À Jude. - Fnacmultimedia.fnac.com/multimedia/editorial/pdf/9782215129349.pdfIl passa affectueusement le bras autour de la taille fine d’Alice. – Mon équipe et moi, on a passé

Le gardien du tombeau

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Arky Steele accompagne son père archéologue pour sa nouvelle mission : décrypter la légende

de Gengis Khan et trouver de nombreux indices, afi n de découvrir son trésor.

Arky et ses amis vont percer les plus sombres secrets de l’histoire de la Mongolie et vivre

une incroyable aventure semée d’embûches… Trouveront-ils le fabuleux trésor perdu ?

13,90 € France TTCwww.fl euruseditions.com

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Eleanor Coombe

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Eleanor Coombe

fleurus

Traduit de l’anglais par Charlotte Grossetête

BellesPages_ArkySteele.indd 2 08/07/15 17:43

Illustration de couverture : Pete Lloyd

Direction : Guillaume ArnaudDirection éditoriale : Sarah MalherbeÉdition : Anna Guével, assistée de Maurane ChevalierDirection artistique : Élisabeth Hebert, assistée de Bleuenn AuffretFabrication : Thierry Dubus, Marie GuibertMise en pages : Text’Oh !

© Fleurus, Paris, 2015Site : www.fleuruseditions.comISBN : 978-2-2151-2934-9MDS : 652 353

Tous droits réservés pour tous pays.« Loi n° 49-956 du 16 juillet 1949 sur les publications destinées à la jeunesse. »

Titre originalARKY STEELE : GUARDIAN OF THE TOMB

© E. Coombe, 2013Published by permission from Hachette Australia Pty Ltd.

À paraître :Arky Steele : La Cité maudite

1505_071_Gardien_du_tombeau.indd 2 10/07/15 13:10

À Jude.


7

Prologue

Je suis le Gardien des Secrets. Demain, ma tête sera tran-

chée et placée sur mes genoux. Il faut que je meure pour

protéger le tombeau du Khan et son trésor.

Avec 100 serviteurs, 50 soldats et 50 hommes de la garde

de Gengis Khan, j’ai fait sortir du palais son immense

trésor et l’ai emporté vers les sommets sauvages.

Nous avons attendu d’être dans un lieu désert pour

dresser notre camp. Le lendemain, laissant les gardes sur

place, nous nous sommes enfoncés plus loin dans les

montagnes ; soldats et serviteurs transportaient le trésor.


8

Le Gardien du Tombeau

Une fois le trésor caché, les soldats ont massacré les servi-

teurs. Lorsque nous avons regagné le camp, les gardes ont

tué les soldats. Puis nous avons caché leurs corps pour que

même leurs fantômes gardent le secret.

J’ai construit le tombeau du Khan selon ses ordres. J’ai

tué tous ceux qui y avaient travaillé et les ai enterrés dans

une vaste tombe sans nom.

Quand le grand Khan est mort, je l’ai transporté jusqu’à

son tombeau secret, avec une escorte de 999 soldats, et je

l’ai couché dans son cercueil d’or. J’ai empoisonné les

soldats pour qu’ils restent aux côtés de mon maître et qu’ils

le protègent pour l’éternité.

J’ai verrouillé la porte du tombeau secret et emporté avec

moi la clé divisée en trois parties.

Selon les ordres du Khan, j’ai préparé des indices et des

objets, des énigmes et des cachettes, pour guider un


Prologue

homme intelligent vers le trésor. Pour trouver le trésor, il

faut d’abord trouver le tombeau.

Le Livre des Indices indiquera le chemin. Le livre est

bien caché, et pourtant facile à trouver.

Pour trouver la clé du tombeau secret, il faut savoir que

c’est la mort qui la détient. C’est une pièce d’or qui est le

premier élément de la clé.

Je serai le premier à sourire au chercheur de clé.



11

1

Le dragon qui tenait une perle dans sa gueule

La maman d’Arky préparait son matériel d’escalade

lorsqu’il rentra de l’école.

– Tu repars encore ? lui demanda-t-il en ramassant un

piolet.

– Eh oui.

Sa maman sourit.

– En Alaska. Pour l’une des montagnes les plus meur-

trières du monde.

Cela n’étonna pas Arky. Sa maman, Alice Steele, était

l’une des plus célèbres alpinistes du monde. On pouvait


12


admirer ses beaux yeux bleus et son joli visage sur les publi-

cités de matériel de montagne. Des magasins de sport du

monde entier la sponsorisaient pour réaliser des documen-

taires sur ses aventures.

– Je décolle la semaine prochaine, et je serai absente

pendant presque toutes tes vacances, mais papa aura des

nouvelles.

– Où est-il ?

La question d’Arky reçut aussitôt une réponse : Doc

passait précipitamment la porte d’entrée, une boîte à la

main. Alice leva les yeux de son sac. Doc se laissa tomber

à côté d’elle.

– Regarde ce que Lord Wright m’a donné, dit-il en

ouvrant la boîte.

À l’intérieur, il y avait une grosse pièce d’or. Comme

Arky se penchait pour mieux la voir, Doc la souleva et la

plaça dans la main de son fils. Arky la fit rouler dans sa

paume. Elle était lourde. Il y avait la tête d’un dragon sur

une face et d’étranges motifs sur l’autre.

– Qu’est-ce que ça veut dire ? demanda-t-il.


13


– Le dragon qui tient une perle dans sa gueule représente

la sagesse et la puissance.

Doc retourna la pièce dans la paume d’Arky.

– Là, c’est écrit : Le premier à atteindre la mort, la gloire et

l’or. C’est le signe de Gengis Khan.

– De qui ? fit Arky.

Doc se lança alors dans une histoire.

– Gengis Khan était un homme cruel et violent. À l’âge

de 21 ans, il régnait déjà sur un vaste empire en Mongolie.

Il pillait des villes entières et amassait ainsi un butin fabu-

leux. Mais, à sa mort, le trésor a disparu !

– Comment ça se fait ?

– Gengis avait de nombreux fils, nés de ses différentes

épouses, intervint Alice. Il savait que ses enfants s’entre-

tueraient pour posséder sa fortune. Il ne voulait pas que ce

trésor se perde dans des guerres et des batailles, alors il l’a

caché à sa famille.

– Je suis parti à la recherche de son tombeau il y a

quelques années, reprit Doc. C’est là que j’ai rencontré ta

maman.


14


Il passa affectueusement le bras autour de la taille fine

d’Alice.

– Mon équipe et moi, on a passé des mois à explorer

l’Himalaya à la recherche du tombeau, mais on a été

embêtés par des voleurs qui nous suivaient et piquaient

nos affaires. Pour finir, le temps s’est gâté et notre recherche

s’est arrêtée là.

– Au même moment, je grimpais dans l’Himalaya, dit

Alice. Je tournais mon premier documentaire d’aventure

extrême. La neige est arrivée en avance et on s’est rencon-

trés dans une ville glaciale. Ton papa avait l’air tellement

triste de laisser son rêve derrière lui. Mais, quand il m’a

vue, il a retrouvé le sourire.

Elle déposa un baiser sur la joue de Doc.

– C’était tellement romantique ! Bloqués dans une

terrible tempête de neige…

– Beurk ! lâcha Arky pour empêcher ses parents de

tomber dans une histoire à l’eau de rose. Et cette pièce,

qu’est-ce qu’elle a de si important ?


15


– Quand j’étais en Mongolie, j’ai découvert un manus-

crit ancien rédigé par un homme qui prétendait être le

Gardien des Secrets – le bras droit de Gengis Khan.

Ce manuscrit parlait d’une clé qui ouvrirait la porte du

tombeau de Gengis. Il évoquait aussi une pièce d’or.

Ce parchemin était si vieux qu’il s’est presque réduit en

poussière quand je l’ai déroulé.

– Mais on pense qu’il donnait de véritables indices, dit

Alice, et cette pièce qu’on vient de découvrir en est une

preuve.

– Où est le manuscrit maintenant ? demanda Arky que

cette histoire impressionnait.

Il observait de nouveau les motifs gravés sur la pièce et se

demandait quels autres mystères un Gardien des Secrets

pouvait bien détenir.

– Ce qu’il en reste se trouve dans une bibliothèque de

Mongolie, mais j’ai une traduction sous clé dans mon

bureau.

Doc sourit.

– Tu pourras la lire plus tard.


16


– Et comment est-ce que Lord Wright a eu cette pièce ?

demanda Arky.

– Un petit berger l’a découverte, au fin fond des hautes

plaines de Mongolie, répondit Doc. Personne n’a le droit

de faire sortir des antiquités hors d’un pays, mais malheu-

reusement ça arrive. Ce jeune berger a dû la vendre sur

un marché en toute bonne foi, mais ensuite, elle a été

revendue par des gens malhonnêtes. Lord Wright pensait

qu’il s’agissait d’un faux. Quand je lui ai dit que c’était une

vraie pièce, il a contacté le gouvernement de Mongolie.

– Il va la rendre ? demanda Alice.

– Oui, dit Doc. Mais avant, il a retrouvé la piste du petit

berger parce qu’il sait que je rêverais d’en apprendre davan-

tage. Alors, pendant que tu vas grimper tes montagnes,

Alice, Arky et moi on part en Mongolie.

– Moi aussi ? s’écria Arky avec des étincelles dans ses

yeux bleus.

– Tu es fort et solide comme ta mère, dit Doc en souriant.

Et c’est toi le meilleur sur le mur d’escalade de l’école.

Je pense que tu seras à la hauteur.


17


– En plus, tu aimes l’archéologie.

Alice ferma la fermeture Éclair de son sac.

– Tu as toujours rêvé de partir à l’aventure.

– On part seuls ? demanda Arky à son père, ou est-ce

que Lord Wright nous accompagne ?

– Il ne nous rejoindra que si on trouve quelque chose,

répondit Doc. Mais il a embauché une spécialiste des

antiquités asiatiques, le Pr Isobel Smythe. Elle vit en

Mongolie et s’occupe d’organiser notre expédition.

On s’envole dans quelques jours pour la ville la plus proche

de l’endroit où vit ce berger, on ira en voiture jusqu’à sa

yourte et on se lancera à la recherche de cette clé. Bien sûr,

pas question d’attirer l’attention de gens mal intentionnés

sur notre projet. Le Pr Smythe dit qu’il faut faire semblant

d’être des touristes. Du coup, pour que ça fasse plus vrai,

on emmène un ami pour toi – le beau-fils de Lord Wright.

Il nous rejoindra le jour du départ.

– Son beau-fils ?

Arky n’était pas au courant que Lord Wright en avait un.

– Il s’appelle comment ?


18


– Le pauvre.

Alice étouffa un petit rire.

– Belvédère Elron Apollon Redford.

– Belvédère Elron Apollon ! grogna Arky, en se deman-

dant pourquoi les gens riches donnaient de drôles de

prénoms à leurs enfants.

– Surtout ne l’appelle pas comme ça ! Son surnom c’est

Bear*.

Alice posa la main sur les cheveux bruns d’Arky et les

ébouriffa en lançant un regard anxieux à Doc.

– Et tu seras gentil avec Bear, je te le demande, dit Doc

d’un ton plutôt ferme.

Arky fut stupéfait. Ce n’était pas dans les habitudes de

son père de lui demander d’être gentil avec quelqu’un.

Mais, même si Bear était un snob fini, il n’y aurait pas

moyen de gâcher ce voyage.

Doc regarda Alice avec un sourire crispé en reprenant la

pièce d’or à Arky.

* Prononcer « Bère ». Signifie ours en anglais.


19


Le cœur d’Arky battait très fort en pensant aux

montagnes sauvages de Mongolie et à l’aventure qui

l’attendait. Mais il n’était pas sûr de beaucoup aimer le

regard inquiet que ses parents venaient d’échanger.

Ö

Pendant que le père d’Arky, le Dr Lukas Steele, faisait ce

projet de voyage en Mongolie avec sa famille, un autre

homme, assis dans un grand bureau rempli d’objets

anciens, parlait au téléphone. Ses larges épaules étaient à

l’étroit dans son costume de marque.

– Tu as bien fait, dit Goran Rulec. Un homme, une

femme et deux enfants ; ils devraient être faciles à surveiller.

Tu trouveras une agréable surprise sur ton compte en

banque.

Rulec raccrocha. Une lueur malveillante brilla dans ses

yeux sombres tandis qu’il passait de son bureau à son

ascenseur. Il appuya sur un bouton et pénétra dans une

pièce somptueuse située au sous-sol.


20


C’était l’une des huit salles secrètes de sa demeure, toutes

remplies de statues anciennes, de bijoux merveilleux, de

sculptures en marbre, de mosaïques, de soieries, de meubles

et autres objets antiques.

Rulec avait hérité d’une grosse fortune et, à présent, il

était à la tête de nombreuses affaires. Il avait vite compris

qu’il existait d’autres personnes riches qui raffolaient des

objets rares et étaient prêtes à les obtenir par tous les

moyens. Il contrôlait des réseaux de pilleurs de tombes et

de bandits ; il achetait et revendait les pièces exception-

nelles qu’ils volaient. Il avait même, parmi ses complices,

des conservateurs de musées. L’espion qu’il avait placé chez

Lord Wright, son ennemi de toujours, était jusqu’à présent

son meilleur coup.

Tu es un crapaud vaniteux, Wright, se dit-il. Tu étais meil-

leur que moi en tout quand on était ensemble à l’école. Tu

étais invité à toutes les fêtes et les plus belles filles tournaient

autour de toi. Ça va me faire plaisir de te voler cette clé.

Il sourit. Ses dents solides et éclatantes contrastaient avec

ses quelques mèches de cheveux plaquées sur le sommet



chauve de son crâne. Ses yeux, froids d’habitude, s’illumi-

nèrent un bref instant.

– Posséder dans mon musée une partie du trésor de

Gengis Khan, le rêve, dit-il à voix haute. Une fois son

tombeau découvert, je serai le premier sur place, et les plus

beaux objets seront à moi.



23

2

L’expédition

Arky serrait les dents pour oublier les secousses qui lui

faisaient mal au derrière. Il rêvait que la journée s’achève

aussi vite que possible. Le camion bringuebalant dans

lequel il se trouvait gravissait une piste sinueuse suspendue

entre un ravin et une falaise. La route semblait ne pas avoir

de fin.

Cet inconfort n’améliorait pas l’humeur de Bear qui,

assis à côté d’Arky, affichait une grimace furieuse sous ses

cheveux bruns. Depuis qu’ils avaient quitté la ville, les

écouteurs de Bear étaient restés collés à ses oreilles, et ses


24


doigts tambourinaient sans cesse au rythme de la musique

qui sortait de son ordinateur.

Bear était arrivé en voiture le matin même. Il avait froncé

les sourcils devant Arky en guise de salut et il avait attendu

que le chauffeur décharge ses sacs. Il n’avait pas bougé

pour aider Doc et le Pr Smythe qui remplissaient le camion

en prévision du voyage vers les hautes plaines de Mongolie.

Il n’avait même pas fait un signe de tête à Tue, le jeune

berger qui avait trouvé la pièce d’or et qui allait prendre

part à l’expédition.

Le camion buta sur un nid-de-poule et fit une brusque

embardée. Arky se cramponna à son accoudoir. Comme

la vitre s’inclinait au-dessus du précipice, il aperçut une

rivière tumultueuse au fond du ravin.

– Que personne ne bouge ! hurla-t-il.

Le camion oscillait dangereusement. Les roues s’enfon-

cèrent dans la poussière, le moteur rugit, et une avalanche

de petites pierres tomba dans l’abîme. Les jointures des

doigts d’Arky devinrent blanches. Les yeux verts de Bear


25

L’expédition

étincelèrent de terreur l’espace d’une seconde, puis ils se

fermèrent et Arky ne put savoir ce qu’il pensait.

– Ça va, les garçons ? lança Doc depuis le siège du

passager. La piste devient étroite et friable.

– Merci bien, Doc, répondit Tue.

Il agita les pieds pour mieux montrer ses chaussures

neuves.

– Je n’ai pas peur. Votre dame chauffeur est très forte.

Un regard chaleureux et amical émanait de ses grands

yeux noirs.

– C’est vrai, le Pr Smythe est forte, dit Doc.

– Ça fait quelques années qu’Isobel vit ici, expliqua Arky

à Bear. Elle parle la langue. Elle nous a dit de l’appeler Is.

– J’aimerais bien que tu parles aussi mongol et que tu

me fiches la paix, murmura Bear.

Avec un grincement terrible de l’embrayage, le camion

se redressa lentement et repartit dans de nouveaux cahots.

– Alors, Bear, cria Arky, qui s’efforçait de lier conversa-

tion avec lui, malgré son attitude grossière.


26


Il soupira. Son père lui avait demandé d’être gentil, mais

ce n’était pas facile. La musique trop forte qui sortait de

son ordinateur était vraiment pénible.

– Ça va être sympa de camper ce soir, hein ?

– De dormir avec les moutons !

Bear avait fini par enlever ses écouteurs.

– Les chèvres, corrigea Tue avec un sourire.

Bear foudroya Tue d’un regard qui semblait dire

Quelle horreur.

Arky se demanda quelle atrocité Bear allait leur faire

vivre quand son ordinateur n’aurait plus de batterie. Il n’y

aurait ni électricité, ni téléphones portables, ni Internet là

où ils allaient. Et pas de beau-père riche pour acheter des

gadgets à Bear.

Tue sourit de nouveau à Arky. Le vent faisait rougeoyer

ses joues et ses vêtements étaient usés, mais il ne connais-

sait même pas le verbe « se plaindre ».

Le camion heurta une autre bosse et s’arrêta. Des cris

venaient d’éclater et Arky pencha la tête par la vitre. Ils se

trouvaient face à une douzaine d’hommes qui condui-


27

L’expédition

saient des yaks lourdement chargés. Ces hommes se

lancèrent dans une discussion animée avec Is en mongol.

– Ils veulent qu’on fasse marche arrière, traduisit Tue.

– Marche arrière ? répéta Arky d’une voix blanche, en

glissant un œil vers le précipice si proche des roues.

Ce serait du suicide ! On pourrait basculer.

– Ces hommes et leurs yaks ne pourront pas avancer si

on ne recule pas, dit Tue. Et tout le monde restera bloqué.

Il faut bien que quelqu’un bouge.

Le visage de Bear devint rouge brique ; il se leva, attrapa

son ordinateur, enjamba un siège, et déchira la bâche du

camion pour sortir plus vite. Il se retrouva debout derrière

le véhicule, son ordinateur crachant toujours une musique

assourdissante.

– On ne fait pas marche arrière ! hurla-t-il. C’est ma

famille qui paye ce voyage, alors c’est un ordre !

Malgré ses protestations, Is redémarra et rapprocha le

camion du vide pour que les yaks puissent avancer en se

pressant contre la falaise. Les animaux agitèrent nerveuse-


28


ment les oreilles quand leurs maîtres leur ordonnèrent

d’avancer.

– Remonte dans le camion, cria Is. Les yaks peuvent se

mettre en colère !

À l’instant où le premier yak contournait le véhicule, la

musique de Bear hurla une note stridente. L’animal,

surpris, lança des ruades qui ébranlèrent le camion. Les bêtes

qui se bousculaient derrière lui l’empêchaient de reculer

pour s’éloigner de la musique. Alors, il poussa un grogne-

ment, abaissa ses cornes avec un roulement furieux des yeux,

et chargea ce bruit qui le mettait en rage. Sa tête heurta Bear,

et l’ordinateur, projeté en l’air, disparut dans le précipice.

Le deuxième yak fonça le long du camion. La bête

furieuse qui le précédait le poussa sur le côté et sa croupe

poilue heurta Bear qui perdit l’équilibre. Pendant une

affreuse seconde, Arky perdit Bear de vue dans la mêlée

des animaux et des hommes qui criaient. Puis il réapparut,

cramponné à la queue du deuxième yak, et suspendu

au-dessus du précipice. Son visage était blanc comme de la

craie, et ses pieds se balançaient dans le vide.


29

L’expédition

Le yak grognait de terreur ; il se sentait glisser en arrière

sur le bord friable du ravin.

Tue bondit du camion. Il empoigna le yak par l’une de

ses cornes et essaya de le hisser vers la piste. Arky sauta à

côté de lui et attrapa l’animal par le pelage de son cou. Au

milieu des cris et des hurlements, Arky et Tue tiraient de

toutes leurs forces.

L’un des bergers finit par se joindre à eux. À trois, souf-

flant et grognant sous l’effort, ils mirent le yak en sûreté, et

Bear avec lui.

Le père d’Arky sortit par l’avant du camion et mit

quelques secondes à se frayer un chemin au milieu des

yaks. Il s’accroupit à côté de Bear.

– Tu es en sécurité, Bear, dit-il doucement, les yeux bril-

lant de compassion. Tu peux lâcher la queue maintenant.

– Pas question, Doc.

Bear secoua la tête et serra la queue du yak encore

plus fort.

– Pas question.



– Les yaks s’énervent facilement, prévint Doc. Ne le

mets pas en colère. Lâche-le, s’il te plaît, et je t’aiderai à

remonter dans le camion.

– Fais ce que Doc te dit, ajouta Tue. Les yaks font leurs

besoins quand ils ont peur.

Bear écarquilla les yeux. Il regarda les fesses géantes qui

le dominaient. Il lâcha la queue et Doc l’aida à se relever.

Le yak grogna, se raidit, et une grosse cascade brune

s’écrasa sur les bottes de Doc et de Bear.

– Ça porte bonheur ! dit Arky, tandis que les hommes

qui conduisaient les yaks éclataient d’un rire sonore.

– Bonheur !

Bear se tourna vers Arky.

– C’est un bonheur de participer à ce voyage puant et

dingue ? Le trésor de Gengis Khan pourrait bien être caché

dans la vallée d’à côté, je n’en ai rien à faire, vous pouvez

tous vous…

Les plaintes des yaks noyèrent le reste de sa phrase, tandis

que les bergers les aiguillonnaient pour les remettre en

ordre de marche.


31

3

Bonnes manières

La nuit tombait quand la yourte apparut à l’horizon. Les

parents de Tue et sa petite sœur coururent à côté du

camion, avec des rires et des signes de la main, jusqu’à ce

qu’Is se soit garée à côté de l’enclos des chèvres. La famille

de Tue participa au déchargement. Tentes, sacs à dos,

réchauds, essence, cordes, bouteilles de gaz et caisses de

nourriture furent empilés par terre.

On monta les tentes, on alluma un feu. La mère de Tue

sortit de sa yourte avec une grosse gamelle fumante. Tout

le monde s’assit autour du foyer et elle servit le dîner. De


32


la viande pleine de gras flottait sur les assiettes ébréchées.

Arky trouva cela très excitant.

La famille de Tue mangea très vite. Ils avalaient à grand

bruit, mâchaient la bouche ouverte et, étonnamment, Is

faisait pareil. Arky fut encore plus surpris quand il la vit se

frotter le ventre et roter. Quelle détonation ! Il fut certain

de voir les flammes du feu vaciller.

Puis Doc lâcha un rot encore plus énorme. Le père et la

mère de Tue approuvèrent d’un signe de tête, contents.

Bear en resta bouche bée.

– En Mongolie, la politesse veut qu’on rote à la fin du

repas, expliqua Doc.

Arky avala très vite de l’air et fit remonter une explosion

magistrale.

Une étincelle de malice brilla dans les yeux de Bear et il

se mit à roter une chanson.

– C’est un seul rot qu’il faut faire, prévint Is.

Mais rien ne pouvait arrêter Bear.


33

Bonnes manières

Tue et sa famille suivirent avec stupeur cet air inhabituel

qui se prolongea quelques secondes encore. Quand il eut

terminé, Bear semblait de meilleure humeur.

Après le dîner, la mère de Tue servit à chacun du lait

tiède de yak. Elle tendit une tasse à Arky, qui but une

gorgée. C’était épais, collant et amer sur la langue. Il jeta

un coup d’œil à Bear qui flairait bruyamment sa tasse.

Arky ne voulait pas paraître mal poli, alors il but. Ce n’était

pas trop mauvais à condition d’avaler d’un trait. La mère

de Tue lui fit un large sourire. Bear fit la grimace et

ingurgita péniblement son lait. La mère de Tue le serra

dans ses bras. Cette embrassade choqua tellement Bear

que ses yeux s’arrondirent comme deux ballons. Arky

éclata de rire.

Ö

La tente des garçons était dressée près du feu.

– Vous allez dormir sur des tapis de sol, dit Doc en

déroulant deux matelas très fins qu’il déposa dans la tente.



267

Table des matières

Prologue ................................................................. 71. Le dragon qui tenait une perle dans sa gueule .... 112. L’expédition ........................................................ 233. Bonnes manières ................................................ 314. La Citadelle des Crânes ...................................... 435. Soldats morts ...................................................... 556. Le torrent furieux ............................................... 657. Secrets révélés ..................................................... 778. Un livre ancien ................................................... 919. Problèmes ........................................................... 10310. Course vers le temple ....................................... 11711. Des yeux remplis d’or ....................................... 12712. Le bruit de l’illumination ................................. 13713. Le dernier indice du livre ................................. 15314. La couronne du souverain ................................ 16715. Les fugitifs ........................................................ 18516. L’œil de Dieu .................................................... 197



17. La caverne de la mort ....................................... 21318. l’Épée de Justice ................................................ 22119. Le trésor perdu de Gengis Khan ...................... 23120. L’au revoir ......................................................... 249


N° d’édition : 15245Achevé d’imprimer en septembre 2015 par Legoprint, en Italie

Dépôt légal : octobre 2015



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Arky et ses amis vont percer les plus sombres secrets de l’histoire de la Mongolie et vivre

une incroyable aventure semée d’embûches… Trouveront-ils le fabuleux trésor perdu ?

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