1192 XXX y Dition Spy Ciale Du 22 Octobre 2013

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    DIT PAR LE QUOTIDIEN NATIONAL EL MOUDJAHIDDU 22 OCTOBRE 2013

    L GR NDEPOPDE L PRESSE LGRIENNE

    DITIO

    N

    SPCIA

    LE

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    EL MOUDJAHID2 LA GRANDE POPE DE LA PRESSE ALGRIENNE

    Mardi 22 Octobre 2013

    La rdaction de Rsistance algrienne(1955-1957) est ainsi structure :dition marocaine : Mohamed Boudiaf et Ali Haroun ; dition parisienne : Salah Louanchiet Jean Senac ; dition tunisienne : Abderrezak Chentouf (avocat, responsable) ;Mohamed El-Mili (rdacteur) ; Mohamed Salah Seddik (rdacteur) et Lamine Bechichi(secrtaire de rdaction et impression).La rdaction dEl Moudjahidest ainsi structure : Coordination : Abane Ramdane, Ben-khedda Benyoucef et Temmam Abdelmalek pour la phase constitutive algroise (1956-1957); Ahmed Boumendjel (1957-1958) et Mhamed Yazid (1958-1962). dition arabe : BrahimMezhoudi (Rdacteur en chef) ; Abdallah Chriet (commentateur politique) ; Mohamed ElMili (rdacteur) ; Abderrahmane Chriet (traducteur de langlais vers larabe) ; Assa Mes-saoudi (charg du volet militaire) et Lamine Bechichi (secrtaire de rdaction et monteur).

    dition franaise : Rda Malek (Rdacteur en chef) ; Frantz Fanon (commentateur politique); Pierre Chaulet (commentateur politique) ; Mohieddine Moussaoui (secrtaire de rdactionet monteur) ; Ahmed Dahraoui (photographe) ; Mahmoud (Hamrouche diffusion). La col-lection dEl Moudjahiden langue franaise a t dite en 1962 en Yougoslavie (sans le nu-mro 92 qui ne parat quen avril 1962 Blida), alors que la collection en langue arabe a tdite en 1984, en quatre volumes, par le ministre de lInformation et de la Culture.Principaux animateurs de la radio clandestine de la rsistance : - Abdeslam Belad, Abdel-madjid Meziane, Rachid Nedjar, Madani Haous, El Hachemi Tidjani et Cheikh Rda Ben-cheikh El-Hocine. Plus tard, partir de 1959 : Assa Messaoudi, Khaled Safer et MustaphaToumi.(Source : Lamine Bchichi cit dans Linformation et ses missions durant la Rvolution,CNERMNN, Alger, p. 374).

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    Eu gard la place de ce secteur dans la promo-tion de l'homme, la dfense des fondements dela socit et la contribution au dveloppementglobal, j'ai dcid de dcrter, le 22 octobre pro-chain, journe nationale de la Presse, au mmetitre que les autres catgories socioprofession-

    nelles, en hommage la parution, le 22 octobre 1955, du premiernumro du journalEl-Mouqawama El-Djazaria (La Rsistance Al-grienne), organe du Front de libration nationale (FLN) et de l'Ar-me de libration nationale (ALN), d'autant que nous clbrons lecinquantime anniversaire de l'indpendance nationale. Tout en sa-luant vos efforts et les sacrifices des gnrations successives dejournalistes, je tiens vous fliciter tous pour ce nouvel acquis enreconnaissance pour vos luttes, vos contributions et votre rle auservice du progrs et de la prosprit de la nation.Message du Prsident de la Rpublique Abdelaziz Bouteflika

    loccasion de la clbration de la journe internationale de laPresse (2 mai 2013).

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    Mardi 22 Octobre 2013

    o m m a i r eo m m a i r e

    QUAND LA PHOTO

    SUPPLANTE LE TEXTELincontournableimpact de limage

    RADIO SAWT EL DJAZAREL MOUKAFIHA

    Un combat dans le combat

    EXTRAIT DE LA PLATE-FORMEDU CONGRS DE LA SOUMMAM

    Moyens daction

    et de propagande

    P.15

    P.21

    P.21

    TEMOIGNAGE

    Le journalRsistancealgrienne

    1955-1957

    LA PRESSE DURANTLA GUERRE

    DE LIBRATION

    Vritrvolutionnaire

    et mensonge colonial

    REGARD SUR LE PAYSAGEMEDIATIQUE ALGRIEN

    DEPUIS 1990 la croise des chemins ?

    P.8

    P.10

    P.13

    OUVERTURE DU PAYSAGE AUDIOVISUELENALGRIE DE 1989 2013

    Timide, maissereineP.19

    J ai dcid de dcrter, le22 octobre, Journe nationale dela presse, au mme titre queles autres catgories

    socioprofessionnelles, en hommage

    la parution, le 22 octobre 1955,du premier numro du journalEl-Mouqawama El-Djazairia

    (La Rsistance Algrienne)P.3

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    LA GRANDE POPE DE LA PRESSE ALGRIENNELA GRANDE EPOPE DE LA PRESSE ALGRIENNE

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    ONT PARTICIP CE NUMROSPCIAL

    JOURNE NATIONALE DE LA

    PRESSE22 OCTOBREQUIPE RDACTIONNELLE : Nora Cher-gui, Achour Cheurfi, Farida Larbi, Zahir Ihada-

    den, Mohamed Koursi, Fouad Irnatene,Abdelkrim Tazaroute, Hamid Gharbi, FouadDaoud, Issam Boulksibat, Farid Bouyahia,

    Salim Aggar et M. Bouraib.QUIPE TECHNIQUE : Redouane Meliha.CORRECTION : Mourad Boubaha, Youcef

    Kaced, Djamel Ferhi et Meriem Zenati.PHOTOS : A. Hammadi.

    INTERNET : http.www.elmoudjahid.com

    Prsidente-Directrice gnrale de la publication

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    LES PLUMESDE LA LIBERT

    Ldition spciale dEl Moudjahid,ralise loccasion de laclbration, pour la premire fois,de la journe nationale de laPresse, concidant avec la date du22 octobre, en rfrence la

    naissance du journal rvolutionnaireEl-MouqawamaEl-Djazaria (Rsistance Algrienne), permet dereplonger dans lhistoire de la presse algrienne. Cetravail journalistique na pas la prtention de sesubstituer au travail des historiens, comme ZahirIhaddaden et Seif Islam Zoubir. Bien au contraire,leurs travaux de recherche ont t pour nous des

    documents de base. Lambition du journalElMoudjahidest de mettre au grand jour, les pionniersde la presse nationale. Les refaire dcouvrir est un

    juste retour des choses. Ces plumes de la libert, limage de lmir Khaled, Omar Racim, FerhatAbbas, Cheikh El-Ibrahimi, pour ne citer que ceux-l,avaient compris le pouvoir de la presse. Ils avaientcr leurs propres journaux pour contrecarrer lapresse indigne et la presse coloniale. Leur talent, leurplume exceptionnelle et combative taient au servicedu mouvement national. Ce sont ces journalistesdexception, qui ont inspir les rdacteurs de la presservolutionnaire, et les titres qui ont fait partie de cettesource qui a jailli pour mener le peuple algrien vers

    la guerre de Libration, que cette dition tend faireconnatre aux jeunes de notre corporation, qui ilarrive parfois doublier les sacrifices de nos ans. Cenumro spcial dEl Moudjahidrevient sur la longuemarche de la presse nationale et son itinraireprodigieux, qui fait quaujourdhui, prs de 136 titreset 13 chanes de tl occupent la scne mdiatique.

    Nora Chergui

    Le oint

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    Ds le Congrs de la Soummam, le FLN tient mettreen place des services dinformation et de propagandeefficaces. Les Wilayas disposaient de feuilles modestesronotypes destines la mobilisation des troupes, limage de lcho du Titteri, le Bulletin intrieur (Zone

    autonome dAlger), la Vrit, Bulletin des nouvelles desCombattants, La Voix du Moudjahid, la Voix desmontagnes et Renaissance algrienne (Wilaya III, 1958-59), Gurilla et Rvolution algrienne (wilaya IV, 1957),Avenir, Combat, Lettre dAlgrie, chos militaires de lawilaya dOran (Wilaya V, 1958).

    Le premier numro dEl Moudjahid parat en juin 1956, sous la forme dune brochureronotype dune trentaine de pages.La parution des sept premiers numros est assez difficile etirrgulire, en raison de la clandestinit. Tir Alger, chaquefois dans un endroit diffrent (Kouba, Ruisseau, Tlemly ), lenombre dexemplaires est assez limit et se situe autour de 500. son septime numro, que lon ne retrouvera pas, selonAcheur Chorfi, auteur de la Presse algrienne, gense, conflits etdfis, les archives et les machines du journal sont dtruites enfvrier 1957, lors de la bataille dAlger. Plus tard, El Moudjahidparatra sous la forme dun journal imprim, cette fois dabord auMaroc, jusquau numro 10 (trois numros en tout), ensuite

    jusquau numro 91 (pour ldition franaise).Les deux ditions franaise et arabe taient diriges respectivementpar Rdha Malek (juillet 1957, septembre 1962), Brahim Mezhoudi,puis Mohamed El-Mili.

    Abdelmalek Temmam, militant aguerri dans la pressenationaliste, a t charg de fonder un journalrpondant au besoin du FLN de sexprimer sansintermdiaire. Cest lui qui rdigea le Bulletin denaissance dEl Moudjahid.

    LA GRANDE POPE DE LA PRESSE ALGRIENNE

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    EL MOUDJAHID

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    D

    ans sa mission civilisatrice, la France coloniale, logieuse envers les actesde Plissier, Saint-Arnaud et dautres gnraux qui ont extermin des tribusentires, va, ds 1881, dcrter que la langue arabe est une langue trangreen Algrie et interdire la parution de certains organes de presse paraissantdans cette langue. Voil, lune des mthodes deffacement de la mmoire etde reconstruction dune identit dvolue la presse coloniale qui talera touteltendue de son vocabulaire haineux et raciste la veille de lindpendance,transformant lcho dOran, la Dpche de Constantine et lcho dAlger ende sinistres appareils de propagande. Mais, aujourdhui, on est en 2013, lan-ne du cinquantenaire de lindpendance de lAlgrie. 2013, cest aussi l an-

    ne o lAlgrie commmore, pour la premire fois, la journe nationale de la Presse. Une journedu souvenir et dhommage envers ceux qui ont fait Rsistance Algrienne (El-Mouqawama El-Djazaria), organe du FLN et de lALN, dont le premier numro parat le 22 octobre 1955. Un titrequi sonne comme un dfi et dont chaque article est un serment pour faire de cette terre libre, uneterre dhommes et de femmes libres vivant en paix.58 ans sont passs depuis,Rsistance Algrienne, anctre dEl Moudjahid, et, aujourdhui, en per-ptuelle volution, les mdias sinfiltrent partout, touchant, par le biais de la tlvision, de la radioet des journaux, tous les citoyens avides de connatre et de savoir, mais surtout apte lire, recevoir, capter des signaux, grce une alphabtisation gnralise, mais aussi un niveau de vie quirend exigeant et ouvert sur des besoins culturels. On ne le ralise pas et, pourtant, le dveloppementdes mdias est li un faisceau de paramtres qui plongent dans ce vaste territoire fcond par ledveloppement conomique et social qui a, depuis lindpendance ce jour, malgr les alas delhistoire, faonn lAlgrie. Une couverture mdiatique ingale, lide dune dpense inutile parlachat du journal, lanalphabtisme sont les verrous quont fait sauter les pouvoirs publics par la

    gratuit de lenseignement, linstallat ion dimprimeries dans les grandes rgions du pays lEst, lOuest, comme au Sud, et de mini-imprimeries Bchar, Adrar, Tindouf, Tamanrasset, Illizi, Ouar-gla, la dotation de chaque wilaya dune radio de proximit et le lancement imminent de la 3G quiva librer dun coup internet des entraves du cble. Des ralits dont les effets sont dmultiplisavec la concrtisation de nombreux acquis dans le monde des mdias rendus possibles par lappli-cation de la loi organique sur linformation : une dpnalisation du dlit de presse, une libralisationde laudiovisuel et des conseils rgissant la presse. Des mesures phares qui signent la suppression

    des entraves politiques et bureaucratiques face une aspiration dmocratique.Linformation oriente, canalise est, au-

    jourdhui, libre et mise entre les mains desprofessionnels des mdias. Elle est un droitconstitutionnel. Quel usage feront les journa-listes de cette information rcolte ? Un instru-ment dmancipation ou de rgression ? Unespace de rencontre ou dexclusion ? Un pouvoirde construction ou de destruction ? En prsen-

    tantEl Moudjahid, comme le successeur deR-sistance Algrienne, Abane Ramdane a intgrles notions de paix, de vrit, dunion etde souverainet nationale comme les quatrepiliers qui devrait inspirer un journal de com-bat, en loccurrenceEl Moudjahid.Lhistoire rcente est , fort heureusement, riche

    en exemples qui montrent comment dans lespays dmocratie tablie ou avance, lesmdias de quelques lignes ditoriales quils seprvalent se mettent systmatiquement au ser-vice de lintrt (conomique, politique, mili-

    taire ) de leur pays, ds que le besoin se fait sentir. Une belle leon de dmocratie qui devraitinspirer de nombreux mdias dans le monde arabe. Dans certaines circonstances ou preuves ma-

    jeures, le choix de la diffrence ditoriale (qui est sans limite lintrieur du territoire) seffaceau-del des frontires. Cest cette distinction que lhistoire jauge les actes des uns et des autres.Linformation est la fois outil et vecteur du dveloppement. Elle est l pour interpeller en cas

    derrements, mais aussi pour accompagner, dans les moments porteurs de sens, des lecteurs, descitoyens, une population, un peuple dans sa longue marche et sa longue qute de savoir. Une in-formation crdible, critique qui va de pair avec limage relle dun pays Nul ne conteste que lalibre communication de ses penses et de ses opinions est un des droits les plus prcieux delhomme, mais qui, aujourdhui, est prt sacrifier sur lautel dune vison singulire voire parti-sane de la libert ce en quoi il croit ? Doyen de la presse arabophone, Abou El-Yaqdhan rpondaitdj en 1929 sous le titre : Quest-ce que la libert ? La libert, cest le droit pour une nation dese gouverner elle-mme, selon les dispositions de la jurisprudence et de la loi, en grant ses affaires lintrieur de ses frontires et en se reprsentant elle-mme auprs des autres nations, lext-rieur Faut-il dire la vrit ? Oui, assurment, mais pas n'importe comment, n'importe o, n'im-porte quand. Rien que la vrit ? Sans aucun doute Pourquoi ne tiendrait-on pas compte de sasocit, de sa nation, des intrts de la Rpublique, des idaux de lhumanit ? sest exclam unnatif de Blida devenu plus tard journaliste et crivain de renom en France.Mme si certains mdias occidentaux sont frapps damnsie esprant que leffet domino dferlerabientt sur lAlgrie, notre pays a connu son printemps arabe bien avant la dislocation de lURSS,la chute du Mur de Berlin et des soulvements populaires lgitimes des pays arabes. Les journalistesalgriens ont consomm leur pain noir. La nouvelle loi organique sur linformation de 2012 nest

    faonne ni par limpratif du militantisme ni billonne par la rpression. 63 nouveaux articles,51 articles amends et 18 articles repris tel quel dans lancienne loi. Lactuelle loi sinscrit danscette lame de fond qui rorganise lensemble des espaces publics selon les normes et les valeurs dela dmocratie. Un jour, en se penchant sur la priode que nous vivons, les historiens trancherontpeut-tre dans le vif en dcrtant que le premier mandat du Prsident Abdelaziz Bouteflika futconsacr la paix civile dans un pays en proie la violence terroriste et dont les structures politiqueset sociales affaiblies menaaient de seffondrer. Le second mandat fut celui du dveloppement co-nomique et de la cohsion sociale, et le troisime celui de la dmocratie

    El Moudjahid

    Du journalismede dveloppementau journalismede paix

    ditorial

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    TMOIGNAGELe journal Rsistance algrienne1955-1957

    Par Zahir Ihaddaden

    1/ Ldition A : Cest Abane Ramdane qui acharg Salah Louanchi de lancer en France un

    journal intitulRsistance algrienne. Il ne mapas t possible de consulter cette dition. Lesinformations, fragmentaires, que je livre montt donnes par des militants qui ont eu entreles mains ce journal. Je nai pas pu les confir-mer. Le journal avait un grand format (60x40)et comportait quatre pages. Son contenu tait,

    naturellement partag, entre laction de lALN,surtout militaire, et celle du FLN, particulire-ment politique.Il tait clandestin ; la clandestinit en Francetait moins difficile quen Algrie et sa diffu-sion tait assure par les militants. Cette situa-tion ne lui a pas permis de tenir longtemps. Sadure de vie na pas dpass quatre numros.

    2/ Ldition B : Cest Boudiaf qui a eu lidede reprendre lintitul deRsistance algrienneet de publier le journal Ttouan, au nord duMaroc.Il chargea Ali Haroun (Si Thami) de prendre laresponsabilit du journal. Compos de Mous-saoui Sadek (Mahieddine), Bouzaher Hocine(Slim), deux tudiants de lUniversit de Bor-deaux, en grve depuis le 19 mai, AbdelliLayadi (Si Ahmed) et de Ali Haroun, ce groupeparvint publier le journal partir de juin 1956.Lorientation politique tait assure par Bou-diaf, jusqu son arrestation qui a eu lieu en oc-tobre 1956, lors du rapt de lavion marocain parlarme franaise. La supervision du journal futassure, par la suite, par Boussouf, mais sansingrence dans le contenu de chaque numro.Les rdacteurs taient des militants du FLN etse conformaient lorientation gnrale de laRvolution. Le groupe rdactionnel fut ren-forc, par la suite, par lintgration dIhaddadenZahir (Si Embarek) et de Assoul Ali (Si Abder-rezak).Le journal tait le porte-parole de la Rvolu-tion. Il publiait tous les communiqus du FLNet de lALN et couvrait toute laction de la R-volution, aussi bien sur le plan politique que surle plan militaire.

    Le journal avait un grand format (60x40) ettait publi sur quatre pages, deux en franaiset deux en arabe. Par la suite, les deux versionsfurent spares et toutes les deux adoptrent leformat tablod.Limpression tait assure par une imprimerieespagnole, avec un tirage plat, et la composi-tion par des linotypes en franais et des carac-tres mobiles en arabe.Le journal paraissait rgulirement tous les dix

    jours, il avait une diffusion mondiale et parve-nait lintrieur des maquis.Ldition B a pu publier 33 numros. Sa diffu-sion tait assure par deux militants (Omar etAchour) et le secrtariat ainsi que la dactylo-

    graphie par une militante (Fatima).

    Ldition C : Cest Abane Ramdane qui acharg Abderrezzak Chentouf et Brahim Mez-houdi de lancer la publication de ldition C de

    Rsistance algrienne Tunis, le premier pourla partie franaise et le second pour la partiearabe. Le premier numro de cette dition paruteffectivement le 1er Novembre 1956 Tunis.Les deux parties, franaise et arabe, taient s-pares et autonomes, lune de lautre, ce quintait pas le cas dans ldition B de Ttouan.Ldition C a paru rgulirement tous les 10

    jours. Sa rdac tion fut renforce par la venuede Frantz Fanon, pour la partie franaise, deMohamed El-Mili, Abdallah Chriet et LamineBechichi, pour la partie arabe. Elle publia unevingtaine de numros.

    Cessation de parution

    Cest le C.C.E. qui a dcid, au mois de juillet1957, aprs sa sortie dAlgrie, de faire cesserla parution des diffrentes ditions de Rsis-tance algrienne et de publier leur place unautre journal El Moudjahid, porte-parole duFLN, qui paraissait dj Alger et qui a inter-rompu sa parution, aprs la grve des huit jours Alger.

    El Moudjahida repris sa parution Ttouan,avec le n 8, au mois daot 1957.Sa rdaction tait compose des membres de lardaction deR.A. de Ttouan, consolide par lavenue de Tunis de Fanon et dEl-Mili et larri-ve de Rabat de Rdha Malek qui fut charg dela responsabilit du journal.

    Z. I.

    Le journalRsistance Algrienne a connu trois ditions. La premiredition A est parue en France en octobre 1955. La deuximedition B Ttouan, au nord du Maroc, en juin 1956. La troisimedition C Tunis en novembre 1956.

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    On sait bien, depuis que lon disposedune littrature historique critiqueabondante sur la guerre deLibration nationale, combien taitimportant, le rle que joua la pressede lpoque, dans le dveloppementdu mouvement national algrien.

    Par Farida Larbi

    Ds le dbut, la Rvolution algriennea eu conscience de limpact de lapresse comme tant une arme parmiles armes les plus efficaces des tempsmodernes qui peuvent tre dcisives

    dans les combats et les guerres. Lappel du 1er

    Novembre 1954 est considr comme le docu-ment de presse le plus important accompli parle gnie des hommes qui ont dclench la R-volution en 1954. Toutefois, lhistoire retiendraque cette presse rvolutionnaire tait prcde,des annes auparavant, par une autre presse neavec lmergence des partis nationalistes alg-riens et qui est devenue un puissant vecteur dela diffusion des ides de chaque mouvement,peu importe la langue utilise. Que la pressesoit en arabe ou en franais, lessentiel rsidaitdans la porte du message vhicul et son im-pact sur les populations, il sagit de la pressenationaliste. Ainsi, chaque tendance du Mouve-ment national algrien eut sa presse, son porte-

    drapeau. Pour nous parler de cette pressenationaliste et rvolutionnaire, il n y a pas meil-leur que Zouheir Ihaddaden, enseignant luni-versit dAlger et dsign par ses pairs commetant lhistorien de la presse algrienne, ilnous relate ici, la naissance de cette presse, sonrle pendant toute la priode coloniale et sur-tout son impact sur lvolution de la consciencepopulaire. Pour Ihaddaden avant de faire revi-vre le combat de cette presse nationaliste il fautdabord parler de la presse indigne algrienne.

    Presse indigne, presse nationaliste :deux objectifs diffrents

    M. Ihaddaden affirme que la presse indigne,possde plusieurs caractristiques : elle a joule jeu de la lgalit, elle a voulu tre linterm-diaire entre le gouvernement franais Paris etles masses algriennes, elle a ignor les senti-ments profonds du peuple et na pas hsit sou-vent jouer au sorcier en dnonant ou enagitant le spectre du nationalisme. Cest dansun imbroglio de pouvoirs caractrisant lAlg-rie coloniale que cette presse a essay de sin-srer et de tenir un rle. Elle tait tolre par lesFranais car elle ne remettait pas en cause la co-lonisation. La presse nationaliste par contretait revendicative, militante et tait par cons-quent, perscute. Pour M. Ihaddaden, Lapresse nationaliste, venue un sicle aprs ledbut de la colonisation, pouvait difficilementfaire un contrepoids au rouleau compresseur dela presse coloniale mise en place depuis 1830.Il y avait eu plusieurs priodiques crs depuiscette date jusqu la veille du dclenchement dela guerre de Libration nationale en 1954.Leur existence fut phmre, du fait des pres-sions et des interdictions exerces par ladmi-

    nistration coloniale. Certains disparurent aubout de quelques numros seulement. Ainsi,lEtoile Nord-Africaine de Messali Hadj dis-posa dun organe de presse cr en 1933, le

    journal El Ouma (la Nation), dont le premier,responsable tait Ibrahim Abou Al-Yaqdhane,fut le premier journal nationaliste algrien. LeParti du Peuple Algrien (PPA), lana en 1936un journalLe peuple, qui ds son premier nu-mro, fut saisi. Quant lAssociation des oul-mas musulmans, deux organes constiturent sesporte-voix :Ech-Chihab , dirig ds 1926 parcheikh Ben Badis, puisAl-Baar, sous la di-rection de cheikh Bachir Ibrahimi, ce derniercessera de paratre en 1956.M. Ihaddaden prcise quaprs la SecondeGuerre mondiale, la presse nationaliste alg-rienne connut une seconde naissance avec lacration dAlgrie Libre, lorgane officiel duMTLD de Messali Hadj, de laRpublique Al-

    grienne, voix de lUDMA de Ferhat Abbas,ainsi que la reprise dAl-Baar, de lAssocia-tion des oulmas, et dAlger Rpublicain,proche du PCA. Des plumes, qui devinrentplus tard llite de la Rvolution algrienne puisde lAlgrie indpendante, marqurent ces an-nes charnires : Salah Louanchi, Moufdi Za-karia, Hocine Lahouel, Ferhat Abbas, AhmedBoumendjel, Bachir Ibrahimi, Tawfik Madani,Abdelhamid Benzine et Kateb Yacine ; autantde militants et dintellectuels qui, par leur talentde journaliste, de romancier, ou par leur profes-sion de foi politique en faveur de lAlgrie in-dpendante, contriburent lmergence duneconscience nationale et assirent les bases dunenoble mission, celle dinformer sans sgarerou garer le peuple de lobjectif suprme : quevive lAlgrie.

    Quand la presse devient une arme deguerre

    M. Ihaddaden tient a prciser que ces journauxne faisaient pas du journalisme dinformationpar consquent ceux qui crivaient dans ces

    journaux nallait pas la recherche de linfor-mation ; ce sont des militants qui connaissaienttrs bien la politique de leur parti et leur mis-sion tait dexpliquer et de dvelopper cette po-litique. Lditorial mme du journal tait faitpar le chef du parti. Ces journaux taient unevritable arme de guerre, une arme psycholo-gique, une prparation pour affronter la guerre,un outil de propagande. Ce ntait pas unepresse dinformation, ctait une presse de pro-pagande faite par des militants pour expliquerau peuple algrien la ncessit de recouvrir sonindpendance et dagir dans ce sens, pour celaelle na fait que dnoncer les crimes et tous les

    mfaits de la colonisation. La presse rvolu-tionnaire a vu le jour tout dabord avec le jour-nal laRsistance algrienne qui a commenc paratre en France en octobre 1955 et par lasuiteRvolution a lgrienne, qui tait dit auMaroc en 1956 et El Moudjahid, cr ici aAlger en dition clandestine en juin 1956.Cest partir de cette anne quon peut parlerde parution de presse rvolutionnaire. Elle taitconue, comme la presse nationaliste, par desmilitants du FLN. Pour M. Ihaddaden il fallaitdistinguerEl Moudjahid qui paraissait Algeret qui tait confectionn par les membres duCCE, notamment Abane Ramdane, Larbi BenMhidi, Saad Dahleb La Rsistance alg-rienne lextrieur que ce soit en France, au

    Maroc ou a Tunis taient ralis par un noyauqui soccupait de ramasser linformation quiconcernait la rvolution algrienne et qui lamettait en forme pour ldition du journal .

    La presse rvolutionnaire au servicedune cause juste

    Comment peut-on qualifier cette presse au-jourdhui, a-t-elle servi le peuple, la cause duFLN, la Rvolution ? La presse rvolution-naire a servi toutes ces causes, affirme M. Ihad-daden une presse est toujours au service dequelque chose, elle apporte des informationssur lactivit des partis quelle soit rvolution-naire ou nationaliste. Elle informait le peuplesur lactivit des partis et mettait en accusationet dnonait les mfaits de la colonisation et in-formait sur lhistoire de la Nation algrienne.Cette presse alimentait et orientait la conscience

    du peuple et sur le plan international, elle a jouun grand rle car elle diffusait dans le mondeentier et par consquent elle apportait beaucoupdinformations sur la rsistance algrienne, no-tamment en France.El Moudjahidpar exemple,arrivait par courrier arien, des personnalitsfranaises. Le prsident franais, et tous les mi-nistres recevaient El Moudjahid par courrierpersonnel. Par consquent, son impact tait trsimportant, lopinion internationale sinformaitainsi sur ce qui se passait en Algrie. La presseinternationale donnait beaucoup plus de crdita cette presse rvolutionnaire qu la pressefranaise. Elle a russi ce pari, car ctait unevritable presse de propagande. Elle dcrivaitla ralit et lopinion internationale sest renducompte que ce quditait la presse franaisetait loin de la ralit, notamment concernant latorture. Et puis lenvergure des personnes qui

    tait derrire un journal commeEl Moudjahidne pouvait que lui donner plus de crdit . M.Ihaddaden estime que La presse est et resterapour toujours la dimension la plus importantedans la Rvolution algrienne en plus de ses di-mensions militaires politiques et diploma-tiques.

    Il est temps de passer dune pressede propagande une presse dinformation

    Qua hrit la presse daujourdhui de celle na-tionaliste et rvolutionnaire dhier ? M. Ihadda-den estime que la presse daujourdhui nousdonne limpression quon est toujours en rvo-lution. Nos ans ont cr une presse de propa-gande pour des objectifs bien prcis pour servirla Rvolution. Aujourdhui, jai limpressionque la presse, qui se dit prive, est toujours une

    presse de propagande alors quon doit passer un autre stade, celui de linformation. Pour cela,on doit passer une presse ou lon informe lescitoyens et ne pas forcment les orienter. Ceconstat enlve ces journaux leur crdibilit.Le spcialiste de la presse algrienne estimeque Les journaux tatiques grossissent lacti-vit du gouvernement et occultent tout autre ac-tivit qui nmane pas du pouvoir. De lautrect les journaux dits privs font le contraire,ils passent sous silence toutes les ralisationsdes autorits et axent leur crits sur tout ce queces autorits nont pas fait. Cela remet en causela crdibilit des uns et des autres. La pressedaujourdhui ne sest pas libre de cettepresse de propagande. Il faudrait quon dis-tingue convenablement entre la notion de jour-nal de propagande et journal dinformation. M.Ihaddaden regrette quaujourdhui on lit lecommentaire du journaliste sans avoir linfor-

    mation commente. Aprs des annes dind-pendance on est toujours dans une presse depropagande, je pense que la presse rvolution-naire de lpoque coloniale tait une presse depropagande qui servait lintrt de la nation al-grienne sous lre coloniale. Cette presse nepouvait pas faire de linformation il y avait uneurgence. Il fallait se librer de la colonisation,cest pourquoi on faisait de la propagande. Maisune propagande mesure et crdible. Mais cenest pas le cas aujourdhui je suis dsorientpar ce qui est publi dans la presse dau-

    jourdhui, on nest pas du tout informs diracet enseignant a lInstitut de journalisme. Il e s-time que luniversit donne au journaliste labase de sa formation et que ce dernier est dviau niveau de ces journaux qui narrivent pas passer au stade de journaux dinformation.

    F. L.

    ZAHIR IHADDADEN, HISTORIEN DE LA PRESSE ALGRIENNE :

    Il faut faire la diffrence entre presse indigne,presse nationaliste et presse rvolutionnaire

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    INTERDICTION

    DEPARUTION

    La rplique colonialiste

    Le premier journal en langue arabe en Algrie remonte 1848. Ilsagit peut-tre dun des plus anciens de la presse arabe dans lemonde. Ce journal colonial qui porte le titre dEl-Moubachir a tcr sur dcision du roi de France, pour trouver un moyen de com-muniquer avec la population algrienne et lui transmettre les mes-

    sages essentiels des autorits coloniales frachement installs dans le pays. Undispositif juridique a vite t mis en uvre pour encadrer et contrler la dif-fusion de la presse en Algrie, en censurant ou tout simplement en interdisanttoute publication contestant loccupation ou faisant lloge de la rsistance.Cest ainsi quen 1881, le gouvernement frana is a promulgu une loi autori-sant la libert de la presse, y compris en territoire algrien. Mais ds la parutiondun premier titre hors des sentiers battus il sagit du journalEl Mountakheb,paru Constantine , ladministration coloniale a svi impitoyablement enlinterdisant aprs seulement 8 mois dexistence, et en condamnant son direc-teur une peine de pri-son. Edit par unFranais, ce journal taitaccus de faire la pro-motion des ides dga-

    lit en droits et endevoirs entre Europenset indignes. Dautrestitres de la presse sontvenus enrichir la scnemdiatique algrienne,comme El-Moubir ,paru en 1883, El-Haq,paru Bne (Annaba)en 1894, puis El-Haq

    El-Wahrani, en 1912,El-Farouq en 1915,Dhou El-Fiqar, en1913,El-Iqdam (1923),

    Essadiq (1925),El-Dja-zayer (1925), Oued-Mizab (1929), Mizab(1930), etc. Cette profu-sion de journaux enlangue arabe a oblig les

    autorits coloniales re-doubler de vigilance, touten encourageant des pu-blications acquises loc-cupation, et en apprenant tirer des ditions bi-lingues pour les journauxgouvernementaux, telsque le trs officiel El-

    Akhbar qui ds 1902, avait son dition arabe. Ceux-l avaient comme missionprimordiale, faire contrepoids cette presse de plus en plus contestataire quicommenait chapper au contrle officiel. Mais la rpression reviendra deplus belle, en svissant contre certains titres audacieux limage de Dhou

    El-Fiqar, dirig par Omar Racim, frapp dune mesure dinterdiction prisepar les autorits, ds 1914. Suivi la mme anne parEl-Farouk, tenu par OmarBen Kaddour, pour un article jug attentatoire lordre. La loi du 4 fvrier1919 a ouvert une petite brche qui a permis aux indignes de respirer aprsune longue priode dostracisme total. Le premier titre voir le jour, aprs laPremire Guerre mondiale, futEl-Iqdam, lanc par lmir Khaled (1920), puis

    Ennadjah dAbdelhafidh Ben El-Hachemi, etEssadiq de Mohamed Benbakir.Une priode faste qui concidait avec lclosion des ides nationalistes queles promoteurs de ses journaux se faisaient violence de relayer, profitant delembellie qui rgnait alors. Mais encore une fois les mesures dinterdictionne tarderont pas sabattre sur les plus irrvrencieux, et nen garderont quele journalEnnadjah, porte-voix de loccupation.La presse algrienne dexpression arabe conna tra un nouvel essor, ds 1925, la naissance de lassociation des oulmas, adeptes du rformisme culturel.Sa presse se consacra longtemps une double mission pdagogique et poli-tique, en combattant dun ct lanalphabtisme et le charlatanisme qui fai-saient rage cette poque, tout en essayant, de lautre, dinculquer lamourde la patrie et lidal de libert et dmancipation. Sa premire tribune orga-nique futEl-Mountaqid, interdit aprs la sortie de 18 numros, suivi un peuplus tard parEl Djazayer, dit par Mohamed-Sad Zahiri, lui aussi interditds son 3e numro. Larrive du gouverneur socialiste Maurice Violette (1925-1927) inaugurera une nouvelle trve, qui permit la parution dune nouvellesrie de journaux en arabe, dont on peut citer Sada Essahra (1925),El-Barq(1927),El-Islah (1927). Mais tout a t remis en cause, ds linstallation dunnouveau gouverneur gnral en Algrie, Pierre Louis Bordes (1927-1931),connu pour son soutien zl aux colons et son racisme. L, encore, les autorits

    ne laisseront en vie que deux titres : Chihab, proche des oulmas mais modr,etEl-Balagh, pro-colonial.Les rformistes et les nationalistes continurent braver la censure et lop-

    pression et utiliser bon escient cette a rme redoutable quest la presse crite.Celle-ci trouvera de meilleurs chos auprs du public algrien, grce la pro-lifration des coles libres qui enseignaient la langue arabe, un moment auto-rises par les autorits coloniales, comme le montre la hausse tangible desventes, partir des annes 1930. Au dclenchement de la Rvolution, ladmi-nistration coloniale a interdit toute publication de presse, par peur dune rac-tion hostile susceptible de mobiliser de larges couches de la population, dansune conjoncture aussi tendue.

    F. L.

    LA PRESSE DURANT LA GUERRE DE LIBRATION

    Vrit rvolutionnaireet mensonge colonial

    Par Achour Cheurfi

    Monopole exclusif de lapresse coloniale et m-tropolitaine, linforma-tion est vite devenue unenjeu stratgique dont

    la matrise savre capitale, surtout entemps de guerre. Ds le dclenche-ment de linsurrection, le Front de Li-bration Nationale dcide decontre-attaquer en se dotant de sespropres moyens : Rsistance alg-rienne en 1955 et El Moudjahid en1956, pour la presse crite, et Sawt

    El-Djazar el moukafiha (La voix delAlgrie combattante), pour la radio.Dans cette bataille, et malgr linga-lit des moyens, cest la vrit rvo-lutionnaire qui a triomph sur lemensonge colonial.

    La presse coloniale pro-Algriefranaise : passion et racisme

    Au moment o la guerre de Libra-tion est dclenche en 1954, toutelinformation est le monopole de lapresse coloniale et mtropolitaine.Dans les kiosques, en Algrie, taientvendus, les journaux connus pourleur position franchement pro-colo-niale et pro-Algrie franaise, telsque lcho dAlger, Dernire Heure,la Dpche de Constantine et lcho

    dOran, dont les propritaires fai-saient partie des cent seigneurs dela colonisation comme Blachette,Schiaffino, Duroux, de Srigny, Bor-geaud, Morel, Munek, etc. Cesfeuilles quotidiennes ou hebdoma-daires sadressaient directement laminorit europenne et dfendaient,par consquent, les intrts de cettedernire. Elles entretenaient un cli-mat raciste et passionnel entre lesdeux communauts.Parmi les journaux, des colons quibnficient dune audience impor-tante et jouent un rle politique cer-tain : le Journal dAlger, lchodAlger, la Dpche quotidienne etlcho dOran. La Dpche deConstantine, dont lorientation poli-tique est dfinie par le snateur de laville (en 1958), Lopold Morel, unconformiste libral possdant plu-sieurs proprits (dont le domaine deStaouli qui produit des vins rputs),

    jouit dune influence locale. LchodAlger, le plus connu des quotidiensalgrois, fond en 1912, appartient aufils du snateur Jacques Durroux quipossde, entre autres biens, la mino-terie dEl-Harrach (Maison Carre).Longtemps tout-puissant, les gouver-neurs gnraux et les prfets taientnomms au choix de ce snateur quifaisait les lections de dputs selonla tradition, cest--dire en frau-dant. Le quotidien qui tait au servicede Vichy de 1940 1942 ne sera pasinquit aprs comme le fut La D-

    pche Algrienne . Dirig par son

    beau-frre Alain Srigny, membre duComit de Salut public et animateuractif des vnements du 13 mai 1958,le journal connat, depuis le 1er no-vembre 1954, lentre, comme direc-teur gnral adjoint, dun officierdtat-major du gnral Massu, le ca-pitaine Bernard Marion que rien neprdisposait au journalisme. Ce quilaisse croire que larme ou ungroupe de militaires devenait partieprenante lcho dAlger. Aprs lar-

    restation, le 24 janvier 1960, de sondirecteur pour son rle dans la se-maine des barricades, Raoul Z-vaco, propritaire, pharmacien,ancien maire dEl-Harrach, dlgu lAssemble algrienne, le remplace.Politiquement, lcho dAlger (quipublie galement Dernire Heure(15.000 exemplaires), un quotidiendu soir, etDimanche matin , un heb-

    domadaire paraissant Alger etConstantine et tirant 100.000 exem-plaires) a dabord lutt pour le main-tien du statu quo contre le collgeunique, contre la loi-cadre, contrelgalit des droits contre toute r-forme. Depuis que de Gaulle sestprononc pour lautodtermination, ildevient trs anti-gouvernemental,

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    EL MOUDJAHID 3LA GRANDE POPE DE LA PRESSE ALGRIENNE

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    contre le cessez-le-feu et pour lAl-grie franaise. Son fort tirage, leplus fort de tous les quotidiens, avec83.000 exemplaires (en octobre1959), fait de lui, le premier journalde la communaut europenne en Al-grie dont les liens avec les milieuxactivistes sont assez solides.

    La Dpche Quotidienne, financedabord par le gros colon Henri Bor-geaud, propritaire du domaine de laTrappe (40.000 hectolitres de vin paran) et administrateur dune vingtainede socits parmi lesquelles la Manu-facture des tabacs Bastos, le Crditfoncier dAlgrie et de Tunisie etlUnion foncire nord-africaine, de-

    vient la proprit quasi exclusive delarmateur Laurent Schiaffino (sna-teur en 1959 contre de Srigny, pr-sident de la Chambre de commercedAlger et de la rgion conomiquedAlgrie et propritaire dune tren-taine de cargos) depuis 1956 quiplaa sa tte, son beau-frre M.Malen. Tirant 50.000 exemplaires,ce quotidien dfend les mmes posi-tions politiques queLcho.

    Le Journal dAlger, tirant 64.000exemplaires (en 1959), appartient M. Blachette, le roi de lalfa(contrlant plusieurs socits dalfa),homme daffaires trs puissant et d-put, qui confia la direction LouisCordonna. Considr comme moinsli aux activistes que les deux pre-miers, il insiste souvent sur les as-pects positifs du gouvernement. Cequi ne lempche pas de recomman-der le bombardement des bases duFLN en territoire tunisien, mme sicela occasionnait beaucoup de vic-times civiles. lOuest, lcho dOran (relay parun journal du soir, lcho du Soir 25.000 exemplaires et un hebdo-madaire, lcho du Dimanche, tirant 42.000 exemplaires) jouit dune si-tuation de quasi-monopole dans unergion o la population europenneest particulirement dense. Il appar-tient la famille des Perrier (prsentedans la vigne et majoritairement ac-tionnaire du Grand Htel dOran, leplus important de la ville) qui confiela direction gnrale lun de ses

    gendres, Pierre Laffont, dput,poux de Nathalie Perrier et frre deRobert Laffont, lditeur parisien. Lequotidien adopte une ligne moinsultra que celle de Serigny, se montrefavorable la loi-cadre, accepte lau-todtermination, bien que privilgiantlintgration. lEst, deux Dpches occupentune position solide. Fonde en 1908par Louis Morel, La Dpche deConstantine , qui tirait 44.000exemplaires, servit les intrts des s-nateurs Paul Cuttoli, qui fut le direc-teur politique avant la DeuximeGuerre, et Ren Mayer aprs laguerre et Lopold Henri Morel (filsdu fondateur) durant la guerre de Li-bration.La Dpche de lEst, quoti-dien dAnnaba (Bne), dun

    rayonnement trs local, voit le jour en1878. Elle tait dirige par CharlesMunk, une notabilit agricole, avantque la Socit des Tabacs dHipponene rachte la quasi-totalit des ac-tions (11.332 sur 11.600) en 1953. Lepaysage mdiatique algrien est ainsicontrl par cinq gros colons et gen-dres de gros colons, les Schiaffino,Blachette, de Serigny, Morel et Du-roux qui svertuent cacher la ra-lit de la guerre, dnaturer le

    combat librateur du peuple algrien, lgitimer de faon systmatique larpression dans une vaine tentativede sauver lordre colonial. lissuedune enqute intitule La pressedAlgrie, ses matres, son action, larevue Presse actualit(n 48 de juin1960) affirme clairement que lesEuropens dAlgrie sont mal infor-ms, mais aussi quils sont soumis dela part de leur presse des cam-pagnes dexcitation qui expliquent enpartie leurs ractions spontanes () Leurs soutiens mtropolitains, an-ciens ou prsents, ont aussi unelourde part de responsabilit. Lamme enqute relve ce paradoxe al-grien qui veut que 9 millions dara-bophones ne disposent plus dunepresse en leur langue, tandis quunmillion dEuropens constituent lemarch de sept ou huit journaux.

    La presse de la rsistance : mettrefin la rumeur, se faire connatre

    et connatre ses objectifs

    Le Front de Libration Nationale(FLN), qui a dclench linsurrectionle 1er novembre 1954, ntait connuaussi bien au niveau national quin-ternational qu travers ces journauxcoloniaux qui appelaient du reste lesAlgriens Fellagas, Hors-la-Loi,Coupeurs de route et de gorge. Silest vrai que certains journaux fran-ais, comme le Monde, lExpress,France-Observateur ou lHumanit,

    taient vendus dans ces mmeskiosques et donnaient un minimumdinformations plus ou moins neu-tres et relativement objectives, ilnen demeure pas moins quen raisondu climat de suspicion et de mfiancequi rgnait cette poque, il tait trsdifficile aux Algriens de se les pro-curer, sans trop de danger, car leurachat pouvait signaler la sympathiepour le FLN.Le contrle de linformation et de sescircuits devenait de plus en plus im-portant au fur et mesure que les au-torits coloniales se sentaientmenaces.Comme souvent ctait le cas, le te-nancier du kiosque tait aussi un in-dicateur de la police, et lachat de tels

    journaux devenait un acte dangereux.En raison de tout cela, la grande ma-

    jorit de la population est demeurelongtemps sans informations rellessur le FLN. Il restait la rumeur, avecses capacits de donner une allurefantasmagorique aux vnements, etbaptise par lloquence raciste colo-niale, le tlphone arabe.La population algrienne, sympathi-sante ou non du FLN, se trouvait danslalternative de rester sans informa-tion ou dacheter les journaux colo-

    nialistes. Cest pourquoi le FLN,pour se faire connatre et faireconnatre ses objectifs politiques, d-cide dentrer dans le jeu et de crerson propre systme dinformation. Ilest vrai quil existe une presse clan-destine, mais dj, en septembre1955, Alger-Rpublicain , proche duParti communiste algrien, est inter-dit. Lhebdomadaire des Oulmas,El

    Baar, est supprim en avril 1956.Nanmoins, certains bulletins din-formation furent publis jusquaudbut de 1956 par le FLN ou ses or-ganisations satellites comme Rsis-tance algrienne, lhebdomadairelOuvrier algrien, de lUnion Gn-rale des Travailleurs Algriens, ds le

    6 avril, ou lconomie algrienne,lorgane de lUnion Gnrale desCommerants Algriens. Bien en-tendu, le mouvement messaliste, leMNA et son syndicat, lUnion Syndi-cale des Travailleurs Algriens(USTA) possdent leurs propres titres(respectivement la Voix du peuple etla Voix du Travailleur algrien), maisleur audience parat assez limite.Ds le congrs de la Soummam tenuau mois daot 1956, le Front de Li-bration Nationale tenait mettre enplace un appareil dinformation et depropagande efficace. Les wilayas dis-posaient de feuilles modestes rono-types destines la mobilisation deleurs troupes : lcho du Titteri et le

    Bulletin intrieur (Zone autonomedAlger) ; la Vrit, Bulletin de nou-velles des Combattants, la Voix du

    Moudjahid, la Voix des montagnes etRenaissance algrienne (Wilaya III,1958-59) ; Gurilla et Rvolution al-grienne (Wilaya IV, 1957) ;Avenir,Combat, Lettre dAlgrie, chos mi-litaires de la Wilaya dOran (WilayaV, 1958).Ds sa sortie du territoire national en1957, le CCE a tenu faire en sortequun seul organe, en loccurrenceEl

    Moudjahid, sexprime officiellement

    en son nom et supprimer la Rsis-tance algrienne (1) avec ses troisditions, A, B, et C, et qui parais-saient respectivement (depuis juin1956) Ttouan (Maroc), Tunis(depuis novembre 1956) et mme enFrance (jusquen dcembre 1957).

    Naissance du porte-parole officieldu FLN : diffuser la vrit sur la

    guerre dindpendanceet ses buts de paix

    Le premier numro dEl Moudjahidparat en juin 1956 sous la formedune brochure ronotype dunetrentaine de pages. La parution dessept premiers numros est assez dif-ficile et irrgulire, en raison de la

    clandestinit. Tir Alger, chaquefois dans un endroit diffrent (Kouba, Ruisseau, au Tlemly, etc.),le nombre dexemplaires est assez li-mit et se situe autour de 500. sonseptime numro (quon ne retrou-vera pas cinquante ans plus tard), lesarchives et les machines du journalsont dcouvertes et dtruites en f-vrier 1957, lors de la Bataille dAlger.Plus tard,El Moudjahidparatra sousforme dun journal imprim ; cettefois-ci dabord au Maroc, jusquaunumro dix (donc trois numros entout), ensuite en Tunisie jusquau nu-mro 91 (pour ldition franaise).Les deux ditions franaise et arabetaient diriges respectivement parRdha Malek (juillet 1957-septembre1962), Brahim Mezhoudi, puis Mo-

    hamed El-Mili (2). Aprs lindpen-dance, il sera respectivement animpar Belkacem Benyahia (jusquen d-cembre 1963) et Mourad Bourboune(jusqu sa disparition le 31 aot1964). Sur les 120 numros publis,il y eut plus de 200 articles, 150 re-portages, 50 interviews et 150 dos-siers... et autres informations etrapports.Le souhait dAbane Ramdane dans leBulletin de Naissance de ce journal a

    t largement exhauss, alors quilcrivait : Lexploitation et la diffu-sion de la vrit sur la guerre dind-pendance, sur ses buts de paix,prolongent les succs militaires delALN et consolident lunion du peu-ple algrien, cette union dans le com-bat et le sacrifice dont nest capablequune nation en mesure de prsidertotalement ses destines. Cest doncl un besoin primordial auquel El

    Moudjahid, dans sa prsentation defortune, essayera de donner satisfac-tion.La cration dEl Moudjahid se situedans la bataille autour des appareilsidologiques que se livrent les deuxprotagonistes du conflit, dune part,le pouvoir colonial, et, dautre part,

    le mouvement de libration repr-sent par le FLN. Pour ce dernier, ilsagissait surtout de limiter limpactde la presse coloniale auprs des Al-griens et de lopinion internationale.Paralllement la presse crite, leFLN, outre les relais et les missionsradiophoniques dont il dispose dansles pays arabes (Sawt Al Arab, auCaire ds 1955 ; El Djazar Atha-Ira Tunis et Damas ds 1956, SawtAthawra al Djazaria de Bagdad, en1957 et Tripoli en 1958), va montersa propre radio, La voix de lAlgriecombattante (ou Sawt al Djebha), quimet, quoique ds la fin du mois dedcembre 1956, partir du Nador auMaroc). Clandestine et ambulante,entreprenante et efficace, son apportpsychologique la cause algrienne

    est certain (3). Pour limiter son im-pact, les autorits coloniales ont eurecourt tous les moyens : les bom-bardements, le brouillage et la diffu-sion dmissions pirates. cela, ilfaudrait sans doute ajouter, outre leservice cinma du GPRA, la cration Tunis, le 1er dcembre 1961, sous lesigle APS (Algrie Presse Service),dune agence de presse authentique-ment algrienne.

    A. C.

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    Par Mohamed Koursi

    Quest-ce que la dmocratie dans unpays enchan ? Pour avoir t lunedes cibles privilgies du terrorismedurant la dcennie noire, la pressealgrienne porte imprime dans sa

    chair et sa mmoire la rponse cette question.Pour avoir lu ce voleur de Sad Mekbel, pouravoir t un de ces journalistes qui taisent leurmtier aucun journaliste nhsitera choisirentre son pays et la dmocratie. Doyen de lapresse arabophone, Abou el Yaqdhan rpondaitdj en 1929 sous le titre : Quest-ce que la li-bert ? : La libert, cest le droit pour une na-tion de se gouverner elle-mme, selon les

    dispositions de la jurisprudence et de la loi, engrant ses affaires lintrieur de ses frontireset en se reprsentant elle-mme auprs des au-tres nations, lextrieur La libert sarrache,elle ne soctroie pas.Les dmocraties occidentales ont t les pre-mires crer Le journaliste embarqu (embed-ded) durant la guerre du Golfe. Un reporter,encadr au sein d'une unit militaire, en tenuede camouflage dans une zone de conflit racon-tant avec les mots et les yeux de larme, laguerre. Pendant l'opration Serval au Mali, l'ar-me franaise a aussi encadr des centaines de

    journalistes, selon le mme principe. La guerrecest aussi un produit qui se vend et son meil-leur support publicitaire est le mdia. A laubedu colonialisme, larme impriale avait aussi,bien avant, reconverti quelques militaires en re-porters pour raconter la mission civilisatriceen Algrie. Lestafette de Sidi Ferruch quelhistoriographie retient comme premire publi-cation est un journal officiel de la France im-priale coloniale. Son premier numro seraconfectionn dans les soutes des navires quicinglaient vers Sidi Ferruch Son successeur

    Le Moniteur Algrien n en terre algrienne, le19 juin 1832 est un hebdomadaire qui publieselon les normes dun journal officiel des acteset autres lois. Il va durer jusquen1858 pour r-apparatre en septembre 1861 et poursuivre samission jusquen 1871. Bien videmment, les

    journaux de cette priode sont l pour accom-pagner par la plume et le verbe lhorrible cam-pagne civilisatrice des troupes coloniales. Des

    journaux crits dans la langue de lenvahisseurqui bientt vont multiplier les titres dont cer-tains auront, au tournant du vingtime sicle,une grande influence sur les consciences colo-niales : lEcho dAlger, lEcho dOran, la D-

    pche de ConstantineQuel que soit le lieu ou les conditions socialesde sa naissance, la presse dans nimporte quelpays a dabord le souci du territoire avant lalibert de parole Le systme des privilgesqui va rgir les dbut de la presse en France il-lustre dailleurs cette pratique gnrale lEu-rope quun pote (John Milton) va dcrier dansson pays au nom de la libert dimpression.Par-dessus toutes les autres liberts, donnez-moi celle de connatre, de mexprimer et de dis-cuter librement. 150 ans plus tard, un Franais,

    Mirabeau, sen inspire, en pleine R-volution franaise, pour crer un liende causalit entre la dmocratie et ledveloppement conomique et social.Cette prosprit qui tonne, cette ri-

    chesse quon envie Enlevez lAn-gleterre cette prcieuse libert dont elle

    jouit et bientt cette nation florissante nesera plus quun objet de piti pour tousceux dont elle excite lenvie et mriteladmiration.

    Dans lobscurit, une lumire

    En Algrie, il faudra attendre, la seconde moitidu vingtime sicle pour voir une presse indi-gne se transformer en presse nationale et rapi-dement en presse rvolutionnaire. A ses dbuts,la presse algrienne qui se dtache de la presseofficielle coloniale est encore au stade du dia-logue et de la mobilisation de tous pour une Al-grie prospre, lettre, civilise lombre de lapuissance tutlaire. El Hack nat Constantine, la fin du XIXe sicle. Les premires annes dusicle suivant seront riches en titres : Kawkab

    Ifriquia (1907), El Djazair de Omar Racim(1908) ,Al Farouk(1913),Dhou El Fiqqar deAbou Mansour Sanhadji, pseudonyme de OmarRacim (1913), Ikdam de lEmir Khaled(1920) seront, malgr leur ancrage dans ce ttelogique, les anctres dune presse qui sera plustard, dans le feu du combat, un tmoin, un ac-teur et un diplomate de premier plan.Durant lentre-deux guerres, un nom merge,Abou Al Yaqdhan, le doyen de la presse arabo-phone (1888-1973) Ses journaux subissentsystmatiquement la censure et la libert dim-pression : WadiMizab suspendu en 1929, troisans aprs sa cration,Al Maghrib a, peine uneanne dexistence quand il est suspendu en1931,An Nour galement,Al Boustan,Al Four-qanTous seront interdits. En 1931,Tewfik elMadani crivait dans Kitab el Djazair proposde la libert de la presse : Sa majest, la mal-heureuse ne jouit daucun droit ni daucune li-

    bert en Algrie si elle sexprime en arabe ; parcontre, si elle sexprime en franais, elle tousles droits .Lhistoire de la presse en arabe en Al-grie est lhistoire dun combat continu et dechutes constantes au champ dhonneur.

    La rupture

    De nouveaux termes apparaissent, les journa-listes algriens les happent aussitt. Lindpen-dance, un mot chuchot, incompris pourcertains va tre crit.Ltoile Nord-Africaine,

    en-suite le Parti du Peuple Al-

    grien vont lexprimer par la parole et lcrit.Au lendemain du centenaire de la colonisation,la France, comme sa presse est arroganteDans son pch dorgueil, elle ne remarquemme pas que les titres des nouveaux journauxqui apparaissent augurent dun tournant qui me-nace sa prsence en Algrie :La Nation Alg-rienne,LAction Algrienne, Sawt el Ahrar ( lavoix des hommes libres),LAlgrie libre Lestitres claquent comme autant de dfis venir.Sa majest est tiraille entre des titres, porte-parole de la colonisation et les autres titres quela police et larme pourchassent. LEcho du

    Titteri,La Vrit, la Voix du Moudjahid, Echosmilitaires de la wilaya dOran,Rsistance Al-grienne, El Moudjahid Rsistance alg-rienne, un journal bilingue, dit dans troisversions, en France, en Tunisie et au Maroc.Abane Ramdane, larchitecte de la Rvolutionalgrienne affirme que le FLN na quune seulevoix :El Moudjahid est n.El Moudjahid, untitre exceptionnel. Traques sans relche par lapolice coloniale sa rdaction et son imprimeriese dplacent de la Tunisie au Maroc en passantpar la Casbah dAlger. Le 17 septembre 1962,lAlgrie est indpendante depuis deux mois.La dcision politique est prise de nationaliserdes journaux. Sur les dcombres deLa dpchede Constantine,La dpche dAlger et lEchodOran naissent de nouveaux journaux dont lesnoms symbolisent cette nouvelle Algrie : En-nasr,Le Peuple et la Rpublique. Six ans plustard, En 1968, une ordonnance vient, pour lapremire fois dans cette Algrie indpendantedessiner le profil du journaliste professionnel.Il faudra attendre le quatrime congrs duFLN, en 1979, pour que la question des mdiaset des journalistes figure dans lordre du jourdes dbats politiques. En 1982, deux ans plustard, le premier code de linformation de lhis-toire de lAlgrie voit le jour, le secteur de lin-formation devient un secteur stratgique. Danscette phase particulire de lAlgrie o laconstruction du pays mobilise tous les secteurspour effacer les stigmates du sous-dveloppe-

    ment, linformation fait partie destches ddifications nationales.La presse et les journalistes en Al-grie empruntent ds lors cetteligne ditoriale o linformation

    doit tre constructive et res-ponsable au service dun projetsocialiste. A propos de cette p-riode, Abou Bakr Belkaid qui fut

    plusieurs fois ministres, notamment ministrede la Communication et ministre de la Commu-nication et de la Culture avant dtre assassinen 1995, disait : Quand on interroge les nom-breux journalistes qui ont vcu cette priode, ilsrpondent que cest la magie du projet socialistequi leur inspirait ce quils crivaient.La transformation du pays travers ses deux r-volutions emblmatiques, agraire et indus-trielle, entrane dans son sillage dans unmouvement passionnel toutes les forcesvives du pays que dcrivent les journalistesavec des lments de langage o les qualifica-tifs donnent le ton et la mesure un style for-mat En 1988, la chute brutale des cours de

    lor noir, la dvaluation du dollar, une nouvelledynamique sociale vont signer les limites his-toriques dun modle Une nouvelle re sou-vre, plurielle cest le multipartisme et lepluralisme mdiatique. Le droit de linforma-tion seffrite face un nouveau besoin : le droitde savoir. Une presse du secteur priv nat, sacolonne vertbrale : des journalistes qui ont faitleur arme dans la presse publique ils sengouf-frent dans ce crneau que vont bientt investirdes hommes daffaires qui flairent un com-merce rentable. Les hoquets de lhistoire dansune socit qui na pas su digrer pacifiquementson passage au pluralisme fera bientt payer la profession un lourd tribu. Une centaine de

    journalistes sont tus durant cette dcennienoire Certains nont mme pas de tombe.

    Le temps des moissons

    Le code de linformation de 1990, a t une r-ponse aux bouleversements sociaux post 1988,comme la t celui de 1982 pour son poque.En effet, Le Code de linformation de 1982, lepremier depuis lindpendance de lAlgrie, atransform le journaliste en militant celui de1990, a marqu la fin du monopole de lEtatsur les moyens de linformation et la fin dumilitantisme journalistique La professionna-lisation attendra. Un jour, en se penchantsur la priode que nous vivons, les historiens

    De la dmocratie en gnralet du journalisme en particulier

    Si lon me demandait dechoisir entre lAlgrie et ladmocratie, jopterais sanshsiter pour le choix delAlgrie.Lauteur de ces

    paroles, Slimane Amirat, victimedun malaise cardiaque, sesteffondr sur le cercueil du

    Prsident Mohamed Boudiaf qui il venait rendre hommage au

    palais du Peuple. Prononcs, il ya un peu plus de vingt ans, cesmots restent toujours dactualitdans un monde o des nuagessamoncellent dans le ciel decertains pays victimes dunesocit civile qui narrive pas,dans son dsespoir, tracer uneligne de dmarcation entrelintrt suprme dune patrie etla libert de dire et de faire.

    LA GRANDE POPE DE LA PRESSE ALGRIENNE

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    EL MOUDJAHID 3LA GRANDE POPE DE LA PRESSE ALGRIENNE

    Mardi 22 Octobre 2013

    trancheront peut-tre dans le vif, en dcrtantque le premier mandat du prsident AbdelazizBouteflika fut consacr la paix civile dans unpays en proie la violence terroriste dont lesstructures politiques et sociales affaiblies me-naaient de seffondrer. Le second mandat futcelui du dveloppement conomique et de lacohsion sociale et le troisime celui de la d-mocratie

    La rvision de la Constitution, la loi lectorale,la loi sur l'information des textes qui porten tla marque du moment. Annonce en 2011,vote en 2012, la loi sur linformation dpna-lise le dlit de presse, ouvre laudiovisuel aupriv, institue deux conseils, prvoit une cartede presse, une formation permanente pour les

    journalistes et une rmunration dcente.Vingt-deux ans aprs la loi de 1990, qui aconsacr le pluralisme des mdias et accordaux journalistes plus de libert, ltat algriena promulgu en janvier 2012, une nouvelle loisur linformation. Il est dsormais impratifdouvrir grand la voie devant les mdias pouren faire un vritable outil de critique construc-tive au service de la socit et du pays dans lecadre de lthique professionnelle et du respectdes spcificits, a soulign le prsident Bou-teflika dans un de ses messages loccasion de

    la journe mondiale de la Femme. Le Chef delEtat a considr, ce propos, que la libertde la presse reprsente plus quun privilge, undroit pour les membres de la corporation et travers eux pour lensemble des citoyens. Lalibert et lindpendance de la presse comp-tent parmi les liberts collectives et les droitsde lhomme dans une socit rsolument tour-ne vers le pluralisme sous toutes ses formes.

    Le web contre le papier ?

    De nouveaux espaces souvrent dans un mondeo linformation porte par des supports de plusen plus envahissants, rseaux sociaux, twitter,Facebook arrive dboulonner des person-nages inamovibles auparavant et rcrirelhistoire des nations sur le web. Cette anne,le monde clbre le 20e anniversaire de la jour-ne mondiale de la Libert de la presse. Hasard

    de lhistoire, cest galement, lge du plura-lisme mdiatique en Algrie puisque cest du-rant les annes 90, que de nombreux titressancrent sur la scne en Algrie.Les destines individuelles, des groupes ou desnations vivent au rythme du Net. Linformation,les mdias, la presse Un acteur la fois craintet courtis. Le journaliste ne rpercute plus lesfaits, il ne se contente plus de les rapporter,mais il les travaille, les hirarchisant et faon-nant, au final, les opinions. Les soulvementspopulaires ont surpris par leur rapidit Cetteacclration de lHistoire a t rendue possiblegrce lutilisation des Technologies de lin-formation et de la communication (TIC) et desrseaux sociaux. Les blogs, les plates-formesont supplant le rle traditionnel de la mobili-sation dvolue jusqu ce jour aux partis poli-tiques. Les motivations qui se cristallisent via

    le web, les unions qui se crent par le biais dela tlphonie mobile, dInternet, de la vido ontprojet sur la scne publique de nouveaux ac-teurs et de nouvelles formes dexpressions qui nont plus rien voir avec la harangue desrvolutionnaires des temps passs. Celui quidtient linformation tient le pouvoir disent cer-tains. Or avec Internet, ce flot dinformationsen continu tout juste pollu le savoir commele sont lair et leau sous leffet de lindustria-lisation. La marchandisation du savoir est-ellele pige qui se referme sur lthique et la don-tologie ? Souvent les mdias sont tents de don-ner ce que le lecteur cherche aprs une dure

    journe de travailCes rvolutions technologiques posent de nou-velles questions, lancent de nouveaux dfis etexigent une formation permanente aux journa-listes. Quel rle la formation peut-elle jouerpour lavnement dun journalisme au service

    de la dmocratie ? Mais dabord pour le jour-naliste et au-del de lexercice libre de sa pro-fession quest-ce que la dmocratie ? Ecrire lavrit, dvelopper la culture de la paix ou sus-citer les haines en insultant y compris avec lacaricature ce qui est sacr chez lAutre ? Com-ment respecter les principes thiques et les r-gles dontologiques ? Comment viter lespiges de linformation-spectacle ? La tol-rance cest de respecter les points de vue deceux dont on ne partage pas les ides.

    M. K.

    REGARD SUR LE PAYSAGE MDIATIQUEALGRIEN DEPUIS 1990

    la croise des chemins ?

    Par Achour Cheurfi

    Dans la longue marche de la pressecrite algrienne qui a vu natre lespremiers titres la fin du XIXe sicle,incontestablement, lavnement duCode de lInformation de 1990

    constitue un tournant majeur dans la mesure onon seulement il a bris dfinitivement le mo-nopole jusque-l dtenu par le Parti-tat, maisa galement jet les bases dune presse privequi a port la dynamique de toute une socitvers lavant au moment mme o la dferlantedu terrorisme menaait de tout emporter. La r-vision de ce code promise par le Chef de ltat,devenue effective en 2012, apporte des l-ments nouveaux, dont louverture tlvisuelle,la mise en place des autorits de rgulation, la

    dlivrance de la carte nationale de presse nesont pas des moindres.Quel bilan peut-on faire aujourdhui du pay-sage mdiatique national ? En termes de chif-fres et selon les statistiques les plus rcentes, lepays disposerait de plus de 300 publicationsentre quotidiens, hebdomadaires et mensuels.Avec plus de 140 quotidiens et un tirage de plusde trois millions par jour, le paysage mdia-tique national est sans doute le plus riche et leplus diversifi du Maghreb, voire du mondearabe. Mme si professionnels, observateurs etpouvoirs publics considrent que notre champinformationnel a besoin de plus de protection,de cohrence et de professionnalisme.

    Une exprience unique au monde

    Faut-il rappeler que lhistoire de la presse alg-rienne ne commence pas en 1990 et ne finit pas

    en 2013, mais que depuis sa naissance, il y aplus dun sicle, plusieurs tapes structurent salongue marche, dont lindpendance du paysconstitue assurment la priode la plus dter-minante, comme en tmoigne laccs, pour lapremire fois, la forme la plus acheve du

    journalisme, savoir ldition quotidienne,mme si, cause du choix politique, le nombredes titres est demeur extrmement rduit toutautant que la libert dexpression dailleurs. lvidence, en 1962, un vieux rve de tousceux qui ont exerc le mtier de journaliste oude publiciste se ralisait. Impossible duranttoute la priode coloniale, le quotidien faitson entre dans lhistoire de la presse crite a l-grienne et contribue la formation dune opi-nion publique nationale.La leve du monopole gouvernemental,dabord sur la presse crite depuis 1989 et surlaudiovisuel en 2012, constitue certainementune autre grande avance du pays sur le cheminde la libre expression et de la dmocratie. Celaest rendu possible, grce au fort besoin de la so-cit de sexprimer et la volont dun gouver-nement daccompagner louvertureconomique par une ouverture politique et m-diatique.Chose unique au monde, la presse crite priveva tre une cration ex-nihilo des pouvoirs pu-blics, dont la doctrine politique est un ultrali-bralisme de type nouveau : crer une

    en-treprise prive l o cela

    nexiste pas, en loccurrence dans le domainemdiatique. Cest ainsi quun processus a tamorc et des mesures concrtes prises.Outre la loi de linformation de 1990 qui per-met aux citoyens de publier librement un jour-nal, une circulaire du chef du gouvernementportant le numro 4, relative au rgime d'exer-cice des journalistes du secteur public, proposeaux journalistes, soit de quitter le secteur publicpour aller travailler dans les organes des partispolitiques de leur choix, soit de se constituer encollectifs et tenter l'aventure intellectuelle,soit de rester et de crer des comits de rdac-teurs et donc de pouvoir participer, concur-rence d'un tiers (bloquant), au capital social del'entreprise. Cette dernire perspective na ja-mais pu aboutir, pour diverses raisons, et entreautres, la forte volont des pouvoirs publics delpoque de liquider au plus vite, la pressegouvernementale (en la versant au parti FLN),avant de sapercevoir quil fallait la garder,mais dans la perspective de la privatiser. Desdizaines de journalistes (entre 140 et 200) ontprfr la formule de laventure, dautantplus que le gouvernement leur a promis desaides consquentes :

    1.- le dblocage de deux annes de sa-laires, comme indemnit de licencie-ment ;2.- des facilits de prts bancaires ;3.- l'affectation de locaux publics auxnouvelles rdactions ;4.- une aide de l'tat aux collectifspour mettre sur pied des tudes tech-nico-financires ;5.- la cration dun Fonds de promo-tion de la presse crite et audiovi-suelle mobilisant une somme de 400millions de dinars (loi de finances de

    1991). cela il faudrait sans doute ajouter, la possibi-lit dutilisation des imprimeries de ltat etlaccs la publicit. Une fois lance, la ma-chine ne sest pas arrte parce que, une fois deplus, les pouvoirs publics taient dcids, car,pour lhistoire, certains quotidiens, notammentarabophones, se sont vite essouffls, et cestgrce lEtat quils ont pu reprendre, continueret enfin simposer.La nouveaut de cette presse prive mergeanteest quelle est la proprit de journalistes ac-

    tionnaires, du moins au dpart, et

    que sa ligne ditoriale est relative-ment critique par rapport au gou-vernement, naccordant pas unegrande surface aux activits offi-cielles et se caractrisant par unelibert de ton qui la singularise trsvite et la distingue de la pressegouvernementale. Et en moinsdune dcennie, elle a montr toutson dynamisme et sa capacit defidliser ses lecteurs. Elle connat,malgr la disparition de nombreuxtitres (sur les 823 titres crs entre1989 et 1999, seulement 129 pa-raissaient encore en 2001) pour des

    raisons essentiellement co-nomiques, un dveloppe-ment fulgurant, atteignantaujourdhui 137 quotidiens(en 2013). En tirant le meil-leur profit de la prcarisa-tion de la presse publique,de la sur mdiatisation dela tragdie nationale, dulaisser-faire total en lab-sence dautorits de rgu-lation et de statut dujournaliste, elle a pu lar-gir constamment son lec-torat et disposer dunesolide assise matrielle,grce une manne pu-blicitaire consquentestimule par limplan-tation dentreprisesmultinationales. Bienentendu, la grande di-

    versit des titres ne signifie pas forcment unerelle pluralit. Car, en examinant bien la ra-

    lit du secteur, on se rend trs vite compte quequelques titres, une dizaine tout au plus, se par-tagent plus de 80% du march. Ce qui donneune image particulirement trique et bienloigne de la libert et de lindpendance, etpose la lancinante question du danger que pr-sente ce quasi-monopole prcisment pour lepluralisme, les liberts et la dmocratie.

    Crdibilit, modernisationet professionnalisme

    Une nouvelle vision du champ mdiatique a vule jour depuis laccession la magistrature su-prme du Prsident Bouteflika, pour lequelnotre pays a opt pour la voie du pluralismepolitique et mdiatique et la libert de lapresse reprsente un socle solide dans notreprojet dmocratique (qui) aura tout notre res-pect et tout notre soutien. Dans ce message

    adress la corporation en 2010, le Chef deltat dfinit la mission de la presse qui rsidedans laccompagnement des mutations poli-tiques, sociales et culturelles du pays et ne doitmarquer aucune hsitation combattre lesflaux sociaux que sont la complaisance, leclientlisme, le rgionalisme, la bureaucratie etla corruption, et situe le grand dfi qui se pose elle en termes d'ancrage de la culture de ladontologie. Il rside aussi dans l'objectivit mettre dans le traitement de l'ensemble, desquestions pour garantir la ncessaire crdibilitet le professionnalisme mme d'assurer res-pect et continuit. Dans la vision du Prsident,la presse ne doit pas se complaire dans le rled'intermdiaire inerte ni accepter d'tre un outilentre les mains de rentiers pour l'utiliser desfins autres que celles servant la nation, maisdoit, au contraire, redoubler d'efforts pour per-

    mettre au pays d'aller vers davantage de progrsen vue d'atteindre les objectifs de paix, de s-curit et de dveloppement durable.Si, dans son message, le Prsident de la Rpu-blique a voqu la question lancinante de lacrdibilit et celle de la professionnalisation, cenest gure un hasard, car beaucoup de titresont fait de la recherche effrne du profit leurcredo au mpris de lthique la plus lmen-taire, alors que dautres jouissant de laisancefinancire nont pas senti le besoin de se

    LA GRANDE POPE DE LA PRESSE ALGRIENNE

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    Mardi 22 Octobre 2013

    redployer et de constituer des entre-prises de presse fortes, fiables et du-rables.Bien plus et tirant la leon de lexp-rience pluraliste dans le domaine dela presse crite, le gouvernement alongtemps manifest une certaine re-tenue quant louverture immdiatedes mdias lourds, radio et tlvision,

    au capital priv. Leffort des pouvoirspublics dans le secteur de laudiovi-suel public, et notamment la tlvi-sion et la radio, est constant. Aveclinstallation dune radio au niveau dechaque wilaya, le pays sest dot dunrseau assez dense dont lexemple estrare dans le monde arabe, faisantainsi de linformation de proximit auservice du citoyen, lune de sesproccupations majeures. Toutefois,ce nest quen 2012, que la loi orga-nique de linformation consacre lou-verture tlvisuelle au priv etladoption de la loi sur laudiovisuelest attendue pour cette anne. Cettedernire est dautant plus importantequelle va permettre aux chanes detlvision satellitaires off shore quiont vu le jour entre-temps de travail-ler librement sur le sol national, car

    jusqu prsent, elles ne disposentque dune simple autorisation dou-verture dun bureau pour les repr-senter. Mais, dores et dj, et entemps relativement trs court, on en-registre lexistence de six chanes pri-ves, dont des chanes thmatiquesqui diffusent de manire rgulire.

    Au service dun tat de droit et dejustice

    Comme on le voit, si le paysage m-diatique national a radicalementchang, dans le sens dune plusgrande libert de ton et dexpression,son encadrement et son redploie-ment, voire sa cohsion sont plus que

    ncessaires afin de russir les dfistechnologiques et thiques auxquelsil est confront aujourdhui, de servir la fois les individus et la collectivitet rduire linfluence et limpact desmdias trangers. Dautant plus qulheure de la mondialisation, la puis-sance des nations se mesure non seu-lement laune de leurs moyensmilitaires ou de leur potentiel cono-mique, mais aussi et surtout leurrayonnement mdiatique et culturel, lintrieur de lespace national au-tant quau niveau international.Cest dire que lAlgrie, aujourdhui,est la croise des chemins. Les au-toroutes, llectrification, le loge-ment, les hpitaux spcialiss, lesbarrages et les usines de dessalementde leau de mer, les investissementsdans le secteur des hydrocarbures,dans lagriculture, le btiment et lesservices, etc. sont des paramtres im-portants pour russir la modernisationdu pays.Toutefois, cette dernire demeurerahandicape si elle nest pas accompa-gne dune renaissance culturelle etmdiatique avec des investissementssubstantiels et rguliers dans les do-maines des infrastructures, de la for-mation, de lencouragement de lacration et de la diffusion.Le contexte dans lequel notre pressea merg accompagnant la nationdans ses volutions peut expliquer seslimites, mais il lui appartient gale-ment ainsi que dailleurs aux autresacteurs de la vie sociale et politique

    de faire en sorte que sa visibilit, sacrdibilit et sa prennit ne dpen-dent plus de la contrainte du contexteet dtre constamment au servicedun tat de droit et de justice, de lalibert et de la dignit citoyennes,meilleur moyen de faire partie de lacommunication globale, tout ensimposant comme vecteur de valeurshumanistes de progrs et de moder-nit.

    A. C.

    BRAHIM BRAHIMI :

    La presse lectronique complmente

    la presse traditionnelle

    Entretien ralispar : Fouad Irnatene

    Louverture mdiatique vit sa 25e

    anne en Algrie. Depuis, desvolutions importantes ont tconstates. Quel regard portez-vous,aujourdhui, en votre qualit despcialiste en communication, sur la

    presse algrienne, publique et prive ?Vous savez, je suis le rdacteur du projet de loide 1990 avec trois autres universitaires : Moham-med Laraba, Mohammed Brahimi et Benounich.Aprs les vnements de mois doctobre 1988, ily avait environ 30 journalistes du quotidien ElMoudjahid et de lAPS auxquels on soumettaitdes paragraphes quon rdigeait pour les enrichir.En effet, comme vous le dites, ce projet de loi,adopt le 5 juillet 1989 en mme temps que la loisur les partis politiques, contenait des aspects po-sitifs. Mais comme il y avait un article stipulantquon ne pouvait plus publier de journaux en

    langue trangre, le Mouvement des journalistesalgriens(MJA), avec la Ligue des droits delhomme, avait demand lpoque au PrsidentChadli Benjedid de procder une seconde lec-ture. Si cette loi contient des dispositions posi-tives, cest grce, dune part, aux journalistes devaleur comme Abdou Bouziane, KheireddineAmeyar, Hamdi Mohammed, Ameur Belhimer ;et dautre part, au dbat dmocratique qui a eu

    lieu surtout aprs lassassinat, la place des Mar-tyrs, de Sid Ali Benmechich journaliste lAPS.Les journalistes qui ont cr en mai 1988 un mou-vement interorganes, se sont mobiliss et unchangement total a eu lieu par la suite. Pour lapremire fois, les journalistes algriens ont parlde libert. Aprs stre contents de revendiquer

    lapplication du service public, ils ont fini parcrer leurs propres journaux grce la directivedu ministre aux Affaires sociales qui leur a signi -fi quils pouvaient crer des journaux privs.Cest de cette faon, quon a assist, en septembre1989, la naissance du premier journal du sec-teur priv savoirLe Soir dAlgrie.Dautre part, il convient de prciser que certainesrevendications nont pas t retenues commelaide de lEtat la presse. A mon sens, ctaitune grande erreur. Elle est lorigine de la pa-gaille existant actuellement avec la parution quo-tidienne de 136 titres. Plus que jamais, ceproblme doit tre rgler. Quant au Conseil de r-gulation qui existe depuis ladoption de la loi2012, pour la presse crite, et lautre conseil quisera cr avec ladoption du projet de loi sur lau-diovisuel, ils seront, coup sr, dun bon apport.

    A condition que les responsables de ces institu-tions rpondent aux exigences. De mme, il fautrgler le problme de certaines chanes de tlvi-sion qui ont fonctionn de faon illgale pendantplus dune anne.Il a fallu quon critique cette situation en deman-dant ladoption et lapplication dun texte qui au-torise, avec laccord des ministres des Affairestrangres et de la Communication, les corres-

    pondants trangers exercer normalement leurmtier. Mais une chose est sre : la loi ne rglepas tout. Il y a aussi la dontologie. Nous avonsassist des drives surtout avec lapplication dela loi sur la diffamation en juin 2001. Nombre dejournalistes ont t emprisonns. Il est important, mon sens, dvoquer les erreurs des journalistes,

    qui ne respectent pas la vie prive des gens. Laloi de 2012, na pas pris en compte notre propo-sition qui consiste dire quil fallait prciser lespreuves des faits diffamatoires et quil y ait rha-bilitation.

    Vous dites bien, docteur Brahimi,quil faut prciser les preuves des faitsdiffamatoires. Voulez-vous dire queles formules assez vagues utilises rptition par certains journalistes,comme lexpression selon des sourcesconcordantes, sont fausses sur le plan

    journalistique ?Effectivement. Cest mme inacceptable au ni-veau de lthique et de la dontologie. A maintesreprises, on publie des informations selon dessources srieuses, autorises, dignes defoi, et le rsultat est, malheureusement, dans

    bien de cas, le contraire de ce qui est crit et pu-bli. A titre dexemple, Mourad Medelci tait an-nonc comme chef de cabinet du PrsidentBouteflika, alors quil tait dsign le jour mme la tte du Conseil constitutionnel. Cest inad-missible. Et aujourdhui, plus que jamais, il esttemps de mettre fin cette situation. Le journa-liste doit chercher lobjectivit et la vrit.

    Docteur d'tat en sciencespolitiques de l'universit de Paris

    II, Brahim Brahimi a critplusieurs articles dans des

    ouvrages collectifs, dont ceuxparus dans un numro spcial des

    Temps modernes (Algrie ;espoirs et ralit, 1982) ;

    L'Algrie et la modernit(Codestria, Dakar 1989) et dansdeux ouvrages collectifs sur les

    mdias au Maghreb aux ditionsCrs de Tunis en 1984 et 1989. Il

    a galement publi louvrage lePouvoir, la presse et les droits del'homme en Algrie. Dans cet

    entretien, il revient sur la loi de1990, le projet sur laudiovisuel,adopt dimanche 29 septembre,par le Conseil des ministres, la

    presse lectronique... Lecture

    LA GRANDE POPE DE LA PRESSE ALGRIENNE

  • 8/13/2019 1192 XXX y Dition Spy Ciale Du 22 Octobre 2013

    15/32

    EL MOUDJAHID 3LA GRANDE POPE DE LA PRESSE ALGRIENNE

    Mardi 22 Octobre 2013

    Contrairement la loi de 1982, quicontenait 43 articles dordre pnal, cellede 1990 sest avre relativement plussouple et a apport de nombreuxlments positifs. Ces acquis sont-ilsaujourdhui conservs ?

    Mme dans la loi de 2012, il y a des concepts quine sont pas dfinis, comme latteinte la strat-

    gie conomique. Pour viter les erreurs du pass,il faudrait que ces concepts soient clairs aussi bienchez les juges que chez les journalistes. Lavenirva montrer que la loi, elle seule, ne suffit pas, ilfaut que lcole sy mette. Aujourdhui, la notionde droit linformation figure dans lenseigne-ment primaire, ce qui est une trs bonne chose.Aussi, il faut retenir que nombre de progrs a tconstat. En 2012, les dlits de presse ont t sup-prims, aprs la demande du Prsident Bouteflika,lui-mme, mais les peines de prison sont toujoursl. Pour les professionnels des mdias, ils sontdans lobligation de respecter certains points linstar du secret de linstruction de la justice. Aunom de quoi le journaliste dvoile des choses surlesquelles la justice, elle-mme, na pas encoretranch ?

    Un projet de loi portant surlaudiovisuel a t approuv, dimanche

    29 septembre, lors du Conseil desministres. Quel serait son impact sur lascne mdiatique ?

    Pour quil y ait dimpact digne de nom, il faut vi-ter les erreurs commises par la Tunisie, la Bilo-russie et le Maroc. Lexprience positive on doitla chercher dans des pays comme la France ou lesEtats-Unis. Cest en 1982 que lexpression lau-diovisuel est libre a t prononce. Cest uneavance extraordinaire. Sept ans plus tard, une loia autoris la cration du Conseil suprieur de lau-diovisuel qui tudiait toutes les propositions et exi-geait un cahier de charges. La meilleure faon desavancer et de se comparer aux meilleurs. LAl-lemagne et la France, qui se sont allies pour crerune dynamique de chanes thmatiques limagedARTE, Histoire et Euronews, ont fini par com-prendre que ce nest pas suffisant. Il y a toujoursune hgmonie de la production amricaine.

    Le dveloppement des technologiesnumriques est en passe de bouleversernon seulement lconomie des mdiastraditionnels, mais aussi leur modedorganisation, leurs structures et leurscontenus. Comment analyser-vous lasituation de la presse face au dfinumrique ? La presse lectronique est-elle complmentaire ou concurrente dela presse ordinaire ?

    Jai crit un article pour la revue El Djeich, danslequel jai affirm que les deux priodes pion-nires de la vraie stratgie de communication ont

    eu lieu en 1956 avec le Congrs de la Soumam eten 1997 lorsquil fallait agir contre le terrorisme.Pour revenir votre question, la presse numriquecomplmente la presse traditionnelle. LcrivainTony Negri, dans un livre extraordinaire intitulMultitudes, publi en 2004, a mis en garde contrelampleur des rseaux sociaux. Le cas de Face-book parle de lui-mme. Des informations sansvaleur et non vrifies ont t publies. Cest lacrdibilit qui commence disparatre. On va verslessoufflement. Et cette perte de crdibilit estvcue par la chane qatarie Al Jazeera qui est beau-coup plus idologique quinformationnelle.

    Luniversit algrienne assume-t-ellerellement son rle dans la formationdes journalistes de demain ?

    Luniversit algrienne qui a longtemps vhicul

    la science, nest pas en bonne sant. Si larabisa-tion y est pour beaucoup, elle nest pas le seul fac-teur qui explique ce recul. De grandes coles ontt cres, mais ne rglent pas, elles seules, leproblme. Cest tout un comportement, la foisthique et dontologique. Le mal est encore pro-fond. Il faut carrment oprer un grand change-ment, car on ne peut pas prendre desdemi-mesures. Il y a 20.000 tudiants en journa-lisme, la plupart ont suivi des cours sur des gn-ralits. F. I.

    QUAND LA PHOTO SUPPLANTE LE TEXTE

    Lincontournable impact de limageLimpact de limage ! Une dernire prise, une autre photo historique, le visage ferme des six histo-

    riques, ceux-l qui dcidrent de la date du dbut de la guerre de Libration. Une photo prise au sortir

    de la runion quils avaient tenue. Et puis, il y a ce clich dun grand hros de la guerre de Libration,Larbi Ben Mhidi. Le jour de son arrestation, menottes aux mains, esquissant un sourire narquois.

    Par Abdelkrim Tazaroute

    7juin 1972, un photographemarque lopinion interna-tionale avec la photodune fillette vietna-mienne brle au napalm,

    fuyant nue son village. Plus quenimporte quel reporter deguerre, mieux que le meilleur desreportage crits sur les atrocitsde la guerre au Vietnam, de sonct inhumain, certainement

    mieux que nimporte quel dis-cours sur la face hideuse du colo-nialisme et dune agression dunpeuple, la photographie a cetteimpressionnante capacit dacca-parer lesprit et de sincrusterdans la mmoire collective despeuples.La dite photo de la Vietnamiennea fait le tour du monde et a donnune autre vision du conflit.1954-1962, le peuple algrienmne sa guerre contre la Francecoloniale. LAlgrie en marchepour son indpendance paye unlourd tribut. Quelle est la ralitde cette guerre ? Pour celui qui nela pas vcu dans sa chair, pourceux qui taient enfants durantcette priode et pour ceux qui

    ntaient pas encore ns, ils peu-vent avoir un aperu avec lesfilms algriens consacrs laguerre de Libration. Ces filmsont dans la majorit glorifi lecombat des moudjahidine, mon-tr et dnonc la torture mais ceslongs-mtrages ont les limitesdune fiction, qui, elle nest pasla ralit mme si elle se base surdes faits rels.Votre serviteur a eu pour la pre-mire fois de sa vie, en 1982 lop-portunit de consulter quelquesnumros du magazine franaisTmoignage Chrtien, parus du-rant la guerre de Libration, et lechoc fut tel, quil sest surpris entrain de pleurer au regard des cli-chs chocs sur le viol des Alg-riennes devant leur famille, au vude photos de corps mutils. Lesphotos lui renvoyaient une ralitde ce qua subi le peuple algriencomme violence et humiliation. Ilnavait jamais entendu parler deces bienfaits de la colonisation,par pudeur peut-tre, cela lui a tsuggr mais jamais dit crment.La photo, elle, na pas besoin dediscours, juste dune indication :le contexte. La photo est unmoyen dexpression dune effica-cit jamais dmentie. Ce nestpas pour rien que lors dunconflit, dune manifestation quitourne une rpression des ma-nifestants, les policiers confis-quent les pellicules des

    photographes, des vritables t-moins accablants avec photos lappui ! Les notes prises par les

    journalistes ne les intressent pas.Un article na pas limpact dunephoto, voici la raison de lachar-nement contre les reporters-pho-tographes.Les photos du magazine Tmoi-gnage Chrtien bouleversrentvotre serviteur et depuis, son re-gard et sa vision sur la guerre de

    Libration ont chang et sa qutede plus amples informations surce qua subi le peuple algriensest accrue. Une photo, des pho-tos lont difi.Sur ce registre, les chefs histo-

    riques de la Rvolution alg-rienne ont rapidement saisilimportance davoir un servicephotos aux fins dalerter lopi-nion internationale sur la ralitdu peuple algrien en guerre poursa libration du joug colonial. Lephotographe et moudjahid Moha-med Kouaci, considr comme lepionnier reporter-photo de lAl-grie combattante a immortalisdes hauts faits de la guerre dAl-

    grie et autres scnes des moud-jahiddine au maquis. Kouaci aform la premire gnration dephotographes algriens.Abane Ramdane en guide de laRvolution algrienne avait mis

    sur limpact de limage et instrui