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Les Témoins de Jéhovah, secte ou religion ? p.7 Sainte-Blandine bouge les choses p.6 Bouddhisme en Thaïlande : La nomination du nouveau chef en suspens p.3 www.10dumat.iscpalyon.com Actualité, analyse et dérision, tout sur les religions à Lyon PROMOTION 2015 / 2016 - ISCPA - J3 - MARDI 26 JANVIER 2016 N° 6 À qui profite LA PEUR ? @le10duMat

10 du mat num 6 26012016

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La rédaction du 10 du mat se déchaine et continue de plus belle sa découverte de l’actualité à travers les religions

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Les Témoins de Jéhovah, secte ou religion ? p.7

Sainte-Blandine bouge les choses p.6

Bouddhisme en Thaïlande : La nomination

du nouveau chef en suspens p.3

www.10dumat.iscpalyon.com

Actualité, analyse et dérision, tout sur les religions à LyonPR

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LA PEUR ?

@le10duMat

EDITOAxel Poulainrédacteur en chef

« Le meilleur dans la religion, c’est qu’elle engendre des hérétiques », déclarait le philosophe marxiste allemand non-or-

thodoxe, Ernst Bloch. Rien de plus vrai en ces temps d’incertitudes, où nombreux sont ceux qui prônent une opinion en marge des croyances établies. Il faut dire qu’avec le sentiment de peur engendré par les tra-giques événements de 2015, le nombre de volontaires « conventionnels », au poste de figure emblématique des différentes reli-gions, sont en net recul. Ainsi, des individus prétendant vouloir intégrer la confession de leur choix se hisseraient au sommet d’une religion pour devenir des leaders d’influence conséquents et prêcher une parole biaisée. Cela donnerait lieu à une véritable anarchie religieuse, où les codes et les textes originels se verraient purement chamboulés, au pro-fit d’une réinterprétation hasardeuse et dan-gereuse. Dans l’un de nos précédents numé-ros, on annonçait l’Eglise catholique comme victime d’une crise de recrutement, avec une baisse de 23% du nombre de jeunes re-crues. Un chiffre qui en dit long sur la chute des demandes de diplômés, et se rapproche alors de notre théorie, peut-être pas si fan-taisiste, du bouleversement des principes religieux préétablis. Mais ce n’est là qu’une théorie… et la rédaction du 10 du mat’ en est friande !

Le monde des religions

Pédophilie : le prêtre lyonnais en garde à vue

Un prêtre lyonnais accusé d’agressions sexuelles sur de jeunes scouts, a été placé en garde à vue, lundi à Lyon.

Rattrapé vingt-cinq ans après les faits. Accusé d’agressions sexuelles sur plusieurs jeunes scouts, un prêtre lyonnais a été placé en garde à vue à Lyon, ce lundi, selon l’AFP. Ap-partenant au couvent des Petites-Sœurs de Saint-Joseph de Montgay à Fontaine-sur-

Saône, le septuagénaire est entendu par les enquêteurs de la brigade de la protection de la fa-mille. Il est soupçonné d’avoir agressé sexuellement au moins trois personnes, alors mineures au moment des faits. Ces dernières avaient porté plainte contre le prêtre du diocèse de Lyon, même si, compte-tenu de l’ancienneté des faits, certaines plaintes pourraient être prescrites. Une quinzaine de témoignages avait également été recueilli par l’association « Parole libé-rée », « un espace d’expression et de soutien aux victimes des actes de pédophilie », qui se sont déroulés à cette période, comme l’avait expliqué le président de l’association, François Devaux. L’association a publié sur son site de nombreux témoignages, ainsi qu’une lettre du prêtre ciblé par l’enquête, adressée au père d’une victime : « Je n’ai jamais nié les faits qui me sont reprochés. Ils sont pour moi une blessure profonde dans mon coeur de prêtre. » De son côté, le diocèse avait affirmé en octobre dernier que le prêtre n’avait « plus aucune respon-sabilité pastorale et tout contact avec les mineurs lui a été interdit ».

Le Parlement européen se voile la face

Discrimination au Parlement euro-péen. Ce dernier a refusé l’accès d’une correspondante de l’agence

Anadolu sous prétexte qu’elle « ne sou-haite pas prendre une photo d’identité sans voile », obligatoire pour obtenir son accréditation. À Strasbourg, la journa-liste était en mission pour suivre la ses-sion plénière du Parlement et le dépla-cement de Vollkan Bozkir, ministre turc de l’Union européenne. Depuis 2014, la journaliste avait pourtant déjà suivi les sessions du Parlement à plusieurs re-prises tout en portant le voile.

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« Contre l’islamisation de l’Europe »

Ils manifesteront contre l’islamisa-tion de l’Europe. À l’initiative du mouvement islamophobe Pediga,

plusieurs manifestations anti-islam auront lieu dans 14 pays européens, le samedi 6 février, selon l’AFP. Cette ini-tiative a été annoncée par Tatjana Fes-terling, responsable du groupe d’ex-trême droite, à l’issue d’une réunion entre des représentants de plusieurs groupes aux vues similaires, samedi, à Roztoky près de Prague. Les rassem-blements se dérouleront notamment en Allemagne, en Estonie, en Finlande, en République tchèque ou en Pologne. « La lutte contre l’islamisation de l’Eu-rope est notre objectif commun », a af-firmé Tatjana Festerling dans un com-muniqué. Les agressions commises la nuit du Nouvel an à Cologne et dans d’autres villes allemandes ont relancé le débat en Allemagne sur l’accueil des immigrés.

Et si l’hérésie menait la danse ?

Directrice de la publicationIsabelle DumasDirectrice de la rédactionMarie-Anne MüllerRédacteur en chefAxel PoulainRédacteursDavid Hernandez, Lilian Gaubert, Laura Turc, Florentin Perrier, Maxime Feuillet, Leo Roynette, Léa Masse-guin, Charline Bakowski, Hugo Borrel, Charlène Ravella, Pierre-Antoine Barut, Arnaud Bastion, Johanne-Eva Desvages, Paul Dalas, Stéphane Mo-nier, Morgan Couturier.

Pour réagir et approfondir la lecture

[email protected]

Hugo Borrel

Crise profonde pour le bouddhisme thaïlandais

Actualité

L’heure est à la temporisation pour le Premier ministre Prayuth Chan-Ocha. D’après la loi, Somdet

Chuang - le plus ancien titulaire du titre le plus élevé et donc candidat désigné par le conseil suprême le 5 janvier der-nier – doit devenir le nouveau leader de l’Eglise bouddhique thaïlandaise.

Mais cette succession fait l’objet d’une vive critique, avec comme chef de file le moine-militant Phra Buddha Issara, qui a soumis une pétition portant 300 000 si-gnatures au Premier ministre afin de s’op-poser à la nomination. Une opposition qui reproche à Somdet Chuang de protéger le temple Dhammakaya. Un monastère situé dans le nord de Bangkok qui prône une vision très matérialiste du bouddhisme. L’idée étant que plus les fidèles participent financièrement à la vie du temple, plus ils ont de chance d’accumuler des mérites et ainsi de se réincarner sous une forme supérieure dans leurs vies futures. Le temple jouit donc d’une puissance finan-cière incontestable, qui ne manque pas de nourrir certaines polémiques autour de la fraude fiscale et de la distorsion des ensei-gnements bouddhiques. « On a beau être moines bouddhistes, il faut un minimum

d’infrastructures. Ça fait partie du travail de la communauté spirituelle que d’œuvrer à ce que les conditions soient un minimum favo-rable. Néanmoins, à partir du moment où il y a création d’une institution, il y aura forcé-ment des travers et ce dans n’importe quelle religion », juge Kelsang Jamyang, enseignant résident du centre bouddhiste Kadampa Lamrim, à Lyon.

Conflit politique entre Chemises rouges et Chemises jaunes

Toutefois, afin de comprendre au mieux ce conflit, il est nécessaire d’ajouter un élément politique. Thaksin Shinawatra, ex Premier ministre, et son régime poli-tique des Chemises rouges sont réputés d’être proche du temple Dhammakaya. Le moine Buddha Issara est lui ferme-ment établi dans le camp opposé. Des positions qui traduisent donc que ce conflit reflète les divisions politiques du pays entre les partisans du changement social et politique (les Chemises rouges) et les royalistes conservateurs partisans du statu quo (les Chemises jaunes). Mais la situation prend immédiatement une tout autre tournure quand ceux qui

ont porté au pouvoir Prayuth Chan-Ocha pensent que cette nomination renverrait à perdre le contrôle du bouddhisme thaï-landais et par la même occasion à favori-ser un retour en grâce du clan politique Shinawatra. Une situation délicate à gérer pour le Premier ministre puisqu’en ap-prouvant cette nomination, il risquerait de se mettre à dos ceux qui l’ont soutenu lors de ce coup d’Etat. Dans le cas contraire, il s’agirait de bafouer le choix du Conseil mo-nastique suprême et donc d’enfreindre la loi. Le Premier ministre a donc opté pour une solution intermédiaire en reportant la nomination, en prétextant l’implication du Somdet Chuang dans une enquête fiscale.

Cette controverse met en relief la crise profonde dans laquelle se débat le boudd-hisme thaïlandais. Si certains évoquent une réforme monastique, pour Kelsang Jamyang « coller à son temps et réformer un ordre peut être bénéfique, dans ce cas-là je ne sais pas. Tout le travail serait de trouver l’équilibre entre douceur et fermeté mais cela nécessite une grande sagesse ». Sagesse ou non, il semble iné-vitable qu’une solution soit trouvée pour mettre fin à la crise du bouddhisme thaï-landais.

En Thaïlande, les controverses autour de la nomination du nouveau chef de l’Eglise bouddhique ne cessent de croître depuis le décès du titulaire du poste en 2013. Somdet Chuang, âgé de 90 ans, sélectionné pour le remplacer, est critiqué pour ses liens avec un temple qui mêle bouddhisme et capitalisme. Un débat qui pose la question de l’archaïsme du bouddhisme thaïlandais dans son ensemble.

1/3 « Un tiers des juifs veulent quitter la France ». C’est le résultat d’une enquête des

journalistes Victor et Salomon Malka, qui sont allés à la rencontre de la communauté juive après les attentats de janvier 2015.

Le temple Wat Phra Si Rattana Mahathat, en Thaïlande, est un haut

lieu de l’histoire bouddhiste © DR

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« Après les attentats, un besoin d’église », ti-trait La Croix mercredi dernier. Pourtant, à en croire les religieux lyonnais, la fréquen-

tation des lieux de culte n’est pas en grande in-flation. Aucune hausse remarquable ou églises bondées, mais des croyants de plus en plus at-tachés à la pratique des fêtes religieuses. D’après Pierre Durieux, directeur de cabinet du cardinal Barbarin à Lyon, la dernière messe de Noël a connu une affluence inhabituelle. « Les menaces et nouvelles mesures de sécurité concernant les lieux de culte (…) pouvaient effrayer certains fidèles, mais au contraire, il semble qu’ils soient venus plus nombreux encore. » Il s’agit principa-lement de personnes « pas particulièrement pra-tiquantes » ressentant le besoin de se recueillir et de célébrer cette fête en communauté.

Mais pour évaluer le taux de fréquentation à Lyon, c’est mission impossible. « On ne tient pas de comptes, pas de statistiques, donc c’est diffi-cile à dire », explique le curé Franck Gacogne, de la paroisse de Bron. D’autant plus que « ce ne sont jamais les mêmes personnes que l’on voit, les gens vont et viennent », ajoute-t-il. S’il s’avère difficile d’évaluer l’impact des attentats sur la fréquentation des églises, il l’est tout autant pour les mosquées et synagogues. Dans celle du 2e arrondissement de Lyon, quai Tilsitt, « je n’ai pas l’impression qu’il y a plus de fréquentation », constate le rabbin Nissim Malka. Mais à l’image de la messe de Noël, « dès lors qu’il y a une cé-rémonie, on a beaucoup de monde qui vient,

ça nous rapproche de nos familles », ajoute-t-il. Même constat pour Hacène Taibi, chargé de l’En-seignement à la Grande mosquée de Lyon. Dans ce lieu de culte, « on a toujours du monde pour les fêtes », ainsi que pour la prière du vendredi.

« « Il y avait cette peur de se mettre en danger »

Si des personnes se raccrochent à la religion, c’est aussi car elles « sont en attente de sens », indique Nissim Malka. « Avec la peur, les gens s’en rapprochent ponctuellement, ou au contraire s’en éloignent », explique-t-il. D’autres préfèrent éviter les lieux de culte, comme nombre de ses fidèles qui, au lendemain des attentats du 13 novembre, n’osaient plus se rendre à la synagogue. « Des personnes de-vaient emmener leurs enfants et elles ont an-nulé, il y avait cette peur de se mettre en danger (…) Et ça a continué les semaines qui ont suivies. » Une crainte qui s’est ressentie jusque dans les mosquées. « En janvier, on a failli annuler les cours (de théologie et d’arabe) », par manque de monde, confie Hacène Taibi. L’enseignant à la Grande mosquée de Lyon reconnaît que la gente féminine était particulièrement réticente à venir « parce qu’il y a des actes islamophobes, donc les femmes ne voulaient plus prendre le métro ou les transports en commun et res-taient chez elles ». Tout comme la synagogue du quai Tilsitt, la Grande mosquée de Lyon a dû

gérer l’inquiétude des parents. De ces semaines post-attentats, Hacène Taibi retient notam-ment un fort taux « d’absentéisme ».

Un retour à la religion de diverses façons

Mais ce n’est pas pour autant que les fidèles se détournent de leur croyance, car selon Nissim Malka « il y a plein de moyens de mar-quer ce retour à la religion. Pour un Juif il y a des centaines d’obligations qu’il peut respec-ter sans aller à la synagogue : pratiquer les fêtes, manger kasher etc. » Le rabbin en est persuadé, « s’il y a un retour à la religion, ce n’est pas la fréquentation hebdomadaire qui va le marquer. »

Mais depuis quelques mois, les religieux sont davantage marqués par la curiosité et le désir d’apprendre des non-croyants. Beaucoup se sont déjà pressés à la mosquée du Grand Lyon. « En ce moment, on a un homme qui n’est ni croyant ni pratiquant, mais qui respecte la li-berté des cultes et vient discuter avec nous de l’islam », indique Hacène Taibi. Le rabbin, Nis-sim Malka, a davantage été touché par cet « élan de solidarité national très prononcé après les attentats ». Une « solidarité communau-taire », dont la communauté n’est plus seule-ment la population juive, mais s’est étendue à la France entière.

Après les attaques terroristes de Paris, certains lieux de culte ont connu une longue période d’absentéisme. Les croyants ont désormais repris leurs habitudes, et les curieux sont de plus en plus nombreux à franchir les portes des mosquées, en espérant y trouver des réponses.

© Libre de droit

Symptômes d’une crise de foi

Le dossier

Les attentats semblent avoir poussé de nouveaux croyants ou de simples curieux à franchir

la porte des lieux de culte. Patrick Banon nous explique que cette crise de foi serait davantage liée à un repli communautariste. Entretien.

Le monde religieux observe une augmentation de la fréquentation dans les lieux de cultes après les

attaques terroristes de 2015. Comment expliquez-vous ce

phénomène ?

Ce que je crois vraiment, c’est que lorsque l’on assiste à des événements aussi tra-giques que ceux qui se sont déroulés en France, cela produit un choc immense à l’échelle de la société. Les personnes sont frappées d’une sidération culturelle. L’hor-reur de ces événements pousse les per-sonnes à douter de leur propre identité et d’ébranler des principes culturels, piliers de l’organisation de la société, comme la liberté de conscience, la laïcité, la légali-té ou encore la liberté. Tous ces principes fondamentaux se sont trouvés d’un coup fragilisé et ce qui formait les identités in-dividuelles est délégitimé. Les personnes ressentes une grande fragilité et ne savent plus comment se définir. Certains font le choix de reconstruire leur identité en re-venant à des sources de communautés. Donc plus que l’aspect théologique, je vois davantage un retour à un élément qui a contribué à la formation de la société. La fréquentation des lieux de culte s’inscrit dans une démarche communautaire au même titre que les défilés du 11 janvier.

Ce repli identitaire est-il également lié à une question de sécurité ?

Je ne souscris pas à cette idée qui parle d’une course à la sécurité. Il me semble qu’il s’agisse davantage d’une question de légitimité. On se sent en sécurité

lorsqu’on est légitime. Les événements d’une extrême violence, couplés avec leur traitement omniprésent dans les médias, ont largement contribué à ce phénomène.

Toutes confessions confondues, on observe une montée des extrêmes religieux partout dans le monde. Ce phénomène est-il similaire à

l'augmentation de la fréquentation des lieux de culte ?

Toutes les religions sont attachées à un peuple et un territoire. Autrefois, les diffé-rentes croyances se rencontraient mais cela restait très anecdotique. Désormais, avec la mondialisation elles doivent cohabiter. Dans certaines sociétés, comme la nôtre, dans les-quelles on observe une pluralité des religions, les différentes confessions ont le droit légal de s’exprimer. La nouvelle proximité de ces religions engendre une certaine concurrence entre elles, ce qui pose un véritable pro-blème d’identité. Certaines se positionnent dans une logique de sécularisation comme le christianisme. Dans l’islam, on retrouve, par exemple, deux grandes tendances, l’une d’entre elle veut agir directement sur la so-ciété et l’autre se détacher de l’État.

Dans les sociétés sécularisées, se rendre à l’Église relève-t-il de « l’effet

de groupe » ?

Dans les sociétés sécularisées, per-sonne ne va se battre pour prier chez soi. Lorsqu’une religion réclame davan-tage de visibilité, l’effet se propage aux autres. Par exemple, plus il y a de mu-sulmans suivant le ramadan, plus il y a de chrétiens faisant le carême. Ce n’est donc pas une dynamique religieuse, c’est d’abord un problème de visibilité et d’espace. Déjà dans les textes saints, la peur ap-paraît comme une motivation incitant les gens à croire en une divinité. Dans les textes saints des trois religions mo-nothéistes, je n’ai pas souvenir qu’on y profère des menaces. Les textes sont avant tout rédigés par des humanistes. Mais on parle tout de même de pa-radis et d’enfer, pour ne citer que cet exemple, une notion qui permet de susciter de l’espoir mais aussi de la crainte. Oui, c’est vrai mais la notion d’enfer et de paradis est plus récente que les écrits, cependant ce n’est pas si dif-férent du code pénal, à la différence que les règles aujourd’hui sont votées avant d’être décrétées. Je pense que les religions veulent répondre à la peur et s’organiser. Du moins c’est ce qu’on lit dans les textes fondamentaux. Le pouvoir politique s’est emparé de ces notions et applique les préceptes reli-gieux de manière sociétale. Mais dans le Coran, la Bible et la Thora, le mes-sage de Dieu est accentué sur la misé-ricorde.

LA CRAINTE N’INSPIRE PAS CONFIANCE EN DIEU,

MAIS POUSSE AU COMMUNAUTARISME

"L'horreur de ces événements poussent les personnes

a douter de leur propre identité " «

Paul Dalas

Johanne-Eva Desvages

Patrick Banon est un écrivain et essayiste, spécialisé en science des religions et système de pensées, notamment dans l’étude des mono-théismes. Il est égale-ment le directeur de l’Institut des sciences de la diversité.

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David Hernandez

Société

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Dans une Eglise catholique en crise depuis des années, l’arrivée du pape François a in-sufflé un élan nouveau. Le souhait est d’en finir avec les anciennes pratiques et faire place à une Eglise en adéquation avec son temps. Une idée qui a dû mal à s’imposer comme on peut le constater à l’église Sainte Blandine de Lyon.

SAINTE-BLANDINE La jeunesse au pouvoir

Charline Bakowski

Il était une foi...

Serena Williams, Patti Smith, Prince ou en-core les enfants de

Michael Jackson, tous ont un point commun : ils sont témoins de Jéhovah. Outre ces célébrités, ce sont plus de 250 000 fidèles en France et plus de 8,2 millions dans le monde entier, en 2015. Mais que se cache derrière cette croyance qui regroupe autant de sympathisants ? Aujourd’hui considérée comme la troisième religion chrétienne de France, cette dernière a réellement vue le jour, dans notre pays, grâce à Léon Blum. Alors persécutés par le régime nazi puisqu’il refusait leurs convictions religieuses, Léon Blum, qui les avait connus dans les camps de concentration, a alors déclaré : « J’accepte volontiers d’être témoin des Témoins de Jéhovah. »

Une religion aux grandes spécificités

Les témoins de Jéhovah sont principalement connus pour leur action de porte à porte. Appelé « prédication », c’est pour eux la meilleure façon de montrer tout l’amour porté à son prochain. Hor-mis cela, les témoins de Jéhovah ne s’autorisent pas non plus tout type de jeux d’argent, s’interdisent le sexe avant le mariage ou encore les transfusions sanguines. En ef-fet, historiquement, les témoins de Jéhovah ont toujours refusé de manger des aliments faits à partir de sang. Aujourd’hui, les choses ont quelque peu changé, ils acceptent désormais de fran-chir les portes d’un hôpital. Mais malgré cette évolution dans leur confiance aux pratiques médici-nales, ces derniers n’acceptent toujours pas de se faire transfuser. Ils considèrent même cette pra-tique comme un véritable péché.

Leur place dans la société

« Séparé du monde ». Voilà quel serait le leitmotiv des témoins de Jéhovah. En effet, ces derniers ne fêtent ni les anniversaires, ni le nouvel an, ni Pâques et encore moins Noël. C’est notamment ce qui explique que ces derniers sont souvent considérés comme une secte. Ils refusent un grand nombre de pratiques sociales, et s’obligent également une neutra-lité politique. La sportive Serena Williams, s’interdisant de voter, a tout de même déclaré : « Je ne me mêle pas des affaires politiques à cause de mon éducation, et du fait que je suis témoin de Jéhovah, mais je me réjouis de la victoire de Barack Obama. » De la même manière qu’il leur est recomman-dé de limiter leurs contacts avec le monde extérieur, il leur est même interdit de fréquenter un ex-té-moin de Jéhovah, aussi appelée « ex-communication ».

Une religion chrétienne, mais qui s’appuie sur un livre saint autre que la Bible ©Prudumediax

Arrivés depuis l’outre-Atlantique, ces « étudiants de la Bible » ont vu le jour en Pennsylvanie dans les années 1870. Charles Taze Russell en serait le précurseur avec ses études de la Bible, qui sont aujourd’hui devenues des doctrines des témoins de Jéhovah. Ces derniers se proclament pro-christianisme mais sont généralement considérés comme une secte, alors qui sont-ils réellement ?

«Ne jamais se contenter de dire : on a toujours fait comme ça. » Ces paroles,

prononcées par le pape Fran-çois, l’église Sainte Blandine s’at-tache à les respecter. Véritable Ovni au sein de la communau-té catholique lyonnaise, l’église Sainte Blandine est en mutation depuis maintenant quatre ans, tout comme son quartier dans le 2ème ar-rondissement. Face au re-nou« de nom-breuses églises f r a n ç a i s e s , dont une près de Bordeaux, viennent s’imprégner de l’at-mosphère veau du quartier de la Confluence, le diocèse s’est mis en tête de « ramener les fidèles à l’église » et de se remettre en question. La nomination du père David Gréa rentre dans cette op-tique et, en quatre ans, l’assis-tance est passé de 150 à 1 000, essentiellement des jeunes,

pour les messes du dimanche soir. Mais comment arriver à ce résultat ? Pour Caroline le Gallic, membre de l’équipe as-sociative de l’église, « il a fallu repenser tout par le bas ». Au cours de voyages, le Père Gréa a pioché des idées à droite et à gauche : les Etats-Unis et leur folie des grandeurs, no-tamment au sein de l’église

p r o t e s t a n t e de Rick War-ren, mais aussi la Holy Trinity B r o m p t o n , église angli-cane inventeur du parcours Al-

pha (à retrouver sur 10dumat.iscpalyon.com). Une église 2.0 qui est la volon-té du diocèse de Lyon, qui avait financé, en mai 2015, un « hac-katon » pour imaginer l’église de demain. Une démarche qui suit l’exemple du pape François et de son compte Twitter qui avait fait grand bruit au moment de sa

création. À Sainte Blandine, fini donc le temps des messes tra-ditionnelles, elle se transforme en une sorte de concert. Les chants à l’orgue font place à des rythmes plus dynamiques à coup de guitare, piano et batterie. Le tout réalisé par un groupe de musiciens, les Glo-rius. Une ambiance qui peut « déranger il est vrai » car trop intrusive et folklorique pour les personnes âgées qui se di-rigent alors vers Saint-Nizier.

Difficile de changer les coutumes

Malheureusement, le renou-vellement du quartier et de la population ne fait pas que des heureux. L’utilisation de Snapchat, instaurée par le « Père rock’n’roll Gréa », du-rant les messes par exemple, pose un problème pour les anciennes générations comme Jeanne, fidèle à Corbas qui

dénonce : « Les jeunes (sont) toujours sur leur portable, on peut bien faire l’effort pour une heure. » Les gens ont peur de se remettre en question et pré-fèrent rester dans le cocon. Et pas seulement les fidèles, les prêtres sont mis en cause aussi : « Il y a beaucoup de prêtres à Lyon qui ne veulent pas s’éloi-gner de la messe traditionnelle. » Une remarque de Caroline le Gallic qui explique le manque d’exemple à Lyon, mise à part Sainte Blandine. La mission du diocèse de Lyon est un travail de longue haleine qui ne pour-rait jamais aboutir. Pourtant, le mouvement rock’n’roll de l’église Sainte Blandine serait en cours d’expansion car « de nombreuses églises françaises, dont une près de Bordeaux, viennent s’imprégner de l’at-mosphère et la décline dans leur paroisse ». À Lyon, la pa-roisse de Gerland pourrait bien être la suivante, de nombreux fidèles essayant de l’importer.

Qui est Jéhovah ?

« Yahvé » dans la Bible de Jérusalem, en France, « Jéhovah » est

le nom que Dieu lui-même se serait donné. En effet, ce terme est employé plus de 6 000 fois dans la Bible. Les témoins de Jéhovah croient ainsi en ce Dieu unique, qu’il appelle Jéhovah. Tous se considèrent ainsi comme des serviteurs du Dieu Jéhovah. Pour eux, Jésus-Christ n’est pas Dieu, mais le fils de Dieu et serait ainsi la toute première créature, avant Adam. Satan, quant à lui, serait à l’origine un ange créé par Jéhovah et qui se serait rebellé. Rejetant la Trinité, considérant le Saint-Esprit comme la force de Dieu, les témoins de Jéhovah n’ont donc pas les mêmes convictions que les autres religions chrétiennes.

LES TÉMOINS DE JÉHOVAH

Sainte-Blandine, vide en semaine : un contraste avec la messe du dimanche © D.Hernandez

« "De nombreuses églises françaises

viennent s'imprégner de l«atmosphere "

Le quiz de la rédac

QUESTION 1 QUESTION 2

QUESTION 3 QUESTION 4

REPONSE 3 : B- SON PÈRE - Il est considéré comme l’un des personnages majeurs des religions juive, chrétienne et musulmane. Il est appelé « le Père des croyants » car il fait confiance à Dieu en toute circonstance. Il serait le premier patriarche de la Bible. Alors âgé de 99 ans, Dieu lui propose de quitter son pays pour une terre inconnue et lui promet de nombreux descendants. Abraham garde confiance et la promesse s’accomplit : sa femme Sara donne naissance à Isaac (souvent appelé Ismaël dans le Coran).

REPONSE 4 : A- Friedrich Nietzsche. L’expres-sion est popularisée dans son poème « Ainsi par-lait Zarathoustra », qui se présente comme un Antéchrist, c’est-à-dire une Bible à l’envers. Pour Nietzsche, Dieu n’est pas compatible avec la digni-té de l’homme et l’affirmation de la vie. Sans Dieu, l’Homme ne reçoit donc ni d’instruction ni de mo-rale à appliquer. Selon le philosophe, la mort de Dieu est la condition de libération de l’homme.

REPONSE 2 : A- Gaspard, Melchior et Bal-thazar. Ils apparaissent dans un épisode de l’Evangile selon Matthieu. Guidés par une étoile pour rendre hommage à Jésus lors de sa naissance, ils viennent de « l’Orient » pour lui apporter trois présents : l’or (offert par Melchior), l’encens (offert par Gaspard), la myrrhe (offerte par Balthazar). La galette des Rois que les chré-tiens mangent le 6 janvier correspondrait à la date à laquelle les Mages seraient passés dans la crèche.

REPONSE 1 C. LA FÊTE - L’Aïd-el-Kébir (fête du sa-crifice) est l’une des fêtes les plus importantes de l’islam. Elle symbolise la soumission d’Abraham et de tout croyant à Dieu. Elle a lieu le 10e jour du dernier mois du calendrier musulman et marque la fin du pèlerinage de la Mecque. Ce jour-là, les mu-sulmans doivent égorger un mouton dans le but de commémorer le sacrifice d’Abraham. De leur côté, les juifs le commémorent lors du nouvel an.

ntio

Que signifie le mot « aïd » dans l’islam ?

Quel sont les prénoms des trois Rois mages, visiteurs lors de la naissance

de Jésus ?

Qui est Abraham par rapport à Isaac ?

Qui a dit « Dieu est mort » ?

A- Son filsB-Son pèreC- Son frère

A- Friedrich Nietzsche B- Jean-Paul Sartre

C- Karl Marx

A- La fidélitéB- La mortC- La fête

A- Gaspard, Melchior et BalthazarB- Estéban, Balthazar et Melchior

C- Balthazar, Gaspard et Nathanaël