Upload
letram
View
217
Download
1
Embed Size (px)
Citation preview
Lectures A2 00_Garnier_Pascal_Les_enfants_de_la_nuit.docm
KSSeetal BuP Page 1 sur 11
L'AUTEUR Pascal Garnier est né en 1949 à Paris. Il a beaucoup voyagé pendant sa jeunesse. Aujourd'hui, il est installé à Lyon. Il écrit des romans noirs pour adultes et des histoires pour les jeunes. Quand il n'écrit pas, il peint ou il voyage. PASCAL GARNIER PASCAL GARNIER Les enfants de la nuit TEEN READERS, NIVEAU 1 Rédaction: Christiane Stéfanopoli Illustrations : Birgitte Frier Stewart Maquette: Jytle West/Westdesign Rédacteurs de série: Charlotte Bistrup et Ulla Malmmose Copyright © Bayard Editions Jeunesse, 2006 © 2009 EASY READERS, Copenhague a subsidiary of Lindhardt og Ringhof Forlag A/S, an Egmont company ISBN Danemark 978.87.23-‐90629-‐8 www.easyreaders.eu Easy Readers EGMONT Imprimé au Danemark par Sangill Grafisk Produktion, Holme Olstrup Les enfants de la nuit CHAPITRE l Je m'appelle Adrien. J'habite avec mon père. Il m'aime, mais il travaille beaucoup et n'a jamais le temps d'être avec moi. Cette semaine, il est à Montréal. Ma mère est j oumaliste, elle habite à Los Angeles. Ma soeur, Sandrine, est à l'université de Montpellier. Je suis donc très seuL Heureusement, il y a monsieur Cachoudas. Je passe des heures avec lui dans sa cordonnerie. Il aime raconter des histoires et moi, j'aime écouter. Parfois, on ne se parle pas. On écoute simplement la radio. Mais on est ensemble. Et je suis bien. -‐Adrien ... -‐ Oui? -‐ Je vais fermer, mon garçon. -‐ Je peux revenir demain, monsieur Cachoudas ? -‐ Bien sûr, mais c'est les vacances de la Toussaint1, tu n'as pas mieux à faire ? -‐ Non, je suis seul à la maison. Mon père est à Montréal pour huit jours. Tout à coup, le téléphone sonne. Dring ... Dring... -‐ Excuse-‐moi, Adrien, à demain. Je sors de la cordonnerie2. À six heures du soir, il fait déjà nuit. Moi, ça me va, car je suis gros et moche3. Moche, c'est pas de ma faute, mais, gros, peut-‐être. J'adore manger: pizzas, hamburgers, pommes de terre, poulet, saucisson ... Je mange tout comme je lis tout. À la maison, je prépare le dîner. Des raviolis. Quand ils sont chauds, je commence à manger. Tout à coup, le téléphone sonne. Dring ... Dring ... Je réponds.
1 La Toussaint = fête catholique début novembre 2 la cordonnerie = magasin où le cordonnier répare des chaussures 3 moche = pas beau
Lectures A2 00_Garnier_Pascal_Les_enfants_de_la_nuit.docm
KSSeetal BuP Page 2 sur 11
-‐ Adrien, c'est Cachoudas. -‐ Oui. -‐ Je voudrais te demander un petit service. -‐ Oui, si je peux. -‐ Bon, je suis chez toi dans cinq minutes. C'est la première fois que Cachoudas m'appelle ... Où
a-‐til trouvé mon numéro? Qu'est-‐ce que je peux faire pour lui à cette heure ? ...
On sonne à la porte. Dring ... J'ouvre. C'est Cachoudas. Il est très pâle. Il n'est pas seul. -‐ Adrien, excuse-‐moi de venir si tard, on peut entrer? Une jeune fille est avec lui. Elle est très mince, presque transparente, avec des cheveux blonds et des yeux verts! Elle porte un grand manteau d'homme, un bonnet et une monstrueuse paire de bottes. -‐ Adrien, je te présente Tania, elle ne parle pas français. Est-‐ce qu'elle peut passer la nuit dans ta maison? Cette nuit seulement. C'est important! -‐ Mais oui, bien sûr! -‐ Merci beauoup,Adrien! À demain, neuf heures. Et il part dans la nuit. Comment parler avec une fille qui ne comprend pas le français? Je fais des gestes avec les mains. -‐ Tania ... Manteau? Bonnet4? Elle me donne son manteau et son bonnet. Sa jupe et son pull sont très vieux! Et ses bottes! Au moins du 45 ! -‐ Tania ... Vous, faim, Manger. Miam-‐miam. Elle fait oui de la tête. Nous allons dans la cuisine et je mets une deuxième assiette de raviolis sur la table. -‐ Voilà! Elle mange vite, très vite. En quelques secondes, l'assiette est vide. Je donne une deuxième portion. Elle la mange aussi vite. C'est fascinant. Enfin, elle me regarde. -‐ Bon? Elle fait oui de la tête, puis ferme les yeux. -‐ Dormir? Je mets mes deux mains contre ma joue droite. Elle fait oui de la tête. Nous montons au premier étage. Il y a une chambre d'amis. Je montre la salle de bains. Je prends un tee-‐shirt de Sandrine et des pantoufles et les donne à Tania. Puis, je dis bonne nuit. C'est drôle d'avoir une fille dans la maison. Mais c'est sympa. Je ne suis plus seul. Le lendemain matin, Tania mange quatre oeufs au jambon, une demi-‐baguette beurrée et boit un litre de thé. Ensuite, elle s'installe devant la télé. Il est onze heures et Cachoudas n'est toujours pas là. Je suis nerveux. Où est-‐il? Que fait-‐il? Je fais signe à Tania de rester devant la télé et je vais vite à la cordonnerie. Il y a quelques personnes devant la boutique. La vitrine est en mille morceaux. -‐ Que se passe-‐t-‐il ? -‐ On ne sait pas ... La police parle de voiture-‐belier5. C'est drôle. Une cordonnerie! On ne comprend
4 le bonnet = une sorte de chapeau, de casquette 5 une voiture bélier = une voiture pour casser une bijouterie par exemple
Lectures A2 00_Garnier_Pascal_Les_enfants_de_la_nuit.docm
KSSeetal BuP Page 3 sur 11
pas! -‐ Et M. Cachoudas, le cordonnier? -‐ On ne sait pas où il est! Je suis encore plus nerveux. Où est Cachoudas ? J'achète deux steaks, des pommes de terre et un pain. À la maison, Tania passe l'aspirateur. Elle s'amuse beaucoup. Moi, je n'aime pas le vroom vroom de l'aspirateur. Il fait trop de bruit. Je fais signe d'arrêter la machine. Ensuite, nous allons dans la chambre de Sandrine. Elle prend un jean, un pull et une paire de baskets. Je descends dans la cuisine pour préparer les steaks et les pommes de terre. Quand elle arrive, elle est toute belle dans les vêtements de ma soeur. C'est presque de la haute couture. Cachoudas arrive à deux heures. -‐ Adrien, ferme vite la porte! -‐ Qu'est-‐ce qui se passe, monsieur Cachoudas ? Vous êtes tout pâle ... Venez, je vais vous faire un thé. Il va avec moi dans la cuisine. -‐ Tania? -‐ Elle va bien. Elle regarde la télé. -‐ Bien, bien ... -‐ M. Cachoudas, la vitrine de votre boutique est en mille morceaux. Que se passe-‐t-‐il ? -‐ C'est compliqué, mon garçon ... Il prend un peu de thé, regarde nerveusement la fenêtre et allume une cigarette. Tania arrive, prend la main de Cachoudas et ils parlent dans une langue pleine de "r", peut-‐être du bulgare. -‐ Tu vois Adrien, dit Cachoudas, dans notre pays, les gens sont très pauvres. Ils vendent leurs enfants à des hommes qui les emmènent6 à Paris, Berlin et Rome. Les plus jeunes doivent mendier7 et les plus âgés, comme Tania, sont destinés à la prostitution. Avec des amis, nous voulons aider ces enfants. Hier soir, nous avons trouvé Tania. Mais les hommes sont sur notre piste. -‐ Monsieur Cachoudas, il faut appeler la police! -‐ Nous ne pouvons pas. C'est trop compliqué ... -‐ Qu'est-‐ce que vous allez faire? -‐ Un de nos amis a un château dans l'Yonne. C'est là que nous emmenons les enfants ... Chut! Il y a quelqu'un dehors? Je regarde dans le jardin. Il y a trois hommes. -‐ Oui, monsieur Cachoudas, il y a trois hommes. -‐ Alors, il faut partir, maintenant! -‐ Monsieur Cachoudas, la voiture de mon père est dans le garage. Je sais où sont les papiers et les clés ... -‐ Va les chercher! Je suis nerveux. Mes mains tremblent8. Je les emmène vers le garage. Devant la voiture, je veux donner les clés à Cachoudas. Il me regarde. -‐ Mais ... je ne sais pas conduire9! 6 emmener = „voler“ une personne 7 mendier = demander quelques sous aux passants dans la rue 8 trembler = faire des mouvements rapides et nerveux quand on a peur 9 conduire = le chauffeur conduit la voiture
Lectures A2 00_Garnier_Pascal_Les_enfants_de_la_nuit.docm
KSSeetal BuP Page 4 sur 11
-‐ Monsieur Cachoudas, j'ai quatorze ans, je sais un peu conduire, mais j'ai pas le permis10! -‐ Ça ne fait rien. Ouvre la porte et démarre11! CHAPITRE 2 Je ne sais pas comment nous sommes arrivés à l'autoroute. C'est un miracle. Nous sommes maintenant dans la campagne. Il pleut. -‐ Monsieur Cachoudas, je dois m'arrêter à une station-‐service12. Je stoppe la voiture à une station-‐service et je vais tout de suite aux toilettes. Quand je ressors, Tania et Cachoudas sont installés à une table de la cafétéria. Ils prennent une boisson chaude. Tania porte le manteau de Cachoudas. -‐ Monsieur Cachoudas. Où va-‐t-‐on exactement? -‐ Au château de Subligny, à une centaine de kilomètres. M. Rappoport, le propriétaire, a un grand musée de la poupée et de l'automate ... Il regarde un instant le parking.
-‐ Adrien! Les trois hommes sont là ... Ils viennent de mettre leur voiture à côté de la nôtre ... Ils sortent ...Ils viennent vers la cafétéria ... Emmène Tania ... Sortez par derrière et partez vite! Château de Subligny, à vingt kilomètres de Sens, sur la route de Tonnerre! Moi, je vais faire du bruit! Je prends Tania par la main et nous allons vite vers la porte de derrière. Avant de sortir, je vois Cachoudas se lever et casser en mille morceaux une vitrine de la cafétéria. Quelqu'un crie: « Appelez la police! » Tania et moi, nous sortons dans le chaos, sprintons à travers le parking et partons dans la campagne. De loin, nous entendons la sirène d'une voiture de police. Bravo, Cachoudas!
Tania me regarde. Je la regarde. Nous sommes seuls, sous la pluie et ... nous rions! -‐ Tania, dans quelle direction allons-‐nous ? Par là ? Elle fait oui de la tête. -‐ Eh bien, allons-‐y! CHAPITRE 3 Nous marchons longtemps comme des automates. Tout à coup, je vois quelques lumières. Probablement, un village. -‐ Tania. Tu as faim? Miam-‐miam ? Elle fait oui de la tête. J'ai quelques euros. On va jusqu'au village là-‐bas. On achète à manger et,
10 le permis = carte officielle qui permet de conduire une voiture 11 démarrer = partir en voiture, faire marcher le moteur 12 la station-‐service = lieu où on achète de l'essence pour la voiture .
Lectures A2 00_Garnier_Pascal_Les_enfants_de_la_nuit.docm
KSSeetal BuP Page 5 sur 11
ensuite, on dort quelques heures. Un quart d'heure plus tard, nous sommes dans le village de Crécy .... Il y a des maisons tristes et... un chien jaune qui attend devant un petit supermarché. J'achète une boîte de raviolis, une bouteille d'eau, un pain, un fromage et deux mandarines. Nous sortons et le chien part avec nous. Il fait nuit maintenant. Et il pleut! Tania me prend par la main et me montre un cimetière13. Pourquoi pas ? Nous marchons dans les allées entre les tombes14. C'est sinistre15. Soudain, le chien s'arrête devant une grande tombe, style petit château gothique. Il entre aussitôt. Nous le suivons. Il fait noir. Et puis, miracle, il y a de la lumière. C'est le briquet16 de Cachoudas que Tania a trouvé dans l'une des poches du manteau. Trois cierges sont plantés dans un candelabre. Tania les allume et ça devient plus sympa. Je pose les sacs en plastique sur le sol. Mais, comment ouvrir une boîte de raviolis sans ouvre-‐boîtes? Tania rit devant ma mine. Des poches du manteau, elle sort un joli couteau suisse tout neuf, une lampe électrique, quatre barres de chocolat Suchard et une boîte de Canigou17. J'ouvre de grands yeux. Comment fait-‐elle? -‐ Ça alors! -‐ C'est la vie ! dit-‐elle avec un délicieux accent. Elle parle un peu français! Dîner aux chandelles dans un château gothique ... Ensuite, le chien dort. Nous sommes fatigués. Tania éteint18 les cierges, se met contre moi sous le manteau de Cachoudas. C'est la première fois que je dors avec une fille. Sur des morts! C'est le matin. Il ne pleut plus, le soleil brille. Nous mangeons les restes du dîner, puis nous allons faire une toilette à la fontaine du cimetière. Le chien joue avec Tania. -‐ Dis Tania, il faut donner un nom au chien! Elle me regarde. -‐ Oui! Toi, Tania, moi, Adrien ... Et le chien? -‐ Lechien! -‐ Oui, le chien? -‐ Lechien ... Lechien ! Tania, Adrien, Lechien ! D'accord! On va l'appeler Lechien ! C'est aussi bien que Rex ou Milou. Nous marchons deux ou trois kilomètres et nous arrivons à un panneau qui indique: « Sens 83 ». Le ciel est bleu. Tania chante. Lechien est à côté de moi. Je suis en pleine forme et commence à faire de l'autostop... Tout à coup, une drôle de voiture s'arrête devant nous. C'est quelque chose entre une mobylette et un camion, de la même couleur que les vaches de la région, noir et blanc. Le type, qui sort sa tête, est tout aussi drôle lunettes, cheveux en broussaille, barbe et très grand nez. -‐ Vous allez où ? -‐À Sens. -‐Montez!
13 le cimetière = lieu près de l’église où on met les morts 14 la tombe = das Grab 15 sinistre = triste 16 le briquet = Avec un briquet on allume une cigarette. 17 nom d’une nourriture pour chiens 18 éteindre = löschen
Lectures A2 00_Garnier_Pascal_Les_enfants_de_la_nuit.docm
KSSeetal BuP Page 6 sur 11
Tania et Lechien se mettent derrière. Moi, je me mets devant. Et la machine démarre dans un bruit infernal19. -‐ C'est un prototype! Pas mal, hein ? Vous êtes les premiers à monter dans une vacamobile. Faite à la main, avec ces deux mains-‐là! Formidable, non? Et vous croyez qu'elle roule à l'essence? -‐Euh ... Je n'entends rien à cause du bruit infernal et j'ai l'impression que la vacamobile va exploser à tout moment. Je tremble. Je regarde Tania et Lechien. Ils tremblent ... Une vingtaine de minutes plus tard, la vacamobile s'arrête devant le panneau « Sens ». CHAPITRE 4 C'est jour de marché à Sens. J'achète deux pommes et deux brioches que nous dévorons, assis devant la cathédrale. Lechien a un os magnifique. Après cette petite pause, nous prenons la route de Tonnerre. Je refais de l'auto-‐stop et un tracteur s'arrête. Ce n'est pas très confortable, mais c'est plus sûr que la vacamobile. Une dizaine de kilomètres plus loin, il s'arrête et nous allons à pied en direction de Subligny. Pendant que nous marchons, j'apprends des mots à Tania, « soleil », « ciel », « arbre », « terre ». Subligny est un petit village. Je lis sur un panneau: «Château de Subligny. Musée de la poupée et de l'automate. Attention, enfants! » À l'entrée une haute grille de fer forgé20. Puis, une longue allée de platanes mène au château qui ressemble à celui de Moulinsart, dans « Tintin ». -‐ On y est, Tania! Un grand danois21 arrive vers nous. Tania me prend la main. Lechien s'arrête tranquillement au milieu de l'allée. Je ferme les yeux car j'ai peur du choc. Mais le choc n'a pas lieu et les deux chiens marchent tranquillement22 en direction du château comme deux vieux amis. Un homme vient vers nous. -‐ Lucifer, ici ! L'homme est grand, mince, porte de longs cheveux blancs, une moustache, un costume marron et un noeud papillon rouge vif sur une chemise blanche. -‐ Le musée est fermé, mes enfants, il n'ouvre qu'à 14 heures. -‐ On vient de la part de M. Cachoudas. -‐ Vous êtes Adrien et Tania? -‐ C'est ça ! -‐ Venez! Nous' entrons dans le château. Nous traversons une salle magnifique, pleine de poupées et d'automates. Enfin, nous arrivons dans une grande cuisine. Une vieille dame lave des assiettes. -‐ Sonia, voici Tania et Adrien. Donnez-‐leur à manger. Il faut aussi trouver deux places au dernier
19 infernal = comme à l’enfer (=Hölle) 20 la grille de fer forgé = das Gusseisengitter (-‐tor) 21 le danois = race de chien 22 tranquillement = sans nervosité, sans se presser
Lectures A2 00_Garnier_Pascal_Les_enfants_de_la_nuit.docm
KSSeetal BuP Page 7 sur 11
étage. -‐ Ça va pas être facile, monsieur Rappoport. -‐ Je sais, Sonia, l'autocar doit arriver cette nuit ... -‐ Bon, je vais voir ... M. Rappoport nous laisse manger ... Il revient un peu plus tard. -‐ Alors, raconte, où est Cachoudas ? Je raconte toute l'histoire .... M. Rappoport m'écoute avec attention. -‐ Tu es très courageux Adrien. Merci beaucoup. Et maintenant, venez avec moi. Nous montons de longs escaliers. Enfin nous arrivons au dernier étage du château. M. Rappoport frappe à une porte. La porte s'ouvre et une vingtaine d'enfants s'arrêtent de jouer pour nous regarder. Puis deux jeunes filles se jettent dans les bras de Tania. Elles parlent toutes les trois, rient et pleurent. -‐ Monsieur Rappoport, elles se connaissent? -‐ Oui. Elles viennent du même village. -‐ Mais tous ces enfants, que vont-‐ils devenir? -‐ Nous les envoyons en Suisse. Nous avons des amis là-‐bas ... L'autocar devait venir les chercher hier soir, mais il n'est pas arrivé et nous avons peut-‐être un problème ... -‐ Pourquoi? -‐ Un des enfants a quitté le château avant hier. Il se drogue à l'héroïne et j'ai peur qu'il raconte notre histoire pour avoir sa dose. -‐ Qu'est-‐ce qu'on peut faire? -‐ Rien. Attendre. Dors un peu. -‐ Non merci. Je vais faire un tour dans le parc. -‐ Si tu veux, mais fais attention. Tiens, je te donne la clé, ferme la grille. Je fais un petit signe à Tania et je redescends. Il y a du vent. Lucifer et Lechien sont avec moi. Je marche et je me pose des questions. Où est la voiture de mon père ? Qu'est-‐ce que je vais lui dire à son retour? Est-‐ce que je vais le revoir? Qu'est-‐ce que je fais ici? Moi qui d'habitude me trouve trop grand, je suis aujourd'hui tout petit. Tout à coup, j'ai envie d'ouvrir la grille et de partir vers ma maison et mon lit... Mais je pense à Tania ... et nous rentrons au château. C'est drôle de visiter un musée tout seul. Les poupées me regardent de leurs yeux de verre. Certains automates ont presque une taille humaine ... -‐Adrien! M. Rappoport est derrière un petit bureau. Il travaille avec des morceaux de poupée. -‐ Tu voulais partir? -‐ Oui ... et non. -‐ Regarde cette poupée. Elle date de 1810. -‐ M. Rappoport, comment pouvez travailler sur une poupée dans un moment pareil? -‐ Ça calme les nerfs! Tu as peur ? -‐ Bien sûr! Qu'est-‐ce qu'on va faire, vous, moi, une vieille dame et deux chiens, contre cette bande? -‐ On va voir Adrien. Pour le moment, allons aider Sonia. Dans la cuisine, Sonia, termine le repas. Des assiettes, des couverts23, un panier de pain et un panier de fruits sont sur la table. -‐ C'est prêt, Sonia? -‐ Dans une minute, monsieur Rappoport ! Nous montons au dernier étage avec la purée de pommes de terre, la viande, les assiettes, les couverts, le pain, les fruits. Les enfants se jettent sur nous. Quelques minutes plus tard, on n'entend que le bruit des fourchettes dans les assiettes. Tania et ses amies viennent vers moi. L'une d'elles,
23 le couvert = l’assiette, le verre, le couteau et la fourchette (ce qu’il faut pour manger)
Lectures A2 00_Garnier_Pascal_Les_enfants_de_la_nuit.docm
KSSeetal BuP Page 8 sur 11
une grande et jolie brune, me tend la main. -‐ Je m'appelle Marina. Je parler un peu français. Tania nous dire comment tu aider elle, à votre maison, marcher beaucoup dans la pluie, la nuit dans la maison des morts, la voiture vache très vite, Lechien ... Elle dit toi très fort, très courageux et bon cuisinier! Tania demande si tu veux venir avec nous à la Suisse ? Je regarde Tania, ses yeux verts. Je l'aime tant! J'ai envie de crier: « Oui, tout de suite, partons! En Suisse ou à Tombouctou, à pied, à cheval ou même en vacamobile ! », mais je réponds: -‐ Non, j'ai une famille ici, je ne peux pas. Marina parle avec Tania. Une larme coule sur son visage. Soudain, les chiens aboient. On entend un bruit de moteur à la grille du château. M. Rappoport me fait signe. -‐ C'est l'autocar, accompagne-‐moi. Nous allons à la grille dans la pluie. Lucifer et Lechien nous accompagnent. Nous ne sommes plus qu'à un mètre quand M. Rappoport s'arrête. -‐ C'est drôle, il n'y a qu'un chauffeur. Habituellement, ils sont deux ... Michel? Hé ! Michel? Le chauffeur passe la tête par la vitre. -‐ Oui, c'est moi! -‐ Claude n'est pas avec toi ? -‐ Il a un problème ... Alors vous ouvrez ? M. Rappoport ouvre la grille. L'autocar entre dans l'allée, une grosse voiture sans lumièresentre aussi. Trois types sortent. Ils ont des revolvers. Lucifer et Lechien se jettent sur eux. -‐ Tenez vos chiens sinon24 ils sont morts. Nous retenons les chiens et le type nous lance une grille et monte dans le car. Nous montons dans le car avec l'un des types. Michel nous regarde. -‐ Claude est dans leur voiture ... -‐ Je comprends Michel, fais ce qu'il te dit. Le car se met en marche suivi par la voiture ... Nous arrivons devant le château. Les deux autres types nous attendent. -‐ Descendre! Pas chauffeur, vous seulement! Nous entrons dans le château ... Nous traversons la salle des automates. -‐ Où sont les enfants? -‐ Là-‐haut. -‐ Il y a d'autres personnes aussi? -‐ Sonia, ma cuisinière, une vieille femme. -‐ Alors, allez chercher les enfants. Lui reste avec nous. Et attention! -‐ Je comprends, dit M. Rappoport. Il passe près de moi et me dit à voix basse: -‐ Regarde le joueur de clavecin. Dès que ses yeux s'ouvrent, jette-‐toi sur le sol. Il disparaît et me laisse seul avec les deux types. Je suis paralysé de peur. Je suis sûr que je vais mourir. Beaucoup d'images passent dans ma tête. Moi, un dimanche aprèsmidi dans le jardin de ma grand-‐mère, moi à vélo sur les petites routes
24 sinon = si non, autrement
Lectures A2 00_Garnier_Pascal_Les_enfants_de_la_nuit.docm
KSSeetal BuP Page 9 sur 11
avec mon père, moi et ma soeur, on riait... Je commence à rire. -‐ Qu'est-‐ce qui te fait rire? demande l'un des types. Je n'ai pas le temps de répondre. Je vois les yeux du joueur de clavecin s'ouvrir et, par réflexe, je me jette25 sur le sol. Tout se passe très vite : de la musique de clavecin, de cymbales, de tambours ... Deux coups de feu , puis le silence total. Là je suis mort, c'est sûr et certain ... -‐ Adrien, ça va ? Adrien, c'est moi M. Rappoport. -‐ Vous êtes mort, vous aussi? -‐Mais non, personne n'est mort! Lève-‐toi! Je me lève. Les deux types sont sur le sol, une fléchette rouge plantée dans le cou. -‐ Et eux? -‐ Eux, ils dorment pour longtemps. Chaque fléchette contient une dose de PCP, un somnifère26 pour éléphant. Chacun de mes automates est équipé de ce système. C'est contre les voleurs. -‐ Et qu'est-‐ce qu'on fait maintenant? -‐ Il y a le troisième type dans le car. J'espère qu'il n'a rien entendu ... Je fais descendre les enfants. Toi, tu as à peu près27 la taille de ce type. Mets son manteau. Et quand les enfants sortent, fais signe que tout va bien. Et moi je vais chercher les chiens. -‐ C'est risqué! -‐ Que peut-‐on faire d'autre? Je mets le manteau. Les enfants arrivent. Tania me regarde. -‐ Vous êtes prêts ? -‐ Oui. -‐ Allons-‐y! Nous sortons. Je fais un signe de la main au troisième type. Il descend du car avec le revolver à la main. Il vient vers nous et j'ai une peur terrible ... Tout à coup, Lechien et Lucifer se jettent sur lui et il tombe. M. Rappoport sort un revolver à fléchette et tire. Le type dort deux secondes après. Tous les enfants montent dans le car. Tania me prend dans ses bras. Elle dit: « soleil », « arbre », « terre », « eau » Ses lèvres28 ont un parfum de violette. ÉPILOGUE -‐ Non, madame Pochon, je ne peux pas réparer des chaussures en plastique. Je ne fais pas de miracle. Il faut acheter des chaussures en cuir29! Cachoudas prend la paire de chaussures en plastique vert pomme et la jette. -‐ Tu sais, Adrien, je ne veux plus être cordonnier. Les clients n'ont plus de respect pour leurs pieds. Ils achètent n'importe quoi. Alors, ton père est là ? -‐ Oui. -‐ Et sa voiture ? -‐ Elle est dans le garage. -‐ Et toi, ça va ? -‐ Ça va! Mais c'est un peu monotone ici. -‐ Tu penses à Tania? -‐ Oui! Et M. Rappoport ? -‐ Il va bien. Il a trois petits nouveaux au château ... 25 se jeter = ici: se laisser tomber brusquement 26 le PCP = un somnifère produit pour endormir 27 à peu près = plus ou moins 28 les lèvres = la partie extérieure de la bouche 29 le cuir = la matière avec laquelle on fait des sacs à main, des vestes et des chaussures
Lectures A2 00_Garnier_Pascal_Les_enfants_de_la_nuit.docm
KSSeetal BuP Page 10 sur
11
-‐ Bon, monsieur Cachoudas, je dois rentrer. Je vais faire une blanquette de veau30 pour ce soir. À demain! -‐ C'est ça, à demain ... Je traverse le quartier, avec ses petites maisons, ses petits jardins, ses petites autos garées devant, ses petites rues ... Oui, c'est vraiment monotone ici. -‐ Papa! Tu es déjà rentré? -‐ Oui. Tu vas bien? Bonne journée? -‐ Oui, comme d'habitude. J'ai pas eu le temps de faire la blanquette ... -‐ Ça peut attendre. J'ai quelque chose à te dire. -‐ Ah ? Je mets tout ça au frigo et j'arrive. Lechien et mon père jouent avec une vieille pantoufle. -‐ Voilà, j'ai une proposition de travail très intéressante. C'est à l'étranger, pour un an ou deux. Je ne peux pas te laisser seul. Je sais que tu as tes amis, le lycée, mais c'est important pour ma carrière ... -‐ C'est où? -‐ En Suisse ... Je vois déjà les montagnes et ... les yeux de Tania ... -‐ On part quand ? Questions sur le texte 1. Décrivez Adrien et sa famille. 2. Qui est le meilleur ami d'Adrien et pourquoi? 3. Décrivez Tania. 4·∙ Qu'est-‐ce qu'elle mange au petit déjeuner? 5. Quel est le problème d'Adrien à onze heures? 6. Qu'est-‐ce que Cachoudas dit sur son pays? 7. Qui conduit la voiture? Pourquoi? 8. Que se passe-‐t-‐il à la cafétéria de la station-‐service? 9·∙ Adrien et Tania arrivent dans un village. Qu'est-‐ce qu'Adrien achète? 10. Et Tania, qu'est-‐ce qu'elle prend? 11. Où passent-‐ils la nuit? 12. Quel nom donnent-‐ils au chien? 13. La vacamobile, qu'est-‐ce que c'est? 14·∙ Décrivez le chauffeur de la vacamobile. 15·∙ Adrien et Tania arrivent à Sens. Que font-‐ils? 16. Décrivez le château de Subligny. 17. Qui est au château? 18. Où vont les enfants ? 19. Quel est le problème de M. Rappoport ? 20. Adrien a peur. Pourquoi? 21. Que mangent-‐ils ce soir-‐là? 22. Est-‐ce qu'Adrien veut aller én Suisse avec Tania? 23. Il y a deux chauffeurs dans le car? 24. Qui est dans la grosse voiture ? 25. Que se passe-‐t-‐il dans la salle des automates? 26. M. Rappoport a un système de sécurité spécial. Quel système ? 27. M. Cachoudas ne veut plus être cordonnier. Pourquoi? 28. Qu'est-‐ce que le père d'Adrien dit? 29. À votre avis, comment se termine l'histoire ?
30 une blanquette de veau = plat en sauce fait de viande de veau (petit de la vache) et de champignons de Paris
Lectures A2 00_Garnier_Pascal_Les_enfants_de_la_nuit.docm
KSSeetal BuP Page 11 sur
11
Activités
1. Les repas. Adrien aime faire la cuisine. Faites des groupes de travail et écrivez votre recette préférée. Présentez ensuite cette recette à la classe.
2. Vous faites les courses dans les magasins: l'épicerie, la boulangerie, la boucherie. Écrivez des dialogues et jouez ces dialogues devant votre classe/votre groupe.
3. Les vêtements. Quelle est la mode dans votre pays? pour les filles? pour les garçons ? Quelles couleurs utilise-‐t-‐on le plus?
4. Tania arrive chez Adrien pour une nuit. Jouez la scène entre Adrien et Tania, qui ne parle pas français.
5. Dans l'histoire, des enfants pauvres sont emmenés dans de grandes villes, comme Paris, Berlin et Rome pour mendier ou se prostituer. Faites des groupes de travail et présentez les trois capitales: Paris, Berlin et Rome. Présentez ensuite la capitale de votre pays.
6. Tania et Adrien dorment dans un cimetière pendant une nuit. C'est un cimetière typiquement français, c'est à dire qu'il y a des tombes en pierre, pas de fleurs, pas de plantes, pas d'arbres. Décrivez un cimetière typique de votre pays.
7. La vacamobile est un prototype. C'est un mélange entre une mobylette et un camion. Imaginez que vous faites aussi un prototype pour rouler sur les routes. Faites un dessin de votre prototype et montrez-‐le à vos camarades de classe. Expliquez.
8. Vous partez en vacances. Faites des groupes. Chaque groupe choisit sa destination et sa saison. Qu'est-‐ce que le groupe prend dans la valise ou le sac de voyage? Présentez la solution aux autres groupes.