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N° 569 Février 2017 REVUE MENSUELLE (10 numéros) fondée en 1959 par L’ASSOCIATION NATIONALE DE LA PRESSE MUTUALISTE 255, rue de Vaugirard – 75719 PARIS CEDEX 15 – Tél. : 01 40 43 36 81 Abonnement : Le numéro .............................................. 68,00 10 numéros par an (pour 1 abonnement) ..... 680,00 Vente et abonnement à nos bureaux. Directeur de la publication : Gérard Quittard Secrétariat de l’ANPM : Carole Corbion, 01 40 43 36 81 Christine Jorez, 01 40 43 61 27 Coordination éditoriale : Laurence Hamon Rédactrice en chef : Sylvie Irissou Contact technique : Cyril Dehay, 01 44 49 61 00 Ont collaboré à ce numéro : Catherine Chausseray, Isabelle Coston, Delphine Delarue, Benoît Saint-Sever, Léa Vandeputte, Aliisa Waltari Réalisé par la CIEM 67, rue Blomet 75015 Paris Numéro de CPPAP : 0518 G 83108 Numéro ISSN : 0015 – 9670 Dépôt légal :

 · Web viewLes inégalités sociales de santé des élèves de CM2 demeurent particulièrement marquées dans notre pays, nous rappelle une étude publiée au mois de février par

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N° 569Février 2017

REVUE MENSUELLE (10 numéros) fondée en 1959 par

L’ASSOCIATION NATIONALE DE LA PRESSE MUTUALISTE

255, rue de Vaugirard – 75719 PARIS CEDEX 15 – Tél. : 01 40 43 36 81

Abonnement : Le numéro ................................................................................................... 68,00 €

10 numéros par an (pour 1 abonnement) ........................... 680,00 €

Vente et abonnement à nos bureaux.

Directeur de la publication : Gérard QuittardSecrétariat de l’ANPM : Carole Corbion, 01 40 43 36 81

Christine Jorez, 01 40 43 61 27

Coordination éditoriale : Laurence HamonRédactrice en chef : Sylvie IrissouContact technique : Cyril Dehay, 01 44 49 61 00

Ont collaboré à ce numéro : Catherine Chausseray, Isabelle Coston, Delphine Delarue, Benoît Saint-Sever, Léa Vandeputte, Aliisa Waltari

Les droits d’utilisation des visuels fournis par la Ciem pour illustrer les articles de ce numéro sont strictement limités dans le cadre de France Mutualité (article + photographie). Tout autre usage est interdit.

Réalisé par la CIEM67, rue Blomet

75015 Paris

Numéro de CPPAP : 0518 G 83108

Numéro ISSN : 0015 – 9670

Dépôt légal : février 2017

SOMMAIRE

PRESSE

Les 50 derniers articles ou dossiers de « France Mutualité » ................................................ 3

SYSTÈME DE SOINS

Infirmières : quelles sont leurs missions ?(Catherine Chausseray)................................................................................................................................................. 6Brèves ............................................................................................................................................................................................. 9

MÉDECINE

Stérilisation volontaire : le choix de la contraception définitive (Delphine Delarue)................................................................................................................................. 12

PRÉVENTION

Orthodontie fonctionnelle : rééduquer la langue pour prévenir les déformations (Isabelle Coston)............................................................................. 15Travail de nuit et travail posté : quelles conséquences sur la santé ? (Léa Vandeputte) .......................................................... 18

FORME – BIEN-ÊTRE – PSYCHO

La cellulite : juste une question d’esthétique ?(Aliisa Waltari)....................................................................................................................................................................... 21

SANTÉ

Brèves .......................................................................................................................................................................................... 23

VIE PRATIQUE – DROITS

Comment donner son corps à la science ?(Benoît Saint-Sever)....................................................................................................................................................... 26

Février 2017 – N° 569 – 2

Les articles de ce numéro peuvent être repris dans le cadre des 50 % de la surface imprimée des revues mutualistes obligatoirement consacrés à l’information générale.

PRESSE

Les 50 derniers articles ou dossiers de « France Mutualité »

Afin de vous aider dans l’élaboration du sommaire de votre revue, « France Mutualité » publie chaque mois la liste de ses cinquante derniers articles ou dossiers, brèves comprises. Vous pouvez télécharger ces articles sur Mutweb, l’Extranet fédéral : à partir de l’onglet « Réseaux », « Presse mutualiste » et « Collection “France Mutualité” ».

Titre Rubrique Nombre de signes

Numéro 568 – Janvier 2017Système de soins : ce qui changepour le patient en 2017

Système de soins 5 667

Don d’organes : ce qui a changéau 1er janvier 2017

Système de soins 4 858

Brèves et filets (6) Système de soins 5 813Accident ischémique transitoire :reconnaître l’urgence

Médecine 6 745

Grossesse et alcool :des risques bien réels

Prévention 5 742

Ecrans : comment protégerles jeunes enfants

Forme – Bien-être – Psycho

7 099

Brèves et filets (5) Santé 5 177

Le portage salarial :une forme d’emploi atypique

Vie pratique / Emploi

4 223

Numéro 567 – Décembre 2016PlacedelaSante.fr : mettre la santé au cœur des débats électoraux

Système de soins 4 575

L’Université des patients : reconnaître l’expertise des malades pour améliorer les soins

Système de soins 6 799

Brèves et filets (6) Système de soins 5 259Automédication : les règles à respecter Médecine 4 600

Des médecins engagés contre les perturbateurs endocriniens

Prévention 6 046

Travailler devant un écran n’est pas sans risque Prévention 7 144

Cinq remèdes maison qui ont fait leurs preuves Forme – Bien-être 5 739

Brèves et filets (5) Santé 5 397Maladies chroniques à l’école : quels aménagements ?

Vie pratique / Education

5 899

Numéro 566 – Novembre 2016Médicaments : acheter sur Internet en toute sécurité Système de soins 3 980

Brèves et filets (6) Système de soins 5 344

Février 2017 – N° 569 – 3

Réveiller la mémoire par les odeurs Médecine 3 696

Cinétose : un mal bénin mais très désagréable Prévention 4 065

Quand les cheveux se font vieux Forme – Bien-être 4 118

Mon enfant fait des cauchemars Forme – Bien-être 4 544

Brèves et filets (5) Santé 5 722Circuler à vélo : les règles à connaître Vie pratique /

Droits4 852

Numéro 565 – Octobre 2016Soins dentaires : encore trop d’abus Système de soins 4 542

Brèves et filets (6) Système de soins 6 221L’otite séreuse : une maladie à ne pas négliger Médecine 4 132

Intestin irritable : des solutions existent Médecine 4 581

Enceinte à 40 ans : un suivi particulier Prévention 5 605

Gauchers et droitiers : quelles différences ? Forme – Bien-être 5 007

Brèves et filets (5) Santé 4 914Pollution intérieure : aérez votre logement ! Vie pratique /

Environnement6 116

Numéro 564 – Septembre 2016Contrats seniors : la Mutualité française opposée au projet de labellisation du ministère de la Santé

Système de soins 4 662

Pourquoi choisir une vraie mutuelle ? Système de soins 5 454

Brèves et filets (5) Système de soins 5 680Endométriose : des douleurs à ne pas prendre à la légère Médecine 4 586Cigarette électronique : où en est-on aujourd’hui ? Prévention 4 666Pédiatrie : les idées fausses d’il y a trente ou quarante ans Prévention 5 238Boissons énergisantes : une pratique de consommation à risque

Forme – Bien-être 4 989

Brèves et filets (5) Santé 5 325Télétravail : des avantages et des inconvénients Vie pratique /

Environnement5 772

Numéro 563 – Juin 2016Coopaname : le travail réinventé Economie sociale 4 548

Ehpad : bien vieillir à l’abri des dérives sectaires Système de soins 4 605

Brèves et filets (5) Système de soins 5 680Est-il possible de détecter un risque de rupture d’anévrisme ?

Médecine 3 311

Sel : attention aux abus Prévention 4 107

Le sport, c’est bon pour mon enfant Forme – Bien-être 4 921

Brèves et filets (5) Santé 5 325Faites maigrir votre poubelle Vie pratique /

Environnement4 828

Numéro hors-série – Mai 2016Des Etats généraux pour la santé visuelle Etats généraux de

la santé visuelle4 876

Basse vision : une prise en charge de qualité encore peu répandue

Etats généraux de la santé visuelle

4 735

L’ophtalmologie, une discipline à la pointe de l’innovation Etats généraux de la santé visuelle

5 187

La coopération professionnelle comme solution à la pénurie d’ophtalmologistes

Etats généraux de la santé visuelle

6 270

Numéro 562 – Mai 2016

Février 2017 – N° 569 – 4

Citiz-France : une coopérative pour développer l’autopartage Economie sociale 5 789Le dossier médical partagé, pour une meilleure coordination des soins

Système de soins 6 326

Brèves et filets (5) Système de soins 4 852Résistance aux antibiotiques : où en est-on ? Médecine 5 616Compléments alimentaires : utiles ou dangereux ? Prévention 4 493Hammam et sauna : de nombreux bienfaits, peu de contre-indications

Forme – Bien-être 3 092

Brèves et filets (5) Santé 4 960Congé parental d’éducation : c’est papa qui s’occupera de bébé

Vie pratique / Famille

4 075

Brèves et filets (5) Santé 5 078Ateliers solidaires : donner une seconde vie aux objets Vie pratique /

Environnement4 058

Février 2017 – N° 569 – 5

4 visuels : 01_InfirmieresMissions

SYSTÈME DE SOINSCalibrageTexte principal : 4 627 signesEncadré 1 : 505 signesEncadré 2 : 522 signesEncadré 3 : 871 signes

Infirmières : quelles sont leurs missions ?

Elles côtoient les malades au quotidien pour répondre à leurs attentes et soulager leur souffrance. Incontournables, les infirmières sont les professionnels de santé les plus nombreux en France : on en compte près de 600 000.

Leur rôle dans l’accompagnement et la prévention est essentiel, car les infirmières sont tenues d’assurer les soins d’hygiène, de confort et de sécurité du patient. Mais la profession – très majoritairement féminine, puisque composée de femmes à 88 % – englobe une large palette d’activités, selon les spécialisations et les terrains d’exercice. Prévenir, guérir et soulager : les infirmières sont sur tous les fronts, car elles apportent une aide matérielle, bien sûr, mais aussi psychologique. Elles doivent être en mesure d’analyser rapidement une situation et de rassurer les patients tout en gardant le recul nécessaire afin de se préserver sur le plan personnel.

Des contributions multiplesParmi leurs principales missions, les infirmières mettent en œuvre des traitements (pansements, injections…) et dispensent des soins de nature préventive, curative ou palliative, mais elles contribuent aussi à l’éducation à la santé et à l’accompagnement, dans la maladie physique ou mentale. Elles interviennent dans le cadre d’une équipe pluriprofessionnelle, au sein de structures et à domicile, de manière autonome et en collaboration avec les autres travailleurs sanitaires et sociaux. Si elles ont obligatoirement besoin de la prescription du médecin –  les infirmières ne peuvent pas définir elles-mêmes le traitement d’un patient –, elles ont cependant la responsabilité de surveiller les éventuels effets secondaires. Elles ont également un rôle propre, qui consiste, après avoir évalué les besoins du malade et posé un diagnostic infirmier, à établir un plan de soins et à en organiser la mise en œuvre.

Des droits et des obligationsDans l’ensemble de leurs activités, les infirmières sont soumises au respect de règles professionnelles, et notamment du secret

Février 2017 – N° 569 – 6

professionnel. Comme les médecins et les sages-femmes, elles disposent, depuis le 27 novembre 2016, d’un code de déontologie qui recense l’ensemble de leurs droits et de leurs devoirs. Ce texte « permet d’affirmer le primat des valeurs de notre profession sur toute autre exigence, dans un contexte où la rentabilité financière a tendance à prendre le pas sur la qualité des soins et la sécurité des patients », s’est félicité Didier Borniche, président de l’Ordre national des infirmiers (ONI). Ce code de déontologie fixe notamment de nouvelles règles d’installation afin de limiter la concurrence entre infirmiers exerçant en libéral. Il indique en particulier que le professionnel pourra exercer sur un ou plusieurs sites distincts de son lieu habituel de travail, à condition qu’ils se situent sur un secteur géographique en carence et sur autorisation du conseil de l’ordre.

Le choix d’une spécialisationLa formation, dispensée dans les instituts de formation en soins infirmiers (Ifsi), s’étale sur trois années, alternant cours théoriques et stages pratiques en établissement de soins. Elle débouche sur l’obtention d’une licence en soins infirmiers, un diplôme d’Etat obligatoire et reconnu dans toute l’Union européenne.Les infirmières diplômées d’Etat (IDE) peuvent ensuite se spécialiser. Il y a ainsi 19 074 infirmiers-ères puériculteurs-trices (IPDE). A l’hôpital ou en maternité, ils prodiguent des soins (prise de sang, préparation aux interventions chirurgicales, mise sous oxygène, surveillance postopératoire…) aux enfants malades, depuis le grand prématuré jusqu’à l’adolescent, et informent, conseillent et accompagnent les parents. Dans un centre de protection maternelle et infantile (PMI), les infirmières jouent surtout un rôle de prévention, de protection et d’éducation auprès des familles. Les 9 700 infirmiers anesthésistes (IADE), qui ont suivi deux années de formation supplémentaires, réalisent des soins spécifiques et des gestes techniques dans les domaines de l’anesthésie-réanimation, de la médecine d’urgence et de la prise en charge de la douleur. Quant aux 7 225 infirmiers de bloc opératoire (Ibode), ils participent aux interventions réalisées par le chirurgien et sont chargés de l’entretien et de la stérilisation du matériel opératoire (dix-huit mois de formation).Après plusieurs années sur le terrain, certains choisissent de s’orienter vers des tâches plus administratives, en devenant cadres de santé (9 307), infirmiers cadres de santé publique (423), cadres infirmiers (5 995) ou encore cadres infirmiers psychiatriques (730).

Catherine Chausseray

Février 2017 – N° 569 – 7

Encadré 1

Bientôt plus d’autonomie pour vacciner ?Actuellement, les infirmières ne peuvent réaliser les vaccins que sur ordonnance, à l’exception de celui contre la grippe, qu’elles sont autorisées à administrer sans prescription médicale préalable aux patients âgés de plus de 65 ans et aux malades chroniques. Dans le cadre du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2017, la ministre de la Santé, Marisol Touraine, s’est engagée à élargir leur périmètre de vaccination sans prescription.

Encadré 2

Différents lieux d’exerciceSur les quelque 600 000 infirmières et infirmiers présents en France, près de la moitié (49 %) travaillent à l’hôpital public et 100 000 exercent en libéral, mais c’est un métier à multiples facettes, avec des terrains d’exercice très variés. Ces professionnels de santé sont présents à la fois dans le secteur hospitalier public ou privé, dans les services de santé au travail, les centres de réadaptation, les centres de soins palliatifs, les maisons de retraite, les établissements scolaires…

Encadré 3

Une profession très exposéeSurmenage, manque d’effectifs, conditions de travail dégradées… Les infirmières souffrent d’un manque de reconnaissance et considèrent que leurs difficultés ne sont pas toujours suffisamment prises en compte. Pour faire valoir leurs nombreuses compétences et leur place centrale dans le système de soins, certaines manifestent dans la rue, d’autres diffusent des vidéos illustrant leur quotidien, à l’instar de Caroline Estremo, infirmière aux urgences de l’hôpital Purpan, à Toulouse. Avec plusieurs sketchs humoristiques sur ses déboires professionnels, cette Toulousaine de 28 ans a rencontré un énorme succès en septembre 2016, sur Facebook et Youtube. Après avoir décrit des situations dramatiques, mais aussi souvent cocasses, elle explique pourquoi elle aime son métier et conclut : « C’est ça, être infirmière, c’est aider les autres. »

Février 2017 – N° 569 – 8

021_MedecinsRefusentSoins

022_VaccinsSepares

023_CancerColUterus

SYSTÈME DE SOINS (brèves)

Calibrage : 1 071 signes

Des médecins refusent de soigner les plus démunisLe défenseur des droits, Jacques Toubon, a été saisi par des associations qui lui ont signalé plusieurs cas de médecins affichant sur Internet leur refus de recevoir les patients les plus précaires. Il a ainsi pu constater qu’un médecin n’acceptait pas les bénéficiaires de la couverture maladie universelle (CMU) au motif de l’absence de lecteur de carte Vitale, tandis qu’un autre indiquait accepter les patients couverts par la CMU complémentaire (CMUC), mais ne souhaitait pas recevoir les bénéficiaires de l’aide médicale de l’Etat (AME). Le défenseur des droits a rappelé le caractère illégal de ces refus, précisant qu’« aucune personne ne peut faire l’objet de discriminations dans l’accès à la prévention ou aux soins ». En conséquence, il a annoncé l’ouverture de plusieurs enquêtes et s’est dit attentif aux travaux des commissions chargées d’observer les pratiques de refus de soins, créées dans le cadre de la loi Santé du 26 janvier 2016, dont il avait déjà souligné le caractère insuffisamment contraignant.

Calibrage : 889 signes

Les vaccins obligatoires bientôt disponibles séparément des autresLe Conseil d’Etat a demandé au ministère de la Santé de rendre disponibles dans un délai de six mois les vaccins contre la diphtérie, le tétanos et la poliomyélite (DTP) – seuls à être obligatoires en France – en dehors de toute association avec d’autres. L’instance juge en effet que « les dispositions législatives créant trois obligations de vaccination impliquent nécessairement que les personnes qui doivent exécuter ces obligations puissent le faire sans être contraintes de soumettre leur enfant à d’autres vaccinations auxquelles elles n’auraient pas consenti librement ». Cette décision fait suite à une pétition qui avait rassemblé plus d’un million de signataires et qui reprochait aux laboratoires de proposer des vaccins polyvalents, vendus plus cher, associant le DTP à d’autres vaccins fortement recommandés.

Calibrage : 999 signes

Cancer du col de l’utérus : un dépistage organisé dès 2018Le programme national de dépistage organisé du cancer du col de l’utérus devrait être mis en œuvre en 2018, ont indiqué Santé publique France et l’Institut national du cancer (Inca) dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) publié le 23 janvier dernier.

Février 2017 – N° 569 – 9

024_NumerusClausus

025_MaladieLyme

Améliorer le dépistage était l’un des principaux objectifs du plan Cancer 2014-2019. Or, contrairement aux recommandations, 40 % des femmes ne réalisent pas de frottis cervico-utérin tous les trois ans. La décision de mettre en place un programme national s’appuie sur une expérimentation menée avec succès dans treize départements. Celle-ci consistait à inviter par courrier toutes les femmes âgées de 25 à 65 ans à réaliser un frottis, puis à les relancer, toujours par courrier, dans les neuf à douze mois suivants. Au cours de l’expérimentation, plus de 5 000 lésions précancéreuses de haut grade, 5 carcinomes glandulaires in situ et 323 cancers invasifs ont été repérés.

Calibrage : 1 134 signes

L’ordre des médecins veut régionaliser le numerus claususLe Conseil national de l’ordre des médecins (Cnom) a présenté le 7 février son projet de réforme pour la santé de demain, construit autour de trois grands axes : régionaliser le numerus clausus, d’une part, et l’affectation des étudiants en médecine, d’autre part, et favoriser la coopération entre la médecine de ville et l’hôpital. Pour répondre au problème de désertification médicale, l’ordre propose ainsi de régionaliser le nombre d’étudiants admis en deuxième année de médecine en fonction des capacités de formation des établissements universitaires et des possibilités de stages, puis de transformer les épreuves classantes nationales (ECN), qui déterminent l’affectation des étudiants, en épreuves locales. Le Cnom souhaite également créer un nouvel échelon, le bassin de proximité santé (BPS), responsable de la coordination de l’offre de soins. Ce BPS, qui rassemblerait les maisons médicales, les médecins en cabinet isolé et les structures hospitalières publiques et privées de proximité, disposerait d’une « autonomie » dans la prise en charge de sa population.

Calibrage : 1 230 signes

Maladie de Lyme : le plan national de lutte détailléLe 19 janvier, la Direction générale de la santé (DGS) a présenté le calendrier de mise en œuvre du plan national de lutte contre la maladie de Lyme, annoncé en septembre dernier par la ministre de la Santé, Marisol Touraine. Il prévoit notamment que l’un des volets de ce plan, la révision des protocoles de diagnostic et de soins, soit publié par la Haute Autorité de santé (HAS) dès le mois de juillet. Une mesure soutenue par les associations de patients, qui dénoncent depuis longtemps l’efficacité toute relative du test de dépistage utilisé actuellement (les critères retenus seraient trop restrictifs) et le peu d’efficience des traitements délivrés. La DGS a également indiqué qu’une campagne de sensibilisation de la population sera mise en œuvre dès le mois de mars.

Février 2017 – N° 569 – 10

La maladie de Lyme, ou borréliose de Lyme, transmise lors d’une piqûre de tique infectée par une bactérie, concerne plus de 30 000 personnes en France. La variété des symptômes, allant d’une fatigue intense à la méningite dans les cas les plus graves, rend le diagnostic particulièrement difficile et conduit de nombreux malades à errer d’un service hospitalier à l’autre avant d’être pris en charge.

Février 2017 – N° 569 – 11

03_SterilisationVolontaire

MÉDECINECalibrageTexte principal : 4 800 signesEncadré: 1 268 signes

Stérilisation volontaire : le choix de la contraception définitive

Ouverte depuis 2001 à toutes les femmes majeures, sans condition d’âge ou de maternité, la stérilisation à visée contraceptive reste encore taboue en France. Nombreuses sont celles qui peinent à trouver un médecin favorable à l’intervention.

Inscrite dans la loi depuis 2001, la contraception définitive (ou stérilisation à visée contraceptive) demeure peu pratiquée en France. Chaque année, seules 40 000 à 50 000 femmes font ce choix, alors qu’elles sont bien plus nombreuses dans les pays anglo-saxons, comme au Canada, aux Etats-Unis ou en Angleterre. Au niveau mondial, la stérilisation à visée contraceptive est même la première méthode de contraception utilisée, devant le stérilet et la pilule. « Dans notre pays, ce choix est très mal accepté sur le plan sociétal , explique le docteur Marie-Laure Brival, gynécologue-obstétricien, chef de service à la maternité des Lilas (93). Dans l’inconscient collectif, il y a cette idée, profondément ancrée, selon laquelle la femme se doit de faire des enfants. Or il se trouve que les professionnels de santé, les médecins en particulier, sont très souvent les dépositaires et les relais de cette conception globale.  » Et pour les femmes qui décident de ne pas ou de ne plus avoir d’enfant, les conséquences sont particulièrement pénalisantes : la plupart ont bien du mal à trouver un praticien favorable à l’intervention.

Une décision mûrement réfléchiePlus la patiente est jeune, plus les réticences sont tenaces. « Certains médecins posent des conditions inacceptables, qui contreviennent clairement à la loi, souligne le docteur Brival. Il y a d’abord l’âge : avant 40 ans, l’accord du médecin est très difficile à obtenir, alors que la contraception définitive est légalement accessible dès 18 ans. Ensuite vient la question des enfants. Si la patiente n’en a pas, elle n’a pratiquement aucune chance d’obtenir ce qu’elle veut. Si elle a des enfants, le médecin exige qu’elle en ait déjà un certain nombre, et de sexes différents. En agissant ainsi, ces professionnels infantilisent les femmes dans un choix qui leur est

Février 2017 – N° 569 – 12

propre et qui, du moins dans mon expérience personnelle, est parfaitement réfléchi, mûri et déterminé. » Sans l’accord du médecin, impossible en effet d’accéder à la contraception définitive : dans la procédure légale, c’est lui qui assure la première consultation, au cours de laquelle la patiente expose sa demande. Après un dialogue destiné à cerner les motivations de la femme et à l’informer, la loi impose un délai de réflexion de quatre mois. Puis, lors d’une deuxième consultation, le médecin recueille la confirmation écrite de la patiente et programme l’intervention.

Implants ou ligature des trompesActuellement, les femmes ont le choix entre deux techniques, remboursées à 65 % par la Sécurité sociale, et dont l’objectif est d’empêcher la rencontre entre l’ovule et les spermatozoïdes (précisons que ces méthodes n’ont pas d’effet sur l’équilibre hormonal, le désir et le plaisir sexuel). La première, la ligature des trompes de Fallope, consiste à sectionner ou à nouer les trompes par des clips. L’intervention se fait par cœlioscopie sous anesthésie générale et nécessite une hospitalisation. Avec la seconde technique, moins invasive, il s’agit d’introduire des micro-implants (en réalité des petits ressorts) dans les trompes par hystéroscopie, en suivant les voies naturelles. Une fois placés, ces implants induisent une prolifération de tissus qui boucheront les trompes en trois mois environ. Pendant ce laps de temps, un autre type de contraception sera nécessaire. Cette méthode se pratique à l’hôpital, mais ne nécessite ni anesthésie générale ni hospitalisation*. Enfin, pour les femmes qui changeraient d’avis et souhaiteraient tout de même avoir un enfant quelques années plus tard, « la procréation médicale assistée par fécondation in vitro reste toujours possible , précise le docteur Brival. Mais dans ma pratique, je n’ai jamais rencontré de patientes qui ont regretté leur choix. Il faut bien comprendre que ces femmes savent exactement ce qu’elles veulent. Et il serait grand temps de les entendre. »

Delphine Delarue

* Depuis quelques années, les implants Essure, commercialisés en France par Bayer, font l’objet de critiques croissantes. Deux femmes ont récemment entamé des procédures judiciaires d’indemnisation en raison d’effets secondaires graves liés à une allergie au nickel, l’un des constituants du produit. L’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) a placé ces implants sous surveillance il y a deux ans (sans remettre en question, pour l’instant, leur rapport bénéfice-risque). Aux Etats-Unis, à la suite à de nombreuses plaintes, les implants risquent d’être bientôt interdits.

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Encadré

Quid de la stérilisation masculine ?Comme les femmes, les hommes peuvent légalement recourir à la stérilisation à visée contraceptive depuis 2001. Chez eux, la méthode utilisée est la vasectomie. Cette intervention, qui se pratique sous anesthésie locale, consiste à bloquer le passage des spermatozoïdes vers la verge en obturant les canaux déférents. « Alors qu’elle est très répandue dans d’autres pays, comme les Etats-Unis, la vasectomie est très rarement demandée en France, constate le docteur Marie-Laure Brival, gynécologue-obstétricien, chef de service à la maternité des Lilas (93). Comme pour les femmes, il y a d’importantes résistances de la part des professionnels de santé, mais aussi des hommes eux-mêmes, qui confondent souvent puissance sexuelle et fertilité. Or cela n’a rien à voir : la vasectomie n’empêche ni l’érection ni l’éjaculation. » On pourra également noter qu’avant de pratiquer une vasectomie les médecins proposent toujours au patient de conserver son sperme, au cas où il souhaiterait tout de même avoir des enfants par la suite. « Or on ne fait pas cette proposition aux femmes », souligne le docteur Brival. Et le médecin de conclure, avec un brin d’ironie : « C’est sûrement parce que conserver des ovules, c’est plus compliqué… »

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4 visuels : 04_OrthodontieFonctionnelle

PRÉVENTIONCalibrageTexte principal : 6 156 signes

Orthodontie fonctionnelle : rééduquer la langue pour prévenir les déformations

Lorsqu’une mauvaise utilisation de la langue est dépistée précocement, dès l’âge de 4 ans, l’orthodontie fonctionnelle permet dans certains cas de limiter de futurs problèmes de dentition.

Déglutir, mastiquer, respirer sont des fonctions naturelles. Pourtant, ces réflexes ne sont pas toujours exécutés correctement et de mauvaises habitudes peuvent entraîner des déformations, des malpositions des mâchoires et des problèmes de dentition. En prenant en compte l’ensemble des fonctions de la bouche, l’orthodontie fonctionnelle s’adresse particulièrement aux enfants en pleine croissance (de 5 à 11 ans), dont les défauts de respiration, de mastication ou de déglutition pourront être corrigés de manière efficace et rapide. Cela dit, il n’est jamais trop tard pour agir, et les adultes, jeunes ou moins jeunes, peuvent également y avoir recours, car en plus d’offrir un joli sourire, un bon alignement des dents évite qu’elles ne se déchaussent ou ne s’usent de manière prématurée.

Un diagnostic précoceTout commence dès le plus jeune âge. « Les enfants qui ont été allaités ont en général une musculature de la mâchoire mieux développée, observe le docteur Claude Bourdillat-Mikol, orthodontiste membre de la Fédération française d’orthodontie (FFO). Pour renforcer la stimulation musculaire de ceux qui ont pris le biberon, il faut donner à ces derniers des aliments que l’on peut mastiquer, par exemple des purées de légumes ou des compotes contenant de petits morceaux. » La période la plus propice pour intervenir se situe entre 6 et 8  ans, mais l’orthodontiste peut repérer certains troubles encore plus tôt, vers 4 ou 5 ans. La mise en place de traitements préventifs peut alors permettre d’éviter que les déformations ne s’aggravent tout au long du développement de l’enfant.

Bien respirerLe docteur Claude Bourdillat-Mikol confirme que « la rééducation précoce de la langue diminue la complexité des cas ». Elle conseille donc aux parents d’être « attentifs si l’enfant suce son pouce, garde

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tout le temps la bouche ouverte ou encore respire mal en raison de rhinites fréquentes ». Respirer par le nez, de jour comme de nuit, est en effet essentiel pour que le palais et la mâchoire se développent de façon harmonieuse. La langue se place ainsi correctement, en haut contre le palais, alors qu’avec une respiration par la bouche elle aura tendance à rester en bas et à moins solliciter la croissance du maxillaire. L’orthodontiste assure qu’une rééducation permet, même aux très jeunes enfants, d’« apprendre à mieux respirer, à se moucher, à fermer les lèvres ». Selon elle, on peut corriger certaines habitudes très tôt, dès 3 à 5 ans, en incitant l’enfant à ne plus sucer son pouce et à bien placer sa langue afin que celle-ci n’appuie pas sur les dents de devant lors de la déglutition, un geste répété des milliers de fois par jour.

Surveiller les mâchoiresLa mastication doit également être corrigée si nécessaire, afin que tous les muscles et toutes les dents travaillent, aussi bien du côté gauche et du côté droit que devant. « Normalement, la mâchoire supérieure doit être comme un couvercle et se fermer sur celle du bas à la manière d’une boîte, explique le docteur Bourdillat-Mikol. Lorsqu’elle est trop étroite, il y a généralement un côté qui ne s’adapte pas complètement, et elle n’est pas fonctionnelle, car elle n’est pas assez large pour recouvrir complètement la mâchoire inférieure. » Le traitement orthodontique vise alors à l’élargir, par le port d’un appareil d’expansion ou d’un éducateur fonctionnel, « un petit appareil amovible – le plus souvent des gouttières en silicone – que l’enfant portera le soir ».

Un suivi tout au long de la croissanceEntre 8 et 12 ans, alors que la dentition est encore mixte (dents de lait et dents définitives), l’orthodontiste peut agir sur les fonctions et la croissance. Puis, lorsqu’il n’y a plus que les dents définitives, un appareil avec des bagues peut être prescrit pour jouer sur la position des mâchoires (occlusion) et l’alignement final des dents. Claude Bourdillat-Mikol rappelle que « des consultations gratuites chez le dentiste sont proposées par l’Assurance maladie pour les enfants et les ados âgés de 9, 15 et 18 ans ». A cette occasion, les parents ne doivent pas hésiter à demander au praticien si les mâchoires de leur enfant sont bien positionnées l’une par rapport à l’autre. Chez l’adulte et le jeune adulte, l’orthodontiste pose le diagnostic à l’aide de moulages, de radios, et en étudiant des fonctions comme la déglutition, car « une rééducation de la langue, associée au port d’un appareil, peut également être nécessaire dans certains cas », indique Claude Bourdillat-Mikol. Des séances chez un orthophoniste ou chez un kinésithérapeute formé à la rééducation linguale sont parfois prescrites dans le cadre du traitement orthodontique.

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Une prise en charge partielleLe coût de l’orthodontie varie selon les techniques, la complexité du cas, le type d’appareil (appareil dentaire ou éducateur fonctionnel) et la durée du traitement (de six à trente-six mois). Quel que soit l’appareil, la prise en charge de l’Assurance maladie s’élève à 193,50 euros par semestre, à condition que le traitement soit entrepris avant le seizième anniversaire.Avant de débuter les soins, il faut envoyer une demande d’entente préalable à sa caisse d’assurance maladie. Une fois l’accord obtenu, le traitement doit commencer dans les six mois. Chaque semestre, la demande d’entente préalable est à renouveler. A la pose de l’appareil, le premier semestre, la caisse d’assurance maladie rembourse 96,75 euros. Ensuite, les remboursements sont effectués en fin de semestre (parfois à la fin de chaque trimestre de traitement). Enfin, une fois le traitement terminé, une année de consolidation est indispensable. Celle-ci est prise en charge en partie par l’Assurance maladie. Selon le contrat choisi, les complémentaires santé peuvent ajouter un remboursement.Au-delà de 16 ans, l’Assurance maladie ne rembourse plus les traitements, à l’exception des cas associant orthodontie et chirurgie.

Isabelle Coston

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PRÉVENTIONCalibrageTexte principal : 5 115 signesEncadré 1 : 1 004 signesEncadré 2 : 879 signes

Travail de nuit et travail posté : quelles conséquences sur la santé ?

De nombreux salariés sont concernés par des horaires dits atypiques, comme le travail de nuit ou le travail posté. Or ces modes d’organisation, qui perturbent les rythmes biologiques, ne sont pas sans risques pour la santé.

En France, près de deux salariés sur trois ont des horaires dits atypiques, selon une enquête menée par l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) et la Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares). C’est le cas, notamment, des salariés en travail posté, dont les équipes se relaient sur un même poste, et des salariés en travail de nuit, qui exercent entre 21 heures et 6 heures. En 2012, 15,4 % des salariés travaillaient de nuit de manière habituelle ou occasionnelle, soit 3,5 millions de personnes. Les professionnels concernés étant nombreux, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) a été saisie par les organisations syndicales pour évaluer les risques sanitaires liés à ces horaires atypiques. Résultat : le rapport des experts, publié en 2016, met en évidence « des risques avérés de troubles du sommeil, de troubles métaboliques, et des risques probables cancérogènes, de troubles cardiovasculaires et de troubles psychiques ».

Perturbation des fonctions physiologiques« Les horaires atypiques peuvent constituer un facteur de risque pour la santé des travailleurs, confirme le docteur Marie-Anne Gautier, expert médical risques physiques et psychosociaux à l’Institut national de recherche et de sécurité pour la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles (INRS). En effet, l’organisme est soumis à un rythme circadien, programmé par une horloge interne et qui a une action régulatrice des grandes fonctions physiologiques, comme le rythme cardiaque, les sécrétions hormonales, les horaires de prise alimentaire et l’alternance de la veille et du sommeil. » Et la perturbation de ces fonctions peut se manifester par des troubles variés...

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Risques avérés, probables ou possiblesLes experts de l’Anses ont établi trois niveaux de risque : avéré, probable et possible. « Ils ont mis en avant des risques avérés de somnolence, de baisse de la qualité de sommeil et de réduction du temps de sommeil global, mais aussi de syndrome métabolique, qui se caractérise par un ensemble de signes physiologiques tels qu’une augmentation de la pression artérielle ou du cholestérol », explique Marie-Anne Gautier. Le travail posté et le travail de nuit ont aussi des effets probables sur la santé psychique, les performances cognitives, l’obésité et la prise de poids, le diabète de type 2 et les maladies coronariennes. Concernant le risque de cancer, les experts concluent, là encore, à un effet probable. « Il existe notamment des éléments en faveur d’un excès de risque de cancer du sein associé au travail de nuit, qui serait dû en partie aux perturbations des cycles biologiques », écrivent-ils dans leur rapport. L’Anses note en outre un lien possible avec la dyslipidémie (une concentration trop élevée de cholestérol et de triglycérides dans le sang), l’hypertension artérielle ou encore la survenue d’un accident vasculaire cérébral ischémique.Le travail posté et le travail de nuit ont par ailleurs des effets sur la santé des femmes enceintes. « Ils augmenteraient le risque d’avortement spontané, d’accouchement prématuré et de retard de croissance intra-utérin, précise Marie-Anne Gautier. On conseille donc aux femmes de solliciter une visite médicale avec le médecin du travail dès qu’elles ont connaissance de leur grossesse, afin d’envisager un aménagement de leur poste si cela est nécessaire. » Enfin, poursuit le médecin, les horaires atypiques « augmentent la fréquence et la gravité des accidents de travail et de trajet, notamment à cause de la somnolence et de la diminution de la vigilance ».

Mesures de préventionPour préserver la santé des salariés, l’INRS a listé des recommandations pratiques à mettre en place individuellement, en complément de la démarche de prévention collective mise en œuvre par l’employeur. « La première partie de ces recommandations a trait au sommeil, indique Marie-Anne Gautier. Il est préconisé d’éviter les excitants cinq heures avant de se coucher, de faire des pauses ou des siestes, de respecter un rituel du coucher et de dormir dans le noir total et dans un environnement le plus silencieux possible. La seconde partie des recommandations concerne l’alimentation et l’hygiène de vie. Il est important de respecter les trois prises alimentaires par jour, avec un petit-déjeuner complet, puis, avant la prise de poste, un repas riche en protéines et comprenant des glucides en petite quantité et des légumes, et pour finir, après le travail, un menu privilégiant les glucides. Les salariés peuvent également faire une collation légère au cours de la nuit,

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mais ils ne doivent pas grignoter ni sauter de repas. Enfin, il est capital de pratiquer une activité physique régulière pour rester en forme. »

Léa Vandeputte

Encadré 1

Un travail de nuit réglementéLe travail de nuit est défini et réglementé par le Code du travail. Si toute activité exercée entre 21 heures et 6 heures est considérée comme du travail de nuit, une convention ou un accord collectif peuvent définir une période différente. L’activité doit toutefois être effectuée au cours d’une période d’au moins neuf heures consécutives comprenant l’intervalle entre minuit et 5 heures, la période de travail de nuit commençant au plus tôt à 21 heures et s’achevant au plus tard à 7 heures. En principe, la durée quotidienne du travail accompli de nuit ne peut excéder huit heures (ou quarante heures pour une durée hebdomadaire sur une période de douze semaines consécutives). Quoi qu’il en soit, le recours au travail de nuit doit être exceptionnel. Il doit prendre en compte les impératifs de protection de la santé et de la sécurité des travailleurs et être justifié par la nécessité d’assurer la continuité de l’activité économique ou des services d’utilité sociale.

Encadré 2

Les nouvelles modalités des visites médicalesAfin d’apprécier les conséquences éventuelles de leurs horaires sur leur santé et leur sécurité, les travailleurs de nuit bénéficiaient déjà d’une surveillance médicale renforcée, mais la loi du 8 août 2016 en a modifié les modalités. Depuis le 1er janvier 2017, ces salariés bénéficient d’une visite d’information et de prévention (VIP) préalablement à leur affectation sur le poste. Cette VIP est réalisée soit par le médecin du travail, soit, sous l’autorité de ce dernier, par le collaborateur médecin, l’interne en médecine du travail ou l’infirmier. A l’issue de la visite, le salarié bénéficie d’un suivi adapté, dans le cadre du protocole élaboré par le médecin, pour une durée maximale de trois ans. Si le médecin du travail le juge utile, il peut prescrire des examens complémentaires, qui seront à la charge de l’employeur.

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FORME – BIEN-ÊTRE – PSYCHOCalibrageTexte principal : 4 915 signes

La cellulite : juste une question d’esthétique ?

Véritable cauchemar pour les femmes à l’approche des beaux jours, la cellulite est symptomatique, dans la majorité des cas, d’un excès bénin de graisse localisée. Parfois, cependant, elle s’accompagne de rétention d’eau et peut révéler une mauvaise circulation veineuse et lymphatique.

Elle se loge sur vos fesses, vos cuisses, votre ventre, vos hanches ou vos bras. Plutôt disgracieuse, cette graisse localisée que l’on appelle cellulite ou peau d’orange peut vous complexer et vous gâcher la vie. Et parce qu’elle concerne 90 % des femmes et seulement 5 % des hommes, c’est surtout vrai si vous êtes de sexe féminin. Pourquoi une telle injustice ? Tout simplement parce que, chez la femme, le corps contient bien plus de cellules adipeuses que chez l’homme. Son organisme est génétiquement conçu pour stocker davantage de graisses et être en mesure de faire face à une éventuelle grossesse. Quant à sa peau, généralement plus fine que celle des hommes, elle révèle davantage les irrégularités graisseuses des tissus sous-cutanés. Parce que c’est bien de graisse qu’il s’agit  : « Les femmes qui viennent nous voir pensent que ces irrégularités sont la conséquence d’une rétention d’eau, observe le docteur Jean-Jérôme Guex, phlébologue, membre de la Société française de phlébologie (SFP). Or, dans l’écrasante majorité des cas, ce n’est que la conséquence d’une surcharge pondérale. Ces lobules graisseux que l’on voit mieux quand on pince la peau, c’est parfaitement normal lorsque l’on a un excès de gras localisé. »

Trois formes distinctesOn distingue habituellement trois formes de cellulite. Celle qui est dite adipeuse – la plus répandue – est due essentiellement à une alimentation trop riche et à un manque d’activité physique. En grossissant, les adipocytes (ou cellules adipeuses) présents au niveau de l’hypoderme traversent les cloisons de tissus conjonctifs et de collagène qui les séparent et poussent la peau vers le haut, formant ainsi de petites boules : c’est la fameuse « peau d’orange », que l’on trouve essentiellement au niveau des hanches, des cuisses et des fesses.Vient ensuite la cellulite fibreuse, formée par le gonflement et le durcissement des fibres de collagène qui entourent les adipocytes.

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Cette cellulite, installée en profondeur, est très difficile à déloger et peut devenir douloureuse lorsqu’on la pince. On la retrouve surtout au niveau des genoux et des cuisses.Enfin, il y a la cellulite aqueuse, beaucoup plus rare. Contrairement aux deux autres formes, elle est liée au gonflement des autres cellules de la peau, qui grossissent en stockant de l’eau. Elle se localise surtout sur les chevilles, les mollets et parfois les cuisses. Cette cellulite concerne les personnes sédentaires et peut aussi révéler une mauvaise circulation veineuse et lymphatique.Si les deux premières formes sont totalement bénignes, la cellulite aqueuse doit être surveillée. « Quand on a de l’eau en grande quantité dans les tissus, cela peut favoriser l’apparition d’un œdème, explique le docteur Guex. L’œdème lymphatique contient par exemple des protéines de grande aille qui ne peuvent pas s’évacuer parce que le système lymphatique fonctionne mal. Par la suite, cela risque d’entraîner une fibrose tissulaire. Or l’œdème fibreux est bien plus difficile à faire disparaître. » Ainsi, un œdème unilatéral, qui gonfle tout au long de la journée et devient douloureux doit conduire à consulter.

Activité physique et alimentation équilibréeS’il est très difficile, voire quasiment impossible de venir à bout de la cellulite, on peut toutefois considérablement la réduire. Pour cela, pas de secret : il faut procéder à un rééquilibrage alimentaire complet, éventuellement perdre du poids et pratiquer une activité physique régulière. « Après, il faut savoir que, chez certaines femmes, les nodules graisseux seront plus visibles que chez d’autres, et elles auront bien du mal à obtenir les résultats qu’elles souhaitent, poursuit le docteur Guex. Je pense aux femmes dites gynoïdes, celles dont les graisses sont stockées naturellement en haut des cuisses, sur les hanches et les fesses. Il s’agit d’un caractère sexuel secondaire sous influence hormonale, qui se transmet généralement de mère en fille et en petite-fille. »Quant aux crèmes, aux massages ou aux différentes techniques de lipolyse (destruction des cellules graisseuses par ultrasons, radiofréquence ou injections sous-cutanées), ils n’auraient, selon le docteur Guex, aucun intérêt. « Au mieux, on obtiendra un effet de surface légèrement plus lisse, précise-t-il. Ce ne sont pas des procédés qui ont fait l’objet d’études sérieuses, randomisées et contrôlées. Une liposuccion bien réalisée par un chirurgien plasticien compétent peut en revanche donner des résultats intéressants.  » A condition, toutefois, d’adopter par la suite une hygiène de vie saine et équilibrée.

Aliisa Waltari

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SANTÉ (brèves)

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Nutrition : l’Anses émet de nouvelles recommandationsA la demande de la Direction générale de la santé (DGS), l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) a récemment mis à jour ses recommandations nutritionnelles. Elle préconise désormais de ne pas dépasser 500 grammes de viande (hors volaille) par semaine, de consommer du poisson au moins deux fois par semaine et de renforcer l’apport de légumes et de légumineuses. Les produits céréaliers les moins raffinés (pain, pâtes et riz semi-complets ou complets) sont en outre à privilégier et les boissons sucrées (sodas, jus de fruits) doivent être limitées à moins d’un verre par jour. Enfin, l’agence insiste sur la nécessité de réduire considérablement la consommation de charcuterie (moins de 25 grammes par jour) et de limiter le plus possible celle de sel. Ces nouvelles préconisations, qui s’appuient sur les dernières données scientifiques en matière d’alimentation, devraient être très prochainement intégrées au Programme national nutrition santé (PNNS).

Calibrage : 1 331 signes

IST : améliorer la prévention chez les jeunesFaire de la lutte contre les infections sexuellement transmissibles (IST) chez les jeunes une véritable priorité des politiques publiques de promotion de la santé : c’est la principale des recommandations émises récemment par le Conseil national du sida et des hépatites virales (CNS) dans le cadre de sa saisine par les ministères de la Santé et de l’Education nationale. Des ministères inquiets quant à la progression des IST en France, en particulier chez les jeunes : les 15-24 représentent environ 40 % des cas (VIH, syphilis, gonocoque et chlamydia). Dans le détail, le CNS préconise l’amélioration de l’éducation sexuelle en milieu scolaire et souhaite que l’école joue un rôle clé dans l’accès à la contraception et au dépistage, par exemple en assurant la mise à disposition de préservatifs dans les lycées et en permettant aux infirmières scolaires de proposer des tests rapides d’orientation diagnostique (notamment pour le VIH, l’hépatite B et l’hépatite C). Autres recommandations : améliorer la formation des médecins généralistes sur la sexualité et la santé sexuelle des jeunes, renforcer l’offre vaccinale contre le papillomavirus (HPV) et l’hépatite B et sensibiliser davantage les structures accueillant les jeunes en difficulté à la santé sexuelle ainsi qu’aux IST.

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073_TravailNuitFertilite

074_InegaliteSanteCM2

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Travail de nuit : des conséquences sur la fertilité des femmes Selon une étude publiée par la revue médicale Occupational and Environmental Medicine, au début du mois de février, et menée auprès de 473 patientes suivies au sein d’une clinique spécialisée dans les problèmes de fertilité, les femmes qui exercent un métier physique ou avec des horaires tardifs auraient moins de chances de tomber enceintes que les autres. Parmi les 313 femmes de cet établissement ayant eu recours à la fécondation in vitro (FIV), celles qui étaient amenées à porter régulièrement des objets lourds avaient en moyenne 14,5 % d’ovocytes matures en moins que les autres après simulation ovarienne. De même, celles qui travaillaient en soirée, de nuit ou avec des horaires décalés avaient, toujours après simulation ovarienne, moins d’ovocytes à maturation que celles ayant des horaires « classiques ». Ce phénomène pourrait notamment être lié à un dérèglement de l’horloge interne, estiment les chercheurs, qui demeurent cependant prudents : il ne s’agit que d’une étude observationnelle et les mécanismes scientifiques en jeu sont encore mal connus.

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Santé des enfants en CM2 : le poids des inégalités socialesLes inégalités sociales de santé des élèves de CM2 demeurent particulièrement marquées dans notre pays, nous rappelle une étude publiée au mois de février par la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees). Ainsi, en 2014-2015, « la proportion d’enfants en surcharge pondérale ou obèses est plus élevée pour les enfants d’ouvriers (respectivement 22 % et 6 %) que pour les enfants de cadres (respectivement 13 % et 1 %) », notent les auteurs. De même, chez les ouvriers, un enfant sur cinq a des dents cariées non soignées, contre moins de un sur dix dans les familles de cadres. Des résultats qui s’expliquent par la différence des habitudes de vie des enfants, celles des milieux favorisés étant « plus propices » à la préservation de la santé. Par exemple, 42 % des enfants de cadres déclarent manger des légumes tous les jours, et 15 % boire des boissons sucrées tous les jours. Dans les milieux ouvriers, ces chiffres sont respectivement de 27 % et 26 %.

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Rhume : attention aux anti-inflammatoires non-stéroïdiensD’après une récente étude menée par des chercheurs du National Taiwan University Hospital et publiée dans le Journal of Infectious Diseases, prendre des anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) en cas d’infection respiratoire aiguë triplerait le risque d’infarctus du

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myocarde. Or ces médicaments, en vente libre dans les pharmacies, sont justement utilisés pour soulager la douleur, lutter contre les inflammations et faire baisser la fièvre, notamment lors d’un gros rhume ou d’une grippe. Comme alternative, les chercheurs conseillent aux patients de recourir au paracétamol, plus sûr à condition de respecter la posologie. En France, l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), qui avait déjà évoqué le risque cardiovasculaire des AINS, avait notamment précisé qu’ils ne devaient jamais être prescrits en cas d’insuffisance cardiaque sévère, et seulement avec parcimonie en cas d’altération de la fonction rénale ou de troubles hépatiques.

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VIE PRATIQUE – DROITSCalibrageTexte principal : 3 652 signes

Comment donner son corps à la science ?

Chaque année, en France, environ 2 500 personnes donnent leur corps à la science. Ce geste généreux permet aux futurs médecins et chirurgiens de s’exercer pour parfaire leur formation. Mais pour pouvoir effectuer ce don, encore faut-il répondre à certains critères.

Léguer son corps après son décès à un établissement de recherche et de formation médicale est avant tout un geste désintéressé et citoyen. Cette démarche personnelle et volontaire est cependant soumise à certaines règles. Pour donner son corps à la science, il faut être majeur : un mineur ou un majeur sous tutelle n’a pas cette possibilité. Il faut également exprimer clairement sa décision de son vivant. Pour cela, il convient d’écrire à la main une déclaration sur papier libre, de la dater, de la signer, puis de la faire parvenir à la faculté de médecine de son choix. En France, une trentaine d’entre elles sont habilitées à recevoir ce type de don*. A réception de cette déclaration écrite, la faculté demande au futur donneur de lui retourner une fiche de renseignements, une fiche de confirmation du don et une photocopie de sa carte d’identité. Elle enverra ensuite une carte de donneur, à conserver sur soi, car au moment du décès le corps ne sera transféré dans les locaux de la faculté que sur présentation de l’original de ce document. Le choix de donner son corps n’est pas irréversible : il est possible à tout moment de changer d’avis. Il faut alors détruire sa carte de donneur et en informer le centre de don.

Une démarche souvent payanteL’établissement de santé, de formation ou de recherche qui reçoit le don assurera à ses frais l’inhumation ou la crémation. En revanche, les textes législatifs ne précisent pas qui est responsable du coût du transport du corps, et chaque centre de don a son propre fonctionnement. Le transport peut ainsi être gratuit ou à la charge du donneur ou de ses proches. Certains établissements demandent également de régler un forfait ou des frais de dossier. Les montants pouvant atteindre plusieurs centaines d’euros, mieux vaut se renseigner auprès de la faculté pour éviter les mauvaises surprises.

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Un processus de deuil différentAutre paramètre à prendre en compte : le corps n’est pas rendu à la famille après les travaux anatomiques. Dans la plupart des cas, les corps sont incinérés anonymement, puis les cendres sont dispersées dans un « jardin du souvenir » où une stèle est érigée pour permettre aux proches de se recueillir. Quelques centres restituent les cendres à la famille, si le défunt l’a souhaité. Il faut toutefois savoir qu’un délai de plusieurs semaines, voire de plusieurs mois ou même de plusieurs années peut s’écouler entre le don du corps et l’incinération. Ces conditions peuvent rendre le processus de deuil plus difficile pour les proches, d’où l’importance de leur faire connaître sa décision et d’en discuter avec eux.

Des motifs de refus du donMalgré cette préparation et ces démarches, il peut arriver que la faculté de médecine refuse le corps du défunt. Le don devient impossible dans les cas suivants : absence de la carte de donneur ; non-respect du délai de quarante-huit heures maximum pour transporter le corps ; décès à l’étranger obligeant à une mise en bière ; décès dû à une maladie contagieuse ; décès consécutif à un accident de la route, à un suicide ou à toute autre raison susceptible de poser un problème médico-légal.

Benoît Saint-Sever

* La liste des facultés de médecine habilitées à recevoir les dons de corps est disponible sur le site de l’Association française d’information funéraire (Afif), Afif.asso.fr, ou par téléphone au 01 45 44 90 03.

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