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Femmes et sociétés.Femmes et sociétés.Femmes et sociétés.Femmes et sociétés.

Nicole Lucas est professeure agrégée d'histoire (e. r.), formatrice à l'IUFM de Bretagne (Rennes) , Docteure en Histoire, chercheure associée au CERHIO, licenciée en histoire de l'art.

Sommaire Femmes et sociétés. .................................................................................................................................................................... 1 I. Préambule : ....................................................................................................................................................................... 1 II. Des questionnements intemporels : .............................................................................................................................. 2 III. Des questionnements plus récents: .............................................................................................................................. 2 IV. Des modèles et des fonctions : ..................................................................................................................................... 2

A. Des rites, des gestes et des passages : ..................................................................................................................... 3 B. Les femmes paysannes : .......................................................................................................................................... 3 C. Les ouvrières / le peuple : ....................................................................................................................................... 4 D. Le rôle de l’intime :................................................................................................................................................. 4 E. Des modèles sociaux :.................................................................................................................................................. 4

V. Exclusion et marginalisation : ...................................................................................................................................... 5 VI. XIX° et XX° siècle : .................................................................................................................................................... 5 VII. Un éclatement et d’autres modèles : ............................................................................................................................ 6 VIII. Des atteintes : .......................................................................................................................................................... 7 IX. L’actualité : .................................................................................................................................................................. 8

A. Le(s) féminisme(s) : différentes voies et une sédimentation complexe : ................................................................. 8 X. Conclusion : ................................................................................................................................................................. 8

I. Préambule :

L’histoire des femmes est ancrée dans l’évolution des sociétés. La notion de « sociétés » entre réalités et « fictions » reste mouvante. L’emploi du pluriel est important ; c’est un sujet très contemporain, actuel, sensible.

Quelles transformations étudier, quels tensions ou éclairages privilégier ? Comment vit-on ensemble ? A quels modèles se rattacher ?

De nos jours, la société ne promulgue plus de lois patriarcales, cependant la place des femmes n’est devenue un sujet scolaire que depuis 2008.

Dans beaucoup de cultures, c’est à partir de la prise de conscience de l’inégalité de condition

et de statut entre les hommes et les femmes, que s’est construite l’étude complète et différenciée de la place des femmes dans les sociétés.

Depuis le XIXième siècle, la condition personnelle des femmes dans le tissu social ou dans la famille a évolué, tout comme les représentations que les media donnent du genre.

Ces mutations sociales, culturelles, juridiques constituent une étude de cas éclairant la façon dont se construit l’histoire des mentalités collectives.

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II. Des questionnements intemporels :

Comme on peut le voir sur une céramique attique du Véme siècle ou sur cette version de l’Angélus de Dali, les femmes occupent des fonctions centrales dans les sociétés : elles« ont toujours travaillé ».

Comme elles fréquentaient les églises plus souvent que les hommes, on les a exclues du droit de vote, de peur qu’elles ne votent comme « leurs confesseurs ».

On a souvent prétendu que les femmes ont commencé à pénétrer dans le monde du travail à partir de la guerre de 1914, en dépit de certaines voix qui les enjoignaient, après le conflit, de retourner dans leur foyer. En fait, elles ont toujours travaillé, et souvent dans des travaux durs et pénibles, aussi bien dans l’agriculture que dans les villes comme employées ou dans l’industrie, et ceci bien avant la Grande Guerre.

Cependant ce n’était jamais reconnu, une sorte de « non travail ». Le code Napoléon a été très dur pour les femmes du point de vue politique et civique ; leur condition est devenue plus mauvaise qu’avant, après la Révolution par exemple. On a parlé de la non-lisibilité et de la non-visibilité des femmes dans l’histoire. Ainsi, on a occulté les cahiers de doléances féminins ou on les a exclues des clubs politiques.

III. Des questionnements plus récents:

Aussi faut-il s’interroger sur la place et le statut réservés aux femmes dans une société, sur les fonctions où on les confine, sur les modèles de vie qu’on leur impose.

Parmi les référents inhérents à ces modèles, citons la nature, la domination, le patriarcat, les liens avec le religieux.

Au cœur de la réflexion, il y a aussi les rapports sociaux de sexe et la conception de la société. Au siècle même des Lumières, dans l’Encyclopédie, on peut lire ce genre de phrase « … qu'il serait difficile de démontrer que l'autorité du mari vienne de la nature; parce que ce principe est contraire à l'égalité naturelle des hommes ; et de cela seul que l'on est propre à commander …. ». Bien seul à cette époque, Condorcet était d’un avis contraire : pour lui, l’instruction était utile aux femmes, parce qu’ainsi, « elles pourraient mieux élever nos enfants ».

La question, on le voit, était source de débats polémiques. Dès lors on distingue citoyenneté civile et citoyenneté politique : le XIXème siècle et le début

du XXème siècle représentent à la fois pour les femmes, l’affranchissement et la mise à l’écart des conditions sociales normées et des discours publics.

Entre histoire sociale et histoire des femmes, des liens généalogiques existent dans la plupart des pays occidentaux. Ce sont des historiennes du social qui ont investi et fondé l’histoire des femmes, en Grande-Bretagne comme en France (Evelyne Sullerot1 « le Fait social ») et ont fait bouger la vision masculine et univoque de l’histoire.

IV. Des modèles et des fonctions :

La vie des femmes a souvent été soumise à des normes depuis longtemps établies : il y avait l’enfance, la famille (où elle devait être la mère), et le travail. Dès l’enfance elles étaient préparées à

1 Née en 1924, ancienne résistante, sociologue, fondatrice du planning familial. Elle a été une des premières à s’intéresser à la presse féminine d’un point de vue sociologique et culturel.

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leur future vie dans la société ; un double travail les attendait, sans qu’il soit reconnu ; c’était un non-travail.

A.A.A.A. Des rites, des gestes et Des rites, des gestes et Des rites, des gestes et Des rites, des gestes et des passagesdes passagesdes passagesdes passages ::::

---Pour toutes les femmes, on a mis en évidence les enjeux symboliques de ces gestes, en particuliers pendant les XVIII°, XIX° et XX° siècles, et des « petits faits vrais » dont parle Nathalie Sarraute.

� Les façons de dire et façons de faire. Y. Verdier : « la cuisinière, la

laveuse, la couturière », la brodeuse. � Les rites civils et religieux (communion solennelle) � Rôle du trousseau (Agnès Fine) : les draps, le linge, l’armoire, la couture

« source de fierté, de créativité », argent maternel, marquage des draps, liens symboliques entre mère et filles « une prédestination sociale » (Ch Bard). « Le sang, le lait et l’eau » appartenaient au domaine des femmes.

� Les rites se transmettaient entre femmes.

1898 : Picasso : La communion solennelle

Le trousseau : « … Le trousseau soigneusement préparé dans les milieux populaires, ruraux surtout, est

« une longue histoire entre mère et fille ». La confection du trousseau c’est un legs de savoir-faire et de secrets, du corps et du cœur longuement distillés. L’armoire à linge est à la fois coffre-fort et reliquaire. L’épaisseur des draps, la finesse des nappes, le marquage des serviettes, la qualité des torchons, prennent sens dans une chaîne de gestes festonnés. Le linge est du côté de l’intime, le vêtement du côté du public. Il est lié à ces apparences dont le soin est un grand devoir des femmes bourgeoises surtout. La mode, nouvelle forme de civilité, est un code auquel il convient de se soumettre sous peine de déchoir, une tyrannie qui s’exerce sur le corps des femmes à toute heure du jour, à chaque mois d’une saison… » M. Perrot

« L’aiguille n’est-elle pas l’outil féminin par excellence ? » Jules Simon ---Celles qui travaillent le plus et qui ont longtemps été absentes du récit national.

B.B.B.B. LesLesLesLes femmes paysannesfemmes paysannesfemmes paysannesfemmes paysannes ::::

� Travail familial, domestique et productif (potager, animaux, traite…)

� Marchés et foires (c’étaient des lieux de sociabilité où elles pouvaient s’échapper, exister par elles-même)

� Un des leviers des actions sociales et syndicales (JACF), l’exode rural au féminin.

� En 1965 statut reconnu « d’exploitante agricole » ; c’est encore une brèche pour exister : le non-travail est enfin reconnu comme travail.

� Voir le tableau de Millet : « Les Glaneuses » Entre idéalisation et dures réalités, en 2010, 24% des chefs d’exploitation sont des femmes,

assez jeunes, et 17% sont en GAEC.

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C.C.C.C. Les ouvrières / le peupleLes ouvrières / le peupleLes ouvrières / le peupleLes ouvrières / le peuple ::::

En 1886, il y a plus de 3 millions d’ouvriers dont 1/3 sont des femmes. Elles travaillent dans les manufactures, elles sont ouvrières à domicile (73% sont dans le textile) ; c’est un phénomène très

important vers 1911. On les trouve aussi dans les ateliers, dans les industries chimiques, le tabac (grèves féminines dans les manufactures de tabac ; ce qu’elles ont pu obtenir, les hommes plus tard en ont aussi profité). Elles sont lavandières, chiffonnières, domestiques, servantes etc…

À la fin du XIXe siècle, le genre du roman-feuilleton « populaire », illustré, facile à lire et distrayant, connaît un immense succès, notamment dans les milieux ouvriers et urbains. De plus en plus capables de lire, les ouvriers sont ainsi les clients de choix de ce type de littérature, et notamment les ouvrières à qui sont destinés les romans « sentimentaux » comme Jenny. Des affiches font ici la publicité pour le dernier roman de Jules Cardoze : Jenny l’Ouvrière. En 1934, Simone Weil, philosophe française, décide d’entrer en usine chez Alstom, comme

ouvrière sur presse pour dénoncer les abus. En 1951 elle publie « La Condition ouvrière ». Pourtant, ce n’est qu’à partir de 1907, qu’une femme qui travaille a le droit de disposer de son

salaire ; jusque là, le code Napoléon le lui interdisait. Pour élargir et souligner que les femmes et leurs traces dans les sociétés existent :deux

exemples récents : En 2012 la salle des expositions de Nantes accueille une mise en perspective des ouvrières de

cette époque intitulée : « Nantaises au travail ». De même à Paris au musée Carnavalet on peut voir une exposition « Le peuple de Paris ».

D.D.D.D. Le rôle de l’intimeLe rôle de l’intimeLe rôle de l’intimeLe rôle de l’intime ::::

A partir de 1882, une loi rend obligatoire l’alphabétisation des femmes. Avec l’écriture, la

lecture, « la chambre à soi », le salon, constituent des espaces de liberté et « créent des sensations d’identité ». La pratique et les habitudes de lecture, d’écriture se développent, surtout à partir du XVIII siècle.

� Les livres ne sont pas des objets comme les autres pour les femmes : « Depuis l’aube du christianisme entre nous et eux circule un courant chaud, une affinité secrète, une relation étrange et singulière tissée d’interdits, d’appropriations et des réincorporations. » Laure Adler, Les femmes qui lisent sont dangereuses, chez Flammarion, 2006.

Le journal intime commence à se répandre. Cf aussi Michelle Perrot2, Histoire de chambres, seuil, 2009.

E.E.E.E. Des modèles sociauxDes modèles sociauxDes modèles sociauxDes modèles sociaux ::::

Ces modèles, on les retrouve dans l’art,

comme ici Vermeer. La femme est prédestinée au foyer. La ménagère est « l’ange de la maison » La femme doit à la fois être une ménagère et

une bonne maîtresse de maison qui sait se tenir, et dans les familles bourgeoises, recevoir.

A cette fin sont édités des manuels de savoir- vivre, des livres de cuisine ( voir le succès du livre de Ginette Mathiot Je sais cuisiner.)

Les filles doivent souvent suivre des cours

2 Née en 1928, Michelle Perrot est agrégée d’histoire. Elle a travaillé sur les mouvements ouvriers, le système pénitentiaire, et a surtout contribué à l’émergence de l’histoire des femmes et du genre, dont elle est l’une des pionnières en France.

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d’enseignement ménager.

V. Exclusion et marginalisation :

Les filles qui n’étaient pas dans la norme étaient marginalisées.

Bientôt, les femmes vont revendiquer leurs droits.

VI. XIX° et XX° siècle :

« Ce n’est pas l’usine, mais le bureau qui mangera la ménagère ». Michelle Perrot Des changements sociaux et culturels se mettent peu à peu en place ; il existe maintenant des

écoles professionnelles pour femmes, ce qui leur donnent davantage de possibilités de choix pour accéder à un travail, mais en même temps ne les libère pas des mythes qui y sont attachés : la garçonne, ( cf le film : Colette « Une femme libre » ), mais aussi de la force des conservatismes, du poids de la morale, en particulier.

Ce n’est que dans les années 70 (1975/Mixité) que l’enseignement secondaire est réellement identique pour les femmes et les hommes.

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VII. Un éclatement et d’autres modèles :

A partir des années 50, des humoristes commencent à parler de la femme dans leurs sketches ( Robert Lamoureux : Papa, maman, la bonne et moi ) ; la place et l’image des femmes dans les films changent. Les mœurs se libèrent et les médias relayent ces modifications.

Peu à peu apparaît un processus d’évolution : l’égalité.

Cependant des écarts et des disparités subsistent :

� 57% des femmes sont dans la fonction publique � 24% des chefs de cabinets sont des femmes � 89% des maires sont des hommes � De même que 95% des présidents des intercommunalités � 18% des députés sont des femmes (en 1997 elles représentaient 10,9%), ce qui met la

France au 57ème rang mondial � Au conseil d’Etat, elles ne représentent que le 1/7 des membres � A la cour des comptes, elles ne représentent que le 1/15 � Elles sont 9 préfètes et sous-préfètes sur 117.

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� 2% de femmes sont PDG, 7% pilotes à Air France � 20% ingénieures, 34% cadres � 80% travaillent à temps partiel � 80% des bénéficiaires du SMIC sont des femmes

selon une étude de l’INSEE de 2011.

Ainsi que des inégalités :

VIII. Des atteintes : Violences, en général, mais aussi à l’école, et souvent davantage au collège qu’au lycée. Problème des excisions dans certaines familles ( voir l’article de Béatrix d’Aulnoit dans le

magazine Marie Claire de mars 2010 ). Inégalités, discriminations. Poids des représentations.

� Une femme meurt tous les trois jours sous les coups de son compagnon ou mari, en France � 20% des homicides au sein des couples � Un viol toutes les 10 minutes en France en 2009 (Amnesty France) � En 2005 1/5 subit des violences physiques, sexuelles et psychologiques (sur les 80 000

appels reçus tous les ans, 84% concernent ces violences) � Des hommes sont aussi victimes de violences, mais… � Salaires et rémunérations en France 26 à 27% inférieurs en 2009, 20% en 2012 à diplôme

égal � 85% des femmes sont à temps partiel ; foyers monoparentaux 85% ; foyers dans la

précarité pour 40%.

Un champ nouveau : les Cyber-violences, une réalité insidieuse : Des députés ( PS / UMP ) viennent de déposer un rapport (janvier 2010) 12% des sites comportent des mises en scènes violentes. Sur des jeux en ligne, des femmes sont réduites à l’état de trophées. Des simulateurs de viols, japonais, sont vendus en ligne

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IX. L’actualité :

Le pouvoir est sexué et la domination masculine reste le paradigme de la cité. En 2010 il y eut la marche des femmes, ainsi que des actions sur le plan national et

international (Cf anniversaires de 1910 /idée d’une journée de la femme et 1970 création du MLF en France mais aussi marche internationale des femmes en 2010.

A.A.A.A. Le(s) féminisme(s)Le(s) féminisme(s)Le(s) féminisme(s)Le(s) féminisme(s) : différentes voies et une sédimentation : différentes voies et une sédimentation : différentes voies et une sédimentation : différentes voies et une sédimentation

complexecomplexecomplexecomplexe ::::

Il y a eu un féminisme initial dès le Moyen-âge, synonyme de vertu, de talent, marqué par la compassion et l’injustice.

Ensuite est apparu un féminisme bourgeois, puis un féminisme « de classe », lié au mouvement social, parfois teinté de paupérisme, de marxisme.

Puis un Féminisme littéraire et culturel Féminisme radical ( terme utilisé dans les textes du MLF en 1970 ). … DES féminismes

A l’origine, féminisme était un terme médical, c’était la féminisation d’un terme masculin. Cela devint un terme péjoratif, puis un terme militant.

X. Conclusion :

Réfléchir sur les relations entre femmes et sociétés c’est se poser une question centrale : Qu’est-ce qui fait qu’une société tient ensemble ?Comment s’opère ce qu’au XVIIIème siècle on nomme le « commercer ensemble » ?

En quoi consiste le lien social ? Voir à ce propos les travaux très novateurs de Bernard Lepetit ( Annales 1996 ) ou de Robert Castel ( Les Métamorphoses de la question sociale 1995 )

Réfléchir également sur les termes égalité, parité, mixité, identité qui sont souvent confondus.

En conclusion, on constate : � des mutations, mais aussi des anomalies � l’importance de « l’action thérapeutique » de l’histoire (F Furet)

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� le maintien d’une asymétrie des rôles sociaux.