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VIVRE AVEC L’ÉROSION CÔTIÈRE EN EUROPE ESPACES ET SÉDIMENTS POUR UN DÉVELOPPEMENT DURABLE CONCLUSIONS DE L’ÉTUDE EUROSION European Commission

03/8583 Coastline 2003-2 - Geocorail · 2019-03-05 · INTRODUCTION L’ampleur du problème L’érosion côtière est un phénomène qui n’épargne aucun des Etats membres de

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VIVRE AVEC

L’ÉROSION

CÔTIÈREEN EUROPE

ESPACES ET SÉDIMENTS POUR UN DÉVELOPPEMENT DURABLE

CONCLUSIONS

DE L’ÉTUDE

EUROSION

European Commission

3

COLOPHON

Editeurs:

Albert Salman, Stéphane Lombardo, Robbert Misdorp, Irène Lucius, Maria Ferreira, MarleenSmallegange

Design et production:

Imprimerie van Rossum bv, SchiedamMai 2004

Une grande partie de l’information additionnelle sur l’Union européenne est disponible sur Internet.

Vous y avez accès par le serveur Europa (http://europa.eu.int).

Des données de catalogue peuvent être trouvées à la fin de cette publication.

Luxembourg: Office for Official Publications of the European Communities, 2004

ISBN 92-894-7496-3

© European Communities, 2004

La reproduction est autorisée à condition que la source soit mentionnée.

Imprimé aux Pays-Bas

IMPRIME SUR DU PAPIER RECYCLE

Europe Direct est un service qui vous aide à trouver des réponses aux questions concernant l’Union européenne

Nouveau numéro vert:

00 800 6 7 8 9 10 11

PREFACE

L’histoire de l’Europe a été marquée par la migration continue de ses habitants vers leszones côtières qui offraient très souvent des conditions plus favorables à la croissanceéconomique. Aujourd’hui, environ 70 des 455 millions de citoyens de l’UnionEuropéenne élargie, c’est-à-dire 16% de la population européenne, vivent dans descommunes côtières. Cette proportion ne cesse de s’accroître.Cependant, nos communautés côtières ont eu clairement un impact surl’environnement littoral. De manière générale, les activités économiques imposent unepression sur les zones naturelles, mais certains éléments environnementauxspécifiques sont propres aux zones côtières. Parmis ceux-ci, la prolifération desouvrages côtiers, l’usage intensif des rivages naturels pour la détente et le tourisme, ainsique l’extraction sur l’avant-côte de sables et de graviers destinés à la construction. Leszones côtières remplissent d’importantes fonctions écologiques, sociales etéconomiques. Les plus importantes sont la protection des biens contre les ondes detempête et l’intrusion de l’eau de mer, l’absorption des engrais et des substancespolluantes évacués par les fleuves vers la mer, ainsi que la reproduction etl’alimentation des poissons, crustacés et oiseaux. Réhabiliter ces fonctions naturellescoûterait bien plus que les générations futures de citoyens européens ne seront enmesure de dépenser.

Cependant, les actions del’homme peuvent aussicontribuer à l’accélération del’érosion côtière des rivageseuropéens – une desconséquences les plusvisibles de cette inéluctableet silencieuse réduction del’environnement côtier.L’érosion côtière se manifestelorsque la mer gagne duterrain sur la terre à causedes vents, des houles et desmouvements des maréesdans un contexte de pénuriesédimentaire. L’érosioncôtière est un processusnaturel qui a toujours existéet qui a façonné les rivagesde l’Europe tout au long del’histoire, mais il estmaintenant évident que sonampleur actuelle est loind’être naturelle. Dans maints

endroits, des tentatives pour remédier à cette situation, par exemple en érigeant desouvrages de protection, peuvent rendre la situation encore plus grave en provoquantune érosion plus intense sur les rivages adjacents. Cependant, si rien n’est fait, l’érosionprovoquée par l’homme compromettra à la longue la capacité des zones côtières às’adapter aux effets du changement climatique, notamment à l’ augmentation duniveau de la mer et à l’accroissement de la force et de la fréquence des tempêtes.L’étude EUROSION, prise en charge par ma Direction Générale pour l’Environnement àl’initiative du Parlement Européen, s’efforce de quantifier les conditions, l’impact et lestendances de l’érosion côtière en Europe, mais aussi d’estimer les besoins d’actions auniveau de l’Union Européenne, des Etats Membres et des communautés régionales.Les résultats obtenus par cette étude et les recommandations qui en sont déduitessont décrits dans cette publication. La conclusion de l’étude EUROSION est que des efforts doivent être faits pouraméliorer la résilience des espaces littoraux par une meilleure gestion des sédimentset par la préservation d’un espace suffisant pour les processus côtiers. J’espère queles Etats Membres de l’Union Européenne et les communautés régionales tireront lesconséquences des recommandations d’EUROSION. Pour sa part, la Commission lesprendra en considération lorsqu’elle finalisera sa stratégie thématique sur le sol etdans les autres politiques concernées.

Margot WallströmCommissaire à l’EnvironnementCommission Européenne

INTRODUCTION

L’ampleur du problème

L’érosion côtière est un phénomène quin’épargne aucun des Etats membres del’Union Européenne. En 2004, environ 20000 kilomètres de côtes, représentant 20%1 de l’ensemble des côtes de l’Union, sontestimés particulièrement affectés par cephénomène. Si sur la plupart de cescôtes affectées un recul effectif du trait decôte est observé (15 100 km), parfois endépit de travaux de défense (2 900 km),ce n’est pas le cas pour les 4 700 km decôtes stabilisés artificiellement.

La superficie terrestre perdue ou largementendommagée par l’érosion est estimée à15 km2 par an. Sur la période 1999-2002, laproximité du trait de côte a conduit entre250 et 300 propriétaires à abandonner leurhabitations dans l’Europe élargie, et réduitla valeur sur le marché de 3 000 autresrésidences de plus de 10%. Ces pertes sonttoutefois largement inférieures aux pertespotentielles subies en cas de submersiondes zones côtières due à la rupture dedéfenses côtières sévèrement érodées : enl’espace de 50 ans, la population établiedans les municipalités côtières a plus quedoublé pour atteindre 70 millionsd’habitants en 2001.

Quant au capital investi dans la bandedes 500 mètres de trait de côte, il estestimé aujourd’hui entre 500 et 1000milliards d’Euros. Il est à noter enfin que lesrisques liés à l’érosion côtière et auxsubmersions s’accroissent chaque annéeen raison des changements climatiques.Des études menées par le PanelIntergouvernemental pour lesChangements Climatiques (IPCC)estiment à cet effet que le nombre annuel de victimes de l’érosion et dessubmersions atteindra le nombre de

158 000 en 2020, tandis que plus de lamoitié des zones humides littorales auradisparu comme conséquence de lamontée du niveau de la mer. 2

La difficulté d’assurer à la fois la sécuritédes biens et des personnes et préserverles espaces naturels littoraux s’estconsidérablement accrue en l’espace de 15ans compte tenu de l’augmentation desinvestissements, l’intensification desdéfenses côtières, et la réductionconsidérable des apports sédimentaires enprovenance des bassins-versants. Depuis1986, le « bétonnage » des côtes aprogressé de 934 kilomètres sur les paysde l’Europe des 12 (UE12). Sur les 875kilomètres de linéaire côtier en recul récent(c’est à dire en recul en 2001 mais pas en1986 3), 63% se situent dans un rayon de 30kilomètres d’un ouvrage côtier existant.Quant au 37% restant, leur densité tend àêtre supérieure dans les régions d’Europeoù le niveau de la mer a progressé de plusde 20 centimètres depuis 100 ans.

En 2001, les dépenses publiquesconsacrées à la protection des côtes contrele risque d’érosion et de submersion sontestimées à 3,2 milliards d’Euros, soit uneprogression de 30% comparé à 1986 (2,5milliard d’Euros). Cependant, ces dépensesreflètent principalement le besoin deprotéger des biens et des personnesencourant un risque imminent, elles nereflètent pas les coûts environnementaux(ou externalités) induits par les activitéshumaines à long terme. Selon deprécédentes études de l’IPCC, ces dépensesatteindraient en moyenne 5,4 milliardsd’Euros annuel entre 1990 et 2020. 4

Qu’est-ce que l’érosion côtière ?

L’érosion côtière peut se définir commel’emprise de la mer sur la terre et doits’observer sur des périodessuffisamment longues pour éliminer leseffets du climat, des tempêtes et desrégimes locaux de transportssédimentaires.

L’érosion côtière induit trois types de risques:• la perte de terrains de valeur (valeur

économique, social ou écologique)• la rupture de défenses côtières

naturelles (généralement des cordonsdunaires littoraux) lors de tempêteslittorales entraînant la submersion desterrains situés en retrait

• le sape des ouvrages de protection,pouvant également résulter en unesubmersion des terrains protégés

Les processus d’érosion et de sédimentationcôtières ont toujours existé en Europe etont contribué tout au long de son histoireà donner forme à la grande diversité depaysages côtiers qui nous sont aujourd’huifamiliers. Le ruissellement des eaux depluie et les cours d’eau drainent un volumeconsidérable de sédiments vers la côte.Ces sédiments d’origine terrestre, auxquelss’ajoutent les matériaux arrachés auxfalaises et bancs de sable contribue à leurtour, par accumulation, au développementde récifs, vasières, marais et pré-salés,plages sableuses, et dunes. A leur tour, ceshabitats naturels engendrent des bénéficessubstantiels parmi lesquels une protectionnaturelle contre les excès des tempêteslittorales, des configurationsgéographiques propices au développementindustriel ou touristique, la fixation denitrates et de métaux drainés par les coursd’eau, enfin des conditions favorables à lanidification et à la croissance d’une grandediversité d’espèces animales. En ce sens,la lutte systématique contre les processus

d’érosion peut entraîner undysfonctionnement des habitats naturelscôtiers et engendrer de nouveauxproblèmes.L’érosion côtière résulte d’une combinaisonde plusieurs facteurs à la fois d’originenaturelle et humaine, opérant à plusieurséchelles de temps et d’espace. Les vents ettempêtes, les courants littoraux, lesvariations du niveaux de la mer à plus oumoins long terme (incluant également lesmouvements tectoniques et lesphénomènes de subsidence),

ainsi que les glissements de terrains,constituent les principales causes «naturelles » des phénomènes d’érosion.Les ouvrages côtiers, l’assèchement desbassins côtiers, les barrages et travauxd’irrigation, les opérations de dragage, ledéfrichement des terrains côtiers, ainsi quel’extraction de gaz et d’eau constituentquant à eux les principales causeshumaines de l’érosion.

L’étude EUROSION

Les préoccupations évoquées ci-dessusont conduit le Parlement Européen et laCommission Européenne à entreprendreune étude de dimension européenne visantà quantifier l’ampleur du phénomèned’érosion côtière et évaluer dans quellemesure ce phénomène constitue unproblème d’intensité croissante auquel lespouvoirs publics ont de plus en plus demal à faire face. Les conclusions de cetteétude, intitulée EUROSION et pilotée par laDirection Générale de l’Environnement dela Commission Européenne, ont été renduespublic en Mai 2004. Ces conclusions incluent :

• Une évaluation cartographique de lavulnérabilité des côtes européennes aurisque d’érosion côtière

• Une revue des pratiques et expériencesexistantes de gestion du trait de côteau niveau local (régional et municipal).

• Un ensemble de guides pratiquesvisant à mieux intégrer lesproblématiques d’érosion côtière dansles procédures d’évaluationenvironnementale, de planificationterritoriale, de prévention des risques,et dans la mise en place de systèmesd’information d’aide à la décision auniveau local.

• Un ensemble de propositions àcaractère politique, législatif etréglementaire visant à améliorer lagestion du trait de côte au niveau desinstitutions locales, régionales,nationales et européennes.

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Prises de vuesaériennesd’Happisburghdatant respectivement de1992, 1999 et 2001.L’érosion de la falai-se est particulière-ment visible enhaut de la photographie.

Département Géologique – Municipalité de Ravenne (Italie)Sur cette photographie, on peut voir très nettement leshôtels construits directement sur la plage

Localisation des sites étudiés dans le cadre d’EUROSION. Lesvitesses d’érosion sont indiquées pour certaines d’entre elles.

Falaises d’Etretat façonnées par l’érosion

1 A cause d’une réaction isostatique post-glaciaire, la Suède et la Finlande sont sujettes au soulèvement et à une baisserelative du niveau de mer. Elles ne sont donc pas considérablement affectées par l’érosion côtière (à l’exception du Sudde la Suède); Si l’on ne prend pas en compte les lignes côtières relativement stables de la Suède et la Finlande, le pour-centage des côtes affectés par l’érosion est de 27.

2 Salman et al, Coastal Erosion Policies: Defining the issues. EUROSION Scoping Study, 2002. Les illustrations sont tiréesdu Global Vulnerability Assessment. WL Delft Hydraulics / Rijkswaterstaat, 1993.

3 Résultats de l’inspection EUROSION 2002; les chiffres pour 1986 sont sujets à des incertitudes4 Salman et al, Coastal Erosion Policies: Defining the issues. EUROSION Scoping Study, 2002. Les illustrations sont tirées

du Global Vulnerability Assessment. WL Delft Hydraulics / Rijkswaterstaat, 1993.

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BILAN D’EUROSION

Les effets combinés de l’érosion côtière, dela construction d’infrastructure etd’ouvrages de défense réduisent enplusieurs endroits la largeur des frangeslittorales. Ce « coastal squeeze » s’observeplus particulièrement le long des plainescôtières et des zones intertidales. De façonnaturelle, ces zones s’ajustentdynamiquement aux variations du niveaude la mer en migrant tantôt vers l’intérieurdes terres, tantôt vers la mer. Or, laconstruction de structures à proximité dutrait de côte – routes, digues, et

installations diverses – constitue autant debarrières rigides s’opposant à la dynamiquedes marges littorales, entraînant de ce faitleur disparition ainsi que celle des habitatsqui leur sont associés. Dans les zonessujettes à une montée significative duniveau de la mer ou à un déficit desédiments, la pente des zones d’estrans’accentue contribuant de ce fait à uneaccélération du « coastal sqeeze », commele montre le schéma suivant.

En dépit des problèmes d’érosion côtièreet des conséquences à long terme liées àla disparition des franges littorales, les pressions humaines n’ont pas cesséde croître. La construction d’ouvrages deprotection est toujours largement envigueur, entraînant une diminution desespaces littoraux disponibles pour lesactivités humaines, les fonctions deprotection contre les tempêtes et lessubmersions, et les fonctions écologiques.

Bien que l’impact de certaines activitéshumaines ait été largement vérifié,l’examen des sites étudiés dans le cadred’EUROSION a permis de mettre enévidence que les procédures d’Etudesd’Impact Environnemental (EIE) sontlargement inadaptées à traiter desproblèmes d’érosion côtière.

Les raisons en sont multiples :

• Un nombre considérabled’investissements affectant lesprocessus d’érosion côtière ont étéréalisés depuis le début des années 1900(1950 dans le cas des grands barrages),c’est à dire bien avant la mise en œuvredes premières dispositionsréglementaires sur les études d’impactenvironnemental en Europe (en généraldans les années 1980). La plupart de cesinvestissements continue toujours deperturber les processus de transportsédimentaire. A titre d’exemple, lesgrands travaux de régulations des coursd’eau démarrés dans les années 1950,en interrompant le transport desédiments fluviaux, cause un déficitannuel de sédiments estimé à 100millions de tonnes (source : base dedonnées EUROSION)

• L’érosion côtière résulte le plus souventde l’impact cumulé de plusieursfacteurs, certains naturels, d’autresinduits par les activités humaines. Il esttoutefois très rare qu’un facteur seul soità l’origine du phénomène. Dès lors,l’impact d’une infrastructure ou d’uneactivité spécifique sur les processusd’érosion côtière n’est que rarementabordé par les études d’impactenvironnemental (l’expérience montreen effet que, pris individuellement,l’impact non significatif de ces projetssur les processus d’érosion côtière nejustifie que très rarement la prise en

compte des problématiques de transportsédimentaire côtier lors de ces études).C’est en particulier le cas des barrages(si un barrage n’intercepteindividuellement qu’une proportionnégligeable de sédiments fluviaux,l’impact cumulé d’une succession debarrages sur un bassin versant est quantà lui loin d’être négligeable), de projetsde développement industriel outouristique (marina, réhabilitation defront de mers), des activités d’extractionde granulats, ou encore d’ouvrages dedéfense.

• Les grands projets, notamment ceuxd’extension portuaire, de construction deparc d’éoliennes ou de centralesélectriques, intègrent en règle généralles processus d’érosion côtière dans lecadre de leurs études d’impact

environnemental (EIE). Il est toutefoisfréquent que la mise en œuvre desmesures d’atténuation excède largementla capacité – ou la volonté – dupromoteur d’en supporter le coût. Le casd’Aveiro, abordé par l’étude EUROSION,permet de se rendre compte de la chargefinancière annuel - de quelques centainesde milliers à plusieurs millions d’Eurosannuels – de ces mesures d’atténuation.

• Les procédures d’EIE ne sont passystématiquement requises pour lesprojets de petite ou moyenne taille, bienque ces projets pris ensemble peuventavoir un effet non négligeable sur lesprocessus d’érosion côtière.

• Les législations nationales actuelles surles EIE ne prescrivent généralement pasde procédures précises en matière depublicité et d’enquêtes publiques. Dansun certain nombre de cas étudiés, lesrapports d’EIE ont été rendus publictardivement et pour de courtespériodes, ce qui rend particulièrementdifficile la prise en compte despréoccupations et des « connaissances »locales dans la conception des projets.

Ces points montrent que les procéduresd’EIE telles que pratiquées en Europe nesont pas toujours adaptées à une priseen compte des problématiques d’érosioncôtière dans la conception et ledéveloppement de projets. Les limitesobservées se traduisent sur le terrain parune augmentation considérable des coûtset des risques supportés par la sociétéainsi qu’une perte, qui pourrait être évitée,d’habitats naturels et de biens publics.

Le concept de risque lié à l’érosion côtièredans un lieu donné peut se définir commela probabilité (la fréquence) d’un événementde type érosif et par son impact (valeur desbiens ou population de la zone à risque).Les pratiques observées en Europedémontrent que les fonds publics – et doncle contribuable – financent la plupart desconséquences financières de ce risque.Rares sont les cas pour lesquels lesconséquences financières de l’érosioncôtière sont supportées directement parles responsables de l’érosion ou par lespropriétaires des biens menacés.

Les dépenses publiques dédiées à laprotection du trait de côte contre le risque

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Expansion urbainele long de la côtehollandaise.Source:Rijkswaterstaat

Image satellitale du delta del’Ebre. Source: SPOT Imagehttp://sirius.spotimage.fr

Bassin hydrologi-que de l’Ebre. Les triangles rouges indiquentla localisation desbarrages.

Bilan 1 : La pénurie de sédiments côtiers et le manque d’espace

ont pour conséquence le « coastal squeeze ».

L’expansion urbaine en zone côtière a transformé l’érosion

côtière, processus initialement naturel, en un problème

d’intensité croissante. En plusieurs endroits, le recul du trait de

côtes est exacerbé par les activités humaines et le « bétonnage

» des fronts de mer gagne petit à petit sur les côtes

sédimentaires et les falaises. Le déficit de sédiments induit par

ce bétonnage se traduit par une disparition progressive des

habitats naturels côtiers qui opèrent comme des zones

tampons entre la mer et l’arrière-pays. La disparition de ces

marges se généralise sur tous les pays d’Europe.

A.M. StaceyOuvrage de protection du trait de côte

Illustration du phénomène de “compression côtière”

Bilan 2: Les pratiques actuelles d’Etudes d’Impact

Environnemental (EIE) ne traitent que partiellement de

l’érosion côtière

Les procédures d’Etude d’Impact Environnemental (EIE) –

telles qu’elles sont prescrites par la directive 85/337/EEC

–sont en général peu adaptées à la prise en compte des

processus d’érosion côtière dans le développement des

activités humaines. Ainsi, le coût pour tenter de réduire

l’érosion a augmenté considérablement avec le nombre

croissant d’équipements et d’activités qui appellent une

protection. Par conséquent, le besoin s’est fait sentir de

transférer ce coût vers ces activités.

Bilan 3: le poids financier de l’érosion côtière est

principalement supporté par le contribuable

Le coût des mesures destinées à réduire les risques liés à

l’érosion est supporté principalement par des fonds publics

nationaux et régionaux, dans une moindre mesure par les

populations concernées et pratiquement jamais par les

propriétaires des biens menacés ni par les responsables de

l’érosion côtière. Les processus locaux de décisions prennent

insuffisamment en compte l’existence du risque d’érosion

et l’information destinée au public demeure limitée.

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d’érosion et de submersion sont estiméesà 3,2 milliards d’euros pour la seule annéede 2001. Ce montant couvre à la fois lesnouveaux investissements réalisés en 2001(53% du total), les coûts de maintenanced’ouvrages existants et de surveillance dutrait de côte (38%), et les dépensesd’acquisition, par les pouvoirs publics, deterrains et de biens menacés par l’érosioncôtière (9%). Peu de données relatives à lacontribution des fonds privés à la gestiondu trait de côte en Europe existent. L’étudeEUROSION estime toutefois que cettecontribution ne dépasse pas 10% dumontant des dépenses publiques. Seul lecas du Danemark laisse apparaître enEurope une contribution significative despropriétaires fonciers, contribution quipeut dépasser 50% du coût total de laprotection côtière. Quant aux entrepreneursprivés, les cas étudiés démontrent que leurparticipation financière aux dépenses deprotection est davantage motivée par larecherche de bénéfices supplémentaires(par exemple, l’élargissement de la plage)que par un sentiment de responsabilité visà vis d’une érosion côtière accrue du faitde leur activité. Il est à noter que seules lesautorités portuaires contribuent de façon nonnégligeable aux travaux d’atténuation del’impact de leurs activités et infrastructuressur les processus d’érosion côtière.

En dépit des risques liés à l’érosion côtière,il est intéressant de constater que lesinvestissements dans les zones à risque sepoursuivent et tendent à s’accroître. Une revue plus approfondie des pratiqueslocales permet de dégager trois facteursexplicatifs à cette investissement croissant :

• L’aléa d’érosion côtière est sous-estimé.Les particuliers estiment que la probabilitéd’être affecté par l’érosion côtière n’estsuffisamment forte pour infléchir leurdécision de construire dans une zone àrisque. Dans la pratique, la grandemajorité des propriétaires victimes del’érosion côtière avancent d’uneconnaissance insuffisante des risquesavant leur investissement (« si seulementj’avais su … ») et reportent la faute surles pouvoirs publics qui ont autorisé cesinvestissements. Les pays de l’UnionEuropéenne ayant instauré unecartographie systématique des risques(non limités aux risques d’érosion) restentpeu nombreux. Même lorsque de tellescartes existent, il faut signaler toutefoisqu’elles demeurent largement inconnuesdu public.

• La plupart des investissements sontréalisés à court terme. Les particuliers etles entrepreneurs attendent un retoursur investissement à court terme,indépendamment de la durée de vie deleurs investissements. Même si la duréede vie d’une résidence dépasse souvent50 ans, les propriétaires espèrent en tirerdes bénéfices sur 8 ou 10 ans avant derevendre leur bien. Cet état d’espritsemble avoir dominé le développementdu tourisme côtier en Méditerranée.

• L’interventionnisme des pouvoirs publicstend à se substituer aux particuliers etaux entrepreneurs. Plusieurs expériencesen Europe montrent que les particulierset entrepreneurs sont d’autant moinsenclins à prendre en compte le facteurrisque dans leur investissements quel’interventionnisme des pouvoirs publicsest fort en matière de gestion du trait decôte. Dans la pratique, les fonds publicsse sont souvent employés à protéger oudédommager des biens de particuliersdu fait de la compassion que cesparticuliers inspirent auprès d’unepopulation plus large, et ce parfois audétriment d’investissements plusprioritaires, mais moins visibles, enmatière de gestion du trait de côte. Dansplusieurs cas également,l’interventionnisme des pouvoirs publicsest également motivé par la crainted’être tenus responsables des dégâtsinfligés par l’érosion côtière (ne serait-ceque parce que ces mêmes pouvoirs, àdéfaut de les avoir autorisés, ne se sontpas opposés aux investissements situésdans les zones à risques) par lespopulations et, le cas échéant, par lestribunaux administratifs.

Si l’emploi des deniers publics à la sécuritédes biens et des personnes n’estabsolument pas à remettre en cause, laquestion de savoir si les pouvoirs publicsdoivent se substituer financièrement auxpromoteurs d’activités exacerbantl’érosion côtière ou aux particuliersdécidant de s’établir sciemment dans deszones à risques, mérite d’être posée. Cettequestion est à rapprocher du principe depollueur-payeur qui tend à faire supporteraux parties responsable de l’aggravationdu phénomène d’érosion côtière, son coût.

Depuis 2 001 environ 7 600 kilomètres delinéaire côtier ont fait l’objet deprogrammes de lutte contre l’érosion, 80%d’entre eux ayant été mis en œuvre depuisplus de 15 ans. De tels programmesutilisent et combinent une large gamme detechniques qui incluent :

• des techniques de défense lourderelevant de l’ingénierie, tels les ouvragesen béton ou en enrochement, pour fixerle trait de côte et protéger ainsi les biensqui se trouvent en arrière. Ces ouvrages– murs, épis, brise-lames– caractérisentune partie considérable du trait de côteprotégé en Europe (plus de 70%) ;

• des techniques douces (par exemplel’alimentation artificielle en sable), quiassistent les processus naturels et mettentà profit des composants du milieu naturel-étendues de sable, dunes, marais,végétation- pour empêcher l’érosiond’atteindre l’arrière-côte ;

• Réalignement des biens par ledéplacement ou l’abandon de maisonset d’autres constructions dans les zonesaffectées par l’érosion.

Des études de cas examinées parEUROSION ont montré qu’il existait grandun nombre d’expériences relatives à larentabilité et à la convivialitéenvironnementale de tels programmes deprotection contre l’érosion marine. Lesenseignements importants que l’on peuten tirer sont les suivants :

• Leçons tirées des techniques de défenselourde. Beaucoup d’ouvrages deprotection lourde n’ont eu d’effets positifsqu’à court terme et sur des secteurslimités. En bloquant la dérive littorale, ilsont privé d’apports sédimentaires lesplages situées à leur aval qui ont parconséquent souffert d’une érosion accrue.Des ouvrages longitudinaux tels que lesdigues et les cordons d’enrochementsaugmentent aussi la turbulence et la fuitedes sédiments, minant ainsi leurs propresfondations. Des exemples particulièrementéloquents peuvent être fournis par lesdigues de Playa Gross (construite en1900), de Châtelaillon (1925) ou De Haan(1930), qui ont amplifié les problèmesd’érosion. Les épis ne sont efficaces quesur une longueur limitée de côte ;l’érosion qui s‘aggrave à leur aval appellela construction d’autres épis, déclenchantun effet de dominos. L’ingénierie lourdea aussi montré une efficacité limitéepour la protection des falaises, commecelles du Ventnor sur l’île de Wight etdans le Sussex. Ici, l’écroulement desfalaises de roches tendres est davantagele résultat de processus terrestres telsque la désagrégation des roches (parl’infiltration d’eau), les glissements desdifférentes couches géologiques etl’érosion par l’eau de pluie le long desfissures que de l’ attaque des vagues.

• Leçons tirées des techniques douces.L’alimentation artificielle en sable desdunes, plages et avant-plages a suscitéun énorme enthousiasme au cours des20 dernières années. L’intérêt suscité parces techniques vient de leur capacité àcontribuer de façon positive tant à lasécurité qu’à d’autres fonctions commeles loisirs, l’assainissement de l’eau (dansles dunes) et les valeurs écologiques.Dans le cas des Pays-Bas, l’alimentationartificielle systématique des dunes, plageset avant-plages a été appliquée avecsuccès depuis 1990. L’alimentation ensable est un succès dans tous les cas où:1) elle se révèle être une mesure desécurité efficace; 2) elle est rentable et 3)elle préserve les autres usages possiblesde la côte. Il est cependant assez fréquentque ces exigences ne soient pas remplieset que les alimentations en sable soienteffectuées avec une connaissance limitéede l’hydraulique côtière. Des expériencesmalencontreuses d’alimentation en sableproviennent en particulier des cas où ladisponibilité de sédiments appropriésn’est pas garantie (induisant des coûtsplus élevés), ou bien quand leprélèvement des sables par dragage acausé des dommages irréversibles auxherbiers sous marins (p.ex. Posidonia lelong de la mer Méditerranée).

• Leçons tirées d’un repli programmé.Depuis le début des années ‘90 unenouvelle approche pour traiter l’érosioncôtière a été développée en Europe etconsiste en l’abandon des terres à risqueet à la réinstallation des biens dansl’arrière-pays. Une telle approche a étéappliquée au Royaume-Uni (Essex etSussex) et en France (Criel-sur-Mer).Dans ces exemples, une analyse coûts-avantages a démontré que le coût de laprotection classique aurait largementexcédé la valeur des biens à protégersur le long terme (sur la durée de viedes biens), montrant que le repliprogrammé pouvait être une option plusraisonnable d’un point de vueéconomique. De plus, le repli programmé

peut constituer une solution saine dupoint de vue environnemental puisquel’érosion des falaises n’est pas arrêtée etpeut continuer à alimenter en sédimentsles rivages à l’aval. L’expérience a aussidémontré que la programmation et lemontant du “dédommagement” sont laclef d’un accueil favorable du repliprogrammé dans certaines zones.

Pieterjan van der HulstRoute endommagée par l’érosion côtière sur l’Ile de Wight

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Bilan 4: Les approches traditionnelles pour combattre

l’érosion côtière peuvent avoir des effets contre-productifs.

Au cours des cent dernières années une connaissance

insuffisante des processus de transport des sédiments

côtiers a souvent abouti à des mesures inappropriées

pour remédier à l’érosion côtière.

Dans beaucoup de cas les mesures prises ont

probablement résolu les problèmes posés par l’érosion

côtière localement, mais ils les ont aggravé ailleurs

– parfois jusqu’à des dizaines de kilomètres plus loin –

ou ils ont été à l’origine d’autres problèmes d’ordre

environnemental.

F. SabatierSérie d’épis le long de la côte de Camargue.

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particulièrement symptomatique dumanque de coordination entre lesdifférents intervenants puisqu’un mêmefichier – traitant du régime des vents etdes vagues dans la mer du Nord – a étéacheté au moins trois fois dans les troisdernières années par trois différentesagences dépendant du même ministère.Mais le manque de coordinationn’explique pas tout : des frais d’accèsexcessifs pour les sources de donnéesexistantes combinés avec des droitsd’auteur restrictifs ont aussi fait queplusieurs intervenants ont développéleurs propres fichiers.

• La réticence à propager les informationsessentielles. La difficulté d’accès auxdocuments et bases de données importantspour la prise de décision a été signaléepar la plupart des parties prenanteslocales. La réticence du producteurd’information à diffuser ses informationsa souvent conduit à des malentendus etdes conflits. Ces sentiments, qui sontparfois exagérés dans certains cas (voirpoint suivant), peuvent être vérifiés parexemple en ce qui concerne lesdemandes de rapports de l’Evaluation del’Impact sur l’Environnement (EIE).L’équipe EUROSION, qui a fait 78demandes pour des études EIE dans 11régions européennes a essuyé 71 refus(voir aussi Bilan 2). Pourtant, lesdocuments correspondants avaient étérendus disponibles par lesadministrations publiques et étaientcensés être accessibles.

• De faibles capacités d’archivage et dediffusion. Un accès difficile à desdocuments et fichiers existants peutrésulter d’une réticence des différentesorganisations à diffuser une telleinformation. Des délais dans l’accès àl’information naissent aussi du manquede mécanismes organisés de diffusion,tels que les centres d’information,

les bibliothèques virtuelles ou simplementles personnes à contacter pour tous lesfichiers ou documents existants. A l’exception remarquable des entitésgouvernementales qui sont chargées deproduire et diffuser des données de basesur la totalité du territoire national– p.ex.les services géologiques nationaux, lescentres météorologiques nationaux, lesservices cartographiques nationaux, lesagences hydrographiques et les agencesde bassins fluviaux – les autres institutionsproduisent des données essentiellementpour leurs propres besoins (qu’ellesaient une vocation de recherche ou degestion) et non pour des utilisateursexternes. L’extension de leur mandat à ladiffusion de données exigerait de repenserun certain nombre d’éléments de leurl’organisation, en définissant les politiquesde diffusion des données et surtout enidentifiant les conditions économiquesqui ne sont actuellement pas bien perçuespar les producteurs de données (toutspécialement les producteurs bénéficiantde fonds publics).

Les imperfections mentionnées ci-dessussont accentuées par le fait que,contrairement à d’autres secteurs (p.ex. ladéfense côtière, l’établissement des plansd’urbanisme, la gestion de l’eau), la gestionde l’information côtière ne relève clairementde la responsabilité d’aucune des institutionsexistant au niveau national ou local. Ce vide administratif nuit également àl’émergence d’une vision à long termesusceptible de remédier à ces lacunes.

Ces expériences montrent les limites desréponses partielles (fragmentaires) àl’érosion côtière et prouvent la nécessitéd’adopter une approche préventive baséesur la planification, l’accompagnement (la surveillance) et l’évaluation et lesprincipes MZCI.

Le secteur de l’information marine et côtièren’est pas systématiquement perçu par lespouvoirs publics, notamment au niveaumunicipal et régional, comme un secteurstratégie nécessitant des investissementsconséquents. Ceci ne signifie en aucun casque les budgets consacrés à la collecte etl’analyse de données marines et côtièressoient négligeables (ces budgets sontestimés pour l’ensemble de l’Europe àentre 320 et 640 millions d’euros en 2001,soit 10 à 20% des dépenses publiquesconsacrées à la défense des côtes). Cecisignifie en revanche que les réformes quipermettraient de réduire les coûtsd’acquisition et l’analyse des données (parl’innovation et les économies d’échelle) etaccroître la fiabilité des connaissancespour de meilleures décisions, ne sont pasentreprises. Plusieurs cas examinés dansle cadre d’EUROSION, notamment ceux deVale do Lobo et Lacanau - Cap Ferret,suggèrent qu’une meilleure informationpréalable et une meilleure concertationentre acteurs locaux auraient permis d’éviterdes surcoûts dans la mise en œuvre desmesures d’atténuation.

Bien que le développement des zonescôtière et la gestion du trait de côte secaractérisent par un nombre considérabled’acteurs à tous les niveaux d’administration,les besoins en information demeurent assezsemblable d’un acteur à l’autre et d’unerégion à l’autre. Ces besoins d’informationincluent :

• L’impact quantifié des activités humainessur le transport sédimentaire littoral, quipermettrait d’optimiser le choix des sitespropices aux investissements côtiers etd’établir plus facilement lesresponsabilités environnementales.

• La délimitation des zones à risques liés àl’érosion côtière, à plus ou mois longterme, qui permettrait d’une part d’orienterles investissements futurs vers les zonesmoins exposées et d’identifier les zonesprioritaires à protéger

• Une estimation à long terme des coûtsengendrés et des bénéfices offerts parles mesures d’atténuation des impactsde l’érosion côtière, de façon à identifierles scénarios et les mesures d’atténuationles plus performantes et les plus réalistesd’un point de vue économique.

Paradoxalement, les lacunes identifiées enmatière d’information côtière contrastentavec le volume considérable de donnéesd’ores et déjà disponibles sur les zonescôtières (une distinction est faite ici entrele terme « données » défini comme une «collection de mesures brutes etd’observations non interprétées » et le terme« information » résultant d’un traitement etd’une interprétation des données, et doncdirectement compréhensible et exploitablepar le décideur). Ce contraste suggère queles carences en matière d’informationsrelèvent davantage de défauts decommunication entre producteurs etutilisateurs d’informations et dans les choixprioritaires définis par les institutionsutilisatrices, que véritablement d’obstaclestechnologiques. Les investigations menéesau niveau de 5 régions Européennes, à savoir les régions Aquitaine, Catalogne,Ile de Wight, Nord-Hollande et régionCentre au Portugal (Aveiro), confirme cetteconclusion. Plus précisément, les limitationssuivantes ont pu être identifiées :

• Les sources de données sontconsidérablement fragmentées. Cetaspect est d’autant plus préoccupant quel’évaluation rigoureuse du risque et desimpacts, aussi bien que la planificationde l’utilisation du sol dans les zonescôtières nécessitent une grande variétéd’informations dans plusieurs disciplines,une vision à long terme et à large échelle.Elles concernent le régime des vagues,des vents, de la marée, les caractéristiquesdes courants, l’historique des niveauxmarins extrêmes, la géologie et lagéomorphologie côtières, les propriétéssédimentaires du fond de la mer, latopographie terrestre et marine, l’usagedu sol et le régime foncier. Chacune desinstitutions en charge de ces différentesquestions utilise(en général) son proprelangage, ce qui accroît de façonsignificative le coût de la mise en formeutilisable par tous et les délais derestitution des données.

• La réplication des efforts de productiondes données. Dans un nombreconsidérable de cas, des fichiers similairesont été collectés par des institutionsdifférentes occasionnant une multiplicationdes coûts d’acquisition des données.L’exemple du Nord des Pays-Bas est

Bilan 5: La base des connaissances pour la prise de décision sur

la gestion de la ligne de côte est faible, en général.

En dépit d’un volume considérable de données, des lacunes

existent en matière d’information sur les zones côtière et leur

dynamique. La « chaîne » de la connaissance côtière – de la

collecte de données sur le terrain jusqu’à la diffusion de rapports

synthétiques à l’usage des décideurs – souffre de plusieurs

dysfonctionnements entraînant des décisions inadaptées et une

utilisation non optimale des fonds publics. Paradoxalement, les

investissements nécessaires pour réformer et améliorer les

pratiques de gestion de l’information côtière (incluant sa

production, mais également son partage et sa diffusion) ne sont

pas réalisés par les acteurs locaux et régionaux, alors que ces

investissements permettraient de réduire considérablement les

coûts environnementaux ou les échecs techniques liés à la mise

en œuvre des mesures d’atténuation et de mieux anticiper les

évolutions futures du trait de côte.

Ile aux oiseaux – bassin d’Arcachon

L’avant-poste le plus septentrional de

l’Allemagne

Sylt est l’avant-poste le plusseptentrional de l’Allemagne, situé dansla mer des Wadden allemande dans l’Etatdu Schleswig-Holstein. En tant qu’île-barrière, la plus grande de l’archipelfrison, Sylt est constituée de plages et dedunes qui ont été nourries par desmatériaux morainiques datant de ladernière époque glaciaire. L’île de Sylt offre aussi beaucoup depossibilités de loisir. Chaque année, les40 km de plages sableuses de la côteouest attirent environ 600 000 visiteurs,ce qui fait du tourisme, avec ses 5millions de nuitées, la principale sourcede revenus pour l’île.

Un environnement protégé

En 1985, la région fut élevée au rang deparc national (le Parc National de la Merdes Wadden du Schleswig-Holstein) enreconnaissance de la haute significationécologique de la mer des Wadden.Elle est utilisée, par exemple, comme airede gagnage et de repos par les oiseauxmigrateurs et constitue un importantezone de croissance pour divers poissonset crustacés. En 1999, un amendement futajouté à la loi adoptée pour élargir leslimites du Parc National vers le côtéouest des îles de Sylt et Anrum en vue deprotéger le marsouin – recensé dansl’Appendice II de la Directive Habitat – etde créer une zone pour la protection des

baleines. Des activités telles que la chasse,la pêche aux moules et la navigation deplaisance sont sévèrement contrôlées.

Une ligne de côte dynamique

Toute la côte ouest de Sylt, très exposéeà de fréquentes et fortes ondes detempête venant de l’ouest, s’érodesérieusement depuis une longue période.De plus, des houles levéesalternativement par des vents du nord-ouest et sud-ouest induisent un transportlongitudinal de sédiments dirigé vers lesud dans la partie sud de l’île et vers lenord dans le nord de Sylt. Laconséquence en est que l’île se pliecomme un arc et s’allonge tant vers lenord que vers le sud. En outre, l’île estsujette à des conditions changeantes.

SYLT – SCHLESWIG HOLSTEIN

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Lubos Polerecky.Dunes de Sylt

Alors que le recul annuel moyen sur lacôte ouest atteignait 0,9 mètres par anentre 1870 et 1950, il a augmenté jusqu’àatteindre 1,5 mètres par an au cours des50 dernières années, sous l’effet del’élévation du niveau de la mer et deshivers plus doux et plus orageux. Al’extrémité sud de Sylt, l’érosion a dévoré15 mètres de plages pendant la seuleannée 2 002.Des modèles prévisionnels ont confirméque l’érosion continuera à affecter toutela côte ouest de Sylt pendant lescinquante prochaines années et enparticulier la partie nord au niveau deKampen et la partie sud vers Rantum etHornum. On prévoit que la partie centralede Sylt restera relativement stable, àcondition qu’une protection adéquate soitmise en oeuvre.

Laisser la nature faire son travail

Les stratégies passées de protectioncontre l’érosion à Sylt étaientnormalement basées sur des travaux dedéfense lourde, avec épis et mur enbéton. Ces mesures ont étécontreproductives à long terme parcequ’elles ont contribué à la perturber letransport de sédiments le long de la côte,déclenchant ainsi une érosion à l’aval etd’autres problèmes environnementaux.De plus, la digue de Westerland a subi desévères dégâts pendant les tempêtes à lasuite de la baisse du niveau de la plage à

son pied. Ceci a conduit les autoritésrégionales et fédérales à adopter, audébut des années 1970, de nouvellesmesures basées sur le rechargement dela plage et des solutions souples tellesque l’utilisation de revêtement géotextile.Ces mesures souples n’ont pascomplètement dissipé le besoin deprotections dures mais ont contribué àaméliorer leur efficacité et leur longévité.A cet égard, Sylt est une assez bonneillustration d’une alimentation artificielleen sable réussie. La raison principale àcela réside dans le fait que des sédimentsprésentant des caractéristiquesappropriées peuvent être dragués à defaibles coûts dans les environs de Sylt etsans impact irréversible surl’environnement. De plus, les quantitésde sédiments transportés par la dérivelittorale restent dans des valeursraisonnables, ce qui augmente le laps detemps entre deux opérations successivesde rechargement (tous les 6 ans enmoyenne) et limite par conséquentl’impact sur l’environnement de mêmeque les coûts. Finalement, par l’extension de la largeurdes plages, le rechargement en sable estcompatible avec le tourisme et lesactivités de détente, ce qui plaide en safaveur auprès de la population locale etéquilibre les contraintes causées par laprotection du Parc National de la Mer desWadden.

Westerland sur la côte occidentale de Sylt

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HAUTE NORMANDIE

« La côte d’albâtre »: un paysage

extraordinaire au service de l’économie

régionale

Les falaises blanches de Haute-Normandies’étendent de la Baie de la Seine jusqu’ausud de la ville de Ault-Onival le long descôtes de la Manche. Ces falaises sontcélèbres dans le monde entier par labeauté saisissante d’Etretat, au sud de lacôte. Le substrat crayeux dominant aservi d’inspiration au nom de la côte – la“côte d’albâtre” – et offre à la région uneflore et faune atypique, comprenantnotamment des espèces d’oiseauxspécifiques qui nichent dans les cavitésdes falaises. En 1990, la Pointe Fagnet aété identifiée comme une Zone deProtection Spéciale (ZPS) dans la DirectiveOiseaux et une partie considérable de lacôte a été proposée comme site d’intérêtcommun par la Directive Habitat. Grâcece paysage magnifique, la région tire unepartie substantielle de ses revenus dutourisme et des activités de loisirs. En 1999, le tourisme a pu enregistrer 12millions de nuitées, essentiellement lelong de la côte.

Patrimoine soumis au risque

EUROSION a estimé qu’environ 150 km2d’espaces d’une haute valeur écologiquese trouvent dans la zone d’action del’érosion côtière en Haute Normandie.Outre les espaces naturels, le recul desfalaises peut également affecter lesmaisons situées en haut des falaises,principalement dans les communes deCriel, Quiberville et Saint-Pierre en Port.Mais ce n’est pas tout : bien qu’ellessoient principalement occupées par deszones naturelles et des terres agricoles,les falaises sont localement interrompuespar des vallées perpendiculaires à la côte

densément urbanisées– tel est le cas deDieppe, Saint-Valery, Fécamp et du Tréport– et qui se trouvent en-dessous du niveaudes hautes eaux pendant les grandesmarées. Selon la base de donnéesEUROSION, plus de 300 000 habitantsvivraient dans la zone d’impact de l’érosioncôtière et du risque associé d’inondation.Ce risque s’est accrû depuis l’établissementde deux centrales nucléaires - Paluel etPenly – au bord de la côte.

Causes de l’érosion côtière

Les falaises de Haute-Normandie ontreculé à la vitesse moyenne de 20centimètres par an pendant les 50dernières années. Ce recul prend laforme de glissements de terrain quipeuvent chacun provoquer l’écroulementde 10 mètres de falaises. L’érosion est lerésultat de processus marins aussi bienque continentaux : les principaux sont lesattaques des vagues et tempêtes d’ouestqui minent la stabilité de la falaise,l’infiltration des eaux pluviales par lesommet de la falaise qui diminue lacohésion des roches et la dérive littorale,qui transporte vers le Nord-Estprincipalement des galets qui protègentla base de la falaise des attaques desvagues.

Au cours des 100 dernières annéescependant, l’érosion côtière a étéaggravée par des activités de l’homme,notamment par le prélèvement desgalets, interdit depuis 1972, et par destravaux de défense lourde tels que lesépis et brise-lames, qui ont perturbé letransport des galets le long de la côte.Ces galets protégeaient le pied desfalaises et les plages des valléesurbanisées.

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Maisons menacées de chute à Criel sur Mer (Haute-Normandie)Source: U. Dornbusch, University of Sussex, http://www.geog.sussex.ac/BERM/

Le traitement des problèmes d’érosion

Les autorités nationales et régionales sesont rendu compte récemment que lesactivités humaines et les approchestraditionnelles pour gérer l’érosion côtière– via les épis et brise-lames – ont étécontreproductives et ont réduit la mobilitédes sédiments qui offraient une protectionnaturelle aux falaises et vallées urbanisées.Ce constat a incité les autorités régionalesde Haute Normandie et de Picardie, quipartagent la même cellule sédimentaire,à établir un partenariat et à échangerleurs expériences dans le but de traiterde manière efficace les problèmesd’érosion de leurs rivages. Ce partenariat fut lancé dans le cadre duContrat de Plan Interrégional du BassinParisien et s’est poursuivi par leprogramme INTERREG II « Erosion desplages des Rivages de la Manche ».La première phase de cette coopérationinterrégionale a consisté en uneévaluation de l’érosion future à partir del’analyse de photos aériennes ancienneset récentes. Cette évaluation a été suiviepar la création d’un observatoire côtierqui sera opérationnel au cours du secondsemestre 2004.A moyen terme, une meilleurecompréhension de l’érosion côtièredevrait influencer favorablement lesmodes de gestion de la ligne de côte enHaute Normandie et dans les régionsvoisines.

Repli programmé à Criel sur Mer

L’exemple de la ville de Criel sur Mer,située dans la partie nord-est de la Côted’Albâtre, est une bonne illustration desdécisions raisonnables qui peuvent êtreprises en matière de gestion de l’érosiondes falaises. En 1995, le GouvernementFrançais a introduit une nouvellelégislation qui visait à cartographierl’ampleur potentielle de dangers naturelset à en anticiper l’impact (« Loi Barnier »).Selon les termes de cette nouvelle loi,l’expropriation des habitants vivant dansles zones à risque imminent est devenuepossible. Criel-sur-Mer fut l’un despremiers exemples de l’application decette mesure en France. De 1995 à 2003,14 maisons ont été abandonnées et leurshabitants relogés. L’originalité de ceprocessus d’expropriation réside dans lefait que le taux d’indemnisation ne reflètepas la véritable valeur de marché – quitend à diminuer lorsque le risque devientimminent – mais est basé sur sa valeurdu marché « en l’absence de risque », cequi préserve les intérêts des famillesexpropriées. Les falaises continuent àreculer, elles peuvent fournir dessédiments précieux pour protéger lesvallées en aval et la population est ensécurité.

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LE GOLFE DE RIGA

Un patrimoine naturel et culturel sous

protection

Le golfe de Riga s’étend sur 240 km duCape Kolka au nord-ouest jusqu’à Ainaziau nord-est.Quatre grands fleuves, ainsi que 140cours d’eau plus modestes se jettentdans le golfe. Le long du golfe, desplages de sable et de blocs, des dunes,des forêts, des prairies, des marais etlagunes constituent les habitats les plusfréquents. Ils abritent une grandeconcentration d’oiseaux de mer en hiverpendant la mue et la migration et unelarge diversité d’oiseaux pendant lasaison de reproduction. A côté de leursrichesses naturelles, les côtes du golfepossèdent également un grand nombrede sites culturels, en particulier laforteresse Daugavgriva datant du 17ièmesiècle. Ce patrimoine naturel et culturel aincité l’autorité lettonne à réserver unebande de 300 mètres de part et d’autrede la ligne de côte en tant que Zone deProtection Côtière. A l’intérieur de cettezone, le déboisement, les carrières, laconstruction en dehors des zones déjàbâties et tout autre activité susceptible denuire à la fonction protectrice des habitatscôtiers sont sévèrement contrôlés.

Une économie locale orientée vers la mer

Trente villes et villages sont situés àproximité du Golfe ; dans le sud setrouve la capitale, Riga et la stationbalnéaire de Jurmala que 10 millions detouristes fréquentent chaque année. Sept ports ont été établis le long dugolfe, parmi lesquels le port de Riga,dont le trafic du fret, qui se composeprincipalement de bois, huile et defertilisants a atteint 15 millions de tonnesen 2001. On rencontre également depetites entreprises piscicoles àl’embouchure du Lielupe.

Un risque d’érosion accru a cause des

modifications de l’environnement

Les quatre dernières décennies on été lestémoins de changements dans lesconditions d’équilibre dynamique dudéveloppement côtier dans le golfe deRiga. Les changements les plusimportants sont l’augmentation de lafréquence des tempêtes d’Ouest et deNord ainsi qu’un débit plus élevé desfleuves qui se jettent dans le golfe. Cesdeux évolutions provoquent uneélévation significative du niveau moyende la mer, mesurée par l’échelle demarée de Daugavgriva. L’élévationrelative du niveau de mer est elle mêmetenue responsable de la fuite dessédiments perpendiculairement à la côte.Ainsi, les plages de sable et les dunespeuvent perdre jusqu’à deux mètres paran. Une érosion particulièrement intensede la ligne de côte s’est produite durantla dernière décennie, au cours desviolentes tempêtes de 1992 et 2001,d’occurrence normalement centennale.En particulier, un recul de 20 à 30 mètrespendant une seule tempête a étéenregistré le long de la plage urbaniséede Jurmala et Riga. Enfin, l’endiguement

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de la rivière Daugava et le dragage du litdu Lielupe depuis les années 30 pourrépondre à des projets d’urbanisation ontréduit de façon drastique la quantité desédiments que ces fleuves apportaientdans le Golfe de Riga et causé un retraitdes rivages et des plages dans lesenvirons de Riga et Jurmala.

Certaines maisons proches de l’avant-dune de Jurmala et des installationsportuaires de Ziemas osta à Daugavgrivaa été abandonnées à la suite du recul dela ligne de côte. Dans d’autres quartiersde Jurmala et Riga, l’érosion de plagesmenace des biens économiques et desinstallations de loisirs. Des étudesrécentes ont évalué à près de 3 millionsd’euros le capital directement menacépar l’érosion côtière à Riga. Cependant,tout cela n’est rien en comparaison avecles dégâts potentiels des ondes detempête extrêmes auxquelles l’on aassisté lors des inondations de 2001 quiont ouvert des brèches dans l’avant dunede Daugavgriva en novembre 2001 etinondé l’arrière-pays.

Une protection relative combinant des

techniques différentes

Les autorités lettonnes ont développéune approche basée sur la combinaisonde différentes techniques. La replantationd’oyats sur l’avant-dune et le maintiendes boisements de pins constituent lesmesures techniques principales pourralentir le recul de la ligne de côte sur lamajeure partie du Golfe de Riga. Le longdu littoral urbanisé et industrialisé dugolfe, des revêtements durs et lerechargement des petits fonds sontcensés donner une protection immédiateaux installations côtières. Or, l’expériencea démontré que cette protection est toute

relative comme en témoigne la tempêtede 2 001 qui a partiellement détruit lesrevêtements durs à Ziemas osta etemporté 300 000 euros de plagesartificiellement rechargées.

Perspectives

En dépit de la législation sur la protectioncôtière, la gestion effective de la ligne decôte le long du golfe de Riga pâtit duchevauchement de responsabilités ausein des institutions nationales et localeset de conflits avec d’autres législationsexistantes. A l’avenir, des régulationsrenforcées d’aménagement du territoiredevraient mieux contrôler ledéveloppement urbain le long de la côteet clarifier les responsabilités desdifférentes parties prenantes vis-à-vis del’érosion côtière et du risque associéd’inondation. L’adoption de larecommandation GIZC par legouvernement letton pourrait faciliter ceschangements.

J. Vitins, A.Asars, JVKPhotographie aérienne de la ville de Riga à l’embouchure du fleuve Daugava

Alise TumaneErosion dunaire le long du Golfe de Riga

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LES ESTUAIRES D’ESSEX

Une province côtière et agricole aux portes de

Londres

Le Comté d’Essex se trouve dans le sud-est del’Angleterre, juste au nord-est de Londres. Laligne de côte de sa frange sud-est estprofondément découpée, mais basse, enraison de la présence de différents estuaires,du Stour au nord à la Tamise au sud. L’Essex a toujours été une comté agricole, avecun sol argileux mais fertile et une campagnemagnifique où pousse du maïs – le grain étantà la base des industries associées : minoteries,malteries et brasseries. On y trouve aussisouvent du bétail. Des pépinières et des jardinsmaraîchers abondent là où le sol argileux estrecouvert de sols plus légers et plus fertiles. La côte est également une grande source derichesse avec d’importants centres decommerce, de pêche et de constructionnavale. Le sel de mer de Maldon, les huîtresde Colchester et des coques à Leigh-on-Seasont connus dans tout le pays. Aujourd’hui,l’Essex abrite les Tilbury Docks, le port deHarwich et la centrale électrique de Bradwell.Sa superficie est de 3672 km2 et sa populationcompte 1,5 millions d’habitants.

Des terres basses côtières menacées par la mer

De vastes zones de marais salants, desvasières et des bancs de sable bordent la côtede l’Essex. On rencontre également des prèssalés, des petites plages de galets, ainsi quequelques falaises. Vers la côte, les terres sontbasses et essentiellement consacrées àl’agriculture. La plupart de ces zones sontprotégées des submersions par des remblaisde terre, des digues et murs en béton.L’espace compris entre la digue et la mer estoccupé par des marais salés qui sont inondéslors des marées hautes et qui constituent uneprotection contre l’attaque des vagues.

L’Essex est une des régions d’Angleterre lesplus menacées par les inondations de la mer.Dans toute la région, plus de 1,8 millions derésidences et 180 000 propriétés commercialessont en danger ; 5 millions de personnes et 1,4millions d’hectares de terres cultivables sontpotentiellement concernées, y compris 61% dutotal des terres de catégorie 1 en Angleterre etau Pays de Galles. La valeur totale des biensmenacés est estimée à plus de 350 billionsEuro pour l’Angleterre.Tous les estuaires montrent des signes d’érosion et du nord au sud il paraît y avoirune baisse générale des niveaux des plages. Ce phénomène est encore plus apparent dans

les marais maritimes. Dans le nord, la causepeut en être attribuée à la réduction des apportssédimentaires venant du nord, déviés vers lelarge par les infrastructures du port de Harwich.La perte de marais maritimes dans le sud-estde l’Angleterre a fait l’objet de nombre derecherches. De pertes causées par lapoldérisation et l’utilisation pour l’agricultureavoisinent 4 340 hectares.

L’accélération de l’élévation du niveau de la

mer: une nouvelle menace?

Outre son exposition aux processus d’érosioncôtière – soit naturelle ou provoquée parl’homme – l’Essex doit faire face à une nouvellemenace. Sa côte se trouve dans une zone oùle niveau de la mer s’élève par rapport à celuide la terre. L’élévation du niveau de marin atteintrespectivement +1,7 mm/an dans l’estuaire duStour, +1,4 mm/an dans l’estuaire du Crouchet +1,5 mm/an à Swale (Kent).

Un effet bien connu de l’élévation de la merest la réduction des marais maritimes, quioffrent un haut niveau de protection enabsorbant l’énergie des vagues pendant les

Perte de marais salés dans les estuaires de l’Essex en hectares, d’après Burd (1992) et Coastal

Geomorphological Partnership (2000)

Etendue de la Etendue de la Etendue de la Perte nette Perte nette

zone en 1973 zone en 1988 zone en 1998 1973-1998 1973-1998

Stour 264.2 148.2 107.4 156.8 59.3%

Hamford Water 876.1 765.4 621.1 255.0 29.1%

Colne 791.5 744.4 694.9 96.6 12.2%

Blackwater 880.2 738.5 683.6 196.6 22.3%

Dengie 473.8 436.5 409.7 64.1 13.5%

Crouch 467.1 347.4 307.8 159.3 34.1%

Thames (Essex) ? 197.0 181.0 Pas de données pour 1973

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tempêtes. Certaines estimations suggèrentque sans marais maritime à l’avant, unedigue doit être quatre fois plus haute etpourrait coûter dix fois plus cher qu’unedigue se trouvant face à un maraismaritime large de 80 mètres. L’accélérationde la vitesse à laquelle le niveau de mers’élève, telle qu’on la constate aujourd’hui,pourrait ainsi mettre en danger la facultéqu’ont les marais maritimes d’offrir uneprotection rentable à l’arrière-pays face aurisque d’inondation.

Les stratégies actuelles de gestion de la

ligne côtière

La côte de l’Essex est un bon exemple dela manière dont les politiques de défensecôtière, notamment celles se rapportant àla protection des terres contre l’érosion etles inondations, se sont développées aucours des 20 dernières années au Royaume-Uni. La perte de certains habitats, l’évolutiondans la perception des effets de l’élévationdu niveau de mer ainsi que le coût pourmaintenir des défenses dures ont contribuéà passer d’une politique de « protection àtout prix » à une politique de « repliprogrammé » qui accepte que des terresse perdront dans la mer. Ceci, réalisé encombinaison avec l’utilisation d’optionsd’ingénierie plus « douces », comme lerechargement des plages, représente uneapproche beaucoup plus souple pour laprotection des côtes. Cependant, cela neveut pas dire que cette politique est adoptéedans tous les endroits à protéger. En effet,il y a plusieurs grandes villes et villages oùla protection est souhaitable et rentable enraison de la valeur des biens protégés.L’identification des méthodes les mieux àmême de gérer le risque le long des côtespour les 50 années à venir a été réaliséepar les Plans de Gestion de la Ligne deCôte (PGLC) au niveau de chaque cellulesédimentaire, à l’initiative du Départementpour l’Environnement, l’Alimentation et lesAffaires Rurales (DEFRA) et de l’Agencepour l’Environnement. Le Plan de Gestionde la Ligne de Côte pour les estuaires del’Essex a été exécuté en 1995.

Perspectives

Il apparaît clairement dans l’analyse de lasituation de l’Essex qu’une élévation duniveau de la mer impose de sévères restrictions quant à la capacité de choisir

l’option « Maintenir la ligne de côte » àmoyen ou long terme. Les inondationsrécentes au Royaume-Uni – et dans le restede l’Europe – suggèrent que, quelle quesoit la somme que l’on dépensera pourl’édification et l’entretien des structures deprotection côtière, des événementsextrêmes vaincront toujours ces défenses.Il est trop tôt pour savoir si le repliprogrammé à long terme de la côte pourragarantir une approche plus soutenable etplus rentable de la défense des côtes. Il estdéjà clair, cependant, que la restaurationdes vasières et des marais salés est possible,et que des bénéfices considérables enseront tirés pour la conservation del’environnement. L’intérêt et les bénéficesretirés de l’adoption d’une approche plussouple de la gestion des côtes sont pluslargement acceptés du fait de la vastediffusion de cette politique auprès descommunautés côtières et du public. Danscette perspective, l’Initiative des Estuairesde l’Essex (IEE) – partiellement subventionnéeà travers Interreg IIC – est une approchestratégique de la gestion des côtes, quivise à coordonner et soutenir le Site MarinEuropéen des Estuaires de l’Essex. Il s’agitd’une dénomination statutaire qui impliqueun ensemble d’autorités allant des autoritéslocales aux régulateurs de la pêche, enpassant par les agences pour la conservationde l’environnement et les autorités portuaires.Son objectif principal est de préserver lesressources naturelles de la côte, aussi bienen mer que sur terre, afin de continuer àassister le commerce, la faune sauvage etle développement durable des populationscôtières et des zones naturelles. Ledéveloppement d’une gestion appropriéefacilitera la réalisation des objectifs jumeauxde conservation, selon la DirectiveEuropéenne Habitat, et de préservation etd’augmentation du développement socio-économique de la zone.

A.M. StaceyPré-salés de Cudmore Grove Country Park.

BOX: Options de gestion de la ligne de côte dans le Comté d’Essex

Attitude 1 : Maintenir la ligne de côte en conservant ou en changeant les modes de protection. Cette lignede conduite doit concerner les situations dans lesquelles des travaux ou des interventions sont entreprisesau devant des défenses en place, pour améliorer ou maintenir le niveau de protection apporté par la lignede défense existantes. Cette option a été adoptée à Sales Point, Marsh House, deal hall et Hamford Water.

Attitude 2 : Avancer en construisant de nouvelles défenses au devant des protections existantes.

Attitude 3 : Organiser le repli en identifiant une nouvelle ligne de défense et en construisant desstructures de protection à l’arrière des défenses existantes. Cette option a été testée sur quelques sitesexpérimentaux : l’estuaire de la Blackwater, orplands, Tollesbury et Abbost Hall.

Attitude 4 : Intervenir de façon limitée en utilisant les processus naturels pour réduire le risque tout enlaissant s’opérer les changements naturels de la côte. C’est le choix qui a été fait à Cudmore Grove.

Attitude 5 : Ne rien faire là où aucun enjeu ne justifie une défense côtière.

l’Environnement (ARPA) a publiérécemment un appel d’offre se rapportantà un programme d’investissementmajeur pour la période 2000-2006. Cetappel d’offre contient les directives pourla délimitation de zones qui doivent êtreprotégées prioritairement, les types deprotection, le calendrier de leur mise enplace. Le but de ce programmed’investissement est « l’éradication descauses de l’érosion marine et de sonaggravation, au moyen du rétablissementdes conditions naturelles qui ont mené àl’origine à la formation de la côte,

ave une mention particulière aux activitésde construction à l’intérieur du pays, aurétablissement et à la restitution dansleur état naturel des cours d’eaupermanents et temporaires et aurétablissement du transport sédimentairelittoral. Une attention particulière doitaussi être portée aux effets d’uneaugmentation du potentiel touristique, durétablissement de la propriété de l’Etat etde la protection des biens privés etpublics contre les tempêtes de mer ». Ce programme d’investissement se trouvetoujours dans sa phase préparatoire.

Un lieu de vacances typiquement

méditerranéen

La baie de Giardini Naxos est située dansle secteur nord de la côte ionienne de laSicile, entre les villes de Messine et deCatane. La ville de Giardini Naxoscompte environ 10 000 habitants et elleest caractérisée par un tourisme actifavec plus d’un million de visiteurs par an.Avec ses 34 hôtels et 46 restaurantsconcentrés le long de la ligne côte,longue seulement de 5 km, la baie deGiardini est une bonne illustration dudéveloppement du tourisme côtier enMéditerranée. En été, le boulevard defront de mer peut être fréquenté par plusde 20 000 touristes par jour, c’est-à-diredeux fois la population de Giardini Naxos.

Les causes de l’érosion

Au cours des dernières années plusieurssecteurs de la côte de Giardini ont connuune forte érosion. Cette érosion estessentiellement causée par les ventsdominants de l’Est et du Nord-est quiengendrent des courants littoraux orientésvers le Sud, à caractère érosifsprincipalement dans le secteur du centreet du sud de la baie. Cependant, il estévident que ces processus d’érosion ontété aggravés par une série deconstructions dans le bassin-versant de

la rivière Alcantara, ainsi que le long dela côte, voire directement en mer (quaisde port).Le secteur de côte entre l’église de SanPancrazio et le lido de Sirinetta estparticulièrement exposé et il requiert uneprotection continue depuis les années 70.Celle-ci a été réalisée en grande partiepar la mise en place de structures rigides,épis et brise-lames. Or, il apparaît queces structures ont été rarementimplantées à une distance correcte de lacôte. Leur efficacité est limitée et ellesont aggravé les problèmes d’érosion au-delà d’elles.

La réaction des autorités régionales

Les autorités régionales se sont récemmentrendu compte que les pratiques degestion de l’érosion le long de la baie deGiardini ne sont pas satisfaisantes. Le Département Régional de

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Vue de la partie sud de la baie de Giardini

BAIE DE GIARDINI NAXOS – SICILE

ESA – ENVISATExtrait d’une image MERIS. Le transport sédimentaire se voit très nettement par la trace bleutée qu’il laisse au sud de l’île.

Quels sont les enjeux en Sicile?

EUROSION estime qu’environ 900 000 habitants vivent en Sicile dans des secteurs où se manifestel’érosion côtière, ce qui fait de la Sicile la quatrième région italienne la plus exposée en terme depopulation, après la Vénétie, (1 200 000 habitants), la Toscane (950 000) et la Campanie (915 000). Or, la Sicile arrive juste derrière la région de la Vénétie en terme de zones urbanisées à risque (250 km2menacées par l’érosion côtière), ce qui s’explique en grande partie par la présence d’établissementscôtiers à population dense le long des côtes telles que les villes de Palerme, Messine, Catane, Syracuseou Taormina. De plus, le taux de croissance de l’urbanisation côtière en Sicile (environ 30%) entre 1975-1990 est parmi les plus élevés en Europe. EUROSION estime aussi que les côtes siciliennes abritent également 100 km2 de zones de valeursécologique élevée menacée l’érosion côtière.

Cas

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tud

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AVEIRO

Une porte ouverte vers la péninsule

ibérique

Aveiro a une position incomparable, du point de vue géostratégique, àl’intersection de deux axes de transportvitaux : longitudinalement, l’axe reliant la Galice au sud du Portugal ettransversalement l’axe reliant l’océanAtlantique au centre de l’Espagne. Avecl’ensemble de la Costa Nova - Vagueira,Ilhavo et Vagos, ses municipalitésavoisinantes- Aveiro héberge aujourd’hui132 000 habitants ( recensement de2001), 10% de plus qu’en 1991.La position géostratégique d’Aveiro va depair avec un contexte écologiqueremarquable, la ville étant situéeexactement sur la passe de la lagune dela Ria de Aveiro. L’écosystème de la Riade Aveiro abrite une large série d’habitatsnaturels incluant des côtes de sable etdes systèmes de dunes avec une hautevaleur récréative, ainsi que des maraissalés et saumâtres, propices à lapisciculture et à l’aquaculture, quiconstituent avec les activités du port lesplus importantes sources de revenuspour les habitants d’Aveiro. Le portd’Aveiro est d’une grande importancedans le contexte national, avec un traficde fret annuel à croissance rapide, quis’élevait à 2 820 000 tonnes en 2001. Leport d’Aveiro a bénéficié pendant les 5dernières années d’investissementsconsidérables, incluant ceux du FondEuropéen pour le DéveloppementRégional (FEDR). Il est devenu unegrande plaque tournante et un portd’embarquement de première catégoriedans le Sud de l’Europe dans le cadre dela Politique Européenne de Transport.

La Ria de Aveiro

En face de la baie, formée par le dépôt desédiments venus des rivières Vouga,Agueda et Certima, la Ria de Aveiro est

un des écosystèmes les plus intéressantset un des marais maritimes les plusétendus du Portugal. Une partie de la Ria– la réserve naturelle des dunes de SanJacinto – bénéficie déjà d’un statut deprotection légale. D’autres parties de laRia peuvent être inscrites dans un avenirproche dans le réseau NATURA 2000.Plus de cinquante espèces de poissonsvivent dans la Ria de Aveiro, certainesd’entre elles s’appuient sur le systèmeestuarien pour pondre des œufs et grandir.Le rouget barbet, le griset, la brème dePékin, la sole et l’anguille sont les poissonsles mieux connus que l’on peut trouverdans la Ria. Les coques, les clovisses, leshuîtres et les couteaux sont desmollusques bivalves qui sont les pluscultivés dans la Ria. Ils sont cueillis à lamain sur des gués à marée basse ou“dragués” dans les canaux. Finalement,la Ria abrite différents types d’oiseaux,migrateurs ou non-migrateurs, tels quedes barges, bécasseaux variables,pluviers, échasses blanches, avocettes,hérons et oiseaux de proie.

Les menaces sur la côte

Plus que le risque de pollution industrielleprovoquée par des activités du port,l’érosion côtière est considérée comme laprincipale menace immédiate en termesd’économie, de population etd’environnement. Le long des côtessédimentaires (plages, dunes, marais), les

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Eng. Mota Lopes (DRAOT-CENTRO)Erosion côtière à Vagueira, situé 9 km au sud du port d’Aveiro. Les sédiments charriés par la dérive littorale sont “piégés”par les épis. Ceci crée un déficit sédimentaires au sud de ces ouvrages et une érosion accrue sur les parties non protégées du trait de côte.

Eng. Mota Lopes (DRAOT-CENTRO)

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houles obliques expliquent l’enlèvementdes sédiments et leur transport le long dela côte. Lorsque la quantité de sédimentsenlevés est remplacée par ceux quiarrivent, la côte est en général stable.Pendant des ondes de tempête, laquantité de sédiments enlevés peut êtretrès élevée mais elle est en généralrétablie pendant les périodes calmes.Cependant, dans le cas d’Aveiro, lestransports de sédiments ont étégravement perturbés par les brise-lamesdu port et par d’importants dragagesdans son entrée. Cependant, le port nepeut pas être considéré comme le seulresponsable de l’érosion au sud d’Aveiro(4 à 6 mètres par an de recul à IIhavo) .Les barrages sur les fleuves ibériquesainsi qu’une élévation moyenne duniveau de la mer de 1 mm par an le longde la côte portugaise ont dû aussicontribuer à l’érosion du littoral.L’érosion côtière a déjà causé desérieuses pertes économiques enréduisant la fréquentation des plages,évaluée à un demi million de personnespendant l’été à Aveiro. En même temps,le coût pour édifier et entretenir desouvrages de protection efficaces – qui en1998 représentaient 2,2 millions d’eurospour le bord de mer à Ilhavo et Vagosuniquement – a abouti à réduire la valeurdes propriétés le long de la côte (jusqu’àmoins de 80% de la valeur initiale àcertains endroits). On s’attend à ce qu’à plus long terme laligne de côte recule jusqu’à un point telque de nouvelles passes vont apparaîtreen causant des dommages considérablesà la lagune. Les dégâts prévisiblesincluent aussi bien l’inondation des zonesbasses habitées que l’intrusion d’eausalée dans les terres cultivables.

Comment traiter l’érosion côtière :

l’approche GIZC

Des leçons tirées du passé ont démontréque les ouvrages lourds de défense – tels des brise-lames, les murs, les épis –établis par les autorités nationales etlocales le long de la côte, donnent dessolutions très partielles qui ne traitentpas la cause première de l’érosion(manque de sédiments) et accélèrent engénéral le problème en aval du secteurprotégé.Pour traiter ce problème, dont lesconséquences peuvent affecter toutl’écosystème de la lagune et des activitésassociées (piscicultures, aquaculture,tourisme), les gouvernements nationauxet régionaux, les municipalités, lesautorités portuaires et plusieurs universitésont uni leurs efforts pour trouver dessolutions intégrées (voir encadré ci-contre).

Solutions proposées

• Travailler avec les autorités portuaires pour mettre enœuvre un système de by-pass au nord du brise-lamesqui protège l’entrée du port, pour rétablir lesprocessus de transport des sédiments ;

• Identifier les zones où les processus naturels deprotection peuvent être aidés, tels que les dunesréhabilitées ou une plage régulièrement alimentée pardes matériaux propres provenant des dragages ;

• Contrôler sévèrement les extractions de sable illégaleset toute autre activité susceptible de perturber laréhabilitation des dunes et plages naturelles ;

• Réguler l’extension du front de mer afin de limiter lecoût de la protection.

Les résultats des études de cas EUROSIONet d’autres expériences européennessuggèrent que, trop souvent dans le passé,une attention insuffisante a été accordéeau fonctionnement global du systèmesédimentaire (tel qu’il est décrit ci-dessus).Dans ce contexte la disponibilité ensédiments (ou la pénurie) est d’uneimportance fondamentale. Afin de lier lesdeux éléments clés que sont la « disponibilité des sédiments » et l’« espace fonctionnel » pour que ladynamique sédimentaire puisse se réaliser,EUROSION propose l’identification des‘réserves de sédiments stratégiques’.

Réserves de sédiments stratégiques

Un bilan sédimentaire négatif dans unezone côtière particulière conduiraprobablement à son érosion et feragrandir la menace d’inondation.EUROSION préconise pour combattre cestendances qu’une source de sédimentssoit identifiée, ce qui aiderait à améliorerla « résilience » de ces zones. Ces‘Réserves de sédiments stratégiques’peuvent être extraits :• en mer: sables sur le fond de la mer

(en dessous du niveau des basses mers);• dans la zone côtière: falaises en

érosion, graviers de la zone intertidale,bancs de sable et de vase (supportantdes lits de gravier, des dunes et desplages) et terres agricoles de faiblevaleur ;

• dans l’arrière-pays. (Cette dernière optiondoit être prise en considération s’il n’ya pas de réserves sédimentairesdisponibles en quantité suffisante enmer ou dans la zone côtière).

Dans certaines zones un bilansédimentaire positif peut entraverlocalement le développement durable,p.ex. dans un port ou dans une stationbalnéaire. Dans ces cas, il peut êtreenvisagé d’utiliser les matériaux prélevésdans le système (p.ex. pour maintenir lesaccès au port) pour ‘alimenter’ uneréserve sédimentaire en mer.

L’identification, la définition et l’utilisationde réserves de sédiments stratégiquesdoivent être l’objet d’une évaluation del’impact environnemental (cfr. EUROSIONRecommandation nr. 2) et être rentables(cfr. EUROSION Recommandation nr. 3).Ils doivent aussi être écologiquementacceptables et être en mesure decontribuer efficacement à la résiliencecôtière. Ces exigences seront

probablement plus facilement remplies siles sédiments du réservoir et ceux de lazone d’accueil présentent descaractéristiques proches. Par définition,après leur identification, les réserves desédiments ne doivent pas être le supportd’équipements.

Les soucis majeurs: quels sont les enjeux ?

EUROSION a identifié les tendancessuivantes qui auront probablement uneffet négatif croissant sur les rivages del’Europe dans les 50 années à venir, saufsi les politiques changent:

• Un déficit de sédiments par lesendiguements fluviaux et la constructionde barrages, les dragages, lesprélèvement de sable et l’extraction desédiments en mer;

• Une perte d’espaces côtiers dynamiqueset de milieux naturels résultant del’urbanisation de la côte, de lapoldérisation, du développement deterrains de golf (sur les dunes), ou del’utilisation des milieux sédimentairescomme sources de matériaux destinésà compenser les pertes chroniquesdues à des interventions de l’homme;

• Une perte de résilience du fait de laplus grande vulnérabilité de la côte àl’érosion et aux inondations;

• Une accélération de l’élévation duniveau marin et une aggravation de laforce et de la fréquence des tempêtesexceptionnelles, conséquences duchangement climatique.

Tous ces dangers et les risques qui leursont associés sont imprévisibles.Cependant, il est clair que l’aggravationde l’érosion côtière et des inondationsinduira un coût supplémentaire pour nossociétés, notamment à travers :

• Les risque pour les vies humaines etles biens matériels. La protection decertaines de nos importantescommunes et villes constitueraprobablement une pression majeuresur nos ressources en laissant peu decapacité supplémentaire pour laprotection d’autres biens moinsprécieux ;

• Une perte croissante d’habitat. On peuts’attendre à ce que des zonesconsidérables de dunes côtières et demarais disparaîtront et avec elles leursfonctions sociales, économiques etécologiques ;

• Une plus grande atténuation del’érosion et son coût. La tendanceactuelle dans la défense côtière quipeut conduire à ce que plus de 10,000kilomètres soient ‘protégés’ en 2 020deviendra de plus en pluséconomiquement insoutenable.

LA VISION EUROSION

La compréhension de la nature dynamiquede la frange côtière est un facteur clé dansla gestion de l’érosion des rivages. Leshommes ont de tous temps préféré s’établirle long des côtes. Dans le passé ils étaientsouvent amplement à la merci des forcesde la nature. Depuis l’Epoque Romaine desdéfenses côtières ont été construites pourprotéger les ‘nouvelles terres’ créées lorsdes périodes de bas niveau marin oulorsque un afflux de sédiments conduisaità la progradation de la ligne de côte. Desstructures telles que des murs de protectionet des batteries d’épis n’ont pas uniquementaidé à protéger ces terres contre l’érosion etles inondations, mais ont également donnél’impulsion au développement d’espacescôtiers accrus. Ceci a parfois conduit à uneperte importante d’habitats (surtout desdunes côtières, des plages, des marais salés,des vasières et des herbiers sous marins)et avec eux à l’affaiblissement de leurscaractéristiques dynamiques naturelles.

EUROSION a démontré que – même si laprotection est possible, les défenses côtièrespeuvent être dépassées ou détruites pardes évènements extrêmes. Des tendancesà long terme et des effets d’entraînementpar les structures elles-mêmes peuventaussi occasionner des effets négatifs sur lafaculté de récupération d’unités côtièresbeaucoup plus grandes. On s’attend à ceque cette situation empire encore à causede l’élévation des niveaux marins et desoccurrences des tempêtes extrêmes plusimprévisibles, associées au changementclimatique. Cela constituera une menace àlong terme pour la sécurité des populations,la pérennité de beaucoup d’activités côtières,la biodiversité côtière (y compris les sitesNatura 2000) et la possibilité, pour la côte,d’assurer une défense ‘naturelle’. Dans dessituations extrêmes la frange côtière peutcomplètement disparaître (voir image ci-contre). Dans ce contexte la fixation de lignesde côte artificielles en enclavant la zoneintertidale ou bien pour protéger desinfrastructures ainsi que la justification dumaintien des défenses dans de telsendroits doivent être réexaminées.

La résilience de la côte

EUROSION considère le développementdurable des zones côtières et laconservation des habitats dynamiques,surtout sur les rivages encore vierges,comme des objectifs importants à longterme pour les zones côtièreseuropéennes. La poursuite de cesobjectifs requiert un respect, et dansbeaucoup de cas un rétablissement, dufonctionnement naturel du système côtieret de sa résilience naturelle à l’érosion etaux inondations. Les implications de la résilience côtièrevarient en fonction du type de côte. Pourdes côtes constituées de roches dures lephénomène peut ne pas être critiqueparce que les rochers eux mêmesrésistent à l’érosion. Inversement,l’érosion active de falaises de ‘roches

tendres’ (verticales) est souvent unphénomène naturel contribuant demanière importante à l’apport desédiment à la côte. Cela peut contribuer àl’élargissement de la zone côtière, enprotégeant les falaises de l’attaque desvagues et en favorisant le développementde la sédimentation sur les espacesvoisins. Là où cette interaction estconservée et si le bilan sédimentaire estpositif ou en équilibre, la résilience dusystème plus large sera probablementmaintenue.

Deux facteurs clés peuvent être identifiéspour déterminer si des systèmes côtierssensibles, comme les plages, sont parnature résilients ou non. 1. la disponibilité locale de sédiments

en quantité suffisante pour maintenirl’équilibre dynamique entre l’érosionet l’accrétion et obtenir des « conditions sédimentaires favorables ».Des pertes chroniques de sédimentsferont pencher la balance dans lesens de l’érosion et conduirontfinalement à une perte d’habitat et àun rétrécissement de la zone côtière;

2. l’espace disponible pour les

processus côtiers. Des réductions dela surface nécessaire au recul natureldes falaises et des milieuxsédimentaires et/ou la redistributiondes sédiments à la suite de ce reculvont diminuer la résilience côtière.

Quelques facteurs importants pour ladistribution des sédiments à la zonecôtière sont indiquées dans le documentprésenté ci-dessous.

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EUROSION définit la résilience côtière comme la facultéinhérente de la côte à s’adapter aux changementsprovoqués par l’élévation du niveau de la mer, par desévénements extrêmes et par des impacts humainsoccasionnels tout en conservant ses fonctions sur lelong terme. Le concept de résilience est particulièrementimportant à la lumière des prédictions sur le changementclimatique global.

Des ‘Réserves de Sédiments Stratégiques’ peuvent êtredéfinies comme des stocks de sédiments de caractéristiquesappropriées qui sont tenus disponibles pourl’approvisionnement futur de la zone côtière, soitponctuellement (pour compenser les pertes dues à destempêtes extrêmes) ou à long terme (au moins 100 ans).

Schématisation du concept de “cellule sédimentaire côtière” (en anglais).Les flèches ascendantes indiques les “sources” de sédiments (falaises, fleuves, basins versants, bancs de sables, etc.). Les flèches descendantsindiquent les “puits” de sédiments (barrages, ouvrages de protection). Le transport sédimentaire est indiqué par les flèches noires.

Sur la base de cette information, il serapossible de développer des lignes deconduite adaptées pour gérer le risqued’érosion et d’inondation à l’intérieur dela cellule sédimentaire. Cette gestiondevrait être basée sur un certain nombred’options* qui peuvent être résumées dela manière suivante :• Maintien du trait de côte;• Avancée vers la mer;• Repli programmé;• Laisser faire.

La dimension européenne

Le problème majeur posé par l’érosioncôtière et les submersions n’a été quetrès récemment reconnu comme unproblème clé au niveau communautaire.La Stratégie de la CommissionEuropéenne pour la Gestion Intégrée desZones Côtières (2000) a tout d’aborddéterminé l’importance de cette question,puis les Membres du Parlement Européenont emboîté le pas en accordant un budgetpour l’étude EUROSION.

La variété des risques socio-économiqueset environnementaux associés auxtendances actuelles de l’érosion côtièreet à la menace d’inondation a conduitEUROSION à attacher une importanceconsidérable au concept de « résiliencecôtière ». « Des réserves de sédimentsstratégiques » qui aideraient à restituerun bilan sédimentaire favorable dans unezone côtière spécifique permettraient decréer les conditions aptes à améliorer larésilience et à diminuer les menacesd’érosion et d’inondation.

Ceci pourrait être réalisé soit enmodifiant les directives existantes – plusparticulièrement la Directive-cadre surl’Eau et la Directive Habitat – soit enrédigeant une directive spécifique sur lagestion de sédiments. En plus desimplications environnementales et socio-économiques européennes destendances d’érosion actuelles, au moinsdeux autres raisons permettent desuggérer une implication au niveaucommunautaire.

1. Les mouvements des eaux et dessédiments font fi des frontièresnationales. Par exemple, des travauxde régulation de l’écoulement fluvialpeuvent avoir des impacts sur leszones côtières d’autres Etats-membres ;

2. La gestion actuelle de l’érosioncôtière tend à voir les sites Natura2000 comme des sources de sédimentsou des espaces, qui peuvent êtresacrifiés à l’érosion. Ceci a desimplications à long terme,probablement irréversibles, pour leréseau Natura 2000.

EUROSION considère qu’une réponse

juridique – en modifiant les directivesexistantes ou en proposant une nouvelledirective – conçue pour clarifier le statutinternational des sédiments doit êtresérieusement envisagée afin de définirles conditions pour une gestioncoordonnée des sédiments au niveaueuropéen. A cet égard, l’approche estsemblable à celle défendue dans laDirective-cadre sur l’Eau. Outre cetteréponse juridique, EUROSION proposeégalement un certain nombre de mesuresd’accompagnement qui peuvent êtreobtenues de la meilleure manière par desaccords non-juridiques.

Action locale – Plans de Gestion des

Sédiments Côtiers (PGSC)

Quelle que soit la législation adoptée auniveau européen ou national, la gestionse fait à un niveau local/régional.EUROSION met l’accent sur l’applicationau niveau local des concepts identifiés ci-dessus. Dans ce contexte, il recommandeque la gestion de l’érosion côtière passede solutions au cas par cas à une approcheplanifiée. Celle-ci devrait être basée surdes principes de responsabilité quioptimisent les coûts d’investissement parrapport à la valeur des biens menacés,favorisent l’adhésion des citoyens auxactions proposées et laissent les optionsouvertes pour l’avenir. Ce mouvementdevrait être guidé par le besoin de rétablirla résilience côtière et de remplir lesconditions pour un « statut de sédimentsutiles ».

Un Plan de Gestion des Sédiments Côtiersconstitue la base de la gestion de l’érosioncôtière. Dans le sens de la visiondéveloppée par EUROSION, un Plan deGestion des Sédiments Côtiers (PGSC),est un document qui « fixe les objectifspour un statut de sédiments utiles dansune cellule sédimentaire spécifique et quidéfinit les moyens pour atteindre cesobjectifs ». La figure 3 indique lesprincipaux compartiments d’une cellulesédimentaire côtière en relation avec lebassin hydrographique et la zone littorale.

Une première étape dans un PGSC doitcontenir l’identification de tous lesparamètres principaux déterminant lavitesse à laquelle les sédiments quittent(ou parviennent dans) le système et lamanière dont les dynamiques opèrent.Ces paramètres devrait en être évaluées :- sur une échelle de temps d’au moins

30 ans, allant jusqu’à 50 ou 100 ansdans certains cas;

- avec une compréhension de tout lesystème sédimentaire depuis le bassinversant jusqu’à la côte et en incluantl’environnement marin littoral (voirgraphique 3 ci-dessus) ;

- en intégrant les conséquenceséconomiques, sociales etenvironnementales.

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Eléments constitutifs d’une cellule sédimentaire côtière

Arradon (France) – source: Philippe Hermange

* Based on the UK approach to Shoreline Management Plans, Interim Procedural Guidance, DEFRA 2003 available @http://www.defra.gov.uk/environ/fcd/

Sur la base des bilans et de sa vision deschoses, EUROSION propose quatrerecommandations-clés qui, si elles sontmises en œuvre, devraient permettre degérer les problèmes de l’érosion côtière enEurope et les risques qui lui sont associés.

En se basant sur les bilans établis,EUROSION propose l’introduction duconcept de statut de sédiments utiles dansla législation européenne comme pierreangulaire de la résilience côtière et de lagestion durable de la ligne de côte. Parceque la gestion des sédiments impliqueplusieurs composants – le sol, l’eau, leshabitats – différentes options sontsuggérées pour faciliter l’introduction dece concept dans la législation européenne.L’objectif du statut de sédiments utilespour la zone côtière sera réalisé pourchaque cellule sédimentaire,principalement via la désignation desréserves de sédiments stratégiques, encombinaison avec des mesurestraditionnelles telles que les plansd’aménagement du territoire, lesrèglements concernant les constructions,les procédures d’évaluationenvironnementale et les mesures dedéfense contre l’érosion côtière.

D’un point de vue de la résilience côtière,on peut parler de statut de sédimentsutiles quand:a) leur volume et leur répartition actuelles

avoisinent la situation avant la perte desédiments qui a commencé à seproduire suite à l’intervention del’homme, compte tenu • de l’apport net de sédiments

provenant des bassins fluviaux;• du transit côtier longitudinal,• des échange de sédiments

perpendiculairement au trait de côte.

b)la résistance des sédiments aux forcesd’érosion est due à leur naturegéologique, à la végétation ou à uneflexibilité naturelle compensantl’affaiblissement de la résistance.

En introduisant le concept du statut desédiments utiles dans la législationeuropéenne, on prévoit que les futurespolitiques de gestion tiendront compte desconditions naturelles du systèmesédimentaire et feront que les entreprisespour le rétablissement de ces conditionsdeviendront une obligation légale ayantforce de loi.

L’identification et la désignation de «réserves de sédiments stratégiques » pourchaque cellule sédimentaire côtière devraitpermettre de retrouver un « statut desédiments utiles » et de rétablir le jeunaturel des processus côtiers.Il est important de comprendre lesdifférents processus qui génèrent unedemande de sédiments. Il est pour celautile de faire une distinction entre lesdifférents types de réserves de sédiments.Pour la désignation des « réserves desédiments stratégiques », EUROSIONrecommande l’identification de trois typesde réserves de sédiments :• type 1: zones-tampons entre la terre et la

mer• type 2: stocks de sédiments pour

s’adapter à l’élévation du niveau de la mer

• type 3: stocks de sédiments pourcompenser un déficit de sédimentsprovoqué par l’homme.

EUROSION propose d’adopter le conceptdu Plan de Gestion des Sédiments Côtiers(PGSC) comme suit :

Actions à entreprendre au niveau

européen

EUROSION propose que les concepts de « statut de sédiments utiles » des zonescôtières et de « réserves de sédimentsstratégiques » soient introduits dans lalégislation européenne. Cela peut être faitsoit en modifiant les directives existantes –notamment la Directive-cadre sur l’Eau etla Directive sur l’Habitat – , soit enenvisageant la possibilité de créer unedirective spécifique sur la gestion dessédiments. La raison essentielle pourintroduire ces concepts dans une directiveest que la gestion des sédiments est unsecteur qui se situe au-dessus des frontièrespolitiques et qui interfère avec d’autresdirectives et politiques européennes envigueur, voire même les contredit. Cesmécanismes devraient entrer en applicationau travers de l’élaboration des Plans deGestion de Sédiments Côtiers pour deszones côtières vulnérables.

Actions à entreprendre au niveau

des Etats membres

Les Etats-membres sont encouragés àpréparer un cadre politique national pourla résilience des côtes et à promouvoirl’élaboration de Plans de Gestion desSédiments Côtiers. En particulier, la responsabilité des Etatsmembres pour la bonne marche du réseauNatura 2000 exige que les implications dustatut de sédiments utiles et des réservesde sédiments stratégiques sur des habitatsrépertoriés et des espèces associées soiententièrement prises en compte. Les Etatsmembres devraient s’assurer que leszones désignées pour la conservation del’environnement (Natura 2000) ne soientpas utilisées comme des sources desédiments pour compenser les déficitssédimentaires chroniques dus aux actionshumaines.

Les procédures EIE actuelles n’ont passuffisamment traité de l’érosion côtièreprovoquée par l’homme. Cela peut êtreamélioré par une meilleure intégrationdes problèmes d’érosion côtière (enparticulier, les évaluations de risques)dans la mise en oeuvre d’instrumentsexistants à tous les niveaux desadministrations. EUROSION fait laproposition suivante :

Evaluation environnementale

EUROSION a préparé pour les praticiensEIE des Guidelines for incorporating coastalerosion issues into EnvironmentalAssessment. La Directive Européenne 2001/42/EC sur l’Evaluation EnvironnementaleStratégique (EEA) reconnaît l’importancede se placer dans une large perspectivelorsque l’on traite de l’impact cumulatif dedifférents aménagements et elle pourraitêtre utilisée pour traiter de l’érosion côtièreet des phénomènes d’inondation. Ceci estparticulièrement important pour la gestiondans bassins-versants et des zones côtièresproches des côtes.

Cartographie des dangers et risques

Dans la plupart des pays les risquesd’érosion côtière ne sont pas suffisammentévalués : on propose donc de rassemblerles différentes approches existantes dansune méthodologie commune. À cette fin,EUROSION a préparé des Guidelines formapping coastal erosion hazards.

Aménagement du territoire

En incorporant la cartographie des aléaset des risques liés à l’érosion côtièredans les plans à long terme, les autoritéslocales et régionales peuvent effectivementécarter les aménagements des zonessoumises au risque d’érosion et réduireles demandes financières pourcompenser les dégâts dus à l’érosion.

QUATRE RECOMMANDATIONS POUR AMELIORERLA GESTION DE L’EROSION COTIERE

Recommandation EUROSION n° 1

Rétablir l’équilibre sédimentaire et procurer de l’espace pour

les processus côtiers

Une approche plus stratégique et proactive de l’érosion côtière

est nécessaire pour le développement durable des zones côtières

vulnérables et la conservation de la biodiversité côtière.

Dans la perspective du changement climatique attendu, il est

recommandé que la résilience côtière soit renforcée : (a) en

rétablissant l’équilibre sédimentaire ; (b) en laissant l’espace

nécessaire pour s’adapter à l’érosion côtière et pour permettre

le libre jeu des processus naturels ; (c) en identifiant des

réserves de sédiments stratégiques.

Statut de sédiments utiles

Le statut de sédiments utiles pour les systèmes côtiers peutêtre défini comme une situation dans laquelle la disponibilitéen sédiments permet le maintien de la résilience des côtesen général et des lignes de côtes dynamiques en particulier. Les sédiments côtiers sont ceux qui se trouvent sur la côte tantdans sa partie émergée que submergée, et qui proviennentde l’érosion des falaises, de dépôts d’origine marine et fluviale.

Protection des dunes aux Pays-Bas. Source: Rijkswaterstaat.

Cellule sédimentaire côtière:

EUROSION définit une cellule sédimentaire côtière commeun compartiment côtier dans lequel se produisent desphénomènes incluant la mise en mouvement dessédiments, leur transport et leur dépôt. Les limites de lacellule définissent la zone géographique dans laquelle lebudget sédimentaire peut être calculé, ce qui donne lecadre pour une analyse quantitative de l’érosion et de lasédimentation . A cet égard, les cellules sédimentairesconstituent les unités les plus appropriées pour atteindrel’objectif du statut de sédiments utiles et, par là, celui dela résilience côtière. En termes de pratique et de gestion, la cellule sédimentairecôtière se situe dans un cadre composé de trois zonesgéographique : le bassin-versant, la ligne de côte etl’environnement marin proche de la côte.

Plan de Gestion des Sédiments Côtiers (PGSC):

un document de haut niveau qui fixe les objectifs d’unstatut de sédiments utiles dans une cellule sédimentairecôtière spécifique et qui définit les moyens pour atteindreces objectifs. Ce concept est développé plus loin dans larecommandation n° 3.

Recommandation EUROSION n° 2

Intégrer le coût et le risque d’érosion côtière dans les plans et

dans les décisions d’investissement

L’impact, le coût et le risque liés l’érosion côtière provoquée par

l’homme devraient être maîtrisés par une meilleure intégration

des problèmes de l’érosion côtière dans la planification et les

décisions d’ordre financier La responsabilité publique pour le

risque d’érosion côtière devrait être limitée et une partie

appropriée du risque devrait être à la charge des bénéficiaires

Archief Natuurcentrum AmelandErosion côtière durant une tempête littorale (Mer de Wadden)

3332

et des investisseurs directement concernés. Les instruments

d’évaluation environnementale devraient être utilisés à cet

effet. Les risques devraient faire l’objet d’un suivi et être

cartographiés, évalués et intégrés dans le plans et les

politiques d’investissement.

Instruments financiers

Le concept de mécanismes innovateursde subvention est proposé, en particulier:• des mesures pour aider à la mise en

oeuvre des Plans de Gestion deSédiments Côtiers ;

• des schémas de compensationfinancière pour le relogement depopulations menacées par un risqueimminent lié à l’érosion côtière ou àl’inondation;

• une utilisation plus large des instrumentsdu marché financier, en particulier pourtransférer les coûts liés auxconséquences de l’érosion côtière de lacommunauté vers les investisseurs, viades polices d’assurance, des conditionsde prêts bancaires et des limitationspour les fonds de compensation descatastrophes.

Gestion Intégrée de la Zone Côtière

En combinaison avec les Instrumentsd’Evaluation Environnementale laRecommandation Européenne sur la GIZC(2002) peut être utilisée pour identifierdes solutions à l’érosion côtière qui soientinnovatrices, rentables et socialementacceptables. Partout où des plans GIZCsont mis en oeuvre, les Plans de Gestiondes Sédiments Côtiers seront considéréscomme en faisant partie intégrante.

Actions à entreprendre au niveau

européen

En tant que partie d’une initiative pluslarge sur les risques et l’assurance, il estconseillé à la Commission de lancer undébat sur les instruments qui permettraitde transférer une part du coût de luttecontre l’érosion côtière dans des zones àrisque vers les bénéficiaires et lesinvestisseurs. En tant que partie d’uneévaluation de tous les instrumentsfinanciers et dans la mise en oeuvre desdirectives sur l’Environnement etl’Evaluation de l’environnement, il estimportant de prévoir les impacts potentielsdes projets sur le budget sédimentairecôtier et les risques pour la sécurité despersonnes, biens économiques etbiodiversité côtière. Des mesuresappropriées de réduction des risques etde compensation doivent être prises enconsidération dans cette évaluation. Desprojets dans le domaine de l’infrastructure(réseaux de transports européens, transportmaritime à courte distance) et de la gestionde l’eau ne devraient pas être approuvéss’ils sont susceptibles de causer des effetsindésirables contre lesquels il conviendraitensuite de lutter. Des mesures d’incitationfinancière doivent être envisagées pourl’élaboration des cartes de risques.

Actions à entreprendre au niveau

des Etats membres

L’érosion côtière devrait devenir un sujetobligatoire à évaluer pour à une largevariété de plans et de programmestouchant à la côte (planification, transport,

projets touristiques, extraction de granulatsen mer). SEA devrait être promu commeun instrument nouveau et important pourl’Evaluation Environnementale concernantla gestion de l’érosion côtière. La gestiondes attentes concernant le risque constitueun aspect crucial de l’application d’unepolitique. Il faut préciser que desaménagements dans des endroits àrisque seront autorisés seulement s’ils neconduisent pas par la suite à desinterventions pour réduire le risqued’érosion côtière. En relation avecl’identification des réserves stratégiques desédiments il est important de prévoir unmécanisme pour autoriser l’expropriationou la compensation afin de permettre unrepli programmé des aménagements enconformité avec les dispositionsréglementaires européennes. Un exempleest donné par la loi française qui facilitel’expropriation des biens menacés par lescatastrophes naturelles. (Loi Barnier).

Actions à entreprendre au niveau local

Les autorités devraient promouvoirl’information publique et la prise deconscience des risques liés à l’érosionmarine comme fondement de laplanification de la gestion des côtes, parexemple en diffusant des cartes de risqueà échelle locale (1:25 000). Une informationdes acteurs et du public en général pours’assurer de la compréhension despolitiques de gestion littorale devrait êtreune priorité. Il faudrait aussi consacrer uneattention toute particulière à une évaluationde l’environnement par rapport auxrisques socio-économiques et financiers.

Une gestion de l’érosion côtière

responsable:

• a des objectifs explicites pour untemps défini ;

• définit des responsabilités claires auxdifférents niveaux de l’administration;

• est basée sur une compréhension dubudget sédimentaire et des tendancesà long terme de l’évolution de la lignede côte ;

• ne compromet pas la sécurité desvaleurs environnementales importanteset des ressources naturelles ;

• est basée sur une évaluation de typecoûts-avantages;

• est garantie par un budget appropriéaussi bien en ce qui concerne lesinvestissements que la maintenance; lemécanisme financier doit être adaptéaux caractéristiques locales del’érosion et de ses impacts ;

• est accompagnée par des mesurestechniques convenant au but recherché ;

• inclut un programme pour contrôler lesuivi et l’efficacité des mesures prises ;

• prévoit d’informer le public de tous lesaspects mentionnés ci-dessus.

But des PGSC

Les Plans de Gestion des SédimentsCôtiers (PGSC) donnent une occasion dedévelopper la gestion intégrée des zonescôtières. Outre le renforcement de larésilience côtière, un aspect-clé d’unPGSC est de permettre une évaluation àgrande échelle des risques associés auxprocessus côtiers et de les inclure dansune politique à long terme. Le principede base est qu’ils ont pour but d’aider àréduire les risques d’une manière durable.Un plan de gestion des sédiments côtiersdevrait être un document de haut niveauconstituant un élément important dansune stratégie globale de prévention contreles inondations et l’érosion côtière.

Une première phase dans un PGSC (Plande Gestion des Sédiments Côtiers) doitinclure l’identification de toutes lesprincipales forces en action influençant lavitesse avec laquelle les sédiments sontenlevés (ou apportés) au système et lafaçon dont les dynamiques opèrent.Celles-ci devront être évaluées:- sur une échelle de temps d’au moins

30 ans, allant jusqu’à 50 ou 100 ansdans certains cas;

- avec une compréhension de tout lesystème depuis le bassin-versant jusqu’àla côte, en incluant l’environnementmarin proche (voir image 6 ci-dessus);

- et en prenant en considération leseffets économiques, sociaux etenvironnementaux.

Une des conséquences de l’érosionmarine est la perte de terres et de biens,mais c’est l’inondation des terres basseslittorales qui représente le plus grandrisque. Il est donc cela important dereconnaître la valeur des habitats deslittoraux meubles (notamment lesvasières, les marais salés, les dunes) leurpermettre de se défendre naturellement.En même temps, les possibilités derestaurer l’environnement, les attraitspaysagers et touristiques et de paysagepar une politique de recul et de non-intervention ne doivent pas être négligées.

Le PGSC devrait définir les objectifs pourchaque segment de côte ou chaquecellule sédimentaire en termes de seuils-cibles pour que soient réunies lesconditions d’un « statut des sédimentsutiles ». Ces objectifs peuvent être atteintsà travers quatre démarches, inspiréesd’options en cours au Royaume Uni :• Maintien sur la ligne de côte• Avancée aux dépens de la mer• Repli programmé • Laissez faire

Actions à entreprendre au niveau

européen

Par des conditions liées aux instrumentsfinanciers et aux banques, les projets degestion de l’érosion côtière ne devraientpas être subventionnés s’ils sontsusceptibles d’engendrer des effetssecondaires négatifs appelant de nouvellesmesures de défense. En revanche, desincitations à donner des subventionsdevraient favoriser des programmesvisant le rétablissement des équilibressédimentaires et la résilience côtière.

Actions à entreprendre par les Etats

membres

Des responsabilités pour élaborer desplans de gestion des sédiments littorauxdevraient être assurées par les autoritésde régions dont la côte est entièrementou partiellement incluse dans une cellulesédimentaire. Lorsque plusieurs régionssont concernées par une même cellulesédimentaire, des accords interrégionauxdoivent être établis pour élaborer desplans de gestion de la ligne côte.

Recommandation EUROSION n° 3

Rendre compréhensibles les réponses à l’érosion côtière

La gestion de l’érosion côtière devrait passer des solutions

partielles à une approche planifiée basée sur les principes de

responsabilité, en optimisant les coûts d’investissement

face aux biens en position de risque, en améliorant

l’information du public sur les actions en cours et en

laissant ouvertes les options pour le futur. Cette stratégie

devrait être guidée par le besoin de rétablir la résilience

côtière ainsi qu’une situation sédimentaire favorable par

des Plans de Gestion des Sédiments Côtiers (PGSC).

Piotr DomaradzkiTravaux de protection. Rewal, Pologne.

Albert Salman Les “ganivelles” sont utilisées en Camargue pourrestaurer les dunes

3534

l’élaboration commune des PGSC baséssur les cellules sédimentaires côtières.On donnera une priorité audéveloppement et à la diffusion desmeilleures pratiques (sur une série desujets) et à la mise au point de plate-formes nationales et régionales pourpartager des fichiers clés.

Actions à entreprendre au niveau

européen

Dans le cadre de l’établissement d’uneInfrastructure pour des données spatiales(INSPIRE) la délimitation standardiséedes cellules sédimentaires côtières devraits’appuyer sur l’incorporation des fichiersessentiels qui sont requis pour une telledélimitation dans les standards del’Infrastructure de Données Spatiales (IDS).

Des activités de recherche communautairefutures dans le cadre du Contrôle Globalde l’Environnement et de la Sécurité(GGES) en vue de l’établissement deméthodologies standardisées européennespour délimiter les cellules sédimentairescôtières, ce qui inclut des méthodologiesse référant à la production ou à lamodélisation de fichiers nécessaires pourla délimitation de telles cellulessédimentaires, y compris en vue d’analyseséconomiques.

On devrait donner la priorité audéveloppement des techniquesd’évaluation qui permettent unereprésentation cartographique, enparticulier des SIG intégrant les valeurssociales, écologiques et économiquesdes zones côtières. Une telle représentationdevrait faciliter le passage des cartesd’aléas liés à l’érosion côtière aux cartesde risques, donc de permettre des étudesd’évaluation du type coûts-avantages.

Actions à entreprendre par les Etats

membres

Les Etats membres devraient promouvoirla délimitation standardisée des cellulessédimentaires côtières par la productionde fichiers d’entrée essentiels et leurintégration dans leur infrastructurenationale de données spatiales (NSDI).Les Etats membres devraient aussi établirdes contacts avec l’initiative GMES afinde développer conjointement uneméthodologie standardisée pourcartographier les frontières des cellulessédimentaires côtières, surtout celles descellules transfrontalières. Et ils devraientaider la coopération interrégionale ainsique la recherche et le développementvisant l’élaboration commune des CSMP.

Actions à entreprendre au niveau local

À échelle régionale et locale, laproduction, le traitement, le stockage,l’actualisation, l’échange et la diffusionde l’information pertinente sur lesprocessus de l’érosion côtière devraientêtre considérés comme des exigencesfondamentales pour assurer desopérations réussies dans la gestion de laligne de côte. Les autorités régionalesdevraient jouer un rôle de premier plandans la création des conditionsinstitutionnelles et techniques adéquatespour que de telles activités puissent avoirlieu et que leurs bénéfices soient utilisésau mieux. Cela devrait être réalisé aumoyen de l’élaboration et de la mise enoeuvre par les autorités régionales d’unestratégie sur « la gestion de l’informationcôtière ». Cette stratégie ne devrait pas selimiter à la gestion de la ligne de côte,mais s’étendre au contexte plus large dela gestion intégrée de toute la zone côtière.

Les Etats membres devraient promouvoirla diffusion de la meilleure informationpratique sur la gestion de l’érosion côtièredans leur propre langue.

Actions à entreprendre au niveau local:

Les autorités régionales devraient prendrela responsabilité du développement desPGSC et s’assurer que la gestion du traitde côte est conforme aux principes deresponsabilité mentionnés plus haut. LesPGSC devraient être établis pour 5 à 10ans, être sujets à SEA, et être évalués etrévisés périodiquement.

Exposition des régions côtières

européenne à l’érosion côtière

EUROSION recommande une classificationde toutes les régions côtières européennesen fonction de leur exposition à l’érosioncôtière. La classification est basée sur desfacteurs indiquant la prégnance, l’état etles impacts de l’érosion côtière. Laclassification devrait fixer le laps de tempspour établir et ré-évaluer les plans degestion des sédiments au niveau desautorités régionales et des cellulessédimentaires. Elle devrait aussi servir de

base pour établir des priorités pour lamise en oeuvre des recommandationsd’EUROSION. Une révision tous les 10ans de cette classification est nécessaire.Les résultats d’une première évaluationfaite par EUROSION sont présentés dansla page centrale de cette brochure.

Délimitation des cellules sédimentaires

côtières

La délimitation des cellules sédimentairescôtières est une tâche importante maiscomplexe. Des efforts devraient êtreentrepris pour harmoniser ce travail surla base de fichiers concernant la ligne decôte, l’hydrographie, la topographielittorale et la bathymétrie, le régime desvagues à la côte et les maréesastronomiques. On consacrera uneattention toute particulière à l’identificationdes sources et des puits de sédiments,aux schémas de circulation.

Recherche sur les impacts du changement

climatique sur le trait de côte

Il est extrêmement important depoursuivre et d’approfondir la recherchesur les impacts du changement climatique,non seulement sur les écosystèmes côtiersmais aussi sur l’évolution des maraislittoraux (vasières nues, marais salés ;effets des mesures de protection et destabilisation), sur les périodes de retourdes surcotes, et sur le phénomène del’intrusion d’eau saline.

Coopération interrégionale sur la

planification de la gestion des sédiments

côtiers

Les pays et les régions d’Europe ainsique la Commission devraient élargir leurcoopération interrégionale pour aider à

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Recommandation EUROSION n° 4

Renforcer la base de la connaissance de la gestion ainsi que

de la planification de l’érosion côtière

La base de la connaissance de la gestion et de la planification

de l’érosion côtière devrait être renforcée par le développement

des stratégies de l’information. Celles-ci devraient inclure la

diffusion des « meilleures pratiques » (celles qui marchent et

celles qui ne marchent pas), privilégier une approche proactive

vis-à-vis des données et la gestion de l’information, enfin

promouvoir le leadership institutionnel au niveau régional.

Rijkswaterstaat.Le WESP est un véhicule conçu pour le suivi de l’évolution du trait de côte aux Pays-Bas. Il peut opérer jusqu’à une profondeur de 8 mètres.

Vues naturelles et numériques des “Neddles”, Ile de Wight. La vue numérique est issue de levés altimétriques laser (« Lidar »).

Outre ses bilans et ses recommandations,EUROSION est à l’origine depuis le débutde 2002 d’une large série de produits –incluant des rapports et des bases dedonnées – qui sont accessibles en consultantle site web d’EUROSION(http://www.eurosion.org) ou en lesdemandant à la Commission Européenne.Parmi les produits importants on peut citer :

• La base de données EUROSION. Cettebase de données SIG a été développée àune échelle 1:100 000 et peut êtreconsultée avec un logiciel standard SIG.Elle contient 19 couches d’informationincluant les frontières administratives etmaritimes, la topographie côtière et labathymétrie, la ligne de côte, la géologie,la géomorphologie, l’infrastructurecôtière, les travaux de défense côtière,les tendances d’érosion, l’occupation dusol, les changements d’occupation dusol depuis 1975, le régime des vagues etdu vent, l’élévation du niveau de mer, letransport de sédiments par les fleuves,les zones de haute valeur écologique, lebudget investi dans la défense côtière etl’exposition régionale au risque d’érosioncôtier. La plupart de ces couches sontexonérées de droits d’auteur et peuventsimplement être obtenues par EUROSTAT.D’autres ont des droits d’auteur etrequièrent l’autorisation des fournisseursde données. Les lecteurs qui veulent ensavoir plus sur la base de données ouvisualiser de façon interactive certainsextraits des différentes couches sontinvités à visiter le serveur-cartesEUROSION à http://www.eurosion.org.

• Directives pour incorporer les problèmesd’érosion côtière dans les procéduresd’Evaluation de l’Environnement (EA).Ce document d’orientation donne desinformations pour intégrer avec succèsles processus d’érosion marine dans lecontenu des projets et pendant lespremières phases de leur mise en oeuvre.Ce document passe aussi en revueplusieurs solutions qui permettent deréduire les effets de l’érosion marine et quipeuvent être adoptées par des promoteursimmobiliers. Ces directives ont été conçuespour des praticiens EIE, ce qui inclutaussi bien les promoteurs immobiliersque les autorités publiques responsablesde l’autorisation des aménagements.

• Directives pour cartographier les risquesde l’érosion côtière. Ce document passeen revue les principales méthodes « à bas prix » utilisées en Europe pourcartographier l’évolution du trait de côte.

A leur tour, ces méthodes peuvent aiderà incorporer les problèmes d’érosioncôtière dans les processus d’aménagementdu territoire au niveau des autoritésrégionales et locales.

• Directives pour évaluer les coûts et lesavantages des techniques de gestion dutrait de côte. Ce document introduitl’évaluation des coûts et avantages desles mesures prises pour limiter les effetsde l’érosion côtière. Il porte une attentionparticulière à l’évaluation des coûtsexternes (coûts des dégâts pourl’environnement) ainsi qu’à celle desbénéfices pour l’environnement.

• Directives pour la réalisation de systèmesd’information locale consacrés à lagestion du trait de côte. Ce documentd’orientation présente les exigencesessentielles pour un système d’informationréussi, basé sur des décisions prises àpropos de la gestion du trait de côte. Ces exigences couvrent une large séried’aspects incluant les procéduresinstitutionnelles et administratives, desexigences fonctionnelles, desspécifications sur les données, lamodélisation des bases de données, lareprésentation spatiale et l’accès auxdonnées et aux technologies d’échange.Ce document a été principalement conçupour les autorités régionales qui désirentmettre en place de tels systèmesd’information locale ainsi que pour leurssous-traitants. En plus de ces directives,un prototype d’un Système d’InformationLocale a été développé et il peut servirpour toute autorité régionale quivoudrait faciliter l’échange de donnéesrelatives à la côte entre les partiesprenantes régionales et locales, maisaussi pour se mettre en rapport avectoute autre région désirant avoir unaccès à ce type d’information.L’installation de ce prototype ne requiertpas une licence particulière pour unlogiciel. Le CD de ce prototype peut êtreobtenu sur demande.

• Le Guide EUROSION pour la gestion dutrait de côte. Le guide pour la gestion dutrait de côte résulte de l’étude d’environ60 expériences de lutte contre l’érosioncôtière en Europe. Ce guide ne prétendpas être un manuel de défense contre lamer, mais plutôt une source d’informationdans laquelle les succès et les échecsdes solutions apportées à l’érosioncôtière dans toute l’Europe ont étépassés en revue. Le guide est accessibleà partir du site web EUROSION.

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Commission Européenne

Vivre avec l’érosion côtière en Europe – Sédiments et Espace pour la DurabilitéLuxembourg: Office pour les Publications Officielles des Communautés Européennes 2004 — 40 pp. — 21 x 29,7 cmISBN 92-894-7496-3

PRODUCTION d’EUROSION

KH

-59-04-952-EN

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