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 · Web viewl’histoire d’une famille touchée par un Ce qui le rend touchant, c’est sa détermination à handicap, qui apprend à vivre avec, et qui tente de s’en sortir

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JERICO ET MARS FILMS PRÉSENTENT

KARIN FRANÇOIS ÉRIC LOUANEVIARD DAMIENS ELMOSNINO EMERA

UN FILM DE ÉRIC LARTIGAU

AVEC ROXANE DURAN ILIAN BERGALA LUCA GELBERG

SORTIE LE 17 DÉCEMBREDurée : 1h45

DISTRIBUTION PRESSEMARS FILMS ANDRÉ-PAUL RICCI et TONY ARNOUX66, rue de Miromesnil 6, place de la Madeleine75008 Paris 75008 ParisTél. : 01 56 43 67 20 Tél. : 01 49 53 04 [email protected] Photos et dossier de presse téléchargeables sur www.marsflms.com [email protected]

ENTRETIEN AVEC

LARTIGAUÉRIC

a eu une fami l le t rès proche, t rès regard des autres qui détermine ce qui plus des responsabilités et des obliga-soudée. Tous les deux, on ne se posait est normal et ce qui ne l’est pas : on a tions qu’elle porte pour ses parents, ilpas la question de cette différence. une grande capacité à s’emprisonner y a le poids de la différence et de laC’était plus facile enfant, plus radical, dans des idées reçues, et une certaine honte et, du coup, elle compose. Ellesurtout qu’on jouait. Ça a d’ailleurs été propension à s’aventurer sur de faux cache à beaucoup de gens que ses pa-le cas avec Alexeï Coïca, le professeur chemins. En travaillant sur ce projet, je rents ne sont pas comme les autres.sourd qui a enseigné aux acteurs la me suis rendu compte que les sourds C’est paradoxal, mais j’ai le sentimentLSF (Langue des Signes Française), n’ont pas la même conception du rap- qu’au fond, elle ne veut pas les rendrequand il travaillait avec eux il intégrait port aux autres: ils sont extrêmement différents.beaucoup de jeux. C’est brillant de sa directs – et si quelque chose ne leurpart d’enseigner dans le plaisir. C’est convient pas, i ls ne s’embarrassent PEUT-ON DIRE QUE LE CHOIXplus rapide, et cela permet d’augmen- pas de circonvolutions. Ils vont droit DE PAULA DE SE CONSACRERter la mémorisation. à l’essentiel, et par moments, ça peut À LA MUSIQUE EST VÉCU

être trash. Ceux qui excluent comme COMME UNE TRAHISON PARCOMME TOUTE ADOLESCENTE, ceux qui sont exclus ont besoin d’af- SA FAMILLE ?PAULA A ENVIE DE MENER frmer leur appartenance. L’instinct Oui et aussi comme une agression !UNE VIE DIFFÉRENTE DE grégaire nous touche, c’est un travers Mais il faut dire que la vie est ironique,CELLE DE SES PARENTS, CE que l’on partage tous. Paula aurait pu être douée en danse,QUI SUSCITE TENSIONS ET en calcul ou en ébénisterie – et c’estINCOMPRÉHENSIONS... PAULA, PAR LE RÔLE une voix que la vie lui donne. QuelleOn ne sait pas si elle a vraiment envie QU’ELLE JOUE AU SEIN DE SA f r us t ra t i on pou r e l l e e t pou r sesde mener une vie dif férente, on ne FAMILLE, EST MÊLÉE DE TRÈS parents de ne pas pouvoir partagersait même pas si la question se pose PRÈS À L’INTIMITÉ DE SES ça, ou qu’elle puisse offrir à d’autrespour elle. Elle suit un rythme de vie PARENTS. ce qu’elle ne peut pas leur donner àdéjà soutenu jusqu’à la révélat ion Très jeune, e l le est pro je tée dans eux ! C’est terrible comme interdic-de sa voix... et la perspective que lui la réalité de la vie. C’est une trame tion. Mais ce n’était pas voulu...offre ce don. Son prof de musique lui d ramatu rg ique t rè s i n té ressan teouvre une porte, mais toute seule, parce que le monde des sourds et des LE CADRE AGRICOLE ÉTAIT-l ’aura i t -el le découver te ou même, malentendants est mal connu, assez IL IMPORTANT DANS CETTEchoisie ? Ce sont plutôt ses parents cloisonné, et qu’il ne peut pas se mê- HISTOIRE ?qui ont env ie qu ’e l le poursu ive la ler aux autres naturel lement. Dans Les sourds sont des gens résolumentroute qu’ils ont tracée pour elle. C’est ce contexte, on peut imaginer des volontaires. Il y a chez eux une vraieun aspect intéressant de cette his- situations décalées et pourtant hyper détermination: i ls cherchent à a l lertoire: c’est comme si la vie choisissait réalistes. Par exemple, la scène chez vers l’essentiel. Du coup, la dureté dupour elle. Sera-t-elle à la hauteur de le gynécologue est très drôle, mais cadre agricole me plaisait pour situerson «destin» ? Sera-t-elle capable de aussi déstabilisante par rapport à nos la famil le Bélier et montrer tout cesaisir sa chance et le virage qui s’offre codes : les parents sont contraints de qu’elle est en capacité d’affronter. Lesà el le par la voix de Thomasson ? passer par Paula pour évoquer leur agriculteurs sont dans une chaîne quiJ ’aime la v ie quand el le bouscule, sexualité dans le cabinet du médecin. nous nourrit. Ils doivent faire des choixsurprend et entraîne sur des chemins Sans être impudiques, les Bélier ont le déterminants pour leur foyer. J’aimaisimprévus, et j’aime voir Paula se dé- sens de l’instant et un côté très cash ce rapport au concret.battre, puis se laisser faire et entrer dans leur manière de s’exprimer quidoucement dans ce qui sera sa vie, leur est propre. Ils ont cette capacité COMMENT AVEZ-VOUSloin de ce qui était écrit. La rencontre à parler de la sexualité sans tabous. CHOISI LOUANE, QUIdans toute vie est décisive. Louane C’est juste comme ça. INTERPRÈTE PAULA ?est magnifque dans ce non-choix. Agathe Hassenforder, la directrice de

ON A LE SENTIMENT QUE casting, m’a fait rencontrer entre 60LE FILM S’AMUSE À PAULA EST COINCÉE ENTRE et 80 jeunes flles. On cherchait uneRETOURNER LA DIFFÉRENCE : L’ENFANCE ET L’ÂGE ADULTE... actrice ado qui sache chanter. Malheu-POUR LA FAMILLE BÉLIER, Oui, adulte quand il s’agit de faire le reusement, celle qui me plaisait le plusLA NORMALITÉ, C’EST D’ÊTRE lien entre ses parents et la société… avait la pire voix ! J’ai d’abord penséSOURD... Et heu reusemen t , co mp lè temen t qu’on pourrait la doubler. Et puis, je meCe qui m’amusait dans cette histoire, ado dans son rapport aux garçons, à suis rendu compte que c’était inenvi-c’est qu’on peut se demander où situer Gabriel qu’elle admire, aux copines, sageable : il me fallait l’émotion de sala normalité. On sait bien que c’est le à sa meilleure amie Mathilde. Mais en voix sur le plateau en direct : je voulais

flmer le corps qui chante. L’émotion que je voulais faire de Gigi un per- nouvelle expérience de vie. Ses repèrespasse aussi par la peau : une chanson, sonnage exubérant, plein de fantaisie d’enfant étaient bousculés. Il y a eu unça s’incarne. mais aussi autoritaire et intrusif. Je Luca avant et après tournage. C’étaitUn de mes amis m’a conseillé l’émission voulais que ça déborde et je savais joli de le voir grandir avec nous. Il a un«The Voice» pour regarder deux chan- que Kar in avai t cet te poss ib i l i té : beau regard.teuses. Et là, je suis tombé sur Louane el le est capable de tous les excès,et j ’ai craqué ! Ce qui m’a plu chez ce qui pour moi est très séduisant. LES TROIS ACTEURSelle, c’est sa fragilité tenue, comme si Et puis, il me fallait une femme dont ENTENDANTS ONT-ILSelle allait déraper à la fn du premier je pu isse cro ire qu ’e l le vende des RÉPÉTÉ AVEC UN COACHcouplet. Chez elle, on a le sentiment fromages, quelqu’un qui ne soit pas SPÉCIALISÉ POUR S’INITIERque tout tient sur un fl, et pourtant, que sophistiqué, et à qui i l reste un À LA LANGUE DES SIGNES ?elle est là, présente, ancrée et solide à bout de province. En tout cas, c’est Pour un comédien, incarner un ma-la fois. Elle va au bout. Elle devient une ce que je vois chez elle et qui, à mon lentendant est un déf passionnant.phrase sans fn. C’est Louane. J’aime sens, lui permet d’incarner aussi des D’autant plus que Karin et Françoissa grâce comme sa gaucherie qui est personnages populaires. Karin a ce sont deux acteurs ultra-bavards ! Etcelle de l’adolescence. Elle est très ma- spectre-là. C’est une force. pourtant, i ls n’ont pas une ligne deture et a le sens de l’instant – elle ne François Damiens a cette folie géniale texte à prononcer. Tout devait désor-calcule pas car elle n’est pas consciente d’être et ne pas être. C’est un garçon mais passer par leurs mains et leurs

corps. C’est brillant.C’est Louane. J’aime sa grâce comme sa gaucherie On a eu la chance de rencontrer lesbonnes personnes : Alexeï Coïca etqui est celle de l’adolescence. Jennifer Tederri. Le premier est sourdet professeur de LSF, la seconde est

de ce qu’elle dégage. J’espère qu’elle qui déborde d ’énergie et de vie. I l interprète. Deux énergies vives augardera cette fraîcheur-là le plus long- vit l’instant. Avec aisance parfois, et service du f lm. I ls ont été détermi -temps possible. Et elle a cette élégance parfois pas du tout, mais il vous em- nants pour la mise en place de cettede ne jamais chercher la caméra. Je brouille. Car c’est un être avant tout histoire. D’origine moldave, Alexeï nepouvais être à droite, derrière ou à d’une générosité rare. I l est entier. vit en France que depuis cinq ans ;gauche, elle ne se souciait jamais de C’est vivant. i l est incroyablement déterminé etl’outil. Dès que je l’ai vue aux essais et Éric Elmosnino est intense, dévolu volontaire puisqu’il a dû apprendreque je l’ai découverte dans la fenêtre à son a r t . C ’es t un ga rçon d ’une le f rançais et la langue des signesde la petite caméra vidéo, je me suis puissance inouïe qui aime découvrir, pratiquée en France – chaque paysdit qu’elle était unique. Elle a eu un re- donc écouter. Défaire et refaire son ayant sa propre langue des signes…gard sur Peggy, l’assistante casting qui contraire avec autant de conviction. C’es t lu i qu i a enseigné la LSF àlui donnait la réplique ; et ce regard a Il n’a pas d’a priori. Il est libre. C’est Karin et Louane avec une patience,été déterminant. C’était Paula. Curieux magique. une énergie et une joie contagieuse.comme un choix tient à peu de choses. Ce sont tous les trois des acteurs très Quant à François, i l avait une pro-

professionnels, avec des fonct ion- fesseur belge, Fabienne Leunis, quiET LES COMÉDIENS ADULTES ? nements ext rêmement di f férents : signait en français. Les comédiensIl y a des comédiens sourds formi- chacun a sa propre tonalité et renvoie ont répété sur une durée de 6 mois,dables qui auraient pu interpréter les une énerg ie t rès d i f fé rente, ma is au rythme de 4 heures par jour avecparents de Paula, mais j ’avais très je sentais qu’i ls composeraient en- des interruptions qui étaient relayéesenvie de travailler avec Karin Viard et semble un tableau vif, avec beaucoup par un dvd LSF qu’ils avaient en mainFrançois Damiens depuis longtemps de relief, aimant autour de Paula. sur toutes les séquences dialoguées.et je les a i t ransposés dans cet te Ils ont joué le jeu. De toute façon, jehistoire dès la première lecture du C’EST UN JEUNE HOMME ne leur avais pas laissé le choix : ilsscénario. Il ne s’agissait pas de faire SOURD QUI CAMPE LE FRÈRE devaient apprendre chaque séquenceun documentaire sur les sourds. Et DE PAULA. par cœur sans l’artifce de croire quele propre d’un comédien est dans sa Dans la vie, Luca est sourd profond. Il sur un mauvais signe, je pourrais lecapacité de se fondre dans un person- n’avait aucune expérience de la caméra. gommer par une pirouette au mon-nage, de créer avec lui un caractère, Il a vécu cette histoire de manière vive tage. En fait, une fois sur le plateauune singularité, un métier, une allure. et remplie de découvertes. C’est un gar- avec les dialogues qu’ils connaissaientC’est in tr insèque à leur mét ier de çon joyeux et brillant. Toujours partant, au cordeau, cela leur a rendu la viecomposer. avec un naturel à l’image très séduisant. plus simple. Car ils étaient en placeJ’ai très vite pensé à Karin Viard parce Ses codes étaient chamboulés par cette pour jouer et travailler avec.

C’EST UNE EXPÉRIENCE ma is q u i ap po r t e u ne é ne rg i e L ’ im ag e e t l e c ad re o n t t o u j ou rs é téINÉDITE POUR LES ACTEURS, physique intéressante. À côté, le père importants pour moi. J’ai longtempsET PLUS ENCORE POUR UNE est plus en retrait et plus bourru : i l fa i t de la photo et j ’a i t rava i l lé unJEUNE COMÉDIENNE COMME fait la gueule parfois, et ne s’en cache certain temps entouré de tableaux,LOUANE... pas. Leur fls, Quentin, au milieu de puisque j’étais clerc de commissaire-La langue des signes est d’une grande cette famille, incarne le gamin qui se priseur. L’art affûte le regard.r ichesse, ul t ra rapide et t rès com- découvre. Avec l’équipe, on vivait les Même si tout est très écrit, et que j’aiplexe. Le visage doit être en accord scènes de manière naturelle : l’enjeu le flm dans ma tête, mon expérienceavec le signe qu’on veut exprimer : é ta i t l e même que p ou r un au t re m’a appris à privilégier l’instant et laen fonction de l’expression, le signe flm. À la fn de la prise, je savais vérité du plateau. L’idée d’une scènee s t c o m p r i s d i f f é r e m m e n t . M a i s intuit ivement où l’on devait aller. À ne vaut rien comparée au présent. Jecomme chaque personne est unique, l ’ inverse, je restais t rès précis sur veux me rendre disponible à ce que jesa gestuelle lui est propre. C’est une les déplacements parce qu’il y a une vois, comme je veux que mes acteursaventure pour un acteur à qui l ’on «musique» qui s’exprime à travers la soient disponibles à ce qui se passedonne d’autres outils que ceux qu’il langue des signes. Dans l’espace, le entre eux. Ce sont les l imites de laa normalement à sa disposition et où signe est un avantage : il impose une préparation.le corps doit remplacer la voix. sorte de chorégraphie. Il est visuel, Et qui plus est, au montage, le flmPour Louane, c ’é ta i t un exerc ice et donc de fait , idéal pour l ’ image. est devenu un autre.particulièrement diffcile car elle doit Mais à la dif férence d’un tournagetraduire ce que disent les parents et tradit ionnel, après chaque pr ise, i l POURQUOI AVEZ-VOUSsigner en même temps. Or , par ler fallait que j’aie l ’aval d’Alexeï et de CHOISI MICHEL SARDOUet «signer» simultanément est très Jenni fer qu i va l ida ient les s ignes. POUR LE RÉPERTOIRE DEcompliqué, car la syntaxe des deux Avec Jennifer Augé au montage, on PAULA ?langues est très différente. Louane a a beaucoup suivi ce rythme imposé. C’étai t une idée de Victor ia Bedosdonc relevé un formidable pari. J ’ ava i s i n tég ré ce t te l a ngue des dans le scénario initial. Quand on fait

signes depuis seulement quelques le tour des p lus grands chanteursAVEZ-VOUS EU LE SENTIMENT m o i s , m a i s p o u r t a n t e l l e f a i s a i t popula i res v ivants p résents dansDE DIRIGER VOS ACTEURS maintenant corps avec la narration. l ’ inconsc ient co l lect i f , la réponseDIFFÉREMMENT DE VOS Elle a naturellement trouvé sa place. s’impose d’elle-même. Et de plus, laPRÉCÉDENTS FILMS ? chanson de Michel Sardou «Je vole»Curieusement, i l n’y a pas vraiment QUELLES ÉTAIENT VOS est le calque de la vie de Paula.de différence dans la direction d’ac- PRIORITÉS POUR LA MISE ENteurs par rapport à des comédiens qui SCÈNE ? QUELLES ÉTAIENT VOSont un dialogue parlé. Exprimer, c’est Je déteste story-boarder. En INTENTIONS POUR LAun langage. Au même titre qu’un plan r e v a n c h e , j e d é c o u p e l a v e i l l e MUSIQUE ORIGINALE ?large de paysage, sans texte, « parle » pour le lendemain. Je ne veux pas Elle a été composée par Evgueni etau spec ta teu r . En « signant» , l es m’obl iger à rentrer dans un cadre Sacha Galperine. J’avais déjà travailléacteurs s’expriment d’une autre ma- précis au départ, que tout soit fgé avec eux sur L’HOMME QUI VOULAITnière et transmettent leurs réfexions s u r l e p a p i e r . B i e n s û r p e n d a n t VIVRE SA VIE. J’aime beaucoup leurau monde extér ieur . C’est ce que l’écriture, je note des idées de plan univers. J’adore travail ler avec euxj’aime chez les Bélier, leur handicap sur mon script. Je préfère travailler car i ls ont un côté décalé, tout enn’est pas un barrage. Le père veut les déplacements et les mouvements dégageant de l’émotion de manièrese présenter aux élections car il n’est de caméra en notant des idées. En juste, mais jamais surlignée. Quandpas d’accord avec le maire en place. fait, j’attends de découvrir sur place ils envoient un accord de violon, celui-N’ importe qui dirai t qu’ i l est nul et le déco r . Une fo i s immergé dans c i résonne cur ieusement , tou t ens’arrêterait à ce postulat. Rodolphe, le l ieu , idéa lemen t au mo ins une étant fn et pur. Dans le même temps,non : il prend position et décide de se semaine avant que la logistique du chaque mouvement est d’une grandeprésenter et trace. Au grand dam de plateau n’arrive, je travaille avec le complexi té et d’une or ig inal i té quiPaula qui se voit rajouter une tâche décor nu, sans câble, ni projecteur leur sont propres. Ils ne sont jamaissupplémentaire. e t caméra qu i v i enn en t t r op v i t e démagogues. Ils ont un univers richeConcernant l’identité et la personnalité remplir l ’espace que l ’on s’est créé et humble à la fois.de chaque personnage, je me fais avec le chef déco. C’est enrichissantune idée assez précise de chacun de travailler un décor avec quelqu’undes acteurs. La mère est une femme comme Olivier Radot. L’échange deun peu envahissante, très présente, nos idées est vif.

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VIARDKARINCOMMENT ÊTES-VOUS i l m’a dit « les sourds vont t’adorer». un cadre rural, quand on la découvreARRIVÉE SUR LE FILM ? J’avais une grande responsabilité vis- dans cette ferme sa présence paraîtC’est Éric Lartigau qui m’a contactée, à-vis des sourds et malentendants et év idente et nature l le. Pourquoi lacar on se conna issa i t e t on ava i t une vraie volonté de ne pas les trahir. fonction devrait-elle imposer la pano-une envie réciproque de travai l ler Ça a créé une grande tension chez moi. plie ? Éric Lartigau est très libre : il neensemble. Malheureusement, au mo- Je ne voulais pas qu’ils se disent que craint pas que mon personnage dé-ment où cette proposition est arrivée, j’étais dans le jeu et dans l’imitation et tonne dans ce contexte. Au contraire,j ’é ta is dé jà engagée sur un aut re pas dans la sincérité. i l chois it d ’en faire un personnageprojet et je ne voulais pas être tentée haut en couleurs, qui crée de la co-en lisant le scénario. Mais mon agent a COMMENT DÉCRIRE VOTRE médie et de l’émotion. La question deinsisté, m’a dit : «Tu es folle, c’est un PERSONNAGE ? savoir si elle est vraiment agricultricerôle formidable», et il m’a convaincue C’est une mère avant tout, mais comme ne se pose pas.de lire le script. Et je l’ai adoré ! elle est sourde – ce qui n’est pas le cas

de sa flle –, Paula lui permet d’être en AVEZ-VOUS ÉTÉ AMUSÉE OUQU’EST-CE QUI, AU DÉPART, relation avec le monde. C’est aussi la INTRIGUÉE PAR LA LIBERTÉVOUS A INTÉRESSÉE ? mère d’une adolescente : elle doit donc DE PAROLE, NOTAMMENT ENJ’ai d’abord été séduite par la dimension faire face, comme toutes les autres MATIÈRE SEXUELLE, DE LAdu projet : on est dans un grand flm mères, aux velléités d’indépendance MÈRE ?populaire avec du romanesque. Et de sa flle. Ce qui est diffcile pour Oui et c’est en partie lié à la sexualitépuis, j’ai beaucoup aimé le ton, car il elle car elle préfèrerait la garder près plutôt débridée de la famille Bélier !y a quelque chose de vraiment gonfé d’elle : par instinct maternel d’abord, Le ton très l ibre de leurs conversa-et d’audacieux dans l’humour, dans la mais aussi parce que c’est un soutien tions, que ce soit sur le sexe ou surfaçon de s’adresser aux adolescents, au quotidien qui lui échappe, et la rend le reste, vient également de la naturedans la manière dont cet te fami l le de fait vulnérable. intrinsèque de la culture sourde. J’aide sourds était dépeinte. Et j ’aime adoré ce côté direct chez les sourds,b ien l ’ i dée auss i de découvr i r un VOUS INCARNEZ UNE qui me ressemble parce que je nenouvel univers, et de comprendre son AGRICULTRICE ASSEZ suis pas toujours diplomate ! Avecfonctionnement, ses codes. Du coup, COQUETTE QUI VIT À LA eux, j ’ai eu l’ impression d’être chezcette rencontre avec la culture sourde CAMPAGNE... moi et je me suis sentie très à l’aise :a piqué ma cur iosi té et m’a donné Ce que j ’aime bien, c’est que dans à par t i r du moment où i l n ’y a pasenvie de me plonger dans ce projet. l a v i e , on c ro i se des g ens qu ’on de malvei l lance, on di t les choses

n’imaginerait pas dans un flm ! Mon comme elles viennent et j ’ai trouvéC’ÉTAIT UN DÉFI INCROYABLE personnage incarne le contrepoint de ça très authentique et spontané. LaDE CAMPER UNE FEMME ce qu’on pourrait attendre. D’ailleurs, parole est l ibérée, par exemple, onSOURDE... dans le scénario, i l s’agissait d’une peut dire à quelqu’un «tu as une saleC’était très diffcile ! Je crois que l’un ancienne Miss, ce qui peut expliquer tête aujourd’hui» et i l n ’y a pas dedes plus beaux compliments que j’ai sa coquetterie. Mais fnalement, ce susceptibilité mal placée, ni le senti-reçus, c’est de la part d’Alexeï, notre n’est pas essentiel : si on peut penser ment d’être jugé.coach pour la langue des signes, quand a priori qu’elle pourrait dénoter dans

COMMENT VOYEZ-VOUS PAULA ? bien qu’on abordait les scènes avec très rapides et très précis à apprendre. C’EST UN VÉRITABLEQuand j’ai vu le flm, ce que j’ai une certaine appréhension et une C’était diffcile mais tellement exci- CHALLENGE DE RÉALISER UNtrouvé incroyable, c’est qu’elle per- intensité particulière. Quand on joue tant... Depuis, j’ai beaucoup perdu. FILM DANS LA LANGUE DESsonnife ce qu’est l’adolescence : elle des rôles de comédie et qu’on a la ten- SIGNES...n’est pas du tout dans la séduction, sion de la langue des signes, ce n’est QU’EST-CE QUE LA LANGUE C’est vrai, mais le flm fonctionne trèselle ne fait pas de minauderies. Elle pas évident: on n’est pas décontracté DES SIGNES APPORTE DANS bien. C’est grâce à Éric Lartigau, il aconjugue à la fo is une neut ra l i té comme d’habitude, et i l faut rester LA CARACTÉRISATION DES su nous entraîner dans cet universd’expression avec, dans le même extrêmement concentré. Si on décale PERSONNAGES ? inconnu et nous le faire découvrir ettemps, des mots très expressifs et un tout petit peu le signe, il peut être Ce que je trouve amusant avec la apprécier. Le flm doit beaucoup à laparfois très violents. C’est un peu ça incompréhensible ou modifer le sens. langue des signes, c’est qu’elle ré- quali té du regard d’Éric Lart igau :l’adolescence : une volonté de jardin C’était assez ardu. vèle quelque chose de soi qui nous sans afféterie, sans chichi, il est vrai-secret, une envie de se rapprocher échappe : François présente un côté ment respectueux de l’autre dans sade ses paren ts , un cô té bébé e t VOUS AVEZ EU UN COACH un peu rustre, pataud, qui est très différence.une entrée dans l’âge adulte… Et je MOLDAVE POUR VOUS AIDER touchant. Quant à mon personnage, àtrouve que le flm brosse ce tableau DANS L’APPRENTISSAGE DE l’inverse, elle est très rapide, elle a unde manière très juste. Du coup, on LA LANGUE DES SIGNES... tempérament quasiment hystérique,est de plain-pied dans l’adolescence: François a travaillé avec Fabienne, une nerveux, et assez exalté, et je pensePaula n’est pas une midinette – elle coach belge qui lui a appris la langue au fond que ça correspond à une partest dans la sincérité et l’âpreté. des signes française. De mon côté, je de l’intimité de leur couple. Privé de

travaillais avec Alexeï, un professeur voix, de parole, on découvre autreQUE DIRE DU COUPLE QUE d’origine moldave. Je dois dire que je chose de soi-même – bien ou pas bien,VOUS FORMEZ AVEC LE suis assez impressionnée par Alexeï, il peu importe. Chez François, c’est unePERSONNAGE DE FRANÇOIS a une capacité d’adaptation extraordi- timidité profonde avec un sentiment deDAMIENS ? naire. D’un pays à l’autre les langues malaise qui s’exprime. Cette sincéritéCe qui m’a plu dans ce couple, c’est des signes sont différentes, elles n’ont très forte, rendue possible par la langueque l ’un ne peut fonct ionner sans pas la même grammaire, pas la même des signes, permet à ce couple de trèsl’autre. Cet homme et cette femme façon de poser les temps – et lui, en bien fonctionner.s ’ ado ren t , i l s on t un e sexua l i t é cinq ans, a appris la langue des signesépanou ie , i l y a énormément de française et est devenu professeur de PARLEZ-MOI DE LAtendresse et de solidarité entre eux. cette même langue. Cette curiosité DIRECTION D’ACTEURSOn les sent très unis, même si lui incroyable qu’il ressent pour le monde D’ÉRIC LARTIGAU.

Ce que j’adore chez lui, c’est qu’il n’aPrivé de voix, de parole, on découvre autre chose de pas peur de s’aventurer plus loin.Alors que souvent les réal isateurssoi-même - bien ou pas bien, peu importe. sont f r i leux, lu i res te ouver t auxpropositions qu’on peut lui faire, à

est plus fermé, moins expansif - et des entendants, il me l’a transmise partir du moment où elles le font rire.pou r tan t c ’ es t lu i qu i « autorise» pour l’univers des sourds. Il n’a pas de censure. On voit qu’il asa flle à quitter la maison. J’aime confance en nous et qu’il se saisit debeaucoup la comb ina i son de ce CET APPRENTISSAGE A DÛ nos suggestions quand elles sont per-couple, pas du tout convenu. ÊTRE DIFFICILE… tinentes. Il considère tout le monde

Diffcile mais c’est génial ! Apprendre de la même façon dans l’équipe : ilCOMMENT S’EST DÉROULÉE en six mois une nouvelle langue est n’y a pas de hiérarchie entre les tech-VOTRE COLLABORATION AVEC une expérience incroyable. Quand niciens, et les acteurs. Il fait participerFRANÇOIS DAMIENS ? on n’a plus la voix pour se faire com- tout le monde à une œuvre collectiveAvec François, ça a bien fonctionné, prendre et s’exprimer, on utilise son dont il est le chef d’orchestre. Pour ymais entre nous il y a eu cet «autre expression, et son corps. Les sourds et parvenir, il faut avoir confance en sonpartenaire» qui a un peu compliqué malentendants développent dans leur sujet, et en ses collaborateurs. Malgréla situation – autrement dit, la langue mode d’expression certaines capacités la complexité d’un tournage mêlantdes signes. On ne joue pas une scène que n’ont pas les entendants, comme ces deux univers et ces deux langues,avec la langue des signes comme on une grande mobilité des mains et des i l est resté joyeux, décontracté etjoue avec du texte ! Cela ajoutait entre poignets. Il y avait donc des mouve- agréable tout du long du tournage.nous un «troisième personnage», si ments d’enchaînements des signes

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DAMIENSFRANÇOISCOMMENT L’AVENTURE A-T- COMMENT DÉCRIRE VOTRE a une énorme confance en lui et ilELLE DÉMARRÉ POUR VOUS ? PERSONNAGE ? sent qu’il a des choses à apporter àJ’ai rencontré Éric Lartigau dans le Il incarne le vrai «pater familias» : il la société : dans son esprit, sa fllecadre d’un proje t personnel, i l y a est plus bourru que sa femme, et pour va devoir jouer un rôle clé dans satrois ou quatre ans et on s’est rendu autant, i l a plus de retenue qu’elle. quête. Ce qui le rend touchant, c’estc o m p t e q u ’ o n é t a i t s u r l a m ê m e Mais ce qui est essentiel, c’est tout sa détermination à surmonter touteslongueur d’ondes. Du coup, quand il l’amour qui se dégage de cet homme, les barrières susceptibles d’entraverm’a proposé un rôle dans ce flm, je même s’il a du mal à extérioriser ses sa trajectoire : c’est un fonceur. Etconnaissais son travail et je savais que sentiments. Il éprouve un amour dé- on a envie que ça marche pour lui. Ilj’appréciais sa sensibilité. Il a beau- bordant pour sa femme et ses enfants. s’agit d’un être extrêmement volon-coup d’humour, mais ce n’est jamais Et , paradoxalement , i l n ’a pas de taire, qui se dépasse et qui brave lesgratuit car il s’attaque à de vrais sujets fltre : il est pudique jusque dans son diffcultés.de société. impudeur. Quand ça déborde, il sort

de lui-même : je trouve toujours cela AVEZ-VOUS DES POINTSQU’EST-CE QUI, AU DÉPART, très émouvant chez les gens qui s’ex- COMMUNS AVEC LUI ?VOUS A INTÉRESSÉ DANS LE priment peu. Par ses attitudes et son Je me sens assez proche de lui : jeSCÉNARIO ? physique, il est réservé, tout en étant ne suis pas quelqu’un qui se met enCe qui me plaît, c’est quand les sujets ambitieux : rien ne l’arrête – c’est un avant. On a tous des diffcultés, desgraves sont traités avec subtil ité et bulldozer ! Face à des malentendants, handicaps, et il ne faut surtout pas s’ylégèreté par le b ia is de l ’humour. il ne se considère pas comme handica- arrêter. Mais dans sa quête, il dépendLorsque l’histoire est profonde, il ne pé. Car il peut s’exprimer autant qu’un d’une certaine façon de sa flle – mêmefaut pas faire grand-chose pour que entendant. Chez lui, énormément de si on peut imaginer qu’il va y arriver,surgisse le rire. Il arrive donc de ma- choses passent par les signes et la sans sa flle. Il n’a ni complexe, ninière moins prévisible que dans une gestuelle. gêne. Il a l’innocence d’un enfant quicomédie classique. ne sait pas faire de vélo, mais qui partC’était le cas de ce scénario racontantl’histoire d’une famille touchée par un Ce qui le rend touchant, c’est sa détermination àhandicap, qui apprend à vivre avec,et qui tente de s’en sortir. En réalité, surmonter toutes les barrières.on est tous plus ou moins handica-pés, même si certains handicaps se PENSEZ-VOUS QU’IL Y AIT quand même en randonnée ! Parfois laremarquent plus que d’autres. Quand UN MUR INFRANCHISSABLE prudence tend vers l’immobilisme etj’ai lu le script, j’ai été séduit par cette ENTRE VOTRE PERSONNAGE il va à l’encontre de cette idée. Cettefaçon d’aborder le handicap. J’aimais ET LE MONDE EXTÉRIEUR ? manière d’appréhender les choses mele ton, qui n’est jamais moralisateur, Tout à fait. À première vue, on pour- correspond bien.et l’absence de prise de position. C’est ra i t penser qu’un sourd ne va pasjuste, poignant et émouvant. Et il y a faire de la polit ique dans un mondedans cette famille de sourds beaucoup d’entendants car i l n’a ni les armes,p lus de communica t ion que dans ni le charisme, pour s’imposer dansd’autres familles dites «normales». ce t un ivers t rès rude. Ma is lu i , i l

EST-CE QU’IL FINIT COMMENT S’EST PASSÉ PARLEZ-MOI DE LAPAR COMPRENDRE LE VOTRE APPRENTISSAGE DE DIRECTION D’ACTEURSCHEMINEMENT DE SA FILLE ? LA LANGUE DES SIGNES ? D’ÉRIC LARTIGAU.Au début, il ne veut pas en entendre J ’ a i c om me n cé m a fo rm a t i o n e n Il s’est montré le plus ouvert possible,parler. Elle incarne le pont entre eux Belgique avec une coach, Fabienne, mais il est évident qu’on devait s’enet le reste du monde. Mais il se rend el le-même en rapport avec Alexeï, tenir à nos «signes». Après chaqueà l’évidence : sa flle, quand elle a une le professeur LSF (Lange des Signes prise, il se rapprochait d’Alexeï pouridée en tête, ne la lâche pas. Et il sait F rança i se ) qu i t r ava i l l a i t sur l e ê t re sû r qu ’on é ta i t j us te . Par fo is ,au fond de lui qu’on ne fait pas des f lm. Cet apprent issage a duré 3 à on s’apercevait qu’on avait dérapéenfants pour soi et que sa flle doit 4 mo is . E l le par la i t souvent avec sur un signe grâce au regard critiquevivre sa vie. La vie lui met une barrière Alexeï des mots qui é ta ient di f fé- d’Alexeï. Il fallait qu’on ait l’air d’êtresupplémentaire sur sa route, mais sa rents d’un pays à l’autre. J’ai appris naturel et, du coup, Éric était partantflle lui donne une énergie incroyable. les rudiments en langue des signes, pour qu’on fasse un peu d’impro, mais

puis mes répl iques en langue des auparavant, il s’assurait qu’on ait bienCOMMENT VOYEZ-VOUS signes. Il fallait aussi connaître les «signé» le texte au moins une fois. IlPAULA ? répliques des autres en langue des avait peur de se retrouver au montageEl le se considère comme une ado signes pour pouvoir communiquer. avec des fautes de signes.qui a envie de foncer avec des rêves Car i l é ta i t impor tan t , pour nous On a travaillé la langue des signes enp le in l a tê te . E l le ne se vo i t pas tous, que les signes soient les plus amont car Eric voulait vraiment qu’ongrandir dans le même cadre que ses justes possible. soit déchargé de cet apprentissage auparents, d’autant qu’elle a des dons moment du tournage. Lui-même estparticuliers. Lorsqu’elle se découvre un C’EST UN EXERCICE un gros bosseur. I l était sur le pontvéritable ta lent - el le a un t imbre de DIFFICILE ? toute la journée, et le soir, il retravail-voix magnifque -, el le se sent un peu Oui ! Car la construction des phrases lait encore et encore. Il m’a bluffé :emprisonnée entre ses parents et son est t rès d i f fé rente du f rança is . Nos c’étaient deux mois d’une intensitéfrère et elle ne s’imagine pas continuer personnages n ’é ta ien t pas censés rare. Pas question de faire la fête leà leur servir d’interprète avec le monde en tend re l es sons e t les b ru i t s , e t soir !extérieur toute sa vie. Elle est la digne o n a d o nc c om m e nc é à s ’ ex e r c e rflle de son père : rien ne l’arrête. Elle avec des bou les Quiès, pu is on les COMMENT S’EST PASSÉEva devoir chanter à Paris en public, le a e n l e v é e s . I l y a v a i t p a s m a l d e VOTRE RENCONTRE AVECcomble de l’impudeur ! Elle y va, sans paramètres à intégrer, et du coup on LOUANE ?jamais reculer, parce qu’elle est ani - a mul t ip l ié les répét i t ions pour être C’est une jeune fl le qui débordemée par une détermination extrême. au point. On n’était jamais détendus, d’énergie, et qu i n ’a pas f roid auxElle est seule dans cette aventure, et car notre marge d’improvisation était yeux... C’est une vraie bosseuse. Ellejamais réconfortée par ses parents. Au très l imi tée, et tout cela nous a de - a dû prendre sur e l le-même pourcontraire, elle doit les affronter, sans mandé beaucoup de concentra t ion. incarner son personnage et porter leprendre en considération ses propres I l faut d i re que ce n’est pas du tout flm sur les épaules, ce qui n’est vrai-peurs. naturel pour moi de m’exprimer avec ment pas une chose évidente à son

des signes : en général, j ’oubl ie que âge. Son rôle était particulièrementQUE PENSEZ-VOUS DU je joue et j ’ improvise... Cette fois, je complexe puisqu’elle devait trouverPERSONNAGE CAMPÉ PAR ne pouvais pas faire de pirouettes et sa voix et signer en même temps. CetKARIN VIARD ? retomber sur mes pattes ! Je devais exercice est très ardu car les signesEl le n’a pas la même personnal i té ê t re t r ès a t t en t i f aux rép l i ques de qu’elle faisait ne correspondaient pasque son mari. Elle est plus extraver- Karin et connaître parfa i tement mon à ses propos : en langue des signes,tie, plus spontanée, plus proche de texte. tout est inversé. Je lui tire mon cha-ses enfants. Elle est un peu le liant Le contac t avec les sourds a é té peau !entre les dif férents membres de la très enrichissant pour moi : j ’étaisfamille, ce qui permet de maintenir heureux de passer du temps avecune certaine cohésion familiale. Du eux. On pourrait croire que ce sontcoup, c’est elle qui a le plus de mal à eux qui sont un peu gênés lorsqu’ilsaffronter les choix de Paula. Car elle sont entourés d ’entendants, maissait aussi que si sa flle s’en va, elle en fait c’est l’inverse !se retrouvera entourée uniquementd’hommes.

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EMERALOUANECOMMENT ÊTES-VOUS bel apprentissage. L’ambiance d’un lien vers l ’extérieur, puisqu’el le estARRIVÉE SUR LE FILM ? tournage est très enrichissante. Et la seule entendante de la fami l le .Avant de rencontrer Éric Lartigau, je ne puis j ’ai adoré apprendre la langue Je me su is rendue compte que lem’étais jamais imaginée comédienne. des signes. Je suis une littéraire, à personnage de Paula me ressemblaitJ e v i e n s d e l a m u s i q u e , j e s u i s la base, et ce qui me plaît le plus au beaucoup sur certains points.chanteuse avant tout, et je n’avais lycée ce sont les langues étrangères, C’est une jeune flle sérieuse, pourjamais vraiment pensé à l’éventualité ce n’est donc pas étonnant ! Malgré qui la famil le compte énormément,de jouer la comédie. tout avec la langue des signes c’était e t q u i , c o m m e l a p l u p a r t d e sÉric m’a repérée dans l’émission The très dif férent, c’est une langue peu ado lescents , a un rêve . E l le a unVoice, à laquel le j ’a i part icipé. I l a prat iquée puisqu’el le n’est ut i l isée côté rebelle, comme tous les ados,contacté mon agent e t nous noussommes rencontrés. Les choses se Si Paula Bélier existait, j’aimerais que ce soit ma

sont ensuite faites très simplement,

j’ai passé une audition seule puis avec meilleure pote !

d’autres comédiens, j’avais préparé

quelques scènes pour l ’occas ion.J ’ é t a i s t r è s s t r e s s é e c a r c ’ é t a i t que par les sourds et malentendants, e t c o m m e m o i d ’ a i l l e u r s ! M a i sque lque chose de comp lè temen t mais c’est une langue magnifque le s ien est p lus dé l i ca t . Pour sesfou pour moi, passer une audi t ion qui véhicule beaucoup d’émotions. proches, son choix est vécu commepour un flm à seulement 16 ans ! El le m’a permis d’entrer en contact une trahison, un abandon. Le seulCe n’est pas tous les jours qu’on a avec des gens formidables, je pense f a i t d ’ ê t r e e n t e n d a n t e d a n s u n ecette opportunité quand on est une notamment à mon professeur de LSF, famille de sourds est une différencegamine du Nord ! Mais le courant est Alexeï, et à Jennifer, la traductrice. Ils t rès for te , c ’est comme une pet i tetout de sui te passé avec Éric et je m’ont appris énormément de choses. t rah ison. Ses parents et son f rèreme suis rapidement prise au jeu. J’ai ont dû surmonter cela, mais i ls ontreçu le scénario du flm un peu plus QU’EST-CE QUI VOUS A du mal à accepter qu’elle veuille etta rd e t je l ’a i tou t de su i te t rouvé SÉDUITE DANS LE SCÉNARIO puisse vivre sa propre vie, une vieformidable. DE LA FAMILLE BÉLIER ET différente de la leur.

DANS LE PERSONNAGE DE Elle est plus mature que moi parceQU’EST-CE QUI VOUS A PLU PAULA ? qu’elle doit gérer des problématiquesDANS CETTE EXPÉRIENCE ? L ’h is to i re de la fami l le Bé l ie r es t d’adulte, mais c’est aussi une flleC ’ é t a i t a v a n t t o u t u n e c h a n c e une h is to ire except ionnel le. C’est qu i se bat pour ses rêves, qui estinc royab le . C ’é ta i t éga lement un une fami l le t rès un ie e t a imante , très proche de sa famille, qui courtgros challenge car je n’avais jamais qui travail le beaucoup et qui a des partout, et je suis un peu comme ça.pr is de cours de comédie, j ’a i fa i t va leurs s imples. Les membres de Elle est très volontaire et déterminéeun an de théâ t re au co l lège sans cette famille ont également un grand à mener ses p ro je t s à b ien pou rmême jouer le spectac le de fn be so i n l e s un s de s a u t re s . M a i s réussir sa vie, mais en même tempsd ’année ! Ça a é té beaucoup de Paula joue un rôle part icul ier chez e l l e a un peu p eu r de ce que l u itravail pour moi mais également un les Bélier, celui de traductrice et de réserve l ’avenir . Ce n’est pas tant

qu’elle n’a pas confance en elle, le soir à l’hôtel, quand il avait fni sesmais elle n’est pas consciente qu’elle devoirs.a un vrai don pour la chanson. Etpuis, elle se sent tiraillée car elle se PARLEZ-NOUS DE LAsent responsable de sa fami l le et DIRECTION D’ACTEURSne veut pas l ’abandonner, tout en D’ÉRIC LARTIGAU ET DEvoulant au fond d’el le-même vivre VOTRE TRAVAIL SUR CEce rêve de chanter. RÔLE.Si Paula Bélier existait , j ’aimerais J’ai découvert la direction d’acteursque ce soit ma meilleure pote ! s u r u n p l a t e a u d e c i n é m a a v e c

Ér ic . . . I l é ta i t t rès gen t i l e t t rèsLES CHANSONS DE MICHEL c o m p r é h e n s i f , t o u t e n r e s t a n tSARDOU SONT TRÈS concentré. I l nous la issa i t assezPRÉSENTES DANS LE FILM, libres, mais il savait où devait allerCOMMENT S’APPROPRIE-T- chaque personnage : j’ai par exempleON UN TEL RÉPERTOIRE ? pu faire des propositions sur certainsJe connaissais déjà le répertoire de dialogues. J’écoutais beaucoup Éric,Michel Sardou. Je l’ai entendu à la et j’essayais de faire de mon mieuxmaison. Mon père m’a ini t iée à la avec les conseils et consignes qu’ilmusique en me faisant écouter ces me donnait. Essayer de comprendregrands art istes de var iété. C’étai t et de restituer la manière dont il medrô le à cet te occas ion de devo i r donnait ses indications pour rentrerl’interpréter et de se le réapproprier. dans le personnage de Paula. Dany,D’autant qu’il est partie prenante du ma coach, me guida i t égalementpersonnage de Monsieur Thomasson, beaucoup et me faisait travailler lequi est un personnage qui me touche so ir en me fa isant fa i re du spor t ,beaucoup. travailler sur la respiration. C’était

super, très ludique, ça m’a beaucoupKARIN VIARD, FRANÇOIS aidée.DAMIENS ET LUCA GELBERGJOUENT LES AUTRES LE RÔLE DE PAULA BÉLIERMEMBRES DE LA FAMILLE ÉTAIT ASSEZ COMPLEXE ÀBÉLIER. COMMENT S’EST ASSIMILER EN TERMES DEPASSÉ VOTRE TRAVAIL JEU.AVEC EUX ? Elle est la seule entendante de laKarin et François ont été formidables famille, ce qui signife qu’elle parleavec moi, ils m’ont donné beaucoup de et qu’elle signe, mais Paula chanteconseils. Interpréter un personnage également. C’était assez compliquéétait un exercice diffcile pour moi, car de gérer les t rois, d ’apprendre lac’était une première. J’ai eu plusieurs langue des signes, de parler tout enprofesseurs qui m’ont aidée, mais signant, etc… J’ai fait de mon mieux,quand je me retrouvais sur le plateau avec l’aide d’Alexeï et Jennifer quisans eux, Karin et François m’ont é ta ient p résents en permanenceépaulée. su r l e t ou rnage , ma is ce r ta inesAvec Luca, qui joue le frère de Paula, scènes étaient vraiment diffciles.le courant est très vite passé entrenous : au moment des audi t ions,on a répété tous les deux, et c’étaitgénial ! Et puis, nous avons été trèsproches tout le long du tournage. Onest réellement comme frère et sœur !Il m’a appris beaucoup de choses, eton s’est amusés comme des fous. Onpassait pas mal de temps ensemble

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ELMOSNINOÉRICQU’EST-CE QUI VOUS SAVEZ-VOUS POURQUOI, prend son élève sous son aile. LouaneA SÉDUIT DANS CETTE JUSTEMENT, IL CHOISIT LE est une belle personne : j’ai eu beau-HISTOIRE ? RÉPERTOIRE DE SARDOU ? coup de tendresse pour elle, et j ’aiÉric Lartigau, dont j’aime beaucoup le Je n’ai pas pensé à un raisonnement cy- été sensible à la manière dont Éric l’aIl y a quelque chose de l’ordre de l’identifcation travail, m’a envoyé le scénario, et dès nique de sa part. Je me suis tout simple- dirigée.que je l’ai lu, j’ai adoré. Les person- ment dit qu’il aimait Sardou. D’ailleurs,entre ce professeur et cette élève. nages sont très touchants, et je me j’ai beaucoup aimé ce chanteur quand COMMENT ÉRIC LARTIGAUsuis tout de suite dit que ce serait for- j’avais 17 ans : je l’ai même applaudi sur DIRIGE-T-IL SES ACTEURS ?midable si je pouvais incarner le prof scène ! En tout cas, je ne pense pas que Il ne lâche rien : il reste très concen-de chant. Ce qui m’amusait, c’était de ce choix soit en rapport avec le milieu so- tré sur ses objecti fs. Ce n’était pascamper un musicien alors qu’il n’y a cial ou rural où il vit. toujours facile, car, parfois, on devaitpas moins musicien que moi, d’autant tourner des scènes de chorale avec deplus que ce n’est pas la première fois QUELLE RELATION Y A-T-IL nombreux comédiens. Quant à Louane,que cela m’arrive ! (rires) Par ailleurs, ENTRE LA JEUNE FILLE il la poussait dans ses retranchementsje trouvais que ce personnage occupait TALENTUEUSE ET LUI ? pour obtenir le meilleur d’elle-même.une place à part dans le flm et qu’il ac- Il y a quelque chose de l’ordre de l’iden- On était constamment dans le travailcompagnait vraiment la jeune flle dans tifcation entre ce professeur et cette et les journées étaient très chargées.son parcours. élève. Je me souviens qu’à un moment Pour autant, il m’a laissé une certaine

donné de ma vie, ma première prof de liberté. Notamment pour les auditionsPOURRIEZ-VOUS DÉCRIRE théâtre a joué un rôle décisif : c’est elle des jeunes de la chorale, où j’ai puVOTRE PERSONNAGE ? qui m’a regardé et qui a remarqué que improviser d’une certaine manière :I l fai t part ie de ces gens qui passent ma place était là, sur les planches. Un je leur faisais écouter différentes mu-leur vie à raconter qu’ils en ont assez regard comme celui-là sur soi est mi- siques pour qu’ils réagissent, je lesd’être là où ils sont, mais dont le métier, raculeux et ça bouleverse tout. Quand provoquais aussi en leur assénantau fond, est un moteur, un carburant. mon personnage entend pour la pre- qu’ils étaient nuls… C’était vraimentMon personnage ne peut pas faire autre mière fois la voix de cette jeune flle, très drôle !chose que d’être dévoué à ces mômes. il comprend qu’elle va pouvoir réaliserMême si, bien sûr, il porte toujours en ce que lui n’a jamais pu faire. I l y a VOUS N’ÊTES PAS MUSICIENlui un rêve qui ne s’est jamais concré- quelque chose de beau qui se passe à VOUS-MÊME. AVEZ-VOUStisé. J’aime bien le fait qu’il se soit dé- ce moment précis. BEAUCOUP RÉPÉTÉ ?battu pour tenter d’évoluer, de changer J’ai essayé de mettre les mains surd’horizon, mais pour autant, il est à sa COMMENT S’EST PASSÉE les touches de piano : je savais qu’onvraie place auprès de ces jeunes. D’ail- VOTRE COLLABORATION AVEC pouvait faire la blague ! Mais on n’aleurs, on perçoit dans les scènes avec LOUANE ? pas t rop répété . J ’a i é tud ié avecLouane sa grande générosité : i l e s t Elle était un peu « chez elle » pen- un vrai pianiste qui m’a montré lesanimé par le don de soi pour «sauver» dant le tournage puisque son person- gestes essent ie ls pour que je soisces gamins. Cette qualité, chez lui, m’a nage est au cœur du flm. De mon crédible dans mon interprétation. Etbeaucoup touché. Et puis, ce person- côté, j ’avais seulement une dizaine je me suis aussi préparé avec unenage était drôle à composer: cela me de jours pour tourner l’ensemble de coach pour le chant.faisait sourire de penser qu’il allait tra- mes scènes. On était dans un rap-vailler avec ces élèves à partir du réper- port mentor-élève, e t j ’étais d’unetoire de Michel Sardou… manière comme un prof pour elle qui

ARTISTIQUELISTE Karin VIARD GigiFrançois DAMIENS RodolpheÉric ELMOSNINO ThomassonLouane EMERA PaulaRoxane DURAN MathildeIlian BERGALA GabrielLuca GELBERG QuentinStephan WOJTOWICZ Mr le MaireBruno GOMILA RossigneuxCéline JORRION Journaliste Fr3Jérôme KIRCHER Docteur PugeotClémence LASSALAS KarèneMar SODUPE Mlle Dos SantosManuel WEBER Le vétérinaire

TECHNIQUELISTE Un flm de Éric LARTIGAUHistoire originale de Victoria BEDOSEcrit par Victoria BEDOS et Stanislas CARRÉ DE MALBERGAdaptation Éric LARTIGAU et Thomas BIDEGAINImage Romain WINDINGMontage Jennifer AUGESon Cyril MOISSON – Fred DEMOLDER – Dominique GABORIEAUMusique originale Evgueni et Sacha GALPERINEScripte Bérangère SAINT-BÉZARCostumes Anne SCHOTTECasting Agathe HASSENFORDERDécorateur Olivier RADOTAssistant réalisateur Denis BERGONHEDirecteur de production Jean-Jacques ALBERTProduit par Éric JEHELMANN et Philippe ROUSSELETProduit par Stéphanie BERMANN pour MARS FILMSUne coproduction JERICO - MARS FILMS - FRANCE 2 CINEMA QUARANTE 12 FILMS - VENDOME PRODUCTION NEXUS FACTORY – UMEDIAEn association avec UFUNDAvec la participation de CANAL + - CINE + - FRANCE TELEVISIONS - M6 - D8Avec le soutien de MANON 4Avec le soutien du TAX SHELTER du GOUVERNEMENT FEDERAL DE BELGIQUE et des INVESTISSEURS TAX SHELTER