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100 QUESTIONS QUE L ’ON NOUS POSE

100 questions que l'on nous pose

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Nouvelle et quatrième édition du "100 questions"

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100QUESTIONSQUE L’ON

NOUS POSE

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100QUESTIONSQUE L’ONNOUS POSECette nouvelle et quatrième édition du « 100 questions »intervient dans une période charnière pour les entreprises du médicament.

Elles gèrent, en effet, une reconfiguration complète de leur modèle. De nouvelles règles du jeu apparaissent, modifiant en profondeur leurs relations avec les patients, les chercheurs, les citoyens, les pouvoirs publics, les investisseurs et … les concurrents.

Cet opus ne se cantonne pas à la description des mutations et des évolutions en cours ; il montre l’industrie du médicament dans son adaptation à la nouvelle donne. La déclinaison des 100 questions se conçoit comme une « mise en situation » des forces, des acteurs et des ressources en présence.

Une lecture dynamique d’une industrie qui est un atout pour la France.

Christian Lajoux Président des Entreprises du Médicament

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Sommaire

Les Françaiset leurs Médicaments

La Recherchede Médicaments

L’Économiedu Médicament

Les Entreprisesdu Médicament

et la Société

Maladies etMédicaments

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DIC

AM

EN

TS

LES FRANçAISET LEuRS MÉDICAMENTS

1 Quelles sont les étapes de la vie d’un médicament ?

2 Les Français ont-ils confiance dans leurs médicaments ?

3 Quels sont les médicaments les plus vendus ?

4 Comment la sécurité des médicaments fabriqués est-elle assurée ?

5 Comment la qualité des matières premières des médicaments est-elle contrôlée

et préservée ?

6 Pilules, comprimés, sirops, gélules…Pourquoi trouve-t-on autant de formes

pharmaceutiques différentes ?

7 Pourquoi les notices semblent-elles si compliquées aux patients français ?

8 Pourquoi, en France, les médicaments ne sont-ils pas vendus en grande surface ?

9 Les médicaments d’automédication sont-ils des médicaments comme les autres ?

10 Peut-on acheter ses médicaments sans risque sur Internet ?

11 Les médicaments peuvent-ils circuler librement dans l’Union européenne ?

12 Risque-t-on de faire face à des « pénuries » de médicaments ?

13 Quelles sont les relations des Français avec leurs médicaments ?

14 Comment améliorer l’observance ?

15 Les Français consomment-ils trop de médicaments ?

16 Génériques, biosimilaires : ces copies de médicaments sont-elles fiables ?

17 Y a-t-il des médicaments spécifiquement conçus pour les enfants ?

18 Médicaments homéopathiques : quelle place ont-ils en France ?

19 Faut-il encore se faire vacciner ?

20 Les antibiotiques, c’est fini ?

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L E S F R A N ç A I S E T L E u R S M É D I C A M E N T S

100 QUESTIONS QUE L’ON NOUS POSE - JUIN 2012

5

DIC

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Un médicament est un bien de santé qui sauve des vies, il n’est jamais anodin. C’est un produit actif, qui agit sur le fonctionnement de l’organisme ; c’est un produit

complexe avec, bien sûr, un bénéfice attendu, mais aussi, souvent, des effets indésirables, bénins ou plus graves. Les études cliniques permettent de détecter

les effets indésirables les plus fréquents, d’évaluer le rapport bénéfice/risque et également les critères de surveillance pour certains profils de patients.

Les biomarqueurs compagnons sont de plus en plus utilisés à des fins de sélection de patients éligibles aux traitements : c’est l’avènement de la médecine personnalisée.

1

Quelles sont les étapes de la vie d’un médicament ?

Le médicament n’est pas un produit anodin. Il répond à une définition précise, obéit à une réglementation très stricte, et s’inscrit dans un circuit hautement qualifié et surveillé. Le médicament est l’un des produits de consommation les plus encadrés, si ce n’est le plus encadré. Depuis sa mise au point en recherche jusqu’à sa mise sur le marché et à l’information qui en est donnée, en passant par sa fabrication, de nombreuses réglementations encadrent toutes les étapes de sa vie.En France, l’application de ces réglementations est du ressort des autorités de santé, l’ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé). Cependant, le médicament évolue dans un contexte réglementaire de plus en plus européen.

le chiffre

10 000 molécules ciblées,

10 candidats médicaments,

1 médicament.

Le cycle du médicament

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100 QUESTIONS QUE L’ON NOUS POSE - JUIN 2012

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2

Les Français ont-ils confiance dans leurs médicaments ?

(1 et 2) Étude réalisée entre le 20 et le 24 janvier 2012 par Ipsos auprès de son Access Panel on-line (par Internet) en France, Allemagne, Espagne, États-Unis, Royaume-Uni, Suède auprès d’échantillons de 1000 individus représentatifs de la population nationale. Échantillons construits selon la méthode des quotas : sexe, âge et région (ainsi que la profession du chef de ménage, la taille du foyer et la catégorie d’agglomération pour la France). Résultats complets sur : www.leem.org (3) Christian Lajoux. Président du Leem. Conférence de presse. 12 mars 2012.

Les Français ont confiance dans leurs médicaments. C’est ce qui ressort d’un sondage réalisé en janvier 20122. En dépit de l’affaire Mediator®, les entreprises du médicament gardent une image plutôt positive auprès d’une majorité de Français (60 %). Elle est meilleure que celle d’autres secteurs (51 % pour l’agro-alimentaire, 40 % pour la grande distribution, 25 % pour la banque-assurance), à égalité avec les télécommunications (61 %), derrière l’automobile (69 %) et le bâtiment (74 %).

le chiffre

84 % des Français

ont confiance dans lesmédicaments1.

État des lieux : confiance préservée mais image érodéeLa confiance des Français dans les médicaments reste stable et forte à 84 % (+ 2 points par rapport à 2011), 16 % seulement (-1 point) ne leur faisant pas confiance. L’ordonnance et le remboursement accroissent significativement cette confiance : 95 % des Français font confiance aux médicaments délivrés sur ordonnance, contre 70 % pour les médicaments sans ordonnance. On observe la même tendance si l’on compare la confiance accordée aux médicaments remboursés (94 %) et non remboursés (77 %).

Pour 95 % des Français, les entreprises du médicament jouent un rôle important en matière de découverte de nouveaux traitements (27 % estimant ce rôle « plutôt important », 41 % « très important » et 27 % « primordial »).

Seule une courte majorité (51 %) juge que les médicaments sont mieux contrôlés qu’il y a vingt ans ; beaucoup plus (66 %) pensent néanmoins qu’ils le seront davantage dans vingt ans. Même scepticisme en matière de risque : seuls 38 % estiment que les médicaments sont moins risqués qu’il y a vingt ans (19 % davantage et 43 % autant) ; mais une plus grande partie (50 %) pense qu’ils seront moins risqués dans vingt ans.

Pistes d’avenir : plus d’informations et de réponsesLes Français souhaitent davantage d’informations sur les médicaments qu’ils prennent. Près de 4 Français sur 10 (39 %) déclarent que les médecins ne donnent pas suffisamment d’informations sur les médicaments qu’ils prescrivent.

78 % des Français vont collecter des informations supplémentaires, en priorité (58 %) sur les effets secondaires. Ils vont généralement rechercher ces informations sur la notice (59 %), sur Internet (53 %), et auprès de leur pharmacien (43 %).

Les Français s’inquiètent de l’avenir de la qualité des soins. 95 % d’entre eux considèrent comme des menaces « l’augmentation des tarifs des mutuelles », le « déficit de la Sécurité sociale (94 %) », le « problème de la dette et du déficit public » (93 %), « la pénurie de médecins » (92 %), le « coût des nouveaux traitements » (91 %), la « contrefaçon de médicaments » (90 %) et le « déremboursement de certains médicaments » (88 %).

« Cette étude montre que la société conserve une opinion positive sur nos produits et sur notre contribution au progrès thérapeutique. En revanche, il persiste

un décalage entre la perception des Français et la réalité de nos entreprises, qui nous conduit à pousser plus loin nos efforts d’information et de transparence3 ».

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TS L E S F R A N ç A I S E T L E u R S M É D I C A M E N T S

3

Quels sont les médicaments les plus vendus1 ?

(1 et 2) Fiche extraite du rapport d’expertise de l’Afssaps (Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé). « Ventes de médicaments aux officines et aux hôpitaux en France ». Chiffres clés 2010. Publié en septembre 2011. Disponible sur le site Internet de l’ANSM (http://ansm.sante.fr). (3) Répertoire des spécialités ANSM - 13/01/2012. (4) Vfa Research - based pharmaceutical companies - 01/02/2012. (5) Agencia espanola de Medicamentos y productos sanitarios - 02/02/2012. (6) Farmadati Italia - 06/02/2012. (7) The Electronic Medicineo Compendium (EMC-07/02/2012).

En quantité

Après les antalgiques viennent les médicaments des voies digestives et du métabolisme (A), qui regroupent des classes de médicaments largement utilisés, tels que les médicaments pour les troubles de l’acidité (A02, qui incluent les anti-ulcéreux), les médicaments pour les troubles fonctionnels gastro-intestinaux (A03) et aussi les médicaments du diabète (A10).

Le marché officinal et le marché hospitalier demeurent très différenciés. À l’hôpital, les médicaments les plus vendus sont les anticancéreux (antinéoplasiques), les médicaments contre le VIH et les médicaments contre les maladies rares. 50 médicaments orphelins sont disponibles en France.

Décomposition par classes des médicaments vendus aux officines en 2010

En valeurLes médicaments du système cardiovasculaire, dont les prix sont généralement supérieurs à la moyenne, occupent le premier rang devant les médicaments du système nerveux, qui sont peu onéreux dans leur ensemble.

À l’opposé, les médicaments antinéoplasiques et les immunomodulateurs (L) se caractérisent par une part de marché importante en valeur, mais très faible en quantité. Il s’agit de médicaments dont le prix de vente est parfois très élevé.

A Voies digestives et métabolisme

B Sang et organes hématopoïétiques

C Système cardiovasculaire

D Dermatologie

G Système génito-urinaire et hormones sexuelles

H Hormones systémiques

J Anti-infectieux

L Antinéoplasiques et immunomodulateurs

M Muscle et squelette

N Système nerveux

P Antiparasitaires et insecticides

R Système respiratoire

S Organes sensoriels

V Divers

En 2010, 10 4963 spécialités pharmaceutiques étaient disponibles sur le marché français contre 10 180 en Allemagne4, 10 901 en Espagne5, 13 531 en Italie6

et 4 963 au Royaume-Uni7.

0 %A B C D G H J L M N P R S V

5 %

10 %

15 %

20 %

25 %

30 %

35 %Valeur

Quantité

En quantité, ce sont les médicaments du système nerveux (N) qui sont les plus achetés. Leur part de marché s’explique notamment par le poids très important des antalgiques dans la consommation pharmaceutique.

En valeur, la répartition du marché est différente parce qu’elle est pondérée par les prix de vente des médicaments, qui varient fortement selon les classes.

le chiffre

3antalgiques arrivent en

tête des médicaments les plus vendus en France2.

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Comment la sécurité des médicaments fabriqués est-elle assurée ?

(1) Chiffres DAS. Direction des affaires scientifiques du Leem. 4 mai 2012. ansm.sante.fr (2) Chiffres ANSM (ex-Afssaps). 2011.

Un médicament est un bien de santé qui sauve des vies mais il n’est jamais anodin : c’est un produit actif qui agit sur le fonctionnement de l’organisme. C’est aussi un produit complexe avec un bénéfice attendu, et souvent des effets indésirables, bénins ou plus graves.

En France, c’est l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) qui est en charge de l’évaluation et du suivi des effets indésirables.

le chiffre

361

médicaments ou familles de médicaments font l’objet d’une surveillance renforcée,

dont 16 sont en cours de réévaluation

du rapport bénéfice/risque.

État des lieux On ne peut pas empêcher la survenue d’un événement indésirable imprévu après la commercialisation : effets rares observables uniquement à l’échelle d’un plus grand nombre de patients ; effets dus à certaines associations médicamenteuses, à un mésusage.

Les législations, tant européennes que nationales, ont renforcé la surveillance des médicaments en autorisant la notification des effets indésirables par les patients directement aux autorités de santé sans intervention ou validation d’un médecin et en renforçant les moyens et pouvoirs de l’ANSM.

Certains nouveaux médicaments, utilisant de nouveaux modes d’action et/ou destinés à prendre en charge des pathologies pour lesquelles il n’existait pas de solutions thérapeutiques, font l’objet d’une surveillance accrue de la part de l’ANSM et de l’entreprise.

Pistes d’avenir Depuis le 31 janvier 2011, l’ANSM publie sur son site Internet une liste de médicaments faisant l’objet d’une surveillance renforcée dès le début ou au cours de leur commercialisation, ou d’une réévaluation du rapport bénéfice/risque.

La présence d’un médicament sur cette liste ne remet nullement en cause son rapport bénéfice/risque. Elle est au contraire une garantie pour les patients.

Elle signifie qu’une surveillance particulièrement proactive de ce médicament est organisée, à travers notamment des enquêtes de pharmacovigilance ou le suivi d’un plan de gestion des risques.

Suspensions, retraits d’autorisation de mise sur le marché et arrêts de commercialisation pour raisons de pharmacovigilance en France :

4 en 2009, 11 en 2010, 7 en 20112.

Les entreprises du médicament participent au renforcement de la pharmacovigilance et à la mise en place d’une surveillance renforcée du médicament

Elles souscrivent à l’adoption en décembre 2011 de la directive 2010/84/UE relative au renforcement de la pharmacovigilance en Europe.

Elles sont en attente du décret d’application de la loi 2011-2012 relative au renforcement de la sécurité sanitaire du médicament et des produits de santé (dite « Loi médicament »).Décret qui transpose la directive en ajoutant dans le code de la santé publique les grands

principes de la pharmacovigilance, les sanctions qui peuvent être prises en cas de non-respect des règles de la pharmacovigilance ainsi que l’obligation pour les professionnels de santé de déclarer les effets indésirables.

Elles se préoccupent de l’organisation de la notification des effets indésirables directement par les patients : l’absence de confirmation obligatoire par un médecin se traduit parfois par des déclarations incomplètes.

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Comment la qualité des matières premières des médicaments est-elle contrôlée et préservée ?

La qualité des matières premières est d’une importance majeure pour garantir la qualité des médicaments, et l’industrie y porte une attention toute particulière. Elle développe ses outils de gestion du risque qualité et supporte les initiatives européennes de contrôle et d’inspection gérées par l’Agence européenne des médicaments (EMA) et par la Direction européenne de la qualité du médicament et des soins de santé (DEQM).

État des lieux Les normes de bonnes pratiques de fabrication ne sont pas harmonisées dans le monde. Or, certains pays – l’Inde ou la Chine, notamment – sont les principaux fournisseurs de principes actifs du fait de la baisse régulière du prix de vente des médicaments qui pousse les industriels à s’approvisionner hors d’Europe.

Les matières premières non fabriquées en Europe doivent répondre aux normes de qualité des pays dont elles proviennent.

L’importation en Europe de matières premières provenant de pays tiers impose que la qualité soit conforme à celle qui est décrite dans la Pharmacopée européenne ou dans le dossier d’autorisation de mise sur le marché du médicament, d’où la nécessité de mettre en place des mécanismes de vérification de la qualité renforcés.

L’encadrementDes inspections en dehors de France sont régu-lièrement réalisées par les autorités européennes et par les autorités locales, mais la mondialisation conduit à une multiplication des d’acteurs intervenant dans la fabrication des matières premières, si bien qu’il est impossible d’inspecter régulièrement toute la chaîne de fabrication de toutes les matières.

Une directive européenne « anti-falsification », publiée le 1er juillet 2011, prévoit l’établissement d’une liste de pays tiers « équivalents », dans lesquels les standards de bonnes pratiques de fabrication auront été évalués et jugés équivalents aux nôtres ; l’approvisionnement en matières premières dans des pays non listés devra être tout particulièrement surveillé et contrôlé.

La DEQM est impliquée dans le programme pilote international d’inspection des substances actives à usage pharmaceutique depuis sa création par l’EMA fin 2007. Il a pour but d’optimiser les ressources d’inspection grâce à l’échange d’informations et à la réalisation d’inspections conjointes.

Pour les principes actifs, une obligation d’audit des fournisseurs par les laboratoires fabricants des médicaments va se généraliser. Cet audit, dont la périodicité

est à définir, se fera au cas par cas, selon la disponibilité ou la carence éventuelle de la matière première.

Les entreprises du médicament s’organisent pour déceler les éventuels défauts

Elles essayent d’anticiper au maximum les risques potentiels en renforçant les contrôles in situ en pays tiers (audits) et en sécurisant les circuits d’approvisionnement et de distribution pour éviter l’introduction de falsifications lors des transferts.

Elles contrôlent de manière approfondie les

matières premières à réception pour déceler les éventuelles non-conformités avant mise en fabrication.

Elles envisagent, à chaque fois que c’est possible, pour les matières premières essentielles, un « multi-sourcing », avec un site en Europe, pour éviter les ruptures d’approvisionnement.

le chiffre

80 %des substances actives

pharmaceutiques utilisées en Europe sont fabriquées hors Espace économique

européen.

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Pilules, comprimés, sirops, gélules… Pourquoi trouve-t-on autant de formes

pharmaceutiques différentes ?

(1) « Le Pharmacien de France », n° 1204. Décembre 2008. (2) Sondage IPSOS pour le Leem. Janvier 2012. Observatoire sociétal Ibid.cité.

Pour devenir médicament, un principe actif doit être présenté sous une forme stable et être d’une administration aussi aisée que possible. Grâce à la galénique, ou l’art de préparer un principe actif pour le rendre administrable par le patient sous une forme adaptée, l’industrie du médicament propose les formes les plus faciles à ingérer et à supporter.

État des lieux Il existe des formes galéniques « classiques » (comprimés, sachets, ovules) et des formes originales capables de modifier la diffusion de la substance active dans l’organisme (exemple des comprimés gastrorésistants ou des comprimés orodispersibles) ; ou d’acheminer avec précision une substance active auprès de son site d’action (exemple des liposomes, vecteurs qui amènent le médicament à l’intérieur de la cellule).

C’est la forme galénique qui déterminera le profil ADME (absorption, distribution, métabolisme, élimination) d’un médicament.

Les noms des formes pharmaceutiques ont été harmonisés en Europe afin d’éviter les confusions et éventuellement les erreurs de manipulation.

Pistes d’avenir La formulation galénique constitue une voie de recherche primordiale pour les industriels tant par son analyse des compatibilités entre principes actifs et excipients que par les procédés qu’elle met en œuvre : pulvérisation, granulation, enrobage, dessication, lyophilisation, tamisage, compression...

Les approches développées par des équipes pluridisciplinaires, associant pharmaciens, ingénieurs, pharmacologues et cinéticiens, permettent aujourd’hui de relever de nouveaux défis en utilisant des technologies non conventionnelles (dispersion solide, nanosuspension...) qui augmentent la solubilité et la biodisponibilité.

Les entreprises du médicament accordent la plus grande attention à la galénique

Elles aromatisent1 les médicaments pour favoriser l’observance en masquant le goût de certaines bases pharmaceutiques, une opération qui complexifie la formule – stabilité, méthodes analytiques, compatibilité...

Elles recherchent de nouvelles voies pour aider les molécules à franchir la barrière hémato-

méningée afin d’atteindre directement les cellules nerveuses.

Elles s’intéressent aux technologies d’autres secteurs industriels comme l’agroalimentaire pour développer, par exemple, des pâtes à mâcher sans eau contenant de grandes quantités de principes actifs.

le chiffre

80 %des médicaments

s’administrent par voie orale.

Parmi 10 formes galéniques testées 2, les Français marquent clairement leurs préférences : arrivent en tête les crèmes et pommades (73 % les trouvent agréables)

et les sirops (72 %), suivis des gélules/comprimés (61 %). À l’inverse, les sprays (33 %), les gouttes pour les yeux et les oreilles (20 %), les piqûres (11 %) ou les suppositoires (7 %) sont parmi les moins appréciés.

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11

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Pourquoi les notices semblent-elles si compliquées aux patients français ?

(1) Chiffre extrait de l’enquête Ipsos réalisée pour le Leem. Janvier 2012. Ibid.cité.

Les médicaments sont des produits « high-tech ». Parce que leur utilisation est parfois complexe, les industriels fournissent toutes les informations nécessaires à leur bon usage sur les notices incluses dans leurs boîtes d’emballage. La notice est la traduction dans un langage adapté aux patients de l’ensemble des informations contenues dans le résumé des caractéristiques du produit (RCP) qui comporte notamment les renseignements suivants : forme pharmaceutique, effets indésirables, contre-indications, précautions de conservation...

État des lieux La notice fait partie du dossier que soumettent les entreprises pharmaceutiques aux autorités de santé avant la mise sur le marché d’un médicament.

Comme les autres éléments de ce dossier, elle est évaluée par les experts de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) et doit résumer le bilan détaillé des bénéfices et des risques liés à l’utilisation du médicament.

C’est donc davantage qu’un simple « mode d’emploi » qui est mis à la disposition du patient. Pour chaque spécialité pharmaceutique, la notice contient obligatoirement les rubriques suivantes : composition, indications thérapeutiques, énumération des informations nécessaires avant la prise du médicament, instructions nécessaires au bon usage, description des effets indésirables, conditions de conservation.

Pistes d’avenir Une vraie volonté de clarification réalisée par étapes successives a permis de faire évoluer la rédaction et la compréhension des notices : utilisation de caractères de taille et de police faciles à lire, rédaction de paragraphes et de phrases courtes, recours à des interlignes et des espacements suffisants.

Les industriels se livrent à des tests de lisibilité auprès de groupes « cibles » de patients pour s’assurer qu’ils sont capables, d’une part de trouver l’information (lisibilité), d’autre part de la comprendre (clarté) et enfin de la mettre en application (facilité d’utilisation).

Les industriels doivent faire figurer sur l’emballage de tous les médicaments le nom et le dosage en braille et fournir, sur demande, des notices adaptées aux malvoyants.

Le RCP (résumé des caractéristiques du produit) et les notices sont accessibles au grand public sur les sites Internet de l’Agence européenne des médicaments

(EMA) et de l’ANSM.

Les entreprises du médicament cherchent à améliorer la lisibilité des notices pour tous

Elles actualisent leurs notices : la notice est modifiée chaque fois que des connaissances nouvelles sur le médicament nécessitent d’informer le patient, et elle doit comporter la date d’actualisation.

Elles rédigent un document spécifique pour les professionnels de santé : un résumé de toutes les données scientifiques connues relatives au

médicament est repris dans un document plus détaillé destiné aux professionnels de santé.

Elles doivent désormais réaliser auprès des patients des tests de lisibilité pour les nouvelles autorisations de mise sur le marché (AMM), les renouvellements d’AMM ou les changements substantiels de la notice.

le chiffre

59 %1

des Français recherchent des informations complémentaires

sur leur traitement en lisant la notice.

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Pourquoi, en France, les médicaments ne sont-ils pas vendus en grande surface ?

(1) Chiffres 2011 disponibles sur le site de l’Ordre national des pharmaciens (www.ordre.pharmacien.fr). (2) Communiqué de presse. Ordre national des pharmaciens. 30 mars 2012. « La collaboration étroite entre les trois syndicats représentatifs de la profession a abouti à un résultat concret ».

En France, pour des raisons de santé publique, la pharmacie d’officine détient le monopole de la vente de médicaments. Il est donc actuellement interdit de vendre des médicaments en dehors d’une pharmacie. Le pharmacien peut, s’il le souhaite, mettre à disposition des patients certains médicaments d’automédication en libre accès.

État des lieux En France, seul un pharmacien peut être propriétaire d’une pharmacie. Les pharmaciens d’officine représentent 75,6 % de l’ensemble des pharmaciens inscrits à l’Ordre national des pharmaciens.

Le pharmacien d’officine est le seul professionnel de santé autorisé à dispenser des médicaments. Ces médicaments peuvent être de prescription médicale obligatoire (81,7 % des ventes), de prescription médicale facultative (11,8 % des ventes) ou d’automédication (6,5 % des ventes).

On compte 55 059 pharmaciens d’officine en France (métropole et outre-mer) et une officine pour 2 800 habitants, assurant ainsi à tous un service de proximité.

Pistes d’avenir L’acte de dispensation du pharmacien d’officine consiste en une analyse pharmaceutique de l’ordonnance médicale, en la préparation d’éven-tuelles doses à administrer et en la délivrance de médicaments.

Son rôle va encore être renforcé2 pour accompagner notamment deux catégories de patients chroniques (asthmatiques et patients sous anticoagulants) et pour aider les personnes âgées à mieux appréhender les traitements dispensés sous forme de génériques.

La mission de santé publique du pharmacien d’officine est ainsi valorisée, conformément aux perspectives ouvertes par la loi HPST (Hôpital, patients, santé, territoires), par une rémunération spécifique versée par l’Assurance maladie.

Pour la première fois, en 2010, la croissance globale des effectifs de pharmaciens a marqué un point d’arrêt.

Les entreprises du médicament travaillent en étroite collaboration avec les pharmaciens d’officine

Elles s’appuient sur la compétence scientifique et la disponibilité de ces professionnels de santé.

Elles sont conscientes du rôle primordial des pharmaciens d’officine. Au sein de la chaîne de distribution, ils participent en effet à la sécurité, à la qualité et à la traçabilité

des médicaments et sont l’un des garants de la protection contre la contrefaçon.

Elles soutiennent le déploiement du dossier pharmaceutique (DP) dans la quasi-totalité des officines, la mise à disposition de sites dédiés à la qualité de la dispensation (Eqo, Meddispar) ou à l’accompagnement du patient (Cespharm).

le chiffre

On dénombre

22 9491

officines en France (métropole et outre-mer).

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Les médicaments d’automédication1 sont-ils des médicaments comme les autres ?

(1) Fiche établie à partir des chiffres publiés par l’Afipa. « pour une automédication responsable », disponibles sur www.afipa.org (2) Source Afipa baromètre 2011. (3) La liste complète des médicaments d’automédication peut être consultée grâce à ce lien : www.afssaps.fr/content/download/38023/499821/version/2/file/Med-Acces-Direct_Liste-complete_03012012.xls

Les médicaments d’automédication peuvent être utilisés sans l’intervention d’un médecin et sont disponibles en pharmacie sans ordonnance. C’est le pharmacien d’officine qui s’assure que le médicament est bien adapté au besoin du patient.

État des lieux L’automédication permet un accès rapide et facile aux médicaments pour traiter des pathologies mineures, bien connues de tous, dont le soulagement est souhaité sans délai (bouton de fièvre, maux de tête, toux, brûlures d’estomac, etc.).

Le médicament d’automédication a donc des indications thérapeutiques facilement reconnaissables par le patient. Il est présenté dans un petit conditionnement, avec une notice spéciale délivrant une information facilement compréhensible. Aux doses thérapeutiques recommandées, il ne présente pas de danger direct ou indirect lié à la substance active qu’il contient, même s’il est utilisé sans surveillance médicale.

Comme tous les médicaments, le médicament a une autorisation de mise sur le marché (AMM) et ne peut être acheté qu’en pharmacie.

Pistes d’avenir Jusqu’à septembre 2008, tous les médicaments, y compris ceux qui sont non remboursés ou vendus sans ordonnance, demeuraient installés « derrière le comptoir », hors de portée des patients.

Depuis cette date, 3593 spécialités pharmaceutiques, non remboursables sont disponibles en accès libre dans des espaces dédiés des officines. Ces médicaments, dits de « médication officinale », couvrent de nombreux domaines thérapeutiques. La liste des médicaments en libre accès est remise à jour régulièrement.

Les médicaments vendus sans ordonnance affichent, en 2011, une progression de +1,9 % des ventes en valeur, représentant un marché de 2,1 milliards d’euros. Le prix moyen d’un médicament d’automédication est de 4,36 euros.

Pour ces médicaments, la TVA est de 5,5 % (contre 2,1 % pour les médicaments remboursés).

Le marché de l’automédication en 2010 représente 419 millions d’unités vendues.

Les entreprises du médicament soutiennent l’automédication

Elles estiment qu’elle correspond à une responsabilisation du patient vis-à-vis d’affections bénignes et évite ainsi des consultations médicales.

Elles ont signé avec les officinaux un accord de bonnes pratiques commerciales relatif

à la transparence des prix des produits de médication officinale non remboursables.

Elles accompagnent les patients dans leur démarche d’automédication via leur site Internet. Elles sont d’ailleurs autorisées à s’adresser directement au consommateur sur les produits d’automédication.

le chiffre

Le marché de l’automédication

représente

6,4 %2

du marché des médicaments.

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Peut-on acheter ses médicaments sans risque sur Internet ?

(1) « Cracking Counterfeit Europe ». Étude réalisée par Norwood pour le compte de Pfizer Inc ; 14 000 hommes et femmes de 14 pays européens y ont participé. Cette enquête a été réalisée entre le 27 octobre et le 8 novembre 2009. (2) Office central de lutte contre les atteintes à l’environnement et à la santé publique. (3) Bulletin de OMS. Groupe spécial international de lutte anti-contrefaçon de produits médicaux (IMPACT). 2009.

Les produits de santé vendus sur Internet sont de qualité variable et totalement aléatoire. L’achat de médicaments en ligne est aujourd’hui une pratique dangereuse qui expose l’acheteur à de nombreux risques pour sa santé.

Il est donc conseillé de n’acheter ses médicaments que dans une pharmacie d’officine.

État des lieux De nombreux sites Internet proposent l’achat de médicaments, qu’il est très difficile de quantifier en raison de l’hébergement de ces sites en dehors du territoire national et de livraisons intervenant directement à domicile par le biais du fret express ou postal.

La vente sans contrôles ni conseils médicaux ou pharmaceutiques de médicaments authentiques présente de réels dangers : risques de contre-indications, d’interactions médicamenteuses, etc.

Entre 2001 et 2008, environ 40 cas de pharma-covigilance liés à la prise de médicaments achetés sur Internet ont été déclarés à l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM). Sur 38 cas recensés, 11 concernaient des achats de produits amaigrissants, 3 des anabolisants stéroïdiens, 8 des produits stimulants ou défatigants, notamment à base d’hormones.

Pistes d’avenir En France, les pharmaciens ont le monopole de la vente de médicaments. En dehors de l’officine, toute vente de médicaments est interdite : la vente de médicaments sur Internet est donc illicite et passible de sanctions notamment pour exercice illégal de la profession de pharmacien.

Depuis 2009, les autorités françaises (ANSM, Oclaesp2, douanes, etc.) participent à l’opération internationale Pangea coordonnée notamment par Interpol, dont l’objectif est de lutter contre la vente en ligne illicite de médicaments. En 2011, cette opération a permis d’identifier 171 sites Internet illégaux dont 12 localisés en France.

Mais la situation juridique française pourrait évoluer en raison de la transposition prochaine de la directive européenne sur les médicaments falsifiés, qui tend à harmoniser en Europe l’offre légale de médicaments de prescription médicale facultative (PMF) sur Internet.

Plus de 50 %3 des médicaments achetés sur Internet sont contrefaits.

Les entreprises du médicament veulent un contrôle strict de la cyberpharmacie

Elles souhaitent que l’activité de vente de médicaments soit incluse dans le monopole pharmaceutique et rattachée à une entité régulièrement autorisée sous la responsabilité d’un pharmacien.

Elles estiment nécessaire une clarification du cadre légal de la vente de médicaments pour être en conformité avec le droit communautaire

et encadrer l’offre de médicaments sur Internet pour garantir la santé des patients.

Elles sont particulièrement sensibles à la lutte contre la contrefaçon de médicaments, ainsi que tous les trafics de nature à mettre la vie et la santé des patients en danger. Dans ce sens, elles ont publié en 2006 un guide recensant les précautions d’utilisation d’Internet dans le domaine de la santé.

le chiffreEn Europe,

1 personne sur 51

,soit l’équivalent de 77 millions d’individus, reconnaît acheter

des médicaments délivrés uniquement sur ordonnance

en dehors des circuits autorisés.

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Les médicaments peuvent-ils circuler librement dans l’Union européenne ?

Ayant été autorisés selon des normes techniques et réglementaires communautaires, les médicaments peuvent circuler librement dans l’Union européenne (UE). Plus ou moins strictement encadrés, leurs prix varient d’un pays à l’autre.

Certains grossistes peuvent tirer profit de ces différences de prix dans le cadre d’un marché parallèle entre les pays de l’UE.

État des lieuxPour accéder au marché européen, tout médicament doit être titulaire d’une autorisation de mise sur le marché (AMM), délivrée selon les normes européennes. Les produits importés en provenance de pays hors UE doivent obtenir une autorisation d’importation et une AMM dans l’Union européenne.

Le médicament d’importation parallèle provient d’un autre État membre où il a reçu une AMM. Il est importé parallèlement au même médicament bénéficiant d’une AMM en France. Pour être commercialisé en France, il lui faut une autorisation spécifique d’importation parallèle (AIP) délivrée par l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM, ex-Afssaps).

En France, les produits d’importation parallèle proviennent essentiellement du Royaume-Uni, d’Espagne, d’Italie et du Portugal. La France reste surtout un pays d’exportation parallèle compte tenu des différences de prix existant.

EncadrementLe commerce parallèle résulte du principe de libre circulation des marchandises entre les États membres de l’UE élargie aux pays de l’Espace économique européen. Sa légalité a été confirmée par la Cour de justice de l’Union européenne dès 1976.

Le médicament d’importation parallèle doit répondre à toutes les exigences du pays d’importation, notamment les mentions obligatoires : adresse de l’importateur parallèle, notice et emballage conformes à la réglementation locale…

L’un des inconvénients de l’importation parallèle est la fraude. Le fabricant de médicaments ne peut pas contrôler le parcours de son médicament et le risque éventuel de contrefaçon.

Le RCP (résumé des caractéristiques du produit), l’étiquetage et la notice du médicament à AIP (autorisation d’importation parallèle) doivent être identiques

à celles du médicament à AMM, exception faite de mentions nouvelles à faire figurer comme le nom du titulaire de l’importation parallèle et du fabricant en charge

du « reconditionnement ».

Les entreprises du médicament se préoccupent de la sécurité des patients

Elles souhaitent une application stricte des autorisations d’importation et d’importation parallèles délivrées par l’ANSM. Si l’AMM d’un médicament est suspendue en France, l’autorisation du médicament d’importation ou d’importation parallèle associée l’est également.

Elles attirent l’attention sur les risques que fait courir le reconditionnement des spécialités

d’importation parallèle, reconditionnement effectué pour des raisons de conformité avec les éléments de la spécialité autorisée en France et avec le code de la santé publique.

Elles ne s’opposent pas à la légalité du commerce parallèle en vertu de la libre circulation des marchandises, à condition qu’il ne menace pas la sécurité des patients.

le chiffre

5 ansC’est la durée

de l’autorisation d’importation parallèle.

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Risque-t-on de faire face à des « pénuries » de médicaments ?

La période récente a été marquée par des problèmes d’approvisionnement de médicaments, qualifiés parfois – et de manière impropre – de « pénuries ». Attentifs à la sécurité sanitaire des patients, les industriels portent une attention toute particulière à cette question et travaillent avec les pouvoirs publics et les autres professions de santé afin d’apporter aux malades les médicaments qui leur sont nécessaires, et assurer la continuité de leurs traitements.

Les ruptures d’approvisionnement peuvent être liées à des difficultés industrielles, non prévisibles ; elles surviennent de manière ponctuelle lors d’une étape du process de

Les entreprises du médicament continueront de tout mettre en œuvre pour assurer le service au patient, même lorsque des prix plus élevés sur les marchés voisins incitent des intermédiaires à assécher le marché domestique au bénéfice de ces marchés.

Les entreprises du médicament constatent une augmentation des ruptures d’approvisionnement de certains médicaments, y compris des produits d’urgence, alors qu’ils sont livrés en quantités supérieures au besoin national.

La gestion de ce problème par les fabricants dans le cas particulier des antirétroviraux a montré que les entreprises du médicament peuvent

Si le médicament concerné est indispensable à la thérapeutique et sans équivalent disponible sur le marché, les entreprises du médicament font immédiatement part à l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) des difficultés rencontrées selon une procédure établie (formulaire

fabrication : constatation d’un défaut de qualité, rupture d’approvisionnement en matières premières ou encore défaillance de l’outil de production.

Certaines ruptures d’approvisionnement sont liées à des difficultés industrielles, d’autres résultent de décisions d’arrêt de commercialisation, mais dans la majorité des cas, elles peuvent être anticipées. Une concertation doit permettre d’évaluer le besoin de santé publique, les volumes nécessaires, l’ensemble des alternatives

thérapeutiques et les modalités d’approvisionnement et de distribution de ces médicaments.

mettre en œuvre dans l’urgence des modalités de distribution adaptées afin qu’un approvisionnement puisse malgré tout être effectué dans les plus brefs délais : stocks de dépannage au sein du laboratoire, circuits courts (Chronopost, livraison par taxi) et rapides (en vingt-quatre heures) de distribution, plateformes d’appels d’urgence (Le Leem a transmis à l’ANSM une liste de numéros d’appels d’urgence dédiés).

de déclaration, mail dédié) et l’informent de la date de la rupture d’approvisionnement et de sa durée probable. Elles étudient avec elle des solutions alternatives pour pallier l’absence de mise à disposition du/des médicament(s) visé(s).

Elles s’inquiètent cependant des reventes à l’étranger de médicaments destinés aux patients français par des acteurs n’ayant ni une culture de professionnels de santé, ni une responsabilité pharmaceutique dans la chaîne du médicament.

le chiffre

7j/724h/24

C’est l’accessibilité des plateformes d’appels

d’urgence.

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Quelles sont les relations des Français avec leurs médicaments ?

(1 et 2) Premier observatoire sociétal du médicament. TNS Sofres pour le Leem. Janvier 2011. À partir de l’ensemble des résultats de cette enquête, TNS Sofres a réalisé une analyse typologique, méthode statistique ayant pour objet de rassembler des individus similaires (dont les opinions, les représentations et les comportements déclarés sont très proches) dans des groupes distincts les uns des autres. Comme toute typologie, il ne s’agit pas de restituer la constellation des histoires individuelles qui s’écrivent entre les Français et leurs médicaments mais d’identifier et d’isoler les traits les plus significatifs d’une réalité. (3) Deuxième observatoire sociétal du médicament. IPSOS pour le Leem. Janvier 2012.

Les observants (37 %) Ils sont bien dans leur peau et peu en contact avec la maladie. Ils font confiance aux médicaments en général et observent à la lettre leurs traitements. Ils recherchent très peu d’informations sur leurs médicaments et font une totale confiance à leur médecin généraliste, qu’ils consultent sans attendre lorsqu’ils sont malades. Ils se méfient de l’homéopathie et de la phytothérapie.

Leur profil : plus de 50 ans, plutôt masculins.

Les concernés (25 %) Malades et/ou en contact avec la maladie chronique ou lourde d’un de leurs proches, ils perçoivent le médicament comme un espoir et font confiance au corps médical.

Leur profil : plus de 50 ans, plutôt féminins, revenus modestes.

Les alternatifs (26 %)Méfiants à l’égard des médicaments classiques, dont ils lisent la notice avec la plus grande attention, ils privilégient les traitements alternatifs (phytothérapie, homéopathie) auxquels ils font davantage confiance.

Leur profil : moins de 50 ans, plutôt féminins, diplômés de l’enseignement supérieur, catégories socioprofessionnelles supérieures.

Les improvisateurs (12 %)Stressés, fatigués, mais bien dans leur peau (!), ils déclarent consommer peu de médicaments. Quand ils ont à en prendre, ils admettent ne pas respecter le traitement prescrit. Ils « improvisent » en fonction de leur évaluation personnelle de l’évolution de leur état de santé.

Leur profil : jeunes actifs (moins de 35 ans), catégories socioprofessionnelles inférieures.

37 %Les observants

12 %Les

improvisateurs

25 %Les concernés

26 %Les alternatifs

Le médicament au quotidien3. Les Français sont très ordonnés en ce qui concerne leurs médicaments : 75 % déclarent les ranger tous au même endroit chez eux.Parmi les lieux de rangement, deux se distinguent : la salle de bains pour près

des deux-tiers des Français (65 %) et la cuisine (41 %).

Les Français et les médicaments2 : les termes de la relation varient fortement selon le rapport qu’ils entretiennent avec le concept de « bonne santé ».

Quatre portraits pour quatre relations avec les médicaments.

le chiffre

62 %des Français suiventleurs traitements1.

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Comment améliorer l’observance ?

(1) Chiffres du Réseau de santé Paris-Nord « Comment favoriser l’observance dans le diabète de type 2 ? », 2006. Disponible sur www.reseau-paris-nord.com/diabete/diabete.protocole.observance.php (2) IGAS « Encadrement des programmes d’accompagnement des patients associés à un traitement médicamenteux », août 2007. Disponible sur www.ipcem.org (3) P. M. Llorca, « Les Psychoses », éditions John Libbey Eurotext, 2010. (4) Deuxième observatoire du médicament. Ibid cité. (Chiffres 2012).

L’observance des traitements médicaux par les patients, notamment ceux atteints de maladies chroniques, constitue un problème de santé publique majeur. Les industriels du médicament s’efforcent d’améliorer sans cesse les modes de prise en charge des soins. Un défi qu’ils entendent relever avec d’autres acteurs, et en particulier ceux du numérique, pour proposer des solutions efficaces, notamment un logiciel destiné aux diabétiques permettant de transmettre à leur médecin leur taux de glycémie et d’ajuster ainsi leur dose d’insuline.

État des lieux L’observance est définie par le degré de concordance entre le comportement de la personne malade et les recommandations de son thérapeute. Les problèmes d’observance s’échelonnent entre la non-observance totale et la « bonne » observance, en passant par différents niveaux d’observance partielle.

L’observance concerne les actes, les traitements prescrits mais aussi les comportements des personnes impliquées : posologie non respectée, arrêt prématuré de médicament, prescription non renouvelée.

La mauvaise observance concernerait entre 30 et 50 %2 des patients de manière régulière, voire 90 % des personnes atteintes d’affections chroniques à un moment donné de leur maladie. 40 % des dépenses hospitalières en psychiatrie3 pourraient être imputées aux rechutes par défaut d’observance.

Pistes d’avenir Une bonne observance dépend de multiples facteurs cognitifs, émotionnels, comportementaux, sociaux et relationnels. Le patient va plus ou moins bien suivre son traitement, en fonction notamment des informations qu’il possède sur sa maladie, de la manière dont il a intégré les prises de traitement dans sa vie quotidienne et du soutien dont il bénéficie.

L’information du patient sur sa maladie est le premier pas pour mettre en place une bonne observance. Elle doit se faire en termes simples et compréhensibles et porter sur la pathologie, sur les bénéfices attendus, mais aussi les risques et effets secondaires du traitement.

Elle doit se faire si possible auprès de la famille et de l’entourage afin de favoriser leur implication.

39 %4 des Français trouvent que leur médecin ne leur donne pas suffisamment d’informations sur les médicaments prescrits.

Les entreprises du médicament veulent améliorer l’observance Elles sont à l’origine des nouveaux médi-caments et ont la légitimité pour le faire. Leur connaissance des pathologies et de leurs symptômes peut contribuer à un meilleur dépistage et à une prise en charge appropriée.

Elles mettent au point certains dispositifs

particuliers visant à maintenir la fidélité au traitement, tels que les formulations posologiques (bouchons-compteurs), les dispositifs de rappel, ou les piluliers électroniques.

Elles s’associent avec des acteurs du numérique pour proposer des solutions innovantes.

le chiffre

50 %des diabétiques

oublient de prendre leur médicament au moins une fois par semaine1.

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Les Français consomment-ils trop de médicaments ?

(1) Chiffre extrait du bilan économique du Leem. 2011. Disponible sur www.leem.org (2) 16,8 % des Français ont plus de 65 ans. (3) Health Affairs. 2008. Cité par Jacques Bonte dans son article « Quelques questions sur la consommation de médicaments en France », 26 mars 2012. Jacques Bonte est pharmacien et directeur général de Medco France. (4) Chiffres extraits d’un article de la Cnam et par Pr Danchin, chef du service de cardiologie de l’Hôpital Georges-Pompidou, publié en 2010 dans la revue américaine « Archives of Cardiovascular Disease ».

Les Français consomment mal ou trop de médicaments dans certains cas, pas assez dans d’autres. Il est difficile d’apprécier leur consommation de médicaments de manière globale, car elle est largement fonction des pathologies.

La France a de meilleurs résultats de santé que d’autres pays, mais aussi d’importants besoins non ou mal couverts.

Pistes d’avenir Dans tous les pays développés, la consommation de médicaments progresse structurellement plus vite que le PIB (en France, 1,4 pour 1).

Les conditionnements français plus « petits » augmentent artificiellement les chiffres de consom-mation évalués en nombre de boîtes.

Les patients atteints de maladies chroniques ne respectent pas toujours leur traitement ou le suivent épisodiquement.

Cette mauvaise observance est une des principales causes de dégradation de la santé des patients mais aussi des comptes de l’Assurance maladie.

Les entreprises du médicament n’estiment pas qu’il existe en France une surconsommation globale de médicaments, mais plutôt des situations de mauvais usage du médicament

Elles constatent le rapprochement progressif des prescriptions et des niveaux de consom-mation de médicaments de la France, de l’Allemagne, de l’Italie, de l’Espagne et du Royaume-Uni.

Elles participent à la politique de maîtrise médicalisée menée en France, ciblant certaines

classes, afin d’en diminuer la consommation.

Elles insistent sur la nécessité de combattre le mauvais usage du médicament par l’implication et la responsabilisation des acteurs de santé ainsi que par la formation et l’accompagnement du patient.

le chiffre

5471 €C’est la consommation

moyenne annuelle de médicaments

des Français.

Sur plus de 10 000 patients français hospitalisés pour un infarctus du myocarde, 14 patient sur 2 ne respecte pas sa prescription et multiplie

par 1,5 les risques de faire un nouvel infarctus.

État des lieux Les Français bénéficient de l’espérance de vie à 65 ans la plus longue d’Europe et d’un des meilleurs taux de prise en charge.

Cette médicalisation est corrélée à une forte consom-mation de médicaments, qui est essentiellement le fait des personnes âgées2 et des 8 millions de malades en affection longue durée (ALD).

Certaines classes de médicaments sont consommées en plus ou moins grande quantité en France. Un dialysé français3 reçoit en moyenne 7,7 médicaments quand un Allemand reçoit 9,7 médicaments, un Anglais 8,1, et un Suédois 13,4 !

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Génériques, biosimilaires : ces copies de médicaments sont-elles fiables ?

(1) Rapport d’expertise de l’ANSM. « Des médicaments issus des biotechnologies aux médicaments similaires. État des lieux », juillet 2011.

Les prochaines pertes de brevets de médicaments « chimiques » et de médicaments biologiques vont accélérer le développement de leurs génériques et de leurs biosimilaires.Tout l’enjeu du développement de ces médicaments – et notamment des biosimilaires, indispensables au traitement de pathologies graves – réside dans le respect de normes strictes de qualité et de sécurité.

Les génériquesUn médicament générique est un médicament identique ou équivalent à un médicament de marque appelé princeps. La bioéquivalence correspond au comportement identique dansl’organisme (absorption, distr ibution, métabolisme et élimination) du médicamentgénérique par rapport au princeps. Il est produit et vendu sous sa dénomination commune internationale (DCI, nom chimique de la substance) ou sous un nouveau nom commercial suivi du suffixe Gé.

Le générique remplit les mêmes critères de qualité, d’efficacité et de sécurité que le médicament original ou « princeps ». Le principe actif (PA) du générique est identique à celui du princeps. Il a la même activité thérapeutique.

Les biosimilaires Les biosimilaires sont des copies des bio-médicaments ayant perdu leur brevet, fabriqués avec des cellules qui ne sont pas celles du fabricant du produit princeps : la substance active aura des similarités avec le produit de référence mais ne sera pas complètement équivalente.

L’homologation est délivrée sur la base d’une équivalence de résultats thérapeutiques, fondés sur des études précliniques et cliniques de phases I et III.

Un biosimilaire n’est pas substituable au bio-médicament de référence. Son taux de pénétration du marché est donc entièrement déterminé par les prescriptions des médecins et, en particulier, des médecins hospitaliers.

« Les médicaments génériques ne présentent ni plus ni moins d’effets indésirables ou de réactions allergiques que les médicaments princeps ». Avis de l’Académie

nationale de pharmacie - 7 mai 2012.

Les entreprises du médicament maintiennent la plus grande vigilance sur la fabrication et le suivi de ces copies de médicaments

Elles mettent en place un dispositif de surveillance adapté à chaque médicament biosimilaire. Ce dispositif doit comporter les mêmes mesures spécifiques que pour le médicament biologique de référence, mais aussi la surveillance du profil immunologique du produit biosimilaire.

Elles restent vigilantes sur l’utilisation des biosimilaires : les prescripteurs doivent avoir une approche du biosimilaire différente de celle du générique. La substitution est un véritable

acte thérapeutique qui doit être éclairé et prendre en considération la population cible et les conséquences éventuelles sur le patient.

Elles souscrivent à l’avis de la Commission nationale de pharmacovigilance qui a émis un avis positif à l’égard des génériques, soulignant uniquement la nécessité d’une vigilance particulière pour les « médicaments à marge thérapeutique étroite » dont la substitution par des génériques paraît plus difficile.

le chiffre

14 1

spécialités pharmaceutiques sont autorisées en Europe sous

le statut de biosimilaire.

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Y a-t-il des médicaments spécifiquement conçus pour les enfants ?

(1) Chiffres extraits de la réponse à la question écrite au gouvernement de Christian Vanneste publiée au JO le 01/03/2011. Page 2085. (2) Règlement (CE) n° 1901/2006 du Parlement européen et du Conseil du 12 décembre 2006 relatif aux médicaments à usage pédiatrique, modifiant le règlement (CEE) n° 1768/92, les directives 2001/20/CE et 2001/83/CE ainsi que le règlement (CE) n° 726/2004. (3) Ibid.cité.

Le manque de médicaments spécifiquement conçus et mis au point pour répondre aux besoins thérapeutiques des enfants est un problème de dimension européenne. Près des trois quarts des médicaments utilisés en pédiatrie n’ont pas été évalués chez les enfants. Afin de stimuler le développement de médicaments pédiatriques, un règlement européen largement supporté par la France a été publié il y a cinq ans.

EnjeuxFaute de formes pédiatriques, les médecins réanimateurs sont obligés de diluer les dosages prévus pour les adultes et d’adapter les protocoles d’utilisation des médicaments.

L’un des enjeux principaux de l’application de ce règlement réside dans le développement d’essais cliniques pédiatriques fiables et éthiques au niveau européen.

Le consentement des deux parents, requis pour les expérimentations cliniques, est un facteur ralentissant la mise en place d’essais cliniques pédiatriques.

Les entreprises du médicament ont soutenu activement le projet de règlement et s’attachent à son application concrète

Elles bénéficient de mesures incitatives pour développer des médicaments pédiatriques : extension de deux ans de l’exclusivité commerciale pour les médicaments orphelins à destination des enfants (soit douze ans d’exclusivité au lieu de dix pour les autres médicaments orphelins).

Elles ont l’obligation de déposer auprès du Comité pédiatrique européen (PedCo), un PIP (Plan d’investigation pédiatrique) détaillant le développement pédiatrique qu’elles proposent pour leur produit, préalablement au dépôt

de toute nouvelle demande d’autorisation de mise sur le marché (AMM) destinée à l’adulte, de toute demande de modification d’AMM ou de toute demande d’autorisation de mise sur le marché en vue d’un usage pédiatrique (PUMA) pour les médicaments déjà autorisés et pour lesquels les droits de brevet sont échus.

En matière de développement de médicaments pédiatriques, la France est leader : l’Agence européenne des médicaments (EMA) a évalué 300 dossiers français, soit près de 2,5 % du total des demandes déposées par les firmes.

883 essais cliniques ont été menés en pédiatrie en 2010, soit 10 % du nombre global d’essais cliniques autorisés en France.

État des lieux Les enfants de moins de 16 ans représentent 20 % de la population de l’Union européenne.

Certaines maladies sont spécifiques à l’enfance ou bien ont des conséquences différentes dans un organisme en croissance. Des formulations et des voies d’administration doivent leur être spécifiquement adaptées.

L’Union européenne a adopté, en décembre 2006, un nouveau règlement2 destiné à apporter une réponse majeure aux besoins spécifiques des enfants malades.

le chiffre

1 3341 plans de développement

pédiatrique ont été soumis pour autorisation devant l’Agence

européenne des médicaments (EMA) en cinq ans.

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Médicaments homéopathiques : quelle place ont-ils en France ?

(1) Sondage Ipsos. Pour les Laboratoires Boiron. Mars 2012. (2 et 3) ECHAMP the European Coalition for Homeopathic and Anthroposophical Medicinal Products.Facts and Figures 2011. (4) Sondage Ipsos. Ibid.cité. (5) Sondage Ipsos. Ibid.cité. (6) ECHAMP. Ibid.cité.

Les médicaments homéopathiques bénéficient en France d’un statut officiel depuis 1965. Ils sont inscrits aux pharmacopées françaises et remboursables à hauteur de 30 % par la Sécurité sociale.La vente de ces médicaments représentait, en 2010, 3,5 % du marché global et 2,5 milliards de boîtes – un succès pour cette médecine utilisée pour les petits maux de la vie quotidienne ou en prise préventive.

État des lieuxLes médicaments homéopathiques sont préparés à partir de substances végétales, animales, minérales ou chimiques, fortement diluées. Ils font partie des médicaments les plus utilisés en automédication.

De 20 à 25 % des citoyens de l’Union européenne utilisent des médicaments homéopathiques qui représentent 1%2 du chiffre d’affaires de l’industrie pharmaceutique européenne. En France, le recours régulier est supérieur chez les femmes (46 %)3 et les personnes vivant en province (42 %).

En France, l’exercice de l’homéopathie est réservé aux professions médicales : on compte environ 5 000 médecins homéopathes et près de 1 800 médecins acupuncteurs.

Pistes d’avenir La directive 92/73/CEE a admis qu’on ne pouvait pas imposer aux médicaments homéopathiques les mêmes exigences qu’aux médicaments allopathiques. Elle a institué un système d’enregistrement pour ces médicaments en dérogation à l’autorisation de mise sur le marché (AMM), avec, en contrepartie, une double contrainte :

s’abstenir de la revendication d’indications théra-peutiques,

éviter toute forme pharmaceutique pouvant comporter un risque pour le patient (c’est-à-dire voie orale et externe exclusivement et degré de dilution garantissant l’innocuité).

Si 44 %4 des Français se considèrent mal ou très mal informés sur cette médecine, 70 %5 d’entre eux estiment que le recours aux médicaments homéopathiques va se développer dans les cinq années à venir.

Entre 30 et 50 % des patients atteints de cancer adoptent l’homéopathie en complément de leur traitement6.

Les entreprises du médicament estiment que l’homéopathie a sa place dans l’arsenal thérapeutique

Elles pensent que l’homéopathie apporte une réponse thérapeutique à la plupart des pathologies courantes. Les médicaments homéopathiques n’ont aucune toxicité chimique ni contre-indication connue.

Elles constatent que l’homéopathie peut avoir une action rapide si les médicaments sont pris

dès les premiers symptômes. Le traitement des affections chroniques ou récidivantes demande une prise en charge plus longue.

Elles assurent qu’il n’y a pas de contre-indication à la prise simultanée de médicaments allo-pathiques et homéopathiques.

le chiffre

56 %1 des Français utilisent l’homéopathie pour

se soigner, dont 36 % régulièrement.

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Faut-il encore se faire vacciner ?

(1) Dossier de presse. Leem, mars 2012. Ateliers vaccins « Pourquoi les rappels sont essentiels ». (2) Rapport de la Direction générale de la santé (DGS). Publié à l’occasion de la conférence de presse « Mobilisons-nous pour la vaccination ! », 22 avril 2011.

La vaccination structure toute politique de santé publique. Face au retour des maladies infectieuses et à l’émergence de nouvelles pathologies, les vaccins apparaissent comme l’un des axes majeurs de la recherche du progrès thérapeutique.

Scrupuleusement mesurés et évalués, les risques liés à leur utilisation sont très largement compensés par la protection qu’ils assurent.

État des lieux Les vaccins représentent la meilleure façon de se prémunir contre des maladies potentiellement dangereuses : poliomyélite, coqueluche, rougeole, tuberculose, méningites… En simulant l’infection et en préparant ainsi notre système immunitaire à se défendre contre ces attaques, le vaccin permet en effet de nous constituer une « cuirasse » contre l’agent infectieux envahisseur.

Cependant, la France ne parvient pas à une couverture vaccinale suffisante de sa population.

Seuls 40 % des enfants de 2 ans2 sont correctement vaccinés contre la rougeole, les oreillons et la rubéole (ROR), alors que l’objectif était une couverture vaccinale de 95 %, d’où une recrudescence des cas de rougeole dans l’Hexagone.

Pistes d’avenir Les vaccinations contre la diphtérie, le tétanos, la poliomyélite sont obligatoires. Il est recommandé de vacciner ses enfants contre la coqueluche, la rougeole, les oreillons, la rubéole, l’hépatite B, les infections à Hæmophilus influenzae type b (Hib), le méningocoque C, les infections invasives à pneumocoques et, pour les jeunes filles, le papillomavirus.

L’insuffisance de couverture vaccinale s’accentue avec l’âge et reste plus marquée pour certains vaccins (hépatite B, méningocoque C, HPV, ROR).

Aujourd’hui, la vaccination est capable de prévenir 28 maladies infectieuses. Dans les années à venir seront mis au point des vaccins contre l’herpès et la dengue.

Rougeole : 9 000 cas en France entre octobre 2010 et mars 2011 contre 40 cas recensés en 2008. La raison : une vaccination et des rappels de vaccination

moins rigoureusement respectés.

Les entreprises du médicament recommandent d’augmenter la couverture vaccinale en France

le chiffre

50 1 vaccins ou conjugaisons

de vaccins sont aujourd’hui à la disposition des Français.

Elles souhaitent l’application, de la loi de santé publique de 2004 et l’amélioration de la couverture vaccinale en France. Seul un fort taux permet de contrôler les survenues de maladies ou de les faire disparaître durablement, comme c’est le cas pour de nombreuses pathologies en France (poliomyélite, rougeole…).

Elles réaffirment l’utilité de se faire vacciner contre des maladies infectieuses qui peuvent entraîner des complications graves voire mortelles. Or, l’intérêt des vaccins n’est pas toujours apprécié à sa juste valeur car, dès

lors que la menace immédiate des maladies disparaît, on a tendance à l’oublier. Toute désaffection vis-à-vis de la vaccination, tant que la maladie n’est pas totalement éradiquée, expose rapidement à des conséquences dramatiques comme l’illustre la recrudescence des cas de rougeole et de coqueluche en France.

Elles rappellent que l’intérêt de la vaccination réside aussi dans l’acte de solidarité qu’elle représente puisqu’en se vaccinant, on protège aussi les autres.

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100 QUESTIONS QUE L’ON NOUS POSE - JUIN 2012

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L E S F R A N ç A I S E T L E u R S M É D I C A M E N T S

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Les antibiotiques, c’est fini ?

(1) ECDC/EMEA (2009). « The Bacterial Challenge : Time to React ». Technical report. Stockholm, ECDC. (2) Trémolières, F. (2006). « Requiem pour les antibiotiques - Faut-il craindre une disparition des antibiotiques ? » Médecine Thérapeutique. (3) www.plan-antibiotiques.sante.gouv.fr (4) Hamad, B. (2010). «The Antibiotics Market.» Nature Reviews / Drug Discovery. Volume 9, septembre 2010. (5) Organisation mondiale de la santé (OMS). Journée mondiale de la santé. Communiqué 7 avril 2011.

On a longtemps cru que les antibiotiques, utilisés depuis les années 1940, nous permettraient de venir à bout de toutes les maladies infectieuses d’origine bactérienne.

Aujourd’hui, des bactéries autrefois sensibles développent des résistances à des médicaments auparavant efficaces, et on pourrait bien, dans les années à venir, se trouver aussi démuni qu’au début du XXe siècle devant les maladies infectieuses.

État des lieuxLes bactéries peuvent être résistantes à certains antibiotiques de manière innée. À côté de ces résistances naturelles, des résistances acquises par modifications génétiques permettent à certaines souches bactériennes d’échapper à l’action d’antibiotique auxquels elles sont habituellement sensibles.

L’essentiel des 200 antibiotiques utilisés de nos jours appartient à quelques classes découvertes dans les années 1940-19602.

L’usage inapproprié des antibiotiques contribue au développement de la résistance bactérienne, avec pour conséquence une réduction de l’arsenal thérapeutique pour certains patients ainsi que la possibilité, à terme, d’être confronté à des impasses thérapeutiques.

Pistes d’avenir La « course à l’armement » est ouverte : il faut à la fois empêcher les souches résistantes de se répandre, mais aussi garder une réplique d’avance sur le monde des bactéries.

Après deux plans nationaux antibiotiques (2001-2005 et 2007-2010)3, le plan stratégique national 2009-2013 de prévention des infections associées aux soins cible notamment la maîtrise de la diffusion des bactéries multirésistantes et l’émergence de phénomènes infectieux à potentiel épidémique.

Les recherches se concentrent sur la compréhension des mécanismes de résistance : déchiffrage des relations hôte-bactérie, analyse des perturbations du cycle cellulaire, de l’acquisition des gènes de résistance…

Près de 440 000 nouveaux cas de tuberculose multirésistante sont déclarés chaque année dans le monde, entraînant au moins 150 000 décès5.

Les entreprises du médicament font face à l’urgence de la situation Elles développent4 de nouveaux antibiotiques : 57 sont en développement clinique, dont 7 en phase III, 5 en phase d’enregistrement et 152 en préclinique.

Elles multiplient les partenariats avec les équipes académiques ainsi qu’en témoignent les dernières rencontres internationales de recherche sur les maladies infectieuses, en juin 2011, organisées par l’Ariis et l’Aviesan. Ces collaborations en amont devraient permettre d’inverstir dans des recherches handicapées par leur faible retour sur investissement.

Elles se mobilisent au sein de l’Initiative médicaments innovants (IMI) pour « revitaliser » la recherche de nouveaux antibiotiques.

Elles mettent l’accent sur la nécessité de renforcer et d’harmoniser les réglementations pour limiter l’usage excessif des antibiotiques chez les humains, mais aussi chez les animaux d’élevage, cause importante du développement de la résistance microbienne.

le chiffre

25 0001 C’est le nombre de

décès par an en Europe provoqués par infection à germe multirésistant.

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MALADIESET MÉDICAMENTS

21 Comment vont les Français ?

22 Quels seront les besoins de santé des Français ?

23 Quel est l’engagement des industriels du médicament contre le cancer ?

24 Pourquoi ne dispose-t-on pas d’un traitement unique contre tous les cancers ?

25 Comment enrayer le fléau des maladies cardiovasculaires ?

26 Comment lutter contre le diabète ?

27 Pourra-t-on vaincre l’obésité par le médicament ?

28 Trouvera-t-on bientôt un traitement contre la maladie d’Alzheimer ?

29 Quels progrès dans le traitement de la maladie de Parkinson ?

30 Quels progrès contre la sclérose en plaques ?

31 Y a-t-il des progrès dans le champ des hépatites ?

32 Les patients atteints de maladies rares sont-ils oubliés ?

33 La recherche de nouvelles thérapies contre le sida est-elle toujours active ?

34 Les maladies infectieuses vont-elles proliférer ?

35 Les maladies de la peau sont-elles bien prises en charge ?

36 Les maladies des os et des articulations (ostéoporose, rhumatismes, arthrose…)

sont-elles bien prises en charge ?

37 Quels traitements contre les maladies de la vision ?

38 La dépression est-elle vraiment bien prise en charge ?

39 Les maladies psychiatriques sont-elles négligées ?

40 Peut-on espérer vaincre le paludisme, la dengue et les maladies tropicales ?

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100 QUESTIONS QUE L’ON NOUS POSE - JUIN 2012

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1 29,6 % les cancersa. cancer de la trachée,

des bronches et du poumon (5,4 %)b. cancer colorectal (3,2 %)c. leucémie (2,4 %)d. cancer du sein (2,2 %)e. cancer du pancréas (1,7 %)

cancer de la prostate (1,7 %)

2 27,5 % les maladies cardiovasculaires

3 4,6 % les accidents

4 3,2 % la maladie d’Alzheimer

Comment vont les Français ?

La hiérarchie des principales causes de décès a légèrement évolué entre 2000 et 2008

La part des décès par cancer est passée de 28 à 30 % entre 2000 et 2008, tandis que celle des maladies cardiovasculaires a régressé de 30 à 28 %.

Le nombre de décès dus à la maladie d’Alzheimer a enregistré la plus forte progression : + 47 % entre 2000 et 2008.

Le taux de décès par cancer du pancréas a progressé de 14 %, alors qu’il a diminué de 22 % pour le cancer de l’estomac et de 17 % pour le cancer de la prostate.

Les taux de décès par cancer chez les femmes françaises ont évolué défavorablement par rapport à ceux des hommes pour deux localisations : + 42 % pour le cancer du poumon (- 6 % chez les hommes) et + 11 % pour le cancer du foie (- 6 % chez les hommes).

(1) www.planetoscope.com/demographie (2) DREES. Études et résultats. nº 747. Janvier 2011. « L’état de santé de la population en France ». (3) Bulletin épidémiologique hebdomadaire du 7 juin 2011 / nº 22. Données sur la mortalité en France : principales causes de décès en 2008 et évolutions depuis 2000 - publié par l’InVS. (4) www.planetoscope.com - Ibid.cité.

5 2,2 % le diabète

6 2 % les pneumonies/grippes

7 1,9 % le suicide

8 1,8 % les démences

9 1,7 % les maladies chroniquesdes voies respiratoires inférieures

10 1,4 % les maladies chroniquesdu foie et aux cirrhoses

11 1,3 % les maladies du rein

12 0,9 % la maladie de Parkinson

« La situation de la population vivant en France reste globalement favorable. Cependant, des disparités sociales importantes sont notées pour de nombreux indicateurs de santé et ce, dès le plus jeune âge. Chez les adultes, les inégalités se maintiennent au cours de leur vie, témoignant d’un effet de long terme des conditions de vie associées aux catégories professionnelles sur la santé. La mortalité prématurée (avant 65 ans) reste élevée en France. L’obésité, qui continue de progresser chez les adultes, reste également un problème préoccupant.2 »

le chiffre

La France1 est le pays qui compte le plus de personnes de

100 ans et plus.

En France, toutes les quatorzes minutes, 14 personne déclare un cancer colorectal.

Les 12 causes de décès en France en 20083

21

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L’impact de la maladie d’Alzheimer reste difficile à mesurer mais cette affection devrait occuper une place significative dans le fardeau global de la maladie.

Des indicateurs de santéplus élaborésPrendre en compte les seules données de mortalité ne permet pas de décrire le poids d’un certain nombre de maladies. Des indicateurs de santé ont été développés afin de mesurer l’effet des maladies non mortelles sur la santé de la population et de suivre leur évolution dans le temps.

Les mesures du fardeau global de la maladie produites par l’OMS ont été utilisées en France sous la terminologie années de vie ajustées sur l’incapacité (AVAI), soit le nombre d’années qui auraient été vécues « en bonne santé » et qui sont totalement ou partiellement « perdues » du fait de la survenue de problèmes de santé.

État des lieux et projections à 20252

En 2005, les cancers représentaient une part importante de l’ensemble des AVAI pour les deux sexes : 23 % chez les hommes et 20 % chez les femmes. En revanche, on peut observer de fortes différences pour certaines pathologies selon le sexe. Chez les femmes, la dépression unipolaire représentait, en 2005, 11 % du total des AVAI, alors que cette pathologie ne représentait que 4 % chez les hommes. A contrario, pour les hommes, les infarctus et crises cardiaques (6,5 %) et les affections neuropsychiatriques (8 %) avaient un impact plus important que pour les femmes (respectivement 4 et 2 %). Les projections pour 2025 font peu varier la part de ces pathologies.

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) mesure tous les ans le FGM ou fardeau global de la maladie dans le monde. En France, le vieillissement de la population prévu devrait amener, d’ici à 2025, une baisse des pathologies intervenant aux âges jeunes comme le VIH/sida, la dépression et les malformations congénitales. En revanche, le fardeau des pathologies intervenant aux âges élevés devrait augmenter et notamment les cancers, les infarctus et les crises cardiaques.

Quels seront les besoins de santé des Français ?

Source : compilation chiffres PhRMA. 2010 /2011 par pathologie.

MALADIE / PATHOLOGIENombre de

médicamentsen développement

Alzheimer et démences 104

Arthrose 19

Cancer du sein 91

Cancer colorectal 82

Cancer du poumon 98

Leucémie 108

La réponse des entreprises du médicament : médicaments en développement en 2010/2011

(1) Insee - Bilan démographique 2010. (2) Les résultats présentés sont extraits de l’étude du Leem : « La santé en France à l’horizon 2025 : projection des Années de vie ajustées sur l’incapacité » Annabelle Lapostolle, juin 2009.

MALADIE / PATHOLOGIENombre de

médicamentsen développement

Cancer de la peau 74

Maladies cardiovasculaires 299

Diabète 235

Sida 100

Maladies psychiatriques(y compris dépression)

313

Maladie de Parkinson 36

le chiffre

11

Français sur 6a plus de 65 ans.

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(1) Tous les chiffres de cette fiche sont extraits du rapport 2011 de l’Institut national du cancer (Inca) : la situation du cancer en France. (2) PhRMA. Rapport 2011.(3) Plan de la France dans la recherche clinique internationale Enquête Leem 2010. (4) Rapport OST 2001, cité dans la situation du cancer en France. Rapport Inca 2011, page 277. (5) Rapport du Centre international de recherche sur le cancer (Circ), 2008.

Elles développent 887 molécules dont 240 contre les tumeurs cancéreuses, 108 contre les leucémies et 291 contre les lymphomes, les cancers du sein et du poumon – trois des cancers les plus fréquents.

Elles bénéficient de l’impulsion internationale et nationale donnée par le plan cancer 2009-2013 qui s’est traduite par une forte augmentation de la production scientifique sur

le cancer : la part des publications mondiales dans ce domaine a progressé de 70 %4 entre 2001 et 2009.

Elles cherchent à définir pour un patient donné l’association de médicaments la plus pertinente en fonction des caractéristiques biologiques de sa tumeur et probablement de son patrimoine génétique.

Les chiffres du cancer en FranceEn 2011, le nombre de nouveaux cas de cancers en France est estimé à 365 500. Un chiffre en augmentation de 0,9 % par rapport à 2010. Le nombre de nouveaux cas a progressé régulièrement de 1,2 % chez les hommes et de 1,4 % chez les femmes en moyenne par an entre 1980 et 2005.

En France, le cancer est la première cause de décès prématuré avant 65 ans (38 % des décès masculins et 45 % des décès féminins).

Chez l’homme, le cancer de la prostate reste de loin le plus fréquent, suivi par les cancers du poumon et du côlon. Chez la femme, les trois cancers les plus fréquents sont les cancers du sein, du côlon et du poumon.

La prise en charge médicamenteuse du cancer en FranceCes sept dernières années, un peu plus d’une trentaine de molécules ont été mises à disposition des patients. Les thérapies ciblées représentant un tiers des nouvelles molécules disponibles.

Entre 2005 et 2010, le nombre de malades ayant bénéficié d’une chimiothérapie a augmenté de 21 %.

En 2010, 100 000 malades ont bénéficié de tests de biologie moléculaire biomarqueurs pour adapter le traitement aux caractéristiques génétiques de leur tumeur.

Avec 8872 molécules en développement, le cancer reste un axe majeur de recherche et d’innovation des industriels du médicament. Ce chiffre record – on dénombrait seulement 400 molécules en 2005 – témoigne de la vitalité de la recherche des industriels contre le cancer. La France est particulièrement à la pointe en matière de recherche clinique sur le cancer avec 27 % des études réalisées dans l’Hexagone3.

Quel est l’engagement des industriels du médicament contre le cancer ?

le chiffre

52 %1

C’est la proportion de cancers que l’on peut

guérir aujourd’hui.

Les entreprises du médicament relèvent le défi du cancer

En 2008, dans le monde, 125 millions de nouveaux cas de cancer ont été diagnostiqués, 7 millions de personnes sont décédées d’un cancer et 25 millions

de personnes vivaient avec cette maladie.

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(1) Situation de la chimiothérapie des cancers en 2010. Rapport de l’Institut national du cancer (Inca). (2) Fabien Calvo. Recherche translationnelle et cancer. Santé 2025. Fiche n° 67, disponible sur www.sante-2025.org (3) PhRMA. Cancer report. 2011. (4) Situation de la chimiothérapie en France. 2010. Rapport de l’Inca. (5) Rapport sur le cancer en France. Inca. 2011.

Pistes d’avenirLes thérapies personnalisées des cancers seront déduites de la combinaison des caractéristiques génétiques de la tumeur et des facteurs de prédisposition du patient.

Des vecteurs nanoparticulaires permettront d’administrer les médicaments aux patients à l’endroit visé et au rythme souhaité.

Le développement de l’immunologie favorisera la mise au point d’approches vaccinales dirigées contre les tumeurs.

Des biomarqueurs seront de plus en plus utilisés en cancérologie :- dans le diagnostic,- dans le pronostic,- dans la sensibilité ou la résistance à un élément thérapeutique,- dans le suivi et la détection éventuelle des rechutes.

État des lieuxLa révolution technologique en cours met à la disposition des chercheurs et des cliniciens de nombreux outils permettant d’améliorer le diagnostic, le pronostic et le traitement des cancers.

Les outils d’analyse de génomique modifient la compréhension des cancers.

L’organisation et la professionnalisation des tumorothèques et des centres de ressources biologiques offrent des échantillons de qualité pouvant être utilisés en recherche.

La structuration des centres de biologie moléculaire et de génétique des cancers en 29 plateformes hospitalières2 permet aux patients de bénéficier de tests innovants, notamment de marqueurs prédictifs déterminant l’accès à une thérapie ciblée.

Les cancers se distinguent les uns des autres non seulement par leur tissu d’origine mais aussi par leurs caractéristiques génétiques, leur évolution, leur pronostic, leur fréquence en fonction de l’âge, du sexe… Ils réagissent différemment aux traitements de sorte que chaque malade est à considérer comme un cas d’espèce. L’explosion des connaissances en biologie des cancers permet de plus en plus d’individualiser les traitements anticancéreux.

Pourquoi ne dispose-t-on pas d’un traitement unique contre tous les cancers ?

Les entreprises du médicament adaptent leurs traitements aux nouvelles définitions du cancer

le chiffre

311

nouveaux anticancéreux ont été mis à disposition

des patients entre2004 et 2010.

Elles testent actuellement 8873 nouvelles molécules ou vaccins contre le cancer (98 contre le cancer du poumon, 91 contre le cancer du sein, 80 contre le cancer de la prostate).

Elles développent des molécules ciblées issues à plus de 50 %4 des biothérapies (anticorps monoclonaux notamment) dont l’usage

est lié à un test moléculaire sur la tumeur du patient.

E l les explorent de nouvel les voies : couper l’approvisionnement des cellules cancéreuses en glucose, activer le système immunitaire pour qu’il détruise les cellules malignes (nouveau traitement contre le mélanome)…

En 2009, 9 biomarqueurs5 différents conditionnaient l’emploi de 8 moléculesmises sur le marché dans 7 sous-groupes de maladies cancéreuses.

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(1) Caisse nationale d’assurance maladie (Cnam). Prévention des maladies cardiovasculaires : le nouveau programme de prévention de l’Assurance maladie, 2010. (2) Tous les chiffres qui suivent, sauf le chiffre global du nombre de molécules en développement, sont extraits de la fiche d’Alain Castaigne et Alain Tedgui. « Les maladies cardiovasculaires ». Fiche 23. Santé 2025. Disponible sur www.sante-2025.org (3) PhRMA. Rapport 2011. Heart diseases.

El les innovent : 2993 molécules sont actuellement développées par les industriels dont 22 molécules en phase 3. De nouveaux anticoagulants devraient être mis sur le marché permettant de réduire de 34 % le risque d’accident vasculaire cérébral à deux ans.

El les inscrivent leurs recherches en

convergence avec d’autres domaines : biomarqueurs, imagerie, biomatériaux, immunothérapie, thérapie cellulaire.

Elles participent ainsi à la structuration d’une véritable filière cardiovasculaire, associant les sociétés de biotechnologies et 56 équipes de recherche françaises travaillant dans ce secteur.

Pistes d’avenirLes défis majeurs à venir portent sur le dépistage des personnes à risque, la mise en place de stratégies de prévention et le développement de thérapeutiques innovantes destinées à préserver ou régénérer le capital vasculaire ou cardiaque.

Seul 50 % du risque cardiovasculaire s’explique par les facteurs classiques : obésité, hypertension, âge, sédentarité, tabagisme… Un des enjeux de la recherche sera de développer de nouveaux biomarqueurs du risque cardiovasculaire.

Les nouvelles techniques d’imagerie seront essentielles pour visualiser les lésions des parois artérielles et personnaliser les traitements.

État des lieuxLes maladies cardiovasculaires désignent l’ensemble des maladies du cœur et des artères. Elles sont causées, pour une large part, par des dépôts de cholestérol sur les parois des artères. Ces dépôts finissent par gêner, voire empêcher la circulation du sang qui alimente le cœur, le cerveau ou les jambes, provoquant angines de poitrine, infarctus, accidents vasculaires cérébraux (AVC), artérite, etc.En France, 120 0002 patients sont soignés chaque année pour un infarctus du myocarde, 130 000 pour un AVC et autant pour une insuffisance cardiaque.

Entre 1985 et 1999, le nombre de décès à l’hôpital par infarctus est passé chez l’homme de 15 à 6 %. Ceux dus à une insuffisance cardiaque ont diminué de 50 %. Des résultats obtenus grâce, notamment, à la généralisation de nouvelles classes de médicaments comme les statines, les antihypertenseurs, bêtabloquants, ou encore les inhibiteurs de l’enzyme de conversion.

Avec 147 000 décès par an1, les maladies cardiovasculaires restent l’une des premières causes de mortalité en France, quasiment à égalité avec les cancers.

En dépit de progrès thérapeutiques réels ces vingt dernières années, ce fléau ne pourra être endigué que par une meilleure gestion du « patrimoine santé » de chacun, privilégiant exercice physique régulier, alimentation saine et lutte contre le tabagisme.

Comment enrayer le fléaudes maladies cardiovasculaires ?

le chiffre

400C’est le nombre de

personnes qui meurent chaque jour d’une maladie cardiovasculaire en France.

Les entreprises du médicament participent activement à la recherche de nouvelles voies de prises en charge des maladies cardiovasculaires

Aujourd’hui, en France, les maladies cardiovasculairessont la première cause de décès chez les femmes, devant les cancers.

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(1) Livre blanc rédigé par Serge Halimi, diabétologue au CHU de Grenoble. « Le diabète, épidémie silencieuse du XXIe siècle », article publié le 17 mars 2011 dans « 20 minutes ». (2 et 3) Fédération internationale du diabète. 2009. (4) Christian Boitard. Santé 2025. Fiche n° 29 disponible sur www.sante-2025.org (5) PhRMA. Diabetes report. 2010. (6) Institut de veille sanitaire (INVS), Chiffres repris dans la fiche « Diabète de type 2 » sur le site www.inserm.fr

Elles s’appuient sur les dernières avancées de la biologie : compréhension du terrain génétique et identification de nombreux variants de gènes associés aux diabètes de type I et II, détermination du rôle du tissu adipeux, définition des circuits neuronaux contrôlant l’appétit et leurs dérèglements dans l’obésité et le diabète de type II…

Elles développent aujourd’hui 2355 médi-caments dont 144 pour le diabète de type II.

Elles réfléchissent à la mise au point de médicaments offrant aux diabétiques la vie la plus normale possible : médicaments à prise hebdomadaire comme un analogue d’une hormone naturelle régulant le sucre dans le sang… Ces molécules innovantes et les recherches parallèles sur l’utilisation des cel lules souches comme source alternative d’insuline ou sur un pancréas artificiel testé en France en octobre 2011, font naître l’espoir de lutter efficacement contre cette épidémie silencieuse du XXIe siècle.

État des lieuxLes différentes formes de diabète (diabète de type I, insulino-dépendant, et diabète de type II, non insulino-dépendant) touchent environ 250 millions2 de personnes dans le monde et 7,3 % de la population mondiale de 20 à 70 ans3 en est atteinte. Le diabète est responsable de 3,8 millions de décès par an, soit une ampleur similaire aux décès causés par le VIH/sida.60 %4 des diabétiques souffrent d’hypertension artérielle. Leur risque cardiaque ou vasculaire (AVC) est augmenté : il est de 2 à 4,50 % supérieur à celui d’un sujet non atteint par la maladie. Par ailleurs, il est fréquent que des amputations soient réalisées chez les diabétiques.

Pistes d’avenirLes recherches s’orientent vers le développement d’approches d’immunothérapie afin de restaurer la tolérance du système immunitaire vis-à-vis du pancréas.

La thérapie cellulaire du futur devrait permettre d’améliorer l’immunotolérance lors des greffes du pancréas ou des îlots de Langerhans producteurs d’insuline.

Des solutions de télémédecine vont permettre d’assurer le télésuivi de la glycémie des patients via leurs smartphones.

On ne guérit pas encore du diabète et, sans traitement approprié et permanent, les complications sont graves voire mortelles. Les médicaments sont donc essentiels dans la prise en charge de cette pathologie.

La recherche des entreprises du médicament contre le diabète sous toutes ses formes (I et II) devrait permettre d’anticiper la « flambée » de l’épidémie à venir.

Les entreprises du médicament poursuivent leurs recherches

Comment lutter contre le diabète ?

le chiffre

3,5 millionsde Français

sont diabétiques1.

Entre 500 000 et 800 000 Français vivraient sans savoir qu’ils sont diabétiques6.

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(1) « The Lancet ». Étude 2000/2008. Publiée le 2 février 2011. (2) Le Monde. 13 juillet 2010 page 2. (3) Travaux de Karine Clément. Inserm Avenir Hôtel Dieu. 18e congrès sur l’obésité. Mai 2011. (4) Travaux de Lamberto Maffei. Institut des neurosciences de Pise. (5) Travaux du Dr Dariush Mozaffarian, professeur adjoint d’épidémiologie à la faculté de médecine de l’Université de Harvard. New England Journal of Medecine. 20 juin 2011. (6) Étude NutriNet-Santé. Serge Hercberg. AFP 10 mai 2011. www.etude-nutrinet-sante.fr

2 Français sur 3 (61 %) succombent à la tentation du grignotage (gâteaux, viennoiseries, boissons sucrées...) en dehors des trois repas principaux,

avec des conséquences défavorables sur l’équilibre alimentaire6.

Elles ont développé des médicaments contre l’obésité dont les effets restent limités : les effets sur la perte de poids sont de l’ordre de 5 à 10 % en moyenne.

Elles s’orientent vers le développement de médicaments découlant des mécanismes de l’obésité mis en évidence par la recherche génétique. Il en est ainsi des études qui portent sur la leptine.

État des lieuxAux États-Unis et au Canada, près de 1 personne sur 3 est obèse. Longtemps considérée comme une maladie des pays riches, l’obésité progresse dans les pays émergents. En Afrique2, le nombre d’enfants de moins de 5 ans obèses a bondi de 4 millions en 1990 à 13,5 millions en 2010. La croissance du nombre d’enfants obèses en Chine a été de 156 % entre 1996 et 2006.

La surcharge pondérale est associée à des manifestations diverses. On constate notamment une augmentation des cas d’arthrose du genou, mais aussi de l’asthme (chez les jeunes filles), et bien entendu des infarctus, du diabète de type II, des cancers (digestifs notamment).

La prise en charge médicale de l’obésité reste limitée, surtout dans les formes graves ; la prévention reste encore peu efficace.

Pistes d’avenirL’obésité illustre bien la nécessité d’effectuer un saut conceptuel, stratégique et technologique afin de passer d’une échelle limitée avec des anomalies métaboliques isolées, à une approche globale systémique et intégrative.

L’environnement, notamment, doit être compris au sens le plus large, c’est-à-dire incluant le mode de vie, l’histoire, l’alimentation, la flore digestive…

De multiples pistes de recherche explorent le fonctionnement du tissu adipeux3, les liens entre réduction4 de l’apport calorique et âge du cerveau, l’influence des petits changements quotidiens5 sur la prise de poids…

Pourra-t-on vaincre l’obésité par le médicament ?

le chiffre

1Français sur 10 est obèse ; 3 Français

sur 10 sont en surpoids.

En raison de ses nombreuses complications induites (dia-bète, cancers, accidents cardiovasculaires…), l’obésité est un problème majeur de santé publique. Avec 1,46 milliard d’adultes1 en surpoids dans le monde aujourd’hui, le développement de nouveaux traitements est un enjeu important de la recherche dans ce domaine.

Les entreprises du médicament se heurtent dans leurs recherches aux causes multifactorielles de l’obésité

Elles doivent faire face à un durcissement de la position des autorités réglementaires : la FDA (Agence fédérale américaine des produits alimentaires et médicamenteux) se montre actuellement réticente à examiner certaines familles de thérapies, dont celles liées à l’obésité. Un paradoxe quand on sait le volume des crédits de recherche que le gouvernement consacre à cette maladie de santé publique qui exige des approches innovantes.

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(1) Rapport PhRMA. 2010. Maladie d’Alzheimer. (2) www.fondation-alzheimer.org/content/épidémiologie (3) World Alzheimer Report 2009-Alzheimer’s Disease International. www.alz.co.uk/research/worldreport/ (4) Intervention de Philippe Amouyel au colloque Santé 2025. 19 novembre 2010.

État des lieuxIl n’existe actuellement aucun traitement susce-ptible de guérir cette maladie neurodégénérative qui affecte la mémoire et le comportement.

On estime aujourd’hui à 860 0002 le nombre de patients atteints en France. Il devrait être de 2,1 millions en 2040. Le nombre de malades d’Alzheimer dans le monde devrait passer de 35,6 millions3 aujourd’hui à 65,7 millions en 2030.

La lutte contre la maladie d’Alzheimer a été érigée en grande cause nationale avec le lancement du plan Alzheimer le 1er février 2008, doté de 1,6 million d’euros sur la période 2008-2012 (dont 200 millions d’euros pour la recherche).

Pistes d’avenirLes industriels cherchent à stopper la dégéné-rescence neuronale en intervenant sur la formation des plaques amyloïdes entre les neurones et sur l’agrégation de protéines Tau anormales à l’intérieur des neurones (la protéine Tau est un facteur de dégénérescence des neurones).

Parmi les candidats médicaments en cours de tests : des inhibiteurs d’enzymes ou de la protéine Tau. S’y ajoutent des tests d’immunothérapie passive (anticorps) et active (vaccin) visant à prévenir l’apparition de dépôts amyloïdes anormaux ou d’en diminuer la quantité.

Les outils de diagnostics se développent : à l’avenir, on disposera de marqueurs biologiques toujours plus performants, qui permettront d’intervenir aux premiers signes de la maladie.

Tout est mis en œuvre pour trouver des médicaments contre la maladie d’Alzheimer. Mais, à mesure que la recherche avance, cette pathologie, résultant d’interactions et de réactions en cascade, se révèle toujours plus complexe. Une « course contre la montre » est engagée pour contrer la progression inexorable de la maladie dans une population vieillissante.

Trouvera-t-on bientôt un traitementcontre la maladie d’Alzheimer ?

le chiffre

1041

C’est le nombre de molécules développées

actuellement par les industriels contre

la maladie d’Alzheimer.

Les entreprises du médicament se mobilisent Elles intensifient leurs recherches. Toutes les voies sont explorées, des molécules aux vaccins en passant par les anticorps.

Elles collaborent très en amont dans un modèle d’innovation « ouvert » afin de partager les données tant fondamentales que cliniques et de mutualiser leurs infrastructures.

Elles s’appuient sur les technologies les plus récentes comme la neuro-imagerie qui peut maintenant établir une double cartographie du cerveau, reliant les anomalies de structure (dépôts amyloïdes, rétrécissement de l’hippocampe) aux anomalies fonctionnelles (perte de mémoire...).

Dans dix ans, chaque famille française sera touchée par la maladie d’Alzheimer4.

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(1) Article de « Libération » daté du 12 avril 2010. Chiffres extraits du Livre blanc sur la maladie de Parkinson publié en avril 2010 à l’occasion de la Journée mondiale de la maladie de Parkinson. (2 et 3) PhRMA. Rapport 2011.

Les entreprises du médicament cherchent à la fois à traiter la maladie de Parkinson et à améliorer la qualité de vie des personnes atteintes

Elles développent actuellement 36 molécules2 contre la maladie de Parkinson tant pour la guérir que pour ralentir son évolution.

Elles ont mis au point, à partir de recherches identifiant la dégénérescence des neurones à dopamine, plusieurs générations de traitements, de la L-DOPA aux inhibiteurs des monoamines oxydases (IMAO), en passant par les agonistes dopaminergiques. Ces traitements, qualifiés de « symptomatiques », ont pour vocation de renforcer ou de remplacer

la dopamine déficiente, de façon à limiter les symptômes qui sont liés à l’affaiblissement de la transmission dopaminergique cérébrale.

Elles travaillent actuellement à la mise au point d’autres traitements, qui ont pour vocation de s’opposer au processus dégénératif lié à la maladie, de façon à ralentir son l’évolution, voire à la stopper. Ces traitements sont dits « neuroprotecteurs » : ils visent à protéger les neurones à dopamine.

État des lieuxLes causes exactes de la dégénérescence des neurones à dopamine dans la maladie de Parkinson sont encore inconnues, mais les scientifiques s’entendent pour dire qu’un ensemble de facteurs génétiques, environnementaux et du vieillissement intervient.

Le traitement de la maladie de Parkinson est principalement médicamenteux.

Actuellement, la maladie de Parkinson ne se guérit pas. L’objectif des traitements est de contrôler et de soulager les symptômes de façon à ce que les patients puissent continuer à avoir une bonne qualité de vie aussi longtemps que possible.

Pistes d’avenirD’ici à 2025, on pourra traiter préventivement les personnes qui présentent un risque de développer la maladie de Parkinson. Grâce à l’intégration de données génétiques, épigénétiques et à l’utilisation de biomarqueurs, les sujets à fort risque seront identifiés et pourront bénéficier d’une thérapeutique préventive et personnalisée.

Dans les formes génétiques de la maladie, la prévention pourra prendre la forme d’une thérapie génique.

Pour les autres patients qui développeraient malgré tout la maladie, des interventions à visée curative seraient réalisées, telles que l’utilisation de cellules souches programmées pour s’intégrer dans les réseaux de neurones défectueux.

Quels progrès dans le traitementde la maladie de Parkinson ?

le chiffre

150 0001

personnes seraient touchées par la maladie de Parkinson en France.

La maladie de Parkinson est une maladie neurologique progressive dans laquelle on observe une dégénérescence des cellules nerveuses de certaines régions du cerveau.

Elle fait l’objet de nombreuses recherches menées par les industriels tant pour tenter de la guérir que pour ralentir son évolution.

1 million3 d’Américains souffrent de la maladie de Parkinson.

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(1) Catheirne Lubetzki et Bernard Zalc, « La sclérose en plaques ». Fiche n° 25. Santé 2025. Disponible sur www.sante-2025.org (2) « Nature Review ». Drug Discovery. The Multiple Sclerosis Market. Volume 9. octobre 2010, page 759. (3) Dr. Olivier Heinzlef neurologue au CHU de Poissy, membre de la Ligue française contre la sclérose en plaques.

Elles devaient mettre sur le marché fin 2011 et début 2012, sept nouvelles molécules thérapeutiques2 efficaces par voie orale : les résultats d’étude de phase III se sont en effet révélés positifs.

Elles complètent ainsi l’arsenal thérapeutique à disposition des patients tant dans le domaine des immunosuppresseurs que dans le domaine des anticorps monoclonaux : après l’anticorps

ciblant le franchissement de la barrière du cerveau par les lymphocytes agressifs, deux nouveaux anticorps dirigés contre ces mêmes lymphocytes T sont en phase finale d’essais.

Elles agissent aussi pour améliorer la prise en charge des symptômes : afin d’enrayer certains troubles urinaires, les malades bénéficient d’un nouveau produit à base de toxine botulique.

État des lieuxLa SEP apparaît en général entre 20 et 40 ans, et deux à trois fois plus souvent chez les femmes que chez les hommes.

Elle se caractérise par des lésions inflam-matoires de la substance blanche (myéline) du système nerveux central (cerveau et moelle épinière), substance dont le rôle est de protéger les fibres nerveuses et d’accélérer la transmission des influx nerveux.

Des immunomodulateurs et des immuno-suppresseurs sont utilisés pour ralentir la progression de la maladie.

Pistes d’avenirLes scientifiques recherchent un terrain de susceptibilité génétique à la maladie, sans que l’on puisse qualifier aujourd’hui la SEP de maladie héréditaire.

Ils ont réussi à identifier des mécanismes impliqués dans la remyélinisation (nouvel enrobage de myéline autour des fibres du système nerveux), permettant d’envisager des perspectives de réparation des lésions causées par la SEP, par stimulation de la remyélinisation. Les nouvelles techniques d’imagerie permettront de mieux cerner les signes cliniques et biologiques de la SEP mais aussi de mieux suivre les traitements.

le chiffre

80 0001

personnes touchées en France, 350 000

en Europe, 2,5 millions dans le monde.

Quels progrès contre la sclérose en plaques ?

La sclérose en plaques (SEP) est une maladie auto-immune, dans laquelle le système nerveux central du malade est attaqué par une réaction anormale de son système immunitaire. Elle apparaît généralement au début de l’âge adulte et évolue vers une dégradation marquée de la qualité de vie des patients avec une perte progressive d’autonomie. De nouvelles avancées thérapeutiques réalisées en 2011 relancent l’espoir de soigner cette mystérieuse maladie.

Les entreprises du médicament ouvrent de réelles perspectives thérapeutiques

Après les accidents, la sclérose en plaques est la deuxième causede handicap de l’adulte jeune en France3.

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(1) BEH 19 mai 2009. (2) SOS Hépatites. 11 mai 2011. (3) Ibid cité. (4) Institut Pasteur. Fiche hépatites. Chiffres pays développés. (5) Organisation mondiale de la santé (OMS). Communiqué du 15 juin 2011. (6) Richard Moreau. « Les maladies du foie ». Fiche n°32. Santé 2025. www.sante-2025.org (7) Équipe Institut Pasteur/ Inserm 845. Marie-Louise Michel.

État des lieuxL’hépatite est une inflammation du foie, causée dans 90 %4 des cas en France par un virus. À ce jour, six virus, désignés par les lettres A, B, C, D, E et G ont été identifiés.

Les virus des hépatites B et C, susceptibles de provoquer des hépatites chroniques, sont un enjeu de santé publique ; ils sont à l’origine de pathologies graves : cirrhose et cancer du foie. Contre le virus de l ’hépati te B, qui provoque l’hépatite la plus virulente en mode aigu, on dispose d’un vaccin efficace.

Plus de 1705 millions de personnes sont atteintes d’hépatite C chronique dans le monde, dont 232 000 environ en France. Une bithérapie antivirale permet d’éradiquer le virus C dans 50 à 60 %6 des cas d’hépatite chronique C.

Pistes d’avenirLes chercheurs commencent à comprendre les mécanismes d’entrée du virus C dans les cellules du foie.

Dans les hépatites chroniques B ou C, on pourra prédire la nature de la réponse au traitement antiviral. Un premier test vient d’être mis au point pour l’hépatite C, qui permet d’identifier les sujets ne répondant pas au traitement.

Un nouveau vaccin contre l’hépatite B chronique7 est en phase d’essai clinique tandis qu’un autre axe de recherche porte sur les mécanismes d’inflammation et de régénération du foie.

Des progrès décisifs ont été réalisés ces dernières années dans le traitement des hépatites. Ces maladies, qui peuvent s’installer de façon chronique, provoquent encore la mort de près de 5 0002 personnes par an en France (2 6003 rien que pour l’hépatite C). Elles ne pourront être contrôlées que par la mise en place d’une stratégie associant mesures suivies de dépistage et médicaments.

Y a-t-il des progrès dans le champ des hépatites ?

le chiffre

500 0001

personnes en France sont infectées par l’hépatite B ou C.

Les entreprises du médicament complètent l’arsenal thérapeutique disponible

Elles ont développé des antiviraux et des vaccins qui sont déjà efficaces contre certaines formes d’hépatites.

Elles viennent de mettre au point deux nouvelles molécules des antiprotéases, agissant sur le cycle de multiplication du virus de l’hépatite C. La mise à disposition de ces nouveaux médicaments devrait pallier les échecs du traitement standard de l’hépatite C : un interféron associé à un antiviral.

Elles travaillent à l’introduction d’une trithérapie anti-hépatite C, associant l’interféron-alpha, un antiviral et un antiprotéase. Par ailleurs, d’autres molécules ciblant d’autres protéines du virus C sont continuellement passées au crible des essais cliniques afin d’augmenter l’arsenal thérapeutique contre cette infection.

Dans le monde, près de 350 millions de personnes sont infectéesde façon chronique par l’hépatite B et 170 millions par l’hépatite C.

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(1) Elisabeth Tournier-Lasserve. directeur de l’Institut des maladies rares. Paris. Santé 2025. Fiche n° 41 disponible sur www.sante-2025.org (2) Orphanet. Liste des médicaments orphelins en Europe. Avec désignation orpheline et autorisation de mise sur le marché européennes. Juillet 2011. (3) Chrystel Nourrissier. Eurordis. Intervention au colloque Rare en 2011. (4) « Science et santé » n° 2. Le magazine de l’Inserm, page 31. 2011.

Pistes d’avenirLes maladies rares constituent un véritable « laboratoire d’innovation » pour des pathologies beaucoup plus fréquentes, comme le diabète ou la maladie d’Alzheimer.

Elles sont liées le plus souvent à un seul gène et sont donc plus simples à étudier que des maladies plus répandues. Ainsi, l’étude de la progeria, maladie du vieillissement qui ne touche que 25 personnes en France, a permis de comprendre l’un des processus du vieillissement.

Les prévisions de développement pour les dix ans à venir font état de 8 à 12 nouveaux médicaments orphelins autorisés chaque année en Europe3.

Les patients atteints de maladies raressont-ils oubliés ?

État des lieuxUne maladie est qualifiée de rare lorsqu’elle frappe moins de 1 personne sur 2 0001. Plus de 6 000 maladies rares ont été répertoriées, 80 % d’entre elles ayant une origine génétique.

Depuis décembre 1999, les 652 médicaments « orphelins » développés pour le traitement des maladies rares ont bénéficié d’une réglementation européenne incitative, avec une réduction des frais de mise sur le marché, une exclusivité commerciale de dix ans et la possibilité d’aides nationales.

La France est leader européen en matière de recherche sur les maladies rares grâce au premier plan maladies rares (2005-2008) et à l’implication des quelques 300 associations de patients actives en France. Le deuxième plan maladies rares a été lancé en février 2011.

le chiffre

Les maladies rares touchent

3 millionsde personnes

en France.

La difficulté de procéder à des essais cliniques sur un nombre restreint de malades ainsi que le potentiel de développement commercial limité pour les industriels ne favorise pas un engagement majeur dans le domaine des maladies rares. C’est pourtant l’un des champs importants de progrès thérapeutique dans lequel les entreprises du médicament s’investissent.

Les entreprises du médicament s’investissent dans ce champ thérapeutique

Elles considèrent les maladies rares comme un terreau d’innovation, quasiment une preuve de concept sur un petit nombre de patients qu’elles peuvent industrialiser sur des maladies plus fréquentes.

Elles réalisent des essais cliniques malgré la complexité de ce champ de recherche :

les industriels ne disposent en effet d’aucun capital d’expériences sur ces maladies.

Elles développent actuellement plus de 6004

molécules dans le champ des maladies rares : cancers rares, maladies neurologiques, maladie de Gaucher, maladie de Fabry…

20 millions d’Européens sont atteints d’une maladie rare.

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(1) « Le sida, trente ans après : un tournant pour les nations ». Onusida, 2 juin 2011. (2) PhRMA. 2010. Medicines in Development for HIV/AIDS. (3) Protocoles n° 66, mai 2011, page 22. (4) PhRMA. 2010. Medicines in Development for HIV/AIDS. (5) « Le sida, trente ans après : un tournant pour les nations ». Onusida, 2 juin 2011. (6) « The Lancet », 24 juillet 2008.

État des lieuxLe sida est une pathologie complexe, due à un virus, le VIH. Après un délai variable, la plupart des personnes infectées déclarent le sida, maladie qui est en grande partie la conséquence de l’incapacité du système immunitaire à lutter contre le virus.

S’ils permettent de contrôler la maladie, les traitements actuels – les antirétroviraux – n’ont pas permis de tuer le virus ni de guérir définitivement le malade. Ils ont cependant transformé une maladie mortelle en maladie chronique.

La recherche sur le sida bute jusqu’ici sur deux éléments essentiels : la possibilité de créer un vaccin afin de prévenir la maladie et la possibilité de guérir les patients.

Pistes d’avenirAprès vingt ans d’échecs dans la recherche d’un vaccin contre le sida, les résultats d’un essai clinique mené en Thaïlande en 2009, concluant dans 31 % des cas, ont relancé l’espoir. Depuis la première guérison connue d’un malade par greffe de cellules comportant un gène muté – le CCR5, ayant la propriété de rendre résistant au sida – la recherche s’oriente vers une approche de thérapie génique : on prend des cellules chez les patients, on modifie le gène CCR5 de façon à les rendre résistantes puis on les réimplante.

Un autre axe de la recherche s’intéresse aux réservoirs (lymphe, moelle osseuse ou tissus) où le virus se tapit pour attendre son heure avant de ressortir quand le patient arrête son traitement.Objectif : mettre au point un traitement visant à diminuer ces réservoirs pour les rendre indétectables par le virus, et permettre ainsi à la défense immunitaire de prendre le relais pour contrôler l’infection.

le chiffre

7 000personnes (dont

1 0001 enfants) sont infectées chaque jour par le virus du sida

dans le monde.

La recherche de nouvelles thérapiescontre le sida est-elle toujours active ?

Depuis 1981, date de l’émergence du virus, l’industrie pharmaceutique s’est mobilisée pour développer des médicaments efficaces contre le sida. 312 médicaments sont sur le marché aujourd’hui, dont 273 antirétroviraux, ce qui a permis de transformer cette maladie en une pathologie chronique. 100 candidats médicaments sont à l’étude actuellement.

Les entreprises du médicament continuent leurs recherches de traitements contre le sida

Elles ont étroitement collaboré pour mettre en commun leurs découvertes et permettre, après les résultats décevants de la monothérapie et de l’AZT, d’associer plusieurs antirétroviraux en bi puis trithérapies. Les trithérapies se révèlent de plus extrêmement efficaces dans la prévention de la transmission du virus.

Elles développent actuellement 1004 candidats

médicaments dont 33 vaccins, 56 anti- rétroviraux, 4 immunomodulateurs et 3 médicaments de thérapie génique.

Elles facilitent l’accès aux médicaments : 6,6

millions5 de personnes étaient traitées fin 2010 dans les pays à faibles revenus et à revenus intermédiaires, soit 22 fois plus qu’en 2001.

Les trithérapies aident les malades atteints du virus du sidaà vivre en moyenne treize ans de plus6.

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(1 et 3) Jean-François Delfraissy. présentation de L’ITMO « Microbiologie et maladies infectieuses ». 2011. (2) PhRMA. Rapport 2010.

Elles développent 3952 molécules et vaccins pour lutter contre les maladies infectieuses dont 88 antibiotiques, 20 antifongiques, 96 antiviraux et 145 vaccins.

Elles initient les coopérations avec les académiques : en témoignent les dernières rencontres internationales de recherche (RIR) organisées sous l’égide de l’Alliance pour la recherche et l’innovation des industries de santé (Ariis) où des chercheurs issus des meilleurs laboratoires français en infectiologie ont présenté leurs travaux aux directeurs R&D

monde des entreprises du médicament.

Elles sont en état de vigilance : de nou-vel les maladies infectieuses peuvent apparaître en tout endroit du monde et à tout moment, comme le sida et Ébola en Afrique noire, la grippe aviaire et le Sras en Chine. Leur investissement dans l’Initiative médicaments innovants (IMI), au sein de consortiums européens public-privé en amont du processus de développement des médicaments répond à cet objectif.

Environ 17 millions3 de personnes meurent chaque année d’une maladie infectieuse essentiellement dans les pays en développement.

État des lieuxLes maladies infectieuses humaines sont le reflet de la façon de vivre des hommes : notre alimentation, notre mode de vie hyper-urbanisé et, plus largement, tout notre environnement, modifient les virus et bactéries présents dans notre corps.

Les changements climatiques influencent l’écosystème et, par conséquent, les maladies infectieuses. Ainsi, le réchauffement climatique observé en Europe du Nord a-t-il fait reculer vers le nord la limite de la présence des tiques, vecteurs de maladies dont celle de Lyme. Les tiques sont désormais présentes dans les forêts suédoises.

La gestion des maladies contagieuses est insuffisante : les maladies sexuellement transmissibles ou la rougeole sont mal contrôlées par défaut de vaccination ou d’efficacité des messages de prévention.

RisquesLa mutualisation des germes dans le cadre de la mondialisation se fait de plus en plus rapidement. On estime que plus de 500 millions de personnes prennent l’avion chaque année. Toutes les conditions sont réunies pour qu’apparaissent de nouvelles épidémies.

Toute une série de maladies liées à de nouveaux virus – les virus des fièvres hémorragiques, les virus respiratoires, les virus transmis par les arthropodes – sont en augmentation spectaculaire depuis quelques années et, au moment de leur apparition, on ne dispose souvent pas des médicaments permettant de les maîtriser.

Les maladies bactériennes émergent à leur tour, notamment en raison de la croissance des infections transmises à l’hôpital et de la montée des résistances aux antibiotiques.

L’humanité ne peut plus prétendre qu’elle est capable de maîtriser les maladies infectieuses, en dépit des espoirs suscités par l’introduction d’une large gamme d’antibiotiques et de vaccins. En effet, 35 nouvelles maladies infectieuses ont émergé au cours des vingt-cinq dernières années (sida, Sras, infections dues au virus Ébola, au virus West Nile…). Les industriels cherchent à étendre le spectre de leurs axes de recherche pour relever ce défi majeur du XXIe siècle.

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Les maladies infectieuses vont-elles proliférer ?

le chiffre

Sur

14001

agents infectieux connus, 60 % sont d’origine

animale.

Les entreprises du médicament cherchent à étendre le spectre de leurs axes de recherche

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(1) La situation du cancer en France en 2011. (2) Association Herpès. Chiffres 2009. (3) Association pour la lutte contre le psoriasis. (4) Fiche n°45. Dermatite atopique. Santé 2025 www.sante-2025.org (5) PhRMA. Rapport 2011. (6 et 7) www.futura-sciences.com Mélanome. (8) Chiffre publié à l’occasion de la Journée mondiale du psoriasis le 29 octobre 2011.

Elles développent aujourd’hui 2775 nouvelles molécules contre les maladies de la peau dont 74 contre les cancers de la peau, 41 contre le psoriasis, 14 contre l’eczéma et 9 contre la rosacée.

Elles vont mettre à disposition des patients un nouveau traitement ciblé contre le mélanome métastatique chez les sujets porteurs du gène BRAF : le taux de réponse au traitement a été neuf fois plus élevé dans le groupe traité

par cette nouvelle thérapie (48,4 %6 au lieu de 5,5 %) et, à six mois, 84 % des patients traités étaient en vie contre 64 %, dans le groupe soigné par la chimiothérapie de référence.

Elles constatent aussi une baisse de 74 %7

du risque d’aggravation de la maladie, défini comme la survie sans progression de la maladie.

Pistes d’avenirSi de nombreuses maladies cutanées sont spécifiques, beaucoup d’autres ne sont que l’expression cutanée de processus atteignant d’autres organes. La peau, facile à observer, est alors un modèle unique pour explorer la pathologie générale : la fibrose cutanée permet de modéliser les fibroses du poumon, du rein, du foie.

La France possède deux centres labellisés pour l’étude des maladies rares de la peau, l’un à Bordeaux, spécialisé dans les maladies de la pigmentation ; l’autre à Toulouse, sur l’axe des maladies héréditaires de l’épiderme. Ces deux laboratoires fournissent de précieux modèles d’étude des maladies de peau les plus fréquentes.

Les lignées cellulaires, qui permettent aujourd’hui les greffes de peau, ne seront pas réservées à des équipes hautement qualifiées. Elles participent à un traitement courant largement répandu pour traiter ulcères, esquarres etc.

Les maladies de la peau sont-elles bien prises en charge ?

Les entreprises du médicament ont fait des maladies de la peau un de leurs axes de recherche prioritaire

État des lieuxLes maladies de la peau sont rarement définies comme graves mais leurs conséquences psy-chologiques, affectives et esthétiques peuvent être importantes, d’autant plus qu’elles s’installent souvent de manière chronique.

L’herpès (HSV2) touche environ 17 %2 des Français ;le psoriasis, 5 %3 de la population ; l’eczéma, 10 %4 des adultes en France.

Le traitement des maladies de la peau s’est largement étoffé ces dernières années avec l’arrivée sur le marché des biothérapies : ainsi, les anti-TNF et les inhibiteurs d’interleukine permettent de mieux prendre en charge les psoriasis modérés à sévères et l’immunothérapie par anticorps monoclonal se révèle être le premier traitement efficace contre le mélanome métastatique.

1 Français sur 20 est atteint de psoriasis8.

Si la peau est une barrière efficace pour protéger le corps contre les agressions extérieures, elle n’en est pas moins extrêmement fragile.

Elle peut développer de nombreuses réactions ou maladies aussi diverses que l’eczéma, l’urticaire, l’herpès, le vitiligo, le psoriasis, l’acné, le mélanome… Les industriels ont mis en place une dynamique de recherche contre ces maladies qui porte aujourd’hui ses fruits.

le chiffre

On a dénombré

10 0001

nouveaux cas de mélanome en France

en 2011.

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(1) Francis Berenbaum. « Maladie des os et des articulations ». Fiche n° 25. Santé 2025. www.sante-2025.org (2 et 3) Ibid cité. (4) PhRMA. Médicaments en développement contre les maladies ostéo-articulaires. Rapport 2011. (5) Approbation Comité d’experts FDA. 9 mars 2011. (6) Le lupus, maladie auto-immune peut causer des symptômes aussi différents que des poussées de fièvre inexpliquées, des douleurs et un gonflement des articulations, des troubles de la vision. (7) Association Lupus France, mars 2011.

Elles développent 1984 nouvelles molécules ou vaccins contre les maladies ostéo-articulaires dont 67 contre la polyarthrite rhumatoïde, 23 contre l’ostéoporose, 19 contre le lupus et 19 contre l’arthrose.

Un nouveau médicament5 contre le lupus6 - le premier depuis cinquante-deux ans - devrait être mis sur le marché en 2012. Il s’agit d’un anticorps monoclonal humain qui permet

de réduire le nombre de lymphocytes B anormaux, élevé chez les patients atteints de lupus.

De nouvelles biothérapies (anticorps mono-clonaux) utilisées pour traiter des lymphomes notamment, se révèlent intéressantes dans la prise en charge de la polyarthrite rhumatoïde.

État des lieux60%2 des Français de plus de 65 ans sont touchés par l’arthrose. 40% des femmes de plus de 65 ans se feront une fracture due à l’ostéoporose. Ces deux maladies sont dites dégénératives car elles ont pour origine un défaut de synthèse d’os ou de cartilage associé au vieillissement.

1 million3 de personnes en France souffrent de rhumatismes inflammatoires chroniques, dont 20 000 sont des enfants.

De nombreux antalgiques et anti-inflammatoires ont été mis sur le marché pour soulager la douleur et des médicaments issus des biotechnologies, les anti-TNF, ont révolutionné le traitement de la polyarthrite rhumatoïde et de la spondylarthrite ankylosante en limitant la progression de ces maladies. Plusieurs médicaments efficaces contre l’ostéoporose ont également été mis à la disposition des patients.

Pistes d’avenirLes progrès de la technique et de la biologie vont améliorer la prise en charge personnalisée des rhumatismes inflammatoires chroniques : ainsi, dans le cas de la polyarthrite rhumatoïde, l’ordre d’intention de prescription des biothérapies sera établi individuellement, à partir des résultats de la pharmacogénétique et de l’imagerie.

De nouvelles classes thérapeutiques verront le jour au fur et à mesure de l’approfondissement des connaissances sur les facteurs génétiques de prédisposition et de la mise au point de marqueurs biologiques et d’imagerie.

Une meilleure évaluation de la qualité de la masse osseuse (et non plus seulement de la quantité) permettra l’exploration de nouvelles pistes thérapeutiques pour traiter l’ostéoporose.

Les maladies des os et des articulations (ostéoporose, rhumatismes, arthrose…)

sont-elles bien prises en charge ?

Les entreprises du médicament sont actives sur de larges pans de ce vaste domaine

Le lupus touche environ 5 millions de personnes dans le monde7.

Les maladies des os et des articulations regroupent diverses pathologies – arthrose, ostéoporose, rhumatismes inflammatoires chroniques – qui ont comme point commun d’associer douleurs et handicaps moteurs à tous les âges de la vie. Certaines de ces maladies sont plus fréquentes chez les seniors, ce qui, compte tenu du vieillissement de la population, a poussé les industriels à investir dans ce domaine de recherche recouvrant près de 100 maladies différentes.

le chiffre

6 millions1

de personnes en France souffrent d’arthrose.

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5 millions de personnes souffrent de dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA) en France.

État des lieuxAvec l’âge : l’atteinte et la perte de la vision augmentent fortement l’impact des maladies vasculaires et les différents stress lumineux.

En France, la cécité touche 1 personne sur 1 000. La malvoyance, elle, concerne 400 0002 personnes de plus de 75 ans. Chaque année, entre 30 000 et 40 000 personnes supplémentaires souffrent de malvoyance. On estime le coût de la malvoyance dans le monde à quelque 3 milliards de dollars (2,5 milliards d’euros), et à 700 millions de dollars (580 millions d’euros) pour l’Europe.

De nombreux médicaments à la galénique très étudiée – collyres, gouttes, gels – permettent de soigner des maladies aussi diverses que les glaucomes, les allergies et les infections. L’arrivée des bêtabloquants (en 1977), puis des prostaglandines (en 1998), ont révolutionné le traitement du glaucome, tandis que les anti-VEGF (en 2006) ont ouvert la voie à la prise en charge d’une des formes de la DMLA (dégénérescence maculaire liée à l’âge).

Pistes d’avenirLes dégénérescences de la rétine représenteront la majorité des maladies de la vision.

Des techniques d’imagerie sophistiquées permettront de dépister systématiquement ces maladies et d’assurer un suivi personnalisé des patients.

Les thérapies seront ciblées et réalisées à l’aide de molécules injectables ou absorbables couplées à des réparations de tissus par des implants, des thérapies cellulaires ou géniques.

le chiffre

On compte

61 0001

aveugles et 1,2 million de malvoyants en France.

Quels traitements contre les maladiesde la vision ?

(1) Chiffres 2009. Enquête HID. Handicap. Incapacités. Dépendance. Insee. (2) Chiffres donnés lors de l’intervention de José-Alain Sahel. Avancées thérapeutiques. Leem. Février 2011.

De nombreuses maladies peuvent affecter les yeux : infection, allergie, cataracte, dégénérescence maculaire liée à l’âge, glaucome, rétinopathie diabétique... Si des médicaments permettent de maintenir voire d’améliorer la vision des patients atteints, certaines pathologies restent sans solution thérapeutique. Ce sont en très grande majorité des pathologies rétiniennes sur lesquelles se concentrent les efforts des industriels.

Les entreprises du médicament abordent les pathologies de la vision « autrement »

Elles concentrent leurs efforts sur les pathologies rétiniennes : ce sont des maladies chroniques, à évolution lente, qui incitent les industriels à envisager une approche différente.

Elles réfléchissent en termes de chaîne de soins globale allant de la prévention au traitement pharmaceutique voire aux implants, en passant

par le diagnostic, le balayage laser, la galénique, les biomarqueurs de risques, etc.

Elles cherchent à définir, pour un patient donné, l’association de médicaments la plus pertinente en fonction de ses caractéristiques b io log iques e t p robab lement de son patrimoine génétique.

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(1) Dominique Barbier. « La Dépression ». Odile Jacob. 2009. (2) Ibid. cité. (3) Épisode dépressif : phase aiguë de la dépression avec un risque suicidaire. (4) Dominique Barbier. Ibid. cité. (5) « Psychopathologies et neurosciences », de Salvatore Campanelle. 2008. De Boeck Editeur. (6) Université Cornell et hôpital Presbyterian de New York. « Le Figaro », 21 octobre 2010. (7) Médecine Science. Michel Hamon. « La sérotonine : un rôle complexe dans la dépression et le remodelage osseux », Med Sci (Paris) 26 8-9 (2010) 671-672. (8) PhRMA. Rapport 2010. (9) Journées nationales du suicide. Février 2010. Intervention de Roselyne Bachelot.

Elles mettent à la disposition des patients des antidépresseurs efficaces, dont les inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (SSRI) qui sont les plus utilisés aujourd’hui. Leur efficacité est encore meilleure s’ils sont associés à des thérapies cognitivo-comportementales ou d’inspiration psychanalytique.

Elles cherchent à concevoir de nouveaux antidépresseurs7 en associant dans une même molécule la capacité de bloquer tel ou

tel récepteur de la sérotonine et celle d’inhiber sa recapture. 718 molécules sont en cours de développement.

Elles s’associent aux protocoles contre les dépressions graves qui utilisent médicaments et sismothérapie (électrochocs) – les protocoles ne sont entrepris que dans des cas précis de dépressions très anxieuses, avec un risque suicidaire très important.

Il y a un suicide toutes les cinquante minutes en France, soit 10 0009 morts par an.

État des lieuxUne vingtaine de molécules permettent actuellement de prendre en charge la dépression, les dernières générations d’antidépresseurs présentant nette-ment moins d’effets secondaires fâcheux.

La dépression peut s’installer sournoisement à la suite d’un épisode dépressif3 et devenir chronique : près de 60 %4 des patients ayant traversé un premier épisode risquent d’en vivre un second. Les personnes qui ont vécu deux épisodes ont 7 chances sur 10 d’en connaître un troisième. Et celles qui en ont connu risquent dans 90 % des cas d’en traverser un quatrième.

La dépression est la première cause de suicide : près de 70 %5 des personnes qui décèdent par suicide souffraient d’une dépression, le plus souvent non diagnostiquée ou non traitée.

Pistes d’avenirLa dépression est une maladie complexe qui fait intervenir de très nombreux facteurs : génétiques, épigénétiques, hormonaux. Elle se traduit par des altérations dans plusieurs régions cérébrales (notamment l’hippocampe).

Les acquisitions récentes dans les domaines des neurosciences devraient déboucher sur une sémiologie de plus en plus fine de la dépression, permettant ainsi de mieux connaître les cibles neurobiologiques privilégiées d’un traitement et de concevoir des thérapies adaptées à chaque cas individuel.

Des chercheurs6 viennent de montrer que la thérapie génique, activant la protéine P11, pourrait être une solution pour les dépressions graves ne répondant à aucun traitement chimique.

le chiffre

En France,

1 personne sur 71

souffre de dépression.

La dépression est-elle vraimentbien prise en charge ?

La dépression est une affection fréquente : elle toucherait le tiers2 de la population française, au moins une fois dans sa vie. Cette maladie, difficile à identifier et dont l’intensité est souvent sous-estimée, représente un défi majeur de santé publique, que les industriels tentent de relever au fur et à mesure des avancées enregistrées dans le domaine des neurosciences.

Les entreprises du médicament cherchent à s’inscrire dans une approche intégrée de la dépression

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(1) Marion Leboyer. « Les maladies psychiatriques ». Fiche n°37. Santé 2025. Mars 2010. www.sante-2025.org (2) Estimations Irdes pour la fondation FondaMental, octobre 2007. (3) Marion Leboyer. Andréi Szoke. « La schizophrénie ». Santé 2025. Fiche n° 39, mars 2010. www.sante-2025.org (4) Marion Leboyer et Chantal Henry. « Les troubles bipolaires ». Santé 2025. Fiche n° 40, mars 2010. www.sante-2025.org (5) Thomas Bourgeron et Richard Delorme. « L’autisme ». Santé 2025. Fiche n° 38, mars 2010. www.sante-2025.org (6) PhRMA. Rapport 2010. (7) Nature Genetics. Septembre 2011. (8) Organisation mondiale de la santé (OMS). Investir dans la santé mentale. Rapport 2008.

Elles développent 3136 médicaments contre les maladies psychiatriques : dont 54 contre la schizophrénie, 33 contre les conduites addictives, 38 contre les troubles anxieux, 33 contre les troubles alimentaires, 71 contre la dépression et 90 contre les démences.

Elles s’appuient sur le développement de la génétique pour affiner leurs recherches : les maladies psychiatriques semblent en effet

avoir des causes génétiques communes. L’Organisation mondiale de la santé (OMS), dans une enquête (enquête de 2008) sur la santé mentale dans le monde, montrait que deux tiers des personnes qui présentant des troubles bipolaires souffraient également de troubles anxieux, et plus d’un tiers présentaient une addiction. Ce constat vient d’être corroboré par une étude génétique : 117 variations d’ADN sont communes à la schizophrénie et aux troubles bipolaires.

État des lieuxLa schizophrénie touche environ 1%3 de la population, les troubles bipolaires 4,4 %4 et l’autisme 0,5 %5.

Des études de vulnérabilité génétique montrent l’existence de facteurs de vulnérabilité communs à la schizophrénie, aux troubles bipolaires et à des pathologies du système nerveux comme l’autisme. Ces études révèlent aussi l’importance des interactions entre gènes et environnement, ce qui accroît encore la complexité de ces pathologies.

La découverte de nouveaux mécanismes est en cours pour développer de nouveaux médicaments contre la schizophrénie : nicotiniques, glutamatergiques…

Pistes d’avenirLes scientifiques cherchent à comprendre comment l’usage de certaines substances (alcool, cocaïne, nicotine...) modifie le fonctionnement du cerveau.

Les avancées des neurosciences ont prouvé que, bien que chacune des familles de substances addictives possède ses propres mécanismes d’action, elles ont toutes en commun une augmentation de la dopamine libérée dans le système de récompense.

Il existerait des liens entre protéines et système de récompense : la suractivation de la protéine CREB semble désactiver partiellement le système de récompense, alors que la surexpression de la protéine Delta Fos B modifierait la structure des neurones.

Les maladies psychiatr iques comme la dépression, l’autisme infantile, les troubles bipolaires, la schizophrénie, les addictions ou les troubles obsessionnels compulsifs sont des pathologies graves (première cause de handicap dans le monde) et fréquentes. Les industriels explorent de nombreuses hypothèses pour tenter de réduire le coût de la santé mentale, estimé en France à 18,82 millions d’euros, soit 8,2% de la consommation de soins et de biens médicaux.

Les maladies psychiatriquessont-elles négligées ?

le chiffre

1 Français sur 51

a ou aura une maladie psychiatrique au cours

de sa vie.

Les entreprises du médicament font des maladies psychiatriques un des axes importants de leurs recherches

4508 millions de personnes souffrent de troubles psychiatriques dans le monde.

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Environ 4 personnes sur 10 dans le monde sont désormais exposées au risque de dengue10.

(1 et 2) Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI). Communiqué 27 octobre 2011.(3) OMPI Communiqué 27 octobre 2011. Ibid cité.(4) Rapport sur la santé dans le monde 2010. (5) Communiqué Institut Pasteur. 15 septembre 2011. (6) Interview Dr Jean Lang responsable du développement du vaccin contre la dengue chez Sanofi Pasteur. Futura Sciences. 13 septembre 2010. (7) « Nature ». 23 septembre 2011. Professeurs Chun Jong-Sik, de la Séoul National University, et Kim Dong-Wook, de l’International Vaccine Institute. (8) Consortium créé à l’initiative de l’OMPI, dans lequel il est prévu que les industriels abandonnent leurs redevances sur leurs licences au profit des pays les plus démunis. (9) Gavi Alliance (anciennement Alliance mondiale pour les vaccins et l’immunisation) est un partenariat des secteurs public et privé sur les questions d’immunisation. Il a pour but d’accélérer les progrès dans le domaine de la vaccination. (10) OMS. Aide-mémoire n°117, mars 2009.

Elles développent six médicaments contre la malaria, huit médicaments contre les parasites, notamment contre l’onchocercose et la leishmaniose, et des vaccins contre la fièvre Ébola, la dengue, la malaria, le choléra, le chikungunya…

Elles participent à un consortium public-privé8 afin d’accélérer la découverte et le développement de médicaments contre 14 maladies tropicales négligées comme la lèpre, le ver de Guinée, la maladie du sommeil

ainsi que la tuberculose et le paludisme.

Elles multiplient les collaborations au sein du pôle de compétitivité Eurobiomed, dont l’une des missions est de rechercher des solutions contre les maladies tropicales.

Elles collaborent avec les institutions internationales comme la Fondation Bill & Melinda Gates et Gavi Alliance9 afin de permettre l’accès des populations les plus démunies aux vaccins.

État des lieuxLes maladies tropicales sont souvent considérées comme des « oubliées » de la recherche en traitements médicaux : moins de 1 %3 des quelque 1 400 médicaments homologués entre 1975 et 1999 étaient destinés à leur traitement.Malgré les progrès réalisés pour le combattre ces dernières années, le paludisme fait encore entre 1 et 3 millions de morts chaque année, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS)4 – notamment en Afrique subsaharienne. On estime qu’un enfant en meurt toutes les trente secondes.

La dengue est désormais endémique dans plus d’une centaine de pays d’Afrique, des Amériques, de la Méditerranée orientale, de l’Asie du Sud-Est et du Pacifique occidental. En plus de l’augmentation du nombre des cas, des flambées épidémiques explosives surviennent désormais. C’est ainsi qu’en 2007, le Venezuela a notifié plus de 80 000 cas.

Alors que des maladies comme le paludisme, la dengue, la maladie du sommeil, la leishmaniose, le choléra ou la lèpre concernent 1 milliard2 de personnes, la recherche sur ces pathologies tropicales semble négligée.Des initiatives récentes montrent qu’il n’en est rien : plusieurs vaccins sont en cours de développement contre le paludisme et la dengue, et les industriels multiplient les coopérations pour mieux prendre en charge ces maladies.

le chiffre

1 habitant de la planète sur 61

est atteint par une maladie tropicale.

Peut-on espérer vaincre le paludisme,la dengue et les maladies tropicales ?

Les entreprises du médicament veulent accélérer la mise au point de médicaments et de vaccins contre les maladies tropicales

Pistes d’avenirUn vaccin antipaludéen5 a donné des résultats prometteurs chez des enfants au Burkina Faso. L’extrême difficulté à mettre au point un vaccin suffisamment efficace s’explique par les conditions dans lesquelles se propage la maladie : elle est provoquée par le parasite Plasmodium falciparum, transmis par la femelle d’un moustique. Or, ce parasite est beaucoup plus complexe que des virus comme ceux de la rougeole ou de la poliomyélite.

Un vaccin contre les quatre sérotypes du virus de la dengue6 devrait être disponible en 2015.

Une étude7 récente a identifié la souche originelle du choléra et devrait permettre de mieux comprendre les mécanismes de propagation de la maladie afin de juguler les épidémies.

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LA RECHERCHEDE MÉDICAMENTS

41 Les médicaments font-ils reculer les maladies ?

42 Où en est le progrès thérapeutique ?

43 Comment favoriser l’essor de l’innovation ?

44 Pourquoi est-ce si long et difficile de mettre au point un médicament ?

45 Faut-il obligatoirement tester les candidats médicaments sur l’animal ?

46 Quel est le rôle de la recherche clinique ?

47 Les nouveaux médicaments seront-ils tous issus du vivant ?

48 La recherche translationnelle permet-elle de soigner plus vite les malades ?

49 Génomique, transcriptomique, protéomique, métabolomique…

À quoi servent les « omiques » ?

50 La bio-informatique est-elle nécessaire à la mise au point de nouveaux

médicaments ?

51 Quel est l’apport de la biologie des systèmes ?

52 Quelles perspectives ouvre la biologie synthétique ?

53 Bientôt des anticorps monoclonaux pour toutes les pathologies ?

54 Les cellules souches sont-elles indispensables au progrès thérapeutique ?

55 Les nanotechnologies vont-elles permettre d’améliorer la délivrance

du médicament ?

56 L’immunothérapie est-elle la nouvelle piste pour vaincre le cancer

et les maladies neurodégénératives ?

57 Pourra-t-on un jour remplacer les gènes défectueux ?

58 Les nouveaux médicaments seront-ils tous accompagnés de leur biomarqueur ?

59 Les médicaments peuvent-ils être produits par des OGM ?

60 Les plans de santé publique favorisent-ils la recherche et le progrès thérapeutique ?

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Les médicaments font-ils reculerles maladies ?

(1 et 7) Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES), 2011. « L’état de santé de la population en France ». Suivi des objectifs annexés à la loi de santé publique. Rapport 2011. (2) Rapport de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), 2006. « L’état de santé dans le monde ». (3 et 6) In Elias Zerhouni. « Grandes tendances de l’innovation biomédicale au XXIe siècle ». Cours au Collège de France du 24 janvier 2011. (4) MicroARN : ARN simple-brin, longs d’environ 21 à 24 nucléotides, impliqués dans la régulation de l’expression des gènes. (5) Épigénétqiue : domaine qui étudie comment l’environnement et l’histoire individuelle influent sur l’expression des gènes.

Ces cinquante dernières années, la recherche pharmaceutique a produit plus de médicaments et de vaccins que n’en avaient vu naître les années et siècles précédents. Ils ont permis de mieux lutter contre le cancer, le sida, l’hépatite C, la dépression, la tuberculose, le diabète, l’hypertension artérielle, l’asthme,etc. Cet élan se poursuit avec la mise au point de médicaments plus ciblés, capables notamment de s’attaquer à des cancers métastatiques et de contourner les résistances à certaines thérapies.

le chiffre

+1,9 an pour les hommes+1,6 an pour les femmes

C’est l’augmentation de l’espérance de vie1

en France entre 2000 et 2010.

Les entreprises du médicament multiplient les pistes de recherche Elles ont pris conscience que pour vaincre les cancers et toutes les maladies sans solution thérapeutique, il leur fallait redéfinir en profondeur leurs stratégies de recherche et de développement.

Elles sont désormais engagées dans des modes de recherche sur les facteurs à la base

État des lieuxGlobalement, le XXe siècle aura été marqué par de grandes découvertes médicamenteuses qui ont véritablement révolutionné la prise en charge des maladies : antibiotiques, sulfamides, antithrombotiques, chimiothérapies, antiviraux…

Dans le vaste champ des maladies infectieuses notamment, les découvertes de la pénicilline, des antituberculeux puis des antiviraux et des antirétroviraux constituent des avancées remarquables contre des fléaux qui décimaient les populations au cours des siècles précédents.

En dépit de ces progrès, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) estime qu’environ trois quarts des 30 000 maladies répertoriées de par le monde n’ont pas de solution thérapeutique2.

Pistes d’avenirL’avenir est aux thérapies ciblées, directement issues de l’accélération foudroyante des progrès en biologie dans la deuxième moitié du XXe siècle : la connaissance de l’ADN a en effet fait « comprendre3

comment est écrit le texte, les découvertes issues des microARN4 et de l’épigénétique5 doivent maintenant permettre de le lire ».

La recherche entre dans une phase de classification plus « fine » des maladies : les diabètes dits de type I et II seront décomposés et reclassifiés en sous-groupes de maladies, avec, à la clé, des traitements adaptés à chaque sous-groupe.

On assistera aussi à une explosion des champs de recherche associés au médicament : biomarqueurs, imagerie, informatique, nanomatériaux… qui vont permettre d’offrir des solutions thérapeutiques de plus en plus performantes.

de maladies complexes comme les cancers ou la maladie d’Alzheimer, ainsi que sur les outils capables de moduler les systèmes biologiques.

Elles cherchent ainsi à maîtriser les outils nécessaires à leur intervention : microARN, anticorps monoclonaux, peptides, petites molécules… C’est la prochaine frontière6.

L’espérance de vie des Français à 65 ans7 est la plus élevée d’Europe :22,8 ans pour les femmes et 18,6 ans pour les hommes.

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Où en est le progrès thérapeutique ?

(1) Vient du nom ancien du Sri-Lanka tel que décrit dans un roman de Horace Walpole.

Source : tableau extrait du dossier « Progrès thérapeutiques 2012 », disponible sur www.leem.org

Le progrès thérapeutique procède par étapes plus ou moins régulières selon les avancées des découvertes scientifiques. Les nouveaux médicaments demeurent le fruit d’un long parcours d’emprunt à d’autres disciplines (physique, mathématiques, chimie, génétique…), de l’utilisation des échecs de l’expérimentation et… du hasard, la fameuse « serendipity1».

2011 Traitements ciblés contre l’hépatite C et le mélanome métastatique2010 Vaccin contre 13 types de pneumocoques2009 Traitements spécifiques contre les maladies rares : déficit facteur XIII, déficit en fibrinogène, maladie de Fabry…2008 Médicament ciblé contre le lymphome folliculaire (forme de leucémie)2007 Inhibiteurs de protéines kinases (cancer du rein avancé)2006 Vaccin anticancéreux (contre le papillomavirus provoquant le cancer du col de l’utérus)

2005 Premier anticorps monoclonal anti angiogénique(1) (cancer colorectal)2004 Anti-aromatases (cancers du sein hormonaux dépendants)2003 Inhibiteurs de fusion contre le VIH2001 Premier anticancéreux ciblé contre la leucémie myéloïde chronique2000 Premier traitement contre une forme de DLMA (dégénérescence maculaire de la rétine)

1999 Premier vaccin conjugué contre 7 types de méningocoque C1998 Anti-TNF∂. Première biothérapie contre la polyarthrite rhumatoïde et la maladie de Crohn1997 Premiers médicaments contre la maladie d’Alzheimer1996 Anti-protéases. Lancement des trithérapies contre le VIH. Nouvelle génération de médicaments contre la schizophrénie1995 Première monothérapie contre l’épilepsie1993 Interféron ß contre la sclérose en plaques. Vaccin contre l’hépatite A 1990 Interleukine 2 (cancer)1989 Inhibiteurs de la pompe à protons (ulcères gastriques)1988 Statines contre le cholestérol. Mise sur le marché en France de l’Erythropoïétine pour le traiter l’anémie de l’insuffisance rénale1987 Premiers antirétroviraux contre le VIH1986 Premier anticorps monoclonal humain (transplantation)1983 Les triptans contre la migraine1981 Vaccin contre l’hépatite B1980 Production des interférons par recombinaison génétique1978 Premier antiviral contre l’herpès1977 Premier traitement de l’ulcère gastrique par les antihistaminiques H21976 Premier immunosuppresseur (transplantation)1970 Premier médicament contre la maladie de Parkinson 1967 Bêtabloquants contre l’infarctus du myocarde1966 Premiers bronchodilatateurs inhalés contre l’asthme. Mise à disposition en France de la pilule contraceptive1958 Premiers antidépresseurs (Tricycliques et IMAO-inhibiteurs de la mono amine oxydase)1957 Vaccin antigrippe1956 Première contraception orale1955 Découverte des sulfamides hypoglycémiants dans le traitement du diabète1954 Premier vaccin contre la poliomyélite1952 Première utilisation d'un antituberculeux par voie orale 1950 Premiers neuroleptiques contre les psychoses, la schizophrénie1949 Cortisone (première utilisation contre la polyarthrite rhumatoïde)1948 Premiers antiparkinsoniens. Découverte des tétracyclines (antibiotiques)1947 Premiers anticoagulants1942 Première chimiothérapie contre le cancer1941 Premiers antibiotiques : pénicilline1940 Premiers antihistaminiques (H1) contre les allergies (urticaire, conjonctivite…)1936 Premier médicament contre l’infarctus du myocarde 1935 Utilisation de l’insuline dans le traitement du diabète1931 Premier hypertenseur : réserpine1927 Sulfamides. Premiers antipaludéens de synthèse1922 Découverte de l’insuline contre le diabète, 1921 BCG, 1919 Héparine, 1906 Premiers médicaments contre la syphilis, 1903 Barbituriques (anesthésie, premiers médicaments sédatifs), 1900 Aspirine. Fabrication des premiers comprimés (synthèse en 1853)

1882 Vaccin contre la rage, 1820 Quinine (Contre le paludisme), 1817 Morphine, 1796 Vaccin contre la variole

En développement : médicaments ciblés et vaccins contre le cancer ou contre la maladie d’Alzheimer, anticorps monoclonaux contre les maladiesautoimmunes et les maladies infectieuses, traitements contre les maladies rares.

Le sièclethérapeutiqueLe siècle défricheur

Le siècle ciblé

Annexe 3

Les grands jalonsde la biologie

1928 Fleming. Naissance du premier antibiotique

1950 Laborit. Découverte des neuroleptiques

1953 Watson et Crick. Structure de l’ADN

1983 Montagnier. Barré-Sinoussi –Identification du VIH

1978 Naissance de Louise Brown. Premier bébé issu d’une fécondation in-vitro

1977 Eradication de la variole

1975 Première méthode de fabrication des anticorps monoclonaux

1970 Sanger. Premières méthodes de séquençage de l’ADN

1960 Monod Jacob. Le rôle de l'ARN comme« messager » intermédiaire entre l'informationgénétique contenue dans l'ADN et les protéines.

1958 Carlsson et Hillarp. Rôle de neurotransmetteur de la dopamine

1995 Weissenbach. Carte de deuxième génération du génome humain (Généthon)

2003 La carte du génome humain est complétée

2007 Yamanaka. Reprogrammation de cellules adultes en cellules pluripotentes(2) induites (iPS)

(1) Bloque l’alimentation des cellules cancéreuses. (2) Une cellule souche pluripotente est capable de se multiplier et de se différencier en des types variés de cellules.

Étapes du progrès thérapeutique

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(1) Étude de l’Alliance pour la recherche et l’innovation des industries de santé (Ariis) : « Développement d’un outil de suivi des PPP dans le domaine de la santé en France ». Résultats de l’étude 2011 réalisée auprès de 27 industriels représentant environ 65 000 emplois sur le territoire français. Disponible sur www.ariis.org (2 et 3) Chiffres extraits de l’étude Ariis. Ibid. cité.

Comment favoriser l’essor de l’innovation ?

Tous les progrès accomplis révèlent une biologie d’un très haut degré de complexité que personne n’aurait pu imaginer il y a encore quelques années. Le modèle d’innovation en santé a changé et passe par la multiplication de collaborations performantes et le partage des savoirs.

C’est pourquoi les industriels mettent l’accent sur la mise en place de partenariats public-privé (PPP), clés de l’innovation en santé.

le chiffre

En 2010,

2581

partenariats public-privé (PPP) ont été noués dans le domaine de la santé.

Les entreprises du médicament s’inscrivent largement dans cette logique nouvelle

Elles ont réaffirmé, lors de la tenue du dernier Conseil stratégique des industries de santé (CSIS), le 25 janvier 2012, la priorité qu’elles donnent aux PPP : une mesure du CSIS est consacrée à l’amplification des partenariats public-privé de recherche.

Elles ont créé l’Alliance pour la recherche des industries de santé (Ariis) dont la mission essentielle est de favoriser les passerelles entre public et privé et, plus globalement, d’encourager la synergie entre les différentes filières de santé.

État des lieuxLes PPP permettent de mutualiser des recherches précompétitives nécessaires à l’élaboration soit d’un médicament, soit d’un dispositif médical, soit d’une solution thérapeutique associant médicament et biomarqueur ou médicament et dispositif…

Les PPP permettent de combiner deux logiques : une logique d’intérêt général (public) et une logique de rentabilité (privé) ; ils permettent aussi de réconcilier deux temporalités, celle du court terme et de la rentabilité et celle du plus long terme et de l’intérêt général.

Les PPP peuvent prendre la forme de projets de R&D, d’accords de licence, de création d’unités mixtes de recherche ou de projets de plateforme. 98 %2 des PPP recensés en 2011 étaient des projets de R&D. Ils interviennent pour 23 % dans le domaine de l’oncologie, 16 % dans les études épidémiologiques et post-AMM, 14 % dans les maladies métaboliques et cardiovasculaires et 13 % dans l’immunologie, l’hématologie et la pneumologie.

Pistes d’avenirLes PPP participeront de plus en plus à l’attractivité de la France : les structures mises en place, comme les IHU, les IRT ou les labex (laboratoires d’excellence) sont des atouts forts et de véritables signaux pour développer la transdisciplinarité.

Les collaborations public-privé ne peuvent que se développer. Il faut les favoriser, les cultiver et les faire grandir.Plusieurs pistes sont envisageables :

favoriser la transversalité entre tous les secteurs dans un objectif de santé publique,

effacer les différences culturelles entre recherche privée et publique et encourager la culture de l’innovation,

simplifier le paysage de la recherche publique française afin de faciliter le dialogue public-privé et la contractualisation des partenariats.

Elles sont fortement engagées : elles organisent depuis 2009, les rencontres internationales de recherche (RIR) destinées à réunir des équipes académiques et des équipes internationales de recherche.

Elles ont créé des postes ou des équipes dédiés au suivi des partenariats. De nouveaux métiers sont nés pour faire vivre ces liens créés entre le privé et le public.

La mise en place d’un PPP demande en moyenne 8,63 mois,20 % des PPP ont été signés après plus d’un an.

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(1) Chiffre extrait de la partie « Développement d’un médicament » du bilan économique publié en 2012 par le Leem. (2) Voir fiche n° 68 dans la partie « Économie du médicament ». (3) L’expression de criblage ou criblage à haut débit (high-throughput screening, HTS) désigne dans le domaine de la biochimie, de la génomique et de la protéomique, les techniques visant à étudier et à identifier dans les chimiothèques et ciblothèques, des molécules aux propriétés nouvelles, biologiquement actives. (4) www.futura-sciences.com

Pourquoi est-ce si long et difficilede mettre au point un médicament ?

De l’idée à la cibleÀ l’origine de tout médicament figure l’idée d’un chercheur ou une découverte faite par hasard. Ces idées viennent de la recherche fondamentale, mais n’en sont pas toujours issues.

La première phase du développement d’un médicament consiste en la découverte d’une molécule cible : une protéine, par exemple, dont les chercheurs supposent qu’elle est impliquée dans l’apparition d’un cancer. Les chercheurs espèrent qu’en bloquant ou en stimulant cette protéine (enzymes, lipides, sucres, kinases, récepteurs…), ils pourront atténuer la maladie, voire guérir le patient. L’organisme humain est toutefois extrêmement complexe, et de nombreuses molécules différentes participent au déclenchement de la plupart des maladies.

Le fait de toucher à un « rouage » isolé conduit rarement à une guérison. Le décryptage du génome humain a permis d’améliorer considérablement le développement d’un médicament car les informations génétiques obtenues fournissent de nombreuses indications sur les interactions entre les biomolécules de l’organisme.

Une fois la cible identifiée, il s’agit de trouver des substances qui vont influer sur son action ou ses signaux. Les industriels travaillent alors à partir de gigantesques bibliothèques – les chimiothèques – qui comportent jusqu’à 2 millions de substances.

L’élaboration d’un nouveau médicament demande en moyenne un investissement de près de 1 milliard d’euros2 et plus de dix ans de travail. Ce développement s’inscrit dans un processus de sélection très strict, avec des tests effectués sur 5 000 à 20000 substances différentes, avant qu’une seule puisse être commercialisée avec succès.

le chiffre

Sur 5 000 à 20 000 1 principes actifs analysés

au départ, seuls

20font l’objet d’un

développement ultérieur.

De la cible au développement cliniqueCes substances sont mises individuellement en présence de la cible par un « screening3 » à cadence élevée ou à haut débit (HTS ou High Throughput Screening) assuré par des robots qui peuvent réaliser jusqu’à 200 000 tests par jour. Une modification identifiable (par exemple, une coloration du mélange) indique que la substance s’est effectivement fixée sur la cible. Les substances qui affichent au minimum une faible action sont analysées plus en détail, puis améliorées en plusieurs étapes.

La plupart du temps, en effet, les substances d’origine ne conviennent pas encore comme médicament, notamment parce qu’elles sont trop rapidement dégradées dans l’organisme.

Les molécules identifiées sont testées de différentes manières avant tout essai sur l’homme. C’est la phase des études précliniques, qui comporte : La pharmacologie expérimentale ou phase d’identification du produit : des essais d’efficacité sont réalisés sur des systèmes moléculaires inertes, sur des cellules et des cultures et, enfin, sur l’animal. Le nouveau produit est identifié.La toxicologie : ces études évaluent les risques d’effets secondaires des futurs médicaments.La pharmacocinétique et le métabolisme du médicament : ces études portent sur les propriétés pharmaceutiques de la molécule telles que l’absorption, le métabolisme, la distribution ou l’élimination. Mais elles permettent aussi de prouver les propriétés pharmacologiques.

L’étude préclinique a pour but de dresser une carte d’identité de la molécule4.

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(1) Chiffres du Groupe de réflexion interprofessionnel sur les comités d’éthique (Gircor), disponibles sur www.gircor.net

Faut-il obligatoirement testerles candidats médicaments sur l’animal ?

Les industriels du médicament s’efforcent de réduire au minimum les essais sur les animaux. Cependant, en l’état actuel des connaissances, l’expérimentation animale reste nécessaire. Des lois strictes encadrent les pratiques expérimentales sur les animaux.Évolution du nombre d’animaux vertébrés utilisés en France entre 1984 et 2007 pour toutes les activités de recherche

le chiffre

De 1984 à 1999, le nombre d’animaux utilisés a diminué

de plus de

50 %1

Depuis, il est stable.

Les entreprises du médicament respectent les réglementations en vigueur Elles ont contribué à la mise en place de la règle dite des « 3R », une règle énoncée dès 1959, avant tout encadrement légal, pour s’assurer que la santé et le bien-être des animaux utilisés en recherche n’étaient pas menacés. R comme Raffinement : les protocoles doivent être étudiés afin de minimiser la souffrance animale avant, pendant et après l’expérience. R comme Réduction : les expériences doivent être conçues de façon à utiliser le moins d’animaux possible. R comme Remplacement : dans la mesure du possible, on doit éviter d’avoir recours à l’expérimentation animale.

État des lieuxEn l’état actuel des connaissances, l’utilisation des animaux dans la phase préclinique reste incontournable. Les effets, le mode d’action et la toxicité d’un candidat médicament doivent être évalués sur l’animal afin de les connaître et de minimiser les risques lors de la première administration chez l’homme.

Les rongeurs sont les animaux les plus couramment utilisés par les chercheurs. Le choix du rat ou de la souris est souvent privilégié, car ce sont les espèces les mieux définies sur le plan génétique et pour lesquelles les données scientifiques de référence sont les plus nombreuses.

Pistes d’avenirCertaines pathologies humaines sont difficiles à étudier car elles ne possèdent pas d’équivalent naturel chez l’animal ; elles peuvent toutefois être reproduites chez les animaux transgéniques qui ont reçu des modifications de leur patrimoine génétique de façon à obtenir des modèles biologiques pertinents reproduisant une maladie humaine déterminée.

Des chercheurs ont développé des techniques de criblage virtuel en travaillant sur des modèles mathématiques de molécules ou protéines avec des simulations virtuelles d’effets thérapeutiques pour des cibles données. Le développement de ces méthodes devrait permettre de limiter le recours à l’expérimentation animale.

De telles expérimentations sont pratiquées dans le cadre strict des textes en vigueur (loi du 10 juillet 1976 et décret du 19 octobre 1987 relatif aux expériences pratiquées sur les animaux et ses trois arrêtés interministériels du 19 avril 1988), tout en recherchant activement des méthodes alternatives.

Ces textes sont en cours de modification suite à la révision de la directive européenne encadrant l’utilisation des animaux à des fins expérimentales.

1984 2001 2004 2007

Rongeurs 4 532 972 1 924 810 2 035 445 2 016 269

Lapins 103 820 53 545 93 282 96 427

Primates 3 226 3 840 3 789 2 748

Chiens / Chats 15 218 6 899 6 852 5 979

Porcs 1 901 7 808 6 587 8 768

Caprins et ovins 2 765 6 778 5 434 4 732

Bovins 596 2 648 1 296 3 206

Oiseaux 99 617 94 932 106 263 158 362

Amphibiens 34 312 12 218 15 675 9 451

Autres 35 050 96 399 50 397 20 228

TOTAL 4 833 421 2 212 294 2 325 398 2 328 380Source : ministère de la Recherche.

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Quel est le rôle de la recherche clinique ?

(1 et 2) Enquête Leem 2010. « Place de la France dans la recherche clinique internationale ». Disponible sur www.leem.org

La recherche clinique permet de faire bénéficier aux malades des avancées de la recherche fondamentale. Souvent pratiquée en partenariat avec les hôpitaux, elle contribue au niveau élevé d’expertise médicale des professionnels hospitaliers en France. Son maintien et son développement sont essentiels pour garantir l’accès aux soins de haute technologie qui accompagneront les médicaments de demain, et mettre précocement à la disposition des malades des traitements innovants.

le chiffre

2911

patients sont inclus dans les essais cliniques

en France par million d’habitants.

Les trois phases de la recherche cliniqueObjectif Durée Nombre de volontaires Résultat

Phase I Sécurité du médicament Connaissance de sa pharmacocinétique (son devenir dans le corps humain)

De quelques jours à quelques mois

Petit nombre de volontaires sains

70 % des médicaments expérimentés franchissent le cap des essais de phase I

Phase II Efficacité du produit Détermination de la posologie optimale

Quelques mois à 2 ans Petit groupe homogène de patients atteints de la maladie (10 à 100 malades)

Un tiers des substances testées franchissent le cap des essais de phase I et II

Phase III Etude du rapport bénéfice/risque du médicament

Une ou plusieurs années Plusieurs centaines à plusieurs milliers de malades

70 à 90 % des médicaments entrant en phase III sont retenus comme candidats à une demande d’AMM

Source : Assistance publique-hôpitaux de Paris (AP-HP)

Au plan international, la France représente 8 %2 des patients recrutés.

État des lieuxLes expérimentations cliniques des médicaments se déroulent dans un environnement réglementaire soucieux de protéger les patients inclus dans les études.

Les protocoles sont conduits après avis d’un comité d’éthique, appelé comité de protection des personnes, et une autorisation de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM). Le patient est au cœur de l’essai il participe à l’évaluation de son traitement et a le droit de l’interrompre à tout moment.

La recherche clinique apporte des connaissances indispensables sur les maladies humaines et les médicaments. Elle constitue un passage obligé pour évaluer la tolérance, l’efficacité et la sécurité des traitements. Elle se déroule en trois phases, qui ne peuvent être entreprises que si les résultats de l’expérimentation animale ont été jugés prometteurs et sécurisants.

Pistes d’avenirLa recherche clinique est une étape clé du progrès médical, car elle permet :

la comparaison entre plusieurs stratégies médicales afin de recommander des prises en charge thérapeutiques ou diagnostiques adaptés à chaque patient ;

l’évaluation de nouvelles thérapies potentiellement innovantes, cellulaires ou géniques, appliquées à des pathologies pour lesquelles aucun traitement n’existe ;

l’identification des mécanismes moléculaires ou cellulaires impliqués dans des maladies humaines afin de découvrir des cibles plus précises ;

l’observation et l’étude au long cours de groupes importants de personnes pour mieux comprendre la part respective des facteurs génétiques ou épigénétiques dans la survenue d’une maladie.

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Les nouveaux médicamentsseront-ils tous issus du vivant ?

(1 et 5) « Les biomédicaments », de Marina Cavazzana-Calvo et Dominique Debiais. PUF. Collection Que sais-je ? Novembre 2011. (2) Étude biomédicaments. Leem. 2012. (3) Pharmacogénomique : étude des mécanismes génétiques des variations individuelles de la réponse aux médicaments. Ces connaissances sont appliquées ou applicables à l’adaptation de certains traitements à chaque patient. (Définition extraite du rapport d’information du Sénat « Génomique et informatique : l’impact sur les thérapies et sur l’industrie pharmaceutique » 2000). (4) Teicher B.A. et al, Clinical Cancer Research, october 15, 2011 17 ; 6389.

Les médicaments issus du vivant sont fabriqués à partir de principes actifs d’extraction humaine, végétale ou virale, reproduits en grande quantité par cultures en laboratoire. Ils recréent les effets des molécules constitutives de notre propre organisme (protéines, enzymes...) et permettent donc de soigner de façon plus ciblée.

Aujourd’hui, 20 %2 des médicaments sont issus du vivant et 80 % de la chimie.

le chiffre

Demain, entre

40 et 50 %1

des médicaments proviendront du vivant.

Les entreprises du médicament utilisent la révolution du vivant pour mettre au point des médicaments de plus en plus personnalisés Elles savent désormais : - imaginer et concevoir des outils thérapeutiques

plus ciblés, qui miment le biologique ; - administrer à l’organisme malade des

anticorps mono ou polyclonaux ou des protéines complexes complétant ou corrigeant un système immunitaire défaillant ou trop actif ;

- synthétiser des protéines recombinantes qui vont suppléer une hormone naturelle déficiente ou absente.

Elles ont mis à la disposition des malades les interférons, les hormones recombinantes,

État des lieuxDans une première phase, les biotechnologies ont permis de réaliser des médicaments que l’industrie classique ne savait pas fabriquer. Les médicaments produits par génie génétique sont le plus souvent des protéines présentes chez l’homme en bonne santé et déficientes chez les malades (une hormone comme l’insuline, les interférons – composants du système immunitaire – pour lutter contre le cancer notamment).

Dans une deuxième phase, avec le séquençage du génome humain et la pharmacogénomique3, la manipulation du vivant a facilité la recherche de médicaments entièrement nouveaux, plus ciblés.

Avec ces traitements, le patient est considéré comme un individu plutôt que comme un élément d’une population large. On soigne le malade plutôt qu’une maladie.

Pistes d’avenirEn cancérologie, les industriels cherchent à décupler l’efficacité des biomédicaments (anticorps notamment) en les couplant à des molécules cytotoxiques qui vont agir localement et tuer les cellules visées par l’anticorps, beaucoup plus sûrement que si celui-ci agissait seul, tout en limitant les effets secondaires de la chimiothérapie, puisque délivrée au cœur même des cellules tumorales.

Les avancées technologiques permettent la conception de nouveaux anticorps monoclonaux, sous forme de fragments de différentes tailles couplés ou non avec des toxines, des cytokines, des radioéléments.

C’est l’un des axes de recherche des industriels du médicament : aujourd’hui, on dénombre une vingtaine de produits de ce type en développement4.

les anticorps humanisés, les vaccins thérapeutiques ou préventifs pour soigner la sclérose en plaques, le cancer du sein, l’anémie, la maladie de Crohn, la polyarthrite rhumatoïde, les lymphomes, les leucémies…

Elles se sont adaptées rapidement aux caractéristiques de la production biologique très différentes de celles de la production chimique, car se rapprochant plus d’activités de R&D.

325 millions5 de patients dans le monde ont déjà bénéficiéde ces « nouveaux » médicaments, issus de la biotechnologie.

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La recherche translationnelle1 permet-ellede soigner plus vite les malades ?

(1) Fiche réalisée à partir du cours d’Elias Zerhouni au Collège de France. « Les grandes tendances de l’innovation biomédicale au XXIe siècle. Chaire d’innovation technologique. 2011. Schémas inclus. (2) Rapport de l’Institut national du cancer (Inca) 2011. DGOS : Direction générale de l’offre de soins. (3) Extrait de la leçon 6. Cours Elias Zerhouni. Ibid. cité.

La recherche translationnelle est le chaînon manquant entre la recherche académique et la recherche clinique. Elle assure le continuum entre la recherche, et les soins et permet aux patients de bénéficier plus rapidement des innovations diagnostiques et thérapeutiques. Elle consiste, soit à approfondir une découverte en recherche fondamentale pour développer des applications cliniques, soit à explorer les voies biologiques associées à partir d’une observation clinique.

le chiffre

66 2

projets de recherche translationnelle en

cancérologie ont été financés entre 2007 et 2011

par l’Inca et la DGOS.

Les entreprises du médicament reconnaissent l’importance de la recherche translationnelle

Elle permet de développer des marqueurs correspondant spécifiquement aux modes d’action étudiés et d’accéder à du « matériel » humain dès que possible afin de valider l’hypothèse de recherche.

Elle facilite la mise en place d’essais exploratoires chez les malades avec des

État des lieuxLa recherche se déroule classiquement en quatre phases allant de la recherche en laboratoire (phase 1) à la phase de transfert ou « translation-nelle » (phase 2), puis à la recherche clinique (phase 3) et, enfin, à la recherche épidémiologique (phase 4) : une progression dont le cheminement linéaire doit évoluer.

Pistes d’avenirLa recherche translationnelle et, plus globalement, la médecine translationnelle doit trouver « un nouveau fonctionnement3, circulaire et non plus linéaire où chaque entité, laboratoire de recherche, recherche clinique, recherche épidémiologique et essais cliniques doit échanger l’une avec l’autre au lieu de se succéder afin d’éviter les segmentations et s’enrichir mutuellement ».

protocoles évolutifs de manière à limiter les échecs de développement.

Elle favorise la formulation des modes de délivrance de médicaments lors des essais cliniques notamment pour les maladies chroniques (diabète, hypertension).

Les industriels du médicament préconisent des formations spécifiquesafin d’organiser les passerelles entre savoirs fondamental et clinique.

P1

Rechercheacadémique

Recherche cliniquesur un petit nombre

de patients

Recherche sur unsegment important

de population(épidémiologique)

RechercheTranslationelle

Santépublique

P2 P3 P4

Rechercheacadémique

Recherche cliniqueautour du patient

Recherchesur un segmentde population(épidémiologique)

Essais cliniquesmédecine

translationnelle

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(1) Fiche réalisée à partir d’un entretien avec Manuel Gea, directeur général de Bio-Modeling Systems. (2) ARNm ou ARN messager est utilisé comme intermédiaire par les cellules pour la synthèse des protéines. (3) Fiche 58. Santé 2025. « Les "omiques" », par Jacques Haïech. Disponible sur www.sante-2025.org (4) Van de Vijver et al, « A Gene-Expression Signature as a Predictor of Survival in Breast Cancer ». Division of Diagnostic Oncology, Netherlands Cancer Institute, Amsterdam, The Netherlands, 2008.

Génomique1, transcriptomique, protéomique, métabolomique… À quoi servent les « omiques » ?

Les « omiques » offrent la possibilité d’aborder de manière globale un certain nombre de problèmes complexes qu’on appréhendait de manière fragmentaire : voies métaboliques, interaction de la cellule avec l’extérieur, mécanismes globaux de régulation et de contrôle... Elles permettent de mieux connaître les maladies à composante héréditaire, de procéder à une nouvelle classification des maladies sur leurs causes et non plus sur leurs symptômes et d’adapter les traitements au profil génétique.

le chiffre

On estime à environ

30 000le nombre de gènescodant une protéine

chez l’homme.

Les entreprises du médicament utilisent les formidables possibilités offertes par les « omiques »

Elles étudient, grâce à la pharmacogénomique, les relations entre le matériel génétique d’un individu et sa réponse à l’exposition à des médicaments.

Elles sont désormais capables d’identifier les protéines ou les complexes de protéines qui sont le plus près de l’effet thérapeutique.

État des lieuxLes plus connues des « omiques » sont :

la génomique, qui étudie le livre des « recettes de base » écrites dans les gènes et le matériel génétique contenu dans l’ADN, définissant les caractéristiques d’un individu ;la transcriptomique, qui étudie comment les « recettes de base » sont traduites en un produit final : les protéines via les ARNm2 ;la protéomique, qui étudie l’ensemble des protéines produites par l’expression d’un génome ; la métabolomique, qui étudie les interactions entre les protéines et l’ensemble des métabolites (sucres, lipides…) d’une cellule.

Les « omiques » sont des technologies de production de données qui permettent de caractériser les « omes », du génome au régulome.

Pistes d’avenirLes « omiques » permettront le développement et l’application de nouvelles technologies pour la prévention de la maladie (biocapteurs, outils diagnostiques, nouveaux traitements...).

L’enjeu n’est cependant pas de récupérer des masses de données selon un schéma séquentiel, mais d’utiliser les « omiques » en fonction des hypothèses à vérifier.

L’utilisation des « omiques » est ainsi étroitement l iée au développement3 de platesformes technologiques assurant la collecte de données fiables et la validation de nouveaux modèles biologiques.

Elles jouent sur les puissants outils que sont notamment les puces à ADN pour devenir de véritables « profilers » des pathologies. Ainsi, les portraits moléculaires4 de patientes atteintes de cancer du sein ont mis en évidence 70 marqueurs pronostiques (gènes) jugés plus pertinents que les paramètres clinico-biologiques existants.

Aucune des technologies « omiques » seule ne peut répondre à une question biologique. Un faisceau d’études utilisant les approches « omiques »

permet d’avoir un point de vue global intégré.

GÉNOME PROTÉOME MÉTABOLOME INTERACTOME RÉGULOMETRANSCRIPTOME

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(1) OLF 2001. Information disponible sur http://gabywald.over-blog.com/article-2180544.html (2) Agence nationale de la recherche (ANR), Investissements d’Avenir, 7 février 2012.

La bio-informatique est-elle nécessaireà la mise au point de nouveaux médicaments ?

La bio-informatique1 recouvre l’ensemble des utilisations de l’informatique pour la gestion, l’entreposage, l’analyse, le traitement, l’organisation, la comparaison et la diffusion de données relatives à la biologie. Elle permet d’allier les compétences des chercheurs en biologie, chimie, physique, mathématiques et informatique pour progresser dans la connaissance du vivant, savoir clé pour la mise au point de nouveaux médicaments.

le chiffre

3 grandesinstitutions publiques sonten charge de l’archivage

des données biologiques :NCBI aux États-Unis,

EBI en Europe,DDBJ au Japon.

Les entreprises du médicament font face à la « nouvelle frontière bio-informatique »

Elles doivent gérer un double questionnement : comment analyser les données complexes provenant de la totalité du génome et les interpréter en termes de fonctions biologiques ? Que doit-on savoir afin de concevoir des expériences d’une manière rationnelle ?

Elles utilisent la bio-informatique pour re-construire les tendances qui ont façonné les génomes d’aujourd’hui grâce à un vaste échantil lon de données de séquences génomiques.

État des lieuxLes techniques bio-informatiques sont essentielles à la mise en place des méthodes d’analyse du génome, du transcriptome ou de l’interactome, ainsi qu’à la gestion et l’exploitation des bases de données qui en résultent.

Plusieurs champs d’application ou sous-disciplines de la bio-informatique se sont ainsi constitués :

La bio-informatique des séquences analyse les données issues de l’information génétique contenue dans la séquence de l’ADN ou dans celle des protéines qu’il code.La bio-informatique structurale traite de la reconstruction, de la prédiction ou de l’analyse de la structure 3D ou du repliement des macromolécules biologiques (protéines, acides nucléiques).La bio-informatique des réseaux s’intéresse aux interactions entre gènes, protéines, cellules et organismes.

Pistes d’avenirAprès le stockage de ce flux ininterrompu d’infor-mations, le défi est de produire de nouvelles connaissances sur le fonctionnement des cellules des organismes vivants :

Quand et dans quelles conditions les gènes vont-ils enclencher la fabrication de protéines ?

Comment les protéines fabriquées interviennent-elles dans le fonctionnement de la cellule ?

De nouveaux développements bio-informatiques permettront d’identifier les gènes impliqués dans les maladies et de comprendre leurs interactions.

Par exemple, il sera possible d’établir des cartes d’identité moléculaires à des centaines de maladies portant sur des milliers de gènes et de protéines.

Elles peuvent alors s’appuyer sur la modélisation moléculaire et les simulations issues de ces recoupements pour mieux comprendre la biochimie cellulaire et mettre au point des médicaments spécifiques et ciblés. Ces méthodes ont par exemple permis de détecter des gènes impliqués dans le cancer, d’identifier des cibles thérapeutiques ou de diagnostiquer des cancers.

52 projets bio-informatiques sont financés par le programme Investissements d’Avenir : IBC, Reset, Mapping, ABS4NGS et Nilconnect.

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Quel est l’apport de la biologie des systèmes ?

(1) « Finishing the Euchromatic Sequence of the Human Genome », International Human Genome Consortium (2004) Nature 431: 931-945.(2) Définition extraite de la fiche 61. Santé 2025. « Biologie des systèmes », par François Iris et Manuel Gea. Bio-Modeling Systems. (3) Fiche 61. Santé 2025. Ibid.cité. Disponible sur www.sante-2025.org (4) « Biologie systémique : des concepts d’hier aux découvertes de demain », par Anne-Ruxandra Caryunis, Elisa Gomez, Nicolas Thierry-Ming, Laurent trilling et Marc Vidal. « Médecine Sciences ». Juin-juillet 2009. Page 578.

La biologie des systèmes est une démarche nouvelle qui s’attache par modélisation mathématique à intégrer différents niveaux d’informations2 pour comprendre comment fonctionnent des systèmes biologiques.

En étudiant les relations et les interactions entre les différentes parties d’un système biologique, les chercheurs tentent de découvrir le modèle de fonctionnement de la totalité du système.

le chiffre

1 millionC’est le nombre de

protéines différentesqui peuvent être produites

dans les cellules humaines1.

Les entreprises du médicament s’adaptent au nouveau paradigme de la biologie des systèmes

Elles perçoivent la biologie des systèmes comme une approche qui améliorera à l’avenir le rendement des « découvertes pharmaceutiques » en considérant le contexte biologique plus tôt dans le processus.

Elles espèrent mieux comprendre la maladie, car la biologie des systèmes « regarde » comment la modification de l’environnement (pollution, mode de vie, alimentation...) influence les voies métaboliques. Elles entendent aussi mieux identifier le mode d’action véritable d’un

État des lieuxL’hypothèse de départ est formulée à partir des connaissances scientifiques disponibles sur un système à un moment donné. Elles sont intégrées dans un modèle mathématique préliminaire.

Certains éléments du système seront perturbés. On compare alors l’état perturbé avec celui d’ un témoin normal. Les résultats obtenus ne seront pas tous conformes au modèle mathématique de départ. D’où une modification des hypothèses initiales.

Les hypothèses de travail modifiées serviront à concevoir en retour d’autres perturbations expérimentales du système. Ce raisonnement sera répété autant que nécessaire jusqu’à ce que les résultats expérimentaux se superposent avec le modèle mathématique.

Pistes d’avenirL’application de la biologie des systèmes par l’industrie pharmaceutique se caractérise par l’introduction de modélisations à l’échelle d’un système et par l’utilisation de bases de données, avec pour effet d’améliorer l’efficacité et la sécurité des nouveaux traitements.

La biologie des systèmes3 n’en est qu’à ses débuts. Au vu des progrès réalisés ces trente dernières années, il est probable que la modélisation de systèmes multicellulaires devienne un jour une réalité avec, à la clé, des développements cliniques et thérapeutiques raisonnés, ciblés et ouverts à un suivi en temps réel et à des coûts maîtrisés.

En l’état actuel des connaissances, la recherche de biomarqueurs – groupes de gènes ou de protéines assez faciles à mesurer et donc susceptibles d’établir un diagnostic ou un pronostic – est utilisée pour le traitement des cancers notamment.

médicament par une analyse de tous les niveaux d’organisation du système, en modifiant tous les paramètres possibles.

Elles passent ainsi de la biologie moléculaire traditionnelle, de nature réductionniste, concentrée principalement sur la caractérisation des composants individuels de la cellule, à une biologie systémique, de nature «intégrative et holistique »4, qui met l’accent sur le tout plutôt que sur les parties.

En biologie, un système peut prendre la forme d’un facteur de transcription régulant sa propre expression, d’un ensemble des cellules d’un organisme ou

d’un ensemble des individus d’une population.

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Quelles perspectives ouvrela biologie synthétique ?

(1) Fiche réalisée à partir de la fiche 59. « Biologie de synthèse » Santé 2025 rédigée par François Kepes. Disponible sur www.sante-2025.org (2 et 3) Explications plus détaillées dans « Les mondes nouveaux de la biologie ». François Gros. Éditions Odile Jacob. Janvier 2012.

La biologie de synthèse1 est une technoscience émergente et un futur poids lourd économique. Elle se définit comme l’ingénierie de composants et systèmes biologiques qui n’existent pas dans la nature, et la réingénierie d’éléments biologiques existants. Dans le domaine de la santé, elle ouvre la voie à des solutions puissantes en chimie fine du médicament, en capteurs diagnostiques et, à terme, en procédés thérapeutiques complexes et adaptatifs.

le chiffre

500 millions de dollars

(411 millions d’euros) C’est le montant que les Américains

allouent aux projets en biologie de synthèse – les plus importants

de l’histoire de la biologie.

Les entreprises du médicament ont déjà pris le tournant de la biologie de synthèse

Elles ont produit le premier médicament issu de la biologie de synthèse – l’artemisinine, un antipaludéen – et utilisent un outil de diagnostic (extraction sur tissus) issu de la biologie de synthèse, qui permet de suivre annuellement près de 400 000 patients atteints de viroses multiples.

Elles se focalisent notamment sur la fabrication de génomes de virus3, ce qui leur permet de

État des lieuxLa biologie de synthèse cherche à créer un organisme vivant qui n’existe pas dans la nature.

Il s’agit notamment de reproduire synthétiquement par voie chimique des génomes entiers de virus et de bactéries et d’en créer de nouveaux, porteurs de changements artificiels c’est-à-dire quasiment des espèces microbiennes nouvelles2.

Son essor s’appuie sur les progrès des techniques de lecture (séquençage) et d’écriture (synthèse) de l’ADN. Son développement se construit autour de l’assemblage de briques élémentaires (bio-brick) afin de former des composants, eux-mêmes considérés comme des parties d’un système plus intégré.

Pistes d’avenirLa biologie de synthèse est un domaine en pleine émergence. Il n’est plus question de se contenter d’étudier la nature et le vivant, mais de créer des organismes avec des fonctions utiles et exploitables.

Le lien entre recherche fondamentale et appliquée devra être favorisé par une proportion croissante d’appels à projets impliquant nécessairement l’industrie, ainsi que par le renforcement de plateformes comme lieux privilégiés de rencontre entre industrie et académie.

La confiance citoyenne devra être alimentée par une innovation manifestement responsable, une transparence de la recherche fondamentale et une information de qualité.

mieux apprécier leur pouvoir infectieux et ainsi de se lancer dans la conception de nouveaux vaccins.

Elles espèrent à terme pouvoir intervenir au niveau des capacités biosynthétiques des cellules pour la production de substances d’intérêt thérapeutique.

Le potentiel de la biologie de synthèse couvre un vaste champ d’applications allant de l’agencement d’un réseau complexe de molécules d’ADN

au développement de valves cardiaques artificielles.

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Bientôt des anticorps monoclonauxpour toutes les pathologies ?

(1) Ibid.cité. (2) « Les anticorps monoclonaux : une avancée thérapeutique récente et majeure », par Gilles Paintaud, Fabien Lejarre, David Ternant, Philippe Goupille et Hervé Watier. (3) Anticorps humain à 90 % c’est pourquoi il est mieux toléré par l’organisme humain. Son efficacité est renforcée car sa demi-vie est plus longue dans l’organisme. (4) Anticorps fabriqués à partir de séquences de souris. (5) La différence entre l’anticorps chimérique et l’anticorps humanisé se situe au niveau de la proportion conférée aux séquences de souris (ou d’autres espèces). L’anticorps chimérique est humain à 60% Source : www.masterbiologie.fr/M1_web/index2.php?id=5&p=8 (6) « Anticorps humanisés en thérapeutique », par Dominique Bellet et Virginie Dangles. Med Sciences. 2005-21 : 1054-62. (7) Pour plus de détails, voir « Nouvelles avancées dans l’utilisation des anticorps monoclonaux en thérapeutique », par A.J Scheen. Rev Med Liège 2009. 64 : 5-6 ; 253-256. (8) Ehrlich p. in Phycical Chem 1904 : 61 : 379-392.

Le succès des anticorps monoclonaux (Ac) est le résultat d’un long cheminement depuis la découverte historique de leur technique de fabrication, en 1975. Les Ac ont profondément bouleversé la thérapeutique dans un grand nombre de pathologies et les quelque 2502 anticorps en développement devraient continuer à apporter des solutions à des besoins médicaux non couverts.

le chiffre

211

C’est le nombred’anticorps monoclonaux

à la disposition des patients aujourd’hui.

Les entreprises du médicament élargissent l’éventail thérapeutique des anticorps monoclonaux

Elles sont parvenues à développer des Ac humanisés3 ou totalement humains plus actifs et mieux tolérés que les Ac murins4 ou chimériques5 souris-homme utilisés initialement.

Elles améliorent sans cesse la conception des anticorps humanisés grâce à une ingénierie6 toujours plus performante.

État des lieuxLes anticorps sont des protéines sécrétées par certaines cellules du système immunitaire qui s’attachent aux substances étrangères au corps (bactéries, virus), appelées antigènes. Ils les « marquent » afin qu’elles soient évacuées ou détruites par d’autres composants du système immunitaire. Ce dernier se souvient ensuite de ces antigènes et peut libérer les mêmes anticorps si l’occasion se représente.

Les anticorps monoclonaux sont des anticorps artificiellement produits à partir de clones de cellules contre un antigène spécifique.

Le premier anticorps monoclonal a été commercialisé en 1986. Mais c’est le début du XXIe siècle qui marque vraiment l’émergence des anticorps monoclonaux en tant qu’outil thérapeutique ciblé.

Pistes d’avenirChaque année ou presque apporte son lot d’anticorps monoclonaux, étendant ainsi l’éventail de leurs possibilités de traitement : cancer du sein, maladie de Crohn, polyarthrite rhumatoïde, psoriasis, leucémie myéloïde, asthme, DMLA.

Comme le nombre d’antigènes pouvant être ciblés est potentiellement infini, ces médicaments devraient devenir incontournables au cours de la prochaine décennie.

Leur mise sur le marché à plus ou moins brève échéance résulte cependant de nombreuses activités qui comportent chacune un aléa qu’il faut gérer au mieux avec les ressources allouables, les savoir-faire, la disponibilité des patients prêts à participer à un essai clinique et l’interprétation des réglementations, afin de ne pas allonger les délais.

Elles travaillent au développement d’anticorps « armés7 », qui consiste à utiliser des Ac comme des vecteurs permettant une délivrance ciblée d’autres molécules. Plusieurs approches sont en cours utilisant des fragments d’Ac recombinants, ouvrant la voie à des perspectives thérapeutiques prometteuses.

Les anticorps seront utilisés en thérapeutique comme « des balles magiques ».C’était la vision du biologiste Paul Ehrlich8 au début du XXe siècle.

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Les cellules souches1 sont-elles indispensables au progrès thérapeutique ?

(1) Fiche réalisée à partir des fiches 53-54-55 rédigées par Marc Peschanski, directeur de l’Institut I-Stem Santé 2025. Disponibles sur www.sante-2025.org (2) Terme qui signifie littéralement « essais cliniques dans un plat ». Extrait du rapport « Toxicity Testing in the 21st Century : a Vision and Strategy » The National Academy of Sciences. 2007. (3) Publication des travaux de Advanced Cell Technology (ACT) et de la David Geffen Medical School. UCLA. « The Lancet ». 25 janvier 2012.

Ce qui n’était qu’une hypothèse de travail en 2004 s’est progressivement mué en évidence pour les chercheurs et les industriels : les cellules souches pluripotentes, embryonnaires ou induites par reprogrammation génétique (les cellules iPS) constitueront l’un des outils innovants de l’industrie de la santé au XXIe siècle. Ces cellules ouvrent en effet de vastes perspectives en termes de compréhension des pathologies, de toxicologie prédictive et de mise au point de nouveaux médicaments.

le chiffre

134banques de cellules souches sont issues

du sang de cordon dans le monde.

Les entreprises du médicament ont commencé à anticiper la révolution à venir

Elles investissent dans la mise en place de laboratoires dédiés aux cellules souches humaines, avec un accent particulier sur les cellules souches pluripotentes, et tissent des liens étroits avec les instituts académiques spécialisés dans le domaine.

Elles ont conscience que la voie vers l’industrie de demain passe par la création de ressources biologiques et technologiques (lignées de cellules souches, techniques de production). Ces domaines feront l’objet d’une compétition internationale intense au cours des

État des lieuxDès l’origine, l’émergence des cellules iPS a été associée à la modélisation des pathologies, à la toxicologie prédictive et au « drug discovery » (recherche cognitive moderne).

Les recherches visant à identifier les mécanismes moléculaires cibles associés aux pathologies permettent en effet leur identification précise avec, à la clé, la pertinence des tests cellulaires sur lesquels sont criblés les composés pharma-cologiques et protéiques.

Même si de nombreuses avancées technologiques sont conçues sur les cellules iPS, toutes les voies de recherche doivent être explorées car elles sont complémentaires plutôt que concurrentes. Ainsi, les travaux sur les iPS n’ont pu aboutir que grâce aux recherches sur les cellules souches embryonnaires.

Pistes d’avenirLa biologie cellulaire appuyée sur les lignées de cellules souches humaines va prendre une grande place dans l’organisation de la R&D des industries de santé réalisant les « clinical trials in a dish »2.

Les technologies de production des lignées, d’amplification, de stockage et de différenciation des cellules indifférenciées quitteront le domaine académique pour prendre l’échelle industrielle.

Si seulement 42 produits sont commercialement disponibles début 2011, le marché des produits de biothérapies cellulaires est estimé à 3 milliards de dollars (2,47 milliards d’euros) en 2015.

quinze années à venir. La mise à disposition de futurs traitements contre la dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA)3 notamment, en dépend.

Elles nouent des alliances fortes avec les leaders industriels de la robotique et de l’informatique, à même de répondre aux défis du traitement à grande échelle des produits du vivant et des données correspondantes, ainsi qu’à l’automatisation massive des procédés et à leur miniaturisation.

Il existe 3 sortes de cellules souches : adultes, embryonnaires ou induites par reprogrammation génétique.

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Les nanotechnologies1 vont-elles permettre d’améliorer la délivrance du médicament ?

(1) Fiche réalisée à partir de la leçon inaugurale de Patrick Couvreur au Collège de France. Chaire d’innovation technologique Liliane Bettencourt. (2) Étude Leem. « Les nanotechnologies appliquées à la médecine », 2009. Disponible sur www.leem.org (3) Article d’Alain Perez, « Les nanomédicaments s’attaquent au cancer », publié dans « Les Échos » le 12 février 2011. À consulter sur http://spiral.univ-lyon1.fr/files_m/M5542/Files/367328_277.pdf

L’utilisation de nanotechnologies, capables de transporter les médicaments dans l’organisme et de les libérer à l’intérieur de la cellule, augmente l’activité thérapeutique et réduit la toxicité de nombreux médicaments. Plus spécifiques que les formulations pharmaceutiques traditionnelles, les nanomédicaments permettent de concevoir de nouvelles stratégies contre certaines maladies graves : cancers, maladies métaboliques ou neurodégénératives…

Les entreprises du médicament innovent grâce aux nanotechnologies Elles utilisent le potentiel des nanotechnologies dans la lutte contre les cancers, notamment avec des particules magnétiques susceptibles de repérer les cellules cancéreuses ou des sondes microscopiques pouvant expliquer en temps réel le métabolisme cellulaire3.

Elles peuvent désormais encapsuler plusieurs molécules pour traiter différents symptômes.

État des lieuxLe monde de l’infiniment petit a révolutionné la manière d’administrer les médicaments.

Parce qu’elles interviennent à une échelle nanométrique (1 nm = 10-9m), les nanotechnologies ne consistent pas en la simple miniaturisation d’objets mais révèlent des propriétés qu’on ne retrouve qu’à cette échelle de taille.

Les atomes et les molécules sont le lieu d’un design d’un nouveau genre, utilisant leurs propriétés électriques et magnétiques différentes à cette nouvelle échelle.

Ainsi, l’or peut devenir très réactif disposé sous forme de petites billes nanométriques.

Pistes d’avenirIl est possible de construire des nanomédicaments « intelligents » au moyen de biomatériaux utilisés selon des procédés astucieux.

Les nanovecteurs de molécules actives sont de nature variée : liposomes, nanocapsules, etc. Le couplage d’un acide gras, le squalène, à des petites molécules anticancéreuses aboutit à des nanomédicaments plus efficaces, et devrait permettre de traiter les pathologies cancéreuses résistantes aux chimiothérapies classiques.

Il reste cependant d’importants verrous techno-logiques à franchir : le faible pouvoir d’encapsulation des systèmes nanoparticulaires, la libération rapide du médicament encapsulé, la difficulté d’obtenir des matériaux synthétiques peu toxiques et biodégradables.

Elles sont sur la voie d’une libération du médicament autorégulée (en réponse à un stimulus de l’organisme) ou à distance (ondes électromagnétiques ou stimulation infrarouge, par exemple).

En grec, « nano » signifie nain.

le chiffreActuellement,

36nanoproduits2 médicaux

sont autorisés sur le marché français, dont 21 formulations

de « drug delivery » et 9 biomatériaux.

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L’immunothérapie1 est-elle la nouvelle piste pour vaincre le cancer et les maladies

neurodégénératives ?

(1) Fiche rédigée à partir des données de l’étude « Immunothérapie » du Leem. Publiée en janvier 2012 et disponible sur www.leem.org

L’immunothérapie est un traitement qui consiste à administrer des substances qui stimulent ou modifient les défenses immunitaires. Elle aborde avec de nouvelles approches des maladies fréquentes et répandues : cancer, maladies chroniques (polyarthrite rhumatoïde, maladie de Crohn, diabète…) et permet ainsi de répondre à des besoins de santé publique non couverts.

le chiffre

1/3des médicaments en développement

dans le monde sont des immunothérapies.

Les entreprises du médicament misent sur l’immunothérapie Elles s’appuient sur l’excellence française en immunologie et en vaccinologie pour mettre au point de nouveaux traitements.

Elles développent différents outils théra-peutiques : les anticorps ou les fragments d’anticorps, les produits d’immunothérapie cellulaire, les vaccins, qu’ils soient théra-peutiques ou préventifs, les immuno-modulateurs, sans oublier les biomarqueurs, qui permettent d’évaluer l’impact des traitements d’immunothérapie.

État des lieuxLe but de l’immunothérapie est de stimuler les mécanismes immunitaires, c’est-à-dire les réponses immunes quand celles-ci sont insuffisantes. On parle alors d’immunostimulation. Dans certains cas, l’immunothérapie permet de juguler l’immunité. Quand la réponse immune est excessive ou indésirable, on parle d’immunosuppression. Il convient ainsi de distinguer l’immunothérapie active de l’immunothérapie passive.

Pistes d’avenirLes immunothérapies auront un impact significatif sur quatre aires majeures : les cancers, les maladies infectieuses, les maladies auto-immunes et les transplantations.

Elles cherchent à structurer la filière de l’immunothérapie en France en s’appuyant sur les plateformes existantes (clinique de la Souris, à Strasbourg, plateforme de Nantes, etc.).

Deux nouvelles approches d’immunothérapie vaccinale chez des patients atteints de cancers de la prostate ou de mélanomes ont démontré leur efficacité dans

des essais cliniques de phase III.

Anticorps

Interféron

Vaccins

DésensibilisationNon-spécifiques :stimuler l’activité d’une cible intermédiaire qui aura un rôle effecteur du système immunitaire

Spécifiques :stimuler l’activité d’un ou plusieurs types de cellules immunitaires en particulier

Passives :utilisent des réactifs immunologiques apportés de l’extérieur

Actives :mobilisent ou renforcent les ressources du système immunitairedu malade

Impact de l’immunothérapie par aires thérapeuthiques

Transplantation

Respiratoires

Allergies

Maladies auto-immunes

Maladies infectieuses

Oncologie

Autres

SNC

Cardio

1 : impact très faible2 : impact faible

3 : impact moyen4 : impact important

Constat 2011 Vision cible à 2025

5 : impact très important

1 2 3 4 5

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Pourra-t-on un jour remplacer les gènes défectueux ?

La thérapie génique est entrée dans le vocabulaire commun avant qu’elle n’ait fait la preuve de son efficacité autrement que dans des cas isolés ou d’une manière transitoire. La progression des connaissances laisse entrevoir de nombreuses possibilités thérapeutiques, mais aussi des risques, car la régulation de l’expression des gènes apparaît d’une plus grande complexité que ce qu’on avait imaginé.

Les entreprises du médicament croient au potentiel de la thérapie génique et même de la chirurgie génique

Elles suivent attentivement les recherches de nouvelles stratégies thérapeutiques : des essais2 sont en cours pour « court-circuiter » les altérations consécutives aux mutations apparaissant au niveau des ARN-messagers (codon-stop) ou des pré ARN-messagers (saut d’exon).

Elles s’intéressent à une autre voie d’avenir qui consiste à intervenir directement au cœur

État des lieuxLa thérapie génique intervient pour corriger les défauts d’un gène. Elle consiste à injecter un gène sain dans la cellule pour remplacer le gène défectueux afin de produire des protéines thérapeutiques spécifiques pour combattre ou corriger la maladie.

Un vecteur est nécessaire pour conduire le gène sain à la cellule visée et atteindre le gène défectueux. On a presque toujours recours à des systèmes artificiels capables de franchir la barrrière membranaire, en transportant avec eux le gène compensateur du défaut génétique.

Les meilleurs systèmes vecteurs se révèlent être les virus, qui ont développé au cours de l’évolution un très grand nombre de stratégies leur permettant de pénétrer dans la cellule, mais aussi d’intégrer leur génome.

Pistes d’avenirLes thérapies géniques réalisées par l’équipe d’Alain Fischer pour traiter les enfants bulles ont fait naître de grands espoirs, malheureusement tempérés par l’apparition d’une forme de lymphome chez certains enfants traités.

La modification des protocoles et des vecteurs viraux utilisés a toutefois permis de pratiquer cette thérapie génique avec succès en France et en Grande-Bretagne.

Récemment, d’autres succès de thérapies géniques dans le traitement de l’adrénoleucodystrophie1 et de la thalassémie ont ouvert de nouvelles perspectives.

de l’ADN, soit une véritable chirurgie du gène.

Elles suivent les travaux sur les méganucléases, des « ciseaux moléculaires à ADN » qu’on peut utiliser pour remplacer, supprimer ou modifier des séquences de façon extrêmement ciblée. Des essais sont en cours pour traiter de cette manière, le xeroderma pimentosum (maladie de peau) et l’anomalie de RAG-13.

Mi-décembre 2011, quasi-guérison par thérapie génique de 4 patients atteints d’une forme sévère d’hémophilie B. Sur 6 patients, 4 ont vu leur maladie

passer d’un stade sévère à un stade banalisé, ce qui leur permet de mener une vie presque normale.

le chiffre

35enfants dans le monde vivent aujourd’hui grâce à un gène

thérapeutique introduit par un vecteur viral dans les cellules souches de la moelle osseuse.

(1 et 2) François Gros. « Les mondes nouveaux de la biologie », éditions Odile Jacob, janvier 2012. Ibid.cité. (3) Maladie qui cause des déficiences immunitaires aiguës.

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Les nouveaux médicaments seront-ils tous accompagnés de leur biomarqueur1 ?

(1) Fiche réalisée à partir de la fiche 60 rédigée par Alain Huriez, directeur général de TcLand Expression. Santé 2025. Disponible sur www.sante-2025.org (2) Chiffres extraits de l’étude du Leem « Le biomarqueur comme outil de diagnostic compagnon de produits thérapeutiques Impacts sur la R&D et sur les modèles économiques des industriels de la santé », mars 2012. Disponible sur www.leem.org

Le terme de biomarqueur est d’utilisation relativement récente, associé de plus en plus étroitement à la notion de médecine personnal isée. Cette émergence est la conséquence directe des progrès récents de la biologie moléculaire, des techniques d’analyse et de prélèvement, des progrès considérables des analyses bio-informatiques et biostatistiques rendues possibles par des outils de plus en plus performants. Le biomarqueur va sans nul doute constituer la base de la médecine personnalisée du XXIe siècle, associant médicament ciblé et son biomarqueur.

Les entreprises du médicament sont très actives dans le champ des biomarqueurs

Elles intègrent les biomarqueurs dans toutes les étapes de la chaîne de recherche de développement et de valeur de l’industrie pharmaceutique.

Elles investissent le champ des biomarqueurs en association avec de nombreux acteurs, chercheurs, investisseurs, compte tenu de

État des lieuxLe biomarqueur est devenu un concept familier, correspondant à de multiples définitions, qu’il soit prédictif ou diagnostique, utilisé en clinique ou en R&D, qu’il soit un diagnostic associé à une molécule ou non.

Pour obtenir l’information pertinente, il peut aussi dépendre de technologies aussi diverses que la génomique, la transcriptomique, la protéomique, ou encore l’imagerie.

Ce sont des entreprises de biotechnologie nord-américaines qui ont les premières développé et commercialisé des marqueurs sanguins ou tumoraux tissulaires diagnostiques ou prédictifs de pathologie ou de réponse au traitement.

Pistes d’avenirLes biomarqueurs amélioreront la qualité des solutions thérapeutiques. Ils permettront non seulement d’offrir des thérapeutiques ciblées et à la carte aux patients mais seront également utilisés largement pour le dépistage, la prévention, et toutes les informations prédictives visant à toujours mieux soigner les patients.

Les biomarqueurs seront à la portée de tous et constitueront la base de n’importe quelle offre de soins.

L’utilisation des biomarqueurs sera généralisée et encouragée par le corps médical et les systèmes de santé.

l’importance économique et médicale de cette technologie.

Elles sont poussées au développement de biomarqueurs par les autorités réglementaires et les pouvoirs publics, car ils ont un impact sur la qualité, l’efficacité et le coût des soins.

Le premier biomarqueur commercialisé est le marqueur de la protéine HER 2, afin de traiter de façon ciblée les femmes atteintes de cancer

du sein surexprimant cette protéine.

le chiffre

En oncologie, 542

biomarqueurs dits « compagnons » sont déjà commercialisés

en 2011-2012, et 97 vont l’être.

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Les médicaments peuvent-ils être produits par des OGM ?

Les OGM (organismes génétiquement modif iés) ou organismes transgéniques sont non seulement des modèles d’étude intéressants, mais également des « producteurs » de molécules ayant des effets thérapeutiques. C’est le cas des organismes auxquels a été transféré un gène dans le but de leur faire produire une protéine d’intérêt thérapeutique.

Les entreprises du médicament utilisent les possibilités de la transgénèse Elles utilisent les techniques de la biologie moléculaire et les capacités de synthèse protéique des micro-organismes pour la production de nombreux médicaments.

Elles envisagent d’augmenter la production de médicaments par des plantes transgéniques, notamment en vue de minimiser les risques de transmission d’agents infectieux à l’homme. En effet, il n’existe pas de maladies

État des lieuxDepuis une vingtaine d’années, un certain nombre de protéines thérapeutiques dites « recombinantes » sont produites par des OGM : insuline, hormones de croissance, vaccins, facteurs de coagulation, anticorps monoclonaux.

La transgénèse consiste à transférer dans le patrimoine génétique d’un organisme un ou plusieurs gènes d’intérêt apportant une caractéristique nouvelle à l’organisme receveur.

Avantages : cette méthode permet d’obtenir des protéines « pures » de structure proche de celle de la protéine humaine – provoquant donc peu de réactions d’immunisation – et d’éliminer les risques de transmission d’agents infectieux liés à l’extraction de produits d’origine humaine.

Hélas les coûts de production sont encore élevés, notamment pour obtenir des produits en quantités suffisantes.

Pistes d’avenirL’hormone de croissance humaine a été la première protéine d’intérêt thérapeutique à être produite par une plante transgénique, le tabac, en 1986.

Depuis, diverses autres protéines, comme l’interféron alpha, l’érythropoïétine, l’albumine sérique, les anticorps, les enveloppes protéiques de virus ou encore les toxines, ont été produites par le tabac ou d’autres plantes comme la tomate, la pomme de terre ou le maïs.

À court terme, c’est la production d’anticorps qui devrait susciter la plus forte demande.

Il paraît théoriquement possible d’administrer une protéine – un vaccin par exemple – en consommant des tomates ou des bananes génétiquement modifiées en vue de la production de cette protéine.

transmissibles de la plante à l’homme. Des travaux de recherche ont, par exemple, porté sur des plantes susceptibles de produire un vaccin recombinant contre la grippe.

Elles bioproduisent des médicaments à partir de bactéries, de levures, de cellules en culture et d’animaux dont le patrimoine héréditaire a été modifié en vue de la production de ces protéines.

Le terme OGM, organisme génétiquement modifié, s’applique habituellement aux plantes.

le chiffre

1 antithrombine humaine

recombinante obtenue dans le lait de chèvre transgénique a été autorisée dans l’Union

européenne en 2006.

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Les plans de santé publique favorisent-ils la recherche et le progrès thérapeutique ?1

(1) Le livre des plans de santé publique. Ministère de la Santé. Édition 2010/2011. (2) Rapport INCa. 2011.

Les plans de santé publique et notamment, les plans nationaux – plan cancer, plan maladies rares, plan Alzheimer – concentrent, organisent et soutiennent les initiatives de tous les acteurs concernés par ces pathologies pour accélérer le diagnostic et la recherche, mais aussi pour accompagner les malades et leur entourage. Ils participent à la mise en place de véritables filières.

Les entreprises du médicament soutiennent activement la dynamique de coopération créée par les plans

Elles sont fortement engagées dans le plan Alzheimer qui a permis d’enclencher un processus partenarial de partage des connaissances et des recherches, seul capable de répondre aux défis de cette maladie.

Elles sont au cœur d’une contribution extrêmement positive de la France ayant pour finalité d’accélérer l’ensemble des processus de recherche internationaux.

État des lieuxLes plans cancer, maladies rares et Alzheimer affichent les priorités des pouvoirs publics en matière de santé. Ils favorisent ainsi l’essor de la recherche sur ces pathologies et donnent une visibilité internationale aux équipes, aux hôpitaux et aux plateformes technologiques engagées dans la lutte contre ces maladies.

Lors du premier plan cancer (2003-2007), plus de 56 millions d’euros2 ont été consacrés aux projets de recherche en cancérologie, aux plateformes technologiques, aux centres de ressources biologiques, à la formation et au soutien de jeunes équipes de recherche. 225 équipes de recherche ont ainsi reçu un soutien spécifique.

Le second plan cancer (2009-2013), prévoit une enveloppe de près de 400 millions d’euros pour l’axe recherche, avec un soutien renforcé et majeur à la recherche fondamentale et à la recherche pluridisciplinaire.

Pistes d’avenirLa recherche sur la maladie d’Alzheimer bénéficie de 200 millions d’euros sur cinq ans dans le cadre du plan Alzheimer lancé en 2008. L’effort concerté a permis de sélectionner des projets de recherche innovants, d’attirer de jeunes talents ou des chercheurs confirmés, de fournir l’équipement nécessaire au suivi des cohortes de patients, et d’ouvrir de nouvelles perspectives thérapeutiques.

La maladie d’Alzheimer est devenue une action pilote pour la programmation conjointe européenne qui associe 25 pays sous la coordination française.

Le volet recherche du second plan maladies rares (2010-2014) permettra notamment de mieux coordonner les efforts de recherche sur les maladies rares, d’améliorer l’accès des équipes de recherche à des plateformes technologiques hautement performantes et de développer des partenariats public-privé pour accélérer la recherche thérapeutique.

Elles bénéficient, grâce aux recherches permises par les plans cancer, d’avancées comme le séquençage complet du génome des cinq cancers les plus fréquents qui ouvrent des perspectives en termes de diagnostic et de traitement.

Au-delà des plans de santé évoqués, le vieillissement, l’obésité, le diabète, et les virus émergents sont des priorités auxquelles la recherche biomédicale

devra apporter des réponses en termes de connaissances et de soins innovants.

le chiffre

30plans de santé publiquesont en cours en 2012.

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L’ÉCONOMIEDu MÉDICAMENT

61 En quoi consiste la politique de régulation du médicament en France ?

62 Comment le prix du médicament est-il fixé en France ?

63 Pourquoi certains médicaments sont-ils remboursés et d’autres pas ?

64 Le médicament creuse-t-il le déficit de l’Assurance maladie ?

65 Les génériques sont-ils un facteur d’économies pour l’Assurance maladie ?

66 L’industrie du médicament est-elle stratégique pour la France ?

67 Quelle est le rôle de l’industrie pharmaceutique européenne en matière de R&D ?

68 Quel est le coût du développement d’un médicament ?

69 Quels sont les enjeux liés à la propriété intellectuelle ?

70 L’industrie pharmaceutique est-elle encore innovante ?

71 La France reste-t-elle attractive pour les industries de santé ?

72 Les biotechnologies sont-elles la clé du développement économique de l’industrie

du médicament ?

73 Quel est l’avenir de la production industrielle en France ?

74 La France est-elle dans la course de la bioproduction ?

75 Les sites pharmaceutiques français sont-ils voués à être délocalisés ?

76 Où en est l’emploi dans l’industrie du médicament ?

77 Quel est le poids de l’industrie du vaccin ?

78 Comment l’industrie du médicament participe-t-elle à la constitution de filières de santé ?

79 La France reste-t-elle une terre d’investissements pour l’industrie pharmaceutique ?

80 Quel rôle joueront les industries de santé dans le monde en 2025 ?

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100 QUESTIONS QUE L’ON NOUS POSE - JUIN 2012

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Depuis 1994, c’est de manière conventionnelle, au moyen d’accords-cadres régulièrement renouvelés, qu’est mise en œuvre la politique de régulation des médicaments, notamment pour fixer le prix de ceux qui sont remboursables.

Les entreprises du médicament souhaitent que la refonte du système du médicament ne remette pas en cause cette approche conventionnelle.

le chiffre

5accords-cadres

(et 1 avenant) ont été signés depuis 1994.

Elles considèrent que le processus conventionnel offre un cadre de dialogue et de négociation entre industriels et pouvoirs publics. La signature d’un nouvel accord-cadre, en septembre 2008, et de son avenant, en 2010, témoigne de la volonté de maintenir le partenariat État-industrie et de la lisibilité de l’action publique.

Elles contestent cependant les mesures connexes au projet de loi sur le médicament, incluses dans le PLFSS 20122 : augmentation de la pression fiscale pour financer le développement professionnel continu des médecins, baisses

Pourquoi une politique conventionnelle ?La politique conventionnelle est fondée sur la juste reconnaissance du progrès thérapeutique par le prix, en alignant le prix des innovations sur le niveau européen, sous réserve de maîtriser, par une prescription rigoureuse, tant l’effet structure que l’effet quantité.

Cette démarche a permis une diffusion rapide des innovations thérapeutiques et constitué un important facteur d’attractivité.

La politique conventionnelle de la décennie 1994-2004 a fait de la France un acteur incontournable de la production de médicaments en Europe et un important créateur d’emplois industriels.

Les évolutions récentes :Les industriels constatent chaque année une sévérité accrue de la part de la Haute autorité de santé (HAS), via sa commission de la transparence en charge de l’évaluation du progrès thérapeutique.

La politique de maîtrise médicalisée des dépenses est devenue beaucoup plus prégnante, notamment avec la mise en place des contrats d’amélioration des pratiques individuelles (Capi) prévoyant une rémunération des médecins à la performance et la prescription des molécules génériquées.

La politique conventionnelle du médicament est de plus en plus souvent remise en cause par des accords entre l’Uncam1 et les professionnels de santé.

de prix à hauteur de 910 millions d’euros (soit le double de l’effort demandé chaque année à l’industrie), déremboursements, etc. Ces mesures d’économies interviennent alors que la dépense de médicament est régulée.

Elles travaillent au renouvellement de l’accord-cadre État-industrie, qui arrive à échéance fin 2012, pour participer à l’amélioration du système d’évaluation du médicament et concilier maîtrise des dépenses de santé et attractivité de la France dans le secteur des sciences de la vie et de la santé.

61

En quoi consiste la politique derégulation du médicament en France ?

(1) Uncam : Union nationale des caisses d’assurance maladie. (2) Projet de loi de financement de la Sécurité sociale.

Les entreprises du médicament privilégient le maintien de la politique conventionnelle

La régulation et l’encadrement réglementaire du médicament semblent avoir atteint leurs limites : aux contraintes de la régulation s’ajoute le poids des taxes spécifiques

au secteur estimées à 4 % du chiffre d’affaires pour 2012.

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100 QUESTIONS QUE L’ON NOUS POSE - JUIN 2012

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MARGE OFFICINALE POUR LA PARTIE DU PFHT

Comprise entre 0 et 22,90 € 26,1 %

Comprise entre 22,90 et 150 € 10 %

Supérieure à 150 € 6 %

Forfait hors taxe par boîte 0,53 €

TVA 2,1 %

MARGE GROSSISTE

Pour les PFHT inférieurs à 450 €

6,68 % du PFHTavec un seuil de

0,30 €

Pour les PFHT supérieurs à 450 €

30,06 €(somme forfaitaire)

Fixation du prix pour les médicaments remboursables en ville

Le prix est négocié entre le CEPS et le laboratoire pharmaceutique dans un cadre conventionnel. À défaut d’accord, le CEPS fixe unilatéralement le prix des médicaments remboursables.

Le prix tient principalement compte : - de l’ASMR (Amélioration du service médical

rendu)2 apportée par le médicament, - des prix des médicaments à même visée

thérapeutique, - des volumes de ventes prévus ou constatés, - des conditions prévisibles et réelles d’utilisation. Le prix et l’inscription sont accordés pour cinq ans

renouvelables.

Les médicaments d’ASMR I, II, III et une partie des médicaments d’ASMR IV peuvent bénéficier de la

(1) Chiffre d’affaires France et export. (2) L’ASMR est une notation délivrée par la commission de la transparence de la Haute autorité de santé (HAS). Elle apprécie l’amélioration du service médical rendu par un médicament par comparaison aux autres médicaments déjà commercialisés dans la même classe. Elle est cotée de 1 à 5, d’amélioration majeure à absence d’amélioration. (3) Dénomination commune internationale.

le chiffre

40 %1

C’est la part des médicaments remboursables dans le chiffre d’affaires de l’industrie pharmaceutique.

En France, les prix des médicaments remboursables sont les derniers prix industriels à être administrés. Les prix fabricant hors taxes (PFHT) des médicaments remboursables vendus en officines sont négociés entre chaque laboratoire pharmaceutique et le Comité économique des produits de santé (CEPS).

garantie de stabilité de prix européen : le CEPS garantit que, sur une période de cinq ans, « le niveau de prix ne sera pas inférieur au prix le plus bas parmi ceux pratiqués sur les quatre principaux marchés européens » (Royaume-Uni, Allemagne, Italie, Espagne).

La procédure de « dépôt de prix » (le laboratoire fixe le prix de son produit) est accordée aux médicaments d’ASMR I à III et à une partie des médicaments d’ASMR IV en contrepartie d’engagements sur un prix cohérent par rapport au prix du produit sur plusieurs marchés européens (Allemagne, Royaume-Uni, Espagne et Italie), d’un volume de ventes important et de la réalisation d’études observationnelles.

À ce PFHT sont ajoutées des marges de distribution (grossistes et pharmaciens) pour obtenir le PPHT (prix public hors taxe), auquel on ajoute la TVA pour obtenir le PPTTC (prix public toutes taxes comprises).

Cas particulier des médicaments génériques Le PFHT des médicaments génériques est fixé à -60 % du prix du princeps. Le prix

du princeps est ensuite diminué, à la commercialisation du générique, de 20 %. À l’issue de dix-huit mois d’exploitation, le Comité décide soit la mise sous TFR (tarif forfaitaire de responsabilité) du groupe générique (princeps + génériques pour une

DCI3, un dosage et une forme galénique), soit la baisse du prix du princeps (-12,5 %) et des génériques (-7 %). Afin d’encourager la substitution, la marge officinale, pour les

médicaments génériques hors TFR, est calculée sur la base du prix du princeps : en valeur absolue, le pharmacien gagne la même marge, qu’il vende le princeps ou le générique.

62

Comment le prix du médicamentest-il fixé en France ?

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100 QUESTIONS QUE L’ON NOUS POSE - JUIN 2012

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SMR ET ASMR, DEUX CLASSEMENTS RÉGULIÈREMENT CONTESTÉS

Les industriels du médicament constatent une absence de lisibilité et d’anticipation possible des avis de la commission de la transparence se traduisant par :

- une diminution très significative des produits acceptés au remboursement avec une foison de SMR insuffisants

- un refus de prise en charge de nouvelles molécules pourtant commercialisées dans la quasi-totalité des pays d’Europe

- une évaluation du niveau d’ASMR également beaucoup plus sévère

(1) Entretien avec Gilles Bouvenot. APM. Lundi 5 décembre 2011. « La Commission de la transparence va préciser par écrit sa doctrine ».

Elles mesurent que la liste des médicaments remboursables, ainsi que leur taux de remboursement, sont des données en constante évolution.

Elles souhaitent cependant une clarification des critères de remboursement et de non remboursement.

Elles s’élèvent contre des mesures de déremboursement justifiées par des critères uniquement conjoncturels : le médicament ne doit pas être la variable d’ajustement du système de Sécurité sociale.

Le processus de remboursement Le laboratoire qui souhaite que ses médicaments soient remboursés remplit un dossier technique qu’il envoie à la fois à la commission de la transparence de la HAS et au comité économique des produits de santé (CEPS). Il s’accompagne d’un dossier économique justifiant le prix sollicité, destiné au seul CEPS.

L’avis de la HAS est destiné au ministère de la Santé qui décide de l’inscription au remboursement du médicament, le CEPS fixant son prix et l’Union nationale des caisses d’assurance maladie (Uncam), son taux de remboursement.

La commission de la transparence de la HAS donne un avis sur le service médical rendu (SMR) par le

médicament. Elles prend en compte son efficacité, ses effets indésirables, sa place dans la stratégie thérapeutique, la gravité de l’affection à laquelle il est destiné, le caractère préventif, curatif ou symptomatique du traitement et son intérêt pour la santé publique. Le SMR est décliné de majeur à insuffisant : il ne compare pas le médicament aux autres produits mais permet de définir un taux de remboursement. Les médicaments qui obtiennent un SMR insuffisant ne peuvent être inscrits sur la liste des médicaments remboursables.

L’avis de la commission de la transparence évalue également l’amélioration du service médical rendu (ASMR) ,qui compare la valeur ajoutée de la nouvelle molécule aux traitements existants sur une échelle de I (innovation majeure) à V (absence d’amélioration). L’ASMR est un élément de négociation du prix.

La commission de la transparence répondra aux critiques d’imprévisibilité formulées par l’industrie pharmaceutique à l’encontre de ses décisions1. Ses arguments

figureront dans le rapport annuel 2011 de la Haute autorité de santé (HAS).

Le taux de remboursement d’un médicament (ville) varie en fonction de son service médical rendu (SMR). Il est apprécié par la commission de transparence de la Haute autorité de santé (HAS), qui peut préconiser au gouvernement le déremboursement de certains produits pharmaceutiques qu’elle juge à « service médical rendu insuffisant ».

le chiffre

4C’est le nombre de taux de remboursement pour

les médicaments : 100 %, 65 %, 30 % et 15 %.

63

Pourquoi certains médicamentssont-ils remboursés et d’autres pas ?

Les entreprises du médicament ont conscience que les priorités de santé publique évoluent

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100 QUESTIONS QUE L’ON NOUS POSE - JUIN 2012

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IELes entreprises du médicament sont engagées auprès des autres acteurs de santé pour résorber le déficit de l’Assurance maladie.

Elles contribuent, par le rôle majeur et sous-estimé du médicament à l’hôpital, à diminuer la durée des séjours et à améliorer la qualité des soins journaliers : une source d’économies.

Elles souscrivent aux choix politiques et sociétaux français fondés sur un accès universel à l’innovation, à des soins de qualité et à une prise en charge importante par l’Assurance maladie obligatoire.

Ces choix ont pour conséquence un coût collectif du médicament légèrement supérieur en France, en raison d’un effet structure qui privilégie des produits plus récents et plus innovants. Ce coût collectif pourrait être réduit, sans porter préjudice à la santé du patient, en promouvant l’automédication ou en révisant le système des ALD, dont le nombre d’admissions a doublé ces vingt dernières années.

État des lieuxEn 2010, les remboursements de l’Assurance maladie du régime général se sont élevés à 126 milliards d’euros.En 2010, les remboursements de médicaments (en ville et à l’hôpital) étaient de 22,7 milliards d’euros. En moyenne, le médicament est remboursé à 76 %, un chiffre en augmentation, en raison de l’accroissement du nombre de personnes prises en charge à 100 %.

ÉvolutionLa part du médicament dans les remboursements de l’Assurance maladie était de 18 % en 2010, un chiffre stable depuis 2005. 16 % des assurés du régime général bénéficient d’une prise en charge à 100 % au titre d’une affection de longue durée (ALD).Ils représentent 60 % des remboursements de l’Assurance maladie et 90 % de la croissance des dépenses.

Le déficit de l’Assurance maladie s’est creusé ces dernières années. Contrairement aux idées reçues, la part du médicament dans les remboursements de l’Assurance maladie reste stable, le médicament contribuant activement au respect de l’objectif national des dépenses d’assurance maladie (Ondam).

le chiffre

18 %C’est la part du

médicament dans les remboursements de

l’Assurance maladie1.

Compte tenu du vieillissement de la population et de la montée de l’incidence des cancers et du diabète, le nombre d’Affections longue durée (ALD)

ne devrait pas aller en diminuant.

(1) Cnamts.

64

Le médicament creuse-t-ille déficit de l’Assurance maladie ?

Hospitalisation51,3 %

Médicamentshospitaliers

5,1 %

Médicamentsambulatoires et rétrocessions14,7 %

Honoraires privés14,7 %

Autres dépenses1

14,7 %

Structure desremboursementsde l’Assurance maladiedu régime généralen 2010Source : CNAMTS

(1) autres dépenses : auxiliaires médicaux analyses, transport de malades, dispositifs médicaux.

Indemnitésjournalières4,9 %

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(1) Prix d’introduction du générique dans le répertoire des génériques -60 %. Puis, des baisses consécutives réduisent l’écart entre prix princeps et prix des génériques, ce qui conduit à ce chiffre « moyen ». (2) L’Afssaps devient l’ANSM en 2012. (3) Commission des comptes de la santé. Rapport de septembre 2011. (4) Le marché des génériques. Bilan de l’année 2011. Circulaire de la direction des affaires économiques du Leem. 3 février 2012. (5) Étude Gemme, de mars 2011 réalisée par Philippe Février, directeur du laboratoire d’économie industrielle du Crest et professeur à l’École Polytechnique. (6) Chiffres Gemme 2011.

Les entreprises du médicament soutiennent la politique de développement des génériques en France

Elles considèrent que le marché des génériques constitue un réel gisement d’économies, loin d’être épuisé. La mise en place des contrats d’amélioration des pratiques individuelles (Capi) en 2009 auprès de médecins volontaires, puis la nouvelle convention médicale ont impliqué, à travers des incitations financières, les médecins dans la politique générique. Elles soulignent la complexité des comparaisons internationales Les pourcentages de comparaison entre la France, l’Allemagne, la Grande-Bretagne et les pays du nord prennent en compte plusieurs facteurs :

- En unités : des marchés remboursables très différents, des politiques publiques et des systèmes de protection sociale très variés.

- En prix publics : un intéressement coûteux du pharmacien.

- En prix fabricant : un prix attractif français pour les grandes DCI (approche interrompue en 2011-2012).

Elles produisent sur le sol français 55 %6 des génériques dispensés en France et 97 % sur le sol européen, un élément fort d’attractivité pour la France.

Elles tiennent à inscrire ce soutien dans une politique globale de promotion de l’innovation : il faudra toujours une innovation avant de disposer d’un générique et cette innovation ne verra le jour que si l’investissement qu’elle nécessite peut être amorti.

Un outil efficace d’économiesLe répertoire des spécialités génériques, créé et géré par l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM)2, est constitué de groupes génériques contenant le médicament princeps et ses génériques. Par le répertoire, l’État garantit la sécurité de la substitution entre produits : leur « bioéquivalence ».Les procédures d’enregistrement et d’admission au remboursement sont allégées pour les génériques. Le médicament générique bénéficie automatiquement des mêmes critères de remboursement que la spécialité de référence.

Les pouvoirs publics français ont fait le choix d’une offre générique large, pérenne et de qualité. Les

prix des médicaments génériques sont directement corrélés à ceux des princeps. En France, il sont, depuis début 2012, comparables à ceux pratiqués en Europe. La substitution générique s’appuie sur les pharmaciens d’officines, qui bénéficient des mêmes marges en valeur absolue que sur les princeps, ainsi que de rabais plus importants, ce qui entraîne un prix public proportionnellement plus élevé pour ces molécules. La part des génériques dans le marché remboursable connaît une très forte progression depuis 2002, passant de 4,1 %3

du marché (en valeur) à 13,3 % en 2010 et 14 % en 20114.Cet essor a permis de dégager des économies substantielles pour la Sécurité sociale : 905 millions d’euros en 2008, 1,2 milliard d’euros en 2009 et 1,8 milliard d’euros5 en 2010.

Environ 1 boîte de médicaments sur 4 vendues en officine est un générique.

65

Les génériques sont-ils un facteur d’économies pour l’Assurance maladie ?

Le médicament générique est une copie très proche d’un médicament original (princeps) dont le brevet a expiré. Son prix n’a pas à tenir compte des coûts de recherche et de développement ni de l’acquittement de redevances d’exploitation : il est donc moins élevé. Il constitue ainsi une source d’économies importante pour les systèmes de santé, adoptée dans de nombreux pays (États-Unis, Allemagne, Angleterre…) et adaptée à chaque situation nationale.

le chiffre

Prix industriel du générique en France :

- 50 %1

du prix du princeps.

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Pourquoi l’industrie du médicamentest-elle stratégique pour la France ?

(1) « Les entreprises du médicament en France. Éléments chiffrés. » Leem, édition 2011. Page 52. (2) Chiffres extraits du rapport du Pipame, juin 2011. « L’industrie du dispositif médical et du diagnostic ». (3) fiche 76. Ibid cité. (4) Repères sur l’emploi des entreprises du médicament. Sources consolidées au 31/12/2010. Leem. (5) Minefi. Note CSIS. 2009. (6) Ibid cité page 5. Chiffres 2008. (7) Centre national de gestion des essais des produits de santé.

L’industrie du médicament et, d’une manière globale, les industries de santé constituent une filière stratégique pour la compétitivité de la France et la santé de ses habitants. La création, en 2004, du Conseil stratégique des industries de santé (CSIS) – instance de dialogue entre État et industriels de la santé – a démontré la reconnaissance du potentiel de recherche, de l’attractivité et de l’indépendance sanitaire de ce secteur capital de l’économie française.

le chiffre

5c’est le nombre

de réunions du CSIS entre 2004 et 2012.

Les entreprises du médicament veulent faire de la France un territoire attractif de la filière santé

Elles considèrent que seule une vision partagée promue par le CSIS permettra d’étudier les améliorations possibles en termes de stabilité de la régulation, de délais d’accès au marché et d’accès rapide au patient.

Elles favorisent les nouvelles alliances : elles ont ainsi créé à partir du noyau des industriels du Leem recherche, l’Alliance pour la recherche et l’innovation des industries de santé (Ariis)

en février 2010. Cette instance est chargée de multiplier les passerelles avec l’Alliance pour les sciences de la vie et de la santé (Aviesan).

Elles attendent des mesures concrètes de nature à rétablir la confiance des investisseurs internationaux et nationaux, la lisibilité et la prévisibilité de la politique industrielle du médicament en France.

Une filière stratégiqueLes industries de santé sont créatrices de valeur, de croissance et d’emploi. Le chiffre d’affaires de l’industrie du médicament s’est élevé à 51 millards d’euros1 en 2010, dont 47 % à l’exportation. Celui de l’industrie des dispositifs médicaux et du diagnostic était de 19 milliards d’euros2 en 2010.

L’industrie du médicament est le deuxième secteur exportateur français, le troisième producteur européen et le quatrième3 secteur industriel en termes d’excédent commercial dégagé. Les entreprises du médicament employaient 103 9004 personnes en France en 2010.

Les industries de santé sont un secteur intensif en recherche et développement. Elles y consacrent entre 15 et 20 %5 de leur chiffre d’affaires au niveau mondial. Elles sont un partenaire indispensable en cas de crises sanitaires.

Le dialogue État-industrie pour le maintien de la filière en FranceEn France, les entreprises du médicament investissent 12,5 %6 de leur chiffre d’affaires dans la recherche et le développement, soit 5 milliards d’euros par an.

Toutes les réunions du CSIS ont eu pour objectif de promouvoir l’attractivité du territoire et d’accompagner l’évolution du modèle industriel de recherche.

À côté de la structuration du secteur par la mise en œuvre de mécanismes fiscaux attractifs (crédit d’impôt recherche), la création de bioclusters et de grandes plateformes hospitalo-universitaires (IHU) financés par le grand emprunt, des mesures plus spécifiques, décidées au fur et à mesure des réunions du CSIS, ont permis d’aider de manière ciblée les maillons « faibles » de la filière santé. Citons le Cengeps7 pour soutenir la recherche clinique, le fonds InnoBio pour épauler le secteur des biotechs ou encore le renforcement de la formation et de la recherche partenariale.

Il existe 7 pôles de compétitivité santé en France.

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Quel est le rôle de l’industrie pharmaceutique européenne en matière de R&D ?

(1 et 3) Efpia. « The Pharmaceutical Industry in Figures ». 2011. Update. (2) EU Industrial Scoreboard. 2011. (4) Programme-cadre de recherche et de développement : il s’agit d’un programme de l’Union européenne en matière de recherche. (5) European Federation of Pharmaceutical Industries and Associations. (6) www.imi.europa.eu

L’industrie pharmaceutique européenne joue un rôle clé dans la recherche et l’innovation médicales. Face à l’accélération de la concurrence des États-Unis mais aussi des pays émergents, elle s’est engagée aux côtés de l’Union européenne dans une initiative conjointe (IMI) pour innover « autrement » et garder son leadership en matière de recherche.

le chiffre

271 milliards d’euros

C’est l’investissement en R&D du secteur

pharmaceutique européen.

Les entreprises du médicament innovent « autrement » Elles cherchent à augmenter la productivité des processus de découverte en supprimant les goulots d’étranglement, accélérant ainsi la mise au point de médicaments innovants, sûrs et efficaces. C’est l’objectif de l’Initiative médicaments innovants (IMI).

Elles se sont ainsi engagées dans cette initiative technologique conjointe du 7e PCRD4, dotée d’un budget de 2 milliards d’euros émanant pour moitié de la Commission européenne

et pour l’autre (en nature) des compagnies membres de l’Efpia5. Objectif : constituer des consortiums regroupant industriels et équipes du monde académique à l’échelon européen.

Elles participent à 236 consortiums issus des trois premiers appels à projets IMI, des investissements en amont qui devraient aider à « booster » la découverte de nouvelles molécules et à se repositionner par rapport aux États-Unis notamment.

État des lieuxLes sciences de la vie et de la santé ont été clairement identifiées comme un des domaines clés d’une économie européenne fondée sur l’innovation.

Le secteur de la pharmacie et des biotechnologies a augmenté ses investissements en R&D de 6,2 %2 entre 2010 et 2011, renforçant ainsi sa position de secteur leader de l’investissement en recherche.

Les industriels européens du médicament investissent 15,9 %3 de leur chiffre d’affaires dans la R&D et emploient 640 286 personnes, dont 115 000 dans la recherche.

Perspectives d’avenirLes pays européens disposent encore de la masse critique nécessaire à la recherche, mais ils risquent d’être rapidement concurrencés s’ils ne mettent pas en place une vraie politique d’attractivité.

L’écosystème de recherche sera de plus en plus dépendant de pôles géographiques combinant universités et réseaux d’entreprises.

La clé de cette nouvelle organisation sera la capacité de former et de retenir localement un grand nombre de scientifiques et d’entretenir un vivier de compétences multidisciplinaires.

INITIATIVE MÉDICAMENTS INNOVANTS (IMI)

IMI est une approche en amont qui vise à déterminer la masse critique nécessaire pour la recherche et l’innovation en rapprochant la communauté scientifique européenne autour des principaux domaines stratégiques identifiés.

IMI opère ainsi une révolution « culturelle », fruit d’une réflexion associant toutes les parties prenantes au progrès thérapeutique, pour favoriser une approche plus prédictive et éliminer les goulots d’étranglement freinant le process de découverte. Elle positionne pour la première fois les industriels de la pharmacie au cœur de la construction des projets.

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(1) Estimation fournie par le Tufts Center for the Study of Drug Development. Communiqué du 5 janvier 2011. (2) Elias Zerhouni. Leçon inaugurale au Collège de France. « Les grandes tendances de l’innovation biomédicale au XXIe siècle ». 20 janvier 2011. Page 27. (3) PhRMA. Infographics. N°14. www.phrma.org/research/infographics (4) Elias Zerhouni. Ibid cité. (5) Steven M. Paul, Daniel S. Mytelka, Christopher T. Dunwiddie « How to Improve R&D Productivity : the Pharmaceutical Industry’s Grand Challenge ». « Nature Reviews. Drug Discovery », n° 9. Mars 2010. p 203-214. (6) Elias Zerhouni. Ibid cité page 28. (7) Ministère de la Recherche. « Réseau mondiaux d’innovation ouverte, systèmes nationaux et politiques publiques. » Frédérique Sachwald. Décembre 2008.

Quel est le coût du développement d’un médicament ?

Il est difficile de connaître de façon précise le coût de développement d’un médicament : la structure même du processus de recherche, de développement et de commercialisation d’un médicament, fait d’investissements, d’échecs et de longues procédures administratives pour accéder au marché, rend l’exercice quasiment impossible. Seule règle connue : les médicaments qui arrivent sur le marché doivent générer des ressources permettant de rémunérer leur propre coût de développement mais également le coût des échecs intervenus à chaque phase du processus.

le chiffre

Le coût de développementmoyen d’un produit

est évalué aujourd’hui

à 11 milliard d’euros

Les entreprises du médicament inventent un autre modèle Elles remettent à plat leur modèle d’innovation et de développement.

Elles se sont donné comme priorités : - la mise en commun des ressources : bases

de données, biobanques, tumorothèques, plateformes techniques ;

- « l’innovation ouverte » en multipliant les

collaborations scientifiques et technologiques avec l’extérieur pour élargir les possibilités de R&D. Elle ne se substitue pas à l’activité de R&D interne mais en est largement complémentaire ;

- la recherche translationnelle afin de fluidifier le circuit de développement du médicament et en raccourcir les délais.

L’estimation actuelleIl n’existe aucune formule de calcul permettant d’identifier à chaque moment du développement les ressources directement mobilisées pour cette phase spécifique.

Le coût se calcule aujourd’hui en se fondant sur la prise en compte du coût des échecs selon trois paramètres essentiels : - le rapport entre le nombre de molécules identifiées dans la phase de découverte et le nombre de molécules enregistrées sur les principaux marchés, - les montants investis,- le temps écoulé entre la prise de brevet pour la molécule et l’accès aux marchés remboursés.

Le coût de développement d’un médicament s’est accru ces dernières années passant de quelques centaines de millions d’euros à plus de 1,5 milliard2 d’euros pour certains médicaments. Il aurait augmenté de 60 %3 entre 2000 et 2005. Aujourd’hui, seul 1 médicament sur 134 sera couronné de succès, contre 1 sur 8, il y a dix ans.

Les conséquences de l’augmentation exponentielle du coût d’un médicamentEntre 1999 et 2009, les dépenses de R&D des industriels du médicament ont augmenté de 175 %5, tandis que le nombre de molécules approuvées chaque année a diminué de près de moitié.

Même l’industrie des biotechnologies, jugée plus créative, ne bénéficie pas, sauf quelques rares exceptions, de retours sur investissements plus importants que ceux de la « big pharma ».

Par conséquent, le développement de médicaments est considéré comme une activité économique à haut risque, ce qui tend à « éloigner les investisseurs du capital des compagnies de biotechnologies émergentes et à réduire la valeur boursière des grands laboratoires pharmaceutiques »6.

L’innovation ouverte7 permet aux entreprises d’accéder à un éventail de connaissances et d’idées beaucoup plus large que ce que les capacités internes peuvent gérer.

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Quels sont les enjeux liésà la propriété intellectuelle ?

(1) « Le Nouvel Économiste ». « La Falaise des brevets ». 8 décembre 2011. (2) Évaluation de l’agence de notation Fitch Ratings. Dépêche AFP du 12 décembre 2011. (3) François Bouvy. directeur market access d’Efpia. Dans « Le Nouvel Économiste ». Blockbusters. 8 décembre 2011.

La propriété intellectuelle est l’un des éléments fondamentaux du développement de l’innovation. Les entreprises du médicament, qui investissent dans de longs et coûteux programmes de recherche, doivent pouvoir compter sur la protection que leur confèrent les brevets sur leurs découvertes.

le chiffre

501 milliards d’euros

C’est le chiffre d’affaires des 4 médicaments parmi les 10 les plus vendus qui

perdent leur brevet en 2012.

Les entreprises du médicament demandent le respect rigoureux des droits de propriété intellectuelle

Elles défendent l’exclusivité commerciale temporaire de vingt ans donnée au titulaire du brevet à compter du jour de dépôt de la demande. En pratique, elle est plutôt de dix ans en raison de la durée de la recherche avant la commercialisation.

Elles cherchent à être présentes là où se développe la recherche de pointe. Compte tenu de l’évolution actuelle des sciences du vivant – où l’on couvre par des brevets les connaissances scientifiques très en amont,

comme celles sur les fonctions des gènes et des protéines –, le brevet devient un facteur stratégique d’attractivité.

Elles considèrent que le brevet est un élément déterminant et décisif de la politique d’innovation et des investissements en recherche et développement. Plus les technologies en jeu deviennent complexes, plus les brevets sont essentiels au processus d’innovation.

La « falaise des brevets »Les 15 groupes mondiaux du secteur pharmaceutique vont continuer à faire face à « des défis importants en 2012 en affrontant une période sans précédent d’expiration de brevets. Dans le même temps, le secteur pharmaceutique est confronté à une politique de maîtrise des coûts croissante de la part des gouvernements et une pression sur la demande »2.

Peu de médicaments génèrent des gains suffisants pour couvrir l’ensemble des coûts de recherche et de développement engagés, d’où l’importance capitale du respect de la propriété intellectuelle que confère le brevet.

Les prochains médicaments dont les brevets vont tomber dans le domaine public sont des médicaments biotechs, dont les génériques, appelés biosimilaires, sont beaucoup plus coûteux à produire : l’impact sur les ventes de princeps sera donc moins important que celui des génériques.

La « guerre des brevets »Une forme de guerre des brevets est engagée car leur possession apparaît comme créatrice de valeur.

Ils ont à la fois une valeur défensive et une valeur stratégique. Ils dopent la valeur de l’entreprise, qu’elle soit une petite société de biotechnologie ou une « big pharma ».

Les brevets sont les seuls actifs valorisables par les jeunes entreprises technologiques et sont aussi vitaux à leur pérennité.

Les investisseurs du secteur accélèrent le déploiement de véritables stratégies en matière de brevets.

Coût de production d’un biosimilaire : entre 50 et 2003 millions d’euros.Coût de production d’un générique : entre 400 000 et 2 millions d’euros.

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L’industrie pharmaceutique est-elle encore innovante ?

(1) Rapport Goldman Sachs. Dépêche APM 14 décembre 2011. (2 et 3) Chiffres Leem. Étude de la direction scientifique. Octobre 2011. « Bilan des évaluations de la commission de la transparence ». (4) Progrès thérapeutique. Conférence de presse Leem, février 2012. (5) Bryan Garnier. Santé/Pharmacie. 20 juillet 2011 (6) « Les entreprises du médicament en France ». Éléments chiffrés. Leem 2011.

L’industrie pharmaceutique reste une industrie innovante, même si ses progrès sont entravés par de nombreux obstacles (évolution des connaissances scientifiques, des données économiques, des problématiques réglementaires et sociétales, etc.). Fusions-acquisitions, partenariats public-privé et alliances devraient l’aider à gérer la complexité croissante de l’innovation thérapeutique.

le chiffre

101

C’est le

nombre de molécules innovantes en phase III en 2012.

Les entreprises du médicament s’adaptent à cette nouvelle complexité Elles se sont restructurées et diversifiées géographiquement : entre 2009 et 2011, 96 grosses opérations de fusion-acquisition ont été orchestrées. Les rapprochements (alliances ou rachats) entre sociétés de biotechnologie et « big pharma » dans le monde ont progressé de 14 % en moyenne par an entre 2005 et 2009, avec 193 opérations en 2009.

Elles ont intégré, aux côtés des industries du dispositif médical et du diagnostic, l’Alliance pour la recherche et l’innovation des industries de santé (Ariis), noué de multiples partenariats

entre elles via des accords de licence ou des partenaires extérieurs à tous les niveaux (recherche, développement, fabrication, etc.).

Elles déplorent, en revanche, que soient maintenues dans la réforme du médicament, adoptée en France en décembre 2011, des dispositions menaçant directement l’industrie du médicament dans sa capacité à porter l’innovation jusqu’au patient et à faire vivre sur le territoire un réseau scientifique et industriel parmi les plus importants au monde.

Un contexte mouvantAlors que les textes n’ont pas changé, que le nombre de patients en demande reste constant et que la productivité de la recherche a peu varié, on constate :Une diminution très significative des produits acceptés au remboursement avec des SMR (service médical rendu) insuffisants en augmentation : 39 % SMR insuffisants en 2011 contre 10,7 % en 20102.Un refus de prise en charge de nouvelles molécules pourtant commercialisées dans la quasi-totalité des pays d’Europe : 31 %3 des autorisations de mise sur le marché (AMM) données par l’Agence européenne des médicaments (EMA) en 2010 ont obtenu un SMR insuffisant.Une évaluation de l’Amélioration du service médical rendu (ASMR) beaucoup plus sévère : la moyenne d’ASMR IV a doublé sur la période 2008-2011 par rapport à la période 2001-2007.

Une industrie prête à rebondir2012 s’annonce comme un « bon cru » en matière de progrès thérapeutique avec 34 molécules prometteuses contre l’hépatite C et le mélanome métastatique.

En dépit de la perte de nombreux brevets, les perspectives de l’industrie pharmaceutique pourraient changer, dès 2012, grâce à des pipelines plus innovants dans des domaines aussi divers que le cancer du poumon non à petites cellules, les maladies coronaires, la polyarthrite rhumatoïde, la maladie d’Alzheimer, l ’athérosclérose, l’ostéoporose…

La croissance5 attendue de l’industrie du médicament devrait être tirée par une meilleure allocation du capital, une visibilité accrue sur les nouveaux produits et la fin de la « falaise des brevets ».

Le parcours de l’innovation thérapeutique est un chemin semé d’embûches, reflet de la complexité du vivant. En franchir les étapes exige une interdisciplinarité

constante, bouleversant les processus établis.

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MOTIVATIONS DES DÉCISIONS D’INVESTISSEMENT DES LABORATOIRES INTERNATIONAUX5

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La France reste-t-elle attractivepour les industries de santé ?

(1) La dernière édition de l’enquête Leem / recherche clinique (2010) a porté sur près de 330 études internationales (avec participation française) de phase 2 et 3, incluant 250 000 patients. (2) Aviesan : Alliance nationale pour les sciences de la vie et de la santé. Ariis : Alliance pour la recherche et l’innovation des industries de santé. (3) Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud. (4) Centre national de gestion des produits de santé. (5) Étude AEC Partners pour le Leem. Septembre 2010.

Les entreprises du médicament « imaginent » pour développer l’attractivité de la France

Elles poursuivent leur implication au sein du Cengeps4. Les promoteurs industriels s’engagent, eux, à porter au niveau des maisons mères la reconnaissance internationale des experts médicaux français, en renforçant la visibilité/lisibilité des centres d’excellence au niveau international.

Elles proposent l’organisation en France d’événements européens et internationaux sur les questions de santé, facteur important

État des lieux La France bénéficie d’une tradition industrielle de grande qualité et d’atouts importants pour être un acteur mondial performant en R&D : recherche reconnue, constitution de pôles d’excellence en santé, de canceropôles, d’instituts hospitalo-universitaires…

Elle figure parmi les grands acteurs de la recherche clinique mondiale avec 8 %1 des patients recrutés, dont plus des trois quarts dans trois champs thérapeutiques : oncologie, anti-infectieux/vaccins et cardiovasculaire/métabolisme. L’expertise française est reconnue dans ces domaines.

Facteurs d’évolutionDepuis trois ans, la France se distingue du reste de l’Europe par une volonté politique affichée de considérer les industries de santé comme un secteur stratégique, avec des initiatives concrètes : conseil stratégique des industries de santé (CSIS), rencontres internationales de recherche (RIR), états généraux de l’industrie, réforme du crédit impôt recherche en 2008, grand emprunt, mise en place de l’Aviesan2 en 2009 et de l’Ariis2 en 2010…

L’industrie du médicament doit cependant faire face à d’importants challenges : expiration de brevets, développement des thérapies ciblées, émergence des Bric3.

de valorisation et de partage des idées et expertises. L’attractivité de la France se construit aussi par la capacité des acteurs nationaux à créer des liens solides avec des partenaires venus de tous les horizons.

Elles veulent former les chercheurs du public aux enjeux industriels et ainsi faciliter le dialogue entre acteurs public et privé pour favoriser les partenariats.

Malgré son image ternie par la crise du Mediator®, la France reste un territoire attractif pour l’industrie pharmaceutique mondiale et globalement pour les industries de santé.

La compétition avec les autres pays européens et surtout avec les pays d’Asie et d’Amérique du Sud est de plus en plus rude, notamment pour les essais cliniques où la France voit sa position s’effriter d’année en année.

le chiffre

La France est le

4e

marché mondial de la santé après les États-Unis,

le Japon et l’Allemagne.

- Des critères liés à la taille et au potentiel de croissance du marché considéré.- Des critères « internes » aux entreprises : capillarité des investissements, qualité du management local et performances historiques des filiales ou des sites.- Des critères liés à l’environnement du pays pour la R&D, la qualité et l’accessibilité des compétences pour un fonctionnement en réseau. Pour la recherche clinique, le triangle qualité / rapidité / coût. Pour les affaires industrielles, la reconversion des sites existants et le positionnement sur les productions à forte valeur ajoutée. Pour la bioproduction, la proximité des centres de R&D. Pour les opérations commerciales, la prédictibilité et la reconnaissance de l’innovation.

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Les biotechnologies sont-elles la clédu développement économiquede l’industrie du médicament ?

(1) Tous les chiffres de cette fiche sont extraits de l’étude du comité biotechnologies du Leem : « Observatoire 2011 des biotechnologies santé en France : état de la filière française et benchmark mondial ». Février 2012. (2) Étude Xerfi. Juillet 2010. « Les sociétés de Biotechnologies en France. Perspectives de financement et analyse des forces en présence ». (3) Étude Euler-hermès cité dans « Le Figaro ». Article du 11 janvier 2012. « Les grands laboratoires, nouveaux banquiers des biotechs ». (4) Étude HBM Partners. Dans Rapport France Biotech 2011.

Les entreprises du médicament font de plus en plus souvent appel aux biotechnologies pour découvrir, tester et produire de nouveaux traitements (vaccins, protéines recombinantes, anticorps monoclonaux…), mais aussi pour identifier et comprendre les causes des maladies. La présence d’un tissu de jeunes entreprises innovantes en matière de biotechnologie est donc source d’innovations majeures, et son renforcement est un axe stratégique des industriels de la santé.

le chiffreIl existe

4461

entreprises de biotechnologies santé en France, dont

58 laboratoires pharmaceutiques et 388 sociétés de biotechnologies.

Les entreprises du médicament participent à la constitution d’une véritable « bioéconomie »

Elles ont soutenu la mise en place d’un environ-nement fiscal favorable à la constitution d’une filière de biotechnologies santé : mise en place du crédit impôt recherche (CIR), du statut de la jeune entreprise innovante (JEI).

Elles intensifient leurs démarches de partenariats : entre 35 à 40 %2 de leur budget de R&D sont désormais alloués à des accords et des projets collaboratifs. Elles ont aussi procédé, en 2009, à 1933 opérations de fusions-acquisitions et 814 en 2010.

Elles soutiennent financièrement les entreprises de biotechnologie qui se développent en France : création du fonds Innobio, doté de 140 milliards d’euros lors de la réunion, en 2009, du conseil stratégique des industries de santé avec un abondement conjoint du FSI (fonds stratégique d’investissement) et des industriels. Elles s’associent même à des sociétés de capital-risque ou créent leurs propres fonds pour investir dans les biotechnologies.

État des lieuxLa R&D des entreprises du médicament est de plus en plus externalisée vers les sociétés de biotechnologie. Sur les 446 entreprises de ce secteur présentes en France, 266 développent exclusivement des produits de santé, tandis que les 180 restantes sont sur le créneau mixte produits-services ou sur le créneau spécifique des services (bio-informatique, bio-production…).

La filière française des biotechnologies santé bénéficie de l’appui d’un écosystème structuré (pôles de compétitivité, IHU, SATT, PRES, sociétés pharmaceutiques et de diagnostic leaders).

Les entreprises françaises de biotechnologies restent cependant dans la « moyenne » du benchmark mondial : malgré les progrès enregistrés ces dernières années, elles gardent un degré de maturité inférieur à celui de leurs concurrentes

BENCHMARK MONDIALNb entre-prises de biotech santé

Nb de salariés

Nb en-treprises cotées en bourse

Nb produits en dévmt clinique

FRANCE 388 34 24 150

ROYAUME-UNI 819 45 41 220

ALLEMAGNE 457 77 23 150

SUISSE 205 81 10 130

SUÈDE 328 54 22 74

EUROPE (Suisse incluse)

2 347 59 130 854

ÉTATS-UNIS 1 726 63 315 1 500

européennes et américaines (taille, nombre…), et restent présentes mais rarement leaders sur des approches thérapeutiques innovantes.

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Quel est l’avenir de la production1

industrielle en France ?

Alors que la France est historiquement un acteur industriel majeur, les mutations que connaît le secteur fragilisent la production pharmaceutique. La production industrielle de médicaments est pourtant un maillon essentiel de la compétitivité française en santé.

le chiffre

45 000salariés travaillent dans la production de médicaments.

Les entreprises du médicament cherchent à maintenir les volumes de production en France

Elles souhaitent l’attribution de crédit CSIS3 en vue de favoriser le maintien et l’essor d’une production en Europe assurant la sécurité et la qualité des approvisionnements ou apportant une forte contribution sociale et environnementale.

Elles demandent à renforcer la visibilité de la production européenne par la création d’un

marquage spécifique, élément de traçabilité des produits.

Elles proposent de mettre en place des mesures incitatives pour développer la bioproduction à partir des filières potentielles de R&D en adéquation avec la demande internationale (soutien aux PME, clause de « dédit R&D », mutualisation des infrastructures…).

État des lieuxLa France est historiquement un grand pays de production pharmaceutique.

Elle occupe la place de troisième producteur européen avec 210 usines réparties sur l’ensemble du territoire et produit 6 milliards de boîtes de médicaments chaque année. Elle est l’un des principaux exportateurs mondiaux de médicaments (plus de 24 milliards d’euros d’exportations en 2011, pour une balance commerciale positive de 7,3 milliards d’euros).

Aujourd’hui, la production pharmaceutique est fragilisée par un ensemble de facteurs qui pèsent sur le secteur et impactent les volumes de production : expiration des brevets de produits majeurs, baisse de productivité de la R&D et concurrence croissante des pays émergents qui produisent à bas coûts avec des contraintes industrielles, réglementaires et sociales moindres.

Pistes d’avenirLes nouvelles thérapeutiques innovantes issues des biotechnologies sont destinées à une population plus restreinte de patients et ne suffisent pas à compenser les pertes de brevets de produits majeurs.

D’où la stagnation des volumes de médicaments vendus (+0,5 % de taux de croissance annuel moyen de la consommation de médicaments en France entre 2006 et 2009 contre +4,6 % en Espagne, +4,5 % en Italie et +4,3 % en Allemagne2), une implantation au plus prés des marchés de l’outil de production et un passage de plus en plus important à la sous-traitance (40 usines de laboratoires pharmaceutiques sont récemment passées à la sous-traitance).

Le maintien et le développement des volumes de production est essentiel pour sauvegarder l’emploi industriel, la compétitivité et l’autonomie sanitaire de la France.

(1) Fiche réalisée à partir des chiffres de la direction des affaires industrielles, sociales et de la formation du Leem. (2) Caisse nationale de l’assurance maladie des travailleurs salariés (Cnamts). (3) Conseil stratégique des industries de santé.

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La France est-elle dans la coursede la bioproduction ?

(1) Étude : Observatoire des biotechnologies. Leem 2012. Comité de biotechnologies. (2, 3 et 4) Étude : Observatoire des biotechnologies. Ibid cité.

Les anticorps monoclonaux ou polyclonaux, les protéines recombinantes ou encore les vaccins thérapeutiques sont des outils indispensables au traitement de nombreuses pathologies (cancers, maladies infectieuses, auto-immunes, etc.). La bioproduction de lots commerciaux de ces médicaments issus du génie génétique est un des maillons clés de la chaîne de fabrication de ces médicaments innovants. Or, en dépit de quelques initiatives récentes, la France ne parvient pas à combler son retard en la matière.

le chiffre

181

C’est le nombre de sites de bioproduction

en France.

Les exigences de la bioproductionPour mettre un biomédicament à la disposition de milliers de patients, il faut en fabriquer de grandes quantités. Cela implique la construction de gigantesques fermenteurs (réservoirs en acier) et le strict respect de conditions de production dont les suivantes :

Plus les fermenteurs sont grands, plus il devient difficile d’obtenir les mêmes conditions partout dans la cuve.

Ces médicaments sont en majorité des protéines ou des fragments de protéines, donc sensibles et réagissant très rapidement aux changements extérieurs de température, de concentration de sel ou de pH.

Les protéines dont la structure est simple peuvent être produites dans des bactéries. En revanche, lorsque les protéines sont plus complexes, il faut recourir aux cellules de mammifères, plus difficiles à cultiver.

Les étapes de la bioproductionLa production de biomédicaments passe par plusieurs étapes délicates :

La culture : les cellules sont d’abord multipliées dans de petits bioréacteurs (fermenteurs) contenant une solution nutritive.

La fermentation : les cellules sont ensuite transvasées plusieurs fois dans des fermenteurs de plus grande taille.

La purification : une fois terminée la phase de production, il faut séparer la protéine souhaitée du reste du matériel cellulaire et de la solution nutritive.

Le rendement des médicaments produits par biotechnologie est généralement faible : dans des fermenteurs dont le volume peut atteindre jusqu’à 15 000 litres, on n’obtient que quelques kilogrammes de principe actif.

Les entreprises du médicament encouragent la bioproduction Elles soutiennent la constitution d’une chaîne de la bioproduction en France, de la production de lots cliniques à la production de lots commerciaux.

Elles encouragent cette production high-tech qui fait appel à des technologies et des compétences que la France maîtrise. C’est un élément clé du maintien de la production pharmaceutique en France qu’il convient

de développer en s’orientant, au-delà de la bioproduction de vaccins (un tiers2 des sites de lots commerciaux), vers la bioproduction de médicaments issus des thérapies cellulaires, géniques ou de l’immunologie.

Elles ont elles-mêmes créé leurs propres sites de bioproduction : 73 entreprises pharmaceutiques possèdent un ou plusieurs sites de bioproduction.

Il existe 364 sites de bioproduction en France, 59 au Royaume-Uni, 350 aux États-Unis.

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Les sites pharmaceutiques françaissont-ils voués à être délocalisés ?

(1) Leem d’après les chiffres du Gers. Chiffres 2011. Bilan économique de l’industrie du médicament. (2) Chiffres EFPIA. (3) Chiffres Ariis.

La France est en compétition avec ses concurrents traditionnels : (Allemagne, Royaume-Uni, Suisse), ainsi qu’avec les pays émergents. Les quatre Bric (Brésil, Russie, Inde, Chine) apparaissent comme les marchés de la prochaine décennie, et leurs gouvernements tendent à exiger des localisations d’activité en production et en recherche. Industriels et pouvoirs publics cherchent à développer de concert l’attractivité à moyen et long terme, afin de préserver la chaîne de recherche et de production pharmaceutique sur le territoire français.

le chiffre

2571

C’est le nombre d’entreprises du

médicament en France.

R&D : quels risques ?La recherche de nouvelles molécules nécessite le développement de réseaux coopératifs associant des disciplines différentes. En matière de pluridisciplinarité, l’écosystème est nettement plus favorable dans d’autres pays occidentaux, et notamment aux États-Unis.

La France dispose de la masse critique nécessaire à la recherche, mais celle-ci peut rétrécir brutalement en raison de politiques peu lisibles, imprévisibles et donc peu attractives.

Les centres intellectuels restent globalement encore européens ou nord-américains : la Chine n’a pas encore constitué une masse critique de connaissances lui permettant le développement d’une recherche performante. L’Inde, en revanche, dispose d’un terreau scientifique important et de ressources financières mobilisables.

Production : quels risques ?Les pays émergents n’ont pas suffisamment progressé en matière de recherche appliquée et de process industriels. Ainsi, la production de forme stérile est plus difficile à réaliser que la production de comprimés.

Plus sophistiquée, cette bioproduction implique une grande confiance dans les équipes locales et nécessite un développement industriel avancé. Avantage à la France pour encore quelques années…

Le développement de médicaments d’origine biologique devrait donc favoriser les pays ayant valorisé leurs centres de recherche et leur tissu de PME de biotechnologie par la proximité d’usines de bioproduction : États-Unis, pays de l’Europe du Nord, Royaume-Uni.

Les entreprises du médicament soutiennent l’attractivité de la France Elles ont conscience qu’elles n’échapperont pas à ce mouvement général de relocalisation : la croissance de leur chiffre d’affaires s’effectuera désormais dans les pays émergents. L’économie du médicament se déplace inéluctablement : en 2006, les pays développés représentaient 85 % du marché pharmaceutique mondial. En 2012, ils n’en représenteront plus que 70 %2.

Elles ont installé avec les pouvoirs publics, depuis 2005, un Conseil stratégique pour les industries de santé (CSIS) afin de déployer une vraie politique d’attractivité : soutien à la recherche clinique (Cengeps), à l’épidémiologie, aux biotechnologies (fonds Innobio), aux

partenariats public-privé…

Elles multiplient les initiatives et les rencontres afin d’accroître la visibilité de la recherche française et européenne :

- lnitiative médicaments innovants (IMI) pour la création de consortiums de recherche précompétitive.

- Rencontres internationales de recherche (RIR) pour réunir académiques français et directeurs R&D de l’industrie pharmaceutique. Des partenariats ont été signés pour 282 milliards d’euros et 20 contrats sont en phase de négociation avancée3.

Depuis 2009, les trois rencontres internationales de recherche (RIR) ont eu pour thèmes : Alzheimer, métabolisme-nutrition, maladies infectieuses.

Une autre est prévue en 2012 sur le cancer.

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Où en est l’emploi dans l’industrie du médicament ?

(1) Enquête sur l’emploi des entreprises du médicament. Données consolidées au 31/12/2010. Tous les chiffres de cette fiche sont extraits de réalisée par la direction des affaires industrielles, sociales et de la formation du Leem.

Dans un contexte de mutation de son modèle et de crise économique mondiale, l’industrie du médicament résiste relativement mieux en termes de volume d’emploi que beaucoup d’autres secteurs industriels. Les nouvelles solutions de santé (biomédicaments, biomarqueurs, nanomédicaments…) qu’elle propose nécessitent cependant une gestion de l’évolution de l’emploi plus fine et prospective pour répondre aux besoins en compétences de demain.

le chiffreL’industrie du

médicament emploie

103 9001

personnes concentrées à 75 % dans 8 bassins

d’emploi.

Les entreprises du médicament évoluent et accompagnent les mutations du secteur Elles veulent faciliter l’intégration des jeunes dans les industries de santé, notamment par le développement d’une politique renforcée de l’alternance et d’un programme d’anticipation des mutations de l’emploi.

Elles donnent une impulsion au façonnage générique. Les trois accords conventionnels passés entre grands laboratoires et façonniers sont appelés à se multiplier.

État des lieuxLa position de l’industrie du médicament en France est en léger recul en termes d’emploi et de recrutement par rapport à la période écoulée (-2,5 %, de ses effectifs en 2010 par rapport à 2009), alors que les effectifs ont progressé de 2,5 % sur dix ans dans l’ensemble des familles de métiers.

La diminution de l’emploi concerne en premier lieu la commercialisation et notamment la visite médicale, mais également les fonctions « supports ».

Le secteur du médicament connaîtra près de 13 000 départs à la retraite d’ici 2019 (12,8 % des effectifs), auxquels s’ajouteront 25 000 départs (24,7 %) liés au turn-over naturel. C’est une opportunité à saisir afin de renouveler le niveau de qualification des salariés et d’adapter les profils à l’évolution des emplois.

Pistes d’avenirLa forte croissance des emplois en France au cours des dix dernières années ne doit pas faire illusion : la rationalisation de la production industrielle, l’évolution de la pharmacopée (essor des génériques et des médicaments issus des biotechnologies), ainsi que le fort soutien aux activités de recherche dans les pays concurrents fragilisent la situation de l’industrie française du médicament.

L’emploi se déplace, des gisements sont en train de se redéfinir en production : spécialités biotech, sous-traitance (y compris de génériques).

La nature des emplois, la complexité des disciplines scientifiques et les évolutions technologiques exigent un niveau élevé de qualification et de nouvelles compétences. La préparation des métiers et des talents du futur nécessite de rapprocher entreprises et universités et d’améliorer la visibilité sur l’offre de formation.

Elles anticipent l’évolution de la production pharmaceutique à forte valeur ajoutée de plus en plus liée à la localisation des sites de recherche, des plateaux techniques et de la production de lots cliniques. Elles soutiennent ainsi l’émergence de quelques plateformes de recherche et de formation en sciences de la vie pour offrir les meilleurs cursus et mutualiser les moyens disponibles.

Elles s’impliquent enfin dans les grands projets d’investissement d’avenir.

L’ensemble de la chaîne du médicament (industrie des principes actifs, PME de biotechnologies, grossistes répartiteurs, dépositaires, officines)

emploie 297 700 personnes.

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Quel est le poids de l’industrie du vaccin ?

(1) EVM. European Vaccine manufacturers. Vaccines’ contribution to Europe future. (2) Market research. Global vaccine market. Août 2011. (3 et 4) EVM. Ibid cité. (5) Étude du comité de biotechnologies du Leem. 2012. Immunothérapie. www.leem.org (6) PHRma. Medicines in Development. 2011.

L’industrie du vaccin est très typique de la nouvelle économie de la connaissance, fondée sur la recherche, les biotechnologies et les plateformes technologiques.

Son importance dans la sécurité sanitaire d’un pays en fait aussi un enjeu politique, voire stratégique, de première importance. L’industrie du vaccin est donc un acteur clé de la compétitivité globale européenne.

le chiffre

51

laboratoires se partagent 80 %

du marché mondial.

Les industriels du vaccin continuent à investir et à nouer des partenariats L’industrie européenne du vaccin attire la majeure partie des projets d’investissement de recherche. 127 vaccins sont en développement, dont 29 en phase III. Des vaccins contre la fièvre dengue, le VIH, la malaria, l’herpès, les hépatites C et E, notamment, sont en phases d’essais cliniques.

L’industrie du vaccin est au centre de nombreuses collaborations, notamment avec des sociétés de biotechnologies, pour la mise au point de vaccins thérapeutiques.

L’industrie mondiale du vaccinL’industrie mondiale du vaccin est très concentrée du fait même de la spécificité de sa production. Elle exige des investissements considérables par rapport à ceux des médicaments classiques : la R&D représente en effet plus de 20 % du chiffre d’affaires des laboratoires de vaccins et nécessite des savoir-faire pointus et des équipements sophistiqués, ainsi que l’établissement de partenariats.

Le temps de mise sur le marché des vaccins est plus long que celui des médicaments classiques, compte tenu de la multiplicité des contrôles d’efficacité et de sécurité.

L’industrie du vaccin représentait moins de 3 % du marché mondial du médicament en 2009. Mais, avec un taux de croissance de plus de 11,5 %2 par an, elle apparaît comme un des secteurs les plus dynamiques de l’économie de la santé. Son chiffre d’affaires devrait atteindre 52 milliards de dollars (42,3 milliards d’euros) en 2016 contre 25 milliards de dollars (20,3 milliards d’euros) attendus en 2012.

La place de l’Europe et de la FranceLes industriels européens produisent 90 %3 des vaccins utilisés dans le monde. Ils exportent 84 % de leur production, soit 3,5 milliards de doses par an. L’Europe attire 65 % des projets d’investissement en recherche.

Parmi les 324 principaux sites de production mondiaux, plus de 60 % sont en Europe. Treize pays européens accueillent ces sites de production qui emploient plus de 20 000 personnes. Dans le reste du monde, seuls cinq pays sont dotés de tels sites, la plupart en Amérique du Nord.

La France, à égalité avec l’Allemagne, abrite trois centres de R&D et deux centres de production, ainsi qu’un pôle de compétitivité consacré à l’infectiologie basé à Lyon.

L’industrie européenne du vaccin montre cependant quelques signes de déclin au profit des États-Unis. La France, qui est pourtant un des leaders européens du vaccin, voit sa position s’effriter : dans le domaine des vaccins et de l’immunologie, elle est présente mais sans leadership sur les trois approches technologiques5 à fort potentiel à l’horizon 2025.

Les cancers totalisent environ 60 %6 des études en cours sur les nouveaux vaccins.

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100 QUESTIONS QUE L’ON NOUS POSE - JUIN 2012

85

L’ É C O N O M I E D u M É D I C A M E N T

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Comment l’industrie du médicament participe-t-elle à la constitution de filières de santé ?

Des filières pour favoriser l’ancrage industrielLa France possède des filières précompétitives dans des technologies innovantes (cellules souches, nanotechnologies, infectiologie-vaccins, biomarqueurs), qui permettent l’implication des acteurs privés.

La constitution de filières recherche-innovation permet l’ancrage industriel de manière large sans adopter forcément une approche par domaine ou par technologie. Dans le cas de l’industrialisation des cellules souches, par exemple, deux types

Les entreprises du médicament soutiennent la structuration de filières industrielles

Elles accompagnent la mise en place des IHU (instituts hospitaliers universitaires), un des moyens de parvenir rapidement à une organisation favorisant les nouveaux modèles de recherche articulant étroitement recherche fondamentale, expérimentale et clinique.

Elles participent activement aux pôles territoriaux de rang international articulés autour de quelques grandes thématiques (par pathologie et/ou problématiques santé) et associant pôles de compétitivité, IRT, PRES et industries via un système de coordination efficace. Lyon biopôle, premier centre européen en vaccin et diagnostic des maladies infectieuses, pourrait préfigurer cette approche.

Elles poursuivent la mise en place de grands équipements mutualisés en cohérence avec ces pôles territorialisés, avec, en priorité, un effort en matière d’imagerie et de séquençage à très haut débit.

de marché porteurs sont liés à cette filière : la médecine ciblée et le développement plus rapide de médicaments par les industriels, ainsi que la médecine régénératrice.

Le rôle d’orchestrateur de ces filières pourrait être confié aux pôles de compétitivité régionaux, capables de jouer un rôle de levier dans la constitution de partenariats public-privé ou à des instituts comme l’Institut de la vision.

Orchestrationde la diffusion

des innovations

Exemples : INCa,Fondation Alzheimer,Institut de la vision

Centresexperts

Grandséquipements

partagés

Pouvoirspublics

Financeurs

IHUPRES

Recherchepublique

(AVISAN etITMO)

Industriesde SantéPôles de

compétitivité

Associationsde patients...

Médecinede

proximité

Biobanques Cohortes Formation

continue

Médecinede proximité,

médecins spécialistes

Financeurs

Centres experts

Le modèle collaboratif

le chiffre

6C’est le nombre d’IHU1

issus du programme Investissements d’Avenir.

En mai 2012, on comptait 23 PRES (pôles de recherche et d’enseignement supérieur) permettant aux grandes écoles, universités et organisme de recherche de mutualiser

leurs activités et leurs moyens.

L’organisation en France d’une économie de la santé forte et attractive passe par la constitution de pôles et de filières de recherche-innovation efficaces favorisant la création de valeur ajoutée industrielle, d’emplois dans le secteur de la santé, et la diffusion des innovations thérapeutiques auprès des malades.

(1) Instituts hospitalo-universitaires.

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100 QUESTIONS QUE L’ON NOUS POSE - JUIN 2012

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L’ É C O N O M I E D u M É D I C A M E N TÉ

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La France reste-t-elle une terre d’investissements1 pour l’industrie pharmaceutique ?

Les entreprises du médicament proposent de créer une fiscalité efficiente, qui intègre les enjeux industriels et budgétaires et développe l’attractivité de la France Elles soutiennent une taxation simplifiée et plus cohérente qui pourrait être fondée sur une taxe unique fusionnant certaines d’entre elles et un taux unique.

Elles sont favorables à une taxation incitative en faveur de l’innovation, de l’investissement et des bonnes pratiques commerciales et environnementales. Les incitations pourraient

prendre la forme d’avantages fiscaux (déduction d’assiette réduction ou crédit d’impôt). Des pénalités pourraient venir sanctionner les comportements ne répondant pas aux attentes des pouvoirs publics.

Elles prônent une taxation lisible et stable, avec un taux fixé pour trois ans dans le cadre de la loi de financement de la Sécurité sociale (LFSS).

Répartition des investissements

le chiffreLa France est au

3èmerang des pays bénéficiaires

des investissements del’industrie pharmaceutique

en 2007 - 2012

La France, qui se situait pour la période 2003-2006 au 7e rang mondial des pays bénéficiaires des investissements de l’industrie pharmaceutique avec 14,2 milliards de dollars (11,5 milliards d’euros) en trois ans, a rétrogradé au 12e rang. Elle est désormais derrière le Brésil et la Russie, avec 8,5 milliards de dollars (6,9 milliards d’euros) d’investissements pour la période 2007-2010. Sa position s’effrite en nombre de chercheurs par millions d’habitants – 3 496 pour la France, contre 4 269 pour la Grande-Bretagne et 6 088 pour Singapour.

72 % des investissements réalisés en France entre 2007 et 2010 l’ont été pour des sites de fabrication, tandis que la R&D émargeait pour 22 % de ces mêmes investissements.

Une répartition qui place la France devant l’Allemagne (7 % d’ investissements consacrés à la R&D) et l’Irlande (10 %) mais derrière la Suède (27 %) et le Royaume-Uni (54 %).

le chiffreLa France est au

3e1 rangeuropéen des pays

bénéficiaires des investissementsde l’industrie pharmaceutique

en 2007-2012

(1) Source FDI Intelligence from « Financial Times ». Jones Lang LaSalle Life Sciences Report 2011. (2 et 3) Jones Lang LaSalle. Ibid cité.

2003-2006-INVESTISSEMENTS DE L’INDUSTRIE PHARMACEUTIQUE PAR PAYS2

Top 10 des pays bénéficiairesMontant de l’investissement

(en milliards de dollars)

ÉTATS-UNIS 38,7

IRLANDE 37,1

SINGAPOUR 27,9

CHINE 19,7

ALLEMAGNE 14,8

ESPAGNE 14,8

FRANCE 14,2

PORTO RICO 14,1

INDE 12,2

SUÈDE 8,6

2007-2010-INVESTISSEMENTS DE L’INDUSTRIE PHARMACEUTIQUE PAR PAYS3

Top 10 des pays bénéficiairesMontant de l’investissement

(en milliards de dollars)

ÉTATS-UNIS 73,3

CHINE 29,8

SINGAPOUR 17,7

INDE 16,8

IRLANDE 16

ITALIE 13,1

ALLEMAGNE 11,9

SUISSE 11,1

CANADA 9,9

BRÉSIL 8,9

Page 87: 100 questions que l'on nous pose

100 QUESTIONS QUE L’ON NOUS POSE - JUIN 2012

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L’ É C O N O M I E D u M É D I C A M E N T

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OM

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État des lieux Les industries de santé constituent l’un des secteurs économiques les plus contributeurs à la création de la richesse en France, devant le secteur du bâtiment (86 milliards d’euros) et le secteur financier (80 milliards d’euros).

En France, 1 personne sur 10 travaille dans le périmètre direct des sciences du vivant, ce qui représente 2,4 millions d’emplois équivalent plein temps, majoritairement dans le secteur privé (63 %).

Depuis quelques années, les industries de santé peinent à trouver les relais de croissance nécessaires à la création de valeur industrielle liée aux biotechnologies et aux technologies de santé (télémédecine...). La France voit ses positions s’effriter :recul dans le classement des pays découvreurs de médicaments,réduction du nombre d’essais cliniques,valorisation insuffisante,expatriation des cerveaux.

80

Quel rôle joueront les industries de santédans le monde en 2025 ?

(1) Santé 2025. Un monde d’innovations.

Les industries de santé font partie des secteurs stratégiques pour la France. Les évolutions du modèle d’innovation et les structurations en cours dans l’industrie pharmaceutique représentent une opportunité majeure de renforcer le rayonnement de la recherche et la compétitivité des entreprises françaises du secteur des sciences du vivant, ainsi que l’attractivité de la France.

Les entreprises du médicament anticipent les évolutions futures Elles favorisent l’essor de domaines supports de création de valeur et de développement thérapeutique en voie de structuration pour lesquels la France dispose d’atouts significatifs en matière de recherche, d’expérimentation et d’équipements (industrie de la cellule, nanotechnologies appliquées à la médecine et au médicament, financements, immuno-vaccination…).

Pistes d’avenirD’ici à 2025, l’innovation dans les sciences du vivant sera marquée par un dynamisme sans précédent et des évolutions profondes liés à :

la croissance mondiale de la demande des biens de santé et des investissements en sciences de la vie ;

le rôle clé de l’intégration des connaissances et du partage des données ;

l’émergence de quelques pôles d’excellence mondiaux en sciences du vivant et médecine par domaines d’innovations (cellules souches, par exemple) ou pathologies ;

un déplacement des frontières entre zones de coopération et de concurrence qui modifie le partage privé-public (concerne en particulier la phase préindustrielle et les grands équipements) ;

le développement de partenariats contractuels avec les parties prenantes pour développer les innovations.

Elles entendent développer les fonds d’amor-çage privé-public, y compris dans une dimension européenne, pour lever les obstacles à la création d’équipes mixtes de maturation des innovations scientifiques dans les laboratoires de recherche publique et privée.

Elles veulent instaurer une continuité entre la recherche, l’innovation, l’industrie et les ap-plications, notamment sur la chaîne des in-novations en matière de traitement des cancers.

En 2025, les médicaments imposeront une révolution techniquedans la pratique scientifique en biologie : automatisation,

robotisation, modélisation, donc industrialisation.

le chiffreLes industriels des sciences

de la vie et de la santé ont créé

901 milliardsd’euros

de valeur ajoutée en 2009.

Page 88: 100 questions que l'on nous pose

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CIÉ

LES ENTREpRISESDu MÉDICAMENT ET LA SOCIÉTÉ

81 Comment les entreprises du médicament dialoguent-elles avec la société ?

82 Quel est l’engagement sociétal de l’industrie du médicament ?

83 Quelle est la portée de la nouvelle loi sur le médicament post-Mediator®

en matière de sécurité sanitaire ?

84 Comment le médicament est-il surveillé après sa commercialisation ?

85 Comment améliorer la pharmacovigilance ?

86 L’industrie du médicament applique-t-elle le principe de précaution ?

87 Comment s’organise la protection des patients au cours des essais cliniques ?

88 Quelle est l’utilité de la visite médicale ?

89 Le développement de la télémédecine permettra-t-il un meilleur suivi

des traitements ?

90 Les experts chargés d’apprécier l’efficacité des médicaments

sont-ils indépendants ?

91 Comment les industriels du médicament prévoient-ils de régler les questions

éthiques et de déontologie qui leur sont posées ?

92 L’industrie du médicament et le Grenelle de l’environnement. Quelles avancées ?

93 Que faire de ses médicaments non utilisés ?

94 Que faire des déchets d’activités de soins à risques infectieux ?

95 Que font les entreprises du médicament pour évaluer et limiter les résidus des

médicaments dans l’eau ?

96 Les conditionnements ne favorisent-ils pas le gaspillage ?

97 Les entreprises du médicament se mobilisent-elles suffisamment contre

la contrefaçon de médicaments ?

98 Les entreprises du médicament sont-elles concernées par la défense

de la biodiversité ?

99 Quelle est la politique sociale des entreprises du médicament ?

100 Comment concilier progrès thérapeutique, nouvelles avancées de la recherche

et respect des individus ?

Page 89: 100 questions que l'on nous pose

100 QUESTIONS QUE L’ON NOUS POSE - JUIN 2012

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L E S E N T R E p R I S E S D u M É D I C A M E N T E T L A S O C I É T ÉS

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(1 et 2) « L’effet bénéfique des nouveaux médicaments sur la longévité et la capacité de travailler ». Frank R. Lichtenberg. Institut économique de Montréal. Franck Lichtenberg est Courtney C. Brown Professor, Columbia University Graduate School of Business et Research Associate, National Bureau of Economic Research. (3) Voir l’Observatoire sociétal du médicament. 2011. Disponible sur www.leem.org (4) Fiche 1 Santé 2025. « Croissance de la population mondiale ». Disponible sur www.sante-2025.org (5) Fiche 2. Santé 2025. Vieillissement de la population mondiale. Disponible sur www.sante-2025.org (6) Olivier Maurel, consultant-chercheur indépendant, professeur associé à l’IAE Gustave Eiffel - Upec.

Les entreprises du médicament ont initié en 2005 un dialogue continu avec la société par l’intermédiaire de leurs principales parties prenantes (associations de patients, de protection de l’environnement, de lutte contre la corruption...) réunies dans le Comité de parties prenantes du Leem (Coppem). Elles ont construit et déployé une démarche collective de responsabilité sociétale des entreprises (RSE) pour comprendre et prendre en compte les grandes questions sociétales dans leurs choix stratégiques, leurs engagements et leurs valeurs.

le chiffre

13C’est le nombre

d’associations regroupées dans le Coppem.

Elles ont engagé, depuis 2005, un dialogue actif avec leurs parties prenantes au sein du Coppem pour mieux identifier et répondre aux aspirations, critiques et demandes émergeantes de la société.

État des lieuxEnviron 40 %1 des deux années ajoutées à la durée moyenne de la vie entre 1986 et 2000 peuvent être attribués aux nouveaux médicaments. En moyenne, l’introduction de nouveaux médicaments a prolongé la vie des citoyens de 52 pays étudiés de presque trois semaines chaque année.

Selon cette même étude2, l’utilisation des nouveaux produits pharmaceutiques entraîne un accroissement de la longévité, une réduction des arrêts de travail et une diminution des dépenses de soins hospitaliers et de longue durée.

Le médicament est un bien qui contribue à la santé publique, c’est sa raison d’être ; mais c’est aussi un bien industriel, qui s’inscrit dans une économie. Enfin, c’est un bien financé par la collectivité, qui gère son budget et décide de ce qu’elle achète et à quel prix. Il se positionne au sein d’un triangle difficile à équilibrer sans un dialogue régulier et proactif avec une société partagée entre confiance et réserve3.

Pistes d’avenirL’industrie du médicament, comme ses parties prenantes, évolue dans un monde en plein bouleversement démographique, avec une population qui devrait atteindre les 94 milliards en 2025 et compter environ 15 milliard de plus de 60 ans.

La dynamique sanitaire du futur dépendra aussi du changement climatique, de la conjonction de l’explosion urbaine et des échanges internationaux qui créent des conditions épidémiologiques inédites.

En écho à ces défis, de grands enjeux sont posés par les parties prenantes de l’industrie du médicament : délivrer du progrès thérapeutique et le rendre accessible à tous, inclure la RSE dans la gouvernance, améliorer l’éthique et la transparence des décisions, renforcer la sécurité des produits, limiter les impacts environnementaux.

Elles ont été le premier collectif d’entreprises en France à avancer en partenariat sur des thématiques sociétales : transparence, accès aux soins…

Le Coppem joue un triple rôle : anticipation des risques par son analyse en amont, aide à la décision par ses contributions aux thèmes qui lui sont soumis et action conjointe par des positionnements ou des productions concertées avec le Leem6.

81

Comment les entreprises du médicament dialoguent-elles avec la société ?

Les entreprises du médicament sont en dialogue permanent avec leurs parties prenantes

Page 90: 100 questions que l'on nous pose

L E S E N T R E p R I S E S D u M É D I C A M E N T E T L A S O C I É T É

100 QUESTIONS QUE L’ON NOUS POSE - JUIN 2012

90

SO

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Les industriels du médicament ont développé leur engagement sociétal autour de plusieurs axes : réponse aux situations d’urgence, lutte contre les inégalités, insertion des travailleurs handicapés, accès aux soins des plus démunis. Ils ont instauré, au-delà de leur rôle traditionel, une démarche globale de prise en charge des patients.

le chiffre

En 2011, Tulipe est intervenue dans 27 pays

grâce à l’appui de ses 60 adhérents et

aux relais de 27 ONG.

Tulipe, la réponse des industriels aux situations d’urgence, met à la disposition d’ONG réf-érencées des dons de médicaments appropriés aux besoins immédiats. La spécificité de Tulipe tient à sa capacité d’envoyer ses cantines de médicaments et ses kits d’urgence, dans des délais très courts : ainsi, Tulipe a-t-elle pu intervenir à Haïti moins de douze heures après le tremblement de terre de 2010.

La Fondation des entreprises du médicament pour l’accès aux soins a démarré ses activités et lancé son premier appel à projets en 2009. Elle a pour objectif de soutenir ou de récompenser, en France, des projets d’associations luttant notamment pour la réduction des vulnérabilités et des inégalités sociales de santé, et contre les maladies rares et chroniques.

Handi-EM offre à tous les travailleurs handicapés du secteur des solutions de formations, d’intégration et de maintien dans l’emploi adaptées à la spécificité des métiers de l’industrie du médicament. L’association identifie des parcours possibles

d’insertion, adapte des postes de travail, des compétences et des savoir-faire, et accompagne la mise en place de solutions concrètes à la compensation du handicap.

Synergies africaines. L’industrie est partenaire de cette ONG qui agit dans la prévention contre le sida et appuie les efforts des autorités de santé des pays francophones.

Africapharma. L’industrie soutient cette plate-forme qui :

diffuse des informations utiles pour les autorités de santé sur l’évolution de leurs législations pharmaceutiques respectives et en facilite l’harmonisation ;

échange des informations sur le médicament, son environnement et le contrôle de sa qualité ;

facilite le travail en réseau des DPM (directeurs de la pharmacie et du médicament), en particulier par des échanges sur leurs problèmes de santé et l’organisation des systèmes de soins.

Associations Montant

ADNA 15 000 €

Alliance Maladies rares 25 000 €

Arcat 10 000 €

Aurore-UNAFAM 68 10 000 €

Le COMEDE 10 000 €

Etincelle 30 000 €

Eurordis 55 000 €

France Parkinson 3 000 €

Ikambéré 10 000 €

IM Chroniques Associés (ICA) 40 000 €

Jeunes Solidarité Cancer 10 000 €

Maladies rares Info Service 10 000 €

La Marmite 10 000 €

McCune-Albright 10 000 €

Orphanet 100 000 €

Les Petits Bonheurs 10 000 €

Primo Levi 10 000 €

Unapecie - ISIS 14 000 €

URACA 15 000 €

Total 397 000 €

82

Quel est l’engagement sociétal de l’industrie du médicament ?

DONS ET SUBVENTIONS DE LA FONDATION DES ENTREPRISES DU MÉDICAMENT EN 2011

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100 QUESTIONS QUE L’ON NOUS POSE - JUIN 2012

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L E S E N T R E p R I S E S D u M É D I C A M E N T E T L A S O C I É T ÉS

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Quelle est la portée de la nouvelle loi sur le médicament post-Médiator®

en matière de sécurité sanitaire ?

(1) Voir fiche 84 et 85 sur la pharmacovigilance.

Pilier 1 : la transparence des décisions et la prévention des conflits d’intérêts

Pilier 2 : le renforcement de la sécurité des patients

Pilier 3 : des patients bien informés et des professionnels de santé bien formés

La demande d’autorisation de mise sur le marché (AMM) au niveau européen devra être conditionnée à la présentation de données comparatives avec les médicaments de référence, lorsqu’ils existent.

En attendant, à l’echelle nationale, application de règles plus exigeantes pour la prise en charge des traitements par la collectivité : pour être remboursé, le médicament devra démontrer qu’il est au moins aussi bon que les alternatives thérapeutiques disponibles et remboursables.

Plusieurs biais sont utilisés pour sensibiliser patients et professionnels :- Un portail public du médicament regroupe les informations de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), de la Haute autorité de santé (HAS) et de l’Assurance maladie ;- Des campagnes d’information sur le médicament, ses caractéristiques et son bon usage sont organisées ;

La transparence des décisions, avec une ouverture à la pluridisciplinarité des commissions et à une transparence des débats et des décisions de commissions.

La prévention des conflits d’intérêts avec :- Une déclaration publique d’intérêts (DPI) systématique pour les acteurs du monde de la santé (experts externes, professionnels de santé, experts internes, associations de patients...) et

Le rôle du politique s’affirme : création d’un comité stratégique de la politique des produits de santé et de la sécurité sanitaire, sous la présidence du ministre, avec la participation de toutes les agences et des directions d’administration.

application, pour les personnels d’administration, des dispositions du projet de loi relatif à la déontologie et à la prévention des conflits d’intérêts dans la vie publique.- La mise en place d’un « Sunshine Act » à la française : publication, sous la responsabilité de chaque industriel, de toutes les conventions et rétributions passées entre les laboratoires, les médecins, les experts, les sociétés savantes, les associations de patients et les organes de presse spécialisés.

Les prescriptions hors AMM, bien qu’indispensables dans certains cas comme ceux des maladies orphelines, doivent rester des situations exception-nelles. La prescription hors AMM sera mieux encadrée par le renforcement des dispositifs dérogatoires existants : protocole thérapeutique temporaire (PTT), article 56, autorisation temporaire d’utilisation.

Le suivi des médicaments1 « dans la vraie vie » sera renforcé, tout comme la pharmaco-épidémiologie.

La nouvelle loi sur le médicament a pour objectif d’instaurer un nouveau système du médicament au service des patients, fondé sur trois piliers :

1 - la transparence des décisions et la prévention des conflits d’intérêts ;

2 - le renforcement de la sécurité des patients ;3 - l’information des professionnels de santé et des patients.

le chiffre

48C’est le nombre

d’articles de la loi sur le médicament.

- Une concertation sur la refondation de la visite médicale est lancée ;- Des formations (initiales out continues) veillent à renforcer sans cesse la connaissance du médicament et de la pharmacovigilance. La formation médicale continue des médecins libéraux et hospitaliers est financée par un prélèvement sur l’industrie pharmaceutique.

83

L E S E N T R E p R I S E S D u M É D I C A M E N T E T L A S O C I É T É

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L E S E N T R E p R I S E S D u M É D I C A M E N T E T L A S O C I É T É

100 QUESTIONS QUE L’ON NOUS POSE - JUIN 2012

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Les entreprises du médicament participent activement à la pharmacovigilance

(1) Rapport d’activité 2011 ANSM. (2) Définition extraite du site de l’ANSM.

Le suivi du médicament dans la « vraie vie » permet une meilleure connaissance de celui-ci et de son usage. Il est assuré par un réseau de centres régionaux de pharmacovigilance (CRPV) et par les entreprises qui commercialisent les médicaments. La pharmacovigilance2 se définit comme la surveillance et la prévention du risque d’effet indésirable des médicaments lorsqu’ils sont vendus et consommés largement que ce risque soit potentiel ou avéré.

les chiffres

18 9641

médicaments ont des effets indésirables graves et

20 620déclarés par les entreprises.

Elles sont tenues de se doter d’une structure de pharmacovigilance et de déclarer aux autorités compétentes les effets indésirables graves qui leur sont signalés par des professionnels, des patients ou dont elles auraient eu connaissance.

Elles doivent fournir des rapports actualisés de pharmacovigilance et des plans de gestion des risques (PGR), obligatoires depuis 2005 pour les nouveaux médicaments.

État des lieuxLa pharmacovigilance est née de crises successives et chacune a permis de faire de grand progrès dans l’évaluation du rapport bénéfice/risque du médicament :

Le Roaccutane® a été le premier exemple de plan de gestion des risques avec des actions de suivi et de communication poussées vers tous les acteurs (prescripteurs, pharmaciens et patients).

Le Vioxx®, avec des essais cliniques de surveillance post-autorisation de mise su le marché (AMM) déclenchés voire opposés à la notification « spontanée » jugée trop lente ou trop parcellaire, a déclenché la révision de la réglementation européenne en la matière.

Le Mediator® a fait prendre conscience que le sujet du bénéfice/risque n’est jamais simple et qu’il est toujours celui d’un cas particulier. Il a démontré que l’information doit être claire pour ne pas dire « éclairée » comme un consentement lors d’un essai clinique.

OrganisationElle est fondée sur le recueil des notifications spontanées des effets indésirables par les professionnels de santé et les industriels avec l’appui du réseau des 31 centres régionaux de pharmacovigilance, et aussi sur le suivi de l’enregistrement et de l’évaluation de ces informations.

Elle se poursuit par des enquêtes ou des études pour analyser les risques, la participation à la mise en place et au suivi des plans de gestion des risques, ainsi que par l’appréciation du profil de sécurité d’emploi du médicament en fonction des données recueillies.

Elle peut déclencher la prise de mesures correctives (précautions ou restriction d’emploi, contre-indications voire retrait du produit) et la communication vers les professionnels de santé et le public de toute information relative à la sécurité d’emploi du médicament.

Les médicaments qui font l’objet d’une surveillance renforcée sont inscrits sur une liste publiée sur le site Internet de l’Agence européenne du médicament

(EMA) et des agences nationales. Ils sont identifiés par un symbole sur leur notice.

Elles évaluent ainsi de façon continue, dans les conditions réelles d’utilisation du médicament, le rapport bénéfice/risque de ce dernier. Le PGR détaille également les actions concrètes mises en œuvre pour minimiser les risques d’un produit (distribution de carnets de suivi, livrets d’infor-mation, programme d’accompagnement, etc.), mais aussi les essais cliniques complémentaires mis en place.

84

Comment le médicament est-il surveillé après sa commercialisation ?

Page 93: 100 questions que l'on nous pose

100 QUESTIONS QUE L’ON NOUS POSE - JUIN 2012

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(1 & 2) Présentation Muriel Malbezin. Présidente du comité sécurité et bon usage du Leem. Congrès de médecine générale à Nice. Juin 2011. Reprise dans le slide kit de la direction des affaires scientifiques du Leem. Disponible sur www.leem.org. Ibid cité. (3) Dans le cadre du renforcement de la surveillance des médicaments à usage humain, une nouvelle directive (2010/84/UE) et un nouveau règlement (1235/2010) relatifs à la pharmacovigilance ont été publiés au Journal officiel de l’Union européenne le 15 décembre 2010. Ils entreront en vigueur en juillet 2012. La directive est en cours de transposition en droit national.

Seuls 5 à 10 %2 des effets indésirables sont déclarés, ce qui freine la connaissance réelle des médicaments. Sur environ 22 000 effets graves déclarés, deux tiers3 émanent de spécialistes, 15 % de pharmaciens et moins de 10 % de généralistes. Plusieurs pistes sont envisagées pour améliorer la pharmacovigilance en France, en coordination avec les autorités européennes.

Les entreprises du médicament participent au renforcement de la pharmacovigilance Elles doivent communiquer immédiatement à l’autorité compétente toute information nouvelle pouvant influencer l’évaluation des bénéfices et des risq ues de leurs médicaments ou entraîner des modifications de l’autorisation de mise sur le marché (AMM).

Elles peuvent être tenues de mettre en place des plans de gestion des risques non seulement au moment de l’AMM, mais également après l’autorisation du médicament.

État des lieuxEn 2011-2012, la nouvelle législation européenne4 en matière de pharmacovigilance prévoit :

Une définition extensive de l’effet indésirable qui couvre dorénavant les réactions nocives survenues dans toutes les situations d’utilisation (mésusage, abus, surdosage, erreurs médicamenteuses).

L’élargissement de la notification aux patients : ces derniers, individuellement ou regroupés en associations, sont encouragés à signaler les effets indésirables aux systèmes de pharmacovigilance. Cette disposition est également prévue à l’échelle nationale par la loi HPST (Hôpital, patients, santé, territoires).

La centralisation de tous les effets indésirables notifiés dans une seule base de données européenne, appelée Eudravigilance.

Pistes d’avenirFavoriser, simplifier et centraliser la notification des effets indésirables : télédéclaration à partir des logiciels d’aide à la prescription ou de dispensation, numéros de téléphone ou fax dédiés, arrivant directement à l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM, ex-Afssaps).

Inscrire sur chaque boîte de médicaments le numéro Vert d’appel et le lien Internet de l’ANSM pour la déclaration des effets indésirables par les patients.

Mettre à jour périodiquement la liste des médi-caments sous surveillance renforcée et instaurer des échanges privilégiés entre l’ANSM et les professionnels de santé (médecins et pharmaciens) dans le cas de signaux mettant en jeu la sécurité sanitaire.

Une expérience menée par l’Afssaps (actuelle ANSM) en 2007 a abouti à la notification de 20 % d’effets indésirables par les associations de patients.

Elles participent au renforcement de la communication à destination des professionnels de santé et du public, grâce à un portail web européen mis en place par l’Agence européenne du médicament (EMA) et les États membres. Y seront publiés les rapports d’évaluation de l’AMM, les résumés des caractéristiques des produits (RCP) et les notices des médicaments, sans oublier une information sur les modalités de signalement des effets indésirables et la liste des médicaments sous surveillance supplémentaire.

le chiffreSeuls

50 %1

des cas sont rapportés lors de syndromes cutanés

graves voire mortels.

85

Comment améliorer la pharmacovigilance ?

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100 QUESTIONS QUE L’ON NOUS POSE - JUIN 2012

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(1) Afssaps, Rapport annuel 2009 et Rapport d’activité Pharmacovigilance 2008. (2) L’objectif d’IMI (Initiative médicaments innovants) est d’identifier les goulots d’étranglement dans les processus de recherche et développement de nouvelles molécules et d’y apporter les solutions technologiques pertinentes. De ce fait, l’efficacité et la sécurité prédictives sont aujourd’hui deux axes majeurs de recherche d’IMI. (3) Biomarkers and Molecular Tumor Classification for Genotoxic Carcinogenesis. (4) European Medicines Research Training Network. (5) European Modular Education and Training Programme in Safety Sciences for Medicines. (6) European programme in Pharmacovigilance and Pharmacoepidemiology.

Très réglementée, l’industrie pharmaceutique applique en permanence le principe de précaution, depuis les premiers essais sur une molécule jusqu’à la mise sur le marché et même bien au-delà.

le chiffre

66 %des notifications d’effets graves sont effectuées

par les entreprises du médicament.

Les entreprises du médicament, en application du principe de précaution, sont de plus en plus engagées dans la détection en amont des effets indésirables

Elles contribuent en partie, grâce à leurs réseaux de visiteurs médicaux qui sont en contact direct avec les professionnels de santé, au système de pharmacovigilance en pourvoyant deux tiers1 des notifications d’effets graves.

Elles sont membres de sept consortiums IMI2, notamment le consortium Safe-T financé dans le cadre du premier appel à projets d’IMI, qui s’applique à développer et qualifier des biomarqueurs translationnels de lésions

État des lieuxLe Conseil d’État définit le principe de précaution comme l’obligation « pesant sur le décideur public ou privé de s’astreindre à une action ou de s’y refuser en fonction du risque possible. »

Différent du principe de prévention, qui fait référence à un risque avéré, le principe de précaution, s’applique à un risque potentiel, mais incertain.

Intégré dans la charte de l’environnement, reprise par la Constitution de la République française pour les questions environnementales, le principe de précaution a tendance à être étendu à tous les secteurs, et en particulier à la santé publique.

La recherche conduite par les industries de santé fait évoluer l’approche actuelle du rapport bénéfice/risque et du suivi des médicaments. Les industriels développent aujourd’hui des biomarqueurs de sécurité capables d’identifier la sous-population de patients pour laquelle les effets indésirables sont les moins marqués.

Pistes d’avenirCe principe est inhérent à l’activité des entreprises du médicament. Le responsable de pharmacovigilance de chaque entreprise doit déclarer immédiatement, et au plus tard dans les quinze jours, les effets indésirables graves. Il doit aussi envoyer des rapports périodiques actualisés de pharmacovigilance appelés PSUR (Periodical Safety Update Report) contenant l’ensemble des données de pharmacovigilance recueillies sur le plan national et international par l’entreprise pendant la période considérée.

Une résolution, votée le 1er février 2012, envisage la mise en place d’une vraie procédure réalisée par une instance indépendante, le comité de la prévention et de la précaution.

EMTRAIN4, SafeSciMET5, Eu2P6 sont les trois consortiums IMI dédiés à la formation sur la sécurité des médicaments.

rénales, hépatiques et du système vasculaire. Elles sont impliquées dans trois autres consortiums spécialisés dans la sécurité des médicaments : Macar3 (détection du potentiel carcinogène), eTOX (prédiction des profils toxicologiques de nouveaux composés) et Protect (renforcement du bénéfice/risque des médicaments en Europe). Elles participent aussi à trois projets de formation sur la sécurité des médicaments.

86

L’industrie du médicament applique-t-ellele principe de précaution ?

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100 QUESTIONS QUE L’ON NOUS POSE - JUIN 2012

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(1) Inca. 2010. Bilan plan cancer. (2) Instaurée par la loi du 9 août 2004 relative à la politique de santé publique qui introduit dans le droit français la nouvelle directive européenne sur les essais cliniques. (3) Le texte français des BPC pour les recherches biomédicales portant sur un médicament à usage humain date du 24 novembre 2006.

Les entreprises du médicament sont très vigilantes quant à la sécurité des patients inclus dans des essais cliniques Elles sont soumises au respect des bonnes pratiques cliniques (BPC)3 : toute recherche biomédicale doit faire l’objet de contrôles de qualité réalisés en début et en cours d’essai sous la responsabilité du promoteur de la recherche.

Elles se préoccupent de la maîtrise du risque encouru par les patients. Le promoteur doit informer l’ANSM et le CPP de la survenue de tout événement indésirable grave et inattendu

État des lieuxParticiper à un essai clinique ouvre la possibilité d’accéder à un produit nouveau prometteur dans de bonnes conditions de sécurité. Cet avantage est particulièrement important pour les maladies graves, pour lesquelles les traitements disponibles n’ont pas permis d’obtenir l’effet attendu, ont été mal tolérés ou ne sont pas suffisamment efficaces.

La loi prévoit en France que le promoteur d’une recherche clinique fournisse gratuitement les médicaments à l’essai et prenne en charge financièrement les surcoûts liés à cette recherche.

Le patient qui participe à la recherche bénéficie ainsi d’examens complémentaires plus réguliers et parfois plus poussés, susceptibles d’améliorer la qualité des soins.

Organisation Depuis la loi Huriet-Sérusclat du 20 décembre 1988, tous les essais cliniques sur le médicament sont encadrés en France. Ils doivent, pour démarrer, recevoir un avis favorable d’un comité consultatif de protection des personnes (CPP) et une autorisation de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM)2.

Tout patient susceptible de s’engager dans un protocole d’essai clinique doit signer un document dit de « consentement éclairé ». Il garantit qu’il a reçu, de la part du médecin investigateur, toutes les informations concernant les objectifs, la méthodologie et la durée de la recherche, les bénéfices attendus, les contraintes et les risques prévisibles, la possibilité de retirer son consentement à tout moment sans préjudice.

Des plans de développement prévoient des études cliniques à réaliser pour obtenir l’autorisation de mise sur le marché (AMM) du médicament.

En France, l’ANSM (ex-Afssaps) a mis en place fin mai 2009 un répertoire des essais cliniques sur les médicaments qu’elle autorise.

Il est à la disposition des patients et des médecins.

pendant l’essai clinique ou de tout fait nouveau susceptible de porter atteinte à la sécurité des personnes.

Elles ont mis à la disposition du public, en 2006, un portail Internet spécialement dédié aux essais cliniques (www.ifpma.org/clinicaltrials). Elles ont aussi soutenu la création du site Internet www.ma-recherche-clinique.fr, qui informe et mobilise le grand public sur la recherche clinique et l’expérimentation biomédicale.

87

Comment s’organise la protection des patients au cours des essais cliniques ?

La mise à disposition de médicaments participe à la qualité de vie et au bien-être des malades et de leurs proches. Ces médicaments remplissent ce rôle parce qu’ils ont fait l’objet d’études attentives, et que leur efficacité et leur tolérance ont été correctement établies. Cette sécurité des médicaments n’existe que parce que des patients ont accepté de participer à des essais cliniques et que leur protection y a été assurée.

le chiffre

34 0001

patients ont participé, en 2010, à des essais

cliniques en cancérologie.

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100 QUESTIONS QUE L’ON NOUS POSE - JUIN 2012

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La visite médicale (VM) consiste à promouvoir les médicaments par la délivrance d’une information médicale de qualité et à en assurer le bon usage auprès des acteurs de santé. Cette information permet au professionnel de retenir la meilleure stratégie thérapeutique pour le patient en fonction de sa situation médicale. La VM constitue donc un lien incontournable entre les professionnels de santé et les entreprises du médicament dans l’intérêt des patients.

le chiffre

18 300C’est le nombre

de visiteurs médicaux en France en 2010.

Les entreprises du médicament veillent à préserver la qualité et l’éthique de l’information médicale Elles se sont engagées, dès 2003, à promouvoir une charte de qualité de la visite médicale dans le cadre de la politique conventionnelle définie avec l’État.

Elles ont donc mis en place un référentiel des bonnes pratiques de la visite médicale repris par les pouvoirs publics, qui a donné lieu à la signature de la charte de qualité de la visite médicale entre le Leem et le comité économique des produits de santé (CEPS) en décembre 2004. La charte décrit le processus de contrôle de l’information délivrée par les visiteurs médicaux.

Intérêt de la VML’activité de visite médicale permet aux médecins de bénéficier d’une information de qualité actualisée sur les produits qu’ils prescrivent dans un cadre d’information et d’activité strictement contrôlé.

Le visiteur médical est ainsi un maillon essentiel du progrès thérapeutique. En effet, il véhicule l’information sur le médicament et le cadre des recommandations en vigueur, facilitant par conséquent l’accès à la connaissance des patho-logies et de leurs traitements.

Le visiteur médical est également un acteur essentiel de la pharmacovigilance. Il est tenu de relayer toutes les informations du laboratoire relatives aux effets indésirables des médicaments prescrits par le médecin.

Encadrement de la VMLe visiteur médical participe à l’efficience de l’assurance maladie. Il est tenu de préciser les indications remboursables et non remboursables des spécialités pharmaceutiques qu’il présente.

Il indique également les divers conditionnementsau regard de leur coût pour l’assurance maladie. Pour les traitements chroniques, par exemple, il présente les conditionnements les mieux adaptés au patient qui sont facteurs d’économie.

Une réglementation stricte impose aux entreprises des règles rigoureuses dans l’activité de promotion et de bon usage du médicament.

Elles ont été, avec les partenaires sociaux, à l’initiative de la réglementation de la profession de visiteur médical (connaissances requises, formation continue, …). Elles ont pris une part active dans son application et dans l’organisation de la formation initiale en créant une structure dédiée, l’AGVM1, et en instaurant un système de contrôle des connaissances et des compétences des visiteurs médicaux par l’attribution de cartes professionnelles individuelles.

72 % des visiteurs médicaux sont des femmes et la moyenne d’âge de la profession est de 42,5 ans.2

88

Quelle est l’utilité de la visite médicale ?

(1 et 2) AGVM : Association pour la gestion de la formation des visiteurs médicaux.

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100 QUESTIONS QUE L’ON NOUS POSE - JUIN 2012

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Le développement de la télémédecine permettra-t-il un meilleur suivi des traitements ?

(1) Opiiec (Observatoire paritaire des métiers de l’informatique, de l’ingénierie, des études et du conseil), étude sur la « Diffusion des TIC dans les organisations de santé en France » 2011. (2) « Télémédecine 2020. Faire de la France un leader du secteur en plus forte croissance de la e-santé ». Syntec numérique.

La télémédecine, qui est l’application des technologies de l’information et de la communication (TIC) à l’exercice de la médecine, apparait aujourd’hui comme l’un des moyens de relever les nouveaux défis de notre système de santé. Elle devrait contribuer à l’amélioration de l’égalité d’accès équitable aux soins, à leur coordination, à leur qualité en termes d’expertise, à leur maintien dans leur lieu de vie et à l’autonomie des patients âgés ou atteints de pathologies chroniques.

Les entreprises du médicament s’associent au développement de la télémédecine

Elles s’inspirent des expériences nordiques : ordonnances informatisées en Suède, dossiers médicaux électroniques partagés entre différents établissements, expériences de télé-expertise ou de téléassistance en Norvège.

Elles participent au financement de projets comme le télésuivi de patients diabétiques : il s’agit d’un carnet de surveillance glycémique actif, accessible au patient via une application sur son smartphone et un portail web dédié, et à l’équipe soignante sur un portail web sécurisé. Le patient saisit lui-même quotidiennement ses

État des lieuxLa télémédecine apporte des solutions de qualité pour assurer une égalité d’accès aux soins de populations âgées, notamment celles vivant dans les zones rurales ou isolées.

La télésurveillance des maladies cardiaques est par exemple une application en plein développement en France. Elle organise la surveillance clinique à domicile des patients atteints d’insuffisance cardiaque.

La transmission d’indicateurs cliniques simples, tels que le poids, la tension artérielle, l’état respiratoire ou l’électrocardiogramme, à un centre de premier recours permettrait de prévoir la survenue de complications aiguës et de prévenir les hospitalisations non programmées grâce à une éducation soutenue du patient sur sa pathologie.

Pistes d’avenirDans la plupart des pays industrialisés, les besoins en télémédecine iront croissant, conséquence de l’allongement de la durée de la vie, c’est-à-dire de l’émergence de maladies chroniques et de la perte progressive d’autonomie.

D’un exercice médical qui se caractérisait, il y a cinquante ans, dans les pays industrialisés, par des soins délivrés en majorité pour des affections aiguës, les médecins sont passés à une pratique médicale où domine la prise en charge de patients âgés atteints de maladies chroniques, aux premier rang desquelles figurent les cancers et les maladies vasculaires.

Les professionnels de santé, médecins et professionnels paramédicaux, vivent donc une évolution majeure de la demande de soins et, par voie de conséquence, une véritable révolution de leurs pratiques.

La télémédecine2 peut transformer la relation soignant-soigné. Elle pourrait ainsi être un levier de changement du système de santé pour accroître son efficience.

données de glycémie dans son dossier, ainsi que la quantité de sucres ingérée lors du repas et l’activité physique réalisée. Ces données sont stockées et analysées de façon personnalisée, et le système génère des recommandations permettant au patient d’ajuster sa dose d’insuline.

Elles estiment que la télémédecine devrait représenter une part croissante du secteur de la santé, car elle peut apporter un vrai soutien à la prise en charge des maladies chroniques, notamment, dont souffre une part croissante de la population française.

le chiffre

Entre

1000 et 2 0001

emplois par an sont créés par les applications de la télémédecine en France.

89

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(1) En 2012, l’Afssaps est devenue l’ANSM. ansm.sante.fr

Tous les moyens permettant de garantir la transparence des liens d’intérêt et ainsi de mobiliser les experts les plus compétents doivent être recherchés.À la suite de la tenue des assises du médicament, en 2011, les autorités et la communauté scientifique ont procédé à un renforcement de la transparence des liens d’intérêt, garantissant ainsi l’indépendance des experts en charge d’apprécier l’efficacité des médicaments.

le chiffre

2 000experts réguliers1 ou

occasionnels participaient aux travaux de l’Afssaps.

Les entreprises du médicament prônent une transparence renforcée dans le respect du droit.

Elles sont favorables à la déclaration systématique de tout lien avec les professionnels de santé, l’ensemble du monde associatif ou les sociétés savantes, ce que prévoit d’ailleurs la loi sur le médicament et sa déclaration publique d’intérêts (DPI) systématique pour les acteurs du monde de la santé.

Elles estiment que l’expertise externe mérite d’être valorisée et prise en compte dans le déroulement de carrière des intéressés au sein de leurs structures de rattachement. Des « parcours de carrière » des experts (qu’ils soient internes ou

État des lieuxL’industrie pharmaceutique est un secteur hautement technologique nécessitant l’intervention d’experts. Tous les stades de l’évaluation des médicaments sont concernés : essais cliniques, procédure d’autorisation de mise sur le marché (AMM), suivi du médicament commercialisé…

Les différents domaines scientifiques deviennent tellement sophistiqués que le nombre d’experts spécialisés dans chacun d’entre eux tend à se réduire. La plupart des experts travaillent à la fois pour la recherche publique et la recherche privée.

Il est absolument nécessaire de garantir la transparence des liens financiers entre les entreprises du médicament, les experts et le monde associatif, car c’est assurer l’impartialité des décisions publiques dans le secteur de la santé.

Pistes d’avenirL’expertise française en matière de médicaments est largement reconnue au plan européen. Toutefois, ainsi que l’a démontré la crise du Mediator®, le renforcement de la capacité d’expertise du système français d’évaluation et de surveillance des médicaments et le renouvellement des viviers d’experts constituent un enjeu, tant pour la sécurité des patients que pour l’attractivité du territoire.

Une confrontation de l’expertise interne des agences et des autorités administratives indépendantes et de l’expertise externe permettrait de bénéficier des avis des spécialistes les plus reconnus.

La transparence des liens est une des voies de la restauration de la confiance et les entreprises du médicament y sont favorables. Elle doit être mise en place dans des

conditions respectueuses des principes fondamentaux du droit et avec des modalités pratiques prenant en compte les impératifs d’organisation des entreprises.

externes) restent en effet largement à construire, avec le développement de passerelles permettant de passer, pour quelques années, du métier de clinicien à celui d’expert interne, et inversement.

Elles sont favorables à la transparence de leur liens avec les professionnels de santé, les associations, ou encore les éditeurs de presse dans des conditions respectant les principes fondamentaux de protection des données personnelles et de la concurrence, et selon des modalités pratiques réalistes.

90

Les experts chargés d’apprécier l’efficacitédes médicaments sont-ils indépendants ?

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100 QUESTIONS QUE L’ON NOUS POSE - JUIN 2012

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Les entreprises du médicament ont engagé depuis plusieurs années un travail collectif pour intégrer les enjeux de responsabilité déontologique et sociétale dans l’ensemble de leurs pratiques. En 2011, cette démarche a conduit le Leem à élaborer des dispositions déontologiques professionnelles (DDP) et à créer une instance d’autorégulation de la profession, le Comité de déontovigilance des entreprises du médicament (Codeem).

Les dispositions déontologiques professionnellesElles posent les principes fondamentaux devant guider chaque adhérent en matière de respect de l’éthique et de la déontologie dans les activités opérationnelles : qualité, fiabilité et clarté de l’information délivrée ; transparence des relations avec les acteurs de santé ; respect de l’indépendance des partenaires de santé.

Ces DDP recensent les règles déontologiques applicables dans de nombreux domaines : promotion et relations avec les professionnels de santé, visite médicale, relations avec les associations de patients, formation médicale continue, communication sur Internet ou encore relations avec la presse. Elles intègrent, en les fusionnant, différents codes, chartes et dispositions existants nationaux et européens.

En adhérant au Leem, les entreprises du médicament s’engagent à respecter – et à faire respecter par toute la profession – l’intégralité des principes des DDP.

Le CodeemInitiée en 2010 dans le cadre du plan stratégique du Leem, la création du Codeem vise à promouvoir et faire respecter les règles de déontologie et d’éthique de la profession.

Organe de veille déontologique, le Codeem est chargé de formuler des recommandations en matière de pratiques responsables. Il est le gardien des dispositions déontologiques professionnelles (DDP) du secteur, qu’il doit faire appliquer et faire évoluer.

Il assure également une fonction de médiation en cas de litige sur des questions de déontologie.

Il dispose en outre d’un véritable pouvoir de sanction en cas de non-respect des règles déontologiques.

Cette nouvelle instance est majoritairement composée de personnalités extérieures à l’industrie du médicament. Elle est conçue pour fonctionner de manière indépendante et impartiale. Elle peut être saisie par les instances du Leem, une entreprise adhérente ou toute partie prenante institutionnelle, mais elle peut aussi s’autosaisir.

« Le Codeem doit être le promoteur d’une déontologie forte et de nouvelles pratiques de la profession. Il doit nous aider à traduire en actes des règles déontologiques

d’une lecture parfois complexe. Initiative pionnière en France, la création du Codeem est un exemple intéressant d’une autorité indépendante professionnelle

mise en place à la seule initiative des professionnels par leurs pairs. » Yves Medina. Président du Codeem.

le chiffre

11C’est le nombre de

membres du Codeem.

91

Comment les industriels du médicament prévoient-ils de régler les questions éthiques

et de déontologie qui leur sont posées ?

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100 QUESTIONS QUE L’ON NOUS POSE - JUIN 2012

100

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En 2009, le Leem a signé avec les ministères de l’Environnement et de la Santé une convention de progrès dans le cadre du Grenelle de l’Environnement. Cette convention avait pour objectif de tracer une feuille de route pour engager tout le secteur dans une démarche proactive en matière d’environnement. Elle est arrivée à échéance fin 2011. Les entreprises du médicament ont toutefois souhaité poursuivre et renforcer leurs engagements en signant une nouvelle convention pour la période 2012-2014.

le chiffre

5C’est le nombre

de programmes d’actions sur lesquels s’engagent

les entreprises.

1. Mettre en place une gouvernance de la responsabilité sociale et environnementale (RSE) au sein des entreprises.2. Promouvoir la diversité et l’amélioration continue des conditions de travail.3. Développer des programmes d’actions environnementales tout au long du cycle de vie du médicament (lutte contre le changement climatique, réduction des déchets, préservation des ressources naturelles et protection de l’environnement).4. Promouvoir une démarche éthique et transparente en relation avec les attentes de la société.5. Promouvoir l’accès du plus grand nombre aux médicaments et agir en acteur d’un développement local durable.

Résultats des actions de la convention de progrès du secteur du médicament dans le cadre du Grenelle de l’environnement pour la période 2009-2011

Les entreprises du médicament s’engagent dans le cadre de la nouvelle convention autour de cinq programmes d’actions en cohérence avec l’ISO 26000.

92

L’industrie du médicament et le Grenellede l’environnement. Quelles avancées ?

1

2

3

4

5

6

7

5

4 13 21

7 11 8

4

34,74 %

15 28

19,5 %

1404 1471 2800

24 %

370(2)

365(3)

491(4)

9 12

IndicateurAction Déc.08 Déc.09 Déc.10 Évolution

Établissement d’un bilan d’émission carbone & GES et évaluation de l’e�cacité énergétique

Nombre de bilans carbone réalisés

Ratio du transport matièreroute/ fer et maritime

Ratio des véhicules dans le secteur éligible au bonus écologique (�ottes d’entreprises)

Nombre de systèmes d’encouragement au système de transport collectif des salariésmis en place

Modification des comportements de transport

Information des salariés en matière de développement durable

Nombre de salariés ayant suivi des programmes de formation au développement durable

Encouragement aux bonnes pratiques environnementales par les entreprises

Nombre de coordina-teurs environnementaux mis en place

Nombre d’entreprises examinant les recommandations issues du dialogue avec leurs parties prenantes

Participation au dialogue parties prenantes

Programme 1 : Réduire de façon volontariste les émissions de GES du secteurainsi que la consommation énergétique

Programme 3 : Dialogue avec les parties prenantes

Entreprises possèdant un PDE (1)

Système de co-voiturage

89,36 %86,41 %86,30 %

Programme 2 : Association des salariés du secteur au bonnes pratiques environnementales

Nombre d’entreprises répondantes : 43 (de la PME de 30 salariés à la multinationale de près de 26 000 salariés), représentant :• 66 % du CA total du secteur ;• 63 % de l’effectif total du secteur soit environ 65 000 salariés ;• 107 sites industriels et 87 sites tertiaires.

18 17 13

75 68 68

4 8 12

5 12 20

6 9 11

Élaboration d’un guide de comportement éco-responsable et mise en œuvre par les entreprises

Communication grand public en vue d’inciter les Français à rapporter les MNU chez les pharmaciens

Participation aux recherches pour une meilleure connaissance des impacts des résidus médicamenteux dans l’eau

Recherche et évaluation des progrès envisageablespour l’éco-conception des emballages

Développement de compétences, initiativesd’inventaire et de partagede bonnes pratiques en matière de biodiversité

Nombre d’entreprises utilisant le guide de bonnes pratiques éco-responsables dans le domaine de la promotion/communication élaboré par le Leem

Mesure du taux de notoriété de l’importance de rapporter les MNU en pharmacie auprès de l’opinion française

Nombre d’entreprises participant aux programmes de recherche sur les résidus médicamenteux à usage humain dans l’eau

Nombre d’entreprises participant aux programmes d’éco-conceptiondes emballages

Nombre d’entreprises participant aux travaux sur la biodiversité

Le sujet de l’éco-responsabilité a été jugé trop réducteur. Par conséquent, le Leem a travaillé sur

les questions plus larges de transparence et d’éthique

Taux de notoriété spontanée (6)

8

9(5)

10

11

12

IndicateurAction Déc.08 Déc.09 Déc.10 Évolution

Taux de notoriété assistée (7)

Programme 4 : Encourager des actions d’éco-responsabilité en matière de promotion et de communication

Programme 5 : Développer dans le cadre sectoriel des programmes d’action environnementale public-privé

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100 QUESTIONS QUE L’ON NOUS POSE - JUIN 2012

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(1) Communiqué et dossier de presse Cyclamed. Avril 2012. (2) Étude Cyclamed. Avril 2012. (3) Chiffres extraits de l’étude Cyclamed. Avril 2012. (4) Ibid.cité. Pour en savoir plus : www.cyclamed.org

L’ensemble de la profession pharmaceutique (entreprises du médicament, grossistes, pharmaciens d’officines) a mis en place la filière Cyclamed pour récupérer et valoriser les médicaments non utilisés (MNU). Ce dispositif d’éco-citoyenneté permet d’agir en faveur de la protection de l’environnement et la sécurité sanitaire.

Les entreprises du médicament éliminent de façon responsable et professionnelle les MNU Elles financent, grâce à leurs cotisations, l’incinération aux normes environnementales les plus strictes de tous les MNU, périmés ou non.

Elles contribuent à récupérer de l’énergie utilisée pour éclairer et chauffer des logements.

État des lieuxLes MNU sont des produits à base de substances chimiques actives pouvant être potentiellement « polluantes » pour l’environnement s’ils sont jetés dans les toilettes ou dans la nature. Ils sont susceptibles de rejoindre le milieu aquatique et de polluer les eaux de surface et souterraines.

Les MNU stockés à la maison présentent des risques potentiels d’intoxications médicamenteuses par ingestion accidentelle, surtout pour les enfants en bas âge ou les seniors.

Ces médicaments sont collectés par les pharmacies puis regroupés par les grossistes-répartiteurs, avant d’être éliminés dans 522 incinérateurs sélectionnés pour leur conformité aux normes environnementales, qui en tirent de l’énergie sous forme de chaleur et/ou d’électricité.

Les chiffres de la collecte3

Le Limousin (363 g par habitant), la Picardie (299 g/hab) et la Champagne-Ardenne (279 g/hab) arrivent en tête du classement régional des quantités de MNU rapportées par habitant.

Une enquête sur les comportements du grand public en matière de tri sélectif des MNU confirme par ailleurs que les trois quarts des Français déclarent les rapporter chez le pharmacien (75 % en 2012 contre 72 % en 2011).

66 % d’entre eux le font « toujours » et 18 % « souvent ». Les populations qui trient le plus sont les seniors (81 %) les femmes (80 %) et les provinciaux habitant dans des communes de moins de 2 000 habitants (81 %). Dans 9 cas sur 10, le dépôt se fait « à un moment spécifique », et non en fin de traitement.

La collecte des MNU est en hausse de 9,3 %4 par rapport à 2010.

Elles font un véritable effort de pédagogie via des spots publicitaires pour pousser à la collecte de médicaments dans les pharmacies (c’est un geste citoyen). L’efficacité de Cyclamed est prouvée : plus de 1 médicament sur 2 récupérable est traité (c’est mieux que dans le domaine des piles électriques où le rapport est de 1 sur 3 ! ).

le chiffre

14 656 tonnes

de médicaments ont été collectées dans

les pharmacies françaises en 20111.

93

Que faire de ses médicaments non utilisés ?

Page 102: 100 questions que l'on nous pose

L E S E N T R E p R I S E S D u M É D I C A M E N T E T L A S O C I É T É

100 QUESTIONS QUE L’ON NOUS POSE - JUIN 2012

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Les Dasri sont les déchets d’activités de soins à risques infectieux. Les industries de santé sont concernées par l’élimination des Dasri Pat – les déchets piquants et coupants des patients en auto-traitement, comme les seringues, et autres aiguilles usagées qui ne peuvent ni être mises dans les poubelles ménagères, ni être placées dans les cartons Cyclamed. Une éco-filière financée par les industriels est progressivement mise en place pour collecter et éliminer ces déchets à risques.

le chiffre

1,4 millionde patients en auto-

traitement sont concernés par

l’élimination des Dasri.

Les entreprises du médicament soutiennent la mise en place d’une éco-filière d’élimination des Dasri Pat. Elles financent ce réseau afin que l’éco-organisme mis en place puisse à la fois distribuer des collecteurs, récupérer les déchets et les éliminer.

Elles sont parties prenantes de l’éco-organisme qui, dans chaque région, distribuera des collecteurs vides destinés à recueillir les Dasri

État des lieuxSelon une étude de l’Ademe1 de 2012, les patients en auto-traitement produiraient 360 tonnes de déchets chaque année.

Sur le plan réglementaire, deux décrets encadrant la mise en œuvre d’un dispositif spécifique aux Dasri (et aux Dasri Pat) sont entrés en vigueur le 1er novembre 2011.

Sur le plan opérationnel, plusieurs étapes sont encore nécessaires pour pouvoir mettre en place cette filière, qui sera déployée progressivement dans les régions au cours de l’année 2012.

Phase de transitionL’élimination des Dasri Pat doit être poursuivie comme elle est organisée aujourd’hui, jusqu’à ce qu’une information réactualisée soit donnée.

Si votre pharmacie les collecte déjà, vous pouvez les lui rapporter.

Si votre pharmacie ne les collecte pas, vous pouvez vous renseigner si un circuit de récupération a été organisé dans votre commune (bornes sécurisées, laboratoires d’analyses, déchetteries, etc.).

Si vous l’ignorez, vous pouvez vous renseigner auprès de votre mairie ou des associations de patients pour connaître la filière adaptée.

Pour l’instant, s’ils ne le font pas déjà, pharmacies et laboratoires d’analyses ne sont pas tenus de collecter les Dasri Pat.

Le gisement relatif aux déchets d’activités de soins à risques infectieux des établissements de santé s’élève annuellement à environ 155 0002 tonnes.

produits par les patients en auto-traitement.

Elles informeront les patients, par le biais de l’éco-organisme, des lieux où rapporter les collecteurs une fois pleins, et aideront à la mise en place de l’organisation logistique permettant leur ramassage.

94

Que faire des déchets d’activités de soins à risques infectieux ?

(1) Bilan national relatif au traitement des déchets d’activités de soins à risques infectieux en France pour l’année 2012. (2) Ibid.cité.

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100 QUESTIONS QUE L’ON NOUS POSE - JUIN 2012

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(1) Chiffre extrait du rapport 2011. ANSES - Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail. (2) Symposium international sur les perturbateurs endocriniens et les résidus de substances pharmaceutiques dans les milieux aquatiques, organisé en février 2010 à Berlin par le Centre de compétence sur l’eau de la ville. (3) ANSES : Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail. (4) ANSM : Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé, ex-Afssaps.

Les entreprises du médicament sont impliquées depuis longtemps dans la gestion des résidus de médicaments dans l’eau. Aux côtés des nombreux acteurs concernés, elles participent au suivi des travaux du nouveau plan national sur les résidus de médicaments (PNRM).

Les entreprises du médicament agissent en tant qu’acteur responsable dans tout ce qui relève de leur compétence

Elles sensibilisent les Français pour qu’ils ne jettent pas à la poubelle leurs médicaments : elles ont mis en place une filière de collecte des médicaments périmés ou non utilisés (Cyclamed) et elles y consacrent chaque année 15 millions d’euros.

Elles n’ont qu’une très faible marge d’action possible pour ce qui concerne les rejets des patients, en dehors de l’appel constant au bon usage du médicament. Concernant les sites de

État des lieuxLa présence de résidus de médicaments dans l’eau est due avant tout aux personnes elles-mêmes : ce sont les rejets naturels des patients qu’ils soient traités à domicile ou à l’hôpital. Ils sont aussi, dans une faible mesure, dus à l’utilisation de produits vétérinaires, ainsi qu’aux médicaments non utilisés ou périmés jetés dans les toilettes ou dans l’évier.

Ce phénomène n’est pas nouveau, il existe depuis des années : depuis que l’homme se soigne !

Les traces de résidus de médicaments dans l’eau sont infinitésimales. C’est la sophistication des techniques qui permet désormais de les détecter à des concentrations très faibles, de l’ordre du milliardième de gramme par litre.

Pistes d’avenirÀ ces niveaux infinitésimaux et en l’état actuel des connaissances, les scientifiques considèrent qu’il n’y a pas de danger pour la santé : il faudrait boire 1 milliard de litres d’eau du Rhin pour absorber l’équivalent d’un comprimé d’aspirine2.

Cependant, des recherches complémentaires sont nécessaires pour évaluer l’effet de ces très faibles quantités à plus long terme.

La France dispose d’une réglementation stricte. Les médicaments font l’objet d’une évaluation du risque pour l’environnement dans le cadre de leur autorisation de mise sur le marché (AMM). Cette évaluation se fait sur la base de tests réalisés selon des indications établies par les autorités sanitaires européennes. Les sites de production, quant à eux, sont très réglementés et sous la surveillance des autorités sanitaire.

L’ERA (évaluation du risque environnemental) est un prérequis pour toute nouvelle demande d’AMM. Les objectifs de l’ERA sont d’évaluer l’impact potentiel de la molécule sur la faune

et la flore, ainsi que son devenir dans l’environnement. Cette évaluation porte dans un premier temps sur le milieu aquatique, compartiment environnemental le plus exposé.

production des médicaments, elles respectent la réglementation en vigueur et appliquent des bonnes pratiques en termes de fabrication et d’environnement.

Elles participent au comité de pilotage de l’étude demandée par la Direction générale de la santé (DGS) à l’Anses3 et l’ANSM4 sur la qualité des eaux de boisson, et au comité de pilotage du plan national sur les résidus de médicaments.

95

Que font les entreprises du médicament pour évaluer et limiter les résidus des médicaments

dans l’eau ?

le chiffre

75 %1

des eaux traitées ne contiennent aucune des 45 molécules de médicaments

recherchées.

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100 QUESTIONS QUE L’ON NOUS POSE - JUIN 2012

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L’adéquation entre la taille du conditionnement, les indications, la posologie et la durée de traitement de chaque médicament est nécessaire pour des raisons de protection de la santé publique, de bon usage du médicament et pour des questions économiques. Elle constitue à ce titre un objectif prioritaire des autorités de santé.

le chiffre

13C’est le nombre de chiffres

dans la codification, miniaturisée Datamatrix sur les conditionnements

au 31/12/2010.

Les entreprises du médicament tentent de concilier bon usage du médicament et maîtrise des coûts Elles ont engagé une série d’adaptations techniques pour trouver des solutions qui permettront d’aller vers un conditionnement plus ciblé, chaque fois que possible.

Elles attirent l’attention des autorités sur le coût industriel pour les fabricants de médicaments (nécessité de revoir les chaînes de fabrication). Cela impacte également l’organisation des

État des lieuxPlusieurs mesures ont été prises par les pouvoirs publics ces dernières années pour éviter le gaspillage. Ainsi, la loi n° 2004-810 du 13 août 2004 relative à l’assurance maladie a rendu obligatoire la présentation sous un conditionnement approprié des spécialités susceptibles d’être remboursées par la collectivité.

La loi de financement de la Sécurité sociale pour 2008 a prévu que le pharmacien délivre de grands conditionnements, quand ils existent, pour les traitements dont la durée prescrite est d’au moins trois mois.

La France reste sur son choix de conditionnements très sécurisés avec des emballages élaborés, par opposition à la délivrance des médicaments en vrac, ce qui amène à fixer des quantités correspondant à des durées de traitements types recommandées.

Pistes d’avenirLa vente à l’unité ne garantit pas à elle seule la réduction du gaspillage de médicaments. D’autres facteurs peuvent intervenir dans les causes de gâchis, par exemple, l’inadaptation de la prescription ou encore la mauvaise observance des patients à leur traitement.

La vente de médicaments à l’unité aux patients par les pharmaciens d’officine, de façon à faire correspondre exactement les quantités prescrites aux quantités délivrées, pourrait présenter l’avantage théorique de réduire le gaspillage en unités de médicaments non utilisés.

Pour des raisons de santé publique, la vente à l’unité imposerait cependant de garantir la sécurisation de l’identification de chaque unité et les conditions de leur conservation au domicile des patients. Une exigence difficile à remplir. Par ailleurs, la mise en œuvre éventuelle de la vente de médicaments à l’unité représenterait un coût qu’il conviendrait de défalquer des économies potentiellement réalisées du fait d’un moindre gaspillage de médicaments.

L’information et l’éducation des patients sont du ressort du pharmacien, un acteur majeur dans la promotion de l’observance et dans la lutte contre

le gaspillage de médicaments.

pharmacies, qui doivent assurer la vente à l’unité, et notamment l’organisation matérielle en termes d’espace et de flux, sans oublier le système de facturation à l’unité.

Elles veulent s’orienter vers le juste usage du médicament, car l’information des patients en vue d’une meilleure observance est une préoccupation majeure de santé publique.

96

Les conditionnements ne favorisent-ilspas le gaspillage?

le chiffre

13C’est le nombre de

codification, miniaturisée Datamatrix sur les conditionnements

au 31/12/2010.

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100 QUESTIONS QUE L’ON NOUS POSE - JUIN 2012

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(1) Chiffre se l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). 2011. (2) Chiffres de la Commission européenne. / 22 juillet 2010.

La contrefaçon de médicaments peut entraîner des conséquences très graves pour la santé des personnes trompées. Il est difficile de se défendre contre cette activité criminelle organisée utilisant tous les vecteurs possibles, Internet notamment. L’industrie travaille en France et à l’étranger avec tous les acteurs (pouvoirs publics, douanes, police, pharmaciens, ONG, plateformes d’e-commerce…) pour garantir l’accès des patients à des médicaments de qualité, renforcer la traçabilité des produits et en sécuriser la distribution.

Les entreprises du médicament recherchent toutes les solutions pour enrayer ce fléau

Elles ont signé une charte avec des représentants de plateformes d’e-commerce pour lutter contre la vente en ligne de ces produits et une déclaration de principes avec l’administration des douanes précisant les modalités de collaboration pour renforcer la lutte contre les trafics de médicaments.

Elles cherchent des solutions technologiques facilitant l’identification des contrefaçons et assurant la traçabilité des produits. Le Leem

État des lieuxLes faux médicaments sont étiquetés fraudu-leusement de manière délibérée pour en dissimuler la nature et/ou la source.

La contrefaçon peut concerner aussi bien des produits de marque que des produits génériques. Les médicaments contrefaits sont le plus souvent sans principe actif. Ils peuvent être sous-dosés ou surdosés et parfois contenir des produits toxiques.

Dans les pays en développement, les médicaments faisant le plus souvent l’objet de contrefaçons sont ceux utilisés contre le paludisme, la tuberculose et le VIH/sida. Dans les pays développés, la contrefaçon concerne le plus souvent des médicaments coûteux (hormones, corticoïdes) ou des médicaments dits « de société », (anorexigènes, traitement de la dysfonction érectile…).

Pistes d’avenirLa contrefaçon concerne en premier lieu les pays en développement, mais touche également de plus en plus les pays développés, notamment par le biais de la vente sur Internet.

Dans plus de 50 % des cas, les produits proposés sur Internet par des sites qui dissimulent leurs adresses sont des contrefaçons. En achetant un médicament en ligne, le patient s’expose, au mieux, à l’absence d’efficacité du traitement, au pire, à son effet toxique.

Les importations parallèles légales de médicaments au sein de l’Europe et les reconditionnements effectués dans ce cadre favorisent également la circulation des faux médicaments.

Plus de 7 millions de produits pharmaceutiques contrefaits : tel est le nombre record atteint par les saisies des douanes européennes en 20092.

travaille avec les entreprises et la Fédération européenne des associations et industries pharmaceutiques (Efpia) pour développer l’utilisation d’un outil commun de traçabilité en Europe (Data Matrix 2D). Testé en Suède, il a démontré son efficacité et sa facilité d’utilisation.

Elles forment et sensibilisent les pouvoirs publics et les acteurs impliqués sur le phénomène de la contrefaçon.

le chiffre

La contrefaçon concerne

aujourd’hui 10 %1

du marché mondial, soit

45 milliards dedollars ( 36,6 milliards

d’euros).

97

Les entreprises du médicament se mobilisent-elles suffisamment contre

la contrefaçon de médicaments ?

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Recherche Développement Production Vente distribution

Près de la moitié des 25 molécules les plus utilisées sont issues ou dérivées de produits naturels ;(exemple le saule pour l’aspirine ou l’if pour le docetaxel).

La diminution de certaines espèces de primates pourrait handicaper la réalisation de tests précliniques.

La dégradation de l’écosystème se fera sentir au niveau des matière premières vivantes ou inertes et de l’utilisation de l’eau.

Les effets de la déforestation pourraient se faire sentir au niveau de la chaîne de packaging des médicaments.

La dégradation des écosystèmes se traduit particulièrement par la disparition des espèces. La disparition d’une espèce, c’est la fin à tout jamais d’un des multiples rameaux de l’évolution de la vie sur la terre. C’est la disparition d’une partie spécifique de la mémoire de cette évolution qui était contenue dans l’ensemble des gènes de cette espèce et qui pouvait peut-être receler des fonctions utiles à la société et à la nature. La défense de la biodiversité est clairement l’un des combats de l’industrie pharmaceutique.

le chiffre

Environ 300 1 espèces

de végétaux supérieurs

et 3 500 espèces de vertébrés sont menacées, sans compter les invertébrés

et les microorganismes.

Les entreprises du médicament commencent à envisager les impacts de l’érosion de la biodiversité

Elles perdent potentiellement chaque année un ou deux médicaments innovants.

Elles continuent leurs activités de bioprospection qui devrait croître de 5001 milliards de dollars (407 milliards d’euros) d’ici à 2050, mais elles cherchent des solutions de chimie de synthèse pour remplacer certaines substances naturelles.

Les phénomènes qui concourent à la réduction de la biodiversité sont connus dans leur généralité, peu dans la précision. Aussi est-il difficile d’estimer la perte de diversité biologique générale. En termes d’espèces, les estimations des pertes se situent entre 27 000 et 100 000 par an. Aujourd’hui, selon l’UICN (Union internationale pour la conservation de la nature), trois types de milieux sont particulièrement en danger : la forêt tropicale, les récifs coralliens et les mangroves.

L’importance de la biodiversité dans la chaîne de conception et de fabrication d’un médicament

La diversité biologique est aussi une source d’inspiration technologique essentielle et irremplaçable pour les systèmes de production biologiques de l’avenir.

La bio-inspiration, par exemple, consiste à repérer des phénomènes naturels et à les utiliser ou à les reproduire pour imaginer des processus productifs.

Elles vont appliquer le protocole de Nagoya qui met en place des mécanismes d’accès aux ressources génétiques et aux savoirs traditionnels, ainsi qu’un partage des bénéfices issus de leur utilisation.

(1) « Biodiversity and Ecosystem Services. Risk and Opportunity Analysis within the Phamaceutical sector ». May 2011. KPMG briefing.

98

Les entreprises du médicament sont-elles concernées par la défense de la biodiversité ?

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100 QUESTIONS QUE L’ON NOUS POSE - JUIN 2012

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L E S E N T R E p R I S E S D u M É D I C A M E N T E T L A S O C I É T ÉS

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La politique sociale du secteur doit permettre d’accompagner l’évolution de l’industrie du médicament en France. Elle se doit aussi d’être prospective pour mieux anticiper les mutations liées aux enjeux scientifiques, réglementaires, politiques et démographiques. En concertation avec les organisations syndicales de salariés, elle crée les outils nécessaires à la gestion sociale des femmes et des hommes du secteur et des compétences dont elle a besoin.

Les entreprises du médicament mènent une politique dynamique et volontariste

Elles anticipent et analysent des besoins en emplois, en compétences et en qualifications par la réalisation régulière d’études pros-pectives.

Elles mettent l’accent sur la formation : leurs investissements représentent en moyenne 4 % de la masse salariale depuis dix ans,

État des lieuxLa politique sociale du secteur est volontariste et a donné lieu à la signature de plus d’une trentaine d’accords collectifs de travail depuis 2008.

Thèmes des principaux accords : insertion et maintien dans l’emploi des salariés handicapés et création d’une mission handicap paritaire, santé au travail, prévoyance, formation, emploi des jeunes, évolution des salaires minima, emploi des seniors…

Le secteur du médicament se caractérise par une mixité relativement équilibrée (57,8 % de femmes) et un niveau de qualification élevé. Il connaît de forts renouvellements d’effectifs, avec une moyenne d’environ 9 000 recrutements par an, et attend près de 14 500 départs à la retraite d’ici à 2012.

Gestion prospectiveL’industrie du médicament est l’un des premiers secteurs professionnels ayant créé un observatoire des métiers dont l’objectif est d’anticiper et d’analyser l’évolution des métiers et de l’emploi et d’adapter l’offre de formation initiale aux besoins en compétences des entreprises.

Cette gestion prospective vise à professionnaliser les cursus de formation et à favoriser la mobilité et le développement professionnel au sein du secteur et en lien avec d’autres.

Face à la diminution des effectifs de promotion, l’industrie du médicament a ainsi mis en place des outils permettant l’optimisation de la mobilité professionnelle des collaborateurs concernés.

soit de 25 % de plus que ceux des autres industries.

Elles accordent une place très importante aux jeunes : les moins de 26 ans représentent près de 23 % des recrutements annuels. Elles accueillent chaque année plus de 1 200 jeunes en contrat d’alternance et plus de 8 000 stagiaires.

le chiffre

38 3501

départs sont prévus dans l’industrie pharmaceutique

en France d’ici à 2020.

Au sein du comité stratégique des industries de santé (CSIS), les industriels du médicament, associés à d’autres industriels de santé, ont lancé avec les pouvoirs

publics un contrat d’étude prospective (CEP) dont la finalité est d’anticiper les mutations des différents secteurs. Ce CEP prévoit de mettre en œuvre

une expérimentation sur l’anticipation de l’évolution professionnelle sur deux bassins d’emploi (Centre-Normandie et Rhône-Alpes)

afin de prévenir les mutations industrielles.

(1) Les Chiffres de cette fiche sont extraits du bilan économique 2011 du Leem, réalisé par la direction des affaires sociales et industrielles.

99

Quelle est la politique sociale des entreprises du médicament ?

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L E S E N T R E p R I S E S D u M É D I C A M E N T E T L A S O C I É T É

100 QUESTIONS QUE L’ON NOUS POSE - JUIN 2012

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Séquençage du génome humain, cellules souches embryonnaires, clonage thérapeutique, transfert de gènes… Tout va si vite en biologie que les progrès réalisés cristallisent les espérances et les craintes d’une société qui se sent parfois dépassée par le rythme des découvertes et l’usage qui pourrait en être fait. Pourtant, les percées des sciences du vivant sont porteuses d’espoir, non seulement par les connaissances qu’elles apportent, mais aussi par les défis éthiques qu’elles posent à notre conscience et au fonctionnement de notre système démocratique.

le chiffre

200C’est le nombre de types

de tissus que peuvent former les cellules souches

embryonnaires.

Les entreprises du médicament cherchent à avancer sur ces sujets par des débats citoyens, dans un contrat de progrès construit avec la société

El les estiment qu’au-delà des seules considérations médicales, c’est la société dans son ensemble qui devra définir le champ d’application de ces nouvelles connaissances.

Elles ont toujours procédé en consultant leurs parties prenantes naturelles (chercheurs, cliniciens, universitaires…) lors d’une première phase d’étude du domaine en question : cellules souches, nanotechnologies appliquées à la médecine, etc. Par la suite,

État des lieuxLes industriels du médicament ont besoin de ces recherches. Ils savent en effet qu’à terme, elles seront porteuses de solutions et qu’elles conditionneront leur capacité à soulager les patients.

En revanche, elles ignorent par avance quel angle exact prendront ces solutions et quelle recherche débouchera sur quelle application. C’est pourquoi elles suivent différentes pistes en parallèle et comparent leurs résultats afin d’orienter les futurs développements.

Dans cette perspective, les recherches sur les cellules souches, sur les nanotechnologies appliquées à la médecine ou encore les avancées des neurosciences sont essentielles à leur compréhension du vivant et au passage à la recherche appliquée.

Pistes d’avenirIl y avait autrefois quelques innovations par siècle, ce qui laissait le temps de les expliquer, de les comprendre et de les assimiler, avant de les adopter.

Toutes ces connaissances nouvelles sont à l’origine de situations sans précédent, qui sont autant de questions posées quant aux choix à effectuer et autant de défis lancés à notre conscience éthique et au fonctionnement de notre démocratie.

C’est donc une médecine de plus en plus scientifique qui se profile, exigeant en contrepartie de son développement une ouverture au questionnement et aux inquiétudes des citoyens et un droit à l’information et à la transparence.

« Au moment de faire des investissements dans un pays, on choisira tel pays plutôt que tel autre, en fonction du cadre réglementaire et juridique qui prévaut. La recherche

est aussi une question économique. Les questions de progrès scientifique et de recherche biomédicale sont aussi des questions d’indépendance stratégique. »

Christian Lajoux. Président du Leem.

elles ont progressivement élargi le cercle de leurs consultations pour parvenir à une co-construction des positions scientifiques, technologiques et éthiques.

Elles considèrent, en effet, que les débats concernant les recherches biomédicales doivent être conduits le plus largement possible, car les choix éthiques nécessitent un cheminement vers la solution retenue en toute transparence et en toute conscience.

100

Comment concilier progrès thérapeutique, nouvelles avancées de la recherche et respect des individus ?

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100 QUESTIONS QUE L’ON NOUS POSE - JUIN 2012

Sigles et acronymes AAc : anticorps monoclonal

ADME (profil) : absorption, distribution, métabolisme, élimination

ADN : acide desoxyribonucléique

AFIPA : Association française de l’industrie pharma-ceutique pour une automédication responsable

AIP : autorisation d’importation parallèle

ALD : affection de longue durée

AMM : autorisation de mise sur le marché

ANR : Agence nationale de la recherche

ANSES : Agence nationale de sécurité sanitaire, de l’alimentation, de l’environnement et du travail

ANSM : Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ex-Afssaps)

ARIIS : Alliance pour la recherche et l’innovation des industries de santé

ARN : acide ribonucléique

ARNm : ARN messager

ASMR : amélioration du service médical rendu

ATU : autorisation temporaire d’utilisation

AVAI : année de vie ajustée sur l’invalidité

AVC : accident cardiovasculaire

AVIESAN : Alliance nationale pour les sciences de la vie et la santé

CCA : chiffre d’affaires

CAPI : contrat d’amélioration des pratiques individuelles

CEA : Commissariat à l’énergie atomique

CENGEPS : Centre national de gestion des essais de produits de santé

CEPS : Comité économique des produits de santé

CESPHARM : Comité d’éducation sanitaire et sociale de la pharmacie française

CMO : Contract Manufacturing Organization

CNAMTS : Caisse nationale d’assurance maladie des travailleurs salariés

CNRS : Centre national de la recherche scientifique

CODEEM : Comité de déontovigilance des entreprises du médicament

COPPEM : Comité des parties prenantes des entreprises du médicament

CPP : Comité de protection des personnes

CRPV : Centre régional de pharmacovigilance

CSIS : Conseil stratégique des industries de santé

DDASRI : déchet d’activités de soins à risques infectieux

DASRI PAT : déchet d’activités de soins à risques infectieux des patients en auto-traitement

DCI : dénomination commune internationale

DDP : dispositions déontologiques professionnelles

DEQM : Direction européenne de la qualité du médicament

DMP : dossier médical personnalisé

DMLA : dégénérescence maculaire liée à l’âge

DPI : déclaration publique d’intérêts

DREES : Direction de la recherche, de l’évaluation et des statistiques

EEFPIA : European Federation of Pharmaceutical Industries and Associations

EMA : European Medicines Agency (Agence européenne pour l’évaluation des médicaments)

ERA : évaluation du risque environnemental

FFDA : Food and Drug Administration

FIIM : Fédération internationale de l’industrie du médicament

GGAVI : Global Alliance for Vaccines and Immunization

GLP : Good Laboratory Practise

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100 QUESTIONS QUE L’ON NOUS POSE - JUIN 2012

HHAS : Haute autorité de santé

HPV : Papillomavirus humain

HSE : hygiène et sécurité

HSV : herpès simplex virus

IICH : International Conference on Harmonisation of Technical Requirements for Registration of Pharmaceuticals for Human Use

IFPMA : International Federation of Pharmaceutical Manufacturers and Associations

IHU : Institut hospitalo-universitaire

IMC : indice de masse corporelle

IMAO : inhibiteur de monoamine oxydase

IMI : initiative médicaments innovants

INPES : Institut national de prévention et d’éducation pour la santé

INCa : Institut national du cancer

Inserm : Institut national de la santé et de la recherche médicale

InVS : Institut national de veille sanitaire

IRM : imagerie par résonance nucléaire

IRT : Institut de recherche technologique

LLEEM : Les entreprises du médicament

LFSS : loi de financement de la sécurité sociale

MMNU : médicaments non utilisés

OOCDE : Organisation de coopération et de développement économique

OGM : organisme génétiquement modifié

OMS : Organisation mondiale de la santé

ONDAM : Objectif national des dépenses d’assurance maladie

ONG : organisation non gouvernementaleOTC : Over The Counter (devant le comptoir)

PPA : principe actif

PCRD : programme cadre de recherche et de développement (de la Commission européenne)PGR : plan de gestion des risquesPIB : produit intérieur brutPIP : plan d’investigation pédiatrique

PLFSS : projet de loi de financement de la sécurité sociale

PMDA : Pharmaceuticals and Medical Devices Agency (Japon)PME : petites et moyennes entreprises

PNRM : plan national sur les résidus de médicaments dans l’eauPPHT : prix public hors taxePPP : partenariat public-privéPPT : protocole thérapeutique temporairePPTTC : prix public toutes taxes comprises

PRES : pôle de recherche et d’enseignement supérieur

RRCP : résumé des caractéristiques du produitR&D : recherche et développementROR : rougeole, oreillons, rubéoleRSE : responsabilité sociétale des entreprises

SSATT : société d’accélération de transfert technologique

SEP : sclérose en plaquesSNC : système nerveux centralSRAS : syndrome respiratoire aigu sévère

TTFR : tarif forfaitaire de responsabilité

VVIH : virus de l’immunodéficience humaineVM : visite médicale

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100 QUESTIONS QUE L’ON NOUS POSE - JUIN 2012

AAccord-cadre 61AIP (Autorisation d’importation parallèle) 20ADL 13-64-67Allergies 56Alzheimer (maladie d’) 22-28AMM 8-15-19-20Animaux 44-45ANSM (ex-Afssaps) 83-85-87Antibiotiques 18Anticorps monoclonaux 30-36-53Antirétroviraux 33ASMR 63Associations de patients 81Assurance maladie 64-65Attractivité 71-75ATU 19-83Automédication 8AVC 25

BBénéfice/risque 3-12BMNC (besoins médicaux non couverts) 21-22-41Biodiversité 98Bioéconomie 72Bioéthique 100Bio-informatique 50Biologie de synthèse 52Biologie des systèmes 51Biomarqueur 24-26-37-41-58-86Biomédicaments 47Bioproduction 74Biosimilaire 14Biotechnologies 47-68-72-76-85Bonnes pratiques 4Bon usage 13Brevet 69

CCancer 21-22-23-24Cellules souches 29-54-100

Cengeps 71CEPS 62Cible 44Codeem 91Commission de la transparence 62-63Compétences 99Conditionnement 13-96Conseil stratégique des industries de santé (CSIS) 66Consommation 13Contrefaçon 9-20-97Coppem 81Cyclamed 93

DDasri 94Délocalisation 75Dengue 40Dépenses 63-64Dépression 38-39Déremboursements 63Développement 68Diabète 26-27DMLA 37Drug-design 44

EEau (résidus dans l’) 95Effets indésirables 3-12-14-85Emballage 96-98Efficience 89Émissions CO2 92Emploi 76Enfants (voir médicaments pédiatriques) 15Environnement 92Épidémiologie 22Espérance de vie 21-41Essais cliniques 15-32-46-87Éthique 87-91-100Expérimentation animale 45Experts 91

Index

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100 QUESTIONS QUE L’ON NOUS POSE - JUIN 2012

MMaladies : - Alzheimer 28- cardiovasculaires 25- de Parkinson 29- infectieuses 34- os 36- peau 35- psychiatriques 39- rares 32- tropicales 40- vision 37Matières premières 4

Médicament : - accès 19- circulation 20- conditionnement 13-96- confiance 1- coût 68- cycle du 44- orphelin 32- pédiatrique 15- pénuries 10- princeps 14- prix 62- qualité 4- quantité 2- recyclage 13 - relations 11- remboursable 62-63- retrait 3- sécurité 3- substance active 4-44-47- valeur 2Mélanome 35MNU 93

NNanomédicaments 55Nanotechnologies 55Notice 6-84

FFaçonnier 76Filière 25-66-78Fondation 82Formation 76-99

GGalénique 5Génétique 24-26-27-29-36-39-40Génériques 14-62-64-65Génomique 47-49Gestion des risques 3Grenelle de l’Environnement 92

HHandi-EM 82HAS 62-63-83Hépatite 31Homéopathie 16Hypertension 25

IIatrogénie 12Image 1IMI 67Immunothérapie 56Indépendance (voir experts)Industrie 66-67-70-71-72-77-78-79-80Information 12-50-88Innovation 43-70Innovation ouverte 43Internet 9Investissement 71-79

LLoi sur le médicament 83

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100 QUESTIONS QUE L’ON NOUS POSE - JUIN 2012

- collaborative 43- épidémiologique 48- translationnelle 48RCP 6-20-85R&D 67Résistance 18Responsabilité sociétale (RSE) 81Retrait 3Ruptures d’approvisionnement 10

SSanté 20-25-80Schizophrénie 39Sclérose en plaques 30Sida 22-33Sites industriels 73-75

TTélémédecine 89Thérapie ciblée 41Thérapie cellulaire 54Thérapie génique 57Transgénèse 59Transcriptomique 49Tulipe 82

VVaccin 17-24-28-33-34-40-59- industrie 77- recombinant 56- thérapeutique 56Vente en grande surface 7Visite médicale 88

OObésité 27Observance 12Observatoire des biotechnologies 72Observatoire des métiers 99Observatoire sociétal 1OGM 59Omiques 49Ostéoporose 36

PPaludisme 40Partenariat 18-34-43-71-72Parties prenantes 81Pays en développement 82Pharmacien d’officine 7Pharmacovigilance 84-85Plan 60Plan Alzheimer 60Plan cancer 60Plan maladies rares 60Pôles 78Politique conventionnelle 61Politique sociale 99Polyarthrite rhumatoïde 53Principe de précaution 86Prix 62Production industrielle 67-73-75Propriété intellectuelle 69Protection des patients 87Progrès thérapeutique 42-54Protéomique 49Puce à ADN 50Psychotropes 39

RRecherche- biomédicale 100- clinique 46- coût 68

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100 QUESTIONS QUE L’ON NOUS POSE - JUIN 2012

Glossaire

AADN : abréviation d’acide desoxyribonucléique. Longue molécule ressemblant à une chaîne et portant le code génétique.

ARN : abréviation d’acide ribonucléique. Molécule très proche chimiquement de l’ADN. Les cellules vivantes utilisent en particulier l’ARN comme un support génétique intermédiaire de nos gènes pour fabriquer les protéines dont elles ont besoin. L’ARN peut remplir de nombreuses autres fonctions et en particulier intervenir dans des réactions chimiques de la cellule.

ARN messager : molécule d’ARN transcrite à partir d’un gène et qui contient des informations codées concernant la séquence des acides aminés d’une protéine. L’information contenue dans l’ARNm peut coder plus d’une protéine.

BBiotechnologie : utilisation du génie génétique et d’autres nouvelles technologies à des fins commerciales.

DDCI (dénomination commune internationale) : il s’agit de la dénomination qui permet d’identifier le principe actif majeur contenu dans un médicament à l’aide d’un langage commun au niveau mondial. L’usage de la DCI facilite la prescription de médicaments génériques.

EEnzyme : molécule de protéine catalysant les réactions biochimiques.

FFilière : description de trajectoires. Elle peut être définie a posteriori ou a priori. Une filière définie a posteriori résulte d’une observation des trajectoires des patients dans le système de soins ; une filière a priori résulte soit d’une logique de travail en réseau, soit d’une logique conventionnelle, réglementaire ou tarifaire. Les éléments de caractérisation d’une filière sont les « lieux de passage », la quantité d’aide et de soins apportée à chaque niveau, le temps de passage à chaque niveau, les coûts associés.

GGène : unité de base de l’hérédité. La plupart des gènes codent des protéines.

Génome : totalité de l’information génétique d’une cellule représentée par son ADN.

HHaut débit : expression qui évoque l’utilisation de l’informatique et de la bio-informatique pour accélérer la phase de test des molécules, protéines ou catalyseurs en vue de processus de production de matériaux, médicaments, etc. Le criblage à haut débit s’appuie sur la bio-informatique, la génomique, la protéomique, la robotique, et parfois les nanotechnologies.

LLymphocyte : cellule présente dans le sang et qui, en présence d’une substance étrangère (antigène), se divise et produit des anticorps.

OOmiques : ils s’intéressent aux interactions dans et entre des ensembles vivants complexes (espèces, populations, individus, cellules, protéines, ARN, ADN) en tenant compte de l’environnement auquel ces ensembles vivants sont exposés et de l’écosystème dans lequel ils vivent.

PPharmacogénomique : démarche faisant appel à le génomique pour sélectionner des molécules données d’une activité pharmacologique qui sont plus en rapport avec les cibles sociologiques.

Phases de développement d’un médicament : - Choix des cibles : les cibles sont les récepteurs ou enzymes sur lesquels se fixent les médicaments pour modifier les fonctions cellulaires.

- Screening : il s’agit de tests rapides automatisés qui servent à mesurer l’interaction entre une cible et des composés chimiques. Ils ont pour but de rechercher des structures moléculaires ayant le profil d’activité souhaité (têtes de série).

- Optimisation des têtes de série : chimistes et biologistes sélectionnent les molécules en fonction de leur spécificité et leur affinité avec la cible afin d’aboutir au candidat-médicament.

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100 QUESTIONS QUE L’ON NOUS POSE - JUIN 2012

- Développement préclinique : après avoir mis au point un procédé de synthèse industrialisable et une formulation administrable chez l’homme, des études toxicologiques chez l’animal permettent de vérifier l’innocuité du candidat-médicament.

- Évaluation clinique : il s’agit, à cette étape, de vérifier l’innocuité et de mesurer l’efficacité chez l’homme du futur médicament.

- Industrialisation : synthèse et fabrication de la forme pharmaceutique.

- Enregistrement : obtention de la part des autorités sanitaires de l’autorisation de mise sur le marché (AMM), négociation d’un prix pour les spécialités remboursées et commercialisation.

Protéine : molécule biologique constituée d’acides aminés liés entre eux et formant une chaîne. Les protéines comptent des dizaines et jusqu’à des milliers d’acides aminés.

TThérapie cellulaire : thérapie visant au remplacement d’un tissu lésé en greffant au malade des cellules progénitrices dérivées de cellules souches embryonnaises ou adultes.

Transcriptome : collection des produits de transcription (ARN messagers) résultant de l’activité des gènes d’une cellule.

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