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PROGRAMME RURALSTRUC SECONDE PHASE - MAROC LITIGE AU SUJET DU PROGRAMME RURALSTRUC AU MAROC DOCUMENTS ANNEXES Groupe des chercheurs du Maroc : Prs Najib Akesbi, Driss Benatya et Mohamed Mahdi

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PROGRAMME RURALSTRUC

SECONDE PHASE - MAROC

LITIGE AU SUJET DU PROGRAMME RURALSTRUC AU MAROCDOCUMENTS ANNEXES

Groupe des chercheurs du Maroc :Prs Najib Akesbi, Driss Benatya et Mohamed Mahdi

Rabat, Février 2012

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Documents Annexes

Ces annexes comprennent les 8 documents suivants :

Doc.1 - Couverture du livre publié à l’issue de la première phase de l’étude RuralStruc au Maroc Page 3

Doc.2 - Rapport du coordinateur scientifique sur les conditions ayant conduit à l’échec de la deuxième phase, janvier 2010 pp. 4 – 24

Doc.3 - Réponse du Responsable de la BM (M. Luis Constantino), p. 25

Doc.4 - Réponse à M. Constantino (E.B.Tandon) pp. 26 – 27

Doc.5 – Position des chercheurs (01/09/2010) pp. 28-32

Doc.6 – Lettre à M. Constantino (03/01/2011), pp.33-35

Doc.7 – Lettre à monsieur le Secrétaire Général du Ministère de l’Agriculture et de la Pêche Maritime (5/04/2011) pp. 36-37

Doc.8 – Citation des auteurs dans les dernières versions des rapports « Final » et « Maroc » pp. 38-41

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Doc.1 – Couverture du livre publié à l’issue de la première phase

de l’étude RuralStruc au Maroc

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Doc.2 - Rapport du coordinateur scientifique sur les conditions ayant conduit à l’échec de la deuxième phase, janvier 2010

PROGRAMME RURALSTRUC

SECONDE PHASE - MAROC

RAPPORT SUR LES CONDITIONS AYANT CONDUIT A L’ÉCHEC DE LA DEUXIÈME

PHASE

Pr Najib AkesbiCoordinateur scientifique

Rédigé par le coordinateur scientifique de l’étude, ce rapport est également signé par les deux autres membres de l’équipe des consultants

de la deuxième phase du programme, les professeurs Driss Benatya et Mohamed Mahdi.

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Rabat, Janvier 2010

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Lorsque, le 10 novembre 2005, monsieur Bruno Losch était venu me voir à mon bureau à l’Institut Agronomique et Vétérinaire de Rabat pour me proposer de participer au programme « RuralStruc », nous avions naturellement commencé par discuter longuement des objectifs et du contenu du projet. Au cours de notre entretien, je lui avais expliqué que s’il pouvait compter sur mon accord de principe, c’était avant tout parce que je considérais ce programme comme étant un projet de recherche dont la thématique s’inscrit parfaitement dans mon champ d’investigation et d’études académiques ainsi que de ceux d’un certain nombre de collègues universitaires au Maroc. Nous travaillons en effet depuis longtemps sur diverses questions liées aux « implications structurelles de la libéralisation pour l’agriculture et le développement rural», comme en attestent les diverses études publiées, notamment depuis une douzaine d’années. Les principales questions de recherche du programme, l’approche démo-économique retenue, l’exercice comparatif à réaliser au niveau de 7 pays du Sud à profils assez différents, et enfin la perspective de conduire de véritables enquêtes sur le terrain, ce sont ces points forts affichés par « RuralStruc » qui m’ont convaincu de m’y engager pleinement, et d’engager avec moi mes collègues, les professeurs Driss Benatya, Noureddine El Aoufi et Mohamed Mahdi.

La première phase du programme s’est relativement bien déroulée, et le rapport que nous avons rédigé à cette étape du programme a permis de faire le point, au niveau macro-économique, sur l’ensemble des questions qui sont au cœur de la problématique posée. Ce rapport a été bien accueilli par différents chercheurs, experts et responsables au Ministère de l’Agriculture, ce qui nous a fortement encouragés pour en envisager la publication. Grâce à la collaboration de la revue Critique économique, ce travail a en effet pu être publié dans sa collection « Economie critique », en janvier 2008, sous le titre « L’agriculture marocaine à l’épreuve de la libéralisation ». Il a ainsi pu faire l’objet d’une vaste diffusion et susciter un débat qui devait très naturellement trouver son prolongement dans les résultats de la deuxième phase du programme RuralStruc.

Malheureusement, cette deuxième phase s’est très mal passée. A l’issue d’une période qui a duré près d’une trentaine de mois, pendant laquelle l’équipe des consultants dont j’ai été le coordinateur scientifique a réalisé un énorme travail, et n’a ménagé aucun effort pour tenter de sauver une expérience qui s’est révélée de bout en bout problématique, il faut bien aujourd’hui se rendre à l’évidence : cette deuxième phase a été très mal conduite et le rapport qui devait en marquer l’aboutissement n’a pu être achevé convenablement parce que les résultats de l’enquête réalisée n’ont pu être validés scientifiquement.

Face à un tel échec, les responsabilités doivent impérativement être clarifiées. Alors que des ressources humaines et financières ont été mobilisées pour un résultat infructueux, Le Comité scientifique, les Institutions académiques concernées, ainsi que les bailleurs de fonds sont en droit, sinon en devoir de demander des comptes et obtenir les explications nécessaires, permettant une évaluation objective de cette malheureuse expérience. Aussi, l’équipe des consultants du Maroc a-t-elle à cœur de demander la constitution d’une commission d’évaluation internationale à qui incomberait la tâche de faire toute la lumière sur les raisons à l’origine de cet état de fait et les responsabilités des uns et des autres. Elle s’engage à collaborer pleinement avec cette commission, mettant notamment à sa disposition tous les faits, tous les documents et tous les témoignages nécessaires à l’accomplissement de sa mission.

En attendant, en tant que coordinateur scientifique de l’étude au Maroc, mais aussi au nom de mes collègues Driss Benatya et Mohamed Mahdi avec lesquels j’ai constitué l’équipe des

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consultants pour l’étude du Maroc au cours de cette deuxième phase, je souhaite d’ores et déjà soumettre à votre appréciation un certain nombre de faits, tangibles et vérifiables, qui constituent de notre point de vue les facteurs majeurs ayant conduit à l’issue que tout le monde déplore aujourd’hui. Je m’en tiendrai ici strictement aux aspects scientifiques de la question ou à ceux d’ordre organisationnel mais ayant eu un impact évident sur la qualité du travail qui devait être réalisé. Cependant, d’autres aspects devront également être mis en lumière par une commission d’évaluation, notamment ceux ayant trait à certaines pratiques du bureau d’étude d’une part et un certain comportement de l’équipe de coordination internationale avec les consultants marocains d’autre part... Tous les faits qui seront relatés ci-dessous sont naturellement soutenus par des preuves que nous avons réunies dans un volumineux dossier et que nous tenons à la disposition de toute instance intéressée, à commencer par celle d’évaluation que nous appelons de nos vœux.

Pour l’essentiel, l’échec de l’étude est principalement attribué à la conjonction de trois facteurs, d’importance certes inégale : les délais impartis pour sa réalisation, et des choix effectués par le bureau d’études d’une part et par l’équipe de coordination internationale d’autre part, choix ayant engendré des décisions qui se sont révélées pour le moins inconsidérées, voire pour certaines tout à fait fatales pour l’issue même de l’étude. En dépit des efforts fournis pour tenter de sauver l’étude, toutes les tentatives engagées dans ce sens ont fini par s’inscrire dans ce qui n’apparaîtra qu’une chronique d’un échec annoncé.

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Le présent rapport traitera successivement des points suivants :

1. Durée raccourcie et gestion du temps2. Equipe de traitement : l’erreur insurmontable du bureau d’études3. Un pilotage scientifique très problématique3.1. L’annulation de l’atelier de lancement3.2. La tenue prématurée de l’atelier de synthèse3.3. L’avènement de la mini-base, et la marche vers l’impasse…4. Vaines tentatives de sauver l’étude4.1. L’opportunité ratée de « Tunis »4.2. Médiation du CGDA : Les autres occasions manquées5. En conclusion : Une étude victime de mauvaise gouvernanceAnnexes (pp. 15 – 21)

1. Durée raccourcie et gestion du temps

Le premier problème que cette deuxième phase a dû affronter a trait à sa durée, et à la gestion du temps qui lui a été imparti. Au départ, lorsque le programme d’étude devait s’étaler sur deux années seulement (entre les mois d’octobre 2005 et 2007), la première phase ne devait guère dépasser 6 mois, et le reste devait être consacré à la deuxième phase (cf. Note de cadrage du 20.10.2005 et Termes de référence de la première phase du 28.2.2006). Par la suite, lors de l’atelier de Marrakech (20-25 novembre 2006), l’atelier de lancement de la deuxième phase était annoncé pour avril 2007 et celle-ci devait durer 10 mois, pour être achevée en février 2008. Le fait est que, après une période « blanche » de plusieurs mois, il a fallu attendre un courriel du coordonnateur du programme daté du 13 juillet 2007 pour se voir annoncer le démarrage de la deuxième phase en septembre et que la durée de celle-ci n’était plus que de 6 mois !

En ce qui concerne le Maroc, plusieurs mois encore ont été perdus à la recherche d’un maître d’œuvre opérationnel pour la réalisation des enquêtes sur le terrain, et dans d’étranges malentendus avec le coordonnateur du programme sur les intentions et les dispositions des uns et des autres… de sorte que les premiers travaux préparatoires n’avaient pu commencer qu’au cours du mois de décembre, et les enquêtes sur le terrain au mois d’avril 2008. Même s’il a bien fallu par la suite prolonger encore les délais, force est de constater que les disfonctionnements dans la gestion du temps ont crée des situations malsaines, de harcèlement et de stress permanent, acculant tout le monde à tout subordonner à la « dictature des délais », devenus quasiment une fin en soi. En tout cas, il est clair que la manière avec laquelle la durée de cette deuxième phase a été gérée n’a pas été sans conséquence sur les objectifs du programme de recherche et la qualité des travaux réalisés.

2. Equipe de traitement : l’erreur insurmontable du bureau d’études

La composition du groupe marocain d’experts, chargés du traitement et de l’analyse des résultats de l’enquête sur le terrain, a souffert de décisions prises unilatéralement par le bureau d’études chargé de la réalisation opérationnelle des travaux. Au départ, cette équipe devait comprendre parmi ses membres le professeur Allal Hamouda, consultant senior. Statisticien et enseignant chercheur à l’Institut Agronomique et Vétérinaire Hassan II, le professeur Hamouda présentait le précieux atout de conjuguer ses compétences de statisticien à une longue expérience de terrain et partant une connaissance approfondie du monde rural

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marocain1. De toute évidence, ces qualités faisaient de ce dernier un élément clé pour la délicate tâche de traitement de l’information collectées et d’élaboration de la base de données. Le fait est que, alors qu’il avait déjà largement contribué à l’élaboration du questionnaire, M. Hamouda a été écarté par le bureau d’études, faute d’un accord sur le nombre de jours nécessaires pour la réalisation des travaux requis…

Pour remplacer M. Hamouda, le bureau d’études s’est assuré les services d’un autre consultant qui a en fait surtout compté sur la contribution de trois jeunes informaticiens (étudiants ou nouveaux lauréats d’une école d’ingénieurs). Il ne m’appartient pas de porter un jugement sur les compétences de cette « équipe de substitution », mais ce qui est en tout certain, c’est que la suite des évènements va montrer à tous que ce fut plus qu’une erreur, une faute grave dont l’étude du Maroc ne s’est en fait jamais remise. Ainsi, très vite, Driss Benatya, Mohamed Mahdi et moi-même allions nous nous apercevoir que cette équipe avait besoin d’un encadrement basique et soutenu pour expliquer les rudiments des réalités des exploitations agricoles ou des ménages ruraux, naturellement incontournables pour procéder aux tous premiers traitements, même encore sommaires. De sorte que, laissant de côté le travail qui relevait de notre mission, nous avions dû consacrer près d’une dizaine de semaines (de fin mai à début août 2008) pour « accompagner » de très près les premiers travaux de cette équipe. Pourtant, cet investissement s’est révélé insuffisant car nous n’avons pas tardé à nous rendre compte que les déficiences se situaient même au niveau purement statistique. En effet, malgré nos très nombreux rappels et plusieurs « Notes » techniques ou méthodologiques2, nous n’avons jamais pu disposer d’une base de données digne de ce nom, et même ce qui en faisait fonction -des séries de fichiers plus ou moins élaborés-, n’ont en fait jamais été systématiquement assainis, apurés et définitivement validés pour être en mesure de donner lieu à des traitements fiables.

Alors que notre mission de consultants chargés d’analyser les résultats de l’enquête et de produire le rapport final nous situe à l’aval du processus de production de cette base de données, ses défaillances ont en permanence plombé nos efforts pour aller de l’avant. A tel point que lorsque, au cours du premier trimestre 2009, harcelés par l’équipe de coordination pour remettre coûte que coûte le rapport final, et alors que nous n’avions plus pour seul interlocuteur au bureau d’études qu’une secrétaire ( !), nous avions dû une fois de plus nous résoudre à nous atteler à un travail qui ne relève pas de notre mission. C’est ainsi que, à partir des fichiers récupérés à l’issue de la « phase d’encadrement » des jeunes informaticiens (fin juillet 2008), Driss Benatya a travaillé dur pendant une dizaine de jours pour procéder à la quintilisation des données sur les revenus et élaborer quelques tableaux de synthèse essentiels. Ce sont ces traitements, effectués par nous-mêmes, qui nous ont permis de conduire les analyses nécessaires et achever le rapport envoyé dans sa dernière version le 17 avril 2009. Bien que, fondé en partie sur des données de base qui n’ont pas été assainies, ce rapport comprend des analyses cohérentes et aboutit à des conclusions tout à fait stimulantes pour la réflexion et le débat public dont le projet « RuralStruc » a fait un de ses objectifs finaux.

3. Un pilotage scientifique très problématique1 Voir le CV de M. Hamouda dans la proposition technique et financière du bureau d’études, janvier 2008.2 Outre les annexes méthodologiques contenues dans le rapport final, nous avons produit entre les mois de juillet 2008 et mars 2009 pas moins de 7 « Notes » de ce type : elles sont datées successivement ainsi : 21.7.2008, 17.12.2008, 2.1.2009, 29.1.2009, 5.2.2009, 4-5.3.2009, 23.3.2009. Ce à quoi il faut encore ajouter les deux ultimes Notes datées du 27.9.2009 et du 24.10.2009, celles-là concernant le travail d’une troisième équipe de traitement recrutée par le bureau d’études après le constat d’échec de l’équipe précédente.

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Le pilotage scientifique de cette deuxième phase par l’équipe de coordination internationale s’est révélé problématique parce que responsable de choix et de décisions malavisés, lesquels ont conduit l’étude à de véritables impasses. Nous nous limiterons ici à trois décisions qui se sont révélées erronées, de véritables erreurs stratégiques lourdes de conséquences : l’annulation de l’atelier de lancement, la tenue prématurée de l’atelier de synthèse, et la décision impromptue de substitution à la base de données globale d’une « mini-base » qui s’est révélées encore plus problématique que la première.

3.1. L’annulation de l’atelier de lancement

La première a été l’annulation de l’atelier de lancement de la deuxième phase qui devait réunir les équipes des sept pays concernés, avant la réalisation des questionnaires, la détermination des régions d’enquête et l’engagement des enquêtes elles-mêmes. Par un e-mail daté du 20 septembre 2007, j’expliquais au Task Team Leader (TTL) que c’était là « une décision qui ne nous paraît pas très heureuse, du moins si la dimension comparative reste importante au niveau de l’étude, et surtout au début d’une phase de recherches empiriques, ce qui nécessite concertations entre les équipes, échanges d’expériences de terrain, mise en cohérence des méthodologies et outils d’investigation… ». L’équipe de coordination s’était justifiée en avançant que: « C’est d’abord le réalisme qui fait retenir ce choix » (e-mail du 24.9.2009), et avait annoncé des « ateliers régionaux » à la place. Outre le fait que l’intérêt de l’atelier général résidait précisément dans la rencontre de toutes les équipes, force est de constater que pour ce qui concerne le Maroc du moins, cet atelier n’a jamais eu lieu.

Le coût pour nous d’une telle décision a été très élevé : des mois3 de tâtonnements et de tergiversations, ponctués de faux problèmes et de malentendus aussi vains qu’épuisants, avec une équipe de coordination qui, manifestement peu ou mal renseignée sur certaines réalités du monde rural marocain, s’acharnait pourtant à vouloir nous imposer des « clichés » et des « recettes » puisées dans on ne sait quelle « boîte à outils »… De plus, ce coût se doublait d’une grande frustration lorsque nous constations avec amertume que dans le cadre d’une étude qui se voulait internationale et comparative, nous étions privés de la possibilité de confronter notre expérience avec celle d’autres pays, sur des questions méthodologiques essentielles et à un moment clé de l’étude.

Du reste, ce choix « organisationnel » relatif au lancement de la deuxième phase est en fait apparu, a posteriori, révélateur du « système » de coordination ayant la préférence de l’équipe du même nom : plutôt bilatéral, vertical, et pour ainsi dire pyramidal… A part quelques mails très épisodiques rappelant l’exigence de respect des « échéances » et des bribes d’informations à l’occasion de la réunion de telle instance dirigeante du projet, notre sentiment –nourri par notre propre expérience- est que les équipes nationales ont travaillé dans une opacité et un cloisonnement qui les enfermaient dans un « tête-à-tête » avec l’équipe de coordination, sans réelle possibilité d’échange et de partage avec les autres équipes nationales, à des moments clés de l’avancement des travaux4.

3 La dernière version du questionnaire n’était prête que le 9 avril 2008…4 Au demeurant, des discussions informelles entre membres de différentes équipes nationales à l’occasion de la dernière rencontre générale avaient montré que ce cloisonnement était en fait une « méthode de gouvernement » permettant de jouer les uns contre les autres, sermonner les « mauvais élèves » et encenser les « bons », faire taire tel « récalcitrant » en prétendant que « tous les autres » sont d’accord avec l’orientation prise, culpabiliser telle équipe en lui signifiant que telle autre s’est « mieux débrouillée » en cherchant des financements complémentaires…

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3.2. La tenue prématurée de l’atelier de synthèse

L’annulation de l’atelier de lancement de la deuxième phase de RuralStruc avait conduit à reporter tous les espoirs sur l’atelier qui devait en marquer la fin. Appelé de « synthèse » dans les TdR de la seconde phase, cet atelier devait, à l’image de celui de Marrakech pour la première phase, permettre « de partager les résultats et de travailler collectivement sur les conclusions des rapports intermédiaires » (e-mail du TTL, 13.7.2007). Au demeurant, l’ordre du jour de l’atelier envoyé le 22 avril 2008 avait pour premier point : « Les premiers résultats des enquêtes régionales présentés par chaque équipe ». Pour espérer atteindre les objectifs de cet atelier, il fallait impérativement respecter une condition préalable évidente : les équipes nationales devaient avoir achevé non seulement leurs enquêtes mais aussi les traitements des données collectées et la sortie des résultats à présenter et partager… Or, même si elle a été reportée une fois, la date finalement arrêtée pour cet atelier (16-20 juin 2008, à Gorée, Sénégal) est très vite apparue prématurée, au regard de l’état d’avancement des travaux de la plupart des équipes.

Le 23 avril, alors que les enquêtes au Maroc venaient seulement de commencer, j’avais envoyé un e-mail au TTL expliquant le risque d’une telle précipitation. La réponse de ce dernier montrait que ce sont en fait les objectifs de cet atelier qui avaient été revus à la baisse. Ainsi pouvait-on lire que « L'atelier n'est pas dédié aux enquêtes uniquement. Et il ne s'agit pas que chaque équipe planche pour présenter ses résultats. Il s'agit plutôt d'échanger sur les premiers acquis, de discuter ensemble sur les hypothèses de travail, et de voir collectivement comment on va pouvoir structurer l'analyse d'ensemble, notamment dans la perspective des rapports nationaux et du rapport général » (e-mail du 30.4.2008).

Ce qui devait arriver arriva. Maintenu et effectivement tenu entre le 16 et le 20 juin 2008, l’atelier de Gorée n’a malheureusement guère atteint ses objectifs, du moins ceux pour lesquels il avait été prévu dans les TdR de la seconde phase. Très vite, il avait fallu se rendre à l’évidence : les équipes nationales en étaient encore dans leur quasi-totalité à des stades plus ou moins avancés du traitement des données des enquêtes, et n’étaient par conséquent guère en mesure de présenter des résultats suffisamment élaborés pour stimuler des réflexions et alimenter les débats de l’atelier dans le sens des objectifs poursuivis. Certes, des exposés avaient bien été faits et des échanges de points de vue enregistrés, mais l’ensemble était resté à un tel niveau de généralité que sur les questions de fond, on pouvait légitimement se demander en quoi on avait vraiment avancé par rapport au niveau de réflexion collective déjà atteint à l’issue de la première phase...

En fait, sur l’essentiel personne n’était dupe : si on ne pouvait dire que « Gorée » n’avait servi à rien, on devait objectivement reconnaître que l’unique rencontre entre l’ensemble des équipes nationales de cette deuxième phase avait été bien mal « exploitée », et en tout cas n’avait guère permis aux participants, armés de données du « terrain », d’avancer significativement et collectivement dans l’intelligence de la problématique de RuralStruc.

3.3. L’avènement de la mini-base, et la marche vers l’impasse…

Si les décisions relatives aux ateliers de lancement et de synthèse étaient très dommageables, cela n’allait pas jusqu’à créer une situation d’impasse mettant en danger l’issue même de l’étude au Maroc. Or, cela a été le cas de la décision impromptue de substituer à la base de données globale prévue dans les TdR une « mini-base » réduite à une série limitée de données

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choisies par l’équipe de coordination internationale, sans concertation avec les équipes des consultants nationaux.

Comment se présente le problème et comment se sont noués les fils conduisant inéluctablement à l’impasse?

De manière tout à fait incidente, nous apprenons le 30 décembre 2008 par un mail du TTL que ce dernier avait envoyé au bureau d’études Icon2e en date du 22 décembre une requête où il était question « d’un noyau dur de variables pour permettre la construction d’une petite base agrégée commune aux 7 pays ». La « mini-base », appelée aussi « nouvelle base de données simplifiée » devait parvenir à l’équipe de coordination le 5 janvier…

Le bureau d’études semble avoir envoyé une première version de cette « mini-base » à l’équipe de coordination le 9 janvier, mais version qui sera tellement éloignée de ce qui était demandé qu’elle sera suivie d’une avalanche de requêtes exigeant corrections, explications, compléments… Parallèlement, en ce qui concerne la « base de données » globale, qui avait servi pour l’élaboration des deux premières versions du rapport (22 septembre et 14 novembre 2008), l’équipe de coordination finissait seulement par prendre conscience de ce que nous n’arrêtions de répéter depuis plusieurs mois : cette « base » n’avait jamais été correctement apurée, ce qui était encore à l’origine des nombreuses anomalies et incohérences qui en ressortaient. Le TTL nous avait donc demandé de rédiger une « Note » à cet effet, explicitant à l’intention du bureau d’études nos observations détaillées sur les erreurs et autres carences de cette « base », ce que nous avions fait en date du 2 janvier 2009 (Cf. annexe 1).

Comme le bureau d’études ne répondait ni à nos requêtes ni à celles de l’équipe de coordination, cette dernière, qui ne s’intéressait désormais plus qu’à la « mini-base », commençait à nous demander de l’aider à voir clair dans les très nombreuses anomalies qu’on pouvait y constater. Notre problème est que, n’ayant été associés ni de près ni de loin à l’élaboration de cette « mini-base », nous ne comprenions pas le sens d’une telle sollicitation, et en tout cas ne voyions pas comment nous pouvions répondre à la majorité des questions posées à ce sujet. Nous avons néanmoins essayé de répondre aux questions pour lesquelles nous pouvions proposer une explication, mais il est évident que l’essentiel des réponses ne pouvait provenir que du bureau d’études.

Tout au long des mois de janvier et février 2009, l’équipe de coordination nous a littéralement harcelés avec deux demandes simultanées dont on voyait bien qu’elles étaient contradictoires : d’une part examiner avec le bureau d’études comment redresser les anomalies de la « mini-base », et d’autre part boucler dans les plus brefs délais le rapport final de l’étude, lequel ne pouvait évidemment reposer que sur la « base de données » globale, sachant que de toute façon, les deux « bases » comportaient encore de nombreuses anomalies !… La vérité est que l’équipe de coordination avait fait le choix « d’abandonner » la « base globale » pour se contenter désormais de la « mini-base ». Mais ce qui semble lui avoir échappé, c’est que si les anomalies de cette dernière procédaient forcément de ceux de la première, nous presser de boucler le rapport final alors même qu’aucune des deux « bases » n’étaient encore assainies, nous condamnait à produire un document qui allait fatalement être quelque part en décalage, même avec la seule mini-base, une fois apurée… En somme, on voyait bien que l’obsession des « échéances » allait par la suite fatalement poser des problèmes de concordances.

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Toujours est-il que, comme cela a été déjà signalé plus haut, face à un bureau d’études qui ne répondait à aucune de nos requêtes ; et une équipe de coordination obsédée par les « échéances », nous avions fini par prendre acte de la situation et décider, à partir des fichiers dont nous disposions, de procéder aux traitements des données à même de nous permettre d’achever la version finale du rapport, accompagné naturellement d’annexes méthodologiques expliquant ce que nous avions fait. Auparavant, par e-mail daté du 25 février, nous avions pris la précaution de prévenir le TTL de notre intention. Celui-ci nous répondit le 27 en indiquant que pour les questions restées en suspend, il fallait seulement « en tenir compte dans la rédaction finale et faire les réserves nécessaires pour disposer in fine d’un rapport rigoureux eu égard à la qualité des données collectées. ». Ce que nous avions fait naturellement dans notre rapport final5.

Au regard des tâches qui nous incombent dans notre contrat au cours de cette deuxième phase de l’étude6, nous avions très largement rempli notre mission, et notre rapport final est bien celui dont l’ultime version fut envoyée le 17 avril 2009.

Lorsque le TTL reçut le rapport accompagné des fichiers complémentaires, il en accusa réception et se contenta de promettre de revenir vers nous rapidement « pour les derniers réglages qui permettront de boucler enfin ce travail et de le mettre en circulation dans un premier temps auprès des bailleurs » (e-mail du 30 mars 2009).

On imagine notre abattement quand nous allions apprendre dans les semaines qui suivaient que la dernière version de la mini-base envoyée par le bureau d’études avait « créé de nouvelles erreurs », que le problème de cette mini-base restait donc entier, et que de surcroît nous étions désormais décrétés « équipe du Maroc » qui devait « se mettre d’accord sur une base et un rapport en correspondance » ! (e-mail du TTL, 14 avril 2009).

Encore une fois va suivre un pénible et désolant épisode de dialogue de sourd pendant lequel le TTL cette fois sommait « l’équipe du Maroc » de mettre au point la mini-base et le rapport en concordance avec7, et nous de répondre, outre la raison déjà avancée (comment redresser une « base » à la confection de laquelle nous n’avions été associés ni de près ni de loin ?), que de toute façon, même si nous voulions nous livrer à cet exercice, nous n’avions même pas d’interlocuteur qualifié au niveau du bureau d’études pour constituer un semblant « d’équipe Maroc »… Manifestement, cette fois l’équipe de coordination essayait de nous impliquer coûte que coûte dans un imbroglio où elle s’était mise elle-même.

4. Vaines tentatives de sauver l’étude

5 En fait une première version de ce rapport avait été envoyée le 16 mars 2009, puis nous l’avions complétée le 23 mars par le résumé exécutif, et accompagnée d’un « mémo » pour répondre à des questions posées par le TTL sur la « base de données » et d’un fichier Excel contenant les clés de la quintilisation. Enfin, à la demande encore du TTL, quelques aménagements furent opérés au niveau du résumé exécutif et de la conclusion, ce qui donna lieu à la dernière version envoyée en date du 17 avril 2009, nommée « version 4.2 », en deux volumes (Rapport principal et Annexes).6 Dans la lettre d’accompagnement de la première version du rapport final (du 16 mars), nous rappelions que « selon notre cahier de charge au cours de cette deuxième phase de RuralStruc, nous sommes une équipe de consultants chargés de l’analyse et de la rédaction du rapport final, les responsabilités de conduite de l’enquête, de saisie des données, et de leur traitement jusqu’aux tableaux de sortie relèvent du bureau d’études et de lui seul. (…) De sorte que nous sommes prêts à répondre de notre travail, tout notre travail, mais rien que notre travail». 7 Y compris quelquefois au mépris des règles de courtoisie et de respect mutuel qui doivent régir les rapports entre des chercheurs et des universitaires…

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Même si l’impasse apparaissait quasi-totale, nous n’avons pas baissé les bras et, jusqu’à la dernière minute, nous nous sommes acharnés à croire qu’il était possible de sauver l’étude. Nous n’avons donc ménagé aucun effort ni négligé aucune « brèche » qui pouvait s’ouvrir et nourrir l’espoir d’un ultime sauvetage… Malheureusement, toutes les tentatives qui seront entreprises seront vouées à l’échec.

4.1. L’opportunité ratée de « Tunis »

Le hasard avait fait que, quelques semaines plus tard, à l’occasion d’un séminaire organisé par le CIHEAM et l’AFD, nous nous étions retrouvés à Tunis ensemble, Bruno Losch, Mohamed Aït Kadi (Président du Conseil Général du Développement Agricole –CGDA-, Institution de portage du projet au Maroc), et moi-même. Nous avions alors naturellement décidé de saisir cette opportunité pour examiner ensemble la situation et l’issue qui peut lui être apportée. Le 14 mai 2009 en soirée, à l’hôtel Ramada Plazza de Tunis, nous avions donc tenu à trois une réunion au cours de laquelle, après un large échange d’informations et de points de vue, nous étions arrivés à une appréciation commune de la situation, laquelle se résumait au constat suivant : le bureau d’études n’étant de toute évidence pas en mesure de régler définitivement le problème de la « mini-base », la seule solution alternative consistait à demander à Driss Benatya de se mobiliser pendant une période déterminée pour le faire lui-même, ce qui avait de plus l’avantage de faciliter le travail de mise en concordance avec le rapport final.

Sur cette base, nous avions donc convenu d’un véritable « plan de sortie de crise » qui tenait en trois points : 1. Dans les quelques jours qui suivaient, Bruno Losch devait prendre contact avec le bureau d’études pour lui proposer la solution que nous avions jugée la plus appropriée, alors que moi-même devais plaider auprès de Driss Benatya en faveur de cette solution, et obtenir son accord pour y contribuer pleinement ; De son côté Mohamed Aït Kadi s’était engagé à contacter lui aussi Driss Benatya pour appuyer ma démarche ; 2. La solution envisagée consistait à confier à Driss Benatya la tâche d’assainissement et de redressement de la « base de données », en collaboration avec le bureau d’études, lequel devait mettre à sa disposition les documents nécessaires à cette fin (notamment les questionnaires) ; 3. Une fois la base de données apurée et mise au point, il revenait à l’équipe des consultants de reprendre le rapport pour la mise en concordance des deux documents.

Dès mon retour au Maroc, je m’étais attaché à convaincre Driss Benatya de la nécessité de s’engager dans la solution envisagée. Ce ne fut certes pas une tâche facile et celui-ci a certes pas mal hésité mais a fini deux jours plus tard par donner son accord ferme. D’autant plus que M. Aït Kadi, comme il s’y était engagé, avait de son côté aussi contacté Driss Benatya pour la même raison, obtenant la même réponse affirmative. Toujours est-il que dès le 21 mai, le TTL était informé par le président du CGDA que Driss Benatya avait donné son accord. Il ne restait plus que la réponse du TTL lui-même, résultat de ses discussions avec le bureau d’études.

A un moment où le « temps » semblait se compter en jours, sinon en heures, nous avons attendu cette réponse, qui n’est jamais venue... Lorsque le 3 juin, inquiet et désireux d’un minimum de visibilité, j’envoyais un mail au TTL pour m’enquérir de la situation, j’appris que celui-ci avait tout simplement laissé de côté l’accord conclu à Tunis, fait travailler l’équipe de coordination directement avec une nouvelle équipe de traitement embauchée en toute hâte par le bureau d’études, et abouti à une nouvelle mini-base qu’il nous demandait tout bonnement de valider, et ce dans les trois jours qui suivaient !!!8

8 Exactement le 8 juin 2009, alors que le mail était daté du 5 juin…

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Cette fois nous nous trouvions glisser sur une pente de pratiques qu’il appartiendra à chacun d’apprécier sur le double plan éthique et déontologique. Je me suis pour ma part contenté de répondre au TTL pour lui rappeler certes le non respect de son engagement de Tunis, mais surtout lui signifier que « la voie choisie –sans concertation- ne peut malheureusement conduire qu’à l’impasse ». Après avoir expliqué que l’information fournie dans les nouveaux documents envoyés ne nous permettait aucunement d’apprécier la fiabilité des changements opérés dans la « base de données », je concluais que dans de telles conditions, on devait aisément comprendre qu’il ne nous soit possible ni de valider ni d’invalider la nouvelle « base » (cf. e-mail du 5 juin, annexe 2).

4.2. Médiation du CGDA : Les autres occasions manquées

Après cette réponse de notre part, le TTL se tourna vers le CGDA pour solliciter sa médiation. M. Aït Kadi allait alors me contacter pour proposer une réunion conjointe entre l’équipe des consultants et celle de traitement dernièrement recrutée par le bureau d’études, au siège du CGDA. En dépit de tout ce qui venait de se passer, nous avions donné notre accord, et la réunion eut effectivement lieu le 23 juin 2009, présidée par le premier responsable du CGDA lui-même. Au cours de cette réunion, nous avions expliqué que s’il n’était toujours pas question pour nous de « valider » un travail dont nous ne savions rien, nous étions néanmoins disposés à essayer d’aller de l’avant, et revoir notre rapport final à la lumière des nouveaux tableaux de synthèse que la nouvelle équipe de traitement allait mettre à notre disposition. Le directeur du bureau d’études (N.Othmani), présent à la réunion, donna son accord de principe pour cette solution, mais demanda cependant un délai de 24 h pour en examiner « la faisabilité ». Il fut donc convenu que si le bureau d’études confirmait son accord et livrait rapidement les nouveaux tableaux du rapport final, nous ferions de notre part tout notre possible pour réexaminer ce dernier dans l’optique de sa mise en concordance avec les nouvelles données, et ce dans un délai ne dépassant guère la date du 10 juillet, conformément au souhait du TTL communiqué par M.Aït Kadi.

La réponse du directeur du bureau d’études ne nous parvint ni le lendemain ni la semaine suivante. Il aura fallu attendre le 29 juin et un mail de Mohamed Aït Kadi pour apprendre que celui-ci venait de contacter N.Othmani pour s’enquérir de sa réponse, et que ce dernier l’avait informé que la solution envisagée lors de la réunion du 23 juin « n'était pas réalisable vu qu'il ne disposait pas des applications qui génèrent les tableaux de synthèse » ( ?!). Personne n’avait compris cette étrange explication. Il faudra encore attendre une réunion qui avait fini par avoir lieu le 4 septembre dans les locaux du bureau d’études avec les deux consultants chargés du traitement des données pour entendre de la bouche de l’un d’entre eux la vraie explication : encore une navrante « histoire de sous », le directeur du bureau d’études ayant refusé de leur payer correctement le surplus de travail demandé…

Au cours de cette réunion du 4 septembre 2009, nous nous étions une fois de plus hasardé à une ultime tentative de sauver ce qui peut l’être dans cette étude. Nous avions accepté de procéder au travail de révision de notre rapport directement à partir des tableaux et figures que l’équipe de traitement allait nous livrer (et dont nous avions établi la liste précise, ensemble et séance tenante). Cependant, lors du travail de « mise en concordance », deux situations pouvaient se présenter, et nous avions convenu des réponses à leur apporter: Là où les changements induits ne suscitent pas d’interrogations particulières, mais de simples ajustements de forme ou de fond, le travail devait être fait sans retour à l’équipe de traitement (S1) ; Par contre, si des résultats apparaissent incohérents ou invraisemblables, des réunions

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de travail devaient alors être organisées avec l’équipe de travail pour remonter à l’origine des chiffres présentés, examiner dans le détail les conditions dans lesquelles ceux-ci ont été produits (S2).

Une dizaine de jours plus tard, et après encore quelques péripéties, une nouvelle série de tableaux a bien fini par nous parvenir, ce qui nous avait permis de nous mettre aussitôt au travail. Mais assez vite, nous avions pu mesurer l’ampleur des défaillances qui caractérisaient encore les tableaux envoyés, et aussi constater que pour la plupart, elles relevaient de S2… Nous avons donc en date du 27 septembre envoyé un courrier au bureau d’études comprenant nos premières observations et demandes de clarification, accompagné d’une Note méthodologique détaillant l’examen des tableaux envoyés et précisant ceux qui devaient être faits ou refaits pour nous permettre de poursuivre notre travail. En particulier trois questions étaient soulevées : La première portait sur la suppression de 11 ménages sans que les conséquences qui en découlent forcément aient été prises en compte. La deuxième concernait « l’inclusion » dans le revenu agricole des soldes des transactions des productions animales, ce qui revient concrètement à gonfler le revenu en question par des éléments du capital, et plus précisément par le produit d’une décapitalisation (consécutive à des cessions exceptionnelles de bétail en année de sécheresse). Enfin la troisième portait sur certaines « corrections » effectuées sur les revenus des transferts privés et dont nous n’avions pu saisir exactement la logique.

Le bureau d’études ne nous a pas répondu mais nous avons néanmoins continué notre travail d’analyse et d’essai de mise en concordance du contenu de notre rapport avec les nouveaux résultats dont nous disposions… jusqu’au moment où il a bien fallu encore une fois prendre la mesure de l’impasse où nous nous trouvions : d’un côté de nouvelles données chiffrées qui modifient sensiblement nos analyses sur des points importants de l’étude, et en même temps, une impossibilité de conduire de nouvelles analyses cohérentes et conséquentes, faute de réponses aux questions que nous avions posées et des données des tableaux que nous avions demandés dans notre courrier du 27 septembre.

Une nouvelle et ultime Note méthodologique s’imposait. Nous l’avons donc rédigée, expliquant en six points les problèmes de fond auxquels nous étions confrontés, ainsi que les incohérences, voire aberrations que nous avions encore identifiées dans les tableaux et fichiers en notre possession (Cf. Note méthodologique du 24.10.2009, annexe 3). Nous avons envoyé au bureau d’études cette Note, accompagnée d’un courrier précisant les questions centrales de l’étude pour lesquelles il nous était impossible, en l’état des choses, de conduire de manière cohérente et réfléchie les nouvelles analyses nécessaires : niveaux et structures des revenus, épargne, impasses agricole et rurale, différenciation par rapport à la diversification des activités et des sources de revenus. Notre conclusion tenait en cette phrase : « S’il est permis de penser encore possible de sauver cette étude, il est évident qu’il faudrait commencer par revoir les conditions générales capables de la faire effectivement aboutir dans les meilleurs délais ».

Incapable d’apprécier la situation dans toute sa gravité, et probablement déstabilisé par la lettre de mise en demeure qu’il venait de recevoir de la Banque mondiale, le bureau d’études choisit la fuite en avant. Le 9 novembre, il nous envoya un courrier exigeant une réponse « dans les 48 Heures, soit au plus tard le jeudi 12 Novembre, comportant un engagement clair et ferme de votre part, de terminer ce travail dans les nouveaux délais fixés par le commanditaire de l’étude », soit le 20 novembre…

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Que pouvions-nous répondre autrement que par le rappel d’une évidence et l’annonce d’une mise en garde ? L’évidence : A ce jour, aucune réponse n’avait été apportée aux questions de fond soulevées dans les deux précédentes notes méthodologiques, de sorte qu’aucun travail sérieux et crédible ne peut être réalisé pour la refonte et l’achèvement du rapport du Maroc ; La mise en garde : Personne ne peut apporter la moindre caution scientifique à un travail qui serait réalisé dans les conditions exigées : nous le ferons donc savoir et ne laisserons personne exploiter à quelque niveau que ce soit des résultats qui n’auront pas été scientifiquement validés.

Etait-ce vraiment la fin ? Il faut croire que nous étions quelques uns à croire « un miracle » toujours possible, fût-ce à la dernière minute ! Au cours d’une communication téléphonique que j’avais eue avec M.Aït Kadi, le président du CGDA, encore à la recherche d’une « lueur d’espoir », me suggéra d’essayer une ultime tentative en interpellant cette fois directement le TTL sur les questions de fond qui restaient en suspens9. Même si, honnêtement, je dois dire que cette proposition ne suscitait guère mon enthousiasme, j’ai quand même fait la démarche demandée par un courrier en date du 16 novembre.

Le même jour, à 16h14’, tombait un mail du bureau d’études nous informant de la décision de résiliation de la convention de consultant nous liant à Icon2e.

Il me restait à revenir vers M.Aït Kadi pour prendre acte de la situation, et terminer ainsi mon mail : « Au moins on ne dira pas qu’on n’aura pas tout essayé. Il reste maintenant à chacun de prendre pleinement toutes ses responsabilités ».

5. En conclusion : Une étude victime de mauvaise gouvernance

L’étude de la deuxième phase du programme RuralStruc au Maroc n’a pas atteint les objectifs qui en étaient attendus. Des décisions malavisées et des pratiques malveillantes se sont conjuguées pour aboutir à cet échec. En somme, l’étude a bien été victime d’une mauvaise gouvernance tant au niveau du bureau d’études que de l’équipe de coordination internationale. En ce qui concerne le bureau d’études, le moins qu’on puisse dire est qu’il a de bout en bout manqué de professionnalisme. A force de vouloir maximiser ses gains, il a fini par n’aboutir à rien ! Au-delà des disfonctionnements ayant entaché la conduite de l’enquête, le plus grave et le plus lourd de conséquences a été cette incapacité persistante à produire une véritable base de données, apurée, fiable, fonctionnelle. A lui seul, ce constat suffirait à expliquer pourquoi le travail d’analyse et d’interprétation des résultats de l’enquête n’a jamais pu être réalisé dans des conditions normales.

L’équipe de coordination internationale a commis de nombreuses erreurs, dont les moindres ne sont pas l’annulation de l’atelier de lancement de la deuxième phase ou la réunion prématurée de l’atelier de Gorée. Mais aucune de ces erreurs n’aurait pu aller jusqu’à condamner définitivement l’étude du Maroc.

Plus qu’une erreur, la faute qui a en réalité tout compromis, créant l’irréparable, nous ramène encore à la base de données. Ce fut en fait un processus qui a commencé par (1) une prise de conscience tardive des trop nombreuses anomalies de ce qui faisait fonction de « base de données », puis (2) s’est poursuivi par la décision impromptue de renoncer à la « base globale » et lui substituer une « mini-base » dont l’équipe des consultants n’a appris

9 Il faut tout de même noter que le TTL restait destinataire de tous les courriers échangés avec le bureau d’études, mais avait gardé un silence tout à fait incompréhensible dans pareilles circonstances.

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l’existence que lorsqu’elle s’est révélée aussi problématique que celle qu’elle voulait remplacer, et enfin (3) s’est enlisé dans une véritable impasse, laissant tout le monde empêtré dans un imbroglio insolite, à la recherche d’une impossible « concordance » … le tout couronné par une tentative de « passage en force », mettant l’équipe des consultants devant le fait accompli, sommée de valider coûte que coûte10 une « mini-base » dont on voit bien aujourd’hui à quel point elle reste problématique. Du reste, on mesure aujourd’hui ce qu’aurait été notre responsabilité si nous avions cédé à de telles pressions…

Telles sont selon nous les responsabilités majeures qui ont conduit à l’échec de l’étude de la deuxième phase du programme Ruralstruc au Maroc. Avons-nous notre part de responsabilité dans cet échec ? Peut-être. Peut-être aurions-nous dû refuser le changement intervenu dès le départ au niveau de l’équipe de traitement des données statistiques ? Peut-être aurions-nous pu exiger en septembre 2008 l’apurement de la base de données avant même l’engagement dans la rédaction de la première version du rapport final ? Peut-être aurions-nous dû être plus vigilants, voire plus « pinailleurs » au moment où nous avions découvert l’avènement de la mini-base, en lieu et place de la base d’origine ? Peut-être aurions-nous dû refuser de boucler la dernière version du rapport final avant de nous entendre avec l’équipe de coordination sur une base et une seule (« mini » ou pas), totalement fiable et fonctionnelle ? Peut-être, peut-être…

En tout cas il appartiendra à la commission d’évaluation de déterminer aussi, le cas échéant, notre propre responsabilité.

10 Cette « injonction » était en permanence assortie d’un vrai faux chantage : la menace d’élimination du Maroc de la synthèse générale, avec les conséquences qui allaient en découler… Pourtant, même non validées, l’équipe de coordination n’hésitera pas à inclure les données du Maroc dans l’analyse transversale contenue dans son rapport de juillet 2009, en se contentant de considérer que celles-ci ne seraient simplement pas encore « stabilisées »…

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Annexes du Document 1

Doc.2, Annexe 1 : Examen de la base de données, 2 janvier 2009

RuralStruc Phase II – MarocRésultats de l’examen de la base de données

I. Examen global

1. Un premier examen a porté sur les différents fichiers envoyés, particulièrement ceux sous format Excel, SPSS donnant beaucoup de messages d'erreur. En outre, la « base » en MySQL a été examinée par une personne qui maîtrise ce logiciel, qui a validé notamment les points 2 et 4 ci-dessous.

2. La base de données n'a pas d'architecture tenant compte du domaine et de la méthodologie de l’étude. Cette condition aurait permis notamment de faire facilement les prétraitements et les contrôles de cohérence nécessaires à l’apurement de la base de données. Cette dernière se résume à une projection linéaire du questionnaire dans le système informatique, avec des variables numérotées de manière séquentielle. Cette méthode casse les blocs d'unités sémantiques du questionnaire: l'unité foyer-activités, l'unité émigrés-transferts, l'unité du système de production végétale, idem pour la production animale, etc.

3. La base ne contient que 740 enregistrements (ménages), alors que la base originale en comptait 902. Nous savons bien que, suite aux problèmes liés au revenu global nul sinon négatif, nous avions suggéré, pour sortir de l'impasse, de créer une « sous-base » qui a compté finalement 740 ménages. Mais il aurait été utile de disposer de la base originale pour valider les choix effectués "à l'aveugle".

4. Le codage (ou recodage à posteriori ?) des variables est désordonné. De plus, après avoir recompilé l'ensemble des 1920 variables figurant dans les fichiers envoyés, nous avons trouvé 22 codes redondants, c'est à dire que le même code désigne deux paramètres-libellés différents. Bien évidemment, cette situation génère un message d'erreur aussi bien sur SPSS que sur MS-Access (application utilisée pour des contrôles préalables de cohérence). Par ailleurs, en faisant un test rapide sur quelques variables qui doivent absolument contenir 740 observations, il s’avère que ce n'est pas systématiquement le cas (exemple: date de l'enquête, répondant, sexe du chef de ménage, nom et prénom du CM, qui peut renseigner sur le sexe du CM, année d'établissement du ménage...).

5. Dans tous les fichiers, les variables quantitatives structurantes contiennent la valeur « NULL » (vide) au lieu de la valeur zéro. Cela fausse tous les calculs et les traitements basés sur ce type de variable (la valeur NULL élimine à tord des enregistrements, donc des ménages, lors des traitements).

II. Examen détaillé11

Productions végétales6. Variable M31111112 = 3 ; Prix administrés : cette modalité de détermination des prix rassemble des produits

végétaux très divers, blés, maraichage, cultures aromatiques, cultures industrielles, etc. Il n’y a que pour le tabac, présent à Bitit – Saïss, que cette modalité pourrait avoir du sens. Le reste dénote d’une confusion dans l’administration du questionnaire.

7. Variables M311102, M311202, etc. Type de produit : les codes prévus sont code 1 = produit principal et code 2 = produit secondaire. Le code 3 n’existe pas, et s’il a été ajouté, nous n’avons aucune information le concernant.

11 Cet examen ne porte que sur les parties essentielles des productions végétales et animales, du fait de leur importance dans le revenu des 740 ménages retenus. 12 Les 1920 variables ont été renumérotées pour éliminer les redondances signalées plus haut et aussi pour assurer plus de cohérence entre les numéros de module du questionnaire et les numéros de variables dans la base.

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8. Pour les ménages 5002, 5004, 5006, 5020, les variables M311302 et M311402 (type de produit), qui doivent avoir une valeur comprise entre 1 et 2, contiennent des valeurs allant de 250 à 2400, ce qui semble correspondre à la production ! Visiblement, c’est une erreur de saisie, et les chiffres sont décalés d’un ou de deux champs.

9. Module 31 – Variables M3111[type de produit] , M3111[bour irrigué], M3111[surface (ha)], M3111[quantité produite (qx)], M3111[appréciation du rendement], M3111[Raison du mauvais rendement], M3111[quantité commercialisée], M3111[prix unitaire de vente], M3111[mode commercialisation], M3111[mode de détermination de prix],M3111[contrat] Cas de code inexistant, de valeurs invraisemblables, de données incohérentes (ex. surface d’une culture = 0, et tous les autres paramètres <>0). 29 ménages sont concernés : 1060, 1159, 2084, 2087, 2100, 2159, 3010, 3057, 3059, 3125, 4015, 4071, 4072, 4083, 4113, 5002, 5004, 5006, 5008, 5020, 5081, 5087, 5088, 6003, 6004, 6010, 7016, 7017, 8022.

10. Pour 2 ménages (4182, 5108), la variable « type de culture » contient un code de plantation (C02 « blé tendre » sera « sorti » comme P02 « agrumes »), et pour 1 ménage (2036) la variable « type de plantation » contient un code de culture.

11. Ménage 3111 : code plantation = vide.

12. Ménage 2036 : code B/I = 0 ; Variable « Appréciation de rendement » = 390 !

13. Pour plusieurs ménages, le nombre d’arbres productifs contient des décimales, ce qui n’a aucun sens (hypothèse : cela peut être la fraction décimale des arbres totaux qui est productive). Par exemple, ménage 3070 : M312104, nombre de pieds productifs = 0,2 !

14. Ménage 5031 : les données sont décalées d’une colonne pour P08 – Olivier. Donc, code 2 B/I dans « nombre de pieds », 6 nombre de pieds dans « nombre de pieds productifs », 4 pieds productifs dans « quantité produite », etc.

15. Ménages 2023, 2024, 2036, 6031, 2095, 2168, 3125 : pieds de plantations productifs > 0 et production = vide (au lieu de zéro).

16. In fine, pour le module 31, trop nombreuses incohérences dans les fichiers « cultures » et « Plantations »…

Productions animales17. Prix moyens appliqués à l’aveugle dans le cas des ménages, trop nombreux, pour lesquels l’information sur

le prix unitaire ne figure pas dans la base ou dans les questionnaires. En général, pas de règles de validation ou d’invalidation des données manquantes grâce aux possibilités informatiques. Quelques prix fantaisistes, de 5 à 20 fois le maximum vraisemblable.

18. Des prix = zéro annulent la valeur de la production. Dans ce cas, on peut se demander si ce n’est pas la raison principale du nombre de ménage à revenu d’exploitation négatif !

19. Ménage 3033 : PU du lait = 100 dh / L !

20. Ménages de Mrhassiyine : PU du lait = 5,08 DH / L appliqué sans que l’on sache comment le calcul a pu produire un prix moyen double du prix de vente du lait chez les autres ménages de la même région ou les ménages des autres régions.

21. Production laitière : à partir d’un contrôle basé sur la vraisemblance du niveau de rendement, une erreur de saisie constatée systématiquement consiste en l’ajout d’un zéro au chiffre de la production ; ce qui donne des rendements de 6000 l/vache (au lieu de 600) dans les zones à faible productivité (Chaouia par ex.), ou bien 33650 l/vache (au lieu de 3365) dans les zones à forte productivité (Souss-Massa par ex.)13.

13 Selon les études conduites par le Département des Productions Animales à l’IAV, la productivité de la vache laitière varie dans une fourchette allant de 400 à 600 litres/vache pour les races locales et de 3000 à 6000 l/vache pour les races améliorées (Holstein, Pie noire, etc.). Selon les mêmes sources, le prix au producteur du lait est de 3-3,5 dh/l dans le cas de la livraison à une laiterie, et de 4 dh/l pour le marché du colportage.

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22. Ménages 1026, 3100, 4178, 5006, 5055, 5086, 5090, 5096, 5106, 5108, 5120, 5126, 5129 : production de lait alors que l’inventaire du cheptel bovin indique 0 pour la campagne d’étude (2007) comme pour la campagne précédente.

23. Ménages 3048, 1065, 5075, 5129, 5070, 4117, 2058 (1 Chaouia, 1 Saïss et 5 Souss-Massa) : marge brute négative sur élevage ovin, car charges > 0, et pas de produits d’élevage ovin, ni même d’ovins !

24. Variables M252011, M252012, M252021, M252022, M252031, M252032, M252041, M252042 [représentant le tableau M252. Inventaire des animaux adultes donnés en association (effectifs)] contiennent des chiffres en milliers ou dizaines de milliers ; c’est impossible. Hypothèse : ces chiffres portent sur les achats ou ventes d’animaux en DH, décalés de quelques champs au moment de la saisie puisque les 26 ménages concernés ont une valeur zéro ou vide dans les achats et les ventes.

Conclusion Visiblement, le système de saisie n’a pas prévu les règles élémentaires de sécurité

pour éviter les fautes de frappe classiques. La base de données n’a pas été apurée. Il est donc tout à fait impératif qu’elle le

soit, faute de quoi elle ne pourra jamais être pleinement productive de certains résultats nécessaires pour l’étude.

Ceci étant, pour répondre à des requêtes contenues dans la Note de commentaires de l’équipe de coordination du 15 décembre 2008, il faudrait à tout le moins réaliser les traitements suivants :

1. Décomposer la région de Souss-Massa en deux sous-régions : Souss-Massa 1 et Souss-Massa 2 : la première comprendrait les deux communes de Aït Amira et Machraa Al Aïn, et la deuxième la commune de Taliouine. En fait ce sont surtout les deux premières communes qu’il s’agit de regrouper en une sous-région, mais cela devrait être fait pour tous les tableaux élaborés à l’échelle régionale. 2. Croiser les revenus et les modes de commercialisation : un tel tableau croisé est indispensable pour analyser la relation entre ces deux variables.3. Les tableaux 53 et 55, établis à partir des tableaux des requêtes R18 et R20, fournissent des données sur les parts commercialisées et les modes de commercialisation en volume, ce qui est source d’une grande confusion (on agrège des quantités de céréales avec d’autres de légumineuses ou de produits maraîchers !). Il faudrait donc reprendre ces tableaux de requête (R18 et R20) et les recalculer en valeur.4. En ce qui concerne les travaux de quintilisation, nous avons nous-mêmes procédé à tous les traitements possibles à partir des données disponibles dans le « Fichier  Revenus » dont nous disposions. Mais à présent, pour expliquer les relations entre le niveau du revenu des membres des ménages et les activités exercées par ces mêmes membres des ménages, il faut établir la série des 740 ménages par activités des membres dans chaque ménage. Concrètement, cela nécessite d’établir un nouveau fichier contenant les données figurant dans les requêtes R3, R4, R5 et R6 pour les 740 ménages. A partir de ce fichier, nous pourrons déployer l’analyse du niveau des revenus selon les activités des membres des ménages (analyse par quintiles).5. La même démarche est nécessaire pour l’analyse de la relation entre les modes de commercialisation et le niveau du revenu (par quintile). Il faudrait disposer du fichier contenant les données figurant dans les requêtes R18 et R20 pour les 740 ménages.

Driss BenatyaNajib Akesbi2 janvier 2009

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Doc. 2, Annexe 2 : Courriel du 5 juin 2009

ven. 05/06/2009 11:36Bonjour,

A Tunis, le 14 mai 2009 en soirée, lors de la réunion que nous avions tenue avec Mohamed Aït Kadi, Président du CGDA, et après des échanges de vues et une appréciation commune de la situation, nous avions convenu d’un plan de « sortie de crise » dont je rappelle le contenu : 1. Dans les quelques jours qui suivaient, tu devais prendre contact avec le bureau d’études pour lui proposer la solution que nous avions jugée la plus appropriée compte tenu des contraintes et des objectifs fixés ; 2. Cette solution consistait à confier à Driss Benatya la tâche d’assainissement et de redressement de la base de données, en étroite collaboration avec le bureau d’études, lequel devait notamment mettre à sa disposition les questionnaires ; 3. Une fois la base de données apurée et mise au point, il revenait à l’équipe des consultants de reprendre le rapport pour la mise en concordance des deux documents. C’était un vrai défi mais nous avions estimé que si chacun y mettait du sien, nous pouvions y arriver, dans les meilleurs délais.

Je constate que cet accord n’a pas été respecté. D’abord au niveau des délais : alors qu’on s’attendait à un feed-back de ta part dans les quelques jours qui suivaient, ce fut le silence total, jusqu’à ce que, m’inquiétant de l’absence de visibilité et voyant le temps passer –alors que les délais apparaissent si courts!- j’ai fini par envoyer ce mail d’alerte il y a deux jours… En fait j’apprends aujourd'hui à travers le mail que tu viens d’envoyer, que des choses se faisaient, des échanges avaient lieu entre l’équipe de coordination et le bureau d’études, mais dans le cadre d’un scénario tout à fait différent de celui dont on avait convenu à Tunis.

Il est évident que face à une telle situation, chacun doit prendre ses responsabilités. Pour Driss et moi-même en tout cas, la voix choisie –sans concertation- ne peut malheureusement conduire qu’à l’impasse. La principale raison est la suivante : l’information fournie dans les documents envoyés ne nous permet aucunement d’apprécier la fiabilité des changements opérés dans la base de données.

Tu comprendras dans ces conditions qu’il ne nous soit possible ni de valider ni d’invalider la « base actuelle ».

CordialementNajib Akesbi

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Doc. 2, Annexe 3 : Note méthodologique du 24 octobre 2009

Monsieur Othmani,

Nous travaillons, Driss Benatya et moi-même depuis une quinzaine de jours sur les questions de fond soulevées par les modifications qui ont été opérées par l’équipe de coordination en collaboration avec votre bureau d’étude, après la remise de la dernière version de notre rapport sur la deuxième phase de l’étude RuralStruc au Maroc.

Dans la dernière Note méthodologique que j’avais tenu à vous adresser en date du 27 septembre, j’avais commencé par attirer votre attention –ainsi que celle de l’équipe de coordination, qui était également destinataire du courrier- sur un certain nombre d’observations et de problèmes identifiés à l’examen des tableaux envoyés dans la perspective de la révision du rapport. Ces observations « préalables » tenaient en trois points : 1. La première portait sur la suppression de 11 ménages sans que les conséquences qui en découlent forcément aient été prises en compte ; 2. La deuxième concernait « l’inclusion » dans le revenu agricole des soldes des transactions des productions animales, ce qui revient concrètement à « gonfler » le revenu en question par des éléments du capital, et plus précisément par le produit d’une décapitalisation (consécutive à des cessions exceptionnelles de bétail en année de sécheresse) ; 3. Enfin la troisième observation portait sur certaines « corrections » effectuées sur les revenus des transferts privés et dont nous n’avons pu saisir exactement la logique. Par ailleurs, nous avions aussi identifié de nombreux tableaux qui n’avaient pas été fournis ou avaient été élaborés avec beaucoup de négligence (cas des tableaux n°42, 44, 50 à 52, 58…).

J’avais attiré votre attention sur le fait que les « corrections » opérées, auxquelles nous n’avions pas été associés, et qui, au vu des données dont nous disposons du moins, ne nous paraissent pas justifiées, modifient sensiblement certains résultats majeurs analysés dans notre rapport. Toutefois, pour continuer d’avancer, et dans l’attente des réponses aux questions posées, nous avions demandé la confection d’une série minimale de tableaux, en insistant naturellement sur le fait que tout cela était « sous réserve d’un examen de fond qui n’est pas encore fait ».

Cet examen de fond est maintenant réalisé, notamment à la lumière des derniers tableaux envoyés en date du 5 octobre 2009. Alors que nous n’avons encore reçu aucune réponse aux trois questions rappelées ci-dessus, l’examen approfondi de la troisième partie du rapport nous a permis de prendre encore mieux la mesure de certains problèmes déjà soulignés, et d’en découvrir d’autres, tout aussi lourds de conséquences, et pour certains tout à fait consternants. A tel point que, en l’état actuel des données dont nous disposons, nous sommes dans l’impossibilité de conduire de manière cohérente et réfléchie les analyses nécessaires sur les questions centrales de l’étude : niveaux et structures des revenus, épargne, impasses agricole et rurale, différenciation par rapport à la diversification des activités et des sources de revenu…

Voici à nouveau l’état des lieux de nos observations, résumées à travers les six points suivants :

1. il s’avère maintenant que la suppression de 11 ménages implique finalement des modifications à tous les niveaux, y compris au niveau de certaines parties que nous avions cru pouvoir retraiter sans avoir à tout recalculer en conséquence (par exemple au niveau de la partie sur la « différenciation par rapport à l’accès au marché », Tableaux n°64 à 69). Le problème est que, ne connaissant même pas les codes des 11 ménages supprimés (lesquels ne nous ont jamais été communiqués), nous n’avons aucun moyen de les identifier pour opérer nous-mêmes les changements nécessaires, quand cela est possible. D’autant plus qu’il faut tout de même rappeler que, là où nous pensions avoir droit à une vraie base de données (apte à faciliter des traitements plus ou moins complexes), nous ne disposons à ce jour encore que de fichiers partiels et dont nous ne savons comment le contenu, pour une bonne part, a été obtenu.

2. La question des augmentations opérées au niveau des revenus de la production animale reste un vrai problème en suspend. Rappelons que même si cette inclusion des soldes des transactions sur le bétail peut se justifier par des considérations de « cohérence » (pour qui ? pourquoi ?...), elle reste très problématique, au double niveau théorique et empirique. En tout cas, nous constatons que du fait de cette « inclusion », les revenus de la production animale sont rehaussés dans des proportions extraordinairement fortes, surtout dans Chaouia et dans

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une moindre mesure dans Saïss : entre 48 et 146% dans les communes de la première région et entre 34 et 50% dans les communes de la seconde… L’impact sur le revenu global est aussi considérable puisqu’il explique –dans Chaouia par exemple- près des deux tiers des écarts constatés entre les niveaux du revenu global avant et après cette augmentation des revenus de la production animale. Il est évident que tout cela bouleverse des résultats sur lesquels nous avions fondé nos analyses dans la dernière version de notre rapport. Nous ne refusons pas de reprendre nos analyses si des faits nouveaux solides et crédibles apparaissent et nous invitent à une nouvelle réflexion, mais à ce jour, nous n’avons encore reçu aucune réponse argumentée et convaincante à ce sujet de la part de l’équipe de coordination qui a procédé à ce changement.

3. Par rapport au même tableau sur lequel nous avons travaillé dans la dernière version de notre rapport, le tableau n°51 portant sur les « activités des membres des ménages », tel qu’il a été envoyé dans votre dernière livraison, présente à la deuxième colonne des effectifs de membres qui ont curieusement augmenté de 250 à 500 membres par communes, et 800 à 950 par région   !!! Comment de telles augmentations ont-elles pu avoir lieu   ? Comment les expliquer   ? C’est d’autant énigmatique que, de manière concomitante, sur le même tableau, l’avant-dernière colonne « Autres » se trouve elle aussi démesurément gonflée passant de chiffres compris entre 15 et 30% à des chiffres allant de 50 à 60% !!!... Là encore, nous nous trouvons dans l’incapacité de trouver une explication plausible à de tels changements.

4. Le tableau 58, qui est censé présenter les données sur les revenus et surtout les dépenses à partir desquelles on peut calculer et analyser l’épargne… ce tableau, envoyé dans la dernière livraison et en principe après que les rectifications signalées aient été effectuées, reste encore totalement inopérant. Un simple coup d’œil sur ce tableau montre qu’il comporte au niveau de ses quatre colonnes relatives aux dépenses et à l’épargne des données complètement invraisemblables… (Des chiffres d’épargne de plusieurs centaines de milliers de dirhams, de surcroît négatifs ! des chiffres des dépenses des régions qui se contentent d’additionner ceux des communes !...). La conséquence est là encore très lourde puisque toute l’analyse sur la partie « Dépenses » est à revoir, comme sont à revoir les tableaux 59-62 puisqu’ils dépendent en partie du tableau 58.

5. Le tableau n°63, qui est censé présenter la « couverture des dépenses des ménages agricoles par les revenus » est également inopérant, inutilisable, car il ne fournit pas les dépenses totales par équivalent adulte des ménages agricoles, de sorte qu’il n’est pas possible de calculer les ratios à partir desquels on peut reprendre l’analyse de la question combien importante des impasses agricole et rurale.

6. Les tableaux correspondant aux figures n°65, 66 et 67 ne sont pas présentés par équivalent adulte, conformément au traitement de base. Les figures n°68, 69 et 70 (numérotés 8, 9 et 10 dans la série des tableaux envoyés en date du 15 septembre 2009) sont fournies sans les tableaux de base correspondants, de sorte que nous ne sommes pas en mesure de vérifier que la quintilisation a été effectuée sur le revenu d’exploitation (comme c’est indiqué dans le titre des figures en question). Quant au tableau n°74, qui suppose l’élimination préalable des ménages non agricoles (ce qui ramène les effectifs à 654 ménages sur 729), il nécessite aussi une quintilisation sur la base du revenu d’exploitation et non le revenu global. Le tableau n°75, qui en dépend, n’est pas non plus utilisable dans l’état où il se trouve… Tout cela, une fois de plus, nous met dans l’impossibilité de reprendre et réexaminer sur des bases robustes la question de la différenciation des revenus des ménages agricoles et ruraux.

Au total, on voit bien qu’on est dans une véritable impasse… Les changements opérés entre l’équipe de coordination et le bureau d’étude ont créé une situation nouvelle qui a remis en cause le travail que nous avions déjà réalisé, mais sans pour autant nous donner les moyens minima pour reprendre le travail et le reconduire à son terme sur des bases fiables et crédibles. Il n’est plus possible de continuer ainsi car cela reviendrait à se condamner à continuer à tourner en rond. Nous constatons que nous consommons un temps considérable, voire exorbitant, à traquer les très –et trop- nombreuses erreurs de traitement ou de raisonnement, à essayer de deviner comment tel tableau ou telle figure ont été confectionnés, à rédiger des « Notes » expliquant ce qui ne va pas, ce qui devrait être fait et comment il faudrait le faire… Cette façon de travailler est devenue totalement contreproductive et n’est de toute façon plus acceptable.

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En dépit de tout ce que nous avions enduré, nous avions accepté en juin dernier de reprendre ce travail, essentiellement parce que nous avions été sensibles à certains arguments avancés par M. Aït Kadi, tel le risque d’élimination de notre pays d’une telle étude internationale. Mais là, manifestement la coupe déborde de toute part… De toute façon, quelle que soit notre bonne volonté, nous n’arriverons à rien si, de l’autre côté, le « répondant » nécessaire fait défaut. Nous avons maintenant le sentiment que plus nous redoublons d’efforts pour sauver cette étude, et plus on nous ramène en arrière, par des pratiques incompréhensibles (comme celles relevées dans les six points ci-dessus).

S’il est permis de penser encore possible de sauver cette étude, il est évident qu’il faudrait commencer par revoir les conditions générales capables de la faire effectivement aboutir dans les meilleurs délais.

Najib Akesbi24 octobre 2009

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Doc.3 – Réponse du Responsable de la BM

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Doc.4 – Réponse à M. Constantino (E.B.Tandon)

jeu. 21/01/2010 13:10

A Monsieur E.B.TandonPour Monsieur Luis ConstantinoResponsable de SecteurEnvironnement, Agriculture et Développement RuralDépartement Développement DurableBureau Régional Moyen-Orient et Afrique du Nord

Cher monsieur,

Je vous remercie pour votre réponse à travers laquelle je retiens que vous accusez bonne réception du rapport que j’ai rédigé en tant que coordinateur scientifique de l’étude RuralStruc au Maroc.

Depuis le lancement de cette étude, au cours de sa première phase comme de sa seconde phase, j’en ai été le responsable scientifique. C’est donc à ce titre que, plus que le droit, j’ai le devoir de veiller à la qualité scientifique des travaux et des résultats auxquels elle peut aboutir. Depuis 2006, et sur l’ensemble de la durée de cette étude, le bureau Icon2e n’aura été que l’exécutant opérationnel auquel il avait fallu recourir au cours de la seconde phase pour réaliser l’enquête sur le terrain et le traitement des données collectées. Si, pour des raisons liées aux procédures de la Banque mondiale, le contrat relatif à cette deuxième phase avait été signé avec ce bureau (auquel il revenait donc de livrer le produit convenu), il n’a jamais été question de confier à ce dernier la responsabilité scientifique de l’étude, et partant se substituer à l’équipe des consultants chargés de l’analyse et de la rédaction du rapport final.

Vous comprenez dans ces conditions les raisons pour lesquelles j’ai tenu à rédiger le rapport scientifique que j’ai très naturellement commencé par envoyer au Comité Scientifique de l’étude, que j’ai ensuite envoyé le 12 janvier dernier à la Banque mondiale qui est l’Institution à laquelle la réalisation de l’étude dans son ensemble a été confiée. Ma démarche est avant tout celle d’un coordinateur scientifique national auprès d’un comité scientifique international, instances dont le souci commun est d’abord celui de la qualité scientifique du travail accompli.

Dans ces conditions, vous comprenez aussi que l’équipe des consultants dont j’ai coordonné les travaux ne puisse accepter de voir le problème réduit à une question de « résiliation de contrat avec le bureau Icon2e » ou à un « différend sur l’exécution de [notre] contrat de consultant ». Il n’est absolument pas dans notre intention de

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laisser l’arbre nous cacher la forêt, et limiter la question à une affaire de contrat de consultation.

Ce qui nous importe aujourd’hui n’est autre que la qualité scientifique de l’étude du Maroc. Il y va de notre crédibilité de chercheur, de celle de nos Institutions, et au-delà de l’image de notre pays dans le cadre d’une étude internationale.

Nous ne pouvons donc que réaffirmer avec force notre volonté d’aller au bout de notre quête de qualité et de vérité. Nous ne mettons pas en doute les procédures de la Banque mondiale pour évaluer les travaux qui lui sont soumis, et c’est pour cela que nous restons attentifs aux suites qui seront données à notre requête, l’essentiel pour nous étant qu’une commission d’évaluation objective et indépendante se donne les moyens de faire toute la lumière sur les conditions de réalisation de la deuxième phase de l’étude RuralStruc au Maroc.

Veuillez croire, cher monsieur, en l’expression de mes sentiments les meilleurs.

Pr Najib AkesbiCoordinateur ScientifiqueProgramme RuralStruc – Maroc

CC à :Monsieur Le président du Conseil Général du Développement AgricoleMonsieur le Directeur de l’Institut Agronomique et Vétérinaire Hassan II.Madame La Directrice du Bureau de la Banque Mondiale à Rabat

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Doc.5 – Position des chercheurs (01/09/2010)

Akesbi NajibProfesseur, IAV Hassan II, RabatBenatya drissProfesseur, IAV Hassan II, RabatMahdi MohamedProfesseur, Ecole Nationale d’Agriculture, Meknès

Rabat, 1er septembre 2010

AMonsieur Luis ConstantinoResponsable de Secteur Environnement, Agriculture et Développement RuralDépartement du Développement RuralBureau Régional Moyen-Orient et Afrique du NordBanque mondiale, Washington, D.C.

Objet : Rapport « Maroc » de la 2ème phase du programme RuralStruc.

Monsieur,

Nous avons reçu, Najib Akesbi, Driss Benatya et Mohamed Mahdi, en date du 29 juillet 2010, du bureau d’études Icon2e un e-mail nous informant que le rapport final « RuralStruc Maroc » (Phase 2) a été « validé et réceptionné définitivement par l’équipe de coordination technique de la Banque Mondiale en charge du projet », et nous demandant entre autres, dans le cas où nous ne souhaitons pas que nos noms figurent sur le rapport, de « le faire savoir expressément, et ce avant la diffusion de ce rapport par la Banque ». La version en question du rapport était jointe en fichier attaché.

Nous avons d’abord repris contact avec M. Anwar Soulami, notre correspondant au Bureau de Rabat de la BM, chargé du suivi de ce dossier, pour nous enquérir de la réalité de la situation. La réponse de ce dernier est arrivée le 13 août et elle est en effet claire : oui, le rapport « a été considéré comme recevable par la Banque mondiale », mais « nous restons toujours disposés à recevoir vos commentaires sur le contenu », notamment à l’occasion de « Policy briefs qui pourraient constituer une occasion d'actualisation ou d'affinement des résultats »…

Pour nous, cette réponse impose tout d’abord le constat suivant : Tous nos efforts fournis depuis une dizaine de mois pour trouver une issue crédible à cette affaire ont finalement été ignorés.

Rappelons que nous avons commencé par rédiger un rapport scientifique dans lequel nous avions clarifié, faits, chiffres et « Notes méthodologiques » à l’appui, les conditions ayant

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conduit à l’échec de la deuxième phase de RuralStruc au Maroc, et les raisons pour lesquelles il nous était impossible de valider certains résultats que l’équipe de coordination internationale et le bureau d’études voulaient nous imposer sans avoir même pris la peine d’expliquer comment ils y étaient parvenus. Ce rapport était assorti d’une demande de constitution d’une commission d’évaluation internationale à qui devait incomber la tâche de faire la lumière sur les questions de fond, objet de désaccord, et établir les responsabilités des uns et des autres. Adressé d’abord aux membres du Comité scientifique du programme RuralStruc, puis à la Banque mondiale, ce rapport restera malheureusement sans suite.

En revanche, nous avons eu droit à une réponse passablement « décalée » de la part de Monsieur E.B.Tandon, de la BM à Washington, nous déniant le droit « d’interpeller les partenaires scientifiques, techniques et financiers de la Banque mondiale au sujet de ce programme », déclarant que son institution « dispose des procédures adéquates d’évaluation des travaux qui lui sont soumis » et nous invitant à « prendre attache avec Icon2e pout tout différent sur l’exécution de [notre] contrat de consultant »… Nous avons dû répondre pour expliquer que : 1. RuralStruc est d’abord un programme de recherche et non une simple « consultation » ; 2. Sur l’ensemble de la durée de l’étude –engagée en 2006, le bureau Icon2e n’aura été que l’exécutant opérationnel auquel il avait fallu recourir au cours de la seconde phase (en 2008), pour réaliser l’enquête sur le terrain et le traitement des données collectées ; 3. Si le contrat relatif à la deuxième phase avait été signé avec ce bureau, il n’a jamais été question de lui confier la responsabilité scientifique de l’étude, et partant se substituer à l’équipe des chercheurs chargés de l’analyse et de la rédaction du rapport final. Le coordinateur scientifique national se devait donc en pareilles circonstances de s’adresser d’abord au comité scientifique international, le souci commun des deux instances étant de veiller à la qualité scientifique du travail accompli. Nous ajoutions que dans ces conditions, on devait aisément comprendre qu’on ne pouvait accepter de voir le problème réduit à une question de « différend » sur l’exécution d’un contrat de consultation... Enfin, nous terminions en réitérant notre demande de constitution d’une commission d’évaluation à même d’élucider les conditions de réalisation de la deuxième phase de RuralStruc au Maroc.

Nous avons attendu plusieurs mois sans qu’aucune suite n’ait été donnée à notre requête. Nous avons alors essayé de prendre quelques initiatives susceptibles de débloquer la situation. C’est ainsi que Najib Akesbi a saisi l’opportunité d’un séjour de travail à Montpellier pour rencontrer monsieur Jean-Marie Bosc, du CIRAD, et membre du comité scientifique de RuralStruc. Cet entretien fut très constructif, d’autant plus que M. Bosc marqua sa préférence pour une « sortie par le haut », suggérant de travailler à une solution nous permettant de récupérer la base de données, de sorte à être en mesure de reprendre le travail et le finaliser nous-mêmes… Malheureusement, cette initiative est, elle aussi, restée sans suite.

Nous nous sommes aussi tournés vers le Bureau de la Banque mondiale à Rabat, qui a chargé M. Soulami du « dossier ». Ce dernier a été mis au fait du contenu du dossier, accompagné des explications nécessaires et du rappel de notre requête. M. Soulami a fait preuve d’une disponibilité et d’un esprit d’écoute tout à fait louables. Malheureusement, nous avons encore attendu plusieurs mois pour aboutir au résultat qui vient de nous être communiqué ce 13 août.

Force donc est de constater que, à ce jour, aucune des deux instances destinataires de notre rapport et notre requête n’a pris sur elle de répondre à nos questions de fond, fut-ce pour les critiquer, voire les juger sans intérêt. Il ne nous revient pas de porter un jugement sur les « procédures d’évaluation » de la Banque mondiale, mais il est tout de même de notre droit de nous demander si celles-ci ont pris en considération le contenu du rapport scientifique envoyé

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en janvier 2010, et en tout cas de nous montrer pour le moins perplexes devant ce « déficit d’intérêt » manifesté à l’égard d’une interpellation collective de l’équipe des chercheurs du programme au Maroc. Il reste qu’une étape est maintenant franchie, et avoir plutôt choisi de valider la dernière version du rapport présentée par le bureau d’études, outre qu’elle illustre une fois de plus la « politique du fait accompli », nous paraît être une grave erreur, pour les trois raisons suivantes :

1. La version qui a été validée est encore plus problématique que celles qui l’ont précédée parce que, non seulement on n’y apporte guère les réponses nécessaires à la plupart des questions de fond soulevées dans nos multiples « Notes méthodologiques », mais aussi parce que les changements introduits l’ont été de manière souvent superficielle et incohérente, de sorte que certains aspects essentiels de l’analyse en sont fortement affectées, et sans que les auteurs des modifications en question donnent l’impression d’en avoir pris toute la mesure… Nous comptons prochainement produire, à l’intention de qui de droit, une Note méthodologique supplémentaire (la dixième…), dans laquelle nous montrerons les carences du texte « validé ». De toute façon, à l’origine, l’objection majeure que nous n’avons cessé de soulever n’est autre que celle de la base de données, dont nous avons démontré qu’elle n’a jamais été totalement assainie. Or, hormis quelques formules convenues et classiques dans la partie « Méthodologie », rien dans la dernière version du rapport n’indique que ce travail a réellement été fait. Tant que nous n’aurons pas eu accès aux sources de données pour les examiner de près, nous ne pouvons que continuer à nous en tenir aux éléments de preuve dont nous disposons, lesquels sont accablants pour ce qui a fait fonction de base de données (même qualifiée de « mini »).

2. Le 16 novembre 2009, le bureau d’études a pris la responsabilité de résilier unilatéralement nos « conventions de consultants », et il est évident qu’à partir de ce moment, la situation a totalement changé sur le plan juridique : nous sommes entrés dans une relation contentieuse dont l’enjeu pour nous est avant tout d’ordre déontologique, moral et intellectuel. Le rapport que nous avons produit reste notre propriété intellectuelle dès lors que le contrat, qui aurait légitimé son « appropriation » par la Banque mondiale ou le bureau d’études, a été résilié par ce dernier. Et le moins qu’on puisse dire est qu’à partir du moment où il y a litige sur un « bien », celui-ci ne peut être approprié par une partie sous peine d’être accusée par l’autre partie d’usurpation de bien… Depuis le 16 novembre 2009, le bureau d’étude n’avait plus aucune base juridique pour s’approprier notre rapport, et encore moins le « vendre » à qui que ce soit. Jusqu’à présent, nous avions préféré différer toute action en justice dans l’espoir que le bon sens finirait par prévaloir, mais à présent que nous sommes mis devant le fait accompli décisif, et que nous mesurons l’étendue du préjudice que nous avons subi, nous n’avons d’autre alternative que celle qui est prévue par la loi.

3. Faut-il rappeler, une fois de plus, que RuralStruc est un programme de recherche qui a réuni des chercheurs de 7 pays différents sur une problématique de recherche, et des objectifs de recherche, même si, naturellement, les résultats obtenus allaient donner lieu à des recommandations « concrètes » et servir à alimenter le débat public sur les politiques agricoles et rurales ? C’est ainsi que l’initiateur du programme nous l’a toujours présenté et c’est le « contrat moral » sur la base duquel nous avons accepté de nous engager et nous y investir pleinement depuis près de 5 ans. C’est dans cet état d’esprit d’ailleurs que nous avons tenu à ce que le contrat de la première phase soit conclu avec notre institution d’enseignement et de recherche, l’Institut agronomique et vétérinaire Hassan II, et que nous n’avons pas hésité à puiser dans nos propres fonds de recherche pour financer la publication du rapport produit à l’issue de cette phase. Le recours à un bureau d’études pour la réalisation d’une opération

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« technique » déterminée (l’enquête de terrain et le traitement des données collectées) dans le cadre de la deuxième phase de ce programme ne devait être qu’un moment, un maillon dans une chaîne qui commence avec les chercheurs et se termine avec les chercheurs, un maillon en tout cas qui ne peut aucunement phagocyter les autres maillons de la chaîne…

Or, c’est exactement à cette perversion là que nous assistons depuis près de deux ans. Sous prétexte d’engagements « contractuels », c’est le bureau d’études qui serait devenu le « maître d’œuvre de la seconde phase » et les chercheurs de simples « consultants » dont on peut se passer si tel est le bon vouloir de ce dernier ! Plus grave encore : quand on en arrive à ce qu’un « Task Team Leader », coordinateur international et en principe lui-même chercheur, préfère faire corps avec un bureau d’études notoirement défaillant contre l’équipe des chercheurs qu’il a pourtant lui-même sollicitée ; quand ce dernier en arrive à renier ses engagements pris devant le président du Conseil général du développement agricole du Maroc (l’Institution de portage), pour « fabriquer » avec ledit bureau d’étude et à l’insu du coordinateur scientifique national, de nouveaux résultats non crédibles mais dont il exige ensuite la « validation » (aveugle !) par ce dernier ; quand ce même coordinateur international refuse de répondre aux ultimes interpellations des chercheurs sur des questions qui relevaient de sa responsabilité et pouvaient permettre de sauver l’étude ; quand enfin une équipe de coordination internationale accepte de valider une version pervertie du rapport des chercheurs et contre l’avis de ces derniers… Quand on en arrive là, on a véritablement dépassé toutes les limites que les principes les plus élémentaires de la déontologie de notre métier, voire simplement de toute éthique professionnelle, peuvent tolérer.

Finalement RuralStruc devient pour nous une « étude de cas » tout à fait symbolique et instructive, parce qu’elle met en évidence toutes les difficultés et toutes les ambigüités des relations de recherche qui peuvent s’établir entre des chercheurs du Nord et des chercheurs du Sud sur des problématiques définies au Nord, financées par le Nord et gérées à partir du Nord… Car au fond, le problème est bien celui du « statut » du coordinateur scientifique et au au-delà de l’équipe des chercheurs « nationaux » dans leur rapport avec l’équipe de coordination internationale, avec le comité scientifique, avec les institutions de gestion et de financement... Quel est le champ des prérogatives des uns et des autres ? Qui décide de quoi en dernier ressort ? Y a-t-il en cas de litiges des instances de recours ? Qui est responsable de la qualité scientifique d’un travail effectué dans un pays donné et qui est apte à le valider en dernier lieu ? Certes, idéalement, la réponse de bon sens va d’elle-même : les chercheurs nationaux, mais en coordination et concertation avec ceux du Nord. Oui si tout se passe dans l’entente et la concorde ; mais qu’en est-il en cas de divergence sur des questions de fond, apparues parce que les chercheurs du Sud, refusant d’être réduits à de simples « sous-traitants » complaisants, s’affirment, discutent, contestent, refusent les faits accomplis, exigent d’être respectés et traités comme des chercheurs, bref font valoir leurs droits en tant que partenaires à part entière ?…

Ce débat est tout à fait essentiel et nous avons l’intention de le soulever et l’alimenter dans la sphère publique et professionnelle, nationale et internationale. Certes il n’est pas question de « globaliser » les problèmes ou les généraliser. Chacun parmi nous a derrière lui une longue expérience de collaboration avec des partenaires du Nord dans le cadre de programmes de recherche qui ont plutôt été couronnés de succès et en tout cas donné satisfaction aux uns et aux autres. Mais Ruraltruc restera pour nous le « cas d’école » typique des travers à éviter, « l’exemple » à ne pas suivre, le programme qui, au Maroc du moins et comme nous l’expliquions déjà dans notre Rapport scientifique, aura été de bout en bout victime de mauvaise gouvernance caractérisée…

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Pour l’instant, les constats et réflexions qui viennent d’être présentés ne peuvent nous conduire qu’à la conclusion suivante : personne ne peut apporter la moindre caution scientifique à un travail réalisé dans les conditions que l’on connaît bien maintenant. Il y va de notre crédibilité de chercheur, de celle de nos Institutions, et au-delà de l’image de notre pays dans le cadre d’une étude internationale. Faute d’une base de données crédible et de réponses appropriées à des questions essentielles, la dernière version du rapport de la deuxième phase de RuralStruc au Maroc n'est pas plus fiable que celle qui l’a précédée. Dans son état actuel, ce rapport ne peut donc être validé scientifiquement et de ce fait, ne peut être utilisé d’une quelconque manière, encore moins être diffusé. Naturellement, les données et les analyses qui y figurent ne peuvent non plus être utilisées, notamment dans le cadre du rapport de synthèse international.

Najib AkesbiDriss BenatyaMohamed Mahdi

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Doc.6 – Lettre à M. Constantino (03/01/2011)

lun. 03/01/2011 18:26

A Monsieur Luis ConstantinoResponsable de SecteurEnvironnement, Agriculture et Développement RuralDépartement du Développement RuralBureau Régional Moyen-Orient et Afrique du NordBanque mondialeWashington, D.C.

Objet : Programme Ruralstruc – Maroc ; Un rapport en circulation nous citant en tant qu’auteurs…

Bonjour,

Nous, groupe des chercheurs du Maroc du programme RuralStruc, venons d’apprendre qu’un « Draft final » du rapport de synthèse du programme en question, est actuellement en circulation (Cf. Couverture et Acknowledgments and Authors en fichiers attachés). Ce document, daté du mois d’Août 2010, est intitulé : Structural Dimensions of Liberalization on Agriculture and Rural Development – A Cross-Regional Analysis on Rural Change.

Cette version commet deux manquements majeurs et extrêmement graves aux règles éthiques et déontologiques les plus élémentaires de toute activité de recherche (voire de simple consultation) dans le cadre de laquelle le programme RuralStruc s’inscrit :

1. Ce rapport nous cite (N. Akesbi, D. Benatya et M. Mahdi) en tant qu’auteurs, alors que depuis le mois de novembre 2009 nous n’avons cessé d’affirmer que la dernière version du rapport du Maroc, concoctée à notre insu et contre notre volonté, entre un bureau d’études et l’équipe de coordination de la Banque mondiale, ne peut aucunement nous engager, et encore moins obtenir la moindre caution scientifique de notre part. Les deux autres personnes citées en tant qu’auteurs sont MM. N. El Aoufi et N. Othmani : le premier a participé à la première phase de l’étude mais pas à la deuxième (qui est objet de contestation), alors que le second n’est autre que le directeur du bureau d’études déjà cité et dont la seule « contribution » au rapport est de l’avoir « arrangé » selon les vœux de l’équipe de coordination internationale…

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2. Ce rapport intègre dans ses analyses les données du Maroc parmi celles des six autres pays « comme si de rien n’était » ! Ainsi le lecteur non averti ne peut se douter que les données du Maroc n’ont pas été validées scientifiquement par l’équipe des chercheurs du Maroc, ceux-là mêmes qui ont travaillé pendant près de trois ans – en vain – pour assurer la crédibilité nécessaire à l’étude de la deuxième phase de RuralStruc. Ce faisant, c’est l’ensemble du rapport de synthèse qui est ainsi « infecté », et sa crédibilité mise en cause, ce qui devrait interpeller les équipes des chercheurs des autres pays, naturellement toutes directement concernées à ce niveau.

Devant un tel fait accompli, nous, groupe des chercheurs du Maroc, tenons à affirmer ce qui suit :

1. Nous avons d’abord été victimes d’une usurpation de bien puisque notre rapport a été perverti puis « vendu » sans notre consentement, et nous sommes maintenant victimes d’une deuxième imposture : nos noms sont utilisés contre notre volonté pour induire les lecteurs en erreur et faire croire que nous apportons notre caution scientifique au rapport en question.

2. Cette fuite en avant est d’autant plus condamnable qu’elle semble faire fi de diverses démarches engagées à différents niveaux : Au Maroc, une procédure judiciaire est engagée contre le bureau d’études ; par ailleurs, le Conseil général du développement agricole (l’Instance de portage du programme au Maroc) n’a pas encore communiqué son appréciation du « Rapport final » qui lui a été transmis; A la Banque mondiale, nous avons adressé une requête urgente à l’Ombudsman / World Bank Ombuds Office, instance de médiation qualifiée pour de tels litiges.

3. Si différentes instances sont donc aujourd’hui sollicitées pour se prononcer sur les aspects juridiques et éthiques de ce contentieux, nous restons pour notre part, en tant que chercheurs, tout autant vigilants sur sa dimension intellectuelle. Comme nous n’avons cessé de le rappeler, il n’est pas question pour nous de laisser utiliser par qui que ce soit et à quelque niveau que ce soit des résultats non fiables, impliquant de surcroît d’une manière ou d’une autre notre pays, nos institutions académiques et notre groupe de chercheurs. Armés de notre rapport scientifique, de nos Notes méthodologiques et des faits tangibles dont nous disposons, nous nous adresserons à toutes les instances

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nationales et internationales potentiellement concernées (à commencer par la presse spécialisée, les revues scientifiques, les maisons d’édition…) pour les prévenir des risques qu’elles prendraient si elles venaient à accepter de publier des résultats aussi peu crédibles.

En dépit de tout, avec nos meilleurs vœux pour la nouvelle année.

Akesbi Najib (Coordinateur Scientifique)Benatya DrissMahdi MohamedProgramme RuralStruc – Maroc

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Doc.7 – Lettre à monsieur le Secrétaire Général du Ministère de l’Agriculture et de la Pêche Maritime (5/04/2011)

Mardi 05/04/2011 18:26

A

         Monsieur Moha Marghi          Secrétaire Général du Ministère de l’Agriculture et de la Pêche Maritime          Membre du Conseil d’Administration du FIDA          Rabat

Objet : Utilisation dans le rapport du FIDA 2011 des résultats non validés de la deuxième phase du programme RuralStruc au Maroc.

Monsieur le Secrétaire Général,

Nous venons de prendre connaissance du dernier rapport du FIDA sur La pauvreté rurale 2011. A notre grande surprise, nous constatons que ce document officiel cite à de nombreuses reprises un « rapport de synthèse du Programme Ruralstruc », signé B.Losch, S.Fréguin-Gresh et E.White[1][1]. Il s’agit en fait du rapport mis en « circulation restreinte » au cours du mois d’août 2010, et qui ne pouvait en aucune manière passer pour le rapport final validé par toutes les parties concernées. Et pour cause puisque, s’agissant du cas du Maroc, le document dont les données avaient servi à l’élaboration du rapport en question, venait seulement d’être transmis au Conseil Général du Développement Agricole à Rabat pour examen et validation ou invalidation.

Pour notre part, nous avions envoyé une lettre d’indignation au responsable attitré de la Banque mondiale à Washington, Monsieur Luis Constantino, dans laquelle nous dénoncions la double imposture dont nous étions victimes : d’une part nous sommes cités, contre notre volonté, en tant qu’auteurs, et d’autre part les données relatives au Maroc, dont nous contestons la validité, sont reprises dans ce rapport comme si de rien n’était… Par ailleurs, alors qu’une procédure judiciaire est engagée au Maroc contre le bureau d’études, une requête urgente avait été adressée à l’Ombudsman de la Banque mondiale.

Avec une claire volonté de nous mettre devant le fait accompli, un nouveau pas est aujourd’hui franchi. Sans même attendre que le Conseil Général du Développement Agricole ait donné son avis quant à la qualité des données qui lui sont fournies dans le rapport en cause, voilà que des résultats essentiels relatifs au Maroc, qui sont précisément objet de contestation de notre part, sont déjà publiés dans un rapport international officiel, en l’occurrence celui du FIDA, sans l’ombre d’une réserve ?! Au

[1][1] Losch B., Fréguin-Gresh S. et White E., 2010, Structural dimensions of liberalization on agriculture and rural development : A cross-regional analysis on rural change, rapport de synthèse du Programme RuralStruc, Banque mondiale, Washington, D.C.

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demeurant, nous avons déjà saisi le président du CGDA pour attirer son attention sur le fait accompli dont son Instance est désormais également victime.

Dans cette malencontreuse affaire, monsieur le Secrétaire Général, c’est au fond notre pays qui subit un grave préjudice, étant acculé à se voir attribuer des données que nous savons tous largement erronées. Nous nous tenons à votre disposition pour vous apporter tous les éclaircissements et toutes les preuves mettant en évidence les manipulations ayant conduit à la confection de résultats incorrects. Nous avons naturellement refusé de valider scientifiquement ces derniers, mais l’équipe de coordination de la Banque mondiale, en connivence avec un bureau d’études local peu scrupuleux, ont néanmoins décidé d’ignorer nos objections, et persister sur une voie qui n’est ni professionnelle ni éthique.

Monsieur le Secrétaire Général, en tant que membre du Conseil d’Administration du FIDA, nous vous demandons d’exiger l’ouverture d’une commission d’enquête indépendante, à laquelle il reviendrait la tâche de faire la lumière sur la validité scientifique du rapport du Maroc ayant servi à alimenter les résultats présentés dans le rapport 2011 du FIDA cité plus haut. Pour notre part en tout cas, et comme nous n’avons cessé de le rappeler, nous sommes plus que jamais déterminés à refuser ce fait accompli et résolus à dénoncer de telles impostures. Après avoir essayé, en vain, toutes les voies qui auraient pu conduire à une issue crédible et acceptable, nous sommes aujourd’hui contraints de constater l’impasse à laquelle nous sommes parvenus. Nous nous considérons désormais libres de prendre toutes les initiatives de nature à nous rétablir dans nos droits et préserver l’image de notre pays dans le cadre de telles études internationales.

Veuillez croire, monsieur le Secrétaire Général, en l’expression de nos sentiments les meilleurs.

Akesbi Najib (Coordinateur Scientifique)Benatya DrissMahdi Mohamed

Programme RuralStruc – Maroc

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Doc.8 – Citation des auteursdans les dernières versions des rapports «   Final   » et «   Maroc   »

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