35
> Service éducatif DOSSIER P ÉDAGOGIQUE LA DÉSOBÉISSANCE UNE EXPOSITION DE LIONEL SABATTÉ du 8 juillet au 1er octobre 2016 - Au Parvis à Ibos Lionel Sabatté, vue de l’exposition La désobéissance (détail) au centre d’art contemporain du Parvis. Au premier plan : Cygne noir de janvier , 2015. Au second plan : Racines fruitées , 2016. Courtesy de l’artiste. Photo : Alain Alquier

> Service éducatif Dossier PéDagogique - Le Parvis ...€¦ · sont gratuits pour les scolaires et s ... utilisé depuis la nuit des temps pour ses vertus curatrices compose pour

  • Upload
    vothuan

  • View
    216

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

> Service éducatif Dossier PéDagogique

La désobéissanceUne exposition de LioneL sabatté

du 8 juillet au 1er octobre 2016 - Au Parvis à Ibos

Lionel Sabatté, vue de l’exposition La désobéissance (détail) au centre d’art contemporain du Parvis.

Au premier plan : Cygne noir de janvier, 2015. Au second plan : Racines fruitées, 2016.

Courtesy de l’artiste. Photo : Alain Alquier

UNE EXPOSITION À VISITER AVEC VOS CLASSES JUSQU’AU 1er OCTOBRE 2016

Créatures hybrides, chimères animalières, monstrueuses et séduisantes, mondes aquatiques et glaciaires, tourbillons de couleurs au fort pouvoir paréidolique... L’exposition que nous vous invitons à découvrir avec vos classes, du primaire et du secondaire, est celle de Lionel Sabatté dont les oeuvres, très étonnantes tant par les mythes qu’elles véhiculent que par ce qu’elles donnent à voir des relations fortement ancrées que l’homme entretient avec le sauvage et le vivant, sont constituées d’éléments tous plus hétérogènes les uns que les autres : poussière, béton, rognures d’ongles, peaux mortes, pièces de monnaie, épices...

Vous vous souvenez sans doute de la très belle exposition collective intitulée De l’autre côté du miroir que nous avions présentée d’octobre 2013 à janvier 2014 au Haras de Tarbes. Beaucoup d’entre vous aviez pu alors admirer les oeuvres de Lionel Sabatté et notamment l’extraordinaire meute de loups réalisée en moutons de poussière et la collection de magnifiques papillons aux corps composés d’ongles de pieds.

Entre attraction et répulsion, mémoire de ce que nous avons perdu et réanchantement du monde, les oeuvres de Lionel Sabatté prennent la mesure du réel tout en le transcendant. Le merveilleux et le monstrueux, le rêve et le monde concret, l’invisible et le visible cohabitent ici en harmonie. Dans cet univers trouble et féérique, l’animal n’est pas reconnu seulement comme le plus cher compagnon de l’homme, mais son frêre inconnu, son double inquiétant et précieux. C’est ce lien indéfectible que nous développerons lors des ateliers, conférences et rencontres proposés dans le cadre de la visite de l’exposition avec vos élèves.

Retrouvez l’exposition de Lionel Sabatté dans le parcours Faire la bête dédié aux élèves du Primaire (cycles 1, 2 et 3) et dans le parcours Changer de peau spécialement conçu pour les collégiens. Quant aux lycéens, c’est à travers un temps-fort consacré aux Utopies contemporaines - et, parmi elles, celle d’un monde que les artistes, scientifiques, philosophes et citoyens éclairés souhaitent réenchanter d’urgence - qu’ils envisageront l’exposition présentée au Parvis.

Le Service éducatif vous présente ce dossier comme une aide possible pour préparer votre visite scolaire, ainsi que des pistes pédagogiques ciblées en relation avec l’exposition à explorer en classe. La visite que nous vous proposons avec vos élèves et son atelier de création favorisent une approche sensible et créative des oeuvres présentées dans l’ exposition.Retrouvez le programme détaillé des activités organisées autour de l’ exposition en dernière partie de cedossier. La visite et son atelier de création, ainsi que les différents événements liés à l’exposition La désobéisance, sont gratuits pour les scolaires et s’adaptent à toutes les classes.

Réservation obligatoire au : 05 62 90 60 82 - [email protected]

SOMMAIRE

1ère partie : Présentation de l’exposition p. 4 > Qui est Lionel Sabatté ? p. 5 > L’exposition La désobéissance p. 14 2ème partie : En classe, préparer et approfondir la visite de l’exposition p. 21 > Bestiaires d’hier et d’aujourd’hui p. 22

Bibliographie p. 29 3ème partie : Visites et ateliers proposés autour de l’exposition p. 30 > Pour les scolaires p. 31 > Pour le hors temps scolaire p. 34

Contacts : ................................................................................................................................ p. 35

1ère partie :Présentation de l’exposition

La désobéissance

Vue de l’exposition La désobéissance (détail) au Parvis centre d’art contemporain

Qui est Lionel Sabatté ?

Lionel Sabatté est né en 1975 à Toulouse et a passé une bonne partie de son enfance et de son adolescence en Outre Mer, et plus particulièrement à l’île de la Réunion. Aujourd’hui, il vit et travaille à Paris et à Los Angeles. Petit-fils de taxidermiste dont il a hérité une insatiable appétance pour les sciences naturelles, Lionel Sabatté réalise à travers ses sculptures, peintures et dessins un gigantesque bestiaire fantasque composé de créatures hybrides aux allures de dragons. Réactivant le genre de l’art animalier à partir des matériaux les plus improbables et impropres à la sculpture - comme les peaux mortes, les ongles, les cheveux, la poussière, les feuilles de thé infusées, les épices, les pièces de monnaie, ou encore les dépôts des fonds de pot ou des jus de plantes infusées dans sa peinture - Lionel Sabatté racle et ramène à la surface les tréfonds d’une mémoire ancestrale et archaïque, une souche commune, un répertoire de nos souvenirs les plus primitifs. Dans sa collecte de matériaux les plus délaissés, c’est toute la pensée d’une archéologie prospective que l’artiste met en mouvement. Lionel Sabatté ne prélève pas seulement les traces du passé, mais des fragments du présent vi-à-vis de l’avenir : «Je recueille les traces d’aujourd’hui pour une mémoire en construction». Il ilustre ainsi le principe vital, le cycle de la naissance à la mort, tout en mettant en avant le fait qu’à «toute destruction d’espèce succède une renaissance».Ce n’est donc pas un hasard si l’univers des profondeurs sous-marines imprègne la majorité des oeuvres de Lionel Sabatté, le fond des mers étant le lieu où l’énergie fossile s’est déposée. «Je suis certain qu’il y a un lien entre les profondeurs marines, ressource de toute vie sur Terre, et les abîmes de l’inconscient» dit-il. Ainsi, l’oeuvre de Lionel Sabatté nous rappelle que la vie prolifère partout sans qu’on en ait conscience. Les matériaux qu’il utilise, rudes et primitifs, servent une réflexion sur notre rapport au temps, au corps et à la perte. Nous verrons ci-après, à travers quelques oeuvres, de quelle manière l’artiste porte un regard subtile et sensible sur l’histoire, la mémoire et l’inépuisable mutation des formes vivantes.

Les sculptures réalisées en poussière

La poussière est le matériau de prédilection de Lionel sabatté qui a réalisé toute une collection d’animaux sauvages grandeur nature avec cet élément impropre à la sculpture. C’est dans le métro Châtelet-Les Halles, la station la pus grande du réseau d’Ile de France et la plus traversée de Paris - capitale la plus touristique du monde - que l’artiste récolte cette matière grise formée par les centaines de milliers de personnes qui s’y croisent tous les jours, se heurtant sans se regarder, laissant une partie d’eux-mêmes sans s’en rendre compte. De ces moutons gris, au sens propre comme au sens figuré, Lionel Sabatté fait ressurgir la part sauvage et profonde qui réside en chacun de nous. Il a ainsi créé une meute de loups, mais aussi des oiseaux, avec cet élément étonnant. «Je me suis passionné pour la poussière, lorsqu’un jour, chez moi, j’ai vu passer un mouton soulevé par l’air. Elle avait quelque chose de vivant à ce moment précis». Il réalise ainsi la fabuleuse meute de loups que le Parvis a déjà exposée en 2013 au Haras de Tarbes. À la fois fascinante et effrayante, la bête emblématique des contes, symbole de nos pulsions refoulées, de l’obsucrité et de la liberté sauvage, fait écho aux matériaux «impropres et oubliés», entre répulsion et attraction. Car il s’agit bien là de résidus des 700 000 personnes de toutes les conditions et horizons possibles qui passent par Châtelet-Les Halles au quotidien. «J’ai pensé ces loups comme la plus grande collection au monde de variétés d’ADN» dit l’artiste à propos de sa meute.

Pour réaliser ces sculptures, Lionel Sabatté a mis au point une technique de conservation avec l’aide de scientifiques du muséum d’histoire naturelle où il a exposé plusieurs fois son bestiaire.

Loup d’octobre, 2011. Moutons de poussière sur structure en métal.

Les sculptures réalisées en feuilles de thé

Le bestiaire de Lionel Sabatté se compose aussi d’herbivores réalisés en thé. Il s’agit plus particulièrement de cabris et de boucs dont les silhouettes à la beauté brute et à la force massive nous rappellent celles des animaux cornus des peintures pariétales. En effet, Lionel Sabatté a été, enfant, profondément marqué par les troupeaux d’animaux ornant les grottes préhistoriques et c’est dans ses sculptures en thé que l’artiste en fait ressurgir l’esprit tout autant que le merveilleux qu’ils véhiculent.C’est lors d’un séjour en Chine que l’artiste s’est interessé à ce matériau insolite en découvrant les briques de thé. Et effectivement, travaillée en sculpture, la feuille de thé évoque à merveille le dense lainage des caprins. Constituer un herbivore avec cette matière végétale, c’est aussi pour l’artiste l’occasion d’utiliser un matériau qui occupe une place emblématique dans les sociétés humaines. Boisson la plus consommée au monde, le thé a servi pendant longtemps de monnaie d’’échange en Asie. Et c’est toute cette question de l’échange, des civilisations et de la circulation économique que Lionel Sabatté veut faire apparaître dans son bestiaire.

Bouc d’avril, 2015. Thé noir du Yunan, eau de pluie, colle, 158 x 220 x 117 cm.

Les sculptures réalisées en pièces de monnaie

Depuis l’établissement de la monnaie unique en Europe en 2002, Lionel Sabatté réalise des sculptures avec des pièces de 1 centime d’euro, soit la plus petite entité économique possible. Cette toute petite pièce est un élément matériel auquel on porte peu d’intérêt, bien qu’il s’agisse d’argent, et qui passe de mains en mains, de poches en poches. Les piecettes circulent et se patinent avec le temps. Lionel Sabatté les a récoltées, tout comme la poussière dans le métro parisien, dans les lieux où les gens les oublient ou les laissent tomber sans s’en rendre compte, par terre, dans les recoins, sur les comptoirs... Soudé à des fils de fer entremêlés, le trésor accumulé donne naissance à des poissons mutants, des crocodiles et des serpents d’un autre âge, rappelant de manière sans équivoque la survente des espèces aquatiques en danger. Formellement, ces oeuvres prennent l’aspect de monstres abyssaux, de créatures marines imaginaires. Lionel Sabatté les a réalisées à partir de souvenirs de films du Commandant Cousteau qu’il adorait regarder enfant.

L’aveugle poisson d’argent, 2012. Pièces de 1c d’euro, dents de requin fossiles, fer, étain, laiton, vernis, 105 x 94 x 45 cm

Les sculptures réalisées en souches d’arbres

Dans la même veine d’êtres archaïques, moitié monstres marins, moitié espèces aériennes, les créatures réalisées à partir d’énormes souches d’arbres sont des chimères qui suggèrent des espèces disparues. Les racines dessinent de grandes gueules ouvertes de dragons ou de dinosaures, sans que l’on sache bien si cette espèce est en train de naître ou de mourir. C’est tout le rapport de Lionel Sabatté à l’histoire, celle de l’art ou de la science, qui s’exprime ici car en évoquant l’histoire du vivant, il se réfère à des créatures de plus de 3 millions d’années aujourd’hui disparues.

Les sculptures réalisées en béton et curcuma

D’autres créatures fabuleuses composent le bestiaire de Lionel Sabatté, comme les licornes en béton et curcuma, matériau complètement atypique. Le béton induit la notion de construction, alors que l’épice évoque la nourriture et le voyage. Ces créatures d’un autre âge s’inscrivent entre voyage et sédentarité. Notons encore que le curcuma utilisé depuis la nuit des temps pour ses vertus curatrices compose pour ces animaux fantastiques des pansements guérisseurs et bienfaisants.

Chants silencieux, 2013-2014. Souche de chêne, pièces de 1 c d’euro, fer, étain, laiton.

Licorne de mai / Licorne d’avri, 2015. Ferraille, béton, curcuma, fibres végétales.

Le bestiaire d’ongles et de peaux mortes

Lionel Sabatté donne le même sens de soin, de réparation et de protection à sa collection de papillons. Il s’agit de spécimen abîmés que l’artiste récupère dans les boutiques d’entomologistes. Il en recompose les corps avec des peaux mortes et des rognures d’ongles, les transformant alors en entités fabuleuses, telles des fées. De la même manière, il a donné corps à une petite chouette précieuse, tout droit sortie de l’antiquité grecque. Ce que nous jugeons au premier abord comme rare et magnifique, devient alors répugnant et horrible. Ici encore, Lionel Sabatté met le doigt sur ce que nous ne voulons pas voir du cycle de vie, naissance et mort. La portée symbolique de ces animaux psychopompes (dans les mythes, chouettes et papillons transportent l’âme des défunts dans l’au-delà) n’est certes pas en reste dans cet incroyable cabinet de curiosité. Que penser de ces êtres faits des rebuts de la vie ? Lionel Sabatté nous invite à nous réconcilier avec ce qui nous effraie et voir la beauté en toute chose.

Sombre réparation #23, 2015. Papillon abimé, ongles, peaux mortes, épingle et boite à spécimen, 26 x 19,5 x 7 cm.

Les dessins oxydés

Lionel Sabatté réalise des dessins d’animaux à partir de tâches produites par du liquide de fer rouillé. Le dessin se situe au carrefour de toutes ses autres pratiques. Ici, même si le résultat aboutira à une figuration, son geste fait plus appel à la fluidité et au hasard. En utilisant le vaste panel de couleurs que permettent les solutions à base de fer et de bronze oxydés, Lionel Sabatté donne forme à des oiseaux merveilleux, véritables hommage au vivant dès lors que l’on considère que la respiration est basée sur des réactions d’oxydation : «Elle permet à toute créature de tirer de l’énergie et de vivre» dit Lionel Sabatté au sujet de ses dessins oxydés. La matière ainsi oxydée, comme altérée par le passage du temps, confère à ces œuvres une dimension temporelle et narrative. On retrouve d’ailleurs ces phénomènes d’oxydation dans les grottes qui ont permis de la même manière aux hommes de la Préhistoire de composer, grâce aux couleurs qui en résultent, des figures animalières aux effets de vie et de mouvement incroyables dûs aux contrastes des différentes teintes. La peinture pariétale a été la première révélation artistique de Lionel Sabatté et influence l’ensemble de son oeuvre par sa monumentalité, l’aspect hasardeux que permettent les parois rocheuses et ce lien indéniable avec la vie.

Oiseau des îles oxydé #7, 2014. Solution à base de fer et bronze oxydé sur papier Arches, 46 x 61 cm.

Les peintures paréidoliques

Les peintures de Lionel Sabatté sont associées à une notion de « profondeur », avec leur aspect parfois très sombre en hommage aux premières créatures vivantes. Elles donnent accès à d’autres mondes. Sommes-nous sur terre, dans l’eau, dans l’espace ou sur une autre planète ? Des profondeurs de la peinture apparaissent des figures. En effet, par effet paréidolique, certaines formes sont reconnaissables sans pouvoir en déterminer la nature, qu’elle soit animale, minérale, microbienne… Lionel Sabatté va les chercher au plus profond de la matière : «Les principaux composants de la peinture sont des dérivés du pétrole. Lui-même est constitué de matières organiques et d’animaux morts il y a des millions d’années, tombés dans le fond des océans ou passés à travers les épaisseurs des sols. J’ai laissé la peinture s’étaler d’elle-même pour faire ré-émerger du noir et des abysses ces créatures dont nous sommes plus ou moins directement les descendants».

Infusion d’un Chardin, 2015. Huile sur toile, 195 x 195 cm.

Pour réaliser ses peintures, Lionel Sabatté procède en deux étapes. La première consiste à répandre sur la toile, posée au sol, plusieurs couleurs qu’il laisse évoluer au gré du hasard et que se créés les accidents, les rencontres, les assemblages et les conglomérats. C’est ainsi qu’il revendique dans son travail l’action du hasard et de l’aléatoire.Dans un second temps, alors que la toile est redressée contre le mur, l’artiste travaille avec un petit pinceau toutes les zones qui lui semblent intéressantes à placer au premier plan de la composition. C’est à ce moment là que vont se révéler des motifs précis, des silhouettes et figures animalières, minérales ou humaines, extraites des tréfonds de la matière. C’est donc à un jeu d’équilibre subtile, très proche d’un art divinatoire (on peut penser à la méthode du marc de café), que se livre l’artiste, entre hasard et composition de sa peinture.

Lionel Sabatté dans son atelier.

L’exposition La désobéissance>>> Le titre de l’exposition

La désobéissance est un mot lourd de sens, aux mutiples références et chargé de menaces à venir. Refus de se soumettre à une loi, indiscipline, esprit de rebellion et de contestation... De la révolte à l’idée de résistance, la désobéissance inclue une action d’insoumission à un ordre établi pour aboutir à un renversement de situation sensé changer un système. Du simple débordement des limites des enfants à la désobéissance civile des luttes politiques, le mot implique de fait un refus.La désobéissance est donc un mot qui va comme un gant à Lionel Sabatté. Tout objet est soumis au cycle de la vie (naissance, croissance, destruction et disparition). Dès le début de sa carrière artistique, Lionel Sabatté s’est intéressé à ces choses insignifiantes en apparence que sont les peaux mortes, les ongles, la poussière, les feuilles de thé, les épices... En les impliquant dans son travail pour en faire oeuvre, l’artiste brise les contraintes de l’ordre artistique, creuse et révèle le pouvoir culturel qui leur est inhérent. Ces matériaux apparemment statiques et indignes d’intérêt donnent naissance à une plasticité dynamique. Tout comme le font les coulures de matière et les jus colorés de ses peintures. En ce sens, les oeuvres de Lionel Sabatté construisent un nouvel ordre, et instantanément introduisent celui qui les regarde dans une méditation, une association d’idées, un imaginaire qui dépasse l’ordinaire. Dans ses oeuvres, l’artiste donne un nouveau sens et une nouvelle forme à des débris, il regarde les peaux mortes comme des fragments de la vie du corps. Par un nouvel assemblage méticuleux, Lionel Sabatté forme une nouvelle image de la vie. De la même manière que l’artiste n’est jamais là où on l’attend. On avait catalogué Lionel Sabatté comme l’’artiste d’un nouveau genre animalier tant son bestiaire a fait sa renommée. Or, dans l’exposition La désobéissance, Lionel Sabatté présente pour la première fois une figure humaine. À travers elle, l’artiste revisite le mythe de la création de l’homme. Car dans l’exposition, au milieu des figures animales et minérales, un nouvel être se révèle. Il est l’Androgyne originel qu’évoque le mythe de Platon quand Zeus sépara en deux le premier genre humain alors composé d’un homme et d’une femme réunis. Ces premiers humains androgynes étaient si forts et si courageux qu’ils descidèrent d’escalader le ciel pour combattre les Dieux. Pour les affaiblir, mais sans vouloir les anéantir comme il le fit pour les Géants, Zeus les sépara en deux, homme et femme. Ce récit nous pouvons aussi le lire dans la Génèse, avec le mythe d’Adam et Eve et du Paradis perdu. Dans le contexte de l’exposition, la désobéissance rappelle ce moment crucial du basculement du genre humain qui à l’origine faisait partie d’un tout et non pas séparé de son environnement qu’il domine et soumet à ses désirs et besoins.

>>> Un paysage de peintures

L’exposition se compose d’un ensemble de peintures de très grand format qui forme un paysage atmosphérique et très coloré. L’artiste peint en laissant s’exprimer formellement la matière dans ses différents états de fluidité, jouant des contrastes de consistance et de couleurs. De ses fonds et jus colorés, des motifs passent à la lumière faisant apparaître, par effet paréidolique, des personnages, des plantes et des animaux issus d’un autre temps. Il y a dans ces peintures une émanation des trésors enfouis dans les profondeurs sous-marines. Il semblerait même que ce soit la mer , cette artisane de l’érosion, qui ait ici fait oeuvre. Les toiles sont en effet traversées de limons qui arpentent la surface, laissant des coulures et des sillons dont seule la nature semble capable. Magma complexe, elles sont envahies de rocailles emplumées, de galets vernissés, de coraux, d’anémones et de gorgones, d’huitres perl!ères, d’entités aquatiques monstrueuses, grosses baleines-coquillages ou paons magnifiques se révélant des profondeurs. Les grandes peintures de Lionel Sabatté sont de fantastiques natures mortes d’où surgissent des compositions tout en sable mouvant.D’autres peintures évoquent quant à elles des paysages célestes et éthérés, des espaces chimiques et lumineux, dans lesquels se révèlent en étincelles de particules des nouvelles formes de vie.

> Avec les élèves, le jeu de lecture des peintures de Lionel Sabatté consistera à relever les différents éléments, objets, figures qui apparaissent selon chacun par effet paréidolique. > À analyser la composition de chaque oeuvre et de comprendre de quelle manière l’artiste a utilisé les différents mouvements de matière picturale pour faire apparaître les multiples figures qui peuplent les toiles.> À définir le jeu des couleurs et repérer leur rôle dans la composition des paysages.

Racines fruitées, 2016. Huile sur toile, 300 x 400 cm.

>>> Un jardin de sculptures

Avec ses deux arbres, ses animaux et la présence de la figure humaine, l’exposition de Lionel Sabatté au Parvis peut figurer un jardin. Symbole du Paradis terrestre ou du cosmos dont il est le centre, le jardin englobe différents paramètres, culturels, historiques, symboliques et mythiques, qui nourrissent bon nombre de recherches passionnantes chez les artistes contemporains. Nous pourrons retrouver certaines de ces données dans l’installation de Lionel Sabatté au Parvis.

Human condition, 2016. Huile sur toile, Ferraille, béton, fibres végétales, curcuma, 170 x 90 x 90 cm.

Human condition est le personnage central de ce jardin. Cette étonnante sculpture se présente comme le premier homme, l’être originel aux traits indéfinissables. Entre décomposition et recomposition, cet humain rappelle les oeuvres de Giacometti telle la silhouette longiligne et décharnée du célèbre Homme qui marche ou encore celles de Picasso et plus particulièrement les visages-masques inspirés de l’art africain.

> Alberto Giacometti, L’homme qui marche I, 1960. Bronze, 180,5 x 27 x 97 cm.

Alberto Giacometti a réalisé de nombreuses sculptures de ce type, d’hommes ou d’animaux, en s’inspirant de l’art africain. Alors que la plupart des sculpteurs taillent et cisèlent un bloc jusqu’à obtenir la forme souhaitée, Giacometti fait tout l’inverse : il part d’une ossature de métal à laquelle il ajoute de l’argile. Les corps très minces et allongés comme des brindilles évoquent la fragilité de la condition humaine alors que la démarche assurée de l’homme le destine à un monde meilleur.

On remarquera dans la sculpture de Lionel Sabatté que le personnage est, au contraire, en train d’esquisser un mouvement de marche. Lionel Sabatté le saisit à ce moment précis de la rupture où l’être primordial désobéit à l’ordre établi, cherche à se redresser et avancer vers son destin. Lionel Sabatté montre, par son aspect décharné, que l’homme est déjà en train de se perdre puisqu’il s’extrait, pour le dominer, de l’ordre naturel tout en se révélant à sa nouvelle condition de conquérant du savoir, ce que l’artiste traduit à travers la dynamique de la sculpture.

Si le corps, composé de tiges de métal, évoque un état momifié - et là encore nous retrouvons à nouveau des références à l’homme primitif - le visage tout au contraire apparaît presque entier et plein. Il est constitué de reliefs et de nuances dûes à l’utilisation du curcuma et du bêton frais. Lionel Sabatté utilise régulièrement cette épice pour ses vertus curatives bien connues et pour sa capacité à faire couleur. Ici encore, nous retrouvons des références aux hommes du Paléolithique. L’artiste enveloppe d’un cataplasme bienfaisant cet être si fragile, il l’enveloppe d’une boue primitive rappelant ainsi l’origine élémentaire de l’être humain.

Un autre être est ainsi représenté dans l’exposition, il s’agit d’un animal indéfinissable, mi caprin-mi cervidé, dont la tête provient d’une branche d’olivier.

Echafaudage d’un souvenir, 2016. Olivier mort en 1954, ferraille, béton, fibres végétales, curcuma, pierres, ongles, peaux mortes,

L’olivier qui trône au centre de l’exposition dialogue avec un autre abre, un frêne tétard du marais poitevin. Alors que les deux arbres sont morts, nous remarquons des bourgeons qui fleurissent à chacune de leurs extrémités. Lionel Sabatté refleurit délicatement des branches d’arbres tombés lors d’intempéries, brûlés par un feu de forêt ou encore en voie de disparition, à l’aide de fleurs faites de peaux mortes.

Echafaudage d’un souvenir, 2016. Olivier mort en 1954, ferraille, béton, fibres végétales, curcuma, pierres, ongles, peaux mortes,

Les vieilles branches de l’olivier et les bourgeons de peaux mortes qui le fleurissent donnent l’illusion de la vie et matérialisent un certain rapport au temps et à la mémoire.En effet, Lionel Sabatté n’utilise pas n’importe quel arbre pour faire oeuvre. Ici, il s’agit d’un olivier mort durant le terrible hiver de l’année 1954 qui a vu l’abbé Pierre se mobiliser pour porter secours aux sans-abris et les habitants de logements de fortune qui mouraient dans l’indifférence générale. Cet arbre décharné, qui peut rappeler un squelette humain, est fleuri à chaque extrémité de ses branches de petits bourgeons blancs très délicats. Comme de la rosée ou de la dentelle, l’artiste a travaillé des lambeaux de peaux mortes et ongles de pieds qu’il a récoltés chez des podologues. Cet arbre à la forte charge symbolique porte ici comme un trophée de vie un reliquaire de ce qui appartient à notre humanité. Ce sont des lambeaux, des traces d’êtres vivants, d’hommes et de femmes anonymes, des fragments qui peuvent leur survivre. Loin du dégoût qu’elle nous inspire, la kératine des ongles constitue une matière extrêmement résistante et noble. On la retrouve d’ailleurs sur des momies de plus de trois mille ans. L’artiste préserve ainsi par la collecte ou les dons spontanés de ses proches, un ensemble d’une autre entité, celle d’un groupe de gens qui ne se connaissent pas mais dont la trace et la mémoire, littéralement leur peau, est portée ici sur les branches de cet arbre mort qui témoigne la mémoire de milliers d’êtres disparus anonymement lors de l’hiver 1954. C’est cette forme d’universalité que Lionel Sabatté travaille à travers ce matériau très simple et pourtant chargé d’une portée humaniste.Cette idée de rassemblement est également présente dans la poussière que l’artiste récolte à la station de métro Châtelet à Paris. Les deux arbres magnifiques de l’exposition nous confrontent tour à tour à l’émerveillement que suscite leur beauté et à la répulsion de ce qu’ils portent au bout de leurs branches. Il en va de même pour l’étrange cygne noir qui déploie ses grandes ailes comme s’il allait s’envoler.

Cygne noir de janvier, 2015. Poussière sur structure métallique, 142 x 175 x 140 cm.

Face à la disparition des espèces, mais aussi la disparition au sens plus large, Lionel Sabatté recense des traces qu’il collecte… La poussière, les ongles, les peaux mortes sont là comme pour défier l’absence et la disparition à venir.Dans l’exposition, émerge un cygne noir, autre chimère du corpus animalier qu’élabore l’artiste. Il s’agit ici d’une chimère sous la forme d’une prise de conscience de notre rapport au monde.Cet animal à la noire silhouette se détache de manière très contrastée dans l’environnement blanc et quasiment polaire de l’exposition. Il semble à la fois prendre son envol, tout en se trouvant englué dans une sombre matière qui semble l’aspirer dans les profondeurs. Ce cygne noir est tiré d’une image marquante de l’enfance de l’artiste, le naufrage du pétrolier l’Amoco Cadiz en bordures des Côtes bretonnes en 1978. Lionel Sabatté en a tiré la figure d’un oiseau mazouté qui pourrait tout aussi bien renaître de ses cendres tel le phoenix. Le titre de l’oeuvre fait référence au concept de cygne noir élaboré par Nassim Nicholas Taleb, épistémologiste des probabilités. Il désigne les limites de la pensée analytique rationnelle et de la capacité prévisionnelle de la pensée humaine. Alors que pendant très longtemps on a cru qu’il n’existait que des cygnes blancs, tout fut remis en question par la découverte de l’oiseau noir en Australie. L’irruption de ces cygnes noirs montre à quel point l’esprit est fait de « biais cognitifs », d’erreurs de jugements tant qu’il n’est pas confronté à une réalité empirique. Ce concept montre de quelle manière nous évoluons dans une société dans laquelle nous nous prémunissons de moins en moins contre «les cygnes noirs» car nous les négligeons dans nos prévisions, alors qu’ils demeurent inévitables, et les conséquences désastreuses. Dans une autre acception de ce concept il existe «les cygnes noirs positifs» qui seraient des formes auxquelles on ne s’attend pas et qui pourtant demeurent inscrites dans la genèse de la pratique. Pour Lionel Sabatté il s’agit en quelque sorte de les rechercher. Car pour lui, nous vivons dans une époque pleine de cygnes noirs, où l’imprévisible fait peur et destitue l’homme de son pouvoir, ou plutôt de sa volonté de tout contrôler.

Ce beau Cygne noir a été réalisé avec la poussière ramassée au métro Châtelet-Les Halles durant le mois de janvier de l’année 2015, d’où son titre. Cette poussière, Lionel Sabatté la considère comme universelle car elle est créée à partir du passage de centaines de milliers d’êtres humains, telle une collection d’ADN et de gènes. Dans la manière de travailler cette poussière, l’artiste utilise une technique différente de celle mise en oeuvre pour la meute de loups. La silhouette de l’oiseau est plus ajourée, plus ouverte et correspondant ainsi de manière plus réaliste à son essence volatile.

2ème 2ème partie :En classe

préparer et approfondir la visite de l’exposition

Avec la classe :préparer et approfondir la visite de

l’exposition de Myriam Mechita

Bestiaires d’hier et d’aujourd’hui

Gilles Deleuze et Félix Guattari l’observaient au début des années 70 : « L’art ne cesse pas d’être hanté par l’animal ». Depuis les peintures rupestres, en passant par Jérôme Bosch et les « animaux des Lumières », tous les âges de l’art se sont intéressés à la chose animale pour en offrir une lecture représentative de leur temps.Nous avions déjà consacré un dossier pédagogique traitant des animaux dans la création artistique (littérature, poésie, cinéma, théâtre et arts plastiques) dans le cadre de l’exposition de Céline Cléron en 2015. Vous pouvez le télécharger avec le lien suivant : http://www.parvis.net/education_artistique/maternelle-primaire/art-contemporain/celine-cleron

Dans le présent dossier nous avons choisi d’aborder le thème du bestaire. La représentation de l’animal comme la quête de son identité, sont à la fois d’une ancienneté surprenante et d’une actualité étonnante. En effet, de la représentation préhistorique de l’animal aux interrogations artistiques contemporaines, l’animal a toujours hanté les sociétés humaines (mythes, contes, légendes et religions).

DéfinitionTout art animalier ne constitue pas un bestiaire. Il faut entendre par bestiaire un ensemble de représentations plus ou moins systématique d’animaux, généralement chargé d’une signification symbolique. Apparus au Moyen-Âge, les betiaires (du latin bestia, bête) sont des traités consacrés à la description des animaux et tout particulièrement à leurs «propriétés» et à «leurs merveilles». Comme les volucraires (qui concernent uniquement les oiseaux), les lapidaires (dédiés aux pierres) ou les herbiers (consacrés aux plantes), les bestiaires sont des poèmes scientifiques qui traitent du vivant. Mais ce sont avant tout des traités moralisés : les auteurs s’efforcent de découvrir dans les «propriétés» et les «merveilles» des animaux des significations symboliques. De la même manière qu’ils recherchent à travers la description des animaux réels ou légendaires l’évidence d’une allégorie morale ou religieuse.

Les bestiaires médiévaux connurent une grande popularité en Angleterre et en France aux XIIème et XIIIème siècles. Il s’agissait de compilations de multiples sources, en particulier le Physiologus (ou Physiologos), que l’on date généralement dans une période du IIème au IVème siècle, l’Histoire naturelle de Pline l’Ancien daté du Ier siècle et les Étymologies d’Isidore de Séville, du début du VIIème siècle. Ces œuvres reflétaient la conviction que le monde est le livre dans lequel Dieu a écrit, et que tout pouvait trouver une explication et des correspondances. Les animaux étaient ainsi mis en relation avec Dieu et le Christ. La plupart de ces manuscrits étaient illustrés de miniatures.

Le Physiologos est un bestiaire daté du IIème-IVème siècle qui a eu une influence considérable au Moyen Âge.Ce bestiaire, traité d’histoire naturelle sur les propriétés des bêtes, des oiseaux, des plantes et des pierres, donne aussi des interprétations moralisatrices. De nombreuses espèces sont représentées. Parmi les animaux réels : singe, pélican, éléphant, chameau, crocodile, lion, cerf, ours, aigle, paon, ibis, chouette...Parmi les animaux imaginaires composites : griffon (corps de lion et tête d’aigle), aspic (petit dragon), aspic-tortue, onocentaure, basilic (queue de serpent et corps de coq), phénix, licorne, sirène-oiseau ou sirène-poisson... Et également, toute une anthropologie monstrueuse : cynocéphale (homme à tête de chien), sciapode (homme à une seule jambe et s’abritant dessous)...Le Physiologos de Berne dont voici une illustration a été réalisé en 830 à l’école de Reims et est un des rares ouvrages du Physiologos a être parvenu jusqu’à nous.

L’Histoire naturelle (en latin Naturalis Historia) est une œuvre en prose de 37 livres de Pline l’Ancien publiée vers 77, qui souhaitait compiler le plus grand nombre possible d’informations et de culture générale. Le livre VIII traite de la nature et des animaux terrestres, le livre IX concerne les animaux aquatiques, le livre X s’intéresse à l’histoire des oiseaux, quant au livre XI il est dédié aux insectes. Considérée comme la première encycopédie, cette vaste oeuvre reflète les raports de l’homme avec la nature et avec le monde réunis dans cette inestimable source de connaissances et de rêverie sur l’esprit et l’imaginaire de la civilisation de l’époque romaine.

Autre manuscrit important qui aura eu baucoup d’influence sur les bestiaires médiévaux sont les Étymologies d’Isidore de Séville. Ouvrage composé de vingt livres, il est resté populaire durant tout le Moyen-Âge et fut même encore réédité durant la période de la Renaissance. L’étymologie est au cœur de la pensée pré-scientifique d’Isidore de Séville. En cela, ce dernier s’inscrit dans une tradition ancienne, en vertu de laquelle l’étymologie livrerait le vrai sens d’un mot et révèlerait le caractère intrinsèque de ce qu’un mot désigne. Par exemple, l’auteur dit que l’ours (ursus) est ainsi nommé parce qu’il forme ses petits avec sa gueule (ore suo), quasiment orsus. On pense en effet à cet époque que le plentigrade engendre des petits informes qui naissent comme des morceaux de chair, que la mère transforme en membres puis en corps en les léchant. : « L’ourse façonne avec sa langue le petit qu’elle a engendré. »

Ces différents ouvrages ont eu une importante influence sur les betiaires du Moyen-Âge, ainsi que le montre l’enluminure ci-dessous reprennant dans un ouvrage anglais du XIIIème siècle l’histoire de l’ourse léchant ses petits informes pour les modeler à son image.

Au Moyen-Âge, les animaux sont classés en cinq catégories, mêlant tout à la fois animaux imaginaires et animaux réels : les quadrupèdes (incluant des animaux fantastiques comme la licorne, le manticore, le pard), les oiseaux (dont le caladre, le phénix ou le griffon), les poissons (avec baleines, dauphins, évêques de mer, sirènes), les ser-pents (incluant les dragons), les vers (parmi lesquels : insectes, petits rongeurs, mollusques). Les animaux domesti-ques comprennent les animaux de la ferme ou ceux des ménageries et incluent aussi les animaux vivant autour de la domus (pie, corbeau, renard, belette, souris, rat).

Sous l’influence des autorités liturgiques, le Moyen Âge européen correspond à une dépréciation de la plupart des animaux, à travers l’interdiction des cultes et des rituels païens liés à ces derniers. Les rituels et traditions païens célébraient les saisons, la nature, la position des astres et les animaux. Ils furent peu à peu remplacés par des fêtes chrétiennes célébrant les saints dont les animaux ne sont plus que les attributs, les compagnons, ou même les esclaves.

La foi chrétienne médiévale, elle-même imprégnée de la pensée de Saint Augustin, prônait la supériorité de l’hom-me sur les animaux considérés selon lui comme des êtres inférieurs et imparfaits. Dans la Bible, Dieu a en effet créé l’homme « afin qu’il règne sur tous les animaux ». Il existe toutefois un autre courant, plus discret parmi les théologiens, qui consistait à mettre les animaux en relation avec Dieu et le Christ, et à voir dans les habitudes de ces derniers des manifestations divines, comme la résurrection et le repentir. De même, la culture chrétienne a pu donner une valeur à un animal opposée à celle que lui donnait la culture populaire, imprégnée de mythes païens et de folklore. Les bestiaires, qui sont des traités moralisés sur les proprié-tés des animaux, montrent cette ambivalence. L’Église influait sur la hiérarchie des animaux : l’ours roi des animaux au haut Moyen Âge (animal des traditions orales païennes) a été remplacé par le lion (animal des traditions écrites chrétiennes) au XIIIème siècle. De plus, l’Église tennait les animaux pour responsables de leurs actes, ce qui explique les procès d’animaux jugés selon une échelle de valeur inspirée des sept péchés capitaux.

La colombe, Physiologus,Cambrai, vers 1270-1275

Cette magnifique composition montre un dragon qui attend de croquer, couché au pied d’un arbre, des oiseaux qui s’y abritent et s’y nourrissent. L’al-légorie est simple : comme la colombe se blottit dans un arbre aux fruits suaves pour se garder des attaques du dragon, ainsi l’homme doit rester fidèle à sa foi, au sein de son église, s’il veut se préserver de l’Enfer.

Le bestiaire, aussi appelé «livre des natures des animaux», vise avant tout à enseigner une morale chrétienne simple. Il prête aux animaux des personnalités et des sentiments comparables à ceux des hommes, afin qu’ils servent d’exemples pour illustrer les sermons.Les bestiaires sont construits sur l’idée qu’il existe un rapport hiérarchique entre toutes les créatures de Dieu, et que l’Homme en occupe le sommet : dans sa célèbre «Consolation de Philosophie», l’un des textes les plus lus au Moyen Âge , le philosophe Boèce (480-524) compare ainsi les hommes qui se sont éloignés du Bien aux animaux.

Les bestiaires apparaissent en Angleterre au XIIème siècle, à destination du monde aristocratique. Puis ils se sont répandus dans le Nord de la France et en Normandie. Les Bestiaires en latin étaient destinés aux clercs, alors que ceux écrits en français aux laïcs. Le plus ancien bestiaire en français est celui de Philippe de Thaon (vers 1120). Nous connaissons aussi le Bestiaire divin de Guillaume le Clerc, celui de Gervaise (vers 1150), le Bestiaire de Pierre de Beauvais (avant 1218), le De animalibus d’Albert le Grand (1260) et le Bestiaire d’Amour de Richard de Fournival (vers 1250) Ces ouvrages sont les principaux représentants de ce genre à finalité didactique et morale.Les bestiaires latins commencent toujours par les bêtes sauvages et particulièrement le lion. Viennent ensuite les animaux domestiques, puis les petites bêtes - fourmis, oiseaux, insectes, monstres et vers.Tout en commençant généralement par le lion, les bestiaires français entremêlent les catégories d’animaux pour construire un Bestiaire du Christ.

L’iconographie des bestiaires obéissait à des codes précis. Le nom de l’animal est prolongé à la fois par une description des ses principales caractéristiques, et par une représentation figurée car, selon Richard de Fournival, auteur du Bestiaire d’amour, «La mémoire a deux portes, la vue et l’ouïe ; et chacune ouvre sur un chemin qui y conduit, la peinture et la parole».

Panthère, Bestiaire d’amour , vers 1250.Bien que peu présentes en Occident au Moyen Age, les panthères étaient bien connues des lecteurs de bestiaires. La panthère est un classique des bestiaires, citée dès le IIème siècle dans le Physiologos, D’après Isidore de Séville, la panthère est appelé ainsi car elle est l’amie de toutes les bêtes. En effet, en grec, pan signifie « tout » et thêr signifie « bête sauvage ». La panthère est donc celle qui « aime toutes les bêtes ». Il est amusant de constater que l’explication actuelle de l’étymologie du mot panthère est exactement inverse. Dans le Dictionnaire historique de la langue française, Alain Rey explique que le mot panthère vient probablement du grec panthêr (guépard) lui même provenant du sanskri, et que le mot aurait évolué sous l’influence de pan et de thêran « chasser, poursuivre ». Ainsi la bête « aimée de tous les animaux » d’Isidore de Séville, devient dans l’explication actuelle, la bête qui « chasse tous les animaux ».

On peut rapprocher les peintures paréidoliques de Lionel Sabatté des considérations de PLine l’Ancien dans le Livre 9 de son «Histoire Naturelle» dédié aux animaux marins : Pleraque etiam monstrifica reperiuntur, perplexis et in semet aliter atque aliter nunc flatu nunc fluctu conuolutis seminibus atque principiis ( On trouve même [dans la mer] beaucoup d’êtres monstrueux, car les semences et les embryons s’y confondent et s’agglomèrent de multiples façons, roulés soit par le vent, soit par la vague).

Nous retrouvons ici cette fascination des savants du Moyen-Âge pour l’Océan qui nourrit tout un imaginaire peuplé de créatures toujours étranges et souvent terrifiantes. Monde de l’inconnu, de l’altérité, les fonds marins constituent un vivier propice à la génération des monstres de toutes sortes. Fascinés par cet univers qu’ils connaissent peu et qu’en même temps ils redoutent, artistes et savants vont chercher peu à peu à en pénétrer les mystères. Il faudra des siècles cependant pour que les naturalistes s’affranchissent enfin de l’érudition poétique et fantaisiste héritée de l’Antiquité. Et jusqu’à la première moitié du XVIème siècle, on n’opère pas de distinction entre animaux fabuleux et animaux vrais, en sorte que le triton et la sirène cohabitent avec le congre ou le mulet, et, par ailleurs, les animaux rares ou de grandes dimensions, comme les cétacés, sont rangés parmi les monstres. Par son caractère impalpable, étrange et inquiétant, le monde marin se prête donc à la double destination des littératures savantes de l’Antiquiteé : instruire et étonner. Distinct de la Terre, monde des hommes, et du Ciel, monde des dieux, l’Océan se présente comme un espace marginal, comme une entité génitrice de toute monstruosité. Il en résulte un bestiaire pour le moins effrayant, qui connaîtra une fortune inattendue jusqu’à la Renaissance, puisque ces créatures figureront dans les traités de zoologie, au même titre que les poissons les plus communs. Les géographes du XVIème siècle s’intéressent à la faune monstrueuse des océans et ils reproduisent sur leurs cartes de navigation les spécimens les plus terrifiants. C’est ainsi qu’en 1570 paraît le Theatrum Orbis Terrarum d’Abraham Ortelius, l’un des monuments de la cartographie du XVIe siècle, qui montre un océan Pacifique peuplé de sirènes et de baleines redoutables. Des représentations qui se veulent saisissantes, et des mers qui regorgent de monstres gigantesques et hideux.

Bernard Lamy, Baleine, 1699Ambroise Paré, Figure d’une autre espèce de Baleine, 1585

Même si la Renaissance restera très imprégnée de l’imaginaire hérité du Moyen-Âge, peu à peu les bestiaires disparaissent laissant place aux études des savants et encyclopédistes, et aux artistes qui, pour certains, vont se consacrer uniquement à la représentation des animaux et inaugurer de ce fait le genre de l’art animalier.Ce n’est qu’au XXème siècle que l’on voit réapparaître un intérêt nouveau pour les bestiaires du Moyen-Âge et bon nombre d’artistes vont utiliser la figure animal dans des oeuvres emblématiques réactivant ces collections de représentations d’animaux tour à tour incroyables, drôles ou effrayants dont on était si friands autrefois.

Karel Appel, Animal, 1953.

Peintre et sculpteur néerlandais, Karel Appel (1921-2006) est le cofondateur du groupe CoBrA (acronyme de Copenhague, Bruxelles, et Amsterdam, capitales du nord de l’Europe dont sont originaires les artistes fondateurs) mouvement artistique révolutionnaire en réaction à la «querelle absurde» entre abstraction et figuration. Les artistes de CoBrA recherchaient dans les formes artistiques les moins contaminées par les normes et les conventions (art préhistorique, art naïf, dessins d’enfants et de personnes handicapées mentales) les signes des expressions primitives. L’oeuvre de Karel

Appel fait appel à un bestiaire extravagant constitué de peintures, dessins et sculptures vivement colorés comme ici ce monstre marin que l’on pourrait classer parmi les dessins d’enfants tout comme les représentations archaïques des poissons des océans.

Barry Flanagan, Six foot leaping har on empire state, 2002

L’univers de Barry Flanagan (1941-2009) est celui d’un bestiaire étrange, mystérieux, composé de lièvres malicieux et burlesques, réalisés en bronze, mais aussi de chiens, de chevaux, d’éléphants... L’artiste déclarait sans ambage avoir choisi le «camp du lièvre». «C’est l’animal qui m’attire le plus, il a des choses à dire qui m’intéressent !». Ainsi, nous les retrouvons à travers sculptures, peintures et dessins en train de danser, voler, battre des mains, réflechir... À travers ce drôle de bestiaire, Barry Flanagan conduisait une recherche sur l’expressivité de la forme et du mouvement. Ce corpus animalier permettait aussi à l’artiste de se livrer à une parodie de la statuaire héroïque héritée de l’art classique, introduisant ainsi une dimension subversive dans l’histoire de la sculpture britannique.

Kiki Smith, Wolf Girl, 1999

L’oeuvre de l’artiste américaine Kiki Smith (née en 1954) est peuplée d’animaux surgis des contes et légendes : fauves, biches, papillons et oiseaux. Le corps de l’animal, s’unie, s’oppose ou encore reflète le corps humain, aboutissant parfois à des créatures hybrides comme ici dans Wolf Girl. Il s’agit d’une oeuvre dense au fort pouvoir évocateur qui réunit sculptures, estampes, photographies, dessins et textiles. En effet, ce que met en avant l’artiste, c’est le pouvoir du récit de son art qui raconte des histoires sur la vie, la mort, la nature et la mythologie et plus particulièrement les relations complexes et symboliques entre les humains et les animaux.

Barthélémy Toguo, Baptism, 1999

Tout l’art de l’artiste camerounais Barthélémy Toguo (né en 1967) est traversé par de préoccupations sociales, politiques et économiques comme la problématique des frontières, des échanges Nord-Sud, ou encore le déplacement et le mouvement des populations. Son œuvre protéiforme (dessins, aquarelles, sculptures, céramiques, performances) est empreinte de métissage culturel où la présence du corps est partout, tout particulièrement dans ses aquarelles. Par l’aquarelle, fluide qui se dilue, Barthélémy Toguo met en scène la

beauté du vivant et des corps. La dimension universelle en est renforcée par la présence d’animaux et de végétaux qui donnent naissance à des personnages mi-anthropomorphes, mi zoomorphes. Ainsi, buffles, crocodiles, girafes et serpents hantent les oeuvres de Barthélémy Toguo, inventant un bestiaire d’un type nouveau que l’on peut situer dans le champ de la revendication et de la critique, comme par exemple la série Baptism (le Baptême) dont est extraite l’aquarelle ci-dessus, traitant d’un problème générationnel entre l’artiste et sa famille.

Alain Séchas, Le chat écrivain, 1996

Empreints d’humour et de dérision, les dessins et sculptures d’Alain Séchas (né en 1955) mettent en scène des personnages (chats, martiens, éléphants, chiens, pélicans...) d’un bestiaire plutôt sympathique, dont l’anthropomorphisme simple et efficace ajoute à l’empathie qu’elles développent chez le spectateur. Figés, comme surpris dans des situations pas toujours très confortables, ses personnages incarnent des instants décisifs, parfois tragiques, qui président au choix d’une existence humaine. Sans aucun moralisme, mais avec lucidité et humanisme, Alain Séchas renvoie chacun à ses

propres démons comme à sa part de responsabilité. L’emprunt à la figure animalière permet à l’artiste de frayer avec le dessin satirique. De fait ses oeuvres se lisent au premier degré comme une «bonne blague», cependant qu’elles questionnent les thèmes d’actualité et les comportements sociaux symptomatiques de notre époque. Le bestiaire d’Alain Séchas nous renvoie à une réflexion sur l’individu et sa place dans la société.

Bibliographie

>> Voici quelques ouvrages qui peuvent vous aider dans la préparation de la visite de l’exposition de Lionel Sabatté et à développer certains points abordés dans ce dossier.

Sur le travail de Lionel Sabatté- Lionel Sabatté, peinture à l’huile, textes de Eva Hober, Mériam Korichi, Galerie Eva Hober, 2016.

Ouvrages sur les bestiaires - Bestiaire et animaux dans l’art contemporain in « Figures animales ». Sociétés et représentations, n°27, 2009. - Hubert Comte, Bestiaire : l’animal dans l’art, Tournai : Renaissance du livre, 2001.- Le bestiaire dans la peinture occidentale : dossier pédagogique / A. Chapalain, Rennes, Musée des beaux-arts, 2006.- Michel Pastoureau, Bestiaires du Moyen-Âge, éditions du Seuil, 2011.- Claude Maillard-Chary, Le bestiaire des surréalistes, éditions Presse Sorbonne Nouvelle.- Marie-Hélène Tesnière, Bestiaire médiéval, enluminures, Edition Bibliothèque nationale de France, 2006.

Ouvrages sur l’animal dans l’art contemporain- Marc Giraud, Art animalier : la relève des Artistes contemporains, éditions Abbate-Piolé, 2010.- Barbara Denis-Morel, L’animal à l’épreuve de l’art contemporain : le corps comme matériau, in Sociétés et Représentations, numéro 27, édition publication de la Sorbonne, 2009.- Laurent Baridon, Homme animal : Histoires d’un face à face, édition Musées de Starsbourg/Metz, 2004.- Jean-Baptiste Jeangene-Vilmer, Animaux dans l’art contemporain : la question éthique, in Jeu : revue de théâtre, Numéro 130, 2009.- Bernard Lafargue, Dans l’œil de la bête, Animaux d’artistes in Figures de l’art , 2003-2004.- Bêtes off, catalogue d’exposition à la Conciergerie, Paris / Claude d’Anthenaise. Éditions du patrimoine-Centre des monuments nationaux, 2011.- La part de l’autre, catalogue d’exposition au Carré musée d’art contemporain de Nîmes / Françoise Cohen, Brigitte Léal, Catherine Grenier, éditions Actes sud, 2002.

Ouvrages jeunesse sur l’animal dans l’art- Anne Weiss, Jeff Koons pour les enfants, édition centre Pompidou, Paris, 2014.- Nelly Blumenthal, Une animalerie, édition centre Pompidou, Paris, 2013.- Stéphane Frattini, C’est beau, c’est quelle bête ?, collection « Ouvre l’art », édition Milan, Toulouse, 2011.- Pierre Coran, Bestiaire - De A à Z, l’animal dans l’art, édition Renaissance du livre, 2001.- Lucy Mickletwhait, Je découvre les animaux dans l’art, édition Centurion, 1994.- Sandrine Andrews, Les animaux dans l’art, édition Oskar Jeunesse, 2013.- Agnès Rosenthiel, Bêtes, édition Autrement, petite collection de la peinture, 1997.- Sylvie Dannaud et Sylvie Dordor, Nos amis les animaux, édition Gautier-Languereau, collection Histoires de tableaux, 2005.- Vincent Peghaire, la nuit tous les chats sont verts, éditions Palette, 2011.- Marie-Fred Dupré et Bruno Gibert, Zooillogique, éditions Palette, 2015.

3ème partie :Visites et ateliers

autour de l’exposition

POUR LES SCOLAIRES

A chaque exposition, le service éducatif du Parvis imagine, en concertation avec des artistes intervenants, différents ateliers de pratiques artistique et d’analyse d’images qui permettent aux élèves d’aborder de manière interactive et ludique les différents champs de la création contemporaine.Centrées sur la présence et la pratique de l’artiste, ou appuyées sur l’histoire de l’art, les formes et les expressions représentées dans les expositions, s’adaptent à toutes les classes d’âges et constituent la base même d’un apprentissage créatif et convivial ! L’entrée est gratuite !

UNIQUEMENT SUR RENDEZ-VOUS AU : 05 62 90 60 82 OU PAR MAIL : [email protected]

LA VISITE D’EXPOSITION ET SON ATELIER DE CREATION (PRIMAIRES/COLLègES/LyCéES)

LA VISITE : La visite d’exposition est conçue par le service éducatif du Parvis selon le niveau des élèves. Elle peut également être élaborée en amont avec les enseignants en fonction des disciplines dispensées. Ludique et interactive, elle favorise la prise de parole des élèves avec l’intervention du médiateur. Dans son déroulé, la visite permet aux élèves d’appréhender, face aux oeuvres, les processus de création utilisés par l’artiste.

L’ATELIER DE CREATION : «De ronces et de poussière»Lionel Sabatté interroge chacun des matériaux qu’il utilise comme le fruit des traces que nous laissons au quo-tidien derrière nous. En utilisant des matériaux de rebuts (la terre, les écorces d’arbre, les feuilles, les poussières, etc…), l’atelier propose de faire surgir un bestiaire étrange issu d’un autre temps ou d’un autre monde. > Pour les élèves de : primaire, collège, lycée - Durée : 2h

Pour réserver votre visite/atelier : séances pour les scolaires les mardis-mercredis matins-jeudis-vendredisséances du matin : de 9h30 à 11h30séances de l’après-midi : de 14h à 16hHoraires modulables sur demande.Contact : 05 62 90 60 82

LES EVENEMENTS AUTOUR DE L’EXPOSITION (PRIMAIRES/COLLègES/LyCéES)

LA CONFERENCE D’HISTOIRE DE L’ART : POUR FAIRE UN OISEAU : L’ANIMAL DANS LA CREATION ARTISTIQUEPour les cycles 3, collégiens et lycéensSpécifiquement adaptées à chaque niveau scolaire, les conférences d’histoire de l’art retracent en images les chefs d’oeuvres du patrimoine universel pour mettre en lumière l’importance de la figure animale dans la création depuis les temps préhistoriques jusqu’à nos jours. Conviviales et amusantes, les conférences éveillent les enfants et les jeunes au plaisir de l’art et de son histoire.> 1h

LE CAFE ARTISTIQUE : AVEC LE COMEDIEN PERFORMEUR FREDERIQUE JOUANLONgMETAMORPHOSESPour les collégiens et lycéensLes êtres hybrides, mêlant corps humain et corps animal, sont des images énigmatiques de l’art de la Préhistoire. De la mythologie, nous retenons l’histoire d’Actéon, célèbre chasseur devenu cerf pour n’avoir pas cru en les pouvoirs de l’amour. L’être métamorphosé est-il un monstre ? Une divinité ? Un fou ? Un sage ? Quand les bras deviennent pattes, le visage une gueule, la voix un grognement, qu’advient-il ? C’est ce que les élèves expérimenteront lors de café artistique encadré par Frédéric Jouanlong, artiste de la performance.> 2h

ART ET SCIENCE : RENCONTRE AVEC L’ETHOLOgUE DOMINIQUE LESTELL’ANIMALITE A L’OEUVREPour les lycéens Le rapport humain/animal constitue un débat d’actualité. Et nombreux sont les artistes contemporains qui manifestent une tentative de décentrement, une volonté de ressourcement à la rencontre d’autres êtres vivants que sont les animaux. Lors de cette visite à deux voix, les élèves rencontreront le célèbre éthologue Dominique Lestel pour une approche surprenante de l’animalité en milieu domestique ou sauvage.> 2h

Initiés à partir de la programmation artistique du Parvis scène nationale, les Parcours se proposent comme les outils indispensables pour faire le lien entre les différents langages artistiques soutenus par la scène nationale. Afin de poursuivre la réflexion des élèves autour d’un thème, voici la séllection des films et des spectacles proposés par le service éducatif. Pour chaque films et spectacles présentés ci-dessous, vous pouvez demander le dossier pédagogique correspondant au service éducatif du Parvis (voir les contacts à la fin du dossier).

L’exposition de Lionel Sabatté s’inscrit dans deux parcours dédiés chacun au premier et au second degrés.

MATERNELLES ET PRIMAIRESFAIRE LA BETEQue ce soit au théâtre, au cinéma ou dans les arts plastiques, la présence de l’animal témoigne de la longue et lointaine histoire qui l’unit à l’homme. C’est ce que les enfants découvriront à travers un choix de spectacles et de films qui dialoguent avec l’exposition de Lionel Sabatté au centre d’art.

> Au théâtre - Histoire de babar, le petit éléphant (Musique/Théâtre) : dès la MS- Montagne (Danse/Théâtre d’objets) : Dès la PS

> Au cinéma- Le vilain petit canard (film d’animation) : dès la GS- Promenons-nous avec les petits loups (film d’animation)

COLLEgES ET LyCEESCHANgER DE PEAUChanger de peau, muer, grandir, se transformer, se métamorphoser..., c’est explorer des passages. Lionel Sabatté s’empare de nos mues pour faire oeuvre et nous interroger ainsi sur le temps, la mémoire, mais aussi ce qui se joue dans l’attraction et la répulsion que provoquent les dépuilles de nos transformations. Ce parcours est l’occasion pour les adolescents de comprendre comment les artistes abordent ce sujet à travers leurs oeuvres.

> Au théâtre - Le Roi des Rats (Théâtre/Conte) : dès la 6ème- Dormir 100 ans (Théâtre) : dès la 6ème

> Au cinéma- L’esprit de la ruche : dès la 6ème- Cria Cuervos : dès la 6ème- Frankenstein Junior : dès la 6èmeAutour de ces trois films, des conférences «Analyse d’images», présentées par Alice Vincens, seront proposées à vos classes. Merci de vous référer au calendrier de ces différentes interventions dans la brochure Jeune Public «Programmation scolaire collège / lycée 2016/2017» disponible dans vos établissements ou sur simple demande au service éducatif du Parvis.

LES PARCOURS(PRIMAIRES/COLLègES/LyCéES)

PENDANT LE HORS-TEMPS SCOLAIRE LES GROUPES ET LES FAMILLES SONT ACCUEILLIS LES MERCREDIS ET SAMEDIS ET AUSSI PENDANT LES

VACANCES SCOLAIRES - LE MATIN DE 10H À 12H ET L’APRèS-MIDI DE 14H À 16H - SUR INSCRIPTION.

Les formules visite + atelier sont également proposées aux groupes du hors temps scolaire. Tarifs : 5€/enfants - gratuits pour les adultes / 3€ pour les enfants en groupes - gratuits pour les personnes encadrantes

La visite d’exposition et son atelier de création Petits et grands découvrent ensemble une exposition et participent conjointement à un atelier de création originale, expériences irremplaçables pour une approche conviviale des oeuvres d’art.

>>> L’atelier «De ronces et de poussière»- samedi 17 septembre – 10h30-12h- mercredi 21 septembre – 14h30-16h

Les petits déjeuners histoire de l’art : l’animal dans l’histoire de l’art«Les petits déjeuners de l’histoire de l’art » proposent aux enfants et aux adultes qui les accompagnent de prendre part à un petit déjeuner convivial autour des plus belles œuvres de l’humanité, représentatives de grands questionnements artistiques. Dans le cadre de l’exposition de Lionel Sabatté, nous aborderons l’omniprésence de la figure animale dans l’art depuis les temps préhistoriques jusqu’à aujourd’hui.- samedi 24 septembre - 10h-11h

Condition de visites

L’entrée de l’exposition, la visite commentée et les ateliers sont gratuits pour les scolaires.Du mardi au vendredi de 9h30 à 11h30 et de 14h à 16hLes jours et horaires de visites sont modulables sur demandepour les scolairesUniquement sur rendez-vous : 05 62 90 60 82

Visites et ateliers adaptés à tous les niveaux scolaires.

Contacts

Le service éducatif du Parvis :

Pour le centre d’art > Catherine Fontaine, chargée de médiation pour les publics05 62 90 60 82 - [email protected] Pour le spectacle vivant > Anne Van der Meulen, coordinatrice enfance et

jeunesse 05 62 90 60 29 - [email protected]> Emmanuel gérard, en charge des ateliers artistiques et de l’option

d’enseignement théâtre05.62.90.60.38 - [email protected] le cinéma > Laura Ortuso, chargée des relations scolaires au cinéma05 62 90 60 31 - [email protected]

Relais éducatifs :> Florent Lafabrie, Directeur du CDDP [email protected]> Christine Muzellec, Documentaliste au CDDP [email protected]> Rolland Laffon, Conseiller en arts visuels Inspection Académique 65 [email protected]> Sylvain Rondi, Animateur science Inspection Académique 65 [email protected]> Jocelyne Pujol, Conseillère pédagogique musique Inspection Académique 65 [email protected]

Le Parvis, centre d’art contemporain :> Magali Gentet, responsable du centre d’art contemporain et commissaire des

expositions> Catherine Fontaine, chargée de médiation pour les publics