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© Cned, Français 3e 144 Sommaire Séquence 6 Lire un récit d’adolescence : L’Ami retrouvé de Fred Uhlman (2) Durée approximative : 11 h 30 Séance 1 Désillusion Séance 2 Un climat tendu Séance 3 Histoire des Arts : la propagande nazie Séance 4 Rencontrer l’auteur Séance 5 Écrire une lettre Séance 6 Comprendre le sens du titre L’Ami retrouvé Séance 7 Je m’évalue Socle commun Durant cette séquence, tu auras l’occasion de développer tes connaissances et de travailler des items des compétences ci-dessous. Compétence 1 : La maîtrise de la langue française - Repérer les informations dans un texte à partir des éléments explicites et des éléments implicites nécessaires - Dégager par écrit l’essentiel d’un texte lu - Écrire lisiblement un texte, spontanément ou sous la dictée, en respectant l’orthographe et la grammaire - Rédiger un texte bref, cohérent et ponctué, en réponse à une question ou à partir de consignes données Compétence 5 : La culture humaniste - Établir des liens entre des œuvres littéraires et artistiques pour mieux les comprendre - Être sensible aux enjeux esthétiques et humains d’un texte littéraire - Avoir des connaissances et des repères relevant du temps: connaître les différentes périodes de l’histoire de l’humanité, les grands traits de l’histoire (politique, sociale, économique, littéraire, artistique, culturelle) de la France et de l’Europe - Faire preuve de sensibilité, d’esprit critique, de curiosité : Manifester sa curiosité pour l’actualité et pour les activités culturelles ou artistiques Compétence 7 : L’autonomie et l’initiative - Être autonome dans son travail : savoir l’organiser, le planifier, l’anticiper, rechercher et sélectionner des informations utiles

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— © Cned, Français 3e144

SommaireSéquence 6

Lire un récit d’adolescence : L’Ami retrouvé de Fred Uhlman (2)

Durée approximative : 11 h 30

Séance 1 Désillusion

Séance 2 Un climat tendu

Séance 3 Histoire des Arts : la propagande nazie

Séance 4 Rencontrer l’auteur

Séance 5 Écrire une lettre

Séance 6 Comprendre le sens du titre L’Ami retrouvé

Séance 7 Je m’évalue

Socle commun

Durant cette séquence, tu auras l’occasion de développer tes connaissances et de travailler des items des compétences ci-dessous.

Compétence 1 : La maîtrise de la langue française- Repérer les informations dans un texte à partir des éléments explicites et des éléments

implicites nécessaires

- Dégager par écrit l’essentiel d’un texte lu

- Écrire lisiblement un texte, spontanément ou sous la dictée, en respectant l’orthographe et la grammaire

- Rédiger un texte bref, cohérent et ponctué, en réponse à une question ou à partir de consignes données

Compétence 5 : La culture humaniste- Établir des liens entre des œuvres littéraires et artistiques pour mieux les comprendre

- Être sensible aux enjeux esthétiques et humains d’un texte littéraire

- Avoir des connaissances et des repères relevant du temps: connaître les différentes périodes de l’histoire de l’humanité, les grands traits de l’histoire (politique, sociale, économique, littéraire, artistique, culturelle) de la France et de l’Europe

- Faire preuve de sensibilité, d’esprit critique, de curiosité : Manifester sa curiosité pour l’actualité et pour les activités culturelles ou artistiques

Compétence 7 : L’autonomie et l’initiative- Être autonome dans son travail : savoir l’organiser, le planifier, l’anticiper, rechercher et

sélectionner des informations utiles

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Séquence 6séance 1 —

Séance 1Désillusion

Durée : 2h

Dans la séquence précédente, tu as vu que, malgré leurs différences, Hans et Conrad entretiennent une amitié forte et sincère. Tu as lu la suite du roman jusqu’au chapitre 14 et sais donc que ces deux garçons partagent beaucoup de moments ensemble et que rien ne semble pouvoir les séparer. Ils vont régulièrement l’un chez l’autre, mais Hans souffre de n’avoir jamais rencontré les parents de son ami. Curieusement, ils sont toujours absents lorsqu’il est invité à entrer dans la magnifique demeure. Le jeune homme se pose de plus en plus de questions. Que lui cache son meilleur ami ? Tu vas découvrir dans cette nouvelle séquence le secret de Conrad. L’amitié entre les deux garçons pourra-t-elle alors continuer ?

© Cned/ N. Julo

Je peux lire aussi

- Si tu as envie de lire d’autres histoires ayant pour thème l’adolescence, nous te conseillons :

- La Guerre des boutons de Louis Pergaud

- Les Disparus de Saint-Agil de Pierre Véry

- Sa Majesté des mouches de William Golding

- La Révolte des coloriés d’Alexandre Jardin

Dans l’extrait de cette séance, tu verras que Hans avait raison de se poser des questions sur l’attitude mystérieuse de son meilleur ami. Un événement important aura lieu lors d’une soirée à l’opéra, ce qui marquera le début de la désillusion du jeune garçon. Cette séance te permettra également de revoir les phrases complexes comportant des propositions subordonnées.

Prends une nouvelle page dans ton cahier. En haut, note le numéro et le titre de la séquence en rouge. Encadre-les.

Saute deux lignes, puis note le numéro et le titre de la séance en rouge. Souligne-les. Fais ensuite le travail demandé.

Hans et Conrad sont amis et se rendent l’un chez l’autre régulièrement mais Hans se demande pourquoi il n’a jamais rencontré les parents de son camarade. Il s’inquiète et s’interroge… Dans cette scène, Hans va voir les parents de son ami pour la première fois.

Lis attentivement le texte suivant et écoute le début à la piste 12 de ton CD :

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Séquence 6 — séance 1

Fred Uhlman, L’Ami retrouvé (1971), traduit par Léo Lack © Éditions Gallimard « Tous les droits d’auteur de ce texte sont réservés. Sauf autorisation, toute utilisation

de celui-ci autre que la consultation individuelle et privée est interdite »

Notes : 1 - « Fidelio » (l.2) : unique opéra de Ludwig Von Beethoven composé en 1805. 2 - « Furtwängler » (l.2) : Gustav Furtwängler était un chef d'orchestre et compositeur allemand. 3 - « fauteuil d’orchestre » (l.3) : place située au parterre (rez-de-chaussée) d’une salle de théâtre. 4 - « diadème » (l. 10) : couronne.

1 5 10 15 20 25 30 35 40

Mais vint un jour où le doute ne fut plus permis. Ma mère m’avait pris un billet pour une représentation de Fidélio1, dirigé par Furtwängler2, et j’étais assis dans un fauteuil d’orchestre3, attendant le lever du rideau. Les violons commencèrent à s’accorder, puis à jouer en sourdine, et une foule élégante emplit la salle de l’Opéra, l’un des plus beaux d’Europe. Le Président de la République en personne nous honorait de sa présence. Mais peu de gens le regardaient. Tous les yeux se tournaient vers la porte, près du premier rang des fauteuils d’orchestre, par laquelle, lentement et majestueusement, les Hohenfels faisaient leur entrée. Avec un mouvement de surprise et quelque difficulté, je reconnus mon ami, un étrange et élégant jeune homme en smoking. Il était suivi de la comtesse, en robe noire avec un étincelant diadème4, un collier et des boucles d’oreilles, le tout fait de diamants qui projetaient une lumière bleuâtre sur sa peau mate. Puis venait le comte, que je voyais maintenant pour la première fois ; il avait une moustache et des cheveux gris et une étoile incrustée de diamants brillait sur sa poitrine. Ils se dressaient là, unis, supérieurs, escomptant que5 les assistants les contempleraient bouche bée6, hommage que leur conféraient7 neuf siècles d’histoire. Ils se décidèrent enfin à gagner leur place. Le comte ouvrait la marche et la comtesse le suivait, la lueur irisée que jetaient ses diamants dansant autour de sa jolie tête. Puis venait Conrad qui, avant de s’asseoir, jeta sur l’auditoire un regard circulaire, s’inclinant lorsqu’il reconnaissait quelqu’un, aussi sûr de lui que son père. Tout à coup, il m’aperçut, mais sans me donner le moindre signe de reconnaissance ; puis son regard erra autour des fauteuils d’orchestre, se leva vers les balcons et se rabaissa. Il m’a vu, assurément, me dis-je, car j’étais convaincu que ses yeux, en rencontrant les miens avaient enregistré ma présence. Puis le rideau se leva et les Hohenfels, ainsi que nous autres, quantité négligeable8, restâmes plongés dans l’obscurité jusqu’au premier entracte. Dès que le rideau tomba et sans attendre que les applaudissements se fussent éteints, je me rendis au foyer, une vaste salle ornée de colonnes de marbre corinthiennes, de lustres de cristal, de glaces aux cadres dorés, de tapis rouge cyclamen et tendue de papier peint couleur de miel. Là, appuyé contre l’une des colonnes et m’efforçant d’avoir l’air hautain et dédaigneux, j’attendis l’apparition des Hohenfels. Mais quand je les vis enfin, j’eus envie de m’enfuir. Ne vaudrait-il pas mieux écarter la pointe de la dague9 qui, je le savais par l’atavique10 intuition d’un enfant juif, me serait, dans quelques minutes, plongée dans le cœur ? Pourquoi ne pas éviter la souffrance ? Pourquoi risquer de perdre un ami ? Pourquoi demander des preuves au lieu de laisser s’endormir le soupçon ? Mais je n’eus pas la force de fuir, de sorte que, me raidissant contre la douleur, appuyé contre la colonne, je me préparai à l’exécution. Lentement et majestueusement, les Hohenfels se rapprochèrent. Ils marchaient côte à côte, la comtesse au milieu, faisant des signes de tête à des connaissances en agitant une main couverte de bagues avec un léger mouvement d’éventail, les lueurs que jetaient son collier et son diadème l’aspergeant de perles lumineuses pareilles à des gouttes d’eau cristallines. Le comte inclina légèrement la tête à l’adresse de diverses personnes et du Président de la République, qui répondit par un profond salut. La foule leur faisait place et leur procession11 royale poursuivait son chemin sans obstacle, superbe et impressionnante. Ils avaient encore une dizaine de mètres à faire avant d’arriver jusqu’à moi, qui voulais connaître la vérité. Aucune échappatoire n’était possible. Cinq mètres nous séparaient, puis quatre. Il me vit soudain, sourit, toucha de la main droite le revers de son smoking comme s’il voulait en faire tomber un grain de poussière… et ils me dépassèrent.

www.gallimard.fr

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Séquence 6séance 1 —

A La famille Hohenfels, objet de tous les regards

1- Peux-tu dire dans quel lieu se passe cette scène du roman ? Surligne dans le texte les indices qui t’ont permis de répondre.

2- a) Quel qualificatif est appliqué à la foule entre les l. 3 à 5 ?

b) Hans semble-t-il faire partie de cette foule ? Justifie ta réponse.

3- a) Qui semble, malgré sa fonction, moins important aux yeux du public que les Hohenfels ?

b) Quel est le titre des Hohenfels ?

c) Que peux-tu déduire de tes réponses précédentes sur le milieu social des Hohenfels ?

4- a) Compare le nombre de lignes consacré à la représentation de l’opéra et le nombre de lignes consacré à la description de l’arrivée des Hohenfels.

b) Que peux-tu en déduire ? Justifie ta réponse.

5- Fidelio est l’unique opéra de Beethoven. Cet opéra n’a peut-être pas été choisi au hasard par l’auteur. À ton avis, en t’appuyant notamment sur le titre, quels liens peut-il exister entre l’histoire de cet opéra et le roman de Fred Ulhman ?

Vérifie tes réponses dans ton livret de corrigés avant de poursuivre.

B La désillusion

1- Relève l’expression que le narrateur emploie pour décrire Conrad à son arrivée à l’Opéra. Pourquoi le jeune homme semble-t-il différent ?

La périphrase*On utilise une périphrase* lorsqu’on remplace un mot par un groupe de mots de même sens pour mettre en valeur un aspect particulier d’un être ou d’une chose.Ex : Je reconnus mon ami, un étrange et élégant jeune homme en smoking (l. 8-9)

j e retiens

2- Aux lignes 18 à 21, quelle est l’attitude de Conrad envers Hans ?

3- Pourquoi Hans a-t-il « envie de [s’] enfuir » (l. 27) ?

4- Que ressent Hans à la fin de l’extrait d’après toi ? Pourquoi ?

C Les conjonctions de subordination.

1- « j’étais convaincu que ses yeux en rencontrant les miens avaient enregistré ma présence. » (l. 20-21)

a) Souligne les verbes conjugués à un mode personnel de cette phrase. Combien de propositions comporte-t-elle ?

b) Donne la nature de chacune de ces propositions.

c) Quelle proposition est introduite par « que » ? Déduis-en la classe grammaticale de ce mot.

Compare tes réponses avec celles de ton livret de corrigés, puis lis et mémorise le « Je retiens » suivant :

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Séquence 6 — séance 1

Les conjonctions de subordinationLes conjonctions de subordination introduisent les propositions subordonnées conjonctives. Elles sont invariables et n’ont pas de fonction dans la subordonnée ; elles servent à marquer la dépendance de la subordonnée à la principale.Les conjonctions de subordination qui sont composées de plusieurs mots sont appelées des locutions conjonctives. Ex : après que, même si… La conjonction QUEC’est la plus fréquente. Quand elle est employée seule, elle introduit le plus souvent une proposition subordonnée complétive et complète souvent un verbe. Ex : Il sait que Conrad entend la dispute Subordonnée complétive CODElle peut aussi faire partie d’une locution conjonctive introduisant des propositions subordonnées circonstancielles (pendant que…, pourvu que…, à supposer que…). Les conjonctions introduisant les propositions subordonnées circonstanciellesLes conjonctions ou locutions conjonctives introduisent des propositions subordonnées circonstancielles qui expriment différentes valeurs : - le temps : après que, avant que, depuis que, alors que, lorsque… - la cause : parce que, puisque, sous prétexte que… - le but : afin que, pour que, de peur que… - la conséquence : si bien que, de sorte que, au point que… - l’opposition : même si, quoique, bien que… - l’hypothèse : si, en admettant que, à condition que…

j e retiens

2- Dans les phrases suivantes, entoure la conjonction de subordination et mets la proposition subordonnée conjonctive entre crochets :

1) Hans croit véritablement que Conrad n’a pas voulu l’humilier.

2) Les deux amis se promettent que cet incident ne se reproduira pas.

3) Hans exige de Conrad qu’il lui dise la vérité.

4) Les garçons constatent qu’ils partagent le goût de la poésie.

5) Conrad se dit qu’il pourra échanger des pièces de monnaie avec son ami.

3- Transforme les deux phrases simples suivantes en une seule phrase complexe. Utilise pour ce faire une conjonction ou une locution conjonctive exprimant la valeur circonstancielle entre parenthèses. Attention, tu devras peut-être faire des modifications pour que ta phrase soit correcte (concernant les verbes notamment).

1) Il est parti. Sa famille est inquiète. (temps)

2) Il a eu une adolescence difficile. Il a bien réussi. (opposition)

3) Il travaille beaucoup. Il a une petite chance d’y parvenir. (hypothèse)

4) Il n’arrête pas de réviser son cours. Ses parents voient qu’il veut avoir son brevet. (but)

5) Ils se disputaient. Conrad était assis. (temps)

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Séquence 6séance 1 —

Vérifie tes réponses dans ton livret de corrigés avant de relire l’extrait pour répondre aux questions suivantes :

D Une critique de l’aristocratie allemande

1- a) Quels adverbes sont utilisés plusieurs fois dans l’extrait à propos des Hohenfels ?

b) Quelles informations nous donnent-ils sur l’attitude de cette famille ?

2- « Ils se dressaient là, unis, supérieurs, escomptant que les assistants les contempleraient bouche bée ». (l. 13-14)

Quelles sont les attentes des Hohenfels dans cette phrase ? Justifie ta réponse.

3- Que font les Hohenfels pendant l’entracte ?

4- Quelle image le narrateur donne-t-il de cette famille aristocratique ? À l’aide de tes réponses précédentes, donne une réponse argumentée.

E La disgrâce

1- a) Au début de l’entracte, quel type de phrase est employé ?

b) Quel est à ce moment-là l’état d’esprit de Hans ?

2- À ce moment-là de l’extrait, quel est le sentiment ressenti par Hans ? Quelle figure de style est ici employée pour renforcer ce sentiment ?

3- À la ligne 32, quel terme très fort le narrateur choisit-il d’employer pour faire référence à l’épreuve qu’il doit endurer ? Explique-le.

4- En quoi cet événement éclaire-t-il la première phrase de l’extrait ? Explique ta réponse.

Compare tes réponses avec celles de ton livret de corrigés avant de continuer.

F Réécriture

« Là, appuyé contre l’une des colonnes et m’efforçant d’avoir l’air hautain et dédaigneux, j’attendis l’apparition des Hohenfels. Mais quand je les vis enfin, j’eus envie de m’enfuir. » (l. 25-27)

Réécris ce texte en remplaçant « je » par « nous ». Effectue toutes les modifications nécessaires.

Prends ton livret de corrigés pour vérifier tes réponses.

Termine de lire le chapitre 15 et lis également le chapitre 16, puis passe à la séance 2.

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Séquence 6 — séance 2

Séance 2Un climat tendu

Durée : 2h

Dans cette nouvelle séance, tu découvriras les difficultés que doit surmonter au quotidien Hans. L’école est pour lui maintenant le lieu de brimades et de menaces et son amitié avec Conrad se délite encore. Cette séance te permettra aussi de travailler les propositions subordonnées circonstancielles de condition et le subjonctif.

Prends ton cahier. Note le numéro et le titre de la séance en rouge. Souligne-les. Fais ensuite le travail demandé.

C’est dans un contexte politique agité qu’évolue l’amitié de Hans et Conrad mais les violences n’atteignent pas les deux amis qui considèrent ces événements comme des « incidents mineurs ». Pour la première fois, Hans va être directement confronté à l’antisémitisme (si tu ne sais plus ce que signifie ce mot, réfère-toi à ton cours d’histoire) ambiant. Son ami l’aidera-t-il dans cette épreuve ?

Lis attentivement le texte suivant et écoute le début à la piste 13 de ton CD.

1 5 10 15 20 25 30 35 40 45

Jusqu’alors, je ne m’étais jamais heurté à plus d’animosité1 que celle que l’on trouve généralement parmi des garçons de classes sociales et d’intérêts différents. Personne ne semblait avoir une opinion bien arrêtée à mon sujet et je n’avais jamais subi d’intolérance religieuse ou raciale. Mais lorsque j’arrivai au lycée un matin, j’entendis à travers la porte close de ma classe le bruit d’une violente discussion. « Les Juifs, entendis-je, les Juifs. » Ces mots étaient les seuls que je puisse distinguer, mais ils se répétaient en chœur et l’on ne pouvait se méprendre2 sur la passion avec laquelle ils étaient proférés3. J’ouvris la porte et la discussion cessa brusquement. Six ou sept garçons, debout, formaient un groupe. Ils me regardèrent fixement comme s’ils ne m’avaient jamais vu. Cinq d’entre eux gagnèrent leur place en traînant les pieds, mais deux autres, Bollacher, l’inventeur de « Castor et Pollack4 », qui me parlait à peine depuis un mois, et Schulz, un rustre5 agressif qui pesait bien soixante-seize kilos, fils d’un pauvre pasteur de village, destiné à suivre la voie de son père, me regardèrent droit dans les yeux. Bollacher ricana — cette sorte de ricanement supérieur et stupide qu’arborent certaines personnes lorsqu’elles voient un babouin au zoo — mais Schulz, se pinçant le nez comme s’il sentait une mauvaise odeur, me dévisagea d’un air provoquant. J’hésitai un instant. Je pensais avoir une chance sur deux au moins de terrasser6 ce gros lourdaud, mais je ne voyais pas comment cela pourrait arranger les choses. Une trop grande quantité de poison s’était déjà infiltrée dans l’atmosphère du lycée. J’allai donc à ma place et fis semblant de jeter un dernier coup d’œil sur mes devoirs du soir, à l’exemple de Conrad, qui se donnait un air trop occupé pour prêter attention à ce qui se passait. Or, encouragé par mon indécision à relever le défi de Schulz, Bollacher se précipita vers moi. « Pourquoi ne retournes-tu pas en Palestine, d’où tu es venu ? » hurla-t-il. Et, tirant de sa poche un petit bout de papier imprimé, il le lécha et le colla sur mon banc, devant moi. Il y était écrit : « Les Juifs ont ruiné l’Allemagne. Citoyens, réveillez-vous ! »

— Ote-moi ça, dis-je. — Ote-le toi-même, répondit-il. Mais attention, si tu le fais, je te casse la figure.

C’était le moment critique. La plupart des garçons, y compris Conrad, se levèrent pour voir ce qui allait se passer. Cette fois, j’avais trop peur pour hésiter. C’était vaincre ou mourir. De toutes mes forces, je frappai Bollacher au visage. Il chancela, puis revint vers moi. Ni l’un ni l’autre n’avions la moindre expérience de la lutte ; dans ce combat, les règles étaient ignorées… oui, mais c’était également nazi contre juif, et je me battais pour la meilleure cause. Le sentiment passionné qui m’animait alors eût pu ne pas suffire à me tirer de là si Bollacher, en voulant m’assener7 un coup que j’évitai, n’avait trébuché et ne s’était coincé entre deux pupitres8 au moment où Pompetzki en personne entrait dans la classe. Bollacher se mit sur pied. Me désignant du doigt tandis que des larmes de mortification9 coulaient sur ses joues, il dit :

— Schwarz m’a attaqué. Pompetzki me regarda. — Pourquoi avez-vous attaqué Bollacher ? — Parce qu’il m’a insulté, dis-je, tremblant de tension et de rage. — Il vous a insulté ? Que vous a-t-il dit ? demanda Pompetzki avec douceur. — Il m’a dit de retourner en Palestine, répondis-je. — Oh, je vois, dit Pompetzki avec un sourire, mais ce n’est pas une insulte, mon cher

Schwarz ! C’est plutôt un conseil amical. Asseyez-vous tous les deux. Si vous voulez vous battre, battez-vous dehors autant que vous voudrez. Mais souvenez-vous Bollacher, qu’il vous faut être patient. Bientôt, tous nos problèmes seront résolus. Et maintenant, revenons à notre cours d’histoire.

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Séquence 6séance 2 —

1 5 10 15 20 25 30 35 40 45

Jusqu’alors, je ne m’étais jamais heurté à plus d’animosité1 que celle que l’on trouve généralement parmi des garçons de classes sociales et d’intérêts différents. Personne ne semblait avoir une opinion bien arrêtée à mon sujet et je n’avais jamais subi d’intolérance religieuse ou raciale. Mais lorsque j’arrivai au lycée un matin, j’entendis à travers la porte close de ma classe le bruit d’une violente discussion. « Les Juifs, entendis-je, les Juifs. » Ces mots étaient les seuls que je puisse distinguer, mais ils se répétaient en chœur et l’on ne pouvait se méprendre2 sur la passion avec laquelle ils étaient proférés3. J’ouvris la porte et la discussion cessa brusquement. Six ou sept garçons, debout, formaient un groupe. Ils me regardèrent fixement comme s’ils ne m’avaient jamais vu. Cinq d’entre eux gagnèrent leur place en traînant les pieds, mais deux autres, Bollacher, l’inventeur de « Castor et Pollack4 », qui me parlait à peine depuis un mois, et Schulz, un rustre5 agressif qui pesait bien soixante-seize kilos, fils d’un pauvre pasteur de village, destiné à suivre la voie de son père, me regardèrent droit dans les yeux. Bollacher ricana — cette sorte de ricanement supérieur et stupide qu’arborent certaines personnes lorsqu’elles voient un babouin au zoo — mais Schulz, se pinçant le nez comme s’il sentait une mauvaise odeur, me dévisagea d’un air provoquant. J’hésitai un instant. Je pensais avoir une chance sur deux au moins de terrasser6 ce gros lourdaud, mais je ne voyais pas comment cela pourrait arranger les choses. Une trop grande quantité de poison s’était déjà infiltrée dans l’atmosphère du lycée. J’allai donc à ma place et fis semblant de jeter un dernier coup d’œil sur mes devoirs du soir, à l’exemple de Conrad, qui se donnait un air trop occupé pour prêter attention à ce qui se passait. Or, encouragé par mon indécision à relever le défi de Schulz, Bollacher se précipita vers moi. « Pourquoi ne retournes-tu pas en Palestine, d’où tu es venu ? » hurla-t-il. Et, tirant de sa poche un petit bout de papier imprimé, il le lécha et le colla sur mon banc, devant moi. Il y était écrit : « Les Juifs ont ruiné l’Allemagne. Citoyens, réveillez-vous ! »

— Ote-moi ça, dis-je. — Ote-le toi-même, répondit-il. Mais attention, si tu le fais, je te casse la figure.

C’était le moment critique. La plupart des garçons, y compris Conrad, se levèrent pour voir ce qui allait se passer. Cette fois, j’avais trop peur pour hésiter. C’était vaincre ou mourir. De toutes mes forces, je frappai Bollacher au visage. Il chancela, puis revint vers moi. Ni l’un ni l’autre n’avions la moindre expérience de la lutte ; dans ce combat, les règles étaient ignorées… oui, mais c’était également nazi contre juif, et je me battais pour la meilleure cause. Le sentiment passionné qui m’animait alors eût pu ne pas suffire à me tirer de là si Bollacher, en voulant m’assener7 un coup que j’évitai, n’avait trébuché et ne s’était coincé entre deux pupitres8 au moment où Pompetzki en personne entrait dans la classe. Bollacher se mit sur pied. Me désignant du doigt tandis que des larmes de mortification9 coulaient sur ses joues, il dit :

— Schwarz m’a attaqué. Pompetzki me regarda. — Pourquoi avez-vous attaqué Bollacher ? — Parce qu’il m’a insulté, dis-je, tremblant de tension et de rage. — Il vous a insulté ? Que vous a-t-il dit ? demanda Pompetzki avec douceur. — Il m’a dit de retourner en Palestine, répondis-je. — Oh, je vois, dit Pompetzki avec un sourire, mais ce n’est pas une insulte, mon cher

Schwarz ! C’est plutôt un conseil amical. Asseyez-vous tous les deux. Si vous voulez vous battre, battez-vous dehors autant que vous voudrez. Mais souvenez-vous Bollacher, qu’il vous faut être patient. Bientôt, tous nos problèmes seront résolus. Et maintenant, revenons à notre cours d’histoire.

A À l’épreuve de l’antisémitisme

1- Pour quelle raison une dispute éclate-t-elle entre Hans et ses camarades ?

2- « Une trop grande quantité de poison s’était déjà infiltrée dans l’atmosphère du lycée » (l. 17-18). De quel poison s’agit-il ?

je sais déjà L’impératif présent

L’impératif présent n’a pas de sujet exprimé et ne comporte que trois personnes : 2e du singulier, 1re et 2e du pluriel.

Les terminaisons des verbes du 1er groupe : -e, -ons, -ez

Exemple : mange, mangeons, mangez.

Attention : certains verbes du 3e groupe se conjuguent sur le même modèle.

Exemples : cueille, cueillons, cueillez / souffre, souffrons, souffrez…

Les terminaisons des autres verbes : -s, -ons, -ez

Exemple : finis, finissons, finissez.

Attention : la 2e personne du singulier prend un –s devant en et y

Exemple : Ils vendent des oranges au marché, vas-y et rapportes-en.

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Séquence 6 — séance 2

3- « Les juifs ont ruiné l’Allemagne. Citoyens, réveillez-vous » (l. 24)

a) Quels sont le temps et le mode du verbe souligné ? Quelle est la valeur de ce mode ?

b) Explique le sens de ce slogan à la lumière de tes réponses précédentes.

c) Transpose le verbe souligné à la troisième personne en commençant la phrase par : Que le citoyen … Quel mode as-tu employé ?

d) Des lignes 32 à 34, trouve le verbe conjugué au subjonctif plus-que-parfait. Quelle est sa valeur ?

je sais déjà Le subjonctif

1- La conjugaison du subjonctif

Le mode subjonctif comprend quatre formes : présent, passé, imparfait et plus-que-parfait.

Le subjonctif présent

Les terminaisons sont toujours les mêmes quel que soit le groupe du verbe :

-e, -es, -e, -ions, -iez, -ent sauf pour « être » et « avoir » qui ont au singulier -s, -s-, -t

Attention : Quelques verbes du 3e groupe sont irréguliers !

Ex. : aller : que j’aille ; faire : que je fasse ; falloir : qu’il faille ; pouvoir : que je puisse ; savoir : que je sache, vouloir : que je veuille.

Le subjonctif passé

C’est le temps composé qui correspond au subjonctif présent ; il se forme au moyen de l’auxiliaire « être » ou « avoir » conjugué au subjonctif présent suivi du participe passé.

Ex. : que je sois sorti, que j’aie frappé.

Le subjonctif imparfait

Il est assez rare et ne se rencontre que dans un niveau de langue soutenu, le plus souvent à la 3e personne du singulier.

Il est formé sur le radical du passé simple suivi des terminaisons :

-sse, -sses, - ^t, -ssions, -ssiez, -ssent.

Ex. : il fallait qu’il le crût, il fallait que je réussisse.

Le subjonctif plus-que-parfait

C’est le temps composé qui correspond au subjonctif imparfait. Il se forme au moyen de l’auxiliaire « être » ou « avoir » conjugué au subjonctif imparfait suivi du participe passé.

Ex : que je fusse tombé, que vous eussiez réussi.

2- Les valeurs et les emplois du subjonctif

Le subjonctif exprime des actions possibles, incertaines liées à des sentiments ou à des volontés. Il peut s’employer soit dans des propositions indépendantes ou principales soit dans des propositions subordonnées.

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© Cned, Français 3e — 153

Le subjonctif employé dans les propositions indépendantes ou principales

Il peut exprimer :

- L’ordre, l’interdiction : Ex : Qu’il cesse immédiatement ce comportement abject !

- Le souhait : Pourvu que Conrad intervienne !

- La condition : Qui l’eût cru qu’ils en arriveraient à de tels agissements !

- La concession : Dussé-je me faire casser la figure, je ne baisserai pas les bras.

Le subjonctif employé dans les propositions subordonnées conjonctives

Il est employé après les verbes exprimant :

- une volonté Ex : Je veux que tu lui viennes en aide.

- un sentiment Ex : Je crains qu’il n’intervienne trop tard.

- un jugement Ex : Je crois qu’ils agissent mal.

Il peut aussi être employé après des verbes d’opinion dans les phrases à la forme négative ou interrogative. Dans ce cas, on peut hésiter entre les modes indicatif et subjonctif. L’indicatif va exprimer une plus grande certitude que le subjonctif.

- Le mode indicatif Ex : Je ne crois pas qu’il intervient pour défendre son ami.

- Le mode subjonctif Ex : Je ne crois pas qu’il intervienne pour défendre son ami.

4- Souligne les verbes conjugués au subjonctif présent et transpose-les au subjonctif passé sans changer de personne.

1) Que personne ne sorte de la salle de classe.

2) Il est regrettable que tu accordes foi à ces inepties.

3) Dommage que tu arrives après la dispute, tu aurais pu intervenir.

4) Il faut absolument que Bollacher réfléchisse avant d’agir.

5) Qu’il soit influencé par des idées racistes n’étonne personne.

5- Recopie les phrases en conjuguant les verbes entre parenthèses à l’imparfait du subjonctif.

1) Il n’était pas nécessaire qu’il (faire) justice lui-même.

2) J’aurais voulu que Conrad (intervenir) dans la dispute.

3) Il fallait absolument qu’il (défendre) ses idées.

4) Il était impossible pour lui qu’il (gagne) le combat.

5) Le professeur voulait qu’ils (cesser) la dispute.

Séquence 6séance 2 —

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— © Cned, Français 3e154

6- Transforme les groupes nominaux complément d’objets en propositions subordonnées

conjonctives complétives. Attention au mode des verbes de ces subordonnées.

1) Il souhaite le retour des beaux jours.

2) Il ne veut pas la mort de ses ennemis.

3) J’attends la fin du livre pour comprendre.

4) Tu crains les bagarres.

5) Je m’étonne de la venue de ses ennemis ici.

7- Sur quels arguments repose l’antisémitisme dans la bouche des élèves ?

B La confrontation entre les élèves

1- Au cours de la dispute, Hans éprouve des sentiments différents. Relève trois expressions

qui décrivent son état d’esprit et analyse l’évolution de ses sentiments.

2- Bollacher menace ainsi Hans aux lignes 26 : « Mais attention, si tu le fais, je te casse la

figure ». Comment analyses-tu la proposition incise, entre virgules ?

Méthodologie

Comment analyser une proposition ?

Une phrase peut comporter une ou plusieurs propositions. Une proposition est un

groupe de mots organisés autour d’un verbe conjugué. La phrase contient donc autant

de propositions que de verbes conjugués.

Ex : Il faut que Hans se défende. deux verbes, deux propositions.

V1 V2

La proposition principale et la proposition indépendante n’ont pas de fonction, on ne

connaît donc que leur nature.

Une proposition subordonnée peut être analysée sur le plan de sa nature et de sa

fonction.

" [Il faut] : proposition principale

" [que Hans se défende.] : proposition subordonnée conjonctive, complément d’objet

direct du verbe de la principale « falloir ».

Séquence 6 — séance 2

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© Cned, Français 3e — 155

Les propositions subordonnées circonstancielles de condition Dans le système hypothétique, les faits exprimés par la principale et la subordonnée sont liés : pour que le fait exprimé dans la principale se réalise, il faut que la condition exprimée dans la subordonnée se réalise.Ex : Si tu ôtes le papier, je te casse la figure.Le plus souvent, la subordonnée est introduite par si et est au mode indicatif.Le temps de la subordonnée introduite par si peut varier selon que la condition est envisagée comme réalisable, irréalisable ou non réalisée." Si + présent de l’indicatif : condition considérée comme réalisable.Ex. : Si tu ôtes le papier, je te casse la figure." Si + imparfait de l’indicatif : condition considérée comme irréalisable ou réalisable dans l’avenirEx. : Si Conrad était courageux, il serait intervenu." Si + plus-que-parfait : condition non réalisée dans le passéEx : Si Conrad avait été courageux, il aurait pu défendre son ami.Mais la subordonnée peut aussi être introduite par une locution conjonctive : son verbe est alors soit au conditionnel soit au subjonctif.Ex. : - Au cas où Conrad serait courageux, il défendrait son ami. Conditionnel - Pour peu qu’il soit courageux, il défendrait Hans. Subjonctif

j e retiens

3- Souligne les propositions subordonnées de condition et entoure le subordonnant :

1) Ses parents ont accepté de le recevoir à condition qu’il ne parle pas de religion.

2) Si vous voulez continuer à vous voir, il faudra ne pas parler de religion.

3) Pour peu que le professeur adhère à ses idées, il pourra continuer ses brimades.

4) Je t’ai apporté le tract, au cas où tu ne l’aurais jamais lu.

5) Dès lors que vous aurez frappé un camarade, vous serez sanctionné.

4- Recopie les phrases en conjuguant le verbe de la subordonnée aux temps et mode qui conviennent :

1) Il viendra avec plaisir en classe, pour peu que vous (savoir) être corrects.

2) Si c’(être) possible, Hans aurait préféré ne pas se battre.

3) Au cas où Hans (rencontrer) le groupe d’élèves, il serait préférable de les éviter.

4) Conrad l’aurait aidé si Hans le lui (demander).

5) Il vous laissera entrer dans la classe à condition que vous (respecter) les autres élèves.

C Les réactions des personnes extérieures

1- a) Le professeur d’histoire donne-t-il raison à Hans ou à Bollacher ?

b) lignes 44-45 : « Mais souvenez-vous, Bollacher, qu’il vous faut être patient. Bientôt, tous nos problèmes seront résolus ». Selon toi, quels sont les problèmes évoqués de façon insidieuse par le professeur ?

Séquence 6séance 2 —

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— © Cned, Français 3e156

2- a) Quel est le comportement de Conrad pendant la dispute ?

b) Hans trouve-t-il de l’aide autour de lui ? En quoi cela rend-il encore plus difficile cette confrontation ?

c) À ton avis, que va-t-il se passer après cet épisode ? Hans osera-t-il revenir à l’école ? Que peut-on craindre ?

Poursuis ta lecture au moins jusqu’au chapitre 17 pour la séance 4.

D Expression écrite

Imagine que le professeur intervienne différemment : il sermonne les garçons et prend la défense de Hans. Tu utiliseras des verbes au subjonctif pour exprimer l’ordre, l’interdiction, la volonté ou encore l’indignation.

Après avoir terminé ton travail, lis dans ton livret de corrigés un exemple de ce qu’il était possible d’écrire.

Séquence 6 — séance 2

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© Cned, Français 3e — 157

Séance 3Histoire des Arts : la propagande nazie

Durée : 1h30

L’objectif de cette séance est de te préparer à l’épreuve d’histoire des arts. Tu étudieras des affiches

de propagande nazie afin de mieux comprendre l’Allemagne dans laquelle se déroule l’histoire de

L’Ami retrouvé.

Lors de l’épreuve d’Histoire des Arts, tu pourras être interrogé sur des œuvres aux

supports variés. Tu dois être capable d'identifier la nature de celles-ci. Voici un petit

lexique des arts, il te donnera une petite idée de ce qui t’attend. Tu peux être par exemple

interrogé sur :

- Une affiche publicitaire : elle associe le plus souvent du texte et de l’image. Elle est

destinée à vanter un produit ou à inciter à adhérer à une cause (comme dans une affiche

de propagande).

- Une œuvre architecturale : construction d’édifices (cathédrale, châteaux…) et

agencement de jardins (jardins à la française de Versailles conçus par Le Nôtre).

- La bande-dessinée : tu peux te référer à la séance 3 de la séquence 5 pour réviser le

vocabulaire de cet art.

- Le cinéma : un extrait de film, une bande-annonce…

- La peinture, la photographie, la sculpture…

- La musique (chanson, opéra, comédie musicale…)

Prends ton cahier. Note le numéro et le titre de la séance en rouge. Souligne-les. Fais ensuite le

travail demandé.

Séquence 6séance 3 —

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— © Cned, Français 3e158

A Savoir lire et analyser une affiche de propagande

Observe attentivement l’affiche suivante puis réponds aux questions.

Vive l’Allemagne, affiche (v.1935), collection privée © Peter Newark Pictures / The Bridgeman Art Library.

1- Quel personnage historique reconnais-tu sur cette affiche ? Décris-le précisément (vêtements, décorations militaires, objets tenus dans les mains, attitude…).

2- Selon toi, quel est le contexte historique lié à cette image ? Qu’est-ce qui te permet de répondre ?

3- Que peux-tu dire de la place que prend ce personnage dans l’image ?

4- Que distingues-tu à l’arrière-plan en bas ?

5- Qu’est-ce qui est représenté en haut à l’arrière-plan ?

6- Observe attentivement la composition de l’affiche.

a) Comment sont représentées les personnes qui sont à l’arrière-plan ?

b) Comment au contraire est représenté l’objet tenu par le personnage ?

c) Selon toi, pourquoi les lignes sont-elles opposées ? Que symbolisent-elles ?

d) Quel élément à l’arrière plan peut alors symboliser l’ordre et la stabilité retrouvés ? Justifie ta réponse.

Séquence 6 — séance 3

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© Cned, Français 3e — 159

Savoir analyser une image

Il existe des techniques pour analyser une image. Voici quelques exemples d’éléments que tu peux commenter pour arriver à une interprétation de l’œuvre.

- La composition : lignes qui structurent l’espace (diagonales, horizontales, circulaires…) et qui guident la direction du regard.

- Les plans : ils organisent les éléments dans l’espace (premier plan, second plan, arrière-plan). Ils créent des effets de profondeur et de perspectives

- L’angle de vue : il désigne l’endroit d’où est vue la scène. Il faut faire la différence entre la vue de face (même niveau que le sujet regardé), en plongée (vue d’en haut, le spectateur domine la scène) et en contre-plongée (vue d’en bas, le spectateur est dominé).

- Les couleurs : distinguer les couleurs chaudes (orange, rouge, jaune…) et les couleurs froides (bleu, gris, vert…)

- La lumière : qui permet de mettre en valeur un élément de l’œuvre.

- Le cadrage : c’est un peu le zoom au cinéma. On peut avoir une vue d’ensemble (panorama d’un lieu), un plan général (personnage vu en entier), le plan américain (personnage vu jusqu’à mi-cuisse), le plan rapproché (buste du personnage), le gros plan (visage du personnage) et le très gros plan (détail sur le personnage)

j e retiens

7- À ton avis, quels sentiments traduisent le visage et la position des mains du personnage

principal ?

8- Selon toi, quelles peuvent être les émotions ressenties par les personnes qui à l’époque

regardent l’affiche ?

9- En utilisant toutes tes réponses précédentes, explique le titre de l’affiche.

Vérifie tes réponses dans ton livret de corrigés. Maintenant, lis et mémorise le « Je retiens »

suivant.

L’affiche de propagande

On appelle propagande une stratégie de communication, qui tend à inculquer à grande vitesse des idées à une vaste population. L’affiche de propagande est toujours liée à un contexte historique précis. Elle utilise des procédés qui accrochent le regard : une composition, des lignes de force bien marquées. Le message peut s’appuyer sur des symboles, comme ici la croix gammée, la croix de fer ou des slogans efficaces. Placardée sur les murs l’affiche est un support publicitaire de premier ordre mais aussi un excellent moyen de mener une campagne politique.

j e retiens

Séquence 6séance 3 —

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— © Cned, Français 3e160

B Alimenter le culte de la personnalité

Un peuple, un empire, un chef, affiche (1938), collection privée © Archives Charmet / The Bridgeman Art Library.

1- Quelle est la nature du document ?

2- Quel personnage reconnais-tu ? Où se trouve ce personnage dans l’image ?

3- Dans quelle direction son regard est-il dirigé ? Que signifie cette orientation donnée à son regard d’après toi ?

4- Quels sont les autres symboles qui construisent cette image ?

5- Quelle importance semble être donnée au personnage ? Pour répondre, appuie-toi sur le titre de l’affiche.

Après avoir vérifié tes réponses dans ton livret de corrigés, lis et mémorise le « Je retiens » suivant.

Le culte de la personnalité dans les régimes totalitairesLes totalitarismes sont des systèmes où un homme, ou un parti, imposent une idéologie officielle par des moyens répressifs et une très forte propagande. Le peuple est recadré dans tous les domaines : politiques, sociaux, culturels, familiaux, intellectuels et spirituels. Il doit vouer un véritable culte à la personnalité du leader.

j e retiens

Séquence 6 — séance 3

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© Cned, Français 3e — 161

C Forger la jeunesse

La jeunesse sert le Führer, collection privée © Peter Newark Historical Pictures / The Bridgeman Art Library.

1- Quelle est la nature du document ?

2- Commente la composition de l’affiche en t’appuyant par exemple sur les couleurs, les tailles, l’orientation des visages et regards…

3- Quel est le but de cette affiche ?

Vérifie tes réponses dans ton livret de corrigés. Maintenant, lis et mémorise le « Je retiens » suivant.

La jeunesse hitlérienneLe parti nazi fondait ses espoirs sur la jeunesse hitlérienne. En effet, un des objectifs des nazis était d’embrigader les plus jeunes dans l’antisémitisme et dans la xénophobie en les conditionnant aux modes de pensées nazis par l’intermédiaire des écoles et de l’organisation appelée « Jeunesse hitlérienne ». C’est ce que nous montre cette affiche sur laquelle nous voyons le portrait d’Hitler, ainsi qu’un enfant regardant dans la même direction que lui.

j e retiens

Séquence 6séance 3 —

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— © Cned, Français 3e162

Séquence 6 — séance 3

le coin des curieux

La propagande nazie a beaucoup utilisé les affiches pour servir son idéologie mais il y avait

aussi d’autres moyens : la sculpture, la littérature, la musique et le cinéma par exemple.

Tu peux visionner les premières minutes du film Le Triomphe de la volonté de Leni Riefenstahl,

réalisé en 1935 pour comprendre cela. Le réalisateur utilise le langage cinématographique

pour glorifier et mythifier le régime et Hitler. La séquence d’ouverture fait d’Hitler un dieu

descendu des cieux pour sauver le peuple allemand.

Si le sujet t’intéresse, tu peux également faire des recherches sur la dictature Nord-Coréenne.

Les affiches de propagande y sont encore d’actualité, elles glorifient le pays et ses dirigeants.

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© Cned, Français 3e — 163

Séquence 6séance 4 —

Séance 4Rencontrer l’auteur

Durée : 1h30

Cette séance va te permettre de faire la connaissance de l’auteur, Fred Uhlman. Cet homme a eu un parcours atypique - c’est-à-dire hors du commun - et tu découvriras au fil des séances qu’il s’est inspiré des événements politiques qui ont marqué sa vie pour raconter l’histoire de L’Ami retrouvé.

Prends une nouvelle page. Note le titre de la séquence en rouge.

Saute deux lignes, puis note le titre de la séance en rouge. Fais ensuite le travail demandé.

Nous te proposons de rencontrer Fred Ulhman par le biais d’une interview imaginaire : lis-la bien avant de répondre aux questions.

Interview imaginaire de Fred Ulhman

Fred Ulhman, pouvez-vous vous présenter ?

Je suis né le 19 janvier 1901 à Stuttgart en Allemagne. Ma famille, juive mais peu pratiquante, était installée depuis deux siècles dans ce pays. J’ai fait mes études dans un prestigieux lycée de ma ville natale, puis j’ai effectué des études de droit à l’université pour devenir avocat. Très vite, je me suis engagé en politique et ai adhéré au Parti social-démocrate, adversaire du Parti nazi. Mais après la victoire d’Hitler aux élections législatives de 1932, j’ai échappé de peu à la déportation et ai fui l’Allemagne.

Dans quel pays vous êtes-vous réfugié ?

Je me suis exilé dès 1933 en France. Je me suis installé à Paris et j’ai fréquenté les milieux artistiques et en particulier le monde de la peinture. Je me suis moi-même mis à peindre et ai connu un certain succès.

C’est votre portrait ici ?

Kurt Schwitters, Portrait de Fred Uhlman, 1940 © ADAGP/ The Bridgeman Art Library

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— © Cned, Français 3e164

Séquence 6 — séance 4

Oui, c’est un portrait de moi réalisé par Kurt Schwitters dans les années 1940. Lui aussi

devra quitter l’Allemagne après l’arrivée du parti nazi au pouvoir. Ses tableaux seront

décrochés des murs des musées allemands et ses œuvres figureront à l’exposition de

l’ « art dégénéré » à Munich.

Pourriez-vous nous expliquer ce qu’était l’ « art dégénéré » ?

C’est l’expression employée par les nazis pour qualifier les œuvres artistiques qui ne

correspondaient pas à l’art officiel qui servait le parti. À cette exposition, les visiteurs

étaient invités à confronter les productions de malades mentaux et celles de représentants

de l’avant-garde…

Êtes-vous resté à Paris ?

Non, je suis parti en Espagne où j’ai rencontré Diana, fille d’un parlementaire anglais.

Nous nous sommes alors installés en Angleterre. J’ai essayé d’y faire venir mes parents

restés en Allemagne mais ils ont refusé. Ils sont morts en déportation. Ma sœur

également a connu un sort funeste, elle s’est jetée sous le train qui devait les mener, elle

et son bébé, au camp d’Auschwitz.

Quelle vie avez-vous menée en Angleterre ?

J’ai appris rapidement l’anglais et n’ai plus jamais parlé ma langue natale. J’ai renié

totalement mes origines. Nous avons été recueillis par un groupe d’intellectuels refugiés

eux-aussi et nous avons imaginé des moyens de combattre les nazis. Nous avons créé

ensemble la Ligue allemande libre pour la culture. En 1940, j’ai été arrêté par le gouvernement

britannique qui me suspectait d’être un espion parce que j’étais allemand. J’ai passé six

mois sur l’île de Man, située en mer d’Irlande.

Quand avez-vous commencé à écrire ?

J’ai commencé tardivement ma carrière d’écrivain ou plutôt d’autobiographe. En réalité,

je me suis beaucoup inspiré de ma vie pour écrire. En 1960, j’avais déjà 59 ans, mes

souvenirs ont été publiés sous le titre Il fait beau aujourd’hui. Après quelques difficultés, j’ai

publié ensuite en 1971 Reunion, une autobiographie romancée écrite en anglais et traduite

en français en 1978 sous le titre L’Ami retrouvé. Le récit est écrit à la première personne

mais le narrateur ne porte pas mon prénom. Hans est évidement un personnage qui

a beaucoup de points communs avec moi. J’ai écrit une suite à ce roman, La Lettre de Conrad, mais je ne voulais pas que cette œuvre soit publiée avant ma mort.

Vous avez beaucoup voyagé au cours de votre vie, quelle est votre nationalité de cœur ?

Avant 1933, je me sentais allemand avant d’être juif, je suis maintenant européen.

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© Cned, Français 3e — 165

Séquence 6séance 4 —

1- Fred Ulhman nous a raconté brièvement sa vie et celle de ses parents, mais as-tu bien lu ? Pour vérifier ta compréhension, entoure dans la grille ci-après les mots correspondant aux définitions proposées.

Horizontalement

a- Camp où devait être emmenée la sœur de Fred Ulhman

b- Comme Hans, Fred Ulhman est : _ _ _ _ .

c- Prénom de l’auteur

d- Pays d’Europe où il a vécu adulte

e- Pays d’origine de Fred Uhlman

f- Fait de regrouper dans un camp un groupe de personnes pour les exterminer

Verticalement

a- Ville d’origine de Fred Ulhman

b- Titre anglais de L’Ami retrouvé

c- Fait de quitter son pays

2- Selon toi, pourquoi Fred Ulhman n’a-t-il pas écrit l’histoire de L’Ami retrouvé dans sa langue maternelle mais en anglais ?

3- Pourquoi Fred Uhlman a-t-il souhaité, selon-toi, publier cette histoire personnelle et douloureuse ?

4- Cherche la définition du mot « autobiographie » dans un dictionnaire. Peut-on dire que L’Ami Retrouvé est une autobiographie ? Justifie ta réponse.

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— © Cned, Français 3e166

Séquence 6 — séance 4

Les caractéristiques de l’écriture autobiographiqueL’autobiographie*Le mot « autobiographie » est formé de plusieurs éléments provenant du grec ancien que l’on peut décomposer ainsi : - Auto (du grec au\tov, « soi-même »)- bio (du grec bi/ov, « vie »)- graphie (du grec grafei=n, « écrire »)Il s’agit donc d’écrire soi-même sa propre vie. L’auteur écrit le plus souvent à la première personne du singulier et affirme qu’il s’efforcera d’être sincère. Il passe avec son lecteur un pacte de confiance que l’on peut aussi appeler un pacte autobiographique. L’auteur, le narrateur et le personnage sont donc une et même personne. Le roman autobiographique*Un écrivain peut faire le choix de raconter sa vie derrière un double, un personnage fictif. C’est le cas dans L’Ami retrouvé : Fred Ulhman choisit de raconter une partie de sa vie en se dissimulant derrière le personnage de Hans.Il ne faut pas confondre ces récits avec une biographie* qui est l’écriture de la vie d’une autre personne que soi.

j e retiens

le coin des curieux

Si tu as envie de connaître davantage la vie de Fred Ulhman, nous te conseillons de lire son

autobiographie Il fait beau à Paris aujourd’hui. Il y raconte notamment son départ précipité de

son pays natal. En voici quelques lignes :

« Le 23 mars, Pazaurek me téléphona. Il avait vu Dill, un juge avec lequel j’avais toujours été

en bons termes et qui, je fus choqué de le découvrir, se révéla être un vieux membre du parti nazi.

Dill lui avait dit : « Si vous voyez Uhlmännle (le petit Uhlman), dites-lui qu’il fait beau à Paris

aujourd’hui. Dites-lui bien aujourd’hui ».

J’avais compris. Je rassemblai quelques vêtements, pris un peu d’argent et, sans pouvoir

même dire au revoir à mes parents, sautai dans ma voiture et partis.

C’est ainsi que je quittai ma patrie, la ville où j’avais passé trente-deux ans de ma vie… »

Fred Uhlman, Il fait beau à Paris aujourd’hui, Éditions Stock, 2001, p.194.

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© Cned, Français 3e — 167

Séquence 6séance 4 —

Tu peux également t’intéresser aux peintres qui ont été classés par les nazis dans l’ « art dégénéré » : Picasso, Otto Dix, Max Ernst, Marc Chagall…

Otto Dix, Portrait de la journaliste Sylvia von Harden, 1926 © ADAGP / Giraudon / The Bridgeman Art Library.

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— © Cned, Français 3e168

Séquence 6 — séance 5

Séance 5Écrire une lettre

Durée : 1h30

L’objectif de cette séance est de réviser les codes de la lettre et de travailler l’argumentation.

Prends ton cahier. Note le numéro et le titre de la séance en rouge. Souligne-les. Fais ensuite le travail demandé.

L’amitié entre les deux garçons est de plus en plus difficile à cause du contexte politique en Allemagne. Ils s’éloignent progressivement et Hans, suite à la décision de ses parents, va quitter son pays pour se réfugier aux Etats-Unis. Au chapitre 17, comme tu l’as déjà lu par toi-même, Conrad lui écrit une lettre avant son départ.

Relis-la attentivement ci-dessous et écoute-la à la piste 14 de ton CD :

1 5 10 15 20 25

Mon cher Hans, C’est là une lettre difficile. Laisse-moi d’abord te dire combien je suis triste de te voir partir pour l’Amérique. Il ne peut être aisé pour toi, qui aimes l’Allemagne, de commencer une vie nouvelle en Amérique, pays avec lequel toi et moi n’avons rien en commun, et j’imagine ton amertume1 et ton chagrin. D’autre part, c’est probablement la chose la plus sensée que tu puisses faire. L’Allemagne de demain sera différente de celle que nous avons connue. Ce sera une Allemagne nouvelle sous la conduite de l’homme qui va décider de notre destin et de celui du monde entier pour des siècles à venir. Tu seras scandalisé si je te dis que je crois en cet homme. Lui seul peut préserver notre pays bien-aimé du matérialisme2 et du bolchevisme3 ; c’est grâce à lui seul que l’Allemagne regagnera l’ascendant moral4 qu’elle a perdu par sa propre folie. Tu n’en conviendras pas, mais je ne vois pas d’autre espoir pour l’Allemagne. Il nous faut choisir entre Staline5 et Hitler, et je préfère Hitler. Sa personnalité et sa sincérité m’ont impressionné plus que je ne l’eusse cru possible. J’ai fait récemment sa connaissance alors que je me trouvais à Munich avec ma mère. Extérieurement, c’est un petit homme quelconque, mais, dès qu’on l’écoute, on est entraîné par sa force de conviction, sa volonté de fer, sa violence inspirée et sa perspicacité prophétique6. En sortant, ma mère était en larmes et ne cessait de répéter : « C’est Dieu qui nous l’a envoyé. » Je suis plus fâché que je ne saurais dire de ce que, pour un certain temps — peut-être un an ou deux — il n’y aura pas place pour toi dans cette Nouvelle Allemagne. Mais je ne vois pas pourquoi tu ne reviendrais pas plus tard. L’Allemagne a besoin de gens comme toi et je suis convaincu que le Führer est parfaitement capable et désireux de choisir, parmi les éléments juifs, entre les bons et les indésirables. Car celui qui vit près de son lieu d’origine

Répugne à le quitter. Je suis heureux que tes parents aient décidé de rester. Bien entendu, personne ne les molestera7 et ils pourront vivre et mourir ici en paix et en sécurité. Peut-être, un jour, nos chemins se croiseront-ils de nouveau. Je me souviendrai toujours de toi, cher Hans ! Tu as eu sur moi une grande influence. Tu m’as appris à penser, et à douter, et, grâce au doute, à trouver Notre-Seigneur et Sauveur Jésus-Christ. Bien à toi, Conrad v. H.

Fred Uhlman, L’Ami retrouvé (1971), traduit par Léo Lack © Éditions Gallimard « Tous les droits d’auteur de ce texte sont réservés. Sauf autorisation, toute

utilisation de celui-ci autre que la consultation individuelle et privée est interdit Notes : 1 - « amertume » (l.5) : rancœur, déception. 2 - « matérialisme » (l.9) : attitude qui consiste à s’attacher à la jouissance de biens matériels. 3 - « bolchevisme » (l.9) : communisme russe. Les Nazis détestent les communistes qui sont pour eux responsables, comme les Juifs, des malheurs de l’Allemagne. 4 - « ascendant moral (l.10) : grandeur, pouvoir. 5 - « Staline » (l.12) : Joseph Staline, homme politique russe qui arrive au pouvoir en 1924 après la mort de Lénine. Il impose rapidement un régime totalitaire. 6 - « perspicacité prophétique » (l. 16) : lucidité, clairvoyance quant à l’avenir. 7 - « molestera » (l. 24) : violentera, persécutera.

www.gallimard.fr

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Séquence 6séance 5 —

1 5 10 15 20 25

Mon cher Hans, C’est là une lettre difficile. Laisse-moi d’abord te dire combien je suis triste de te voir partir pour l’Amérique. Il ne peut être aisé pour toi, qui aimes l’Allemagne, de commencer une vie nouvelle en Amérique, pays avec lequel toi et moi n’avons rien en commun, et j’imagine ton amertume1 et ton chagrin. D’autre part, c’est probablement la chose la plus sensée que tu puisses faire. L’Allemagne de demain sera différente de celle que nous avons connue. Ce sera une Allemagne nouvelle sous la conduite de l’homme qui va décider de notre destin et de celui du monde entier pour des siècles à venir. Tu seras scandalisé si je te dis que je crois en cet homme. Lui seul peut préserver notre pays bien-aimé du matérialisme2 et du bolchevisme3 ; c’est grâce à lui seul que l’Allemagne regagnera l’ascendant moral4 qu’elle a perdu par sa propre folie. Tu n’en conviendras pas, mais je ne vois pas d’autre espoir pour l’Allemagne. Il nous faut choisir entre Staline5 et Hitler, et je préfère Hitler. Sa personnalité et sa sincérité m’ont impressionné plus que je ne l’eusse cru possible. J’ai fait récemment sa connaissance alors que je me trouvais à Munich avec ma mère. Extérieurement, c’est un petit homme quelconque, mais, dès qu’on l’écoute, on est entraîné par sa force de conviction, sa volonté de fer, sa violence inspirée et sa perspicacité prophétique6. En sortant, ma mère était en larmes et ne cessait de répéter : « C’est Dieu qui nous l’a envoyé. » Je suis plus fâché que je ne saurais dire de ce que, pour un certain temps — peut-être un an ou deux — il n’y aura pas place pour toi dans cette Nouvelle Allemagne. Mais je ne vois pas pourquoi tu ne reviendrais pas plus tard. L’Allemagne a besoin de gens comme toi et je suis convaincu que le Führer est parfaitement capable et désireux de choisir, parmi les éléments juifs, entre les bons et les indésirables. Car celui qui vit près de son lieu d’origine Répugne à le quitter. Je suis heureux que tes parents aient décidé de rester. Bien entendu, personne ne les molestera7 et ils pourront vivre et mourir ici en paix et en sécurité. Peut-être, un jour, nos chemins se croiseront-ils de nouveau. Je me souviendrai toujours de toi, cher Hans ! Tu as eu sur moi une grande influence. Tu m’as appris à penser, et à douter, et, grâce au doute, à trouver Notre-Seigneur et Sauveur Jésus-Christ. Bien à toi, Conrad v. H.

Fred Uhlman, L’Ami retrouvé (1971), traduit par Léo Lack © Éditions Gallimard « Tous les droits d’auteur de ce texte sont réservés. Sauf autorisation, toute

utilisation de celui-ci autre que la consultation individuelle et privée est interdite » www.gallimard.fr Notes : 1 - « amertume » (l.5) : rancœur, déception. 2 - « matérialisme » (l.9) : attitude qui consiste à s’attacher à la jouissance de biens matériels. 3 - « bolchevisme » (l.9) : communisme russe. Les Nazis détestent les communistes qui sont pour eux responsables, comme les Juifs, des malheurs de l’Allemagne. 4 - « ascendant moral (l.10) : grandeur, pouvoir. 5 - « Staline » (l.12) : Joseph Staline, homme politique russe qui arrive au pouvoir en 1924 après la mort de Lénine. Il impose rapidement un régime totalitaire. 6 - « perspicacité prophétique » (l. 16) : lucidité, clairvoyance quant à l’avenir. 7 - « molestera » (l. 24) : violentera, persécutera.

A Le genre de la lettre

je sais déjà

Les codes de la lettre

Dans une lettre, on peut lire différentes informations :

- Le nom de la personne qui écrit la lettre dans la signature : c’est l’auteur.

- Le nom de la personne qui reçoit la lettre dans la formule d’appel : c’est le destinataire.

- La date à laquelle la lettre a été écrite.

- Des nouvelles de la personne qui écrit.

1- Surligne dans l’extrait tous les indices qui prouvent qu’il s’agit d’une lettre puis complète le tableau ci-dessous.

Formule d’appel ...............................................................Formule d’introduction ...............................................................

Formule de politesse ...............................................................Signature ...............................................................

Vérifie dans ton livret de corrigés que tu as correctement complété le tableau.

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Séquence 6 — séance 5

2- Voici une lettre à trous. Tu dois remettre à la bonne place les expressions ci-dessous.

Bien à toi Le 28 mars 1933 Mon cher Hans Ton fidèle ami

Je t’écris cette courte lettre pour te demander de tes nouvelles. Tu n’es pas venu hier au collège et je m’inquiète pour toi. As-tu besoin d’aide ?

Vérifie tes réponses dans ton livret de corrigés avant de poursuivre.

B L’expression des sentiments

1- Quelles sont les raisons qui poussent Conrad à écrire cette lettre ?

2- Quels sont les différents sentiments de Conrad envers son ami lorsqu’il lui écrit ?

3- En t’aidant de tes réponses précédentes, explique en quoi les propos de Conrad sont contradictoires et ambigus.

4- En quoi pourrait-on dire que Conrad a été largement influencé par la propagande du régime nazi ?

C Les indices de la subjectivité

1- Relève des expressions qui montrent l’optimisme de Conrad quant au retour de Hans dans son pays natal.

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Séquence 6séance 5 —

2- « je ne vois pas pourquoi » (l. 19), « je suis convaincu » (l. 20)

a) À quelle personne sont conjugués les verbes de ces deux phrases ?

b) Qu’expriment-ils tous deux ?

3- « Je suis heureux que tes parents aient décidé de rester. Bien entendu, personne ne les molestera et ils pourront vivre et mourir ici en paix et en sécurité » (l. 24-25).

Conrad rassure son ami mais a-t-il raison d’être aussi confiant en l’avenir ? Qu’en penses-tu ?

Compare tes réponses avec celles de ton livret de corrigés.

D Travail d’écriture

À la réception de la lettre de son ami, Hans décide de lui répondre. En une trentaine de lignes, il exprimera son incompréhension face à l’adhésion de Conrad aux idées d’Hitler, sa tristesse de s’éloigner de ses parents et son regret de quitter son pays et son ami.

Pour réussir cet exercice tu dois :

- Imaginer la réponse de Hans à la lettre de Conrad

- Exprimer l’incompréhension de Hans face à l’adhésion de Conrad aux idées d’Hitler

- Exprimer la tristesse de Hans de s’éloigner de ses parents

- Exprimer son regret de quitter son pays et son ami

- Respecter les codes de présentation d’une lettre

- Vérifier l’orthographe, les accords sujet/verbe et la ponctuation.

Fais d’abord cet exercice sur ta feuille de brouillon. Vérifie ensuite que tu as bien respecté les consignes en complétant le tableau ci-dessous.

Je vérifie que… FaitJ’ai imaginé la réponse de Hans à la lettre de Conrad.J’ai exprimé l’incompréhension de Hans face à l’adhésion de Conrad aux idées d’Hitler.J’ai exprimé la tristesse de Hans de s’éloigner de ses parents.J’ai exprimé son regret de quitter son pays et son ami.J’ai respecté les codes de présentation d’une lettre.J’ai vérifié l’orthographe, les accords sujet/verbe et la ponctuation.

Si toutes les consignes ont été respectées, recopie ta lettre sur ton cahier. Lis ensuite dans le corrigé un exemple de ce qu’il était possible d’écrire.

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Séquence 6 — séance 5

le coin des curieux

Si tu as envie de découvrir des romans construits par lettres, tu peux lire aussi :

- Inconnu à cette adresse de K. Taylor.

- Le cercle littéraire des amateurs des épluchures de patates de Mary Ann Shaffer et Annie

Barrows.

- Une bouteille dans la mer de Gaza de V. Zénatti.

- L’enfant d’Hiroshima d’Isoko et Ichiro Hatano.

- Lettres à une disparue de V. Massenot

- Lettres de l’intérieur, J. Marsden

- La lettre de Conrad, F. Uhlman

Pour la séance suivante, termine de lire L’Ami retrouvé si ce n’est déjà fait !

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Séquence 6séance 6 —

Séance 6Comprendre le sens du titre L’Ami retrouvé

Durée : 1h30

Souviens-toi : au début de la séquence 5, tu t’es interrogé(e) sur le sens du titre l’Ami retrouvé. Nous arrivons au terme du roman et de notre étude et la question reste en suspens. Sois rassuré(e) : c’est dans cette ultime séance, consacrée à la fin du roman, qu’enfin ta curiosité va être satisfaite.

Prends ton cahier. Note le numéro et le titre de la séance en rouge. Souligne-les. Fais ensuite le travail demandé.

1 5 10 15

Je continuai à parcourir toute la liste, sauf les noms commençant par « H », et, quand j’eus fini, je vis que vingt-six garçons de ma classe, sur quarante-six, étaient morts pour « das 1000-jährige Reich.1 » Je reposai la liste… et attendis. J’attendis dix minutes, une demi-heure, sans quitter du regard ces pages imprimées qui émanaient2 de l’enfer de mon passé antédiluvien3 et avaient fait irruption pour me troubler l’esprit et me rappeler quelque chose que je m’étais tant efforcé d’oublier. Je travaillai un peu, donnai quelques coups de téléphone et dictai quelques lettres. Et je ne pouvais encore ni délaisser cet appel, ni me forcer à chercher le nom qui m’obsédait. Je décidai finalement de détruire cette chose atroce. Avais-je vraiment envie ou besoin de savoir ? S’il était mort ou vivant, quelle différence cela ferait-il pour moi, puisque, de toute façon, je ne le reverrais jamais ? Mais en étais-je bien certain ? Était-il absolument hors de question que la porte pût s’ouvrir pour lui laisser passage ? Et n’étais-je pas, en cet instant même, en train de prêter l’oreille4 pour entendre son pas ? Je saisis le fascicule et j’étais sur le point de le mettre en pièces lorsque, au dernier moment, je retins ma main. M’armant de courage, tremblant, je l’ouvris à la lettre « H » et lus : « VON HOHENFELS, Conrad, impliqué dans le complot contre Hitler. Exécuté. »

Fred Uhlman, L’Ami retrouvé (1971), traduit par Léo Lack © Éditions Gallimard « Tous les droits d’auteur de ce texte sont réservés. Sauf autorisation, toute

utilisation de celui-ci autre que la consultation individuelle et privée est interdite » www.gallimard.fr Notes : 1 - « das 1000-jährige Reich » (l.3) : l’empire de mille ans. Expression nazie qui désigne l’Allemagne créée par Hitler. 2 - « émanaient » (l.6) : sortaient, provenaient. 3 - « antédiluvien » (l.6) : très lointain. Au sens propre, qui date d’avant le Déluge. 4 - « prêter l’oreille » (l.14) : tendre l’oreille, écouter attentivement. Hans a quitté l’Allemagne depuis de nombreuses années et vit maintenant aux États Unis. Il

a épousé une américaine, dont il a eu un enfant, et a mené une brillante carrière d’avocat. Cependant, malgré sa réussite matérielle, le narrateur ne semble pas heureux. Un jour, il reçoit une lettre de son ancien lycée qui va le marquer pour toujours.

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— © Cned, Français 3e174

Séquence 6 — séance 6

A Les doutes de Hans

1- « S’il était mort ou vivant, quelle différence cela ferait-il pour moi, puisque, de toute façon, je ne le reverrais jamais ? » (l. 11-12)

a) À qui se réfère le pronom personnel souligné ?

b) Hans te semble-t-il certain de ne jamais le revoir ? Justifie ta réponse en t’appuyant sur cette phrase.

2- Relève une phrase dans le texte qui montre au contraire qu’il s’attend à le revoir.

B Le poids des souvenirs

1- Montre en citant le texte que le narrateur est plongé dans le passé.

2- Est-il nostalgique de cette période de sa vie ?

C L’effet de surprise

1- Hans parcourt la liste par ordre alphabétique en évitant soigneusement une lettre. Pour quelles raisons ?

2- a) Qu’apprends-tu à la dernière phrase du roman ?

b) Qu’en déduis-tu sur l’évolution idéologique de Conrad après le départ de Hans pour l’Amérique ?

3- Commente la mise en forme et la construction de cette phrase par rapport à celles qui concernent les autres élèves (reporte-toi à ton exemplaire du roman). Que peux-tu en déduire ?

4- Fais le lien avec le titre de l’œuvre.

je sais déjà Un récit à chute

Les récits à chute suscitent la surprise du lecteur à la fin de l’histoire. Un élément vient éclairer l’intrigue et permet le basculement des événements

j'approfondis Les fonctions d’un titre de roman.

Le titre d’un roman peut avoir plusieurs fonctions. D’abord, il permet souvent d’identifier son contenu : L’Ami retrouvé implique qu’il s’agisse d’une histoire d’amitié. Ensuite, il peut attiser la curiosité du lecteur par sa formulation. Ici, le mot « retrouvé » incite le lecteur à s’interroger : « si cet « ami » est « retrouvé », c’est donc qu’il a été perdu. Pourquoi ? Comment ? »

En commençant sa lecture du roman, le lecteur s’attend donc à avoir les réponses à ses questions : on parle alors d’horizon attente. Dans le récit de Fred Uhlman que tu viens de lire, ce n’est qu’à la dernière phrase que le titre prend tout son sens : c’est la chute qui donne enfin au lecteur la réponse à ses interrogations initiales.

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© Cned, Français 3e — 175

Séquence 6séance 6 —

D Expression écrite

Traite l’un des deux sujets au choix :

1- Sujet d’imagination : Imagine les sentiments de Hans lorsqu’il découvre que Conrad a été exécuté pour avoir mené le complot contre Hitler. Tu écriras la suite du passage étudié dans cette séance. Ton récit commencera par cette phrase : « Je reposai la lettre sur mon bureau, me levai pour regarder à la fenêtre et pensai à mon amitié passée avec Conrad… »

Fais d’abord cet exercice sur ta feuille de brouillon. Vérifie ensuite que tu as bien respecté les consignes en complétant le tableau ci-dessous.

Je vérifie que… FaitMon récit est cohérent et est la suite immédiate de l’extrait étudié.Le point de vue du narrateur est conservé.Les temps verbaux sont ceux du passé (imparfait et passé simple)Le vocabulaire des sentiments (regret, nostalgies respect…) et du souvenir est employé.

Si toutes les consignes ont été respectées, recopie ton texte sur ton cahier. Lis ensuite dans le corrigé un exemple de ce qu’il était possible d’écrire.

2- Sujet de réflexion : Selon toi, peut-on tout pardonner par amitié ? Écris cinq phrases en utilisant des propositions subordonnées de condition. Veille à varier les conjonctions ou locutions conjonctives et à conjuguer aux temps et modes appropriés.

Coup de pouce : tu peux commencer ainsi : Je pourrais pardonner à un ami à condition…

Après avoir travaillé au brouillon, recopie tes phrases dans ton cahier. Lis ensuite dans le corrigé un exemple de ce qu’il était possible d’écrire.

le coin des curieux

Si tu as envie d’être surpris(e) à la fin d’un récit, tu peux lire d’autres récits à chute :

- « Pauvre petit garçon » de Dino Buzzati

- « Iceberg » de Fred Kassak

- « La parure » de Guy de Maupassant

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— © Cned, Français 3e176

Séquence 6 — séance 7

Séance 7Je m’évalue

Durée : 1h30

Comme à la fin de chaque séquence, tu vas faire un bilan de ce que tu as appris. Cela te permettra

de faire le point sur ce que tu dois savoir et ce que tu dois être capable de faire pour le devoir.

Complète maintenant le tableau suivant. Bien sûr, si tu as oublié quelque chose ou si tu n’es

pas sûr(e) de toi, tu peux utiliser ton cours. Lorsque tu auras fini, prends le corrigé et vérifie tes

réponses. Il est très important que ce tableau de synthèse ne comporte pas d’erreurs.

Je connais Je suis capable de Les conjonctions de subordination

• Jesaisquelesconjonctionsdesubordination introduisent les propositions .............................. . La conjonction de subordination la plus fréquente est la conjonction .............................. . Je sais qu’il existe aussi des locutions conjonctives comme .............................., .............................. ou .............................. .

• Jesaisquelespropositions subordonnées circonstancielles peuvent exprimer différentes valeurs :

- le t...............................

- la c..............................

- le b..............................

- la c..............................

- l’o................................

- l’h................................

Entourer la conjonction de subordination et délimiter par des crochets la proposition subordonnée qu’elle introduit dans les phrases suivantes :

• Jesaisqu’ilnepardonnerapasàsonami.

• Dèslorsqu’ilquitterasonpays,iltournera la page.

Reconnaître les différentes valeurs des propositions subordonnées circonstancielles

Ex. : Même s’il a quitté son pays, il se souvient du passé.

Subordonnée circonstancielle d' .................................................................

Ex. : Il niera ses origines au point qu’il ne parlera plus allemand.

Subordonnée circonstancielle de .................................................................

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© Cned, Français 3e — 177

Séquence 6séance 7 —

Les propositions subordonnées circonstancielles de condition

• Jesaisquele temps des propositions subordonnées circonstancielles de condition introduites par « si » peut varier.

" Si + présent de l’indicatif : condition considérée comme ..................................

" Si + imparfait de l’indicatif : condition considérée comme .................................. ou réalisable dans l’avenir.

" Si + .................................. de l’indicatif : condition non réalisée dans le passé.

• Maislasubordonnéepeutaussiêtreintroduite par des locutions conjonctives : elle est alors soit au conditionnel soit au subjonctif.

Ex. : - Au cas où je serais courageux, je chausserais mes bottes et affronterais les intempéries.

Mode .................................. - Pour peu qu’il soit courageux, il coupera lui-

même le sapin pour Noël.

Mode ..................................

Conjuguer les verbes des subordonnées circonstancielles de condition au mode et au temps qui conviennent.

1- Si des écrivains ne s’.................... pas .................... (s’engager), ils n’auraient pas défendu la liberté.

2- Si Pablo Néruda (ne pas témoigner) ........................................ en faveur des mineurs, ils auraient été oubliés de tous.

3- Si tous les enfants .................... (accéder) au savoir, la vie serait meilleure.

4- Si je le (pouvoir) ...................., j’irais alphabétiser des enfants qui en ont besoin.

5- Si on .................... (cesser) de recruter des enfants soldats, ceux-ci accèderaient à une vie digne et heureuse.

Les techniques pour analyser un document iconographique : affiche, peinture…

• La composition : les lignes qui structurent l’espace (diagonales, horizontales, circulaires…).

• Les plans : ils organisent les éléments dans l’espace (.................... plan, .................... plan, arrière-plan).

• L’angle de vue : il désigne l’endroit d’où est vue la scène. Il faut faire la différence entre la vue de face, en plongée et en ........................................

• Les couleurs : distinguer les couleurs chaudes et les couleurs froides.

• La lumière : qui permet de mettre en valeur un élément de l’œuvre.

• Le cadrage : c’est un peu le zoom au cinéma. On peut avoir une vue d’ensemble, un plan général, le plan ...................., le plan ...................., le gros plan et le très gros plan.

Tracer les lignes de force sur l’image ci-dessous :

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