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1 Orchestrion (1913)

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1 Orchestrion (1913)

Exemplaire unique au monde, le Soléa est un orchestrion (orchestre mécanique) construit en 1913 pour le café-

restaurant Le Fribourgeois par la maison Weber à Waldkirch (Allemagne). Démonstration sur demande.

Cette prise de vue a été réalisée à l’intérieur du café Le Fribourgeois en 1913, sur commande de l’entreprise Charrière et Cie. On y

voit une première version de l’orchestrion, de taille réduite, qui sera remplacée peu de temps après par l’instrument actuel. ©

Alfred Husser Musée gruérien Bulle.

Le café Le Fribourgeois a été conçu sur un plan de l’architecte Frédéric Broillet, daté de 1898-1899.

L’orchestrion Le Solea a été construit à Waldkirch (D) par la fabrique Weber Frères. Il a été vendu et installé dans Le

Fribourgeois en 1913-1914 par la Maison Charrière & Cie, de Bulle, représentant dans le canton de divers fabricants

d’harmoniums, de pianos mécaniques et d’orchestrions. L’instrument a été restauré en 1977–78 par les Frères Baud à

L’Auberson.

Dans le buffet de chêne d’une longueur de 4 m pour une hauteur de 2.50 m et une profondeur de 1.10 m, on trouve un

piano Feurich de 52 notes, 4 jeux de 28 tuyaux – flûtes, violon, baryton et «Gedeck», un xylophone de 28 notes, une

grosse caisse, un tambour, un tambourin, un triangle et des castagnettes. Dans les soubassements, trois soufflets

actionnés par un moteur électrique remplissent d’air deux réservoirs régulateurs qui alimentent les sommiers. Des

rouleaux de papier perforé d’une largeur de 36 cm, entraînés par un galet presseur sont plaqués sur une barre

métallique communément désignée comme «flûte de plan» dont les 88 trous correspondent chacun à une note ou à

une fonction.

Un tuyau de plomb relie chacun des trous à un relais pneumatique commandant une soupape qui libère de l’air dans les

tuyaux, active ou déclenche les jeux, commande des soufflets de marteau ou déplace les jalousies qui modifient le

volume sonore. L’instrument est complété par deux vitrines animées qui présentent des paysages gruériens: à droite, on

voit un défilé sur le pont métallique du Javroz, à Charmey, sous un ciel traversé d’aéronefs tandis qu’à gauche on peut

admirer un lever et un coucher de soleil sur la ville de Gruyères.

Suite à la disparition des orchestrions des cafés du Tivoli à Bulle et du Gothard à Fribourg, l’instrument est à notre

connaissance le dernier du genre conservé dans un établissement public fribourgeois. Il doit être également l’un des

derniers en état de marche encore conservé dans son lieu d’origine en Suisse.

© Musée gruérien et Service des biens culturels du canton de Fribourg

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2 Taureau (1996)

Le taureau est l’emblème héraldique de Bulle. Cette sculpture de l’artiste tessinois Nag Arnoldi a été offerte à la ville

en 1996 en souvenir de Pierre Glasson (1907-1991), ancien membre du gouvernement du canton de Fribourg.

Percée lors de la construction de la gare du chemin de fer Bulle-Romont, en 1868, l’avenue de la Gare connaît d’importantes

transformations au début du XXe siècle: construction de l’Hôtel des Alpes en 1906 et de la maison Bochud en 1910 (actuellement

bâtiment de La Potinière). L’Hôtel des Alpes a été démoli en 1960. A gauche sur cette photographie prise vers 1910, le bâtiment des

postes et télégraphes. © Charles Morel Musée gruérien

La sculpture du taureau de Bulle, une œuvre du sculpteur tessinois Nag Arnoldi, a été offerte à la ville par Renée

Glasson-Koller, en souvenir de son mari Pierre Glasson. Elle est installée au centre du rond-point de l’avenue de la Gare.

Nag Arnoldi

Nag Arnoldi, sculpteur, peintre et enseignant. Né à Locarno (TI) en 1928, il fréquente au cours de ses années de

formation artistique les ateliers de différents peintres et architectes à Lugano, pour ensuite aller à Murano où il étudie

les techniques de la verrerie. Dans les années 1950 il obtient à Milan un diplôme de costumier et de décorateur de

théâtre. La peinture, l’art du livre, la céramique et le verre deviennent des moyens d’une recherche intense qui

trouvera, dans les années soixante-dix, sa pleine expression dans la sculpture. Son travail est notamment inspiré par

l’univers du cirque et des mythes, avec des figures récurrentes comme les guerriers, les chevaux et les taureaux. Sa

maîtrise technique lui permet de jouer sur les contrastes entre la douceur des surfaces planes et l’aspect brut de la

matière, opposant lignes droites acérées et courbes libres et flottantes. Il a réalisé de nombreuses œuvres, parmi

lesquelles des fontaines à Lugano et à Paradiso ainsi que des sculptures imposantes à Lausanne, Bulle, Giubiasco, Vaduz,

Locarno. N. Arnoldi a enseigné de 1962 à 1993 à la section des arts décoratifs du Centro scolastico industrie artistiche de

Lugano. Il est un artiste mondialement connu et ses oeuvres, inspirées par ses nombreux voyages en Europe et en

Amérique latine, sont présentées sur toute la planète. Plusieurs expositions lui ont notamment été consacrées aux

États-Unis : à New York, à San Francisco, à Santa Fe et à San Diego. N. Arnoldi a également exposé au Musée national

d’art moderne de Mexico et à Saint-Pétersbourg, ainsi qu’en Suisse, au Royaume-Uni, en France, en Allemagne et en

Italie.

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© Musée gruérien

Pierre Glasson

Naît le 28.4.1907 à Bulle, décède le 4.5.1991 à Fribourg. Fils d'Edouard, négociant en matériaux, et de Marie Virginie

Peyraud. Neveu du photographe Simon Glasson et époux de Renée Koller. P. Glasson commence sa formation à Bulle et

à Fribourg, il fait ensuite des études de droit à Fribourg, Berlin et Göttingen; il obtient son doctorat en 1937. Avocat à

Bulle (1938-1946). Député au Grand Conseil fribourgeois (1941-1946), conseiller communal (exécutif) à Bulle (1942-

1946), président du Cercle des arts et métiers de Bulle, du parti radical gruérien, P. Glasson assure sa popularité en

défendant avec succès, en 1944, les protagonistes de l'émeute de Bulle. En 1946, il accède au Conseil d'Etat, ravissant le

siège du conservateur Joseph Piller et il dirige jusqu'en 1959 le Département de la justice, des communes et des

paroisses. Elu conseiller national en 1946, il siège de 1951 à 1971 (en raison d'une incompatiblité de fonction). Il préside

le parti radical aux niveaux cantonal (dès 1946) et suisse (1964-1968). En 1959, il quitte volontairement le

gouvernement et s'oriente vers l'économie privée où il occupe plusieurs mandats (industries du tabac et du chocolat).

Homme de culture, P. Glasson pratique le mécénat et préside le corps de musique de la Landwehr de 1963 à 1983.

Colonel-brigadier, il commande la brigade frontière 2.

© Dictionnaire historique de la Suisse

A voir aussi

Maquette du taureau en bronze au Musée gruérien, dans le secteur Une ville dans son élan du parcours permanent.

Pour en savoir plus

Raoul Blanchard (et al.), Nag Arnoldi : château de Gruyères, catalogue d’exposition, 2001

Dalmazio Ambrosioni, Nag Arnoldi 1980-2000: le esposizioni, le opere pubbliche, Ed. d'arte Ghelfi, Verona, 2001.

Nag Arnoldi : l'homme et le mythe, catalogue d’exposition, Musée olympique, Lausanne, 1999.

Giorgio Cortenova (et al.), Nag Arnoldi, Hoffmann, Frankfurt, 1992

Pierre Glasson (1907-1991), Bulle, 1994.

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2 Œuvres de la gare (1990)

La peinture du hall et les mosaïques au sol de la gare ferroviaire (1992) sont l’œuvre de Jacques Cesa. Couvrant plus

de 300 m2, les fresques murales de la gare routière ont été réalisées en 1990 par les artistes Jacques Cesa, Georges

Corpataux, Pierre-André Despond, Dominique Gex, Jacques Rime et Daniel Savary. Elles décrivent La Gruyère de jour

et de nuit.

Au début du XXe siècle, Bulle possède deux gares ferroviaires. À droite, la gare du Bulle-Romont, à voie normale et traction à

vapeur. À gauche, la gare du Palézieux-Montbovon, à voie étroite et traction électrique. L’existence de deux bâtiments a fait l’objet

de plusieurs cartes postales. Expression des tensions politiques, la Compagnie du Bulle-Romont, d’obédience radicale, et celle des

Chemins de fer électriques de La Gruyère (CEG), initiative des conservateurs, n’ont pas pu s’entendre sur une gare unique. Carte

postale C. Messaz, Lausanne, vers 1905.

La ligne de chemin de fer Bulle-Romont est inaugurée en 1868. Elle permet de relier le chef-lieu du district de la Gruyère

à la transversale Lausanne-Berne (1862). Les lignes régionales Châtel-Bulle-Montbovon, Châtel-Palézieux et Bulle-Broc

sont réalisées au début du XXe siècle par la compagnie des Chemins de fer électriques de la Gruyère (CEG). La création

d’une ligne Bulle-Fribourg, imaginée en 1912, reste à l’état de projet. L’aménagement actuel de la gare ferroviaire et de

la gare routière est réalisé par les Transports publics fribourgeois (TPF) entre 1987 et 1992. Plusieurs œuvres sont créées

par des artistes régionaux à cette occasion. Voici le texte explicatif rédigé à l’époque par Jacques Cesa, artiste peintre à

Bulle et membre de la commission artistique de la gare:

Gare routière, gare ferroviaire, à la croisée des étoiles, sous l’aiguillage de la Grande Ourse, j’ai toujours rêvé depuis

l’enfance, à une gare très belle, toute peinte en couleurs, ressemblant avec tous ces signes ferroviaires à une toile de

Fernand Léger.

La beauté nue des matériaux, les ouvriers de la gare, cheminots et techniciens, intégrés par le peintre aux couleurs des

trains et des locomotives.

Vaste réseau électronique à l’aube du 20e siècle, comme une galaxie, le ballast et le rail qui restent, beaux et

fonctionnels, la route, le voyage, la fête. Et dans ce vaste réseau qui relie les villes, les pays, les voyageurs, les gens, les

enfants, les hommes et les femmes, qui pour un moment traversent la gare, porteurs de beaucoup de joies et de rêves

par les vacances, ou se rendant au travail, matin et soir, ouvriers, employés, enfants, collégiens, mères avec un bébé se

rendant chez le médecin, ou retraités venant en balade le jeudi à Bulle pour faire «sa partie de carte». Vaste réseau, je

disais, grande vitrine d’une région, pour nos hôtes, avec ce passage obligé pour celle ou celui qui va à pieds: les deux

gares, le pays de gares, la gare routière et la gare ferroviaire.

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Le maître d’ouvrage, les architectes et les concepteurs ont désiré, dès le début du projet, intégrer l’art et les artistes dans

leur vaste entreprise. La présence artistique est visible aujourd’hui dans le choix des couleurs et des matériaux.

Dans les deux gares, cette présence est réalisée par les pavés au sol qui rappellent la ville, par le bleu pour toutes les

parties techniques et par le jaune pour les barrières qui guident le voyageur d’une gare à l’autre et jusqu’au parking par

le rouge bordeaux pour la signalétique écrite.

Dans le passage sous-voies, l’esthétique est soulignée par les carrelages et leur composition abstraite.

Dans la gare routière, l’art est présent sur le grand mur du fond peint à l’acrylique par six peintres gruériens directement

sur la peau du béton : Jacques Rime, Daniel Savary, Dominique Gex, Georges Corpataux, Pierre-André Despond et

Jacques Cesa. Cette fresque décrit du jour à la nuit, de la lune grise au soleil de midi, le pays de Gruyère vibrant de tout

son épiderme lisse et bruissant. Le silence et la beauté de la terre, les lichens, les forêts, les torrents, les éboulis, les

névés, les nuages, grands jeux d’ombres et de lumières en relation cyclique avec les poissons, les oiseaux, les animaux

sauvages et les bêtes domestiques à l’échelle, à la taille de l’homme.

Dans la gare ferroviaire, l’art est intégré dans le grand hall avec les grues de granit et de marbre au sol qui prennent leur

envol vers le plafond peint de la galaxie à la croisée des étoiles sous l’aiguillage de la Grande Ourse, avec la façade de

granit du bâtiment vibrante sous le soleil par les veines de sa pierre et cuivrée sous l’orage quand la pluie arrive, avec la

grande horloge qui marque le temps.

Dans le restaurant, conçu dans un décor de mosaïque, l’art est associé au vitrail composé par les sœurs Anne et Marie-

Pierre Monférini, sur les fleurs de la Gruyère.

© Musée gruérien

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3 Hôtel de Ville (1809)

La construction de l’Hôtel de Ville date de 1809, quatre ans après l’incendie qui détruisit la cité. Autrefois siège de la

bourgeoisie urbaine, il héberge les autorités communales et est établi dans la Grand-Rue, la principale artère

commerçante de Bulle.

Bulle, la Grand-Rue et l’Hôtel de Ville, vers 1910. © Charles Morel Musée gruérien

Dans la société de l’Ancien Régime, l’Hôtel de Ville est le siège des autorités qui représentent la «Noble et Honorable

Bourgeoisie»; cette dernière comprend les familles qui bénéficient du droit de bourgeoisie et des privilèges qui y sont

liés; elle cohabite avec les «habitants» ou «tolérés» qui sont considérés comme des étrangers. Les membres de la

bourgeoisie comme les habitants sont sujets des patriciens de la ville-état de Fribourg, représentés à Bulle par le bailli

qui siège au château. La société d’Ancien Régime disparaît avec l’invasion des armées françaises en 1798 et

l’instauration de la République helvétique.

Après l’incendie de 1805, la ville de Bulle est en proie à de graves problèmes financiers. Cependant le Conseil bullois

désire faire reconstruire rapidement la Maison de Ville. La réalisation des plans est confiée à Charles de Castella et la

construction à l’entrepreneur Frédéric Rosselet. Après maintes discussions et la levée d’un impôt supplémentaire,

l’Hôtel de Ville est inauguré en 1809, soit trois ans après la pose de la première pierre en 1806.

L’Hôtel de Ville domine les bâtiments voisins mais il n’a rien d’un bâtiment de prestige. Sa façade relativement austère

rappelle les circonstances de sa construction : une des périodes les plus difficiles de l’histoire de Bulle. Le conseil

communal y siège pour la première fois le 29 octobre 1808. Pendant la durée des travaux les autorités occupaient le

bâtiment des Halles. Le rez-de-chaussée du bâtiment abrite à cette époque une auberge et des boutiques, transformées

en salles de café à la fin de l’année 1829 puis en bureau de poste. La façade du rez-de-chaussée a été transformée à

deux reprises, vers 1900 et 1950. Le fronton de l’Hôtel de Ville, qui représente les armoiries de la ville entourées de

deux lions, a été réalisé en 1957 par le marbrier Alexandre Bellora, de Bulle, d’après un dessin d’Antoine Claraz, de

Fribourg.

Aujourd’hui le bâtiment héberge les autorités et une partie des services administratifs de la ville. Le rez-de-chaussée est

occupé par un restaurant. La salle qui se trouve à l’arrière de l’Hôtel de Ville a accueilli 11 éditions du festival Les

Francomanias (chanson française) entre 1990 et 2010.

© Musée gruérien et Service des biens culturels du canton de Fribourg

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4 Eglise Saint-Pierre-aux-Liens (1816)

L’église fut rebâtie après l’incendie de 1805 et consacrée le 22 septembre 1816. Le grand orgue est l’œuvre d’Aloys

Mooser, de Fribourg.

L’église vue du nord, vers 1920. © Photo Glasson Musée gruérien

Les plus anciennes références connues à l’église de Bulle remontent aux années 850, mais sa fondation est

probablement antérieure (VIe siècle). L’édifice est reconstruit ou transformé à plusieurs reprises, notamment en 1750-

1751. Il n’est pas épargné par l’incendie de 1805: seuls quelques murs restent debout. Les travaux vont durer de

nombreuses années. Pendant cette période, les paroissiens suivent la messe dans la chapelle de Notre-Dame de

Compassion.

Les pierres de taille utilisées pour la reconstruction du clocher sont préparées pendant l’hiver 1806 dans la région, à la

carrière de Grandvillard. Quinze loteries sont organisées pour compléter le financement des travaux. Commencée en

septembre 1808, la construction de la tour dure deux ans.

Deux canons achetés à l’État de Fribourg sont fondus pour réaliser les six cloches du carillon de l’église. C’est

aujourd’hui le dernier carillon manuel à levier de Suisse avec celui de Salvan (VS). Le campanile ou dôme de l’église sont

recouverts de 8850 feuilles de fer blanc.

Des sommes considérables sont investies dans la reconstruction de l’église qui, en plus de sa vocation religieuse, devient

le symbole de la résurrection et du dynamisme de la ville. Le nouvel édifice est consacré le 22 septembre 1816. A

l’intérieur du bâtiment se trouve l’orgue remarquable construit entre 1814 et 1816 par le Fribourgeois Aloys Mooser

(1770-1839), célèbre facteur d’orgues et de forte-pianos. L’instrument suscite l’admiration de personnalités telles que

Felix

Mendelssohn (1822), Franz Liszt et Georges Sand (1836). C’est un monument historique d’intérêt national depuis 1973.

L’église connaît d’importantes transformations au XXe siècle. A l’occasion de travaux en 1932, le chœur est élargi; le

décor néoclassique d’origine est supprimé. De nouveaux aménagements en 1973 et 2007 donnent à l’édifice son

apparence actuelle.

On peut admirer de nombreuses œuvres d’art à l’intérieur: dans le bas-côté, Vierge à l’Enfant du sculpteur Claude

Glasson (1679). Cette statue se trouvait à l’origine sur l’ancienne Porte d’Enhaut. Dans la nef, une Adoration des bergers

et une Vierge du Rosaire peints par Joseph Reichlen en 1879 et 1890. Dans le chœur, mobilier liturgique en bronze du

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sculpteur Antoine Claraz, avec émaux de Liliane Jordan (1973-1974), devant un triptyque monochrome de Vincent

Marbacher (2007). Vitraux d’Alexandre Cingria (voir notamment la verrière représentant le martyr de Saint-Pierre),

d’Emilio Beretta et de Bernard Schorderet. Chemin de croix en mosaïque et décor peint de la voûte d’Emilio Beretta

(1931-1932). La cloche exposée sur le parvis de l’église, qui était à l’origine dans le clocher, est datée de 1809.

© Musée gruérien et Service des biens culturels du canton de Fribourg.

Aloys Mooser

Né le 27.6.1770 à Fribourg, décédé le 19.12.1839 à Fribourg. Fils de Joseph Anton et d'Elisabeth Fasel. Epoux de Maria

Blanchard puis de Rosa Blicklé. A. Mooser se forme auprès de son père et dans l'atelier des Silbermann, facteurs

d'orgues à Strasbourg, puis notamment à Mannheim et à Vienne chez le facteur de pianos Anton Walter. Il revient à

Fribourg à la fin de 1796. Ses pianos-forte sont très recherchés: il a notamment pour clients Marie-Louise d'Autriche en

1816 et, après 1834, le prince Nicolas Borissovitch Youssoupov de Saint-Pétersbourg. La construction de l'orgue à quatre

claviers de la collégiale Saint-Nicolas de Fribourg (1834) lui vaut une grande renommée, due aussi à de nombreux

témoignages littéraires. A. Mooser a l'idée géniale d'adjoindre à l'instrument un clavier d'écho dont les jeux étaient

placés sur le narthex. Cette disposition est souvent imitée par la suite, en particulier par les frères Callinet à Masevaux

(Alsace) peu après la mort de Mooser, et inspire d'autres dispositifs de jeux éloignés. Les grandes orgues de Fribourg

offrent une synthèse intéressante des factures d'orgues allemande et française et réunissent des éléments classiques et

préromantiques. Des instruments plus petits, comme l'orgue en balustrade à deux claviers de Montorge (comm.

Fribourg) de 1810, presque entièrement conservé, témoignent de l'unité ainsi que de la qualité artisanale et sonore des

réalisations de A. Mooser.

© Dictionnaire historique de la Suisse

Pour en savoir plus

Panneaux informatifs sur le bâtiment et l’orgue d’Aloys Mooser à l’entrée principale de l’église.

Jean Dubas, Notice historique sur l’église paroissiale de Bulle.

François Seydoux, Les orgues de Saint-Pierre-aux-Liens à Bulle, aperçu historique.

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5 Halles (1787)

Le bâtiment des Halles date de 1787. Place centrale du commerce des grains pour La Gruyère et le Pays-d’Enhaut, cet

édifice fut reconstruit en priorité après l’incendie de 1805.

Cortège devant le bâtiment des Halles, Fête cantonale des chanteurs fribourgeois, Bulle, 13.05.1933 © Photo Charles Morel Musée

gruérien

Ce bâtiment était utilisé autrefois comme halle à grains. Détruit par l’incendie de 1805, il est le premier à être

reconstruit par les autorités en respectant les plans de 1787. Consciente que «la branche la plus importante est la vente

des grains » et que «Bulle est le grenier du pays d’en haut, vaudois et fribourgeois», le conseil communal décide cinq

jours après l’incendie de reconstruire immédiatement la «grenette» et d’améliorer son environnement. La halle dispose

alors de trois greniers au rez-de-chaussée dont le grand grenier public et de douze greniers au premier étage. La

nouvelle auberge attenante, dont le rez-de chaussée sert de «werkhof» avec son dépôt de tuiles et d’outils, comptent

outre la salle à boire neuf chambres plus une pièce réservée pour deux ans – pendant la durée de la reconstruction de

l’Hôtel de Ville – aux séances du Conseil et de la Bourgeoisie.

Du point de vue architectural, le bâtiment est fortement inspiré des constructions campagnardes traditionnelles.

Aujourd’hui, l’édifice sert de maison paroissiale avec des salles de réunion. Une grande salle utilisée pour des

conférences et des lotos est dans la charpente en 1968. Sous l’espace couvert, nous pouvons distinguer sur deux

poutres l’inscription 1805 qui rappelle la date de reconstruction du bâtiment.

© Musée gruérien et Service des biens culturels du canton de Fribourg

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6 Kiosque à musique (1907)

Le kiosque, réalisé à l’initiative du Corps de musique de la ville, fut inauguré en 1907. Il se trouve sur la place où se

tient tous les jeudis le marché de Bulle, une tradition commerçante qui remonte au Moyen Âge.

Bulle, la place du Marché et la rue de Bouleyres, 1931. © Photo Glasson Musée gruérien

Conscient que la population bulloise préfère les productions musicales en plein air aux concerts payants en salle, les

musiciens du Corps de musique de la ville mettent sur pied, lors du mardi gras de 1905, une «cavalcade» échevelée,

réunissant cavaliers, amazones, chanteurs, danseuses et danseurs bohémiens, musiciens de cirque et lansquenets

(mercenaires allemands du XVe au XVIIe siècle). Les bénéfices de la fête sont destinés à la réalisation d’un kiosque à

musique. Le cortège carnavalesque ne réunissant que 250 francs sur les 5555 francs qu’exige la construction, le solde

est fourni par la ville.

La Place du Marché

Le kiosque, inauguré en 1907, se trouve sur la Place du Marché. Après l’incendie de 1805, la majeure partie de la ville

est détruite, exceptions faites du château et quelques autres bâtiments. Comme en témoigne le plan de la ville en 1722,

il existait au centre de la place une rangée composée d’une quinzaine de maisons : elles ont été détruites par l’incendie.

Dans le courant de l’année 1808, le Conseil bullois décide de supprimer cette rangée dans le but d’éviter de futurs

incendies et de développer un urbanisme moderne et aéré. C’est ainsi que sont nées la rue de la Promenade et la Place

du Marché.

Le marché de Bulle est une tradition commerçante qui remonte au Moyen Âge. Au XIIe siècle, les évêques de Lausanne,

seigneurs de Bulle, lui assurent le privilège des marchés, un droit qui lui était auparavant disputé par le marché de

Gruyères; les comtes de Gruyères y renoncent en 1195. Les marchés de Bulle ont lieu le lundi jusqu’en 1628. Cette

année là, ils sont transférés au jeudi, ce qui est toujours le cas de nos jours.

L’Institut Sainte-Croix

Le bâtiment qui s’élève en face du kiosque, à proximité de la chapelle de Notre-Dame de Compassion, est l’ancien

Institut Sainte-Croix. Un ordre religieux, les sœurs de la Sainte-Croix de Menzingen, s’installent à Bulle en 1899. Elles

ouvrent les premières classes d’éducation supérieure pour les filles: pensionnat avec internat, école normale et école

secondaire. Le bâtiment est agrandi en 1903 et 1912. Pendant soixante-cinq ans, jusqu’à l’ouverture des classes mixtes à

l’école secondaire de la Gruyère (1965), l’Institut Sainte-Croix reste la seule institution de ce genre à Bulle. La dernière

classe ferme ses portes en 1986. Les bâtiments appartiennent à la ville de Bulle depuis 2012.

© Musée gruérien

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Pour en savoir plus:

Pierre-Alain Stolarski, Une harmonie dans la cité. Corps de musique de la ville de Bulle (1803-2003), Bulle, 2003.

Anne Philipona, «Émancipation ou conservatisme? Les religieuses et l’enseignement», in Histoire au féminin, Cahiers du

Musée gruérien, n° 8, 2011.

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7 Nicolas Chenaux (1740-1781)

Cette statue du sculpteur Carl Angst a été inaugurée en 1933. Elle représente Nicolas Chenaux (1740-1781), de La

Tour-de-Trême, chef d’une révolte populaire contre le gouvernement patricien de Fribourg en 1781.

L’inauguration du monument Chenaux, en 1933. Sur la gauche avec le chapeau melon, Jean-Marie Musy, premier conseiller fédéral

fribourgeois de 1919 à 1934.

© Photo Glasson Musée gruérien

Juste en face du château se trouve une des nombreuses fontaines de la ville, qui en compte une trentaine. Elle est

surplombée par une statue. Cet homme au regard déterminé, le poing levé en signe de défi, est Pierre-Nicolas Chenaux,

une des personnalités historiques de la Gruyère. Issu d’une famille paysanne aisée, Pierre-Nicolas Chenaux est né en

1740 à la Tour-de-Trême. Entreprenant, il se voue sans succès aux affaires (immobilier, fromage, grains, mines et

élevage). Déçu également dans ses ambitions militaires, il réussit mieux en politique. Son franc-parler et ses virulentes

critiques lui assurent une indéniable popularité auprès de la population.

Origines de la révolte

De 1780 à 1784, à la suite de problèmes économiques, politiques et religieux, le canton de Fribourg connait une période

troublée dont le soulèvement Chenaux (dit aussi «Révolution Chenaux»), en 1781, constitue l’épisode le plus

spectaculaire.

Pierre-Nicolas Chenaux et ses partisans reprochent au gouvernement oligarchique de Fribourg d’avoir aboli une

trentaine de fêtes religieuses, d’avoir supprimé le couvent de la Valsainte et de projeter la mise en place de nouveaux

impôts. Chenaux promet à ses affidés que leurs dettes seront effacées, qu’une loi agraire sera prononcée et que les

fermiers pourront avoir la libre propriété des terres qu’ils détiennent par bail.

Ainsi, le 29 avril 1781, Pierre-Nicolas Chenaux dirige un petit groupe d’hommes encadré par des officiers. Réunis à Bulle

à l’Auberge de l’Épée couronnée (aujourd’hui l’Hôtel du Cheval Blanc), Chenaux planifie une révolte et prévoit de

prendre Fribourg par surprise. La date prévue est d’abord la Saint-Jean (24 juin), puis la foire du 3 mai. Mais le

gouvernement fribourgeois, déjà sur ses gardes à cause de cas similaire, veille. Averti du projet de Chenaux, le

gouvernement ordonne son arrestation mais Chenaux, avec la complicité de ses informateurs, parvient à esquiver le

coup.

Au cœur du soulèvement

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Le 1er mai 1781, Chenaux entend que Fribourg a mis sa tête à prix. Loin de se cacher ou de fuir, il prend l’initiative,

harangue la population et, dès le 2 mai, se dirige vers la capitale fribourgeoise. Le 3 mai, les portes de la ville restant

closes, des tractations naissent; les assaillants les mettent à profit pour rallier de deux à trois mille campagnards à leur

cause, tandis que les assiégés, paniqués, appellent Berne à l’aide. Craignant que le soulèvement fribourgeois ne donne

des idées à leurs baillages romands, les autorités bernoises envoient sans perdre de temps leurs troupes au secours de

leur voisin. Fribourg est ainsi prêt pour recevoir des

paysans mal armés et insuffisamment organisés.

Le 4 mai 1781, le Vaudois Benjamin Louis Monod de Froideville, ancien officier au service de Prusse et responsable des

troupes gouvernementales, obtient sans peine la reddition de quelques centaines d’hommes. Dans la nuit du 4 au 5 mai,

Chenaux, qui s’est replié dans un bois, est interpellé par l’un des siens, appâté par la forte récompense promise à qui le

livrerait. Un duel s’engage à l’issue duquel Chenaux

perd la vie. Son corps est amené en ville de Fribourg, où il est pPubliquement décapité et démembré.

Conséquences

Peu de temps après, le peuple se recueille sur sa tombe et invoque «Saint Nicolas Chenaux, martyr de la liberté». Cette

canonisation quelque peu rapide et spontanée provoque l’ire de l’Église et est sévèrement condamnée. De plus, la

répression du gouvernement contre les révoltés devient extrêmement stricte; les peines de prison, les condamnations

aux galères, les bannissements et les amendes sont le lot de la plupart des insurgés.

Sur le plan politique, les autorités fribourgeoises, encouragées par Berne, Lucerne et Soleure, optent pour l’apaisement.

Les paroisses et les communautés sont invitées à exprimer par écrit leurs souhaits. De ceux qui émanent de la

campagne, aucun ne conteste l’institution même du patriciat, mais plusieurs sollicitent des allégements fiscaux ainsi que

le rétablissement des fêtes religieuses et processions récemment supprimées. En revanche, la bourgeoisie commune de

la capitale, par d’habiles et insistantes démarches, fait savoir qu’elle aspire à une meilleure répartition du pouvoir avec

la bourgeoisie privilégiée. Le conflit s’exacerbe; il s’achève en 1783 par l’exil forcé de ses principaux représentants. Ces

derniers rejoignent ainsi à l’étranger les rescapés de la prise d’armes de 1781. Les uns et les autres salueront la

Révolution Française de 1789 et rentreront au pays en 1798.

Victime de la procédure infamante de «damnatio memoriae» (bannissement de la mémoire), le souvenir de Chenaux

s’estompe peu à peu. Il faut attendre l’année 1848 pour que le régime politique radical le réhabilite officiellement. En

1933, cette statue monumentale est érigée à Bulle, sur la Place du Marché, en l’honneur du

«Défenseur des libertés du peuple».

Au lendemain de la mort de Chenaux et pour appuyer sa répression, le gouvernement fribourgeois ordonne que

l’enseigne de l’Auberge de l’Épée Couronnée, l’ancien quartier général de Chenaux, soit démontée et brûlée sur la place

publique, afin de décourager définitivement les plus virulents ennemis de Fribourg. Même si la matière a disparu,

l’idéologie et l’esprit de la contestation demeurent. Et cela n’empêche pas les Bullois de rouvrir l’établissement sous

l’emblème du Cheval-Blanc ainsi que d’accrocher à la nouvelle enseigne, en mémoire des événements de 1781, l’épée

couronnée de lauriers pointant en direction de Fribourg.

De nombreux alliés de Chenaux exilés en France poursuivent leur contestation de l’Ancien Régime au sein du Club

helvétique de Paris (1790-1791). Un des objectifs de cette société, qui est d’importer la révolution dans les cantons

suisses, aboutit en 1798 avec l’invasion du pays par l’armée française et la création d’une République Helvétique fondée

sur les idéaux nouveaux de liberté individuelle et d’égalité, centralisée sur le modèle français.

© Musée gruérien

Page 15: 1 Orchestrion (1913)

Carl Albert Angst

Carl Albert Angst (1875-1965) de Genève, est le fils d'un ébéniste. Il exerce le métier de xylograveur et de sculpteur sur

bois (meubles Art nouveau entre autres) à Paris de 1896 à 1911, d'abord chez Jean-Auguste Dampt, puis comme

indépendant dès 1903, tout en dessinant et sculptant, surtout des portraits d'enfants. Il obtient un prix pour le projet

d'un monument national suisse sur le thème «l'âge des héros» en 1909. Professeur à l'école des arts industriels de

Genève (1911-1913) et membre de la Commission fédérale des beaux-arts (1916-1918, 1927-1930), il est l’auteur de

sculptures pour des places publiques, de portraits en buste et de médaillons (Barthélemy Menn, Ferdinand Hodler), de

l'encadrement de l'horloge de la gare de Lausanne, de la Justice du frontispice et de trois couronnements de portail

pour le Tribunal fédéral. Carl Albert Angst s'inspire parfois de l'art grec et égyptien. Il est très influencé par Auguste

Rodin, dont il partage le goût pour les symboles et les allusions psychologiques. Un grand nombre de ses œuvres

disparaissent lors de l’incendie d’un dépôt du Musée d'art et d'histoire de Genève en 1987.

© Dictionnaire historique de la Suisse

Pour en savoir plus

Georges Andrey, «Le monument Chenaux, la fête, le symbole», in La Fête, Cahiers du Musée gruérien, n°1, 1997.

Georges Andrey, «La révolution Chenaux», in Pouvoirs et territoires, La Gruyère dans le miroir de son patrimoine, T. 3,

Editions Alphil, 2011.

Alain-Jacques Tornare, «Révolution française et Contre-révolution. Impacts en Gruyère (1781-1815)», in Pouvoirs et

territoires, La Gruyère dans le miroir de son patrimoine, T. 3, Editions Alphil, 2011.

A voir aussi

L’enseigne de l’Hôtel du Cheval Blanc, anciennement Auberge de l’Épée couronnée, le quartier général de Chenaux.

Les maquettes de la statue et l’«urne contenant le crâne de Nicolas Chenaux», dans le secteur «Des contours en

mouvement» de l’exposition permanente La Gruyère, itinéraires et empreintes, au Musée gruérien.

Page 16: 1 Orchestrion (1913)

8 Tilleul (2004)

Cœur de la ville ancienne, pilier public et lieu où se tenaient les discussions importantes, le tilleul fut planté entre

1730 et 1742. Il est remplacé par un nouvel arbre en 2004.

Bulle, Place du Tilleul, vers 1910. © Charles Morel Musée gruérien

Sous l’Ancien Régime, le tilleul est le cœur symbolique de la cité; dans la plupart des villes, un tilleul est planté à

proximité de la place du marché et de l’hôtel de ville. Les corporations et les confréries ont l’habitude de se réunir «sous

la tille». Des témoignages de ces activités existent pour Bulle, Rue, Romont, Fribourg, et Estavayer. L’arbre sert aussi de

pilier public: le signalement de l’insurgé Pierre-Nicolas Chenaux y est placardé en 1781. Il existe à Bulle un second tilleul,

sur le parvis de l’église, qui a pu remplir la même fonction.

Selon une gravure de David Herrliberger datant de 1758, le tilleul situé à proximité de l’Hôtel de Ville est alors entouré

de quatre autres arbres qui ombragent les bancs installés sur la place. Lorsque les troupes françaises envahissent la

Suisse en 1798 et instaurent le régime de la République helvétique, c’est sur le tilleul de Bulle qu’est élevé le premier

«arbre de la liberté» du canton, symbole des idées révolutionnaires.

L’arbre survit à l’incendie de 1805. Avocat, homme politique et littérateur, Nicolas Glasson lui consacre vers 1850 un

long poème de 17 strophes, les «Stances au tilleul de Bulle». Extrait:

Que de mots dits sous ton feuillage

Joyeusetés, propos grivois

Récits de Nestors de village

Et sentences de vieux Bullois

Sous ta verte et splendide arcade

Tu gardes aussi tes regrets

De Chenaux tu vis la croisade

Et tu pleuras sur ses cyprès

Tu vis la flamme désastreuse

Briller dans Bulle épouvanté

Monter, bondir victorieuse

Puis s’éteindre avec la cité

«Les Poètes de la Gruyère», La Gruyère Illustrée, Fascicule VI, 1898.

Page 17: 1 Orchestrion (1913)

Six piliers et un châssis de pierre sont ajoutés autour du tilleul vers 1850. Sur un des piliers est fixé un objet qui se trouve

aujourd’hui au Musée gruérien: une demi-aune, unité de mesure pour la paille tressée, une activité économique en

plein essor entre 1830 et 1890.

A la fin du XIXe siècle, l’arbre conserve sa place centrale. C’est aussi un lieu de marché: devant le château se tiennent les

échoppes de bois qui servent aux commerçants locaux. Ces «loges du marché» sont remplacées par d’autres bâtiments

au début du XXe siècle.

Cinq des six piliers de pierre sont enlevés en 2000. Le tilleul, malade et fragile, est abattu pour des raisons de sécurité en

2003. Une étude dendrochronologique réalisée à cette occasion permet d’estimer son âge à 273 ans environ. Un

nouveau tilleul est planté au printemps 2004. Le pavage moyenâgeux découvert lors de l’excavation de l’ancien tronc

est visible par une ouverture creusée dans le sol.

© Musée gruérien, journal La Gruyère et Service des biens culturels du canton de Fribourg

Page 18: 1 Orchestrion (1913)

9 Château (1291)

Construit à partir de 1291 par l’évêque de Lausanne, seigneur de Bulle, le château conserve sa vocation

administrative: il est occupé par la préfecture du district, le tribunal et la gendarmerie. La tour principale culmine à

33 m de hauteur. La cour intérieure est ouverte au public.

Bulle, le château vu depuis l’est, vers 1910 © Charles Morel Musée gruérien

Fondation

La construction du château dure quarante ans, elle commence sous l’évêque de Lausanne Guillaume de Champvent en

1291 pour se terminer en 1331. L’édifice est alors chargé d’assurer la défense de Bulle contre les prétentions des

comtes de Gruyères vassaux de la Savoie, des comtes de Savoie établis à Châtel-Saint-Denis et de Louis de Savoie

implanté à Romont; ce dernier tente de s’imposer à Vaulruz dès 1302. Le château permet de contrôler l’une des deux

entrées principales de la ville au Moyen Âge: la Porte d’Enhaut. La Porte d’En bas (située au fond de la Grand-Rue et

démolie en 1805), la petite entrée de la Poterne et un rempart qui entoure le centre historique actuel complètent le

dispositif défensif.

Architecture

Bien que la ville de Bulle n’ait jamais été directement soumise à la domination des seigneurs de la Savoie, les bâtisseurs

du château s’inspirent de leur architecture militaire, en adoptant un plan géométrique simple: un carré avec quatre

tours d’angle, dit «carré savoyard», qu’on retrouve dans les châteaux de Romont, Morges et Yverdon notamment. La

tour principale est un donjon de 13.5 mètres de diamètre et de 33 mètres de hauteur ; au rez-de-chaussée, l’épaisseur

des murs atteint 2.16 mètres. L’entrée d’origine de la tour est située à 9,7 m du sol. Trois autres tourelles surplombent

les murs du château. Sans la grosse tour circulaire, le plan du château est presque carré: il mesure 44 mètres de long sur

41 mètres de large. La face nord (entrée principale) ainsi que les faces sud et est sont formées par trois bâtiments

massifs ; une enceinte non moins solide en assure la jonction côté est. Ce carré est entouré d’un fossé de 17 mètres de

large. Il n’est pas possible de dire si ce fossé était rempli d’eau en permanence ou uniquement en cas de danger. On sait

par contre que le canal dit des Usiniers, seule ressource en eau courante de la ville à l’époque, passait entre le château

et le tilleul et fournissait l’eau nécessaire au remplissage du fossé. Le château possédait un pont-levis à la fin du XIIIe

siècle, dont les points d’attache sont toujours visibles de part et d’autre de l’entrée principale. Le château a échappé aux

deux incendies dévastateurs de 1447 et 1805. Malgré quelques rénovations et modifications, il conserve aujourd’hui sa

silhouette de forteresse médiévale.

Page 19: 1 Orchestrion (1913)

Utilisation

Au Moyen Âge, l’Évêque de Lausanne s’y fait représenter par un châtelain et un mayor. Le châtelain a la garde du

château et y tient une cour de justice; il perçoit aussi les taxes et les impôts dus au seigneur par les Bullois. Le mayor

assiste le châtelain et rend la justice en première instance. On prévoit que l’évêque doit pouvoir compter sur douze lits,

établis dans le bâtiment voisin de l’hôpital, à l’emplacement actuel du couvent, s’il vient à passer par Bulle.

Dès 1537, après l’annexion de la ville de Bulle par Fribourg, le château sert de siège aux baillis fribourgeois,

prédécesseurs des préfets modernes. Au XVIIIe siècle, à gauche de l’entrée principale, du côté de la chapelle de Notre-

Dame de Compassion, se trouve le pilori, une petite bâtisse où les personnes ayant commis des fautes mineures sont

entravées et exposées, condamnées à l’humiliation publique; à droite est installé le tourniquet, une cage tournante

prévue pour le même usage.

Transformations

Entre 1763 et 1768 des travaux importants sont entrepris à l’intérieur du château, dans l’appartement du bailli et la salle

d’audience. Au XVIIIe siècle une série de bâtiments qui hébergent des boutiques bordent le fossé du côté du tilleul. Ces

boutiques sont remplacées dans la deuxième moitié du XIXe siècle par des immeubles de plus en plus hauts qui cachent

peu à peu le château. Ces immeubles sont détruits par la commune de Bulle à partir de 1968.

En 1854 des prisons sont aménagées dans l’aile sud du château. En 1946, de nouvelles cellules sont ajoutées dans

l’angle nord-est. Le château est classé monument historique d’importance nationale à la suite d’une campagne de

restauration supervisée par la Confédération entre 1921 et 1930. À l’occasion de la construction du nouveau Musée

gruérien, un passage public qui traverse le fossé est ouvert en 1976.

De nos jours, le château abrite la préfecture de la Gruyère, le tribunal et la gendarmerie. Il est propriété de l’Etat de

Fribourg. La cour intérieure est ouverte au public.

© Musée gruérien et Service des biens culturels du canton de Fribourg

A voir aussi:

Les secteurs «Une ville dans son élan» et «Des contours en mouvement» de l’exposition permanente La Gruyère,

itinéraires et empreintes, au Musée gruérien.

Pour en savoir plus

Daniel de Raemy, Châteaux, donjons et grandes tours dans les Etats de Savoie (1230-1330), Cahiers d’archéologie

romande 1998, Volume 1.

Marc-Henri Jordan, Le château de Bulle, Pro Fribourg, n°93, 1991

Page 20: 1 Orchestrion (1913)

10 Notre-Dame de Compassion (1688)

But d’un pèlerinage très fréquenté aux XVIIe et XVIIIe siècles, la chapelle de Notre-Dame de Compassion est fondée en

1350 et transformée en 1688-1692. Elle fut desservie par les moines capucins de 1665 à 2004.

Bulle, chapelle de Notre-Dame de Compassion, couvent des Capucins et local des pompiers (démoli en 1972), vers 1900

© Photo Charles Morel Musée gruérien

Dès 1350 Bulle est dotée d’un hôpital destiné à recevoir les malades, les orphelins, les pauvres et les voyageurs. Cet

hôpital était situé au lieu même où se trouve le couvent. Les 26 et 27 août 1447, un incendie dévaste la ville, de l’hôpital

à l’église qui se trouvait au même endroit qu’aujourd’hui. Une bonne partie de la ville est reconstruite en 1454. On bâtit

un nouvel hôpital et une nouvelle église.

Le 29 juin 1665 c’est l’arrivée à Bulle des 3 premiers capucins, un supérieur, un père et un frère. Ils s’installent dans les

locaux de l’hôpital qui est remplacé entre 1671 et 1679 par un couvent. L’hôpital est déplacé dans un bâtiment situé à

proximité de la Porte d’Enhaut. En 1679 le gouvernement fribourgeois autorise officiellement les capucins à rester à

Bulle. La chapelle est agrandie en 1688. Elle est desservie par les capucins qui font également œuvre sociale en

accueillant les pauvres. A l’entrée, sous le porche Heimatstil (1909) on peut admirer une magnifique porte sculptée

également datée de 1688.

En 1692 le sculpteur bullois Pierre Ardieu (1649-1735) termine avec ses collaborateurs le maître autel de style baroque,

qui comprend une multitude de statues entourant la Sainte Vierge. Un siècle plus tard, un autre artiste de la région,

Joseph Deillon (1727-1795), modifie et complète l’œuvre d’Ardieu. Les siècles passent et les propriétaires successifs

(bourgeoisie, paroisse puis capucins) entretiennent la chapelle qui connait différentes transformations selon les besoins.

Les vitraux du chœur sont de Jean-Edward de Castella (1924) et ceux de la nef de Yoki (1965 et 1984).

Le couvent des Pères Capucins ainsi que la chapelle de Notre Dame de Compassion sont dans la deuxième moitié du

XVIIe et tout au long du XVIIIe siècle un important lieu de pèlerinage qui contribue fortement au développement de

l’économie locale. Les pèlerins affluent de toute la Suisse romande, de Savoie et de Franche-Comté. Les jours de grande

dévotion, lors de certaines fêtes, on peut compter jusqu’à 1800 pèlerins. L’affluence est telle qu’un service d’ordre est

mis sur pied.

Pour des vœux exaucés, on offre de petits tableaux qui tapissent les murs de la nef, les ex-votos. Tous les pèlerins

doivent manger, boire, dormir, rapporter des souvenirs, et les commerçants en profitent: en 1722, on compte huit

auberges et débits de vin, ainsi qu’une quinzaine de boutiques situées en face de la chapelle et en bordure des fossés du

château.

Page 21: 1 Orchestrion (1913)

Alors que leur ordre était présent à Bulle depuis plus de trois siècles, les derniers capucins quittent le couvent en 2004

en raison de difficultés de recrutement. Comme les capucins ne peuvent pas posséder de biens propres, au XXe siècle, la

nef de l’église est propriété de la paroisse de Bulle, tandis que le chœur de l’église et le chœur intérieur réservé à la

prière «privée» des religieux appartiennent au Saint-Siège (Vatican) et la partie conventuelle à l’Etat de Fribourg. En

2007, l’Etat de Fribourg cède sa part à la paroisse. Le Vatican fait de même en 2010. L’importante bibliothèque du

couvent rejoint les fonds de la Bibliothèque cantonale et universitaire à Fribourg. De nombreux objets conservés au

couvent sont déposés au Musée gruérien.

© Musée gruérien et Service des biens culturels du canton de Fribourg

A voir aussi

La chapelle, son autel et les ex-votos accrochés aux parois du sanctuaire.

Statue de la vierge, collection d’ex-votos et livre des miracles de la chapelle dans le secteur «Une ville dans son élan» du

Musée gruérien.

Pour en savoir plus

Ivan Andrey, Fin de chapitre, Bulle, 2004 (introduction).

Jean Dubas, Notre-Dame de Compassion, un pèlerinage à Bulle, Bulle, 1984.

Page 22: 1 Orchestrion (1913)

11 Jardin du château (1722)

Le jardin du château, mentionné sur un plan de 1722, est un écrin de verdure en pleine ville. Aménagé en parc public

en 1999, il est situé sur le sentier qui relie la Place du Marché au Musée gruérien.

Vue sur le château et son jardin, le couvent des capucins, la chapelle de Notre-Dame de Compassion et l’ancien cimetière du

Cabalet, vers 1910. © Charles Morel Musée gruérien

On connaît peu de choses sur le jardin du château, qui apparaît déjà sur le plus ancien plan connu de Bulle, en

1722. C’est alors un jardin à l’usage des baillis qui logent au château. A une date ultérieure, le jardin est

réaménagé dans un style symétrique «à la française». Les préfets qui succèdent aux baillis en conservent

l’usage jusqu’à la transformation du jardin en place publique en 1999.

Page 23: 1 Orchestrion (1913)

12 Musée gruérien et Bibliothèque de Bulle (1917)

Le musée et la bibliothèque collectionnent et mettent en valeur le patrimoine de la région. Fondée en 1917 grâce à la

générosité de l’écrivain et journaliste Victor Tissot, l’institution est installée en 1923 dans l’Hôtel Moderne et en 1978

dans le bâtiment actuel. Maquettes de la ville de Bulle (1722, 1912, 2002) et parcours permanent La Gruyère,

itinéraires et empreintes.

Inauguration du Musée gruérien le 3 juin 1978. Discours du conseiller fédéral Hans Hürlimann. © KEYSTONE

Bulle devient le chef-lieu du district de la Gruyère en 1848. Dès 1868 des projets de musées se manifestent dans la ville

et la région: le curé botaniste Jean-Joseph Chenaux et le peintre Joseph Reichlen souhaitent ouvrir un cabinet d’histoire

naturelle puis un musée d’art domestique, sans succès.

En 1917 Bulle est héritière de Victor Tissot, un journaliste et littérateur d’origine fribourgeoise monté à Paris. Créateur

de l’Almanach Hachette, rédacteur du Figaro Littéraire et de nombreuses autres publications, il s’est enrichi en écrivant

un portrait au vitriol de l’Allemagne prussienne, le Voyage au pays des milliards. Tissot lègue toute sa fortune afin de

créer à Bulle un musée et une bibliothèque dignes de ce nom.

Présidée par l’industriel Lucien Despond, une commission se met en quête d’objets historiques avec l’aide de Hans

Lehmann, directeur du Musée national suisse. Le premier conservateur du musée, Philippe Aebischer, est un ami de

Tissot. Par wagons entiers, il envoie de Paris des objets et des œuvres d’art acquis dans les maisons de vente et chez les

antiquaires.

Après un premier projet qui prévoyait une installation au château, le musée et la bibliothèque publique sont hébergés

dans l’ancien Hôtel Moderne. En raison de divergence avec les autorités locales, Philippe Aebischer est remplacé en

1923 par Henri Naef. Cet historien genevois spécialiste de la Réforme enrichit les collections et recentre le musée sur la

région; il devient avec son successeur Henri Gremaud un ardent défenseur de la Gruyère rurale et traditionnelle.

La Société des Amis du Musée gruérien est fondée en 1974. Un fichier d’inventaire systématique et illustré des

collections est créé la même année sous la houlette de Denis Buchs, qui sera nommé directeur et conservateur en 1979.

En 1978, la construction d’un nouveau bâtiment, la création d’une nouvelle exposition permanente et la mise sur pied

d’un programme d’expositions temporaires remettent en valeur la richesse des collections et donnent un second souffle

à l’institution. Les collections de la bibliothèque sont informatisées et entrent dans le Réseau romand (RERO) en 1998.

Page 24: 1 Orchestrion (1913)

Le bâtiment est agrandi en 2001. L’année suivante, l’institution devient bibliothèque scolaire pour le cercle Bulle-

Morlon. L’inventaire informatisé des collections du musée commence en 2005.

Isabelle Raboud-Schüle est nommée directrice et conservatrice en 2006. Un nouveau parcours permanent, intitulé «La

Gruyère, itinéraires et empreintes», est inauguré le 3 février 2012 en présence du conseiller fédéral Alain Berset dans un

bâtiment entièrement rénové.

© Musée gruérien

Pour en savoir plus

Le Musée gruérien, Cahiers du Musée gruérien, n°7, 2009.

www.musee-gruerien.ch

Page 25: 1 Orchestrion (1913)

13 Hôtel Moderne (1906)

Construit en 1906 sur le modèle des palaces de Lausanne et Montreux, et mis en faillite une année plus tard, l’Hôtel

Moderne est un témoin remarquable de l’architecture de la Belle Epoque.

Le Moderne vers 1910. © Charles Morel Musée gruérien

Le Grand Hôtel Moderne est le plus remarquable témoin de l’architecture de la Belle-Époque à Bulle. En 1902, Henri

Finks, ferblantier de la place, commande les plans à des architectes de premier plan: les Lausannois Georges Chessex et

Charles-François Chamorel-Garnier, auteurs notamment de la fabrique de chocolat de Broc (1897-1920) et du Lausanne-

Palace (1912-1915). Le promoteur investit toute sa fortune dans cette aventure.

Ouvert en grande pompe le 4 février 1906, Le Moderne comprend un café-brasserie, un jeu de quilles, de vastes salons,

21 chambres et une grande salle de spectacle avec galeries. C’est le seul palace jamais construit dans le canton… et

probablement l’un des plus éphémères au monde: L’établissement est mis en faillite fin 1907. Il est racheté par la

Banque de l’Etat qui y installe son agence bulloise et maintient l’exploitation de l’hôtel pendant quelques années. La

grande salle est utilisée comme cinéma dans les années 1910. L’apparence extérieure du bâtiment est simplifiée dans

les années 1930, comme on peut en juger en comparant le bâtiment actuel et les photographies anciennes.

Le Musée gruérien, fondé en 1917, est installé dans l’Hôtel Moderne de 1923 à 1978, date de son déménagement dans

le bâtiment actuel. Le palace de la Belle-Époque échappe alors de peu à la démolition. Les chambres sont aujourd’hui

des appartements. La salle de spectacle existe toujours mais n’est pas visitable. Au rez-de-chaussée, où se trouvait

autrefois le Café du Musée, se sont succédés différents établissements publics jusqu’à nos jours.

© Musée gruérien et Service des biens culturels du canton de Fribourg

Pour en savoir plus

Aloys Lauper, «L’architecture hôtelière de la Belle Époque», in Le Tourisme, Cahiers du Musée gruérien, n°3, 2001.

Aloys Lauper, «La Belle Époque des architectes. Les transformations de Bulle entre 1890 et 1910», in La Gruyère dans le

miroir de son patrimoine, T.2, Éditions Alphil, 2011.

Anne Philipona, «Château médiéval ou Hôtel Moderne? Le Musée gruérien se cherche des murs (1917-1974)», in Le

Musée gruérien, Cahiers du Musée gruérien, n°7, 2009.

Carmen Buchiller, «Le Moderne, un patrimoine menacé», in Le Musée gruérien, Cahiers du Musée gruérien, n°7, 2009.

Page 26: 1 Orchestrion (1913)

14 Joseph Bovet (1879-1951)

Monument réalisé par Antoine Claraz en 1957. Au centre, l’abbé Joseph Bovet (1879-1951), compositeur de musique

religieuse et profane. On lui doit le célèbre chant «Le Vieux Chalet».

Modèle grandeur nature du monument Bovet, en plâtre, atelier du sculpteur fribourgeois Antoine Claraz, 1957. © Alphonse

Derungs Musée gruérien

L’abbé Bovet

Joseph Bovet naît le 8.10.1879 à Sâles (Gruyère). Fils de Pierre, instituteur et agriculteur, et de Marie-Joséphine Andrey,

il suit sa formation au pensionnat Saint-Charles de Romont (FR), au collège Saint-Michel de Fribourg (1896-1900) et à

Einsiedeln (1900-1901); il effectue un séjour d'étude au couvent bénédictin de Seckau en Autriche (1903), puis le

Séminaire à Fribourg. Ordonné prêtre en 1905, J. Bovet effectue son vicariat à Genève (paroisse Notre-Dame, 1905-

1908). De retour à Fribourg, il est professeur de chant à l'école normale des instituteurs (dès 1908) et au grand

séminaire (dès 1910), maître de chapelle à la cathédrale Saint-Nicolas (dès 1923), chanoine dès 1930. Directeur des

principaux ensembles de la capitale, tenant entre ses mains toute la vie musicale du canton, il influence le goût collectif.

Compositeur fécond, J. Bovet est l'auteur de quelque 2000 œuvres, dont une moitié profanes. De la simple chanson au

Festspiel (grand spectacle historique ou commémoratif très en vogue entre 1880 et l’entre-deux-guerres), il a souvent

trouvé la formule juste. Perçu comme l'un des maîtres de la chanson populaire, J. Bovet a su offrir à ses contemporains

une sorte de «patrie musicale» au moment où la société rurale subissait les assauts du modernisme. La chanson le Vieux

Chalet (1911), célèbre dans toute la Suisse, est emblématique de cette production. Ses festivals, «Grevire» (1930) et

«Mon Pays» (1934) notamment, furent de grandioses mises en scène d'un pays à la recherche d'une nouvelle identité. A

travers le mouvement cécilien (chorales d’église), J. Bovet a aussi contribué à restaurer la musique religieuse.

Charismatique, il a joui d'une immense popularité; après son décès le 10.2.1951 à Clarens (comm. Montreux), Fribourg

(1955) et Bulle (1957) lui élèvent une statue. Il est considéré à juste titre comme le père de la culture chorale, pilier de

l'identité cantonale. Rouage important de la «République chrétienne», le régime catholique conservateur fribourgeois

entre 1880 et l’entre-deux-guerres, J. Bovet a créé des structures qui lui ont survécu.

© Dictionnaire historique de la Suisse

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Le sculpteur Antoine Claraz

Antoine Claraz naît à Fribourg le 8 septembre 1909. Il suit sa formation au Technicum Cantonal, à la Kunstakademie

(Munchen, Allemagne) entre 1932-1933, à l’École Nationale Supérieure des Beaux-Arts et dans l’atelier de L. Simon à

Paris. Affilié à la SPSAS (Société des Peintres, Sculpteurs et Architectes Suisses), l'OEV (l'Œuvre) et l'Institut Fribourgeois,

il est membre de diverses commissions et jurys. Il réalise des expositions personnelles et collectives dans diverses villes,

participe aux Salons Internationaux de la Médaille à Paris, Vienne et Rome. Il y remporte de nombreux prix et concours.

Antoine Claraz abandonne la peinture en 1943 pour ne se consacrer plus qu'à la sculpture. Il reçoit des commandes

publiques et privées.

D'une grande dextérité, il maîtrise terre, plâtre, bois, pierre dure et tendre, cuivre et alliages. Artiste remarqué dans la

technique du métal repoussé, forgé et soudé, il osera de très grands formats. Antoine Claraz fait référence en matière

d'art sacré avec de nombreux aménagements liturgiques. Ses œuvres sont visibles en Suisse dans les cantons de

Fribourg, Genève, Valais, Vaud, Neuchâtel, Bâle, Schwyz, Zurich, Tessin, Zoug, Soleure, Argovie, ainsi qu'en France, Italie,

Allemagne, Angleterre, U.S.A., Roumanie, Martinique, Ruanda et Togo. A Bulle Antoine Claraz est l’auteur du fronton de

l’Hôtel de Ville et du mobilier liturgique de l’église. Il décède à Fribourg le 29 mai 1997.

© Encyclopédie Larousse

Les foires au bétail de la place Saint-Denis

Le monument dédié à l’abbé Bovet est au centre de la Place Saint-Denis depuis 1957. Cette place était auparavant

utilisée comme place de foire. Dès la seconde moitié du XIXe siècle, avec l’avènement du chemin de fer – la ligne Bulle-

Romont est créée en 1868 – les marchés au bétail de Bulle connaissent un développement considérable. Les chiffres

donnés par la presse régionale permettent de mesurer l’ampleur que prend la manifestation: entre le 24 et le 26

septembre 1912, 1218 têtes de bétail sont embarquées à la gare de Bulle. Elles occupent en tout 201 wagons. Le 24

septembre 1912 a lieu la foire d’automne. Les vaches de qualité s’échangent à une valeur de 1500 à 1600 francs (à titre

de comparaison, pendant la guerre 1914-1918, les soldats suisses reçoivent une solde de 80 centimes par jour). Le

marché au bétail est transféré au Marché couvert (actuellement Espace Gruyère) en 1957.

© Musée gruérien

A voir aussi

Les secteurs «L’Écho des images», «Sous le signe de la croix» et «Une ville dans son élan» de l’exposition permanente La

Gruyère, itinéraires et empreintes, au Musée gruérien.

http://www.youtube.com/watch?v=_9Scg3kzpD8

Pour en savoir plus

Patrice Borcard, Joseph Bovet, 1879-1951, Editions de la Sarine, 1993.

Antoine Claraz, Catalogue d’exposition, Musée d’art et d’histoire, Fribourg, 2000.

Page 28: 1 Orchestrion (1913)

15 Tour du tocsin (1836)

Le clocheton et l’horloge de la tour proviennent de l’ancienne Porte d’Enhaut, une des entrées médiévales de la ville.

La porte a été démolie en 1836 pour faciliter la circulation.

Le passage de l’Union et la Tour du tocsin, vers 1900 © Photo Charles Morel Musée gruérien

L’assemblée générale des bourgeois de Bulle envisage sérieusement la démolition de la porte d’Enhaut, une des entrées

médiévales de la ville, lors d’une assemblée le 29 mai 1836.

«Depuis longtemps, le conseil communal sentait la nécessité d’élargir le passage étroit sous la tour de la porte, près de

l’auberge de la Mort. Ce passage qui fait honte à la Ville de Bulle est devenu si dangereux les jours de foire et de

marchés que les accidents les plus graves ne peuvent être prévenus qu’à force de précautions.»

L’horloge et la cloche du tocsin sont transférées dans la tourelle que l’on voit aujourd’hui encore au passage de l’Union.

La statue de la Vierge, œuvre du sculpteur bullois Claude Glasson qui ornait autrefois la Porte d’Enhaut, se trouve

aujourd’hui à l’intérieur de l’église.

En face de la Tour du tocsin, sur la rue de Gruyères, se trouve l’Hôtel du Cheval -Blanc, anciennement l’Auberge de

l’Épée couronnée, qui fut le quartier général de Nicolas Chenaux.

© Musée gruérien