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    Article

    Augustin BerqueCahiers de gographie du Qubec, vol. 54, n 153, 2010, p. 459-470.

    Pour citer cet article, utiliser l'information suivante :

    URI: http://id.erudit.org/iderudit/1005605ar

    DOI: 10.7202/1005605ar

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    Sujet, fdo, msologie

  • Cahiers de gographie du Qubec Volume 54, numro 153, dcembre 2010 Pages 459-470

    Sujet, fdo, msologie

    Subject, fudo, mesology

    Sujeto, fdo, mesologaAugustin BERQUEcole des hautes tudes en sciences [email protected]

    Rsum

    On sattache dabord montrer la surprenante polysmie du terme sujet , pour classer ensuite les problmes affrents sous trois rubriques : la subjectit, la subjectivit et la sujtion. Ces questions se posent divers niveaux ontologiques, relis entre eux en termes dvolution par un concept : la trajection, qui est analogue une prdication dont le sujet fondamental est la Terre, et le prdicat un certain monde. Tout monde prdicatif tend sabsolutiser, cest--dire oublier le sujet qui le fonde, sexposant ainsi comme le ntre un retour destructeur de ce sujet, en loccurrence la Terre.

    Mots-cls Msologie, subjectit, subjectivit, sujtion.

    Abstract

    The surprising polysemy of the term subject is demonstrated and the related problems classi- ed under three headings: subjecthood, subjectivity and subjection. These problems arise at various ontological levels, interrelated in evolutionary terms by trajection, a concept analogous to a predication, whose fundamental subject is the Earth and the predicate a certain world. A predicative world tends to become absolute, i.e. forgetful of the subject, its founder, and like our own world, renders itself vulnerable to the destructive backlash of its subject, in this case, the Earth.

    KeywordsMesology, subjecthood, subjectiveness, subjection.

    Resumen

    Primeramente, se trata de mostrar la sorprendente polismia del trmino sujeto , para luego clasi car los problemas correspondientes en tres rbricas: la subjetidad, la subjetividad y la sujecin. Tales cuestiones se plantean sobre diversos niveles ontolgicos interrelacionados por la evolucin de un concepto: la trayectoria, anloga a una predicacin cuyo sujeto fundamental es la Tierra, y el predicado, un cierto mundo. Todo mundo predicativo tiende a absolutizarse, es decir, a olvidar el sujeto que le funda, exponindose as a un retorno destructor de ese sujeto, en la ocurrencia, la Tierra.

    Palabras clavesMesologia, subjetidad, subjetividad, sujecin.

    Version originale soumise en fvrier 2010. Version rvise reue en mai 2010.

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    La polysmie de sujet Travailler sur une culture trs trangre la sienne ici le Japon par rapport la France , en mme temps que cela loigne de certaines questions que se pose concrtement un gographe qui travaillerait dans son pays ou sur des pays peu loigns culturelle-ment, oblige sinterroger sur un plan plus conceptuel, plus philosophique. Cela, non seulement propos des choses insolites que lon dcouvre, mais aussi propos des concepts quon utilisait couramment ; au premier chef sur la notion de sujet, car quand on aborde la langue japonaise, et plus largement la culture japonaise, cest bien la question du sujet qui est la plus droutante, et quon est constamment amen rexaminer.

    Dabord, on bute rapidement sur cette dif cult parfois insurmontable en traduction (sinon par une option dlibre de la part du traducteur) : le fait que souvent, dans une phrase japonaise, le sujet nest pas exprim, du moins explicitement par un mot, alors quen franais, on en a imprativement besoin la plupart du temps. De l en aiguille, cette apparente absence du sujet conditionne non seulement la pense, mais toute la spatialit japonaise. Sautons toutefois cette question trop spci que ; on la trouvera dtaille ailleurs (Berque 1982 et 1998 ; Berque et Sauzet, 2006). Inutile dajouter que toute notre pense, toute notre spatialit sont, linverse, conditionnes par la pr-sence af rme du sujet, et ce, sur des plans divers, intriqus de faon trs complexe.

    Plus tard, en effet, on se rend compte quel point ce mot, sujet , est polysmique, et parfois mme en apparence totalement contradictoire. Par exemple, ce que le logi-cien appelle le sujet , cest ce que le physicien appelle lobjet , cest--dire ce dont il sagit. Cest donc une notion dlicate manier. Il y a certes des outils, comme les vocabulaires de philosophie, qui permettent dy voir plus clair. Entre autres, il y a un bon dveloppement sur ce thme dans le Dictionnaire culturel en langue franaise dAlain Rey (2005 : IV, 1077-80), un merveilleux outil, en quatre gros in-quarto (au total, prs de 10 000 pages). Meilleur encore sur ce thme : le Vocabulaire europen des philosophies, qua dirig Barbara Cassin (2004). L, le dveloppement sur sujet est vraiment magistral, et indispensable quand on travaille sur cette notion. Nous nutilisons pas assez ce genre doutils, bien que la gographie ne puisse se dispenser dy voir plus clair sur ce sujet dont elle ne sest jamais tant proccupe.

    Subjectit, subjectivit, sujtion

    Larticle en question contient certes des considrations philosophiques forcment trs spcialises. Toutefois, les grandes pistes de r exion ainsi traces concernent toutes les sciences sociales. Trois directions en ressortent qui, pour la langue franaise, peuvent tre rsumes par trois mots : subjectit, subjectivit, sujtion.

    La subjectit a deux aspects principaux. Lun, ce qui concerne le sujet logique (ce dont il sagit, ce dont il est prdiqu quelque chose) ; lautre, le sujet physique, ce dans quoi sont les accidents. Cest ce sujet physique qui peut tre synonyme dobjet,

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    et cest donc l quon rencontre une des premires absurdits apparentes de ce terme sujet . Quand on examine lhistoire de la notion, on voit bien entendu que cela nest pas absurde et que de fortes raisons y ont conduit. Ces raisons, il faut justement les avoir claires en tte ; mais renvoyons sur ce point au dictionnaire lui-mme.

    Ce dictionnaire, paru en 2004, claire donc beaucoup cette question de la subjectit laquelle mne lapprentissage du japonais. Dans cette langue en effet, les termes qui, en franais, sont tous exprims par lunique mot sujet , sont tous distincts. Par exemple, le sujet grammatical, cest shugo ; le sujet psychologique, le sujet de la conscience, cest shukan, le sujet logique, cest shudai ; le sujet en tant quoppos lobjet, cest shutai, etc.

    On remarquera dans tous ces mots un lment commun, shu, qui veut dire princi-pal ; mais la seconde partie du mot indique que ce nest pas la mme chose qui est principale. Dans shukan, le sujet psychologique, kan signi e regard ; il sagit donc du regard quune personne porte sur les choses. Shutai signi e en quelque sorte le corps principal , cest--dire ce par rapport quoi le reste devient objet. Shudai, le sujet logique, est pour ainsi dire le thme principal , etc. Shutai et shukan sont proches, mais pas synonymes. Si on leur ajoute le suf xe sei (qui sert conceptualiser, comme en franais -it, en allemand -keit, en anglais -ness, etc.), on aura shutaisei : la subjectit (le fait dtre un sujet, subjecthood en anglais) et shukansei : la subjectivit (le fait de porter un regard non objectif sur les choses, en anglais subjectiveness). Avant quun gographe francophone puisse se reprsenter la diffrence entre subjectivit et subjectit, il faut quelque dlai, parce que la plupart du temps shukan, cest--dire le sujet psychologique moi je , est en mme temps shutai. Forcment, et cest jus-tement pourquoi les langues europennes peuvent employer le mme mot sujet pour dire les deux. Mais pouvoir les distinguer mne des questions intressantes.

    En quoi cela aide-t-il la r exion ? Par exemple, shutai a le sens de sujet souverain de soi-mme , que na pas shukan. Il y a donc des cas o shutaisei peut se traduire par souverainet . Dans la subjectivit (shukansei) en revanche, on peut ntre pas souverain du tout : assujetti une pulsion inconsciente, engou par une mode, etc. Cela mne tout un ordre de considrations, politiques entre autres, mais aussi qui touchent aux rapports entre lhumain et lanimal, lanimal et le vgtal, le vivant et linanim. Le vivant a un certain degr de shutaisei, cest--dire de souverainet, ou de r exivit, si on le compare au minral ; et lhumain un degr de shutaisei suprieur lanimal en gnral. Cela introduit la question des niveaux de subjectit, qui sont des niveaux ontologiques.

    Les niveaux ontologiques du sujet

    tudier un peu le japonais, quand on parle une des grandes langues europennes, mne invitablement ces questions ; nous verrons plus loin sous quel jour. Le Voca-bulaire europen des philosophies pour sa part, comme son nom lindique, est limit ces langues et leurs voisines historiques, comme lhbreu et larabe. Or lgard du sujet, les langues europennes participent dun monde commun. Celui-ci a t ouvert par les Grecs. Sujet en effet, via le latin subjectum, descend du grec hupokeimenon. Ces deux termes sont forms partir de la mme ide, celle de quelque chose qui est mis dessous , qui gt dessous . Littralement, lhupokeimenon, cest le gisant

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    Lide sapparente troitement celle de substance, qui vient directement du latin substantia, mot qui traduisait le grec hupostasis : le se-tenir-dessous . Stantia et stasis viennent du mme radical indo-europen sta, exprimant lide de se tenir de-bout, de se trouver quelque part ; en loccurrence, dessous, comme lhupokeimenon.

    On peut dire que cette parent rsume la tendance de la pense europenne faire du sujet la substance qui soutient le monde . Le rapport sujet / prdicat dans notre logique est en effet homologue au rapport substance / accident dans notre mtaphy-sique. Soutenant le monde, le sujet saf rme aux dpens de ce qui nest pas substantiel : la relation, le milieu Cette tendance est, en particulier, ce qui a ni par engendrer le dualisme moderne, lequel oppose deux substances : le sujet de la conscience (le cogito) dune part, et de lautre lobjet du physicien (cest--dire le sujet du logicien).

    Revenons sur la subjectit (o lon distingue en ce sens le sujet logique et le sujet physique) et sur les deux autres grandes directions problmatiques mentionnes plus haut : subjectivit et sujtion. Pour la subjectivit, le Vocabulaire europen des philosophies nous renvoie conscience , et cela ne va pas de soi. Il ne viendrait pas directement lesprit que la subjectivit renvoie la conscience : ne serait-ce pas plutt linconscient? Mais bien entendu, lun appelle lautre, tant pour la philosophie que pour la psychologie. Quant la sujtion, videmment, ce sont les problmes socio-politiques qui se pressent. Louis XIV pouvait parler de ses sujets , pas le prsident Sarkozy. Sommes-nous devenus des objets pour autant? Non ; mais autre chose, quoi sujet soppose autrement qu objet .

    Le rapport subjectit / subjectivit / sujtion est dune si grande complexit quil faut slectionner, car les questions seraient beaucoup trop nombreuses. Tenons-nous en ici trois cas. Dabord, la diffrence et les interfrences quil y a entre, dune part, la distinction sujet / objet, ou subjectivit / objectivit, et dautre part celle entre monde et univers, mondanit et universalit. Les deux mnent aussi, en troisime lieu, au concept de trajectivit.

    La trajectivit

    Ce concept a t forg dans les annes 1980 (Berque, 1986 et 2000a) dans la confronta-tion entre vision europenne et vision japonaise, en particulier partir dune r exion sur largument sempiternel selon lequel la culture japonaise serait impermable au dualisme occidental moderne. Quest-ce alors que la ralit, si elle ne relve pas de lobjet ou bien du sujet ? Elle relve de linteraction la trajection entre ces deux ples, qui sont thoriques plutt que rels. La ralit serait donc quelque chose qui se construit historiquement dans le champ relationnel entre ces deux ples qui, certes, sont des repres indispensables pour la pense, mais travestissent la ralit concrte. Dans trajectivit , il y a trajet . Cela concerne en effet trs concrtement, aussi, nos dplacements physiques. Mais il ne sagit pas simplement de trajet physique, car la trajection, cest le va-et-vient la fois matriel et immatriel, technique et symbo-lique, corporel et mental, de notre relation avec les choses. Cest le va-et-vient quil y a entre le foyer de mon corps, ici maintenant, et ce qui lentoure, mme trs loin au del de lhorizon visible. En somme, la ralit est trajective. On ne peut pas la rduire aux deux catgories opposes que sont le sujet et lobjet modernes. Ceux-ci ne sont pas invalids pour autant, parce que justement, il faut voir de quelle ralit il sagit. Tout le problme est l.

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    Dans la trajectivit, il sagit de la ralit concrte de la chose, et non pas de lobjet abstrait (qui est un en-soi, un absolu quon peut appeler le Rel , avec un grand R). Cette ide se rsume par la formule r = S/P, laquelle se lit : la ralit, cest le sujet en tant que prdicat. Le sujet (S) en question, cest celui du logicien, cest--dire lobjet du physicien. Le prdicat (P), cest la manire de saisir S par les sens, par la pense, par les mots et par laction. Autrement dit, P a un sens proche de phnomne . La ralit, cest ce qui nat dans ce rapport, cest--dire la manire dont les choses ap-paraissent. Elle se construit historiquement, plusieurs chelles de temps ; les unes qui relvent de lhistoire proprement dite (par exemple la capacit de nos tlescopes), mais dautres plus profondes, qui relvent de lvolution (par exemple nos capacits visuelles). La ralit se construit donc dans le temps, les tlescopes venant par exemple prdiquer un degr suprieur ce que la vue directe prdiquait initialement. Cest ainsi que lil humain prdique une longueur donde de 700 nm en tant que rouge, ce que ne fait pas lil dune vache (les vaches en effet ne voient pas le rouge). Cette volution de la ralit, qui ind niment suppose et reprend ( surprdique ) les ralits antrieures, peut se reprsenter par la formule r = (((S/P)P')P")P''', etc.

    Si ce processus est analogue au rapport S/P dans la prdication, il excde videmment de trs loin le seul domaine de la logique, et cest la raison pour laquelle on parle de trajection. Il sagit de lassomption de S en P, en mme temps que de lhypostase (la substantialisation) de P en S. Nous verrons plus loin comment cela fonctionne. Au point actuel, posons simplement que cest la manire dont les tres vivants (lhumain en particulier) interprtent et utilisent leur environnement ; savoir, pour ce qui concerne lhumain, cette rgle amplement illustre par la gographie : les socits peroivent leur environnement en fonction de lamnagement quelles en font et, rciproquement, lamnagent en fonction de la perception quelles en ont. Cela ne se rduit pas une projection unilatrale du sujet sur lobjet, cest la trajectivit des choses qui font la ralit. Que 700 nm = rouge, ce nest pas subjectif, cest un fait objectif et universel, pour autant que nous soyons dans un monde humain.

    Les en-tant-que de lcoumne

    Prcisons que cest l une ide qui vient lorigine dun raisonnement purement gographique (Berque, 1992). Ce nest que par la suite quelle a t conceptualise (Berque, 1986) et reprsente de cette manire, qui voque plutt la logique (Berque 2000b, et plus particulirement 2006 et 2008). Cest la gographie qui mne formuler les quatre catgories principales dans lesquelles le vivant (et en particulier lhumain) ordonne (cosmise) la ralit dun environnement quelconque ; savoir des ressources, des contraintes, des risques, et des agrments. Combin la notion japonaise de mi-tate ( voir-comme ; Berque, 1986), cest cela qui conduisit utiliser lexpression en tant que ; car ces catgories, ce sont les en-tant-que selon lesquels nous trajectons la Terre (le donn universel de lenvironnement, S) en notre monde spci quement humain (P), et qui font donc la ralit (S/P) de lcoumne (la relation Terre / monde).

    Prenons pour exemple le pic du Midi, qui est visible de Pau. Dans le paysage de Pau, ce pic existe dabord en tant quagrment. Pour les astronomes de lobservatoire situ son sommet, il existe en tant que ressource (par lair plus pur de son altitude). Une montagne, en gnral, existe en tant que ressource pour les montagnards. En tant que contrainte aussi, bien sr, car elle doit tre franchie. En tant que risque, par exemple

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    davalanche Donc, rien de tout cela nest jamais un objet pur, qui existerait en soi. Une montagne existe toujours en tant que quelque chose, laquelle chose relve des quatre grandes catgories susdites, et peut donc se reprsenter par la formule r = S/P ; car ce nest pas en soi (en S) que la montagne est une ressource (etc.), mais en fonction dun prdicat (P) humain ou animal ou vgtal. Par exemple, la montagne devient une ressource pour les vgtaux daltitude l mme o elle devient une contrainte et un risque rpulsifs pour les vgtaux de plaine.

    Cela, cest la ralit concrte et trajective de lcoumne (lensemble des milieux hu-mains) de mme que mais un niveau ontologique infrieur celle de la biosphre. Dans cette trajectivit gnrale, un sujet au sens logique ou un objet au sens physique, cest--dire ce dont il sagit, nexiste jamais en soi , purement, mais ncessairement en tant que quelque chose, trajectivement.

    Niveaux de subjectit, volution et histoire

    Cela veut dire aussi quil y a des niveaux de subjectit. Quel est le sujet par excellence ? Cest ltre vivant humain conscient, cest--dire le moi qui pense je (cest--dire qui, de par sa r exivit, prdique sa substance S en tant que ce prdicat P : moi je ). Cest le sujet-prdicat de soi-mme (Berque, 2000a : 206 et suiv.). Or, en chacun de nous, il y a aussi des niveaux moins conscients, moins r exifs et moins individuels. Cest ce quoi nous ont ouverts tant la psychanalyse que la neurologie : le subconscient, linconscient cognitif, etc. qui renvoient des niveaux de subjectit plus profonds, plus gnraux et qui sous-tendent lindividuel. Ces niveaux de conscience introdui-sent en mme temps la question des niveaux ontologiques. Par exemple, lhumain conscient adulte qui dit je pense est ontologiquement un niveau suprieur celui de lanimal, qui est certes conscient mais pas au mme niveau (ni ontologiquement, ni physiologiquement).

    Que veut dire ici suprieur ? Que la trajection est alle plus loin, ouvrant-couvrant un monde plus vaste. En devenant plus conscient, lhumain na pas cess dtre ani-mal. Il nest pas devenu autre chose quanimal, il a acquis une capacit de prdication supplmentaire. Reprenons lexemple de la couleur rouge, o physiquement r = 700 nm. Dans lespce humaine, ce donn physique (ce S) est physiologiquement prdi-qu en tant que rouge, soit :

    r = 700 nm/rouge.

    Nous sommes ici au niveau ontologique de lvolution des espces, en loccurrence celle de lanimal humain. un niveau ontologique suprieur, celui de lhistoire ou des cultures humaines, ce mme rouge peut exister en tant que le mot rouge , la couleur dune muleta, celle du drapeau chinois, celle dun signal darrt obligatoire, etc. ; soit :

    r = (700 nm/rouge)/ rouge , etc.,

    ce qui revient une prdication de prdication, soit :

    r = (S/P)/P'

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    Ce processus volutif nest autre que celui de lvolution et de lhistoire, o lon pressent (cela sera prcis plus loin) quind niment ce qui, un stade volutif ant-rieur, tait un prdicat (une interprtation subjective) devient un donn objectif (un sujet au sens logique) ; ce qui, comme on la vu, peut se reprsenter par la formule r = (((S/P)P')/P")/P''' et ainsi de suite. Dans cette trajection ind nie, chaque stade correspond un certain niveau ontologique, le stade prcdent tant sous-jacent au stade suivant, cest--dire en position dhupokeimenon et dhupostasis (ou de subjec-tum et de substantia).

    Larborescence de ltre

    En somme, P devient S, dans une hypostase progressive qui est lvolution de la biosphre (la relation du monde vivant la Terre), puis lhistoire de lcoumne (la relation du monde humain la Terre, par la biosphre) (Berque, 2009). De manire moins abstraite, on peut se le reprsenter comme une arborescence de ltre : un arbre dont le tronc est la matire (ou la plante), dont les branches sont la vie (ou la biosphre) et dont les feuilles sont lhistoire humaine (ou lcoumne).

    Cette arborescence de ltre se dploie dans une contingence exponentielle ; car en mme temps que lcoumne suppose la biosphre, qui suppose la plante, on ne peut pas dduire la biosphre de la plante, ni lcoumne de la biosphre. Il y a mergence de ltre. En effet, chaque niveau ou stade de lvolution, intervient la subjectivit dune interprtation prdicative ; soit une prdication de prdication de prdication dans une suite imprdictible, et virtuellement in nie. Tout en haut de cet tagement, il y a la conscience humaine individuelle le sujet par excellence, celui du libre ar-bitre, mais qui ncessairement suppose les tages infrieurs, ceux dune subjectivit de plus en plus profonde et collective, et de moins en moins consciente : celle de la culture, celle de lespce, etc., toujours selon la formule r = (((S/P)/P')/P")/P''' Au plus profond, cela renvoie la subjectivit humaine lunivers ou aux lois de la matire, donc un niveau ontologique o, du moins rationnellement, on ne peut plus parler de subjectivit. Corrlativement, la contingence et la libert y sont minimales, et la ncessit maximale. Cela aussi peut simaginer comme un arbre dont les racines sont ches en terre tandis que les feuilles sagitent au vent.

    Dans tout cela, quel est le rapport entre subjectivit, subjectit et sujtion ? La ques-tion se pose tous les niveaux. Nous avons vu tout lheure que subjectit peut semployer au sens de souverainet. Politiquement, nous devons reconnatre la souverainet de chacun sur soi (celle notamment de lhabeas corpus). Cest un des principes fondamentaux de la dmocratie. Autrement dit, nous devons reconnatre les autres comme sujets , tout autant que nous-mmes. Voil qui nous fait buter nouveau sur le problme de lambivalence, de la multivalence du terme sujet . En effet, quand Louis XIV ou tel autre monarque parle de ses sujets , cest que juste-ment il ne reconnat pas leur subjectit (leur souverainet). Le souverain, cest lui. Ces tres non souverains lui sont seulement assujettis. la limite celle dune tyrannie absolue ils sont traits comme de simples objets, autrement dit de simples sujets au sens logique : ce dont il sagit, ce qui est librement prdiqu par le monarque, et non pas des tres prdiquant leur propre monde. Ils sont privs de monde. Comme les pierres dans le vocabulaire de Heidegger, ils deviennent weltlos : sans monde ou,

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    du moins, comme les animaux, weltarm : pauvres en monde, alors que lhumain est weltbildend : formateur de monde, cest--dire en somme plus riche en tre (Haar, 1986 ; Agamben, 2002). Du point de vue qui nous occupe, cela veut dire aussi plus riche en subjectit.

    Effectivement, dans le domaine politique, toute la question est de savoir qui revient la subjectit (au sens de souverainet). Sous lAncien Rgime en France, elle revenait au souverain ; et la Rvolution, au sens copernicien de ce terme, a consist la rendre au peuple, cest--dire les anciens sujets . Cela, bien entendu, mne se deman-der ce qui fonde ladite subjectit. Lexpression historique royaut de droit divin est assez claire l-dessus ; mais, en France, il fallu attendre la Loi de sparation des glises et de ltat (1905) pour que la subjectit, dans le politique, soit totalement reconnue au peuple.

    Msologie et monde prdicatif

    On voit les interfrences qui embrouillent la question, donc la ncessit dun l directeur. En la matire, deux emprunts la pense japonaise ont t dcisifs, plus prcisment dans la mesure o lon a pu les conjoindre et les rlaborer en fonction lun de lautre dans une msologie (une tude des milieux humains) bien diffrente de ce quentendait par l Charles Robin, le crateur de ce terme (Canguilhem, 1968 :72).

    Le premier de ces emprunts est la thorie des milieux humains (fdo) de Watsuji (1979) avec, en particulier, le concept de fdosei (traduit par mdiance dans Berque, 1986), que Watsuji d nit dentre comme le moment structurel de lexistence humaine (ningen sonzai no kz keiki) ; ce que lon entendra comme le couplage dynamique, dans lhumain, dune moiti (en latin medietas, do mdiance ) correspondant au topos du corps animal individuel et dune autre moiti corres-pondant la chra quest le milieu co-techno-symbolique ncessaire lexistence de la premire (Berque, 2000a).

    Cest ce quon se gurera mieux en se rrfant Leroi-Gourhan (1964), qui envisageait lmergence dHomo sapiens comme le couplage dun corps animal (individuel) et dun corps social (collectif), celui-ci progressivement constitu par lextriorisation et le dploiement, sous forme de systmes techniques et symboliques, de certaines des fonctions du premier. Du point de vue msologique, on parlera plutt dun couplage entre corps animal et corps mdial, cest--dire un milieu co-techno-symbolique et non pas seulement techno-symbolique. En effet, le corps social sinscrit ncessairement dans les cosystmes, que la technique anthropise tandis que le symbole les huma-nise. Ce couplage entre corps animal et corps mdial, cest la mdiance, que lon se contentera dentendre en premire approche comme le sens dun milieu (Berque, 1986 et 1990), cest--dire le sens de la relation dune socit ltendue terrestre. Lensemble de ces milieux, soit le corps mdial de lhumanit, cest lcoumne.

    Le second emprunt la pense japonaise est la notion de monde prdicatif (jutsugo sekai) chez Nishida (1966), quon retiendra de sa logique du lieu (basho no ronri) sans quil soit pour cela besoin dentrer plus avant dans le systme nishidien. Cest de cet emprunt quest venue lide de concevoir la trajectivit des milieux humains (et

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    plus gnralement celle de lcoumne) comme un rapport entre un sujet (logique) qui est la Terre et un prdicat qui est le monde propre un sujet humain, individuel ou collectif ; rapport qui engendre la ralit par une srie d en-tant-que coumnaux (cest--dire les ressources, contraintes etc., propres ce monde-l).

    Cette conception a t conforte par la lecture dUexkll (1965), dont la distinction entre Umgebung (le donn environnemental objectif) et Umwelt (le monde ambiant propre une espce donne) correspond ici la distinction entre sujet et prdicat : de ce point de vue, lUmgebung est prdique par lanimal (ou le vivant en gnral) en tant quUmwelt. Et tout comme, pour Uexkll, il ne faut pas confondre Umgebung et Umwelt, pour Watsuji (qui navait pas lu Uexkll), il ne faut pas confondre shizen kanky (lenvironnement naturel objectif) et fdo (le milieu humain). Dans les deux cas en effet mais un niveau ontologique diffrent intervient une subjectit, celle du vivant ou celle de lhumain, qui interprte le donn (S) sa manire propre (P). Dans cette trajection, luniversel devient le mondain lunivers (S) devient un monde (P).

    Paysage et cosmophanie

    Appliquons ces vues un problme devenu classique : lapparition de la notion de paysage un certain moment de lhistoire (les Six Dynasties en Chine, la Renaissance en Europe) (Berque, 2008). Du point de vue coumnal, cela veut dire que le donn environnemental (S) a t, ce moment-l, prdiqu en tant que paysage (P). Les socits non paysagres (o le prdicat paysage nexiste pas) prdiquent leur environnement dans les termes qui leur sont propres, cest--dire les prdicats qui constituent leur propre monde. Cet apparatre dun monde, cest la cosmophanie. Cela nest autre que la trajection de S (la Terre) en P (un monde), qui fait lcoumne. Cela vaut pour toutes les socits, quelles soient ou non paysagres.

    La ncessit de ce concept est apparue vers le milieu des annes 1990, partir dune critique de la distinction entre civilisations paysagres et civilisations non paysagres ; car cette distinction pouvait donner limpression que les secondes en taient restes un stade antrieur au paysage. Une telle vision serait videmment ethnocentrique. Effectivement, caractriser une civilisation par un manque, cest ngliger la manire spci que dont elle tablit son rapport lenvironnement, cest--dire son milieu, alors que toute socit a ncessairement son milieu propre. On ne peut donc pas se contenter de distinguer entre civilisations paysagres et non paysagres . Il fallait un concept englobant, qui pt rendre compte du phnomne de trajection de la Terre en monde par toute socit humaine. Cest la notion de monde prdicatif chez Nishida qui a nalement inspir cosmophanie , du grec kosmos, monde, et phainein, apparatre. Cest dire que non seulement chaque socit a son propre monde, mais en particulier une manire spci que de le regarder. Par exemple en tant que paysage, pour ce qui nous concerne depuis la Renaissance ; mais ces en-tant-que (ces prdicats) sont virtuellement in nis, et cest justement pour cela que simposait le concept englobant de cosmophanie (Berque, 1999 : 53 et suiv.).

    Chaque socit humaine entend sa manire comment (s) est constitu le monde (kosmos), cest--dire celui qui lui est propre. Cette cosmologie / cosmogonie est indis-sociablement aussi une cosmophanie. Poirier (1996) a par exemple montr comment les Aborignes du dsert occidental australien conoivent le Tjukurrpa, cest--dire

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    lorigine du monde, et peroivent en mme temps lenvironnement actuel comme une manifestation du Tjukurrpa. Autrement dit, le Tjukurrpa est la fois leur cosmogonie et leur cosmophanie. Ce nest donc autre que, pour eux, la ralit (S/P) ; une ralit avec laquelle ils ont de tout autres rapports que les Australiens venus dEurope avec la leur. Par exemple, le fait que chacun soit anim par un esprit qui avant sa naissance rsidait dans tel dtail de lenvironnement (un arbre, un rocher) ou que les rves de chacun puissent tre discuts collectivement pour tre ventuellement intgrs au mythe commun, pose en de tout autres termes les rapports du sujet lenvironnement comme autrui. Ce sujet-l, ce nest pas le moi, je camp dans le TOM, cest--dire le topos ontologique moderne d ni par lidentit corps individuel : personne individuelle (Berque, 2000a : 183 et 2007) ; sa personne, lui, outrepasse ce topos.

    La cosmophanie aborigne, cest donc en mme temps la manifestation dune subjectit irrductible la ntre, qui repose sur la forclusion de notre corps mdial, converti en une collection dobjets. Effectivement, linstitution de lobjet moderne a t de faon concomitante linstitution du sujet moderne, dans le TOM duquel la trajectivit des choses sest abstraite, dun ct, dans la subjectivit pure du moi je , de lautre, dans lobjectivit pure du l dehors . Or, si cette forclusion re te lidal de la science pure, o lobjet (S) serait dbarrass de tout prdicat humain (P), elle aline le sujet moderne de ce qui est en ralit (S/P) le moment structurel de son existence mme : sa mdiance ; alination dont, par hypostase de nos prdicats, lun des effets concrets nest autre, terme, que la destruction matrielle de notre milieu de vie (Berque, 2005).

    Absolutisation du monde et crise de lenvironnement

    Cette forclusion de la mdiance par le TOM ne peut pas supprimer celle-ci, mais seulement locculter ; cest un prdicat une manire de voir qui, absurdement, prtend se passer de la structure mme qui le fonde. Se posant en P sans S, il sab-solutise. Ce mtabasisme ce on en a ni avec la base , dont lorigine nest autre que lauto-institution du sujet moderne par le cogito, sest au l de lhistoire dploy en une mtaphore o le monde moderne (P), linstar du sujet moderne, sauto-institue. Autrement dit, ce monde sans base (sans S, cest--dire sans Terre) tend ne plus rfrer qu eux-mmes les prdicats qui le constituent. La clture du signe sur lui-mme, dans le derridianisme, ou lin ation du capitalisme nancier, avec ses bulles spculatives, en sont de bons exemples.

    Dans ce mtabasisme, les prdicats sauto-entretiennent en shypostasiant les uns les autres, perdant tout contact avec le sujet (S) qui les fonde en ralit. Notre monde, infatu de lui-mme, en est ainsi venu ravager la Terre qui le porte, comme si le prdicat pouvait se passer de sujet, ou laccident de substance. Nous commenons tout juste nous dire que ce monde (P) est insoutenable et quil faut reconcevoir notre rapport lenvironnement (S). Or, dire que notre monde tend sabsolutiser en oubliant sa base, cest dire que chacun dentre nous (hormis quelques prophtes, comme nagure un Ren Dumont) est pris dans ce fantasme collectif. Nous ne sommes plus sujets au sens de consciences responsables et souveraines, nous sommes sujets au sens dassujettis, soumis la tyrannie dun monarque irresponsable : la subjectivit collective (le on , ou le tout le monde ) qui nous renvoie les uns aux autres, comme les signi ants ottants chez Derrida, au lieu de nous rfrer la Terre qui nous porte : lhupokeimenon indispensable tous nos prdicats.

  • 469Sujet, fdo, msologie

    Cette absolutisation du monde, en tant que prdicat, fonctionne en ralit de manire analogue lvolution et lhistoire, cest--dire par trajection : lassomption de S en P et lhypostase de P en S. Cest ainsi que ce qui lorigine tait un mythe (un simple P), la pastorale (en Europe) ou lermitage (en Chine), cest--dire la ction dun retour la nature, sest en trois millnaires peu peu substanti , de la posie la peinture, de la peinture aux jardins, des jardins larchitecture puis lurbanisme, engendrant pour nir lurbain diffus, avec son empreinte cologique insoutenable (Berque et al., 2006).

    moins dun retour aux sources, cest--dire dun apurement de notre mondanit, cette trajection loigne ind niment le P ultime du S initial. Cest dire quasymptoti-quement, P tend vers la prdicativit pure. Cela se rsume par la formule quon a dj vue : r = (((S/P)/P')/P")/P''' Celle-ci montre effectivement que, de P en P', P", P''' etc., le prdicat P sloigne toujours plus (vers la droite) du sujet S initial (tout gauche). Cette formule montre aussi que, par rapport P', cest S/P qui prend position de S ; cest--dire quune ralit dj prdique se pose en substrat primitif, cet Urgrund hypothtique que serait un S pur, encore imprdiqu (autrement dit, la nature sans lhumain, voire la matire sans la vie). Puis, par rapport P", ce qui prend position de S est une ralit au second degr, cest--dire dj deux fois prdique : une pr-dication de prdication. Et ainsi de suite, ce qui nest autre que la naturalisation de larti ce humain.

    Cette absolutisation du monde prdicatif, Nishida lavait sa manire dj thorise, mais dans un tout autre sens. Pour lui, ctait la ralit vritable, celle dun sans-base (mukitei) engloutissant (botsuny) tout sujet dans le nant. Pour lcole de Kyto, dont il tait le matre penser, cette doctrine tait un dpassement de la modernit (kindai no chkoku ; Berque, 2000). Lhistoire a prouv que ce ntait l que le dbridement de la subjectivit dun monde particulier, celui de lethnocentrisme nippon et en particulier celui dun ultra-nationalisme absolutisant le rgime imprial comme un nant absolu , apte engloutir tous les peuples de la Terre, commencer par ceux de la sphre de coprosprit .

    lpoque, lAmrique sest charge de terrasser ce monde-l. Ce qui risque bien de terrasser le ntre, cest la Terre elle-mme.

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