7
Tous droits réservés © La Société La Vie des Arts, 1970 Ce document est protégé par la loi sur le droit d’auteur. L’utilisation des services d’Érudit (y compris la reproduction) est assujettie à sa politique d’utilisation que vous pouvez consulter en ligne. https://apropos.erudit.org/fr/usagers/politique-dutilisation/ Cet article est diffusé et préservé par Érudit. Érudit est un consortium interuniversitaire sans but lucratif composé de l’Université de Montréal, l’Université Laval et l’Université du Québec à Montréal. Il a pour mission la promotion et la valorisation de la recherche. https://www.erudit.org/fr/ Document généré le 6 juin 2020 13:20 Vie des arts À Toronto Cinquante ans de bauhaus François Meyer Numéro 57, hiver 1969–1970 URI : https://id.erudit.org/iderudit/58117ac Aller au sommaire du numéro Éditeur(s) La Société La Vie des Arts ISSN 0042-5435 (imprimé) 1923-3183 (numérique) Découvrir la revue Citer cet article Meyer, F. (1969). À Toronto : cinquante ans de bauhaus. Vie des arts, (57), 28–33.

À Toronto : cinquante ans de bauhaus · bauhaus. 1928 ci-contre: waitegropiur s (à droite) et l'organi sateur de l'exposition de Stuttgart, herbert bayer, devant un graphisme agrandi

  • Upload
    others

  • View
    3

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Tous droits réservés © La Société La Vie des Arts, 1970 Ce document est protégé par la loi sur le droit d’auteur. L’utilisation desservices d’Érudit (y compris la reproduction) est assujettie à sa politiqued’utilisation que vous pouvez consulter en ligne.https://apropos.erudit.org/fr/usagers/politique-dutilisation/

Cet article est diffusé et préservé par Érudit.Érudit est un consortium interuniversitaire sans but lucratif composé del’Université de Montréal, l’Université Laval et l’Université du Québec àMontréal. Il a pour mission la promotion et la valorisation de la recherche.https://www.erudit.org/fr/

Document généré le 6 juin 2020 13:20

Vie des arts

À TorontoCinquante ans de bauhausFrançois Meyer

Numéro 57, hiver 1969–1970

URI : https://id.erudit.org/iderudit/58117ac

Aller au sommaire du numéro

Éditeur(s)La Société La Vie des Arts

ISSN0042-5435 (imprimé)1923-3183 (numérique)

Découvrir la revue

Citer cet articleMeyer, F. (1969). À Toronto : cinquante ans de bauhaus. Vie des arts, (57),28–33.

. . . . . « i l i m » • » "

,,w...i..> «•»' ~* ' * "V fr .«f ,1c. . m * «

,.IMI>.» i.u.t.t. rn.-» rr.fcwwif, t • u tr*-tt-i. v'r. lit HMn nut intrml

f, -uli « i~.*i.»|>l*-iul lu . . i t .n l i ' i l't- lu r.ilh.m H*m . .«....-torn

•MM! \.<w ti i i twvnU.-i .^ » v . .

.klir.-nj «l»r Mtsmir». « • * * M» tHr»»enh*«

•, J Ml mr.hjl>i~«t.< n u . i m u i " •"> I % aut rtl* -Hru*A«

I A n tod" .m H a w raw rtwl J J B !• * n-itm-tHi .^ uml •MM

.11 . * * «

•Uito .(>

i l l » . i -I . . . l l . l l

, r m (1.1 rl

l i l t > !*•• ) *«•< .inl<«ili<tt s<-i>

»f, * * l i n . W P. ,111 *rr»t» H W.H n m rt lunj! vc r lo tcn ««*« . .mi l l t%cfc*r»li«i'i<

.|« « 1\p » " Mtl ml . : • « l o t t t r a uVi »>F » " «•.<• i IS, «.«mtvvtl **.r*.lv/u t im- ikvt-t \ .»t . .u

' ••• ' - »»• i.l. » v.*n> ».»l«i. i i. .

2 S

ci-dessus: oskar schlemmer, cours préliminaire d'anatomie dessins figuratifs 1922-1929

page ci-contre: herbert bayer cours de typo­graphie et de publicité couverture de magazine, bauhaus. 1928

ci-contre: waiter gropius (à droite) et l'organi­sateur de l'exposition de Stuttgart, herbert bayer, devant un graphisme agrandi d oskar schlemmer.

par françois meyer

à toronto cinquante ans de bauhaus

l'exposition cinquante ans de bau­haus, qui s'est tenue à toronto, a rendu hommage aux précurseurs de ce que l'on a maintenant coutume d'appeler l'art moderne, cette expo­sition, qui coïncidait en outre avec la mort de deux des anciens direc­teurs du bauhaus, waiter gropius et ludwig mies van der rohe, a souligné

l'importance de la discipline archi­tecturale dont ces deux hommes ont été parmi les plus représentatifs ar­tisans de notre siècle.

c'est avec une conception neuve de l'architecture que waiter gropius ouvrit le bauhaus, à weimar, au len­demain de la première guerre mon­diale, la gravure sur bois de lionel

feininger, qui servit de prospectus à l'école, montre clairement l'idée directrice: la cathédrale gothique, point de rencontre de toutes les for­ces créatrices médiévales, conçue comme un schéma microcosmique de l'univers, le bauhaus va s'efforcer de retrouver cette synthèse techno­logique, cette étroite collaboration des artisans, qui est restée unique dans l'histoire.

dans l'effervescence de la toute nouvelle république de weimar, au milieu du chaos de la défaite alle­mande, le bauhaus va essayer de repenser et d'adapter aux besoins humains la civilisation industrielle.

cinquante ans ont passé, et les

29

les artistes d'avant-garde des années trente étaient membres du corps enseignant au bauhaus de gauche à droite: josef albers. hinnerk scheper. georg muche, laszlo moholy-nagy. herbert bayer, joost schmidt. waiter gropius. marcel breuer, vassily kandinsky. paul klee. lyonel feminger. gunta stôlzl. oskar schlemmer

créations du bauhaus ont envahi et influencé à tel point notre manière de vivre et notre environnement qu'il devient de plus en plus difficile de distinguer la puissance et l'originali­té créatrice du bauhaus, les solutions expérimentées dans des disciplines aussi diverses que l'architecture, la peinture, la sculpture, le théâtre, le design industriel, la typographie, la photographie, la céramique et le tis­sage, ayant, pour la plupart, trouvé une utilisation dans notre vie quoti­dienne.

la base de l'enseignement du bauhaus est donnée par les ateliers.

en effet, l'école ne prétend pas for­mer des artistes mais plutôt les arti­sans de la nouvelle ère industrielle,

coupant court avec la tradition académique, le bauhaus va s'effor­cer de plonger directement l'élève dans les problèmes du matériau; et gropius de déclarer: "ensemble , concevons et créons le nouvel édifi­ce de l'avenir qui fondera en une seule masse l'architecture, la sculp­ture et la peinture, et qui, des mains d'un million de travailleurs, s'élèvera un jour vers le firmament comme le symbole cristallisé d'une nouvelle foi. " *

. , • : • • . - : - • ' . : ; : . . : , : • - .

i l H

""""' P i ' 1

II III 1 III •J 1

i ï • • 3 ••

Sfj,

* sa

3 K T

..«• ..m m

t • < *

M

S I 9H

0 ^P~™

Il >-i.

*

m ItflM.. ; 1.. l u . . . '

* ' W «MHÉdrVi

'•(:•• H | I I . — ~~ 1 ' . . . . — F

"' 'V: '•••Wf TT 1™" * * • •»•!<• sam f D •','." •<_'/'BIT Ifî » ' * - » " ««KM • h r f j syfcs r-" * • • • I l " M l H I l vr 1 i l ] "ï";Iï

i i ^ BJlaJJL

• 1 r Ï i

ILS—LÀ

' r Ml i l If I I

mwL 11

ci-contre: waiter gropius architecture et design, vue d'ensemble du bauhaus de dessau. 1925-1926. vue d'ensemble.

ci dessus: ludwig mies van der rohe. architec­ture et design maquette d'un projet de grat­te-ciel en verre. 1920-1921

.10

pour comprendre l'organisation de l'école, il est, je crois, indispensable de se référer au schéma du pro­gramme des études présenté dans le catalogue de la royal academy à londres.

en fournissant à ses élèves la pos­sibilité de maîtriser techniquemment les outils et les machines, la bauhaus cherche à former des artistes capa­bles de s'exprimer dans le langage industriel de leur époque, suppri­mant ainsi la dichotomie flagrante encouragée par l'académie du 19e siècle, à savoir, la formation d'artis­tes c o m p l è t e m e n t coupés des préoccupations et des problèmes de la production industrielle et, par le fait même, incapables de remédier à une production inadaptée aux be­soins réels.

à partir de là, il est facile de com­prendre l'emphase mise par le bau­haus sur les cours préliminaires des­tinés à donner au nouveau venu "l'expérience des proportions et des volumes, du rythme, de la lumière, des ombres et des couleurs, et, en même temps, à lui permettre de passer par tous les stades de l'expé­rimentation originelle avec des outils et des matériaux de toute espèce, pour trouver sa voie dans la limite de ses dons naturels".*

cette démarche permettait non seulement d'accélérer l'enseigne­ment subséquent, mais aussi de donner à l'élève cette maturité et cette conscience profonde du monde et de son environnement.

c'était la tâche des professeurs, kand insky , k lee, moho ly -nagy , schlemmer, albers, itten, et autres, que de fournir aux étudiants les ba­ses du langage plastique.

après avoir complété les cours prél iminaires d 'une durée de six mois, l'étudiant était admis dans

l'atelier de son choix afin de partici­per à la création d'objets d'usage usuel et standardisés, susceptibles d'être produits en masse, au sein de l'atelier, ces prototypes étaient criti­qués et améliorés selon un proces­sus de groupe, les maquettes, bien que fabriquées à la main, contrai­gnaient à une connaissance sans faille des méthodes de production industrielle dans l'éventualité d'une fabrication en série; en fait, il s'éta­blit très rapidement des relations entre les ateliers et les industries, et des échanges eurent lieu entre ou­vriers et étudiants.

joseph albers cours préliminaire la forme est toujours inhérente aux matériaux utilisés dans les compositions plastiques, vassily kandinsky composition VIII. 1923 huile sur toile 55 po Va sur 78 Va (140 x 200cm) solomon r guggenheim museum, n -y

la collaboration était un aspect important et elle a montré son effi­cacité pendant la construction des bâtiments de la seconde école, à dessau, de plus, en organisant des expositions de leurs réalisations, les ateliers attirèrent l'attention des in­dustriels, et la venue des contrats entraîna une redistribution des re­devances dans les ateliers.

"waiter gropius, the new architecture and the bauhaus.

V

après les trois années passées dans les ateliers, l'étudiant admis par la chambre des artisans pouvait se joindre au programme de maîtrise et participer aux recherches archi­tecturales pratiques qui, comme l'a montré le schéma, const i tuaient l'aboutissement et la synthèse du plan des études.

la démarche de pensée du bau­haus n'apparaît nulle part aussi for­tement que dans l'extrait du film dans lequel marcel breuer, en mon­trant l 'évolut ion du dessin de la chaise, nous entraîne jusqu'au bout de la logique du design, car, après la colonne d'air élastique pour s'as­seoir, l'objet chaise a complètement disparu pour faire place entière à la fonction assise.

trouver l'aspect fonctionnel que doit prendre l'objet, voilà le but; se débarasser de tout ce qui est déco­ration, ornementation, et revenir aux volumes simples: sphère, cube, cône et cylindre, qui doivent désormais former le volume de l'espace hu­main. Le bâtiment du bauhaus, réa­lisé à dessau en 1926, en est le meilleur exemple.

après quatorze ans de lutte pour la vie protégé par les républicains, vilipendé par le parti nazi, dans une allemagne secouée par la crise—le bauhaus, qui s'était réfugié à berlin, fut fermé par les nazis dès leur arri­vée au pouvoir.

pour des raisons pol i t iques le bauhaus fut un demi-échec en alle­magne: ses réalisations étaient en­core trop peu diffusées, et l'école,

ci-contre: marcel breuer atelier du métal, chaise en tubes d'acier plaqué nickel. 1925

ci-dessous: cours préliminaire, à gauche, en haut: herbert bayer figures stéréométriques. 1926: à gauche, en bas: korona krause. structure suspendue. 1924: à droite, en haut: gerhard spitzer. pénétrations, sculpture sur bois. 1924: à droite, en bas: franz ehrlich. sculpture cinétique. 1928. étude pour un étalage.

u

malgré son ambiance traditionelle-ment cosmopolite, n'avait pas enco­re eu le temps de faire rayonner son influence dans le reste du monde.

le régime nazi, en poussant à l'exil les membres du bauhaus, va contri­buera la propagation de leurs idées: mies van der rohe et albers se ren­dent aux états-unis, rejoints par gro­pius après un séjour en angleterre, kandinsky s'installe à paris, . . .

le bauhaus s'était fixé comme but d'assurer une rationalisation de tout l'environnement usuel dans le cadre de l'architecture et d'assurer une planification et une coopération en­tre l'artiste et l'industrie, après cin­quante ans, nombre de projets conçus entre 1920 et 1930 ont été réalisés. Il n'est besoin que de feuil­leter le catalogue de l 'exposition pour se rendre compte du dynamis­me et de la nouveauté des créations; certains projets datant d'il y a plus de q u a r a n t e ans son t e n c o r e d'avant-garde.

en posant les problèmes du design comme des problèmes synthétiques, en s'efforcant d'effectuer ses re­cherches dans un esprit d'environ­nement total englobant toutes les facettes des activités et des produc­tions humaines, le bauhaus a ouvert la voie à des disciplines nouvelles, l'urbanisme, l'aménagement du ter­ritoire, la planification industrielle, sont des prolongements logiques des idées du bauhaus.

au moment où l'industrie s'atta­que à un problème aussi vaste que celui de la pollution, il est de notre devoir de saluer les pionniers de ce qui est en passe de devenir une véri­table science de l'écologie humaine.

ci-dessus: immeke schwollmann. atelier de tis­sage, composition pour la tenture america. collage. 1928

ci-contre: oskar schlemmer. plateau du bau­haus. une scène de la danse de l'espace et du geste. 1926

3 3