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1 L'enseignement social de l'Église catholique 9 DÉVELOPPEMENT HISTORIQUE D'UNE DOCTRINE DES PÈRES DE L'ÉGLISE À JEAN-PAUL II Diaporama réalisé sur la base de l’ouvrage épuisé chez fayard: « Pour une civilisation de l’Amour » par la Père Patrick de Laubier et Jean-Nicolas Moreau /1990 Ouvrage mis gracieusement par Don Patrick à disposition pour tout enseignement en la matière. Qu’ils en soient ici remercié!

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L'enseignement social de l'Église catholique

9 DÉVELOPPEMENT HISTORIQUED'UNE DOCTRINE

DES PÈRES DE L'ÉGLISE À JEAN-PAUL II

Diaporama réalisé sur la base de l’ouvrage épuisé chez fayard:« Pour une civilisation de l’Amour » par la Père Patrick de Laubier

et Jean-Nicolas Moreau /1990 – Ouvrage mis gracieusement par Don Patrick à disposition pour tout

enseignement en la matière.Qu’ils en soient ici remercié!

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DÉVELOPPEMENT HISTORIQUE

1. Ambroise de milan et le droit romain christianisé 2. Chrysostome prophète du partage 3. Augustin d‘Hippone et les deux cités4. Thomas d'Aquin et les trois cités 5. Antonin de Florence et l'éthique de l'économie 6. Francisco de Victoria et les indiens du Nouveau monde 7. Francesco Suarez et le droit international8. Bossuet et la monarchie absolue – genèse d'une crise de la

pensée politique9. L'Église et les droits de l'homme en 178910. Pie IX et Léon XIII, des réponses chrétiennes au libéralisme et au

socialisme. . .11. Un siècle d'enseignement social chrétien de Léon XIII à Jean-

Paul II: l'espérance d'une civilisation de l'amour.

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L'ÉGLISE ET LES DROITS DE L'HOMME EN 1789

• Dans une encyclique intitulée Adeo nota du 23 avril 1791, adressée à l'évêque d'Aléria à l'occasion de la défection du Comtat d'Avignon, le pape Pie VI évoqua « les 17 articles sur les droits de l'homme... si contraires à la religion et à la société (1) ».

• 1. Adeo nota in Les enseignements pontificaux. La paix intérieure, Desclée, de Brouwer, 1962, p. 7.

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le bref Quod aliquantum• Un mois auparavant dans le bref Quod aliquantum destiné au

cardinal de La Rochefoucauld, à l'archevêque d'Aix et aux autres archevêques et évêques de l'Assemblée nationale de France (1), la prise de position avait été plus explicite et le ton sévère :« On établit comme un droit de l'homme, en société, cette liberté absolue, qui non seulement assure le droit de ne pas être inquiété sur ses opinions religieuses, mais qui accorde encore cette licence de penser, de dire, d'écrire et même de faire imprimer impunément en matière de reli gion, tout ce que peut suggérer l'imagination la plus déréglée : droit monstrueux, qui paraît cependant à l'Assemblée résulter de l'égalité et de la liberté naturelles à tous les hommes. Mais que pouvait-il y avoir de plus insensé, que d'établir parmi les hommes cette égalité et cette liberté effrénée qui semble étouffer la raison, le don le plus précieux que la nature ait fait à l'homme et le seul qui le distingue des animaux? »

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La condamnation était sans appel

• Plus loin, nous lisons encore« Ou est donc cette liberté de penser et d'agir que l'Assemblée nationale accorde à l'homme social comme un droit imprescriptible de la nature? Ce droit chimérique n'est-il pas contraire aux droits du Créateur suprême à qui nous devons l'existence et tout ce que nous possédons (2)? »

• La condamnation était sans appel et il ne s'agissait pas seulement de la Constitution civile du clergé, mais aussi, on le voit, des principes énoncés dans la Déclaration des droits de l'homme. Pour comprendre une telle attitude du Magistère, il faut savoir dans quel esprit cette déclaration mémorable a été rédigée et comment on en est arrivé là dans la France du XVIIIe siècle finissant.

• Successivement nous évoquerons d'abord la situation de l'Église de France à la veille de la Révolution, puis le sens de la condamnation par Rome.

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1 - L'Église et la société française à la veille de la Révolution

• A la fin de l'Ancien Régime, l'Église de France dispose d'une influence sociale incomparable; la vie publique et privée se déroule d'une certaine manière sous son patronage, l'éducation et l'action caritative sont de son ressort exclusif. Le premier ordre est le seul, depuis 1560, fait unique dans l'Église, à pouvoir réunir périodiquement ses membres et une assemblée du clergé est habilitée à discuter des questions spirituelles et à se prononcer sur la contribution financière (don gratuit) apportée à l'État.

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Cet épiscopat est nommé sur proposition du roi

• Cet épiscopat est nommé sur proposition du roi qui choisit ses membres en privilégiant presque exclusivement, au XVIIIe siècle, les membres de la noblesse et même de la haute aristocratie, créant de véritables apanages familiaux; citons les Rohan, La Rochefoucauld, Talleyrand, Champion de Cicé, Castellane, Brienne, Bernis.

• Sur 136 évêques en 1789, un seul est roturier et 4 ont une noblesse douteuse. Les trois quarts viennent de familles d'ancienne noblesse (avant 1400) et 56 évêques sont introduits par une recommandation de type familial. Près du quart d'entre eux appartiennent, en 1789, à 13 familles. Les quatre cardinaux français de 1789 s'appellent La Rochefoucauld, Rohan, Bernis et Loménie de Brienne.

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le premier ordre offre un effectif presque identique au second

• Ajoutons que tous ces évêques sont licenciés soit en théologie (63 %), soit en droit (27 %), parfois dans les deux disciplines (10 %). Le tiers d'entre eux ont fait leurs études à Paris et pratiquement tous ont suivi une partie du cycle de formation qui est de cinq ans dans la capitale (1). Si on admet les estimations de Taine, le clergé compte au total environ 130 000 personnes, soit 60 000 pour les réguliers, dont 37 000 religieuses et 70 000 pour les séculiers, parmi lesquels près de 40 000 curés.

• D'un point de vue numérique, le premier ordre offre un effectif presque identique au second, évalué à 26 ou 28 000 familles nobles en 1789, soit de 130 à 140 000 personnes sur un total de 26 millions d'habitante (2).

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Au sommet de cette pyramide très basse il y a le roi

• Les premier et second ordres totalisent ainsi 1 % de la population du royaume et les chefs du premier se recrutent dans un petit nombre de familles du second. Le pouvoir et les richesses sont concentrés dans leurs mains. Au sommet de cette pyramide très basse il y a le roi.« Le respect pour l'autorité royale, a-t-on écrit, était encore en 1789 pour une grande partie des Français comme une seconde religion et le clergé n'échappait pas à son empire. Le pouvoir du roi, intimement uni à la religion depuis des siècles et son protecteur officiel, semblait presque participer à sa sainteté (3). »

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modèles antinomiques

• C'est lui qui nomme les évêques et distribue les charges et les revenus. Il doit se souvenir qu'il a promis de protéger l'Église, de la servir et non de se servir d'elle. Saint Louis et son petit-fils Philippe IV le Bel illustrent, chacun à sa manière, les deux politiques et leurs successeurs oscilleront entre ces modèles antinomiques.

• Louis XVI est incontestablement du côté de Saint Louis par son esprit religieux, mais on a noté chez lui une méfiance à l'égard des prélats qui sont souvent trop mondains ; c'est ainsi qu'il accompagne son refus d'intervenir davantage en matière de censure d'une note en marge d'un mémoire du clergé : « La considération d'un corps ne peut provenir que de ses vertus (1). »

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évêques administrateurs ou évangéliques

• La distinction entre le civil et le religieux est alors assez floue et, à la fin du XVIIIe siècle, on assiste à la multiplication des « évêques administrateurs » comme Dillon (Nar- bonne puis Toulouse), Cicé (Bordeaux), Boisgelin (Aix) et Brienne (Toulouse puis Sens), par contraste avec les « évangéliques » comme Beaumont et son successeur à Paris, Juigné, La Rochefoucauld (Rouen) et Le Franc de Pompignan (Le Puy et Vienne). La nomination de Charles Maurice de Talleyrand-Périgord à Autun, en novembre 1788, est un cas extrême, mais cette décision sous la pression de la famille du candidat, qui avait prouvé à la fois ses talents d'administrateur comme agent du clergé (1780-1785) et son absence notoire de piété, reste symptomatique.

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prêtres jureurs• Le clergé séculier, le plus souvent pauvre, a pu être jugé à

l'épreuve de la Révolution : on a estimé à un peu moins de la moitié du clergé paroissial le nombre des jureurs et à un peu plus de la moitié de ces derniers le nombre de ceux qui ont abdiqué, les prêtres mariés atteignant le chiffre d'environ 6 000 (1). Le dernier chiffre représente 10 % du clergé paroissial tandis que les abdications correspondraient à près d'un quart. En réalité, nombre de prêtres jureurs se sont exécutés par ignorance ou par tactique, sans penser apostasier. Si l'on songe à l'intensité formidable de l'épreuve, un pourcentage d'abandons situé entre 10 et 25 % veut dire que plus des trois quarts des prêtres paroissiaux restèrent fidèles, ce qui est beaucoup. On a remarqué que les cahiers des États généraux ne font nullement preuve d'hostilité à la religion et au catholicisme lui-même. Le retournement s'effectuera après le refus par Rome de la Constitution civile du clergé en 1791.

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Prêtres réguliers• Du côté des réguliers dont les effectifs diminuèrent

d'environ un tiers en vingt ans (1770-1790), la crise était se'vère, mais le remède proposé par Brienne, archevêque de Toulouse, président d'une commission pour les religieux établie en 1766 sur arrêt royal, fut désastreux. Mgr de Lau, archevêque d'Arles et futur martyr, croyait pouvoir prédire en 1780 la fin des religieux en une Génération sous les effets conjugués de la crise spirituelle et de la réforme de la commis sion. Il concluait un rapport en ces termes : « L'état religieux en France est près de son tombeau (1). » Parmi les causes essentielles, figurait le délaissement des études. Les jésuites, dont la mission intellectuelle était de première importance, se voyaient interdits en France dès 1764 ; ils étaient alors 4 000 dans le royaume. En 1773, l'ordre sera dissous avec ses 20 000 membres.

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devant la montée de l'incrédulité

• La Sorbonne, les évêques et l'assemblée du clergé ne restèrent pas inactifs devant la montée de l'incrédulité. C'est ainsi que les évêques ne se contentèrent pas de condamner des ouvrages, et l'assemblée du clergé rédigea des textes destinés à éclairer les fidèles.

• Citons L'Avertissement sur les dangers de l'incrédulité de 1770 ou L'Avertissement sur les avantages de la religion chrétienne de 1775.

• Sur le plan spirituel, après l'épuisante lutte contre le jansénisme, la dévotion au Sacré Coeur, dont les jésuites étaient d'ardents protagonistes, connut une faveur particulière et, en janvier 1765, Rome approuva, sur la demande de la reine, cette dévotion encouragée par l'assemblée du clergé. L'exemple de la Vendée montra qu'elle avait pénétré dans le peuple dès le XVIIIe siècle.

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sans opposer aucune résistance

• La grande majorité du peuple chrétien, composé de paysans, n'était guère touchée par l'incrédulité venue d'en haut, mais la suite prouvera que des régions entières se laisseront déchristianiser sans opposer aucune résistance.

• Ce qui manque à l'Église de France, c'est une authentique liberté vis-à-vis de la monarchie qui la contrôle par un gallicanisme dont elle fait en réalité les frais. Par ailleurs, sur le plan intellectuel, on est frappé par l'absence du génie qui semble être exclusivement le partage de ses adversaires, par contraste avec le siècle de Pascal, Bossuet et Fénelon.

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ses adversaires sont formées par elle

• Voltaire, Rousseau, Diderot, d'Alembert ne trouvent guère devant eux des esprits capables d'exercer une influence équivalente. Les auteurs laïcs sont le plus souvent hostiles, sinon à la religion, du moins au catholicisme. Cela à un moment où un changement profond des mentalités appelle une réflexion originale.

• L'Église est pourtant la grande éducatrice et ses adversaires sont formées par elle, plusieurs appartenant même au clergé. Des idées généreuses dont l'origine est visiblement chrétienne deviennent dans les mains de ses adversaires des armes redoutables qu'ils retournent contre l'Église dont l'origine surnaturelle est refusée avec violence.

• C'est la fin d'un monde culturel et politique qui se pressent comme à l'époque de la Renaissance, mais ici les grands théologiens et les auteurs de génie de conviction catholique font défaut.

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2 - Le sens de la condamnation par Rome

• L'Assemblée constituante était formée pour un quart par des ecclésiatiques et la Déclaration des droits de l'homme s'effectua « en présence et sous les auspices de l'Être suprême » (préambule), ce qui était un peu vague dans le royaume du Roi Très Chrétien et convenait davantage à une loge.

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franc-maçonnerie, condamnée par les papes

• La franc-maçonnerie, condamnée par les papes, mais recrutant en milieux ecclésiastique et aristocratique, « a fait un peu partout en Europe, mais surtout en France, le lit de la propagande philosophique et rationaliste ».

• Plus loin, A. Latreille ajoute :« Elle n'a pas été agencée pour cela, mais elle s'est

trouvée à point, comme un miroir qui les refléterait, en les concentrant , les rayons d'un foyer ardent. Elle a préparé une atmosphère favorable à l'idée de religion naturelle, opposée à la Révélation niant l'ordre de la grâce et dispensant l'homme de la sujétion à l'Église : idée qui répondait aux aspirations foncières du temps, et qui ne trouva, du côté catholique, ni dans un effort doctrinal ni dans une vitalité religieuse suffisante, sa réfutation (1) »

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vulnérable par son gallicanisme

• Rome a condamné la Déclaration des droits de l'homme parce que l'intention de ses auteurs lui a paru suspecte et, sur ce point, elle avait parfaitement raison d'avoir de la défiance. Par ailleurs, l'Église de France était rendue vulnérable par son gallicanisme et restait comme essoufflée par une lutte d'un siècle contre le jansénisme.

• Elle avait perdu son élan missionnaire et mystique qui au siècle précédent lui avait permis d'agir en profondeur sur la vie sociale et culturelle. La réussite de l'âge classique avait, il est vrai, ses limites notamment dans le fait que l'élan spirituel si puissant n'offrait pas au plan doctrinal une solidité correspondante.

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désorganisation de la chrétienté

• On bâtit moins sûrement en s'opposant qu'en approfondissant. Le XVIIe siècle a été marqué par les formidables brèches datant des guerres de Religion et la désorganisation de la chrétienté qui en résulta. On combattait contre des erreurs, on luttait contre une dislocation politique et sociale. De là une fragilité lorsqu'il s'agit de faire face au défi posé par un âge nouveau, en un sens, aussi novateur que la Renaissance.

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un temps d'épreuve

• Les réussites de l'Église au cours de sa longue histoire la rendent solidaire d'un temps, or le temps a pour caractéristique de passer et les enfantements d'une période nouvelle sont en général douloureux pour une institution dont les membres sont des hommes, appelés librement au divin. Incontestablement l'âge des Lumières, dans les limites (étroites) de la raison, est, pour l'Église du Christ, singulièrement en France, un temps d'épreuve, comme si le chatoiement des nouveautés offertes par l'usage passionnément critique de la raison avait obscurci le regard de la foi.

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affrontement tragique

• Les vertus théologales sont connexes; la foi affaiblie, l'espérance détournée et la charité refroidie laissaient la voie ouverte au rationalisme, à la sécularisation des idéaux et à la philanthropie. La Déclaration des droits de l'homme en puisant à ces sources pouvait bien garder un fond chrétien, en réalité elle ne s'appuyait plus vitalement sur le christianisme et servit d'instrument pour combattre l'Église, provoquant un affrontement tragique entre des valeurs d'origines chrétiennes et les chrétiens.

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Ce qui a changé ce n'est pas seulement le contexte, mais aussi les mentalités

• Cette expérience est de tous les temps, d'où l'importance d'une réflexion sur ce thème. Aujourd'hui, l'Église défend les droits de l'homme après avoir condamné des formulations mémorables de ces droits. Les positions sont contraires, mais non pas contradictoires. Ce qui a changé ce n'est pas seulement le contexte, mais aussi les mentalités, tant du côté de l'Église que du monde qu'elle a mission d'évangéliser. En se méfiant hier de l'exaltation de l'homme qui abandonnait en Europe et particulièrement en France un héritage spirituel marqué par le christianisme, elle ne se contredit pas en exaltant aujourd'hui ce chemin vers Dieu qu'est l'homme.

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Ce qui importe dans un itinéraire

• Ce qui importe dans un itinéraire ce n'est pas toujours l'endroit, mais plutôt la direction du trajet. Ajoutons aussitôt que ces nouvelles perspectives sont nées de transformations non seulement hors de l'Église, mais aussi en son sein. Les chrétiens, on le sait, sont toujours en voie de développement ecclésial et trahissent à différents niveaux le haut message dont ils sont dépositaires.

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le plus grand des obstacles

• Il arrive que ce soit leur indignité qui constitue le plus grand des obstacles, mais d'admirables témoignages peuvent aussi engendrer de tragiques refus. Revivant l'exemple de son Fondateur, l'Église s'attire la haine du monde et provoque aussi des conversions. La

• Révolution française a été pour l'Église de France et, à travers elle, pour l'Église universelle une épreuve qui a manifesté ce qui était corrompu ou simplement caduc et ce qui venait de Dieu : apostasie sous mille formes, martyres de bien des manières.

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deux courants idéologiques dominants

• Le XIXe siècle commence en 1789, mais la période qu'il ouvre continue encore de nos jours, même si parfois on pense en entrevoir l'achèvement. C'est un temps de sécularisation massive et pour l'Église une épreuve dans l'attente de nouveaux épanouissements, non pas à la manière des triomphes terrestres, mais plus modestement sur le modèle de dimanches des Rameaux.

• Le XIXe siècle qui ouvre un nouvel âge culturel et religieux est placé sous le signe de deux courants idéologiques dominants, le libéralisme et le socialisme auxquels deux papes vont donner des réponses contrastées, mais non contradictoires. Il s'agit de Pie IX (1846-1878) et de Léon XIII (1878-1903).