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Sommaire · Sommaire - L'oeuvre de Samuel Hahnemann et l'enseignement de Rudolf Steiner, Docteur Joachim Berron..... page 3

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Sommaire

- L'oeuvre de Samuel Hahnemann et l'enseignement de Rudolf Steiner, Docteur Joachim Berron....................................................... page 3

- Sur l'être et l'action des métaux végétabilisés Rudolf Treichler .................................................................... page 7

- Sur la culture des métaux végétabilisés Bruno Busse ......................................................................... page 23

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Editorial

Chers lecteurs,

Les Editions Médico-Pharmaceutiques Raphaël reprennent et poursuivent la tâche entreprise dans la revue : "Correspondances médicales". Les parutions à venir, au rythme de deux par an, participeront ainsi à une entité à laquelle seront liées une maison d'édition et une librairie d'ouvrages, en langue française, ayant trait à la médecine et à la pharmacie d'orientation anthroposophique.

Comme dans les publications antérieures, notre propos est d'ouvrir ces pages de "Correspondances médicales" à ce qui sous-tend l'élaboration d'un remède, à ce qui fait correspondre une substance puisée dans les règnes naturels à son devenir curatif dans l'Homme.

Trait d'union entre la Nature et l'Homme, en ce qu'il accomplit l'image du remède en processus de guérison, l'art pharmaceutique naît de la rencontre de deux courants.

L'un, médical, révèle le processus pathologique dans l'homme et l'accompagne dans sa métamorphose.

L'autre, pharmaceutique, révèle et accompagne la substance dans sa force substantielle ou processuelle, caractérise et élève le génie thérapeutique de son substrat vers l'homme. Là est la substance, là est le moyen de libérer ce qu'elle recèle : - en observant avec une acuité profonde le geste qu'elle offre dans la nature, - en participant à sa qualité par une méthode d'obtention respectueuse de

son être, - en la transformant avec un mode de préparation soucieux de manifester et

d'orienter au mieux son don thérapeutique.

Cette démarche s'inscrit dans une compréhension et une connaissance de la Nature et de l'Homme qui aspirent à être toujours plus larges et plus profondes.Comme le dit Paracelse : "J'ai observé tous les êtres : pierres, plantes et animaux, et ils me sont apparus comme des lettres dispersées dont l'homme représente le mot complet et vivant." Le souhait des Editions Médico-Pharmaceutiques Raphaël, par les écrits à venir, est de faire transparaître ce qui unit si subtilement l'Homme et la Nature, et de consolider les liens de la rencontre si essentielle entre Médecine et Pharmacie, pour un élargissement de l'art de guérir.

Violaine Baudot Pharmacien

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L'oeuvre de Samuel Hahnemann et l'enseignement médical de Rudolf Steiner

Docteur Joachim BERRON

Le recours à la thérapie homéopathique est un aspect caractéristique du courant médical qui se réclame de l'enseignement de Rudolf Steiner. Cet enseignement tient compte de l'oeuvre de Samuel Hahnemann, de l'innovation qu'elle apporte et de sa place dans l'histoire de la médecine. A cet égard, quelques rapprochements ou comparaisons paraissent dignes d'intérêt.

Samuel Hahnemann (1755-1843) est médecin, un novateur, en place sur le terrain de sa profession. Rudolf Steiner (1861-1925) est philosophe. Sur leur demande, et sans exercer lui-même, il s'adresse à des médecins. Sa philosophie est pratique, applicable à tous les domaines de l'activité humaine. Les vies de Hahnemann et de Steiner jalonnent en quelque sorte le XIXe siècle. En Allemagne c'est la fin de l'idéalisme du XVIIIe siècle, auquel se rattache l'oeuvre de Steiner. En France, on vit encore du "siècle des lumières". Hahnemann, en apparence loin de ces courants philosophiques a dû en connaître les climats, car il achève sa carrière à Paris. En Europe, c'est l'essor du monde moderne, le progrès technique, les sciences expérimentales.

S. Hahnemann tournait le dos à la médecine de son temps en lui reprochant le vide de ses théories et la nocivité de ses pratiques. Il est apparenté en cela aux deux grands réformateurs de son temps, Chr. W. Hufeland (1762-1836), représentant la tradition hippocratique, médecin de Goethe et auteur de "Makrobiotik" et J.G. Rademacher (1772-1850), auteur d'un "traité de thérapeutique en vertu de l'expérience", proche de l'esprit de Paracelse. R. Steiner, autrichien d'origine, avait été sensible au nihilisme médical de certains représentants de l'Ecole de Vienne. Ses activités premières le portaient vers les méthodes scientifiques de Goethe. Il avait eu à publier les travaux scientifiques encore inédits de ce penseur et placé aux racines de la phénoménologie, il élabore en même temps sa philosophie de la connaissance.

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Par son génie propre, la personnalité de S. Hahnemann était ouverte à la tradition médicale ancienne, la médecine éternelle qu'il se proposait de faire revivre. R. Steiner avait saisi la portée exceptionnelle des théories de l'évolution. Il situait toutes les connaissances dans une dynamique historique où l'avenir augmente, sans les contredire, les acquisitions essentielles du passé. S. Hahnemann oeuvrait pour une pratique rationnelle de la thérapie, R. Steiner recommandait un "élargissement de l'art de guérir" en fonction de la science spirituelle mise au point par rapport à des ressources actuelles et futures de la conscience humaine.

Pour R. Steiner, l'oeuvre de S. Hahnemann devait ouvrir une étape nouvelle de la médecine toujours en évolution, au diapason en cela avec l'évolution des sciences. Auteur d'une théorie moderne de la connaissance, Steiner proposait de ne pas laisser l'oeuvre de S. Hahnemann sans en exploiter à fond les perspectives nouvelles. Il qualifie cette oeuvre d'esquisse d'une conception globale de la maladie.

L'aspect sans doute le plus révolutionnaire de la pratique hahnemanienne réside dans l'équation entre les symptômes de la maladie et le remède. Cette méthode de diagnostic comble le fossé creusé par les siècles entre la pathologie et la thérapie.

Quel est en effet le terme nosologique dont l'énoncé serait également celui du traitement ? Pour les Anciens, le diagnostic devait contenir la thérapie. Mais que devient la personne du malade à ce moment de l'histoire où se développent l'anatomie pathologique et son complément histologique ? La fragmentation des données est extrême. A partir de Hahnemann, on pourra appeler la maladie par le nom de son remède. Une typologie globale et anorganique est née pour remplacer les dyscrasies anciennes dont la terminologie s'est vidée de sa substance.

A l'écart croissant entre la nosologie et la thérapie, R. Steiner réagit à son tour. Il recommande en son langage, de ne point se laisser aller à la fascination du microscope sans s'exercer à user du macroscope, c'est-à-dire de la vue d'ensemble. Convaincu que l'oeuvre de Hahnemann, si monumentale qu'elle soit, puisse être poursuivie, il ne s'arrête pas à la conviction de ce dernier selon laquelle le diagnostic médical ne peut aller au-delà des symptômes. La conception steinérienne identifie en l'Homme les niveaux d'existence physique, biologique, psychologique et spécifiquement humain voire individuel et les reconnaît dans le principe de la triple organisation du corps. Il n'est pas difficile de faire concorder ces notions avec les passages de l'Organon où Hahnemann évoque les

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ressorts dynamiques, impondérables de la maladie et de la santé. Pour R. Steiner, le diagnostic en profondeur réside en la perception des rapports intimes de ces impondérables. Il démontre la méthode et l'intérêt de cette démarche par de nombreux exemples.

S. Hahnemann a défié, et continue de le faire, les notions classiques de la pharmacodynamie. D'où la querelle non encore éteinte entre les allopathes et les homéopathes. Aux faits d'observation avancés par S. Hahnemann, R. Steiner ajoute que le débat est sans objet. Car, l'homéopathisation comme il dit, est la loi générale de l'organisme. Tout ce qu'il assimile est désagrégé et dépouillé ainsi que la quantité. Cette opération qui ressemble à la raréfaction progressive de la substance par dilution successive revient aux fonctions métaboliques. Les propriétés qualitatives dégagées ainsi du fait des rythmes physiologiques, agissent sur l'organisme à partir de ses structures non métaboliques, c'est à dire le système nerveux. L'inversion de l'effet pharmacodynamique est rapportée à ce phénomène. Tout remède est soumis à cette même règle physiologique de l'organisme humain. La gamme des dilutions, en réduisant dans le véhicule la présence matérielle, permet au remède d'agir de plus en plus directement, sans passage par la destruction préliminaire. Le remède homéopathique soulage de la sorte l'organisme en difficulté. A moins d'une raison particulière pour demander à l'organisme malade un effort d'ordre métabolique, le choix de la préparation homéopathique s'impose. Devenu impondérable, le remède intervient sur les supports impondérables de la vie mentionnés également par S. Hahnemann.

On devrait se demander, comment on découvre le remède. Le parti est pris aujourd'hui de s'en remettre à l'expérimentation moderne. Cependant, la matière médicale est largement tributaire d'un savoir ancien sinon antique obtenu par d'autres modes de connaissance que les nôtres. Pour ce qui est de S. Hahnemann on sait l'histoire de sa découverte de l'effet pharmacodynamique de l'écorce de quinquina, alors qu'il traduisait la matière médicale de Cullen. Le doute sur les affirmations de celui-ci en était la cause occasionnelle, l'intuition géniale a fait le reste, et la loi de similitude est formulée, irréfutable. L'expérimentation ne cessera de le confirmer.

Du temps de Hahnemann et jusqu'au début de ce siècle, la matière médicale n'empruntait qu'à la nature. Les liens étroits entre la nature et l'Homme malade se présentaient sous un éclairage nouveau dans l'oeuvre de Hahnemann. Une question se posait à laquelle R. Steiner

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s'employait à répondre. Sa vision de l'Homme à sa place dans le monde et l'Univers, illustrait les correspondances entre l'Homme, résumant en tant que microcosme, la totalité des modalités existentielles répandues dans le détail des objets de la nature. Tout ce qui est réuni dans l'harmonie en l'Homme existe dans la diversité autour de lui. Tout écart de l'équilibre, fait ressembler l'Homme à quelque objet de la nature. R. Steiner formule : ce qui est maladie en l'Homme est santé dans la nature. C'est la doctrine renouvelée des signatures de la nature. Dans l'oeuvre de R. Steiner, elle établit des rapports d'analogie, la genèse de l'Homme étant le pendant de la réalisation cosmogonique de notre Univers. Il faut dire que R. Steiner a repris avec circonspection la discussion philosophique du principe d'analogie mené sans relâche depuis l'Antiquité, complètement abandonné au XIXe siècle et repris déjà par quelques chercheurs de notre temps.

Cette appréciation n'exclut pas la création de médicaments nouveaux parfois selon des procédés complexes voisins de la nature. S. Hahnemann a créé Causticum par exemple, R. Steiner a suggéré quelques autres créations.

Quant à l'expérimentation, elle ne tient pas chez R. Steiner la place que lui accorde S. Hahnemann, car elle doit suivre et confirmer naturellement le rapport maladie-remède établi selon la connaissance des correspondances. La différence que fait Paracelse entre "expérimentum" et "expériencia", préfigure déjà ce choix. Par contre l'expérimentation tient une place importante dans les laboratoires qui ont établi sur les indications de Steiner la réalité de l'action des dilutions dynamisées, grâce à des tests biologiques divers. Ces méthodes ont permis également de confirmer certains rapports entre les organes humains, des substances ou drogues de la matière médicale homéopathique et des phénomènes survenant dans l'univers macrocosmique.

Les aperçus mentionnés ici, attribuent à S. Hahnemann le mérite d'avoir sauvé le meilleur de la tradition médicale et d'avoir contribué à ce que la vision électro-mathématique ne confisque pas l'art de guérir. De R. Steiner, on sait qu'il voulait faire profiter la médecine d'une rénovation des modes de connaissance, afin d'étendre la démarche scientifique au domaine de l'impondérable et de la préparer ainsi pour l'avenir.

_____________________________________________________________ Adresse de l'auteur : Dr Joachim BERRON - route de Comps - 26220 DIEULEFIT Cette conférence a été tenue par le Dr BERRON lors du Congrès de la Ligue Homéopathique Internationale à Lyon en mai 1985.

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Sur l'être et l'action des métaux végétabilisés

Rudolf Treichler

Les métaux végétabilisés reposent sur un nouveau principe pharmacologique et thérapeutique, qui a été établi et décrit par Rudolf Steiner dans les années 1921 à 1923. Comme nous allons le montrer, ce principe ressort de l'être de la thérapeutique et de l'être de l'homme. Les remèdes que l'on a obtenus d'après ce principe n'ont donc pas seulement une importance pratique, ils apportent aussi de nouvelles notions au point de vue méthodologique : ils approfondissent notre compréhension de la thérapeutique. Les métaux font partie du règne minéral, mais dans la mesure où nous les unissons à une plante, le règne végétal y est représenté aussi bien que le règne minéral. Pour le comprendre, il est nécessaire de s'entendre, brièvement, sur l'être du remède minéral et l'être du remède végétal.

L'être du remède minéral

Déjà la lente dégradation de la substance minérale au cours de l'évolution de la terre - spécialement le dé-devenir des métaux, comme Rudolf Steiner l'a nommé un jour1 - décèle son rapport avec la lente dégradation qui a lieu dans le système neuro-sensoriel de l'homme. Grâce à la déconstruction et à l'effondrement des substances, ce système donne naissance à la conscience humaine ; de cette manière, il libère continuellement des forces pour la vie spirituelle. Par là-dessus domine le moi, qui s'élève à la conscience du fond de la déconstruction. D'autre part, le moi, qui est formateur à partir de la déconstruction, intervient par le biais du système nerveux dans la vie de l'organisme et y engendre la forme individuelle du corps physique2. Les remèdes provenant du règne minéral ont ici deux domaines d'efficacité : agissant à partir de la tête, ils renforcent le principe d'un système nerveux établi pour durer3. Les remèdes minéraux ont une action durable, mais cette action, le plus souvent, exige un temps assez long avant de se manifester.

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La périphérie de l'organisme fait partie, en réalité, de la tête. C'est par la périphérie aussi bien que par la tête que le moi, grâce aux organes des sens et aux nerfs, entre en relation - perception - avec le monde extérieur. De là aussi partent des actions formatrices du corps. On peut donc distinguer un homme périphérique et un homme central 4. Les remèdes minéraux agissent dans le domaine et dans le style de l'homme périphérique ; ils n'ont aucun rapport direct avec l'intérieur de l'organisme, avec l'homme central, qui embrasse le système digestif au sens large ; ils se bornent à y provoquer des réactions5.

L'être du remède végétal

L'homme central est le domaine principal d'action du remède végétal, lequel prolonge à l'intérieur de l'homme le processus de minéralisation5. Son domaine est tout d'abord l'organisme de la vie, le corps éthérique, que l'homme a en commun avec la plante et qui contribue à la construction du corps grâce au métabolisme. Cependant, le remède végétal agit aussi dans la vie consciente de l'âme, car son action dans le secteur métabolique se transmet du corps éthérique au corps astral (organisme de l'âme)5.

Ceci peut être étudié à l'appui de deux phénomènes :

1° Dans l'homme central ou homme du bas, le corps a stral est engagé organiquement, et il déploie son activité entre la digestion, la genèse du sang et la respiration7. Là, le corps astral détermine les échanges à proprement parler, tels que la faim et la soif des organes aspirant à de l'oxygène ou à des substances nutritives. La faim et la soif résultent des désirs inconscients du corps astral. C'est en lui que la vie émotionnelle de notre âme a son origine8.

2° La plante en tant qu'être physique et éthérique, plonge par sa fleur dans une sphère astrale6. On le reconnaît à l'augmentation de la respiration - qui prévaut en cet endroit sur l'assimilation chlorophyllienne - aux rapports entre les fleurs et les insectes, à la déconstruction de substance qui sévit dans la région florale. En liaison avec ces phénomènes, le remède végétal fleurit et fructifiedans notre vie organique et psychique, à partir de laquelle il régularise la respiration interne dans l'organisme aqueux et va jusqu'à susciter des effets animiques.

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Composition de remèdes minéraux d'après des modèles végétaux

A la même époque où Rudolf Steiner incita des chercheurs à préparer des métaux végétabilisés, il les incita aussi à composer des remèdes minéraux d'après des modèles végétaux. Ce principe, que nous mentionnons ici pour des raisons méthodologiques, est en absolue polarité avec celui des métaux végétabilisés. Le règne minéral fournit le substrat substantiel, et le règne végétal donne seulement un schéma d'assemblage.

L'être des métaux végétabilisés

Ici, on part du minéral, généralement du métal, et on unit celui-ci à la vie de la plante. L'action du métal ou du minéral, qui touche normalement à la tête et la périphérie, est transportée de ce fait à l'homme central (homme du bas). Cela lui donne un accès direct au corps astral, actif dans le corps. Grâce à cette union plus forte entre le remède et le corps astral, la liaison entre le remède et le processus morbide est également intensifiée, car le processus morbide naît directement du corps astral ou se déploie en lui. Les maladies corporelles s'annoncent souvent par un stade préparatoire de nature psychique, animique. Dans de telles maladies corporelles, l'âme s'unit trop fortement au corps - que ce soit par l'inflammation ou la dégénérescence. Le corps physique est "dévoré" par des forces animiques. D'un autre côté, dans les maladies animiques, dépendant plus ou moins de la morbidité corporelle, des troubles des organes, la maladie monte en quelque sorte depuis le corps jusqu'à l'âme. On peut toujours voir une relation entre le corps astral et la maladie. Le moi sombre dans le processus morbide du corps astral. Mais il lutte cependant pour tenter d'amener la guérison, en union avec le corps éthérique. Par le remède appelé métal végétabilisé, le corps astral qui porte la maladie ou qui la provoque est atteint beaucoup mieux que par un remède purement métallique. Corrélativement, ce corps astral se relie plus intensément au moi - qui tend à la guérison - qu'il ne le ferait sous l'influence d'un métal simple et pur. Le nom du corps astral rappelle la parenté de notre âme avec le cosmos, avec le monde des étoiles, dont nous sommes descendus avant notre naissance terrestre, et dans lequel nous nous élevons, à nouveau, chaque nuit. En cas de maladie, notre liaison avec ce monde est passagèrement affaiblie ou interrompue. L'homme malade est séparé de

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l'ordonnance cosmique, il est abandonné à ses expériences terrestres pathologisantes. Par le métal végétabilisé, la plante réunit à nouveau le corps astral de l'homme au cosmos, dans lequel elle-même a plongé lors de son processus floral. Par le métal végétabilisé, des influences cosmiques parviennent jusque dans le cosmos interne - celui de nos organes - et contribuent à libérer le corps astral enchaîné par la maladie. Comme nous allons le montrer à présent, on potentialise ce processus - on l'intensifie - à l'aide des rythmes vitaux de la plante utilisée.

La fabrication des remèdes dits "métaux végétabilisé s"

Dans un recueil de la firme Weleda, paru en 1961 et épuisé depuis lors, Wilhelm Pelikan et l'auteur de ces lignes se sont expliqués sur cette question10. Par la présente publication, l'auteur cherche à développer ce qui a été esquissé alors, aussi bien au point de vue des principes qu'au point de vue pratique. De nombreuses expérimentations dues à des collègues trouveront ici leur place. W. Pelikan s'appuie sur les conférences du Deuxième Cours médical de R. Steiner5. Dans tout processus de guérison résultant d'un remède végétal, il y a transformation des forces minérales. En végétabilisant le métal d'un remède, on se rattache et on fait appel à ce processus déjà existant. Pratiquement, on ajoute au sol un minerai métallique déterminé, préparé spécialement, et on fait pousser dans ce sol une plante choisie (apparentée). Avec cette plante, on fait un compost que l'on mêle au sol nourricier pour une nouvelle plante de la même espèce. On applique ce procédé durant trois périodes de végétation consécutives. La plante finale est toute pénétrée par les forces du métal. Il ne s'agit pas d'un problème quantitatif - enrichir la plante en particules métalliques - mais seulement d'un problème processuel. La plante a été traitée à l'aide d'un métal, et elle est devenue capable de soutenir l'efficacité thérapeutique de ce métal. Comme l'expose W. Pelikan - et comme l'a développé Walter Cloos à de nombreuses reprises - toutes les substances terrestres sont issues d'un monde entièrement vivant : elles en ont été séparées, sécrétées. C'est ce processus que l'on fait régresser, jusqu'à un certain point, dans l'opération qui nous occupe. La vertu médicinale du métal - ou du minéral - se trouve donc aussi vivifiée du fait que la substance retourne à

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ses origines. En outre, les rythmes de la vie végétale réalisent une potentialisation du métal absorbé.

Comment la plante potentialise le métal

Dans une potentialisation (homéopathisation), on dissout la substance médicinale dans des surfaces internes, qui se forment dans le médium, parce qu'il subit des secousses rythmées. De ce fait, le médium s'ouvre aux forces du domaine cosmique et éthérique à partir duquel sa matière s'est autrefois densifiée. Ainsi, même dans la potentialisation courante, la matière retourne en quelque sorte à ses origines. Mais la densification, elle aussi, se renouvelle partiellement. Entre les secousses, la substance naît à nouveau, dans certaines limites12. La plante accomplit un travail analogue à celui-là. Chez elle aussi, la matière subit une perte de densité, du fait qu'elle se trouve dispersée dans les parties superficielles des feuilles. De jour en jour, la matière parvient dans le domaine des forces universelles qui rayonnent à partir du cosmos13. Selon W. Pelikan, 240 secousses, en chiffre rond - à un certain niveau de puissance - correspondent à 240 rythmes du jour et de la nuit, soit environ huit mois. Les pauses entre les différents niveaux de puissance correspondent au repos hivernal de 4 mois. Toutefois, cela ne signifie pas que les rythmes de la potentialisation végétale soient identiques ou égaux à ceux de la potentialisation courante. La potentialisation par la plante ne conduit pas à une puissance ordinaire, dans le sens pharmacologique du mot. Ce sont là des phénomènes différents, que l'on peut comparer, mais non identifier.

Les métaux

Tandis que les autres minéraux nous révèlent leurs rapports avec les étoiles fixes, les métaux sont plutôt en relation avec les planètes. Ceci est bien connu traditionnellement, et on a pu confirmer beaucoup de ces relations par des expériences de la science naturelle orientée selon l'anthroposophie. Ces relations expliquent leurs rapports avec les organes humains14. De ce fait, l'action des métaux dépasse la sphère périphérique de l'organisme humain et rejoint la sphère où agissent les végétaux. Celle-ci s'étend au système métabolique jusqu'au domaine respiratoire. Dans le métal végétabilisé, cette tendance s'accentue.

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L'efficacité des métaux végétabilisés

Selon Rudolf Steiner, le métal, par sa végétabilisation, doit devenir notablement plus efficace5. Le renforcement de l'efficacité, dans le métal végétabilisé, va en direction de la vertu médicinale immédiate de la plante utilisée. Ceci est confirmé par l'observation suivante : les métaux végétabilisés ont une action plus rapide que les remèdes métalliques. Ils sont donc spécialement indiqués dans les maladies aiguës . D'autre part, ils sont à conseiller au début des traitements . Pour obtenir un effet durable, on continuera ensuite le traitement avec le métal ou le minéral pur. Une thérapeutique métallique peut aussi s'accompagner d'un métal végétabilisé, ce qui engage plus fortement le métabolisme. Il est permis de se représenter qu'en agissant ainsi on rafraîchit sans cesse à nouveau la thérapeutique métallique. A l'appui de nombreuses communications, on peut établir que les métaux végétabilisés, souvent, suffisent à eux seuls chez les enfants . Là, ils réussissent parfois mieux que le métal pur. Cela pourrait tenir au fait que, chez les enfants, l'âme est encore davantage liée au corps ; elle n'est pas encore née à elle-même, comme c'est le cas après la puberté. Le métal végétabilisé agit au premier chef sur tel corps astral, organiquement actif. Il en ressort aussi une autre indication : il faut toujours penser aux métaux végétabilisés lorsque des symptômes animiques se montrent au premier plan.

Forme de la posologie

Les métaux végétabilisés peuvent être donnés per os ou sous forme d'injection, dans les concentrations 1 % ou 0,1 %, fabriqués à partir de la plante par la voie habituelle - celle-ci ayant potentialisé le métal à sa façon. Les appellations ont été changées, en République Fédérale Allemande, en raison de décisions administratives. Par exemple, au lieu de argentum per bryophyllum, on écrit bryophyllum argento cultum. Il ressort - comme déjà dit - de cette formulation que la plante bryophyllum a été cultivéeavec de l'argent. Il ne faudrait cependant pas oublier que, dans un cas comme dans l'autre, l'accent principal est mis sur le métal, dont l'action est intensifiée par la plante dans une certaine direction. Dans ce qui va suivre, les appellations primitives ont été ajoutées entre parenthèses ; elles sont encore valables en Suisse et dans d'autres pays.

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Les métaux végétabilisés

D'après une remarque de Rudolf Steiner, transmise verbalement, le nombre des remèdes végétabilisés est variable à l'infini. Citons les préparations qui remontent à Rudolf Steiner : bryophyllum mercurio cultum (mercurius per bryophyllum) ; melissa cupro culta (cuprum per melissam) ; urtica dioica ferro culta (ferrum per urticam) ; equisetum arvense silicea cultum (silicea per equisetum). Dans les temps qui suivirent, d'autres métaux végétabilisés furent mis au point par la firme Weleda, avec la collaboration de plusieurs médecins. Nous allons passer en revue toutes ces préparations, pour inciter les chercheurs à faire sur elles de nouvelles expériences.

RESUME

Les métaux végétabilisés reposent sur un principe thérapeutique nouveau, dû à Rudolf Steiner. La substance métallique de départ est potentialisée grâce à la présence d'une plante déterminée, apparentée par nature à cette substance. Cette substance se trouve ainsi ouverte, beaucoup plus fortement que par la potentialisation ordinaire, au cosmos, dont la maladie a séparé l'homme. D'autre part, le remède métallique est porté de cette manière jusque dans le domaine le plus vital de l'organisme (le métabolisme), où il peut agir sur le corps astral qui y est organiquement et subconsciemment actif. Ainsi, la substance médicinale trouve un accès direct au processus morbide. Elle s'y unit par le corps astral dans la maladie corporelle et par le corps physique dans la maladie animique. (De là, elle réagit sur le corps astral). A cause de cette relation directe avec le métabolisme et le corps astral, les métaux végétabilisés ont une action plus directe et plus aiguë que les métaux purs et que les substances minérales non métalliques. Néanmoins, les minéraux et les métaux métalliques purs agissent davantage, à la longue. Les métaux végétabilisés entrent en ligne de compte, pour les médecins, dès le début des traitements métalliques , ou simultanément avec eux, pour les soutenir. Dans les affections légères et dans l'âge infantile, on peut aussi les donner seuls avec de bons résultats. Chez les enfants , ils agissent parfois plus favorablement que les métaux purs. Ils sont particulièrement indiqués lorsque les symptômes animiques occupent le premier plan.

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Cependant, la plante étant ici médiatrice de l'action médicinale métallique, le moi est atteint à travers le corps astral. Même dans le domaine métabolique, une relation directe du remède avec le moi peut être obtenue de cette manière. Conformément à la dignité de l'être humain, toute guérison devrait être, en dernière analyse, une auto-guérison , c'est-à-dire une guérison par le moi du malade. La force du moi, en vue d'une telle guérison, est renforcée dans le domaine vital par les métaux végétabilisés.

PREPARATIONS

Bryophyllum argento cultum (argentum per bryophyllum). - Le végétal bryophyllum, par sa multiplication végétative très particulière, transporte le principe floral dans le domaine des feuilles ; on se sert de cette plante pour potentialiser l'argent. L'action de l'argent sur les organes de reproduction se trouve renforcée par la plante. Des forces animiques libérées hors des organes reproducteurs sont ainsi réintroduites dans le domaine végétatif et organique. Ces forces conduisaient, chez le malade, à des états d'agitation mentale, à des convulsions, à l'hystérie(bryophyllum semble avoir été prescrit par Rudolf Steiner contre l'hystérie). Bryophyllum argento cultum est d'un bon secours en cas d'agitation mentale, convulsions, crampes, spasmes et troubles du sommeil (hystérie larvée), mais également après des chocs physiques ou psychiques. Par l'effet d'un tel choc, des forces astrales peuvent avoir été détachées du complexe organique normal. En dehors de ces indications, la préparation dont nous parlons - comme toutes les autres de ce genre - peut aussi servir à instaurer ou à accompagner un traitement métallique. Ce sera ici un traitement par l'argent. Ce médicament est très souvent utilisé ; il a fait également ses preuves chez les enfants. On l'emploie surtout en dilution 1 %.

Thuya occidentalis argento culta (argentum per thuyam). - La composante vitalisante de la thérapeutique à l'argent est accentuée ici par l'action de thuya. Ce remède est utile en cas de sécrétions bloquées, ce qui nécessite une thérapeutique par l'argent : par exemple, hypoménorrhée et oligo-ménorrhée, suppurations bloquées, chroniques

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Thuya occidentalis argento culta

Thuya occidentalis

Argentum (Argent natif)

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ou constitutionnelles dans le cas de patients adipeux ou "pâteux", justiciables de l'argent.

Bryophyllum mercurio cultum (mercurius per bryophyllum). - Thérapeutique végétabilisée du mercure, où la symptomatique animique occupe, à nouveau, le premier plan. Le rapport du métal mercure avec le poumon (en tant qu'organe respiratoire) se manifeste ici sur le plan animique. C'est la respiration animique qui est gênée dans l'obsession morbide et dans l'hystérie. Il y a un recul convulsif et obsessionnel devant le monde extérieur (phobie), ou encore de la dévotion fanatique, débridée et dévorante (hystérie). La préparation conduit à un moyen terme entre les deux. Il y correspond, dans le secteur corporel, de l'asthme bronchial ou de l'inflammation catarrhale. L'asthme peut être lié à des symptômes obsessionnels ou à des débordements de la vie animique. Ce remède est indiqué en cas d'affection péristaltique intestinale bloquée (constipation chronique, due à des phénomènes animiques).

Nasturtium mercurio cultum (mercurius per nasturtium). - Actions dans le domaine intestinal, bien observées dans colitis mucosa ou colitis ulcerosa. A donner en liaison avec des injections de antimonium arsenicosum D8 ou de mercurius viv. nat. D8. Cf. mercurius vivus D4nasturtium off. D1 Stannum met. D14 (nasturtium y est le constituant du remède pour le gros intestin).

Melissa cupro culta (cuprum per melissam). - La thérapeutique du cuivre est ici potentialisée par les rythmes végétaux de la mélisse, plante vivifiante et rafraîchissante. On prescrit ce remède dans les stases de la circulation veineuse, avec varices et hémorroïdes, surtout s'il y a sous-nutrition, froid continuel et nervosité. L'action très étendue du cuivre sur le système rénal et - spécialement ici - pour renforcer un rayonnement rénal trop faible fait comprendre que ce métal combatte une déficience de rayonnement du corps astral par le biais des reins. Il en résulte une faiblesse du métabolisme et de la circulation avec de l'hypotonie, des troubles de la circulation veineuse, des varices, des hémorroïdes8... Des injections, en alternance périodique, avec surrenine et solutio ferri seront faites en même temps qu'avec la préparation minéralisée urtica dioica, qui est le principal médicament en cas de rayonnement rénal trop faible. On conseille des injections de melissa cupro culta D3 pendant quelques semaines, puis avec surrenine D3 + solutio ferri D6 ana. Après une seule injection de melissa cupro culta, la sensation du réchauffement peut déjà s'établir.

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Chamomilla cupro culta, radix (cuprum per chamomillam). - La composante calmante et antispasmodique du cuivre est potentialisée ici par la camomille. La racine de camomille porte cette action jusque dans le métabolisme et la circulation de la tête, où le moi est particulièrement engagé. Il apparaît là un processus de défense contre une trop forte montée du métabolisme - analogue à celle que nous avons vue, ci-dessus, contre un trop fort rayonnement rénal. Indications : dans les états spasmodiques (crampe, convulsion) de toute sorte, tels qu'ils apparaissent par suite d'une abondance excessive de forces astrales, notamment lors des spasmes nés de l'excitation et de la tension internes (période menstruelle). Les bébés agités, dont la tête tend à rougir, et qui veulent sans cesse être transportés d'un endroit vers un autre, répondront bien à ce remède. Il est efficace aussi, comme adjuvant, dans l'épilepsie, surtout si l'on donne simultanément du cuivreen injection, en même temps que dioptase D20 et belladonna D20 en injection. Il est adjuvant également dans le status epilepticus, mais là, toutefois, la thérapeutique usuelle de la médecine d'école est tout à fait indispensable8. C'est une préparation particulièrement active et très usitée en ce qui concerne la tendance aux crampes ; son action est nettement plus forte que celle de la racine de la camomille non traitée par le cuivre.

Tabacum cupro cultum (cuprum per nicotianam). - Nouvelle préparation, qui n'a pas encore été décrite dans les exposés de 196110. Le tabac potentialise le cuivre pour combattre des états spasmodiques qui apparaissent en liaison avec de l'asthénie ou de l'hypotonie, notamment quand ils deviennent chroniques (trop faible rayonnement rénal, avec les crampes qui peuvent aussi apparaître secondairement dans cette situation). Efficace aussi dans le domaine intestinal, en cas d'ileus et d'invagination.

Urtica dioica ferro culta (ferrum per urticam).Action sur la circulation artérielle dans les troubles de l'irrigation périphérique. Dans l'anémie par manque de fer, pour soutenir : ferrum ustum D3 nontronite D3 pimpinella anisum 100% urtica dioïca D4 ana et fragaria vesca 15 % mel 5 % urtica dioïca 30 % Excipient q.s.p. 100 %. Egalement dans l'hypotonie essentielle, lorsqu'on fait en même temps des injections de surrenine D4 + solutio ferri D6 ana.

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Primula auro culta Et Hypericum auro cultum

Primula

Aurum (Or natif)

Hypericum

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Cinis urticae ferro cultae (cinis ferri per urticam). - Préparation récente, pas encore comprise dans les exposés de 196110. C'est surtout sur le poumon qu'on agit par la cendre de l'ortie traitée avec le fer. Remède de choix pour le traitement ferreux de l'obsession morbide. En injection D6ou en trituration D3. Injection simultanée avec pulmine D6. Par voie interne, prendre vaucheria D3 dil. + pyrite D6 trit. ; ou, pyrite D3, par voie interne, simultanément avec pyrite D8 en injection. Ou encore ferrum sidereum D6 et vaucheria D6. En outre, ce remède est indiqué contre l'angoisse (agoraphobie) ou dans les hypersensibilités liées à l'état du poumon8.

Chelidonium ferro cultum (ferrum per chelidonium). - Grâce à la plante chélidoine, qui est en relation avec la bile, le processus ferrique peut être transporté jusque dans le domaine de la vésicule biliaire et du foie. Remède particulièrement actif lorsqu'il existe des douleurs dans la région de ces organes. Il arrive, dans ces circonstances, que le fer ne soit pas toléré : on le remplace alors par cette préparation. Elle n'est active que dans les légers troubles dépressifs (mauvaise humeur), surtout si la faiblesse de la volonté est patente (en relation avec la bile). Dans les dépressions graves, on l'emploie pour soutenir les injections de scorodite D6 à D10 ; ou de ferrum + acidum cholalicum D4 à D6 ana8.

Primula auro culta (aurum per primulam). - La primevère, qui est vitalisante, accentue l'action libératoire ou diastolique de l'or sur l'organe cardiaque8. Remède indiqué surtout dans les troubles sténo- cardiaques liés à un amoindrissement de la vitalité et à un coeur "petit". Dans les névroses cardiaques, quand les symptômes susdits sont au premier plan ou quand il y a de l'épuisement.

Hypericum auro cultum (aurum per hypericum). - Le millepertuis (hypericum) est énergétique, astralisant ; on connaît son action dans l'énurésie ou pipi au lit des jeunes enfants. Il potentialise ici la composante contractante (systolique) de l'activité thérapeutique de l'or. Dans les dépressions, lorsque le coeur est douloureux ou lorsque le malade se sent le coeur vide, cette action énergétisante monte jusque dans la tête et se fait sentir sur la pensée, quelquefois gênée. Ce remède n'est efficace que dans les états dépressifs légers, où on l'emploie très souvent. Dans les cas plus graves, il peut accompagner les thérapeutiques par l'or, par le fer ou par le magnésium.

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Taraxacum stanno cultum (stannum per taraxacum). L'étain (stannum)est médiateur entre l'état solide et l'état liquide ; le pissenlit (taraxacum)potentialise sa composante libératoire (dissolvante) en relation avec des processus liquides dans le foie, qui peuvent aller jusqu'à l'hépatite liée à une constitution asthénique ou à une composante sclérotisante. Remède efficace surtout chez des personnes âgées présentant des processus de durcissement allant jusqu'à la cirrhose du foie. Il soutient le traitement stannique de la dépression. Moins actif au stade grave et dans les états aigus : ici, il peut agir surtout durant les phases intermédiaires, lorsqu'il s'agit de mettre en oeuvre la composante dissolvante. Il est en relation avec les symptômes d'épuisement qui accompagnent souvent la dépression, ainsi que chez les patients justiciables du magnésium.

Cichorium stanno cultum (stannum per cichorium). - La composante solidifiante et formante du processus stannique est accentuée ici par la plante chicorée (cichorium). Indications : depuis la constitution pâteuse et liquéfiante jusqu'au stade séreux par lequel débute l'hépatite. Grâce à la seule chicorée, et à partir du foie, on a une action qui va jusque dans la tête et dans toute la peau (eczéma hépatique, maux de tête). Psychiquement, dans ces constitutions, la chicorée combat les tendances aux dépressions. Ce remède est indiqué aussi per os, en dilution D1, et particulièrement lorsqu'il y a des tendances à la diarrhée (selles de fermentation).

Cichorium stanno cultum, radix (stannum per cichorium, radix). - Indication spécialement psychiatrique. Intensification de l'action solidifiante et formante par la racine de chicorée. Cette plante n'agit plus à présent en régulatrice du métabolisme biliaire ; mais, en tant que racine, elle agit de son côté, lorsque le foie secrète trop de bile et que l'homme, de ce fait, déploie trop de force agissante ; c'est donc un remède de soutien dans le traitement de la manie . Selon Rudolf Steiner, qui a donné cette indication, le foie se rétablie lentement grâce à ce traitement, mais on n'obtient pas d'amélioration psychique ni corporelle15. Cette préparation est excellente, seule, pour les enfants qui sont sujets à des accès de colère.

Cichorium plumbo cultum (plumbum per cichorium). - Les actions du plomb sont portées par la chicorée jusque dans l'intérieur de l'organisme. Remède efficace dans le rachitisme accompagné de troubles digestifs

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(diarrhées provoquées par des excitations mentales). Pour soutenir la thérapeutique du plomb dans la manie .

Aconitum napellum plumbo cultum (plumbum per aconitum). Remède actif dans le même sens, mais plutôt dans les états aigus.

Equisetum arvense silicea cultum (silicea per equisetum). - C'est notre seul remède végétabilisé qui ne soit pas métallique, mais seulement minéral. Grâce à la prêle (equisetum), la thérapeutique du quartz (silice) est portée jusque dans l'intérieur de l'organisme. Là, elle agit sur les surfaces internes , conformément à la relation du quartz-silice sur la surface du corps. Indications : en cas d'hypersensibilité des muqueuses, qui peut aller jusqu'au rhume des foins. Ce remède soutient l'injection de gencydo. En outre, il est indiqué dans les processus inflammatoires chroniques des muqueuses, ainsi que dans les suppurations opiniâtres, qui nécessitent l'intervention de l'acide silicique. D'une façon plus générale, il soutient la thérapeutique au quartz.

Bibliographie

1. R. Steiner, Geistliche Gesichtspunkte zur Therapie, VIIIe conférence. 2. F. Husemann, Das Bild des Menschen..., BAND I & II. 3. O. Wolff, R. Treichler u.a., "Zur Pathologie und Therapie des Nervensystems", in Weleda-Korrespondenz-Blätter für Ärzte, n° 74, 1969. 4. R. Steiner, Médecine et Science spirituelle, Xe conférence, Editions Anthroposophiques Romandes. 5. Id., Geistliche Gesichtspunkte zur Therapie, VIIe conférence. 6. Id., Physiologie occulte, VIIIe conférence. 7. Id., Médecine et Science spirituelle, XVe conférence, Editions Anthroposophiques Romandes. 8. R. Treichler, Grundzüge einer Psychiatrie (dans l'ouvrage de Husemann -Wolff, cf. n° 2). 9. R. Steiner, Anthroposophische Menschenerkenntnis und Medizin, Ve conférence.

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10. W. Pelikan, Vegetabilisierte Metalle und Mineralien ; R. Treichler, "Mineralisierte Heilmittelkompositionen...", in Weleda-Schriftenreihe, n° 5, 1961 (épuisé) 11. W. Cloos, Lebensstufen der Erde, Verlag Freies Geistesleben, Stuttgart, 1970 12. T. Schwenk, Grundlagen der Potenzforschung, Verlag Freies Geistesleben, Stuttgart, 1972 13. R. Steiner & I. Wegmann, Données de base pour un élargissement de l'art de guérir selon les connaissances de la science spirituelle, chap. III, Editions Triades, Paris. 14. R. Steiner, Médecine et Science spirituelle, VIe conférence, Editions Anthroposophiques Romandes. 15. Id., l'Univers, la Terre et l'Homme, IIe conférence, édit. Triades, Paris.

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Sur la culture des métaux végétabilisés

Bruno Busse

Une nouvelle voie de préparation des médicaments a été ouverte sur les indications données par Rudolf Steiner, concernant la végétabilisation des métaux ou minéraux métallifères à l'aide de la plante médicinale: ce n'est qu'au bout de trois années de traitement et après un second compostage, que celle-ci sert alors à élaborer un remède.

Cette voie, inédite dans l'histoire de la recherche en matière de médicaments, est susceptible d'offrir un choix de solutions "modulables à l'infini"(1).

Afin de comprendre les différentes étapes parcourues par le métal dans son processus de végétabilisation, nous allons décrire la méthode adoptée dans la culture des plantes médicinales(2).

Semis et apports d'engrais au cours des périodes de végétation

L'engrais liquide minéral-métallique est ajouté, dilué à la sixième décimale, c'est-à-dire 1/1 000 000, à la graine qui vient d'être plantée, de façon à assurer une humidification intérieure de la terre dans la terrine à semis.

Après un délai de germination, les semences sont en contact direct avec la terre humide et produisent, tant pour le cresson de fontaine que pour la chicorée sauvage, des germes tendres d'un vert clair qui, pour ces deux plantes à germination rapide, poussent de façon accélérée dans la chaleur d'une serre.

Alors que par les semis, le cresson et l'ortie prennent mieux en plein air, la plupart des "semences Vg1" (période de végétation 1) sont soigneusement mises en terre dans des terrines à semis et sous serre.

On peut également faire pousser la grande ortie dans des châssis non couverts, en la disposant en touffes (sorte de bouquets de plantes,

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c'est-à-dire plusieurs jeunes plants dans un même trou). Ce procédé convient particulièrement bien aux jeunes semences sensibles du millepertuis. Les petites touffes, ainsi fortifiées, prennent ensuite généralement mieux en pleine terre.

C'est la fabrication de l'engrais de base en laboratoire, selon les indications de Rudolf Steiner, qui est déterminante pour la réussite de la végétabilisation des métaux et minéraux. Ainsi, pour les plantes à teneur en fer comme l'ortie et la chélidoine, le minéral de fer est soumis à des processus complexes de calcination, de brûlage et de précipitation, jusqu'à obtenir finalement des masses poreuses sans poids ni éclat. Elles ont complètement perdu le caractère du minéral de fer.

Procédé inhabituel, le résidu de la cornue est utilisé pour l'engrais de base. Ce traitement de la substance minérale semble donner naissance à un minerai comparable à celui que l'on rencontre dans des sols soumis à une dégradation accélérée dans le temps.

Ce qui est ainsi ajouté à la semence en train de germer n'est donc pas une dynamisation de fer à la sixième décimale ; la première impulsion déterminante de ce nouveau procédé est donnée par un engrais de base poreux, qui a dû subir en laboratoire de nombreuses métamorphoses pour se défaire de son caractère métallique. Ce premier apport d'engrais métallique liquide peut être répété lorsqu'on déterre la plante, puis une nouvelle fois lors de son repiquage. Il sera accompagné si possible de pulvérisations de bouse en corne, préparation d'entretien du sol habituelle dans la méthode d'agriculture biodynamique.

Tout comme la fabrication de l'engrais métallique en laboratoire, le premier apport d'engrais constitue une impulsion primaire qui assure l'imprégnation souhaitée jusqu'à la récolte de la troisième période de végétation de la plante médicinale.

Le processus d'assimilation des minéraux métalliques artificiellement décomposés se déclenche au contact de la terre ; les forces vivantes de la terre s'unissent à la métallité. Le métal qui se défait de sa nature doit être haussé au stade du règne végétal, un processus qui, selon les indications de la science spirituelle, se généralisera dans un lointain avenir lors de la dissolution de la terre,

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lorsque l'ensemble du règne minéral sera végétabilisé. Le règne naturel inférieur sera alors un stade végétal vivant!

C'est dans ce champ d'action dynamique, à savoir préparation de l'engrais de base, premier apport d'engrais liquide à la semence, plantation et première récolte de compost, que s'élabore la première période de végétation.

Lorsque l'ortie ayant bénéficié de l'apport d'engrais à base de fer fleurit, seule une étape de ce triple processus est accomplie. Normalement, au plus fort de l'été, le moment serait venu de couper les orties en fleurs dont le pollen commence à se pulvériser sous l'action de la lumière et de l'air chaud. C'est pourquoi l'étape suivante est pour le moins surprenante.

Compostage des première et seconde périodes de végét ation

A son plein épanouissement, la plante médicinale n'est donc pas récoltée pour l'obtention de teintures mais mise en terre dans un jardin métallique. Les parties hors du sol sont hachées, mélangées après s'être fanées, à du terreau fait, et mises ensuite dans de grands pots d'argile en vue du compostage ; ces pots sont enterrés d'un tiers dans la terre des carrés de jardin prévus à cet effet.

Lors du compostage de la grande ortie, on peut aussi utiliser avec succès le procédé mis en oeuvre dans la décomposition des orties fraîches pour la préparation 504 selon la méthode d'agriculture biodynamique(3). C'est ainsi que dans la culture de Urtica dioica Ferro culta, on tapisse de toile à sac des petites tranchées dans lesquelles les composts d'ortie parviennent parfaitement à maturation.

Dans le compostage des plantes métalliques, on fait la distinction entre les plantes à appareil foliaire développé, le cresson de fontaine par exemple, et les plantes riches en fleurs tels que le millepertuis ou la vraie primevère.

Alors que dans le compostage habituel, on mélange plutôt à la terre des plantes fanées et en voie de décomposition, pour le compost métallique on procède comme lors de la cueillette de plantes médicinales neutres.

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C'est la plante à son stade optimum, présentant les caractéristiques d'un remède, qui est utilisée pour la fabrication du compost métallique. Le but est de fabriquer un compost métallique aussi riche que possible en fleurs. Il est préférable de laisser auparavant les plantes cueillies se faner au soleil pendant quelques heures, et de bien les mélanger ensuite à de petites quantités de terreau.

Au bout d'un an, moyennant un suivi adéquat de la fermentation du compost (par contrôle et ameublissement réguliers), les composts métalliques venant tout juste d'être mélangés à la terre ont une bonne odeur de sol des forêts et possèdent la friabilité souhaitée.

Lors de la seconde période de végétation, lorsque la nouvelle semence neutre est mise en terre, l'apport d'engrais consiste en fait en un apport de terre à la terre. Environ un tiers du "compost Vg1" est mélangé à la nouvelle terre nourricière de la terrine à semis. La nouvelle semence entre ainsi en contact avec une terre de compost qui a été soumise durant un an ou plus, donc sur une période assez longue, à un processus de décomposition dans le temps.

Cette méthode comportant un second compostage est inhabituelle et constitue un procédé original dans l'art de la pharmacie anthropo-sophique.

En hiver, ce sont les forces de la terre et de l'eau qui prédominent et constituent le fond des composts de semence ; en été ce sont les forces périphériques de lumière et de chaleur qui dispensent, avant tout dans la zone des fleurs, les forces curatives destinées à constituer, en dernier ressort, l'essentiel du médicament.

Dans l'aménagement d'un jardin métallique, lorsqu'on dispose de suffisamment de terreau provenant d'aires de compostage, les trois périodes de végétation seront toujours prévues simultanément, de façon à pouvoir effectuer chaque année sans perte de temps, la récolte des plantes de la troisième période.

Pour les sous-arbrisseaux ou plantes ligneuses ayant un cycle de plusieurs années, il faut planifier les mesures appropriées afin que les cultures forment, dans la mesure du possible, un ensemble cohérent. Un jardin métallique, intégré à une zone de culture relativement étendue, a sa signature particulière et devrait toujours être exploité selon le cahier des charges de la méthode d'agriculture biodynamique.

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Lors des semis pour chaque période de végétation, on tiendra compte par exemple des indications données par Maria Thun (4). Les constellations défavorables doivent être évitées pour entreprendre les semis, le compostage, la récolte et le traitement, comme on le fait pour la dynamisation en laboratoire des substances métallifères de base.

Pour des raisons pratiques, l'entretien du sol se fait continûment, sans tenir compte des constellations défavorables.

Troisième période de végétation

Lors des semis en vue de la troisième période, il y a, une fois encore, apport de terre à la terre. On sème de nouveau dans le châssis de germination de cette dernière période des graines neutres à fort pouvoir germinatif et le compost de la deuxième période est mêlé à la terre. Ce "compost Vg2 " provient de plantes qui ont poussé dans des sols enrichis de "compost Vg1 ". Le compost de la deuxième période se différencie donc de celui de la première période qui, lui, est issu de plantes ayant été cultivées à l'aide de l'engrais de base liquide. La troisième période de végétation est donc à son tour quelque chose d'inédit, et représente une nouvelle intensification du processus de végétabilisation du métal. Un compostage et un cycle supplémentaires pour une quatrième ou une cinquième année de végétation n'apporteraient rien de nouveau.

L'objectif : "une transformation complète des forces minérales" est atteinte avec cette troisième période!(5)

La description de ces périodes ou cycles de végétation montre clairement que les plantes de chaque cycle devraient être issues de semences. Une multiplication végétative, par division d'arbrisseaux par exemple, convient moins bien, car elle ne fait que produire le semblable à partir du semblable. Une répétition continue ne ferait qu'affaiblir le pouvoir d'assimilation de la plante face aux influences cosmiques. Les cultures des plantes Equisetum et Bryophyllum constituent une exception à cela: il est très difficile d'en obtenir une multiplication par semence. Dans les essais scientifiques destinés à démontrer l'existence de transformations morphologiques chez l'ortie à forte teneur en fer ou la mélisse à forte teneur en cuivre, la multiplication végétative peut s'avérer plus favorable pour l'obtention de plantes expérimentales homogènes.

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De plus, de nouveaux procédés recourant à des quantités accrues de composts provenant des carrés Vg1 et Vg2 pourraient avoir pour conséquence une stimulation accentuée de l'ensemble de la végétabilisation des métaux(6).

Une sélection nuancée des minéraux métalliques de départ et leur préparation pour en faire l'engrais de base, l'entretien attentif des plantes métalliques du jardin tout au long des trois cycles de végétation ainsi qu'une multiplication des formes galéniques, sont autant de facteurs qui tendraient à prouver que la préparation des métaux végétabilisés "est modulable à l'infini, de par la méthode extrêmement variée de préparation"(1).

Bibliographie

(1) Ludwig Noll - Lettre à Oskar Schmiedel du 14 mai 1921 Archives Weleda, Schwäbisch Gmünd (2) Bruno Busse - "Les métaux végétabilisés dans la culture des plantes médicinales" Communications des collaborateurs scientifiques de Weleda Arlesheim et Schwäbisch Gmünd Session d'information d'été, Schwäbisch Gmünd, 1978 (3) Christian von Wistinghausen, Wolfgang Scheibe "Arbeitsheft zur Herstellung der biologisch-dynamischen Präparate"

(Notes concernant la fabrication des préparations biodynamiques) Cahier N° 1 Cercle de recherche en matière d'agriculture biodynamique, 1981 (4) Maria Thun, Matthias K. Thun - "Calendrier des semis 1993" M. Thun-Verlag (5) Rudolf Steiner - "Thérapeutique et science spirituelle", 7ème Conférence, 1921, GA 313 Editions Anthroposophiques Romandes (6) Jochen Bockemühl "Versuche zu den Präparaten Melisse und Brennessel" (Essai sur les préparations à base de mélisse et d'ortie) Korrespondenzblätter 1988, n° 120 - Arlesheim et S ch w.-Gmünd