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Latin 2 nde _ année 2014-2015_ Séquence n°2_La mort à Rome Mourir à Rome, rites et mythes Première étape. Lire des épigrammes funéraires. (Les deux stèles suivantes ont été découvertes à Lyon. ) Simple stèle datant de l’extrême fin du Ier siècle avant JC. Masque funéraire et épitaphe de petite fille Sarcophage datant du 2 ème ou du 3 ème siècle. (Les lettres ont été peintes en rouge au 19 ème siècle, mais il est probable qu’elles étaient colorées de cette façon à l’origine.)

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Latin 2nde_ année 2014-2015_ Séquence n°2_La mort à Rome

Mourir à Rome, rites et mythes

Première étape. Lire des épigrammes funéraires.

(Les deux stèles suivantes ont été découvertes à Lyon.)

Simple stèle datant de l’extrême fin du Ier siècle avant JC.

Masque funéraire et épitaphe de petite fille

Sarcophage datant du 2ème ou du 3ème siècle.(Les lettres ont été peintes en rouge au 19ème siècle, mais il est probable qu’elles étaient colorées de cette façon à l’origine.)

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Stèle d’Ancharia Bassa. (découverte à Lyon, en 1885) Transcription.

ANCHARIA QL BASSA HIC ADQUIESCIT

Traduction. (Q L : Quinti Liberta)Ancharia Bassa, affranchie de Quintus repose ici

CCL. Simple stèle datant du 1er siècle. On remarque que les inscriptions sont alors très brèves, et se contentent de donner le nom du défunt.

Sarcophage de Calpurnia. (datation : 2ème-3ème siècle) Transcription (de ce qu’il est possible de lire)

ET MEMORIAE AETERNCALPURNIAE SEVERAEFEMINAE SANCTISSIMAEVIVA

Traduction« Aux dieux Mânes et à la mémoire éternelle de Calpurnia Severa, femme très vertueuse, qui de son vivant, a fait élever pour elle-même et pour Calpurnia Delicata, son héritière, ce tombeau, et l’a réalisé sous l’ascia »

Expliquer : DM = Dis Manibus : les dieux MânesL’outil = l’Ascia

Les mystères de l’ascia. Plusieurs explications = pas d’explication ! Sur les monuments funéraires, aux IIe-IIIe siècles, apparaît souvent à Lyon la figuration d’une sorte

d’herminette, outil de tonnelier ou de charpentier, l’ascia. De plus, l’épitaphe mentionne souvent que le monument a été dédié « sous l’ascia ». Aucune explication satisfaisante n’a encore été donnée de la présence de cet outil. Il devait jouer dans le rituel funéraire un rôle sans doute symbolique qui nous échappe.

l’ascia : pièce de métal assujettie à un manche, instrument à tout faire du menuisier et du maçon de l’antiquité. L’évocation de l’outil a valeur de consécration et garantit l’inviolabilité de la tombe.

« sub ascia dedicare » (Faire écrire la fin de l’inscription : sub ascia dedicavit)

Expliquer : « viva », de son vivant.Il s’agissait d’une pratique fréquente : les gens pensaient à leur tombeau qu’ils faisaient ériger et à l’inscription qui serait gravée dessus.

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Monument funéraire de Claudia Victoriae

D METMEMORIAECLVICTORIAEQVAEVIXITANNXMENS I DIES XICLAUDIASEVERINAMATERFILIAEDVLCISSIMAEETSIBIVIVAFECITSUBASCIA DEDICAVIT

Dis Manibuset memoriaeClaudiae Victoriaequae vixit annos Xmenses I dies XClaudia severi--na mater filiaedulcissimiaeet sibi viva fecitsub ascia dedi--cavit

Aux Dieux ManesEt à la mémoireDe Claudia VictoriaQui vécut 10 ansUn mois et 11 joursClaudia Severi--na, sa mère pour sa filleTrès douceEt pour elle-même a fait <ce tombeau><et> l’a dédié sous l’ascia

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Exercice noté1) Qu’est-ce qui rend la lecture des stèles difficile

(outre le fait qu’elles soient en latin) ?

2) Comment s’appelle l’outil représenté sur le haut du monument ? Que sait-on de lui ?

3) A quels dieux la stèle est-elle dédiée ? Où le voyez-vous inscrit sur le monument ? (vous pouvez repasser sur les lettres) ; Que sont ces dieux ?

4) La stèle présentée est celle d’un couple, salué sur les deux premières lignes ; quels sont leurs noms ?

5) Au bas de la stèle, se trouve inscrite la durée de mariage de ce couple. Quelle est-elle ? Retrouvez le mot qui signifie mariage. (pour cela, aidez-vous du mot français dérivé du nom latin : matrimonial)

6) Le mari a fait faire cette stèle de son vivant. Relevez le mot latin qui le prouve. (la ligne où figure cette information est désignée par une flèche)

Bonus : toute autre chose que vous sauriez lire sur cette stèle !

HAVE MODIIHAVE GEMINADIIS MANIB [US]ET MEMORIAESEPTICIAE? GEMNAEFEMINAE SANCTISS[IMAE]UNIUS Q[UE] MARITAMODIUS ANNIANUSCONIU[X] CHARISSIMAESUIQ[UE] AMANTISSIMO… MENS X [ANNO ?]IN MATRIMONIOANNIS XXXET SIBI VIVUS FECIT…

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Exercice de version guidée

Mercurio Augusto et Maiae Augustae sacrum ex voto M. Herenius, Marci Libertus, Albanus, aedem et signa

duo cum imagine Tiberii Augusti de sua pecunia solo publico fecit.

[A Mercure Auguste et Maia Auguste, Marcus Herennius Albanus, affranchi de Marcus (Hérennius), à la suite d’un vœu, a fait élever ce temple avec leurs deux statues et l’image de Tibère Auguste, de ses propres deniers, sur le sol public.

Il s’agit d’une des plus anciennes stèles trouvées à Lyon, gravée sous le règne de l’empereur Auguste ; elle propose une association étrange de Maia et de Mercure -un des dieux les plus prisés en Gaule, sans qu’on sache exactement à quel dieu gaulois il était associé.]

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Deuxième étape. Comprendre quelles étaient les conceptions de l’au-delà dans la Rome de Virgile.

Trois rencontres d’Enée aux Enfers (D’après Virgile, L’Enéide, VI)

1) Le passeur CharonPortitor horrendus has aquas et flumina servat : terribili squalore Charon. Plurima canities mento inculta jacet. Stant lumina flamma. Sordidus amictus ex humeris nodo dependet. Jam senior est.

2) Palinure(Palinure était le timonier du navire d’Enée ; il périt, disparu en mer. Enée le voit au milieu de la foule qui espère pouvoir embarquer avec Charon.)Ecce gubernator Palinurus sese agebat . Exciderat puppi, mediis in undis effusus. « Nunc me fluctus habet, versantque in litore venti. Eripe me his malis ! Tecum me tolle per undas ut saltem placidis sedibus in morte quiescam. »

3) Le chien CerbèreCerberus ingens latratu trifauci haec regna personat, recubans immanis in adverso antro. Vates Aeneasque colla collubris horrere vidunt.

La géographie des Enfers (d’après L’Enéide, de Virgile)

Complétez le schéma avec les noms latins : adamante columnae / aqua paludis / Arva ultima quae bello clari secreta frequentant/ Cerberus / falso damnati crimine mortis / ferrea turris / infantum animae / Lethaeum fluvium / loci laeti (Elysium) / Lugentes Campi / moenia triplici circumdata muro / porta cornea / porta elephanto / portitor Charon / Quaesitor Minos / qui sibi letum insontes pepere manu / spelunca alta, tuta lacu nigro (Averno) / Tartareus Phlegeton / Ulmus opaca / vestibulum, fauces Orci

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spelunca alta, tuta lacu nigro (Arverno)

vestibulum / fauces Orci

Ulmus opaca

portitor Charon

aqua paludis

Cerberus

infantum animae

falso damnati crimine mortis

Quaesitor Minos

qui sibi letum insontes pepere manu

Lugentes Campi

Arva Ultima quae bello clari secretafrequentant

moenia triplici circumdata muro

Tartareus Phlegeton

adamante columnae

ferrea turris

loci laeti (Elysium)

Lethaeum fluvium

porta cornea

porta elephanto

une grotte profonde, protégée par un lac noir (l’Arverne)

(Orcus désigne tantôt le dieu des Enfers, tantôt les Enfers eux-mêmes.

l’orme au feuillage dense

Charon, le batelier (le porteur)

l’eau du marais (Achéron = Styx)

Cerbère

les âmes des bébés

les innocents condamnés à mort

le juge Minos (stricto sensu, celui qui fait une enquête)

ceux qui, innocents, se sont donné la mort de leur main

les Champs des Pleurs

les champs ultimes que fréquentent, à part des autres, ceux qui se sont illustrés à la guerre.

une muraille ceinte d’un triple mur

le Phlegeton infernal

des colonnes de diamant

une tour de fer

les Champs des heureux (les champs Elysées)

le Léthé

la porte de corne

la porte d’ivoire

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Plan de la descente aux Enfers de A. M. Guillemin, Virgile, Enéide VI, Hatier, 1947

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« γνῶθι σαῦτον », « Connais-toi toi-même », fragment de mosaïque provenant du couvent Saint-Grégoire à Rome (Rome, Musée national des Thermes)

La mort du sage

Sénèque, Consolation à Marcia, (extraits)

Ton fils est mort, c'est-à-dire, il a couru où se hâte d'arriver ceux que tu juges si heureux de lui survivre ; où se dirigent à pas inégaux tous ces plaideurs du Forum, ces oisifs des théâtres, ces suppliants de nos temples. Et les objets de tes vénérations et ceux de tes mépris ne seront qu'une même cendre. Telle est la leçon tirée des oracles de la Pythie : « Connais-toi toi-même ». Qu'est-ce que l'homme ? Vase fragile et sans consistance, il ne faut qu'une faible secousse, et non une grande tempête, pour te briser ; le plus léger choc va te dissoudre.

Quid est homo ? imbecillum corpus et fragile, nudum, suapte natura inerme, alienae opis indigens, ad omnis fortunae contumelias projectum,

et lorsqu’il a bien exercé ses muscles, pâture de n’importe quelle bête sauvage, victime de n’importe qui ; pétri de faiblesses et de d’infirmités et brillant par ses traits extérieurs, mais incapable de supporter le froid, la chaleur, le travail, qui se hâte vers sa destruction par son inertie et son oisiveté, craignant jusqu’à ses aliments, dont le manque le tue et dont l’abondance le brise ; être dont la conservation s'achète par mille soucis, par mille angoisses, dont le souffle est précaire et ne tient à rien ; qu'une peur subite ou l'éclat trop fort d'un bruit imprévu peut frapper de mort ; qui n'est enfin que pour ses semblables une nourriture malsaine et dangereuse.

Quid igitur te, Marcia, movet ? utrum quod filius tuus decessit an quod non diu vixit ? Si quod decessit, semper debuisti dolere ; semper enim scisti moriturum.

Hors de cette vie, persuade-t-en, on n'éprouve plus de mal, et les effrayants récits qui se font des enfers sont de pures fables. Les morts n'ont à craindre ni ténébreuses prisons, ni lacs de feu, ni fleuve d'oubli ; et dans ce séjour d'indépendance, il n'y a ni tribunaux, ni accusés, ni nouveaux tyrans : ce sont là jeux de poètes, qui nous ont agités de vaines terreurs.

Mors dolorum omnium exsolutio est et finis ultra quem mala nostra non exeunt, quae nos in illam tranquillitatem in qua antequam nasceremur jacuimus reponit.

Tu pleures les morts, pleure donc aussi ceux qui ne sont pas nés.

Mors nec bonum nec malum est

Pour qu'une chose soit l'un ou l'autre, il faut qu'elle soit d'une manière quelconque ; mais ce qui n'est en soi que néant, ce en quoi tout s'anéantit, ne nous livre à aucun état. Le bien comme le mal supposent toujours quelque élément, une sphère d'action. L'affranchi de la nature ne peut plus rester dans les liens du sort,

nec potest miser esse qui nullus est.

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CorrectionTon fils est mort, c'est-à-dire, il a couru où se hâte d'arriver ceux que tu juges si heureux de lui survivre ; où se dirigent à pas inégaux tous ces plaideurs du Forum, ces oisifs des théâtres, ces suppliants de nos temples. Et les objets de tes vénérations et ceux de tes mépris ne seront qu'une même cendre. Telle est la leçon tirée des oracles de la Pythie : « Connais-toi toi-même ». Qu'est-ce que l'homme ? Vase fragile et sans consistance, il ne faut qu'une faible secousse, et non une grande tempête, pour te briser ; le plus léger choc va te dissoudre.

Quid est homo ? imbecillum corpus et fragile, nudum, suapte natura inerme, alienae opis indigens, ad omnis fortunae contumelias projectum,

Qu'est-ce que l'homme ? Corps débile et frêle, nu, sans défense naturelle, incapable de se passer du secours d'autrui, en butte à tous les outrages du sort,

et lorsqu’il a bien exercé ses muscles, pâture de n’importe quelle bête sauvage, victime de n’importe qui ; pétri de faiblesses et de d’infirmités et brillant par ses traits extérieurs, mais incapable de supporter le froid, la chaleur, le travail, qui se hâte vers sa destruction par son inertie et son oisiveté, craignant jusqu’à ses aliments, dont le manque le tue et dont l’abondance le brise ; être dont la conservation s'achète par mille soucis, par mille angoisses, dont le souffle est précaire et ne tient à rien ; qu'une peur subite ou l'éclat trop fort d'un bruit imprévu peut frapper de mort ; qui n'est enfin que pour ses semblables une nourriture malsaine et dangereuse.

Quid igitur te, Marcia, movet ? utrum quod filius tuus decessit an quod non diu vixit ? Si quod decessit, semper debuisti dolere ; semper enim scisti moriturum.

Qu’est-ce donc qui t’émeut, Marcia ? est-ce la mort de ton fils, ou le fait qu’il n’ait pas vécu longtemps ? Si c’est parce qu’il est mort, tu aurais dû t’affliger depuis toujours ; tu as en effet toujours su qu’il mourrait.

Hors de cette vie, persuade-t-en, on n'éprouve plus de mal, et les effrayants récits qui se font des enfers sont de pures fables. Les morts n'ont à craindre ni ténébreuses prisons, ni lacs de feu, ni fleuve d'oubli ; et dans ce séjour d'indépendance, il n'y a ni tribunaux, ni accusés, ni nouveaux tyrans : ce sont là jeux de poètes, qui nous ont agités de vaines terreurs.

Mors dolorum omnium exsolutio est et finis ultra quem mala nostra non exeunt, quae nos in illam tranquillitatem in qua antequam nasceremur jacuimus reponit.

La mort est la fin de toutes nos douleurs et la limite au-delà de laquelle nos maux ne peuvent aller ; elle nous repose dans cette tranquillité dont nous jouissions avant que de naître.

Tu pleures les morts, pleure donc aussi ceux qui ne sont pas nés.

Mors nec bonum nec malum est La mort n’est ni un bien ni un mal.

Pour qu'une chose soit l'un ou l'autre, il faut qu'elle soit d'une manière quelconque ; mais ce qui n'est en soi que néant, ce en quoi tout s'anéantit, ne nous livre à aucun état. Le bien comme le mal supposent toujours quelque élément, une sphère d'action. L'affranchi de la nature ne peut plus rester dans les liens du sort,

nec potest miser esse qui nullus est. Et il ne peut être malheureux, celui qui n’est pas / plus.

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Qu'est-ce que l'homme ? Corps débile et frêle, nu, sans défense naturelle, incapable de se passer du secours d'autrui, en butte à tous les outrages du sort ; qui, après qu'il a glorieusement exercé ses muscles, devient la pâture de la première bête féroce, la victime du moindre ennemi ; brillant par ses traits extérieurs, pétri au dedans de faiblesse et d'infirmités: le froid, la chaleur, la fatigue, il ne supporte rien ; l'inertie d'autre part et l'oisiveté hâtent sa destruction ; il craint jusqu'à ses aliments, dont le manque ou l'excès le tuent ; être dont la conservation s'achète par mille soucis, par mille angoisses, dont le souffle est précaire et ne tient à rien; qu'une peur subite ou l'éclat trop fort d'un bruit imprévu peut frapper de mort ; qui n'est enfin que pour ses semblables une nourriture malsaine et dangereuse.11,4] Et l'on s'étonne qu'un de nous meure, quand c'est là pour tous une nécessité ! Pour renverser l'homme, en effet, est-il besoin d'un grand effort ? Une odeur, une saveur, la lassitude, les veilles, les humeurs, la table, et tout ce sans quoi il ne peut vivre, lui est mortel. Il ne peut faire un pas qui ne le rappelle au sentiment de sa fragilité ; le changement de climat ou d'eau, une température qui ne lui est pas familière, la plus mince des causes, un rien le rend malade; et cette argile décrépite, ce chétif animal dont l'entrée dans la vie s'annonce par des pleurs, que de révolutions pourtant n'excite-t-il pas ! À quelles ambitieuses pensées ne le pousse pas l'oubli de sa condition ! […]

[19,1] Mais, venons aux motifs de consolation, et voyons quels maux il faut guérir, et par quels moyens. Les larmes, les amers regrets tiennent à ce que celui qu'on aimait n'est plus: regrets, en apparence excusables. Mais les absents, ou ceux qui vont l'être, tant qu'ils vivent, nous ne les pleurons pas, bien que nous soyons entièrement privés de les voir ou de jouir de leur société. Le mal gît donc dans l'opinion, et il ne vaut que ce que nous l'avons estimé. Le remède est en notre puissance: regardons les morts comme absents, et ce ne sera pas une illusion: nous les avons laissés partir ; que dis-je ? nous allons les suivre, ils ont pris les devants. […]

[19,4] Hors de cette vie, assurez-vous-en bien, on n'éprouve plus de mal, et les effrayants récits qui se font des enfers sont de pures fables. Les morts n'ont à craindre ni ténébreuses prisons, ni lacs de feu, ni fleuve d'oubli ; et dans ce séjour d'indépendance, il n'y a ni tribunaux, ni accusés, ni nouveaux tyrans : ce sont là jeux de poètes, qui nous ont agités de vaines terreurs.[19,5] La mort est la délivrance, la fin de toutes nos douleurs, la limite où le malheur s'arrête ; elle nous replonge dans le tranquille repos où nous étions ensevelis avant de naître. Vous pleurez les morts, pleurez donc aussi ceux qui ne sont pas nés. La mort n'est ni un bien ni un mal. Pour qu'une chose soit l'un ou l'autre, il faut qu'elle soit d'une manière quelconque; mais ce qui n'est en soi que néant, ce en quoi tout s'anéantit, ne nous livre à aucun état. Le bien comme le mal supposent toujours quelque élément, une sphère d'action. L'affranchi de la nature ne peut plus rester dans les liens du sort, et celui qui n'est pas, ne saurait être malheureux.

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Quelques pistes pour le commentaire

/!\ Partir des réactions des élèves. Relire le texte dans son intégralité

- toutes les philosophies antiques ont pour but la recherche du bonheur ; Or, réfléchir à ce qu’est la mort permet de trouver les valeurs qui fonderont notre vie.

- le message du stoïcisme : le corps n’est qu’une enveloppe, un réceptacle fragile

la mort est inéluctable ; il n’est pas en notre pouvoir d’y échapper ; or le stoïcisme enseigne que pour vivre heureux, il ne faut pas se préoccuper de ce sur quoi notre désir/pouvoir est impuissant ; le vrai sage ne peut être malheureux de qqc h qui ne dépend pas de lui (si questions des élèves : théorie des désirs)

pour vivre heureux, il faut aussi vaincre la peur de la mort ; or la perspective d’une vie future consacrée à expier les crimes de la vie présente peut effrayer les hommes

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