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Pratiques d'éveil une voie vers la sagesse - Livret sur le Tantra Samkhya Karika Vijnana Bhairava Tantra Siva Sutras Spanda Karika Kula Arnava Tantra Mandukya Upanishad

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Pratiques d'éveilune voie vers la sagesse

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Livret sur le TantraSamkhya Karika

Vijnana Bhairava TantraSiva Sutras

Spanda KarikaKula Arnava Tantra

Mandukya Upanishad

© Pratiquesdeveil.fr - 2012

SAMKHYA KARIKA

Īśvarakṛṣṇa, successeur du sage Kapila

1. Etant frappés par trois sortes de souffrances, la nécessité d’une enquête sur le moyen de leur élimination s’impose. Cette enquête n’est elle pas superflue puisqu’il existe des moyens d’élimination évidents? La réponse est « non» car ces moyens ne sont ni éliminateurs de toutes les souffrances, ni définitifs.2. Le moyen provenant de la révélation védique est de même caractère que les moyens évidents:les deux sont assujettis à l’impureté, au déclin et à l’insatiabilité. Le moyen le meilleur, qui leur est contraire, est la connaissance juste du manifesté, du non manifesté et du connaisseur des phénomènes: Purusa (la Conscience Pure).3. Mulâprakrti, la racine productrice -cause substantielle primordiale de toutes les manifestations objectives et subjectives - n’est pas un produit. Les sept réalités principielles (tattva): mahat et les six autres (1) sont des entités à la fois produites et productrices; les «seize» tattva qui suivent ne sont que produits (2); Purusa, la conscience pure, n’est ni producteur, ni produit.(1) Les « sept » sont: - Mahat, notion de Je non-spécifié - Ahamkâra, notion de Je spécifié- les cinq Tanmâtra, éléments non spécifiés: Sabda à l’audible, Spârsa au tactile, Rûpra au visible, Rasa au goût, Gandha à l’odorat(2) Les « seize » sont: - les onze Indriya, ou instruments de connaissance et d’action:Cinq Jnânendriya, ou les cinq sens qui sont l’ouïe, le toucher, la vue, le goût et l’odorat;Cinq Karmendriya, ou cinq moyens d’action qui sont ceux de la parole, de la préhension, de la locomotion, de l’excrétion, et de la procréation; Manas, le mental.- les cinq Bhûta, aspect spécifié des cinq Tanmâtra.Prakrti est pradhâna (principal ou pré-établi) ce qui contient tout, engendre tout, ce qui est la cause matérielle d’autres principes. Elle représente les Gunas à l’état d’équilibre Elle même, elle n ‘a pas de racine, tout en étant racine de tout, ce qui veut dire qu ‘elle n ‘est dérivée de nul autre.Il s’agit ici de la discrimination (entre purusha et prakrti), à partir de la connaissance du manifesté, on doit remonter jusqu’au non-manifesté qui en est la cause; Et la connaissance de ces deux mène à la découverte du Moi ou Purusha, “l’homme, l’Etre spirituel suprême, éternel subtil et omniprésent, contrepartie. .. du Brahman du Védanta, qui est l’entité spirituelle coéternelle avec la Nature” ou prakrti, “qui s’oppose à elle et à ses dérivés”, le premier des vingt

cinq principes, les autres étant :1: La Nature fondamentale (mula-prakrti) ou simplement prakrti ou encore pradhâna (le pré-établi), existant de toute éternité.2 à 8: les sept dérivés’ (vikrti) de la Nature qui sont: la conscience (buddhi encore appelée le Grand (Mahat); le moi (ahamkâra) : les cinq essences pures (tanmâtra, “ce qui est seulement ce qu’il est‘ des éléments matériels.9 à 24 : les seize modifications (vikâra) qui sont : les cinq facultés de cognition ou conscience (buddhîndriya), c’est à dire, les cinq sens ; les cinq facultés d’action (karmendriva) l’esprit (manas), “organe centralisateur des, données sensorielles et cinesthésiques et élaborateur des idées”, les’ cinq grands éléments (mahâbhûta)4. La perception, l’inférence et le témoignage valide sont reconnus par le Sâmkhya comme les trois Pramâna -moyens propres de la connaissance juste -, car ils recouvrent tous les autres Prmâna reconnus par ailleurs. (Védanta, etc...).5. La perception est la fluctuation mentale qui résulte du contact des sens avec leur objet, et qui confirme la réalité de cet objet.L’inférence est reconnue comme étant de trois sortes (1).Toutes inférence implique deux éléments: linga et Lingî (2).Le témoignage valide est un enseignement oral (3) transmis par un témoin ayant eu la connaissance directe et infaillible des réalités (surtout supra - sensorielles).(1) Inférence d’un effet à partir de sa cause : Pûrvanat. Inférence d’une cause à partir de son effet: SesavatInférence d’une réalité hors de l’atteinte des sens par la considération des lois générales: Sâmânyatodrsta.(2) Linga - L’indice (moins étendu). Lingî- Ce qui est révélé par l’indice (plus étendu)(3) Il arrive que, faute de pouvoir enseigner oralement, le maître laisse un ouvrage écrit qui est alors considéré comme un témoignage valide. Il en est ainsi de l’enseignement des Veda qui, autrefois était transmis oralement, et qui de nos jours, est communiqué par des ouvrages écrits.6. La connaissance du supra-sensoriel est obtenue par une forme de l’inférence, Sâmânyatodrsta (voir kârikâ 5, nota 1). Tout ce qui ne peut être révélé par cette dernière peut l’être par le témoignage valide.7. L’existence d’un objet peut ne pas être connue pour les raisons suivantes:- distance excessive - proximité excessive - infirmité des Indriya (voir kârikâ 3, note 2) - inattention- subtilité de l’objet - objet éclipsé par un écran - objet dominé par le rayonnement d’un autre- objet mêlé à des objets semblables.8. La Prakrti (cause substantielle primordiale) demeure inaperçue en raison de sa subtilité, et non à cause de sa non-existence. Elle existe puisqu’on en prend conscience à travers ses effets (voir kârikâ 3), à la fois de caractères semblables à elle et différents d’elle (1).(1) Semblables - à cause de leur constitution en trois Guna. Différents -c’est à dire impermanents, multiples et possédant une cause (alors que la Prakrti est unique, permanente et sans cause).9. L’effet existe dans sa cause, avant même le processus de production, puisque:- ce qui n’a jamais existé ne peut venir à l’existence- une cause substantielle est indispensable à la production d’un effet- une cause substantielle donnée ne peut produire toutes sortes d’effets- toute cause substantielle contenant en puissance la force adéquate produit l’effet correspondant- l’effet est de même essence que sa cause substantielle et il en est inséparable

10. Caractéristiques du manifesté (l’effet):- le manifesté .provient d’une cause substantielle. est impermanent .n’est pas inhérent à tous les produits. est mobile (1), multiple, contenu dans sa cause. est soluble (2), a des membres (3).est dépendant (de sa cause) -le non manifesté est le contraire du manifesté(1) Mobile - il s’agit en particulier des effets que sont Mahat, Ahamkâra, les Indriya qui, formant le corps subtil, se déplacent d’une vie à l’autre.(2) Soluble -Au moment de la Libération, le Manifesté perd son caractère de Manifesté pour se refondre dans sa cause primordiale, Prakrti.(3) Membres -Ce sont les divers sentiments qui peuvent se manifester indépendamment, mais qui constituent un Tout (c’est à dire un être vivant).11. Caractéristiques générales du manifesté et du non manifesté:Manifesté et non manifesté sont: constitués par les trois Guna, non séparables des trois Guna,objets de l’expérience (1) communs à tous les êtres, non conscients (2), de nature à produire.Purusa est à la fois contraire à eux (manifesté et non manifesté) et semblable à eux (3).(1) Objets de l’expérience sensorielle d’une part, et objets de l’expérience intérieure (nos sentiments de joie, de tristesse...) d’autre part.(2) Non conscients -C’est-à-dire qui ne peuvent pas constater leur propre existence et qui dépendent d’une entité de nature tout à fait différente, la Conscience qui, Elle, peut constater leur existence, tout en étant consciente de sa propre existence par elle-même.(3) Contraire à Prakrti, le non manifesté, car Purusa n’est ni constitué par les trois Guna, ni producteur.Semblable à Prakrti, car Purusa, comme Prakrti, est sans cause.Contraire aux manifestés, car les entités manifestées sont constituées par les trois Guna et dépendent de leur cause, au contraire de Purusa.Semblable aux manifestés car, selon la doctrine du Sâmkhya, Purusa est multiple (voir kârikâ 18).12. Nature, finalité et action des trois Guna. Les trois Guna: Sattva, Rajas, Tamas, sont respectivement:-joie, souffrance, torpeur, dans leur nature, -révélation, mutation, obstruction, dans leur motivation. Chacun d’eux, dans son action, -tend à modifier les autres, -est dépendant des autres,-donne naissance au mouvement des autres, -est indissociable des autres.Le Sattva tout en se fondant sur l’activité (raja) et la contrainte (tamas), sert à illuminer rajas et tamas; le rajas tout en se fondant sur l’illumination et la contrainte, sert à activer sattva et tamas ; le tamas, tout en se fondant. sur l’illumination et l’activité, sert à retenir sattva et rajas.13. Nature des trois Guna. Sattva est léger, révélateur, agréable: Rajas donne l’impulsion, il est mobile:Tamas est lourd et opaque. Ils agissent ensemble, à la manière d’une lampe à huile (1), pour répondre à une nécessité (2).(1) La lumière, dans une lampe à huile, est obtenue grâce à l’ensemble des trois éléments qui constituent la lampe : le récipient, l’huile, la mèche.(2) Toutes les expériences de la vie ainsi que la démarche pour la Libération.14. Indications qui établissent que, même dans la Prakrti non manifestée, se trouvent contenues les caractéristiques du manifesté:- l’existence, dans le non-manifesté (Prakrti) des caractéristiques «non séparables», etc. (voir kârikâ 11) est attestée par la constitution même du non-manifesté en trois Guna.- cette existence est encore attestée par le fait que là où se trouvent absentes les dites

caractéristiques (en Purusa), là sont également absents les trois (Guna).De plus, cette existence des dites caractéristiques dans le non-manifesté est à nouveau confirmée par le fait que l’effet est de même essence que sa cause.1) Tout ce qui est doué de plaisir, de souffrance et d’inertie est dépourvu de discrimination, etc. (par exemple les objets des sens).2) Prakrti, Mahat, etc. sont loués de plaisir, de souffrance et d’inertie.3) Ils sont, par conséquent, dépourvus de discrimination.15. Lois qui attestent une cause non manifestée. L’existence du non-manifesté est établie puisque:-l’effet -le manifesté- est limité (étant en soi spécifié), -cause et effet sont de même essence,-la cause, par son efficience, produit l’effet, -il existe une différence entre cause et effet,-toutes les formes manifestées demeurent non séparées de leur cause (1).(1) Il s’agit d’une part de toutes les formes spécifiées -par exemple,une cruche est indissociable de sa cause, l’argile-d’autre part de l’Univers, qui est indissociable de sa cause, Prakrti, avant la Manifestation et au moment de sa dissolution (pralaya).16. La cause non-manifestée existe. Elle procède continûment de deux manières:-chaque Guna se reproduit, de façon homogène, (1) à l’état de non manifesté,-pendant la Manifestation, les trois Guna produisent collectivement des effets, selon la prépondérance de la particularité en chacun d’eux, à la façon de l’eau (qui épouse différentes formes telles que la glace, la neige, la vapeur d’eau...).(1) Dans le même rapport d’équilibre de forces, les 3 gunas se transforment en eux-même17. Preuves de l’existence de Purusa (la Conscience Pure). Purusa existe puisque:-tout composite est destiné au service d’un autre (1) -il y a absence des caractéristiques des trois (Guna (en Purusa), -il y a un catalyseur derrière tout acte, -il y a un expérimentateur des manifestations de la Prakrti,-existe la tendance à l’isolement (c’est à dire la libération, l’existence sans les associations avec la Prakrti).(1) On observe, dans le monde, qu’une chose formée par la combinaison d’éléments divers, que ceux-ci soient ou non de même nature, n’est pas créé pour elle-même mais pour quelqu’un d’autre. Une maison par exemple formée de plusieurs éléments, n’est pas destinée à elle-même, mais à quelqu’un d’autre: son utilisateur. De même, l’ego, composé des trois guna n’existe pas pour lui-même, mais pour le service d’une autre entité, la Conscience Pure.18. La pluralité de Purusa s’établit par les indices suivants:-la naissance et la mort ont lieu, pour chacun, indépendamment,-l’acuité des instruments (sens et intelligence) varie selon chaque individu,-l’effort (corporel, mental et d’expression verbale) ne se produit pas simultanément chez tous les individus,-dans chaque individu, la prédominance des Guna est différente.19. Du fait que Purusa est de nature opposée à Prakrti (voir kârikâ Il), il s’ensuit que Purusa est le témoin isolé, indifférent, spectateur et non auteur.La prakrti s‘exhibe devant le purusha qui est intelligent et subjectif... Le plaisir et la souffrance s’ont des propriétés des guna le purusha étant au delà du guna, il est absolument libre de tout plaisir, toute souffrance et toute inertie.20. Par le fait que Purusa est la Conscience Pure, le non-conscient Linga -le Manifesté- à cause de son contact avec Purusa, apparaît comme conscient.De la même manière, l’indifférent Purusa semble agissant, en raison des activités appartenant réellement aux trois Guna.

21. Raisons de la manifestation de Prakrti -cause substantielle primordiale-.La Manifestation se réalise par l’union des deux -Purusa et Prakrti- union comparable à celle du paralytique et de l’aveugle:-en vue d’expériences de toutes sortes de Prakrti par Purusa (1),-en vue de l’isolement -Libération- de Purusa, la Conscience Pure (2).(1) Purusa semble expérimenter des manifestations de Prakrti, sous forme de joie et de souffrance.(2) Isolement - il s’agit de la dissociation d’avec la Prakrti, qui englobe tous les phénomènes physiques et mentaux. C’est la prise de conscience par Purusa, le principe spirituel, qui n’est pas de nature à être affecté par les dualités. Cette prise de conscience permet à Purusa d’être à l’abri de toutes sortes de souffrances (voir kârikâ 17).D’après Gaudapâda, le boiteux c’est l’âme (qui a la vision, la clairvoyance, la perspicacité) portée par l’aveugle qui est la Nature. Arrive un moment ou la séparation s’impose, chacune ayant satisfait sa propre mission. Là s’arrête le périple et la collaboration est dissoute.22. Enumération des productions (réalités principielles) de Prakrti -la Cause SubstantiellePrimordiale-:-de Prakrti provient Mahat (le Grand Principe, notion de Je non spécifié),-de Mahat provient Ahamkâra (notion de Je dynamique et spécifié),-d’Ahamkâra proviennent les seize (1),-parmi les seize, des cinq Tanmâtra (éléments non spécifiés) proviennent les cinq (éléments grossiers et spécifiés).(1) Les seize sont: - les cinq Jnanendriya, ou cinq sens, - les cinq Karmendriya, ou cinq moyens d’action,- le Manas, ou mental, - les cinq Tanmâtra, ou cinq éléments non spécifiés. (Voir également le kârikâ 3).23. Description de Buddhi ou Mahat (voir kârikâ 35).-Buddhi est la faculté qui certifie aussi bien les réalités empiriques -une cruche, une fleur, etc.. - que les réalités principielles (Purusa, Prakrti, Mahat.. .);-vertu, sagesse, détachement, pouvoirs supranormaux sont les quatre attributs constituant son caractère sattvique (révélateur). Leurs contraires représentent le caractère tâmasique (obscur) de Buddhi.Le dharma est ce qui cause eu nous la joie et la libération, y compris les fruits de sacrifices et l’exercice de Yoga tel que Patanjali l’enseigne. La connaissance est la manifestation entre le purusha et la prakrti. Le détachement (virâga) est l’absence de passions. les passions etc. (telles matières colorantes de différentes nuances) résident clans le citta (faculté de retenir,). C’est par elles que les Indriva (facultés de connaissance et d’action) se fixent chacun sur ses objectifs respectifs.24. Enumération des productions -réalités principielles- d’Ahamkâra (notion de Je dynamique). Ahamkâra est l’égotisme, la notion de «Je» dynamique dont découlent deux sortes de productions:-les onze (ensemble des Indriya),-les cinq éléments non spécifiés (Tanmâtra).Ahamkâra signifie la faculté d’orienter tout ce que l’on considère (âlocita) et raisonne (mata) vers “moi”: “Je” suis compétent en ceci, tous ces objets des sens “me” sont destinés; ceci “me” regarde donc ‘Je” suis... Cette conscience égocentrique par son opération. singulière n’est qu’ahamkâra sur lequel la buddhi réagit afin de déterminer ce qui doit être effectué par “Moi “.

25. Les onze Indriya sont produits par le caractère sattvique d’Ahamkâra, appelé Vaikrta. Les cinq Tanmâtra (éléments non spécifiés) sont produits par le caractère tâmasique d’Ahamkâra, appelé Bhûtady.Les uns et les autres (Indriya et Tanmâtra) procèdent également du caractère râjasique d’Ahamkâra, appelé Taijasa.26. Les cinq Jnânendriya (moyens de perception) sont : la vue, l’ouïe, l’odorat, le goût, le toucher. Les cinq Karmendrya (moyens d’action) sont: la parole, la préhension, la locomotion, l’excrétion et la procréation.27. Manas, le mental, est à la fois:-Samkalpaka (faculté qui spécifie les perceptions non spécifiées) (1)-et Indriya, puisqu’il procède de la même cause substantielle (Ahamkâra) que les autres Indriya.La pluralité des Indriya résulte de la transformation des trois Guna et aussi de la diversité du monde extérieur.(1) Nos sens reçoivent des impressions vagues venant d’une source extérieure (objet, son...)Le mental y ajoute les éléments complémentaires : nom, attributs, espèce, etc.. qui précisent ces impressions.Manas (esprit) est indispensable tant pour la cognition que pour l’action “celui dont l’esprit est appliqué de façon intense à la contemplation de quelques objets, ne prend aucune considération des impressions causées par des corps sonores sur l’ouïe : donc il est évident que la perception est seulement lorsque l’esprit reçoit l’impression" à en croire Locke. Pareillement, sans la participation de mamas, il ne peut y avoir aucun mouvement de mains, etc.Samkalpa (‘imagination, décision, délibération,) est un don singulier de manas. Il crée des perceptions à partir des données sensorielles. Celle ci modifiées en ahamkâra (qui décide si celà le regarde ou non), colorées par l’équation personnelle, sont prises en main par buddhi qui détermine, selon leur nature, la conduite de chacune. Telle est la méthode de cognition sensorielle dans le Sâmkhya.Malgré sa définition unique, manas n’a cependant pas d’existence en dehors des catégories de facultés, contrairement à buddhi ou ahamkâra. C’est ce dernier qui, modifié par une prédominance de sattva l’engendre tout comme il fait pour les autres facultés (indrya). Les guna se modifient spontanément en ces onze facultés pour le profit du purusha, de même qu’ils produisent les objets extérieurs.28. Les cinq Jnanendriya ont pour fonction de percevoir (Alocana) les cinq éléments grossiers:son, touché etc (1) comme éléments non précisés (voir nota kârikâ 27)Les cinq Karmendriya ont respectivement pour fonction: parler, jouir (sexuellement), déféquer, prendre, se déplacer.(1) Le visible, le son, l’odeur, la saveur, le tangible.29. Les caractéristiques particulières à chacun des trois (Ruddhî, Ahamkâra, Manas - (1) représentent les fonctions qui leur sont propres.Leurs fonctions communes représentent les « cinq souffles vitaux» : prâna, etc (2).(1) Les trois réalités principielles, Buddhi, Ahamkâra et Manas sont considérées comme les instruments internes (antahakarana). Les instruments externes (bahyakarana) sont les dix Indriya.-Buddhî, Ahamkâra, Manas sont considérés comme les instruments internes pour les raisons suivantes:a) ils se trouvent entre: Purusa d’une part -les dix Indriya d’autre part.b) leurs objets (Visaya) sont intérieurs à savoir: -nos sentiments (joie, tristesse...)-les impressions apportées par les dix Indryia (instruments externes).

(2) Les cinq souffles vitaux: Prâna, Apâna, Viyâna, Samâna, Udâna.1 noter, donc, que les souffles vitaux sont issus des dérivés psychologiques (buddhi, ahamkâra et manas) et non des cinq éléments’ immatériels (panca-bhûta), c’est à dire, l’espace, le vent, le feu, l’eau et la terre.30. Les fonctions de l’ensemble des quatre instruments (trois internes et un externe- qui est l’un des cinq sens) sont simultanées ou successives. Que les objets soient perçus ou non perçus, (1) les fonctions des trois impliquent cela (la fonction de l’un des cinq sens).(1) Dans le cas d’inférence, l’objet bien qu’inaperçu nécessite au départ l’opération de l’un des cinq sens.31. Tous les instruments (1) remplissent leur fonction respective en rapport avec leurs besoins mutuels.La cause véritable pour laquelle tous les instruments agissent collectivement n’est autre que Purusârtha - expériences de toutes sortes et libération-, ils ne sont mûs par rien d’autre.(1) Internes (Buddhi, Ahamkâra, Manas) et externes (les 10 Indriya).32. Les instruments sont de treize sortes (voir kârikâ 29). Leurs fonctions sont de recevoir, retenir, révéler.Parmi ces treize, les dix Indriya (voir kârikâ 26) ont dix sortes d’objets qui sont recevables, retenables et révélables.33. Les instruments internes sont de trois sortes (voir kârikâ 29). Les instruments externes, objets de ceux-ci, sont de dix sortes (voir kârikâ 29). Les instruments externes concernent les objets présents, tandis que les internes concernent les objets dans les trois temps -passé, présent, futur.34. Parmi les dix (Indriya), les cinq moyens de perception (connaissance) saisissent les cinq objets dans leurs aspects spécifiés et non spécifiés (grossiers et subtils).Parmi les cinq moyens d’action, la parole a pour seul objet le son (grossier), tandis que chacun des quatre autres concerne les objets constitués par les cinq éléments.35. Puisque Buddhi avec les autres instruments internes (Ahamkâra et Manas) appréhendent tous les objets dans les trois temps, ces trois instruments internes sont les maîtres des portes tandis que le reste -les instruments externes- sont les portes de la perception.36. Ces instruments -hormis Buddhi- qui sont: -différents les uns des autres, -des modifications particulières des trois Guna, -comparable à une lampe à huile, révèlent tous les objets d’expérience de Purusa et les présentent à Buddhi.37. Puisque Buddhi réalise toutes les expériences de Purusa, c’est elle qui discerne la différence subtile entre Pradhâna (Prakrti) (1) et Purusa.(1) Pradhâna: synonyme de Prakrti qui signifie «le Principal », dont découlent les autres réalités principielles (Tattva).Dans ces trois aphorismes, on accorde à la buddhi la place du suprême parmi les facultés (Indriya). Elle est l’instrument principal à accomplir les desseins apparemment contradictoires du purusha, notamment ceux de l’expérience et de la libération. Car la buddhi, par sa proximité avec le purusha, tout en recevant l’ombre de ce dernier et s’identifiant avec sa forme, accomplit du purusha l’expérience de tous les objets; l'expérience consiste en l’appréhension de plaisirs et de souffrances, ce qui existe en buddhi, et celle ci est véritablement la forme du purusha et, par suite, cause au purusha des expériences. Et tout en étant la cause d’expériences la buddhi est en, même temps la cause de la libération puisque c’est elle qui cause la discrimination entre le purusha et la prakrti.38. Les cinq Tanmâtra sont les éléments non spécifiés (éléments subtils) (1). De ceux-ci procèdent Les cinq Bhûta. Ces derniers sont dits spécifiés (éléments grossiers) et comportent le

caractère de la joie, de la souffrance et de l’inertie.(1) Le terme subtil est employé principalement pour désigner les Tanmâtra -éléments non spécifiés.Cependant il est utilisé par ailleurs (kârikâ 39) pour désigner un état affiné des éléments grossiers-spécifiés.Cet état affiné n’est pas perceptible dans notre fonctionnement sensoriel ordinaire. Au moment de la mort, l’être abandonne son corps grossier mais conserve l’état affiné des éléments grossiers. Cet état affiné constitue son «corps véhicule» (Ativâhika Sarîra). Ce «corps véhicule» ne nous est pas perceptible en raison de la capacité habituelle de nos sens. Il peut cependant être perçu dans des circonstances fortuites (apparitions de défunts). L’exemple en est fourni lors de certains événements dans le monde, au cours desquels des gens ordinaires ont vu apparaître des défunts.Mais les yogis, qui ont su développer leurs facultés sensorielles -latentes en chacun de nous -peuvent naturellement voir les « corps véhicules» des défunts.39. Les spécifiés sont de trois sortes: 1/les corps subtils (corps véhicules (voir kârikâ 38) 2/les corps engendrés par les parents 3/les éléments grossiers. Parmi eux les -corps - subtils sont permanents (jusqu’à la libération -moksa) tandis que les corps nés des parents sont périssables.Il s’agit de la matérialisation progressive du pré-établi (pradhâna) depuis les plus hauts degrés de subtilité aux plus basses des formes grossières. Malgré l’existence des tanmâtra et des cinq bhûta sur un même plan, nous avons constaté entre eux une différence très prononcée : les premiers sont indiscernables, les seconds discernables. Distingué veut dire, dans le texte, ce qui peut être qualifié les tanmâtra dépassent toute qualification, tandis que les cinq éléments matériels génèrent plaisir, souffrance ou inertie.40. Le Linga (corps subtil) (1) est formé antérieurement (2), détaché (3), durable -jusqu’à la Libération-, composé des réalités principielles allant de Mahat jusqu’aux éléments subtils (dix-huit Tattva).(Le Linga) transmigre - prend successivement plusieurs corps : céleste, humain ou animal -, est inapte à l’expérience (s’il est dépourvu de corps grossier ou véhicule). Et est imprégné de diverses potentialités (4).(1) Corps subtil : dans ce kârikâ il s’agit du corps composé par les Tanmâtra. Le corps formé par les Tanmâtra n’est pas assujetti aux expériences sensorielles, agréables ou désagréables, en raison même de leur caractère propre qui est non spécifié.Mais ce corps subtil, Linga Sarîra, est indépendant de tous les autres corps: corps véhicule, corps grossier, qui forment des enveloppes autour du Linga Sarîra, qui forment des enveloppes autour du Linga Sarîra. A l’état de veille, les expériences se font simultanément sur ces trois niveaux.(2) Le Linga existe avant la première incarnation de l’être, et par conséquent précède la naissance du corps grossier quelle qu’en soit l’espèce.(3) Le Linga n’est pas lié à un corps particulier et demeure libre de prendre n’importe lequel.(4) Le corps subtil englobe toutes les dispositions bonnes ou mauvaises telles que: sagesse détachement, ignorance, attachement etc... ainsi que la possibilité de s'incarner dans différents corps de n’importe quelle espèce.41. De même qu’un tableau ne peut exister sans support -la toile-, ni l’ombre sans le pilier, etc.., -de même le corps subtil (Linga Sarîra) ne peut exister sans le support des non spécifiés (les cinq "éléments subtils" ou Tanmâtra).Vijnâna-bhikshu souligne, à cette occasion, l’existence d’un troisième corps (autre que le corps physique et le corps subtil) : il s’agit du corps causal (adhishthana), formé par les essences pure des éléments matériels, qui soutient le corps subtil, qui reste éveillé lors d’un sommeil du corps physique.

42. Pour réaliser l’objectif de Purusa (la Conscience Pure), le corps subtil, en conformité avec la loi de cause à effet, et en raison même de l’aspect multiple de Prakrti, se comporte comme un danseur.43. Les dispositions (1) sont naturelles, innées (2) ou acquise (par l‘éducation). Les supports de ces dispositions sont les instruments (nota kârikâ 31).Les états: ovule, foetus, enfance, adulte, etc.. ont pour support l’effet, c’est à dire le corps grossier.(1) Dispositions: vertus ou mauvais penchants.(2) Dans notre mental demeurent toutes les dispositions à l’état potentiel. Chez certains êtres, les bonnes dispositions -c’est à dire la sagesse, le détachement, la maîtrise de soi- sont naturelles. Par conséquent elles se manifestent à la naissance.Dans cette kârikâ, les deux termes: naturelles et innées ont un sens identique.Nos impulsions, bonnes ou mauvaises, appartiennent au mental. Ce sont des états du mental et non de la conscience. Elles se manifestent à travers un support: le corps grossier.44. La vertu conduit vers le haut(1), le vice conduit vers le bas (1). La sagesse conduit vers la libération du corps subtil. Son contraire crée le lien.(1) Vers le haut: c’est à dire les plans supérieurs dans l’évolution.Vers le bas : dégradation dans l’existence présente et même pour les incarnations suivantes.Le haut signifie les sept mondes supérieurs de Brahmâ; le bas comprend la descente dans les corps d’animaux, d’oiseaux, de reptiles, d’arbres, etc., par libération on entend la fin du corps subtil, où le purusha devient l'âme suprême (parama âtmâ) ; la connaissance veut dire la discrimination entre le purusha et la prakrti.- L ‘esclavage peut être :1) naturel (lorsque l’erreur consiste à considérer comme le purusha les huit prakrti soit le Pré-établi, le "grand", le moi, et les cinq essences pures, et à se concentrer sur l’un de ces huit aspects au lieu du purusha : après la mort, on est absorbé par les prakrti)2) dérivé (contempler les modifications, notamment, des éléments, des facultés, de l’intelligence du moi individuel et de les prendre pour le purusha, atteignant ainsi, après la mort, les archétypes de ces modifications)3) charitable (ignorant des Principes et du purusha, lorsqu ‘on cherche le bonheur céleste en s’adonnant aux actes de charité et de l’utilité publique).45. Du détachement provient la dissolution dans Prakrti, de l’attachement râjasique -où prédominent les désirs - provient la transmigration (dans les états célestes, humains...), des pouvoirs supra-normaux (1) provient l’absence d’obstacle. De leurs contraires, l’inverse -les obstacles.(1) Pouvoirs supra-normaux: développement et maîtrise de toutes les facultés. Le yogi ayant atteint cette maîtrise, et qui manifeste la volonté d’accomplir une mission noble, ne rencontrera aucun obstacle dans la réalisation de son souhait.46. La manifestation de Buddhi comprend: la connaissance erronée, les incapacités, les satisfactions et les réussites.Cinquante variétés de cette quadruple manifestations sont produites par la prédominance d’un des Guna, résultant de leur déséquilibre.Dans cette kârikâ, le mot sanscrit Prtyaya est employé comme synonyme de Buddhi.47. Il y a cinq variétés de connaissances erronées, vingt huit sortes d’incapacités dues aux défauts des instruments (voir kârikâ 31), neuf sortes de satisfactions et huit sortes de réussites.48. Il y a huit sortes d’ignorances ainsi que d’illusions, dix de grandes illusions, dix huit de ténèbres ainsi que de ténèbres aveuglantes.

49. Les incapacités sont les infirmités des onze instruments (1) ainsi que les infirmités de Buddhi. Les dix sept sortes d’infirmité de Buddhi résultent de la satisfaction et du manque de réussite.(1) Les infirmités des onze instruments: c’est à dire des sens, des organes d’action et de Manas.50. Des neuf sortes de satisfactions:-quatre concernent la satisfaction du milieu mental (esprit). Ce sont celles de Prakrti, des objets de culte, du temps, du destin. -cinq concernent les satisfactions provenant du renoncement aux objets extérieurs (relatifs aux expériences sensorielles).51. Les réussites sont au nombre de huit: la réflexion, l’enseignement oral, l’étude (des écritures), la destruction des trois souffrances (1), l’obtention des amis (2), la concentration purificatrice. Les trois manifestations de Buddhi, mentionnées avant la réussite, sont les entraves à celle-ci (kârikâ 46: connaissance erronée, incapacité, satisfaction).(1) Les trois souffrances: a/ physique et mentale b/ provenant d’un élément extérieur c/ provenant d’une conjoncture planétaire.(2)Qui aident à comprendre l’enseignement spirituel.L’absence des huit réussites fait partie des infirmités de Buddhi.52. Sans les dispositions (attributs du Linga), le Linga ne peut pas exister et, sans le Linga, les dispositions ne peuvent pas se manifester. C’est pourquoi il y a deux sortes de manifestations:celles des dispositions et celles du Linga -toutes au service de Purusa.53. Les espèces célestes sont de huit sortes, les espèces animales de cinq sortes et il n’y a qu’une seule espèce humaine. Telles sont, en bref, les manifestations des cinq éléments (1).(1) Sous forme de corps: corps céleste, corps animal, corps humain.Les huit espèces de la voie divine peuvent être de provenance de Brahmâ, de Prajâpati ou Maître des créatures, d’Indra ou Seigneur des dieux, de gandharva ou des artistes célestes, des asura ou les entités anti-divines, des yaksha ou gardiens de trésor céleste, des râkshasa ou titans, des piçâca ou vampires. Les cinq espèces de la voie des brutes peuvent être celles des quadrupèdes, des aériens, des rampants, de ceux qui sont horizontaux et des immobiles.54. Dans la manifestation supérieure, celle des Deva, prédomine Sattva.Dans la manifestation inférieure, celle des animaux, prédomine Tamas.Dans la manifestation intermédiaire, celle de l’homme, prédomine Rajas.Telles sont les manifestations depuis Brahmâ (le Créateur) jusqu’aux plantes (Stamba).55. A travers ses manifestations, la conscience individualisée fait l'expérience de la souffrance issue de la vieillesse (1) et de la mort -â cause de son manque de discrimination -tant que le Linga (corps subtil) n’est pas dissout. La souffrance arrive d’une manière naturelle (pour l’être ignorant par voie de conséquence).(1) La vieillesse comprend également les maladies.56. La manifestation depuis Mahat -Buddhi, Moi pur- jusqu’aux cinq éléments spécifiés est faite par la Prakrti en vue de libérer chaque Purusa (Conscience Individualisée). Prakrti se manifeste au service d’une autre -la conscience pure - bien qu’apparemment elle agisse pour elle-même.La création de la prakrti est individualiste : ce n ‘est pas le Suprême (le purusha initial, îçvara) qui la seconde guide et contrôle ; ceci serait, d’ailleurs, impossible car il ne lui est guère possible d’agir. Etant donné qu’il est le pouvoir ou l’énergie de la conscience, incapable de subir une modification, le Brahman ne peut être, non plus, la cause matérielle de la création. Quand à la libération de chaque purusha individuel, nous devons examiner comment la libération d’un purusha ne suffit pas à les libérer tous, et pourquoi l’activité de la prakrti (qui est censée insuffler de l’énergie) peut cesser à l’égard d’un purusha particulier, et comment la création n'est pas à

jamais continue, rendant impossible toute libération.57. De même que le lait, non conscient, apparaît pour nourrir le jeune veau, de même la Prakrti, non consciente se manifeste pour la libération de Purusa.58. De même que les gens agissent pour satisfaire des désirs, de même le non-manifesté –Prakrti- agit pour la libération des Purusa.59. De même qu’une danseuse cesse de danser après avoir joué pour les spectateurs, de même la Prakrti, après s’être montré au Purusa, s’efface, résorbe en elle même ses manifestations.60. La généreuse et bienfaitrice Prakrti, formée des Guna, agit par des moyens très divers pour les besoins -les expériences de toutes sortes et la Libération- des Purusa qui sont dépourvus de Guna et ne lui donnent rien en retour.61. Il n’y a pas plus pudique que Prakrti, telle est ma conviction. S’apercevant qu’elle est vue (par Purusa), elle ne se montre plus à Purusa.62. C’est pourquoi, en réalité, nul - aucun Purusa- n’est lié, ni émancipé, ni ne transmigre. C’est la Prakrti qui, au moyen de plusieurs supports -plusieurs corps-, transmigre, se lie et se libère.63. La Prakrti se lie elle-même au moyen de sept formes -sept dispositions, à l’exception de la connaissance- pour les expériences de Purusa. C’est elle qui, au moyen d’une seule forme - la connaissance juste -, se libère de cet enchaînement des transformations.64. Ainsi, en appliquant la discrimination -concernant les réalités principielles- et du fait de l’absence de l’erreur et du doute, la connaissance véritable apparaît sous les formes suivantes:1/ je ne suis pas (la Prakrti et ses phénomènes)2/ ne m’appartiennent pas (la Prakrti et ses phénomènes)3/ je ne suis pas (l’auteur des phénomènes de la Prakrti).65. De ce fait -suite à la connaissance des réalités principielles - Purusa, établi dans sa propre nature, tel un spectateur, regarde la Prakrti qui, dépourvue des sept formes- dispositions-, a cessé de produire (les phénomènes) faute de nécessité.66. L’un (Purusa) pense: la Prakrti est vue par moi. L’autre (Prakrti) pense: je suis vue -par Purusa. Elle cesse d’agir. Bien que le lien existe, la nécessité de produire n’existe plus.67. La Connaissance Suprême étant parachevée, la cause -l’ignorance- qui engendrait vertus (1), vices, etc... étant annhilée, le sage en raison des Samskâra, accumulés (Prârabdha), vit encore quelques temps, à l’instar de la roue de potier qui continue un moment sur sa lancée.(1) Vertus: qualité morale (honnêteté, charité..) qui facilitent l’évolution vers la vérité fondamentale. Mais, autant que les vices, les vertus sont des fluctuations mentales.Les fluctuations mentales, bonnes ou mauvaises, proviennent de l’identification de Purusa avec Prakrti, et à ce titre représente une ignorance qui doit être éliminée.La sagesse suprême détruit cette identification (Purusa / Prakrti) et par conséquent toutes les fluctuations mentales (y compris les vertus) qui en résultent.Néanmoins l’être humain doit développer les vertus car ce développement est un préalable à la compréhension et à l’approche de la vérité.Les vertus, etc., peuvent être réduites à un état où elles perdent leur pouvoir de résulter en effets. Les dharma (et leurs contraires, les adharma) sont des impressions ou les effets de l’impulsion précédemment reçue. Cet aphorisme veut dire que la délivrance dans cette vie (jivanmukti,) consiste à libérer un purusha incarné avant même de se séparer de son corps. Se libérer de l’esclavage et continuer à vivre dans le corps deviennent compatibles, puisqu’ils dépendent de causes en elles même indépendantes. C'est un fait universel que la délivrance a lieu dès la simple manifestation de la connaissance qui discerne la prakrti du purusha, ce qui veut dire qu'il n ‘est pas nécessaire d’avoir une condition nouvelle ou un autre état, mais de soulever, pour ainsi dire,

un voile ou une ombre, tandis que le corps est le résultat positif de causes positives et dépend de ces mêmes causes tant pour son existence que pour son inexistence. Ces causes sont dharma et adharma (mérites et démérites), que l’on groupe sous le nom de karma. il y a trois catégories de karma :a) prârabdha ou opératifs (en vigueur),b) Samcita ou potentiels (emmagasinés),c) âgâmî ou ceux à venir (futurs)Tout en acquérant la connaissance discriminative, ou rend stériles les grains de samcita karma, qui ne germent plus, ceci écarte, du même coup, toute possibilité de karma futurs (âgâmî).Il reste a régler, alors les karma en vigueur (prârabdha) qui sont issus des actes commis dans des vies antérieures et qui portent fruit (agréables ou déplaisants.) dans la vie courante (actuelle), c’est à dire, c’est la cause de conjonctions avec le corps actuel et de toutes les expériences de la présente existence incarnée. La connaissance discriminative ne les affecte pas et ils (les prârabdha karma) continuent à alimenter le corps jusqu ‘à leur épuisement ou leur fructification complète, dans un cours normal lors que le corps qu‘ils soutenaient s’en détache et tombe. Ainsi, le développement parfait de la connaissance discriminative (entre la prakrti et le purusha.) avant l’épuisement du karma en vigueur, finit par libérer le purusha incarné, mais continue, pendant un certain temps à. souffrir l’encombrement du corps. Telle est la jîvanmukti.68. Par la conviction absolue que la conscience est différente du corps ou bien par le fait (grâce à la Connaissance Fondamentale) que le corps se désagrège en ses cinq éléments, le but de Purusa est atteint, la manifestation de la Prakrti touche à son terme et le sage demeure dans son isolement (voir kârikâ 21) de manière sûre et définitive.69. Cette connaissance abstruse, dans l’intérêt de Purusa, a été révélée par le grand sage Kapila. Dans le but d’acquérir cette connaissance, les processus de la naissance, de l’existence et de la dissolution des êtres ont été approfondis et décrits.70. Cette suprême science sacrée, le sage très compatissant l’a donnée à Âsuri, Âsuri à Pancasikha qui en a développé la doctrine.71. Transmis à travers la lignée ininterrompue des disciples, cet enseignement -conclusion de la doctrine du Sâmkhya- fut ensuite exposé succinctement sous forme de kârikâ (stances Aryâ) par Îsvarkrsna qui en avait la connaissance parfaite.72. L’enseignement contenu dans ces soixante-dix kârikâ représente la totalité de l’ouvrage appelé Sasti Tantra (1) de Pancasikha -à l’exclusion toutefois des anecdotes et des réfutations des écoles adverses.(1) Sasti Tantra: avant le présent ouvrage, la doctrine du Sâmkhya avait été exposée en soixante aphorismes par le sage Pancasikha.73. De même qu’une très grande statue peut se refléter dans un petit miroir, la très vaste étude que représente le Sasti Tantra est révélée dans ce modeste ouvrage qu’est le Sâmkhya Kârikâ.

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Extrait de SAMKHYA KARIKA - Swami Shraddhananda Giri - Ed. du TrigrammeTexte et et commentaires du site: pratiquesduyoga.com

VIJNANA BHAIRAVA TANTRA

Bhaïrava et Bhaïravi, amoureusement unis dans la même connaissance, sortirent de l'indifférencié pour que leur dialogue illumine les êtres.

1. Bhaïravi, la Shakti de Bhaïrava dit: Ô Dieu, toi qui manifeste l'univers et te joue de cette manifestation, tu n'es autre que mon Soi. J'ai reçu l'enseignement du Trika qui est la quintessence de toutes les écritures sacrées cependant, j'ai encore quelques doutes. 2-4. Ô Dieu, du point de vue de la réalité absolue, quelle est la nature essentielle de Bhaïrava? Réside-t-elle dans l'énergie liée aux phonèmes? Dans la réalisation de la nature essentielle liée à Bhaïrava? Dans un mantra particulier? Dans les trois Shakti? Dans la présence du mantra vivant dans chaque mot? Dans le pouvoir du mantra présent dans chaque particule de l'univers? Réside-t-elle dans les chakra ? Dans le son ha? Ou bien est-ce uniquement la Shakti? 5-6. Ce qui est composé est-il issu de l'énergie immanente et transcendante ou ne ressort-il que de l'énergie immanente? Si ce qui est composé ne ressort que de l'énergie transcendante, la transcendance même n'aurait alors plus d'objet. La transcendance ne peut être différenciée en sons et en particules car sa nature indivise ne lui permet pas de se trouver dans le multiple. 7-10. Ô Seigneur, que ta grâce abolisse mes doutes!

Parfait! Parfait! Tes questions, Ô Bien-aimée, forment la quintessence des Tantra. Je vais t'exposer un savoir secret. Tout ce qui est perçu comme une forme composée de la sphère de Bhaïrava doit être considéré comme une fantasmagorie, une illusion magique, une cité fantôme suspendue dans le ciel. Une telle description n'a comme objet que de pousser ceux qui sont en proie à l'illusion et aux activités mondaines à se tourner vers la contemplation. De tels enseignements sont destinés à ceux qui sont intéressés par les rites et les pratiques extérieures et sont soumis à la pensée dualisante. 11-13. Du point de vue absolu, Bhaïrava n'est associé ni aux lettres, ni aux phonèmes, ni aux trois Shakti, ni à la percée des chakra, ni aux autres croyances, et la Shakti ne compose pas son essence. Tous ces concepts exposés dans les écritures sont destinés à ceux dont l'esprit est encore trop immature pour saisir la réalité suprême. Ils ne sont que des friandises destinées à inciter les aspirants à une voie de conduite éthique et à une pratique spirituelle afin qu'ils puissent un jour réaliser que la nature ultime de Bhaïrava n'est pas séparé de leur propre Soi. 14-17. L'extase mystique n'est pas soumise à la pensée dualisante, elle est totalement libérée des notions de lieu, d'espace et de temps. Cette vérité ne peut être touchée que par l'expérience. On ne peut l'atteindre que lorsqu'on

se libère totalement de la dualité, de l'ego, et qu'on s'établit fermement dans la plénitude de la conscience du Soi. Cet état de Bhaïrava est gorgé de la pure félicité de la non différenciation du tântrika et de l'univers, lui seul est la Shakti. Dans la réalité de sa propre nature ainsi reconnue et contenant l'univers entier, on touche à la plus haute sphère. Qui donc pourrait être adoré? Qui donc pourrait être comblé par cette adoration? Seule cette condition de Bhaïrava reconnue comme suprême est la grande Déesse. 18-19. Comme il n'y a plus de différence entre la Shakti et celui qui la possède, ni entre substance et objet, la Shakti est identique au Soi. L'énergie des flammes n'est autre que le feu. Toute distinction n'est qu'un prélude à la voie de la véritable connaissance. 20-21. Celui qui accède à la Shakti, saisit la non-distinction entre Shiva et Shakti et passe la porte d'accès au divin. Ainsi qu'on reconnaît l'espace illuminé par les rayons du soleil, ainsi reconnaît-on Shiva grâce à l'énergie de Shakti qui est l'essence du Soi. 22-23. Ô Dieu suprême! Toi qui porte un trident et un collier de crânes, comment atteindre la plénitude absolue de la Shakti qui transcende toute notion, toute description et abolit le temps et l'espace? Comment réaliser cette non dualité avec l'univers? Dans quel sens dit-on que la suprême Shakti est la porte secrète de l'état Bhaïravien? Peux-tu répondre par le langage conventionnel à ces questions absolues? 24. La suprême Shakti se manifeste lorsque le souffle inspiré et le souffle expiré naîssent et s'éteigent aux deux points situés en haut et en bas. Ainsi, entre deux respirations, fais l'expérience de l'espace infini. 25. A travers le mouvement et l'arrêt du souffle, entre l'expiration et l'inspiration, lorsqu'il s'immobilise aux deux points extrêmes, coeur intérieur et coeur extérieur, deux espaces vides te seront révélés: Bhaïrava et Bhaïravi. 26. Le corps relâché au moment de l'expiration et de l'inspiration, perçois, dans la dissolution de la pensée duelle, le coeur, centre de l'énergie ou s'écoule l' essence absolue de l'état Bhaïravien. 27. Lorsque tu as inspiré ou expiré complètement et que le mouvement s'arrête de lui-même, dans cette pause universelle et paisible, la notion du "moi" disparaît et la Shakti se révèle. 28. Considère la Shakti comme une vive luminosité, de plus en plus subtile, portée de centre en centre, de bas en haut, par l'énergie du souffle, au travers de la tige de lotus. Lorsqu'elle s'apaise dans le centre supérieur, c'est l'éveil de Bhaïrava. 29. Le coeur s'ouvre et, de centre en centre, la Kundalini s'élance comme l'éclair. Alors se manifeste la splendeur de Bhaïrava. 30. Médite sur les douze centres d'énergie, les douze lettres conjointes et libère-toi de la matérialité pour atteindre à la suprême subtilité de Shiva. 31. Concentre l'attention entre les deux sourcils, garde ton esprit libre de toute pensée dualisante, laisse ta forme se remplir avec l'essence de la

respiration jusqu'au sommet de la tête et là, baigne dans la spatialité lumineuse. 32. Imagine les cinq cercles colorés d'une plume de paon comme étant les cinq sens disséminés dans l'espace illimité et réside dans la spatialité de ton propre coeur. 33. Vide, mur, quel que soit l'objet de contemplation, il est la matrice de la spatialité de ton propre esprit. 34. Ferme les yeux, vois l'espace entier comme s'il était absorbé par ta propre tête, dirige le regard vers l'intérieur, et là, vois la spatialité de ta vraie nature. 35. Le canal central est la Déesse, telle une tige de lotus, rouge à l'intérieur, bleue à l'extérieur. Il traverse ton corps. En méditant sur sa vacuité interne, tu accéderas à la spatialité divine. 36. Bouche les sept ouvertures de la tête avec tes mains et fonds-toi dans le bindu, l'espace infini, entre les sourcils. 37. Si tu médites dans le coeur, dans le centre supérieur ou entre les deux yeux, se produira l'étincelle qui dissoudra la pensée discursive, comme lorsqu'on effleure les paupières avec les doigts. Tu te fondras alors dans la conscience suprême. 38. Entre dans le centre du son spontané qui vibre de lui-même comme dans le son continu d'une cascade, ou, mettant les doigts dans les oreilles, entend le son des sons et atteins Brahman, l'immensité. 39. Ô Bhaïravi, chante OM , le mantra de l'union amoureuse de Shiva et Shakti, avec présence et lenteur. Entre dans le son et lorsqu'il s'éteint, glisse dans la liberté d'être. 40. Concentre-toi sur l'émergence ou la disparition d'un son puis accède à la plénitude ineffable du vide. 41. En étant totalement présent au chant, à la musique, entre dans la spatialité avec chaque son qui émerge et se dissout en elle. 42. Visualise une lettre, laisse-toi remplir par sa luminosité. La conscience ouverte, entre dans la sonorité de la lettre, puis dans une sensation de plus en plus subtile. Lorsque la lettre se dissout dans l'espace, sois libre. 43. Lorsque tu saisis la spatialité lumineuse de ton propre corps irradiant dans toutes les directions, tu te libères de la dualité et t'intègres à l'espace. 44. Si tu contemples simultanément la spatialité du haut et celle de la base, l'énergie hors du corps te porte au delà de la pensée dualisante. 45. Réside simultanément dans la spatialité de la base, dans celle du coeur et dans celle du sommet. Ainsi, par l'absence de pensée dualisante, s'épanouit la conscience divine. 46. En un instant, perçois la non-dualité en un point du corps, pénètre cet espace infini et accède à l'essence libérée de la dualité. 47. Ô femme aux yeux de gazelle, laisse l'éther pénétrer ton corps, fonds-toi dans l'indicible spatialité de ton propre esprit.

48. Suppose que ton corps est pure spatialité lumineuse contenue par la peau et accède au sans limite. 49. Ô Beauté! les sens disséminés dans l'espace du coeur, perçois l'essence de la Shakti comme une poudre d'or d'une indicible finesse qui scintille en ton coeur et de là se déverse dans l'espace. Alors tu connaîtras la béatitude suprême. 50. Lorsque ton corps est tout entier pénétré de conscience, l'esprit unipointé se dissout dans le coeur et tu pénètres alors la réalité. 51. Fixe ton esprit dans le coeur en te livrant aux activités du monde, ainsi l'agitation disparaîtra et en quelques jours tu connaîtras l'indescriptible. 52. Concentre-toi sur un feu de plus en plus ardent qui monte de tes pieds et te consume entièrement. Lorsqu'il ne reste que cendres dispersées par le vent, connais la tranquillité de l'espace qui retourne à l'espace. 53. Vois le monde entier transformé en un gigantesque brasier. Puis, lorsque tout n'est que cendre, entre dans la béatitude. 54. Si les tattva de plus en plus subtils sont absorbés en leur propre origine, la suprême Déesse te sera révélée. 55. Arrive à une respiration intangible, concentrée entre les deux yeux, puis lorsque naît la lumière laisse descendre la Shakti jusqu'au Coeur et là, dans la présence lumineuse, au moment de l'endormissement, atteins la maîtrise des rêves et connais le mystère de la mort elle-même. 56. Considère l'univers entier comme s'il se dissolvait dans des formes de plus en plus subtiles jusqu'à sa fusion dans la pure conscience. 57. Si tu médites sur le Shiva tattva qui est la quintessence de l'univers entier sans connaître de limite dans l'espace, tu connaîtras l'ultime extase. 58. Ô Grande Déesse! Perçois la spatialité de l'univers et deviens la jarre qui le contient. 59. Regarde un bol ou un récipient sans en voir les côtés ou la matière. En peu de temps prends conscience de l'espace. 60. Séjourne dans un lieu infiniment spacieux, dépourvu d'arbres, de collines, d'habitations; laisse ton regard se dissoudre dans l'espace vierge, de là vient la détente de l'esprit. 61. Dans l'espace vide qui sépare deux instants de conscience, se révèle la spatialité lumineuse. 62. Au moment précis ou tu as l'impulsion de faire quelque chose, arrête-toi. Alors n'étant plus dans l'impulsion qui précède ni dans celle qui suit, la réalisation s'épanouit avec intensité. 63. Contemple les formes indivises de ton propre corps et celles de l'univers entier comme étant d'une même nature, ainsi, ton être omniprésent et ta propre forme reposeront dans l'unité et tu atteindras la nature de la conscience. 64. Dans toute activité, concentre-toi sur l'espace qui sépare l'inspiration de l'expiration. Ainsi, accède à la félicité.

65. Ressens ta substance: os, chair et sang, saturée par l'essence cosmique, et connais la suprême félicité. 66. Ô Belle aux yeux de gazelle, considère les vents comme ton propre corps de félicité. Au moment où tu frémis, accède à la présence lumineuse. 67. Lorsque tes sens frémissent et que ta pensée atteint l'immobilité, entre dans l'énergie du souffle, et, au moment où tu sens un fourmillement, connais la joie suprême. 68. Lorsque tu pratiques le rituel sexuel, que la pensée réside dans le frémissement des sens comme le vent dans les feuilles, accède alors à la félicité spatiale de l'extase amoureuse. 69. Au début de l'union, sois dans le feu des énergies libérées par la jouissance intime; fonds-toi dans la divine Shakti et continue de brûler dans l'espace sans connaître les cendres à la fin. Ces délices sont en réalité ceux du Soi. 70. Ô Déesse! La jouissance de la félicité intime née de l'union peut se reproduire à tout moment par la présence lumineuse de l'esprit qui se remémore intensément cette jouissance. 71. Lorsque tu retrouves un être aimé, sois totalement dans cette félicité et pénètre cet espace lumineux. 72. Lors de l'euphorie et de l'expansion causée par les mets et les boissons délicats, sois tout entier dans cette délectation et, à travers elle, goûte à la suprême félicité. 73. Fonds-toi dans la joie éprouvée lors de la jouissance musicale ou dans celle qui ravit les autres sens. Si tu n'es plus que cette joie, tu accèdes au divin. 74. Là où tu trouves satisfaction, l'essence de la félicité suprême te sera révélée si tu demeures en ce lieu sans fluctuation mentale. 75. Au moment de t'endormir, lorsque le sommeil n'est pas encore venu et que l'état de veille disparaît, à cet instant précis, connais la suprême Déesse. 76. En été, lorsque ton regard se dissout dans le ciel, clair à l'infini, pénètre dans cette clarté qui est l'essence de ton propre esprit. 77. L'entrée dans la spatialité de ton propre esprit se produit au moment où l'intuition se libère par la fixité du regard, la succion ininterrompue de l'amour, les sentiments violents, l'agonie ou la mort. 78. Assis confortablement pieds et mains dans le vide, accède à l'espace de la plénitude ineffable. 79. Dans une position confortable, les mains ouvertes à la hauteur des épaules, une zone de spatialité lumineuse se diffuse graduellement entre tes aisselles, elle ravit le coeur et cause une paix profonde. 80. En fixant le regard sans cligner sur un galet, un morceau de bois, ou tout autre objet ordinaire, la pensée perd tout support et accède rapidement à Shiva/Shakti.

81. La bouche ouverte, place ton esprit dans ta langue au centre de la cavité buccale, avec l'expiration émets le son HA et connais la présence paisible au monde. 82. Lorsque tu es allongé, vois ton corps comme privé de support. Laisse ta pensée se dissoudre dans l'espace, alors le contenu de la conscience de tréfonds se dissoudra lui aussi, et tu connaîtras la pure présence, libérée du rêve. 83. Ô Déesse, jouis de l'extrême lenteur des mouvements de ton corps, d'une monture, d'un véhicule, et, I'esprit paisible, coule-toi dans l'esprit divin. 84. Le regard ouvert sur un ciel très pur, sans cligner, la tension se dissout avec le regard, et là, tu atteins la merveilleuse stabilité Bhaïravienne. 85. Pénètre dans la spatialité lumineuse de Bhaïrava disséminée dans ta propre tête, sors de l'espace et du temps, sois Bhaïrava. 86. Quand tu accèdes à Bhaïrava en dissolvant la dualité à l'état de veille, que cette présence spatiale continue dans le rêve, et que tu traverses ensuite la nuit du sommeil profond comme la forme même de Bhaïrava, connais l'infinie splendeur de la conscience éveillée. 87. Pendant une nuit noire et sans lune, les yeux ouverts sur les ténèbres, laisse ton être tout entier se fondre dans cette obscurité et accède à la forme de Bhaïrava. 88. Les yeux clos dissous-toi dans l'obscurité, puis, ouvre les yeux et identifie-toi à la forme terrible de Bhaïrava. 89. Lorsqu'un obstacle s'oppose à la satisfaction d'un sens, saisis cet instant de vacuité spatiale qui est l'essence de la méditation. 90. Prononce de tout ton être un mot finissant par le son "AH" et dans le "H" laisse toi emporter par le flot de sagesse qui surgit. 91. Lorsqu'on fixe son esprit libéré de toute structure sur le son final d'une lettre, l'immensité se révèle. 92. Marchant, dormant, rêvant, la conscience ayant abandonné tout support, connais-toi en tant que présence lumineuse et spatiale. 93. Pique un endroit de ton corps et, par ce point unique, accède au domaine lumineux de Bhaïrava. 94. Lorsque par la contemplation se révèle la vacuité de l'ego, de l'intellect agissant et de l'esprit, toute forme devient un espace illimité et la racine même de la dualité se dissout. 95. L'illusion perturbe, les cinq cuirasses obstruent la vision, les séparations imposées par la pensée dualisante sont artificielles. 96. Lorsque tu prends conscience d'un désir, considère-le le temps d'un claquement de doigt, puis soudain abandonne-le. Alors il retourne à l'espace duquel il vient de surgir. 97. Avant de désirer, avant de savoir :"Qui suis-je, où suis-je ?", telle est la vraie nature du "Je". Telle est la spatialité profonde de la réalité.

98. Lorsque désir et savoir se sont manifestés, oublie l'objet de ce désir ou de ce savoir et fixe ton esprit sur le désir et le savoir libérés de tout objet comme étant le Soi. Alors tu atteindras la réalité profonde. 99. Toute connaissance particulière est de nature fallacieuse. Lorsque se manifeste la soif de connaître, réalise immédiatement la spatialité de la connaissance elle-même et sois Shiva/Shakti. 100. La conscience est partout, il n'y a aucune différenciation, réalise cela profondément et triomphe ainsi du temps. 101. En état de désir extrême, de colère, d'avidité, d'égarement, d'orgueil ou d'envie, pénètre dans ton propre coeur et découvre l'apaisement sous-jacent à ces états. 102. Si tu perçois l'univers tout entier comme une fantasmagorie, une joie ineffable surgira en toi. 103. Ô Bhaïravi! ne réside ni dans le plaisir ni dans la souffrance, mais sois constamment dans la réalité ineffable et spatiale qui les relie. 104. Lorsque tu réalises que tu es en toute chose, l'attachement au corps se dissout, la joie et la félicité se lèvent. 105. Le désir existe en toi comme en toute chose. Réalise qu'i1 se trouve aussi dans les objets et dans tout ce que l'esprit peut saisir. Alors découvrant l'universalité du désir, pénètre son espace lumineux. 106. Tout être vivant perçoit sujet et objet, mais le tântrika réside dans leur union. 107. Ressens la conscience de chaque être comme ta propre conscience. 108. Libère l'esprit de tout support et accède à la non-dualité. Alors, Femme aux yeux de gazelle, le soi limité devient le Soi absolu. 109. Shiva est omniprésent, omnipotent et omniscient. Puisque tu as les attributs de Shiva, tu es semblable à lui. Reconnais le divin en toi. 110. Les vagues naissent de l'océan et s'y perdent , les flammes montent puis s'éteignent, le soleil surgit puis disparaît. Ainsi tout trouve sa source dans la spatialité de l'esprit et y retourne. 111. Erre ou danse jusqu'à l'épuisement, dans une totale spontanéité. Puis, brusquement, laisse-toi tomber sur le sol et, dans cette chute, sois entière. Alors se révèle l'essence absolue. 112. Suppose que tu es graduellement privée d'énergie et de connaissance, à l'instant de cette dissolution, ton être véritable te sera révélé. 113. Ô Déesse, écoute l'ultime enseignement mystique: il suffit de fixer son regard sur l'espace, sans cligner, pour accéder à la spatialité de ton propre esprit. 114. Arrête la perception du son en te bouchant les oreilles. En contractant l'anus, entre en résonance et touche ce qui n'est soumis ni à l'espace ni au temps. 115. Au bord d'un puits, sonde, immobile, sa profondeur jusqu'à l'émerveillement et fonds-toi dans l'espace.

116. Lorsque ton esprit vagabonde extérieurement ou intérieurement, c'est là précisément que se trouve l'état shivaïte. Où donc la pensée pourrait-elle se réfugier pour ne plus savourer cet état ? 117. L'esprit est en toi et tout autour de toi. Lorsque tout est pure conscience spatiale, accède à l'essence de la plénitude. 118. Dans la stupeur ou l'anxiété, à travers l'expérience des sentiments extrêmes, quand tu surplombes un précipice, que tu fuis le combat, que tu connais la faim ou la terreur, ou même lorsque tu éternues, l'essence de la spatialité de ton propre esprit peut être saisie. 119. Lorsque la vue d'un certain lieu fait émerger des souvenirs, laisse ta pensée revivre ces instants, puis, lorsque les souvenirs s'épuisent, un pas plus loin, connais l'omniprésence. 120. Regarde un objet, puis, lentement, retire ton regard. Ensuite, retire ta pensée et deviens le réceptacle de la plénitude ineffable. 121. L'intuition qui émerge de l'intensité de l'adoration passionnée s'écoule dans l'espace, libère et fait accéder au domaine de Shiva/Shakti. 122. L'attention fixée sur un seul objet, on pénètre tout objet. Qu'on se relâche alors dans la plénitude spatiale de son propre Soi. 123. La pureté exaltée par les religieux ignorants semble impure au tântrika. Affranchis-toi de la pensée dualisante, et ne reconnais rien comme pur ou impur. 124. Saisis que la réalité spatiale de Bhaïrava est présente en toute chose, en tout être, et sois cette réalité. 125. Le bonheur réside dans l'égalité entre les sentiments extrêmes. Réside dans ton propre coeur et accède à la plénitude. 126. Libère-toi de la haine comme de l'attachement. Alors ne connaissant ni répulsion ni lien, glisse-toi dans le divin en ton propre coeur. 127. Toi, au coeur ouvert et doux, médite sur ce qui ne peut être connu, sur ce qui ne peut être saisi. Toute la dualité étant hors d'atteinte, où donc la conscience pourrait-elle se fixer pour échapper à l'extase ? 128. Contemple l'espace vide, accède à la non-perception, à la non-distinction, à l'insaisissable, par-delà l'être et le non-être: Touche au non-espace. 129. Lorsque la pensée se dirige vers un objet, utilise cette énergie. Dépasse l'objet, et là, fixe la pensée sur cet espace vide et lumineux. 130. Bhaïrava est un avec ta conscience lumineuse, en chantant le nom de Bhaïrava, tu deviens Shiva. 131. Lorsque tu affirmes :"j'existe", "je pense ceci ou cela", "telle chose m'appartient", accède à ce qui n'a pas de fondement et, au-delà de telles affirmations, connais l'illimité et trouve la paix. 132. "Éternelle, omnisciente, sans support, Déesse de tout le manifesté..." Sois celle-là et accède à Shiva/Shakti. 133. Ce que tu appelles l'univers est une illusion, une apparition magique.

Pour être heureux, considère-le tel quel. 134. Sans la pensée dualisante, par quoi la conscience pourrait-elle être limitée ? 135. En réalité, lien et libération n'existent que pour ceux qui sont terrifiés par le monde et méconnaissent leur nature fondamentale. L'univers se reflète en l'esprit comme le soleil sur les eaux. 136. A l'instant où ton attention s'éveille par l'intermédiaire des organes des sens, pénètre dans la spatialité de ton propre coeur 137. Lorsque connaissance et connu sont d'une essence unique, le Soi resplendit. 138. Ô, bien-aimée, lorsque l'esprit, l'intellect, l'énergie et le soi limité disparaissent, alors surgit le merveilleux Bhaïrava! 139. Ô Déesse, je viens de t'exposer cent douze dhâranâ. Celui qui les connais échappe à la pensée dualisante et atteint la connaissance parfaite. 140. Celui qui réalise une seule de ces dhâranâ devient Bhaïrava en personne. Sa parole s'accomplit dans l'acte et il obtient le pouvoir de transmettre ou non la Shakti. 141-144. Ô Déesse, l'être qui maîtrise une seule de ces pratiques se libère de la vieillesse et de la mort, il acquiert les pouvoirs supranormaux, les yogini et les yogi le chérissent et il préside à leurs réunions secrètes. Libéré au sein même de l'activité et de la réalité, il est libre.

La Déesse dit: Ô Seigneur, qu'on suive cette réalité merveilleuse qui est la nature de la Shakti suprême! Qui donc est adoré? Qui est l'adorateur? Qui entre en contemplation? Qui est contemplé? Qui reçoit l'oblation et qui en fait l'offrande? A qui sacrifie-t-on et quel est le sacrifice? Ô Femme aux yeux de gazelle, toutes ces pratiques sont celles de la voie extérieure et correspondent aux aspirations grossières. 145. Seule cette contemplation de la plus haute réalité est la pratique du tantrikâ. Ce qui résonne spontanément en soi est la formule mystique. 146. Un esprit stable et dépourvu de caractéristiques, voilà la vraie contemplation. Les visualisations imagées des divinités ne sont que des artifices. 147. L'adoration ne consiste pas en offrandes mais en la réalisation que le coeur est la suprême conscience dégagée de la pensée dualisante. Dans la parfaite ardeur, Shiva/Shakti se dissolvent dans le Soi. 148. Si l'on pénètre un seul des yoga décrits ici, on connaîtra une plénitude s'étendant de jour en jour jusqu'à la plus haute perfection. 149. Lorsqu'on jette dans le feu de la suprême réalité, les cinq éléments, les sens et leurs objets, l'esprit dualisant et la vacuité même, alors il y a réelle offrande aux Dieux. 150-151. Ô Déesse suprême, ici, le sacrifice n'est rien d'autre que la

satisfaction spirituelle caractérisée par la félicité. Le vrai lieu de pèlerinage, O Pârvati, est l'absorption en la Shakti qui détruit toute souillure et protège tous les êtres. Comment pourrait-il y avoir d'autre adoration et qui donc la recevrait? 152. L'essence du Soi est universelle. Elle est autonomie, félicité et conscience. L'absorption dans cette essence est le bain rituel. 153. Les offrandes, l'adorateur, la suprême Shakti ne sont qu'un. Ceci est l'adoration profonde. 154. Le souffle sort, le souffle entre, de lui-même sinueux. Parfaitement accordée au souffle, Kundalini, la Grande Déesse, se dresse. Transcendante et immanente, elle est le plus haut lieu de pèlerinage. 155. Ainsi, profondément établi dans le rite de la grande félicité, pleinement présent à la montée de l'énergie divine, grâce à la Déesse, le yogin atteindra le suprême Bhaïrava. 155b-156. L'air est exhalé avec le son SA puis inhalé avec le son HAM. Alors la récitation du mantra HAMSA est continue. La respiration est le mantra, répété vingt et un mille fois, nuit et jour, c'est le mantra de la suprême Déesse. 157-160. Ô Déesse, je viens de t'exposer les enseignements mystiques ultimes que rien ne surpasse. Qu'ils ne soient transmis qu'aux êtres généreux, à ceux qui vénèrent la lignée des Maîtres, aux intelligences intuitives libérées de l'oscillation cognitive et du doute et à ceux qui les mettront en pratique. Car sans pratique, la transmission se dilue, et ceux qui ont eu la merveilleuse occasion de recevoir ces enseignements retournent à la souffrance et à l'illusion alors qu'ils ont eu un trésor éternel entre les mains. Ô Dieu, j'ai maintenant saisi le coeur des enseignements et la quintessence des tantra. Il faudra quitter cette vie mais pourquoi renoncererait-on au coeur de la Shakti? Ainsi qu'on reconnaît l'espace illuminé par les rayons du soleil, ainsi reconnaît-on Shiva grâce à l'énergie de Shakti qui est l'essence du Soi. Alors Shiva et Shakti, rayonnant de béatitude, s'unirent à nouveau dans l'indifférencié.

* * *

© Albin Michel, 1998 - extrait de "Tantra Yoga, le V.b. tantra"traduit et commenté par Daniel Odier

SHIVA SUTRAS

LIVRE 1 : LA VOIE DE SHIVA

I.1 – Chaitanyam atmaLa (pure) Conscience (cosmique) est le Soi.

I.2 – Jnanam bandhaLa connaissance limitée est le lien.

I.3 – Yonivargah KalashariramLa source de l’illusion et le corps de l’activité fragmentatrice « forment le lien ».

I.4 – Jnanadhisthanam matrikaC’est la mère, ou le pouvoir contenu dans les lettres de l’alphabet (de A à Ksha) qui est la racine de la connaissance limitée.

I.5 – Udyamo bhairavaLa pure élévation est Bhairava (l’Absolu).

I.6 – Shaktichakrasamdhane vishvasamharahEn se recueillant profondément sur la roue des énergies (qui sous-tend la totalité des énergies), il y a disparition de l’univers (comme quelque chose de séparée de la conscience).

I.7 – Jagratsvapnashushuptabhede turiyabhogasambhavahOn peut expérimenter la béatitude de Turiya (le 4ème état) dans les trois autres : veille, rêve et sommeil profond.

I.8.9 et 10 – Jnanam jagrat svapno vikalpah aviveko mayasaushuptamL’état de veille est caractérisé par la connaissance, l’état de rêve en pensées dualisantes et l’état de sommeil profond avec l’illusion ou absence de discrimination.

I.11 – Tritaya bhokta vieshahC’est Shiva (le Seigneur suprême) qui jouit des trois états de veille, rêve et sommeil profond, qui est le Maître (le Souverain des héros) des sens.

I.12 – Vismayo yogabhimikahLes étapes du Yoga sont remplies d’émerveillement.

I.13 – Icchashaktir Uma kumariLe pouvoir du Je (la volonté de Shiva) est Uma la vierge.

I.14 – Drshyam shariramLe perceptible (tout ce qui existe) est le corps (du Soi).

I.15 – Hrdaye cittasamgattad drshyasvapadadarshanamEn faisant fusionner le milieu mental dans la lumière de la pure conscience, tout ce qui est perceptible et le vide sont vus (à la lumière de la conscience).

I.16 – Shuddhatattvasamdhanat va’pashushaktiEn s’absorbant (recueillement parfait) dans le pur élément (le Yogin) obtient l’énergie illimitée (Chiti).

I.17  –  Vitarka atmajnanamSon discernement est connaissance du Soi…

I.18  –  Lokanandah samadhisukhamLe délice du samadhi (pour un tel Yogin) est la béatitude du monde.

I.19  –  Shaktisamdhane shariropattihPar l’absorption dans Iccha Shakti (le Yogin acquiert) la possibilité de créer des corps.

I.20  –  Bhutasamdhanabhutaprthaktva ishvasamgattah(Il y a aussi la possibilité) d’unir les éléments, de les séparer et de les unir (fusion) au tout.

I.21  –  Shuddhavidyodayac cakreshatva siddhiPar la révélation de la pure connaissance (le Yogin) acquiert la maîtrise sur les pouvoirs cosmiques (la roue des énergies).

I.22  –  Mahahranusamdhanam mantraviryanubhavahPar l’absorption dans le grand lac, (le Yogin) obtient l’expérience de l’efficience des mantras.

LIVRE 2 :  LA VOIE DE L’ÉNERGIE II.1  –  Cittam mantrah

L’esprit n’est pas distinct du verbe sacré.II.2  –  Prayatnah sadhakah

L’acte zélé et spontané est la pratique (efficace dans ce cas là).II.3  –  Vidyaasharirasatta mantrarahasyam

Le secret du verbe divin, c’est l’existence (en soi) d’un corps de (pure) science.II.4  –  Garbhe cittavisako’vishishtavidiasvapnah

L’épanouissement de l’esprit dans Maya (se limite) en une connaissance illusoire (semblable à un rêve).

II.5  –  Vidyasamutthane svabhavike khecari shivavasthaA l’émergence (spontanée) de la connaissance suprême (absorbe toi dans l’énergie) qui vogue dans l’espace infini de la conscience : l’état de Shiva.

II.6  –  Gurur upayahLe Maître spirituel est la Voie.

II.7  –   Matrkacakrasambodhah(Un tel Guru permet) l’absorption profonde dans la roue des phonèmes.

II.8  –  Shariram havihSon corps devient l’oblation.

II.9  –  Jnanam annamLa connaissance est la nourriture (qu’il dévore).

II.10 – Vidyasamhare tadutthasvapnadarshanamA la résorption de la pure science (le Yogin) perçoit à nouveau ses constructions mentales (état qui correspond au rêve).

LIVRE 3 : LA VOIE DE L’INDIVIDU III.1  –  Atma cittam

Le soi individuel est l’esprit.III.2  –  Jnanam bandhah

La connaissance limité est le lien.III.3  – Kaladinam tattvanam aviveko maya

La non connaissance des éléments tels que les énergies limitées est l’illusion.III.4  – Sharire samhara kalanam

(Le Yogin doit opérer) la résorption des différentes parties des tattvas dans le corps.III.5  – Nadisamharabhuta jayabhutakaivalya bhutaprthaktvani

Résorption des canaux, contrôle des éléments, isoler les éléments de la conscience et séparation des éléments.

III.6  – Mohavaranat siddhihLes pouvoirs (supernormaux) sont dus au voile de l’illusion.

III.7  – Mohajayad anantabhogat sahajavidyajayahPar la victoire sur cette illusion qui s’étend à l’infini (il acquiert) la conquête de la connaissance innée.

III.8  – Jagrad dvitiyakarah(Pour celui qui reste) vigilant (à cette connaissance innée), le monde (apparaît comme son) rayon.

III.9  – Nartaka atmaLe Soi est un acteur.

III.10 – Rango’ntaratmaLe Soi intérieur est la scène.

III.11 – PreksakanindriyaniLes sens (du Yogin) sont les spectateurs.

III.12 – Divashat sattva siddhi(Grâce à la plus haute forme) d’intelligence spirituelle (le Yogin atteint à la réalisation) de la lumière du Soi.

III.13 – Siddhih svatantrabhavahLa liberté est atteinte.

III.14 – Yatha tatra tatha anyatraTel il est dans son corps, ainsi peut-il être partout.

III.15 – Bija vadhanamL’attention sur la graine.

III.16 – Asanasthah sukham hrade nimajjatiInstallé dans le Soi, il plonge aisément dans l’océan (d’Amour).

III.17 – Svamatranirmanam apadayatiIl réalise une création faite d’une parcelle de soi.

III.18 – Vidya’vinashe janmavinashah

Aussi longtemps que la science innée ne disparaît pas, aucune naissance ne devient possible.

III.19 – Kavargadishu maheshavaryadyah pashumatarahLa grande Mère et ses autres énergies (qui prennent appui) sur le groupe des lettres gutturales (Ka) et autres sont les mères des êtres asservis (conditionnés).

III.20 – Trishu caturtham tailavad asecyamLe Quatrième doit être répandu comme de l’huile sur les trois autres.

III.21 – Magnah svacittena pravishetAbsorbé (dans le Soi) qu’il pénètre (dans les trois autres états) à (l’aide) de sa propre conscience.

III.22 – Pranasamacare samadarshanamQuand l’énergie vitale est équilibrée, il y a l’état d’unité.

III.23 – Madye’varaprasavahAu stade intermédiaire survient l’état inférieur du mental.

III.24 – Mareasvapratyayasandhane nastasya punar atthanam(Mais que le Yogin) s’absorbe dans le pur Je en l’unissant aux objets, alors ressurgit (ce qui était) perdu.

III.25 – Shivatulyo jayateIl devient l’égal de Shiva.

III.26 – Shariravrttir vratamLes fonctions du corps (forment) son observance (religieuse).

III.27 – Katha japahSa conversation est la récitation (du mantra).

III.28 – Danam atmajnanamIl dispense alors la Connaissance du Soi autour de lui.

III.29 – Yo’vipastho jahetush caIl indique avec sûreté la source de la Connaissance car il est établi dans la roue des énergies (Shakti-Chakrat).

III.30 – Svashaktipracayo’sya vishvamL’Univers est l’expansion de son énergie.

III.31 – SthitilayauIl y a chez lui maintien et retour à son point initial (de l’Univers).

III.32 – Tat pravrtav apy anirasah samvettrbhavatMalgré cela (ces différents états), le Guru ne s’éloigne pas de son état d’être conscient.

III.33 – Sukhaduhkhayor bahir mananam(Un tel Yogin) considère la douleur et le plaisir extérieur à lui.

III.34 – Tadvimuktas tu kevaliParce qu’il est libéré (du plaisir et de la peine), on le dit isolé.

III.35 – Mohapratisamhatas tu karmatvaMais pour celui qui est enfermé dans l’illusion (sa vie est conditionnée) par les actes karmiques.

III.36 – Bhedatiraskare sargantarakarmatvam

Quand la différence disparaît, (le Yogin) effectue une toute autre créativité (dans la vie).III.37 – Karanashakti svato’nubhavat

(Il acquiert) le pouvoir de créer grâce à sa propre expérience.III.38 – Tripadaty anuprananam

L’état principal (Turiya) anime les trois autres états.III.39 – Cittasthitivac charira karana bahyesu

Tout comme il laisse pénétrer sa conscience vibrante dans l’état mental, il l’a laissé pénétrer dans le corps, les sens et à l’extérieur.

III.40 – Abhilasad bahirgatih samvahyasyaEn fonction de ses désirs (conditionnements) allant à l’extérieur (excentré), il est entraîné (d’une existence à une autre).

III.41 – Tadarudhapramites tatksayaj jivasamksayadPour celui qui est pleinement absorbé dans l’état de Turiya, il y a la cessation du désir et de l’individualité limitée.

III.42 – Bhutakancuki tada vimukto bhuya patisamanah parahLes éléments (n’étant pour ce Yogin) que cuirasse, il est alors libéré et devient semblable à Shiva, le Seigneur suprême.

III.43 – Naisargikah pranasabandhahL’union (étroite) au souffle de vie est (alors) naturelle.

III.44 – Nasikantarmadhyasamyamat kim atra samvyapasavyasausumnesPar l’absorption répétée dans le pur Je (grâce à la méditation) au centre intime de l’énergie nasale (prana est relié au Soi / N° II.43), que le prana circule dans les nadis de droite, de gauche et du centre : la Sushumna (il reste toujours dans le Soi).

III.45 – Buyah syat pratimilanaDe nouveau, il y a l’attention suprême (de la divine conscience).

* * *

Extraits de la « Traduction et commentaires par Didier Jorand »

CENTRE DE YOGA INTEGRAL – CIZE

SPANDA KARIKALe chant tantrique du frémissement, par Kallata (IXème siècle)

1. La vénérée Shankari (Shakti), source de l'énergie, ouvre les yeux et l'univers se résorbe en pure conscience, elle les ferme et l'univers se manifeste en elle. 2. Le frémissement, lieu même de la création et du retour, est dépourvu de toute limite car sa nature est dépourvue de forme. 3. Même au sein de la dualité le tantrikâ plonge à la source non duelle car la pure subjectivité demeure toujours immergée en sa propre nature. 4. Toutes les notions relatives liées à l'ego retrouvent leur source paisible profondément enfouie sous les différents états. 5. Au sens absolu, plaisir et souffrance, sujet et objet, ne sont rien d'autre que l'espace de la conscience profonde. 6-7. Saisir cette vérité fondamentale, c'est voir partout la liberté absolue. Ainsi, le mouvement des sens lui-même réside en cette liberté fondamentale et s'épanche à partir d'elle. 8. Alors, celui qui retrouve ce frémissement essentiel de la conscience échappe à l'obscurcissement du désir limité. 9. Ainsi libéré de la multiplicité des impulsions liées à l'ego, il fait l'expérience de l'état suprême. 10. Il réalise enfin que la qualité fondamentale du tantrikâ est la liberté d'être à travers laquelle le désir retrouve son universalité. 11. Comment ce tantrikâ émerveillé qui revient toujours à sa propre nature fondamentale comme source de toute manifestation pourrait-il être sujet à la transmigration? 12. Si le vide pouvait être un objet de contemplation, où serait la conscience qui l'appréhenderait? 13. Considère donc la contemplation de la vacuité comme un artifice d'une nature analogue à celle d'une profonde absence au monde. 14-16. Celui qui agit et l'action sont unis mais lorsque l'action se dissout par abandon du fruit de l'acte, la dynamique même liée à l'ego s'épuise et le tantrikâ qui est absorbé dans cette contemplation profonde découvre le frémissement libéré du lien à l'ego. La nature profonde de l'action est alors révélée et celui qui a intériorisé le mouvement du désir ne connaît plus la dissolution. Il ne peut cesser d'exister car il est revenu à la source profonde. 17. Le tantrikâ éveillé réalise ce frémissement continu à travers les trois états. 18. Shiva est alors en union amoureuse avec Shakti sous la forme de la connaisance et de son objet alors que partout ailleurs il se manifeste comme pure conscience. 19. Toute la palette sonore des différentes sortes de frémissements trouve

sa source dans le frémissement universel de la conscience et touche ainsi à l'être. Comment un tel frémissement pourrait-t-il limiter le tantrikâ? 20. Pourtant ce frémissement même cause la perte des êtres sujets aux vues limitées car, l'intuition déconnectée de la source profonde, ils se jettent dans le tourbillon de la transmigration. 21. Celui qui tend avec ardeur vers le frémissement profond touche à sa vraie nature même au sein de l'activité. 22. Le frémissement profond peut être touché dans les états extrêmes: la colère, la joie intense, l'errance mentale ou l'élan de survie. 23-24. Lorsque le tantrikâ s'en remet à Shiva/Shakti, le soleil et la lune s'élèvent dans le canal central. 25. A cet instant, lorsque dans le ciel le soleil et la lune disparaîssent, l'éveillé demeure lucide alors que'l'être ordinaire sombre dans l'inconscience. 26-27. Les mantra, lorsqu'ils sont chargés de la puissance du frémissement, accomplissent leur fonction à travers les sens de l'éveillé. Ils s'unissent à l'esprit du tantrikâ qui pénètre la nature de Shiva/Shakti. 28-29. Toute chose émerge de l'essence individuelle du tantrikâ qui se reconnaît en Shiva/Shakti, tout ce dont il jouit est Shiva/Shakti. Ainsi, il n'y a aucun état qui puisse être nommé qui ne soit Shiva/Shakti. 30. Toujours présent à la réalité qu'il perçoit comme le jeu de sa propre nature, le tantrikâ est libéré au sein même de la vie. 31. Par l'intensité du désir sans objet la contemplation émerge dans le coeur du tantrikâ uni au frémissement profond. 32. Cela constitue l'atteinte du nectar suprême, l'immortalité du samadhi qui révèle au tantrikâ sa propre nature. 33-34. L'ardeur envers Shiva/Shakti qui manifeste l'univers permet au tantrikâ d'être comblé. Au cours du rêve le soleil et la lune se manifestent en son coeur et tous ses souhaits sont exaucés. 35. Mais s'il n'est pas présent, le tantrikâ sera trompé par le jeu de la manifestation et connaîtra l'état illusoire de l'aspirant à travers la veille et le sommeil. 36-37. Comme un objet qui échappe à l'attention est plus clairement perçu lorsqu'on fait l'effort de mieux le cerner, le frémissement suprême apparaît au tantrika lorsqu'il tend vers lui avec ardeur. Ainsi tout s'accorde à l'essence de sa vraie nature. 38. Même dans un état d'extrême faiblesse, un tel tantrikâ parvient à l'accomplissement. Même affamé, il trouve sa nourriture. 39. Avec pour seul appui la reconnaissance du coeur, le tantrikâ est omniscient et en harmonie avec le monde. 40. Si le corps/esprit est ravagé par le découragement dû à l'ignorance, seule l'expansion de la conscience hors de toute limite dissipera une lassitude dont la source aura alors disparu.

41. La révélation du Soi surgit chez celui qui n'est plus que désir absolu. Que chacun en fasse l'expérience! 42. Alors que la lumière, le son, la forme et le goût viennent entraver celui qui est encore lié à l'ego. 43. Lorsque le tantrikâ pénètre toute chose de son désir absolu, à quoi servent les mots? Il en fait l'expérience par lui-même. 44. Que le tantrikâ demeure présent, les sens disséminés dans la réalité avec vigilance et connaisse la stabilité. 45. Celui qui est privé de son pouvoir par les forces obscures de l'activité limitée devient le jouet de l'énergie des sons. 46. Pris dans le champ des énergies subtiles et des représentations mentales, la suprême ambroisie se dissout et l'être oublie sa liberté innée. 47. Le pouvoir de la parole est toujours prêt à voiler la nature profonde du Soi car aucune représentation mentale ne peut s'affranchir du langage. 48. L'énergie du frémissement qui traverse l'être vulgaire l'asservit alors que cette même énergie libère celui qui est sur la Voie. 49-50. Le corps subtil lui-même est une entrave liée à l'intelligence limitée et à l'ego. L'être asservi fait les expériences qui sont liées à ses croyances et à l'idée qu'il se fait de son corps et par là même perpétue le lien. 51. Mais lorsque le tantrikâ s'établit dans le frémissement de la réalité, il libère le flux de la manifestation et du retour et jouit ainsi de la liberté universelle en maître de la roue des énergies. 52. Je vénère la parole spontanée, frémissante et merveilleuse de mon maître qui m'a fait traverser l'Océan du doute. 53. Que ce joyau de connaissance conduise tous les êtres, comme Vasugupta les conduisit, à toucher la vraie nature de la réalité et qu'ils le gardent au plus profond de leur coeur.

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© de cette traduction Daniel Odier et Editions du Relié, 1999.

Kula Arnava Tantra

Le kularnava tantra se compose de 17 chapitres pour un total de 2058 versets. Nous en proposons ici la traduction du premier chapitre et de ses 121 versets. Ce tantra est l’un des textes fondateurs de l’école Kaula. Kula arnava tantra signifie « Le tantra de l’océan de connaissance kula ». Comme dans beaucoup de tantra nous assistons à un dialogue entre Shakti, aux divers noms et Shiva, également aux divers noms. Ici Shiva va délivrer à Shakti la globalité des enseignements qui représentent le nectar (océan) de connaissance de la voie Kaula. On notera avec plaisir dans ce chapitre l’humour et la sagacité dont fait preuve Shiva sur la nature humaine.

Ce premier chapitre traite de la condition humaine qui est présentée comme une opportunité parmi la multiplicité des incarnations possibles. S’il indique que cette incarnation est une vraie chance pour l’individu il dit aussi que malheureusement celui-ci non seulement n’en a pas conscience mais qu’il gaspille la plupart du temps cette chance en se laissant aller à sa nature animale. Shiva indique à Shakti les souffrances, les attachements, les croyances, les illusions inhérentes à cette condition humaine quant elle n’est pas tournée vers la recherche de la Réalité suprême. Il indique également comment les plus vertueux et les plus érudits sont dans la confusion intellectuelle dans leur recherche de la Vérité et qu’en fin de compte seul le jnana, la connaissance, mène à la libération de l’âme assouvie.

 

1)    Il y a longtemps alors que Shiva, la Conscience Suprême en éternelle béatitude, le Dieu des dieux, le créateur de l’Univers, était assis au sommet du Mont Kailash, la Déesse Parvatî lui demanda.2)    Maître, Dieu des dieux, Etre de connaissance que l’on ne peut percevoir que par la dévotion, Libérateur de ceux qui sont en Toi, Maître de l’énergie (Kula) Maître Suprême, Océan du Nectar de Compassion, Source des pratiques sacrées3)    Il existe une infinité de créatures vivantes dans des myriades de formes physiques enfermées sans fin dans le cycle de la souffrance issu des morts et des naissances pour qui il n’existe pas d’espoir de libération,4)    Celles-ci ne connaissent pas le bonheur car elles sont emprisonnées dans la souffrance,5)    Maître, dis-moi comment elles peuvent atteindre la libération.6)    Shiva répond :Dévi, toi qui m’as questionné, écoutes la réponse. Ce n’est qu’en l’écoutant que les humains pourront obtenir la libération. 7)    La seule Réalité est la Conscience, elle est unique, essence de toutes les connaissances et de tous les pouvoirs, libre de tout, entièrement pure et sans second, on la nomme Parabrahman.8)    La Conscience est Sat-cit-ananda, brillant de sa propre lumière, sans commencement ni fin, sans attributs, sans changements, plus immense que le plus immense, sans qualités. Les êtres vivants dans leur infinité sont issus d’Elle mais à cause de l’ignorance consubstantielle ils en sont séparés comme la lumière qui peut paraître séparée du feu dès qu’elle jailli de lui,9)    C’est parce qu’elles naissent que les créatures entrent dans un cercle éternel d’actions et restent séparées de Shiva,

10)  Elles sont conditionnées par le joies issues de leurs actions justes et par les douleurs issues de leurs erreurs,11)  Lorsqu’elles prennent un corps, un lieu et une destinée correspondant à leur espèce et conforme à leurs désirs et à leur actes, ces créatures liées par l’ignorance et influencées par les circonstances du moment passent sans interruption d’une naissance à l’autre.12)  L’individu (le jiva) est soumis à de nombreuses naissances et traverse sur terre diverses formes de vie. Il y a les êtres immobiles qui naissent de la terre, les êtres mobiles qui naissent des humeurs, ceux qui naissent des œufs tels les oiseaux, ceux qui naissent de la matrice tels les mammifères, les humains à divers niveaux d’évolution, les dieux et les libérés. 13)  Parmi les 8 400 000 espèces vivantes c’est le corps humain qui est le plus évolué parce qu’avec ce corps il est possible d’atteindre l’essence de la connaissance Chère Parvatî,14)  Cette connaissance n’est pas accessible si l’on n’a pas pris forme humaine,15)  Lorsqu’un être humain obtient cette connaissance grâce à sa propre puissance et grâce à l’accumulation suffisante d’actions justes, même s’il a transmigré des centaines de milliers de fois il peut atteindre la libération. 16)  Un individu qui a obtenu la forme humaine, qui est l’instrument permettant d’atteindre la libération, qui ne libère pas son Soi commet la plus grand erreur.17)  Celui qui après avoir obtenu une naissance supérieure douée d’un complexe merveilleux d’organes sensoriels et moteurs n’arrive pas à s’en servir pour s’élever n’a rien compris à ce qui est essentiel pour lui et commet un vrai suicide.18)  Aucune créature dans n’importe quelle forme physique excepté l’être humain ne peut atteindre la libération. C’est pour cette raison que lorsqu’on a eu la chance de recevoir un corps humain il faut se consacrer aux actions justes (celles qui permettent d’atteindre la libération).19)  Il faut faire tous les efforts possibles pour protéger son propre Soi. Le Soi est la cause de tout c’est pourquoi il faut le protéger avec un maximum d’attentions.20)  Les richesses et le propriétés, l’argent et les maisons, mérites et démérites peuvent s’obtenir facilement, mais une bonne naissance dans un corps humain sain ne s’obtient pas si souvent.21)  Les humains devraient faire tous leurs efforts pour entretenir leur corps. Il ne faut pas que ce corps soit dégradé par les maladies.22)  Ainsi lorsqu’on a un corps il faut vivre selon les règles du dharma. Le dharma conduit à la connaissance, la connaissance conduit à la méditation, la méditation au yoga qui, s’il est gardé secret, conduit à la libération.23)  Si ce n’est pas l’individu lui-même qui veut trouver la façon de libérer le Soi, qui d’autre pourra lui montrer les moyens qui mènent à la libération.24)  De la même façon celui qui dans ce monde ne veut pas se soigner de terribles maladies que pourra-t-il faire pour se guérir dans un endroit où il n’y aura aucun soin possible.25)  Celui qui commence à creuser un puit alors que sa maison est déjà en flamme est

fou. C’est pourquoi tant que le corps est vivant il faut s’efforcer d’atteindre la libération et se consacrer sincèrement à la recherche de la Realité.26)  Il faut se rappeler que le corps n’est pas éternel. La vieillesse avance furtivement comme un tigre, le temps restant diminue comme l’eau dans un vase cassé, la maladie frappe comme un ennemi.27)  Il faut donc prendre la bonne voie bien avant que le corps ne perde sa vigueur et que l’adversité ne s’abatte sur soi. 28)  A cause de la multitude des activités accomplies dans le monde le temps s’en va sans que l’individu s’en aperçoive. Pris entre les plaisirs et les souffrances, le jiva  n’est pas conscient de ce qu’il doit accomplir.29)  Enivré par le vin de l’ignorance, il ne réalise même pas son erreur en voyant pourtant que le monde est rempli d’êtres passifs, souffrants, malades, malheureux et accablés par l’infortune.30)  Il ne réalise pas que la richesse est une illusion et que la jeunesse est éphémère comme une fleur. La vie apparaît et disparaît comme un éclair.  Comment celui qui sait cela peut-il être heureux.31)  Même si l’on vit  cent ans cela est court parce que l’on passe la moitié de son temps à dormir et que l’autre moitié est stérile passée dans les amusements de l’enfance, dans la maladie, dans la souffrance, dans l’insatisfaction, dans vieillesse et d’autres choses du même genre.32)  L’humain est inactif quand il devrait être actif, il dort quand il devrai se tenir éveillé, il se comporte avec arrogance quand il devrait être humble, alors pour quelle raison la mort ne le prendrait-elle pas. 33)  La vie du corps est brève comme une bulle d’eau. Se tenant en soi comme un oiseau en cage comment le jiva pourrait vivre sans peur dans un monde hostile et éphémère. 34)  Le jiva considère comme bon ce qui ne l’est pas, il considère permanent ce qui est transitoire, utile ce qui ne l’est pas et ne s’aperçoit même pas qu’il va mourir.35)  Dévi, abusé par Ta Maya l’être humain ne regarde pas ce qu’il voit, n’entend pas ce qu’il écoute, ne comprend pas ce qu’il lit.36)  Dans ce monde, océan insondable du temps, le jiva ne s’aperçoit pas de l’approche furtive des crocodiles des maladies, de la vieillesse et de la mort.37)  Celui-ci ne réalise pas qu’à chaque instant qui passe son corps perd sa force et que graduellement il se décompose comme un vase d’argile non cuit plongé dans l’eau.38)  On peut entendre le passage du vent dans une haie ou y voir des morceaux de l’espace. Si l’on construit une digue on peut retenir l’eau mais d’aucune manière on ne peut arrêter le cours de la vie.39)  Dévi, la terre se dessèche, le mont Meru s’effrite, l’eau de l’océan s’évapore, que dire alors du corps.40)  Les mâchoires du temps dévorent l’humain alors même qu’il est en train de bavasser sur sa femme, sur ses enfants, sur sa richesse, sur ses amis,41)  La mort le dévore alors qu’il est encore en train de penser à ce qu’il fait, à ce qu’il doit faire et à tout ce qu’il aurait dû faire.

42)  C’est pourquoi il faut faire aujourd’hui même ce qui aurait pu être fait demain, faire le matin ce qui aurait pu être fait l’après-midi car la mort ne s’occupe pas de savoir ce qui a été fait ou ce qui ne l’a pas été.43)  Même l’homme sage ne voit pas que la mort s’avance subrepticement en même temps que la vieillesse accompagnée de son lot de maladies terribles.44)  Transpercé par la flèche du désir, baigné dans l’océan des plaisirs sensoriels, cuit par le feu de ses sympathies et de ses antipathies, l’humain est le délicieux déjeuner de la mort.45)  La mort dévore tout, les nouveaux-nés, les enfants, les jeunes, les vieux, c’est la règle qui gouverne le monde.46)  Même les divinités comme Brahma, Vishnu, Mahesha sont mortelles ainsi que les multiples êtres invisibles. C’est pour cela que l’humain doit tendre tous ses efforts pour progresser dans l’état qui est le sien.47)  Les tentatives pour obtenir par n’importe quel moyen des avantages, désirer la richesse ou la compagnie d’autrui comme le fait de ne pas accomplir ses devoirs héréditaires mènent tous les humains à leur ruine. 48)  De la même façon le fait de ne pas appliquer les enseignements reçus, la déloyauté et la confrontation avec celui qui les a donné, le manque de contrôle dans les désirs des sens diminuent la durée de la vie.49)  Quelle que soit la cause qui mettra fin à la vie, une maladie, un malheur, un poison, une arme, un serpent ou un animal féroce comme le lion, de toutes les façons la mort viendra.50)  Comme un brin d’herbe flottant sur l’eau, le Soi du jiva passe d’un corps physique à un autre de la même façon que quand on passe d’une maison à une autre laissant la vieille derrière soi. 51)  Comme dans le même corps le jiva passe de l’enfance à l’âge adulte puis de la vieillesse à la mort, il fait pareil en passant d’un corps à l’autre à l’image de la maison dès qu’il a trouvé la suivante. 52)  Selon ses actes l’humain expérimente plaisir ou douleur. L’ignorant qui n’a pas conscience des autres plans de l’univers passe sans fin de la naissance à la mort et de la mort à la naissance.53)  C’est ainsi qu’il recueille dans la naissance suivante les fruits des actions accomplies dans cette vie, à l’instar de l’arbre dont les racines se nourrissent d’eau et qui donne des fruits sur ses plus hautes branches. 54)  Les fruits que les humains récoltent de l’arbre de l’ignorance sont la misère, la souffrance, la maladie, l’esclavage et la dépendance. 55)  La seule voie qui libère l’individu de ce que je viens d’énoncer c’est l’indifférence face aux désirs et aux attachements. Toutes les souffrances naissent de l’attachement. Il n’y a que le non-attachement et l’amour de la connaissance pure qui rende heureux. Quant on sait que même les sages sont sujets à l’attachement on comprend combien l’être humain l’est aussi.56)  Il faut renoncer à l’attachement et en même temps aux désirs. Y renoncer totalement, pas seulement avec son mental mais avec tout son être. Si par faiblesse on

n’y parvient pas il faut recourir à la compagnie des sages, la compagnie des sages et des saints guéri de toutes les faiblesses.57)  La compagnie des saints et la connaissance discriminative aiguisent le regard intérieur pour rendre la vision pure. Celui qui en est privé est vraiment aveugle, il ne pourra prendre que le mauvais chemin.58)  Tant que le jiva est tenu dans un mental attaché aux réalisations mondaines son cœur est tourmenté par la souffrance.  59)  Kuleshvarî c’est pourquoi le moment venu le jiva quitte le corps, alors les attachements à la famille, à la mère, au père, au fils ne servent plus à rien.60)  Cette façon de vivre dans le monde est la source de tous les malheurs et ne donne que de la souffrance. Le renoncement (aux objets du monde) donne le bonheur. Il n’y a pas d’autres voies.61)  L’attachement au monde est à l’origine de chaque souffrance et de chaque malheur, c’est la cause de toutes les erreurs. Il est donc sage d’y renoncer.62)  L’humain qui est attaché aux objets du monde se ligote lui-même alors qu’il n’a pas de corde. Sa vie est mélangée à un puissant poison qui va le détruire sans qu’il y ait besoin d’armes.63)  Pour l’être humain la vie est donc souffrance à la naissance, dans l’âge mur et à la mort. Celui qui veut atteindre le bonheur doit renoncer au monde pour chercher la vérité.64)  Même celui qui est lié par une chaîne pleine d’épines peut devenir libre alors que celui qui est attaché aux plaisirs et aux richesses ne pourra jamais être libre.65)  Ceux qui sont totalement pris dans les liens familiaux se perdent comme un vase non cuit plongé dans l’eau quel que soit le savoir et les bonnes dispositions qu’ils puissent avoir.66)  Les organes des sens du corps sont comme des voleurs qui se nourrissent des objets extérieurs et causent la ruine de l’être humain car ils produisent en permanence des désirs inassouvis.67)  De la même façon que le poisson affamé ne voit pas le hameçon, ainsi font ceux qui courent après le bonheur ne voyant pas le présence de Yama qui est la mort elle-même.68)  Très Chère, celui qui n’est pas conscient que tout n’est que pertes et gains, qui parcoure encore le chemin de l’erreur, qui est seulement intéressé par remplir son ventre ne sait pas encore que c’est un avant goût de l’enfer.69)  Dormir, boire, manger, se reproduire sont autant de comportements communs à tous les animaux. Mais seul l’être humain possède la connaissance et ne pas l’utiliser revient à n’être qu’un animal. 70)  Tous les matins les être humains défèquent et urinent, à midi ils ont faim et soif et le soir ils font l’amour et dorment.71)  Lorsqu’ils sont englués dans l’ignorance tous les individus n’ont d’autres choix que de satisfaire les besoins de leur corps et de ceux de leurs femmes ou de leur mari et ils sont assujettis au cycle des naissances et des morts.72)  En permanence obligés d’accomplir les devoirs liés à leur naissance et à leurs

désirs les humains ne voient pas la Réalité Suprême. Voilà pourquoi Parvatî meurent ces fous.73)  Certains sont engagés dans les rituels et les austérités, d’autres accomplissent sacrifices et dévotions, mais tous sont noyés dans une profonde ignorance et ne connaissant pas leur propre soi ils se leurrent eux-mêmes et leurrent les autres.74)  Uniquement préoccupé par l’apparence et la réputation ces humains prennent plaisir à faire des rituels. La répétition des mantra et des sacrifices élaborés les abusent.75)  Illusionnés par Ta Maya ces fous pensent pouvoir réaliser l’Absolu avec les austérités et les mortifications corporelles.76)  Ma Belle Déesse, si les ignorants pouvaient obtenir la libération simplement en torturant leur corps, le serpent devrait être retrouvé mort après l’attaque d’une fourmilière.77)  Il faut se méfier des faux Maîtres dont le seul but est d’accumuler des richesses et des vêtement fastueux, ils se font passer pour des sages pour tromper les autres.78)  Ils affirment connaître le Brahman alors qu’ils sont essentiellement attachés aux plaisirs mondains. Ces gens-là qui sont déficients dans leurs actes et dans leurs connaissances doivent être évités.79)  On voit des ânes et d’autres animaux pour qui la ville et la forêt sont la même chose et qui se promènent tout nu sans souci. Deviennent-ils des yogi grâce à cela ?80)  Si les humains pouvaient atteindre la libération en se barbouillant de cendres et de boue, pour quoi les paysans qui vivent dans la boue et dans la cendre ne sont-ils pas libérés ?81)  Certains habitants de la forêt comme les cerfs se nourrissent exclusivement d’herbe, de feuilles et d’eau. Deviennent-ils des yogi pour autant ?82)  Grenouilles et poissons passent leur vie dans des fleuves similaires  au Gange. Font-ils pour autant l’acquisition de mérites spéciaux ?83)  Charmante Déesse les perroquets et les merles sont contents de répéter les paroles sacrées devant tout le monde. Sont-ils pour autant considérés comme de grands sages ?84)  Les pigeons ne mangent que des graines, certains oiseaux ne boivent pas l’eau de source. Sont-ils pour autant des yogi ?85)  Des animaux comme le cochon tolèrent autant le froid de l’hiver que le chaud de l’été  et sont capables de manger toutes les sortes de nourriture. Sont-ils pour autant des yogi ?86)  En vérité très Chère Kuleshvarî ces sacrifices et ces privations ne servent qu’à abuser le monde car l’unique moyen permettant d’atteindre la libération est la connaissance directe de la Réalité, c’est-à-dire du divin.87)  Ma Bien Aimée saches que les gens qui restent esclaves de leur animalité ne peuvent pas obtenir la connaissance spirituelle quand bien même seraient-ils experts dans les six darshana.88)  Ils sont à la merci d’énergies périlleuses, noyés dans la mer faite des Veda et des Shastra ils sont la proie des terribles requins qui prennent la forme des disputes et de

débats philosophiques.89)  Ces gens ont lu les Veda, les Agama, les Purana mais ils ne connaissent pas la réalité de la Suprême Conscience qui est  le seul but de la vie, ils sont embrouillés et jacassent comme des corneilles.90)  Ils tournent le dos au divin la seule réalité à connaître. Ils étudient incessamment et avec avidité les textes sacrés et proclament « Ceci est à connaître », « Ceci est la connaissance », et ainsi de suite.91)  Ils font de belles démonstration de leur connaissance du style, de la syntaxe, de la métrique et des autres artifices rhétoriques dans le domaine des lettres et des sons. Ces idiots sont étourdis, confus et timorés. 92)  La Réalité est une chose mais ce que l’on en comprend en est une autre. Une chose est le sens des écritures sacrées une autre est ce que l’on en comprend.93)  Ces humains parlent des plus hauts états de conscience sans ego mais ils n’en n’ont pas l’expérience car leur façon de vivre est totalement différente et même opposée. 94)  Certains ne sont que des égoïstes et d’autres n’ont aucun savoir. Ils récitent les Veda et en parlent entre eux mais ils ne connaissent pas la Réalité à l’image de la louche qui ne connaît pas le goût de la soupe qu’elle contient.95)  On peut se parer de fleurs sur la tête mais c’est le nez qui en sent le parfum. De la même façon il y a beaucoup de personnes qui récitent les Veda et les Shastra mais rares sont celles qui vivent en accord avec elles et qui en comprennent l’essence. 96)  Elles ignorent que la réalité divine est en soi et elles la cherchent dans les écritures comme le berger qui va chercher la chèvre dans le pré alors qu’elle est déjà dans la bergerie.97)  La connaissance intellectuelle ou verbale n’a aucune utilité pour disperser l’illusion du monde comme le fait de prononcer le mot lumière ne disperse pas l’obscurité.98)  Quand un humain privé de sagesse étudie les textes sacrés il est semblable à un aveugle qui se regarde dans un miroir. Il n’y a que lorsqu’on est dans prajnâ que l’on peut comprendre les Shastra.99)  Les humains renommés pour leur érudition , pour leur noblesse ou pour leur courage discutent sans cesse sur les différentes apparences que peut prendre la réalité divine à travers telle ou telle forme,100)     Mais à quoi sert d’en parler si l’on est incapable de la comprendre et de la réaliser directement ? Ces individus bêtement enfermés dans l’étude des Shastra sont loin de la vérité.101)     Ils aiment entendre des phrases du genre « ceci est la connaissance, c’est ce qu’il faut atteindre ». Très Chère, ces humains pourront bien transmigrer des milliers d’années en écoutant la sagesse des Shastra ils n’en réaliseront jamais l’essence.102)     Les Shahstra sont en nombre infini, la durée de la vie est limitée et les obstacles y sont des millions. C’est pour cela que le sage doit aller directement à l’essence des textes sacrés comme le cygne qui sait faire la différence entre le lait et l’eau.103)     Ainsi après avoir reconnu et expérimenté l’essence de la Réalité contenue dans

les Shastra, le sage ne devrait plus s’en occuper à l’image de celui qui ayant reconnu le grain met de coté la bale.104)     De même que celui qui est comblé par le nectar ne recherche plus d’autre nourriture celui qui connaît l’essence de la Réalité n’a plus besoin de la connaissance des Shastra.105)     Très Chère, la libération ne s’obtient pas par la récitation des Veda ni par l’étude des Shastra, Il n’y a que le jnana et rien d’autre qui puisse donner la libération.106)     La voie qui conduit à la libération n’est ni celle des ashrama, ni celle de la philosophie, ni celle de la science mais seulement celle de jnana.107)     Il n’y a que le Maître qui puisse montrer cette voie, tout le reste est leurre et tromperie. Seul le Jnana libère. 108)     La connaissance suprême du « Un » révélée par Shiva lui-même dispense des rituels et des austérités, elle nous relie directement à la bouche du Maître.109)     La connaissance est de deux types, une provient directement des Shastra et l’autre de la Buddhi. Celle provenant des Shastra prend la forme du shabda-Brahman, celle provenant de la Buddhi prend la forme du Para-Brahman.110)     Certains préfèrent le non dualisme et d’autres le dualisme mais aucun d’entre eux ne connaît Ma Réalité qui est au-delà de l’advaïta et du dvaïta.111)     « Mien » et « Non mien » expriment esclavage et libération. « Mien » est l’esclavage, « Non mien » est la libération.112)     L’action juste est celle qui ne produit pas de lien, la connaissance juste est celle qui donne la libération. Toutes les autres formes d’action ne produisent que la souffrance et toutes les autres connaissances ne servent que les desseins personnels.113)     Comment peut-on parler d’un but supérieur tant que l’on est attaché aux plaisirs sensuels, aux jeux du monde et que les sens sont excités ?114)     Comment peut-on parler du but ultime tant que l’on est l’essoufflement dans l’effort, tant que l’on est le mouvement des pensées, tant que le mental n’est pas immobile et apaisé ?115)     Comment peut-on parler de but ultime tant que l’on s’identifie au corps et à l’ego et tant que l’on n’a pas reçu la grâce du Maître ?116)     On n’atteint pas Jnana en ayant recours seulement aux austérités, aux rituels, aux pélerinages, au japa, aux sacrifices, à la vénération, aux Veda, aux agama et aux Shastra.117)     Ma déesse Bien Aimée celui qui désire la libération doit être conscient en permanence de la Réalité divine et doit se dédier à sa réalisation avec toutes ses forces et dans chaque circonstance.118)     L’humain est affligé par la triple souffrance, il devrait chercher protection sous l’arbre de la libération où fleurissent les branches du dharma et du jnana et dont les fruits sont anandaloka.119)     Alors pourquoi autant de bavardages ? Parvatî écoutes quel est le secret : en vérité et sans aucun doute la voie de la libération se trouve dans le Kula-dharma, la voie pure de l’Energie.

120)     Voilà Ma très Chère je t’ai enseigné la vérité. Après l’avoir apprise directement de la bouche du Maître les humains se libèrent sans effort de l’esclavage du monde.121)     Ma Bien Aimée Kuleshvarî maintenant que je t’ai brièvement décrit l’état du jiva que veux-tu savoir d’autre ?

Source: natha-yoga.com

Mandukya UpanishadGaudapada’s Karika Chapter I (Agama Prakarana)

- The Self and the Absolute (1-2): 1) Hari Om. Om-ity-etad-aksharam-idam sarvam, tasyopavyakhyanam bhutam bhavad bhavishyaditi sarvam-omkara eva. Yaccanyat trikalatitam tadapy omkara eva. All is OM: Hari Om. The whole universe is the syllable Om. Following is the exposition of Om. Everything that was, is, or will be is, in truth Om. All else which transcends time, space, and causation is also Om. 2) Sarvam hyetad brahmayam-atma brahma soyamatma catushpat. Atman has Four Aspects: All of this, everywhere, is in truth Brahman, the Absolute Reality. This very Self itself, Atman, is also Brahman, the Absolute Reality. This Atman or Self has four aspects through which it operates.

- Four Levels of Consciousness (3-7):3) Jagarita-sthano bahish-prajnahsaptanga ekonavimsatimukhah sthula-bhug vaisvanarah prathamah padah. First is Waking / Gross: The first aspect of Atman is the Self in the Waking state, Vaishvanara. In this first state, consciousness is turned outward to the external world. Through its seven instruments* and nineteen channels* it experiences the gross objects of the phenomenal world.4) Svapna-sthano'ntah-prajnah saptanga ekonavimsatimukhah praviviktabhuk taijaso dvitiyah padah. Second is Dreaming / Subtle: The second aspect of Atman is the Self in the Dreaming state, Taijasa. In this second state, consciousness is turned towards the inner world. It also operates through seven instruments and nineteen channels, which engage the subtle objects of the mental realm.5) Yatra supto na kancana kamam kamayate na kancana svapnam pasyati tat sushuptam. Sushupta-asthāna ekibhutah prajnanaghana evanandamayo hyanandabhuk chetomukhah prajnastrityah padah. Third is Deep Sleep / Causal: The third aspect of Atman is the Self operating in the Deep Sleep state, Prajna. In this third state, there is neither the desire for any gross or subtle object, nor any dream sequences. In deep sleep, all such experiences have receded or merged into the ground of undifferentiated consciousness. Here, one is filled with the experience of bliss, and can also find the way to clearer knowledge of the two preceding states.6) Esha sarvesvara esha sarvajna esho'ntaryamy-esha yonih sarvasya prabhavapyayau hi bhutanam. Find the Experiencer: The one who experiences all of these states of consciousness is the omniscient, indwelling source and director of all. This one is the womb out of which all of the other emerges. All things originate from and dissolve back into this source.

Gaudapada's Karika 1 Visva is all—pervading, the experiencer of external objects. Taijasa is the cognizer of internal objects. Prajna is a mass of consciousness. It is one alone that is thus known in the three states. 2 Visva is the cognizer through the right eye; Taijasa is the cognizer through the mind within; Prajna is the akasa in the heart. Therefore the one Atman is perceived threefold in the same body. 3—4 Visva experiences the gross; Taijasa, the subtle; and Prajna, the blissful. Know these to be the threefold experience. The gross object satisfies Visva; the subtle, Taijasa; and the blissful, Prajna. Know these to be the threefold satisfaction. 5 The experiencer and the objects of experience associated with the three states have been described. He who knows these both does not become attached to objects though enjoying them. 6 Surely a coming into existence must be predicated of all positive entities that exist. Prana manifests all inanimate objects. The Purusha manifests the conscious beings in their manifold forms. 7 Some of those who contemplate the process of creation regard it as the manifestation of God’s powers; others imagine creation to be like dreams and illusions. 8 Those who are convinced about the reality of manifested objects ascribe the manifestation solely to God’s will, while those who speculate about time regard time as the creator of things. 9 Some say that the manifestation is or the purpose of God’s enjoyment, while others attribute it to His division. But it is the very nature of the effulgent Being. What desire is possible for Him who is the fulfillment of all desires?

Mandukya Upanishad Verse VII: 7) Nantah-prajnam na bahih-prajnam, nobhayatah-prajnam na prajnana-ghanam na prajnam naprajnam. Adrishtam-avyavaharayam-agrahyam- alakshanam-acintyam-avyapadesyam-ekatma-pratyayasaram, prapancopasarnam santam sivam-advaitam caturtham manyante sa tm sa vijneyah. The Fourth Aspect is Turiya: The fourth aspect of Atman or Self is Turiya, literally the fourth. In this fourth state, consciousness is neither turned outward nor inward. Nor is it both outward and inward; it is beyond both cognition and the absence of cognition. This fourth state of Turiya cannot be experienced through the senses or known by comparison, deductive reasoning or inference; it is indescribable, incomprehensible, and unthinkable with the mind. This is Pure Consciousness itself. This is the real Self. It is within the cessation of all phenomena. It is serene, tranquil, filled with bliss, and is one without second. This is the real or true Self that is to be realized.

Gaudapada's Karika 10 Turiya, the changeless Ruler, is capable of destroying all miseries. All other entities being unreal, the non—dual Turiya alone is known as effulgent and all—pervading. 11 Visva and Taijasa are conditioned by cause and effect. Prajna is conditioned by cause alone. Neither cause nor effect exists in Turiya. 12 Prajna does not know anything of self or non—self, of truth or untruth. But Turiya is ever existent and all—seeing. 13 Non—cognition of duality is common to both Prajna and Turiya. But Prajna is associated with sleep in the form of cause and this sleep does not exist in Turiya. 14 The first two, Visva and Taijasa, are associated with dreaming and sleep respectively; Prajna, with Sleep bereft of dreams. Knowers of Brahman see neither sleep nor dreams in Turiya.

15 Dreaming is the wrong cognition and sleep the non—cognition, of Reality. When the erroneous knowledge in these two is destroyed, Turiya is realized. 16 When the jiva, asleep under the influence of beginningless maya, is awakened, it then realizes birthless, sleepless and dreamless Non—duality. 17 If the phenomenal universe were real, then certainly it would disappear. The universe of duality which is cognized is mere illusion (maya); Non—duality alone is the Supreme Reality. 18 If anyone imagines illusory ideas such as the teacher, the taught and the scriptures, then they will disappear. These ideas are for the purpose of instruction. Duality ceases to exist when Reality is known.

Mandukya Upanishad - Verses VIII-XI: Four Aspects of AUM (8-12):8) So'yam-atma adhyaksharam-omkaro dhimatram pada matra matrasca pada akara ukaro makara iti. Those Four are the Same with "A-U-M" and Silence: That Om, though described as having four states, is indivisible; it is pure Consciousness itself. That Consciousness is Om. The three sounds A-U-M (ah, ou, mm) and the three letters A, U, M are identical with the three states of waking, dreaming, and sleeping, and these three states are identical with the three sounds and letters. The fourth state, Turiya is to be realized only in the silence behind or beyond the other three.9) Jagarita-sthano vaisvanaro'karah prathama matra. apteradimatvad-vapnoti ha vai sarvan kamanadisca bhavati ya evam veda. The Sound "A" is Waking / Gross: Vaishvanara is the consciousness experienced during the waking state, and is A, the first letter of Om. That simple sound of A is first and permeates all other sounds. One who is aware of this first level of reality has fulfillment of all longings and is successful.10) Svapna-stahnas taijasa ukaro dvitiya matrotkarshadu-ubhayatvad- votkarsati ha vai jnana-santatim samanasca bhavati nasyabrahmavit kule bhavati ya evam veda. The Sound "U" is Dreaming / Subtle: Taijasa is the consciousness experienced during the dreaming state, and is U, the second letter of Om. This intermediate state operates between the waking and sleeping states, reflecting some qualities of the other two. One who knows this subtler state is superior to others. For one who knows this, knowers of Brahman, the Absolute Reality, will be born into his family.11) Sushupta-sthnah prajno makras tritiya mtr miterapiter va minoti ha va idam sarvam-apitisca bhavati ya evam veda. The Sound "M" is Deep Sleep / Causal: Prajna is the consciousness experienced during the state of dreamless, deep sleep, and is M, the third letter of Om. It contains the other two, and is that from which the other two emerge, and into they recede or merge. A knower of this more subtle state can understand all within himself.

Gaudapada's Karika 19 When it is desired to describe the identity of Visva and the letter A, the chief ground given is the fact that each is the first in its respective sphere. Another reason for this identity is the all—pervasiveness of each. 20 The clear ground for realizing Taijasa as of the same nature as the letter U is the common feature of superiority. Another plain reason for such identity is their being in the middle.

21 The indisputable reason given for the identity of Prajna and M is the common feature that both are the measure. The other reason for such identity is another common feature, namely, that both represent the state of mergence. 22 He who knows for certain the similarity of the three states and the three letters of AUM, based upon their common features, is worshipped and adored by all beings and also is a great sage. 23 Through meditation on A the seeker attains Visva; through meditation on U, Taijasa; and through meditation on M, Prajna. Meditation on the "soundless" brings no attainment.

Mandukya Upanishad - Verse XII:12) Amatras-caturtho'vyavaharyah prapancopasamah sivo'dvaita evamomkara atmaiva samvisaty-atman-atmanam ya evam veda. Silence after "A-U-M" is the True Self: The fourth aspect is the soundless aspect of Om. It is not utterable and is not comprehended through the senses or by the mind. With the cessation of all phenomena, even of bliss, this soundless aspect becomes known. It is a state of nondual (advaita) reality—one without a second. This fourth state, Turiya, is the real Self or true Self. One with direct experience of this expands to Universal Consciousness.End of Mandukya Upanishad

Gaudapada's Karika 24 AUM should be known quarter by quarter. There is no doubt that the quarters are the same as the letters. Having understood AUM quarter by quarter, one should not think of anything else. 25 The mind should be concentrated on AUM. AUM is the fearless Brahman. He who is always absorbed in AUM knows no fear whatever. 26 AUM is verily the Lower Brahman. It is also stated to be the Higher Brahman. AUM is beginningless and unique. There is nothing outside it. It is unrelated to any effect and is immutable. 27 AUM is, indeed, the beginning, middle and end of all things. He who has realized AUM as immutable immediately attains the Supreme Reality. 28 Know AUM to be Isvara, ever present in the hearts of all. The calm soul, contemplating AUM as all—pervading, does not grieve. 29 One who knows AUM, which is soundless and also endowed with infinite sounds, which is all good and the negation of duality, is a real sage and none other.

* * *

"The Upanishads - A New Translation" by Swami NikhilanandaSource: swamij.com

SCHEMA DE LA REPARTITION DES TATTVA

Sat-cit-ânada (existence – conscience - béatitude) –Brahman ou parasamvid -Shiva – Shakti dans une union immuable et transcendantale, au-delà de tout concept.

Tattva Purs

Dans leur aspect dynamique

Shiva – (Puruscha) : le Principe – conscience pureShakti – (Prakrti) : Energie primordiale de manifestation, maintien et résorbtion de l’univers. Sadâkhya ou Nâda : Le son primordial – La vibration cosmique. Îshvara ou Bindu : le point ultime. Shuddhavidyâ ou Sadvidyâ : La connaissance pure. Vision

Tantrique11 Tattva en

plus.

SIVA est en haut.

Vision moniste

Âtman - Ubiquité du soi

TattvaPurs - Impurs

Mâyâ-Shakti et Karman

Puissance de différentiationMesure et loi de causalité

Les 3 Guna - Fonctions de la manifestation

5 KañcukaPouvoirs de relation présidant à la manifestation

Kâla : Le temps – le Dynamisme. Niyati  : La nécessité – l’ordre établi, limité. Kalâ : la succession ou pouvoir déterminé dans le temps. Vidyâ : La connaissance existentielle. Râga : l’attraction ou la dépendance, le désir.

Jîvâtman – Conscience Incarnée, âme

Tattvaimpurs Prakrti

: La nature ou cause première de la Manifestation particulière. : La substance représentée en chaque être.

Vision dualiste du SamkhyaKarika :25 tattva

Purusa (la

conscience) se trouve à

coté dePrakrti

(la nature manifestée)

Buddhi (Mahat) : Actualisation de prakrti – l’intelligence.: La faculté de détermination.

AhamkâraManas (Citta)

: L’Ego – le sens de l’individualité. : Le mental (et le psychique).

5 Jñânendriya (Facultés sensorielles)

Shrotra : Oreille – Ouïe.Tvac : Peau – Toucher. Caksus : Œil –Vue. Jihvâ : Langue – Goût.Nâsikâ : Nez – Odorat.

5 Karmendriya (facultés d’action motrices)

Vâc : Bouche – Parole.Upastha : Sexe – Procréation. Pâyu : Anus – Excrétion.Hasta : Mains – Bras – Préhension.Pâda : Pieds – Jambes – Marche.

5 Tanmâtra (Principes subtils agissant

Shabdatanmâtra : Le principe du son.Sparshatanmâtra : Le tangible et le thermique.Rûpatanmâtra : La couleur et la forme.

dans les éléments)

Rasatanmâtra : la saveur.Gandhatanmâtra : l’odeur.

5 Mahâbhuta (forces élémentaires monde Extérieur)

Âkasha : l’éther ou espace vibrant.Vâyu : l’air.Tejas : le feu.Ap : L’eau.Prthivî : La terre.

Vision des éléments qui nous constituent- Les 16 sont les productions.- Les 13 sont les instruments.- Les 8 Prakrti sont les producteurs (les causes).

- Prakriti est la cause substancielle de la manifestation, elle est inconsciente- Purusa est l'esprit, la conscience pure, spectateur immobile.- Buddhi est l'intelligence supérieure elle est produit par Prakriti.- Ahamkara est produit de Buddhi il apporte la notion de l'égo, l'idée de "je suis". Il est de nature Sattvique, sa production associée aux gunas (tamas, rajas, sattva ) donne (avec prédominance d'un guna) Manas, Jnanendriya, Karmendriya, Tanmatra.

- Manas est le mental, il a comme fonction l'intellectualisation, la mémoire, la perception d'un monde intérieur et extérieur.- Jnanendriya et Karmendriya ne sont pas produit par Manas mais par Ahamkara, Manas est juste le pilote des deux.- Prakriti, Buddhi et Ahamkara n'ont pas de différence de nature. - Buddhi est les sois individuels. - Ahamkara rapporte le fruit de l'action à soi même. Si dans l'action on dépasse l'idée de ramener à soi les fruits de l'action on atteint Buddhi. - Les tanmatras sont des capacités potentielles de perception.

Mathématiquement 3 gunas peuvent donner en se combinant 6 produits. Hors il n'y a que 5 Jnanendriya et 5 Karmendriya. Cela donne une possibilité de voir apparaitre un 6ème sens qui serait l'intuition et se place au-dessus d'Ahamkara. L'homme est le seul chaînon pouvant expérimenter toute la création.

Les Gunas : - Sattva est l'influence de la lumière. Force orbitante, équilibrée, léger, agréable et révélateur. - Rajas est l'influence de l'action. Force centrifuge, mouvement, il est mobile et donne l'impulsion. - Tamas est l'influence de l'inertie. Force centripète, il est lourd et opaque.

la nature ne se modifie pas en conscience mais en nature. C'est l'influence des Gunas qui change sous l'influence de la conscience.

- Buddhi est le point de contact avec PURUSA (l'esprit). Buddhi étant sattvique, elle permet au pratiquant de faire évoluer la conscience de l'être vers le contact de Purusa, mais vouloir développer uniquement Sattva n'est pas forcément bon. - Un homme dans une démarche trop sattvique n'aura pas assez de force pour aller loin et pas assez de torpeur pour sortir de son état méditatif lumineux. - Trop Rajasique il ne pourra être immobile et vivre Sattva. - Trop Tamasique il saura se poser est être immobile mais il s'endormira car il est apathique.

3 éléments forment le voile : le temps, l'espace et le lien de causalité.

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