la mienne, et comme je l’ai dit plus haut, elle fut heureuse. La vôtre l’est-elle? Je l’espère dans cet océan d’incertitudes qu’est le monde d’aujourd’hui. Les jours fastes, je me répète que mon âge me permet de vous parler comme d’autres ne peuvent pas le faire. Les jours tristes je me dis que je ratiocine et que je dois vous paraître bien ... vieux.

Vous avez de toute façon raison, car vous avez ce que je n’ai plus.

Oubliez vite ce texte déjà vieilli !

Un professeur

« ONE, TWO, THREEVIVA L’ALGERIE !!! »

DuYémen à la Tunisie,de l’Egypte à l’Algérie…

Tout commença pour moi à la fin du mois de

mai 2011. Sana’a, la capitale du Yémen vit alors une période révolutionnaire, un véritable cri de liberté. Pour mon cas, tout allait bien... hormis peut-être le fait que je me retrouvais du jour au lendemain sans lycée. Mais le bruit des balles s’intensifiait de jour en jour et les visages de mes proches s’aggravaient au fur et à mesure. Un jour de juin, l’électricité fut coupée sur toute la ville. Le « doux » son des balles fut peu à peu remplacé par de violents tirs de roquettes et de bazookas. La nuit fut horrible. Minuit et des poussières, une maison du voisinage est en feu, elle a été atteinte par une roquette. Là, tout devenait beaucoup plus sérieux à mes yeux et je réalisai la gravité de la situation. Nous devions partir au plus vite ! Nous descendîmes à quatre pattes en directions des sous-sols dans l’espoir d’y trouver refuge. Je me souviens avoir pensé à ce moment là, au fin fond de moi-même : « Et si on mourrait là..? ». Rester à Sana’a devenait impossible, inenvisageable. Dès que l’occasion se présenta, nous décollâmes pour Tunis. Ah... Tunis... Depuis toujours cette ville est pour moi synonyme de bonheur. Donc inutile de vous dire que lorsque l’hôtesse de l’air nous annonça notre arrivée à Tunis, j’étais aux anges ! J’arrivais enfin dans ce merveilleux pays, mon pays ! Je fus aussi prise d’un sentiment de soulagement : j’y étais arrivée en vie. Trois mois sensationnels s’écoulèrent alors dans une ambiance familiale et festive à l’abri des tanks et des bombardements. Je voyais une Tunisie encore plus belle que dans mon souvenir. Après la Révolution du Jasmin, on y sentait comme une brise de démocratie, un souffle de liberté.

Nous sommes le vendredi 2 septembre, et comme toute bonne chose a une fin, je dois quitter à regret et le coeur gros Tunis. Je pars au Caire. Mais je dois avouer que j’étais aussi folle d’impatience à l’idée de voir ce nouveau pays. Pour moi l’Égypte était comme un vieux mythe... Tout au long de ma vie, j’en ai entendu parler sans jamais pouvoir y aller. A mon arrivée au Caire j’étais comme une petite enfant

cette passion. Cette passion fusionnelle qui l’unit à Alger.

Comme tous les Algérois il est victime de cette Alger qui nous dévore le c?ur, qui nous torture l’âme et l’esprit. Elle exerce sur lui une obsession qui au fond de lui le coupe du reste du monde. Riad étouffe sous le poids des tourments qu’Alger lui inflige. Par tous les moyens il tente de s’en délivrer. Il s’imagine qu’en la quittant il finira par l’oublier, mais quand il entrevoit cette possibilité, Riad fronce les sourcils: c’est plus fort que lui. Au fond, il est maudit. Il sait que partout où il ira il sentira pour toute autre qu’Alger ce dédain d’amoureux fidèle. Il portera dans son cœur cette ville fatale, jusqu’à en mourir.

N.MERHOUM, ex-3è3(Article précédemment publié dans le Journal n°1 du Lycée international Alexandre Dumas d’Alger)

J’écris

Riad l’ALGEROIS

membres de la communauté éducative. Certes, l’attentat de décembre 2007 vint troubler cette douce harmonie, mais, à cette occasion, les liens se resserrent. La bombe fait revivre de très mauvais souvenirs aux Algériens et plonge les personnels français dans un doute sur le choix de leur expatriation. L’année suivante avec l’ouverture du collège, toute la communauté est plongée dans un travail harassant. Le traumatisme s’efface pour laisser la place à l’euphorie d’une nouvelle aventure.

La troisième étape, 2008/2011, celle de la transformation radicale à la rentrée 2008 avec l’ouverture du collège jusqu’à l’inauguration de nouveaux espaces en 2011.

Le lycée Alexandre Dumas connaît une nouvelle mutation avec la mise en place de 4 classes par niveau de collège. En septembre 2008, le collège dans sa totalité ouvre ses portes. On compte désormais 1047 élèves dans 16 classes de collège et 18 classes de lycée, 75 enseignants, dont 35

titulaires français.Une grande salle des professeurs est créée au

collège. Le CDI est considérablement agrandi. L’établissement est embelli par la plantation de fleurs et d’arbres.

En septembre 2009, Patrick Leroyer passe le relai à Marc Demeulemeester, deuxième Proviseur du LIAD. Son arrivée marque de nouveaux changements notables dans ce mouvement continu d’évolution qui ne cesse de s’opérer au sein de cet établissement.Le lycée sort progressivement de sa prudence, s’ouvre sur l’extérieur et accueille de plus en plus d’artistes et de personnalités reconnues.

De 2002 à 2010, d’un ministre des Affaires Etrangères au futur Président de la République !

Le 9 décembre 2010, le lycée a l’honneur d’accueillir en ses murs, François Hollande, venu en mission en Algérie.

L’équipe de direction qui a accompagné la deuxième étape reste stable et assure la qualité de la transition.

De nombreuses transformations sont réalisées :

La construction d’un gymnase-

17H30… tous les élèves du LIAD ont quitté l’établissement. On pourrait penser que la pénombre, doucement, endormira le site mais pourtant … Ils sont au nombre de180 à franchir les grilles du LIAD. Ils ne pénètrent dans les lieux que s’ils présentent le sésame : « une  petite  carte »  qui  les  identifie.  Ils  l’ont  parfois espérée des mois, et l’ont obtenue après des heures de patience pour devenir « apprenant en Français Langue Etrangère ». L’Institut Français d’Alger n’ayant pas assez de locaux pour satisfaire la demande de formation, le LIAD se fait annexe pour trois sessions, quatre soirs par semaines de 17h30 à 20h30.

Ils sont impressionnés ces apprenants lorsqu’ils entrent dans l’établissement. C’est un lycée qui ne ressemble pas à ceux que certains connaissent ou ont connus. La verdure les enchante, la propreté les ravit, le mobilier est en excellent état, il y fait chaud l’hiver. C’est un endroit avenant où ils se sentent bien. Les plantes dégagent le soir des parfums qui les invitent au voyage. Ils trouvent parfois sur le bureau de l’enseignant un livre oublié par un collégien qui fait l’objet d’admiration … « que ce doit être agréable d’étudier ici avec de si beaux livres ! » lancent-ils. « Ceux qui étudient ici se rendent-ils compte de la chance qu’ils ont ? » Cette question est si souvent posée. Le respect des lieux est le maître-mot et impose des règles. La première est de laisser les classes dans l’état où nous les avons trouvées (remise en place du mobilier), la seconde est de fumer uniquement sur le parking, la troisième est de ne pas se promener dans le parc lors de la pause.

Ils ont entre 19 et 50 ans, sont de toutes nationalités mais les plus nombreux sont Algériens. Ils sont étudiants ou dans la vie active et viennent compléter ou perfectionner des connaissances linguistiques mais aussi appréhender la culture française à un rythme adapté à leur emploi du temps. Etudiants en médecine, en droit, en commerce ou avocats, artisans, ingénieurs, commerçants se côtoient dans les cours… Leur  objectif  commun  :  « parler  français »  afin  de poursuivre leurs études en langue française à la faculté, passer un diplôme pour un projet de mobilité ou encore pour trouver ou conserver un emploi où la langue maternelle alliée à la maîtrise du français multiplie leurs chances dans la vie professionnelle.

Les apprentissages se font en parfaite adéquation avec les six niveaux du Cadre Européen Commun de Référence pour les Langues. Une approche vivante et communicative, favorise le contact et le dialogue. Elle s’appuie sur des documents authentiques écrits et sonores, des mises en situation pour encourager l’échange et garantir une progression régulière. Outre les compétences pragmatiques et linguistiques, le volet socioculturel est largement développé lors des cours.

Ces enseignements du soir sont proposés depuis plusieurs années et on ne peut que se réjouir que le LIAD depuis 2009 contribue à la réussite de cette priorité de la diplomatie française qui est  la diffusion de la langue française.

20H30, les étudiants de l’ombre quittent l’établissement et laissent place au silence de la nuit entrecoupée des chuchotements du personnel d’entretien et des rondes de la sécurité qui permettront dès le lendemain aux lycéens d’étudier dans de bonnes conditions et en toute sécurité.

Patricia HOFFMANNEnseignante à l’IFA

La construction d’un plateau - au-dessus du CDI avec une salle multimédia, une salle d’arts plastiques, une salle de réunion

L’aménagement du coin fumeur - pour les personnels

L’embellissement des espaces - verts

Toutes ces transformations abou-tissent à la visite de la Directrice de l’AEFE, le 5 mai 2011, pour l’inau-guration de ces nouveaux espaces.

La quatrième étape de 2010/2012 : L’équipe de direction s’enrichit d’un directeur de l’école primaire, Philipe Porchet, nommé en septembre 2011 pour préparer l’ouverture de l’école primaire, programmée pour septembre 2012.

Un nouveau projet d’établissement, élaboré en 2011/2012 voit le jour à la rentrée 2012.L’accent est mis sur 6 axes :

Créer les conditions d’une ouverture - réussie et d’un fonctionnement optimal de l’école primaire.Pour suivre l’aménagement du collège et - du lycée.Améliorer la qualité pédagogique et - rechercher l’excellenceEquiper le lycée pour être à la pointe de la - technologie.Favoriser l’ouverture culturelle/la - personnalité propre au LIAD/donner à notre établissement une dimension internationale.

Favoriser la - communication.

A la rentrée 2012, une partie de l’équipe de di-rection a changé avec l’arrivée de Monsieur Khaled Yaker, directeur des services adminis-tratifs et financiers, de Monsieur Vianey Tipa, nouveau directeur de l’école primaire et de Madame Séverine Cal-vez, conseillère prin-cipale d’éducation en charge du lycée.Avec l’ouverture de l’école primaire sur le site de Dély Brahim, le lycée entre en sep-tembre 2012 dans une phase de stabilisation définitive.Les projets d’amélio-ration de l’existant continuent à foisonner. Ils seront réalisés dans les années à venir. On

prévoit la création d’une salle de musique, d’une salle polyvalente, d’un foyer des lycéens, d’espaces abrités, de nouvelles salles de classe, d’un espace supplémentaire pour l’administration etc.Tous ces projets verront le jour avec une équipe de direction en partie renouvelée à partir de la rentrée 2013, puisque Marc Demeulemester, le Proviseur, Marie-Christine Saint-Martin, le Proviseur adjoint et Nour-el-Dine Marouani, le CPE en charge du collège, nous quittent à la fin de l’année scolaire.Bonne chance et merci à tous ceux qui continueront à écrire les pages encore nombreuses de cette très belle histoire !

Marie-Christine Saint-MartinProviseure adjoint du Liad

LES ETUDIANTS DE L’OMBRE…

LES ETUDIANTS DE L’OMBRE…

Mémoires

qui découvre tout ! Tout me paraissait différent: les odeurs, les visages et même le dialecte. Le nombre de monde et de voitures dans cette ville est effrayant !!! La question la plus fréquente qu’il m’arrivait de me poser est : «Mais quand est-ce qu’elles dorment toutes ces personnes ??! ». Car en effet, au Caire, à n’importe quelle heure de la journée, les rues grouillent de monde. Il m’est arrivé d’aller acheter des fruits à trois heures du matin, sans aucune crainte puisque les rue étaient éclairées et pratiquement tous les commerces encore ouverts. Il ne faut pas que j’oublie de préciser que, une fois de plus, je me retrouvais dans un pays en pleine reconstruction politique et économique puisque le printemps arabe était aussi passé par là quelques mois plutôt... Un mois s’écoula, les événements au Yémen m’empêchaient d’y retourner. Il fallait absolument trouver une solution à ce problème. Il se trouve que mon père résidait à Alger... Vous l’aurez deviné, encore une fois mon destin pris une tournure assez inattendue, mon destin me guida vers l’Algérie. Jeudi 15 septembre, je pose le pied sur le territoire algérien. Il faut savoir que le peu de choses que je connaissais de l’Algérie se résumaient au fameux slogan : « ONE, TWO, THREE VIVA L’ALGERIE!!! » et à la boisson nationale le « Selecto » (dont je suis folle sois dit en passant)… Donc j’arrivais sur cette terre inconnue, avide de curiosité et sans savoir à quoi m’attendre. Se fut une très belle surprise. J’ai tout de suite aimé ! Je trouve qu’Alger, ma nouvelle terre d’accueil, est une ville resplendissante. J’adore les paysages, les senteurs, la lumière très particulière qui s’y dégage et bien évidemment j’adore les Algériens. De plus, je me trouve dans un pays qui a, lui aussi, un passé chargé d’histoire, avec ces révoltes, ces conflits et le terrorisme des années 90... J’ai tout de suite senti que j’allais m’y plaire et apparemment c’est effectivement le cas!!!

Voilà, cinq mois de ma vie au rythme effréné et à la saveur de Printemps Arabe. Cinq mois que j’ai du vivre au jour le jour. Et demain qui sais où j’atterrirai... De la reine de Sabaa à Nefertiti en passant par sa majesté la reine Didon et enfin, la Kahina… on en arrive à moi...

Inès Jendoubi 1° L

Article initialement publié dans le Journal du Liad n°4, octobre 2011

Page 16: " J'ai dix ans..."

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C’est avec un immense soleil que la journée sportive a débutée, à la fin de la dernière année scolaire, en juin. Les équipes du lycée et de 3èmes disputaient des matchs de volley et les collégiens de football ; sous les cris et les applaudissements de la foule, accompagnés des sons des vuvuzelas et des derboukas.

Quoi de mieux après un bon match qu’une bonne bataille d’eau !

Trempés et bronzés, la journée s’est poursuivie en musique avec un DJ, et les élèves de tout âge et de tout niveau se sont retrouvés sur le « dance floor » et l’ont enflammé au rythme des classiques de notre bled et de notre hymne « I’m sexy and I know it ». Tout le monde même les plus timides se sont levés, dès les premiers accords d’ « Ai Se Eu Te Pego » (Sérieux, qui ne connaît pas la chorégraphie !!!). On n’a même surpris des profs et des surveillants bouger sur « Allo, Tricité ». (Pour les incultes : Chanson kabyle sur l’électricité.) Merci les profs de sport, le concept de journée sportive était original mais la fiesta qui a suivi, c’était encore mieux !

Et c’est dans cette ambiance festive que s’est déroulée la finale du tournoi de football annonçant comme gagnante l’équipe des 4ème 2.

Désolé pour les techniciens de surface ! J’imagine leurs têtes face au cimetière de bouteilles que nous avons laissé derrière nous. J’en pèle encore…

Et ouais ! Vous pensiez terminer l’année sur « We are the champions » ? Eh, non le lendemain il y avait… COURS !!!!! Vous nous imaginez en train de squatter les quelques coins d’ombre pour dormir, avec des cernes de 4 mètres de long, le visage et les épaules complètement cramés, priant de toutes nos forces qu’un prof soit absent pour une heure de repos en plus et pour ne pas utiliser les grands classiques (arriver en retard, pour rater le cours de maths, ou activer son simulateur d’appel pour être viré de celui de français… etc.). Il suffit de sourire et de penser… mathématiques !

Aaaah …vive la fin de l’année !

Yasmine, une rescapée de la journée sportive

Une journée de fêteL’ouragan Liadois

Aujourd’hui, j’étais crevé après une journée de cours non-stop,

alors j’ai décidé de prendre une douche. J’ai enlevé mes chaussettes et, tout naturellement, j’ai ouvert la cuvette des toilettes, les ai balancées dedans et j’ai tiré la chasse. J’ai remarqué en sortant de ma salle de bain l’ampleur de ma bêtise. VDL

Aujourd’hui, je suis en sortie avec mes élèves de 3e. Ils ont tous eu la bonne idée de m’appeler «papa» durant toute la sortie et devant les passants choqués. VDL

Aujourd’hui, j’ai fait une crise d’asthme au cross de mon lycée. Cela aurait pu paraître normal si mon rôle n’avait pas été de distribuer les verres d’eau à l’arrivée. VDL

Aujourd’hui, une vidéo de moi tourne dans tout le lycée. On m’y voit, lors d’une soirée, jouer à pierre-feuille-ciseaux en face d’un miroir et accuser mon reflet de tricherie. VDL

Aujourd’hui, c’est la rentrée et je décide de me faire belle en mettant un beau foulard rose. En descendant de la voiture, je le coince dans la portière en la refermant et mon père démarre. J’ai couru cinquante mètres, entraînée par la voiture, devant le lycée, en hurlant pour que mon père s’arrête. VDL

Aujourd’hui, je suis surveillante dans un lycée et j’accueille une élève trente minutes après le début des cours. En lui demandant la raison de son retard, je m’attendais à tout sauf à : «Il y avait des pigeons devant mon

portail, j’en ai une peur phobique, je n’ai pas pu sortir.» VDL

Aujourd’hui, au lycée, j’ai répondu «oui» au conseiller principal d’éducation. Il a dit : «Oui qui ?» J’ai répondu «Pédia». Mauvais réflexe. VDL

Aujourd’hui, je suis nouveau dans le lycée et tout le monde m’adore déjà. Pourquoi ? Parce que quand j’ai voulu entrer dans la salle pour me présenter, la porte a cédé et s’est écroulée sur le prof de maths. VDL

Aujourd’hui, ce n’est qu’en arrivant devant le lycée que je me suis rendu compte à quel point les pantoufles Simpson s’accordent mal avec mon jean et mon pull. VDL

Aujourd’hui, je suis si souvent en retard au lycée que mon prof de maths nous a fait calculer la probabilité de ma présence au prochain cours. VDL

Aujourd’hui, j’attends mon père devant le lycée. Il m’appelle, énervé : «T’es où ?» Moi : «Juste devant le lycée.» Il me répond : «Au lycée ? T’es plus au collège ?» La rentrée, c’était il y a deux mois. VDL

Aujourd’hui, je rentre du lycée. Sur le palier, j’entends des cris étranges venant de chez moi. J’entre précipitamment. Ma sœur de dix ans se tient face à la fenêtre ouverte, notre jeune chaton dans ses bras tendus, et chante à tue-tête : «C’est l’histoiiiiiiiiiiiiire de la viiiie !» VDL

Aujourd’hui, je me suis fait avoir par mon prof. Hier, un employé du lycée bricolait au-dessus de la porte

de la salle de classe et, pour rire, j’ai refusé d’entrer car passer sous une échelle porte malheur. Aujourd’hui, mon prof m’a dit : «Ta copie vaut 13, mais je t’ai mis 12 pour ne pas te porter malheur.» VDL

Aujourd’hui, j’observe Karine qui refuse de préparer son cartable pour la rentrée des classes et qui claque les portes en répétant que non, elle n’ira plus au lycée, et que les cours sont nuls. Karine ? Ma mère, 45 ans, prof. VDL

Aujourd’hui, on m’a acheté un Bled et un dico de poche pour que je ne fasse plus de fautes au lycée. On a écrit mon nom et le nom du lycée dedans pour que personne ne me les pique. «On», c’est ma femme et moi. Je suis un prof d’EPS de trente balais. VDL

Aujourd’hui, surveillante dans un lycée et excédée par les mots d’excuse foireux des élèves qui ont fait le pont, à une énième élève amenant une énième «raison familiale», je dis : «Pas très courageux, les secondes !» Ce à quoi elle me répond : «Mon père est mort», avant de s’effondrer en sanglots. VDL

Aujourd’hui, je suis surveillant au lycée. Ma CPE a demandé des comptes à un élève qui devait faire une colle et qui n’était pas noté sur la fiche de présence. «Mais j’y étais ! La preuve !», et il sort son portable avec une photo de moi endormi sur ma chaise après trois heures de surveillance. VDL.

Le lycéen masqué

Vie-De-Liadois :Aujourd’hui, après une nuit blanche à réviser, j’ai mis mon bol de chocolat à chauffer dans le placard et j’ai attendu qu’il sonne. VDL

On est là, tous ou presque, enfin, pas mal de monde, autour de LA MACHINE.

On sort une pièce et on s’offre quelques minutes de répit. On n’oublie pas tout puisqu’on en parle quand même.

C’est normal, nous sommes tous unis autour des mêmes choix, des mêmes angoisses, des mêmes bonheurs, des mêmes doutes. Les questions fu-sent, les anecdotes aussi.

Parfois, un collègue s’énerve pour des raisons qui lui sont propres ou pas et on l’écoute ou on essaie de détendre l’atmosphère. Alors, on lui

propose un café et comme au restaurant chinois, au lieu de choisir un plat, il donne un numéro : 13 pour « sans sucre – café court », c’est drôle.

On se sent bien.

Quand on met plus que prévu, les pièces tom-bent en tintant et on se croirait presque au ca-sino, nous sommes riches.

Oui, riches ! Riches de tout cela, de ce partage, du plaisir d’être ensemble, sur le même bateau (« Mais que diable allait-il faire dans cette galère? »).

On serait bien resté au chaud, là, dans cette pa-renthèse mais la sonnerie retentit et on y retour-ne, jusqu’à la prochaine pause. On se réconforte en se disant que de toutes les façons, la frustra-tion crée le désir et on affronte le froid, la pluie (la neige même, si, si), le bruit, les bousculades. Bref, la Vie.

C’est bien de prendre un café au distributeur.

Ecrire à la manière de Philippe DELERM, C’est bien

D. M.

20 dinars ou le prix du bonheur

Vie du Lycée Délires... Délires... VDL

Page 17: " J'ai dix ans..."

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Qalàm-u-l-kalàm est un journal du lycée international Alexandre Dumas (Alger) conçu par les élèves, pour les élèves, avec l’aide de quelques enseignants. Il est tiré à 300 exemplaires et diffusé gratuitement avant les vacances scolaires, à raison de 4 ou 5 numéros par an. Une équipe de rédacteurs fidèles participent régulièrement à Qalàm-u-l-kalàm mais toutes les contributions d’élèves ou d’enseignants sont les bienvenues, sous forme d’articles, de points de vue, de poèmes ou de dessins. Pour toute demande d’infos, contacter le CDI, Me Benyounes ou encore adresser vos textes à :

[email protected]

Ont collaboré à ce numéro :

Kençy Kheireddine, 6.2, Ania Nouar, 6.2, Fares Tamridjt, 6.2, Yazida Seghaier, 6.2, Ambre Meguellati, 6.5, Jeanne Bernard, 5.3, Karim Madiou, 5.3, Agnès Soulu, 5.3, Melissa Chebab, 5.4, Sarah Derouiche, 5.4, Maya Mokrani, 5.2, Nesma Merhom, 1ES, Amine Hafidi, 1ES, Yasmine Ait Selmi, 1S, Serine Chekroud, 1S1, Lydia Haddag, TES, Fouad Boudjedra, TS1, Noémie Launay, ex élève de 3è2 (2010-2011), Amina Bouchafaa, ex élève de TS1 Oib (2011-2012), Aghilès Ait Larbi, ex élève de TES (2011-2012), Amrane Medjani, ex élève de TS (2010-2011).

Coordination éditoriale- Fatema Benyounes(professeur d’Histoire-Géo),- Frédéric Bernard (documentaliste)- Correctrices de choc : Me Maillard, Me Maniak, Me Robalo et Me Vignon.

Direction de la publication :M. Demeulemester, proviseur du lycée.

Lycée international Alexandre DumasChemin Areski Mouri / Ben Aknoun16030 Alger

[email protected] : M. HasnaouiTél : 021 74 70 83 - 021 36 73 61E-mail : [email protected] en page : Samir Hamadache

Le journaldu liad

Le journal bimestriel du Lycée International Alexandre Dumas d’Alger

JoyeuxAnniversaire

10 ans ! Les noces d’étain, les chimistes

reconnaîtront la solidité du métal, tout un symbole.

10 ans pour installer une for-mation solide pour nos ado-lescents, et jeunes adultes d’aujourd’hui et de demain. Mon pari en tant que parent du LIAD ? Encourager la différence. Mais également déployer plusieurs cultu-res pour nos enfants et leur donner les moyens de la réussite, pour l’avenir, pour l’éternité.Merci, mille fois merci à nos deux « super rédac-chefs » qui ont permis que le journal soit. Cela fait longtemps que je voulais rendre hom-mage à la 10aines de pa-rents qui ont financés la naissance et la publication de ce petit cœur de l’infor-mation de l’établissement, avec une pensée spéciale pour Mme Fatima Louar. Joyeux anniversaire et lon-gue vie.

Solidairement,

Souad FAIDIancienne Présidente de l’APE